Analyse
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Analyse
D. Schaub
Département de Mathématiques
Université d’Angers
2, bd Lavoisier
49045 Angers Cédex, France.
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Chapitre 1
Suites
1.1 Introduction
Etant donné un ensemble E, on peut considérer une partie finie de E ; par exemple, on peut
prendre un ensemble de 55 éléments de E ; on les désignera alors par le premier, le deuxième,
etc, jusqu’au 55ième (même si l’ordre choisi peut être arbitraire) et si on note par x un élément
quelconque de E, on voudra les désigner par x1 , x2 , . . . , x54 , x55 ; on peut voir cela comme l’ap-
plication f : {1, 2, 3, . . . , 54, 55} → E définie par, pour tout i = 1, . . . , 55, f (i) = xi .
Si maintenant on a envie de prendre une infinité d’éléments de E, mais qu’on veuille
quand même pouvoir les numéroter, càd. qu’on aura un premier élément, un deuxième,. . . , un
dixième, . . . , un centième, etc., qu’on écrira, par exemple, x1 , x2 , . . . , xn , . . ., cela définit une
application u : N → E par u(i) = xi pour tout i ∈ N. On parlera alors de la suite u ou de la
suite (x1 , x2 , . . . , xn , . . .), qu’on écrira plus succinctement (xn )n∈N .
Nous nous intéresserons essentiellement cette année au cas où E = R (ou encore, exceptionnel-
lement, C).
Notations On remarquera que nous avons noté (xn )n∈N la suite ci-dessus, mais, plus com-
modément, on désignera par la même lettre que l’application elle-même, autrement dit, on
notera (un )n∈N .
Mais, cela se fait au prix d’une confusion possible qu’il faut éviter : il ne faut pas confondre
l’ensemble des valeurs de la suite : {un ; n ∈ N} avec la suite (càd. l’application !) (un )n∈N .
Exemple : soit la suite de réels (un ) définie par un = (−1)n pour tout n ∈ N. Alors l’ensemble
des valeurs est {−1, 1}, alors que la suite s’écrira ((−1)n )n∈N .
Premiers exemples :
i. Suite constante : soit a ∈ R, (on abandonne tout de suite le cas général d’un ensemble
E, même si, en l’occurence, nous n’aurions aucun problème à définir une suite constante dans
ce cas général). La suite constante de valeur a est la suite définie par : un = a, ∀n ∈ N. Un cas
particulier est celui de la suite nulle (qu’on notera 0 ! ! attention aux confusions) lorsque a = 0.
ii. Suite arithmétique : soit r ∈ R un nombre réel. La suite arithmétique de premier terme
u0 et de raison r est définie par ∀n ∈ N, un+1 = un + r. On a alors, un = u0 + nr et la somme
P n+1
0≤p≤n up = 2 (u0 + un ).
n(n+1)
Par exemple, on peut prendre r = 1 et u0 = 0, on constate alors que Sn = 1+2+· · ·+n = 2 .
3
4 CHAPITRE 1. SUITES
iii. Suites géométriques. La suite (un )n∈N définie par un+1 = aun et de premier terme u0
est dite suite géométrique de raison a. Le terme général de cette suite est alors un = an u0 . La
1 − an+1
somme Sn = u0 + u1 + · · · + un = u0 (1 + a + a2 + · · · + an ) = u0 ( pourquoi ?).
1−a
iv. Suites arithmético-geométriques. Une combinaison des deux cas précédents donne une
suite arithmético-géométrique ; c’est donc une suite définie par un+1 = aun + b, a, b étant deux
nombres réels (ou complexes) fixés.
1 − an
Dans ce cas, par un rapide calcul, on constate que un = an u0 + b . Mais on peut
1−a
aussi se ramener au cas des suites géométriques en posant vn = un + c et en cherchant c tel que
b
vn+1 = avn . On trouve immédiatement que c doit être .
1−a
1 − an
De l’une ou l’autre façon, on peut alors exprimer un : un = an u0 + b . A partir de
1−a
là, on peut aussi calculer Sn en fonction de n, u0 , a, b (exercice).
v. Une suite qui apparaı̂t dans la nature, est la suite de Fibonacci, dont les premiers termes
sont 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, ... Elle est défine par une formule de récurrence à deux termes,
un+2 = un+1 + un avec u0 = 0, u1 = 1.
En fait, cette suite décrit la croissance d’une population de lapins par exemple. On enferme
un couple de lapins dans un enclos. Le premier mois de leur vie, il n’ont pas d’enfants. Tous les
mois suivants, ils enfantent un couple de lapins. Chaque couple né agit alors de la même façon :
le mois suivant sa naissance, il ne donne pas d’enfants, mais chaque mois, ensuite, il enfante un
couple. Et ainsi de suite. Le problème, posé par le mathématicien italien Fibonacci, est de savoir
quel est le nombre de couples de lapins le n-ième mois ? Ce nombre est donné par un .
Cette suite se rencontre dans nombre de phénomènes naturels ; elle est aussi liée au nombre
d’or.
Remarque : on peut tout de suite noter qu’on peut généraliser la notion à celle de suite double
(ou triple,...).
Au lieu de considérer u : N → E, E un ensemble, on pourrait aussi considérer les applica-
tions u : N × N → E. Une telle application associe alors à un couple (p, q) ∈ N × N un élement
up,q de E.
On notera aussi que, comme une suite réelle peut être “vue” comme une extension de la
notion de vecteur (u1 , . . . , un ) ∈ Rn au cas d’un n infini, la notion de suite double étend, en
quelque sorte, les matrices finies en des matrices à un nombre infini de lignes et de colonnes.
