2023 Rse Avis Impacts Fevrier v2
2023 Rse Avis Impacts Fevrier v2
2023 Rse Avis Impacts Fevrier v2
Impact(s), responsabilité
et performance globale
Impact(s), responsabilité et
performance globale
Animateur
Pierre VICTORIA – COMITÉ 21
Co-rapporteurs
François MOREUX – CFE-CGC
Nils PEDERSEN – PACTE MONDIAL RÉSEAU FRANCE
FÉVRIER 2023
Secrétariat permanent
Gilles BON-MAURY, secrétaire permanent
Sandrine CADIC, cheffe de projet
Céleste BERTAIL, chargée d’études
Marine LE ROY, chargée d’études
[email protected]
SYNTHÈSE
La notion d’impact a d’abord été mobilisée dans le cadre des politiques publiques, afin de
mesurer l’efficacité des programmes et de servir d’outil d’aide à la décision et à la bonne
affectation des deniers publics. Elle a également été utilisée par les acteurs de l’ESS, qui
avaient besoin de faire valoir l’impact social positif de leur activité afin d’attirer investisseurs
et subventions. Progressivement, les acteurs du monde financier et économique se sont
saisis de cette notion. L’impact d’une entreprise peut se définir comme « l’effet qu’une
entreprise a ou peut avoir sur l’économie, l’environnement et les populations, incluant
notamment son effet sur les droits humains, comme résultat des activités ou des relations
d’affaires de l’entreprise. Les impacts peuvent être avérés ou potentiels, négatifs ou positifs,
à long ou court terme, intentionnels ou non, réversibles ou irréversibles. La notion d’impact
vise la contribution de l’entreprise, négative ou positive, au développement durable1 ».
Cette notion permet de poser un regard renouvelé sur la responsabilité de l’entreprise vis-
à-vis de son environnement social et naturel et de l’ensemble de ses parties prenantes. La
responsabilité sociétale de l’entreprises se définit effectivement au sens de la norme
ISO 26000 comme « la responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses
décisions et de ses activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un
comportement transparent et éthique qui :
− contribue au développement durable, y compris à la santé et au bien-être de la société ;
− prend en compte les attentes des parties prenantes ;
1
Définition de l’impact issue des travaux de l’Efrag (European Financial Reporting Advisory Group).
− respecte les lois en vigueur et est compatible avec les normes internationales ;
− est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations. »
Penser l’impact de l’entreprise au sens des conséquences de son activité permet ainsi
d’approfondir la réflexion autour de la responsabilité de l’entreprise, en définissant la
manière dont elle contribue au développement durable et dont elle prend en considération
le dialogue avec ses parties prenantes, s’appuyant sur des données concrètes objectivées
à l’aide de méthodologies de mesure d’impact.
L’intérêt croissant pour la notion d’impact est porté par un certain nombre de parties
prenantes qui attendent notamment des acteurs économiques une transparence accrue
au sujet de leurs activités et de leurs conséquences non seulement économiques, mais
également sociales et environnementales. Les entreprises ont effectivement été invitées à
participer à la transition vers un modèle économique, social et environnemental plus
durable, notamment en contribuant à la mise en œuvre des Objectifs de développement
durable des Nations unies.
Elles sont ainsi appelées à évaluer leur impact afin de répondre à ces sollicitations
croissantes. Cela est rendu nécessaire non seulement pour se conformer à des exigences
réglementaires nouvelles1, mais aussi plus généralement pour répondre aux attentes des
diverses parties prenantes qui sont de plus en plus en demande de ce type d’informations.
C’est le cas des investisseurs, notamment dans le cadre de la finance à impact, mais aussi
des donneurs d’ordres ou encore des consommateurs.
La notion d’impact étant large, il convient d’identifier les méthodes adaptées aux objectifs,
spécificités et contraintes de l’entreprise. S’agit-il de mesurer l’impact à des fins de
communication aux investisseurs ou aux consommateurs, à des fins de pilotage interne, à
des fins de conformité réglementaire ?
1
Ces obligations d’information ne concernent actuellement que certaines entreprises. La directive CSRD
prévoit que l’obligation d’établir un rapport de durabilité ne s’applique qu’aux entreprises présentant un total
de bilan supérieur à vingt millions d’euros, un chiffre d’affaires supérieur à quarante millions d’euros ou un
nombre de salariés moyen supérieur à deux cent cinquante ou aux petites et moyennes entreprises dites
« entités d’intérêt public ».
l’activité de l’entreprise sur son environnement et ses parties prenantes aux décisions
stratégiques de l’entreprise.
Une manière de favoriser la prise en compte de l’impact dans les choix stratégiques de
l’entreprise est de recourir à des méthodes de monétarisation de l’impact. Celles-ci visent
à traduire certaines conséquences sociales ou environnementales des activités de
l’entreprise en valeur monétaire, permettant leur meilleure appréhension et comparabilité
avec les données financières et offrant la possibilité de réaliser des arbitrages ou de
valoriser certaines données. Cependant, la monétarisation présente certaines limites
méthodologiques et conceptuelles et est une démarche à mettre en œuvre avec prudence.
Ainsi, l’intérêt premier de la notion d’impact est de permettre aux entreprises de penser
leur activité en tenant compte de ses conséquences sur leurs parties prenantes dans un
temps long. Cette démarche est non seulement une réponse à la demande émanant des
marchés, des parties prenantes et du régulateur, mais constitue également un instrument
pertinent pour développer de nouveaux axes de pilotage stratégique, ancrant l’activité de
l’entreprise dans une logique de performance globale et dans une perspective plus
durable.
1
Au sens de l’article 1835 du code civil, « principes dont la société se dote et pour le respect desquels elle
entend affecter des moyens dans la réalisation de son activité ». Ils peuvent être ou non intégrés aux statuts.
2
Au sens de l’article L210-10 du code de commerce. Il s’agit pour une entreprise d’affirmer publiquement sa
raison d’être, ainsi qu’un ou plusieurs objectifs sociaux et environnementaux qu’elle se donne pour mission
de poursuivre dans le cadre de son activité. Cette qualité est rendue possible sous plusieurs conditions
cumulatives, notamment la mise en œuvre d’un comité de suivi de la raison d’être et l’audit par un organisme
tiers indépendant.
SYNTHÈSE .............................................................................................................................................. 3
COMMUNIQUÉ ........................................................................................................................................ 9
INTRODUCTION .................................................................................................................................... 11
I. AUX ORIGINES DE L’ÉVALUATION D’IMPACT ......................................................................... 15
1. Les domaines de pratiques d’évaluation d’impact bien établies : politiques publiques,
ESS, ISR…............................................................................................................................................. 15
1.1. LES PRATIQUES D’ÉVALUATION D’IMPACT DANS LE CHAMP DES POLITIQUES PUBLIQUES ................... 15
1.2. LES PRATIQUES D’ÉVALUTION D’IMPACT DANS L’ESS........................................................................... 18
2.1. ATTENTES DES PARTIES PRENANTES POUR UN RÔLE ÉLARGI DE L’ENTREPRISE ................................ 28
2.2. LE DÉVELOPPEMENT DE LA FINANCE À IMPACT .................................................................................... 33
2.3. UN CADRE LÉGISLATIF QUI ÉVOLUE ...................................................................................................... 36
2.4. LA DOUBLE MATÉRIALITÉ : UNE NOTION CONSACRÉE PAR L’EUROPE ................................................. 45
II. LES DIFFÉRENTS USAGES DU TERME « IMPACT » DANS LE CHAMP DE LA RSE ............ 51
1. Évaluer et rendre compte de l’impact des produits et des activités des entreprises .......... 52
La notion d’impact est au cœur des débats qui animent l’Union européenne, notamment
dans le cadre de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). Celle-ci
vise à augmenter les exigences de transparence sur les conséquences extra-financières
des entreprises, faisant la lumière sur leur impact non seulement économique, mais aussi
social et environnemental. Cette demande d’indicateurs d’impact émane de l’ensemble
des parties prenantes. Épargnants, ONG, pouvoirs publics ont besoin de connaître la
réalité des effets de l’activité de l’entreprise sur son milieu écologique et social. S’il apparaît
essentiel de connaître comment les activités d’une entreprise, y compris ses actions RSE,
affectent le milieu social et écologique, l’enjeu est désormais d’arriver à calculer de la façon
la plus fine possible et de manière objective les impacts de l’entreprise.
Le texte de référence de la Plateforme RSE2 rappelle que ces dernières années ont ainsi vu
l’adoption de plusieurs textes internationaux élaborés dans le cadre d’organisations
intergouvernementales, avec l’active participation de la France, au terme de débats qui ont
associé organisations patronales, syndicales et société civile. La légitimité de ces textes est
forte du fait qu’outre les États, les organisations représentatives et dotées de légitimités
propres leur ont souvent formellement exprimé leur soutien. Convergents dans leurs
recommandations, ces textes ont largement clarifié le concept de responsabilité sociétale et
lui ont donné une assise internationale et une portée juridique. Les Principes directeurs révisés
de l’OCDE pour les entreprises multinationales, les Lignes directrices ISO 26000 sur la
responsabilité sociétale des organisations, les Principes directeurs des Nations unies pour les
entreprises et les droits de l’homme et les Normes de performance en matière de durabilité
environnementale et sociale de la Société financière internationale en constituent les
principaux textes. Présentée en octobre 2011, la troisième communication de la Commission
européenne sur la responsabilité sociétale des entreprises est une synthèse de ces textes.
Elle donne comme définition de la RSE, « la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets
qu’elles exercent sur la société ».
Pour la Plateforme RSE3, la RSE permet la prise en compte de l’intérêt général, des
préoccupations sociétales et du développement durable. Actrice des territoires, elle a un rôle
à jouer dans les grands enjeux auxquels notre société est confrontée, enjeux liés notamment
aux mutations profondes du travail (sécurisation des parcours, lutte contre l’obsolescence
1
Plateforme RSE (2020), Responsabilité numérique des entreprises. 1. L’enjeu des données, Avis, juillet ;
Plateforme RSE (2021), Responsabilité numérique des entreprises. 2. Enjeux environnementaux et sociaux,
Avis, avril.
2
Plateforme RSE (2014), Texte de référence de la Plateforme RSE, novembre.
3
Plateforme RSE (2019), La RSE, démarche de dialogue et levier de transformation, Avis, mars.
des compétences, lien social, lutte contre les inégalités sociales et les discriminations, etc.),
mais aussi aux mutations environnementales, culturelles et économiques.
L’impact défini comme la conséquence des activités d’une entreprise sur son
environnement et ses parties prenantes fait écho à la notion de performance globale. La
performance permet de mesurer « l’adéquation entre les objectifs stratégiques initialement
définis et les résultats effectivement atteints (efficacité) et l’adéquation entre les résultats
et les moyens employés (efficience)1 ». Si la performance financière est un objet d’étude
classique en ce qu’il permet d’apprécier si l’entreprise atteint les objectifs financiers qu’elle
se fixe, la performance globale permet d’élargir l’analyse en intégrant l’atteinte d’objectifs
sociaux et environnementaux.
L’impact est donc un véhicule intéressant pour développer une approche globale de la
performance d’entreprise, en intégrant non seulement ses conséquences économiques
mais aussi sociales et environnementales. Impact et performance globale sont
intrinsèquement liés : « Afin de mieux s’approprier les impacts de leurs activités, les
entreprises doivent s’intéresser à leur performance globale et intégrer à leurs outils de
pilotage interne des métriques contribuant à la quantifier3. »
1
Babeau O. (2015), « Thème no 4. La performance globale de l’entreprise (autre que financière) », @GRH,
vol. 17, p. 95-96.
2
Commissariat général du plan (1997), Entreprise et performance globale. Outils, évaluation, pilotage,
Economica, janvier.
3
Rapport du Sénat (2022), Faire de la RSE une ambition et un atout pour chaque entreprise, octobre.
une perspective de communication, que les informations demandées soient exigées par la
loi ou participent de démarches volontaires. Si ces pratiques sont nécessaires à réaliser
un idéal de transparence sur les comportements des entreprises, la mesure de l’impact
est également un outil de pilotage stratégique, permettant à l’entreprise d’accompagner la
transformation de ses activités vers un modèle plus durable sur le plan économique,
environnemental et sociétal.
Les entreprises communiquent sur leurs engagements, leurs résultats, leur performance,
leurs impacts, etc. Le terme « impact » est parfois substitué par des termes comme
« effet » ou « incidence » et s’accompagne généralement d’adjectifs précisant son
périmètre ou sa nature : il peut s’agir d’impacts positifs ou négatifs, directs ou indirects,
masqués, potentiels ou observés, significatifs… En matière environnementale, on
associera les termes « pressions » et « impacts ».
L’impact est l’effet produit par l’action, un effet causal plus spécialement relié à une cause
ou un faisceau de causes précis que l’on peut (jusqu’à un certain point au moins) isoler du
reste des causes. Communément utilisé par les entreprises et par certains acteurs,
l’emploi du terme « impact » ne semble toutefois pas correspondre à cette définition
première. Les acteurs économiques ont recours à des acceptions différentes de la notion
d’impact, en fonction des méthodologies, de la finalité de l’étude d’impact, de leur modèle
d’affaires et de leur stratégie.
La Plateforme RSE a conduit une série d’auditions sur la notion d’impact et de performance
globale. Elle a ainsi identifié les différents facteurs de la montée du terme d’impact dans
l’entreprise, afin notamment de comprendre comment celui-ci s’inscrit dans sa
responsabilité. Les attentes renouvelées des parties prenantes, la poursuite des réflexions
sur l’utilité et la finalité des entreprises, l’évolution du cadre juridique national et européen
participent de cette attention prégnante sur l’impact de l’entreprise. L’analyse développée
dans le cadre de cet avis n’a cependant pas pour finalité d’être exhaustive, tant sur le plan
des thématiques liées à l’impact que sur la technicité de la notion.
Il convient également de préciser les différents usages du terme impact, afin de mieux
comprendre ce qu’il recouvre et ce à quoi correspondent les pratiques y étant associées.
Pour ce faire, la Plateforme RSE s’est notamment penchée sur les différentes
méthodologies de mesure d’impact existantes, ainsi que sur les différents usages auxquels
sont destinées ces mesures, de la communication en passant par le reporting jusqu’à une
intégration dans le pilotage stratégique de l’entreprise. La clarification du concept d’impact
permet entre autres de lutter contre les risques d’impact washing.
