Cours Droit Penal Général
Cours Droit Penal Général
Cours Droit Penal Général
Plan
I. Infractions
II. La personne pénalement responsable
III. Les peines
.0INTRODUCTION
I. Définition du droit pénal
D’une manière générale, on peut dire que le droit pénal est une branche du droit ayant
pour objet l’étude des infractions et des peines y afférant. Commettre une infraction consiste à
enfreindre l’ordre social, c'est-à-dire l’ordre établi par la société qui protège certaines valeurs
qu’elle considère comme essentielles.
Le droit pénal est aussi appelé droit criminel. Ces deux expressions s’utilisent
indifféremment à la seule différence que quand on parle de droit pénal, on met l’accent sur la
peine alors que quand on parle de droit criminel, on met l’accent sur le crime.
Plusieurs auteurs ont essayé d’exprimer chacun de sa façon la définition du droit
pénal.
1) DONNEDIEU DE VABRE définit le droit pénal comme étant : « l’ensemble de lois qui
règlementent dans un pays l’exercice de la répression de l’Etat ». Cette définition met surtout
en évidence l’aspect répressif lorsqu’il y a infraction. De ce fait elle ne peut rendre compte
des lois de défenses sociales, plus nombreuses aujourd’hui qui viserait plutôt la réinsertion
des délinquants pour des soins adéquats.
2) Pour compléter cette définition, Roger MERLE et André VITU définissent le droit pénal
comme étant : «des règles juridiques qui organisent la réaction d’Etat vis-à-vis des infractions
et des délinquants et qui traduisent en normes obligatoires les solutions positives appliquées
par chaque nation au problème criminel». Le terme réaction contenue dans cette définition est
plus large car il n’y a pas seulement la répression comme dans la définition précédente, la
réaction peut également comporter des mesures d’insertion.
3) NYBIRUNGU MWENE SONGA propose pour sa part la définition suivante : « le droit
pénal est la branche du droit qui traite des infractions et des peines et dont l’objet essentiel est
de déterminer les faits punissables et de fixer les sanctions qui doivent leur être appliqué.
3
III. La spécificité du droit pénal
Comme toute matière juridique, le droit pénal établit des normes, c’est-à-dire il ne se
contente pas d’observer ce qui est mais impose des règles en vue de l’intérêt commun.
Il a élaboré avec rigueur des concepts tels que : infraction, tentative, complicité … et aussi un
raisonnement juridique. Mais ce juridisme ne l’empêche pas de tenir compte d’un réalisme
face à l’infraction et à la responsabilité pénale.
Mais par ses règles, il vise à promouvoir l’ordre social en utilisant des sanctions
répressives. Il doit donc trouver un juste milieu entre la protection de la société et celle de
liberté. C’est ce qui permet de distinguer :
- les systèmes totalitaires : quand il faut passer la défense de société avant toute
considération jusqu’à sacrifier les droits des individus : l’interdit pénal est règle ;
- les systèmes libéraux sont ceux qui vont essayer d’établir l’équilibre entre la lutte de
criminalité & la protection de libertés. Et ce qui n’est pas interdit est permis. L’interdit
pénal devient exceptionnel.
- Le droit pénal se veut également un garant de l’ordre public, c’est-à-dire qu’il doit
veiller à la protection des victimes. Ce principe a été adopté dans notre pays mais sur
papier car souvent on est loin de l’indemnisation des victimes ;
- Par le rôle qu’il est appelé à jouer, le droit pénal ne s’intègre pas facilement dans la
grande division (summa divisio) séparant le droit privé et le droit public. Il se
rapproche du droit public dans la mesure où il tend à définir les relations entre l’Etat et
les particuliers. Il s’apparente généralement au droit privé car l’infraction lèse des
intérêts privés. Exemple : vol.
- En même temps, le droit pénal peut utiliser et faire siens des concepts et des
qualifications élaborés par d’autres matières juridiques.
Exemple : Pour l’abus de confiance : il faut un contrat au départ, et pour prouver ce contrat, la
preuve se fait comme en matière civile. Mais en même temps, le droit pénal peut également
innover par ses propres règles lorsque l’application des règles des autres matières juridiques
risquent de ne pas rendre efficace la lutte contre la criminalité, on parle alors de l’autonomie
technique du droit pénal. Ex. : le code de la famille préconise l’obligation de cohabitation
alors que le code pénal outrepasse cette exigence car il punit des peines de proxénétisme
quiconque vit avec une personne se livrant à la prostitution sans tenir compte des liens
matrimoniaux.
5
- Enfin, pour cette école, toute atteinte à la liberté individuelle, que ce soit en vue de la
resocialisation ou de l’application d’une peine ne peut intervenir que dans les limites
préalables précisées par la loi.
Le juge ne pourra que proclamer que la personne poursuivie a commis une infraction
ou qu’elle est dangereuse seulement en suivant la procédure et en lui ménageant le droit de
défense. Pour le faire en toute impartialité, il devrait bénéficier du concours des médecins, des
psychologues etc. C’est ce qu’on appelle = la déjuridiction. Cette théorie a beaucoup
influencé le droit des pays occidentaux où
- aux mineurs délinquants, on applique des mesures de sûreté, de protection à but non
répressif.
- Pour les condamnations à des peines d’emprisonnement, le sursis est accordé
largement.
- Pour les détenus, diverses mesures sont prises pour favoriser leur reclassement social.
Pour arriver à réaliser des tels objectifs, ça suppose que l’on connaît les raisons de
délinquance et les moyens de resocialiser le délinquant. C’est ainsi que sont apparus les
sciences criminelles.
V. Aperçu des sciences criminelles
A la différence de droit pénal qui édicte des normes de conduite sociale, ces sciences
n’édictent pas leurs règles mais elles cherchent à découvrir par l’observation ou par
l’expérimentation de phénomène criminel.
Il s’agit de la criminalistique et de la criminologie.
A) La criminalistique : désigne quelques techniques ayant pour objet la détection des
infractions. Il s’agit :
1°) De la médecine légale : qui renseigne sur les causes et les circonstances du décès.
2°) La toxicologie : qui renseigne sur la présence et la nature du poison.
3°) La chimie : qui rend compte de la fraude des aliments.
4°) La balistique : qui permet de découvrir l’arme utilisée.
5°) Il existe également des techniques spéciales pour identifier les suspects :
- la dactyloscopie qui permet de comparer les empreintes digitales ;
- les empreintes génétiques ;
- les repérages de l’iris ;
- ordinateurs superpuissants pour détection des crimes.
B) La criminologie
Ici, on étudie les phénomènes criminels pour en dégager les causes. Elle fait donc appel
aux sciences médicales et aux sciences sociales.
1) Les sciences médicales considèrent les causes endogènes de la criminalité : ce qu’on
appelle l’anthropo-criminologie. LOMRBROSO a cherché les causes de la
délinquance dans la constitution anatomique du délinquant, dans sa physiologie ou
dans son système endocrinien. Dans la criminologie, on fait aussi appel à la
6
psychologie ou à la psychiatrie pour rendre compte du fonctionnement normal ou
pathologique des processus mentaux.
2) Les sciences sociales quant à elles considèrent les causes externes dans les milieux
géographiques, démographiques, sociales (influence de famille, de profession, des
études …). L’un des fondateurs est Enrico FERRI.
L’infraction pénale est un fait antisocial sanctionné par la loi, mais tous les faits punis
par la loi ne sont pas des infractions pénales.
Exemple : Celui qui a causé un préjudice à autrui va le réparer en lui allouant des dommages
et intérêts ; on dit qu’il a commis un délit civil.
Dans les professions libérales organisées en ordre (médecin, avocats, …) tout
groupement qui ne respecte pas des règles déontologiques entraîne des sanctions
disciplinaires. On parlera du délit disciplinaire.
7
Alors comment détermine-t-on le seuil très élevé d’anormalité ? C’est en se référant à la
notion de l’ordre public. Aussi lorsqu’un acte est de nature à causer un trouble à l’ordre
public, son incrimination est justifiée.
Lorsque la loi incrimine un comportement, la société veut éviter, par les peines qu’elle
prévoit que l’acte socialement nuisible ne perturbe l’ordre public. La méthode consiste à partir
du résultat que l’on redoute et on inventorie différents actes qui sont aptes à aboutir à ce
résultat et on les incrimine.
Exemple : A partir d’un même résultat sociologique tel que l’atteinte à la propriété d’autrui, le
législateur va incriminer le vol, l’escroquerie, la grivèlerie.
Avec cette méthode objective, le critère le plus important est le lien étroit entre l’acte
incriminé et le résultat. Autrement, l’acte n’est pas anormal en soi, il ne l’est que par rapport
au résultat nuisible.
Ce critère est certes séduisant car comme le souligne BECCARIA : «La vraie mesure
des crimes est le tort qu’ils font à la nation et à non l’intention du coupable.
Partant de ce critère, ce qu’on appelle l’élément moral de l’infraction n’est pas pris en
compte. On pourra même engager la responsabilité pénale d’un dément, d’un jeune enfant et
aussi aucune différence ne pourra être établie entre les infractions intentionnelles et non
intentionnelles.