Dans tous ces exemples, une question naturelle est de savoir “à quoi ressemble” un lorsque n est
“très grand” ? Une autre façon de dire est : quel est le comportement de la suite (un ) lorsque n
tend vers l’infini ?
grand, plus un devient petit, autrement dit un approche de 0, sans jamais être 0. Autre exemple,
vn = (−1)n . Cette suite prend alternativement les valeurs 1 et -1 sans jamais se stabiliser sur
l’une ou l’autre. On dira que (un ) admet 0 pour limite, mais que (vn ) n’admet pas de limite.
Définition 1.2.1 On dit qu’une suite (un ) converge et admet la limite ` ou encore que un tend
vers ` lorsque n tend vers l’infini, s’il existe un nombre ` ∈ R tel que tous les termes un de
la suite sont aussi proches que l’on veut de ` pourvu que n soit suffisamment grand. Ce qu’on
préférera écrire, de manière plus condensée, mais aussi plus “lisible”,
Note : il est capital de comprendre que la notion, d’apparence intuitive, de la définition est
exactement la même que sa formulation mathématique qu’on peut d’ailleurs réécrire sous la
forme
∀ > 0, ∃N tel que n > N ⇒ |un − `| < .
Exemples : on remarquera que concernant les 2 exemples précédents, la première converge vers
0, la deuxième ne converge vers aucun nombre (pourquoi ?)
Définition 1.2.2 Une suite qui ne converge pas est dite divergente.
On peut revenir sur les premiers exemples : Pour une suite arithmétique de raison r > 0, la suite
(un ), dont le terme général un = u0 + nr diverge. Mais elle ne fait pas n’importe quoi, puisque,
selon que r > 0 ou r < 0, elle ne cesse de croı̂tre ou de décroı̂tre. Dans un tel cas, on dira que
un tend vers l’infini (+ ou -) et on écrit lim un = +∞ (ou −∞). La suite vn = (−1)n était
n→+∞
aussi divergente, mais elle ne tendait pas vers un infini.
On peut rapidement encore dire ce qui se passe dans les autres cas :
Pour la suite géométrique un = an , lorsque n → +∞, on constate que, si a > 1, un → +∞
1
(et donc aussi Sn ), si a < 1, un → 0 et la suite des Sn tend vers u0 1−a , si a = 1, la suite
est constante égale à u0 et Sn → +∞. On a des résultats analogues dans le cas des suites
arithmético-géométriques.
Pour ce qui est de la suite de Fibonacci, on peut déjà remarquer qu’elle est strictement croissante
car un+2 − un+1 = un > 0 (pour n ≥ 1), autrement dit, elle croı̂t indéfiniment. On peut donc
penser qu’elle diverge et tend vers +∞ (ce que nous montrerons plus loin), mais la preuve n’en
est pas aussi imédiate :
Exemple : prenons la suite obtenue de la manière suivante : u1 = 1/2, u2 = u1 + 1/4, u3 =
u2 + 1/23 , . . . , un+1 = un + 1/2n . Cette suite est évidemment strictement croissante, mais on
voit( !) immédiatement qu’elle admet 1 pour limite. Comment ? On prend un carré de surface
1, alors u1 représente la moitié de la surface, u2 représente cette moitié à laquelle on a ajouté
la moitié de ce qui restait, u3 c’est u2 + la moitié du reste, etc...Si on hachure toute la surface
qu’on a ainsi couverte, on s’aperçoit qu’en continuant indéfiniment, on aura hachuré tout le
carré, autrement dit un → 1. C’est là un paradoxe apparent de ces questions de limite, on ajoute
une infinité de termes positifs... et on ne dépasse, malgré tout, pas une quantité donnée.
6 CHAPITRE 1. SUITES
Remarques immédiates :
1) Il est très intéressant, pour pouvoir montrer la convergence d’une suite, d’avoir une idée
précise de la limite qu’on attend (éventuellement, on peut avoir plusieurs, mais un nombre fini,
petit, de candidats limites).
A contrario, on comprend qu’il soit beaucoup plus difficile de montrer la divergence d’une
suite (en tout cas, dans un cas où elle ne tend pas vers l’infini), puisqu’il faut montrer qu’aucun
nombre ne peut être limite !
2) Il est équivalent de montrer que un → ` et que un − ` → 0.
n→∞ n→∞
3) Unicité : Si une limite existe, elle est unique.
En effet, supposons qu’il existe deux nombres ` et `0 tels que lim un = ` et lim un = `0 .
Alors, utilisant la définition, on peut écrire ∀ > ∃N1 tq. ∀n > N1 , |un − `| < et ∀ >
∃N2 tq. ∀n > N2 , |un − `0 | < .
Or, 0 ≤ |`−`0 | = |`−un +un −`0 | ≤ |un −`|+|un −`0 | qui dès lors que n > max{N1 , N2 } est
inférieur à 2. On se retrouve donc avec deux nombres fixes dont la différence peut être rendue
aussi petite que l’on veut, donc nécessairement ` = `0 .
Définition 1.3.2 Une suite (un ) est dite majorée (resp. minorée) si l’ensemble des valeurs de
la suite, {un , n ∈ N}, admet un majorant (resp. un minorant).
On en déduit qu’une suite majorée admet une borne supérieure (pourquoi ?), une suite minorée
admet une borne inférieure. Une suite qui est, à la fois, majorée et minorée est dite bornée.
Preuve : Supposons que un → `. Alors, il existe N tel que ∀n ≥ N, |un − `| < 1, ce qui implique
|un | < ` + 1 D’où, si M = max{|u0 |, |u1 |, . . . , |uN −1 |, N }, alors, pour tout n, |un | < M .