Les premières études d’impact sont lancées par les pouvoirs publics en 1968 dans le cadre
de la Rationalisation des choix budgétaires (RCB). Si les premières études reposent sur
des méthodes ex ante, se développent à partir des années 1970 les études d’impact ex
post. Alors que les études ex ante sont des outils de prise de décision reposant sur des
hypothèses et des prévisions, les études ex post sont évaluatives et visent à rendre compte
du résultat des politiques publiques engagées par observation factuelle1.
1
Nioche J.-P. (2014), « L’évaluation des politiques publiques et la gestion en France. Un rendez-vous
manqué ? », Revue française de gestion, vol. 245, n° 8, p 71-84.
2
France Stratégie (2016), Comment évaluer l’impact des politiques publiques ?, septembre.
L’étude de l’impact dans le cadre des politiques publiques vise à répondre à la question
contrefactuelle suivante : « Quelle aurait été la situation de la population si elle n’avait pas
bénéficié du programme étudié1 ? » L’objectif est d’identifier les effets strictement
attribuables à l’intervention publique. Il convient de comparer la situation de la population
en l’absence de réalisation de la politique publique avec celle de cette même population
bénéficiant de cette politique. Cet exercice vise à établir un lien de causalité entre la
politique étudiée et les objectifs qu’elle poursuit.
Si le but est de démontrer que l’action publique est efficace et réalise ses objectifs en
produisant un impact positif sur la population concernée, les analyses de l’action publique
peuvent également conduire à conclure à un impact nul, voir négatif. La conclusion de
l’analyse permet alors la prise de décision : si un impact positif est observé, l’action peut
être généralisée ou poursuivie, si l’impact est nul ou négatif, l’action doit être arrêtée ou
repensée afin de produire un effet positif.
Les principales méthodes employées pour apprécier l’impact des politiques publiques sont
donc des méthodes reposant sur la comparaison de la situation « population bénéficiaire »
à celle d’une « population non bénéficiaire ». Une première méthode procède par
comparaison d’une population bénéficiaire à une population fictive, dite « contrefactuelle »,
qui tend à reconstituer théoriquement ce qu’aurait été la population bénéficiaire si elle
n’avait pas reçu le traitement. Cette méthode est notamment utilisée lorsqu’il est
impossible d’observer une population similaire qui n’aurait pas reçu le programme.
1
Duflo E. et Kremer M. (2003), Use of Randomization in the Evaluation of Development Effectiveness.
2
Notamment Angus Deaton, prix Nobel d’économie en 2015.
sur l’initiative personnelle et la psychologie sont plus efficaces que les formations
commerciales classiques. L’étude a notamment permis de souligner que le programme de
formation fondé sur l’initiative personnelle conduisait à une meilleure efficacité du
programme, les participants connaissant une hausse significative des bénéfices de leur
entreprise1.
1
Selon une étude de la Banque mondiale menée auprès d’entrepreneurs d’Afrique de l’Ouest, les formations
axées sur la psychologie sont plus efficaces que les formations commerciales classiques.
2
Audition de Eve Chiapello, directrice d’étude à l’EHESS.
3
Établis en 2003, les principes de l’Équateur sont des normes volontaires, conçues pour aider l’institution
financière à déterminer, évaluer et gérer les risques environnementaux et sociaux. La quatrième version des
principes de l’Équateur a été publiée en 2020.
4
Plus englobant que celui de « développement durable » pour penser largement et transversalement
l’articulation des différents « besoins du présent » et de « la capacité des générations futures de répondre
aux leurs » et articuler dans les mêmes raisonnements des dimensions qui pourraient de prime abord paraître
éloignées : les enjeux environnementaux et climatiques mais aussi, et en même temps, les défis sociaux,
économiques, territoriaux, technologiques et démocratiques. (France Stratégie.)
Les structures de l’économie sociale et solidaire1 sont créées pour répondre à des besoins
sociétaux identifiés, et visent donc explicitement à développer un impact social significatif.
L’activité des structures de l’ESS reposant en grande partie sur des subventions publiques,
elles ont développé des pratiques visant à démontrer l’impact positif de leur activité. Cette
logique de justification et de preuve de leur démarche vertueuse est au cœur du
développement de leurs pratiques de mesure d’impact social. Dans le contexte de
l’économie sociale et solidaire, la notion d’impact embrasse ainsi une acception
éminemment positive.
La notion d’impact social a progressivement pris le pas sur celle d’utilité sociale. Celle-ci
fut employée à partir des années 1970 par l’État, notamment pour apprécier la légalité
d’exonération d’impôts commerciaux. L’utilité sociale « se rapporte à un service rendu, à
un effet positif pour la société dans son ensemble » et « caractérise les effets d’une action
sur un territoire auprès d’un groupe de population ou, plus globalement, de la société2 ».
Ce glissement dans le monde de l’ESS de la notion d’utilité vers la notion d’impact social
illustre le fait que le terme d’impact recouvre une pluralité d’acceptions. S’il est désormais
employé par une multitude d’acteurs, il est intéressant de se référer au cadre définitionnel
qui a notamment été posé dans le contexte de l’économie sociale et solidaire.
1
Les structures de l’ESS bénéficient depuis la loi du 31 juillet 2014 d’un cadre législatif. Celui-ci définit
l’économie sociale et solidaire comme « un ensemble d’entreprises organisées sous forme de coopératives,
mutuelles, associations ou fondations dont le fonctionnement interne et les activités sont fondées sur un
principe de solidarité et d’utilité sociale1 ». Les sociétés commerciales peuvent également relever de
l’économie sociale et solidaire. Pour rentrer dans le champ de l’ESS, une structure ne doit pas poursuivre le
seul but de partage des bénéfices et présenter une gouvernance démocratique. Cependant, la forme
commerciale reste marginale. En 2021, 79 % des emplois de l’ESS sont issus de structures associatives,
12 % de structures coopératives et 5 % de structures mutualistes1.
2
Mounier B. (2019), « L’évaluation de l’utilité sociale comme mesure de la spécificité de l’ESS », Informations
sociales, n° 199, p. 72-79.
3
Conseil supérieur de l’économie sociale et solidaire.
Des structures comme l’Avise préconisent d’adopter une telle conception globale de
l’impact, sans favoriser les aspects positifs au détriment des aspects négatifs, afin
d’identifier le plus fidèlement possible « les changements observés imputables à
l’action1 ». L’objectif de cette notion est précisément de pouvoir adopter une vision globale.
L’impact peut ainsi se comprendre comme les conséquences d’une activité sur son
environnement, par distinction de la planification de l’activité et des ressources mobilisées
pour mettre en œuvre ces activités par l’entreprise. L’impact se distingue également des
résultats des actions à court terme pour rendre compte des changements à long terme,
dans une perspective plus diffuse prenant en compte la globalité des parties prenantes 2.
Si l’impact est donc d’abord mobilisé pour rendre compte des modifications apportées sur
l’environnement social, les entreprises de l’ESS intègrent désormais de plus en plus de
considérations sur les conséquences de leurs activités sur l’environnement naturel et la
biodiversité. Cette avancée amène ainsi les acteurs de l’ESS à prendre en compte un
versant de l’impact plus négatif, dans l’objectif de réduire les conséquences néfastes de
leur activité sur l’environnement, lorsque originellement ils étaient plutôt tournés vers la
détermination de leur impact positif3..
De plus, la notion d’impact social diffère de celle d’externalité. Celle-ci est une conception
économique qui désigne le produit non intentionnel de l’action d’un agent économique sur son
environnement. L’impact social est au contraire le fruit d’une intentionnalité, et est au cœur du
projet même des acteurs de l’économie sociale et solidaire. Il peut notamment « faire l’objet
d’une formalisation, dans le cas de la définition de la mission statutaire d’une association, par
exemple, voire d’une contractualisation, lorsqu’une organisation reçoit des financements
conditionnés à l’atteinte d’un ou plusieurs objectifs sociaux définis à l’avance4 ».
L’impact social peut être direct ou indirect : il peut à la fois être la conséquence immédiate
de décisions, de stratégies et de politiques internes, tout comme découler indirectement
de l’activité de l’entreprise via le choix de ses fournisseurs par exemple. Il convient donc
de s’interroger sur l’impact tout au long de la chaîne de valeur.
1
Avise (2017), Évaluer l’impact social, décembre.
2
Audition de Louise de Rochechouart, responsable de pôle à l’Avise, le 3 octobre 2022.
3La contribution du secteur à la feuille de route française de l’Agenda 2030 s’inscrit également dans ce sens,
défendre un projet de société reposant sur les quatre dimensions suivantes : une société inclusive ; une transition
vers une économie durable ; une ESS exemplaire, moteur de la transition écologique ; et une société de la
coopération. La Fonda (2018), Agenda 2030 : contribution de l’ESS à la feuille de route nationale, décembre.
4
Dupuy G. (2016), « La grande transformation ? Mesure de l’impact social chez les entrepreneurs sociaux
français : une approche pratique », in Rapport moral sur l’argent dans le monde 2015-2016, Association
d’économie financière.
La définition de l’impact social proposée dans le cadre de la task force sur l’investissement à
impact social en marge du G8 en 2013 – reprise de celle proposée par le GECES (Groupe
d’experts de la Commission sur l’entrepreneuriat social) – intègre l’ensemble de ces aspects :
l’impact social vise à « rendre compte des résultats sociaux et environnementaux sous forme
de mesures, à la fois de court terme et de long terme, ajustées des effets de l’action d’autres
acteurs, des effets qui seraient survenus de toute façon, des conséquences négatives et des
effets s’affaiblissant au cours du temps ». Par construction, les simples résultats de l’action ne
sont pas soumis aux procédures complexes d’attribution destinées à mesurer quantitativement
leur propre effet, c’est-à-dire toutes choses égales par ailleurs1. Cette définition met l’accent sur
la nécessité de mesurer l’impact et de déterminer si celui-ci est imputable ou non à une activité
donnée. La question de l’évaluation de l’impact social est effectivement centrale pour les acteurs
de l’économie sociale et solidaire, qui la mobilisent pour communiquer au grand public et à leurs
financeurs, mais également pour piloter et adapter leur activité.
L’évaluation de l’impact social est primordiale dans le cadre d’activité de l’économie sociale
et solidaire, et débute en amont par la détermination des besoins sociétaux auxquels le
projet se propose de répondre. L’évaluation d’impact social permet aux entreprises de
l’ESS de démontrer la valeur de leur action sur le territoire. Bien qu’elles visent à terme à
développer un modèle économique pérenne, le modèle de l’économie sociale et solidaire
diffère de celui des entreprises de marché et présente une profitabilité réduite. Il est
important pour les entreprises d’appréhender, de comprendre et de pouvoir communiquer
au sujet de leur impact social. C’est non seulement un outil de pilotage important, permettant
au regard de l’évolution des indicateurs choisis d’adapter l’activité, mais également un
support de communication intéressant à destination du grand public et des financeurs2.
1
Ibid.
2
Audition de Louise de Rochechouart, responsable de pôle à l’Avise.
1
Avise, Essec Business School, Impact France (2021), Petit précis de l’évaluation de l’impact social.
Ce dernier type d’indicateurs est toutefois plus difficile à mettre en œuvre. Une étude du
NYU Stern Center for Business and Human Rights1 a analysé plus de 1 700 indicateurs
sociaux et sociétaux de 12 standards2. Les résultats montrent que seuls 8 % des
indicateurs évaluent les effets (entendus ici comme les résultats et les impacts) des
pratiques des entreprises. La grande majorité des indicateurs (92 %) mesurent plutôt les
efforts, c’est-à-dire les moyens mis en œuvre par les entreprises, comme la publication de
politiques ou d’engagements, la réalisation d’audits, d’évaluations des risques ou de
formations, la participation à des organisations de membres ou à d’autres collaborations,
ou l’engagement des parties prenantes.
Source : NYU Stern Center for Business and Human Rights, 2017
1 O’Connor C. et Labowitz S. (2017), Putting the « S » in ESG: Measuring Human Rights Performance for
Investors, NYU Stern Center for Business and Human Rights, mars.
2
GRI, SASB, UN Guiding Principle Reporting Framework, DJSI metals and mining, FTSE ESG rating,
Bloomberg social indicators, Access to medicine index, Enough project’s rankings on conflict minerals,
Oxfam’s behind the brands, Ranking Digital Rights’ Corporate Accountability Index, Know the Chain: ICT and
Food & Beverage Benchmarks, Corporate Human Rights benchmark.
SROI : le retour social sur investissement est une méthode d’analyse mesurant
la valeur créée par une action ou une organisation en incluant les coûts et
bénéfices sociaux, environnementaux et économiques, dans une conception
large de la valeur. Il permet de mesurer les résultats sociaux, environnementaux
et économiques atteints et de les exprimer monétairement afin de déterminer
un ratio coût/bénéfice. La méthode SROI repose donc sur une approche
monétaire afin d’être facilement appréhensible et communicable, mais son
objectif est d’exprimer la création de valeur au-delà de la seule valeur
financière1.
Valor’ESS : Valor’ESS est une plateforme lancée par l’Union des employeurs
de l’économie sociale et solidaire qui accompagne les entreprises de l’ESS
dans leur démarche de mesure d’impact, leur fournissant des outils adaptés.
Des indicateurs de gestion d’entreprises sont mis à leur disposition, sous la
forme d’un questionnaire permettant de définir l’identité, la stratégie, le
pilotage, la gouvernance, les pratiques RH, le modèle économique et l’ancrage
territorial de la structure. En parallèle, Valor’ESS propose également des
indicateurs d’impact social et les recommandations méthodologiques associées.
1
Essec Business School (2011), Guide du retour social sur investissement, mai.
2
Rexel Fondation, Improve, L’analyse coûts-bénéfices. Des initiatives à impact sociétal, 2018.
3
TIESS_fiche_ToC_2018_04_10.pdf
1
Valor ESS outil mesure impact social (valoress-udes.fr)
2
Impact Tank, Essec Business School (2021), Panorama de l’évaluation d’impact social en France.
Le rapport Rocher1 souligne que si l’entreprise pouvait jusque-là se prévaloir d’une certaine
éthique, elle est désormais en mesure d’endosser un rôle beaucoup plus ambitieux : celui
d’œuvrer au nom de l’utilité publique.
En 2016, la Plateforme RSE2 notait ainsi que la conception même de l’entreprise et de ses
missions fait l’objet de nouveaux questionnements autour de l’idée de la multiplicité des
objectifs que poursuit l’entreprise. Sa gestion ne saurait s’envisager que dans le respect
de l’intérêt général économique, social et environnemental. Il y a là un champ à explorer,
esquissant de nouvelles perspectives, positionnant l’entreprise comme un acteur important
d’un développement choisi et responsable.
