SCHAEFER 2017 Archivage
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instrumentée
Pierre-Loup Schaefer
Présentée par
Pierre-Loup SCHAEFER
Reconstruction de la déformée
d’une aiguille instrumentée
M. Frédéric BOYER
Professeur, IRRCCyN, Nantes, Rapporteur
M. Christophe RABUT
Professeur émérite, INSA Toulouse, Rapporteur
M. Pascal HAIGRON
PU, Université de Rennes 1, Examinateur
M. Adrian KASTLER
PH, Centre Universitaire Hospitalier de Grenoble Alpes, Examinateur
M. Alexandre MOREAU-GAUDRY
PUPH, TIMC-IMAG, UJF-CNRS, Grenoble, Directeur de thèse
M. Grégory CHAGNON
MDC, TIMC-IMAG, UJF-CNRS, Grenoble, Co-Directeur de thèse
M. Philippe CINQUIN
PUPH, TIMC-IMAG, UJF-CNRS, Grenoble, Co-Directeur de thèse
TABLE DES MATIÈRES
I Présentation du sujet 1
1 Contexte 3
1.1 Gestes Médico-Chirurgicaux Assistés par Ordinateur . . . . . . . . . . . . 3
1.1.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Radiologie interventionelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2.1 Présentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2.2 Techniques d’imageries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2.3 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.4 Environnement de navigation en radiologie interventionelle . . . . 8
1.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4 Contexte de la thèse dans les GMCAO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2 Introduction 13
2.1 Approche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2 Organisation du manuscrit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
II Boite à outils 15
3 Introduction 17
4 Repère mobile 19
4.1 Repère mobile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
vi Table des matières
7 Splines 37
7.1 Spline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
7.2 B-Spline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
7.2.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
7.2.2 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
7.2.3 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
9 Conclusion 47
10 Capteurs de déformation 51
10.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
10.2 Etat de l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
10.3 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Table des matières vii
11 Reconstruction simple 57
11.1 Etat de l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
11.1.1 Méthodes 2D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
11.1.2 Méthodes 3D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
11.1.3 Bilan méthodes de reconstruction . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
11.2 Hypothèses et système physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
11.2.1 Informations apportées par les triplets de capteurs . . . . . . . . . 61
11.2.2 Modélisation de la poutre non déformée . . . . . . . . . . . . . . 62
11.2.3 Déformation de poutre et système différentiel associé . . . . . . . 62
11.2.4 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
11.3 Résolution du système physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
11.4 Reconstruction de la déformée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
13 Reconstruction avancée 91
13.1 Reconstruction à partir de la flexion et de la torsion . . . . . . . . . . . . . 91
13.2 Cas de charges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
V Conclusion 201
18 Conclusion 203
18.1 Contributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
18.2 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
VI Annexes 207
19 Annexes 209
19.1 . . . . .
Paramètres des aiguilles utilisées . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
19.2 Définition du tenseur Ω . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
19.3 Antisymétrie de Ω . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
19.4 Reconstruction . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
19.4.1 Reconstruction : Aiguille de porcs . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
19.4.2 Reconstruction : Aiguilles patients . . . . . . . . . . . . . . . . . 215
19.5 Modes de déformation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215
TABLE DES FIGURES
16.7 Erreur de reconstruction moyenne en millimètre avec les modes pour 1 triplet de
capteurs de l’ensemble des aiguilles de porcs en fonction du nombre de modes et
du paramètre η. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
16.8 Erreur de reconstruction moyenne en millimètre avec les modes pour 2 triplets de
capteurs de l’ensemble des aiguilles de porcs en fonction du nombre de modes et
du paramètre η. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
16.9 Erreur de reconstruction moyenne en millimètres avec les modes pour 3 triplets de
capteurs de l’ensemble des aiguilles de porcs en fonction du nombre de modes et
du paramètre η . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
16.10 Diagramme en boites de l’erreur de reconstruction des aiguilles de porcs selon le
nombre de triplets de capteurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
16.11 Gain relatif de précision pour l’ensemble des aiguilles de porcs obtenue avec la
reconstruction avec les modes par rapport à la reconstruction classique. . . . . . 183
16.12 Diagramme en boites de l’erreur de reconstruction des aiguilles patients selon le
nombre de triplets de capteurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
16.13 Gain relatif de précision pour l’ensemble des aiguilles patients obtenue avec la
reconstruction avec les modes par rapport à la reconstruction classique. . . . . . 185
16.14 Reconstruction de la courbure à partir des modes. . . . . . . . . . . . . . . . 185
16.15 Reconstruction de l’angle d’orientation à partir des modes. . . . . . . . . . . . 186
17.1 Effort axial appliqué sur l’extrémité d’une poutre droite. . . . . . . . . . . . . 190
17.2 Effort axial appliqué sur l’extrémité d’une poutre droite. . . . . . . . . . . . . 191
17.3 Schema de déformation de poutre par flambage. . . . . . . . . . . . . . . . . 191
17.4 Courbe contrainte-déformation de l’acier inoxydable à différentes température. . 194
17.5 Déformation d’une aiguille avec et sans courbure. . . . . . . . . . . . . . . . 195
17.6 Déformation d’une aiguille avec et sans torsion. . . . . . . . . . . . . . . . . 197
17.7 Ratio entre les extrémités distales des deux aiguilles déformées avec et sans torsion
en fonction de la valeur constante de la courbure et du moment de torsion à la base
de l’aiguille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198
12.1 Bilan des informations obtenus à partir des capteurs selon leurs types et la méthode
utilisée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
14.1 Données statistiques des flèches des aiguilles porcs reconstruites. . . . . . . . . 125
14.2 Données statistiques des flèches des aiguilles patients reconstruites. . . . . . . . 126
16.3 Erreur moyenne de reconstruction de l’ensemble des aiguilles de porcs dans le cas
de reconstructions avec ou sans modes pour des positions optimales de capteurs. 182
16.4 Erreur moyenne de reconstruction de l’ensemble des aiguilles patients dans le cas
de reconstructions avec ou sans modes pour des positions optimales de capteurs. 184
19.1 Valeurs des paramètres d’une aiguille en acier inoxydable de 20 gauges de lon-
gueur 200 mm. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
Première partie
Présentation du sujet
CHAPITRE 1
CONTEXTE
1.2.2.1 Echographie
L’échographie est une méthode d’imagerie datant du début des années 1950 dont le fonc-
tionnement consiste à envoyer des ondes ultrasonores dans les tissus avec une sonde écho-
graphique et à mesurer leurs échos à partir de récepteurs contenus dans cette même sonde.
Un traitement informatique permet alors de reconstruire une image 2D ou 3D en niveaux
de gris à partir de ces informations.
Cette technique d’imagerie permet d’observer aussi bien les tissus "durs" que les tissus
"mous" comme le montre la figure 1.1.
Un des avantages de l’échographie est de permettre la visualisation en temps réel sans
employer de rayonnements ionisants, contraitement à d’autres méthodes de visualisation.
La portabilité du dispositif en fait également un outil très facile à déployer et peu couteux.
Néanmoins les images obtenues peuvent parfois présenter des difficultés à être exploitées
de par leur qualité insuffisante. En effet celle-ci dépend de plusieurs variables telles que la
résolution, le bruit présent sur l’image (le speckle 1 ), l’échogénicité 2 des tissus ainsi que
l’habilité du praticien à positionner la sonde de manière appropriée.
Parmi les travaux traitant de l’utilisation de l’échographie dans le cadre de la radiologie
interventionelle on peut citer les travaux de Hungr et Troccaz, concernant la conception
d’un robot de curietherapie de la prostate. Cette procédure est généralement réalisée sous
contrôle échographique per-opératoire par sonde endorectale. Le robot de curietherapie
1. Bruit dû aux interférences entre les ondes lors de leurs réflexions sur les impuretés du milieu de propa-
gation.
2. Capacité des tissus à réfléchir les ondes ultrasonores.
1.2. Radiologie interventionelle 5
permet ainsi le placement dans la prostate des aiguilles par rapport à un planning dosimé-
trique en utilisant les images de la sonde échographique [HBLT12, LHB+ 12].
On peut également citer les travaux de Mignon relatif au guidage d’aiguille [MPT15].
A l’aide d’un robot d’insertion et d’une imagerie échographique il est possible de plani-
fier et de contrôler les mouvements de l’aiguille pour réaliser des trajectoires d’insertions
complexes.
1.2.2.2 Scanner
Le scanner est une méthode d’imagerie utilisée depuis les années 1970 qui fonctionne par
mesure d’absorption des rayons X par les tissus. Les données obtenues sont traitées pour
reconstruire une image 2D ou 3D.
1.2.2.3 IRM
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) est une technique d’imagerie utilisée depuis
le début des années 1980 reposant sur le principe de la résonance magnétique nucléaire
(RMN). L’application de champs magnétiques ayant des intensités, des valeurs et des pro-
priètés spatiales différentes permet par la mesure d’aimentation des atomes de reconstruire
avec précision une image 2D ou 3D de la composition moléculaire des tissus.
Cette technique permet d’obtenir un constraste plus élévé que le scanner dans le cas de
tissus mous. A l’inverse les tissus durs, tel que les os, trop pauvres en hydrogène (les
mesure d’aimentation s’effectuant sur les atomes d’hydrogène), ne permettent pas d’obtenir
un constraste satisfaisant comme illustré dans la figure 1.3.
L’IRM est une technique d’imagerie non irradiante contrairement aux scanners et qui donne
des images de qualité. Elle présente pour désavantages d’avoir une durée d’acquisition
relativement longue et certains patients peuvent présenter des contre-indications à cause de
la présence dans leur corps de métaux ou d’implants médicaux.
Parmi les travaux traitant de l’utilisation de l’IRM dans le cadre de la radiologie interven-
tionelle, on peut citer les travaux de Fouard et Cinquin concernant le développement du
LPR (Light Puncture Robot), robot compatible IRM spécialement développé pour assister
le clinicien dans la réalisation de ponctions du thorax ou de l’abdomen [ZBF+ 08, BZJ+ 08].
1.2. Radiologie interventionelle 7
1.2.3 Synthèse
En se basant sur la partie précédente, on peut dégager trois critères permettant de juger
de la pertinence de l’utilisation d’une méthode d’imagerie dans le cadre de la radiologe
interventionelle :
• la qualité : le résultat renvoyé par la méthode d’imagerie est un critère déterminant
quant à son emploi. La qualité des images se juge sur plusieurs paramètres tels que
la précision, la résolution, le bruit ou bien le format de l’image (2D/3D). Les besoins
diffèrent selon le type d’intervention et dépendent de nombreux facteurs tels que
l’instrumentation utilisée ou les tissus concernés. Il est néanmoins évident que plus
les images seront de bonne qualité, plus l’intervention s’en trouvera facilitée et aura
de meilleures chances de succès.
• les rayons ionisants : leur utilisation répétée peut faire courir un risque au patient et
nécessite alors une juste évaluation du rapport bénéfices/risques avant l’imagerie.
• le temps réel : une méthode fonctionnant en temps réel permet d’avoir une image-
rie en direct de l’intervention en cours, offrant ainsi au praticien non seulement un
moyen de visualisation mais aussi un moyen de guidage dynamique. Les interrup-
tions de l’intervention, nécessaires lorsque l’imagerie utilisée n’est pas temps réel,
nuisent à la qualité de celle-ci et contribuent à la rendre plus longue.
8 Chapitre 1. Contexte
A la lueur des comparaisons des techniques d’imagerie présentées dans le tableau 1.1, il
apparait qu’aucune des techniques d’imagerie utilisées n’est exempte de défauts.
1.2.4.3 Avantages
Les éléments d’information sur la position de l’aiguille sont particulièrement utiles pour
le praticien, celui-ci n’ayant pas de vision directe de celle-ci. L’utilisation d’un environne-
ment de navigation permet de s’affranchir de la nécessité d’effectuer des imageries pendant
l’intervention, celles-ci étant pré-opératoires. On évite ainsi les interruptions de l’interven-
tion, réduisant son temps et améliorant sa qualité.
1.2.4.4 Défauts
Une des faiblesses des environnements de navigation concerne la précision de la locali-
sation des instruments dans le corps du patient. En effet la tâche des environnements de
localisation consiste à positionner les instruments à l’intérieur du corps à partir des infor-
mations de localisation des instruments à l’extérieur de celui-ci. La figure 1.4 présente la
1.2. Radiologie interventionelle 9
Ainsi le positionnement de l’extrémité distale de l’aiguille par rapport à la cible dans les
tissus (1 → 4) est rendu possible par la connaissance des positionnements relatifs suivants :
1 → 2 positionnement relatif du capteur patient par rapport à la cible dans les tissus
2 → 3 positionnement relatif de l’extrémité proximale de l’aiguille par rapport au
capteur patient
3 → 4 positionnement relatif de l’extrémité distale de l’aiguille par rapport à l’extré-
mité proximale de l’aiguille
Le tableau 1.2 détaille les technologies et les limitations permettant le positionnement re-
latif des éléments entre eux.
L’erreur de localisation de l’aiguille par rapport à la zone cible dans le corps du patient se
décompose alors de la façon suivante :
Le tableau 1.3 rassemble les ordres de grandeur de ces trois erreurs. On remarque ainsi
que dans le cadre d’une intervention utilisant des aiguilles percutanées la déformation de
l’aiguille dans les tissus est l’une des principales causes d’imprécision de la localisation
de l’aiguille.
10 Chapitre 1. Contexte
Précision de la technologie
2→3 Recalage
utilisée
1.3 Conclusion
Les interventions médicales minimalement-invasives sont de plus en plus utilisées de nos
jours, par exemple dans le domaine de la radiologie interventionelle. A ce titre, l’utilisation
d’aiguilles percutanées lors de biopsies ou de ponctions n’est pas dénuée de contraintes
pour le praticien. La principale problématique que soulève l’utilisation de ce type d’outils
12 Chapitre 1. Contexte
2.1 Approche
Ce travail de thèse s’inscrit dans le cadre du programme de recherche GAME-D (Guidage
d’une Aiguille Médicale instrumentéE Déformable), d’une durée de 45 mois, et financé par
une allocation nationale de recherche (ANR-12-TECS-0019). Ce travail consiste à pour-
suivre celui initié par Adeline Robert. Il s’agit d’explorer, d’élaborer et d’évaluer de nou-
veaux outils permettant, d’une part, de localiser, en 3D et en temps réel, la déformée d’une
aiguille instrumentée et d’autre part, d’optimiser l’instrumentation de cette aiguille. Les
problématiques sont les suivantes :
• Comment reconstruire la forme globale d’une aiguille à partir des informations lo-
cales fournies par les capteurs ?
• Où placer les capteurs de déformations sur l’aiguille pour avoir la reconstruction la
plus précise possible ?
Boite à outils
CHAPITRE 3
INTRODUCTION
On présente dans cette partie les différents outils mathématiques et physiques qui seront
utilisés dans la suite du manuscrit. On se restreint uniquement aux définitions et à quelques
exemples simples, le but étant pour le lecteur de se familiariser avec les concepts et les
notations. Les questions plus avancées concernant leurs utilisations et les liens avec la thé-
matique de recherche seront abordées dans l’état de l’art au début des chapitres concernés.
Comme indiqué précédemment, le chapitre 11 sera consacrée à la reconstruction de la
forme de l’aiguille à partir des données des capteurs. Dans cette partie, le modèle d’ai-
guille mis au point pour situer les capteurs et caractériser sa déformation, sera paramétré
par des repère mobiles. Ce type de paramétrisation nous permettra de bâtir le système dif-
férentiel reliant la géométrie de l’aiguille aux données de déformations des capteurs grâce
à l’utilisation de la théorie des poutres de Reissner. La résolution de ce système se fera
alors à l’aide d’une méthode reposant sur les groupes et algèbres de Lie.
Le chapitre 15 concerne l’optimisation des positions des capteurs sur l’aiguille. Notre ap-
proche repose sur l’utilisation de scanners de piqués d’aiguilles. Pour pouvoir décrire les
formes de ces aiguilles dans l’espace, nous utiliserons un modèle à base de B-Splines.
La caractérisation des déformations de ces aiguilles se fera à l’aide d’un outil statistique
approprié : l’analyse en composante principales.
Ces principaux outils sont présentés dans la suite de ce chapitre.
CHAPITRE 4
REPÈRE MOBILE
On note h., .i le produit scalaire euclidien usuel. On définit le repère mobile tangent à l’arc
(I, f) comme le triplet de fonctions vectorielles (fi )i∈{1,2,3} tel que :
∀i ∈ {1, 2, 3}, fi : R → R3
f0
f1 =
kf0 k
hf1 , f2 i = 0
hf1 , f3 i = 0
hf2 , f3 i = 0
On dit alors que le repère mobile (fi )i∈{1,2,3} est orthonormé. La figure 4.1 présente un
exemple de repère mobile.
20 Chapitre 4. Repère mobile
g :J → R3 (4.3)
t 7→ f(s−1 (t)) (4.4)
alors (J, g) est un reparamétrage de l’arc paramètré (I, f) par l’abscisse curviligne : c’est un
paramétrage normal, c’est à dire que l’on a la propriété suivante :
∀t ∈ J,
g0 (t)
= 1 (4.5)
dg
T= (4.6)
dt
dT
dt
N =
dT (4.7)
dt
B = T∧N (4.8)
A titre d’illustration, les figures 4.2a et 4.2b représentent le repère de Frenet d’une hélice.
5.1 Introduction
La résistance des matériaux est un domaine de la mécanique des milieux continus qui traite
de la déformation des solides. Par la formulation d’hypothèses et l’utilisation de modèles,
on peut étudier et prévoir différentes caractéristiques d’un solide lors de sa déformation.
Selon les caractéristiques géométriques de ce solide, différents modèles peuvent être élabo-
rés. La théorie des poutres rassemble l’ensemble des modèles applicables à un solide dont
l’une des dimensions est beaucoup plus grande que ses deux autres (figure 5.1).
r0
5.2 Notions
5.2.1 Définitions principales
Fibre neutre : La fibre neutre est une courbe définie comme l’ensemble des centres de gra-
vités des sections droites de la poutre. On s’appuie alors sur la fibre neutre pour modéliser
la poutre.
Déformation : Soient deux points d’une poutre définissant un segment. On note l0 la lon-
gueur de ce segment à l’état initial et l la longueur à l’état déformé (F IGURE 5.2).
l − l0 ∆L
ε= =
l0 l0
Les solides considérés en théorie des poutres sont des solides ayant une dimension d’ordre
supérieure aux deux autres. Il n’existe pas dans la littérature de valeur minimale concernant
le rapport entre la dimension la plus grande et les dimensions les plus petites. Néanmoins,
les modèles considérés ont souvent un rapport minimal de l’ordre de 10 bien qu’il soit
parfois suggéré qu’un facteur 3 puisse suffire dans certains cas.
5.3. Théorie des poutres en deux et trois dimensions 25
Il s’agit d’un principe qui stipule que l’état mécanique pour des points situés à une distance
suffisante des points d’application des charges extérieures ne dépend que du torseur résul-
tant des forces extérieures. Ce principe implique que les résultats de la théorie des poutres
ne sont valides qu’en des points suffisamment éloignés des points d’applications des efforts
extérieurs.
Variable Description
E Module de Young du matériau de la poutre
G Module de cisaillement du matériau de la poutre
I Moment quadratique de la poutre en flexion
J Moment quadratique de la poutre en torsion
A Aire de la section de la poutre
K Facteur de cisaillement
• La théorie des poutres non-linéaire 3D n’est pas une simple extention de la théorie
2D. La difficulté supplémentaire réside dans le fait que la formulation 3D des rota-
tions ne sont pas des quantités vectorielles, contrairement à la formulation 2D, mais
des objets appartenant à la variété différentielle SO(3). Ainsi la paramétrisation de la
poutre, qui permet d’exprimer les rotations de chaque section de poutre au cours de
la déformation, est une étape essentielle de chaque méthode et influence le traitement
et l’approche mise en place ensuite. Cet état de l’art n’a pas pour but d’être exhaustif
mais plutôt de proposer aux lecteurs une brève description des différentes approches
existantes de théorie des poutres 3D.
Tameroglu S. Finite Theory of Thin Elastic Rods (1969) [Tam71] : L’approche de Ta-
meroglu repose sur l’utilisation des repères mobiles matériels et de Frenet pour les états
déformés et non déformés. Une fois les matrices de transfert et les conditions de com-
patibilité posées, une approche physique permet d’obtenir les équations d’équilibre d’une
poutre dans le cas de petites déformations. Comme indiqué dans la partie sur les repères
mobiles, le repère de Frenet n’est pas défini pour les courbes présentant des points d’in-
flexion et des segments droits, ce qui peut poser des problèmes avec les modèles étudiés,
a fortiori les poutres droites. De plus la formulation des matrices de transferts entre les
deux repères mobiles distincts conduit à des expressions excessivement complexes et donc
difficilement exploitables.
Simo J.C. A finite strain beam formulation. The three-dimensional dynamic problem.
Part I (1985) [Sim85] : les travaux de Simo consistue une référence dans le domaine de
la théorie des poutres non-linéaires 3D. Ils sont une généralisation au cas dynamique des
5.4. Théorie de Reissner 27
travaux de Reissner. La paramétrisation utilisée par Simo se base sur so(3), l’algèbre de
Lie associée au groupe de Lie des rotations SO(3). Simo a développé une expression claire
et compacte de la déformation d’une poutre, basée sur un tenseur qui définit la rotation de
la section de poutre. Cela permet l’expression des contraintes résultantes et l’obtention des
déformations par application d’un bilan de puissance-énergie. Ce travail est une référence
dans le domaine de la théorie des poutres 3D qui a donné naissance à de nombreuses autres
théories ou de méthodes d’éléments finis.
La première étape à accomplir lors d’une étude avec les théories des poutres est la pa-
ramétrisation. L’analyse précédente de la littérature nous a permis d’identifier différentes
approches (angles d’Euler, paramétrage par vecteurs). Notre choix s’est porté sur la pa-
ramétrisation par repère mobile comme présenté dans la théorie de Reissner. Ce type de
paramétrisation s’avère très pratique dans notre cas, notamment pour définir les positions
des capteurs sur l’aiguille et faire le lien avec leurs données. On dispose ainsi d’une théo-
rie puissante s’appuyant sur un minimum d’hypothèses restrictives dont les principes sont
exposés dans la section qui suit.
r : [0, L] → R3
∀s ∈ [0, L],
r0 (s)
= 1
n1 : [0, L] → R3
n2 : [0, L] → R3
∀s ∈ [0, L], ht(s), ni (s)i = hn1 (s), n2 (s)i = 0
∀s ∈ [0, L], kn1 (s)k = kn2 (s)k = 1
∀s ∈ [0, L], t(s) ∧ n1 (s) = n2 (s)
Donc (t, n1 , n2 ) est un repère mobile orthonormé orienté. La section de poutre en r(s) est
le plan ayant pour vecteur normal t(s). La fibre neutre est noté r à l’état non déformé et R à
28 Chapitre 5. Théorie des poutres
l’état déformé. De même la notation (t, n1 , n2 ) correspond au repère à l’état non déformé,
celui-ci est noté (T, N1 , N2 ) à l’état déformé. La section de poutre en R(s) est le plan ayant
pour vecteur normal T(s).
n1 N1 T
t
n2 N2
(a) Poutre et son paramétrage par re- (b) Poutre et son paramétrage par repère mobile
père mobile (t, n1 , n2 ) avant dé- (T, N1 , N2 ) après déformation.
formation.
