2017NICEM142
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dépression unipolaire
THÈSE
DOCTEUR EN MÉDECINE
Par
BURTÉ Tommy
Examinateurs de la Thèse :
1
A. Historique .................................................................................................................................... 6
B. Épidémiologie .............................................................................................................................. 7
C. Clinique de la dépression ............................................................................................................ 8
1. Diagnostics différentiels ......................................................................................................... 10
2. Évolution et principales complications de l’épisode dépressif majeur ...................................11
2.1 Rémission complète ou partielle ; récidive ; rechute ; dépression chronique .................11
2.2 Le suicide ......................................................................................................................... 13
2.3 Épisode dépressif et addictions ...................................................................................... 13
2.4 Épisode dépressif et troubles anxieux .............................................................................. 14
2.5 Épisode dépressif et symptômes « atypiques » ............................................................... 14
2.6 Épisode dépressif et troubles sexuels .............................................................................. 14
D. Les traitements de la dépression .............................................................................................. 15
1. Principes généraux sur la prise en charge de l’épisode dépressif majeur ............................... 15
2. Critères d’hospitalisation d’un épisode dépressif ................................................................... 16
3. Place des traitements antidépresseurs dans la prise en charge d’un épisode dépressif .......... 16
4. Place des psychothérapies dans la prise en charge de la dépression ...................................... 18
2
A. Monsieur B ................................................................................................................................ 50
1. Présentation du cas de monsieur B .......................................................................................... 50
2. Première consultation : Analyse fonctionnelle et conceptualisation du cas ............................ 53
3. Contrat thérapeutique .............................................................................................................. 57
4. Suivi Psychothérapique ............................................................................................................ 59
B. Madame C ................................................................................................................................. 70
1. Présentation du cas de madame C ........................................................................................... 70
2. Première consultation : Analyse fonctionnelle et conceptualisation du cas ............................ 72
3. Suivi Psychothérapique ............................................................................................................ 75
C. Discussion autour des cas cliniques ......................................................................................... 78
A. Objectif ....................................................................................................................................... 80
B. Matériel et méthode .................................................................................................................... 80
C. Résultats ..................................................................................................................................... 82
1. État des pratiques courantes dans la prise en charge de l’épisode dépressif majeur d’intensité
léger à modéré ........................................................................................................................ 82
2. Sondage sur les freins d’accès à une TCC ................................................................................. 84
3. Évaluation de l’acceptabilité, des représentations et des attitudes vis-à-vis des .........................
thérapies comportementales et cognitives informatisées ....................................................... 85
D. Discussion ................................................................................................................................... 89
3
INTRODUCTION GENERALE
La dépression est une maladie psychiatrique décrite depuis plusieurs siècles dont
la symptomatologie associe une baisse de l’humeur accompagnée d’une perte de plaisir. Il
s’agit d’une maladie fréquente et chronique responsable d’une part conséquente des dépenses
de santé en France et dans le Monde. En 2008, la Haute Autorité de Santé (HAS) estime la
prévalence de cette maladie sur l’année entre 6 et 12%. Elle estime sur la vie entière, sa
prévalence à 20% de la population française.
D’un point de vue plus personnel, j’ai tout d’abord été formé aux techniques de
TCC classiques lors de ma formation au sein du Diplôme Universitaire de TCC de la faculté
de Nice. J’ai été amené à découvrir les approches informatisées de ces thérapies en étudiant la
Neuropsychologie au travers d’un Master 2 de Recherche. Je continue actuellement de
travailler à la recherche de marqueurs électro-encéphalographiques des biais d’interprétation
de la personne déprimée avec en arrière-plan l’envie d’étudier l’efficacité des TCC sur le
4
cerveau. Ainsi quoi de plus pur pour étudier une TCC qu’un outil brut, sans thérapeute ?
Hormis une CCBT ! Afin de mieux les connaître, j’ai coécrit une revue de la littérature sur le
sujet et réalisé une étude d’acceptabilité. L’objectif de ce travail est de présenter ces nouvelles
« i-thérapies » ; leur intérêt au niveau de l’offre de soins mais également leur intérêt en
recherche fondamentale.
5
A. Historique
6
B. Epidémiologie
L’Épisode dépressif majeur (Major Depressive Disorder ou MDD) est une maladie répondant
à des critères précis fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Association Américaine
de Psychiatrie (APA).
En 2010 ; L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INSERM) estime sa
prévalence à 120 millions de personnes. L’INSERM indique la même année que 298 millions
de personnes dans le monde auraient souffert d’un épisode dépressif caractérisé ; soit 7,5 %
des 15-85 ans au cours des 12 derniers mois, avec une prévalence deux fois plus importante
chez les femmes et un pic chez les 20-34 ans (10,1%).
D’après les données de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ; un premier « épisode
dépressif » se résoudrait en moyenne par une rémission spontanée dans les 6 à 12 mois.
L’OMS insiste cependant sur le fort taux de récidive de cette maladie. Celle-ci interviendrait
dans les cinq années suivantes dans 50 % à 80 % des cas (Mueller et col. 1999). Selon une
étude parue en 2007, les patients vivraient en moyenne 5 à 9 récidives durant leur existence
(Burcusa et col. 2007). La sévérité et la durée des épisodes s’aggravant avec leur répétition
(Kendler et col. 2000). Toutes les classes sociales et catégories socioprofessionnelles
semblent touchées par cette maladie. 11 600 000 références en quarante millisecondes
apparaissent sur Google® lorsque l’on inscrit « dépression » sur le moteur de recherche.
Selon la Caisse Nationale de l'Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNAMTS), les
pathologies psychiatriques et les psychotropes représentent 22,6 milliards de dépenses, soit 16
% des dépenses totales de santé en 2011, et selon l’enquête « Santé mentale en population
générale » la survenue d’un épisode dépressif récurrent entraîne une gêne au travail pour 53,8
% des hommes et pour 49,1 % des femmes. Enfin, selon une étude publiée par l’OMS dans le
Lancet en 2006 ; la maladie dépressive représente actuellement une des causes principales de
handicap dans le monde (Lopez et col. 2001).
7
L’épisode dépressif majeur (EDM) est une maladie multifactorielle faisant intervenir aussi
bien des facteurs génétiques que biologiques ou psychologiques tels que les événements de
vie négatifs.
Il s’agit d’un trouble psychiatrique de l'humeur dominé par la tristesse et un ralentissement
psychomoteur (cf. Tableau n°1).
Son diagnostic est clinique et doit répondre à un certain nombre de critères fixés par l’APA
(American Psychiatric Association) dans le DSM-5 (Diagnostic and Statistical Manual of
Mental disorder cf. encadré n°1) ou par l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) dans la
CIM-10 (Classification internationale des Maladies).
Tableau n°1 : Symptomatologie des troubles dépressifs (World Health Organisation 2005)
Catégorie de symptômes Liste de symptômes
8
Le « degré de sévérité » (de léger à sévère) de la dépression peut également être apprécié à
l’aide d’échelles psychométriques comme l’hétéroéchelle de Hamilton (Hamilton Depession
Rating Scale : HDRS), l’hétéroéchelle de MADRS (Montgomery and Asberg Depression
Rating Scale), l’autoéchelle de dépression de Beck (BDI-II) ou encore l’auto-évaluation
QIDSR-16 (Hedlund et col. 1979 ; Rush et col. 2003 ; Beck et col. 1961 ; Hamilton 1960).
10
Comme le souligne la HAS dans un récent rapport, l’épisode dépressif majeur est rarement
isolé. Il s’agit d’une maladie à haut risque de rechute ainsi qu’à risque d’évolution vers une
chronicité. Dans la dépression ; nous parlons de rémission complète ou partielle en cas de
disparition ou de réduction du tableau dépressif au-delà de 4 mois. D’après la HAS moins de
50% des patients présentent une rémission complète à huit semaines de prise en charge d’un
premier épisode dépressif majeur. Les dépressions en rémission partielle sont définies par la
1Burté T ; Baldocchi D ; Burté C. Dépression chez l’homme d’âge moyen. Les Psychiatres pensent-ils au déficit
en testostérone. 14ème congrès de l’Encéphale, Paris, 2016.
11
persistance d’un certain nombre de symptômes dits résiduels qui peuvent s’avérer invalidants
et contrastent avec le fonctionnement habituel de l’individu (ce qui permet théoriquement de
faire la différence avec un trouble de la personnalité́ pré-existant ou des effets indésirables du
traitement). Parmi ces symptômes, les plus caractéristiques semblent être : les troubles du
sommeil, de l’alimentation et les troubles sexuels ; la sensation de fatigue ; l’anxiété́
psychique, ou physique ; la réactivité́ exagérée aux stress sociaux ; le pessimisme ; la baisse
de l’estime de soi ; l’existence d’une dysphorie modérée, de difficultés d’investissement ; un
manque de motivation ou un émoussement affectif. Ces derniers seraient présents d’après la
HAS à 12 semaines de traitement chez 47% des patients traités pour épisode dépressif majeur
(Hollon et col. 2006). Une rechute peut survenir s’il y a réapparition des symptômes dans les
4 mois suivant la rémission. On parle de récidive si cette rechute survient au-delà de 4 mois
après la rémission (cf. figure 1). Enfin, on parle de dépression chronique face à un épisode
dépressif dont la symptomatologie persiste continuellement pendant une durée de 2 ans ou
plus (Hollon et col. 2006). On estime que les dépressions chroniques représentent 5 à 10% des
épisodes dépressifs majeurs.
Les facteurs, en particuliers psychologiques impliqués dans la rémission ; les récidives et les
rechutes sont actuellement au centre des recherches menées sur cette pathologie chronique.
12
2.2 Le suicide
En 2005, l’INSERM a réalisé́ une analyse de séries de cas et d’études cas-témoins mesurant
l’apport de l’autopsie psychologique pour identifier les facteurs de risque de suicide. D’après
cette étude, 90 % des sujets suicidés souffraient d’une pathologie mentale, alors que ce taux
était de 27% chez les non-suicidés. La dépression majeure semblait représenter la majorité́ des
diagnostics, variant de 30 à 90 % selon l’âge des victimes. Toujours selon cette analyse,
aucune étude réalisée à partir de données françaises ne mesure les causes de mortalité́ des
patients présentant une complication évolutive d’un épisode dépressif caractérisé́ , en
particulier une dépression récidivante ou chronique. Cependant, il est généralement admis que
le suicide représente la principale cause de mortalité́ liée à la dépression.
1. Le niveau de souffrance : désarroi ou désespoir, repli sur soi, isolement relationnel,
sentiment de dévalorisation ou d’impuissance, sentiment de culpabilité́ .
Les addictions sont une comorbidité́ fréquente à rechercher systématiquement dans l’épisode
dépressif. Obtenir l’abstinence doit être considéré́ comme l’un des objectifs prioritaires du
traitement, lorsque les circonstances le permettent (recommandation de grade B) (Azorin et
col. 2002). L’alcoolisme apparaît rarement comme une conséquence de la dépression.
Cependant de nombreux patients atteints de dépendance à l’alcool présentent des symptômes
13
dépressifs ou un épisode dépressif (Gelenberg et col. 2000). Les malades souffrant d’épisode
dépressif associé à une addiction nécessitent plus que les autres l’hospitalisation : à gravité
équivalente de leur épisode dépressif, ils sont plus sujets aux tentatives de suicide, et
apparaissent moins observant vis à vis de leur traitement (Schoenbaum et col. 1993).
Une prévalence « vie entière » de plus de 40% des troubles anxieux comorbides, comme le
trouble panique, les phobies, le trouble anxiété généralisée, a été retrouvée chez les patients
présentant des troubles dépressifs (Hasin et col. 2005).
De par leur présence, ils majorent le risque suicidaire et signent une maladie plus sévère et
invalidante que chacune des deux pathologies prises isolément. La présence de troubles
anxieux ne doit pas occulter l’existence d’un trouble dépressif sous-jacent qui doit être
recherché systématiquement. Tout trouble anxieux doit systématiquement être pris en charge
en parallèle.
Les troubles sexuels secondaires à la dépression sont fréquents. Leur prévalence varie selon
les études. Evan Atantis et collaborateurs publient en 2012 dans le « Journal of Sexual
Medecine » une meta-analyse concluant à un lien bidirectionnel entre dysfonction sexuelle et
14
dépression. Ils estiment qu’entre un quart et un tiers des patients souffrant de dépression
seraient atteints de dysfonction sexuelle altérant significativement leur qualité de vie
(dysfonction érectile, baisse ou perte de la libido, baisse du plaisir, baisse du désir, manque
d’envie). Ils insistent sur la nécessité de dépister les troubles sexuels en cas de dépression et
inversement de dépister la dépression en cas de trouble sexuel.