De plus, la recherche du lien de causalité entre l’acte et le résultat exclut incrimination
de l’abstention.
Enfin, l’accent mis dans la détermination objective de l’infraction conduit à ne
concevoir que l’infraction instantanée. Le projet criminel ou la tentative n’est pas incriminée.
- La conception objective peut également être critiquée quant aux peines qui sont déterminées
d’une façon abstraite et identique pour tous. Et le juge n’a aucun pouvoir de les modifier.
Tous les participants : auteur principal & complice seront punis de mêmes peines. Dès lors, la
peine ne vise qu’à supprimer le trouble à l’ordre public, la sanction est conçue comme un mal
infligé au condamné en réparation du mal résultant d’infraction. La primauté donnée dans la
détermination de l’infraction au trouble à l’ordre public est certes justifiée, mais la notion de
l’ordre public est une notion floue. Exemple : Le droit punit l’homicide et non le suicide, le
proxénétisme et non la prostitution.
Le danger dans cette conception est que le procès pénal va consister à juger plus l’acte
que l’homme. Or la responsabilité pénale ne peut être retenue d’une personne qui ne distingue
pas le bien du mal ou n’a pas conscience de l’illicéité de son acte (dément, jeune. enfant).
Face aux écueils de détermination objective des infractions ou est tenté d’adopter la
détermination subjective.
La seule pensée coupable n’est pas punissable. Le droit pénal n’intervient qu’à partir
du moment om cette pensée s’est extériorisée par une loi pénale.
Cet acte, qui matérialise l’infraction est appelée = élément matériel.
14
Une infraction complexe suppose l’accomplissement des faits différents mais concourant tous
à l’objectif unique. Parfois les actes nécessaires proviennent de la victime et d’autres du
délinquant.
Exemple : dans le cas de l’escroquerie : la tromperie émane de l’escroc et la remise
consécutive de la victime. Idem pour l’abus de confiance : il y a la remise préalable par la
victime et le détournement par le coupable.
b) Infractions d’habitude et infractions collective par unité de but et infractions connexes
Infractions ; continue
* Infraction d’habitude
On parle de l’infraction d’habitude si les faits accomplis sont identiques, mais chaque fait pris
isolement n’est pas punissable.
Exemple : Exercice illégale de la médecine ; il faut que l’auteur établisse d’une façon
habituelle le diagnostic ou traite les malades, un acte unique n’est pas punissable. L’habitude
commence dès le second acte.
L’intérêt de la distinction entre les infractions d’habitude et les infractions complexes est que
pour l’infraction complexe, la prescription de l’action publique court à partir de jour où
l’ensemble des différents actes ont été accomplis même s’ils sont séparés de plusieurs années
alors que la prescription de l’infraction d’habitude court au jour om est apparu l’habitude.
* Infraction collective par unité de but ou infraction continue
Elle s’apparente aux infractions complexes par la pluralité d’actes matériels, elle s’en
éloigne dans la mesure où chaque fait constitue une infraction. Tous ces actes non identiques
ne sont réitérés que dans la mesure où ils se rattachent à une infraction unique.
Exemple 1 : Un cambrioleur s’empare du coffre-fort & de son contenu = il est l’auteur du vol.
Exemple 2 : Un faux monnayeur qui fabrique des centaines des faux billets ne commet pas de
centaines d’infractions, mais une seule :
Cette notion présente un intérêt : l’unicité de l’infraction interdit de prononcer plusieurs
déclarations de culpabilité et plusieurs peines.
Le point de départ de la prescription de l’action publique est l’issue de tous ces actes.
* L’infraction connexe est celle où il n’y a ni unicité d’intention, ni unicité de fait.
Il y a plus tôt plus faits ou infraction remis par un lien étroit qui les fait dépendre les
uns des autres.
Exemple : 1 voleur qui tue pour faciliter le vol sera considéré comme auteur d’infractions
connexes. On parlera du concours des infractions.
a) Une infraction matérielle est celle qui est consommée par la réalisation du résultat
nuisible. Le résultat est donc défini comme un élément constitutif de l’infraction.
15
Exemple : meurtre, vol, empoisonnement.
b) Une infraction formelle est celle qui existe indépendamment du résultat. Le législateur
incrimine le procédé peu importe que le résultat ne soit pas atteint. Les infractions formelles
sont punies même si le résultat des agissements n’est pas atteint.
Exemple : Admission des substances nuisibles ; l’article 50 Code Pénal punit des peines
d’empoisonnement même si les substances n’ont pas donné la mort mais ont altéré la santé de
victime.
Incendie volontaire : Articles 103 & 104 CP. Emprisonnement des eaux et durées : Article
170 CPM.
L’intérêt de la distinction tient à la tentative (on le verra plus loin).
La tentative est punissable lorsqu’il y a le commencement d’exécution et désistement
involontaire. Mais si l’auteur renonce à son action par un désistement volontaire : la tentative
cesse d’être punissable. Cela se conçoit dans le cas des infractions matérielles. Ex. :
Quelqu’un qui se pointe avec une arme et se désiste avant l’arrivée de victime. Ce qui ne
peut être le cas dans l’infraction formelle parce que l’infraction est déjà consommée même si
le résultat n’est pas atteint. Ex. : si l’empoisonneur donne l’antidote, on parlera du repentir
actif, une circonstance atténuante sans pour autant supprimer l’infraction.
- Une infraction flagrante est celle qui se commet actuellement ou qui vient d’être commise.
- L’infraction est réputée flagrante lorsqu’une personne est poursuivie par la clameur
publique, ou lorsqu’elle est trouvée porteuse d’effets, d’armes, d’instruments, de papiers
faisant présumer qu’elle est l’auteur ou le complice pourvu que ce soit dans un temps plus
proche de celui de la commission.
- Une infraction non flagrante : est celle qui a été commise depuis un certains temps et dont
les preuves commencent à disparaître.
16
précautions suffisantes. Les infractions sont en principe incompatibles avec la tentative qui
suppose l’intention de consommer l’infraction.
Cette distinction se fait par rapport à l’élément psychologique ou moral de l’infraction.
I. L’infraction intentionnelle : requièrent chez l’agent l’intention.
⇒ Il le fait exprès.
⇒ L’infraction non intentionnelle = est celle qui est indépendante de la volonté de l’agent.
S’agissant de ce type d’infraction, il n’y a pas eu une recherche du résultat illicite reproché à
son auteur, cela peut être causé par son insouciance, son imprudence, l’absence des
précautions suffisantes. Ces infractions sont en principes incompatibles avec la tentative qui
suppose l’intention de commettre une infraction.
Exemple : Article 52 homicide involontaire.
17
Section I. Signification du principe de la légalité
Ce principe était ignoré du droit romain et même des législations de l’antiquité. Son
origine tient de la quête de l’égalité exprimée par BECARRIA contre l’arbitraire des juges
dans son ouvrage «Traite des délits et des peines».
Le principe de la légalité procède aussi des de l’influence des idées de Jean-Jacques
ROUSSEAU qui exaltent la loi comme étant l’expression de volonté générale et aussi celles
de MONTESQUIEU qui prônent la séparation de pouvoir lorsqu’il affirme dans « l’Esprit des
lois » : « il n’y a plus de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance
législative».
Ce principe est repris dans l’Article Ier Code Pénal Congolais : Nulle infraction ne
peut être punie des peines qui n’étaient pas portées par la loi avant que l’infraction fut
commise».
Article 17 Alinéa 2 : Nul ne peut être poursuivi, arrêté, détenu ou condamné qu’en vertu de la
loi et dans les formes qu’elle prescrit.
Ce principe se justifie par le fait qu’il faut que la loi avertisse avant de frapper que le
citoyen sache avant d’agir ce qui est permis et ce qui est interdit.
Ce principe limite également les abus du pouvoir de société de façon à garantir la
liberté de chacun.
Enfin, il assure les séparations des pouvoirs avec prééminence de la volonté générale.
Le pouvoir législatif l’emporte sur l’exécutif et sur le judiciaire.
19
Il existe trois méthodes d’interprétation qui sont l’œuvre de la Doctrine ou du juge.
I. La méthode littérale ou restrictive
C’est la méthode traditionnelle qui s’attache à la lettre de la loi et non à son esprit.
Comme elle écarte tout ce qui n’est pas texte de loi et ce, en réaction contre l’arbitraire et le
pouvoir exorbitant des juges, elle a été longtemps pratiquée en application de l’adage :
«ODIOSA SUNT RESTRINGENDA» (les choses odieuses doivent être restreintes). On fait
appel à la logique par le syllogisme et le raisonnement a contrario.
Les brocards latins expriment bien cette méthode d’interprétation.
- ubi lex vulut dixit, ubi noluit tacuit = «quand la loi a voulu quelque chose, elle l’a dit ; quand
elle ne l’a pas voulu, elle s’est tue»
- ubi lex non distinguit, nec nos distinguere debemus = «quand la loi ne distingue pas, nous ne
devons pas distinguer».