5.4.2 Variables
Cette section présente les variables utilisées dans la théorie des poutres de Reissner.
p = pt T + p1 N1 + p2 N2
m = mt T − m2 N1 + m1 N2
P = Pt T + P1 N1 + P2 N2
M = Mt T − M2 N1 + M1 N2
γ = γt T + γ1 N1 + γ2 N2
κ = κt T − κ2 N1 + κ1 N2
5.4. Théorie de Reissner 29
5.4.3 Equations
Cette section présente les équations utilisées dans la théorie des poutres de Reissner.
R0 = (1 + γt )T + γ1 N1 + γ2 N2 (5.2)
P0 + p = 0, M0 + R0 × P + m = 0 (5.4)
Dans le cas d’une poutre initialement droite leurs décompositions dans la base (T, N1 , N2 )
est la suivante :
30 Chapitre 5. Théorie des poutres
Pt0 − κ1 P1 − κ2 P2 + pt = 0 (5.5)
P10 + κ1 Pt − κt P2 + p1 = 0
P20 + κ2 Pt + κt P1 + p2 = 0
Mt0 + κ1 M2 − κ2 M1 + γ1 P2 − γ2 P1 + mt = 0 (5.6)
M10 + κ2 Mt − κt M2 + (1 + γt )P1 − γ1 Pt + m1 = 0
M20 − κ1 Mt + κt M1 + (1 + γt )P2 − γ2 Pt + m2 = 0
l − l0
εT =
l0
D’après la loi de Hooke on a alors :
σ = EεT
Pt
⇒ = EεT
A
εT = γt
Soit une poutre soumis uniquement aux phénomènes de cisaillement dans le plan (TRNi )
comme illustrée dans la figure 5.4. On note ϕ l’angle de cisaillement de la poutre, c’est à
dire l’angle entre le vecteur T du repère mobile (T, N1 , N2 ) et la normale R0 à une section.
5.4. Théorie de Reissner 31
R 0 = T + γi N 1
Soit une poutre encastrée de section circulaire constante de longueur l ayant pour moment
quadratique J et module de cisaillement G. On applique à son autre extrémité un moment
de torsion Mt . On note ϕ l’angle de torsion de la poutre.
On a la relation :
32 Chapitre 5. Théorie des poutres
Mt l
ϕ=
GJ
Or d’après la loi de comportement (équation 5.3) on a Mt = GJκt . On a alors :
ϕ
κt =
l
Par conséquent κt est l’angle unitaire de torsion mécanique de la poutre.
kR0 ∧ R00 k
κ=
kR0 k3
et on a :
R0 = T, R00 = κ1 N1 + κ2 N2
On a alors :
q
κ = κ12 + κ22
κ1
Par conséquent la norme du vecteur est la courbure de la poutre.
κ2
CHAPITRE 6
ALGÈBRE ET GROUPES DE LIE
La théorie des algèbres et groupes de Lie a été developpé par Sophus Lie au cours des
années 1890 [Lie80].
Le groupe O(3) est le groupe des matrices orthogonales en dimension 3. Le groupe SO(3)
est le groupe des matrices de rotation en dimension 3.
Tx G = {(dM)x , M ∈ G}
• alternée : ∀x ∈ g, [x, x] = 0
• anticommutativité : ∀x, y ∈ g, [x, y] = −[y, x]
• identité de Jacobi : ∀x, y, z ∈ g, [x, [y, z]] + [z, [x, y]] + [y, [z, x]] = 0
Proprièté : Soit G un groupe de Lie d’élément neutre e alors l’espace tangent Te G est une
algèbre de Lie.
Exemple : L’algèbre de Lie associée à SO(3) est TI SO(3) notée so(3). On peut montrer que
so(3) est le groupe des matrices antisymètriques :
exp : g → G (6.1)
On a ainsi :
SO(3) = {exp(M), M ∈ so(3)} (6.3)
CHAPITRE 7
SPLINES
7.1 Spline
Au début du XX me siècle, le mot spline est un mot anglais désignant la pièce de métal ou
de bois utilisé par les ingénieurs de l’industrie navale ou spatiale pour tracer des courbes.
La première incursion de ce mot dans le langage mathématique date de 1946 et se trouve
dans un papier de Schoenberg [Sch88]. Le terme désigne alors des courbes par partie dont
chaque morceau est un polynome de degré k − 1 et qui sont de classe Ck−2 autour des
points de raccordement. Schoenberg a ainsi donné à ce type de courbe le nom de l’outil
qui sert alors à l’époque à les tracer. Aujourd’hui une spline désigne plus généralement une
fonction polynomiale définie par morceaux ayant certaines propriétés de continuité et de
dérivabilité aux points de raccordements.
Plusieurs auteurs ont contribué de façon concomitante au développement et à l’extension
des splines. Ainsi les travaux de Paul de Casteljau [Casng] et Pierre Bézier [Béz66] sur les
courbes de Bézier et leurs implémentations algorithmiques et ceux de de Boor [dB78] sur
les B-Splines ont marqué le début de l’utilisation des splines dans le domaine de la Concep-
tion Assistée par Ordinateur (CAO), domaine qui leur vaut aujourd’hui d’être reconnues en
tant qu’outil de modélisation de premier plan.
7.2 B-Spline
7.2.1 Définition
Bi,k : R → R
38 Chapitre 7. Splines
7.2.2 Propriétés
1. Les fonctions B-splines de base Bi,n définissant la courbe B-spline S sont toutes de
degré n.
2. Pour une B-spline de degré n ayant m noeuds :
• Si t0 = t1 = ... = tn < tn+1 la spline passe par le point P0 .
• Si tm−n−1 < tm−n = ... = tm la spline passe par le point Pm−n−1 .
On dit alors que les noeuds sont vissés aux extrémités.
3. Une courbe B-spline est contenue dans l’enveloppe convexe définie par ses points de
contrôle.
4. Une B-spline de degré n est de classe Cn−k sur un noeud de multiplicité k. Ainsi dans
le cas où on a des noeuds strictement croissant une B-Spline de degré n est de classe
Cn−1 .
7.2.3 Exemples
7.2.3.1 Fonctions B-Spline de base
On détaille un exemple de calcul de base B-Spline de degré n = 3. On choisit des noeuds
équidistants t0 = 0 < t1 < .. < t7 < t8 = 1. On note h le pas entre les noeuds : ∀i ∈
J0, 7K ,ti+1 − ti = h
7.2. B-Spline 39
Les fonctions de base Bi,k sont calculées récursivement grâce aux équations 7.1 et 7.2. La
figure 7.1 illustre les dépendances entre les fonctions de base.
Les fonctions Bi,k sont représentées dans les figures 7.2, 7.3, 7.4 et 7.5. La somme des
fonctions Bi,k est affichée en pointillés.
Propriètés des fonctions de base Bi,k :
1. Bi,k est un polynôme de degré k sur [ti ,ti+k+1 [
2. Bi,k (t) = 0 si t ∈
/ [ti ,ti+k+1 [
3. 0 < Bi,k (t) ≤ 1 si t ∈ [ti ,ti+k+1 [
4. ∑m−k−1
i=0 Bi,k (t) = 1 pour tk ≤ t < tm−k
7.2.3.2 B-Spline 3D
On montre dans cette partie un exemple de B-Spline 3D (F IGURE 7.6). La B-Spline est
vissé à ses extrémités car les extrémités de sa courbe passe par ses points de contrôle.
40 Chapitre 7. Splines
0
t0 t1 t2 t3 t4 t5 t6 t7 t8
0
t0 t1 t2 t3 t4 t5 t6 t7 t8
0
t0 t1 t2 t3 t4 t5 t6 t7 t8
0
t0 t1 t2 t3 t4 t5 t6 t7 t8
x1,1 · · · x1,p
X = ... ..
. (8.1)
xN,1 · · · xN,p
ξ1
ξ = ... (8.2)
ξp
La combinaison linéaire ξ .xi = ∑ pj=1 ξ j xi, j est le produit scalaire entre le vecteur poids ξ
et le vecteur ligne de la ime réalisation de X1 , X2 , ..., Xp . Le vecteur poids ξ permet donc
d’affecter un poids à chaque variable aléatoire. Le principe de l’ACP consiste à choisir le
vecteur poids de manière à faire ressortir les variations qui sont présentes dans les données.
On note xi la ime ligne de X.
44 Chapitre 8. Méthodes descriptives d’analyse statistique de données multivariées
Algorithm 1 Input Ensemble des N réalisations des p variables aléatoires : (xi )i=1,..,N .
Output Composantes principales : (ξk )k=1,..,p .
for k ← 1, p do
Trouver le ξk ∈ R p qui maximise N1 ∑Ni=1 (ξk .xi )2
Contraintes : kξk k = 1 et ξi .ξk = 0 pour i < k
end for
Algorithme de l’ACP :
Explications :
• On maximise la somme au carré pour trouver la combinaison linéaire des modes qui
a la variation la plus importante.
• La contrainte kξi k = 1 permet d’avoir un problème bien défini.
• On a N1 ∑Ni=1 (ξk xi )2 = N1 ξkT X T Xξk
Donc on cherche max N1 ξkT X T Xξk avec ξkT ξk = 1
On pose V = N1 X T X matrice de variance-covariance.
On doit donc résoudre max N1 ξkT V ξk avec ξkT ξk = 1
La matrice V est une matrice symètrique réelle, donc diagonalisable en base ortho-
normée. Par changement de base, on résout le problème de maximisation en trouvant
le vecteur propre associé à la valeur propre la plus élevée de l’équation suivante :
V ξk = λ ξk .
• La valeur N1 ∑Nj=1 (ξi x j )2 correspond à l’importance du ime mode.
Faire une ACP sur des variables revient à trouver les vecteurs et valeurs propres
associés à la matrice de variance-covariance de ces variables.
x1 (s)
X = ... (8.3)
xN (s)
L’approche est similaire à l’ACPF à la différence que ξ n’est plus un vecteur mais une
fonction. On définit le produit scalaire de ξ et xi par :
Z
hξ | xi i = ξ (s)xi (s)ds (8.4)
I
Algorithme de l’ACPF :
Explications :
8.3. Analyse en composantes principales fonctionelles multidimensionelles 45
end for
• Même principe que pour l’ACP mais on remplace la matrice V par la fonction de
covariance v : v(s,t) = N1 ∑Ni=1 xi (s)xi (t)
• On se ramène également à un problème de diagonalisation V ξ = λ ξ
L’ACP et l’ACPF reposent sur les mêmes principes. Dans le cas de l’ACP, les modes sont
une famille de vecteurs orthonormaux de Rn (espace de dimension finie) et dans le cas
de l’ACPF les modes sont une famille de fonctions orthonormales (espace de dimension
infinie) [RS05]. Il est possible d’utiliser l’ACP avec des données multidimensionelles. On
souhaite pouvoir faire la même chose avec l’ACPF.
x1 (s) y1 (s)
X = ... ..
. (8.5)
xN (s) yN (s)
Pour appliquer l’ACPF à ce type de données, il est nécessaire de procéder à une réduction
de dimensions des données. Parmi les méthodes existantes, on trouve :
46 Chapitre 8. Méthodes descriptives d’analyse statistique de données multivariées
• la concaténation [RS05]
• la réorganisation [BJS11]
On présente ici
laxméthode de concaténation qui sera utilisée dans la suite de ce manuscrit.
ξ
On pose ξ = avec ξ x et ξ y deux fonctions. On définit le produit scalaire suivant :
ξy
hξ1 | ξ2 i = ξ1x | ξ1y + ξ2x | ξ2y (8.6)
xi (s)
fi (s) = (8.7)
yi (s)
On a donc :
Z Z
hξ (s) | fi (s)i = hξ x (s) | xi (s)i + hξ y (s) | yi (s)i = ξ x (s)xi (s)ds + ξ y (s)yi (s)ds
I I
xi (s1 )
..
.
xi (sn )
zi (s) =
yi (s1 ) (8.8)
.
..
yi (sn )
La matrice de variance-covariance de zi est alors une version discrétisée de l’opérateur
intégral V . On effectue ensuite une ACP sur les vecteurs zi et on sépare les vecteurs com-
posantes principales.
Remarque : il est préférable que les familles de fonctions xi et yi soient de même ordre
de grandeur sinon les composantes principales ne seront pas équilibrées entre les deux
familles [RS05]. On effectuera donc un pré-traitement (scaling) sur les données de telle
sorte que leurs moyennes soient les mêmes.
CHAPITRE 9
CONCLUSION
On dispose maintenant de tous les outils nécessaires qui seront utilisés dans la suite de ce
manuscrit.
On a choisi la théorie des poutres de Reissner car la paramétrisation utilisée est une para-
métrisation locale. Cette dernière est particulièrement pratique, notamment pour définir les
positions des capteurs sur l’aiguille et faire le lien avec leurs données. Cette paramétrisa-
tion locale se base sur les repères mobiles, d’où la place importante qu’ils occupent dans la
suite ce manuscrit. On les retrouve notamment comme solution du système différentiel ré-
gissant la déformée de l’aiguille. La recherche d’une solution conservant les propriétés des
repères mobiles nécessite alors l’utilisation d’une méthode de résolution adaptée, comme
celle utilisée par la suite et qui repose sur la théorie de Lie.
Le lissage par B-Spline apparaît comme une des méthodes d’approximation de forme per-
mettant d’obtenir les propriétés géométriques des aiguilles le plus précisément possible.
L’obtention des caractéristiques majeures des déformations de l’aiguille à partir de ces
données se fera alors par une méthode de décorrélation, ici sur l’analyse en composantes
principales fonctionnelles multidimensionnelles.
Troisième partie
Reconstruction à partir de
capteurs de déformation
CHAPITRE 10
CAPTEURS DE DÉFORMATION
10.1 Introduction
Un capteur de déformation est un capteur physique permettant de mesurer localement la dé-
formation du matériau sur lequel il est fixé. Il est possible d’incorporer ce type de capteurs
sur des aiguilles utilisées dans le domaine de la radiologie interventionelle (thématique
Working Package 2 du projet ANR GAME-D). On parle alors d’aiguille instrumentées.
Parmi les différents types de capteurs de déformation existants, on peut citer les jauges de
déformations et les réseaux de fibres de Bragg. Dans le cas des réseaux de fibres de Bragg
(FBG), la déformation du matériau est déduite de la variation de la longueur d’onde de
la lumière dans la fibre optique. Dans le cas des jauges de déformation résistive, c’est la
variation de résistance qui permet d’obtenir la déformation. Ainsi, dans les deux cas, c’est
la variation d’une quantité (résistance ou longueur d’onde) entre la position dite de repos
et une position déformée qui permet de mesurer la déformation et uniquement cela.
L’aspect technique concernant ces capteurs ne nous concernent pas. Dans la suite du do-
cument, on utilisera le terme capteur de déformation pour tout capteur qui nous permet de
remonter à une déformation géométrique locale.
C1
C2 120◦ C3
Le nombre de triplets de capteurs réparti le long de l’aiguille est noté n. La figure 10.2
représente une portion infinitésimale de poutre sur laquelle est situé le ime triplet de capteurs
(Ck,i )k∈{1,2,3} . Le plan Pi est défini comme le plan osculateur qui contient le centre Oi du
cercle osculateur Oi . Le plan πi contient la section sur laquelle le triplet de capteurs est
situé.
C2,i
C1,i
C3,i
×
Pi Oi
πi
La déformation locale du kme capteur du ime triplet est noté εk,i . La déformation maximale
de la section de la poutre définie par πi est noté εi . L’angle θi est appelé l’angle d’orienta-
tion et est défini comme l’angle entre le capteur C1,i et la trace Di du plan osculateur Pi et
du plan πi , comme le montre la figure 10.3.
Di = πi ∩ Pi
C1,i (ε1,i )
•
• −εi
θi
• •
C2,i (ε2,i ) • εi C3,i (ε3,i )
ε =0
πi
εi
•
L + ∆L
r0 •
−εi L
L − ∆L
ε =0
×Oi
Di = πi ∩ Pi Pi
En reprenant les notations utilisées dans la figure 10.4, la définition de la déformation donne
l’équation suivante :
∆L
εi = = r0 κi (10.1)
L
ε1,i = r0 κi cos(θi ) + δi
ε = r0 κi cos(θi − 2π
3 ) + δi
(10.2)
2,i
ε = r κ cos(θ − 4π ) + δ
3,i 0 i i 3 i
où δi est le biais du aux déformations autre que la flexion [HDvdD+ 14, RD14, RKvdDM14].
Le système 10.2 est un système de trois équations à trois inconnues : la courbure locale κi ,
l’angle d’orientation local θi et le biais local δi .
1
r
κi = 2 (ε1,i − ε2,i )2 + (ε2,i − ε3,i )2 + (ε1,i − ε3,i )2
3r0
2ε1,i − ε2,i − ε3,i
cos(θi ) = r
2 (ε1,i − ε2,i )2 + (ε2,i − ε3,i )2 + (ε1,i − ε3,i )2
√
3(ε3,i − ε2,i )
sin(θi ) = r
2 (ε1,i − ε2,i )2 + (ε2,i − ε3,i )2 + (ε1,i − ε3,i )2
ε1,i + ε2,i + ε3,i
δi =
3
Ainsi, pour chaque section πi , les informations locales de déformation renvoyées par le
triplet de capteurs permettent d’obtenir les informations locales de courbure κi et d’angle
d’orientation θi .
10.3 Bilan
Localement les trois capteurs de déformation permettent d’obtenir la courbure, l’angle de
d’orientation ainsi qu’une valeur de biais induit par la déformation. On a constaté que la
seule hypothèse physique utilisée était celle de la déformation linéaire. Le raisonnement
mené ne permet pas d’expliciter le biais δ0 , ni de relier les déformations des capteurs aux
types de déformations que subit la poutre.
Dans la suite de ce manuscrit, grâce à la théorie des poutres, une étude de la déformation
d’une section sera menée pour obtenir une expression plus complète du système, et ainsi
identifier comment extraire des informations supplémentaires pour améliorer la reconstruc-
tion.
CHAPITRE 11
RECONSTRUCTION SIMPLE
11.1.1 Méthodes 2D
11.1.1.1 Théorie de Euler-Bernoulli 2D
Certaines méthodes de reconstruction 2D utilisent sur théorie des poutres 2D d’Euler-
Bernoulli [AKM13, HGDD12, PED+ 10] qui est construite sur les deux hypothèses sui-
vantes :
• petites déformations : on fait l’hypothèse que les déformations de l’aiguille peuvent
être considérées comme petites sur toute la longueur de la poutre
• petits déplacements : on considère que le déplacement de l’extrémité de la poutre est
petit par rapport à la longueur total de celle-ci (environ moins de 10 %).
On note (x(s), y(s)) les coordonnées de la poutre en paramétrage normal avec s ∈ [O, L], L
étant la longueur de la poutre. L’hypothèse des petits déplacements conduit à l’approxima-
tion suivante de l’abscisse de la poutre :
x(s) = s
y00
κ= 3 ≈ y00
(1 + y02 ) 2
La courbure κ est ainsi assimilée à la dérivée seconde y00 . On obtient alors la fonction
abscisse y par intégration double de la courbure κ.
11.1. Etat de l’art 59
Z s Z s
y(s) = y00 (t)dt ≈ κ(t)dt
0 0
La forme de la poutre (x(s), y(s)) est donc connu pour s ∈ [O, L]. On peut alors effectuer
une rotation de ce plan dans l’espace pour orienter la déformée de façon appropriée.
On recontre parfois des méthodes 2x2D [SGA+ 13] dans laquelle la résolution précédente
est faite pour deux plans orthogonaux à partir des données de courbure κxy et κxz , les cour-
bures dans le plan (x0y) et (x0z). On a alors :
Z s Z s
y(s) = 00
y (t)dt ≈ κxy (t)dt
Z0 s Z 0s
z(s) = z00 (t)dt ≈ κxz (t)dt
0 0
On obtient alors la forme de la déformée (x(s), y(s), z(s)) pour s ∈ [O, L].
0
T 0 κ T
= (11.1)
N −κ 0 N
On peut alors résoudre le système 11.1 de façon exacte. On obtient alors l’expression de T
suivante :
Z s
T(s) = κ(u)du + T(s)0
0
où T(s)0 est la tangente initiale.
L’intégration du vecteur tangent permet alors d’obtenir la déformée de la poutre.
cas de charges etc... En terme physique, le choix de considérer une déformée contenue dans
un plan est lié à l’hypothèse de négliger la torsion mécanique. Les méthodes de reconstruc-
tion 2D ne tienne donc compte uniquement que du phénomène de flexion. Cette hypothèse
peut-être prise en défaut dans certains cas, de nombreux articles traitant du phénomène de
torsion des aiguilles lors d’insertions (Voir la partie Hypothèses de déformations).
11.1.2 Méthodes 3D
11.1.2.1 Repère de Frenet 3D
0
T 0 κ 0 T
N = −κ 0 τ N (11.2)
B 0 −τ 0 B
La courbure est obtenue directement à partir des données des jauges, la torsion quant à elle
et obtenue par dérivation de la fonction angle d’orientation :
τ = θ0
On peut alors résoudre le système 11.2 pour obtenir les vecteurs T, N, B et obtenir la défor-
mée par intégration du vecteur tangent.
Certain articles ne proposent pas ou ne décrivent pas la méthode de résolution employée
pour résoudre le système 11.2 [MR12, LPWW13, MJK+ 15, MJK+ 14]. Le système 11.2
est un système matriciel de la forme :
X(s)0 = A(s)X(s)
La résolution exacte d’un tel système est complexe et sa solution exacte fait intervenir une
série infinie de termes appelée Série de Magnus. Certains articles propose alors une mé-
thode de résolution approchée par pas du système 11.2 [WZC+ 16, YQS+ 07]. Le principe
de cette méthode consiste, pour chaque pas, à effectuer une double rotation du repère de
Frenet. On constate néanmoins que les rotations effectuées à chaque pas diffèrent entre les
articles de Wang [WZC+ 16] et de Yi [YQS+ 07].
Les méthodes 3D font l’hypothèse que la torsion mécanique de l’aiguille durant la défor-
mation est négligeable par rapport à la flexion et donc qu’on peut la supposer nulle. Malgré
les conséquences importantes de cette hypothèse, cette dernière est souvent faite implici-
tement, car nécessaire pour obtenir la valeur d’angle d’orientation à partir des capteurs. La
principale différence entre les méthodes décrites précédemment concerne le type de repère
sur lequel on travaille, à savoir mathématique dans le cas du repère de Frenet, ou physique
dans le cas du repère matériel.
• Dans les méthodes utilisant le repère de Frenet, la torsion mathématique est obte-
nue par dérivation de l’angle d’orientation. Sachant que l’angle d’orientation est re-
construit par interpolation, sa dérivation peut entrainer des erreurs d’approximation
importante.