Théorème 1.3.2 Toute suite croissante (resp. décroissante) majorée (resp. minorée) est conver-
gente.
Preuve : La première chose à faire est de “deviner” un candidat-limite. Bien sûr, il y en a un tout
désigné : la borne supérieure a de l’ensemble des valeurs (on peut faire un dessin). Par définition
de “borne supérieure”, on a : ∀n, un ≤ a, mais, de plus, ∀ > 0, ∃N tq. a − < uN ≤ a.
Mais la suite est croissante, donc ∀n > N, a − < uN ≤ un ≤ a, autrement dit, pour tout
n > N , |un − a| < . Donc lim un = a.
1.3. SUITES MONOTONES, SUITES BORNÉES, PREMIERS THÉORÈMES 7
Exemple : la suite (1/n)n est décroissante et minorée par 0, donc convergente. La suite (n)n est
croissante, mais pas majorée, elle diverge (en fait, elle tend vers l’infini). La suite ((−1)n )n est
bornée, mais elle n’est pas monotone.
Ce qui nous amène à une autre notion : dans l’exemple précédent, il y a une infinité de
valeurs de la suite “proches” de −1 et une infinité de valeurs “proches” de 1. D’où les définitions :
Définition 1.3.3 Un nombre réel x est appelé point d’accumulation d’une suite (un )n si pour
tout > 0, il existe une infinité de n ∈ N tels que |un − x| < .
Quelle est la différence entre les dire que ”x est point d’accumulation de la suite (un )” et ”x est
limite de la suite (un ) ?
Exemples : Ainsi -1 et 1 sont des points d’accumulation de la suite précédente. Mais la suite
(un ) définie par un = (−1)n + 1/n admet aussi -1 et 1 pour (seuls !) points d’accumulation.
Définition 1.3.4 Etant donnée une suite (un )n∈N , on appelle suite extraite de la suite (un )
toute suite dont le terme général vn est de la forme vn = uφ(n) où φ : N → N est une application
strictement croissante.
Un cas très fréquent est le cas où vn = u2n ou wn = u2n+1 . La première est obtenue en prenant
tous les termes d’indice pair de la suite un , la seconde en prenant tous les termes d’indice impair
de (un ). Exemple : un = (−1)n , alors la suite des termes pairs est la suite constante de terme
général 1, la suite des termes impairs, est la suite constante de terme général -1.
Proposition 1.3.1 Si (un ) est une suite convergente, de limite `, toute suite extraite est conver-
gente de limite `.
Preuve : Soit vn = uφ(n) où φ est une application strictement croissante de N dans lui-même.
Alors, pour tout > 0, il existe N tel que n ≥ N ⇒ |un − `| < . Mais vn = uφ(n) avec φ(n) ≥ n
(à cause de la croissance), donc ≥ N , donc |vn − | < , donc vn → `.
On remarque que cette proposition est très utile pour montrer qu’une suite est divergente.
Par exemple, si un = (−1)n + 1/n, la suite u2n = 1 + 1/2n tend vers 1, alors que la suite
u2n+1 = −1 + 1/2n + 1 tend vers -1. On en décuit que un ne peut être convergente. Il y a
d’ailleurs une réciproque à cette proposition dont on ne parlera pas pour l’instant.
Notons encore un résultat utile pour montrer la convergence d’une suite :
Proposition 1.3.2 Si pour une suite (un ), la suite des termes pairs vk = u2k et la suite des
termes impairs wk = u2k+1 convergent vers une même limite `, alors (un ) est convergente de
limite `.
Preuve : soit d = `0 − `, et posons = d/3. Alors pour n suffisamment grand, |un − `| < et
|vn − `0 | < . Autrement dit, un < ` + < `0 − < vn .
Dans l’autre sens, supposons ` > `0 . D’après la partie directe, on en déduit que, pour tout
n à partir d’un certain rang, un > vn , ce qui contredit l’hypothèse.
Théorème 1.3.4 (dit théorème des gendarmes) Si, à partir d’un certain rang, un < vn < wn
et si un et wn ont la même limite `, alors vn est convergente et a pour limite `.
Preuve : Pour tout > 0, il existe N1 et N2 tels que n > N1 ⇒ ` − < un < ` + et
n > N2 ⇒ ` − < wn < ` + . Donc si n > max{N1 , N2 }, toutes les inégalités sont vérifiées en
même temps, d’où ` − < un < vn < wn < ` + , càd. |vn − `| < .
Théorème 1.3.5 Si une suite un converge vers une limite `, alors la suite des valeurs absolues
converge vers |`|.
La preuve est laisée en exercice (elle repose sur l’identité ||un | − |`|| ≤ |un − `|). La réciproque
est-elle vraie ?
aussi petite que l’on veut, il suffit de prendre n suffisamment grand (on peut aussi, comme on
dit, “couper en 2”).
On montre aussi imédiatement que n > N ⇒ |aun − a`| = |a||un − `| < |a|, donc, a 6= 0 étant
fixe, encore une fois, on peut rendre la différence |aun − a`| aussi petite que l’on veut. Si a = 0,
le résultat est encore plus immédiat.
Il résulte de ce qui précède que, pour a, b ∈ R, aun +bvn → a`+b`0 , avec comme conséquence
le résultat sur la différence un − vn .
Théorème 1.4.2 Soient (un ), (vn ) deux suites et supposons que un → `, vn → `0 . Alors la suite
produit est convergente de limite ``0 .