- inclusio unus, inclusio alterius = «la mention d’une chose exclut nécessairement tout autre
chose.
Certes, le juge peut se référer aux travaux préparatoires ou aux circonstances du
moment de la promulgation de la loi, mais la lettre de la loi reste primordiale et s’il y a
contradiction entre ce qu’a voulu dire le législateur et le texte, la lettre seule fait foi.
Si le texte est obscur, le juge doit choisir la situation la plus favorable au délinquant en
appliquant le principe : « in dubio pro reo ». (Le doute profite à l’accusé).
L’interprétation littérale procède des idées de BECARRIA et de MONTESQUIEU. Dans son
livre sur les délits et les peines, BECCARIA écrit : «Les jugements de crimes ne peuvent
avoir le droit d’interpréter la loi pénale, par la seule raison qu’ils ne sont pas législateurs.
Conséquences de cette méthode :
- elle est inexacte car elle suppose que la loi est parfaite. Or celle-ci peut contenir des
erreurs ou comporter des contradictions ;
- elle limite rôle du juge seulement à l’application des peines. C’est ainsi que
Montesquieu a écrit : « le juge ne doit être que la bouche qui prononce les paroles de
la loi »
- cette interprétation est stérilisante car le droit n’est pas une matière figée. Elle
conduirait donc à ne considérer que ce qu’a voulu le législateur, même un siècle
plutôt, doit demeurer immuable et ce même si de les faits sociaux ont évolué. Or, c’est
au juge qu’il appartient d’assurer avec prudence l’adaptation de droit pénal aux
impératifs de chaque époque.
-
II. La méthode téléologique
Cette méthode ne nie pas la lettre de la loi car elle l’envisage comme une frontière que
juge ne doit franchir que pour motif grave. Elle attribue une grande importance au but de loi.
D’ailleurs, téléologique vient du telos signifiant but.
A) Principe de la méthode téléologique
20
On ne nie pas la lettre de loi : la loi pénale doit être appliquée à tous les cas prévus par ses
termes. Le juge ne doit rien ajouter aux termes de l’incrimination, ni créer des causes
justificatives ou celle d’exonération de la responsabilité non prévue par la loi.
B) Méthodes de l’interprétation téléologique
On va procéder par plusieurs étapes :
a) L’étude grammaticale
Le juge va dégager le sens de la loi à partir de l’analyse grammaticale du texte, c’est-à-
dire des termes utilisés par le législateur dans leur sens ordinaire sauf si le législateur donne à
certains termes un sens technique, s’il le fait, il le dit dans le texte.
b) La recherche de ratio logis
C’est-à-dire la volonté déclarée ou présumée du législateur, l’objectif poursuivi par le
législateur en édictant une loi. Si le texte est clair, le juge doit l’appliquer. Mais dans le
doute, ce ne sera plus l’adage «in dubitio pro reo» qui aura à s’appliquer, le juge doit
rechercher la volonté des auteurs du texte en tenant compte des travaux préparatoires de
l’évolution scientifique, historique du droit comparé, etc.
c) La consultation des travaux préparatoires
Le juge pourra se référer à l’exposé des motifs, aux rapports des commissions et aux
interventions des rapporteurs ou d’autres orateurs visant à proposer des amendements. Mais il
faudrait se méfier des interventions improvisées car n’étant pas l’œuvre des spécialistes.
Exemple de l’interprétation téléologique : Art 112 CP concernant les dispositions relatives à
la dégradation d’arbres dispose : «se punit des peines portées à l’article précédent, …
Si on fait une interprétation grammaticale, l’article précédent est l’article 111 alors qu’on veut
parler ici de l’article 110.
d) La prise en compte d’évolution historique ou interprétation évolutive
Prendre en compte l’évolution historique permet au juge de sanctionner certains faits
qui se seront produits après l’entrée en vigueur d’une loi et qui entrent dans le champ
d’application de celle-ci alors que le législateur les avait pas expressément visés parce qu’à
l’époque de la rédaction de la loi il ne pouvait se les imaginer.
Ex. : l’article 79 CP qui sanctionne le vol, le définit comme la soustraction frauduleuse d’une
chose appartenant à autrui. Par chose, on a toujours visé des biens matériels. Mais avec
l’évolution, il est apparu des biens immatériels pouvait être volé. C’est le cas de l’électricité,
des unités téléphoniques. Si on s’en tenait donc à la première définition, les voleurs de ces
biens ne tomberaient jamais sous le coup pénal. L’interprétation évolutive sanctionne ainsi de
tels comportements.
e) La prise en compte du contexte général du texte ou l‘ argument a rubrica
Cette technique permet au juge d’établir la vraie interprétation d’un article de loi en
tenant compte de place qu’elle occupe dans le texte, c’est-à-dire on considère le plan et les
rubriques de ce plan.
21
Ex. : l’article 85 CP qui est situé dans le Titre II et qui traite des infractions contre les
propriétés dispose : « le meurtre commis, soit pour faciliter le vol ou l’extorsion, soit pour en
assurer l’impunité, est puni de mort ».
Il existe en doctrine une discussion d’interprétation : celle de savoir quelle est l’infraction qui
aggrave l’autre. Est-ce le vol ou le meurtre ?
Pour la position dominante, c’est le vol qui est l’infraction principale parce que cet article
figure dans le titre aux infractions contre les propriétés et clôture les différents faits aggravant
le vol.
f) Les données historiques
Ce sont ceux qui donnent des renseignements sur le sens de loi en se référant au
contexte historique de sa rédaction.
g) Le droit comparé
Il est la solution ultime lorsque le juge épuise tous les moyens d’interprétation et
n’arrive pas à la compréhension exacte de la loi. Il peut donc s’inspirer et pas copier les
solutions proposées ailleurs car même si les textes peuvent être les mêmes, les réalités sont
souvent différentes.
L’application des lois pénales dans le temps fait nécessairement appel à la difficulté des
conflits des lois. Si une loi nouvelle qui crée une infraction, qui abroge l’incrimination
existante, qui modifie une règle de procédure ou qui modifie les pénalités s’applique à tous les
faits survenus après sa promulgation, qu’en sera-t-il des infractions commises sous l’empire
de l’ancienne loi et qui seront jugées après la promulgation de la nouvelle loi ?
Cette question se pose seulement pour les procédures déjà commencées sous
l’ancienne loi et qui ne sont pas encore achevées.
Faudra-t-il appliquer à ces faits la nouvelle loi ou doivent-ils continuer à être régis par la loi
ancienne.
Ce problème a été désigné au 19e S par l’expression de la non rétroactivité de la loi
pénale. Dans certaines législations tel le cas de la législation française par exemple, on
préfère aujourd’hui parler des conflits des lois criminelles dans le temps ou du droit criminel
transitoire.
La non rétroactivité des lois est consacrée :
A l’article 1 Code pénal : « Nulle infraction ne peut être punie des peines qui n’étaient pas
portées par la loi avant que l’infraction fut commise ».
A l’article 17, al. 3 de la Constitution : « Nul ne peut être poursuivi pour une action ou une
omission qui ne constitue pas une infraction au moment où elle est commise et au moment des
poursuites ».
Pour traiter de l’application de loi pénale dans le temps, on va distinguer :
23
- les lois pénales de fond ;
- les lois pénales de forme.
-
I. L’application dans le temps des lois pénales de fond
Des lois pénales de fond sont celles qui définissent une infraction ou bien celles qui
déterminent la peine applicable à l’auteur de cette infraction.
Lorsque deux lois sont en conflit, il sera préconisé :
A) La non rétro activité des lois pénales plus sévères
C’est le cas d’une nouvelle loi qui punit un fait déjà punissable en majorant la peine
encourue lors de son accomplissement. La loi plus sévère ne sera applicable qu’aux faits
postérieurs à son entrée en vigueur.
Ce principe connait une dérogation pour les faits infractionnels qui s’étalent dans le temps,
c’est le cas des infractions continues qui supposent une exécution qui s’étalent dans le temps
et la persistance de la volonté coupable ex. : séquestration arbitraire, le recel, la détention
arbitraire (art. 67 CP). Il en va de même des infractions d’habitude pour lesquelles l’infraction
n’est pas consommée par l’acte isolé mais il doit y avoir une réitération. Ex. : Exercice illégal
de l’article de guérir. Dans ces cas d’espèce, la loi nouvelle plus sévère aura à s’appliquer du
fait de la persistance de la volonté coupable.
B) La rétroactivité des lois pénales plus douces
Ce principe est l’exception du précédent car la loi nouvelle peut rétroagir si elle est
plus douce que celle qu’elle remplace. C’est ce qu’on appelle : la rétroactivité in mitius » ou
la rétroactivité de la « lex mitio».
b) Au niveau de la répression
24
Au niveau des peines, le juge chargé de choisir entre les deux lois prendra en compte
la hiérarchie des peines prévues l’Article 5 CP.