• Dans le cas du repère matériel, on peut regretter le manque d’approche mathématique
qui fait que différentes méthodes coexistent et que les hypothèses physiques faites le
soient implicitement.
t = e1 , n1 = e2 , n2 = e3
La position du ime triplet de capteur est si ∈ [0, L] et les capteurs sont placés sur la section
de tel sorte que le vecteur e2 (si ) soit dirigé vers le capteur C1,i comme illustré sur la figure
11.1.
e2
e1
C1,i
e3
e2 (si )
e3 (si )
r
C2,i C3,i
N1 T
N2 C1,i
N1 (si )
θ
N2 (si )
R C2,i N(si ) C3,i
Soit (e1 , e2 , e3 ) la base canonique orthonormé de R3 . Le repère (T(s), N1 (s), N2 (s)) est un
repère orthonormal orienté pour tout s ∈ [0, L]. Il existe donc une transformation orthogo-
nale Q(s) ∈ SO(3) défini sur [0, L] tel que :
D’après la théorie des poutres 3D de Reissner, dans le cas d’une poutre droite à l’état
non-déformé, on a une relation entre les composantes de Ω et le moment de déformation
linéique interne virtuelle κ :
ωt =κt (11.13)
ω1 =κ1 (11.14)
ω2 =κ2 (11.15)
On a donc :
0
κ1 κ2
Ω = −κ1 0 κt
−κ2 −κt 0
Ce qui donne le système différentiel suivant :
0
T 0 T
κ1 κ2
N1 = −κ1 0 κt N1 (11.16)
N2 −κ2 −κt 0 N2
La résolution du système 11.16 permettra de reconstruire la déformée de la poutre. La
résolution de ce système est conditionnée à la connaissance de κt , κ1 et κ2 . On va obtenir
ces expressions en exprimant le repère mobile (T, N1 , N2 ) à partir du repère de Frenet
(T, N, B).
On fait l’hypothèse que la fonction R00 ne s’annule pas sur [0, L]. Les résultats qui suivent
s’étendent au cas où cette hypothèse n’est pas satisfaite. Néanmoins on utilise cette hypo-
thèse dans le cadre de l’étude car elle est permet de s’assurer de l’existence du repère de
Frenet. Dans le cas où elle n’est pas satisfaite on peut prolonger le repère de Frenet sur
les parties où R00 s’annule. On a donc le repère (T, N, B) défini sur [0, L]. Les fonctions
géométriques courbure et torsion κ et τ sont également définis sur [0, L] et sont présentes
dans le système différentiel régissant l’évolution du repère de Frenet :
0
T 0 κ 0 T
N = −κ 0 τ N (11.17)
B 0 −τ 0 B
Le repère mobile (T, N1 , N2 ) et le repère de Frenet (T, N, B) ont en commun le vecteur T.
On déduit de ceci qu’on peut passer de l’un à l’autre par rotation autour de l’axe T. Ainsi
11.2. Hypothèses et système physique 65
la rotation qui permet de passer de l’un à l’autre est la rotation d’axe T et dont l’angle de
rotation est l’angle par lequel la rotation transforme le vecteur N en N1 et B en N2 . Comme
N est inclus dans le plan osculateur et N1 est dirigé vers le capteur 1 (voir figure 11.2),
l’angle de rotation entre les deux repères n’est autre que l’angle d’orientation θ . On a donc
la relation suivante :
T T
N1 = RotT (−θ ) N (11.18)
N2 B
0 0
T T
N1 = RotT (−θ ) N
N2 B
0
1 0 0 T
= 0 cos(θ ) sin(θ ) N
0 −sin(θ ) cos(θ ) B
0
0 0 0 T 1 0 0 T
On a donc :
0
T 0 κcos(θ ) −κsin(θ ) T
0
N1 = −κcos(θ ) 0 (θ + τ) N1 (11.19)
0
N2 κsin(θ ) −(θ + τ) 0 N2
κt =θ 0 + τ (11.20)
κ1 =κ cos θ (11.21)
κ2 = − κ sin θ (11.22)
La courbure κ et l’angle d’orientation θ sont connus par leur approximation κest et θest ,
donc par les équations 11.21 et 11.22 κ1 et κ2 sont des fonctions connues de s. L’équation
11.20 fait apparaître le lien entre la torsion mécanique κt et la torsion mathématique τ. Ces
deux fonctions restent inconnues.
On a ainsi l’expression de Ω suivante :
0 κcos(θ ) −κsin(θ )
Ω = −κcos(θ ) 0 κt (11.23)
κsin(θ ) −κt 0
On ne peut pas déterminer complètement le tenseur Ω car les composantes Ω2,3 et Ω3,2 de
Ω sont inconnues.
On a les relations suivantes :
Ω2,3 = N1 0 .N2
Ω3,2 = N2 0 .N1
Il y a donc une incertitude sur les composantes des dérivées d’un vecteurs orthogonal au
vecteur tangent sur l’autre vecteur orthogonal, c’est à dire la façon dont tourne le repère
(T, N1 , N2 ) autour de son axe tangent. On va donc avoir besoin d’une hypothèse simplifi-
catrice.
Lors de l’insertion l’aiguille se déforme à cause de l’interaction entre l’aiguille et les tis-
sus. Il en découle certains types de déformation physique parmi lesquelles la flexion et
la torsion, dont les grandeurs de déformations régissent le système différentiel 11.16. On
a vu dans le chapitre préliminaires concernant les types de déformation que l’ordre des
grandeurs de déformations liés à la flexion était bien supérieur à celui correspondant à la
torsion. On peut donc supposer que le phénomène de torsion est négligeable par rapport au
phénomène de flexion. On va donc faire l’hypothèse simplificatrice suivante :
Hypothèse 1. La torsion mécanique de l’aiguille est nulle.
κt = 0
On obtient donc l’expression simplifiée du tenseur Ω suivante :
0 cos(θ ) −sin(θ )
Ω = κ −cos(θ ) 0 0 (11.24)
sin(θ ) 0 0
11.3. Résolution du système physique 67
Finalement on obtient l’estimation de Ω notée Ωest avec les estimations de fonctions κest et
θest :
11.2.4 Synthèse
• Par une approche combinant référentiel de Frenet et référentiel mobile de paramétri-
sation de l’aiguille et sous l’hypothèse simplificatrice d’une torsion mécanique nulle
de l’aiguille, nous avons défini l’équation différentielle qui régit le déplacement de
ce repère mobile le long de la déformée de l’aiguille.
• Au cours de cette démonstration, nous avons également explicité le lien entre les
torsions mathématique et mécanique de la poutre.
T =Ti ei (11.27)
N1 =N1i ei (11.28)
N2 =N2i ei (11.29)
De cette manière, le système 11.26 peut-être réécrit sous la forme d’un système différentiel
matricielle :
Te G = {(dX)e , X ∈ G}
Soit un groupe de Lie donné, son algèbre de Lie est l’espace tangent à l’identité, ainsi
l’algèbre de Lie de SO(3) est TI SO(3), noté so(3). On peut montrer que so(3) est le groupe
de des matrices anti-symètriques M3,3 (R) [Hal15] :
Propriété. Soit un groupe de Lie matricielle G et son algèbre de Lie g alors l’espace
tangent de G à Y ∈ G est l’ensemble :
TY G = {AY, A ∈ g}
Soit Y un élément du groupe de Lie matricielle SO(3), comme Ω est un élément de son
algèbre de Lie so(3) on a alors ΩY ∈ TY G.
Définition. Soit M ⊂ Rn une sous-variété. Un champ vectoriel sur M est une application
C1 f : M → Rn tel que f (y) ∈ Ty M pour tout y ∈ M. Alors y0 = f (y) est une équation
différentielle sur la sous-variété M.
Ainsi eq.11.30 est une équation différentielle sur le groupe de Lie SO(3).
Théorème. Soit G un groupe de Lie matricielle et g son algèbre de Lie. Si A(Y ) ∈ g pour
tout Y ∈ G et si Y0 ∈ G, alors la solution de Y 0 = A(Y ) satisfait Y (t) ∈ G pour tout t.
La résolution d’une équation différentielle sur une variété peut être effectuée de façon clas-
sique, sans considérer ses propriétés algébriques, en utilisant une méthode de résolution
11.3. Résolution du système physique 69
Z s
Θ(s) = Ω(s1 )ds1 (11.33)
0
1 s s1
Z Z
+ [Ω(s1 ), Ω(s2 )] ds1 ds2
2 0 0
Z s Z s1 Z s2
1
+ [Ω(s1 ), [Ω(s2 ), Ω(s3 )]] +
6 0 0 0
[Ω(s3 ), [Ω(s2 ), Ω(s1 )]] ds1 ds2 ds3
+ ...
L’itération qui permet d’obtenir Yn+1 à partir de Yn se fait par la formule suivante :
avec :
70 Chapitre 11. Reconstruction simple
Z tn +h
Θtn ,h = Ω(s1 )ds1 (11.35)
tn
1 tn +h s1
Z Z
+ [Ω(s1 ), Ω(s2 )] ds1 ds2
2 tn tn
1 tn +h s1 s2
Z Z Z
+ [Ω(s1 ), [Ω(s2 ), Ω(s3 )]] +
6 tn tn tn
[Ω(s3 ), [Ω(s2 ), Ω(s1 )]] ds1 ds2 ds3
+ ...
R0 = (1 + γt )T + γ1 N1 + γ2 N2 (11.38)
On suppose que pendant l’insertion de l’aiguille, les phénomènes de cisaillement et de
traction-compression sont assez faibles pour être négligés.
On a ainsi :
γt = γ1 = γ2 = 0
Donc l’équation 11.38 se simplifie en :
11.4. Reconstruction de la déformée 71
R0 = T (11.39)
On définit Ri comme l’approximation de R(si ) par la relation suivante :
R0 = R(0) (11.40)
Ri+1 = Ri + hTi
12.1 Introduction
La partie concernant les capteurs présente un état de l’art sur l’utilisation des données des
capteurs pour obtenir des informations géométriques locales de l’aiguille : la courbure et
l’angle d’orientation liés au phénomène de flexion. En plus de ces deux informations, un
paramètre supplémentaire, notée δ0 , dit de biais est accessible. Peu d’informations sont
présentes dans la littérature concernant ce paramètre et son interprétation. Il est seulement
suggéré que cette valeur serait liée aux phénomènes de déformations autre que la flexion.
Cette partie investigue la question suivante : "Que contient la valeur δ0 ?"
Cette question est loin d’être désintéressée. En effet, en établissant le lien entre δ0 et les
différents phénomènes de déformation, on pourrait potentiellement être en mesure d’ex-
ploiter sa valeur dans le processus de reconstruction. L’utilisation de cette information sup-
plémentaire pourrait ainsi contribuer à améliorer la précision de façon non négligeable. De
plus, le nombre de capteurs sur l’aiguille étant fortement restreint à cause des contraintes
techniques, toute information permettant potentiellement d’améliorer le processus de re-
construction est à considérer avec attention.
−−−−−−−→
représenté par un segment m(s1 )m(s2 ) (figure 12.1a) et à l’état déformé par un segment
−−−−−−−−→
M(s1 )M(s2 ) (figure 12.1b).
On note ε(s1 ) la déformation du capteur à l’état déformé en s1 , qui selon la définition est :
−−−−−−−−→
−−−−−−−→
M(s1 )M(s2 )
−
m(s1 )m(s2 )
ε(s1 ) =
−−−−−−−→
(12.1)
m(s1 )m(s2 )
Et on peut exprimer les segments des capteurs avec les relations suivantes :
−−−−−−−→
−−−−−−→ −−−−−−→
m(s1 )m(s2 )
=
r(s2 ) − r(s1 ) + r(s2 )m(s2 ) − r(s1 )m(s1 )
−−−−−−−−→
−−−−−−−→ −−−−−−−→
M(s )M(s ) = R(s ) − R(s ) + R(s2 )M(s2 ) − R(s1 )M(s1 )
1 2
2 1
(a) Poutre et capteur de déformation (b) Poutre et capteur de déformation à l’état dé-
à l’état initial. formé.
m(s)
n1 (s)
12.2.1.2 Système
Nous allons calculer la déformation du capteur situé à la position s donnée par la formule :
−−−−−−−−−−→
−−−−−−−−−→
M(s)M(s + ds)
−
m(s)m(s + ds)
ε(s) =
−−−−−−−−−→
(12.2)
m(s)m(s + ds)
On exprime les positions M(s) et M(s + ds) liées au capteur à l’état déformé à partir des
repères mobiles de la théorie des poutres de Reissner (t, n1 , n2 ) et (T, N1 , N2 ) :
−−−−−−→
R(s)M(s) =r0 rotT(s),α (N1 (s))
−−−−−−−−−−−−−→
R(s + ds)M(s + ds) =r0 rotT(s+ds),α (N1 (s + ds))
Pour pouvoir calculer les expressions du capteurs à l’état déformé, on va utiliser la formule
de Rodrigues :
Formule de rotation de Rodrigues : Soit v un vecteur de R3 et k un vecteur unitaire de
R3 décrivant un axe de rotation autour duquel v subit une rotation d’angle φ . Le vecteur
résultant de la rotation vrot est alors :
−−−−−−−−−−→
Ainsi la longueur du capteur M(s)M(s + ds) à l’état déformé est :
−−−−−−−−−−→
M(s)M(s + ds)
= kR0 (s)ds + r0 (cos(α)N1 (s + ds) + sin(α)N2 (s + ds)) − r0 (cos(α)N1 (s) + sin(α)N2 (s)))k
=
R0 (s) + r0 cos(α)N1 0 (s) + r0 sin(α)N2 0 (s)
ds
On rappelle que les informations renvoyées par un capteur permettent de connaître sa dé-
formation ε. Ainsi, trois capteurs d’une même section située à la longueur s et positionnés
aux angles α1 , α2 et α3 renvoient les informations ε(s, α1 ), ε(s, α2 ) et ε(s, α3 ). Les incon-
nues sont alors les grandeurs de déformation γt (s), γ1 (s), γ2 (s), κt (s), κ1 (s) et κ2 (s). Il y a
donc 6 inconnues pour 3 données.
On observe que si (γt (s), γ1 (s), γ2 (s), κt (s), κ1 (s),κ2 (s)) est solution de l’équation 12.3,
alors (γt (s), −γ1 (s), −γ2 (s), −κt (s), κ1 (s),κ2 (s)) l’est aussi : on a une symétrie des solu-
tions. On en conclut qu’on ne peut donc pas déterminer les valeurs de κt (s), γ1 (s) et γ2 (s)
à partir de l’équation 12.3. L’interprétation physique qui en découle est que les valeurs de
torsion et de cisaillement d’une poutre déformée ne peuvent pas s’obtenir à partir de cap-
teurs de déformations parallèles à la fibre neutre (quelque soit leurs nombres..).
Et finalement on obtient :
q
(1 + ε(s, α))2 − (r0 κt (s))2 = 1 − r0 κ(s) cos(α + θ (s))
On est donc en présence d’un système non-linéaire de trois équations à trois inconnues
(κ(s), θ (s) et κt (s)).
12.2.1.3 Résolution
La recherche de solutions du système 12.6 passe par la résolution d’une équation du qua-
trième degré. Il en résulte des solutions analytiques particulièrement compliquées. Cette
complexité s’explique en partie par la présence de racines carrées dans les membres gauches
des équations du système. Afin de simplifier ces expressions nous allons effectuer une li-
néarisation à l’aide de développement limités.
r
r0 κt (s) 2
q
(1 + ε) − (r0 κt (s)) = (1 + ε)2 (1 − (
2 2 ) )
1+ε
r
r0 κt (s) 2
=(1 + ε) 1 − ( )
1+ε
1 r0 κt (s) 2
=(1 + ε)(1 − ( ) + o(κt (s)2 ))
2 1+ε
(r0 κt (s))2
=1 + ε − + o(κt (s)2 )
2(1 + ε)
(r0 κt (s))2
=1 + ε − × (1 + o(1)) + o(κt (s)2 )
2
(r0 κt (s))2
=1 + ε − + o(κt (s)2 )
2
12.2. Déformation d’un capteur 79
L’utilisation de cette expression dans le système 12.6 permet d’obtenir un nouveau système
simplifié :
(r κ (s))2
ε1 = −r0 κ(s) cos(α1 + θ (s)) + 0 2t
+ o(κt (s)2 )
2
ε2 = −r0 κ(s) cos(α2 + θ (s)) + (r0 κ2t (s)) + o(κt (s)2 ) (12.7)
2
ε = −r κ(s) cos(α + θ (s)) + (r0 κt (s)) + o(κ (s)2 )
3 0 3 2 t
En comparant le système 12.7 avec le système 10.2 du chapitre 10 on peut alors en déduire
le terme de biais δ0 :
(r0 κt (s))2
δ0 = + o(κt (s)2 )
2
C’est à dire :
(r0 κt (s))2
δ0 ∼
2
Ainsi on en conclut sous l’hypothèse de traction-compression et cisaillement nul le terme
de biais δ0 introduit dans la littérature peut s’exprimer en fonction de la grandeur de défor-
mation relative à la torsion κt .
En utilisant l’expression de δ0 calculé dans le chapitre 10, on obtient alors un équivalent de
la norme de l’angle unitaire de torsion |κt | :
2(ε1 + ε2 + ε3 )
r
1
|κt (s)| ∼
r0 3
12.2.1.4 Conclusion
Le dispositif expérimental considéré est le même que celui abordé dans la littérature (même
nombre de capteurs et même disposition). Ainsi en gardant le même dispositif et en intro-
duisant une hypothèse supplémentaire nous avons réussi à obtenir une information supplé-
mentaire sur la déformation de l’aiguille : la valeur absolue de l’angle unitaire de torsion.
Cette valeur reflète l’amplitude de la torsion, c’est à dire s’il y a "beaucoup" de torsion ou
pas. Mais ne connaissant pas le signe, il n’est pas possible de savoir dans quel sens elle
s’applique, c’est à dire dans quel "sens" se tord l’aiguille.
Cette valeur dépend de la racine des déformations des capteurs, les erreurs de mesures sur
les déformations sont donc amplifiées. Il est donc nécessaire de connaître la précision des
mesures des capteurs pour pouvoir juger de la précision de l’amplitude de la torsion ainsi
mesurée.
On change la disposition des capteurs de manière à ce qu’ils soient toujours placés dans le
sens de la poutre mais plus strictement parallèles à la fibre neutre, de façon à faire un angle
avec celle-ci (figure 12.4 et 12.5) (de manière à casser la symétrie des solutions présente
dans la configuration précédente). On note β l’angle entre le capteur et la fibre neutre. On
assimile le capteur a un segment de longueur ds parallèle à la poutre.
F IGURE 12.4. – Vue 2D de la déformation d’une poutre avec des capteurs sécants.
Les capteurs de déformations sont placés de façon à faire un angle β avec la fibre neutre
de la poutre.
α α + dα
n1 (s) n1 (s + ds)
(a) (b)
(a) Poutre et capteur de déformation (b) Poutre et capteur de déformation à l’état dé-
à l’état initial. formé.
F IGURE 12.6. – Vue 3D de la déformation d’une poutre avec des capteurs sécants.
−−−−−−−−−→
−−−−−−−−−→
m(s)m(s + ds).t(s) =
m(s)m(s + ds)
cos(β )
q
= ds2 + (−r0 sin(α)dα)2 + (r0 cos(α)dα)2 cos(β )
q
= ds2 + r02 sin2 (α)dα 2 + r02 cos2 (α)dα 2 cos(β )
q
= ds2 + r02 dα 2 cos(β )
s
dα 2
2 2
= ds 1 + r0 2 cos(β )
ds
s 2
dα
=ds 1 + r02 cos(β )
ds
−−−−−−−−−→
m(s)m(s + ds).t(s) = ds
82 Chapitre 12. Capteurs de déformation avancés
Par conséquent :
s 2
dα
1 + r02 cos(β ) = 1
ds
s
dα 2 1
⇒ 1 + r02 =
ds cos(β )
2
2 dα 1
⇒1 + r0 = 2
ds cos (β )
2
dα
⇒r02 = tan2 (β )
ds
2
dα tan(β ) 2
⇒ =
ds r0
dα tan(β )
⇒ =±
ds r0
tan(β )
⇒dα = ± ds
r0
12.2.2.2 Système
Nous allons calculer la déformation du capteur situé à la position s donnée par la formule :
−−−−−−−−−−−−−−−→
−−−−−−−−−−−−−−→
M(s)M(s + cos(β )ds)
−
m(s)m(s + cos(β )ds)
ε(s) =
−−−−−−−−−−−−−−→
(12.8)
m(s)m(s + cos(β )ds)
On exprime les positions M(s) et M(s + cos(β )) lié au capteur à l’état déformé à partir des
repères mobiles de la théorie des poutres de Reissner (t, n1 , n2 ) et (T, N1 , N2 ) :
−−−−−−→
R(s)M(s) =r0 rotT(s),α (N1 (s))
−−−−−−−−−−−−−−−−−−−−−−−→
R(s + cos(β )ds)M(s + cos(β )ds) =r0 rotT(s+cos(β )ds),α+dα (N1 (s + cos(β )ds))
12.2. Déformation d’un capteur 83
−−−−−−−−−−−−−−−→
La longueur du capteur M(s)M(s + cos(β )ds) à l’état déformé est :
−−−−−−−−−−−−−−−→
M(s)M(s + cos(β )ds)
=
R(s + cos(β )ds) − R(s) + r0 rotT(s+cos(β )ds),α+dα (N1 (s + cos(β )ds)) − r0 rotT(s),α (N1 (s))
= kR(s + cos(β )ds) − R(s) + r0 (cos(α + dα)N1 (s + cos(β )ds) + sin(α + dα)N2 (s + cos(β )ds))
− r0 (cos(α)N1 (s) + sin(α)N2 (s)))k
On a donc :
−−−−−−−−−−−−−−−→
M(s)M(s + cos(β )ds)
sin(β )
= kR(s + cos(β )ds) − R(s) + r0 (cos(α) − sin(α) ds)N1 (s + cos(β )ds)
r0
sin(β )
+ r0 (sin(α) + cos(α) ds)N2 (s + cos(β )ds)
r0
− r0 (cos(α)N1 (s) + sin(α)N2 (s))k
= kR0 (s) cos(β )ds + (r0 cos(α) − sin(α) sin(β )ds)(N1 0 (s) cos(β )ds + N1 (s))
+ (r0 sin(α) + cos(α) sin(β )ds)(N2 0 (s) cos(β )ds + N2 (s))
− r0 cos(α)N1 (s) − r0 sin(α)N2 (s)k
= kR0 (s) cos(β ) + (r0 cos(α) − sin(β ) sin(α)ds)N1 0 (s) cos(β ) + (r0 sin(α) + sin(β ) cos(α)ds)N2 0 (s) cos(β )
− sin(β ) sin(α)N1 (s) + sin(β ) cos(α)N2 (s)kds
= k(1 + γt (s)) cos(β )T(s) + γ1 (s) cos(β )N1 (s) + γ2 (s) cos(β )N2 (s)
+ (r0 cos(α) − sin(β ) sin(α)ds)(−κ1 (s)T(s) + κt (s)N2 (s)) cos(β )
+ (r0 sin(α) + sin(β ) cos(α)ds)(−κ2 (s)T(s) − κt (s)N1 (s)) cos(β )
− sin(β ) sin(α)N1 (s) + sin(β ) cos(α)N2 (s)kds
= k(1 + γt (s) − (r0 cos(α) − sin(β ) sin(α)ds)κ1 (s) − (r0 sin(α) + sin(β ) cos(α)ds)κ2 (s)) cos(β )T(s)
+ (cos(β )γ1 (s) − cos(β )(r0 sin(α) + sin(β ) cos(α)ds)κt (s) − sin(β ) sin(α))N1 (s)
+ (cos(β )γ2 (s) + cos(β )(r0 cos(α) − sin(β ) sin(α)ds)κt (s) + sin(β ) cos(α))N2 (s)kds
ε(s, α) =k(1 + γt (s) − (r0 cos(α) − sin(β ) sin(α)ds)κ1 (s) − (r0 sin(α) + sin(β ) cos(α)ds)κ2 (s)) cos(β )T(s)
+ (cos(β )γ1 (s) − cos(β )(r0 sin(α) + sin(β ) cos(α)ds)κt (s) − sin(β ) sin(α))N1 (s)
+ (cos(β )γ2 (s) + cos(β )(r0 cos(α) − sin(β ) sin(α)ds)κt (s) + sin(β ) cos(α))N2 (s)k − 1
q
= (1 + γt (s) − (r0 cos(α) − sin(β ) sin(α)ds)κ1 (s) − (r0 sin(α) + sin(β ) cos(α)ds)κ2 (s))2 cos2 (β )
+(cos(β )γ1 (s) − cos(β )(r0 sin(α) + sin(β ) cos(α)ds)κt (s) − sin(β ) sin(α))2
+(cos(β )γ2 (s) + cos(β )(r0 cos(α) − sin(β ) sin(α)ds)κt (s) + sin(β ) cos(α))2 − 1
(12.9)
q
ε(s, α) = (1 − (r0 cos(α) − sin(β ) sin(α)ds)κ1 (s) − (r0 sin(α) + sin(β ) cos(α)ds)κ2 (s))2 cos2 (β )
+(cos(β )(r0 sin(α) + sin(β ) cos(α)ds)κt (s) + sin(β ) sin(α))2
+(cos(β )(r0 cos(α) − sin(β ) sin(α)ds)κt (s) + sin(β ) cos(α))2 − 1
q
= (1 − (r0 cos(α) − sin(β ) sin(α)ds)κ1 (s) − (r0 sin(α) + sin(β ) cos(α)ds)κ2 (s))2 cos2 (β )
+ cos2 (β )(r02 + sin2 (β )ds2 )κt (s)2 + 2 cos(β ) sin(β )r0 κt (s) + sin2 (β ) − 1
(ε(s, α) + 1)2 =(1 − r0 κ(s) cos(α + θ (s)) + sin(β )κ(s)ds sin(α + θ (s)))2 cos2 (β )
+ cos2 (β )(r02 + sin2 (β )ds2 )κt (s)2 + 2 cos(β ) sin(β )r0 κt (s) + sin2 (β )
⇒(ε(s, α) + 1)2 − cos2 (β )(r02 + sin2 (β )ds2 )κt (s)2 − 2 cos(β ) sin(β )r0 κt (s) − sin2 (β )
= (1 − r0 κ(s) cos(α + θ (s)) + sin(β )κ(s)ds sin(α + θ (s)))2 cos2 (β )
q
⇒ (ε(s, α) + 1)2 − cos2 (β )(r02 + sin2 (β )ds2 )κt (s)2 − 2 cos(β ) sin(β )r0 κt (s) − sin2 (β )
= (1 − r0 κ(s) cos(α + θ (s)) + sin(β )κ(s)ds sin(α + θ (s))) cos(β )
q
⇒ cos2 (β ) + ε(s, α)(2 + ε(s, α)) − cos2 (β )(r02 + sin2 (β )ds2 )κt (s)2 − 2 cos(β ) sin(β )r0 κt (s)
= (1 − r0 κ(s) cos(α + θ (s)) + sin(β )κ(s)ds sin(α + θ (s))) cos(β )
86 Chapitre 12. Capteurs de déformation avancés
s
ε(s, α)(2 + ε(s, α))
⇒ 1+ − (r02 + sin2 (β )ds2 )κt (s)2 − 2 tan(β )r0 κt (s)
cos2 (β )
= 1 − r0 κ(s) cos(α + θ (s)) + sin(β )κ(s)ds sin(α + θ (s))
On obtient alors le système suivant dans le cas de trois jauges placés de manières sécantes
à la fibre neutre :
2π 4π
α1 = 0, α2 = − , α3 = −
3 3
12.2. Déformation d’un capteur 87
3
(r02 + sin(β )2 ds2 )κt (s)2
∑ εi (1 + tan (β )) −
2
2
− (r0 tan(β ))κt (s) = 0
i=1
3
⇒3(r02 + sin(β )2 ds2 )κt (s)2 + 6(r0 tan(β ))κt (s) − 2(1 + tan2 (β )) ∑ εi = 0 (12.11)
i=1
L’équation 12.11 est une équation du second degré en κt dont le déterminant est :
3
∆ = 36r02 tan2 (β ) + 24(r02 + sin2 (β )ds2 )(1 + tan2 (β )) ∑ εi
i=1
√ √
−6r0 tan(β ) − ∆ −6r0 tan(β ) + ∆
S ={ 2 , }
6(r0 + sin2 (β )ds2 ) 6(r02 + sin2 (β )ds2 )
q
−6r0 tan(β ) + 36r02 tan2 (β ) + 24(r02 + sin2 (β )ds2 )(1 + tan2 (β )) ∑3i=1 εi
κt (s) =
6(r02 + sin2 (β )ds2 )
Dans le cas où β = 0, on retrouve le résultat de la partie précédente avec les jauges paral-
lèles. On fait l’hypothèse dans la suite du calcul que β 6= 0.