Toutes ces réflexions sur l’utilité et la place de l’entreprise dans la société sont exprimées
par ses diverses parties prenantes. Selon une enquête menée par l’Ifop en 2021, 71 %
des salariés et 79 % des cadres dirigeants considèrent que leur entreprise, au-delà de son
activité économique, joue un rôle important au sein de la société 3.
Des attentes formalisées dès les années 2000 par les organisations internationales
Le développement durable est défini en 1987 comme « un développement qui répond aux
besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux
leurs » par la Commission Brundtland, et ce concept est consacré par le premier sommet
de la Terre organisé à Rio de Janeiro en 1992.
En 2015, les Nations unies adoptent les objectifs de développement durable. Les États
invitent ainsi depuis plus de quarante ans les entreprises à contribuer au développement
durable. La mobilisation des entreprises et la prise en compte des enjeux
1
Rocher B. (2021), Repenser la place des entreprises dans la société : bilan et perspectives deux ans après la loi
Pacte, Rapport, Ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, octobre.
2
Plateforme RSE (2016), Contribution pour le Plan national d’actions prioritaires pour le développement de
la RSE, septembre.
3
Enquête menée par l’Ifop, en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès, du 25 avril au 5 mai 2021 auprès
de 1 013 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus et de 301 cadres
dirigeants d’entreprise.
environnementaux et sociaux dans leur stratégie RSE sont capitales pour le succès des
objectifs de développement durable (ODD) adoptés par les Nations unies. En effet, « leur
réalisation repose sur une mobilisation de l’ensemble des acteurs, des États comme de la
société civile. Les entreprises, quelle que soit leur taille, sont donc incitées à inscrire leur
stratégie et leur gouvernance dans le cadre des ODD, notamment en y projetant leur cœur
de métier, en y repensant leur modèle d’affaires et en y développant leur responsabilité
sociétale1 ».
Les objectifs de développement durable (ODD), portés par l’ONU et adoptés en septembre
2015, « visent à éradiquer la faim et la pauvreté d’ici 2030, tout en reconnaissant que le
développement humain et la préservation de notre planète vont de pair ». Fruit d’un
processus participatif qui s’est étalé sur trois ans, les ODD représentent un accord sans
précédent, entre les 193 États membres de l’ONU, sur les priorités du développement
durable. Ils se fondent sur les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) – huit
objectifs visant à lutter contre la pauvreté, lancés en 2000 et que le monde s’était engagé à
atteindre d’ici à 2015 – tout en les élargissant à l’ensemble des pays du monde, et non aux
seuls pays en développement, et en couvrant l’ensemble des dimensions du développement
durable.
Les 17 ODD ont été dotés d’un set de 169 cibles, couvrant l’intégralité des enjeux du
développement durable. Sont visés le climat, la biodiversité, l’énergie, l’eau, la pauvreté,
l’égalité des genres, la prospérité économique, la paix, l’agriculture ou encore l’éducation2.
Initiative du secrétaire général des Nations unies, le Pacte mondial des Nations unies (ou
United Nations Global Compact) est un appel aux entreprises du monde entier à aligner
leurs pratiques et leurs stratégies sur dix principes, qui découlent des textes fondamentaux
des Nations unies, dans les domaines des droits humains, du droit du travail, de
l’environnement et de la lutte contre la corruption, et ce afin d’atteindre les dix-sept objectifs
de développement durable (ODD) par le biais d’entreprises et d’écosystèmes
responsables qui favorisent le changement.
1
CGDD (2017), « Objectifs de développement durable et entreprise : enjeux et opportunités », Théma
Essentiel, novembre.
2
Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (2021), Les objectifs de
développement durable (ODD), octobre.
1
https://pactemondial.org/decouvrir/communication-sur-le-progres-cop/
L’ISO 26000
L’adoption du pacte vert en Europe en 2019 amène les entreprises à s’inscrire dans une
logique de réduction effective de leurs émissions de gaz à effet de serre afin de contribuer
à la décarbonation. Adopté en 2021, Fit for 55 est un paquet de douze propositions
législatives proposé par la Commission européenne visant à traduire concrètement l’objectif
de réduction des émissions d’au moins 55 % en dessous des niveaux de 1990 d’ici 2030,
nécessaire pour respecter la trajectoire fixée par l’Accord de Paris. Il touche l’ensemble des
secteurs de l’économie : l’industrie, les transports, le bâtiment, l’agriculture ou encore la forêt.
Les exigences européennes en termes d’impact des entreprises vont encore s’amplifier avec
l’entrée en vigueur de la taxonomie environnementale, qui sera sûrement suivie d’une
taxonomie sociale dont l’établissement est actuellement en réflexion.
Toutefois, on note que cette sensibilité affirmée pour des considérations sociales et
éthiques (par exemple le respect des droits de l’homme, des droits des travailleurs, du
dialogue social) ne se traduit pas toujours en acte d’achat.
La construction lente et sédimentée de la RSE est le fruit d’un travail mené depuis plus de
trois décennies. Cette construction institutionnelle stratifie aujourd’hui une vision du rapport
entre l’entreprise et la société. Les attentes renouvelées de la part des parties prenantes
de l’entreprise stimulent le besoin d’interroger la RSE. Cela s’inscrit de manière plus large
dans la réflexion de ce qu’est ou devrait être une entreprise durable et la nécessité de
penser l’impact dans le modèle d’affaires.
La notion d’impact vient donc réactualiser les pratiques RSE des entreprises en intégrant
plus fondamentalement la responsabilité au cœur de leur modèle d’affaires. Certaines
critiques ont en effet émergé ces dernières années, dénonçant des pratiques RSE
périphériques aux décisions stratégiques de l’entreprise. Patrick d’Humières2 souligne que
cette critique est un symptôme très important du débat de fond. La RSE est ainsi assimilée
par certains acteurs à une affaire de grandes entreprises qui considèrent qu’elles doivent
traiter d’abord leurs impacts négatifs et qui ne font pas assez de place aux impacts positifs.
L’intégration de la notion d’impact est envisagée comme une solution palliant les défauts
vers lesquels tendent certaines pratiques de la RSE :
− la RSE est parfois accusée de rester une affaire de grandes entreprises qui doivent
d’abord corriger leurs externalités négatives fondamentales ;
− certains dénoncent le concept comme étant trop large, ne permettant pas de focaliser
la visibilité de l’apport de l’entreprise à la société ;
− les pratiques RSE sont parfois perçues comme vecteurs de bureaucratisation,
notamment à travers les exigences de reporting complexes.
1
Plateforme RSE (2022), Affichage social sur les biens et services, Avis, février.
2
Audition de Patrick d’Humières, le 29 juin 2022.
La notion d’impact prend une importance croissante du fait des attentes renouvelées des
parties prenantes envers les entreprises et monte également en puissance grâce au
développement de nouvelles pratiques d’investissement, dites de « finance à impact ».
L’investissement à impact est une pratique relativement récente, évoquée pour la première
fois en 2007, s’inscrivant dans la perspective de l’investissement socialement responsable
(ISR) et du développement durable.
Dans le cadre de la finance à impact, la notion d’impact recouvre tout investissement qui
recherche explicitement et simultanément une rentabilité économique et la création d’un
impact social et environnemental positif et mesurable. « L’impact désigne les changements
(différentielle d’état), positifs comme négatifs, attendus ou inattendus, provoqués par et
attribuables à une intervention (modification de pression). Ces changements peuvent être
de nature sociale (amélioration des conditions de vie, de la situation professionnelle,
développement de compétences, changement des comportements, etc.), économique
(création d’emploi, création de la valeur ajoutée, etc.) ou environnementale (réduction des
émissions de gaz à effet de serre, préservation des sols, réduction de la pollution des sols
ou de l’air, etc.). »
La demande accrue d’instruments financiers intégrant l’impact des entreprises dont ils
financent l’activité est également un vecteur de développement de la mesure d’impact. Elle
est une expression de l’exigence nouvelle des parties prenantes, et notamment des
investisseurs, de prendre en compte les conséquences environnementales et sociales des
entreprises dans une perspective de création de valeur intégrant un idéal de durabilité. De
nombreux travaux sont menés en matière de finance à impact afin de clarifier ce qu’est la
mesure d’impact et de proposer un cadre commun.
1
https://www.robeco.com/fr/actualites/2021/09/traduire-des-objectifs-universels-en-impact-odd.html
Les travaux du Global Impact Investing Network (GIIN) : le Global Impact Investing
Network1 définit les investissements à impact comme « les investissements faits dans
les entreprises, les organisations et les fonds avec l’intention de générer des impacts
environnementaux et sociaux en même temps qu’un rendement financier ».
Les travaux du FIR : créé en 2001, le FIR est une association multi-parties prenantes
qui a pour objet de promouvoir et développer l’investissement responsable et ses
meilleures pratiques, regroupant l’ensemble des acteurs de l’ISR : investisseurs,
sociétés de gestion, intermédiaires financiers, agences de notation extra-financière,
conseils investisseurs, organisations de place, syndicats, ONGs, associations, ainsi
que des personnalités qualifiées : avocats, journalistes, universitaires, etc. Il ressort de
leurs travaux que l’impact est évalué par rapport à des objectifs d’impacts spécifiques
et définis ex ante, fondés sur une intentionnalité de l’investisseur et, le cas échéant,
des entreprises dans lesquelles il investit.
1
https://thegiin.org/characteristics
2
https://www.rafp.fr/sites/default/files/file/charte_odd_des_investisseurs_publics_francais_.pdf
Source : GT Impact
La notion d’impact s’est développée, notamment dans l’univers du private equity, autour
des notions d’additionnalité, d’intentionnalité et de mesure. Cette dernière « correspond à
l’évaluation des externalités sociales et/ou environnementales des investissements, à
l’aune des objectifs d’impact intentionnellement poursuivis par l’investisseur. Les objectifs
d’impact poursuivis sont par essence positifs, qu’ils représentent une recherche
d’augmentation de l’externalité positive (dans le temps ou par rapport à un scénario de
référence) ou une réduction significative de l’externalité négative de l’entreprise.
L’évaluation peut être qualitative ou quantitative, et peut concerner l’impact des produits
et services proposés par l’entreprise ainsi que, dans certains cas, l’impact significatif de
ces processus. Les résultats de cette mesure d’impact doivent être communiqués et
utilisés par l’investisseur dans ses décisions d’investissement1 ».
1
France Invest, Forum pour l’investissement responsable (2021), Investissement à impact. Une définition
exigeante pour le coté et le non-coté, mars.
L’initiative de place sur la finance à impact animé par Finance for Tomorrow
Finance for Tomorrow est une initiative portée par les acteurs de la place de Paris pour
promouvoir en France et à l’international la finance durable, afin de réaliser les objectifs
de l’Accord de Paris et des objectifs de développement durable. Dans ce cadre, la finance
à impact est définie comme « une stratégie d’investissement ou de financement qui vise à
accélérer la transformation juste et durable de l’économie réelle, en apportant une preuve
de ses effets bénéfiques1 ». Les travaux ont permis de clarifier à l’attention de l’ensemble
des acteurs un certain nombre de termes : impact, positif ou négatif, apportant ainsi à
chacun un cadre de définition et de travail.
Source : Finance for Tomorrow, visuel réalisé à partir de l’échelle de contribution proposée par l’iiLab dans
le rapport Investir pour transformer durablement et des réflexions du groupe de travail de Place
1
Finance for Tomorrow. L’initiative de place sur la finance à impact, lancée en mars 2021 à l’initiative de
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, et Olivia Grégoire, secrétaire d’État
chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable, et animée par Finance for Tomorrow, branche de
Paris Europlace, a publié les premiers résultats de ses travaux.
Source : schéma issu de Entreprise à mission : de la théorie à la pratique, Guide Citizen Capital et Deloitte
1
Rocher B. (2021), Repenser la place des entreprises dans la société : bilan et perspectives deux ans après
la loi Pacte, op.cit.
Un nouvel alinéa a été inséré dans l’article 1833 du code civil pour consacrer la notion
jurisprudentielle d’intérêt social : « La société est gérée dans son intérêt social, en prenant
en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son activité. » Il affirme que
les sociétés ne sont pas gérées dans l’intérêt de personnes particulières, mais dans leur
intérêt autonome et dans la poursuite des fins qui leur sont propres et qui prennent en
compte les enjeux sociaux et environnementaux.
Le préjudice écologique réparable est défini par l’article 1247 du code civil, qui impose que
ce préjudice constitue une « atteinte non négligeable » à l’environnement. Cela suppose
de démontrer que si l’obligation avait été respectée, le dommage aurait été évité. Les
difficultés probatoires soulevées par cette exigence devraient limiter les condamnations
prononcées pour la méconnaissance de l’exigence de prise en compte des enjeux
environnementaux et sociaux.
Pour certains commentateurs, cet ajout reste ainsi très prudent et ne marque pas un
progrès considérable par rapport au corpus légal déjà existant, par exemple la Charte de
l’environnement, qui a valeur constitutionnelle et dispose que « chacun est tenu à une
obligation de vigilance à l’égard des atteintes à l’environnement qui pourraient résulter de
son activité ».
1
France Stratégie (2022), Troisième rapport du Comité de suivi et d’évaluation de la loi Pacte, septembre.
2
Peyrelevade J. (2021), « Comment construire un vrai capitalisme responsable en France », Les Échos,
13 avril.
La raison d’être
L’article 1835 du code civil est modifié pour reconnaître la possibilité aux sociétés qui le
souhaitent de se doter d’une raison d’être dans leurs statuts : « Les statuts peuvent
préciser une raison d’être, constituée des principes dont la société se dote et pour le
respect desquels elle entend affecter des moyens dans la réalisation de son activité. »
Selon le sixième baromètre IFA-Ethics & Boards1, on compte en 2022 quinze sociétés
ayant défini et inscrit une raison d’être dans leurs statuts, alors qu’elles n’étaient que deux
en 2019.
Source : Ethics & Boards, Analyse IFA, données SBF120 post AG 2022
1IFA - Ethics & Boards (2022), sixième édition du baromètre annuel IFA-Ethics & Boards des conseils du
SBF 120 baromètre.
Pour Alexandre Menais, secrétaire général d’Atos1, c’est une révolution calme, mais une
vraie révolution sociétale que la loi Pacte a engagée. « La raison d’être est la constitution
de l’entreprise. Elle est le ciment qui agrège la stratégie de l’entreprise, la politique
d’investissement, les engagements financiers, la marque employeur, la RSE et le capital
humain. L’évaluation de la performance de l’entreprise dotée d’une raison d’être,
autrement dit la mise en cohérence entre la promesse de l’entreprise incarnée dans sa
raison d’être et ses actions, passe inévitablement par une mesure d’impact à travers des
indicateurs tangibles et mesurables qui s’inscrivent dans la durée2. »
Enfin, une qualité de société à mission est créée. Cette innovation juridique, qui valorise
l’engagement sans contraindre la liberté d’entreprendre ou la recherche du profit, peut être
adoptée par tout type d’entreprise (secteur, taille, statut).
