Ch3 TEMPS FONCTIONNEL
Ch3 TEMPS FONCTIONNEL
Ch3 TEMPS FONCTIONNEL
RÉPARATION DU SYSTÈME
TYMPANO-OSSICULAIRE
LE TEMPS FONCTIONNEL
C’est le temps essentiel dans une intervention à visée fonctionnelle. La qualité de la
membrane tympanique constitue un élément primordial pour obtenir un bon résultat audi-
tif. Mais, quelle que soit la qualité de la chaîne ossiculaire, d’origine ou reconstruite, le
résultat dépend aussi de la qualité de la muqueuse tympanique.
Un bon résultat fonctionnel ne peut perdurer que si la cavité tympanique est en bon
état. Aussi la myringoplastie doit être la première préoccupation dans une réparation tym-
pano-ossiculaire lorsque la membrane est altérée.
La chaîne joue bien sûr un rôle important. Sa fonction peut être entravée par un blocage
ossiculaire, avant tout stapédo-vestibulaire, imposant alors une stapédectomie. L’anky-
lose siège parfois dans l’attique, notamment au niveau de la tête du marteau, nécessitant
souvent d’interrompre la chaîne avant de la reconstruire, pour éviter une labyrinthisation
que risquerait de provoquer un fraisage d’emblée du blocage. Elle peut être interrompue,
imposant alors un montage ossiculaire ou ossiculoplastie.
12. MYRINGOPLASTIE
Avantages escomptés :
— Fermer l’oreille moyenne pour éviter les projections d’eau dans la caisse et les
épisodes de surinfection.
Myringoplastie 85
Inconvénients à redouter :
— Aggraver l’audition
— Entraîner une myringite chronique par cicatrisation défectueuse
— Provoquer une otite séreuse ou une poche de rétraction elle-même génératrice de
cholestéatome.
INDICATIONS
MODALITÉS OPÉRATOIRES
De nombreuses techniques ont été proposées qui ont toutes des avantages et des
inconvénients. Ces variantes concernent avant tout le matériau, la topographie de la greffe
par rapport au reliquat tympanique et la voie d’abord.
MATÉRIAU
Le tissu conjonctif a fait la preuve de son efficacité : aponévrose temporale, fascia tem-
poral superficiel, périoste ou périchondre.
L’écrasement facilite parfois la mise en place de la greffe. S’il ne semble pas compro-
mettre la prise de la greffe, il fragilise les tissus, ce qui explique probablement certains
échecs secondaires, atrophie ou perforation.
— soit latérale
— soit médiale
(il est préférable d’éviter le terme extra-fibreux car, son opposé, intra-fibreux, signifie-
rait à l’intérieur de la membrane fibreuse).
Situation latérale
Elle nécessite le clivage de la couche épidermique en laissant en place la couche
fibreuse (lamina propria).
Avantages
Elle donne une excellente assise pour maintenir la greffe en bonne position
Inconvénients
— le clivage n’est pas toujours facile,
— la fibreuse est parfois quasi-inexistante,
— le risque d’enclaves épidermiques semble important
— l’angle antérieur risque d’être émoussé dans les perforations antérieures.
Indication idéale
Petite perforation postérieure avec conservation d’une fibreuse de bonne qualité.
Situation médiale
C’est la technique de choix car elle permet d’être appliquée à presque tous les cas. A la
partie supérieure de la membrane, elle peut être située sous le manche ou sur le manche.
Pour les perforations inférieures ou centrales, la greffe est placée sous le manche,
s’appuyant en arrière sur le cadre osseux, et en avant, elle est amarrée par une ou deux
boutonnières crées entre le sillon tympanique et l’anneau fibreux.
Pour les perforations supérieures, la greffe s’appuie sur le manche. Mais on peut asso-
cier une deuxième greffe sous le manche, réalisant alors une myringoplastie en double
épaisseur.
Il peut s’agir :
— soit de la chute de la greffe dans la caisse ou médialisation, facteur notamment de
synéchie, à craindre surtout si la greffe à été placée sous le manche sans être bien
amarrée à ses extrémités
— soit d’une néo-membrane insérée dans le conduit et non plus dans le sillon tym-
panique, ou latéralisation, qu’il faut craindre surtout si l’anneau fibreux a été tota-
lement libéré. Elle s’accompagne alors d’un angle antérieur tympano-méatal
émoussé qui altère l’audition.
Myringoplastie 87
Il faut intervenir sur la margelle avant de libérer la membrane, alors qu’elle est encore
bien tendue.
La parfaite harmonisation entre cette margelle et la greffe sous-jacente est un des impé-
ratifs pour assurer une cicatrisation aboutissant à une membrane de bonne qualité.
Contrairement à la migration épithéliale de la membrane tympanique qui s’effectue du
centre vers la périphérie, l’épidermisation de la greffe conjonctive se fait à partir de la
berge de la perforation comme pour toute plaie cutanée.
Entravent cette harmonisation :
— une margelle scléreuse avec un bourrelet cicatriciel car la couche cutanée tardera
à recouvrir la greffe,
88 Réparation du système tympano-ossiculaire - Le temps fonctionnel
— une margelle très épaisse car elle laisse un dénivelé, facteur de rétention de pro-
duits de désquamation.
En pratique
— une margelle fine, constituée uniquement ou essentiellement de couche épider-
mique, doit être respectée,
— une margelle scléreuse doit être réséquée,
— une margelle épaisse doit être amincie, notamment par ablation d’une plaque cal-
caire. Si cette ablation paraît difficile, on peut la laisser et mettre, pour atténuer le
relief cicatriciel, une fine bandelette d’aponévrose roulée sur elle-même, tout le
long de la berge épaisse.
Dans presque tous les cas, excepté pour les petites perforations inférieures, on a intérêt
à désinsérer la partie postéro-supérieure de la membrane. A cet endroit, l’anneau fibreux
est ténu et peu enchâssé, et la membrane se trouve pratiquement dans le même plan que
celui du revêtement du conduit.
La désinsertion permet d’examiner la région incudo-stapédienne. Elle se poursuit vers
le bas, selon le besoin, en fonction du siège de la perforation.