La peine de mort est la plus grave. Après ce sont les travaux forcés, la servitude
pénale (SP) à perpétuité ou à temps. Enfin, l’amende qui est la peine la plus faible quel que
soit son montant.
Deux peines de même nature seront comparées par la longueur de leur durée ou leur
taux plus élevé.
Pour deux peines égales, on prendra en compte la présence des peines accessoires ou
complémentaires.
D) L’effet de la loi plus douce sur le procès en cours
Le principe est que la loi plus douce est d’application immédiate. On doit faire une
distinction selon que le jugement soit devenu définitif ou pas.
*) Pour un jugement définitif, la situation juridique du condamné est constituée. La loi
nouvelle plus douce est inopérante. Cette conclusion acceptable au niveau du principe peut
parfois conduire à des conséquences choquantes : deux infractions identiques commises le
même jour seront soumises à des législations différentes parce que le hasard de procédure a
fait que l’une soit jugée plutôt que l’autre. On peut corriger cette injustice en demandant la
grâce.
Certains codes pénaux étrangers = (danois art. 3 al. 2). Code espagnol (art. 24), code
italien (art. 2, al. 2), code polonais (art. 2, al. 2), code portugais (art. 6, al. 3) organisent la
révision du procès.
Le Congrès international pénal et pénitentiaire organisé à Berlin en 1935 a dolopté une
résolution allant dans le sens de la révision du procès.
*) Lorsque le jugement n’est pas encore définitif
C’est l’application de loi nouvelle plus douce.
Celle-ci ne pose pas de problème pour un jugement rendu par défaut car l’opposition
l’anéantit. Il en va de même d’un jugement susceptible d’appel car l’effet dévolutif de l’appel
transmet au juge du second degré tout le procès. Il va statuer sur les faits et le droit.
Le problème se pose pour une affaire pendante devant la Cour de Cassation (CS) qui
n’est pas un 3e degré de juridiction mais qui vérifie la conformité de la décision aux textes en
vigueur au jour où elle a été rendue.
En principe, elle ne devrait pas tenir compte de la mitior lex. Mais par bienveillance pour le
délinquant, la Cour de cassation française par exemple a fini par admettre l’application de
nouvelle loi aux affaires pendantes devant elles.
Plusieurs questions peuvent être posées :
- La loi nouvelle qui supprime ou réduit une peine peut-elle être appliquée aux personnes
irrévocablement condamnées ? La réponse est positive car le châtiment que la société elle-
même a déclaré inutile ne peut plus continuer à recevoir exécution.
Il en va de même pour une loi qui supprime une infraction.
25
L’Article 17 al. 3 de la Constitution est explicite quand il dispose que « la peine cesse d’être
exécutée lorsqu’en vertu d’une loi postérieure au jugement :
- elle est supprimée ;
- le fait pour lequel elle était prononcée n’a plus le caractère infractionnel.
E. Exception aux règles de conflit
1) Les lois nouvelles interprétatives
Ce sont celles qui sont adoptées pour préciser une loi obscure. Elles font de corps avec
la loi interprétée dont elle précise la signification sans toutefois en modifier le contenu.
Qu’elles soient plus douces ou plus sévères, elles rétroagissent.
On doit être attentif car sous couvert d’interprétation, le législateur peut ajouter un élément
nouveau.
2) Les lois instituant des mesures de sûreté
La mesure de sûreté est une notion qu’il faut distinguer de la peine. La peine a deux
buts : le but rétributif qui concerne le coupable, c’est-à-dire on lui fait payer sa faute et le but
dissuasif qui concerne les autres citoyens : en leur montrant la peine infligée au coupable, on
espère les détourner (dissuader) d’agir de la même façon.
Par contre les mesures de sûreté sont celles forgées par l’Ecole positive et qui sont
décidées non d’après la faute du délinquant mais d’après son état dangereux appelé
«témébilité ».
Des mesures de sûreté ne supposent donc pas une infraction et leur but ne vise pas à infliger
une souffrance, un blâme comme pour la peine, mais elles tendent à la protection de la
société. Et contrairement à la peine dont la durée est fixée par une décision judiciaire, la
mesure de sûreté doit être révisable en fonction de l’état dangereux de l’individu. Elle peut
donc être écourtée ou durer indéfiniment. C’est le cas par exemple des cures désintoxications
(des alcooliques ou des toxicomanes), des soins médicaux ordonnés à l’égard des certains
délinquants sexuels etc.
Il appert donc que des lois instituant des mesures de sûreté, étant édictées avant tout dans
l’intérêt des délinquants, doivent donc rétroagir c’est-à-dire être appliquées aux délinquants
dont les agissements sont antérieurs à la promulgation du nouveau texte.
Même si la doctrine dominante admet ce principe, certains auteurs préconisent qu’il faille
faire la distinction entre les mesures favorables et celles défavorables aux délinquants.
En effet, il existe des mesures qui s’apparentent à des peines parce que :
- elles frappent l’individu dans son corps. Ex. : la castration et la stérilisation pratiquées dans
certaines législations étrangères. Ce sont de mesures attentatoires à la dignité humaine par
lesquelles on doit être réticent et au cas où elles sont adoptées, ne doivent pas rétroagir.
3) Le problème des lois temporaires et des lois de circonstance
- Les lois temporaires sont celles qui assignent un terme à leur application dans le temps.
- Les lois de circonstance proches des premières sont celles qui réglementent une situation
provisoire.
26
Si une loi adoptée pour un temps bien déterminé vient d’être abrogée, le prévenu peut-
il être condamné pour des faits commis au temps où la loi était encore en vigueur ? La
réponse à cette question peut être trouvée à l’art. 17, al. 3 de la Constitution : «Nul ne peut
être poursuivi pour une action ou une omission qui ne constituait pas une infraction au
moment où elle est commise et au moment des poursuites. Autrement dit l’acte n’est donc
punissable que si elle constitue une infraction au moment des faits et au moment des
poursuites. Par conséquent : l’individu pourra donc être condamné pour des faits commis
sous l’emprise de la loi temporaire ou de la loi de circonstance, mais à condition qu’il y ait
pas prescription de l’action publique.
4) Problème de la rétroactivité légale
Question : Pour une nouvelle loi nouvelle plus sévère que l’ancienne, le législateur
peut-il disposer expressément qu’elle rétroagisse ?
La réponse est négative car dans notre droit positif, le principe de la non rétroactivité et son
exception l’application des lois pénales plus douces sont des principes constitutionnels. En
plus, il faut noter la réaffirmation dans le préambule de la Constitution de notre adhésion et
attachement à la Déclaration Universelle de Droits de l’Homme (DUDH) qui consacre ce
principe à son art. 11, al. 2. Dans la hiérarchie des normes, les conventions internationales
ratifiées ayant une valeur supérieure à celle de la loi, art. 215 de la Constitution), il en découle
qu’une loi qui dérogerait à ce principe violerait la Constitution et les engagements
internationaux du pays.
II. Application dans le temps des lois pénales de forme ou lois de procédure
Aujourd’hui on assiste tellement aux contacts entre Nations facilitées par le tourisme,
les activités intellectuelles, économiques, les techniques modernes de la communication, les
guerres… que la criminalité a pris des dimensions nouvelles à l’échelle mondiale.
Actuellement, il existe des associations des malfaiteurs internationaux au point que les
frontières soient pour eux un avantage qu’une gêne parce qu’elles les mettent à l’abri des
recherches plus coordonnées. Les infractions telles que le trafic des stupéfiants, le trafic
d’armes, le faux-monnayage, le détournement d’avion, le terrorisme … en témoignent
Trois séries de problèmes nous amènent à nous interroger :
1) Le conflit des lois et des juridictions pénales dans l’espace : quelle loi doit-on
appliquer lorsque l’auteur d’une infraction est appréhendé du moment des poursuites
dans un pays autre que celui dans lequel l’infraction a été commise ? Serait-ce la loi
du pays de la commission de l’infraction ou celle du pays d’appréhension ?
2) Quelle loi doit appliquer le juge lorsque l’infraction est perpétrée dans plusieurs pays
différents ?
3) Quelle loi doit être appliquée lorsqu’une infraction commise à l’étranger porte attente
aux intérêts vitaux d’un Etat déterminé ? Ex : le faux- monnayage.
Pour répondre à ces questions, la doctrine a élaboré 3 types des systèmes.
28
A) Les avantages
- Ce système permet la protection de l’intérêt de la société du fait que l’infraction est jugée et
sanctionnée plus près de l’endroit où elle a été commise. Les témoins de l’infraction assistent
également à la sanction. Ce qui implique la prévention collective de l’infraction par la
dissuasion.
- Ce système permet une meilleure administration de la justice par le juge dans l’Etat où
l’infraction est commise car il connaît mieux la loi de ce pays.
- Il permet l’exercice de la répression par l’Etat dont le rôle essentiel est le maintien de l’ordre
à l’intérieur de ses frontières.