D’après l’HAS (Azorin et col. 2002), dans l’épisode dépressif léger à modéré, les
antidépresseurs et les psychothérapies sont efficaces (grade A pour les antidépresseurs, grade
B pour les psychothérapies cognitivo-comportementales, grade C pour les autres
psychothérapies, accord professionnel pour la psychanalyse). L’association antidépresseurs-
psychothérapie n’a pas fait la preuve d’une plus grande efficacité que la psychothérapie seule
dans ces formes légères à modérées (grade C).
- En cas d’épisode dépressif léger, une psychothérapie est à proposer en première intention, en
fonction de l’accessibilité de ce type de traitement et des préférences du patient.
- Dans l’épisode dépressif sévère, les antidépresseurs apparaissent indispensables (grade A).
L’association antidépresseurs-psychothérapie peut être proposée (grade C). Les
antidépresseurs peuvent être associés aux neuroleptiques dans les formes psychotiques.
Toujours selon l’HAS en début de traitement, il est recommandé d’informer le patient qu’il
peut disposer d’un recours médical permanent via les urgences ; une consultation doit être
prévue le plus rapidement possible, notamment pour « accompagner » le malade durant cette
période où le traitement n’est pas encore efficace. Pendant les premières semaines un rythme
de consultation au moins hebdomadaire est souvent nécessaire ; ensuite, le rythme des
15
- En cas de risque suicidaire correspondant à la crise suicidaire d'urgence élevée selon les
propositions de la conférence de consensus d’octobre 2000 sur la crise suicidaire (Hollon et
col. 2006).
3. Place des traitements antidépresseurs dans la prise en charge d’un épisode
dépressif
Les mécanismes d’action des traitements antidépresseurs reposent sur les hypothèses
« monoaminergiques de la dépression ». Les premières hypothèses sont apparues dans les
années 60 avec la réserpine, un médicament utilisé pour traiter l’hypertension artérielle, qui
s’est révélé être à l’origine d’états dépressifs induits. La réserpine étant connue pour
provoquer une forte déplétion en catécholamines et en sérotonine au niveau des neurones
centraux. Plus tard, il a été remarqué que des médicaments antituberculeux entrainaient des
améliorations de l’humeur. Ces substances avaient des propriétés inhibant l’activité́ d’une
enzyme « monoamine-oxydase » (MAO), dont la fonction est de dégrader les catécholamines
et la sérotonine. C’est à partir de ces différentes observations qu’est née l’hypothèse de la
corrélation entre l’humeur et le niveau d’activité́ synaptique des neurotransmetteurs. La
dépression serait liée à une déficience de la transmission synaptique de l’un ou l’autre de ces
neurotransmetteurs.
16
Bien qu’il existe des différences entre les classes thérapeutiques ; toutes ont montré leur
efficacité dans l’épisode dépressif. Le choix d’un antidépresseur se doit d’être personnalisé en
fonction du patient et de son « profil dépressif », ce qui nécessite de choisir le traitement
antidépresseur en fonction de leurs effets « latéraux » : sédatifs pour certains chez les
déprimés anxieux et/ou insomniaques, stimulants pour d’autres chez les déprimés les plus
ralentis. En dehors des spécificités de chaque molécule et des particularités du trouble
dépressif, le choix peut être conditionné par les contre-indications de certains antidépresseurs,
les effets secondaires.
Le risque d’abandon de traitement toutes causes confondues ou à cause d’un effet indésirable
apparaît selon les études plus faible sous ISRS et ISRSNA que sous imipraminiques. Les
ISRS et ISRSNA sont donc considérés comme mieux tolérés, notamment à long terme.
L’HAS recommande le choix d’un antidépresseur sur les critères spécifiques suivants :
médicamenteuses selon les caractéristiques des produits inscrits dans le Vidal » (Azorin et
col. 2002).
17
Les ISRS et ISRSNA apparaissent dans la pharmacopée actuelle comme les molécules de
Les psychothérapies ont une place majeure dans la prise en charge de la dépression. Cette
place est soulignée par la HAS qui recommande une psychothérapie en première intention
dans le cadre d’un épisode dépressif majeur d’intensité légère (Azorin et col. 2002).
Plusieurs types de psychothérapie peuvent être proposés (cf. tableau N°2 et 3).
Depuis de nombreuses années, la communauté scientifique, méta-analyses à l’appui s’accorde
sur la supériorité des thérapies comportementales et cognitives comme traitement de la
dépression. Au niveau national, la HAS reconnaît en 2002 dans une recommandation de
pratique clinique cette supériorité des TCC par rapport aux autres approches
psychothérapeutiques (Azorin 2002). Cette dernière est réaffirmée dans une
« recommandation de bonne pratique professionnelle » en 2007 et dans une note de cadrage
de l’HAS en 2014 (Even et col. 2007 ; Benhamamouch-Habouchi et col. 2014).
Stuart et col. Méta-analyse (MA) comprenant 8 « Les TCC améliorent fortement les
1995 essais contrôlés randomisés (ECR) symptômes. La combinaison
avant-après et 4 ECR TCC + TCC/médicaments est plus efficace
Médicament versus Médicaments que les médicaments seuls ».
seuls
Shinohara et MA comprenant 3 ERC comparant « les TCC sont plus efficaces que les
col. 2012 la TCC versus psychanalyse, thérapies analytiques, intégratives et
thérapie intégrative et thérapie humanistes »
humaniste
19
L’idée première des théories cognitives est que nos émotions et notre comportement reposent
sur nos croyances et notre système de représentation du monde (cognitions). Ces cognitions
20
21
Tableau N°4 : Liste des biais cognitifs identifiés par Wright (Sarron et Docteur 2013)
Biais cognitif Définition
Surgénéralisation Au travers de cette distorsion, le sujet aura tendance à partir d’un
élément négatif vécu actuellement pour en tirer une généralité valable
pour des événements futurs.
Exemple : "Si mon fils ne travaille pas à l'école, c'est parce que je
suis une mauvaise mère"
Minimalisation Le sujet aura tendance à minimiser ses points forts ou de ses actions.
Exemple : "J'ai réussi cette épreuve, mais c'est uniquement parce que
j'ai eu de la chance et c’était une épreuve facile".
Maximalisation Le sujet aura tendance à exagérer ses erreurs ou le côté négatif d’une
situation.
22
Une fois l’information intégrée et modulée au travers des biais cognitifs et des schémas, le
sujet aboutit à une mentalisation de pensées automatiques conscientes ou semi-conscientes.
Ces dernières constituent un concept central de la théorie cognitive et le troisième niveau
impliqué dans l’information distordue perçue par un sujet déprimé. A.T Beck les définit
comme « une pensée ou une image mentale dont on n’est peut-être pas conscient à moins de
se concentrer sur elles » (Jeffrey et col. 2007).
En somme, selon A.T Beck, dans la dépression : les distorsions du traitement de l’information
induisent l’activation de schémas négatifs et provoquent de concert des interprétations
négatives des événements du quotidien. Ces interprétations engendrent des pensées
automatiques, elles aussi négatives, qui condamnent le sujet dans un « cercle vicieux » négatif
de « cognition dépressive ». L’ensemble se traduisant cliniquement par une perte de l’estime
de soi, de l’indécision, du pessimisme, du désespoir et de la tristesse.
24
Cette méthode thérapeutique doit atteindre six buts bien définis (Beck 1979) :
L’indication d’une TCC doit être posée par le thérapeute après plusieurs entretiens
préliminaires. Bien que les TCC soient des thérapies “standardisées”, leur application se fait
au cas par cas après une analyse minutieuse réalisée au cours de ces entretiens.
Ils visent à se faire une idée générale des problèmes du patient, à évaluer l’ampleur du trouble
dépressif (de préférence en se servant d’échelles psychométriques validées) ainsi qu’à juger si
le patient peut répondre favorablement ou non à ce type de thérapie.
25
Une fois cette analyse menée à terme, le thérapeute formule une « hypothèse fonctionnelle »
du trouble ; c’est-à-dire la modélisation de la compréhension de la souffrance du patient en
fonction de mécanismes comportementaux et cognitifs.
Après avoir restitué cette analyse au patient, le thérapeute définit avec lui les buts et le plan de
la thérapie, ainsi que les stratégies thérapeutiques les plus adaptées pour agir sur le(s)
comportement(s) dysfonctionnel(s). L’ensemble de ce processus doit aboutir à un contrat
thérapeutique que le thérapeute propose au patient. Vient alors le moment de débuter la
thérapie à « proprement parler ».
Les étapes « classiques » d’une TCC sont les suivantes (Mirabel-Sarron et Docteur 2013):
26
27
Technique Description
28
2. Le travail cognitif
Le sujet apprendra au fur et à mesure à remettre en question les pensées et schémas négatifs
pour ne plus les voir comme la réalité absolue mais comme des hypothèses parmi d’autres. Le
travail cognitif débute tout d’abord par un apprentissage des concepts généraux (émotion,
cognition, comportement, situation) et des liens qu’il peut exister entre une situation donnée,
nos émotions, nos cognitions (pensées) et le comportement que l’on peut adopter. Il est
classiquement recommandé de faciliter ces explications par l’utilisation d’exemples concrets
ou de schémas (Cungi 2007). Une fois les concepts généraux intégrés, l’étape suivante
consiste à accompagner le patient dans l’identification de ses pensées automatiques
dysfonctionnelles afin qu’il puisse les reconnaître, identifier ses biais cognitifs (abstraction
sélective, inférence arbitraire …), tester la validité de ses pensées et enfin mettre en place des
pensées alternatives plus fonctionnelles, plus adéquates ou plus réalistes
Plusieurs techniques peuvent être utilisées pour mettre en évidence les pensées automatiques.
Parmi elles : le questionnement socratique pratiqué au cours de la séance, la construction
d’analyse fonctionnelle pour chaque situation problème, les fiches d’auto-enregistrement
(colonnes de Beck) des pensées automatiques en dehors des séances (cf. tableau N°6), que le
patient remplit à chaque fois qu’une émotion forte le traverse ou qu’un comportement
dysfonctionnel le dérange. A.T Beck précise que « l’une des meilleures façons de prendre
conscience des pensées automatiques est d'observer les pensées qui accompagnent une forte
émotion : colère, angoisse, dégoût, plaisir … »
Technique Description
30
Une fois le patient conscient de ses pensées automatiques négatives et de leurs responsabilités
dans son dysfonctionnement émotionnel et comportemental et une fois autonomisé dans les
techniques permettant de les déjouer, il pourra au quotidien changer sa réponse émotionnelle
et comportementale, enrayant ainsi ses pensées automatiques négatives. Il devient alors
accessible à la dernière étape du travail cognitif.
Cette dernière étape vise à accompagner le patient vers la mise en évidence et la modification
de ses schémas de pensée. Ces derniers vont être mis en avant avec le temps et le travail
thérapeutique qui vont guider le patient vers un regroupement des pensées automatiques en
plusieurs thèmes récurrents qui une fois regroupés laisseront apparaître les croyances de base
du patient. Plusieurs techniques existent là aussi pour assouplir ces postulats. Parmi elles, la
technique des flèches descendantes, le questionnement socratique, le raisonnement syllogiste,
l’établissement de listes d’avantages et d’inconvénients, l’exploration des différentes
alternatives envisageables
31
2 Burté, T., Gibello-Socco, J., Iakimova, G. (2017, janvier). Etude d'un marqueur électro-neurophysiologique
des biais d'interprétation chez la personne déprimée et de son intérêt
Burté T. Etude d’un marqueur électro-neurophysiologique des biais d’interprétation chez la personne déprimée
et de son intérêt pour le reflet des biais autoréférentiels négatifs. (2015-2016) Diplôme : MASTER 2
"Neuropsychologie et Psychologie du Développement", Parcours Recherche.
32
L’ensemble des travaux menés sur la TCC confirment donc bel et bien leur action clinique et
cérébrale. Toutefois malgré des résultats encourageants aucune étude n’a encore formellement
à ce jour démontré d’action spécifique de la TCC sur le cerveau. Personne ne peut donc
formellement affirmer si les outils de TCC comme la restructuration cognitive ou l’activation
comportementale constituent le substrat thérapeutique ou si au contraire la position
empathique et collaborative du thérapeute en est l’origine.
33
33% à celui d’une prise en charge TCC seule pour une durée totale de prise en charge de deux
ans.
Les résultats de ces deux études d’apparence favorable à l’approche TCC sont toutefois à
pondérer par le coût sociétal lié à la formation des thérapeutes ainsi qu’au coût individuel
qu’une thérapie représente. Non intégrés dans les calculs de Revicki et Antonuccio, ces deux
coûts seraient l’une des causes du refus de certains patients à consulter.