Pour les perforations de la moitié supérieure de la membrane, l’application de la greffe
sur le manche évite sa médialisation. De plus, en conservant intacte la partie profonde du
manche, on garde la possibilité de réaliser dans les meilleures conditions un éventuel
montage manche-étrier.
Pour effectuer cette mise en place de la greffe sur le manche, encore faut-il le dénuder.
De plus, il est utile d’appuyer la greffe sur la berge osseuse antérieure.
Aussi peut-on proposer la séquence suivante :
— commencer par désinsérer la partie postéro-supérieure, puis la partie antéro-supé-
rieure de l’anneau fibreux, juste en avant de la courte apophyse, en procédant
d’arrière en avant,
— puis « décalotter » la courte apophyse à l’aide d’un bistouri lancéolé,
Myringoplastie 89
Au total
On a intérêt à désinsérer très largement la membrane
— d’une part de ses attaches supérieures du manche
— et d’autre part du sillon tympanique dans ses parties antéro-supérieure et posté-
rieure.
mais en respectant dans la mesure du possible les deux points d’attache suivants (fig.
42) :
— l’extrémité inférieure du manche,
— la partie antéro-inférieure du sillon tympanique.
Ces deux points représentent une ligne d’attache qui :
— facilite l’exploration de la face profonde de la membrane et l’ablation éventuelle
de plaques de tympanosclérose ou d’un épaississement lié à une intervention anté-
rieure ou à un processus inflammatoire,
— ne gêne pas la mise en place de la greffe,
— permet d’éviter la latéralisation de la membrane et de conserver, dans les
meilleurs conditions, l’angle tympano-méatal antérieur,
— facilite la remise en place du reliquat tympanique.
L’ablation d’un épaississement qui émousserait l’angle antérieur est impérative, même
si elle impose la résection de la région adjacente de l’anneau fibreux.
b
a
c d
f h
FIG. 43. — Mise en place d’une greffe pour une perforation centrale : a. aspect de la perfora-
tion avant l’intervention b. avivement de la margelle c. décollement du lambeau tympano-méa-
tal d. création de deux boutonnières antérieures, entre l’anneau fibreux et le sillon tympanique
e. préparation de la greffe d’aponévrose et d’un fragment de compresse de collagène Pangen,
écrasé et appliqué sur la greffe pour maintenir une bonne rigidité lors de la mise en place ;
après, il peut être aisément retiré ou laissé en place f. mise en place de la greffe sous le manche
du marteau, en la faisant légèrement déborder sur la partie antéro-supérieure du sillon tympa-
nique, g. à l’aide d’une pointe, la greffe est avancée jusqu’au sillon tympanique, h. la greffe est
amarrée en avant au travers des boutonnières, ce qui permet de la tendre en arrière.
92 Réparation du système tympano-ossiculaire - Le temps fonctionnel
FIG. 43. — i. j. aspect terminal avec les zones d’amarrage sur le conduit osseux k. la colle bio-
logique n’est pas indispensable mais elle procure une trés bonne adhérence de la greffe au reli-
quat tympanique. Elle doit être utilisée en trés faible quantité, goutte par goutte. L’utilisation
d’une microfourche pour la colle et d’une microcurette fenêtrée pour la thrombine facilite son
emploi.
FIG. 46. — Un T tube est laissé pendant quelques semaines sous le lambeau tympano-méatal
en cas de caisse inflammatoire.
MYRINGOPLASTIE ET STAPEDECTOMIE
MYRINGOPLASTIE ET OSSICULOPLASTIE
Propositions
En dehors des cas extrêmes où la discussion ne se pose guère :
— Intervention en un temps en cas de petite perforation postéro-inférieure sur oreille
sèche par exemple,
— Intervention en deux temps en cas d’oreille très inflammatoire et de perforation
subtotale,
Il est possible d’élargir les indications de reconstruction tympano-ossiculaire en
un temps :
— avec l’utilisation de la colle biologique qui donne une meilleure stabilité à la
reconstruction de la membrane tympanique,
— en respectant le plus possible le manche du marteau pour qu’il puisse servir d’appui
au montage ossiculaire grâce à la mise en place de la greffe sur le manche du marteau et
non dessous, du moins dans sa partie supérieure.
— et en cas d’oreille inflammatoire, en assurant une fonction équipressive pendant la
cicatrisation myringienne, par la mise en place d’un tube atrio-méatal sous la partie infé-
rieure du lambeau.
96 Réparation du système tympano-ossiculaire - Le temps fonctionnel
aération, une antro-atticotomie à la demande doit être réalisée pour enlever les lésions
muqueuses qui font obstacle, au besoin en réalisant une tympanotomie postérieure.
Dans ces cas, l’exploration doit se poursuivre dans la mastoïde, pouvant imposer une
mastoïdectomie totale.
Le jeune âge ne constitue pas en lui-même un obstacle pour envisager une myringo-
plastie. Cependant, à l’exception de rares cas de perforations tympaniques d’origine trau-
matique, notamment par blast (gifle), les perforations représentent une séquelle d’otite
qui, elle-même, traduit habituellement une perturbation de la fonction tubaire. La ferme-
ture prématurée de la perforation risque de provoquer la survenue d’une otite séro-
muqueuse qu’il faudra probablement traiter par la mise en place d’un aérateur alors que
l’oreille paraissait saine avant la myringoplastie.
Le meilleur critère pour avoir une bonne connaissance de l’état tubaire est pro-
bablement l’état du tympan contro-latéral s’il est fermé.
Si l’examen de l’oreille contro-latérale montre :
— soit une otite séro-muqueuse franche,
— soit même seulement un tympan atrophique avec une importante dépression tym-
panométrique (dépassant 150 mm d’H2O), l’abstention paraît logique, même si
l’enfant a plus de 8 à 10 ans.
En revanche, même chez un enfant de 5 à 6 ans, il n’est pas illogique d’envisager une
myringoplastie si l’oreille contro-latérale paraît saine.