Preuve : On veut montrer que |un vn − ``0 | peut être rendue arbitrairement petite. Plaçons-nous,
comme ci-dessus, dans le cas n > max{N, M } et écrivons |un vn −``0 | = |un (vn −`0 )+`0 (un −`)| ≤
|un (vn − `0 )| + |`0 (un − `)|. Nous allons conclure en utilisant un lemme intéressant par ailleurs :
Preuve du lemme : si |un | < K pour tout n, alors 0 ≤ |un vn | < K|vn |, ce dernier terme tendant
vers 0, d’où le résultat.
Fin de la preuve : il suffit alors de remarquer que, dans l’expression précédente, le premier terme
est produit d’une suite un , majorée parce que convergente, et d’une suite vn − `0 qui tend vers 0.
Le deuxième terme tend vers 0 en application du résultat sur le produit d’un réel par une suite
convergente (ici vers 0).
Théorème 1.4.3 Soient (un ), (vn ) deux suites et supposons que un → `, vn → `0 , `0 6= 0. Alors
un `
la suite quotient est convergente de limite 0 .
vn `
Montrons d’abord le lemme :
Lemme 1.4.2 Si |vn | est minorée à partir d’un certain rang par un nombre strictement positif
un
et si un → 0, alors → 0.
vn
|un | |un |
Preuve du lemme : pour n > p, |vn | > K > 0, d’où < qui tend vers 0 lorsque n → +∞.
|vn | K
un ` `0 un − `vn
Preuve du théorème : Si `0 6= 0, alors − 0 = . Le numérateur tend vers 0 et le
vn ` |`0 vn |
dénominateur tend vers `02 6= 0. Or, si vn → `0 6= 0, cela signifie que, pour n suffisamment grand,
|vn | > `0 /2 > 0. On est donc dans les hypothèses du lemme précédent, le quotient tend donc
vers 0 et le théorème est démontré.
Il suffit souvent de comparer les termes de 2 suites “à l’infini”, ainsi
Proposition 1.4.1 Si deux suites (un ) et (vn ) sont équivalents au voisinage de l’infini (ie.
un
lim = 1 ou encore un = vn (1 + (n)) avec (n) → 0 lorsque n → ∞), alors elles convergent
n→∞ vn
ou divergent simultanément.
Lemme 1.4.4 Si un tend vers l’infini et |vn | > K > 0, à partir d’un certain rang, alors le
produit |un vn | tend vers l’infini.
Preuve : en effet, |un vn | > |un |K à partir d’un certain rang p. Or si un tend vers l’infini, pour
tout A > 0, il existe N tel que n > N ⇒ un > A/K, d’où |un vn | > A.
Remarque Si un → +∞ et vn → 0, on ne peut rien dire a priori ; on se trouve en présence
d’une forme indéterminée 0 × ∞.
|un |
Lemme 1.4.5 i. Si |un | → +∞ et vn est bornée, alors |vn | → +∞.
ii. Si un est bornée et si |vn | → +∞, uvnn → 0.
Preuve : i. Si vn est bornée, |vn | < M , d’où (on suppose vn 6= 0), la suite 1/vn > 1/M et on est
ramené au cas du lemme précédent.
ii. En remarquant que |vn | → +∞ équivaut à |v1n | → 0 (en effet, ∀ > 0, ∃N tel que
|vn | > 1/ ⇒ |v1n | < ), on se ramène à un lemme du paragraphe précédent.
Remarque Dans deux cas, on ne peut rien dire a priori : si un et vn tendent tous deux vers
∞
l’infini, on se trouve en présence d’une forme indéterminée ∞ ; si un et vn tendent tous deux
0
vers 0, on a une forme indéterminée 0 .
Preuve : il s’agit de montrer que ∀ > 0, il existe N tel que n > N ⇒ |f (un ) − f (x0 )| < .
Or, par continuité de f en x, nous savons qu’il existe η > 0 tel que |x − x0 | < η ⇒
|f (x) − f (x0 | < .
Soit alors N tel que ∀n > N, |un − x0 | < η. Par conséquent, |f (un ) − f (x0 )| < .
Exercice (difficile) : montrer qu’une application f : R → R est continue en un point x0 si et
seulement si, pour TOUTE suite (un ) telle que un → x0 , on a f (un ) → f (x0 ).
1.5. SUITES ADJACENTES 11
Théorème 1.5.1 Deux suites adjacentes sont toutes deux convergentes et ont la même limite.
Preuve : supposons (un ) croissante et (vn ) décroissante. Si lim(|un − vn |) = 0, cela signifie qu’il
existe N tel que n > N ⇒ |un − vn | < 1, autrement dit vn − 1 < un < vn + 1 < v0 + 1 (puisque
(vn ) est décroissante) pour tout n > N , donc (un ) est croissante et majorée par v0 (au moins à
partir d’un certain rang N ). Mais, on a aussi u0 − 1 < un − 1 < vn , pour tout n > N , donc (vn )
est minorée. On en déduit donc que (un ) et (vn ) sont convergentes.
Appelons ` et `0 les limites et soit > 0 un nombre réel arbitrairement petit. Alors,
0 ≤ |`−`0 | = |`−un +un −vn +vn −`0 | ≤ |`−un |+|un −vn |+|vn −`0 | et si N = max{N1 , N2 , N3 }
choisis tels que
n > N1 ⇒ |un − `| < /3
n > N2 ⇒ |un − vn | < /3
n > N3 ⇒ |vn − `0 | < /3,
alors n > N ⇒ |` − `0 | < 3/3 = . Or, |` − `0 | est un nombre positif ou nul fixé, s’il est
arbitrairement petit, il est nécessairement 0, c’est-à-dire ` = `0 .
L’exemple premier de telles suites est donné par les suites qui définissent le nombre e : on
considère la suite un = nk=1 k!
1 1
P
et la suite vn = un + n! . Ces dexu suites sont adjacentes et leur
limite commune est le nombre e. (voir TD.)