Nous allons simplifier l’expression de l’angle unitaire de torsion κt en faisant un dévelop-
pement limité :
88 Chapitre 12. Capteurs de déformation avancés
√
−6r0 tan(β ) + ∆
κt (s) =
6(r02 + sin2 (β )ds2 )
q
−6r0 tan(β ) + 36r02 tan2 (β ) + 24(r02 + sin2 (β )ds2 )(1 + tan2 (β )) ∑3i=1 εi
=
6(r02 + sin2 (β )ds2 )
r
24(r02 +sin2 (β )ds2 )(1+tan2 (β )) ∑3i=1 εi
−6r0 tan(β ) + 36r02 tan2 (β )(1 + 36r02 tan2 (β )
)
=
6(r02 + sin2 (β )ds2 )
(r02 +sin2 (β )ds2 )(1+tan2 (β )) ∑3i=1 εi
−6r0 tan(β ) + 6r0 tan(β )(1 + 3r02 tan2 (β )
+ o(∑3i=1 εi ))
=
6(r02 + sin2 (β )ds2 )
6r0 tan(β )(r02 + sin2 (β )ds )(1 + tan (β ))
2 2 3 3
=
18r02 tan2 (β )(r02 + sin2 (β )ds2 )
∑ εi + o( ∑ εi )
i=1 i=1
(1 + tan2 (β )) 3 3
= ∑
3r0 tan(β ) i=1
εi + o( ∑ εi )
i=1
3 3
2
= ∑ i ∑ εi )
3r0 sin(2β ) i=1
ε + o(
i=1
2(ε1 + ε2 + ε3 )
κt (s) ∼
3r0 sin(2β )
s
1 + tan2 (β ) 2 ((ε1 − ε2 )2 + (ε2 − ε3 )2 + (ε3 − ε1 )2 )
κ(s) ∼
3 r02 + sin2 (β )ds2
√
(ε2 + ε3 − 2ε1 )r0 + 3(ε2 − ε3 ) sin(β )ds
cos(θ (s)) ∼ r
2 (ε1 − ε2 )2 + (ε2 − ε3 )2 + (ε1 − ε3 )2 r02 + sin2 (β )ds2
√
3(ε2 − ε3 )r0 − (ε2 + ε3 − 2ε1 ) sin(β )ds
sin(θ (s)) ∼ r
2 (ε1 − ε2 )2 + (ε2 − ε3 )2 + (ε1 − ε3 )2 r02 + sin2 (β )ds2
Hypothèses Résultats
Types de
Références Elasticité Pas de traction Torsion
capteurs -compression ni Flexion
linéaire Norme Signe
Littérature 3 cisaillement
7 3 7 7
Parallèles
Notre méthode 3 3 3 3 7
Sécants Notre méthode 3 3 3 3 3
TABLE 12.1. – Bilan des informations obtenus à partir des capteurs selon leurs types et la
méthode utilisée.
On détaille dans ce chapitre comment utiliser les informations de torsion obtenues précé-
demment à partir des capteurs de déformations placés de façon sécantes.
On définit alors κtest comme la fonction construite par interpolation sur [0, L] à partir de la
discrétisation de la fonction angle unitaire de déformation :
κtest : [0, L] → R
∀i ∈ {1, .., n}, κtest (si ) = κti
Ainsi l’étape de reconstruction ne se trouve pas modifié par le fait qu’on prenne en compte
ou non le phénomène de torsion, seul change la valeur du tenseur Ω qui décrit la variation
du repère mobile T, N1 , N2 (système 11.16).
Finalement, l’utilisation de la valeur κtest dans le tenseur Ω permet donc de reconstruire la
déformée de l’aiguille en tenant compte de sa torsion mécanique.
0
Mt + κ1 M2 − κ2 M1 + mt =0
M10 + κ2 Mt − κt M2 + m1 =0
M 0 − κ M + κ M + m
=0
2 1 t t 1 2
On en déduit alors les coordonnées du moment linéique externe appliquée sur la poutre m
dans le repère (T, N1 , N2 ) :
mt
= −GJκt0
m1 = −EI(κ cos(θ ))0 + (GJ − EI)κt κ sin(θ )
m = EI(κ sin(θ ))0 + (GJ − EI)κt κ cos(θ )
2
On a ainsi :
m = mt T − m2 N1 + m1 N2
mt
= −m2
m1 T,N1 ,N2
−GJκt0
mx
m = my
mz e
x ,ey ,ez
Tx Ty Tz
mx mt
my = YT −m2
mz e m1 T,N
x ,ey ,ez 1 ,N2
Par conséquent :
Soit les fonctions κest , θest et κtest les fonctions courbures, angle de déformations et angle
unitaire de torsion reconstruite à partir des données des jauges. Soit Yn l’approximation de
Y(sn ) issue de la partie reconstruction précédente.
Ainsi les capteurs de déformations placés de manières sécantes sur l’aiguille permettent,
par l’obtention de la valeur de l’angle unitaire de torsion, de remonter jusqu’au cas de
chargement de l’aiguille.
Quatrième partie
Optimisation de la qualité de
reconstruction par l’étude de
déformations existantes
CHAPITRE 14
ETUDE D’UNE POPULATION D’AIGUILLES
14.1 Introduction
Pour répondre aux problèmes de l’optimisation des positions des capteurs ainsi que celui
d’une reconstruction avancée de la déformée d’une aiguille, nous souhaitons mieux carac-
tériser les déformations de l’aiguille lors d’une insertion dans les tissus. La méthodologie
de caractérisation mise en place repose sur l’exploitation de scanners expérimentaux ou
cliniques de piqués d’aiguille par un traitement algorithmique et mathématique permettant
l’obtention de données caractérisant les déformations des aiguilles. Ces données caracté-
ristiques seront ensuite utilisées dans les parties suivantes.
κt = θ 0 + τ
C’est à dire :
θ 0 = κt − τ
L’angle unitaire de torsion κt , qui est un critère physique relié au repère matériel de l’ai-
guille, ne peut-être déterminé à partir des scanners patients contrairement à la torsion ma-
thématique τ qui est un critère purement géométrique. Dans la suite de cette étude, nous
allons donc reprendre l’hypothèse formulée dans la partie reconstruction : la torsion méca-
nique est nulle. On a alors la relation :
θ 0 = −τ
Z t
θ (t) = − τ(u)
g0 (u)
du (14.2)
t0
[g0 (u), g00 (u), g000 (u)]
avec τ(u) =
kg0 (u) ∧ g00 (u)k2
On en conclut donc que les fonctions κ et θ se calculent à partir des dérivées premières,
secondes et troisièmes de la courbe g. Les approximations des formes des aiguilles ob-
tenues à partir des scanners de piqué d’aiguilles vont donc être utiliées pour calculer les
fonctions de courbure et d’angle d’orientation. Ainsi, de la qualité des approximations de
ces dérivées va dépendre la précision de l’estimation de ces deux fonctions. Par conséquent
le problème d’estimation des dérivées de la forme de l’aiguille est un point crucial de notre
étude.
14.3.1 Avant-propos
Tout d’abord est présenté un bref avant-propos qui permettra de comprendre l’état de l’art
qui suit.
Le terme bien posé a été introduit pour la première fois par Hadamard [Had02] et sert
à caractériser les problèmes mathématiques. Il a introduit ce terme pour caractériser les
modèles mathématiques reposant sur des phénomènes physiques. Un problème de ce type
est dit bien posé s’il possède les trois caractéristiques suivantes :
• Existence d’une solution
• Unicité de la solution
• La solution varie continument selon les conditions initiales
Un problème qui ne satisfait pas ces trois conditions est dit alors mal posé.
Le problème de l’estimation des dérivées est mal posé, de par le fait que les estimations
sont hautement sensibles aux erreurs de mesures [Ahl84]. C’est un phénomène intrinsèque
à ce type de problème, à l’inverse par exemple du conditionnement. Un moyen possible
pour résoudre ce type de problème est d’introduire des contraintes supplémentaires : cela
s’appelle la régularisation.
Une des contraintes possibles est de supposer que les données sont suffisamment lisses.
Cette contrainte est pertinente car (la plupart du temps) les données dont on essaie d’ex-
traire les dérivées proviennent de données reflétant des phénomènes physiques réels et
ayant donc une certaines régularité, ne possèdant pas de composantes hautes fréquences.
Par exemple, dans le cas où les données sont des trajectoires, des variations brusques fe-
raient intervenir des forces très importantes. Cette hypothèse peut-être mis de côté, à priori,
si on a connaissance du contexte des données expérimentales [Wol85]. De la même façon,
dans notre cas, la forme d’une aiguille ne peut subir des déformations intenses et rapides
que si les intensités des forces qui lui sont appliquées sont très grandes et varient rapi-
dement. Ceci est vraisemblablement peu probable lorsque celle-ci est simplement insérée
dans des tissus biologiques. L’hypothèse du caractère "lisse" des données et des dérivées
semble donc être pertinente dans le problème d’évaluation des dérivées de la forme de
l’aiguille.
Cette hypothèse est mise en place mathématiquement par un lissage, c’est à dire un système
comportant un terme de pénalité lié à une expression reflétant la régularité des données.
Le lissage permet alors de s’affranchir des hautes-fréquences des données par utilisation
du paramètre de lissage. Nous allons voir dans la suite l’application de ce principe sur les
splines. Une spline obtenue par un lissage s’appelle spline de lissage.
Soit (yi )i=1,..,n la discrétisation d’une fonction inconnue aux points (ti )i=1,..,n . On cherche
à approximer la fonction inconnue par la spline S. On note λ le paramètre de lissage et m
l’ordre de la dérivée dans le terme de lissage. La spline de lissage est la spline qui minimise
le système :
n Z t
min ∑ kS(ti ) − yi k + λ
2
kS(m) (u)k2 du
S 0
i=1
L’impact de la régularisation dans le problème d’estimation de dérivée a été étudié pour
la première fois par Cullum [Cul79] au travers de la régularisation Tikhonov, Cullum sort
ainsi du cadre des splines. Il expose l’importance du choix du paramètre de régularisation et
son influence sur les dérivées. Il ne présente pas de méthode permettant d’avoir une valeur
appropriée.
L’article d’Andersen et Bloomfield [AB74] aborde le problème d’estimation des dérivées
sur des données non exactes. Les auteurs posent le principe qu’une méthode d’estimation
des dérivées de données bruitées donnant des résultats satisfaisants se doit de prendre en
compte la structure et la nature de l’origine des données. Par un argument physique ils justi-
fient l’utilisation de la régularisation et font le lien avec l’analyse spectrale. Leurs résultats
indiquent que cette dernière peut-être utilisée lorsque les données proviennent de variables
aléatoires stationnaires tandis que la régularisation est utilisée dans les autres cas. Ils déve-
loppent dans leur article une méthode d’estimation de dérivées basée sur la régularisation
et la transformation de Fourier rapide en montrant que la procédure de régularisation intro-
duite par Cullum peut-être reprise dans le cas de l’analyse spectrale. Leur méthode permet
également de déterminer une valeur adaptée du paramètre de régularisation.
Dans un article fondateur, Craven et Wahba [CW78] développent une méthode d’approxi-
mation de fonctions basée sur le lissage par splines. Ils y exposent leur méthode appelée
validation croisée généralisée qui permet d’approximer la valeur optimale du paramètre de
régularisation dans le cas où le bruit présent sur les données discrétisées est un bruit blanc,
c’est à dire sous les hypothèses suivantes :
Soit (yi )i=1,..,n = (y(ti ))i=1,..,n la discrétisation de la fonction inconnue g aux points (ti )i=1,..,n
dont le bruit est ε. On a :
yi = g(ti ) + ε(ti )
et ε est un bruit blanc, c’est à dire qu’on a les propriétés suivantes (E désigne l’espérance
mathématique) :
Eε(t) = 0
Eε(s)ε(t) = σ 2 si s=t
= 0 sinon
Les premières techniques d’estimation des dérivées à partir du lissage par spline sont abor-
dées par Wood [Woo82] et Vaughan [Vau82]. L’approche repose sur les travaux de Craven
14.3. Etat de l’art 101
et Wahba et consiste à obtenir une estimation de la fonction par spline de lissage et à ensuite
dériver cette spline pour obtenir une estimée de la dérivée originale.
Ainsi, différentes méthodes permettant l’estimation de dérivée utilisant la régularisation
ont été développées. Parmi les principales, on peut donc citer l’approche utilisant la FFT
développée par Anderson et Bloomfield et l’approche employant le lissage par spline basée
sur les travaux de Craven et Wahba.
Plusieurs comparaisons des méthodes d’approximation des dérivées ont été effectuées, que
ce soit Wood et Vaughan dans leurs articles introduisant l’approximation de dérivées par
spline, ou plus tard par Woltring [Wol85]. Les méthodes concernées sont le filtrage numé-
rique, l’analyse de Fourier, le lissage par spline cubique et le lissage par spline quintique. Il
ressort de ces études que si les méthodes donnent des résultats similaires pour l’estimation
de la dérivée première, l’estimation des dérivées d’ordre supérieure fait quant à elle appa-
raitre une grande disparité dans les résultats. La meilleure estimation est réalisée grâce aux
splines de lissage quintique (c’est à dire de degré cinq) qui donnent des résultats plus précis
que ceux données par le filtrage numérique et dont le champ d’action est supérieur à celui
de l’analyse de Fourier. Le lissage par spline cubique montre des résultats très mauvais ce
qui souligne l’importance du degré de la spline utilisée en fonction de l’ordre des dérivées à
approximer. Woltring [Wol85] précise dans son article que la méthode de lissage par spline
quintique peut encore être améliorée en utilisant non plus des splines mais des B-splines.
F IGURE 14.1. – Chronologie des principaux travaux sur la régularisation adaptée au pro-
blème d’estimation d’une fonction et de ses dérivées.
Les principaux articles concernant l’estimation des dérivées de données discrétisées cités
dans cette partie sont placés sur la frise chronologique présentée dans la figure 14.1.
Dans son article Cullum [Cul79] démontre l’influence du paramètre de lissage sur l’ob-
tention des dérivées et donc l’importance du choix de sa valeur. Un des critères les plus
souvent utilisé pour juger de la pertinence de la valeur du paramètre de lissage est l’erreur
quadratique moyenne [CW78] :
102 Chapitre 14. Etude d’une population d’aiguilles
1 n
∑ kS(ti ) − g(ti )k2
n i=1
En se basant sur ce critère on peut alors définir la valeur optimale du paramètre de lissage
comme celle qui minimise l’erreur quadratique moyenne. Néanmoins la fonction originelle
g étant inconnue, la valeur de l’erreur quadratique moyenne ne peut se calculer directement.
Les méthodes présentées ci-dessous sont des méthodes d’approximation de la valeur opti-
male du paramètre de lissage par rapport au critère de l’erreur quadratique moyenne.
Une méthode permettant de sélectionner une valeur pour le paramètre de lissage s’ap-
pelle la validation croisée [WW75a, WW75b]. L’étape préliminaire consiste à diviser notre
échantillon de départ de taille n en deux sous-échantillons : un échantillon d’apprentissage
de taille na et un échantillon de test de taille nt . On a donc na + nt = n. La manière dont sont
constitués les différents échantillons définie le type de validation croisée. On présente ici
le cas d’une validation croisée de type leave-one-out, cas pour lequel na = n − 1 et nt = 1.
Le principe est alors le suivant :
• On attribue une valeur au paramètre de lissage.
• L’échantillon de départ est divisé entre l’échantillon d’apprentissage (n−1 éléments)
et l’échantillon de test (1 élément).
• On calcule la spline de lissage à partir de l’échantillon d’apprentissage.
• On calcule l’erreur de prédiction entre la valeur présente dans l’échantillon test et la
valeur prédite par la spline de lissage.
• On répète cette opération n fois de tel sorte que l’échantillon de test contienne tour à
tour toutes les valeurs de l’échantillon de départ.
• Les n erreurs de prédiction permettent de calculer l’erreur quadratique moyenne de
prédiction associée à une valeur du paramètre de lissage.
On peut donc associer à n’importe quelle valeur du paramètre de lissage une erreur de
prédiction associée. On définit alors comme valeur optimale du paramètre de lissage la
valeur qui minimise cette erreur de prédiction.
Le principal avantage de la validation croisée est qu’elle peut évaluer la pertinence de
la valeur du paramètre de lissage à partir des données existantes sans avoir besoin de la
fonction originelle ou de nouveaux jeux de données.
Le principal désavantage de la validation croisée est le nombre d’opération nécessaire à
réaliser pour calculer la valeur optimale. Celui-ci devient très vite trop important lorsque
l’échantillon devient conséquent. En réponse à ce problème, d’autres méthodes ont été dé-
veloppées pour obtenir une valeur de paramètre satisfaisante à moindre coût.
La validation croisée généralisée [CW78] figure parmi les méthodes de sélection de para-
mètre les plus utilisées. Sa popularité est due à sa précision qui repose sur des hypothèses
statistiques concernant la fonction à approximer ainsi qu’à un faible coût en calcul. Nous
détaillerons son utilisation par la suite. Une version encore plus optimisée et moins gour-
mande en calcul a ensuite été proposée par Utreras [Utr12].
14.4. Matériel 103
14.3.4 Bilan
La régularisation figure parmi les outils d’approximation les plus puissants. Dans cet état
de l’art nous avons volontairement mis en avant les méthodes utilisant les splines. Ces
dernières constituent en effet un outil tout indiqué pour notre problème de reconstruc-
tion des formes des aiguilles pour deux raisons. Premièrement, leurs paramétrages par les
points de contrôle se prêtent particulièrement bien a la reconstruction de forme dans des
espaces de plusieurs dimensions. Deuxièmement, il existe certains types de spline tel que
les B-Splines qui, de par leur définition, bénéficient de certaines hypothèses de continuité
intéressantes (voir chapitre 7). Comme expliqué au début de ce chapitre, les fonctions que
nous cherchons à approximer, courbure et angle d’orientation dépendent des dérivées pre-
mières, secondes et troisièmes. L’état de l’art précise que les méthodes de lissage de spline
quintique permettent d’obtenir de bons résultats. Par conséquent, dans la suite de ce ma-
nuscrit la méthode de lissage utilisée sera le lissage par B-spline quintique employé avec
la validation croisée généralisée.
14.4 Matériel
Cette section présente les informations des jeux de données scanners dont sont issues les
aiguilles étudiées.
qui sera utilisé pour la mise en oeuvre de la méthode d’optimisation de positions des cap-
teurs.
14.5 Méthodes
Cette section contient les descriptions de l’ensemble des méthodes permettant à partir d’un
scanner d’un piqué d’aiguille d’obtenir les fonctions géométriques de courbure et d’angle
d’orientation de cette aiguille.