Enfin, la docilité de l’enfant lors des examens sous microscope est un autre élément
non négligeable à prendre en considération, pour que les soins post-opératoires puissent
se réaliser dans les meilleures conditions.
REPRISES DE MYRINGOPLASTIE
13. OSSICULOPLASTIES
BASES PHYSIOPATHOLOGIQUES
La chaîne ne peut être reconstruite à l’identique d’une chaîne normale avec ses trois
constituants articulés entre eux. Or, ces articulations ont un rôle non négligeable dans la
fonction d’adaptation d’impédance. On se contente de placer une pièce intermédiaire
CONDITIONS ANATOMIQUES
Elles varient notablement d’un cas à l’autre (fig. 47). Aussi faut-il toujours parfaite-
ment les analyser avant de décider du type de montage. En effet, il est important d’avoir :
— un montage très stable, sans aucun artifice. Les meilleures conditions sont obte-
nues lorsque l’étrier se trouve juste au-dessous du manche du marteau.
— un montage libre de tout contact avec les éléments environnants. Tout point de
fixation entre la chaîne et une des parois de la caisse risque de compromettre le
résultat fonctionnel. Le risque est variable selon les dispositions anatomiques et
selon le matériau utilisé, en sachant que le Téflon est certainement le matériau qui
expose le moins aux adhérences.
osseux. Dans près de la moitié des cas, le sillon tympanique surplombe en partie la région
de l’étrier. Pour éloigner la pièce ossiculaire de ce rebord osseux, il importe donc de réa-
liser une résection osseuse. Cette résection doit toujours être calculée très largement car
la néo-membrane tympanique peut s’atrophier et permettre la bascule de la pièce ossicu-
laire vers le rebord osseux.
EN HAUT
Le bord inférieur du mur de la logette se trouve parfois à proximité du manche du mar-
teau. Un montage étrier-manche du marteau risque de mettre en contact le marteau et le
rebord osseux. Il importe donc, dans ces cas, :
— soit de réséquer largement la partie inférieure du mur de la logette,
— soit de sectionner le col du marteau.
Ces deux attitudes sont critiquables car :
— la première risque de favoriser une poche de rétraction,
— la deuxième entraîne une déstabilisation du marteau.
Aussi, lorsque les conditions anatomiques se prêtent mal à un montage étrier-manche
du marteau, mieux vaut réaliser un montage directement sous la membrane tympanique.
FIG. 48. — L’enclume et la tête du marteau sont sculptées selon les besoins. Si la columelle est
prévue pour être placée sous le manche du marteau, son extrémité supérieure doit être taillée
en fourche large et profonde pour permettre un montage stable avec le manche.
Il est certes possible de sculpter une enclume de telle façon qu’une de ses extrémité
encastre le manche du marteau et que l’autre extrémité s’articule avec l’étrier. Mais un tel
montage comporte des risques pour l’oreille interne s’il s’ossifie, en cas de reprise éven-
tuelle du montage.
INTERFACES DU MONTAGE
FIG. 50. — Différentes situations possibles de la columelle par rapport au manche du marteau.
Au niveau du manche
Pour être bien stable, la columelle doit avoir une gorge parfaitement adaptée à recevoir
le manche du marteau (fig. 48). Si une myringoplastie est réalisée dans le même temps
que l’ossiculoplastie, la greffe ne doit pas s’interposer entre la columelle et le manche
sous peine de rendre instable le montage.
L’ancrage du montage de la columelle sur le manche doit se situer à distance de la
courte apophyse, vers l’ombilic, sous peine d’avoir un mauvais rendement acoustique.
L’extrémité de la columelle peut être placée :
— sous le manche,
— contre le manche,
— ou sur le manche en fonction des données anatomiques (fig. 50).
Mais dans tous les cas, le calage sur le manche donne une bonne stabilité au montage
et diminue ainsi les risques d’adhérences secondaires aux parois.
Ossiculoplasties 105
En l’absence de manche
On peut notamment inclure dans la néo-membrane tympanique un très large fragment
de cartilage tragien solidaire d’un fragment plus étendu de périchondre qui servira à
l’amarrer au sillon tympanique ou à la néo-membrane.
FIG. 53. — Une columelle trop haute, placée sous le manche, risque de mettre en contact la
tête du marteau avec la paroi médiale de l’attique.
MATÉRIAUX
Osselets
AUTOGREFFES
Le corps de l’enclume garde la faveur de beaucoup lorsque le corps n’est pas lysé. Son
utilisation peut être discutable en cas de cholestéatome. Il est toujours possible de le
mettre en nourrice si une intervention en deux temps est programmée. La tête du marteau
est intéressante car elle est recouverte de muqueuse et sa surface ne présente pas d’aspé-
rité. Mais son ablation rend généralement très instable le manche si on projette une inter-
position manche-étrier.
HOMOGREFFES OSSICULAIRES
Elles sont intéressantes.
Mais les risques de transmission virale en limitent beaucoup l’intérêt actuellement,
bien que la conservation dans le formol semble donner toute garantie.
L’enclume, le marteau et l’étrier peuvent trouver leur utilisation.
Cartilage autologue
Il trouve surtout son indication comme rehaussement de l’étrier (fig. 52). Il est particu-
lièrement intéressant dans les tympanoplasties en technique ouverte et dans les tympano-
plasties en deux temps. Son ablation éventuelle s’effectue très facilement au cours d’un
deuxième temps.
On peut utiliser :
— soit du cartilage de conque prélevé sur sa face postérieure,
— soit du cartilage tragien.
Pour l’utiliser, on a intérêt à procéder de la façon suivante :
— Prélever une partie du tragus avec son périchondre,
— Découper à l’aide d’un spéculum de 3 ou 3, 5 mm une rondelle de cartilage et se
débarrasser du cartilage environnant.
— Tailler éventuellement une cupule à l’aide d’un spéculum plus petit ou à la fraise.
— Placer la columelle sur l’étrier, et le périchondre sur le sillon tympanique.
Os cortical
On peut découper à la fraise un fragment de corticale mastoïdienne pour sculpter une
columelle comme un osselet.