B) Les inconvénients
Ce système appliqué rigoureusement peut conduire à l’impunité de certains
délinquants. C’est le cas d’un délinquant qui après avoir commis l’infraction à l’étranger
regagne son propre pays. Ce dernier ne pourra le punir car l’infraction n’a pas été commise
sur son territoire et ne pourra non plus l’extrader car on ne peut extrader ses propres
ressortissants.
C) Limites au principe de territorialité
1) Les Immunités diplomatiques
Pour respecter les souverainetés étrangères, il existe une coutume qui fait bénéficier
une immunité aux représentants diplomatiques, à leur famille et aux personnels administratifs
pendant toute la durée de leur mission. L’immunité couvre aussi les bagages et l’ambassade
qui sont inviolables. Ces accords ont été étendus aux personnels des grands organismes
internationaux : UNESCO, ONU, …
2) La présence des troupes étrangères sur le territoire national
Ici, on doit distinguer entre :
- l’occupation pacifique ou belliqueuse. Le principe est que la sûreté de l’Etat occupé doit
rester intacte.
* En cas de présence pacifique : cela suppose une entente entre deux Etats, l’un accordant
aux troupes étrangères un droit de passage ou de stationnement sur son territoire.
En principe et sauf accord contraire, les infractions commises par les personnes dépendant
de l’armée d’occupation voire celles perpétrées par des étrangers contre les forces occupantes,
leurs établissements où leurs matériels relèvent de la compétence du pays occupant.
3) Pendant l’occupation belliqueuse (pendant les hostilités ou même pendant l’exécution
d’une convention d’amnistie ou d’un Traité de paix) : la compétence de l’occupant est
encore plus accrue, en plus de celle citée plus haut, elle recouvre également tous les
faits de nature à porter atteinte aux intérêts de l’Etat occupant et toute les infractions
contre les mesures prises par l’occupant en vue de rétablir l’ordre.
30
En ce qui concerne la personnalité passive, les al 4 et 5 de l’art. 3 CP traitent des
infractions contre l’Etat. Ces alinéas disent substantiellement que le juge congolais est
compétent pour connaitre les infractions commises à l’étranger et qui portent atteinte à la
sûreté de l’Etat même si elles ont déjà été jugées. Vu les intérêts en jeu, le juge congolais
exclut le principe «non bis ni idem».
*Le recours au principe de l’universalité
Ce principe est prévu à l’art. 3, alinéa 1 du Code Pénal. Cet article donne pouvoir au
juge congolais de poursuivre toute personne arrêtée sur le territoire congolais pour avoir
commis une infraction grave même se celle-ci est commise à l’étranger.
Pour appliquer cette disposition, il faut que l’infraction soit punie d’une peine de SP
de plus de deux mois et les poursuites ne peuvent être déclenchées qu’à la requête du
Ministère Publique.
Le prévenu ne doit pas avoir été jugé définitivement à l’étranger, ni avoir subi ou
prescrit sa peine, ni avoir obtenu la grâce.
31
Le principe est que toute personne peut être livrée à l’Etat requérant dès lors qu’elle est
l’auteur ou le coauteur voire le complice d’une infraction ou d’une tentative d’infraction que
l'Etat requérant recherche.
Exception au principe de l’extradition
32
- Quant aux infractions complexes, c’est-à-dire celles qui lèsent les intérêts privés pour
des fins essentiellement politiques, comme c’est le cas de l’assassinat d’un Chef de
l’Etat : des telles infractions sont considérées comme des faits d’une particulière
gravité et doivent donner lieu à l’extradition.
- Il en va de même pour des infractions connexes aux infractions politiques, c’est-à-dire
des infractions qui se commettent lors d’une insurrection ou lors des troubles internes
car elles constituent des actes de barbarie ou de vandalisme défendus par les lois de la
guerre.
- La solution d’extradition vaut aussi pour des actes terroristes.
Cette collaboration a commencé avec les polices des pays limitrophes. Elle est devenue par la
suite coordonnée avec les conclusions des Conventions internationales suivantes : la
convention de 1929 contre le faux-monnayage, la Convention de 1936 contre le trafic des
stupéfiants, les conventions de 1910, 1949 contre la traite des êtres humains et l’exploitation
de la prostitution. Il a donc été décidé de créer dans plusieurs pays adhérents des Offices
Centraux qui doivent étudier les techniques utilisées par les malfaiteurs, centraliser tous les
renseignements et les diffuser aux autres pays. La coopération policière est devenue très
poussée depuis la création de l’Organisation Internationale de la Police Criminelle, en
O.I.P.C. ou Inter POL depuis 1956 et dont le siège est à Paris.
Ici, nous avons la Cour Pénale Internationale (CPI) instaurée par le Statut de Rome du 17
juillet 1998. La RDC est parmi le 60 premiers Etats en ratifiant ce Traité par le Décret n°
0013/2002 du 30 mars 2002. La CPI connait des infractions très graves qui touchent à
l’ensemble de la communauté internationale. C’est le cas des crimes de génocide, crimes de
guerre etc.
Pour saisir la CPI, il faut que :
B) L’une des parties soit un Etat ;
C) L’accusé doit être ressortissant d’un Etat partie au Statut ;
D) Le crime doit être commis dans un Etat partie.
33
S/Chapitre 2 : L’élément matériel de l’infraction
Ce sont des opérations matérielles qui constituent chaque infraction et sont détaillées par le
législateur. On considère qu’une infraction est consommée lorsque tous les éléments exigés
sont réunis. On va alors se poser le problème d’une infraction inachevée. On prend en compte
deux cas de figure :
1° Le délinquant a entrepris son projet criminel mais il n’a pas eu le temps, parfois la
persévérance ou l’envie d’aller jusqu’au bout ; c’est ce qu’on appelle la tentative interrompue
34
2° Le délinquant a vainement effectué tous les actes qui dans sa pensée devraient conduire de
l’infraction. C’est ce qu’on appelle la tentative infructueuse.
Doit-on oui ou non punir des tels actes alors que l’infraction n’est pas consommée ?
Sur ce point, il y a eu deux conceptions : l’une objective et l’autre subjective.
- Conception objective : Elle est celle inspirée par la doctrine allemande du 19 ème Siècle.
D’après celle-ci, la consommation effective de l’infraction nécessite
l’accomplissement de l’acte matériel. En conséquence, la peine dans cette conception
n’est rien d’autre que la sanction du trouble social causé par cet acte.
- Conception subjective : cette conception par contre trouve absurde l’attitude qui
consiste à attendre la production d’un acte irréparable pour sanctionner. Dans ce cas,
la peine doit frapper la volonté criminelle dès qu’elle a commencé à se manifester par
des actes quelles qu’en soient les conséquences.
E) Notre Droit positif est à mi-chemin entre ces deux conceptions.
I. La tentative interrompue
36
Ce critère subjectif permet certes d’élargir le concept de la tentative et de réprimer un grand
nombre de comportements. On peut cependant lui reprocher son manque de certitude car on
ne se base que sur l’observation de la psychologie du délinquant.
Quant à savoir s’il est décidé ou pas d’aller jusqu’au bout, on fait confiance à l’intime
conviction du juge ; ce qui peut conduire à l’arbitraire. D’où on a songé à un critère qui
combine les éléments objectifs et subjectifs.
b) Définition du commencement d’exécution d’après un critère mixte
Ce critère a été adopté pour éviter l’arbitraire. D’après GARRAUD : le
commencement d’exécution voudrait dire : «l’acte tendant directement et immédiatement à la
perpétration de l’infraction».
D’après VIDAL et PAGNOL, on parle de la tentative punissable « toutes les fois que
l’acte ne présente pas un caractère vague et douteux et qu’il a un rapport direct avec
l’infraction à laquelle il tend, qu’il s’y rattache par un lien visible et étroit ».
Dans le même sens, la doctrine italienne opère une distinction entre : « l’acte
univoque» et « l’acte équivoque ».
L’acte univoque est celui qui ne peut s’expliquer que par l’intention criminelle de son
auteur. Ex. 1 : La tentative d’un vol est caractérisée par le fait d’escalader le mur et de
s’introduire avec une fausse dans la maison d’autrui.
Ex. 2 : La tentative d’un avortement est caractérisée par la stérilisation des sondes et le fait de
s’enduire les mains de vaseline à proximité d’une femme enceinte allongée dans la position
gynécologique.
Les actes équivoques sont par contre des actes préparatoires. Ex. : le fait d’acheter une arme
est un acte équivoque car une arme peut servir à la chasse ou à commettre un meurtre.
Dans ce critère, on exige donc un lien de causalité entre la tentative et l’infraction. En
d’autres termes, ce lien permet de situer le commencement d’exécution dans un temps plus
proche des opérations de consommation.
2) L’interruption involontaire
D’après l’article 4 du CP : la tentative est punissable que si elle a été interrompue par des
circonstances indépendantes de la volonté de son auteur. Sera donc impuni celui qui
volontairement et librement s’est ressaisi à temps.
a) Différence entre désistement volontaire et interruption involontaire
Le désistement volontaire est celui qui est spontané, étranger à toute circonstance
extérieure et provoquée par un sentiment personnel (remords, pitié, crainte de la répression,
etc.). Dans ce cas, l’agent échappera à la peine.