14.5.1 Segmentation
La première étape a consisté à isoler les voxels du scanner correspondant à l’aiguille des
autres voxels (correspondant aux tissus, aux os, etc...). Pour réaliser cela, on va utiliser une
opération de traitement d’images appelé la segmentation qui va effectuer une partition de
l’image, ici notre volume 3D de voxels de l’aiguille. Dans notre cas la segmentation donne
un résultat binaire sur l’ensemble des voxels, à savoir l’appartenance ou non du voxel à
l’aiguille dans l’image d’origine. La méthode de segmentation utilisée ici se base sur la
croissance de région.
14.5.1.1 Algorithme
2. Récupération des voxels voisins des graines. Dans notre exemple, en 2D, il y a 4
voisins directs par voxel (figure 14.3).
3. La graine est enregistrée comme faisant partie des voxels de l’aiguille et le critère
d’appartenance est testé sur chacun des voisins. Les voisins satisfaisant le critère
106 Chapitre 14. Etude d’une population d’aiguilles
4. L’algorithme est réitéré à partir de l’étape 1 sur le nouvel ensemble de graines jusqu’à
ce que le critère d’arrêt soit satisfait, c’est à dire que plus aucun voxel ne satisfasse
le critère d’appartenance.
Remarque : Les os donnent des voxels dont les valeurs sont similaires aux valeurs des
voxels correpondant aux aiguilles. L’utilisation de la segmentation par croissance de ré-
gions permet de ne pas inclure les os qui ne sont pas en contact avec l’aiguille. A l’inverse,
si un os touche l’aiguille alors celui ci sera inclus entièrement dans le résultat de la seg-
mentation. Il est donc nécessaire de choisir des scanners où l’aiguille est éloignée des os.
Cela est de toute façon nécessaire puisqu’on souhaite travailler sur des aiguilles dont les
formes sont représentatives des insertions, donc non soumises à des contacts avec les os.
14.5.1.2 Plug-in
14.5.1.3 Résultats
Une fois la segmentation effectuée, un nouveau volume de taille identique à celle du volume
original est créé. Ce nouveau volume contient l’ensemble des voxels associés à l’aiguille.
14.5. Méthodes 107
Les autres voxels n’appartenant pas à l’aiguille ont une valeur nulle. La figure 14.6 montre
le résultat après segmentation : il ne reste dans l’image que les voxels liés à l’aiguille.
14.5.2 Ordonnancement
L’étude de la population d’aiguille passe par l’approximation de cet ensemble de voxels
par une spline de lissage 3D. On a vu précédemment que le lissage prenait la forme d’un
problème de minimisation de la forme :
n Z t
min ∑ kS(ti ) − yi k2 + λ kS(m) (u)k2 du
S 0
i=1
La méthode de tri choisie a été proposée par Furferi [RF11] : elle permet d’organiser un
ensemble de points de l’espace représentant une courbe. La première étape consiste à créer
un polygone reprenant la forme grossière de l’ensemble des voxels : la polyline. La création
de ce polygone se déroule de la manière suivante :
1. Choix du voxel V de départ de façon aléatoire et un rayon de cluster r.
108 Chapitre 14. Etude d’une population d’aiguilles
2. Définition du cluster Ci comme l’ensemble des voxels situés à une distance inférieure
à r (figure 14.7).
4. Réalisation d’une Analyse en Composantes Principales (ACP) pour trouver les com-
posantes de la direction principale des voxels contenus dans le centroïde. Si le ratio
entre la plus petite valeur propre et la plus grande valeur propre est supérieur à une
certaine valeur fixée alors on considère que le cluster n’a pas de direction "préférée".
On augmente alors le rayon r est on recommence de l’étape 2. Dans le cas contraire
le rayon du cluster est considéré comme correct et le résultat de l’ACP définit alors
la Direction Locale Principale (DLP) du cluster (figure 14.9).
6. Réitération des processus à partir de l’étape 3, en calculant les centroïdes χi−1 et χi+1
(figure 14.11).
Cette procédure se répète jusqu’a ce qu’on finisse par avoir un cluster dont tous les points
sont déjà contenus dans le cluster précédent. Lorsque que cette condition est vérifiée cela
signifie que le cluster est situé à l’une des extrémités du nuage de points, dans notre cas
cela correspond à l’une des extrémités de l’aiguille. Ainsi lorsque cette condition a été
rencontrée deux fois cela signifie que le nuages de voxels a été parcouru jusqu’au deux
extrémités. Les voxels de l’aiguille ont alors été parcourus entièrement. La polyline est
alors le polygône ayant pour sommets les centroïdes des clusters (χi ). Les figures 14.12 et
14.13 présentent un exemple de calcul de polyline sur des voxels d’une aiguille.
14.5. Méthodes 111
Une fois la polyline créee, on interpole ses sommets par une spline. Cette spline d’inter-
polation est une approximation grossière de l’aiguille, elle va néanmoins nous permettre
d’ordonner les voxels. Pour chaque voxel appartenant à l’aiguille on va chercher le point
sur la spline qui minimise la distance à ce voxel. Ainsi à partir de l’ensemble des voxels de
l’aiguille, on obtient un ensemble de points sur la spline. En triant ces points d’une extré-
mité à l’autre selon leur l’abscisse curviligne, on peut alors trier les voxels de l’aiguille.
La spline S étant une spline 3D, tous les points de contrôles sont également 3D : ∀i =
1, .., nc , Pi ∈ R3 . Les noeuds sont l’ensemble (ti )i=1,..,m définies de manière équidistantes
sur [0, 1] avec les relations :
La B-Spline est alors clampée, c’est à dire que ses extrémités sont son premier et dernier
points de contrôles, on a :
Soit l’ensemble (Xi )i=1,..,nd contenant les coordonnées des voxels de l’aiguille et (wi )i=1,..,nd
leurs valeurs associées. Soit (t¯i )i=1,..,nd la paramétrisation associée avec l’ensemble de ces
voxels, on a alors ti paramètre du voxel Xi avec t¯1 < .. < tn¯d . Comme vu dans l’état de l’art,
le système de lissage prend alors la forme suivante :
nd Z 1
∑ wl kS(t¯l ) − Xl k2 + λ
S00 (t)
2 dt (14.4)
l=1 0
nd Z 1
!
2
(Psol )
i = min
i∈J1,nc K ∑ wl kS(t¯l ) − Xl k + λ
S (t)
dt
(Pi )i∈J1,nc K
2 00
0
(14.5)
l=1
On note X le vecteur contenant les coordonnées des voxels (Xl )i∈J1,nd K et P le vecteur
contenant les coordonnées des points de contrôles de la spline S :
X1x P1x
. .
.. ..
X P
ndx ncx
X P
1y 1y
. .
X= . P= .
. , .
Xndy Pncy
X1z P1z
.. ..
. .
Xndz Pncz
On note W la matrice diagonale dont les coefficients sont les valeurs des voxels (Xl )i∈J1,nd K :
On note B la matrice composée des fonctions B-Splines de base évaluées sur la paramétri-
sation (t¯i )i=1,..,nd :
B = diag(B∗ , B∗ , B∗ ) avec B∗ = .. ..
. .
¯ ¯
B1,n (tnd ) · · · Bnc ,n (tnd )
114 Chapitre 14. Etude d’une population d’aiguilles
1 (2) R 1 (2)
R
(2) (2)
0 B1 (t)B1 (t)dt · · · 0 B1 (t)Bnc (t)dt
Ψ = diag(Ψ∗ , Ψ∗ , Ψ∗ ) avec Ψ∗ =
.. ..
. .
R 1 (2) (2) R 1 (2) (2)
0 Bnc (t)B1 (t)dt · · · 0 Bnc (t)Bnc (t)dt
On calcule maintenant les fonctions courbures et angles d’orientation pour chaque aiguille
en utilisant les équations (14.1) et (14.2) présentées au début de ce chapitre dans lesquelles
ces deux fonctions géométriques sont exprimées en fonction des dérivées premières, se-
condes et troisièmes de la courbe. Les expressions de ces fonctions à partir des dérivées de
S sont :
Le calcul de la torsion mathématique reste donc possible mais on constate que la torsion
présente alors des variations très importantes dans cette région comme le montre la figure
14.15.
La figure 14.16 illustre l’instabilité du repère de Frenet causée par ce phénomène. Le repère
de Frenet effectue des rotations très brusques autout de son axe tangent
F IGURE 14.16. – Exemple d’instabilité du repère de Frenet d’une courbe presque droite.
On remarque une discontinuité situé dans la zone d’abscisse curviligne 25.
On peut qualifier ce phénomène de "parasite" car il est hautement sensible aux bruits de
la discrétisation de la fonction originale. On peut ainsi imaginer que deux scanners d’un
même piqué conduisent à des approximations complètement différentes de la torsion ma-
thématique de la forme de l’aiguille du piqué. On aurait alors également des valeurs d’angle
d’orientation très différentes.
On précise que ce phénomène est intrinsèque à la géométrie de la courbe approximée et
ne dépend donc pas de la qualité de l’approximation du lissage B-Spline. Il ne peut donc
pas être solutionné par un changement de paramètres tel qu’une augmentation du nombre
de points de contrôle de la spline ou une augmentation de son degré.
On rappelle que dans le cas d’une courbe droite, la courbure n’est pas définie et que le
phénomène est alors susceptible d’apparaître : les aiguilles étant de forme droite à l’état
initial, ce phénomène peut donc potentiellement toucher chaque forme d’aiguille ce qui
constitue un problème.
Par conséquent le calcul de l’angle d’orientation θ par intégration de la torsion à partir de
l’équation (14.13) se révèle particulièrement instable et n’est donc pas utilisée en pratique.
Pour calculer l’angle d’orientation θ nous allons utiliser un autre type de repère mobile
que le repère de Frenet : le repère de rotation minimale. On appelle repère de rotation
minimale, un repère mobile qui ne subit pas de rotation autour de son axe tangent. Pour
118 Chapitre 14. Etude d’une population d’aiguilles
tout arc régulier de classe C1 il existe un repère de rotation minimale associé [WJZL08].
Soit un repère de rotation minimale (T, U, V) associé à un arc régulier. Dire que (T, U, V)
est un repère de rotation minimale signifie que l’on a alors les propriétés suivantes concer-
nant les dérivées des vecteurs :
U0 .V = 0
V0 .U = 0
Les figures 14.17a et 14.17b représentent le repère de rotation minimale d’une hélice.
(a) Vue de 3D
0
T 0 cos θ − sin θ T
N1 = κ − cos θ 0 0 N1 (14.14)
N2 sin θ 0 0 N2
On a donc les relations suivantes :
N1 0 .N2 = 0
N2 0 .N1 = 0
Par conséquent, sous l’hypothèse de torsion mécanique nulle, le repère mobile (T, N1 , N2 )
de paramétrisation de la poutre utilisé par Reissner [Rei73] est un repère de rotation mini-
male.
De plus, à partir de l’équation 14.14, on peut exprimer les fonctions κ et θ en fonction des
vecteurs T, N1 et N2 et de leurs dérivées :
q
2 2
κ = (N1 0 .T) + (N2 0 .T) (14.15)
N1 .T 0
cos(θ ) = − q (14.16)
2 2
(N1 0 .T) + (N2 0 .T)
N2 0 .T
sin(θ ) = q (14.17)
2 2
(N1 0 .T) + (N2 0 .T)
Les repères de rotations minimales ont été étudiés dans de nombreux articles [Bis75,
Klo86, Gug89]. Dans son article, Guggenheimer montre que le repère de rotation mini-
male peut se calculer à partir du repère de Frenet [Gug89]. Avec ce mode de calcul, le
phénomène d’instabilité du repère de Frenet expliqué précédemment peut se répercuter sur
le repère de rotation minimale comme illustré dans la figure 14.18.
120 Chapitre 14. Etude d’une population d’aiguilles
F IGURE 14.18. – Déformée d’une aiguille lors d’une insertion dans des tissus.
L’aiguille est faiblement déformée, le calcul de son repère de rotation minimale par
intégration numérique conduit à une instabilité matérialisée par la rotation brusque du
repère autour de l’axe tangent à la courbe (entourée en rouge sur la figure).
Des méthodes de calcul beaucoup plus stables ont été développées pour calculer le repère
de rotation minimale. La méthode utilisée dans la suite de ce manuscrit est celle développée
par Wang et al. [WJZL08], appelé Double reflection method.
Cette méthode procède au calcul du repère de rotation minimale par des transformations
géométriques plutôt que par des calculs numériques, ce qui lui confère une stabilité et une
précision supérieure dans les cas critiques cités précédemment.
La figure 14.20 montre comment cette méthode, appliquée sur la même courbe que celle
de la figure 14.18, permet d’obtenir un calcul de repère de rotation minimale correct là où
la méthode précédente échoue.
122 Chapitre 14. Etude d’une population d’aiguilles
F IGURE 14.20. – Repère de rotation minimale d’une courbe presque droite calculée par la
méthode de double réflection.
On dispose donc d’une méthode de calcul du repère de rotation minimale efficace qui
permet ainsi de calculer les fonctions courbures et angles d’orientations de chaque aiguille,
en s’affranchissant des limitations intrinsèques à l’utilisation du repère de Frenet.
14.6 Résultats
Cette partie présente les résultats de reconstruction sous forme de B-spline des aiguilles
des scanners de porcs et de patients.
Les aiguilles utilisées sont des aiguilles hypodermiques standards composées de deux par-
ties : la partie interne et la partie externe comme on peut le voir dans la figure 14.21.
14.6. Résultats 123
Les aiguilles présentes dans les scanners de porcs et les scanners patients sont des aiguilles
de longueur 200 mm, c’est la taille de leur partie externe. Les aiguilles sont reconstruites
sous forme de B-Spline dont on peut mesurer la longueur grâce à l’abscisse curviligne.
Les longueurs des aiguilles reconstruites de porcs sont présentées dans l’histogramme de
la figure 14.22.
F IGURE 14.22. – Histogramme des longueurs des aiguilles de porcs (en mm).
On remarque que les longueurs des aiguilles reconstruites sont comprises entre 207 mm et
214 mm, soit beaucoup plus que la longueur réelles des aiguilles utilisées qui est de 200
mm. Ce surplus de longueur est du au fait que lors de la segmentation de l’aiguille dans le
scanner toute la partie métallique associée à l’aiguille est segmenté, pas seulement la partie
externe mais aussi la partie interne présente dans l’embase (figure 14.21).
Or on s’intéresse uniquement à la partie externe de l’aiguille, celle susceptible de se défor-
124 Chapitre 14. Etude d’une population d’aiguilles
mer. On effectue donc un recalage de chaque aiguille de façon à faire coïncider le début de
l’aiguille avec le début de la partie externe. Ce recalage consiste à utiliser l’abscisse cur-
viligne de la B-Spline pour mesurer la longueur de l’aiguille à partir de l’extrémité distal
de la B-Spline et ainsi définir la nouvelle extrémité proximale de l’aiguille correspondant
à l’interface entre les parties internes et externes.
On définit la flèche d’une aiguille déformée comme la distance entre l’extrémité distale et
la droite passant par l’extrémité proximale et tangente à l’aiguille (figure 14.23).
TABLE 14.1. – Données statistiques des flèches des aiguilles porcs reconstruites.
126 Chapitre 14. Etude d’une population d’aiguilles
F IGURE 14.25. – Histogramme des flèches des aiguilles de porcs (en mm).
Les statistiques concernant les flèches des aiguilles sont regroupées dans le tableau 14.1
tandis que son histogramme est présenté dans la figure 14.25.
TABLE 14.2. – Données statistiques des flèches des aiguilles patients reconstruites.
14.6. Résultats 127
F IGURE 14.27. – Histogramme des flèches des aiguilles de patients (en mm).
Les figures 14.28 et 14.29 présentent les fonctions courbures et angles d’orientation pour
deux aiguilles de porcs reconstruites.
Les figures 14.30 et 14.31 présentent les fonctions courbures et angles d’orientation pour
deux aiguilles patients reconstruites.
14.7 Discussion
Les résultats précédents ont permis d’illustrer les fonctions courbures et angles d’orienta-
tion à partir des scanners de piqués d’aiguilles. Des travaux précédents, conduits par Ade-
line Robert [RCB+ 13], avaient déjà permis de caractériser un échantillon d’aiguille de don-
nées scanners par une base de force mais le traitement était alors réalisé en 2D [RCB+ 13].
A notre connaissance, il n’existe pas d’étude de données expérimentales réalisée en 3D
portant sur les déformations des aiguilles.
La principale limite de notre étude concerne la précision avec laquelle ont été obtenues
les fonctions courbures et angles d’orientation. La figure 14.32 récapitule les processus
d’obtention de ces fonctions avec les différents erreurs d’approximation commise entre
chaque étapes.
Aiguilles erreuracquisition
déformées Scanner
dans les tissus
erreurreconstruction
Courbure et
Forme de l’aiguille
angle d’orientation erreurcalcul
Par conséquent l’erreur totale d’approximation est la somme des erreurs d’approximation
130 Chapitre 14. Etude d’une population d’aiguilles
erreurtotal = erreuracquisition
+ erreurreconstruction
+ erreurcalcul
14.8 Conclusion
On a donc fait l’approximation des formes des aiguilles de nos deux ensembles de réfé-
rences porcs et patients grâce aux B-Splines 3D. Une fois l’approximation réalisée, on a pu
extraire les fonctions courbure et angle d’orientation par le calcul des repères de rotations
14.8. Conclusion 131
minimales. A chaque piqué d’aiguille on a ainsi associé les fonctions courbure et angle
d’orientation de la forme d’aiguille. Ces couples de fonctions vont être utilisées dans la
suite du manuscrit.
CHAPITRE 15
OPTIMISATION DES POSITIONS DES CAPTEURS
15.1 Introduction
Cette partie aborde le problème de positionnement des triplets de capteurs le long de l’ai-
guille. Pour un nombre de triplets de capteurs donné on souhaite trouver les positions de
ces triplets qui vont permettre de reconstruire la forme de l’aiguille le plus précisément
possible. On présente tout d’abord les méthodes existantes dans la littérature en soulignant
leurs éventuels points faibles. Notre méthode reprendra la même structure de ces méthodes
avec des améliorations visant à corriger ces points faibles.
nière constituera alors l’aiguille originale. L’ensemble des aiguilles ainsi créé constitue
l’ensemble d’aiguilles de référence.
L’enjeu va maintenant être d’identifier les positions optimales des capteurs de cet ensemble
d’aiguille de références qui sont définies comme les positions qui minimisent l’erreur qua-
dratique moyenne de reconstruction. Pour cela, les valeurs de déformations renvoyées par
les capteurs sont simulées à partir des aiguilles composant l’ensemble d’aiguille de réfé-
rence. Ces valeurs de déformations sont ensuite utilisées avec la théorie des poutres 2D
pour obtenir les formes des aiguilles reconstruites. L’erreur de reconstruction peut alors
être calculée pour chaque aiguille et donc pour tout l’ensemble des aiguilles de référence.
Les différentes étapes de cette méthode sont présentées dans la figure 15.2.
15.3. Méthodes 135
Cas de charges
& Positions des capteurs
Déformations
des capteurs
Reconstruction 2D
Erreur de reconstruction
F IGURE 15.2. – Erreur de reconstruction 2D pour une position donnée de capteurs à partir
de cas de charges.
La fiabilité des résultats dépend de l’exhaustivité de cet ensemble d’aiguille. On voit dans
le tableau 15.1 que des les amplitudes des forces présentent des différences. Ainsi alors que
les amplitudes des forces distribuée et axiale sont similaires, l’amplitude de la force radiale
varie d’un facteur 50 selon les articles. Cela illustre la difficulté d’évaluer les forces appli-
quées à l’aiguille durant l’insertion. Cette importante différence d’amplitude entrainerait
des disparités entre les formes des ensembles de références d’aiguilles qui sont pourtant
censés être représentatifs (et donc exhaustifs) des façons dont se déforment les aiguilles.
Ces exemples illustrent ici le problème inhérent de cette méthode qui est l’insuffisance de
connaissance de la représentativité des cas de forces employés.
15.3 Méthodes
Nous allons dans cette section présenter notre propre méthode de positionnement des cap-
teurs de déformations sur l’aiguille.
Notre objectif est double par rapport aux méthodes existantes :
• augmenter la précision : pour cela nous allons traiter le problème non pas en 2D mais
directement en 3D. A notre connaissance il n’existe pas dans la littérature d’article
traitant du positionnement des capteurs avec un traitement mathématique et physique
complètement 3D.
136 Chapitre 15. Optimisation des positions des capteurs
La partie suivante est consacrée à la présentation de la méthode pour trouver les positions
optimales des triplets de capteurs qui sont les positions qui vont minimiser l’erreur de
reconstruction quadratique moyenne des aiguilles de référence. Notre approche se divise
en deux parties :
1. Une méthode est mise en place pour évaluer l’erreur de reconstruction d’une aiguille
de référence pour une position de capteurs donnée. Pour cela on va simuler les don-
nées renvoyées par les capteurs pour cette position et utiliser ces données pour ob-
tenir l’aiguille reconstruite. L’erreur de reconstruction est alors la distance entre les
extrémités distales de l’aiguille de référence et de l’aiguille reconstruite. Ces étapes
sont illustrées dans la figure 15.3.
2. Cette erreur de reconstruction va ensuite être minimisée sur l’ensemble des aiguilles
de références. Les positions des capteurs qui minimisent cette erreur sont appelés
positions optimales des capteurs.
15.3. Méthodes 137
Déformations
des capteurs
Reconstruction 3D
Erreur de reconstruction
F IGURE 15.3. – Erreur de reconstruction pour une position donnée de capteurs à partir de
données réelles d’aiguilles.
R = (Si )i∈J1,na K
On note n le nombre de triplets de capteurs situés sur l’aiguille. La position du ime triplet
de capteur est noté li . Les positions li des capteurs étant en millimètres on ne va considérer
que les positions entières : on a donc ∀i ∈ J1, nK, li ∈ J1, L − 1K. On définit le vecteur L
comme contenant l’ensemble des positions des triplets de capteurs :
l1
L = ... ∈ Rn
ln
138 Chapitre 15. Optimisation des positions des capteurs
Les triplets de capteurs sont triés par ordre croissant de position c’est à dire :
−l1 ≤ −1
l1 − l2
≤ −1
l2 − l3
≤ −1
0 < l1 < ... < ln < L ⇔ . ..
.. .
ln−1 − ln ≤ −1
l
≤ L−1
n
AL ≤ b
−1 0 · · · · · · 0
−1
..
1 −1 . . . . ..
.
. ..
A= 0 . et b= ..
1 . .
−1 .
.. .. ..
. . 1 . 0 −1
0 ··· 0 1 −1 L−1
Soit En l’ensemble qui pour n triplets de capteurs contient toutes les positions possibles de
triplets :
En = {X ∈ Nn , AX ≤ b} (15.1)
tip : S → R+
S 7→ tip(S)
Soit rec la fonction de reconstruction qui renvoie la B-Spline S de la forme l’aiguille re-
construite à partir de positions de triplets de capteurs L et de données associées de courbure
15.3. Méthodes 139
Soit sim la fonction de simulation qui à une aiguille de forme S et à des positions de triplets
de capteurs L simule les données de courbure et d’angle d’orientation D que renverraient
les triplets de capteurs. Cette fonction est basée sur la partie précédente concernant l’étude
de population d’aiguille dans laquelle on a calculé les fonctions courbure et angles d’orien-
tations associées à chaque forme d’aiguille expérimentale :
sim : S × En → R2n
(S, L) 7→ sim (S, L)
On note g la fonction d’erreur de reconstruction d’une aiguille de forme S pour des po-
sitions de triplets de capteurs L. L’erreur de reconstruction est définie comme la distance
entre l’extrémité de l’aiguille originale de forme S et l’extrémité de l’aiguille reconstruite
à partir des données simulées pour des triplets de capteurs situés aux positions L :
g : S × En → R+
(S, L) 7→ g (S, L) = ktip(S) − tip(rec(L, sim(S, L)))k
On définit les positions optimales de triplets de capteurs comme les solutions du problème
15.3. Comme tout problème d’optimisation ce problème admet deux types de solutions :
les solutions globales et les solutions locales.
