Les Dodécaèdres Antiques Compléments Et Exégèses

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Les dodécaèdres antiques : compléments et exégèses

Author(s): Ch. P.
Source: Revue Archéologique, T. 1 (janvier-juin 1964), pp. 61-62
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41754953
Accessed: 01-03-2022 15:52 UTC

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NOUVELLES ET CORRESPONDANCE 61

Les dodécaèdres antiques : compléments et exégèses.

Depuis que la Revue archéologique , en 19631, a signalé quelques faits nou-


veaux apportés à notre connaissance des dodécaèdres antiques, grâce aux trou-
vailles d'Oc-Eo2 dans le Delta du Mékong3, la documentation provisoire et partielle
que j'avais signalée ne s'est guère enrichie, tant à l'Orient qu'à l'Occident. Tou-
tefois, au musée des Antiquités nationales, à Saint-Germain-en-Laye, grâce à la
bienveillance de M. R. Joffroy, à qui j'avais dû les premiers renseignements uti-
lisés sur les collections de Seine-et-Oise, j'ai pu connaître un dodécaèdre catalogué
sous le n° 68333. Il provient de la Collection de Baye, malheureusement sans indi-
cation d'origine. Le donateur ayant résidé dans la Marne, il se pourrait que
l'objet eût été trouvé à Reims ; mais il n'y a là qu'une hypothèse4.
Le musée du Berry à Bourges (Cher) possède aussi un dodécaèdre en bronze,
dont la provenance est connue : il vient de Clémont (Cher)5.
Dans les Hommages à Albert Grenier , M. A. Audin, étudiant l'omphalos de
Lugdunum, a soulevé en 1962® la question, déjà entrevue par Steyert7 de voir
un dodécaèdre sommaire dans la boule-globe sur laquelle le génie de Lyon pose le
pied. Il fait état en son étude d'un as colonial de Lugdunum, émis entre 40 et
27 av. notre ère. Sur cet exemplaire, figurant à son revers une proue de navire,
et explicité par la légende Copia , il y a deux emblèmes dont un globe d'où sem-
blent émerger des pointes assez courtes pour ne point être confondues avec des
rayons solaires. Ne serait-ce point là le symbole « d'un de ces dodécaèdres de
fortune affectionnés par les Gaulois » ?
On discutera peut-être longtemps encore à ce sujet. Mais la question des dodé-
caèdres est maintenant attentivement suivie, comme elle méritait de l'être. Dans
sa précieuse Chronique gallo-romaine8 , M. P. -M. Duval a signalé une curieuse hypo-
thèse, qui, après beaucoup d'autres, ne ralliera pas sans doute tous les suffrages.
Elle émane de M. Fr. Kurzwal9. D'après lui, il s'agirait d'un instrument d'arpen-
tage. Mais cela ferait remonter l'usage de l'arpentage aux Mycéniens qui connais-
saient, comme je l'ai rappelé d'après G. Perrot, les dodécaèdres ; et il n'est plus
permis de penser d'autre part, après les découvertes de M. L. Malleret au Delta
du Mékong, que la provenance des exemplaires retrouvés jusqu'ici oblige à croire
plutôt à une invention de l'Europe occidentale.

1. I, 1, p. 101-107.
2. Arlibus Asiae , 24, 3-4, 1961, p. 340-350 (Hommages à M. G. Cunlès).
3. Cf. maintenant /,' Archéologie du Delta du Mékong (L. Malleret).
4. Hauteur : 0m,057 (sans les boules) ; hauteur totale, boules comprises :
0m,065. Perforations (diam.) : pour les 5 supérieures : 0m,015 - 0m,019 - 0m,029
- 0m,02 - 0m,023. Pour les cinq inférieures : 0m,023 0m,012 0m,0235 -
0m,013 - 0m,029.
5. C'est de Bourges qu'était originaire Léonard Saint-Michel, qui s'est occupé
utilement des dodécaèdres. Je remercie M. J. Favière des informations qu'il m'a
données à ce sujet, et sur la pièce de son musée. - J'aurais dû, en 1963, recourir
aux catalogues de bijoux dressés par De Clercq : t. VII, 1908, p. ex. Mais je n'ai
pas prétendu apporter des dénombrements exhaustifs, comme je l'ai dit.
6. Coll. Latomus , vol. 58, 1962, t. I, p. 152-164 : cf. p. 157 et 160 ; cf. aussi
E. Thevenot, Rev. archéol. de l'Est et du Centre-Est , avril-juin 1959, p. 107.
7. Nouvelle histoire de Lyon , I, p. 133, fig. 196.
8. REA , 62, 1962, 3-4, p. 326 sqq. (cf. p. 355) ; cf. déjà, du même auteur,
REA, 59, 1957, p. 364 ; Id., ibid., 60, 1958, p. 386 ; Id., ibid., 63, II, p. 394.
9. Carnunlum : Jahrb. 2, 1956, p. 13-22.