En revanche, l’agent sera puni si l’interruption a été provoquée par une cause externe ou
physique.
37
Ex. Arrestation, riposte de la victime, défaillance physique de l’agent, un bruit quelconque, la
survenance d’une personne.
b) Différence entre désistement volontaire et repentir actif
Le désistement volontaire se situe au stade du commencement de l’exécution
Le repentir actif intervient après la consommation de l’infraction et consiste à réparer
le dommage causé à la victime.
Ex.: restitution de l’objet. Soin prodiguée à la personne empoisonnée.
Le repentir actif laisse subsister la responsabilité pénale du délinquant mais avec la
réduction de peine.
Les problèmes posés par la tentative infructueuse sont analogues à ceux de la tentative
interrompue car dans les 2 cas, le délinquant n’atteint pas le résultat recherché. Dans le cas de
la tentative interrompue, on constate l’inachèvement des opérations matérielles d’exécution.
Et pour la tentative infructueuse, l’agent a poussé les actes d’exécution jusqu'à la
consommation de l’infraction mais n’est pas arrivé au succès escompté. C’est le cas de
l’infraction manquée et de l’infraction impossible.
A) L’infraction manquée
On parle de l’infraction manquée lorsque, par suite d’une circonstance imputable à sa
maladresse ou à son étourderie ou encore à une cause fortuite, le délinquant n’a obtenu aucun
résultat.
Ex.1: un meurtrier qui a mal visé et a manqué sa victime.
Ex.2: L’agent a placé une bombe à l’endroit où la victime devrait passer et celle-ci a explosé
avant le passage de la victime.
Un tel agent ne mérite aucune indulgence, il sera donc puni car ce n’est pas parce que la
victime a échappé au danger que la culpabilité est neutralisée.
L’Article 4 du Code Pénal assimile l’infraction manquée à la tentative interrompue quand il
dispose que la tentative punissable est constituée par un commencement d’exécution qui n’a
été suspendue ou qui n’a manqué son effet que par des circonstances indépendantes de la
volonté de l’auteur.
Il arrive aussi que le législateur assimile l’infraction manquée à une infraction
consommée. C’est l’hypothèse des infractions matérielles, celles qui existent
indépendamment du résultat.
C’est le cas de l’article 50 Code Pénal LII : ayant trait à l’administration des substances
nuisibles. D’après cet article : Sera puni d’une servitude pénale d’un an à vingt ans et d’une
amende…quiconque aura administré volontairement des substances qui peuvent donner la
mort ou des substances qui, sans être de nature à donner la mort, peuvent cependant
gravement altérer la santé ». Il en va de même des articles 103 et 104 du Code Pénal LII qui
disposent : « Seront punis d’une servitude pénale de 15 à 20 ans,, ceux qui auront mis le feu
38
soit à des édifices, navires, magasins, tout autre lieu quelconque servant à l’habitation, et
contenant un ou plusieurs personnes au moment de l’incendie,, soit tout autre lieu même
inhabité si d’après les circonstances, l’auteur a dû présumer que s’y trouvaient une ou
plusieurs personnes au moment de l’infraction… »
NB Il ne faut pas confondre l’infraction manquée avec l’hypothèse de l’erreur sur la
personne (error personae) cf. l’article 43 Code Pénal
On distingue 2 types d’erreurs
- L’erreur intellectuelle ou psychologique qui consiste pour l’agent à se méprendre sur une
identité de la personne.
Ex. : L’agent tue Monsieur X qu’il a confondu par erreur à Monsieur Y.
- L’erreur matérielle : aberratio ictus qui consiste en une maladresse physique, une déviation
malencontreuse d’un coup qui atteint une autre personne que celle visée. Dans ce cas, ce n’est
pas une infraction manquée, il y a meurtre consommée et l’Etat chargé de sanctionner n’a pas
à préférer telle personne à la place d’une autre.
D’ailleurs en plus du meurtre consommé, le juge peut retenir l’homicide volontaire
manqué sur la personne que l’agent visait C’est ce qui est prévu à l’art. 43 Code Pénal qui
dispose : « sont qualifiés volontaires l’homicide commis et les lésions causées avec le dessein
d’attenter à la personne d’un individu déterminé ou de celui qui se sera trouvé ou rencontré,
quand bien même ce dessein serait indépendant de quelques circonstances ou de quelques
conditions et même que l’auteur se serait trompé dans la personne de celui qui a été victime
de l’attentat. »
B) L’infraction impossible
La notion de l’infraction impossible est apparue en 1808 sous la plume de
FUERBACH. Par cette infraction, l’agent n’a obtenu aucun résultat :
- parce qu’à son insu, l’objet de l’infraction n’existait plus
Ex. : Dans un bus bondé ou dans un marché, on introduit la main dans la poche d’un passant
mais malheureusement celle-ci est vide.
Ex. 2 : le fait de pratiquer l’avortement sur une femme non enceinte
Ex. 3 : un homicide sur un cadavre (fait incriminé dans notre droit positif : mutilation du
cadavre).
- Ou soit parce qu’à son insu les moyens utilisées étaient inefficaces.
Ex. : Utilisation des substances ne pouvant faire avorter telles que les vitamines
Ex. 2 : le fait de tirer un coup de feu alors que le fusil n’est pas chargé.
Question : une telle infraction peut-elle être punie ?
La répression de l’infraction impossible a donné lieu à des vives controverses doctrinales et
de longues hésitations jurisprudentielles au 19e S.
39
Plusieurs thèses se sont affrontées.
1) La thèse de l’impunité
C’est une thèse qui tire son origine de la conception objectiviste nécessitant le trouble
social ou individuel comme condition de la répression. Pour les partisans de cette thèse, par
suite de manque de trouble, l’infraction ne peut être punissable.
2) La thèse de répression systématique : c’est une thèse qui fait apparaître le bon sens.
Dès lors qu’il y a une manifestation de la volonté criminelle de l’agent : des tels actes
doivent être sanctionnés.
3) La thèse de compromis
Les 2 thèses précédentes étant radicales alors que l’infraction impossible soulève des
problèmes complexes, certains auteurs ont distingué divers cas d’impossibilités. Il s’agit de
l’impossibilité absolue et de l’impossibilité relative
L’impossibilité absolue
C’est lorsque l’objet de l’infraction n’existe pas.
Ex.1 : Meurtre pratique sur un cadavre.
Ex.2: Etranglement d’un mort-né.
D’après ces auteurs, le fondement du droit de punir disparaît en cette circonstance.
L’impossibilité relative
C’est lorsque les moyens auraient pu produire le résultat voulu s’ils avaient été mieux
utilisés.
Ex1. : un coup de fusil tiré hors de portée de la victime.
EX. 2 : La victime fortuitement absente de la pièce où le coup de fusil a été tiré par la fenêtre.
Dans ces hypothèses de l’impossibilité relative, l’infraction impossible ressemble à
l’infraction manquée et doit être punie dans les mêmes conditions.
Cette distinction peu convaincante a été perfectionnée par GARRAUD et ROUX qui eux
distinguent l’impossibilité de droit et l’impossibilité de fait.
L’impossibilité de droit
→ Dans cette hypothèse, on parle de l’impossibilité de droit lorsqu’on constate qu’il y
a l’absence de l’élément légal de l’infraction. Dans les cas cités ci-haut de l’infanticide d’un
mort-né, ou du meurtre d’un cadavre, l’infraction est impossible car d’après l’expression de
GARRAUD, la «matière criminelle» requise par la loi fait défaut. Dans la même perspective,
ROUX fait observer que le droit pénal, en tant que droit répressif, il sanctionne « l’atteinte à
un droit». Dans les exemples cités, l’atteinte au droit à la vie. La vie n’existant plus, on ne
peut pas sanctionner «les fantômes du droit».
L’impossibilité de fait
Pour comprendre ce type d’impossibilité, reprenons l’exemple cité plus haut ayant trait à
l’introduction de la main dans la poche vide de la victime : une telle infraction doit être
réprimée.
40
NB Il faut dire que dans la pratique, il est souvent difficile d’opérer des distinctions
entre ces différents types d’impossibilités. Les tribunaux apprécient la répression au cas par
cas.
L’infraction impossible, souvent assimilée à l’infraction manquée est, lorsqu’elle est
poursuivie qualifiée d’infraction tentée.
Dans le cadre des infractions impossibles, ne sont pas punies les infractions dites
absurdes et celles dites putatives.
* Les infractions absurdes ou surnaturelles sont celles qui consistent à tenter d’attirer le
malheur sur autrui en invoquant Dieu (pèlerinage) ou même le diable (sortilège, magie,
envoûtement). L’impunité s’explique en raison de l’absurdité des moyens utilisés, ou en
raison de la simplicité d’esprit de l’agent.
* Les infractions putatives : c’est lorsque l’illégalité des faits n’existe que dans l’imagination
de l’agent.