• Les solutions globales sont les éléments Lglob de En tel que fR (Lglob ) est un extre-
mum global de fR , c’est à dire :
∀L ∈ En , fR (Lglob ) ≤ fR (L)
• Les solutions locales sont les éléments Lloc de En tel que fR (Lloc ) est un extremum
local de fR , c’est à dire qu’il existe un voisinage V ⊂ En de Lloc tel que :
∀L ∈ V , fR (Lloc ) ≤ fR (L)
On a évidemment :
L’équation 15.4 traduit le fait que les solutions globales sont meilleures au sens de la mi-
nimisation de la fonction coût que les solutions locales. On cherchera donc en priorité les
solutions globales du problème de minimisation 15.3.
La recherche des solutions des problèmes d’optimisation se fait à l’aide de méthodes d’op-
timisation, ces dernières étant pour la plupart spécialisées dans la résolution d’un problème
de type précis. Le problème 15.3 est un problème d’optimisation qui fait partie de la classe
des problèmes d’optimisation non linéaire en nombres entiers (en anglais : Mixed Inte-
ger Nonlinear Programming (MINLP)) qui regroupe les problèmes d’optimisation dont la
fonction de coût est non-linéaire (ici l’erreur de reconstruction quadratique g) et dont les
solutions sont des valeurs entières (ici les positions des triplets de capteurs L arrondies au
millimètre). On employera donc une méthode d’optimisation spécialement conçue pour les
problèmes de ce genre et selon le type de solution recherché cette méthode d’optimisation
sera globale ou locale.
Les méthodes d’optimisation globales pour les problèmes de types MINLP font appel
à des hypothèses supplémentaires : soit la convexité de la fonction coût pour les pro-
blème de type MINLP convexes (AOA [RB09], BONMIN [BBC+ 08]) soit l’expression
de la fonction coût pour les problèmes de type MINLP non convexes (BARON [TS02],
Couenne [BLL+ 09]). Dans le cas du problème 15.3 l’expression de la fonction-coût f dé-
pend des fonctions rec et sim dont l’implantation algorithmique fait appel à des fonctions
contenues dans des librairies externes. La fonction f se comporte ainsi comme une boite
noire dont on ne peut connaître ni l’expression, ni la convexité. Par conséquent les solutions
globales du problème 15.3 ne peuvent s’obtenir à l’aide de méthodes d’optimisation.
La seule méthode restante permettant de trouver les solutions globales reste alors l’éva-
luation exhaustive de toutes les solutions possibles. En effet le problème 15.3 de position
des triplets de capteurs est un problème de minimisation dans l’espace En de dimension n,
n étant le nombre de triplets. L’espace En étant un espace de nombres entiers bornés son
15.3. Méthodes 141
cardinal card(En ) est fini ce qui signifie que le nombre de positions différentes des triplets
de capteurs est fini. En évaluant la fonction coût pour toutes ces positions on peut alors
déterminer celles qui minimisent l’erreur de reconstruction sur En et qui sont donc les so-
lutions globales du problème 15.3. On présente dans le tableau 15.2 le nombre de positions
différentes de triplets de capteurs en fonction du nombre de capteurs dans le cas d’une
aiguille de longueur L = 200 mm ainsi que le temps de calcul estimé à l’évaluation de la
fonction-coût f pour toutes ces positions. Le temps de calcul t mesuré d’une évaluation de
la fonction f est d’environ t ' 10 s.
On va donc restreindre notre recherche de solution aux solutions locales en utilisant des
méthodes d’optimisation locales pour les problèmes de types MINLP. Ces méthodes sont
basées sur des algorithmes de recherche qui déterminent la meilleure solution en se basant
sur des critères d’arrêts, les plus simples étant par exemple le nombre d’évaluation de la
fonction coût ou le temps depuis le début des calculs, les plus avancées faisant appels à
des arguments heuristiques. Les méthodes d’optimisation locales sont conçues pour cal-
culer des solutions presque optimales, c’est à dire qui s’approchent le plus possible des
solutions globales. Néanmoins l’erreur d’approximation commise entre les solutions ren-
voyées et les solutions globales du problème ne peut-être calculée. Parmi les paramètres qui
peuvent influer sur la précision des solutions renvoyées figurent : l’algorithme de résolu-
tion, le nombre de dimension du problème, le nombre d’évaluation de la fonction coût et la
142 Chapitre 15. Optimisation des positions des capteurs
topologie de la fonction-coût. Les propriétés de convexité de cette dernière sont très impor-
tantes, en effet plus le nombre d’"aspérité" de la fonction coût est élevé, plus la recherche
de solutions sera difficile. Les méthodes d’optimisation locales MINLP sélectionnés pour
résoudre le problème 15.3 sont : NOMAD [LD11], KNITRO [BNW06] et Genetic Algo-
rithm [MT]. Le fonctionnement des algorithmes de ces méthodes dépasse le cadre de cette
thèse, on donnera donc juste une brève description des méthodes ci-dessous :
• NOMAD : Cette méthode se base sur l’algorithme Mesh Adaptive Direct Search [ADJ06]
dédié à l’optimisation contraintes non-linéaires, qui concerne les fonctions dont on
ne dispose pas de l’expression analytique et dont les dérivées ne sont pas connues.
• KNITRO : Cette méthode d’optimisation utilise conjointement plusieurs approches.
Parmi les algorithmes disponibles pour résoudre les problèmes de type MINLP fi-
gurent une version de type branch and bound non-linéaire, un algorithme implé-
mentant la méthode Quesada-Grossman pour les problèmes de type MINLP et enfin
un algorithme implémentant une méthode Mixed-Integer Sequential Quadratic Pro-
gramming 4 .
• MATLAB Genetic Algorithm : Cette méthode utilise le principe des algorithmes géné-
tiques qui résoud les problèmes de minimisation contraints et non-contraints en imi-
tant le processus de sélection naturelle biologique. Le schéma de résolution est basé
sur la modification répétée d’une population de solutions. A chaque itération l’algo-
rithme génétique sélectionne aléatoirement des individus de la population actuelle et
s’en sert comme parents pour produire les enfants de la génération suivante. Ainsi, au
fur à mesure des générations, la population évolue vers une solution optimale. Cette
classe d’algorithme est particulièrement adaptée à la résolution de problème d’op-
timisation qui ne conviennent pas aux algorithmes d’optimisation standards comme
les problèmes non-continus et non-linéaires. Ces raisons font que les algorithmes gé-
nétiques sont particulièrement adaptés aux problèmes de type MINLP. 5
Ces trois méthodes seront ainsi utilisées conjointement pour résoudre le problème 15.3.
Pour chaque nombre de triplets de capteurs on obtiendra alors trois ensembles de positions
de triplets, chacun solution d’une des méthodes d’optimisation. On désigne par le terme
positions optimales les position des triplets de capteurs parmi les trois résultats renvoyés
par les algorithmes qui ont la plus petite erreur moyenne quadratique de reconstruction
associée.
En conclusion, une approche permettant de résoudre le problème de positionnement des
triplets de capteurs à partir de données réelles d’aiguilles a été énoncée. La modélisation
mathématique de cette approche a donné naissance à un problème d’optimisation de type
MINLP dont la résolution par l’utilisation de méthodes d’optimisation locale a été propo-
sée.
4. https ://www.artelys.com/tools/knitro_doc/2_userGuide/minlp.html
5. https ://fr.mathworks.com/discovery/genetic-algorithm.html
15.4. Résultats 143
15.4 Résultats
Les résultats présentés dans cette section sont divisés en deux parties. Dans la première
partie sont présentés les résultats des positions optimales de triplets calculées par minimi-
sation à partir de l’ensemble des aiguilles de porcs. La seconde partie est consacrée aux
résultats de validation de ces positions par comparaison des reconstructions avec et sans
positions optimales.
TABLE 15.3. – Positions optimales (mm) des triplets de capteurs sur l’ensembles des ai-
guilles de porcs en fonction du nombre de triplet et des algorithmes d’opti-
misations.
Pour chaque nombre de triplets de capteurs on affiche en vert la position optimale.
144 Chapitre 15. Optimisation des positions des capteurs
L’analyse des positions optimales de capteurs présentées dans le tableau 15.3 laisse appa-
raître que les positions optimales des triplets de capteurs sont de plus en plus espacées au
fur et à mesure qu’on se déplace de l’extrémité proximale vers l’extrémité distale comme
le montre le figure 15.7. Ce phénomène est surtout visible pour un nombre de triplets infé-
rieur à 6, au delà les positions des triplets semblent moins respecter cette condition. Cette
observation se caractérise par la position du barycentre des triplets de capteurs, dont le cal-
cul indique que celui-ci est compris entre entre 64 mm et 93 mm et est donc plus proche de
l’extrémité proximale que de l’extrémité distale.
La littérature concernant le positionnement des capteurs de déformations sur une aiguille
hypodermique est peu importante [PED+ 10, SGA+ 13], on a donc peu de données aux-
quelles comparer nos résultats. L’article de Park [PED+ 10] traite le cas des aiguilles de
longueur 150 mm avec 2 triplets de capteurs. Les travaux Seifabadi [SGA+ 13] portent sur
les aiguilles de 110 mm avec 3 triplets de capteurs. Nos travaux, quant à eux, abordent le
cas des aiguilles de 200 mm. Pour pouvoir comparer ces résultats, les positions des tri-
146 Chapitre 15. Optimisation des positions des capteurs
F IGURE 15.7. – Distance entre les positions optimales des triplets de capteurs.
Positions des triplets de capteurs pour un nombre de triplets compris entre 1 et 6. Les
distances entre les triplets et les extrémités de l’aiguille sont affichées en milimètre.
Les figures 15.9 et 15.10 présentent les résultats statistiques des erreurs de reconstructions
des aiguilles de porcs selon le positionnement et le nombre de triplets de capteurs. Dans
chaque cas les extrémités des segments représentent le minimum et le maximum tandis que
les boites encadrent les données du premier au troisième quartile. La médiane est représen-
tée par un segment rouge.
148 Chapitre 15. Optimisation des positions des capteurs
F IGURE 15.8. – Comparaison des résultats des positions optimales de triplets de capteurs
F IGURE 15.10. – Effet du positionnement des capteurs sur la reconstruction des aiguilles
de porcs pour 6 à 10 triplets de capteurs.
Diagramme en boites de l’erreur de reconstruction des aiguilles de porcs selon les
positions de triplets pour un nombre de triplets de capteurs allant de 6 à 10. Les segments
aux extrémités désignent les minima et maxima, les boites encadrent les valeurs du
premier au troisième quartile tandis que la médiane est tracée en rouge.
15.4. Résultats 149
F IGURE 15.9. – Effet du positionnement des capteurs sur la reconstruction des aiguilles de
porcs pour 1 à 5 triplets de capteurs.
Diagramme en boites de l’erreur de reconstruction des aiguilles de porcs selon les
positions de triplets pour un nombre de triplets de capteurs allant de 1 à 5. Les segments
aux extrémités désignent les minima et maxima, les boites encadrent les valeurs du
premier au troisième quartile tandis que la médiane est tracée en rouge.
On remarque sur les figures 15.9 et 15.10 que pour un nombre de triplets de capteurs
donné le premier quartile, la médiane, le troisième quartile et le maximum des erreurs
de reconstruction sont plus faibles dans le cas de reconstructions à partir des positions
optimales que dans le cas de reconstructions à partir de positions équidistantes.
De plus l’erreur maximale décroit avec le nombre de triplets de capteurs lorsque ceux-ci
sont placés de façon optimale et se stabilise autour de 5 mm à partir de 6 triplets. A l’inverse
dans le cas des positions équidistantes l’erreur maximale fluctue et décroit seulement à
partir de 7 capteurs mais reste toujours supérieur à 5 mm. Pour n’importe quel nombre de
triplets de capteurs l’erreur maximale avec positions équidistantes est supérieure à celle
avec positions optimales.
On observe à partir de la figure 15.11 que pour atteindre les 10 mm maximal de préci-
sion il faut 9 triplets de capteurs situés positions équidistantes contre seulement 4 situés
aux positions optimales. Par conséquent pour atteindre une précision souhaitée, l’utilisa-
tion des positions optimales permet de réduire le nombre de triplets de capteurs nécessaires.
La moyenne des erreurs de reconstruction est présentée dans le tableau 15.4 et représentée
graphiquement dans la figure 15.12.
TABLE 15.4. – Erreur de reconstruction moyenne pour des positions équidistantes et opti-
males de triplets de capteurs.
On observe à partir de la figure 15.12 que l’erreur moyenne décroit lorsque les capteurs
sont placés aux positions optimales tandis qu’elle fluctue et décroit seulement à partir de 5
triplets lorsque ceux-ci sont placés aux positions équidistantes.
Le gain de précision est le gain relatif de l’erreur moyenne de reconstruction, il est présenté
dans le diagramme 15.13.
15.4. Résultats 151
F IGURE 15.13. – Gain relatif de précision avec les positions optimales de capteurs par rap-
port aux positions équidistantes.
On observe ainsi à partir de la figure 15.13 que l’utilisation des positions de capteurs opti-
males par rapport à des positions de capteurs équidistantes permet un gain de précision de
152 Chapitre 15. Optimisation des positions des capteurs
17% à 64%.
Les figures 15.14 et 15.15 présentent les résultats statistiques des erreurs de reconstruc-
tions des aiguilles patients selon le positionnement et le nombre de triplets de capteurs.
Dans chaque cas les extrémités des segments représentent le minimum et le maximum tan-
dis que les boites encadrent les données du premier au troisième quartile. La médiane est
représentée par un segment rouge.
F IGURE 15.14. – Effet du positionnement des capteurs sur la reconstruction des aiguilles
patients pour 1 à 5 triplets de capteurs.
Diagrammes en boites de l’erreur de flèche des reconstructions des aiguilles de porcs
selon les positions de triplets pour un nombre de triplets de capteurs allant de 1 à 5. Les
segments aux extrémités désignent les minima et maxima, les boites encadrent les valeurs
du premier au troisième quartile tandis que la médiane est tracée en rouge.
15.4. Résultats 153
F IGURE 15.15. – Effet du positionnement des capteurs sur la reconstruction des aiguilles
patients pour 6 à 10 triplets de capteurs.
Diagrammes en boites de l’erreur de flèche des reconstructions des aiguilles de porcs
selon les positions de triplets pour un nombre de triplets de capteurs allant de 6 à 10. Les
segments aux extrémités désignent les minima et maxima, les boites encadrent les valeurs
du premier au troisième quartile tandis que la médiane est tracée en rouge.
On remarque sur les figures 15.14 et 15.15 que pour un nombre de triplets de capteurs
compris entre 1 et 5, le premier quartile, la médiane, le troisième quartile et le maximum
des erreurs de reconstruction sont plus faibles dans le cas de reconstructions à partir des
positions optimales que dans le cas de reconstructions à partir de positions équidistantes.
Par conséquent la reconstrution d’aiguilles patients est plus précise avec les positions
optimales déterminées à partir de l’ensemble d’aiguilles de porcs pour un nombre de
triplets compris entre 1 et 5.
A l’inverse à partir de 6 triplets de capteurs on observe que ce n’est plus le cas et que
ces valeurs sont très proches. On observe également que l’erreur maximale varie assez
chaotiquement et ne présente pas de monotonie particulière. La figure 15.16 présente le
nombre de triplets de capteurs de déformations nécessaires en fonction de la précision
souhaitée selon le positionnement des capteurs.
154 Chapitre 15. Optimisation des positions des capteurs
On observe à partir de la figure 15.16 que le nombre de triplets de capteurs nécessaire pour
atteindre une précision de reconstruction souhaitée est beaucoup plus faible lorsque ces
derniers sont positionnés de façon optimale plutôt que de façon équidistante. Ainsi pour
atteindre une précision de reconstruction souhaitée de 15 mm, il en faut 2 positionnés de
façon optimale contre 5 de façon équidistante, et 2 contre 6 pour une précision de 10 mm.
La moyenne des erreurs de reconstruction est présentée dans le tableau 15.5 et représentée
graphiquement dans la figure 15.17.
TABLE 15.5. – Erreur de reconstruction moyenne pour des positions équidistantes et opti-
males de triplets de capteurs.
On remarque à partir de la figure 15.17 que pour un nombre de triplet de capteurs compris
entre 1 et 5 l’erreur moyenne de reconstruction des aiguilles patients est inférieure avec les
positions optimales par rapport aux positions équidistantes tandis que c’est l’inverse pour
un nombre de triplets compris entre 6 et 10 comme le montre le gain de précision présenté
dans la figure 15.18.
15.4. Résultats 155
Néanmoins dans le cas des positions optimales l’erreur moyenne devient inférieure à 4mm
à partir de 2 triplets alors qu’il faut 6 triplets dans le cas des positions équidistantes.
Par conséquent l’utilisation des positions optimales de triplets capteurs de l’ensemble
des aiguilles de porcs permet, pour un faible nombre de triplets, de diminuer les er-
reurs moyennes et maximales de reconstruction des aiguilles patients par rapport aux
positions équidistantes.
On reconstruit les aiguilles patients avec les positions optimales et avec les pourcentage des
positions proposées par Park et Seifabadi présentées dans la figure 15.8. L’erreur moyenne
est affichée dans le tableau 15.6.
F IGURE 15.18. – Gain relatif de précision avec les positions optimales de capteurs par rap-
port aux positions équidistantes.
semble des aiguilles de porcs permet de diminuer les erreurs moyennes et maximales
de reconstruction des aiguilles patients par rapport aux positions adaptées par Park
et Seifabadi.
15.5 Discussion
La reconstruction de la forme de l’aiguille instrumentée ayant pour vocation, à terme, à
être utilisée dans un cadre clinique, on souhaite déterminer les meilleures positions de
triplets permettant d’atteindre une précision de reconstruction donnée pour une insertion
dans des tissus humains. Le calcul de ces positions optimales ne s’est pas fait directement
à partir de scanners de piqué dans des tissus humains mais à partir de scanners de piqué
dans des tissus de porcs. En effet, le terme précision de reconstruction désigne l’erreur
maximale possible de reconstruction possible, on doit donc s’assurer qu’avec les positions
optimales que l’erreur de reconstruction est situé sous un certain seuil pour tout les cas
de reconstruction. Cette condition implique donc de déterminer les positions à partir d’un
ensemble exhaustif de données de piqué. Les données cliniques présentent des conditions
d’insertions inconnues et sont en nombres insuffisantes, on ne peut donc pas assurer leur
représentativité contrairement aux données issus de piqués de porcs qui remplissent ces
deux conditions.
Cette méthodologie explique donc le traitement des résultats en deux parties : dans la pre-
mière, on utilise les piqués de porcs pour calculer les positions optimales et dans la seconde
on utilise les piqués patients pour les valider.
15.5. Discussion 157
La figure 15.7 permet d’observer que dans le cadre des positions optimales les triplets sont
plus proches de l’extrémité proximale que distale. Ce phénomène s’explique par la recons-
truction de l’aiguille en elle même, en effet celle-ci s’effectue par étape, de l’extrémité
proximale vers l’extrémité distale, en utilisant les fonctions courbure et angle d’orienta-
tion. Par conséquent, par le phénomène du bras de levier, plus les erreurs d’approximations
sur une de ces deux fonctions sont proches des extrémités proximales, plus l’erreur de re-
construction résultante sera élevée. Ainsi, les positions des triplets traduisent le fait qu’il
est nécessaire de reconstruire plus précisément les fonctions courbure et angle d’orienta-
tion vers l’extrémité proximale que distale.
Les résultats des positions optimales des triplets de capteurs nous ont permis de constater
que plus le nombre de triplets augmentait plus les solutions renvoyées par les algorithmes
étaient divergentes.
Les causes de ce phénomène sont multiples. Tout d’abord le nombre de positions de triplets
possibles augmente de façon exponentielle en fonction de n comme le montre le tableau
15.2. Or, à l’inverse du nombre de positions, le temps de calcul et donc le nombre de
positions testées n’augmente pas exponentiellement, ce qui implique que le pourcentage
de positions testées par l’algorithme diminue en fonction de n. De plus la fonction-coût
est une fonction à n variables comme le montre l’équation 15.2 et il est alors fortement
probable que sa topologie se complexifie lorsque n augmente. Pour ces deux raisons la
difficulté du problème de minimisation s’accroit avec le nombre de capteurs ce qui explique
l’éloignement entre les solutions renvoyées.
Une implication directe de ce phénomène est que la probabilité qu’il existe de meilleures
positions de capteurs que celles renvoyées par les algorithmes augmente avec le nombre de
triplets, ce qui soulève des interrogations sur le caractère "optimal" de ces positions.
Les résultats de l’évaluation exhaustive de la fonction coût permettent de valider les résul-
tats de minimisation pour un nombre de triplets inférieur ou égal à 2. Pour un nombre de
triplets compris entre 3 et 5, le fait que les solutions optimales soient renvoyées ou appro-
chées par au moins deux des trois algorithmes est un argument qui plaide en faveur de leurs
158 Chapitre 15. Optimisation des positions des capteurs
exactitudes. A l’inverse, pour un nombre de capteurs supérieur, les solutions renvoyées sont
différentes, ce qui induit un doute quant aux fait qu’elles constituent des solutions globales.
Par conséquent, on peut raisonnablement supposer que pour un nombre de triplets inférieur
à cinq les positions optimales de triplets calculées constituent les meilleures positions de
triplets pour la reconstrution.
Nous avons montré à partir des aiguilles de porcs que, dans le cas d’une aiguille instru-
mentée de longueur 200 mm avec deux triplets de capteurs, les positions optimales étaient
situées aux longueurs 28 mm et 101 mm. Ces positions correspondent à 14% et 51% de la
longueur de l’aiguille : nos résultats sont ici soutenus par ceux de Park [PED+ 10], qui pro-
pose des positions à 15% et 57%. La position du premier triplet diffère donc de seulement
1% et celle du second triplet de 6%.
Cette observation est d’autant plus intéressante que les méthodes utilisées pour obtenir
ces résultats ont des caractéristiques différentes. En effet, Park emploie une méthode 2D
utilisant des déformations théoriques et nous employons une méthode 3D employant des
déformations expérimentales. La similarité des résultats peut alors s’interpréter de façons
différentes :
• Les caractéristiques (notamment les déformations) de nos méthodes ont une in-
fluence limitée sur le résultat (les positions optimales). Le positionnement optimal
serait alors un facteur intrinsèque de la déformation d’où les similitudes.
• Les hypothèses ont une grande influence sur le résultat et dans ce cas des résultats
similaires laissent à penser que nos hypothèses présentent des similitudes avec celles
de Park, c’est à dire que les déformations obtenues à partir des aiguilles réelles pré-
sentent des ressemblances avec les déformations théoriques utilisées par Park.
Le fonctionnement des méthodes de positionnement laisse pencher pour la deuxième posi-
tion (en effet les capteurs sont présents là ou se situent les déformations). Cette interpréta-
tion mériterait d’être validée par des comparaisons supplémentaires entre nos résultats ex-
périmentaux et des résultats théoriques supplémentaires. Néanmoins, l’obtention de résul-
tats équivalents par la méthode de Park et la notre ne doit pas faire oublier pour autant que
l’utilisation de déformations expérimentales apporte une légitimité et représentativité sup-
plémentaire par rapport à l’utilisation de déformations calculées à partir de cas de charges
théoriques.