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62 REVUE ARCHÉOLOGIQUE

Le R. P. Festugière n'a pas été entièrement convaincu, pour sa par


observations de M. J. Bousquet à propos du Trésor de Gyrène, sur la v
calculs portant sur la magie des nombres. Il pense aussi (cf. Hermès
que le dodécaèdre a eu une valeur « magique », et qu'il l'a gardée à l'épo
nistique, où sa vogue paraît avoir grandi. En fait, on est porté à cro
principal pouvoir de l'objet - ni instrument, ni jouet - tient au mys
on l'a enveloppé. - J'avais précédemment {Re v. arch., 1963, /. /.) dé
de crédit que l'on devait garder, de plus en plus, au mythe d'une inven
goricienne », les dodécaèdres ayant été connus dès les temps mycénien
naturellement, être plus réservé encore quant à tout ce qui a été dit et
façon aussi vague que péremptoire, sur le symbolisme des nombres. Il
jours avantage, à ce sujet, à retrouver et relire les sages prises de po
p. 104) de J. Bousquet, dans sa publication magistrale du Trésor de
Delphes , édifice dont il a fixé l'exacte place1.
Tandis qu'on revient aujourd'hui, à juste titre, sur l'affirmation d'un
tation crue profonde du pythagorisme en Grande-Grèce, de Tárente à
salentine2, on a raison de se sentir de plus en plus en sage défiance
affirmations vagues concernant la puissance supposée du trop célèb
d'or ».

Relisons J. Bousquet3 : « Il n'y a pas de nombre d'or dans le Trésor de Cyrène »


(p. 97) ; ibid. : « Le grand nom de Pythagore ne doit pas nous faire illusion, et nous
inviter à chercher dans le Trésor (de Cyrène) un « pythagorisme » cabalistique qui
lui est certainement étranger. » - P. 104 : « La plus grande partie de l'arithmétique
pythagoricienne a dérivé vers la mystique des nombres, inutilisable pour la science
et pure fantaisie philosophico-religieuse. » Nous continuons, certes, aujourd'hui, à
valoriser des ouvrages « mémorables » - mais combien décevants à la lecture ! -
comme ceux où Matila Ghyka a promulgué jadis le « nombre d'or » à titre de clef
universelle de l'harmonie4.

On a déjà fait des réserves au sujet de l'entraînement de 1' « âge de l'huma-


nisme », depuis l'étonnant Album de Villard de Honnecourt, jusqu'aux cubistes
modernes de la « section d'or », sur les schémas géométriques qui constitueraient
les « secrets » (?) des peintres6 d'hier et d'aujourd'hui : ceux de l'Europe de la
Renaissance et les nouveaux venus de 1' « abstraction ».

On souhaite que ceux qui sont intéressés à ces questions veuillent bien aussi ne
pas se laisser leurrer sur les points de départ à chercher au Proche-Orient antique.
Ch. P.

1. Fouilles de Delphes, II : Le Trésor de Cyrène à Delphes , 1952. Le trésor


occupait la fondation XIII ; cf. J. Pouilloux et G. Roux, Enigmes de Delphes ,
1963, p. 70, n. 1.
2. Antonio Franco, I colonizzatori elleni e le genti della penisola salentin
Lecce, 1962, p. 15, n. 22.
3. L'architecte du Trésor de Cyrène à Delphes a été vraisemblablement l'élève
de Théodore de Cyrène, que Platon a fait connaître comme un pur géomètre.
4. Les Monuments historiques de la France ont annoncé en 1962 (oct.-déc.,
n° 4 : couverture) la publication prochaine d'une étude d'un architecte réputé,
M. J.-P. Paquet, sur Le triangle de Pythagore dans l'architecture du Moyen Age.
La publication ne manquera pas d'intéresser bien des lecteurs, spécialistes et
autres.
5. A. Chastel, Le Monde , 29 nov. 1963 ; A. Chastel et R. Klein, L'âge de
/' humanisme, 1963, Paris-Munich-Bruxelles (Éditions des Deux Mondes).

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