Concrètement, les sociétés commerciales doivent préciser une raison d’être ainsi qu’un ou
plusieurs objectifs sociaux et environnementaux à poursuivre dans le cadre de leur activité.
Le modèle de la société à mission s’accompagne de la mise en place d’un dispositif de
gouvernance spécifique, le comité de mission, ainsi que d’une évaluation par un organisme
tiers indépendant (OTI). En effet, la loi précise que l’exécution de ces objectifs sociaux et
environnementaux doit faire l’objet d’une vérification par un OTI accrédité par le Cofrac. La
communauté des entreprises à mission3 rappelle que, conformément à la loi, l’OTI renforce
la crédibilité de la qualité de société à mission envers toutes les parties prenantes et
contribue à lutter contre le « mission washing ».
1
Le 30 avril 2018, l’assemblée générale des actionnaires d’Atos a adopté la raison d’être et inscrit celle-ci
dans les statuts de la société.
2 Entretien avec Alexandre Menais, secrétaire général du groupe Atos : La semaine juridique notariale et
immobilière, n° 20, 21 mai 2021, 1190.
3
Communauté des entreprises à mission (2022), Vers une vérification OTI contribuant au progrès de la
société à mission.
Selon le baromètre de l’Observatoire des sociétés à mission, 726 entreprises ont la qualité
de société à mission, parmi lesquelles 53 % sont des microentreprises, 26,9 % des PME
de moins de 50 salariés, 10,3 % des PME de plus de 50 salariés, 8 % des ETI et 1,8 %
des grandes entreprises1.
En adoptant cette qualité de société à mission, les entreprises s’engagent à mettre leur
modèle d’affaires et leur cœur de métier au service de la résolution de problèmes sociaux
et environnementaux, et d’inscrire l’entreprise dans le long terme. Cette évolution
concrétise juridiquement la volonté de certaines entreprises de contribuer positivement et
de manière intentionnelle à la société, et s’accompagne de fait d’un besoin de l’évaluation
des impacts (positifs et négatifs) des entreprises sur le long terme.
Le rapport Rocher souligne par ailleurs qu’inscrire la mission dans les statuts de la société
permet de lui donner un caractère opposable qui la distingue des politiques RSE
conventionnelles : « Cette notion d’opposabilité est à la fois juridique et médiatique. Si
l’entreprise inscrit sa mission et les objectifs correspondants dans ses statuts, elle est
tenue juridiquement de les remplir, mais le risque d’image l’expose davantage 1. »
1
Rapport Rocher B. (2021), Repenser la place des entreprises dans la société, op. cit.
2
Bpifrance.
3
Les patrons engagés signataires du « Manifeste pour l’économie de demain », dont la Maif, le groupe Le
Bon Coin ou encore La Ruche qui dit oui, militent pour la création d’un statut à impact, à la fois plus
contraignant mais aussi doté de contreparties comme des allégements de charges, des accès facilités à la
commande d’État ou des financements publics. Ainsi, 50 000 « entreprises à impact » pourraient voir le jour
d’ici 2027. Voir l’article Novethic.
4
https://entreprisecontributive.blog/
5
https://openlande.co/entreprise-regenerative/
6
Polman P et Winston A. (2022), L’entreprise net positive, Pearson, septembre.
1
Feuille de route « Économie circulaire », avril 2018.
2
L’article 15 de la loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie
circulaire (dite loi Agec).
3
Loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant sur la lutte contre le dérèglement climatique et sur le renforcement
de la résilience face à ses effets.
4
La loi « Climat et résilience » introduisant dans le code de l’environnement l’obligation, pour un certain
nombre de produits et services déterminés, d’un affichage relatif aux impacts environnementaux ou aux
impacts environnementaux et au respect de critères sociaux. Elle encadre également la publicité des biens
et services afin de lutter contre les pratiques commerciales trompeuses à l’article L121-2 du code de la
consommation.
La loi Grenelle II1 a étendu en 2010 les obligations, pour les entreprises, de publier dans
leur rapport de gestion des informations sur les « conséquences sociales et
environnementales de leur activité et sur leurs engagements sociétaux en faveur du
développement durable ». Ces obligations marquent une nouvelle étape de l’intégration
du développement durable dans la conduite des entreprises.
Cette DPEF comprend notamment « des informations relatives aux conséquences sur le
changement climatique de l’activité de la société et de l’usage des biens et services qu’elle
produit, à ses engagements sociétaux en faveur du développement durable, de l’économie
circulaire, de la lutte contre le gaspillage alimentaire, de la lutte contre la précarité
alimentaire, du respect du bien-être animal et d’une alimentation responsable, équitable et
durable, aux accords collectifs conclus dans l’entreprise et à leurs impacts sur la
performance économique de l’entreprise ainsi que sur les conditions de travail des
salariés, aux actions visant à lutter contre les discriminations et à promouvoir les diversités,
aux actions visant à promouvoir la pratique d’activités physiques et sportives et aux
mesures prises en faveur des personnes handicapées4 ».
1
Loi Grenelle II du 12 juillet 2010 et son décret d’application du 24 avril 2012.
2
Directive 2094/95/UE du Parlement européen et du Conseil du 22 octobre 2014 modifiant la directive
2013/34/UE en ce qui concerne la publication d’informations non financières et d’informations relatives à la
diversité par certaines grandes entreprises et certains groupes. Transposée par l’Ordonnance du 19 juillet
2017 relative à la publication d’informations non financières par certaines grandes entreprises et certains
groupes d’entreprises.
3
Medef (2017), « Les nouvelles dispositions légales et réglementaires », Guide méthodologique Reporting
RSE. Déclaration de performance extra-financière, 2e édition, septembre.
4
Article R. 225-105 du code de commerce.
Elle étend l’obligation de reporting aux entreprises de plus de 250 salariés, et non plus 500
comme dans la précédente directive. Plus de 49 000 entreprises pourraient être
concernées (contre près de 12 000 entreprises aujourd’hui).
La CSRD, adoptée le 10 novembre 2022, devra être transposée dans le droit interne des
États membres.
La notion de matérialité trouve son origine dans l’univers comptable et financier. Elle est
introduite par la Cour royale de justice du Royaume-Uni, qualifiant des « faits pertinents
non négligeables » de matériels. Ce concept de matérialité s’est étendu à une variété de
contexte : juridique, gestion de risque, stratégie d’entreprise… Dans le cadre de la RSE,
il permet de rendre compte de l’impact des enjeux RSE. Historiquement, cette notion de
matérialité renvoie plutôt, de manière restrictive, à l’impact sur l’entreprise elle-même et
notamment sur sa valeur financière. On parlera ainsi de matérialité simple ou de matérialité
financière.
1
La version française de la directive CSRD traduit le terme « impact » par « incidence ».
2 Efrag-PTF-NFRS (2021), Proposals for a relevant and dynamic EU sustainability reporting standard-setting,
février.
Cette notion est désormais également mobilisée pour désigner l’impact de l’activité de
l’entreprise sur son environnement social, économique et naturel. La directive NFRD
emploie pour la première fois en 2019 le terme de double materiality, officiellement traduit
en français par « double importance relative1 ». Cette conception élargie de la matérialité
intègre non seulement la matérialité financière historique, mais également la matérialité
environnementale et sociale2. Par double matérialité, on entend ainsi l’impact des risques
ESG sur les entreprises, mais aussi l’impact de celles-ci sur la société et l’environnement.
1
Si la version française de la directive CSRD traduit le terme « double materiality » par « double importance
relative », le terme « double matérialité », communément utilisé, lui sera préféré dans le cadre de cet avis.
2
Sylvain Boucherand et Le Menec A. (2022), Double matérialité : comment appréhender ce nouveau principe
et quelles implications pour le reporting extra-financier ?, Afite, février.
3
Efrag, ESRG 1 (2022), European Sustainability Reporting Guidelines 1. Double materiality conceptual
guidelines for standard-setting, Working Paper, janvier.
4
Cette définition rejoint celle de la GRI.
Ici, les conceptions résumées de la double matérialité dans les différentes réglementations
et normes européennes :
Alors que l’Union européenne place la notion de double matérialité au cœur de ses travaux,
à l’international les travaux de l’ISSB (International Sustainability Standards Board), comité
créé par l’IFRS (International Financial Reporting Standards1) en 2021 afin de produire un
standard de reporting extra-financier destiné aux investisseurs, s’inscrivent dans une
logique de matérialité simple, également qualifiée de matérialité financière. Par exemple
en matière climatique, l’objectif de la double matérialité est non seulement de rendre
compte du risque que le changement climatique fait encourir aux entreprises, mais
également de l’impact de l’activité des entreprises sur le changement climatique. La vision
anglo-saxonne restrictive de la matérialité n’embrasse que le risque supporté par les
entreprises du fait du dérèglement climatique, portant toute l’attention sur la manière dont
elles adaptent leur activité au risque et aux évolutions législatives.
1
Les normes IFRS (International Financial Reporting Standards) sont les normes internationales
d’informations financières destinées à standardiser la présentation des données comptables échangées au
niveau international. La Fondation IFRS est une ONG supervisant et promouvant les normes IFRS,
notamment à travers l’International Accounting Standards Board (IASB) pour les normes financières et
l’International Sustainability Board (IFRS-S) pour les normes extra-financières.
2
Alexandre Rambaud (2022), « La double matérialité, pierre angulaire de la démarche à impact », Revue
Banque, n° 867, mars.
3
Ibid.
Cette notion de double matérialité est centrale en ce qu’elle pose non pas une question de
technique comptable, mais en ce qu’elle porte un modèle dans lequel l’entreprise a une
mission sociétale et doit pour l’assurer adopter une stratégie orientée vers la résilience et
la durabilité.
C’est cette vision que promeut la Plateforme RSE en soulignant la nécessaire prise en
compte de la « double matérialité » qui est au cœur de la vision européenne à travers le
Green Deal, les taxonomies, la CSRD ou le SFDR, dans l’ambition d’assurer la transition
vers un système d’économie responsable. Cette approche fonde le cadre du reporting de
durabilité sur les risques et opportunités auxquels sont exposées les entreprises, mais
aussi sur l’impact de celles-ci sur la société et l’environnement au sein de l’Union
européenne comme dans tous les pays tiers. C’est en effet cette vision holistique qui
permet de comprendre l’interaction des indicateurs financiers et non financiers et de
modéliser les sources de création de valeur des entreprises2.
1
Ibid.
2
Plateforme RSE (2021), La RSE, un enjeu européen. Contribution aux travaux de la présidence française
du Conseil de l’Union européenne, Avis, octobre.
Si la notion d’impact est née au cœur des politiques publiques et a été appréhendée par
l’ESS, les acteurs économiques s’en saisissent aujourd’hui. L’entreprise perçoit la mesure
de l’impact comme un moyen de preuve des actions mises en œuvre et de ses
contributions sociétales et environnementales, tout comme un instrument d’aide à la
définition de sa trajectoire.
La Plateforme RSE, dans son avis RSE et performance globale de 2019, note que l’impact
est tout ce qui est dû ou attribuable à une action. Autrement dit, l’impact est l’ensemble
des conséquences d’une action sur une situation. L’étude d’impact consiste donc en
l’étude des changements – aussi bien positifs que négatifs – induits par une action. En
matière de RSE, poser la question de l’impact revient à identifier en quoi l’activité de
l’entreprise a un impact positif ou négatif sur la société dans les domaines économique,
social, sociétal et environnemental. Pour chaque pilier, la mesure d’impact utilise un
ensemble d’indicateurs qualitatifs et/ou quantitatifs propre à la thématique étudiée.
Sachant que l’activité de toute entreprise produit des effets sociétaux et écologiques
(négatifs et positifs), le terme « impact » (et sa méthode) vise :
− aussi bien l’impact des produits et services de l’entreprise, que l’impact de ses
activités : l’impact des activités des entreprises englobe à la fois les impacts liés aux
infrastructures et aux sites des entreprises, mais aussi les impacts liés au cycle de vie
des produits (extraction, production, transport, utilisation, fin de vie, etc) ;
− les effets recherchés (intentionnels) ainsi que les effets produits mais non recherchés
(non intentionnels) ;
− les effets directs et indirects, les effets rebond.
En matière environnementale
Selon l’Ademe, une ACV se fonde sur plusieurs critères d’analyse des flux entrants et
sortants. On appelle flux tout ce qui entre dans la fabrication du produit (matières, énergie,
etc.) et tout ce qui sort en matière de pollution (déchets, émissions gazeuses, liquides
rejetés, etc.). À chaque étape de la chaîne, des bilans de matières, d’énergie et
d’émissions de polluants sont réalisés et agrégés sous la forme d’un jeu d’indicateurs
environnementaux : seize indicateurs sont fournis pour chaque produit 2.
Un score unique est également proposé : il s’agit du « single score PEF » préconisé par la
Commission européenne, calculé avec des facteurs de pondération pour chacun des
indicateurs. La pondération prend à la fois en compte la robustesse relative de chacun de
ces indicateurs et les enjeux environnementaux3.
1
Voir le Site de l’Ademe.
2 Il s’agit des indicateurs préconisés par la Commission européenne.
3
https://doc.agribalyse.fr/documentation/methodologie-acv
L’ACV est aujourd’hui une méthode reconnue et utilisée à l’échelle internationale par la
communauté scientifique, les acteurs privés et les pouvoirs politiques. Elle est encadrée
par les normes ISO 14040:2006 et ISO 14044:2006.
1
Commission européenne, Programme Environmental Footprint.
2
Voir la base IMPACTS® de l’Ademe.
3
https://www.eco-conception.fr/static/analyse-du-cycle-de-vie-acv.html
Source : Ademe
Une analyse du cycle de vie sociale (ACV-S ou S-LCA) requiert une méthode qui évalue
les aspects sociaux et sociétaux des produits ou services, leurs impacts réels et potentiels
aussi bien positifs que négatifs. Comme l’ACV environnementale, elle prend en compte
toutes les étapes du cycle de vie du produit. Dans l’ACV sociale, les données génériques
et spécifiques au site peuvent être quantitatives, semi-quantitatives ou qualitatives1.
1
Voir la Plateforme [avniR] du CD2E.