En effet, alors qu’une thérapie apparaît pour Antonuccio 33% moins chère que la fluoxétine
pour un même résultat, la formation des thérapeutes quant à elle représente une dépense de
santé globale considérable pour le ministère de la Santé (en moyenne 500 à 600 heures de
formation sur une durée de 3 ans).
Ensuite, d’un point de vue individuel, une thérapie effectuée avec un médecin conventionné
secteur 1 peut représenter pour un patient une dépense d’une dizaine d’euros par semaine, une
centaine si le thérapeute est conventionné secteur 2 et plusieurs centaines si le thérapeute est
psychothérapeute non médecin (Richards & Richardson 2002).
Un autre facteur limitant les prises en charge TCC semblerait selon certains auteurs lié
directement au concept même de thérapie. Dans une société d’apparence de plus en plus
ouverte ; consulter un thérapeute reste un sujet tabou et beaucoup de patients ne consultent
pas de peur d’être stigmatisés (Giordana et col. 2010). Ce Tabou de la santé mentale constitue
34
l’obstacle majeur de l’accès aux soins pour une grande partie de la population. Les difficultés
résideraient dans les biais négatifs de certains patients ou ex-patients envers la
psychothérapie, les préjugés sociétaux péjoratifs envers la psychiatrie ; les idées reçues au
sujet de la dépression et des maladies mentales et l’hétérogénéité des pratiques
psychothérapeutiques (Richards & Richardson 2002; Moritz et col. 2013).
Enfin, la structuration d’une TCC pourrait représenter un obstacle pour certains patients. Dans
les TCC, le rapport collaboratif est introduit dans une vision triangulée du travail
thérapeutique, avec une attention conjointe patient/thérapeute portée sur un troisième objet : le
« problème psychique, cognitif ou situationnel ». Cette posture collaborative ouverte mettant
l’accent sur la relation est partiellement opposée à l’approche analytique et peut ne pas
convenir à certains patients. La dimension trop concrète, voire opératoire, dont serait
dépourvue l’approche analytique peut également être vécue négativement par certains. Enfin
l’effort demandé au patient pendant et en dehors des thérapies, peut être facteur de
découragement.
35
3
Chapitre issu de l’article : Iakimova G, Dimitrova S, & Burté T. Peut-on faire
une TCC sans thérapeute ? Composantes actives des TCC informatisées pour la dépression /
Can we do therapy without a therapist? Active components of computer-based CBT for
depression. L’Encéphale (Scimago Journal Ranking: Psychiatry and Mental Health, Q2).
Accès online 10 October 2016.
36
pour un certain nombre d’être stigmatisé ; sans exclure la présence de biais négatifs envers la
psychothérapie (Moritz et col. 2013).
L’utilisation de ces programmes ne nécessite pas la présence d’un thérapeute bien qu’une
guidance thérapeutique puisse être proposée (Richards D & Richardson 2002). La plateforme
multimédia sur laquelle ces programmes se reposent est interactive et s’adapte aux besoins de
l’utilisateur dans la mesure où le déroulement des contenus et des interfaces s’articule en
fonction de l’avancement de celui-ci (Kaltenhaler & Cavanagh 2010).
Il est important de différencier ces CCBT de plusieurs autres pratiques offrant des services
thérapeutiques via Internet au travers de supports non interactifs ne s’adaptant pas aux besoins
de l’utilisateur (p.ex. des sites d’information médicale, de psychoéducation ou de « self hep »,
des livres électroniques) ou des pratiques thérapeutiques à distance via Internet (p.ex. en
utilisant des visioconférences de type Skype®, Adobe Connect®, des dialogues
synchronisés), par téléphone ou par messagerie synchrone ou asynchrone (Newman et col.
2011; Spek et col. 2007; Boschen & Casey 2008; Corruble et col. 2015 ; Titov et col. 2010)
Il faut également différencier les CCBT des « jeux sérieux » qui peuvent comporter des
composantes thérapeutiques et utiliser des principes de TCC, en particulier chez l’adolescent
(Graafland et col. 2014).
37
Dans une revue de littérature publiée dans la revue L’Encéphale®, nous nous sommes
intéressés aux CCBT et avons tenté d’en décortiquer leur composition et fonctionnement.
Bien que les pratiques de TCC pour la dépression comportent des spécificités en fonction de
leurs contextes d’application, les thérapeutes partagent une conception épistémologique de la
thérapie, du rôle du patient et de l’alliance thérapeutique (Hofmann 2012). Ils utilisent des
modèles comportementaux et cognitifs de la dépression et des objectifs thérapeutiques centrés
sur la réduction des symptômes dépressifs et l’augmentation de la qualité du fonctionnement
psychosocial. Ils partagent une méthode de travail en termes de : structuration de la thérapie et
des séances, d’utilisation de techniques collaboratives et pédagogiques (psychoéducation,
formulation et examen des problèmes et situations spécifiques, feedbacks, résumés, agenda,
répétitions et reformulations, prescrivent des exercices à domicile, utilisent une évaluation
qualitative et quantitative, etc.) ; d’utilisation d’outils spécifiques centrés sur l’analyse du
comportement et du fonctionnement cognitif et émotionnel du patient et enfin d’outils centrés
sur le changement cognitif, émotionnel et comportemental et sur la prévention des rechutes
(Beck et col. 1979; Mirabel-Sarron 2011; Blackburn et Cottraux 2001).
Suivant ces principes thérapeutiques TCC, nous avons analysé en priorité les programmes de
CCBT les mieux validés dans la littérature selon la revue de Richards et Richardson qui
visent la symptomatologie dépressive de façon générale et non pas uniquement certaines
dimensions (p.ex. la résolution des problèmes). Notre analyse a également porté sur les
dimensions d’ergonomie et d’interactivité, de contenu thérapeutique et d’organisation de ces
programmes.
Six programmes de CCBT validés scientifiquement par des essais contrôlés randomisés dans
le traitement de la dépression (Richards & Richardson. 2002) ont été examinés dans notre
revue de littérature (Iakimova et col. 2016) : BeatingTheBlues® (BTB) , MoodGym® ,
38
39
Overcoming Dr G. Clarke est 8 sessions de self-help basées sur les TCC notamment la
Depression équipé restructuration cognitive. Il inclut : (1) Psychoéducation -
on the Kaiser permanent symptomatologie dépressive, (2) Psychoéducation – causes
Internet Center for Health de la dépression, (3) Pensées et Dépression, (4)
(ODIN) Research Identification des pensées irrationnelles, (5) Pensées
positives alternatives, (6) La création des pensées positives
1999, États-Unis alternatives, (7) La méthode ABC et (8) Prévention de
rechutes.
Trois dimensions ont été retenues pour structurer notre analyse des principaux programmes
existants :
Dans cette dimension, nous avons comparé programme par programme selon 6 critères : (1)
les modalités d’indication vers le programme, (2) le mode accès, (3) le(s) langue(s)
disponible(s), (4) le mode avancement dans le programme, (5) le degré d’interactivité
fonctionnelle et intentionnelle et (6) le mode d’accompagnement.
Nous avons ici analysé pour chaque programme la structure générale de la thérapie en tenant
compte de l’organisation macroscopique ainsi que des outils utilisés pour potentialiser le
changement
40
(2) Mode d’accès : 2/6 programmes sont en accès libre (MoodGym®, ODIN®) alors que chez
les 4/6 (BTB®, Sadness Program®, Blues Begone®, Deprexis®) le mode d’accès est payant,
protégé et sécurisé. Tous les programmes offrent une assistance technique par un contact
direct, un courriel ou via une boite de dialogue. Un contact d’urgence est disponible dans le
cas d’une dépression sévère et des idées suicidaires (ex. MoodGym®, BTB®).
(3) Langue(s) : Tous les programmes sont accessibles en anglais. Un programme est
accessible également en allemand (Deprexis®), un autre est accessible en chinois, néerlandais
et norvégien (Mood-Gym®). Aucun des programmes n’est accessible en français.
(4) Mode d’avancement : Les modules sont accessibles soit de manière conditionnelle à la
validation du module précédent (BTB®, Sadness Program®, Blues Begone®, Deprexis®),
soit de manière libre (MoodGym®, ODIN®).
(5) Interactivité : l’interactivité se définit par la qualité d’un objet à réagir aux sollicitations
qu’on lui fait à l’aide d’un échange. Elle est basée sur la présence d’un dispositif capable de
réponses différenciées, en réaction à l’utilisateur (Bélisle 1998 ; Balpe 1990). Même si les
degrés d’interactivité diffèrent d’un programme à l’autre, tous proposent un contenu interactif.
L’interactivité fonctionnelle est liée à l’ergonomie des échanges d’information avec le
programme (Barchechath & Pouts-Lajus 1990). Dans les i-TCC elle est assurée par
l’utilisation de méthodes d’instructions et de conseils pour l’application des techniques
thérapeutiques, des feedbacks, des exercices visant à optimiser l’apprentissage, des Quizz et
41
(6) Le Mode d’accompagnement : Tous les programmes sont conçus comme des interventions
autonomes. 5/6 programmes (BTB®,MoodGym®, Sadness Program®, Blues Begone®,
Deprexis®) proposent en plus un accompagnement thérapeutique délivré par un thérapeute ou
par un professionnel de santé formé au programme si tel est le souhait de l’utilisateur.
42
Les méthodes qui potentialisent le changement : le renforcement positif par des feedbacks,
l’apprentissage social qui est sollicité par la présentation de témoignages de personnes ayant
réalisé des exercices et en ont éprouvé les effets bénéfiques (ex. BTB®).
L’apprentissage des techniques d’autocontrôle, d’auto-évaluation, d’auto-observation et
d’auto-instruction ; la pratique de l’auto-observation et la personnalisation des exercices sont
incitées par différents procédés et métaphores (établir « un cahier de journaliste », être
« l’observateur de la scène », MoodGYM®).
L’entraînement répété aux techniques par des exercices et illustrations.
Le suivi de la progression de la thérapie par une évaluation avant, pendant et après la thérapie
et un suivi de l’avancement et des scores obtenus aux différents exercices (ex. cahier
d’exercices virtuel chez MoodGYM®).
Revue du progrès : La revue des progrès s’effectue sous forme d’un courriel de synthèse
envoyé à la fin de chaque séance. Dans MoodGym® il comporte un bilan du contenu
travaillé, une prescription de tâches à domicile à pratiquer entre les modules, un résumé du
module suivant, le rappel des points clés de la thérapie et un bilan sur l’amélioration
symptomatologique (basé sur les scores obtenus aux différentes échelles).
43
(2) Psychoéducation : tous les programmes incluent un module qui comporte des
informations sur la dépression et sa prise en charge, en particulier, par des témoignages et des
illustrations. Des notions clés du modèle cognitif de la dépression selon Beck et du
fonctionnement de la pensée dépressive sont présentés, en particulier, par la présentation de la
triade négative (vision négative de soi, d’autrui et du futur), le lien entre les pensées, les
émotions, comportements et leurs conséquences dans la vie quotidienne. Des témoignages
sous forme de films illustrent le cheminement de personnes qui ont surmonté la dépression et
véhiculent le message que le changement est possible (ex. BTB®).
44
(7) La résolution de problèmes : un module de résolution de problèmes est présent dans 5/6
des programmes (BTB®, MoodGym®, Sadness Program®, Blues Begone®, Deprexis®). Il
inclut la présentation des cinq étapes de la méthode (identification de la situation problème,
élaboration d’un objectif et des solutions possibles, évaluation pour et contre chaque option,
réalisation de l’option choisie et évaluation du résultat).
(8) Des techniques d’affirmation de soi : cette technique est adoptée par tous les programmes
sauf ODIN. Certains programmes se centrent sur l’apprentissage des techniques de
communication verbale et non verbale (la demande, le refus, le compliment, la critique) alors
que d’autres proposent des stratégies orientées vers les relations interpersonnelles. Pour
résoudre les conflits familiaux MoodGym®, par exemple, propose à l’utilisateur d’identifier
les styles de communications dans la famille (ex. menaçant, respectueux, directif) afin de
sortir des rôles « enfant-parent » et adopter un style de communication amical.
(9) La relaxation : Tous les programmes, sauf ODIN®, incluent un module de relaxation. Il
comporte des fichiers audio téléchargeables ou des consignes écrites d’une séance de
relaxation. Ils incluent des exercices d’imagerie mentale, des exercices de respiration
abdominale et de relaxation musculaire avec ou sans fond musical. Le programme Deprexis®
introduit également l’apprentissage de techniques de relaxation de pleine conscience.