Preuve : Appelant un et vn les bornes inférieure et supérieure de In , on montre que les deux
suites (un ) et (vn ) sont adjacentes. En effet, un ≤ un+1 et vn+1 ≤ vn pour tout n. D’autre part,
la longueur de In est égale à vn − un , qui, par hypothèse tend vers 0. Conséquence, les deux
suites tendent vers une limite commune a et ∀n; un ≤ a ≤ vn , donc ∀n, a ∈ In .
Définition 1.5.2 Une suite (un ) est appelée ”de Cauchy” si, pour tout > 0, il existe un entier
N tel que p, q > N ⇒ |up − uq | < .
Nous sommes à présent en mesure de démontrer l’un des théorèmes les plus intéressants
concernant R :
Théorème 1.5.3 Critère de Cauchy Dans R, une suite est convergente si et seulement si
elle est ”de Cauchy”.
Preuve : La partie directe est immédiate : Si (un ) est convergente de limite `, alors, pour tout
> 0, il existe N tel que n > N ⇒ |un − `| < /2 ; d’où p, q > n ⇒ |up − uq | = |u− ` + ` − uq | ≤
|up − `| + |uq − `| < 2/2 = .
Réciproquement, supposons que, pour tout > 0, il existe un entier N tel que p, q > N ⇒
|up − uq | < /3. Considérons, pour tout n, l’ensemble An = {uk |k ≥ n}. Cet ensemble est borné
12 CHAPITRE 1. SUITES
puisque constitué de l’ensemble fini {un , un+1 , . . . , uN } d’une part, de l’ensemble {uk | k > N }
d’autre part. Le premier, étant fini, est borné ; tout élément du deuxième vérifie |uk − uN +1 | <
/3, ou encore uN +1 − /3 < uk < uN +1 + /3, donc est aussi borné.
Par ailleurs, An étant un sous-ensemble borné de R admet une borne supérieure bn et une
borne inférieure an . Il est clair aussi que an ≤ an+1 ≤ bn+1 ≤ bn , pour tout n. On se trouve
donc avec une suite de segments emboı̂tés In = [an , bn ].
Mais, n > N étant fixé, il existe p ≥ n tel que up ≤ an + /3 (puisque an est borne
inférieure) et il existe q ≥ n tel que bb − /3 ≤ uq . Par conséquent, pour tout > 0, il existe N
tel que n > N ⇒ |bn − an | ≤ |bn − uq | + |uq − up | + |up − an | < ; autrement dit, la longueur des
segments [an , bn ] tend vers zéro.
En conséquence, il existe un unique a appartenant à tous les An , limite des deux suites
adjacentes (an ) et (bn ) et comme an ≤ un ≤ bn , on en déduit un → a.
Remarque : une conséquence de ce résultat est que R contient toutes les limites de toutes les
suites de Cauchy de R. C’est aussi une façon de construire R.
Un exemple : le développement décimal d’un nombre réel
Soit a un nombre réel. Soit a0 la partie entière de a, on note a0 = E(a). Alors b0 =
a − a0 ∈ [0, 1[. Soit alors a1 = E(0b0 ), et posons b1 = 10b0 − a1 ∈ [0, 1[, puis a2 = E(10b1 ),
b2 = 10b1 − a2 ∈ [0, 1[, et ainsi de suite, an = E(10bn−1 ) et bn = 10bn−1 − an ∈ [0, 1[.
On trouve ainsi une suite (an ) (n ≥ 1) de nombres entiers compris entre 0 (inclus) et 9.
Soit alors les suites (un ) et (vn ) définies par un = a0 , a1 a2 · · · an et vn = a0 , a1 a2 · · · (an + 1)
si an ≤ 8 et vn = a0 , a1 a2 · · · (an−1 + 1) si an−1 ≤ 8, et etc sinon. Ainsi, un ≤ a < vn . Il est
immédiat de constater que la suite (un ) est croissante et la suite (vn ) décroissante. De plus,
vn − un < 9/10n → 0, les deux suites sont donc adjacentes et tendent vers a.
On en déduit que tout nombre réel peur s’écrire sous la forme a0 , a1 a1 · · · an · · · . Cette
expression s’appelle développement décimal de a.
Remarques : 1) il n’y a pas unicité de ce développement puisque 1 = 0, 9999 · · · .
2) Un nombre est dit décimal si son développement est fini. Si le développement est fini,
on voit immédiatement que a ∈ Q. Cependant, comme le prouve 1/3 = 0, 3333 · · · , il y a des
rationnels dont le développement décimal n’est pas fini. En fait, on peut montrer (exercice) : un
nombre réel a est rationnel ssi il admet un développement décimal fini ou périodique.
Preuve : On a un+1 = f (un ). Lorsque n → +∞, un → `, d’où, par continuité de f , f (un ) → f (`).
Mais un+1 aussi tend vers `. Par unicité de la limite, on en déduit f (`) = `.
Nous n’allons pas ici faire de théorie générale, mais nous limiter à l’étude de quelques exemples.
Exemples : 1) f = Id, la suite est alors constante, de valeur u0 . Si f (x) = ax, alors u1 =
au0 , u2 = au1 = a2 u0 , . . . , un = an u0 , . . .. Cette suite est donc u0 fois une suite géométrique.
Bien sûr, la seule solution de ax = x, lorsque a 6= 1, est 0, seule limite possible. Si |a| < 1, la suite
converge vers 0, si a = 1, elle est constante égale à u0 , si a = −1, c’est une suite alternée, elle
est divergente (2 points d’accumulation distincts : −u0 et u0 ), si a > 1, elle tend vers l’infini, si
a < −1, sa valeur absolue tend vers l’infini et la suite oscille entre valeurs positives et négatives.