Si l’ACV sociale est comparable à l’ACV environnementale, elle a des spécificités et des
problématiques qui lui sont propres telles que la fragmentation des chaînes de
valeur rendant difficile la traçabilité du produit à toutes les étapes de son cycle de vie, une
information collectée s’arrêtant le plus souvent au fournisseur de rang 1 pour des raisons
de coût de la collecte de la donnée, une information le plus souvent partielle et ne
concernant qu’une étape du cycle de vie du produit, la nécessité de créer et d’accéder à
des bases de données (génériques et spécifiques) fiables1.
Les lignes directrices du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE),
définies en 2009 et mises à jour en 2020, pour l’évaluation sociale du cycle de vie des
produits2 proposent une méthodologie pour développer des inventaires de cycle de vie.
Elles s’intéressent à six grandes catégories d’impacts : droits humains, santé et sécurité,
gouvernance, conditions de travail, répercussions socio-économiques et héritage
culturel, en considérant les perspectives des différentes parties prenantes : travailleurs,
communautés locales, acteurs de la chaîne de valeur, clients, consommateurs, société
civile, auxquelles ont été ajoutés les enfants comme groupe représentatif des
générations futures.
1
Plateforme RSE (2022), Affichage social sur les biens et services, février.
2PNUE (2020), Guidelines for Social Life Cycle Assessment of Products and Organizations ; PNUE (2021),
Methodological Sheets for Subcategories in Social Life Cycle Assessment (S-LCA).
3
Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie (2013), Bilan au Parlement de
l’expérimentation nationale, septembre.
4
Le cadre technique se compose d’une base de données (Base IMPACTS®), de principes généraux fondés
sur le référentiel BP X 30-323, de référentiels sectoriels fondés sur une ACV, d’une charte graphique précisant
le format de l’affichage.
Dans le secteur alimentaire, une expérimentation puis un appel à candidatures 1 ont été
lancés suite à la loi « Anti-gaspillage pour l’économie circulaire » du 10 février 2020. Le
rapport du gouvernement au Parlement tirant les enseignements de l’expérimentation a
été remis en mars 20222.
Dans le secteur du textile, une expérimentation a été lancée suite à l’article 2 de la loi
« Climat et résilience ». La loi prévoit que l’expérimentation sera suivie d’une évaluation et
d’un décret rendant l’affichage environnementale ou environnemental et social obligatoire.
1
Des projets d’expérimentation ont été déposés par : Groupement Les Mousquetaires, Yuka, L’Empreinte,
Karbon, La Note Globale, ATLA, Elior, ADEPALE, Invitation à la ferme, Interbev, ITAB, Open Food Facts,
BearingPoint, Yukan, INNIT, Kisaco, Crystalchain, Eiko, Experoil et Carrefour.
2
Affichage environnemental des produits alimentaires. Bilan de l'expérimentation et enseignements, rapport
du gouvernement au Parlement, janvier 2022.
3
Plateforme RSE (2022), Affichage social sur les biens et services, op. cit.
Évaluer l’impact de leurs activités permet également aux entreprises de mieux identifier et
donc de mieux maîtriser les risques auxquels elles pourraient être confrontées et d’agir
plus efficacement pour réduire leur empreinte dans une logique d’absence de préjudice
important aux objectifs environnementaux et sociaux (principe du « Do not significant
harm » du règlement Taxonomie) et de performance globale.
Deux logiques sont à l’œuvre dans l’évaluation des impacts. D’une part, une logique de
reddition des comptes s’inscrivant dans les textes réglementaires français et européens
en matière de reporting extra-financier1. Dans cette logique, les entreprises rendent
compte des impacts, entendus comme les effets de leurs activités sur l’environnement et
la société. Cela consiste à mesurer et évaluer l’impact de leurs activités en matière
environnementale et sociétale (par exemple : consommation d’eau, d’énergie, taux
d’accidents du travail, etc.). D’autre part, une logique ex ante de l’évaluation d’impact des
activités des entreprises, telle qu’elle se présente dans la loi relative au devoir de vigilance.
Les entreprises doivent rechercher les risques d’impacts négatifs potentiellement liés à
leurs activités et celles de leurs filiales, sous-traitants et fournisseurs, en France comme à
l’étranger avant même de les mener. Une attention croissante est également accordée à
l’impact numérique de l’activité des entreprises2, notamment avec les récents règlements
Digital Services Act (DSA) et Digital Markets Act (DMA) qui visent respectivement à limiter
la diffusion en ligne de contenus et de produits illégaux et à limiter la domination
économique des grandes plateformes. Cette recherche d’impact présente plusieurs
caractéristiques intéressantes, en particulier l’obligation par la loi d’y associer les parties
prenantes, la prise en compte d’un périmètre substantiel défini par la loi, la référence aux
textes internationaux comme standards sur les sujets sociaux ainsi que des méthodologies
développées par les entreprises.
Les impacts environnementaux d’une entreprise sont de nature très variée : impacts en
termes d’émissions de gaz à effet de serre, de réduction de la biodiversité, de pollution
(eau, air, sol, etc.), d’extraction de ressources rares. Chaque type d’impact requiert une
méthodologie différente.
La réalisation d’un bilan d’émissions de gaz à effet de serre (BEGES) est obligatoire pour
les entreprises de plus de 500 salariés (ou 250 dans les DOM) depuis la loi Grenelle II
1
Voir la section 2.3, « Un cadre législatif qui évolue ».
2
Plateforme RSE (2020 et 2021), Responsabilité numérique des entreprises 1 et 2.
de 20101. La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte2 a fait évoluer
les textes, notamment sur la périodicité qui est désormais tous les quatre ans pour les
entreprises (au lieu de trois ans auparavant). Jusqu’ici, la démarche se limitait aux scopes
1 et 2, mais à partir du 1er janvier 2023, la réalisation d’un BEGES complet (scopes 1, 2 et 3)
sera obligatoire pour ces mêmes acteurs3.
1
Article L 229-25 du code de l’environnement et les articles R. 229-45 à R. 229-50-1.
2
Loi n° 2015-992 du 17 août 2015.
3
La loi Énergie-Climat de 2019 (loi n° 2019-1147 du 8 novembre 2019) et le décret n° 2022-982 du 1er juillet
2022. Les manquements seront sanctionnés d’une amende de 10 000 euros, contre 1 500 euros
précédemment.
Au-delà d’une logique de transparence, certaines entreprises inscrivent leurs actions dans
une logique de trajectoire en se fixant des objectifs de réduction alignés avec les Accords
de Paris.
L’initiative SBTI (Science Based Targets Initiative3) vise à encourager les entreprises à
définir des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) en
cohérence avec les préconisations scientifiques pour la lutte contre le réchauffement
climatique. Selon le dernier baromètre IFA4, les entreprises du SBF 120 progressent
également en termes de décarbonation. 63 % d’entre elles se sont fixé des objectifs
sérieux pour réduire leurs émissions de CO2, mesurés par le SBTi. En un an, elles ont été
presque deux fois plus nombreuses à s’engager dans cette démarche.
1
« Qu’est-ce que la comptabilité carbone : tout ce qu’il faut savoir » (sami.eco).
2
https://www.iso.org/fr/standard/38381.html
3
Issue d’un projet porté par le Pacte mondial des Nations unies, le Carbon Disclosure Project (CDP), le World
Resources Institute (WRI) et le WWF, développé à l’issue de l’Accord de Paris, SBTi vise à encourager les
entreprises à définir des objectifs de réduction de GES en cohérence avec les connaissances scientifiques et
les recommandations du GIEC. Le référentiel développé, renforcé en 2021 avec la publication du standard
« net zéro », est conçu pour accompagner les entreprises dans la définition d’objectifs – à court (cinq à dix
ans au maximum), moyen (2040 par exemple) et long terme (2050 au plus tard) – de réduction des émissions
à un niveau compatible avec le scénario de 1,5°C, en ligne avec le niveau de décarbonation nécessaire pour
atteindre l'objectif net zéro au niveau mondial. https://sciencebasedtargets.org/
4
Baromètre IFA, Ethics and Boards des conseils (2021), Vers une gouvernance responsable et durable,
octobre.
L’ACT (Assessing low Carbon Transition) : l’initiative vise à offrir aux entreprises, quels
que soient leur taille ou leurs marchés, des méthodologies pour développer et évaluer si
leurs stratégies et les moyens mis en œuvre pour les réaliser au regard de l’objectif
d’atténuation de l’Accord de Paris. L’initiative ACT a terminé ses premiers projets pilotes,
incluant des grandes entreprises comme des TPE/PME, et dispose d’une méthodologie
opérationnelle dans les secteurs de la production d’électricité, de la construction
automobile, du commerce de détail et du bâtiment, tandis que de nombreux autres
secteurs (ciment, agroalimentaire, etc.) sont à l’étude 1.
En matière de biodiversité
Toute entreprise a, de manière directe ou indirecte, une influence sur un ou plusieurs des
facteurs d’érosion de la biodiversité (destruction et dégradation des habitats naturels,
surexploitation des espèces, pollutions, introduction d’espèces exotiques envahissantes,
changement climatique).
Les méthodologies pour mesurer l’empreinte biodiversité des activités sont plus
compliquées à mettre en œuvre. La biodiversité est un élément qui s’observe par définition
localement, et pour lequel il est extrêmement difficile de faire remonter des indicateurs
d’impact chiffrés et surtout de les agréger, à l’image de la tonne de CO 2.
Par ailleurs, la perte de biodiversité, même lorsqu’elle s’observe localement, est de plus
en plus liée à des processus de production et de consommation initiés à l’échelle mondiale.
Ainsi, de nombreux impacts n’ont pas lieu sur le territoire national mais via les importations
de certaines ressources exploitées ailleurs dans le monde. Les enjeux liés à la
déforestation importée en sont un des exemples manifestes2.
Ces éléments font de la mesure de l’empreinte biodiversité un défi pour les entreprises.
Toutefois, des expérimentations sont en cours pour développer des outils de mesure, des
méthodes d’évaluation et des approches comptables de la biodiversité et ainsi permettre
aux entreprises et aux investisseurs de comprendre et de mesurer leurs impacts sur la
biodiversité.
Les méthodes et les outils vont varier en fonction des objectifs poursuivis.
On notera par exemple les expérimentations menées par le groupe Kering avec l’Institute
for Sustainability Leadership de l’université de Cambridge et le Natural Capital Impact
Group (NCIG) ou encore en matière d’empreinte biodiversité le Global Biodiversity Score
(GBS) de la CDC Biodiversité.
1
UNEP-WCMC, « Aligning Biodiversity Measures for Business ».
Par ailleurs, le réseau mondial Science Based Targets Network1 (SBTN), s’appuyant sur
les travaux de l’initiative Science Based Targets (SBTi) sur le changement climatique,
a publié des lignes directrices à destination des entreprises afin de réduire leurs impacts
sur la perte de biodiversité.
Les outils de mesure d’impact social et sociétal sont plus variés et moins formalisés qu’en
matière d’impact environnemental. La dimension sociale est en effet par nature impossible
à mesurer, même si elle peut être quantifiée.
Des outils de mesure s’intéressent à l’engagement des salariés, à leur bien-être, aux
enjeux d’égalité femmes-hommes.
1
https://sciencebasedtargetsnetwork.org/
2
CDC Biodiversité (2019), « Le Global Biodiversity Score : un outil pour construire, mesurer et accompagner
les engagements des entreprises et des institutions financières en faveur de la biodiversité – Mise à jour
technique », Les Cahiers de Biodiv’2050, n° 14, Mission Économie de la biodiversité, mars.
3
GLOBIO est un modèle développé par un consortium créé en 2013, composé du PBL, de l’UNEP GRID-
Arendal et de l’UNEP-WCMC. Il est fondé sur des relations de pressions-impacts. Les pressions sur la
biodiversité terrestre prises en compte incluent la conversion des terres, la fragmentation, l’empiètement,
l’eutrophisation et le changement climatique. Les pressions sur la biodiversité aquatique incluent la
conversion des zones humides, l’usage des terres dans les zones de captage des zones humides et des
rivières, les perturbations hydrologiques des rivières et l’eutrophisation des lacs.
1
https://www.mozartconsulting.eu/wp-content/uploads/2018/07/IBET-2018_REGARDS-EXPERTS.pdf
2
Macombe C. (2013), ACV sociales. Effets socio-économiques des chaînes de valeurs, FRuiTROP Thema.
Des outils tels que « ImpacTer » de Vertigo Lab ou LOCAL FOOTPRINT de Utopies2, fondés
sur le concept macro-économique des tableaux entrées-sorties (source : The Bureau of
Economic Analysis – BEA/US), permettent de mesurer les retombées socio-économiques de
l’activité d’une entreprise.
1
Plateforme RSE (2018), Vers une responsabilité territoriale des entreprises, juillet.
2
https://www.utopies.com/wp-content/uploads/2020/07/Empreinte-economique.pdf
3
Réseau d’information comptable agricole.
4
Les impacts directs sont des impacts pour les activités directement concernées par une politique ou un
projet. Les impacts indirects sont des impacts pour les activités qui se trouvent dans la chaîne des
fournisseurs des activités directement concernées par une politique ou un projet (cela incorpore les
fournisseurs, mais aussi les fournisseurs des fournisseurs, etc. en remontant dans la chaîne de valeur). Les
impacts induits sont des impacts pour les activités qui profitent de la consommation des salariés qui travaillent
dans les activités impactées directement et indirectement (via la chaîne des fournisseurs) par une politique
ou un projet.
de production, de valeur ajoutée et d’emplois qui sont générés sur l’économie suite
à une dépense d’un euro pour un bien ou un service. Il existe autant de
multiplicateurs que de secteurs d’activité et d’indicateurs socio-économiques. Le
calcul de la valeur des multiplicateurs est utilisé pour apprécier les effets
d’entraînement (ou effets domino) qu’une dépense ou une activité génère sur
l’ensemble de l’économie du territoire. Plus la valeur d’un multiplicateur est élevée,
plus la dépense engendre des impacts économiques importants sur les autres
secteurs d’activité du territoire.
Voici infra une illustration de représentation graphique pour l’évaluation de l’impact
socio-économique des coopératives agricoles de Nouvelle-Aquitaine sur leur territoire.
Ainsi, dans son plan d’action en faveur des droits de l’homme et de la démocratie pour
2020-2024, l’Union européenne insiste sur le rôle des entreprises pour le respect et la
promotion des droits de l’homme, la lutte contre la corruption et le développement durable.