(11) L’usage de techniques issues de la psychologie positive : seul Deprexis® offrait des
exercices basés sur la psychologie positive aujourd’hui de plus en plus employée dans la prise
en charge des patients dépressifs (Bolier L. et col. 2013). Des exemples de ces pratiques sont
expliqués et illustrés (ex. expression de gratitude, recherche d’expériences, évocation de
souvenirs positifs, recherche de forces et des talents personnels).
45
ACTIVATION
COMPORTEMENT
ALE
PLANIFICATION
DES ACTIVITÉS
PSYCHOLOGIE
POSITIVE
PRÉVENTION
DES RECHUTES
REVUE DU
PROGRÈS
MINDFULNESS
46
Les CCBT sont des thérapies à part entière validées dans de nombreux pays dans la prise en
charge de la dépression. Sur le plan scientifique, de nombreuses méta-analyses mettent en
évidence leur efficacité clinique (Roth & Fonagy 2005; Richards & Richardson 2002; Renton
et col. 2014; Foroushani et col. 2011; Foroushani et col. 2011; Proodfoot et col. 2011). Une
récente étude commandée par le National Institute of Health Research argumente à une
efficacité clinique des CCBT au moins aussi concluante qu’une prise en charge « usuelle » par
le Médecin traitant qu’elle soit médicamenteuse ou non (Littlewood et col. 2015).
Les CCBT constituent donc un mode reconnu de prise en charge de la dépression qui pourrait
être adapté aux personnes qui n’accèdent pas habituellement aux soins (Vittengl et col. 2007 ;
Driessen et col. 2010). Richard & Richardson rapportent en 2002 que les usagers des CCBT
expriment une satisfaction globale de ces programmes (aux alentours de 80%), la majorité des
patients qui ont eu déjà une expérience avec une psychothérapie traditionnelle déclarent avoir
autant, voir plus de bénéfices avec une CCBT qu’avec une thérapie en face à face.
L’étude de ces 6 programmes montre que le contenu interactif, l’effort de personnalisation et
la présentation multimédia constituent un atout essentiel de ces programmes qui de ce fait
s’émancipent des « self help books » ou des sites de psychoéducation. Les procédés
thérapeutiques sont très proches de ceux utilisés en thérapie en face à face : la structuration
des modules, l’apprentissage social, le « modeling », l’auto-observation, l’auto-exposition
dans les situations problématiques, l’examen de l’évidence, le travail avec les colonnes de
Beck, la relaxation.
En termes de contenu actif, ces programmes reprennent les principaux codes et logiques des
prises en charge TCC classiques telles qu’elles peuvent être décrites par Beck et proposent
une évaluation initiale psychométrique basée sur des échelles validées, la pratique de la
psychoéducation, de la restructuration cognitive, de l’affirmation de soi, l’activation
comportementale, de résolution de problèmes ou encore de la relaxation (Beck et col. 1979).
Les avantages de ces thérapies soulignées dans la littérature sont : leur flexibilité d’accès qui
permet au patient une thérapie « à la demande » sans besoin d’ajustement de la part du
thérapeute et la possibilité de revenir sur certaines séances facilitant son apprentissage, son
coût inférieur par rapport à une thérapie classique, l’absence de face à face pouvant être un
frein pour certains, un sentiment d’intimité supérieur et enfin une réduction du sentiment de
47
48
I. PROBLEMATIQUE GENERALE
Dans ce chapitre, nous commenceront par développer la prise en charge TCC « classique » de
la dépression au travers de deux cas cliniques. Après une discussion autour de ces cas nous
évaluerons l’acceptabilité et les représentations des TCC informatisées au travers d’un
sondage interrogeant les patients, les psychiatres et des médecins généralistes.
Enfin nous évoquerons dans une troisième partie un travail de recherche en cours sur
l’élaboration d’un programme Français de thérapie comportementale et cognitive
informatisée.
49
A. Monsieur B
Monsieur B est un patient de 46 ans venu seul à la consultation ambulatoire du CHU de Nice
le 09/12/2017 pour une première rechute dépressive évoluant depuis 8 mois dans un contexte
de stress professionnel et de conjugopathie.
Monsieur B est marié depuis 20 ans et vit avec sa femme et son fils de 17 ans. Son autre
enfant, une fille de 21 ans s’est mariée il y a 1 an et ne vit plus au domicile familial depuis. Il
est le cadet d’une fratrie de 6 enfants et préserve de bons liens avec l’ensemble de ses quatre
frères et son unique sœur. Il est employé des hôpitaux en tant qu’agent de sécurité depuis 17
ans. Il ne consomme aucun toxique. L’alcool est consommé en quantité plus que modérée
habituellement à raison d’un ou deux verres de vin hebdomadaires. Il avoue cependant depuis
deux, trois mois « avoir besoin d’une bière ou de deux, trois verres de vin le soir pour se
sentir mieux une fois à la maison ».
50
Monsieur B m’explique ne pas comprendre son état « la première fois, j’avais perdu ma
grand-mère qui m’avait quasiment élevé, mais là dans ma vie mes seuls problèmes sont au
boulot. Je n’y comprends rien. J’ai peur de redevenir comme avant ». Le contact de
Monsieur B est de bonne qualité avec une distance interpersonnelle dans la norme. La posture
est plutôt tonique. La présentation quant à elle est adaptée et non négligée. Sa morphologie est
filiforme. Il porte un jean, des basquets et un sweat à capuche gris. Il apparaît mal rasé,
présente une légère hypomimie et un faciès anxieux. Le patient ne donne l’impression ni de
faire plus jeune ni de faire plus vieux que son âge.
L’anamnèse permet de placer le début des troubles au mois d’avril 2016 « c’est là que ma
nouvelle boss est arrivée et que mon mode de travail a changé. Avant le travail était tout pour
moi. Aujourd’hui j’ai la boule au ventre pourtant j’ai plus de 20 ans de service ».
Étant pourtant sensibilisé à la Psychiatrie au travers d’un premier épisode, il ne se résout à
consulter un psychiatre qu’après l’échec d’une première ligne de traitement antidépresseur
sérotoninergique (DEROXAT® 20mg) instauré 4 mois plus tôt par son médecin traitant « j’ai
un peu trainé, je pensais remonter la pente tout seul ». Il précisera « ça a été difficile pour
moi de venir. Votre bâtiment fait peur dans l’hôpital. Comme je travaille ici, j’ai franchi le
pas en venant prendre des cafés à votre buvette dans un premier temps. En observant les
gens, j’ai vu qu’ils n’étaient pas tous fous… enfin, vous voyez ce que je veux dire ».
51
L’épisode actuel ne répond également pas aux critères d’un trouble schizo-affectif et ne se
superpose pas à une schizophrénie, à un trouble schizophréniforme, à un trouble délirant ou à
une autre trouble psychotique.
Enfin, le patient ne relate pas d’autre plainte somatique en dehors de quelques céphalées
matinales.
Concernant ces dernières, je questionne monsieur B sur la présence d’un éventuel syndrome
d’apnée du sommeil. En ce sens, on ne retrouve ni tendances aux somnolences diurnes
(échelle EPWORTH inférieure à 7) ni ronflements nocturnes (John 1991)
Un questionnaire ADAM (Adrogen Deficiency of Aging Male) est également rempli par le
patient au cours de la séance afin d’ébaucher le dépistage d’un éventuel Déficit androgénique.
Le score de 10 est obtenu avec une réponse positive à l’item numéro 1 (Morley et col 2001).
Après un retour sur l’étiopathogénie de l’épisode dépressif, j’explique au patient qu’il souffre
d’un épisode dépressif majeur d’intensité modéré. Je lui prescris un bilan sanguin comprenant
une NFS, un bilan hépatique, une créatininémie, un ionogramme, une TSH et un bilan
lipidique (le dernier datant d’il y a 3 ans).
Je propose à Monsieur B un « switch » de son traitement antidépresseur pour une molécule de
classe différente (EFFEXOR® 75mg) ainsi qu’un traitement anxiolytique non
benzodiazépinique (BUSPIRONE®). Je lui propose enfin un travail de psychothérapie TCC à
conduire en parallèle.
52
Entre temps et d’ici à notre prochain rendez-vous; je conseille à Monsieur B de se rendre sur
un site de psychoéducation à la dépression (www.info-depression.fr) ainsi que sur le site de
l’association locale de TCC (www.aatcc.fr). Je lui conseille également de consulter un
endocrinologue ou un andrologue afin d’éliminer un potentiel déficit androgénique sur ajouté.
Enfin je le rassure sur une faible probabilité en mon sens d’un syndrome d’apnée du sommeil
mais l’encourage à consulter également son médecin traitant afin d’avoir son avis.
Les premières consultations avec monsieur B ont eu pour objectif la réalisation d’une analyse
fonctionnelle de son trouble dépressif. Cette dernière aura nécessité trois séances espacées
chacune d’une semaine.
Les deuxième et troisième séances ont eu pour objectifs : la « reprise » des grilles d’analyses
fonctionnelles complétées par le patient entre les séances ; la vérification du bon
apprentissage de l’auto-analyse comportementale et cognitive ; la poursuite de la
psychoéducation à la dépression ; l’exploration des schémas de pensée du patient (à l’aide
d’échelles et des observations faites en entretiens) et la réalisation de la diachronie (cf. figure
N°4).
54
Facteurs « Génétiques » : antécédent d’épisode dépressif majeur chez la mère. Terrain anxieux mal
étiqueté chez un des frères (Trouble anxieux généralisé ?).
Antécédents personnels : Il s’agit d’une première rechute dépressive chez monsieur B. Le premier
épisode dépressif contemporain d’un deuil avait duré 1 an et s’était totalement résolu après 6 mois
d’une thérapeutique antidépressive (DEROXAT®) et d’une thérapie de soutien.
Personnalité, Schémas cognitifs : Les entretiens préliminaires réalisés ainsi que l’échelle de
personnalité PDQ4+ (Laconi et col. 2016) laissent à penser la présence de traits de personnalité
dépendants et obsessionnels chez monsieur B « j’ai besoin que les autres décident à ma place » « j’ai
toujours été un suiveur » « je dois absolument faire comme prévu sinon ça ne va pas ça m’angoisse »
« l’imprévu et l’inconnu sont difficiles à gérer. Je dois planifier à l’avance obligatoirement » « je ne
suis pas un aventurier ».
L’échelle des schémas de Young (Mihaescu et col. 1997) ainsi que la DAS (dysfonctionnal attitude
scale) mettent en évidence (Weissman & Beck 1968) :
- Des schémas « d’exigence personnelle élevée » : « je dois à tout prix satisfaire mon boss et ma
femme. Je dois être drôle et en forme physiquement, sportif, ne pas décevoir mes amis et encore
moins mon père » « je dois être un homme fort comme mon père qui nous a tous élevés ».
- Des schémas « d’assujettissement » : « le bien de mon fils, de ma femme, de mes collègues, du CHU,
de ma mère passe avant tout, même moi »
- Des schémas « d’imperfection » : « j’ai toujours été moins intelligent, moins combattif que les
autres. Je n’ai pas fait d’études. Je n’ai pas connu beaucoup de femmes... Je n’offre pas ce que je
veux à ma femme et à mon fils. On ne peut pas être fier de ma position sociale… Je dois mieux
faire ».
55
perdu ».
56
3. Contrat thérapeutique
57
on notera une baisse de l’anxiété globale imputable à la BUSPIRONE® ainsi qu’un léger
regain motivationnel et une baisse de l’asthénie (baisse évaluée à 50%). Concernant la
tristesse, la plainte cognitive et l’anhédonie, on ne note aucune franche amélioration. En
dehors de palpitations matinales et d’une tendance à l’hypersudation, le traitement apparait
bien toléré. Nous convenons alors d’une majoration à 150mg et d’une poursuite du traitement
par BUSPIRONE®. Monsieur B insistera sur la persistance d’un sommeil agité,
« superficiel » avec un réveil toujours aussi précoce. Il déclinera ma proposition de traitement
hypnotique m’expliquant ne pas vouloir « devenir accro de ces saloperies et prendre déjà
assez de traitement comme ça ».
58
Assouplir ses traits dépendants et anxieux « je suis anxieux depuis toujours, je veux
changer ça »
Les objectifs fixés par le patient ainsi que le contrat thérapeutique est consigné le jour même
dans le dossier médical. Les objectifs ont notamment été définis en interrogeant le patient sur
ses activités et son mode de vie avant que l’épisode dépressif ne s’installe (technique de
l’emploi du temps) ainsi qu’en interrogeant le patient sur ses objectifs concernant « le soi »,
« les autres » et le « futur » (technique de la triade de Beck) [150]. Les objectifs ont ensuite
été hiérarchisés du moins au plus difficilement réalisable.