2) f (x) = (1/2)(x + x12 . On peut alors tracer la courbe de f et la première bissectrice, il
y a une seule racine réelle de f (x) = x ⇔ x3 = 1, c’est 1. On peut tracer les valeurs successives
u1 = f (u0 ), u2 = f (u1 ), . . . en s’aidant de la bissectrice et regarder ce qui se passe.
3) Un exemple qui donne une bonne idée de tous les cas qu’on peut rencontrer est celui de
la suite logistique : on prend g(x) = 4cx(1 − x) et on va considérer les fonctions fc (x) = cg(x)
pour différentes valeurs de c. On peut alors regarder ce que cela donne.
Bien sûr, une étude graphique ne prouve rien et on est obligé de faire un raisonnement dans
chaque cas pour conclure à la convergence ou non. Ainsi, lorsque dans l’exemple 3, c se trouve
à gauche de 3/4, on peut s’appuyer sur les dessins pour montrer que la suite est, par exemple,
monotone et bornée, ou trouver deux suites adjacentes, on chercher des suites extraites (u2k ,
u2k+1 ) lorsque l’on se trouve à droite de 3/4 par exemple.
Séries numériques
2.1 Introduction
2.1.1 Définitions
P
Etant donnée une suite réelle (ou complexe) (un )n∈N , étudier la série (un ) ou un , c’est chercher
si la suite des sommes partielles Sn = u0 + u1P + · · · + un converge lorsque n tend vers +∞. Le
terme un est appelé terme général de la série un .
Définition 2.1.1 On dit que la série de terme général un est convergente si la suite (Sn ) l’est.
∞
X
P
On dit alors que la limite S est la somme de la série un et on écrit S = un .
n=1
On dit que la série est divergente, si la suite Sn n’admet pas de limite lorsque n → +∞.
Il y a deux sortes de divergence selon que Sn tend vers l’infini, ou que Sn , restant fini, ne tend
vers aucune limite.
Exemples : Pour la série de terme général un = a, la somme partielle jusqu’à n est Sn = na
qui → +∞ lorsque n → ∞. Mais la série de terme général vn = (−1)n a, a pour somme Sn =
a − a + a − a + · · · qui est égale à 0 ou a suivant les valeurs de n.
On peut aussi considérer les
Pnséries de Pterme général un = vn + iwn , à valeurs dans C.
Comme, pour tout n, k=1 un = k=1 vn +i nk=1 wn , la convergence de la série (un ) se ramène
Pn
à la convergence simultanée des séries vn et wn . On ramène donc l’étude des séries complexes à
celle des séries réelles.
Remarque : la convergence d’une série ne dépend pas des premiers termes.
PN En effet, considérons
les séries de termes généraux un et vn = un+` , alors notons SN = k=1 uk = u1 + · · · + u` +
PN −`
k=1 vk . On remarque ainsi que la suite des sommes partielles SN converge ssi la suite des
PN −`
0
sommes partielles SN −` = k=1 vk converge.
Lorsque la série un est convergente, et si S désigne sa somme, on note Rn = S − Sn =
u`+1 + u`+1 + · · · qui s’appelle reste d’ordre n de la série. On note que la somme S de un est
égale à S 0 − S` où S 0 est la somme de la série vn .
15
16 CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES
Preuve : C’est une conséquence immédiate du critère de Cauchy appliqué à la suite Sn . En effet,
|un+1 + · · · + un+p | = |Sn+p − Sn |. Or Sn est convergente SSI c’est une suite de Cauchy.
P
Corollaire 2.1.1 Si la série un converge, alors son terme général un tend vers 0.
Théorème 2.2.1 Une série à termes positifs est convergente si et seulement si la suite de ses
sommes partielles est majorée.
Preuve : Les termes un de la série étant tous ≥ 0, la suite des Sn est croissante (en effet :
Sn+1 − Sn = un ≥ 0. Celle-ci est donc convergente ssi elle est majorée.
D’où R2
f (1) > 1 f (t)dt > f (2)
R3
f (2) > 2 f (t)dt > f (3)
R n· · ·
f (n − 1) > n−1 f (t)dt > f (n)
et, en sommant, Z n
Sn−1 > f (t)dt > Sn − S1 .
1
R +∞
a) Supposons que l’intégrale I = 1 f (t)dt existe (rappelons que cette intégrale existe,
Z A
par définition, si lim ( f (t)dt) existe), alors Sn < I + f (1), donc Sn est croissante majorée,
A→+∞ 1
donc convergente. La somme S de la série est alors < I + f (1).
P
b) Supposons au contraire que la série un est convergente de somme S, alors F (X) =
RX
1 f (t)dt est majorée, lorsque X → +∞, par S, donc la fonction F (X) est croissante et majorée,
donc admet une limite < S.
Nous avons donc prouvé le
Théorème 2.2.2P Si f :]0, +∞[→ RR+∞ est une fonction définie, continue, positive, décroissante,
alors la série f (n) et l’intégrale 1 f (t)dt sont de même nature.
Remarque : ce théorème continue à s’appliquer si la fonction n’a ces propriétés qu’à partir d’un
nombre positif a ; il suffit de négliger les premiers termes de la série.
18 CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES
P P
Théorème 2.2.5 Soient deux séries à termes positifs, un et vn . S’il existe a, b ∈ R tels
un
que, ∀n (ou à partir d’un certain rang), a ≤ ≤ b, alors les deux séries sont de même nature.
vn
P
Preuve déduit quePun ≤ bvn , pour
P: Des inégalités, onP Ptout n, d’où, si la série vn converge, la
série bvn aussi et donc un et si un diverge, vn aussi. Inversement, comme pour tout
n, avn ≤ un , on en déduit que si la série un converge, alors la série vn aussi et si vn diverge, un
aussi.