Exemple : - quelqu’un a vendu du diamant croyant que c’était un trafic interdit. Or c’est déjà
autorisé par l’O.L. N° 82-039 du 5/11/82 modifiant et complétant O.L. N° 81-013 du 2/4/81,
portant législation générale des mines & hydrocarbures.
- Quelqu’un a enlevé une jeune fille majeure croyant qu’elle était mineure de 16 ans.
⇒ Aucune sanction ne peut être prononcée parce que l’infraction n’existe pas, et le principe
de la légalité s’oppose à la répression.
Le mot du dol général a été mis au point par la doctrine classique. Emile GARCON le
définit comme étant la volonté de commettre l’infraction telle qu’elle est déterminée par la loi
et la conscience d’enfreindre les prohibitions légales.
I. Le dol et l’élément matériel
41
L’agent sera coupable lorsque les actes matériels qu’il a réalisés consciemment
coïncident avec ceux prohibés par la loi.
Exemple : l’agent est conscient qu’il détourne une mineure, qu’il administre un poison.
Une partie de la doctrine actuelle reproche à la théorie classique d’avoir inutilement
compliqué le problème de l’élément matériel en inventant la notion du dol général. Au fond,
ce que cette doctrine appelle dol général n’est que l’absence de l’erreur de fait, laquelle
constitue une cause de non-imputabilité. A contrario, l’erreur de fait ou l’erreur matérielle
détruit le dol général.
Alors qu’entend-on par l’erreur de fait ?
L’erreur de fait : c’est une méprise sur la matérialité de l’acte accompli. L’agent ne se rend
pas compte que l’acte matériel qu’il réalise correspond aux prohibitions de la loi pénale.
Exemple : un individu arbore à sa boutonnière un insigne qu’il ramassé ignorant qu’il s’agit
d’une décoration officielle alors que ce fait est puni à l’Article 123 bis Code Pénal : «Toute
personne qui aura publiquement porté une décoration, un ruban ou autres insignes d’un ordre
que ne lui appartient pas sera punie d’une servitude pénale de 7 jours maximum et d’une
amende 50 à 500Fc ou l’une de ces peines seulement.
Ex.2 : un étudiant confond son vélo ou son téléphone de même marque avec celui de son
collègue, s’en empare croyant que c’était le sien donc trompé. Ainsi, la méprise sur la
matérialité de l’acte supprime le dol général.
Mais l’agent ne peut être exonéré de sa responsabilité si l’erreur de fait n’a pas porté sur
les éléments matériels essentiels de l’infraction.
Exemple : un voleur, au lieu d’emporter l’objet en or, emporte un objet en cuivre ou en
argent. Ou un agent qui se trompe sur l’efficacité des moyens utilisés pour commettre une
infraction. Une telle erreur ne détruit pas la mauvaise foi
- La conscience d’enfreindre les dispositions légales
Pour être coupable, il faut que l’agent ait connu l’incrimination et en ait saisi toute sa
portée. Il existe une présomption irréfragable de la connaissance de la loi exprimée par le
principe général du doit «Nemo censetur ignorare legem» (nul n’est censé ignorer la loi). Cet
adage implique que tous les citoyens, quel que soit leur degré d’instruction ou d’intelligence
sont censés connaître ou comprendre les lois et personne ne peut se soustraire à l’application
de la loi pénale en invoquant qu’il en ignorait l’existence ou qu’il s’est trompé sur sa
signification. Mais untel principe est-il réaliste ?
A vrai dire, ce principe a été imposé pour des raisons de nécessité de discipline
sociale. A y voir de près, il n’est ni très réaliste, ni très juste non plus.
- Tout de même, c’est un principe qui peut fonctionner dans un Etat minuscule où il y
aurait peu des lois adoptées et où le peuple rassemblé sur la place public par exemple
se ferait expliquer minutieusement toutes ces lois par le législateur.
- Ce principe peut également être applicable dans un grand Etat où les lois pénales
n’incriminent que les infractions au droit naturel telles que le vol, le meurtre car ce
sont des infractions que chacun peut percevoir dans sa conscience. Mais aujourd’hui,
42
il y a tellement d’infractions qui ne relèvent pas nécessairement du droit naturel. C’est
le cas des infractions économiques. En plus, ils sont rares les gens qui peuvent
prétendre aujourd’hui être à jour avec le journal officiel pour connaître toutes les lois.
Or, la présomption de la connaissance de la loi n’a pas les mêmes implications au civil et
au droit pénal.
Au civil par exemple, une personne qui ignore la loi qui oblige à choisir une des régimes
matrimoniaux se verra appliquer celui de la communauté réduite aux acquêts. Cela ne met en
jeu ni son honneur ni sa liberté. En revanche au pénal, cette présomption de la connaissance
de la loi est génératrice de culpabilité. C’est ainsi que l’explication de la nécessité de la
discipline sociale n’est pas satisfaisante pour expliquer le maintien du principe : « nul n’est
censé ignorer la loi ».
On propose d’expliquer la présomption de la connaissance de la loi sous l’angle contractuel.
Quand on suggère l’adage «nullum crimen sine lege», on suppose qu’il y aurait un contrat
social entre le législateur et les citoyens. Le législateur prévient qu’il ne peut punir ceux-ci
sans les avoir préalablement informés de ce qu’il interdit. En conséquence, il leur impose
l’obligation de se renseigner avant d’agir. Si par une faute de négligence, on ne s’acquitte pas
de ce devoir d’information qui pèse sur tous les citoyens, on devient coupable et on ne peut
invoquer l’erreur de droit ou la bonne foi pour se disculper.
Mais toutefois, on peut être exonéré de sa responsabilité en invoquant l’erreur invincible. Par
erreur invincible, on voudrait dire que «lorsque le délinquant n’a pas été en mesure d’éviter
une erreur alors qu’il s’est renseigné lui-même, ou qu’il s’était informé auprès des tiers c’est-
à-dire l’agent a pris le soin de s’informer mais a partagé l’erreur commise par les autorités
qualifiées qu’il a consultées. Dans pareil cas, il va être exonéré de sa responsabilité parce qu’il
n’a pas failli a son obligation de renseignement en vue de connaître la loi.
On se rend compte qu’il est abusif de qualifier toutes les infractions caractéristiques par le dol
général de l’infraction intentionnel en ne présumant que la connaissance de la loi.
Par dol spécial, on voudrait dire que l’agent a l’intention de provoquer le résultat puni par la
loi. C’est ici qu’on peut vraiment parler de l’infraction intentionnelle.
Le dol spécial est défini comme une intention précise qui est exigée par la loi dans la
production d’un résultat obtenu.
Exemples : L’intention de tuer dans l’homicide volontaire.
L’intention de blesser ou de meurtrir dans les coups et blessures.
L’intention de causer un déshonneur dans la diffamation.
Dans le dol spécial, l’erreur n’a aucune incidence sur l’exonération de la
responsabilité. L’erreur matérielle détruit le dol général (exemple : se tromper de vélo).
Mais ici, dans le cas de l’erreur sur la personne victime d’un homicide volontaire (Art. 43
Code Pénal), le meurtrier ou l’assassin a toujours l’animus necandi et demeure responsable.
43
Il en va de même du cas d’abberatio ictus, l’agent ne peut évoquer l’erreur en cas de
déviation du coup.
I. Modalités du dol spécial
L’intention de produire un résultat prohibé par la loi se présente sous des aspects
différents :
A) Dol simple et dol aggravé
Le dol simple est l’expression d’une détermination spontanée de commettre une infraction.
De ce fait, il va entrainer l’application de la peine normalement prévue par la loi.
Ex. : l’article 46 Code Pénal : quelqu’un qui a volontairement fait des blessures ou porté des
coups est puni d’une servitude pénale de 8 jours à 6 mois et d’une amende…
Le Dol aggravé ou prémédité : c’est celui qui manifeste l’intention criminelle plus
longuement mûrie. ⇒ La préméditation aggrave la peine.
Ex.: toujours à l’art. 46 al. 2 : en cas de préméditation, le coupable sera condamné à une
servitude d’un mois à deux ans.
La préméditation devient donc une circonstance aggravante.
Le dol indirect : se présente sous deux formes : le dol nécessaire et le dol éventuel.
* Le dol nécessaire, c’est lorsque l’agent accepte le résultat d’une infraction comme
nécessairement lié au but qu’il recherche. Ex. : l’élimination d’un homme qui est conduit par
son chauffeur mais avec la même arme, il ne peut l’atteindre sans atteindre nécessairement le
chauffeur.
A l’encontre de l’homme visé, le délinquant aura commis un homicide avec le dol
direct vis-à-vis du chauffeur, un homicide avec le dol nécessaire vis-à-vis du chauffeur (2).
* Le dol éventuel
Il y a dol éventuel lorsque l’agent, sans rechercher le résultat, a envisagé qu’il pouvait
intervenir. Et même s’il était conscient du risque, il a tout de même persisté dans son action.
Ex. : un chauffeur qui prend le risque de doubler par la droite ou de rouler alors que les freins
sont défectueux. S’il y accident, il va répondre de l’homicide volontaire.