4. Suivi Psychothérapique
La prise en charge thérapeutique de monsieur B s’est étalée sur 6 mois. Ce dernier s’est
montré très assidu et ponctuel quant à sa présence aux entretiens du fait notamment de la
proximité évidente entre le bureau de consultation et son lieu de travail. Quatre séances auront
dû être « décalées ». Une du fait d’une erreur de secrétariat, deux du fait d’incompatibilités de
planning et une du fait d’une étourderie de ma part.
Le déroulement, les objectifs de séance ainsi que les exercices à réaliser entre les séances sont
consignées dans le tableau ce dessous (cf. Tableau N°10)
59
60
Exemple d’agenda d’activation comportementale organisé pour l’objectif « ranger les outils du
garage »
Lundi Mardi Mercredi Jeudi vendredi Samedi Dimanche
Sortir tous Balais Nettoyer le Ranger
les outils placard à outils
outils
Plaisir : Plaisir : Plaisir : Plaisir
10% 2% 20% 40%
Maitrise : Maitrise : Maitrise : Maitrise :
80% 70% 80% 60%
61
Séances Assez identiques aux séances 6 et 7, les séances 8 et 9 étaient centrées sur la
8-9 programmation d’activités exclusivement « sociales ». Du fait des traits de
personnalité du patient, ces situations se sont toujours avérées plus
« problématiques » pour lui. Ces difficultés étant amplifiées par la dépression nous
avons travaillé à anticiper les éventuelles difficultés pouvant être rencontrées en
pratiquant des exercices de répétition en imagination et des jeux de rôle. Le
premier objectif du patient était d’organiser un apéritif avec ses collègues de travail
qu’il n’avait plus « vraiment vu » du fait de la réorganisation de son cadre de
travail. L’un de ses derniers objectifs était de s’inscrire à un club d’escalade
(Activité jusqu’ici fantasmée faute de personne pour l’y accompagner). Tout au
long de la thérapie, des activités étaient définies à l’avance avec le patient et
parfois prescrites par écrit.
Objectif(s) de séance(s) :
- Entrainer Monsieur B aux habilités sociales. Apprendre à anticiper les difficultés.
- Augmenter le renforcement positif par augmentation de la qualité et de l’étendue
des relations sociales.
- Travailler l’affirmation de soi
N. B. L’état clinique évalué à ce stade ne montre une amélioration significative de
l’état dépressif sans pour autant de rémission (score HDRS = 13). La décision de
« potentialiser » le traitement EFFEXOR® 150mg par du NORSET® 15mg est
prise avec le patient notamment afin d’améliorer le sommeil.
Séance Cette séance a été spécifiquement centrée sur l’apprentissage d’exercices de
10 « relaxations ». Après un retour sur la physiologie de l’anxiété, l’échelle d’anxiété
de Beck a été complétée avec le patient. Une fois les symptômes de son anxiété
ciblés, Monsieur B a pris conscience des symptômes physiques qu’il devait savoir
reconnaître précocement afin d’enrayer l’angoisse. L’exercice de la « respiration
au carré » a par la suite été enseigné. Afin de faciliter sa bonne réalisation,
l’application smartphone gratuite RespiRelax® a été recommandée à Monsieur B.
L’apprentissage du « training autogène » a également été entrepris et il lui était
conseillé de le pratiquer avant le coucher ainsi que lors de moments de complet
repos.
Objectif(s) de(s) séance(s) :
Psychoéducation à la biologie du stress
Apprentissage des techniques de relaxation
62
Séance Ces séances ont été centrées sur la résolution de problème. Après l’apprentissage
11 des six étapes de la résolution de problème, nous sommes partis d’un problème
concret rencontré par Monsieur B. En l’occurrence il me racontera avoir eu une
forte émotion d’angoisse et de tristesse la semaine dernière au sujet d’un problème
technique rencontré sur son ordinateur « les emails se sont mis à ne plus
fonctionner. Ça m’a rendu fou. J’ai été incapable de faire quoi que ce soit et
j’angoisse car j’attends des emails importants. Je me suis senti encore nul et
largué ».
Grille de résolution de problème complétée au cours de la 11ème séance :
Etape I - Problème cible : « Réparer sa boîte email »
Étape II – Liste des solutions possibles :
1- Apprendre à me servir correctement d’un ordinateur en achetant « Windows® pour les nuls »
2- Demander à un réparateur de venir
3- Demander à mon fils de m’aider
4- Appeler l’assistance Orange
5- Demander à Paul qu’il passe après le travail
Étape II – Avantages et Inconvénients de chaque solution :
1- Apprendre à me servir correctement d’un ordinateur en achetant « Windows® pour les nuls »
Avantage Inconvénient
Mieux maitriser l’informatique une fois pour C’était déjà dur d’apprendre en temps normal.
toutes (100%) Là je ne peux pas me concentrer (80%).
2- Demander à un réparateur de venir
Avantage Inconvénient
Problème réglé mais quoi faire en cas de Cout (70%)
nouvelle panne (80%)
3- Demander à mon fils de m’aider
Avantage Inconvénient
Il va surement régler le problème (100%) Il ne sera pas forcément disponible et il verra à
quel point je suis nul. Il va encore se moquer
(60%).
4- Appeler l’assistance Orange
Avantage Inconvénient
Ils peuvent régler le problème mais j’en doute Long et chiant (100%)
(60%)
5- Demander à Paul qu’il passe après le travail
Avantage Inconvénient
Il maîtrise bien l’informatique, il va surement Ça me gêne un peu de le déranger (30%)
régler le problème rapidement et en plus je peux
lui demander de me montrer sans qu’il s’énerve.
Pas comme mon fils ou le réparateur qui ne va
rien gagner à m’apprendre. (100%)
Étape IV – hiérarchisation :
63
64
Séances Le but de la première des quatre séances était d’inciter Monsieur B à opérer une
13-17 distanciation vis-à-vis de ses pensées négatives dépressives. À partir des pensées
enregistrées dans le cahier cognitif, une démarche argumentative lui était
demandée. Cette étape de la thérapie appelée « examen de l’évidence » a été
pratiquée à l’aide de grilles « pour/contre » et « Avantages /inconvénients ». Se
faisant « l’avocat du diable » de sa propre pensée dépressive ; Monsieur B pouvait
alors « auto-démonter » sa pensée négative en se prouvant à lui-même les limites
de son raisonnement automatique.
Pensée alternative générée par monsieur B : je vais regarder le match seul. Ce n’est pas parce qu’il a
refusé qu’il ne m’aime pas ou qu’il ne me respecte pas. La prochaine fois je programmerai et le
réviendrai à l’avance et s’il refuse je lui demanderai pourquoi.
65
de son cahier de Beck initial. Ainsi une fois la pensée automatique négative
identifiée, le patient devait l’examiner puis trouver de son propre chef une ou
plusieurs pensée(s) alternatives(e) venant remplacer la pensée initiale.
66
Il était demandé entre les deux séances, de reprendre le cahier cognitif et de repérer
l’ensemble des biais d’interprétation dépressifs qui ont pu inconsciemment altérer
son jugement au cours des deux derniers mois.
67
Les schémas une fois mis en évidence ont été critiqués un par un avec le patient en
« testant » leurs limites à l’aide de grilles pour/contre et Avantages/Inconvénients
(pondération).
68
69
B. Madame C
Madame C, est une patiente de 31 ans venue consulter seule au CHU de Nice le 15/01/2016
pour « syndrome anxio-dépressif » évoluant depuis 1 an et demi.
Il s’agit de la première consultation psychiatrique de cette patiente, qui n’a également jamais
consulté de Psychologue auparavant. Elle est adressée par son médecin traitant pour
réévaluation du traitement antidépresseur du fait d’une absence de réponse à un traitement par
SEROPLEX® introduit il y a 3 mois. Le diagnostic d’épisode dépressif avait été posé 5 mois
plus tôt devant un tableau clinique associant des plaintes somatiques importantes évoluant
depuis quelques mois (douleurs abdominales, céphalées, asthénie) ; une humeur triste ; une
perte d’envie ; des insomnies et un bilan somatique (notamment thyroïdien) revenu normal.
La patiente est bon contact. Sa présentation apparaît plutôt soignée (jean, T-shirt veste en cuir,
baskets). Cheveux longs, maquillage adapté et soigné, elle ne paraît ni trop jeune ni trop âgée
pour son âge. L’abord est plutôt facile avec cependant une anxiété palpable et une distance
interpersonnelle défensive importante. Elle m’explique dès le début de l’entretien être très
« contrariée » à l’idée de venir en consultation. La psychiatrie me dit-elle, étant par définition
une « spécialité floue » réservée aux gens « fous ». Elle ajoutera en pleurant « ne m’en
veuillez pas mais j’ai vraiment honte d’être tombée aussi bas ». Les symptômes cliniques
qu’elle met en avant en premier sont une tristesse « quasi permanente », une irritabilité « un
rien m’énerve et je perds vite patience », une aboulie « je ne fais plus rien, mon travail me
barbe, le shopping et les sorties entre copines ne me stimulent plus » et une grande fatigabilité
avec sentiment d’asthénie « je suis dans une sorte de brouillard ».
70
Sur le plan psychosomatique sont à noter : des troubles du sommeil caractérisés par des
difficultés d’endormissement, un réveil précoce « je suis réveillée avant mon réveil plus d’une
fois » et une tendance à l’agitation nocturne « je bouge, des fois je me réveille et j’ai du mal à
me rendormir ». L’appétit apparait diminué avec une perte de poids rapportée de 5 kg sur un
an. Enfin la sphère thymique est prédominée par une anhédonie, une aboulie et une tristesse
présente en moyenne 50% du temps « je ressasse le négatif...je ne suis plus sûr de moi... Je
doute tout le temps… »
Issue d’une famille niçoise, Madame C est employée dans une compagnie d’assurance comme
chargée de clientèle. Elle vit seule dans un « studio » à Berre les Alpes et travaille une partie
de la semaine à son domicile. Initialement étudiante en droit, elle a du se reconvertir suite à 2
échecs successifs au concours du Barreau.
D’un tempérament plutôt jovial, Madame C exprime ne plus se reconnaître « c’est comme si
j’étais différente, une autre personne ».
Le début des troubles est placé un an et demi plus tôt dans un contexte à l’époque de
conjugopathie « C’était un pervers narcissique. J’ai fini par le quitter ».
71
Comme à l’accoutumé dans une TCC, les premières consultations avec Madame C ont eu
pour objectif la réalisation de l’analyse fonctionnelle de son trouble. Les trois séances
nécessaires à la réalisation de cette analyse auront été faites sur deux mois du fait d’un emploi
du temps chargé ainsi que d’un lieu de résidence éloigné du CHU.
La première séance a eu trois objectifs : l’explication du modèle comportemental et cognitif
avec l’apprentissage du lien entre émotions-comportement-cognition selon le modèle
« SECCA » (Cungi & Note I. 1999) ; la réalisation conjointement d’une première grille
d’analyse fonctionnelle (cf. figure N°6) ; l’apprentissage de l’auto-enregistrement
comportemental et cognitif pour la réalisation autonome de grilles d’analyses fonctionnelles
entre les séances et la réalisation de la diachronie (cf. figure N°5).
Ces grilles ont été analysées pendant les deux séances suivantes.
L’hypothèse fonctionnelle et le contrat de soins ont été proposés à la patiente à la quatrième
consultation.
72
- Des schémas de « besoin d’approbation » : « j’ai ce besoin de ressentir que les autres valident ce
que je fais » « je vis au travers du regard de ma mère et de mes collègues de travail » « je dois
prouver aux autres que je suis capable et que je ne suis pas qu’une simple campagnarde »
- Des schémas « d’échec » : « j’ai raté » « je ne réussirai jamais » « je suis sans talent » « je n’ai rien
à apporter par rapport aux autres »
Facteur(s) historique(s) de maintien possible : Au niveau familial, Madame C vit aujourd’hui seule
dans un appartement situé dans la même rue que sa mère. Elle est fille unique. Son père exerçait la
profession de clerc de notaire. Il a quitté le domicile conjugal alors qu’elle avait 10 ans « il n’a jamais
été gentil avec moi et se disputait tout le temps avec ma mère. C’était un salaud ». Elle n’aura comme
nouvelles de lui que des cartes d’anniversaire pendant les 4-5 ans suivant son départ. Son enfance est
décrite comme joyeuse malgré cet événement et une mère dit-elle très occupée « il fallait qu’elle
s’occupe de nous deux. Elle travaillait beaucoup mais on a quand même dû déménager à Berres à
cause du loyer trop cher à Nice. Malgré ça on rigolait bien ». Au niveau social, la patiente se décrit
comme solitaire « comme je viens de la montagne et qu’il n’y avait pas beaucoup de monde je n’ai
jamais eu de vrai cercle d’amis. Lorsque j’avais des amis, je faisais tout pour les garder. Je m’y suis
habituée ».