A l’inverse, dans le cas d’une aiguille instrumentée avec trois triplets, la comparaison de
nos résultats avec ceux de Seifabadi fait apparaître des disparités importantes. En effet,
les positions optimales que nous avons obtenues correspondent à 13%, 39% et 68% de
la longueur de l’aiguille quand les travaux de Seifabadi [SGA+ 13] font état de positions
optimales correspondant à 27%, 72% et 90% de la longueur de l’aiguille.
Cette différence s’explique par une spécificité de la méthode employée par Seifabadi. En
effet, contrairement à la méthode de Park ou à notre méthode, ce dernier ne prend pas
en compte l’ensemble des capteurs pour la reconstruction mais uniquement les triplets de
capteurs qui ont déjà été insérés dans les tissus. Cette approche est la conséquence de l’hy-
pothèse utilisée selon laquelle les capteurs "activés", c’est à dire ceux qui fournissent des
15.5. Discussion 159
information exploitables, sont ceux qui ont déjà été insérés dans les tissus. Une des consé-
quences de cette hypothèse est qu’on suppose que la partie de l’aiguille non insérée dans
les tissus reste droite. Néanmoins la validité de cette hypothèse reste à démontrer et semble
remise en cause par les résultats de l’étude de population d’aiguilles sur les aiguilles non
insérées en totalité.
Les positions optimales des triplets ont été calculées par minimisation d’un critère (l’erreur
moyenne) sur un type de données (aiguille de porcs). Ainsi, l’utilisation de ces positions
à la place des positions équidistantes, permet la diminution de l’erreur de reconstruction
moyenne des aiguilles de porcs de 17% au minimum, comme le montre le diagramme
15.13.
Les résultats présentés précédemment montrent que l’utilisation de ces positions permet
également d’améliorer la reconstruction pour un critère d’erreur maximale comme on peut
le constater dans les figures 15.9 et 15.10. Cette erreur maximale, qui est l’erreur de l’ai-
guille la moins bien reconstruite, définit la précision de reconstruction atteinte par la mé-
thode. Par conséquent, pour une précision de reconstruction souhaitée, on constate que
le nombre de capteurs nécessaires est inférieur lorsque ceux-ci sont positionnés de façon
optimales plutôt que de façon équidistantes comme le présente la figure 15.11.
On en déduit alors que les positions optimales permettent d’améliorer la reconstruction se-
lon plusieurs critères.
zid et Roesthuis sont plus petites (respectivement 185 mm et 172 mm) et ont longueur
d’insertion de 120 mm. Ainsi nos aiguilles présentes une plus grande longueur dans les
tissus : elles sont susceptibles de subir des déformations sur une plus grande partie de leur
longueur. De plus, les insertions que nous avons traitées ont été effectuées dans des tissus
vivants, contrairement aux insertions traitées par Abayazid et Roesthuis qui ont été effec-
tuées sur des fantômes. La plus grande complexité matériel des tissus vivants procurent
des déformations d’aiguilles plus diversifiées. On soulignera également que nos piqués
d’aiguilles ont été effectués dans le but de batir un ensemble le plus exhaustif possible
des différents cas d’insertions. Ceci explique la présence de flèche allant jusqu’a 22 mm
comme en atteste le tableau 14.25. A l’inverse, les flèches des aiguilles des piqués expéri-
mentaux utilisés par Abayazid et Roesthuis sont plus faibles, d’une dizaine millimètres au
maximum. Par conséquent, il est crédible d’affirmer que nos aiguilles ont subit des défor-
mations plus complexes et en plus grands nombres que les aiguilles des piqués exploités par
Abayazid et Roesthuis. Cette constatation est une des explications de la différence de préci-
sion dans les reconstructions. Une autre explication concerne les erreurs d’approximations
des fonctions courbures et angles d’orientation, à l’origine directe de l’erreur de recons-
truction. Pour les résultats expérimentaux, ces erreurs sont dues aux erreurs de mesures
des capteurs tandis que pour nos résultats elles proviennent des erreurs d’approximations
des formes des aiguilles des scanners. Les erreurs de mesures ou d’approximation de ce
type sont difficilement quantifiables, ce qui rend complexe la comparaison des erreurs de
reconstructions simulées et expérimentales. La comparaison des reconstructions avec les
positions optimales des aiguilles de porcs et les positions issues des travaux de Park et Sei-
fabadi semble plus pertinente, les erreurs de reconstructions sont présentés dans le tableau
15.6. Ces résultats viennent appuyer le bien-fondé de nos positions optimales et leurs vali-
dités puisqu’on remarque que la reconstruction est plus précise avec ces positions qu’avec
les positions issues des travaux de Park et Seifabadi.
Pour un nombre de triplet compris entre 6 et 10, on constate que les erreurs maximales et
moyennes sont assez proches. Même si dans ce cas l’utilisation des positions optimales ne
constitue pas d’amélioration, on souligne néanmoins que les reconstructions restent rela-
tivement précises puisque les erreurs moyennes sont inférieures à 3mm dans les deux cas.
Dans la pratique le nombre de triplets de capteurs est limité sur une aiguille : les résultats
les plus pertinents sont donc ceux concernant un nombre de triplets compris entre 1 et 5.
On peut ainsi utiliser les résultats de la figure 15.16 qui démontre que pour un seuil de
précision souhaité, le nombre de triplets nécessaire à la reconstruction de l’aiguille dans
les tissus patients est sensiblement inférieur lorsqu’on utilise des positions optimales plutôt
que équidistantes. Une des conséquences de ce résultat est que pour une aiguille intru-
mentée à usage clinique avec un nombre fixé de triplets de capteurs on peut augmenter
la précision de reconstruction en utilisant les positions optimales.
On en conclut donc que le gain de précision apporté par l’utilisation de ces positions est
multi-critère et fonctionne donc également pour les aiguilles patients, c’est à dire avec des
insertions d’aiguilles dans des tissus différents que ceux utilisés pour le calcul des positions.
15.6. Conclusion 161
15.6 Conclusion
Nos résultats, dans un premier temps, nous ont permis de démontrer le bien fondé de l’uti-
lisation des positions optimales calculées à partir de notre ensemble d’aiguilles de porcs
pour les reconstructions d’aiguilles lors de piqués dans des tissus humains. Dans un second
temps, le gain de précision obtenu avec l’utilisation de ces positions optimales à pu être
caractériser par comparaison avec des résultats de reconstruction utilisant d’autres posi-
tionnement de capteurs.
CHAPITRE 16
RECONSTRUCTION AVEC LES MODES
16.1 Introduction
Le chapitre 11 présente une méthode de reconstruction simple à partir des informations des
capteurs. Dans cette méthode, les fonctions globales de courbures et d’angle d’orientation
sont approximées à partir des informations locales des capteurs par "simple" interpolation.
On entend par là qu’aucune hypothèse spécifique sur ces fonctions n’est faite en dehors des
points d’interpolation. Or la qualité de la reconstruction des fonctions courbure et angle
d’orientation influt directement sur la qualité de la reconstruction de la forme de l’aiguille.
Ainsi plus les fonctions courbure et angle reconstruites sont fidèles aux fonctions courbure
et angle d’orientation originales de l’aiguille, plus la forme de l’aiguille reconstruite est
fidèle à la forme de l’aiguille réelle. On en déduit donc deux choses :
• Optimiser la reconstruction des fonctions de courbure et angle d’orientation globales
à partir des informations de courbure et d’angle d’orientation locales est une étape
cruciale de l’amélioration de la précision de reconstruction.
• L’utilisation d’hypothèses supplémentaires lors de l’étape d’interpolation permettrait
de rendre la reconstruction actuelle plus précise.
Par "hypothèses supplémentaires", on entend des informations sur le comportement des
fonctions courbure et angle d’orientation. Malheureusement, les seules informations dont
on dispose lors d’un piqué sont les valeurs de ces fonctions (calculées à partir des données
des capteurs) aux points d’interpolations (les positions des capteurs).
Pour obtenir ces informations supplémentaires, nous allons effectuer un travail préalable.
Nous avons remarqué, lors de l’étude de population d’aiguille, que les déformées des ai-
guilles présentées des similitude géométriques (même formes, mêmes déformations, etc...).
Nous allons voir dans ce chapitre comment caractériser ces similitudes et comment en tirer
partie pour améliorer la précision des reconstructions des formes d’aiguilles.
164 Chapitre 16. Reconstruction avec les modes
16.2.1 Fondements
Lors d’un piqué, par un geste d’insertion, l’aiguille pénètre dans les tissus et se déforme à
leurs contacts. Par le principe de causalité, mêmes causes mêmes effets, la similarité des
facteurs aiguille, geste et tissus lors des différents piqués entraine donc des déformations
similaires. On va alors chercher à synthétiser cette proximité et cette répétition des défor-
mations de deux manières :
• par la caractérisation géométrique : c’est à dire les formes que peuvent prendre les
aiguilles.
• par la caractérisation statistique : c’est à dire les fréquences auxquelles les aiguilles
prennent ces aspects.
Ces caractéristiques seront extraites des données grâce à la méthode d’analyse en compo-
santes principales et seront regroupées dans ce qu’on appelle les modes de déformations.
On présente dans la suite de ce chapitre deux types de modes de déformations.
Dans cette première partie on explore une première approche destinée à se familiariser avec
les modes de déformations en considérant les formes géométriques des aiguilles. Pour ce
faire, on va réaliser une analyse en composantes principales directement sur les coordon-
nées des points de contrôle des B-Splines des formes des aiguilles.
nc
Sk (t) = ∑ Bi,n (t)Pki
i=1
Pikx
nc
= ∑ Bi,n (t) Piky
i=1 Pikz
nc
S̄(t) = ∑ Bi,n (t)P̄i
i=1
P̄ix
nc
= ∑ Bi,n (t) P̄iy
i=1 P̄iz
n
1
avec ∀i ∈ J1, nc K, P̄i =
n ∑ Pij
j=1
n n n
1 1 1
et ∀i ∈ J1, nc K, P̄ix =
n ∑ Pixj P̄iy =
n ∑ Piyj P̄iz =
n ∑ Pij z
j=1 j=1 j=1
Soit un échantillon de n réalisations des 3nc variables aléatoires X1 , X2 , ..., X3nc tel que xk,i
la kme réalisation de la variable Xi soit une coordonnée d’un des points de contrôle de la
kme B-spline de l’ensemble E selon la définition suivante :
k
Pix pour i ∈ J1, nc K
xk,i = Pk pour i ∈ Jnc + 1, 2nc K
i−ncy
Pk
pour i ∈ J2nc + 1, 3nc K
i−2ncz
166 Chapitre 16. Reconstruction avec les modes
X = ... ..
.
xn,1 · · · xn,3nc
1
P1x · · · Pn1cx P11y · · · Pn1cy P11z · · · Pn1cz
.. .. .. .. ..
. . . . .
.. .. .. .. ..
. . . . .
= .. .. .. .. ..
. . . . .
.. .. .. .. ..
. . . . .
P1x · · · Pncx P1ny
n n · · · Pnncy P1nz · · · Pnncz
16.2.2.1 Résultats
On présente dans cette partie l’aiguille moyenne des aiguilles de porcs ainsi que les trois
principaux modes de déformations obtenus par analyse en composantes principales à partir
des points de contrôle pour les aiguilles de porcs. Ces trois principaux modes sont les plus
16.2. Modes de déformations 167
significatifs.
L’aiguille moyenne des aiguilles de porcs est représentée dans la figure 16.1. On observe
que l’aiguille est plane et que sa flèche est d’environ 10 mm. Ces caractéristiques sont
à relier avec le type de recalage utilisé. En effet, celui-ci consiste à placer les aiguilles
de telle façon que la flèche soit positive selon l’axe (Oy) et que le plan (xOy) minimise
la distance aux carrés par rapport aux points de l’aiguille. On peut ainsi penser que sans
recalage l’extrémité distale de l’aiguille aurait eu une distribution uniforme autour de l’axe
(Ox) et donc que l’aiguille moyenne aurait pris un aspect d’aiguille droite.
(
3nc 1 si i = k
λk = (λ1 , .., λ3nc ) ∈ R avec λi =
0 si i 6= k
La figure 16.2 présente le premier mode de déformation des aiguilles de porcs. Ce mode
reflète une flexion simple de l’aiguille telle qu’elle se produit quand on applique une force
radiale sur l’extrémité distale de l’aiguille. Le mode de déformation 1 représente une dé-
formation de l’aiguille presque plane sans point d’inflexion.
168 Chapitre 16. Reconstruction avec les modes
La figure 16.3 présente le deuxième mode de déformation des aiguilles de porcs. Le mode
de déformation 2 représente une déformation de l’aiguille plane avec un point d’inflexion.
La figure 16.4 présente le troisième mode de déformation des aiguilles de porcs. Ce mode
représente les déformations non planaires de l’aiguille. On voit que dans ce cas l’aiguille
prend une forme en sorte spirale comme cela arrive parfois lorsqu’une insertion d’aiguille
est combiné avec un mouvement de rotation.
16.2. Modes de déformations 169
L’impact du recalage fait apparaitre les limites des modes de déformations des aiguilles
à partir des points de contrôle des B-splines qui ne sont donc pas invariant par les trans-
formations géométriques de translation et de rotation appliquées sur l’aiguille. Néanmoins
ces modes de déformations permettent de mettre en valeurs les différents types de défor-
mations. On constate ainsi que la complexité des déformations croit avec les modes de
déformations. Les modes étant classés par ordre décroissant de variance on en conclut que
les déformations les plus simples sont aussi les plus fréquentes de l’ensemble des aiguilles
de porcs.
On remarque alors que la courbure κ a un ordre de grandeur environ 1000 fois plus grand
que l’ordre de grandeur de l’angle d’orientation θ . Ceci aura comme conséquence que les
170 Chapitre 16. Reconstruction avec les modes
fi :R → R2
κi (s)
s 7→
θi (s)
µκ 1 n
n ∑i=1 κi
1 n κi 1 n
µ= = 1 n = ∑ = ∑ fi
µθ n ∑i=1 θi n i=1 θi n i=1
On note κ̃i la fonction résultante de la mise à échelle de la fonction κi pour tout i ∈ [1, n].
De même on note θ̃i la fonction résultante de la mise à échelle de la fonction θi pour tout
i ∈ [1, n]. Ces fonctions sont définies de la façon suivante :
K
κ̃i = κi × 10 2
K
θ̃i = θi × 10− 2
avec
Soit µκ̃ la fonction moyenne de (κ̃i )i=1,..,n et µθ̃ la fonction moyenne de θ̃i On a
i=1,..,n
16.2. Modes de déformations 171
alors :
1 n
µκ̃ n ∑i=1 κ̃i
=
µθ̃ 1 n
n ∑i=1 θ̃i
1 n K
n ∑i=1 κi × 10
2
= 1 n K
n ∑i=1 θi × 10
− 2
µκ
= × 10K
µθ
µκ
= × 10log10 (µθ )−log10 (µκ )+η
µθ
µκ µθ
log
= × 10 10 µκ × 10η
µθ
Finalement on obtient :
µκ̃
= 10η (16.1)
µθ̃
Ainsi le rapport des moyennes des fonctions courbure mise à échelle sur les fonctions
angle d’orientation mise à échelle est de 10η . On remarque ainsi que le paramètre η a une
influence logarithmique sur le rapport de ces fonctions. Ainsi si η = 0, la moyenne des
fonctions courbures mise à échelle est égale la moyenne des fonctions angles d’orientation
mise à échelle, solutionnant ainsi le problème des différences d’ordre de grandeurs lors de
l’ACPFM.
On note f˜i la fonction à valeur dans R2 regroupant les fonctions mise à échelle de la cour-
bure κ̃i et angle d’orientation θ̃i .
f˜i :R → R2
κ̃i (s)
s 7→
θ̃i (s)
On souhaite étudier les caractéristiques de la famille de fonctions f˜i i=1,..,n d’un point
δi :R → R2
i
δκ (s)
s 7→
δθi (s)
16.2.3.3 Exemples
On présente dans cette partie, à titre d’exemple, les résultats de l’analyse en composantes
principales fonctionnelles multidimensionnelles sur l’ensemble de fonctions f˜i i=1,..,n avec
On observe dans les figures 16.5a et 16.6a que la moyenne de la courbure est très élevée au
voisinage de s = 200 mm. Or le moment appliqué sur l’extrémité distale est nulle, on devrait
donc avoir une courbure nulle également. On en déduit que le pic de valeurs de la courbure
moyenne au voisinage de s = 200 mm constitue une donnée aberrante. Ce phénomène, traité
dans plusieurs travaux [GM79, Rag83, RR81], est un phénomène de dégénérescence aux
extrémités susceptible d’apparaître pour des fonctions reconstruites à partir de splines de
lissage. C’est un phénomène intrinsèque à la méthode d’approximation en elle-même. Dans
le cas de la courbure présentée ici il apparait aux deux extrémités de l’aiguille mais n’est
visible que pour l’extrémité distale car le recalage pour enlever la partie d’aiguille présente
dans l’embout plastique à fait disparaître le phénomène pour l’extrémité proximale.
Dans notre cas ce phénomène n’a pas d’implications importantes, en effet plus les erreurs
d’approximation de courbure et d’angle d’orientation sont situées vers l’extrémité distale
moins l’erreur de reconstruction est élevée. De plus les positions des capteurs ne sont pas
situées à l’extrémité distale et de ce fait les valeurs aberrante de courbure et d’angle d’orien-
tation ne seront pas utilisées lors de l’étape de reconstruction à partir des modes.
174 Chapitre 16. Reconstruction avec les modes
Les fonctions courbure et angle d’orientation entre deux positions de capteurs peuvent être
approchées par des combinaisons linéaires des modes de courbure et angle.
Les cas de charges présent sur l’aiguille entre deux positions de capteurs peuvent être
approchés par des combinaison linéaires de fonctions reliées aux cas de charges principaux
de notre ensemble d’aiguilles.
δκ1 · · · δκm
δ= δ1 δm (16.3)
··· =
δθ1 · · · δθm
Soit µ la moyenne des fonctions sur laquelle a été réalisée l’ACPFM. On va alors dire
qu’une fonction f est une combinaison linéaire des m modes lorsque cette fonction f cen-
trée sur µ est combinaison linéaire des m modes, c’est à dire :
16.3. Reconstruction à partir des modes 175
f − µ ∈ Vect(δ 1 , ..., δ m )
f − µ = δ .λ
⇒ f = µ + δ .λ
λ1
.
⇒f = µ + δ1 ··· δm . ..
λm
m
⇒ f = µ + ∑ λi δ i
i=1
m
µκ δκi
⇒f = + ∑ λi
µθ i=1 δθi
On tombe alors sur un système de minimisation de somme au moindre carrés linéaire clas-
sique. On calcule le gradient de S selon les coordonnées du paramètre λ :
n
∂S ∂S
(si , λ ) = 2 ∑ ( f (si ) − µ(si ) − δ (si )λ ) | f (si ) − µ(si ) − δ (si )λ
∂λj i=1 ∂ λ j
n
Le minimum de S est atteint lorsque ses gradients sont nuls. Le paramètre λ étant de di-
mension m, il y a donc m équations de gradient :
∂S
(si , λ ) = 0, j = 1, ..., m
∂λj
n
j j
δκ (s1 ) δκk (s1 ) δκ (s1 )
fκ (s1 ) − µκ (s1 )
fθ (s1 ) − µθ (s1 ) δθj (s1 ) δθk (s1 ) δθj (s1 )
* + * +
m
.. .. − ∑ λk .. ..
=0
⇔ . | |
j. . j.
k=1 k
fκ (sn ) − µκ (sn ) δκ (sn ) δκ (sn ) δκ (sn )
fθ (sn ) − µθ (sn ) δθj (sn ) δθk (sn ) δθj (sn )
j
δκk (s1 ) δκ (s1 )
fκ (s1 ) − µκ (s1 )
fθ (s1 ) − µθ (s1 ) δθk (s1 ) δθj (s1 )
* +
m
.. .. ..
− ∑ λk
=0
⇔ . . |
j.
k=1
fκ (sn ) − µκ (sn ) δκk (sn ) δκ (sn )
fθ (sn ) − µθ (sn ) δθk (sn ) δθj (sn )
On pose :
On a alors :
∂S
(si , λ ) = 0, j = 1, ..., m
∂λj
j
δκ (s1 )
j
δθ (s1 ) +
*
⇔ Y − Xλ |
.. =0
.
j
δκ (sn )
δθj (sn )
h i
⇔ δκj (s1 ) δθj (s1 ) · · · δκj (sn ) δθj (sn ) (Y − Xλ ) = 0
1
δκ (s1 ) δθ1 (s1 ) · · · δκ1 (sn ) δθ1 (sn )
.. ..
⇔ . . (Y − Xλ ) = 0
λ = (X T X)−1 X T Y
16.4 Résultats
Dans les résultats suivants on utilise l’hypothèse selon laquelle les triplets sont positionnés
de façon optimale.
Nous allons présenter dans cette partie les résultats de l’erreur moyenne de reconstruc-
tion avec les modes des aiguilles de porcs en fonction du nombre de modes utilisé et du
paramètre η pour un nombre de triplets de capteurs.
Les figure 16.7a et 16.7b représentent cette erreur pour 1 triplet de capteurs. L’erreur
moyenne de reconstruction est minimale pour m = 9 et η = 0.5.
16.4. Résultats 179
(a) Vue 3D (b) Vue 2D. Les valeurs pour lesquels la reconstruc-
tion avec modes est plus précise que la recons-
truction classique sont affichées en gris.
F IGURE 16.7. – Erreur de reconstruction moyenne en millimètre avec les modes pour 1
triplet de capteurs de l’ensemble des aiguilles de porcs en fonction du
nombre de modes et du paramètre η.
Les figure 16.8a et 16.8b représentent l’erreur moyenne de reconstruction pour 2 triplet de
capteurs. L’erreur moyenne de reconstruction est minimale pour m = 7 et η = 0.1.
(a) Vue 3D (b) Vue 2D. Les valeurs pour lesquels la reconstruc-
tion avec modes est plus précise que la recons-
truction classique sont affichées en gris.
F IGURE 16.8. – Erreur de reconstruction moyenne en millimètre avec les modes pour 2
triplets de capteurs de l’ensemble des aiguilles de porcs en fonction du
nombre de modes et du paramètre η.
180 Chapitre 16. Reconstruction avec les modes
Les figure 16.9a et 16.9b représentent l’erreur moyenne de reconstruction pour 3 triplet de
capteurs. L’erreur moyenne de reconstruction est minimale pour m = 13 et η = 0.3.
(a) Vue 3D (b) Vue 2D. Les valeurs pour lesquels la reconstruc-
tion avec modes est plus précise que la recons-
truction classique sont affichées en gris.
F IGURE 16.9. – Erreur de reconstruction moyenne en millimètres avec les modes pour 3
triplets de capteurs de l’ensemble des aiguilles de porcs en fonction du
nombre de modes et du paramètre η
Les zones grises des figures 16.7, 16.8 et 16.9 symbolisent les valeurs des nombres de
modes m et de paramètres η pour lesquelles la reconstruction avec les modes est plus
précise en moyenne que la reconstruction classique. Ainsi pour un nombre de triplets de
capteurs compris entre de 1 et 3, l’utilisation de la reconstruction avec les modes permettrait
de gagner en précision, sous condition de choisir un nombre de modes m et un paramètre
η approprié.