Rappelons que l’ISO 26000 adoptée en 2010 intégrait déjà cette question de la contribution
à la société. En effet, selon l’ISO 26000 « la responsabilité sociétale comme la responsabilité
d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et sur
l’environnement se traduisent par un comportement éthique et transparent qui :
− contribue au développement durable, y compris à la santé et au bien-être de la société ;
− prend en compte les attentes des parties prenantes ;
− respecte les lois en vigueur tout en étant en cohérence avec les normes internationales
de comportement ;
− est intégré dans l’ensemble de l’organisation et est mis en œuvre dans ses relations. »
En outre, la norme ISO 26000 préconise l’adoption de sept principes 1 pour une
gouvernance responsable. Le premier principe, « redevabilité de l’organisation à l’égard
de la société », consiste à :
1
Les sept principes sont : 1. redevabilité de l’organisation à l’égard de la société ; 2. transparence ;
3. comportement éthique ; 4. reconnaissance de l’intérêt des parties prenantes ; 5. respect de la légalité ;
6. respect des normes internationales de comportement ; 7. respect des droits de l’homme.
La redevabilité englobe également le fait d’assumer une pratique fautive, de prendre les
mesures appropriées pour y remédier et de mener les actions permettant d’éviter qu’elle
ne se reproduise.
1
https://impacttrack.org/fr/blog/impact-social-qu-est-ce-que-c-est/
2
Utopies (2022).
développement durable, aux côtés d’autres acteurs (citoyens, médias, etc.). Cependant,
si on constate une intégration croissante des ODD dans les reportings des entreprises, il
reste difficile d’articuler et de mesurer la contribution des entreprises à la feuille de route
nationale des ODD.
À l’international, des guides et des outils permettent aux entreprises de s’approprier les ODD.
Des outils comme le SDG Action Manager1 ou la GRI permettent à l’entreprise de mesurer la
mise en œuvre des ODD au sein de l’entreprise. La GRI et le UN Global Compact proposent
ainsi un guide2 qui offre un inventaire complet sur chaque objectif et cible des ODD, en
s’appuyant sur les normes et les cadres internationaux. L’entreprise peut également vouloir
mesurer son atteinte aux ODD hors de son propre cadre d’action. L’initiative SDG Impact du
Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) vise à mobiliser les capitaux
du secteur privé pour soutenir la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
SDG Impact met à disposition des entreprises et des investisseurs un standard3 et des outils
afin de les aider à intégrer la gestion de l’impact dans la prise de décision et optimiser leur
contribution globale aux ODD.
1
SDG Action Manager | UN Global Compact
2
https://www.globalreporting.org/media/arjfrabd/sdg_business_reporting_analysis_2022.pdf
3
https://sdgimpact.undp.org/practice-standards.html
Mesurer la contribution des ODD reste difficile. Comme le remarque Novethic, il ne s’agit
plus de seulement réduire ses impacts négatifs, comme c’est encore trop souvent le cas
dans une démarche de responsabilité sociétale, mais de voir comment son modèle
d’affaires contribue positivement à la durabilité de la planète. Et ce, dans le cadre
d’objectifs définis par des acteurs multiples et internationaux si possible, validés par la
science1. Or, « les indicateurs utilisés restent souvent spécifiques à l’entreprise et sont
donc peu comparables. Les entreprises ont également tendance à réutiliser ceux de la
mesure extra-financière (par exemple : déclaration de performance extra-financière) qui
restent pourtant insuffisants dans le cadre d’une mesure d’impact plus à même de mesurer
la contribution aux ODD ».
1
Article Novethic.
Le baromètre réalisé par Pacte mondial – Réseau France et PwC France et Maghreb
partage ce constat. Si les ODD sont mentionnés, ils font toutefois rarement l’objet d’une
analyse spécifique et ne sont pas pilotés à l’aide d’indicateurs dédiés : les entreprises
manquent d’outils d’évaluation. « Les entreprises déclarent avoir besoin des outils
spécifiques pour s’approprier encore mieux les ODD : outils d’évaluation d’impact de leurs
actions, outils de mise en œuvre et outils de reporting. En 2020, les besoins sur ces outils
étaient plus élevés et oscillaient entre 65 % et 70 %, ce qui permet de penser que les
entreprises sont en train de s’en équiper. »
Bien souvent, constate l’étude, les ODD servent avant tout la communication des
entreprises plus que la contribution réelle de l’entreprise à l’Agenda 2030. « 71 % des
répondants déclarent utiliser les ODD dans leur communication interne et/ou externe.
Seules 8 % des entreprises n’utilisant pas les ODD dans leur communication trouvent
qu’ils ne permettent pas de communication efficace. »
L’enjeu de l’intégration des ODD dans les stratégies RSE des entreprises reste donc de
taille, d’autant plus qu’aucun des objectifs n’a été atteint à l’échelle de la France, et que
plusieurs cibles sont dépassées.
1
https://impactntechscore.impactscore.fr/
2
https://cerise-spm.org/metodd-sdg/
3
Selon le Commissariat général du Plan (1997) : « Évaluer la performance globale d’une entreprise, c’est
considérer que sa performance économique sans prise en compte des externalités négatives de son activité
sur son environnement (social et écologique) ne constitue pas une "juste évaluation" de la performance. »
Les référentiels des labels RSE (par exemple : Afnor, les référentiels sectoriels, etc.)
fondés sur la norme ISO 26000 permettent également une appréhension globale des
impacts RSE des activités de l’entreprise.
1
Plateforme RSE (2019), RSE et performance globale : mesures et évaluations. État des lieux des pratiques,
Avis, novembre.
1
Audition de André Coupet, le 5 juillet 2022.
Le type d’indicateurs
La version 2021 des normes de la Global Reporting Initative (GRI), qui rentreront en
application à partir de 2023, « mettent l’emphase sur cette notion d’impact et de
matérialité2 ». Les nouvelles normes se concentrent sur les conséquences sur le monde
extérieur de l’activité de l’entreprise, allant au-delà de la seule mesure financière comme
indicateur de performance de l’entreprise. La mise en avant de l’impact par la GRI 2021
se traduit notamment par quatre apports majeurs de la révision :
− une nouvelle définition de la notion de matérialité. Les entreprises doivent désormais
consacrer leur reporting aux sujets considérés comme matériels, en ce qu’ils
« constituent leurs impacts le plus important sur l’économie, l’environnement et la
société, en incluant l’impact sur les droits humains » ;
− une plus grande intégration du dialogue avec les parties prenantes ;
− une approche globale de la notion d’impact, incluant les conséquences positives et
négatives de l’activité de l’entreprise ;
1
Plateforme RSE (2020), Empreinte biodiversité des entreprises, op. cit.
2 Audition de Peter Paul Van De Wijs, Chief External Affair Officer de la Global Reporting Initiative.
− une plus grande importance consacrée aux due diligences, les entreprises devant
analyser leur impact dans leurs relations avec leurs partenaires d’affaires, notamment
en conduisant de tels process1.
Les entreprises doivent ainsi entretenir un dialogue avec leurs parties prenantes afin de
déterminer la matérialité de leur activité et de développer un reporting traduisant au mieux
l’impact économique, environnemental et sociétal de leur activité.
Appréhender l’impact de manière globale, c’est également savoir rendre compte des
diverses relations de causalité entre décisions et conséquences. La causalité est centrale
dans la notion d’impact, qui s’entend comme la transformation, la conséquence, la
contribution d’une activité sur son environnement économique, social et environnemental.
Comprendre l’impact d’une entreprise, c’est donc être capable d’analyser la chaîne de
causalité entre ses activités et l’ensemble de leurs conséquences observées sur
l’environnement au sens large.
La causalité peut être directe ou indirecte. Elle est dite indirecte « si une condition a un
effet sur un facteur intermédiaire qui, à son tour, augmente la probabilité de développer
une deuxième condition2 ». La difficulté de mener des études d’impact globales réside en
l’identification de l’ensemble des conséquences par causalité directe et indirecte.
1
GRI Standards (2023), GRI 3: Material Topics 2021, janvier.
2
Guidelines on the management of comorbidity (comorbidityguidelines.org.au).
3
Schneider F. (2003), L’Écologiste, vol. 4, n° 3, octobre, p. 45 (édition française de The Ecologist, vol. 4,
n° 11).
cadre du développement durable, où, élargie à des paramètres autres que monétaires,
elle permet d’analyser les impacts de la consommation sur l’environnement et les
ressources1 ;
− l’effet « dominos ». Celui-ci se définit comme « un événement primaire ou initial d’un
scénario accidentel primaire qui initie et déclenche la séquence accidentelle de l’effet
domino » du fait de « l’effet de propagation qui suit l’événement initial principal, dû à
l’effet des vecteurs d’escalade causés par l’événement primaire 2 ». Il est
communément analysé par les ingénieurs dans le domaine chimique et industriel,
notamment pour analyser les risques d’accident en cascade, comme l’exigent les
directives SEVESO II et III. Intégrer cette notion à l’analyse de l’impact permettrait de
renforcer l’aspect systémique et global de la démarche d’analyse.
1
Schneider F. (2003), « Growth and rebound effect-Degrowth and debound effect », colloque des 26 et
27 septembre, Lyon.
2
Laurent A. (2019), Évaluations qualitative et quantitative des risques d’effet domino dans l’industrie, janvier.
Les études d’impact gagnent notamment en intérêt lorsqu’elles sont menées à l’échelle de
projets. Une approche globale de l’impact d’une entreprise nécessite donc la détermination
d’autant de périmètres d’études d’impact que ses différentes activités l’exigent. Si la mise
en place de méthodologies différenciées amène une certaine complexité, elle est
nécessaire au développement d’une approche globalisée robuste. Idéalement, les études
d’impact doivent permettre de présenter les enjeux de l’activité de l’entreprise de manière
systémique, en intégrant les trois piliers de la RSE. Une telle approche de l’impact rejoint
celle portée par la norme ISO 26000 à travers les sept questions centrales qu’elle définit
afin de développer une compréhension holistique de la responsabilité sociétale.
Tous les indicateurs ne jouissent pas de la même légitimité. Tout comme il est important
de déterminer le périmètre de mesure de l’impact afin de sélectionner des indicateurs
adéquats au projet ou à l’entreprise dont l’impact est mesuré, il est également important
de s’interroger sur la légitimation de l’indicateur. Effectivement, la mesure de l’impact a
vocation à être communiquée, en externe auprès des parties prenantes, ou en interne à
des fins de pilotage. La question de la légitimation dépendra donc du périmètre, de la
nature de l’impact mesuré ainsi que du contexte et de la visée de la mesure de l’impact.
Trois types de légitimité peuvent être identifiés :
Si les pratiques de mesure d’impact traduisent une tendance forte à s’appuyer sur une
légitimation experte, considérée comme plus objective et plus facilement communicable
du fait du recours à des pratiques de monétarisation, la légitimation procédurale et
citoyenne participe à développer une vision de l’impact comme contribution au bien
commun, reposant sur une concertation avec les parties prenantes2.
Par ailleurs, la pertinence des indicateurs de mesure d’impact est très dépendante de la
qualité des données qu’ils mobilisent. Si les informations doivent être traitées selon des
méthodologies adaptées au périmètre et à la nature de l’impact dont la mesure est
recherchée, leur collecte est également importante. Les indicateurs d’impact peuvent
mobiliser des données dont dispose déjà l’entreprise par ailleurs. On parle alors de
données primaires, en opposition aux données secondaires qu’il conviendra de collecter
spécifiquement pour les besoins d’un indicateur d’impact. Les données primaires ont
l’avantage de ne pas engendrer de coût supplémentaire à l’entreprise, mais peuvent se
révéler inadaptées aux méthodologies et indicateurs d’impact, contrairement aux données
secondaires récoltées pour l’occasion, qui s’avéreront en revanche plus coûteuses 3. De
plus, les données peuvent être mobilisées dans le cadre de plus ou moins de méthodes
ou d’indicateurs et leur qualité ne peut être appréciée de manière absolue. Effectivement,
« une donnée pourra être d’une qualité suffisante pour un usage, mais être tout à fait
1
Jany-Catrice, F. (2016), « La mesure du bien-être territorial. Travailler sur ou avec les territoires ? », Revue
de l'OFCE, vol. 145, n° 1, p. 63-90.
2
L’Huillier H. (2017), L’impact de projets locaux de RSE sur le développement humain durable. Applications
à des projets menés par des multinationales au Nigeria et au Mexique.
3
Ibid.
bloquante pour un autre1 ». Enfin, les démarches de mesure de l’impact supposent une
approche globale et il n’est pas nécessairement possible de pouvoir collecter les données
tout au long de la chaîne de création de valeur, surtout lorsque celle-ci passe par plusieurs
niveaux de sous-traitance.
La nature des données collectées est également importante. On constate une forte
tendance à privilégier les indicateurs quantitatifs, reposant sur des données quantitatives
dont la collecte peut être plus aisée à systématiser et à traiter. Cependant, les données
qualitatives, plus difficiles à extraire et à analyser, peuvent également présenter un grand
intérêt dans la mesure de l’impact. Des approches mixtes sont préconisées afin d’éclairer
« les données recueillies en offrant une compréhension qualitative des processus de
changement et des rapports de force qui ponctuent la mise en œuvre pratique et locale de
la RSE2 ».
La notion d’accountability est primordiale dans la mesure de l’impact, tout comme dans les
démarches de reporting financières et extra-financières, et présuppose que les
informations soient fiables, comparables et auditées selon un principe de neutralité 3. Les
OTI jouent un rôle fondamental pour attester de la qualité de la démarche de mesure et
donc de la fiabilité des données qu’elle mobilise. Un OTI est un organisme tiers
indépendant chargé d’évaluer et d’attester la conformité d’un produit (bien ou service), d’un
processus, d’une organisation à un référentiel de manière objective, impartiale et
indépendante. Il a trois missions principales : le testing (les essais en laboratoire),
l’inspection (le contrôle in situ), et la certification. Cette triple exigence de compétence,
d’indépendance et d’impartialité contribue à la confiance entre les acteurs économiques.
La loi exige notamment le contrôle d’un OTI pour l’obtention de la qualité de société à
mission4.
Toute méthodologie d’évaluation doit être pensée pour pouvoir être adaptée aux plus
petites entreprises et être déclinée en fonction du secteur. En effet, l’enjeu est d’adosser
la notion d’impact et son évaluation à des normes et pratiques sectorielles pour être
1
Levy M. (2021), « La gouvernance, c’est la maîtrise et l’exploitabilité des données », chapitre 9, Sortez vos
données du frigo. Une entreprise performante avec la Data et l’iA, sous la direction de Lévy M., Dunod, « Hors
collection », p. 119-133.
2
Article L210-10 du code de commerce.