Plastiques poreux
Le grand taux d’échecs tardifs par extrusion. les a fait pratiquement abandonner
Le Proplast paraît très mal toléré et a pu donner des réactions à corps étrangers.
Le Plastipore et le Polycel sont mieux tolérés. De toutes façons, ils ne doivent jamais
être en contact direct avec la membrane tympanique mais avoir une interposition de car-
tilage.
108 Réparation du système tympano-ossiculaire - Le temps fonctionnel
FIG. 55. — Une des causes d’échec des ossiculoplasties est la mauvaise évaluation de la hau-
teur de la columelle
Céramiques
Il en existe un très grand nombre de variétés Parmi elles, celles appartenant au groupe
des calcium-phosphates paraissent avoir une bonne biocomptabilité. (voir p. 73)
Quel que soit le procédé envisagé, il faut sculpter avec une fraise diamantée (fig. 49) la
columelle aux dimensions exactes pour obtenir :
— une parfaite congruence,
— une très légère hypercorrection. Une importante hypercorrection donne un moins
bon résultat auditif ; elle risque de traumatiser le labyrinthe et de déséquilibrer le
montage.
Plusieurs essais peuvent s’imposer.
En cas de myringoplastie associée, on a intérêt :
— pour une vaste perforation ou une perforation antérieure, à terminer le temps
myringien avant de faire le montage,
— pour une perforation postéro-supérieure, à commencer par le montage ossiculaire.
La mise en place de la columelle sur l’étrier impose une vigilance constante sur
celui-ci. L’adaptation doit se faire sans difficulté, sans forcer notamment pour placer la
columelle sous le manche (fig. 54).
Après avoir mis l’extrémité correspondante de la columelle soit sur l’étrier, soit sur le
manche, on soulève celui-ci avec un grand crochet pour adapter l’autre extrémité de la
columelle. S’il faut soulever le manche nettement au-dessus du plan du sillon tympa-
nique, c’est que la columelle est trop longue et doit être retaillée (fig 53).
Lorsque le montage est réalisé, quelques boulettes d’éponge résorbable sont mises dans
l’angle tympano-méatal pour stabiliser le manche du marteau. On vérifie alors une der-
nière fois que le montage est toujours en bonne place.
Si une tympanotomie postérieure a été réalisée, on pourra utiliser cette fenêtre pour
s’assurer de la qualité du montage après la mise en place de l’ensemble du pansement du
conduit.
CONCLUSION
Elle ouvre l’oreille interne et expose donc avant tout au risque de complications
cochléo-vestibulaires :
— labyrinthisation et même cophose,
— acouphènes parfois invalidants,
— vertiges pouvant aussi être invalidants et persister pendant des années.
CIRCONSTANCES OPÉRATOIRES
TECHNIQUES OPÉRATOIRES
Stapédectomie
VOIE D’ABORD
— Soit voie du spéculum avec un porte-spéculum pour se libérer les deux mains. Cette
voie est excellente si le conduit admet un spéculum de 5, 5 mm de diamètre au moins. Au-
dessous, l’étroitesse gêne les mouvements. Toutefois, un otologiste expérimenté peut
intervenir à travers un spéculum de 5 ou même 4,5mm de diamètre.
La voie du spéculum offre l’avantage d’une très minime incision cicatrisant très rapi-
dement, et d’un champ parfaitement net et véritablement aseptique Le spéculum, surtout
s’il est malléable, complète l’hémostase du conduit.
— Soit voie endaurale minimale. Elle est utilisée à titre systématique par certains.
Elle s’impose dans tous les cas de :
. conduit étroit
. ostéome associé
Dans ces cas, un alésage du conduit est souvent nécessaire avant le temps stapédien. Il
ne faut pas entreprendre le temps stapédien tant que le marteau n’est pas parfaitement
visible.
Une fois l’alésage effectué, la mise en place d’un spéculum de grand diamètre fixé au
porte-spéculum n’est pas dénuée d’intérêt.
INFILTRATION DU CONDUIT
Elle s’impose dans tous les cas. Une solution fortement adrénalinée (mélange de 0,5 ml
d’une solution d’1 % de Xylocaïne ou de sérum physiologique). Une très faible quantité,
O,5 à 1, 5 ml de cette solution, suffit pour rendre exsangue l’incision du conduit si l’infil-
tration est faite dans la portion de peau du conduit fibro-cartilagineux situé juste en dehors
du conduit osseux. L’infiltration doit être faite dans la paroi cutanée et non pas sous la
paroi cutanée, et blanchir la peau du conduit (fig. 18).
INCISION
L’incision doit être réalisée uniquement dans le conduit osseux et encadrer les 3/4
postéro-supérieurs du tympan, allant de la région située au-dessus de la courte apophyse
pour s’approcher de la partie postéro-inférieure du sillon tympanique, formant un arc d’au
moins 120°. Cette incision peut être tracée soit en forme d’angle aigu, soit sous forme
d’arc. A partir de cette incision, on peut éventuellement brancher une incision de voie
endaurale en cas de besoin, si la voie du conduit se révèle trop étroite (voir fig. 20).
Le décollement de l’anneau fibreux se fait de haut en bas, en le désenclavant. La
moindre perforation doit être identifiée. Un fragment d’aponévrose sera placé au-dessous
de cette région en fin d’intervention.
Le décollement est jugé suffisant si on aperçoit correctement :
. en haut, le manche du marteau
. en bas, la fenêtre ronde
L’hémostase doit être parfaite avant d’entreprendre le temps suivant.
a b
FIG. 57. — a. l’hémostase, en avant de la fenêtre, peut se faire au bistouri électrique avec une
pointe protégée b. la section du mucopérioste sur toute la périphérie de la fosse ovale est une
excellente précaution pour prévenir un saignement parfois très gênant s’il survient lorsque la
labyrinthe est ouvert. Elle se fait à la pointe, en s’aidant parfois d’un crochet sous le canal
facial.
Une très mauvaise vision de la platine doit être analysée pour en rechercher la cause.