P P un
Corollaire 2.2.1 i. Si pour deux séries à termes positifs un et vn , le rapport → k,
vn
k 6= 0, lorsque n → +∞, alors les deux séries sont de même nature.
ii. Si les termes généraux de deux séries à termes positifs sont des infiniment petits
équivalents, pour n infini, les deux séries sont de même nature.
Preuve : i. Si un /vn → k, on en déduit que, pour n suffisamment grand, k/2 ≤ un /vn ≤ 3k/2,
d’où le résultat par application du théorème.
ii. Dire que un et vn sont des infiniments petits équivalents signifie que lim(un /vn ) = 1.
√
Preuve : n un ≤ k < 1 ⇒ un ≤ k n . Or, k n est le terme général d’une série géométrique, à termes
positifs, qui est convergente. Donc, aussi la série de t.g. un .
√
Par contre, n un ≥ 1 ⇒ un ≥ 1, donc le terme général ne tend pas vers 0, donc la série
est divergente.
En fait, on appliquera ce théorème plutôt en regardant ce qui se passe lorsque n tend vers
l’infini :
P
Corollaire 2.3.1 Règle de cauchy Supposons que pour la série à termes positifs un , on ait
√
n u → `. Alors :
n
i. si ` < 1, la série est convergente ;
ii. si ` > 1, la série est divergente.
√ √
Preuve : n un → ` signifie que ∀ > 0, ∃N tel que n ≥ N ⇒ ` − < n un < ` + .
√
Si ` < 1 et assez petit pour que n un < ` + < 1, la série converge.
√
Si ` > 1, soit assez petit pour que 1 < ` − < n un , d’où la série un diverge.
√
Remarque : il reste un cas douteux : si n un → 1. Dans ce cas, on ne peut rien conclure sauf
√
(exercice) si n un → 1 par valeurs supérieures, alors la série est divergente.
2n − 1 2n n 2n − 1 2
√ √
Exemple : un = · x , x > 0. Alors un =
n
x, donc n un → 4x et, en
n+1 n+1
appliquant la règle de Cauchy, on constate que si x > 1/4, la série diverge, si x < 1/4, la série
converge.
Si x = 1/4, on ne peut rien conclure. On doit faire une étude particulière : on remarque
que ln(un ) → −3, d’où un → e−3 , donc la série diverge puisque son terme général ne tend pas
vers zéro.
Preuve : Si un+1 /un → ` < 1, alors pour n assez grand, un+1 /un ≤ k < 1, ce qui conduit à la
convergence. Si, au contraire, ` > 1, alors un+1 /un → ` > 1, d’où dès que n est suffisamment
grand, un+1 /un ≥ 1.
2.4. SÉRIES ABSOLUMENT CONVERGENTES 21
un+1
Remarque : il reste un cas douteux : si → 1. Dans ce cas, on ne peut rien conclure sauf
un
un+1
(exercice) si → 1 par valeurs supérieures, alors la série est divergente.
un
1
Remarque : La série de Riemann un = α , α > 0 amène toujours au cas douteux des règles de
n
Cauchy et d’Alembert.
Exemples : a) La série de terme général un = n!xn . Si x ≥ 1, le terme général ne tend pas vers
un+1
0, elle est donc divergente. Si x < 1, = nx → ∞, donc la série est encore divergente.
un
xn un+1 x
b) Pour la série de terme général vn = , le rapport = → 0. Cette série est
n! un n+1
donc convergente quel que soit x (sa somme est d’ailleurs e ). x
Il y a dans une série quelconque des termes positifs et des termes négatifs, pour n aussi
grand qu’on veut (sinon, on peut oublier les premiers termes et on se retrouve avec une série à
termes de signes constants - il faut d’ailleurs en profiter pour remarquer qu’une série à termesP
négatifs satisfaits aux mêmes critères qu’une
P série à termes positifs, ou plus simplement, si un
est telle que un ≤ 0, pour tout n, la série vn où vn = −un est à termes positifs et les sommes
partielles vérifient Un = −Vn . Conclusion : les deux séries sont de même nature.-)
La somme partielle Sn peut s’écrire Sn = Pn − Qn où Pn est la somme des termes positifs
Pn et Qn la somme des valeurs absolues des termes négatifs. Si la série converge absolument,
cela signifie que la suite des sommes partielles Σn = |u1 | + |u2 | + · · · + |un | = Pn + Qn converge
vers une limite Σ et Σn < Σ. Ce qui signifie que Pn et Qn sont des suites croissantes majorées
par Σ, donc convergentes, de sommes P, Q. Et, par les théorèmes surPla somme de suites, la
limite de Sn = Pn − Qn tend vers S = P − Q. Autrement dit, la série un est convergente.
P P
Proposition 2.4.1 Si pour une P série u n , il existe une série convergente vn , telle que
|un | ≤ vn , pour tout n, la série un est absolument convergente.
C’est une conséquence immédiate du théorème de comparaison pour les séries à termes positifs.
P p
Théorème 2.4.1 Règle de Cauchy Soit un une série à termes réels telle que n |un | admet
une limite ` lorsque n → P∞. Alors ,
si ` < 1, la série P un est absolument convergente ;
si ` > 1, la série un est divergente.
Preuve : De même que ci-dessus, si ` < 1, la série des valeurs absolues est convergente. Si ` > 1,
|un+1 |
alors , pour n suffisamment grand, > 1, d’où |un+1 | > |un |, donc un ne peut tendre vers
|un |
0.