3
Frimousse S. et Peretti J.-M. (2020), « Impact social positif et création de valeur », Question(s) de
management, n° 27, p. 91-130, article de Pesqueux Y., « Un premier signal de la place faite à l’impact social
dans la création de valeur de l’entreprise : la modification des enjeux et du contenu du reporting extra-
financier ».
4
Plateforme RSE (2021), Labels RSE. Propositions pour des labels RSE sectoriels destinés aux TPE, PME
et ETI, Avis, février.
pertinente et comprise. Si l’on peut s’entendre sur de grands sujets à impacts (par
exemple : référentiel ODD, questions centrales de l’ISO 26000) par nature, l’impact est à
géométrie variable.
La mesure d’impact peut poser un certain nombre de difficultés aux PME et TPE. Elle
suppose tout d’abord le recueil d’un certain niveau de données, et donc la mise en place
d’outils et de ressources humaines dédiés à cette collecte. Il convient ensuite de trouver
une méthodologie adaptée à l’activité et à l’organisation de l’entreprise. Les méthodes de
mesure d’impact sont aujourd’hui plutôt destinées à des entreprises de grande envergure,
du fait des moyens de mise en œuvre qu’elles nécessitent ainsi que par leur prisme
d’analyse.
Mais la mesure d’impact par les PME et TPE présente un intérêt tout particulier, afin de
permettre une intégration poussée des volets environnementaux, sociétaux et
économiques au cœur de la stratégie des entreprises. Elles sont effectivement des
acteurs territoriaux clés de la transition vers une économie tendanciellement plus
durable. La mesure d’impact peut contribuer au développement de l’engagement RSE
des PME et TPE. Outil de pilotage interne et de communication envers ses parties
prenantes, elle permet à l’entreprise d’asseoir sa démarche de création de valeur de
marque sur le territoire.
Ainsi, les PME et TPE peuvent se saisir d’outils existants dans la mesure du possible selon
leur taille, leur activité et leur organisation. Les fédérations d’entreprises ainsi que les
labels sectoriels peuvent être des vecteurs intéressants permettant de rapprocher les
entreprises de la mesure de l’impact et d’ancrer leur démarche RSE au cœur de leur
stratégie.
1
Audition de Bruno Duval, président directeur général de Savco.
Source : Petites et moyennes entreprises : comment vous différencier grâce aux objectifs de
développement durable1
1 https://fr.calameo.com/cfecgc/read/0036645663f8a724b99c5.
3.4. La monétarisation
Mettre en place des méthodologies de monétarisation de l’impact des produits permet par
exemple de rendre compte de l’impact de produits d’industries différentes, favorisant la
transparence, la comparabilité et l’évaluation de l’impact des produits. De plus, une telle
méthodologie apporte une certaine nuance dans la mesure de l’impact des produits, et
permet d’éviter de considérer certaines catégories de produits comme engendrant de
manière univoque un impact négatif ou positif. Pour prendre en compte la complexité de
la notion d’impact d’un produit, une telle méthodologie doit intégrer la portée du produit,
son accessibilité, sa qualité, les émissions liées à son utilisation et sa recyclabilité 1.
1
Serafeim G. et Trinh K. (2020), A framework for Product Impact-Weighted Accounts, Working Paper, Harvard
Business School.
2
Domergue M. (2016), Donner une valeur monétaire à l’environnement, une aide pour la décision publique ?
Le cas de la gestion des déchets et du solaire photovoltaïque à Paris, Cired, novembre.
3
Dupuy L. et Horiot M. (2022), Rapportage et comptabilité extra-financiers : quelle maturité des méthodes
pour quels usages possibles ? Méthodes et outils de prise en compte des externalités environnementales et
sociales dans les Modèles d’Affaires Soutenables – État de l’art et retours d’expériences, Apesa, janvier.
− de plaidoyer auprès des parties prenantes, les valeurs monétaires permettant une
communication facile de l’importance d’un impact, notamment auprès d’interlocuteurs
financiers ;
− d’outil de prise de décision, les valeurs monétaires des impacts permettant de juger de
l’opportunité de certains investissements et projets ;
− d’élargissement de la notion de création de valeur, en utilisant une même unité pour
évoquer les flux financiers et les flux non financiers et donc pouvoir traiter de la même
manière ces types d’information.
Il existe une diversité de méthodes à la détermination monétaire de l’impact, dont on
distingue quatre catégories1 :
− les méthodes reposant sur les préférences observées : le prix retenu est celui observé
sur les marchés organisés ou dans les contrats de gré à gré ;
− les méthodes reposant sur les préférences révélées : en l’absence de préférence
directement observable, le prix peut être déterminé après ajustement d’une valeur
similaire, comparable ou liée ;
− les méthodes reposant sur les préférences déclarées : en l’absence de situations
d’échange ou d’usage connues, le prix est déterminé par interrogation des parties
prenantes ou par une expérience de choix contrôlé ;
− les méthodes reposant sur les coûts d’opportunité et/ou de restauration : en l’absence
de situation de préférence, d’échange et d’appréhension de la valeur par les parties
prenantes, le prix est déterminé à partir du coût de maintien en l’état de la source de la
valeur en question, ou par le coût des éléments auxquels il faudrait renoncer pour
conserver celle-ci.
La monétarisation des impacts fait écho à la notion de coûts sociétaux, développée durant les
Trente Glorieuses par l’économiste allemand Karl William Kapp, qui les définit comme
« l’ensemble des pertes et dépenses, directes et indirectes, présentes et futures, qui sont
supportées par des tiers ou par la collectivité dans son ensemble du fait des impacts
sociaux, sanitaires et environnementaux des modes de production et de consommation ».
Contrairement à la notion d’externalité économique, les coûts sociétaux ne sont pas des
défaillances ponctuelles mais sont inhérents au système économique. Les coûts sociétaux
peuvent être un indicateur de la durabilité d’un modèle ou d’un produit et participer à
améliorer la transparence des informations relatives aux impacts des activités
économiques2.
1
Ibid.
2
Kapp K. W. (2015), Les coûts sociaux de l’entreprise privée, Les Petits Matins / Institut Veblen, octobre.
1
https://www.apesa.fr/evaluation-et-monetarisation-des-impacts/
La monétarisation des impacts fait écho à la notion de coûts sociétaux, développée durant les
Trente Glorieuses par l’économiste allemand Karl William Kapp, qui les définit comme
« l’ensemble des pertes et dépenses, directes et indirectes, présentes et futures, qui sont
supportées par des tiers ou par la collectivité dans son ensemble du fait des impacts sociaux,
sanitaires et environnementaux des modes de production et de consommation ».
Contrairement à la notion d’externalité économique, les coûts sociétaux ne sont pas des
défaillances ponctuelles mais sont inhérents au système économique. Les coûts sociétaux
peuvent être un indicateur de la durabilité d’un modèle ou d’un produit et participer à améliorer
la transparence des informations relatives aux impacts des activités économiques1.
Du point de vue de la réalité des impacts, la monétarisation ne vaut que si elle repose sur
des mesures effectives des effets de l’activité sur la société et sur le monde biophysique.
Elle est ainsi critiquée tant sur l’aspect philosophique que sur l’aspect méthodologique. En
effet, l’attribution d’un prix à une ressource, son extraction et son utilisation, peut être
qualifiée comme étant une dénaturation de la ressource. De même, les méthodes de
monétisation sont fondées sur des conventions dont les bases peuvent être discutées. Le
prix du carbone en est un exemple. Ce prix est fixé artificiellement et pourrait être
complètement différent.
1
Kapp K. W. (2015), Les coûts sociaux de l’entreprise privée, Les Petits Matins / Institut Veblen, octobre.
2
Audition d’Eve Ciapello.
Eve Ciapello soutient que la production de mesures financières d’impacts non financiers
n’est finalement utile que si elles servent à générer des conséquences monétaires, comme
par exemple la mise en place d’une taxe, d’une réduction des profits distribuables ou de la
vente d’impacts. Sans cela, l’exercice de monétarisation est trop aléatoire et se vide de
son sens. Cette réflexion sur la portée limitée de la monétarisation rejoint la position
développée par Alain Supiot au sujet de la gouvernance par les nombres. Celle-ci éloigne
pour lui l’agent de l’action, en incitant à la satisfaction des indicateurs indépendamment de
l’amélioration réelle du service ou du produit, provoquant une confusion entre la logique
d’action et la logique d’évaluation1.
1Gouvernance, quantification et droit. À propos d’Alain Supiot (2015), La gouvernance par les nombres.
Cours au Collège de France (2012-2014), Paris, Fayard, 512 p.
2
Alliot C. (2016), « Face aux limites des externalités : les coûts sociétaux », Institut Veblen, avril.
3
France Stratégie (2020), « Quelle comptabilité pour un après soutenable – ou comment mesurer ce qui
compte vraiment ? », Séminaire « Soutenabilités », juin.
4
Ibid.
Dans le cadre des objectifs définis par les ODD et l’Accord de Paris, les entreprises doivent
repenser le rôle qu’elles jouent ainsi que leur modèle de fonctionnement afin de répondre
aux enjeux de l’urgence sociale et climatique. La majorité des Français exprime
effectivement qu’il est nécessaire qu’elles endossent leur responsabilité quant à leurs
impacts afin d’assurer la pérennité de leur modèle économique, et attendent notamment
qu’elles poursuivent par leur activité l’intérêt général. L’exigence de résilience, portée par
les parties prenantes, vient s’ajouter à la traditionnelle attente de la rentabilité 1.
Patrick d’Humières2 soutient que la réelle durabilité d’une entreprise s’inscrit dans sa
contribution à la durabilité de son environnement naturel et social, la croissance de
l’entreprise devant permettre notamment la progression de sa performance sociale par
rapport à sa performance économique.
1
Mazars (2021), Livre blanc. Construire la sortie de crise : quelles sont les attentes des Français vis-à-vis de
l’entreprise ?, juin.
2
D’Humières P. (2021), « La durabilité de nos entreprises à l’horizon 2030 ne va pas de soi »,
Sociétal, 17 juin.
interne à des fins de pilotage ou de dialogue avec les parties prenantes. Il est nécessaire
d’aller au-delà de la simple mesure de la réalité des engagements RSE de l’entreprise en
appréciant la durabilité finale du modèle d’affaires et l’impact de l’entreprise dans une
approche globale de sa performance. Pour le moment, les entreprises ont tendance à
présenter leur performance économique à côté de leur performance sociétale plus qu’à
présenter leur performance globale1. De cette manière, l’impact s’inscrit dans une
responsabilisation des entreprises quant à leur rôle sociétal et environnemental.
À titre d’exemple, EDF interroge son propre impact en mesurant son action au prisme de
sa raison d’être et des enjeux qu’elle soulève : neutralité carbone et climat, préservation
des ressources naturelles, bien-être et solidarité, développement responsable. Chacun de
ces enjeux est introduit par un dialogue sous-tendu par les principes d’analyse de l’impact
proposés par les Nations unies. Les parties prenantes d’EDF, de toutes natures, y
partagent leur vision des apports de l’entreprise à la transition qui doit s’opérer dans le
monde. Cette dernière présente ensuite ses engagements, qui structurent ses
programmes d’action. Enfin, ce rapport décrit les impacts, positifs et négatifs, des activités
et des actions de l’entreprise (4), en s’inspirant des lignes directrices de l’Impact
Management Project (IMP).
L’ancrage de l’impact au cœur de la stratégie de l’entreprise doit être porté au plus haut
niveau par des pratiques de gouvernance appropriées. Les actionnaires des sociétés
anonymes ont adopté certaines stratégies ces dernières années pour faire entendre leurs
attentes quant à la responsabilité des entreprises au regard de leur impact
environnemental et sociétal.
1
Audition de Patrick d’Humières.
des activités des sociétés par les organes de direction. Ces dernières années s’est
développée la pratique du Say on climate, consacrant un nouvel outil de contrôle
spécifiquement consacré à l’impact environnemental de l’entreprise. Par l’adoption d’une
résolution, les actionnaires sont invités à exprimer leur accord sur la politique de
l’entreprise, notamment au regard de ses performances environnementales. Si ce vote est
uniquement consultatif, il permet cependant aux actionnaires de faire craindre un risque
réputationnel à l’entreprise dont la stratégie serait massivement dénoncée. Ce nouvel
instrument de contrôle implique donc une exposition annuelle de la stratégie de
l’entreprise, et permet à tous les actionnaires, quel que soit leur poids, de pouvoir
responsabiliser les organes de direction. En 2022, neuf sociétés du SBF120 ont ainsi mis
en place de telles résolutions climatiques1.
Cette montée en puissance du pouvoir des actionnaires traduit l’attente croissante des
parties prenantes face à la place de l’entreprise. Celle-ci doit endosser un rôle citoyen et
devenir un lieu de démocratie sociétal, en prenant la responsabilité de ses impacts et en
les ancrant au cœur de sa stratégie. Les organes de direction sont particulièrement
concernés par ces nouvelles attentes, car ils portent la stratégie de l’entreprise et ont seuls
le pouvoir de véhiculer une réelle prise en compte de l’impact au cœur du modèle
d’affaires. Les salariés du secteur privé expriment effectivement nettement que les acteurs
les plus en mesure de porter la transformation de leur entreprise sont les dirigeants 2.
À titre d’exemple, pour Veolia, les sujets de raison d’être et d’impact sont avant tout un
sujet de gouvernance et d’intention qui doit être conduit au plus haut niveau de l’entreprise.
Tout un ensemble de comités et conseils en charge de ces questions a été mis en place.
1
Bauchet C. (2022), Say on Climate, Mémoire de recherche, HEC Paris, Université Paris 1 Panthéon-
Sorbonne.
2
Sondage IFOP, Les attentes vis-à-vis des entreprises et de l’État – enquête Medef, 2021.
3
Article 235-25 du code de commerce.
1
Mathieu M. et Bellini B. (2020), La nécessité de nouveaux outils de management afin d’assurer une reprise
post-covid cohérente : la méthode SeMa, Chaire Positive Business de l’université Paris Nanterre.
2
Avise (2020), La méthode CARE – TDL, un modèle comptable pour préserver les capitaux humains et
naturels, mars – mis à jour avril 2022.
3
Jourdaine M., Loubet P., Sonnemann G. et Trébucq S. (2021), The ABC‐LCA method for the integration of
activity‐based costing and life cycle assessment, Business Strategy and the Environment, 30(4), p. 1735-
1750, janvier.
La notion d’impact permet donc de nourrir la démarche RSE des entreprises dans une
optique de responsabilité toujours plus élevée. Si cette démarche peut être perçue comme
une obligation de moyens, la notion d’entreprise à impact tend toutefois vers une obligation
de résultat. L’impact permet donc une meilleure mise en action de la démarche RSE, en
mettant en cause la place de l’entreprise dans son environnement naturel et social au cœur
même de son activité1 et en apportant un élément de preuve que la responsabilité est bien
assumée – or c’est une demande croissante des parties prenantes.