Par conséquent nous allons utiliser dans la suite de ce chapitre, selon le nombre de triplets
de capteurs, les valeurs de m et de η qui minimisent l’erreur moyenne. Ces valeurs sont
récapitulées dans le tableau 16.2 :
16.4. Résultats 181
Nombre de triplets
Nombre de modes m Paramètre η
de capteurs
1 9 0.5
2 7 0.1
3 13 0.3
Nous allons présenter dans cette partie les résultats de validation de la reconstruction avec
modes. Ces résultats comprennent la reconstruction des ensembles d’aiguilles de porc et
d’aiguilles patients à partir des modes.
Nous allons estimer la fiabilité de la reconstruction avec les modes sur l’ensemble des
aiguilles de porcs. La méthode employée est la validation croisée de type leave-one-out
cross-validation. Cette méthode consiste à diviser notre ensemble de scanners en deux
échantillons, un d’apprentissage et un de test. Pratiquement, à partir de l’ensemble d’ai-
guilles de porcs de taille n, est constitué un échantillon d’apprentissage de taille n − 1 à
partir duquel sont calculé les modes de déformations. Ces modes de déformations sont
ensuite utilisés pour reconstruire l’échantillon test de taille 1, constitué donc d’une seule
aiguille. En répétant cette procédure n fois, on peut ainsi obtenir la reconstruction avec les
modes de chaque aiguille tout en préservant le fait que les modes sont indépendants des
aiguilles reconstruites.
La figure 16.10 présente les résultats statistiques des erreurs de reconstruction des aiguilles
de porcs selon le type de reconstruction et le nombre de triplets de capteurs.
182 Chapitre 16. Reconstruction avec les modes
On remarque sur la figure 16.10 que le premier quartile, la médiane ainsi que le troisième
quartile sont inférieurs dans le cas d’une reconstruction avec modes par rapport à une re-
construction classique. A l’inverse le maximum de l’erreur de reconstruction avec modes
est plus élevé que celui de l’erreur de reconstruction classique pour un nombre de triplet de
capteur égal à 1 ou 2.
TABLE 16.3. – Erreur moyenne de reconstruction de l’ensemble des aiguilles de porcs dans
le cas de reconstructions avec ou sans modes pour des positions optimales
de capteurs.
F IGURE 16.11. – Gain relatif de précision pour l’ensemble des aiguilles de porcs obtenue
avec la reconstruction avec les modes par rapport à la reconstruction clas-
sique.
On observe ainsi à partir de la figure 16.11 que l’utilisation des modes pour la reconstruc-
tion des aiguilles de porcs permet un gain de précision entre 15% et 22% en moyenne.
On présente dans cette partie les résultats de la reconstruction avec les modes des aiguilles
patients. On effectue cette reconstruction pour un nombre de triplets compris entre 1 et 3
en gardant les valeurs de m et de η spécifié dans le tableau 16.2.
La figure 16.12 présente les résultats statistiques des erreurs de reconstruction de l’en-
semble des aiguilles patients selon le nombre de triplets de capteurs.
184 Chapitre 16. Reconstruction avec les modes
On remarque sur la figure 16.12 que dans le cas d’un seul triplet de capteurs l’erreur maxi-
male est supérieure dans le cas de la reconstruction classique tandis que la médiane est
supérieure dans le cas de la reconstruction avec les modes. La moyenne des erreurs de
reconstruction est présentée dans le tableau 16.4.
TABLE 16.4. – Erreur moyenne de reconstruction de l’ensemble des aiguilles patients dans
le cas de reconstructions avec ou sans modes pour des positions optimales
de capteurs.
Par conséquent, au vu des résultats du tableau 16.4 on constate que la reconstruction avec
les modes est plus précise que la reconstruction classique uniquement pour un seul triplet
de capteur. Le gain relatif en pourcentage de la reconstruction avec les modes par rapport
à la reconstruction classique est présenté dans lea figure 16.13.
16.4. Résultats 185
F IGURE 16.13. – Gain relatif de précision pour l’ensemble des aiguilles patients obtenue
avec la reconstruction avec les modes par rapport à la reconstruction clas-
sique.
16.5 Discussion
16.5.1 Nombres de modes et paramètre η
Dans la partie précédente ont été présentés les résultats de reconstruction avec les modes
selon le nombre de triplets de capteurs de l’aiguille. Ainsi, pour un nombre de triplets
compris entre 1 et 3, la reconstruction avec les modes est plus précise que la reconstruction
classique comme le montre les figures 16.7, 16.8 et 16.9. A l’inverse pour un nombre de
triplets supérieur ou égal à 4 la reconstruction avec les modes n’apporte pas de précision
supplémentaire. Or la précision ou non de la reconstruction traduit directement la qualité
de l’approximation des fonctions courbures et angles d’orientations.
Cela signifie que, dans le cas des aiguilles de porcs, 4 est le nombre minimum de don-
nées de discrétisation des fonctions courbures et angle d’orientation qui permet d’avoir
en moyenne une interpolation suffisamment précise pour que l’utilisation des modes n’ap-
porte rien de plus. A l’inverse pour un nombre de données de discrétisation inférieure ou
égale à trois, les fonctions courbure et angle d’orientation obtenues par interpolation sont
moins précises que celles obtenues à partir des modes. Les modes permettent en effet dans
ce cas de "combler" le faible nombre d’informations fournies par les triplets de capteurs.
On soulignera que le fait que les modes soient utiles jusqu’a trois triplets de capteurs est
une information sur les complexités des fonctions courbures et angles d’orientation des ai-
guilles de porcs.
dans les figures 16.7, 16.8 et 16.9. Pour reconstruire au mieux nous allons choisir les va-
leurs qui minimisent cette erreur selon le nombre de triplets de capteurs. Ces valeurs sont
affichées dans le tableau 16.2.
Ainsi, dans le cas des aiguilles de porcs, la reconstruction avec les modes est efficace
jusqu’à 3 triplets de capteurs car, au-delà, l’information présente est suffisamment riche et
188 Chapitre 16. Reconstruction avec les modes
Au regard des critères cités précédemment, on pourrait suggérer comme piste d’améliora-
tion le calcul direct des modes de déformations à partir d’aiguilles patients. Une expéri-
mentation avec une aiguille instrumentée permettrait de comparer les résultats théoriques
et pratiques de reconstruction.
16.6 Conclusion
La reconstruction avec les modes de déformation constitue donc une approche innovante et
utile qui permet d’améliorer la précision de la reconstruction de la déformée d’une aiguille
lors de son insertion dans les tissus. Cette méthode est particulièrement indiquée dans le cas
où le nombre de triplets de capteurs est limité : cette méthode constitue donc une réponse
intéressante aux contraintes techniques d’instrumentation des aiguilles.
CHAPITRE 17
HYPOTHÈSES DE DÉFORMATIONS
17.1 Introduction
L’étude de la déformation des aiguilles hypodermiques lors de piqués médicaux est au
coeur de ce manuscrit. En assimilant ces aiguilles à des structures telle que des poutres
nous disposons alors d’outils permettant l’étude et la caractérisation de leurs déformations
tels que la théorie des poutres de Reissner [Rei73].
Des hypothèses sur les déformations ont été formulées, il serait intéressant de mesurer leurs
impacts sur la déformation d’une aiguille lors d’un piqué dans les tissus. On aurait ainsi
une idée de l’importance des types de déformations lors d’un piqué d’aiguille et on pourrait
juger de la validité des hypothèses utilisées.
Pour étudier, c’est à dire calculer la déformation d’une aiguille lors de son insertion dans
un tissu il est nécessaire de connaître les caractéristiques de l’aiguille et les caractéristiques
de ces cas de charges. En se basant sur des mesures de cas de charges expérimentaux issus
de la littérature nous allons évaluer, grâce à la théorie des poutres, l’impact des différents
types de déformations sur la forme de l’aiguille, et notamment la position de son extrémité
distale.
Faxiale
Maxial
F IGURE 17.1. – Effort axial appliqué sur l’extrémité d’une poutre droite.
PVC [DS03, PCF+ 05, OEC+ 05], des fantômes en silicone [OSW+ 03], des tissus ex-vivo
de foie de bovin [PSC+ 05, SO02, OSO04], de foie de porcs [BHT00] ou de prostate de
chiens [KWAM01]. Les cas de charges expérimentaux et leurs spécificités relevées dans
le cadre de cet état de l’art sont présentés dans le tableau 17.1.
A partir des données de la littérature on fixe les deux valeurs seuils suivantes :
Faxialemax = 50N
Maxialmax = 10N.mm
Nous allons évaluer dans cette partie l’impact des différents type de déformations sur l’ex-
trémité distale de l’aiguille reconstruite.
17.3. Impact sur la reconstruction des grandeurs de déformations 191
17.3.1 Cisaillement
L’aiguille est assimilable à une poutre encastrée. Lorsque celle-ci est soumise à une défor-
mation en flexion il y a apparition de contrainte de cisaillement au sein de celle-ci. L’ordre
de grandeur de cette contrainte dépend de la minceur de la poutre. Cette minceur peut-être
caratérisée par le ratio entre sa longueur et son épaisseur. Concrètement si ce ratio est supé-
rieur à 10 le déplacement transverse causé par le cisaillement peut-être négligé [Lep98]. A
titre d’exemple, dans le cas d’une flexion simple d’une poutre droite avec un cas de charge
à son extrémité si le ratio longueur sur épaisseur de cette poutre est égal à 10 alors le dé-
placement transverse causé par le cisaillement correspond à environ 1% du déplacement
transverse causé par la flexion [Lep98].
Dans le cas des aiguilles utilisées dans les piqués de porcs (20 gauges 200mm) le rapport
longueur sur épaisseur est supérieure à 200.
Pour cette raison le phénomène de cisaillement peut-être négligé dans le cas d’une insertion
d’aiguille.
17.3.2 Traction-compression
Dans cette partie nous allons calculer γtmax la grandeur maximale liée à au phénomène de
traction-compression.
Lors d’une insertion d’aiguille, le praticien applique une force sur l’extrémité proximale de
l’aiguille. On fait l’hypothèse que la flexion est absente et qu’on se trouve uniquement en
présence de traction-compression comme illustré dans la figure 17.2.
Faxiale
F IGURE 17.2. – Effort axial appliqué sur l’extrémité d’une poutre droite.
πEI
Ff lambage = (17.1)
(0.7L)2
192 Chapitre 17. Hypothèses de déformations
Le phénomène de traction-compression est maximal pour une force axiale dont la valeur est
donnée dans l’équation ??. On va utiliser la valeur de cette force maximale pour calculer
γtmax à partir de la loi de Hooke :
σ = EεT
σ = Eγt
Application numérique :
γtmax ≈ 1.3 × 10−6
R0 = (1 + γt )T + γ1 N1 + γ2 N2
R̃0 = T + γ1 N1 + γ2 N2
Pour une aiguille de longueur L les extrémités distales sont les points R(L) et R̃(L) :
Z L
R(L) = R0 (s)ds + R0
0
Z L
R̃(L) = R̃0 (s)ds + R0
0
17.3. Impact sur la reconstruction des grandeurs de déformations 193
Et on a :
Z L Z L
0
kR(L) − R̃(L)k = k R (s)ds − R̃0 (s)dsk
0 0
Z L
=k R0 (s) − R̃0 (s)dsk
0
Z L
=k γt (s)T(s)dsk
0
Z L
6 kγt (s)T(s)kds
0
Z L
6 |γt (s)|ds
0
6 γtmax L
L’inégalité devient une égalité par exemple dans le cas d’une compression simple appliquée
à l’aiguille. On a par conséquent :
∆tract−compr = γtmax L
∆tract−compr ≈ 3 × 10−4 mm
17.3.3 Flexion
Nous allons calculer la courbure maximale lors d’une insertion d’aiguille. On se place dans
l’hypothèse d’élasticité linéaire. Lors des expérimentations nous avons utilisés des aiguilles
en acier inoxydable. La courbe contrainte-déformation de l’acier inoxydable est présentée
dans la figure 17.4.
194 Chapitre 17. Hypothèses de déformations
En utilisant la figure 17.4 on peut définir la déformation maximale εmax dans le cas de
l’élasticité linéaire à température ambiante :
ε = r0 κ
Cette valeur va être utilisée pour calculer l’écart maximal dû à la flexion. Pour cela nous
allons mesurer la distance entre les extrémités de deux aiguilles :
17.3. Impact sur la reconstruction des grandeurs de déformations 195
• une aiguille avec de la flexion. On suppose que la courbure est maximale sur toute la
longueur de l’aiguille. On suppose que la déformation est plane pour maximiser la
flèche de l’aiguille. Les expressions de la courbure et de l’angle unitaire de torsion
le long de cette aiguille sont alors :
• la même aiguille mais sans flexion. On suppose que la courbure de l’aiguille est nulle
sur toute sa longueur. L’aiguille ne subit alors pas de déformation et reste droite.
On reconstruit l’aiguille en appliquant notre méthode de reconstruction présentée dans le
chapitre 11 sur les fonctions courbure et angle unitaire définis dans le système 17.2. Les
aiguilles reconstruites sont présentées dans la figure 17.5.
Par mesure de la distance entre les deux extrémités distales on en déduit que l’écart maxi-
mal de flèche dû à la courbure ∆courbure est de 65.5 mm.
∆courbure ≈ 65.5mm
17.3.4 Torsion
On note Mt le moment de torsion, en élasticité linéaire on a :
Mt = GJκt (17.3)
On note L la longueur de l’aiguille, Maxial son moment de torsion à sa base, lin la distance
entre la base de l’aiguille et le point d’entrée dans les tissus et di la distance entre le point
196 Chapitre 17. Hypothèses de déformations
L’article de Reed [Ree08] présente un modèle pour exprimer la torsion d’une aiguille dans
les tissus. L’expression du moment de torsion de l’aiguille dans les tissus s’exprime alors :
lin + di − s
Mt (s) = Maxial pour lin ≤ s ≤ L = lin + di (17.4)
di
Ainsi le moment de torsion de l’aiguille décroit linéairement dans les tissus. L’expression
du moment de torsion de l’équation 17.4 dans l’équation 17.3 de l’angle unitaire de torsion
donne :
Maxial lin + di − s
κt (s) = pour lin ≤ s ≤ L = lin + di
GJ di
Ce modèle va être utilisé pour calculer l’écart maximal dû à la torsion. Pour cela nous
allons mesurer la distance entre les extrémités de deux aiguilles :
• une aiguille avec de la torsion. Pour maximiser l’effet de la torsion on prend une
longueur d’insertion lin = L et une courbure maximale κmax . On utilise le modèle
de Reed pour l’angle unitaire de déformation en posant Maxial = Maxialmax , la valeur
expérimentale présentée précédemment. Les expressions de la courbure et de l’angle
unitaire de torsion le long de cette aiguille sont alors :
Par mesure de la distance entre les deux extrémités distales on en déduit que l’écart maxi-
male de flèche du à la torsion ∆torsion est de 7.8 mm.
∆torsion ≈ 7.8mm
On calcule que dans ce cas la distance entre les extrémités des deux aiguilles représente
environ 12% de la flèche de l’aiguille.
En supposant toujours que l’aiguille est insérée en entier dans les tissus (le cas où la torsion
a le plus d’effet sur la déformée) on va calculer ce ratio en fonction de la valeur constante
de la courbure le long de l’aiguille κ et du moment de torsion à la base Maxial . Les résultats
sont affichés en pourcentage et sont présentés dans la figure 17.7.
198 Chapitre 17. Hypothèses de déformations
F IGURE 17.7. – Ratio entre les extrémités distales des deux aiguilles déformées avec et
sans torsion en fonction de la valeur constante de la courbure et du moment
de torsion à la base de l’aiguille.
On constate à partir des résultats de la figure 17.7 que dans le cas où la courbure est
constante le pourcentage d’erreur de positionnement de l’extrémité de l’aiguille en fonc-
tion de la flèche dépend uniquement du moment de torsion à la base de l’aiguille et pas de
la courbure.
Par conséquent l’erreur d’approximation commise lorsqu’on néglige la courbure est prin-
cipalement dû au moment axial Maxial , c’est à dire au geste d’insertion effectué et aux
moment de cisaillement G et quadratique J, c’est à dire au type d’aiguille utilisée.
17.4. Conclusion 199
17.4 Conclusion
Les erreurs de précisions maximales selon les types de déformations sont rassemblées dans
le tableau 17.2.
Erreur de précision maximale
Type de déformation
du à la déformation (mm)
Flexion 65.5
Torsion 7.8
Traction-compression 0.0003
Cisaillement infime
A la vue des résultats du tableau 17.2 on en conclut donc que les déformations dues à la
traction-compression et au cisaillement sont négligeables et que par conséquent l’utilisa-
tion d’hypothèses négligeant ces phénomènes semble légitime dans le cas d’une insertion
d’aiguille.
On remarque également que bien que dans le cas général la flexion est le principale respon-
sable du déplacement de l’extrémité de l’aiguille la torsion peut, dans certains cas limites,
représenter jusqu’à une dizaine de pourcents de ce déplacement. Dans notre cas, les flèches
maximales des aiguilles traitées dans la partie population d’aiguilles étant d’une vingtaine
de millimètres, la torsion représente alors au environ deux millimètres.
Cinquième partie
Conclusion
CHAPITRE 18
CONCLUSION
18.1 Contributions
Mes travaux de recherche se sont focalisés sur la reconstruction de la déformée d’une ai-
guille instrumentée à partir des capteurs de déformations fixés à sa surface. L’impératif de
précision nécessaire à une utilisation clinique du dispositif se heurte alors aux limitations
techniques qui restreignent fortement le nombre de capteurs de déformation implantable
sur une aiguille. Les méthodes développées pour résoudre cette problématique s’articulent
autour de deux thématiques : l’obtention des données de capteurs et leurs exploitations.
Les principales contributions réalisées durant mon travail de thèse sont présentées ci-
dessous :
• Une première approche de reconstruction de la déformée à partir des informations de
flexion issues des capteurs a été développée. Elle se caractérise par une forte cohésion
mathématique et physique, permettant ainsi de définir le contexte et les hypothèses
du problème sur lesquelles s’appuient les autres méthodes.
• Le calcul des déformations des capteurs par la théorie des poutres a permis d’établir
le lien entre orientation des capteurs et torsion. La méthode de reconstruction déve-
loppée permet d’utiliser les informations de torsion obtenues et d’améliorer ainsi la
précision de reconstruction. Une procédure de calcul des cas de charges s’appuyant
sur cette méthode a été proposée.
• Le problème du positionnement de capteurs a été abordée de façon innovante par
le biais d’une méthode d’optimisation des positions à partir de piqués d’aiguilles. Il
n’existe pas à notre connaissance de méthodes similaires reposant sur des données
expérimentales. L’utilisation des positions optimales calculées permet alors d’aug-
menter la significativité des données renvoyées par les capteurs.
• Un traitement statistique réalisé sur ces données expérimentales de piqués d’aiguille
a permis d’extraire les caractéristiques représentatives des déformations des aiguilles
204 Chapitre 18. Conclusion
dans les tissus. L’utilisation de ces caractéristiques dans une méthode de reconstruc-
tion spécialement adaptée permet, dans une certaine mesure, de combler le manque
d’informations dû au nombre limité de capteurs sur l’aiguille.
Ainsi les travaux réalisés portant sur la reconstruction de la déformée d’une aiguille instru-
mentée se sont matérialisés sous forme de différentes méthodes, chacune de ces méthodes
permettant de faire un pas supplémentaire vers une précision optimale.
La diversité des domaines explorés par ces méthodes témoignent de la multiplicité des
approches utilisées, aussi bien mathématiques que physiques, pour atteindre cet objectif.
L’utilisation conjointe de techniques de différents domaines tels que la mécanique, la géo-
métrie différentielle ou les statistiques, m’a permis de préserver la signification concrète
de mes travaux par interprétation physique tout en réalisant des opérations complexes, plus
abstraites. Grâce à cela j’ai pu développer des méthodes avancées qui font le lien avec le
réel, tel que le calcul des cas de charges de l’aiguille à partir des informations de capteurs.
L’utilisation de données expérimentales m’a également permis de développer des méthodes
innovantes tel que l’optimisation des positions à partir de piqués d’aiguilles ou la recons-
truction de la déformée à partir des modes de déformation des aiguilles.
18.2 Perspectives
Les travaux effectués dans le cadre de l’utilisation de données expérimentales constitue un
cadre propice aux perspectives de ce travail.
Parmi les domaines d’améliorations possibles figure ainsi l’approximation des formes d’ai-
guilles à partir des piqués d’aiguilles. Un travail qualitatif permettrait de caractériser l’er-
reur de reconstruction commise et de définir une marge de confiance. Appliqué à notre
travail cette marge permettrait de juger de la validité de nos résultats plus précisément.
Les formes d’aiguilles reconstruites font l’hypothèse d’une torsion nulle. La réalisation
de piqués en utilisant une aiguille instrumentée munis de capteurs permettant d’obtenir la
valeur de la torsion, comme celle que nous avons présentée, apporterait une information
supplémentaire sur les déformations d’aiguilles. Ces informations de torsion pourrait alors
être incluses dans les méthodes de positionnement des capteurs et de reconstruction avec
les modes de déformations, les rendant plus complètes.
Une étude des déformations d’aiguilles avec comme base expérimentale des données pa-
tients ne pourrait impacter les résultats que positivement. Elle lèverait également le doute
sur la compatibilité de nos résultats dans le cas de piqués d’aiguille patients, les aiguilles
patients de l’échantillon utilisé au cours de mes travaux étant peu nombreuses.
Les différentes méthodes proposées dans cette thèse ont été développées en vue d’une in-
tégration dans la plateforme de navigation IMACTIS destinée à une application clinique.
Préalablement à cette utilisation des étapes de tests et de validation pour caractériser expé-
rimentalement les erreurs de reconstructions commises sont à considérer.
Au delà de l’intégration dans un environnement de navigation envisagé dans ce manuscrit,
18.2. Perspectives 205
Annexes
CHAPITRE 19
ANNEXES
TABLE 19.1. – Valeurs des paramètres d’une aiguille en acier inoxydable de 20 gauges de
longueur 200 mm.
210 Chapitre 19. Annexes
T(s) = Q(s)e1
0
⇒ T0 (s) = (Q(s)e1 )
0
= Q (s)e1
0
= Q (s)Q−1 (s)T(s)
0
= Q (s)QT (s)T(s)
= Ω(s)T(s)
De même on a :
0
N1 0 (s) = Q (s)QT (s)N1 (s)
0
N2 0 (s) = Q (s)QT (s)N2 (s)
19.3 Antisymétrie de Ω
0
0 T
Ω(s) + ΩT (s) = Q (s)QT (s) + Q (s)QT (s)
0
0 T
= Q (s)QT (s) + Q(s) Q (s)
0 0
= Q (s)QT (s) + Q(s) QT (s)
0
= Q(s)QT (s)
0
= Q(s)Q−1 (s)
0
= (I3 )
=0
D’où l’antisymétrie de Ω.
19.3. Antisymétrie de Ω 211
212 Chapitre 19. Annexes
19.4 Reconstruction
19.4.1 Reconstruction : Aiguille de porcs
Les 8 principaux modes de déformations de la courbure pour les aiguilles de porcs sont
présentés dans le figure 19.5.
216 Chapitre 19. Annexes
Les 8 principaux modes de déformations de l’angle d’orientation pour les aiguilles de porcs
sont présentés dans le figure 19.6.
19.5. Modes de déformation 217
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