Évènement déclencheur probable : Rupture sentimentale « c’est moi qui ai pris la décision de le
quitter mais il le fallait car de toute façon il ne tenait pas à moi et l’aurait fait »
Événement(s) précipitant(s) les troubles : Deuxième échec aux concours du Barreau « ça m’a dévasté
mais je ne l’ai réalisé qu’après. Comme en temps normal j’ai tendance à aller de l’avant, je ne me
suis pas arrêtée dessus et j’ai mis ça de côté. C’est maintenant que ça revient ».
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74
3. Suivi Psychothérapique
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Pensée alternative : Je ne suis pas si incapable que ça. Je pourrais aller me renseigner sur les
équivalences de diplôme car après tout je n’ai rien à perdre.
77
pensées alternatives.
Générer de nouvelles pensées alternatives afin de lutter contre la pensée
dépressive (restructuration cognitive).
Baisse de l’intensité du vécu émotionnel négatif
Prise de conscience de l’efficacité de la génération de pensées
alternatives sur les émotions
Concernant Monsieur B, il semblerait que l’alliance thérapeutique ait été de bonne qualité tout
au long de la prise en charge. Même si le patient a initialement souligné un certain degré de
honte à consulter un thérapeute ainsi qu’un manque de confiance vis à vis des thérapies, cette
alliance a été la clef de la réussite de cette prise en charge. Les autres facteurs auront été une
grande motivation de sa part avec notamment un bon respect des exercices prescrits ainsi
qu’une grande disponibilité de sa part et de la mienne. Disponibilité permettant comme
l’impose une TCC faite dans les règles de l’art, une prise en charge à raison d’une
consultation par semaine.
Venue consulter avec les mêmes à priori que Monsieur B ; Madame C est apparue dès le
départ moins active dans la prise en charge avec un manquement dans les rendez-vous ainsi
78
79
A. Objectif
L’objectif principal de cette enquête était d’évaluer en population française l’acceptabilité, les
attitudes et les représentations des patients à l’égard des programmes informatisés de TCC.
Le premier objectif secondaire était de comparer ces données avec l’opinion des psychiatres et
des médecins traitants sur ces mêmes questions.
Le deuxième objectif secondaire était de faire un état des lieux des pratiques actuelles en
psychothérapie et plus précisément des pratiques de TCC dans le cadre de l’épisode dépressif
majeur d’intensité léger à modéré.
Pour répondre à nos objectifs, nous avons réalisé un sondage intitulé « enquête sur
l’acceptabilité, les attitudes et les représentations à l’égard des programmes informatisés de
thérapie comportementale et cognitive de la dépression ». Trois questionnaires ont été
élaborés.
80
proposée. Plusieurs causes de refus leur étaient exposées sous forme de choix multiples
(« coût trop élevé », « peur d’être stigmatisé », « peur du face à face », « difficulté matérielle
d’accès », « manque de temps », « sentiment qu’une thérapie n’est pas utile », « manque de
crédibilité des thérapeutes », « délais de prise en charge trop longs », « sentiment qu’une
thérapie n’est pas personnalisée », « manque d’anonymat », « faible disponibilité des
thérapeutes » et « autre »).
16 questions interrogeaient les participants spécifiquement sur l’acceptabilité et leurs
représentations à l’égard des thérapies informatisées. Les questions ont été élaborées à partir
du questionnaire APOI (Attitudes towards Psychological Online Intervention), validé en
anglais pour répondre à ces problématiques (Schröder J). Enfin il était demandé sous forme
d’une question à choix multiples, l’opinion des sujets sur l’apport éventuel d’une TCC
informatisée par rapport à une TCC classique.
Les deux autres questionnaires étaient à l’attention des psychiatres et des médecins traitants
composés sur le même modèle que celui des volontaires sains ; une première partie visait à
recueillir les données sociales (âge, sexe) ainsi que le mode d’exercice. Une deuxième partie
visait à recueillir les pratiques face à un patient atteint d’épisode dépressif majeur d’intensité
léger à modéré (orientation psychothérapeutique, fréquence de prise en charge observée,
orientation vers des « self help »). Une troisième partie sous forme de question à choix
multiples interrogeait psychiatres et médecins traitants sur les freins qui selon eux empêchent
leurs patients d’aller consulter un thérapeute TCC (les mêmes items que pour le questionnaire
patient ont été repris). Enfin une troisième partie leur demandait de se mettre à la place de
leurs patients et de donner leur opinion sur l’acceptabilité et les représentations à l’égard des
thérapies. Cette partie était également inspirée du questionnaire APOI et en reprenait les
items. Enfin, comme pour les patients, il était demandé aux médecins sous forme d’une
question à choix multiples, ce que pouvait selon eux apporter une thérapie informatisée par
rapport à une TCC classique.
Les questionnaires ont été distribués sous forme de questionnaire en ligne à l’aide de
l’application googleform® mais aussi en format papier. La participation était anonyme et
volontaire. Le recrutement de psychiatres a été effectué par email via le réseau de
l’Association française Fédérative des étudiants en psychiatrie, l’Association des jeunes
psychiatres et des jeunes addictologues et grâce au soutien du groupe ORPEA®. Le
recrutement de médecins généralistes a été effectué via l’association MG-France et le
81
recrutement des sujets volontaires via les réseaux sociaux et la consultation de psychiatrie
générale du CHU de Nice.
C. Résultats
Parmi les sujets volontaires ; 39,1% déclaraient avoir souffert ou souffrir d’un trouble
dépressif. 48,1% d’entre eux déclaraient n’avoir bénéficié ou ne bénéficier d’aucune prise en
charge psychothérapique ; 29,6% d’avoir bénéficié ou de bénéficier d’une thérapie TCC ;
18,5% d’une thérapie de soutien et 3,7% d’une thérapie d’inspiration analytique.
Pour ceux pris en charge en TCC, 72,2% témoignaient d’une fréquence des consultations
inférieure à une séance par semaine (27,8% une fois par mois et 27,8% une fois par
quinzaine) (cf. Graphique N°2).
La majorité des médecins généralistes (57,1%) avait tendance à orienter leurs patients vers
une thérapie TCC ; 25,7% vers une thérapie de soutien et 8,6% vers une thérapie analytique.
La fréquence de prise en charge observée chez leurs patients était majoritairement d’une fois
par mois (36,4%). Seuls 21,2% des médecins déclaraient observer des fréquences de
consultation hebdomadaires (cf. Graphique N°2).
Les psychiatres ayant participé à l’enquête étaient 23,1% à indiquer à leurs patients une prise
en charge TCC.
82
63,9% déclaraient orienter leurs patients vers une thérapie de soutien et 2,8% vers une
thérapie analytique (cf. Graphique N°1).
Les thérapeutes pratiquant la TCC étaient 29,6% à effectuer une prise en charge
psychothérapique hebdomadaire et 34,1% à voir leurs patients deux fois par mois.
Graphique N°1 : Réponse des Psychiatres (n= 109) à la question « Dans votre pratique
quotidienne, quel type de psychothérapie privilégiez-vous face à un patient présentant un
épisode dépressif caractérisé d’intensité léger à modéré ? »
83
Les sujets ayant refusé une prise en charge en thérapie TCC justifiaient leur refus d’en
bénéficier par une « peur d’être stigmatisé » pour 54,4% d’entre eux ; un « coût trop élevé »
pour 36,4% ; un « manque de temps » pour 27,3% ; une « difficulté matérielle d’accès » pour
18,2% et un « délai trop long pour accéder à un thérapeute » pour 18,2%.
Aucun n’a évoqué la peur « du face à face » comme étant un frein d’accès à une TCC (cf.
Graphique N°3).
Interrogés sur les facteurs empêchant leurs patients de consulter un thérapeute TCC, 80,6%
des médecins généralistes estimaient que le « coût trop élevé » en était la cause ; 50% un
« délai trop long pour accéder à un thérapeute » ; 41,7% une « difficulté matérielle d’accès » ;
30,6% une « peur d’être stigmatisé » ; 19,4% d’entre eux « un manque de crédibilité générale
des psychothérapies », 19,4 % une « peur du face à face avec un thérapeute » et 19,4% une
« fréquence de prise en charge trop faible » (cf. Graphique N°3).
Également interrogés sur le sujet, les psychiatres étaient 66,7% à pointer comme responsable
le « coût d’une thérapie » ; 53,7% les « difficultés matérielles d’accès », 65,7% le « délai trop
long pour accéder à un thérapeute » ; 27,8% « un manque de temps de la part des patients » ;
16,7% « une fréquence de prise en charge trop faible ; 12% la « peur du face à face » et 6,5%
la « peur d’être stigmatisé » (cf. Graphique N°3)
84
Graphique N°3 : Synthèse des réponses des sujets volontaires, des médecins généralistes et
des Psychiatres à la question « si vous ne bénéficiez pas (si vos patient n’ont pas accepté)
d’une prise en charge TCC alors qu’elle vous a été proposée (a été proposée à vos patients),
quels ont été les freins qui vous empêchent (empêchent vos patients) d’y accéder ?
Ces thématiques ont été évaluées à l’aide de l’échelle APOI (Attitudes Towards Psychological
Online Intervention). Il s’agit de la seule échelle à l’heure actuelle validée pour l’évaluation
de l’acceptabilité et des attitudes vis-à-vis des psychothérapies en ligne. Les sujets devaient
répondre aux items après lecture d’une lettre descriptive définissant les thérapies
informatisées. Les psychiatres et les médecins généralistes étaient invités à faire la même
chose en imaginant le point de vue de leurs patients.
85
Les sujets volontaires étaient une majorité (44,4%) à déclarer préférer dire à leurs amis qu’ils
utilisent un programme de thérapie informatisé que d’avouer consulter un psychiatre (28,6%
se déclarent incertains). 60% d’entre eux jugent plus facile d’utiliser ce type de programme au
quotidien que d’aller consulter un thérapeute, 44,5% estiment qu’ils apportent un réel support
professionnel (20% se déclarent incertains); 42 ,2% estiment qu’ils peuvent les aider (31,1%
se déclarent incertains) ; 53,3% que leur utilisation est plus discrète que d’aller consulter un
thérapeute ; 42,2% se voient utiliser ce type de programme au quotidien (26,7% se déclarent
incertains) et 48,9% estiment que les thérapies informatisées ont du sens (24,4% se déclarent
incertains).
En revanche, pour 44,4% des sujets interrogés, utiliser un programme de thérapie informatisé
risquerait d’accroître leur sentiment de solitude (22,2% se déclarent incertains) ; 55,6% ne
s’estimeraient pas plus à l’aise à partager leurs sentiments avec un programme qu’avec un
thérapeute (26,7% se déclarent incertains) ; 13,3% estiment que ce type de thérapie est plus
efficace qu’un thérapeute pour ce qui est de les aider à comprendre les problèmes auxquels ils
doivent faire face ; 20% qu’ils sont plus efficaces pour les aider à intégrer les concepts
thérapeutiques d’une TCC ; 68,9% qu’un thérapeute est plus efficace pour les maintenir
motivés dans la thérapie et 30% ne s’attend pas à une efficacité de long terme d’une thérapie
TCC informatisée (44,4% se déclarent incertains).
Selon les Psychiatres (46,3% d’entre eux) et les médecins généralistes (41,7% d’entre eux) ;
leurs patients se sentiraient également plus à l’aise à l’idée de dire qu’ils consultent un
programme de thérapie informatisé qu’un vrai thérapeute. 56,5% des Psychiatres et 72,1%
estiment que leurs patients auraient plus de facilité à utiliser au quotidien ce type de
programme que de venir consulter ; 61,7% des Psychiatres et 72,2% des médecins
généralistes ont déclaré penser qu’ils pouvaient aider leurs patients ; 58,3% des Psychiatres et
66,7% des médecins généralistes qu’ils ont du sens ; 46,7% des Psychiatres et 41,7% des
médecins généralistes qu’ils offrent un réel support professionnel et 61,1% des Psychiatres et
50% des médecins généralistes que ces programmes sont plus discrets. En revanche, 38% des
Psychiatres (34,2% incertains) et 66,7% des médecins généralistes pensent que les
programmes de TCC informatisés auraient tendance à accroître le sentiment de solitude de
leurs patients ; 49,1% des Psychiatres et 30,6% (41,7% incertains) qu’ils ne sont pas plus
efficaces qu’un thérapeute pour aider leurs patients à identifier les problèmes auxquels ils
doivent faire face ; 36,1% des psychiatres et 41,7% des médecins généralistes qu’ils ne sont
pas plus efficace qu’un thérapeute TCC pour les aider à intégrer les concepts thérapeutiques
86
d’une TCC. Enfin une majorité de psychiatres (32,7%) et de médecins généralistes (50%)
imaginent difficilement leurs patients utiliser ces programmes au quotidien (ils sont
respectivement 25,1% et 22,2% à se déclarer incertains).