Elle peut être liée :
— à l’étroitesse de la fosse ovale ou à sa profondeur. La superstructure de l’étrier
masque la vision de la platine. Il faudra alors prendre le risque d’enlever la super-
structure avant de réaliser un trou de sécurité et de s’exposer ainsi à une éventuelle
platine flottante, ce qui nécessite une bonne expérience,
— à la saillie anormale du canal facial ou à la déhiscence du canal osseux qui laisse
le nerf facial faire hernie. Si lors de la mise en place d’un piston entre le VII et la
superstructure, on ne peut voir l’extrémité inférieure de ce piston, il faut alors
savoir ne pas poursuivre l’intervention,
— à une voie d’abord insuffisante. Il ne faut pas hésiter à s’agrandir et à transformer
une voie du conduit en voie endaurale.
FIG. 61. — Réalisation de la platinectomie à partir du trou de sécurité. Elle peut être totale ou
partielle ; dans ce cas, mieux vaut laisser la partie antérieure de la platine qui se trouve plus
près du labyrinthe membraneux. Lors de cette platinectomie, il faut éviter de fragmenter la
platine.
faible intensité (il faut toujours tester l’intensité avant sur une région moins vulnérable,
telle que le conduit osseux) suffit souvent, notamment en cas de mucopérioste atrophique.
Cette hémostase peut être laborieuse en arrière, entre l’étrier, le VII et le ponticulus.
En cas de périoste congestif, on peut électrocoaguler les berges inférieure et posté-
rieure. Au niveau du canal facial, la muqueuse est incisée avec un crochet.
Si le saignement persiste après cette incision, l’hémostase est facilitée par la mise en
place d’un fragment d’éponge résorbable imbibée d’adrénaline au 1/1000ème.
Avec une pointe courbe ou un crochet, on s’assure que le mucopérioste est incisé sur
tout le pourtour de la fosse ovale.
A partir de ce temps, l’aspiration ne doit être utilisée que très parcimonieusement, seu-
lement à l’aide d’une microaiguille et toujours à distance de l’orifice de platinotomie.
MESURE DU PISTON
On peut utiliser un mesureur, mais d’emploi pas toujours aisé. Plus simplement, on
peut recourir à une pointe courbe qu’on a marqué initialement d’une rayure à l’aide d’un
bistouri de telle sorte que le trait se projette à mi-hauteur de la longue apophyse dans un
cas correspondant à une longueur de 4,5mm. Il devient alors facile d’évaluer la longueur
116 Réparation du système tympano-ossiculaire - Le temps fonctionnel
nécessaire pour le piston tout en sachant qu’il faut confirmer cette hauteur en plaçant le
piston en position d’utilisation sur la platine, contre la longue apophyse (fig. 58). La par-
tie inférieure de l’anneau doit se situer à mi-hauteur de la longue apophyse de l’enclume.
Cependant, si la platine est très épaisse, il faudra en tenir compte et ajouter 0,5 mm.
TROU DE SÉCURITÉ
Le temps platinaire ne doit être entrepris que sur un patient parfaitement calme et avec
une excellente hémostase.
On peut effectuer ce trou platinaire avec un trépan, un crochet pointu « anglé » à 45°,
ou une fraise tournant à très faible vitesse. Dans tous les cas, la pression exercée sur la
platine doit être faible et le trou créé par usure (fig. 59).
La réalisation de ce trou a plusieurs intérêts :
— vérifier qu’il n’y a pas de communication anormale du labyrinthe avec les espaces
sous-arachnoïdiens qui provoquerait un geyser de LCR,
— permettre d’éviter, après l’ablation de la superstructure, la création d’une platine
flottante en cas de platine peu fixée et épaisse,
— éviter des modifications pressionnelles intralabyrinthiques en cas de mobilisation
de l’ensemble de l’étrier.
Parfois, la superstructure masque la platine, interdisant alors la réalisation de ce trou de
sécurité (fig. 60). Dans ce cas, après la section des branches, on peut :
— soit créer le trou à la fraise, en minimisant la pression verticale,
— soit créer le trou à la pointe ou avec une microfraise sur la berge inférieure de
l’articulation stapédo-vestibulaire.si celle-ci est d’accès facile
La situation de ce trou dépend des conditions anatomiques qui rendent plus ou moins
accessible la platine, du projet de platinectomie totale ou partielle, ou de trou calibré, tout
en sachant que la platine se trouve le plus près de l’utricule en haut, et du saccule en
avant. Mieux vaut donc réaliser la platinotomie en arrière qu’en avant.
Dans la technique dite du trou calibré, l’orifice peut être fait d’emblée à la taille sou-
haitée.
ABLATION DE LA SUPERSTRUCTURE.
Elle s’effectue après la désarticulation de l’enclume avec un bistouri coudé, et la sec-
tion du muscle de l’étrier aux micro-ciseaux. Les branches sont sectionnées soit aux
micro-ciseaux, soit à la fraise, soit en faisant basculer la branche avec un crochet vers le
promontoire.
PLATINECTOMIE
Elle peut être partielle ou totale (fig. 61).
La platinectomie partielle s’effectue habituellement aux dépens du 1/3 postérieure de
la platine Dans tous les cas, il faut tenter de séparer la platine en deux fragments antérieur
et postérieur à partir du trou de sécurité, à l’aide d’un crochet à 45°. Pour enlever les frag-
ments, on a intérêt à utiliser les plus gros crochets possibles pour éviter de fragmenter la
platine.
b c
FIG. 63. — a. l’anneau du piston est agrandi à l’aide d’une pointe, sans forcer, juste assez
pour pouvoir être accroché sur la longue apophyse b. l’anneau est saisi avec la pince alors
qu’il est encore sur la pointe, permettant de le prendre avec une trés légère angulation ce qui
donne les meilleures conditions pour le mettre en place. c. la greffe est alors appliquée sur le
promontoire.
118 Réparation du système tympano-ossiculaire - Le temps fonctionnel
RECOUVREMENT DE LA FENETRE
Les initiateurs de la technique d’interposition préconisaient l’utilisation de veine préle-
vée sur le dos de la main ou le dessus du pied. Le manchon conjonctif qui entoure la veine
est enlevé à l’aide d’un bistouri puis la veine est alors écrasée.