Mais peut-on et doit-on tout mesurer ? On aime citer l’adage selon lequel « on ne
pilote/gère que ce que l’on mesure ». Or, on constate que tous les impacts ne sont pas,
ou difficilement, quantifiables. Cet inconvénient ne doit pas empêcher les entreprises
d’entreprendre les actions nécessaires pour réduire et améliorer leur impact. Enfin, il
convient de souligner que la notion d’impact ne saurait être préemptée par un certain type
d’acteurs économiques et qu’elle vise à être intégrée au cœur des stratégies et des
démarches RSE de l’ensemble des entreprises, afin de permettre le développement de
modèles d’affaires durables.
1
Sobczak A. et Guihéneuf A.-L. (2021), RSE, société à mission, raison d’être et impact positif : clarifions les
termes !, Nantes Métropole, octobre.
(3) de s’intéresser aux impacts des activités de l’entreprise, tout au long de sa chaîne de
valeur – impacts sur les sites et impacts liés aux biens et services sur l’ensemble de leur
cycle de vie ;
(4) d’identifier leur contribution aux ODD et à leurs cibles, et notamment d’ancrer leur action
dans la feuille de route de la France pour l’Agenda 2030.
1
« Effet qu’une entreprise a ou peut avoir sur l’économie, l’environnement et les populations, incluant
notamment leur effet sur les droits humains, comme résultat des activités ou des relations d’affaires de
l’entreprise. Les impacts peuvent être avérés ou potentiels, négatifs ou positifs, à long ou court terme,
intentionnels ou non, réversibles ou irréversibles. La notion d’impact vise la contribution de l’entreprise,
négative ou positive, au développement durable. »
(5) de développer des indicateurs de résultat s’inscrivant dans une logique de trajectoire
cohérente avec les engagements nationaux et internationaux, et non pas seulement dans
une logique de moyens, afin de rendre compte de l’impact de manière évolutive et non
statique ;
(6) de faire auditer les données par un organisme tiers indépendant, en s’assurant que les
méthodologies de mesure d’impacts soient adaptables aux PME et TPE. Toute
méthodologie doit être pensée pour pouvoir être adaptée aux plus petites entreprises et
être déclinée en fonction du secteur.
(10) de porter une politique ambitieuse en faveur d’un modèle d’entreprise responsable
s’appuyant sur l’expertise de la Plateforme RSE1 et sur un bilan approfondissant et
détaillant les modalités d’application de la loi Pacte, en particulier de l’article 1833
concernant la prise en considération des enjeux sociaux et environnementaux de l’activité
d’une entreprise.
1
Voir les travaux référencés en Annexe 3.
Les membres de la Plateforme RSE dont les noms suivent ont pris part aux travaux du
présent avis.
Le groupe de travail a mené treize auditions, de juin à octobre 2022. Il a rencontré des
experts économiques et juridiques, académiques, des représentants d’institutions et
d’associations qu’il remercie pour leur disponibilité et leur contribution à ses travaux.
De plus, le secrétariat permanent de la Plateforme RSE remercie celles et ceux qui ont
accepté de partager leurs analyses et leurs expériences dans le cadre de la préparation
de ces travaux, notamment Mme Amélie COLLE (Vertigo Lab), M. Louis DUPUY (Apesa),
M. Sylvain HUMILIÈRE (La Société Nouvelle), Mme Axelle RICOUR-DUMAS
(Fabernovel).
Rapports publics
CDC Biodiversité (2019), Le Global Biodiversity Score : un outil pour construire, mesurer
et accompagner les engagements des entreprises et des institutions financières en faveur
de la biodiversité – Mise à jour technique, mars.
Commission européenne (2021), Communiqué de presse présentant le projet Fit for 55, juillet.
Haut Conseil pour le climat (2020), Maîtriser l’empreinte carbone de la France, octobre.
Plateforme RSE (2016), Contribution pour le Plan national d’actions prioritaires pour le
développement de la RSE, France Stratégie.
Plateforme RSE (2019), RSE et performance globale : mesures et évaluations. État des
lieux des pratiques, France Stratégie, novembre.
Plateforme RSE (2020), Empreinte biodiversité des entreprises, France Stratégie, janvier.
Plateforme RSE (2021), Labels RSE. Propositions pour des labels RSE sectoriels destinés
aux TPE, PME et ETI, France Stratégie, février.
Documents juridiques
GRI, United Nations Global Compact, An analysis of the goals and targets 2022.
Pacte mondial Réseau France, Les Dix Principes du Pacte mondial des Nations unies.
Pacte mondial Réseau France, La Communication sur le progrès, un outil de dialogue avec
ses parties prenantes.
Pacte mondial Réseau France (2022), Résultats du baromètre ODD 2021, janvier.
PNUE (2020), Guidelines for Social Life Cycle Assessment of Products and Organisations.
PNUE (2021), Methodological Sheets for Subcategories in Social Life Cycle Assessment
(S-LCA).
Publications académiques
Alliot C. (2016), « Face aux limites des externalités : les coûts sociétaux », Institut Veblen, avril.
Domergue M. (2016), « Donner une valeur monétaire à l’environnement, une aide pour la
décision publique ? », Cired, novembre.
Falque A., Feschet P., Garrabe M., Gillet C., Lagarde V., Loeillet D. et Macombe C. (2013),
ACV sociales : effets socio-économiques des chaînes de valeurs.
Kapp K. W. (2015), Les coûts sociétaux de l’entreprise privée, Les petits Matins/Institut Veblen.
Laurent A. (2019), Évaluations qualitative et quantitative des risques d’effet domino dans
l’industrie.
Sobczak A. et Guiheneuf A.-L. (2021), Sociétés à mission, raison d’être et impact positif :
clarifions les termes, Nantes Métropole.
Avise, Essec Business School (2021), Petit précis de l’évaluation de l’impact social.
Avise (2022), La méthode CARE – TDL, un modèle comptable pour préserver les capitaux
humains et naturels.
CFE-CGC (2019), Petites et moyennes entreprises : comment vous différencier grâce aux
Objectifs de développement durable.
Communauté des entreprises à mission (2022), Vers une vérification OTI contribuant au
progrès de la société à mission, guide méthodologique de vérification des sociétés à
mission par les organismes tiers indépendants.
France Invest, FIR (2021), Investissement à impact, une définition exigeante pour le coté
et le non-coté.
IFA (2021), Baromètre IFA, Ethics and Boards des conseils. Vers une gouvernance
responsable et durable.
Impact Tank, Essec Business School (2021), Panorama de l’évaluation d’impact social en
France.
Mazars (2021), Livre blanc, Construire la sortie de crise : quelles sont les attentes des
Français vis-à-vis de l’entreprise ?
Sami (2022), Qu’est-ce que la comptabilité carbone : tout ce qu’il faut savoir, octobre.
Articles de presse
Équivalents français des social impact bonds britanniques, les contrats à impact social (CIS)
sont une modalité particulière de financement public-privé par laquelle un investisseur privé
finance un projet social porté par une structure de l’ESS. Il supporte donc le risque du projet,
et sera remboursé en cas de succès du programme par la puissance publique.
S’il est préconisé d’avoir recours à des indicateurs d’impact, qui sont les plus à même de
permettre de rendre compte de la portée d’un projet, ils sont cependant plus durs à mettre
en place et il faut parfois leur préférer des indicateurs de résultat. Bien que plus limités, ils
sont plus évidents à collecter et permettent donc une meilleure organisation de la
conditionnalité du remboursement. Dans le cadre d’un programme de lutte contre la
récidive des sortants de prison mis en œuvre au Royaume-Uni, le remboursement du
financement par le ministère de la Justice a été conditionné par un indicateur unique : la
fréquence de nouvelles condamnations résultant d’infractions commises dans les douze
mois qui suivent la sortie de prison1.
1
Avise (2017), Étude de cas – Évaluation de l’impact social. Social Impact Bond Méthode propensity score
matching, Les études de cas de l’Avise, janvier.
Ce type de contrat met donc en relation une pluralité d’acteurs, réunis autour du
financement, du suivi et de la réalisation du projet au cœur du contrat à impact. L’opérateur
à impact mène son projet, d’abord financé par des investisseurs privés et suivi par des
tiers vérificateurs. À l’issue de la vérification, et selon l’atteinte des performances prévues
contractuellement, la collectivité publique procédera alors au remboursement des
investisseurs privés.
1
Haut-Commissariat à l’Économie sociale et solidaire et à l’Innovation sociale (2019), Pour un développement
du contrat à impact social au service des politiques publiques, Ministère de la Transition écologique et
solidaire, juin.
Les contrats à impact social ont été lancés en France en 2016 et ont fait l’objet d’un premier
appel à projets général, qui a conduit à la conclusion de six contrats. Ont suivi des appels
à projets ciblés, autour des thèmes de l’économie circulaire (huit projets pour un montant
de 27,3 millions d’euros), de l’égalité des chances économiques (quatre projets pour un
montant de 12,3 millions d’euros) et de l’innovation pour l’accès à l’emploi (neuf projets
pour un montant de 13 millions d’euros).
Si ce type de financement n’est évidemment pas adapté à tout type de projet et ne vise
pas à se substituer au financement public des politiques sociales, il est en revanche un
levier supplémentaire particulièrement pertinent pour les programmes dont « l’efficacité est
prouvée mais présentant un aléa réel » et dont « l’impact est mesurable de manière
quantifiable, consensuelle entre les parties prenantes et à un coût faible1 ». Ce mécanisme
permet d’accompagner des projets innovants au moment de leur changement d’échelle,
étape cruciale durant laquelle la pérennité de l’activité peut se voir affectée par des
financements insuffisants.
1
Ibid.
1. Définitions de l’impact
CSDD : directive sur le devoir de vigilance européen, dont une proposition a été soumise
au Parlement européen le 1er décembre 2022.
DMA : le règlement Digital Markets Act du 14 septembre 2022 vise à lutter contre les
pratiques anticoncurrentielles des géants d’internet et à corriger les déséquilibres de leur
domination sur le marché numérique européen.
DSA : le règlement européen Digital Services Act du 19 octobre 2022 fixe un ensemble de
règles pour responsabiliser les plateformes numériques et lutter contre la diffusion de
contenus illicites ou préjudiciables ou de produits illégaux : attaques racistes, images
pédopornographiques, désinformation, vente de drogues ou de contrefaçons, etc.
SBTI : initiative issue d’un partenariat entre le CDP, le Pacte mondial des Nations unies, le
World Resource Institute et WWF, elle vise à accompagner les entreprises dans leur transition
vers une économie bas carbone, en leur proposant notamment une assistance technique, une
évaluation et une validation de leurs objectifs conformément aux données scientifiques.
ESG : sigle international utilisé pour désigner les critères environnementaux, sociaux et de
gouvernance, correspondant aux trois piliers de l’analyse extra-financière et s’inscrivant
dans l’idéal de gestion responsable de l’entreprise.
Résultat : changement produit immédiatement par une action. Cette notion est donc plus
restrictive que celle d’impact en ce qu’elle ne prend pas en compte les conséquences
indirectes d’une action. Ainsi, les résultats d’une action constituent pour partie son impact,
mais n’y correspondent pas entièrement en ce que l’impact intègre l’ensemble des
conséquences de l’action.
1
Babeau O. (2015), « Thème n˚4. La performance globale de l’entreprise (autre que financière) », @GRH,
vol. 17, n° 4, p. 95-96.
Selon les principes directeurs des Nations unies pour les entreprises et les droits de
l’homme : « … l’atténuation et, le cas échéant, la réparation d’éventuels impacts négatifs sur
les populations et l’environnement. » Afin de prévenir et d’atténuer les incidences négatives,
les entreprises « devraient tenir compte des résultats de leurs études d’impact pour toute
l’étendue des fonctions et processus internes pertinents et prendre les mesures qui
s’imposent. Le processus décisionnel interne, les allocations budgétaires et les processus de
contrôle permettent de prendre des mesures efficaces contre ces incidences ».
Guide OCDE sur la diligence raisonnable, section II, 2.4 et question 3 : « À partir des
informations obtenues sur les impacts négatifs réels et potentiels de l’entreprise, classer
si nécessaire les risques d’impacts négatifs sur les enjeux CRE par ordre de priorité, et
définir les mesures à prendre en fonction de la gravité et de la probabilité de ces derniers.
Ce classement par ordre de priorité sera pertinent dans l’éventualité où il s’avèrerait
impossible de traiter tous les impacts négatifs réels ou potentiels immédiatement. »
« Pour classer ses actions par priorité, le facteur le plus important est le caractère plus ou
moins significatif du dommage réel ou potentiel. Cependant, étant donné que les
entreprises peuvent être exposées à plusieurs risques d’impacts négatifs aussi significatifs
les uns que les autres, l’imminence du dommage peut aussi être prise en compte en
second lieu. »
Installée par le Premier ministre au sein de France Stratégie en 2013, la Plateforme RSE,
plateforme nationale d’actions globales pour la responsabilité sociétale des entreprises,
regroupe les administrations compétentes, les organisations représentant les entreprises
et le monde économique, les organisations syndicales de salariés, des représentants de
la société civile et de la recherche, et comprend parmi ses membres un député et un
sénateur.
Elle émet des avis sur les questions qui lui sont soumises et formule des recommandations
sur les questions sociales, environnementales et de gouver-nance soulevées par la
responsabilité sociétale des entreprises (article 60 de la loi n° 2005-882 du 2 août 2005 ;
article 5 du décret n° 2013-333 du 22 avril 2013).
Les travaux de la Plateforme RSE sont le reflet des enjeux de la société en matière
environnementale, sociale et économique, et de sa capacité à identifier et se saisir des
alertes qui traversent la société. Les thématiques abordées sont, d’une part, des
thématiques RSE transverses liées à la pratique de la RSE telles que le reporting extra-
financier, les enjeux de gouvernance, les objectifs de développement durable, la
compétitivité des TPE-PME, les relations entre donneurs d’ordres et sous-traitants, etc.,
et, d’autre part, des thématiques plus spécifiques en lien avec les enjeux
environnementaux, sociaux et sociétaux.
www.strategie.gouv.fr/plateforme-rse
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propositions. Elle anime le débat public et éclaire les choix collectifs sur les enjeux sociaux, économiques et environnementaux.
Elle produit également des évaluations de politiques publiques à la demande du gouvernement. Les résultats de ses travaux
s’adressent aux pouvoirs publics, à la société civile et aux citoyens.
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