Exemples 1) Soit un = xn /n!, x ∈ R. Alors la série de terme général |x|n /n! est convergente quel
P xn
que soit x, donc la série converge, pour tout x. Sa somme est notée ex .
n!
2n − 1 2n n 2n − 1 2
p
n
2) Soit un = x , x ∈ R. Alors |un | = |x| → 4|x|. D’où, si
P n+1 n+1 P
|x| < 1/4, la série un est absolument convergente ; si |x| > 1/4, la série un diverge. Et, si
|x| = 1/4, |un | → e−3 , donc ne tend pas vers 0, la série est donc divergente.
2.4.2 Propriétés
Théorème 2.4.3 La valeur absolue de la somme d’une série absolument convergente est inférieure
ou égale à la somme de la série des valeurs absolues.
P P
Preuve : On a pour tout n, l’inégalité entre les sommes partielles Sn de un et Σn de |un |,
|Sn | = |u1 + u2 + · · · + un | ≤ |u1 | + |u2 | + · · · + |un | = Σn , d’où le résultat par passage à la limite.
P P
On dit que deux séries un et vn ne diffèrent que par l’ordre des termes, si pour tout
p ∈ N, il existe q ∈ N tel que up = vq . Autrement dit, les deux suites (un ) et (vn ) ont même
ensemble de valeurs, ou encore les deux applications correspondantes u, v : N → R ont même
image.
Théorème 2.4.4 Si on change l’ordre des termes dans une série à termes réels absolument
convergente, la série reste absolument convergente et la somme est la même.
P
Preuve : CommençonsPpar le montrer pour une série à termes positifs. Soit donc un une série
à termes positifs, et vn une série obtenue à partir de la première en changeant l’ordre des
termes. Soit alors Up = u1 + · · · + up et supposons que q = max{k| vk ∈ {u1 , . . . , up }}, alors
Vq = v1 + · · · + vq ≤ Up .
Inversement, soit r =P max{`| u` ∈ {v1 , . . . , vq }}, on a alors Ur ≤ Vq . Donc U
Pr ≤ Vq ≤ Up .
Dès lors, si la série un converge, alors Ur < U ⇒ Vq ≤ U , la série vn est donc
convergente et on a V ≤ U .
2.5. SÉRIES À TERMES DE SIGNE QUELCONQUE. SÉRIES ALTERNÉES 23
Preuve : Supposons d’abord que les termes généraux des 2 séries sont positifs. Notant
P Un , Vn , Wn
les sommes partielles à l’ordre n des 3 séries, le produit Un Vn = ( ni=0 un )( nj=0 vn ) et on
P
constate (on regarde
P le tableau et ses diagonales) que Wn ≤ Un Vn ≤ W2n , d’où on déduit la
convergence de wn , ainsi que W = U V .
Supposons à présent les 2 séries absolument convergentes. Alors la série produit des séries
de valeurs absolues est convergente et si Σ, Σ0 , T désignent les sommes des ces séries, on a
T = ΣΣ0 . Mais, |wn | ≤ tn , pourP tout n, où tn désigne le n-ième terme du produit des séries
P de
valeurs absolues. Donc la série |wn | étant majorée par une série convergente, la série wn
est absolument convergente.
Il reste à voir que sa somme est le produit U V . Pour cela, soit δn = Un Vn −Wn . D’une part,
δn → U V − W . D’autre part, |δn | ≤ Σn Σ0n − Tn (avec des notations évidentes) comme on peut le
voir en regardant les diagonales du tableau précédent. Or, lorsque n → ∞, 0 ≤ Σn Σ0n − Tn → 0,
donc U V − W = 0, ce qui achève la démonstration de ce théorème.
P n P n
Exemple : Considérons les séries x /n! et y /n! de sommes E(x) et E(y). Alors le produit
a pour terme général (à vérifier) (x + y)n /n!, d’où on déduit que E(x)E(y) = E(x + y), ce qui
caractérise la fonction exponentielle.
Définition 2.5.1 On dit qu’une série à termes réels est alternée si ses termes sont alternati-
vement positifs et négatifs.
P
Théorème 2.5.1 Si une série alternée un vérifie :
i. |un | ≥ |un+1 | pour tout n
24 CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES
ii. un → 0 quand n → ∞
alors elle est convergente et le reste est du signe du premier terme négligé et lui est inférieur en
valeur absolue.
1 Suites 3
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Notion de convergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Suites monotones, suites bornées, premiers théorèmes . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.3.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.3.2 Critères de comparaison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.4 Opérations sur les suites et les limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.4.1 Suites convergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.4.2 Suites à terme général tendant vers l’infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.4.3 Image par une application continue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.5 Suites adjacentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.6 Suite définies par une relation de récurrence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.6.1 Cas d’une relation à un terme donnée par un+1 = f (un ) . . . . . . . . . . 12
1.6.2 Récurrences linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2 Séries numériques 15
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.1.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.1.2 Un premier critère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.1.3 Opérations sur les séries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.1.4 Suites et séries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.2 Séries à termes positifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.2.1 Comparaison série-intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.2.2 Série de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.2.3 Reste d’une série comparée à une intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.2.4 Comparaison des séries à termes positifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.3 Etude pratique des séries à termes positifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.3.1 Critère de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.3.2 Critère de d’Alembert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.3.3 Comparaison des deux méthodes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.4 Séries absolument convergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.4.1 Règles de Cauchy et d’Alembert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.4.2 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.4.3 Multiplication de deux séries absolument convergentes . . . . . . . . . . . 23
2.5 Séries à termes de signe quelconque. Séries alternées . . . . . . . . . . . . . . . . 23
25