Mais on peut recourir à l’aponévrose temporale qu’il est facile de prélever dans la par-
tie postérieure de la région temporale, là où elle est très mince. Après l’avoir débarrassée
de toute fibre musculaire sur son versant profond et du facia celluleux sur sa face super-
ficielle, le fragment d’aponévrose est écrasé avec un écrase-greffe.
Sa dessiccation naturelle facilite la taille qui peut être parfaitement définie à l’aide
d’une pince à mors aplanie (fig. 62), dont l’extrémité arrondie des branches a la taille
d’une platine. La partie d’aponévrose laissée autour doit être suffisante pour tapisser la
fosse ovale, mais pas trop importante pour ne pas dépasser cette fosse.
L’aponévrose est placée sur la fenêtre ovale en prenant soin de ne pas introduire avec
elle un fragment de textile provenant du champ opératoire, source de granulome, ou de
débris d’os.
A l’aide d’une pointe, la greffe est façonnée pour bien mouler harmonieusement la
fosse ovale, en l’enfonçant légèrement dans la fenêtre. Toute asymétrie risque d’être
accentuée lors de la mise en place du piston, exposant au risque de fistule périlympha-
tique par défaut de recouvrement d’une partie de la fenêtre.
Cas atypiques
• projection haute de l’apophyse lenticulaire de l’enclume, et non pas au niveau de la
berge inférieure de la fosse ovale. La mise en place du piston devient difficile,
voire impossible. On a alors intérêt à recourir à une prothèse type « cup-piston ».
Dans ce cas, l’apophyse lenticulaire s’adapte à la cupule située au sommet du pis-
ton.
• saillie importante du canal facial ou hernie du nerf. Elle peut rendre difficile la mise
en place d’un piston classique. On peut alors avoir utilement recours. au « cup pis-
ton » ou à un piston avec amarrage par fil métallique.
• longue apophyse atrophique. Là aussi un « cup piston » (fig. 64) peut constituer une
heureuse solution.
SOINS POST-OPÉRATOIRES
— Un pansement Merocel est placé dans le conduit, séparé de la zone d’incision par
un fragment écrasé de Pangen
— L’antibiothérapie est très discutable (voir p. 186).
— Il faut conseiller
. d’éviter toute hyperpression dans l’oreille (mouchage forcé, éternuement bouche
fermée, etc.)
. de ne pas se coucher sur l’oreille opérée les premiers jours ;
. de ne pas s’exposer à des bruits moyennement intenses pendant le premier mois et
d’éviter toujours par la suite les bruits intenses ;
. de reprendre contact immédiatement en cas de baisse brutale de l’audition, de surve-
nue de vertiges ou d’infection.
FIG. 66. — Encoche sur la berge du promontoire pour soulever une platine flottante.
Chirurgie de la platine de l’étrier 121
graves. Mais la longueur du piston souffre moins d’approximation que pour la stapédec-
tomie totale.
Le trou peut être effectué comme pour la technique du trou de sécurité, avant l’ablation
des branches de l’étrier :
— soit au trépan,
— soit à la pointe, et poursuivi au petit crochet,
— soit à la fraise tournant très lentement.Il ne faut jamais fraiser une platine avec un
tour rapide sous peine de labyrinthisation.
Lorsque le trou n’est pas parfaitement calibré, il faut disposer autour du piston :
— soit une bandelette d’aponévrose,
— soit un fragment de caillot sanguin exprimé
Lors de la section des branches de l’étrier ou de la réalisation de l’orifice platinaire, une
fracture de la platine peut survenir. En l’absence de déplacement des fragments, on peut
se contenter de placer deux ou trois petits caillots sanguins sur la platine. Sinon, on doit
recourir à une platinectomie partielle ou totale qu’il faut donc savoir bien maîtriser avant
d’entreprendre une technique de trou calibré.
Enfin, il est possible de réaliser un trou calibré avec une interposition, par exemple
avec un mince fragment d’aponévrose temporale écrasé, après avoir fait un trou de 0,8mm
ou 0,9mm de diamètre.
Incidents per-opératoires
LUXATION MARTEAU-ENCLUME.
Si la continuité articulaire est conservée, il faut poursuivre l’intervention normalement.
Si la désarticulation est totale, il faut alors envisager la mise en place d’une prothèse
entre la greffe et le manche du marteau (voir p. 87)
PLATINE FLOTTANTE.
Lorsque la platine n’est fixée au pourtour de la fenêtre ovale que par des fragiles ponts
osseux, elle risque de se mobiliser en masse lors de la création du trou de sécurité. La pla-
tine devient littéralement flottante sur le liquide périlymphatique.
Pour maîtriser cet incident qui s’observe surtout avec des platines relativement
épaisses, il faut faire une encoche sur la berge inférieure de la fenêtre ovale, à l’aide d’un
crochet 45° ou d’une microfraise. Lorsque le trou est suffisamment large, il est alors pos-
sible de soulever la platine avec un petit crochet (fig. 66).
122 Réparation du système tympano-ossiculaire - Le temps fonctionnel
PLATINE ÉPAISSE
La platine peut être très épaisse, ou même réaliser un comblement de la fosse ovale.
Ce n’est pas à proprement parler un incident mais un constat. Si l’opérateur maîtrise
très bien la chirurgie platinaire, il peut poursuivre l’intervention. L’utilisation de la fraise
est très intéressante, voire indispensable, ceci d’autant plus qu’une platine épaisse n’est
pas nécessairement attachée très solidement à la fenêtre ovale. Une importante pression
exercée par un forage manuel comporte plus de risque de mobiliser la platine qu’un frai-
sage. Mais l’opérateur ne doit pas hésiter à renoncer devant d’importantes difficultés.
En cas de fosse ovale comblée, il faut fraiser très largement avec une fraise de 0,8, en
usant l’os sur une large surface pour ne pas créer un puits.