Pour ce qui est de l’efficacité, une large majorité de psychiatres (37%) et de médecins
généralistes (44,4%) ne se prononcent pas, se déclarent incertains.
81,5% des sujets volontaires ; 78,8% des psychiatres et 85,7% des médecins généralistes se
disent favorables » au développement de ce type de thérapie en France (cf Graphique N°4).
Les résultats à la question « quels sont selon vous les points forts de ces thérapies par rapport
à une TCC classiques ? » sont recensés dans le Graphique N°5.
Graphique N°4 : Synthèse des réponses des sujets volontaires, des médecins généralistes et
des Psychiatres à la question « Seriez vous favorable au développement des thérapies
comportementales et informatisées pour la dépression en France ? »
87
Graphique N°5 : Synthèse des réponses des sujets volontaires, des médecins généralistes et
des Psychiatres à la question : « quels seraient selon vous le(s) point(s) fort(s) d’une TCC
informatisée par rapport à une TCC classique ? »
88
D. Discussion
Malgré le faible échantillonnage, cette enquête laisse entrevoir une difficulté dans
l’application des recommandations de la HAS sur les psychothérapies TCC qui apparaissent
insuffisamment proposées et insuffisamment appliquées lorsqu’elles sont indiquées. Les
causes en seraient principalement pour les sujets interrogés : une peur d’être stigmatisés ; un
manque de temps de leur part ; une fréquence insuffisante de prise en charge et une peur du
face à face. Pour les Psychiatres et les médecins généralistes, les causes principales seraient
avant tout le coût de la thérapie ; un délai trop long pour y accéder et une difficulté matérielle
d’accès.
Concernant les données d’acceptabilité et d’attitudes, il est à noter qu’à l’heure actuelle aucun
programme de thérapie TCC informatisé n’existe en France. Notre échantillonnage de sujets
et de médecins a donc été interrogé sur simple lecture d’une lettre explicative (cf. annexe 1),
ce qui en soit ne leur donne pas de vue objective de ce que représente ces programmes. Les
données sont d’autant plus à nuancer que les questions utilisées ont été issues du
questionnaire APOI ; questionnaire non validé en Français et traduit pour les besoins de
l’étude.
Les résultats sur cette thématique mettent en évidence un accueil largement favorable de la
part des sujets volontaires, des psychiatres et des médecins généralistes. Cet accueil est
nuancé par une crainte que ce type de programme puisse accroître le sentiment de solitude des
patients et ne soit pas aussi efficace qu’un thérapeute pour aider les patients à comprendre
leurs problèmes, les aider à intégrer les concepts d’une TCC ou à les maintenir motivés dans
la thérapie. L’efficacité de long terme interroge tout aussi bien les médecins que les sujets
volontaires qui se déclarent souvent incertains sur la question.
Les avantages entrevus par médecins et sujets volontaires sont avant tout un coût inférieur,
une facilité d’accès, une flexibilité d’utilisation ainsi qu’une baisse de la crainte d’être
stigmatisé.
89
1. La spécification des objectifs de la séance sous forme d’un « motion design »
regroupant des médias audio, vidéo, graphiques et textuels
2. La présentation des concepts/outils spécifiques pour la séance
3. Des exercices d’entraînement spécifique focalisés sur le concept thérapeutique étudié
90
4. Une mini-évaluation focalisée sur le concept de la séance (ex. la présence et/ou la
sévérité des pensées automatiques négatives)
5. La prescription d’un devoir thérapeutique et des exercices d’entraînement spécifique
focalisés sur le concept thérapeutique étudié
6. L’accès à une relaxation sous forme audio basée sur les principes de la mindfulness
thérapie
L’accès au pilote est individuel, libre et sous couvert d’une session protégée et sécurisée. Le
format choisi est un format HTML ce qui rendra le futur programme accessible via tout
support disposant d’un navigateur internet (ordinateur, tablette, téléphone).
Après s’être connecté, l’utilisateur accède à une démonstration animée du programme
détaillant son mode d’utilisation ainsi que l’ensemble des fonctionnalités. Une fois cette
démonstration achevée, l’utilisateur pénètre dans l’interface d’accueil du pilote (cf. figure
N°7).
N.B : 1 = espace dédié à la spécification des objectifs, à la présentation des concepts et outils
de séance. Formation « motion design » 2 = espace dédié à l’évaluation et aux exercices
d’entraînements quotidiens spécifiques 3 = espace méditation 4 = espace questions/réponses
91
Notre objectif principal est de mesurer l’efficacité clinique du pilote du programme dans la
symptomatologie dépressive (au travers de l’échelle de dépression de Beck).
Nos objectifs secondaires sont de démontrer la faisabilité d’une thérapie informatisée (à l’aide
de questionnaires standardisés) ; de mesurer son acceptabilité ; sa tolérance clinique et le
niveau d’adhésion (questionnaire APOI) et enfin de mesurer l’efficacité cognitive du
programme selon des échelles cognitivocomportementales : DAS (Dysfonctionnal Attitude
Scale), ATQ (Automatic Thought Questionnaire) et ASQ (Attributional style questionnaire).
Le schéma de l’étude sera celui d’une étude prospective, monocentrique interventionnelle.
Nous envisageons sous réserve d’obtention du CPP de la réaliser au sein du CHU de Nice
(Hôpital Pasteur 1, Pôle neurosciences cliniques) du 31/12/2017 au 31/12/2018. Les patients
répondant aux critères de sélection se verront proposer de participer à l’étude après lecture de
la lettre d’information et signature du consentement éclairé. Un seul bras sera constitué.
Pendant toute la durée de l’étude, le suivi psychothérapeutique et le traitement
pharmacologique seront poursuivis à la discrétion du psychiatre traitant (treatment as usual).
Le traitement actif consistera en une séance par jour pendant 5 jours. Soit 5 séances, avec
une évaluation clinique avant/après. Les évaluations cliniques auront lieu le jour de la visite
d’inclusion (V1), une semaine après la dernière séance d’utilisation du pilote STOP
DEPRESS (V2), à 1mois (V3) puis à 3 mois (V4). La mesure de l’acceptabilité, de l’adhésion
et de la tolérance aura lieu à 1 semaine de la fin de l’utilisation du programme (V2).
Les critères d’inclusion choisis sont : Patient entre 18 et 65 ans ; présentant un épisode
dépressif majeur selon les critères du DSM-5 (échelle MINI-DSM-5) ; bénéficiaire ou affilié à
un régime d’Assurance Maladie ; comprenant et acceptant les contraintes de l’étude ; ayant
donné son consentement éclairé écrit.
5 AOI- 2017 : Titre« Acceptabilité et Efficacité sur le plan clinique, cognitif et cérébral du pilote d’un
programme de psychothérapie informatisé basé sur les techniques comportementales et cognitives chez le patient
déprimé » (Promoteur CHU de Nice, Investigateur Principal : Dr. Bruno Giordana ; Investigateurs associés : Pr.
Michel Benoit, Tommy Burté ; Direction scientifique : G. Iakimova, LAPCOS).
92
La durée prévue de l’étude est de 12 mois : la durée de la période d’inclusion a été calculée à
6 mois ; la durée de participation par patient est évaluée à 12 semaines soit 1 semaine de
traitement et 10 semaines de suivi. Enfin ; la durée nécessaire au traitement des données a été
évaluée à 3 mois.
Les patients seront recrutés à travers le centre ressource de dépression du Pr Michel Benoît
(Service Universitaire de Psychiatrie, CHU Pasteur). Le recrutement sera également assuré
via la collaboration avec le réseau de psychiatres libéraux impliqués dans la prise en charge de
la dépression et des Centres médico-psychologiques de la région PACA, ainsi qu’avec les
associations de patients souffrant de dépression.
93
DISCUSSION GENERALE
Les TCC représentent un outil central scientifiquement reconnu dans la prise en charge de la
dépression légère à modérée.
L’application de ces thérapies au travers de deux cas cliniques a été relativement probante
avec une réponse très positive à la thérapie chez Monsieur B. Madame C en revanche n’a pas
adhérée à mon avis du fait d’un a-priori négatif vis à vis des thérapies, d’une faible
disponibilité temporelle et d’une fréquence de consultations trop faible du fait d’un manque
de thérapeutes de proximité.
Bien que d’ampleur modeste l’enquête présentée ci-dessus met en avant certaines limites de
ces thérapies. Limites expliquant probablement pourquoi nombre de patients diagnostiqués
dépressifs refusent ce type de prise en charge. Alors qu’une large majorité de médecins
généralistes interrogés déclaraient orienter leurs patients atteint d’épisode dépressif caractérisé
léger à modéré vers un thérapeute TCC et que 23% des psychiatres déclaraient indiquer ce
type de thérapie à leurs patients, seuls un tiers des sujets participants volontaires souffrant ou
ayant souffert de dépression déclaraient avoir bénéficié d’une psychothérapie de cette
inspiration. Lorsque leurs patients étaient suivis en TCC pour la dépression, les psychiatres et
médecins généralistes s’entendaient sur une fréquence des consultations inférieures aux
recommandations de l’Association Française de TCC ainsi que sur la présence d’une réticence
de la part des patients à s’inscrire dans une thérapie. Conformément à la littérature et à l’instar
de Madame C, les réticences des patients sembleraient être avant tout dues à une peur d’être
stigmatisés ; un manque de temps ; une fréquence insuffisante de prise en charge et une peur
du face à face. Une nouvelle fois au diapason, pour les psychiatres et les médecins
généralistes interrogés, les patients seraient avant tout freinés par le coût de la thérapie ; un
délai trop long pour y accéder et une difficulté matérielle d’accès.
Bien qu’intéressantes, ces données sont à nuancer par la faible puissance de cette enquête où
seulement 109 psychiatres, 39 médecins généralistes et 47 participants volontaires y ont pris
part. Avec un âge moyen de médecins compris entre 20 et 30 ans pour les Psychiatres et entre
30 et 50 ans pour les médecins généralistes, nous ne pouvons qualifier notre population
de représentative de la population médicale générale. Du côté des volontaires sains, recrutés
94
au travers des réseaux sociaux et dans la salle d’attente de psychiatrie du CHU de Nice, la
moitié avait entre 20 et 30 ans.
Afin de limiter l’échappement de certains patients aux soins et dans un contexte de
numérisation permanente de notre société, des chercheurs ont élaboré des programmes de
thérapie comportementale et cognitive informatisés (CCBT). Ces CCBT validées dans de
nombreux pays comme un moyen à part entière de prise en charge de la dépression, semblent
être un outil supplémentaire non dénué d’intérêt pour les patients ne pouvant pas accéder à
une thérapie.
En termes du contenu actif ces programmes reprennent les principaux codes et logiques des
prises en charge TCC classiques telles qu’elles peuvent être décrites par Beck et proposent
une évaluation initiale psychométrique basée sur des échelles validées, la pratique de la
psychoéducation, de la restructuration cognitive, de l’affirmation de soi, l’activation
comportementale, la résolution de problèmes ou encore la relaxation.
L’enquête d’acceptabilité de ce type de programme met en évidence un accueil largement
favorable de la part des sujets volontaires, des psychiatres et des médecins généralistes ou
81,5% des sujets volontaires ; 78,8% des psychiatres et 85,7% des médecins généralistes se
sont dit favorables au développement de ce type de thérapie en France. Les avantages
entrevus par médecins et sujets volontaires semblent être avant tout un coût inférieur par
rapport à une thérapie classique, une facilité d’accès, une flexibilité d’utilisation ainsi qu’une
baisse de la crainte d’être stigmatisés.
Cet accueil positif est à nuancer par une crainte que ce type de programme puisse accroitre le
sentiment de solitude des patients et ne soit pas aussi efficace qu’un thérapeute pour aider les
patients à comprendre leurs problèmes, les aider à intégrer les concepts d’une TCC ou à les
maintenir motivés dans la thérapie. L’efficacité de long terme semble interroger tout aussi
95
bien les médecins que les sujets volontaires qui se déclaraient souvent « incertains » sur la
question.