Incidents post-opératoires
INFECTION
C’est une complication redoutable car, après une stapédectomie, elle expose à une
labyrinthisation et même à une cophose. Une antibiothérapie systématique n’est proba-
blement pas la meilleure prévention car elle risque de sélectionner certains germes en cas
de surinfection. Il faut surtout veiller à une grande rigueur dans l’aseptie opératoire.
Une des meilleures attitudes paraît être la précocité du pansement vers le 3ème ou
4ème jour pour dépister des signes locaux éventuels d’infection et faire prescrire alors une
antibiothérapie dont le large spectre comprend a priori le Pseudomonas aeruginosa et le
Staphylocoque doré, en attendant le résultat de l’antibiogramme.
PARALYSIE FACIALE
Cette complication a été signalée alors qu’aucune faute opératoire n’a été commise. Il
ne sert à rien de retourner pour « explorer » puisque les gestes vis-à-vis du VII ont été
contrôlés en permanence.
De même, il ne sert à rien d’explorer si on a pris délibérément des risques avec le VII,
notamment en tentant de refouler un nerf nu et procident,ou en réséquant un fragment de
canal facial. Il faut se contenter d’une corticothérapie sous couvert d’antibiothérapie.
VERTIGES
Des vertiges modérés ne sont pas rares les premiers jours, surtout lors des changements
de position.
En revanche, des vertiges importants survenant dés les premiers jours doivent soulever
l’hypothèse d’une fistule périlymphatique.
Schématiquement :
— ou l’opérateur est sûr de l’application de la greffe ; il ne faut pas réintervenir,
— ou l’opérateur n’est pas sûr de son montage et il importe alors d’intervenir très tôt,
surtout si la conduction osseuse a baissé.
Dans tous les cas, l’existence de vertiges importants au-delà de la deuxième semaine,
ou apparaissant dans les semaines suivantes, constituent une complication et imposent
généralement une réintervention.
LABYRINTHISATION
Certaines labyrinthisations sont inexplicables. Il n’est pas rare, au cours des premiers
jours après la stapédectomie, d’avoir une baisse de la conduction osseuse, ceci étant pro-
bablement lié à une minime fuite périlymphatique.
Une labyrinthisation importante, sans vertige, impose le repos. On y adjoint un traite-
ment de surdité brusque sans savoir s’il a d’ailleurs la moindre efficacité.
En cas de labyrinthisation importante, surtout si elle s’accompagne de vertiges, l’atti-
tude vis-à-vis d’une éventuelle réintervention dépend des conditions de réalisation de
l’opération initiale.
DYSGUEUSIE
La section ou même la simple traction de la corde peut provoquer une altération du,
goût. Elle disparaît habituellement en quelques semaines ou mois.
Chirurgie de la platine de l’étrier 125
Indications opératoires
La chirurgie de l’otospongiose est certainement celle qui donne en otologie le plus fort
pourcentage de satisfactions fonctionnelles mais elle n’est pas indemne de risques qu’il
faut toujours clairement exposer au patient.
L’indication de l’intervention s’adresse essentiellement aux sujets atteints d’otospon-
giose qui ont :
• une surdité mal tolérée, c’est-à-dire avec au moins 30 db de perte sur les fréquences
conversationnelles en conduction aérienne,
• une atteinte transmissionnelle indiscutable avec un Rinne d’au moins 20 db sur le
500 et le 1000 et une disparition du réflexe stapédien,
• et une bonne intelligibilité.
Les difficultés rencontrées pour poser l’indication viennent notamment :
— d’une part, de l’incertitude du résultat de l’intervention à très long terme,
— et d’autre part, de la survenue toujours possible de mauvais résultats immédiats,
secondaires ou tardifs atteignant environ 5 % des cas et même d’atteinte neuro-
sensorielle pouvant aller jusqu’à la cophose dans près de 1 % des cas. Ces mau-
vais résultats sont parfois favorisés par des conditions particulières qu’il faut
toujours rechercher.
Lors de la discussion avec le patient concernant l’éventuelle indication opératoire, il ne
faut jamais oublier que les surdités par otospongiose donnant les meilleurs résultats opé-
ratoires sont celles qui donnent les meilleurs résultats prothétiques. Aussi, ne doit-on
jamais exercer la moindre pression psychologique pour faire décider le patient à se faire
opérer.
Un certain nombre de questions se trouvent donc posées lors de la discussion d’une
indication opératoire concernant :
— le contexte pathologique,
— les caractères de la surdité,
— le contexte otologique,
— l’âge,
— le contexte socio-professionnelle,
Contexte pathologique
L’ankylose stapédo-vestibulaire par otospongiose représente l’immense majorité des
indications de cette chirurgie.
Les ankyloses stapédo-vestibulaires entrant dans le cadre d’une malformation expose
au risque de geyser de LCR. A la moindre suspicion de surdité congénitale, il importe de
demander un scanner très précis pour explorer le labyrinthe. Une malformation type
Mondini, même mineure, constitue une contre-indication.
L’ostéogénèse imparfaite (maladie de Lobstein) s’accompagne parfois d’ankylose sta-
pédo-vestibulaire (dans approximativement un 1/3 des cas). Elle peut bénéficier aussi de
cette chirurgie, mais avec un moins bon pronostic que pour l’otospongiose semble-t-il.
La maladie de Paget peut s’accompagner de surdité relevant de différents mécanismes,
dont classiquement l’ankylose stapédo-vestibulaire. Pour Schuknecht, les études ana-
tomo-pathologiques ne montrent pas de zones d’ankylose. Etant donné l’importance des
lésions osseuses et la mauvaise connaissance de l’origine de l’atteinte transmissionnelle,
toute intervention est déconseillée sur l’oreille dans cette maladie.
126 Réparation du système tympano-ossiculaire - Le temps fonctionnel
Caractères de la surdité
OREILLE UNIQUE
C’est une contre-indication opératoire formelle
Contexte otologique
ACOUPHENES
Ils peuvent être améliorés par la stapédectomie et même disparaître, surtout lorsqu’ils
sont à type de chuintement ou d’acouphènes pulsatiles. A l’inverse, l’intervention peut
parfois déclencher des acouphènes alors que le sujet ne s’en plaignait pas avant l’inter-
vention.