Les avantages entrevus par médecins et sujets volontaires étaient avant tout un coût inférieur,
une facilité d’accès, une flexibilité d’utilisation ainsi qu’une baisse de la crainte d’être
stigmatisés.
Une nouvelle fois, ces données sont à nuancer par un faible taux de participation et par une
connaissance limitée des participants sur les CCBT du fait de l’absence de ce type de
programme en langue Française.
Non dénuées d’inconvénients, ces thérapies informatisées semblent notamment limitées par
un taux de décrochage élevé (jusqu'à 80% selon les études) (Richards & Richardson 2002;
Kohn et col. 2004; Cuijpers P. 2011; Moritz et col. 2013; Kaltenhaler E. & Cavanagh K.
2010 ; Boschen & Casey 2008).
Dans son étude de 2004 sur le programme Beating the Blues®, Proudfoot et collaborateurs
soulignent comme causes possibles du décrochage des difficultés d’assistance à l’étude en
raison de changement de circonstances (15%), une mauvaise santé physique (15%), un
changement de la région (10%), un manque de désir de continuation après une amélioration
symptomatologique (10%) ou à cause d’une dissatisfaction du programme (Proudfoot et col.
2004). Cependant, les raisons des décrochages restent insuffisamment étudiées (Rozental et
col. 2014).
Il a été démontré que le taux de décrochage est plus faible (30 %) avec un accompagnement et
augmente sans aucun accompagnement (75 %) par thérapeute (Richards & Richardson 2002).
Il est à noter également que ces programmes ont une efficacité de court terme et un manque
d’adaptation suffisante du contenu aux besoins spécifiques et à la diversité des utilisateurs
(Andersson & Titov 2014).
Sur le plan cognitif, l’utilisation de ces programmes nécessite de bonnes capacités de
compréhensions verbales ; une bonne efficience attentionnelle et exécutive ; une bonne
mémoire de travail ; des capacités motivationnelles à s’engager dans un travail autonome. Il
est a noter que ces processus sont souvent atteints dans la dépression. L’élaboration
multimédia et l’interactivité des programmes, fortement dépendantes du potentiel
technologique, pourraient alléger le cout cognitif des programmes mais aussi leurs
caractéristiques motivationnelles en les rendant plus ludiques.
Le rôle du thérapeute et le degré d’accompagnement sont parmis les plus grandes sources de
polémiques concernant ce type d’interventions informatisées. Des recherches
96
complémentaires doivent être menées sur la manière dont les facteurs relationnels
interviennent dans les CCBT (l’empathie, l’alliance thérapeutique, le style de communication)
car ces facteurs sont considérés comme des éléments essentiels dans la réussite d’une thérapie
traditionnelle (Schröder J. et col. 2015). D’autres recherches sur les attitudes et le degré
d’acceptabilité de ces interventions par les usagers, les caractéristiques de la population qui
pourrait le plus en bénéficier ainsi que les possibles effets négatifs demeurent également
nécessaires (Schröder et col. 2015 ; Andersson & Titov 2014 ; Pennant et col. 2015).
97
CONCLUSION
La dépression est une maladie fréquente et à haut risque de récidive. Les thérapies
comportementales et cognitives sont des thérapies scientifiquement validées présentant un
bénéfice validé dans la prise en charge et la prévention de rechute de cette pathologie.
Elles sont à titre d’exemple selon la HAS aussi efficaces que les traitements
antidépresseurs dans la prise en charge de la dépression majeure d’intensité légère. Bien
que « thérapies de références » dans la prise en charge de la dépression, les TCC se voient
attaquées par une littérature remettant en cause leur intérêt par rapport à d’autres
approches pharmacologiques ou non (thérapies inter-personnelles). En plus d’être
attaquées, les TCC ont des limites pratiques aussi bien liées à leur coût qu’à la difficulté
ou au refus pour bon nombre de patients d’aller consulter un thérapeute. Le
développement des CCBT (computorized cognitive behavior therapy) représente une piste
prometteuse afin de combler le décalage important entre le nombre de personnes atteintes
de symptômes dépressifs et le nombre de personnes accédant à une TCC. Dans certains
pays, majoritairement anglo-saxons, les CCBT sont considérées comme des thérapies à
part entière validées dans la prise en charge de la dépression. L’étude de six des
principaux programmes existants montrent que les procédés thérapeutiques sont très
proches de ceux utilisés en thérapie en face à face. La population de médecins et de sujets
interrogés se déclarent favorables à leur implantation en France.
Dans la mesure où ces thérapies font partie des pratiques modernes, les craintes qu’elles
suscitent sont nombreuses et doivent faire place à plus d’efforts pour mieux étudier et
réfléchir à leurs indications, au profil de patients à qui elles sont le plus indiquées et à
leurs contenus.
98
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109
ANNEXES
Annexe 1 : Questionnaire utilisé dans l’enquête sur l’acceptabilité, les attitudes et les
représentations à l’égard des programmes informatisés de thérapie comportementale et
cognitive de la dépression (version sujets volontaires).
Avec l’évolution des technologies, ces thérapies informatisées deviennent de plus en plus
sophistiquées, interactives et personnalisées. Leur usage se généralise dans plusieurs pays du
monde. Cependant, ces pratiques peuvent susciter autant de scepticisme que d’enthousiasme,
les barrières pour leur implémentation en France et leurs avantages potentiels pour la pratique
restent inexplorées.
Cette enquête vise à explorer ces questions
110
4- Souffrez-vous (avez-vous souffert) d’un trouble dépressif ? (Si oui merci de préciser le nombre d’épisode(s)) ?
oui
non
5- Bénéficiez-vous (avez-vous bénéficié) d’une prise en charge en psychothérapie dans le cadre de votre trouble
dépressif ?
oui
non
Thérapie analytique
Thérapie comportementale et cognitive
Thérapie de soutien
Autre (précisez)
Aucune
7- Si vous bénéficiez (avez bénéficié) d’une pris en charge en thérapie comportementale et cognitive, a quel rythme
consultez (consultiez) vous votre thérapeute ?
8- Utilisez-vous (avez-vous) utilisé des guides de « self help » (livre, vidéo, CD audio, Sites internet…) dans le cadre de
votre trouble dépressif ? (si oui, merci de préciser)
oui
non
9- Si vous ne bénéficiez (n’avez pas bénéficié) d’une thérapie comportementale et cognitive alors qu’elle vous a été
proposée, quels sont ou ont été les freins qui vous empêchent (ont empêché) d’y accéder ?
10- Dans le cadre de la prise en charge de la dépression, seriez-vous favorable au développement des programmes de
thérapies comportementales et cognitives informatisées (I-TCC) en France ?
oui non
111
11- Avec une thérapie comportementale et cognitive informatisée pour la dépression, je ne m’attends pas à une
efficacité sur le long terme
Totalement en désaccord
Plutôt en désaccord
Je ne suis pas sur
Plutôt d’accord
Totalement d’accord
12- Je préférerais dire à mes amis que j’utilise un programme de I-TCC plutôt que de leur avouer consulter un
thérapeute
Totalement en désaccord
Plutôt en désaccord
Je ne suis pas sur
Plutôt d’accord
Totalement d’accord
13- Je me sentirais plus à l’aise d’utiliser un programme de I-TCC que de parler à un vrai thérapeute
Totalement en désaccord
Plutôt en désaccord
Je ne suis pas sur
Plutôt d’accord
Totalement d’accord
Totalement en désaccord
Plutôt en désaccord
Je ne suis pas sur
Plutôt d’accord
Totalement d’accord
15- Au quotidien, il me paraît plus simple d’utiliser un programme de I-TCC que d’aller consulter un thérapeute
Totalement en désaccord
Plutôt en désaccord
Je ne suis pas sur
Plutôt d’accord
Totalement d’accord
16- Par rapport à un thérapeute, un programme de I-TCC me semble plus efficace pour m’aider à comprendre les
solutions aux problèmes auxquels je dois faire face
Totalement en désaccord
Plutôt en désaccord
Je ne suis pas sur
Plutôt d’accord
Totalement d’accord
17 – Un programme de I-TCC ne me semble pas plus efficace qu’un thérapeute pour l’intégration des concepts
thérapeutiques
Totalement en désaccord
Plutôt en désaccord
Je ne suis pas sur
Plutôt d’accord
Totalement d’accord
112
Totalement en désaccord
Plutôt en désaccord
Je ne suis pas sur
Plutôt d’accord
Totalement d’accord
19- Avec un programme de I-TCC, il ne me parait pas possible de recevoir de support professionnel
Totalement en désaccord
Plutôt en désaccord
Je ne suis pas sur
Plutôt d’accord
Totalement d’accord
Totalement en désaccord
Plutôt en désaccord
Je ne suis pas sur
Plutôt d’accord
Totalement d’accord
21- Un thérapeute me semble plus efficace pour rester motivé(e) dans la thérapie qu’un programme de I-TCC
Totalement en désaccord
Plutôt en désaccord
Je ne suis pas sur
Plutôt d’accord
Totalement d’accord
22- En situation de crise, un thérapeute me semble être plus capable de m’aider qu’un programme de I-TCC
Totalement en désaccord
Plutôt en désaccord
Je ne suis pas sur
Plutôt d’accord
Totalement d’accord
23- Utiliser un programme de I-TCC me paraît plus discret que d’aller consulter un thérapeute
Totalement en désaccord
Plutôt en désaccord
Je ne suis pas sur
Plutôt d’accord
Totalement d’accord
Totalement en désaccord
Plutôt en désaccord
Je ne suis pas sur
Plutôt d’accord
Totalement d’accord
25- En utilisant un programme de I-TCC, je n’aurai pas peur que quelqu’un découvre que j’ai des problèmes
psychologiques
Totalement en désaccord
Plutôt en désaccord
Je ne suis pas sur
Plutôt d’accord
Totalement d’accord
113
Annexe 2 :
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114
Annexe 3 :
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115
Annexe 4 :
116
117
RÉSUMÉ
Les Thérapies comportementales et cognitives représentent un outil efficace et validé de la
prise en charge de la dépression. A en croire les Guidelines nationaux elles constituent même
le traitement de première intention de la dépression caractérisée d’intensité légère.
Malgré cela, un faible pourcentage de patient atteint de cette maladie vont consulter un
thérapeute. Les causes sembleraient être une peur de certains patients d’être stigmatisé ; un
coût trop élevé des thérapies ou encore une difficulté matérielle d’accès engendrée entre
autres par le manque de thérapeutes et une inégalité de leur répartition sur le territoire.
Diminuer le nombre de patients n’accédant pas à une TCC fait aujourd’hui l’objet d’une
réflexion ouverte. Pour répondre à ce problème et dans un contexte de numérisation
exponentiel de notre société, certains envisagent les programmes de TCC informatisés comme
l’une des solutions. Ces CCBT (Computorised Cognitive Behavior Therapy) très répandues
dans les pays anglo-saxons proposent des psychothérapies basées sur les principes des TCC.
Absentes en France, elles constituent dans d’autres pays un traitement scientifiquement
validé. L’analyse des six principaux programmes de CCBT validés dans la littérature montre
qu’en termes du contenu « actif » ces programmes reprennent les principaux codes et logiques
des prises en charge TCC classiques telles qu’elles peuvent être décrites par Beck (évaluation
initiale psychométrique, la pratique de la psychoéducation, de la restructuration cognitive, de
l’affirmation de soi, l’activation comportementale, la résolution de problèmes ou encore la
relaxation…). L’enquête d’acceptabilité de ces pratiques met en évidence un accueil
largement favorable de la part des sujets volontaires, des psychiatres et des médecins
généralistes. Les avantages entrevus par les médecins et les sujets volontaires semblent être
avant tout un coût inférieur par rapport à une thérapie classique, une facilité d’accès, une
flexibilité d’utilisation ainsi qu’une baisse de la crainte d’être stigmatisés. Cet accueil positif
est à nuancer par une crainte qu’elles puissent accroitre le sentiment de solitude des patients et
ne soit pas aussi efficace qu’un thérapeute pour les aider à comprendre leurs problèmes, à
intégrer les concepts d’une TCC ou à les maintenir motivés dans la thérapie. L’efficacité de
long terme semble interroger tout aussi bien les médecins que les sujets interrogés. Enfin ces
thérapies semblent limitées par un taux de décrochage élevé. Ainsi les craintes qu’elles
suscitent et les limites qu’elles présentent doivent faire place à plus d’efforts pour les étudier
et définir leur place dans l’offre de soin.
118