Chirurgie de la platine de l’étrier 127
VERTIGES
Leur existence est une contre-indication à l’intervention, du moins pendant la période
vertigineuse. En effet, il peut s’agir d’un hydrops labyrinthique qui exposerait le laby-
rinthe membraneux lors de l’intervention. Il faut donc attendre qu’il n’y ait pas de ver-
tiges depuis au moins six mois, et encadrer l’intervention par un traitement de sulfate de
magnésie à 15 % — 10 ml intra-veineux par jour, 5 jours avant et 5 jours après l’inter-
vention.
DYSFONCTIONNEMENT TUBAIRE
C’est une contre-indication opératoire formelle. On doit le rechercher systématique-
ment, surtout chez l’enfant.
PERFORATION TYMPANIQUE
Ce n’est pas une contre-indication opératoire mais elle impose de faire dans un premier
temps opératoire la réparation de la membrane tympanique, et de réaliser la stapédecto-
mie que plusieurs mois après, avec une membrane d’excellente qualité.
EXISTENCE D’EXOSTOSES
Il est habituellement possible d’entreprendre la résection de ces exostoses dans le pre-
mier temps de l’intervention stapédienne. Toutefois, si un incident survenait au cours de
l’alésage du conduit, il serait préférable de différer la stapédectomie.
Contexte général
AGE
L’âge n’est pas habituellement une contre-indication opératoire.
Même chez un enfant, il faut savoir poser une indication opératoire si la surdité est très
mal tolérée et retentit sur le travail scolaire et la vie sociale. Il importe alors d’éliminer
une malformation congénitale en s’assurant que cette surdité transmissionnelle est bien
évolutive et d’autre part en faisant réaliser un scanner pour s’assurer de l’absence d’une
malformation évidente de la caisse et surtout du labyrinthe. Il ne faut alors intervenir que
sur une seule oreille. De plus, le scanner peut parfois mettre en évidence l’image en
double contour de la cochlée caractéristique de l’otospongiose.
Chez les personnes âgées l’âge n’est pas non plus une contre-indication si l’intelligibi-
lité est bonne. Dans ce cas, même si la conduction osseuse est basse, l’amélioration post-
opératoire facilitera l’appareillage.
GROSSESSE
La surdité et les bourdonnements d’otospongiose apparaissent ou s’aggravent classi-
quement lors des grossesses ou dans ses suites rapprochées. Mais l’évolution de cette
maladie se manifeste souvent dans la tranche de vie correspondant à la période des mater-
nités. Il est donc bien difficile de préciser la responsabilité réelle de la grossesse dans
l’évolution de la maladie et dans le résultat chirurgical. En pratique, la grossesse ne doit
pas intervenir plus dans l’indication opératoire d’une otospongiose que pour une autre
intervention programmable. De même, on ne voit guère actuellement d’arguments étayés
pour limiter le nombre des grossesses ou pour interdire la pilule contraceptive, excepté
dans les formes graves d’otospongiose avec très importante labyrinthisation, bourdonne-
ments intolérables ou vertiges associés. En pratique, il faut éviter d’opérer pendant la
grossesse et pendant l’année qui suit.
SPORTS
Ils ne sont pas contre-indiqués après une stapédectomie s’ils n’exposent pas à d’impor-
tantes et brutales modifications barométriques telles que la plongée. Toutefois, en cas de
sports brutaux, mieux vaut n’opérer qu’une oreille.
De même, l’intervention ne contre-indique pas les voyages en avion sauf pendant le
premier mois suivant l’intervention.
REPRISES DE STAPEDECTOMIE
Anomalies à rechercher :
— En cas de surdité de transmission :
. une interruption de chaîne par lyse de la longue apophyse de l’enclume apparue
secondairement,
. une ankylose de la tête du marteau, soit méconnue initialement, soit apparue secon-
dairement,
. une prothèse trop courte ou déplacée, peut-être parce que trop longue ou mal fixée,
. une fermeture de la platine
D’autres causes sont possibles, souvent alors liées à une faute opératoire, notamment :
. copeau osseux bloquant la chaîne
. importante fibrose gênant le jeu de la chaîne
. luxation de l’articulation enclume-marteau.
— En cas de vertiges, rechercher particulièrement :
. une fistule périlymphatique avant tout
. un fragment de platine basculé dans le labyrinthe
. un piston trop long
— En cas de surdité fluctuante ou de labyrinthisation rapide, penser à une fistule péri-
lymphatique liée à un montage défectueux, essentiellement une greffe ne recouvrant pas
toute la fenêtre ovale ou un trou non calibré.
Traitement
La lyse de la longue apophyse de l’enclume. Elle peut souvent être rattrapée par la mise
en place d’un cup-piston.
Si l’enclume est inutilisable, on a recours :
. soit à un TORP directement sous la membrane tympanique après renforcement de la
néoplatine par fragment d’aponévrose, et de la membrane par du cartilage,
. soit à un piston avec fil métallique amarré au manche,
. soit « piston-malleus ». Mais pour être efficace, il doit généralement comporter
l’ablation de la néoplatine.
L’ankylose de la tête du marteau. Elle se traite très facilement par action directe sur la
zone ankylosée après antro-atticotomie trans-mastoïdienne. Il faut défaire au préalable le
montage sur l’enclume pour éviter le traumatisme sonore.
FIG. 69. — Ankylose du marteau a. vue latérale montrant une ankylose de la tête du marteau et
une ossification dans la région du ligament antérieur. b. vue de haut en bas montrant de plus
une ankylose de la paroi médiale du marteau.
Si l’intervention n’est pas terminée, on protège la région par des éponges résorbables.
CONCLUSION
pas facile. Il impose un long entraînement au laboratoire. Il faut entreprendre les pre-
mières interventions sur la platine chez des patients qui ont une atteinte unilatérale ou qui
ont subi avec succés une intervention sur l’autre oreille ; un échec serait alors moins
catastrophique que pour une premiére oreille d’une atteinte bilatérale, tranformant la
ANKYLOSE DU MARTEAU
ANKYLOSE DE L’ENCLUME