Le dol éventuel se rapproche de l’infraction praeter intentionnelle parce que le résultat tel
qu’il s’est produit n’a pas été recherché. Il s’en éloigne du fait que le résultat survenu n’a ni
été envisagé de la façon dont il s’est réalisé ni sous une forme grave.
Remarques
Quand on prend en compte l’élément moral ou psychologique, on considère que le dol
éventuel et le délit praeter intentionnel constituent une catégorie intermédiaire entre
l’intention criminelle et la faute.
Selon STEFANI, LEVASSEUR & BOULOC, le dol éventuel est considéré comme une faute.
Et d’après HAUS l’infraction praeter intentionnelle comprend le dol et la faute.
Exemple : Coups et blessure volontaire : le dol porte sur l’infraction elle-même qui a été
voulue. Et la faute sur le résultat non attendu. (Exemple : mort de la victime).
45
Le dol pénal : c’est l’intention de commettre l’infraction. Au plan pénal, un mensonge
accompagné des manœuvres frauduleuses est qualifié d’escroquerie.
47
certaines équivoques car elle pourrait signifier recenser tous les éléments qui prouvent qu’il
existe une relation entre l’acte délictueux et l’agent.
L’imputabilité se confondrait donc avec la culpabilité avec laquelle elle a des rapports très
étroits. D’où ils ont proposé de parler de «l’imputation» de la responsabilité qui est définie
comme l’existence chez l’agent d’une volonté et d’une intelligence lucide.
Autrement dit pour être responsable, il doit avoir eu la capacité de comprendre ce qu’il faisait
et de le vouloir.
Dans l’imputabilité, on se réfère à une qualité fondamentale de la structure mentale de
l’agent, il s’agit du libre arbitre c’est-à-dire la faculté de discerner le bien et le mal et de
choisir pour l’un ou l’autre.
Or, lorsque le libre arbitre fait défaut, la sanction pénale est inconcevable. Sont donc
pénalement irresponsables : les animaux, les déments, les enfants en bas âge, les personnes
morales.
I. La contrainte physique
Elle peut être externe ou interne
A) La contrainte externe
La contrainte externe est définie comme « la mainmise sur le corps d’une personne par une
force de la nature telle qu’un ouragan, une tempête ou par la force d’un animal ou d’un tiers,
qui enlève à cette personne l’exercice de son activité.
48
L’intervention de ces événements est plus concevable dans les délits involontaires et dans les
infractions d’omission, non pas dans les infractions de commission car on ne peut commander
la main d’agent par un tiers pour tuer ou pour voler.
Exemple : - accident à cause de tempête, inondation.
- 1 militaire omet de se présenter (désertion) suite à une forte tempête.
B) La contrainte interne.
C’est le cas de la maladie de l’agent.
Exemple 1 : 1 témoin ne peut pas se présenter à la justice pour maladie grave (maladie
cardiaque).
Pour être retenue, la contrainte physique doit répondre aux mêmes conditions que la
notion civile de la force majeure
1°) La contrainte doit avoir un caractère irrésistible, c’est-à-dire l’agent n’a pu y résister, il
s’est trouvé dans l’impossibilité absolue de se conformer à la loi.
Question : cette impossibilité absolue doit-elle être appréciée in abstracto c’est-à-dire par
rapport à la capacité de résistance d’un «homme normal » placé dans les mêmes conditions ou
doit-elle être appréciée in concreto, c’est-à-dire par rapport à l’agent concernée ?
La doctrine soutient l’appréciation in concreto en vertu du principe d’individualité de
la peine.
Mais le délinquant qui éprouverait seulement des difficultés à observer la loi, peut-il
être exonéré de sa responsabilité ?
Ici, il faut établir la différence entre les difficultés de fait et les difficultés de droit.
* Difficulté de fait : l’agent se trouve devant un obstacle important, qui ne lui enlève pas
absolument la possibilité d’éviter l’infraction mais qui rend difficile l’observation de la loi.
Exemple 1 : En principe l’absence d’égouts communaux n’autorise pas les particuliers à
laisser couler leurs eaux usagers dans la rue.
Exemple 2 : La fermeture d’une banque ne dispense pas le détenteur précaire de ces fonds de
les restituer à leur propriétaire.
Donc, les difficultés de fait ne suppriment pas l’imputabilité.
* Par contre en cas de difficulté de droit : si la violation de la loi est imputable à une «erreur
invincible», elle exonère l’agent de sa responsabilité.
2°) La contrainte doit avoir un caractère imprévisible
Toujours dans le cadre de la comparaison entre la notion civiliste de la force majeure
et la contrainte, on peut dire que le droit pénal n’admet pas la contrainte lorsqu’elle était
prévisible par celui qui l’a subie.
Exemple : la météo a annoncé des forts orages et l’agent prend le risque de sortir avec le
véhicule à l’heure annoncée. S’il y a accident, il ne peut évoquer la force majeure
49
Pour être pénalement responsable, il ne suffit pas d’être coupable ou de n’avoir pas agi
sous la contrainte, mais faudrait-il aussi jouir d’une intelligence lucide. Plusieurs cas d’espèce
peuvent être évoqués
I. Les malades mentaux
A. La démence
La situation de la démence était déjà connue dans le droit Romain où les déments
étaient considérés comme des malades ne pouvant répondre pénalement dans leurs
infractions.
Au Moyen-âge, les fous sont soupçonnés de possession démoniaque imputable à leurs
péchés. Il a fallu attendre les travaux des psychiatres PINEL, ESQUIROL pour que l’on sache
avec certitude que la folie est une maladie aliénante de l’esprit qui exclut tout discernement et
toute liberté de décision.
La démence détruit désormais l’imputabilité subjective mais ne supprime pas
l’infraction qui demeure objectivement punissable pour les coauteurs et les complices du
dément qui sont sains d’esprit.
Par démence, on entend : la folie et d’autres formes de défaut de développement des
facultés mentales (idiotie, imbécillité, crétinisme, ….), des formes de dissociation d’esprit
telles que la schizophrénie, la confusion mentale, les délires de persécution (paranoïa) Donc,
50
C’est au jour de l’infraction qu’il faut rechercher l’existence de la responsabilité. Peu
importe que le délinquant soit atteint de la démence avant ou après. Au moment où il a agi, il
doit répondre si on prouve un intervalle de lucidité.
Mais le bon sens et l’équité ont amené les tribunaux à appliquer ce principe avec
souplesse. La démence antérieure à l’infraction constitue une circonstance atténuante. Celle
postérieure fait suspendre les actes de poursuite ou l’exécution de la peine. Le dément est
alors interné. A ce propos, la célèbre loi Belge du 9 avril 1930 dite la loi de défense sociale
propose de mesures dites de «détention de défense sociale» comptant :
- le traitement médical ;
- la rééducation morale et la réadaptation sociale.
Dans les chapitres précédents, nous avons vu que la responsabilité pénale repose :
- sur la culpabilité de l’agent ;
- sur son imputabilité.
Or ici, on admet qu’un acte qui enfreint à la loi pénale soit considéré comme licite et n’expose
pas son auteur à des poursuites ou à une condamnation judiciaire. On dit qu’un tel acte est
légitime du fait de l’existence d’un fait justificatif.
Définition des faits justificatifs :
51
Ce sont des circonstances objectives, indépendantes de la psychologie du délinquant qui
neutralisent la réaction sociale contre l’infraction et par le même fait suppriment l’élément
légal de sorte que l’infraction n’est plus constituée.
Exemple 1 : Un bourreau qui exécute une condamné à mort sur l’ordre régulier des autorités
compétentes viole certes les articles 43, 44-45 Code Pénal traitant de l’homicide mais ne
commet cependant pas une infraction car son acte est justifié par des textes relatifs à
l’application de la peine capitale :
- article 6 Code Pénal : « le condamné est exécuté suivant les modes déterminés par le
Président de la République
- article 26 Code Pénal militaire : « les peines applicables pour les juridictions
militaires sont : la mort par les armes…
Exemple 2 : Une personne brutalement attaquée par un individu est autorisée à tuer ou à
blesser son agresseur s’il n’existe à sa disposition aucun moyen de défense immédiat.
Avec l’étude des faits justificatifs, on se rend compte de la relativité de la loi pénale
car ce que le législateur considère comme un acte anti-social, le même législateur peut
l’envisager dans certaines situations comme une nécessité sociale protégée ou tolérée par le
droit.
Section 1 : Les causes de justification
Le principe du départ préconise que c’est le législateur qui seul peut créer des
infractions et c’est à lui qu’il appartient de les supprimer. La plupart des codes pénaux
énumèrent des faits justificatifs.
Question : Le juge pouvait-il dans l’interprétation de la loi pénale dégager un fait justificatif
que la loi n’a pas expressément prévu ? La doctrine au du 19ème siècle a répondu à cette
question par l’affirmative.
La doctrine et la pratique prétorienne ont observé toutes les hypothèses de justification
admises par la loi pour essayer d’en extraire un principe général. Ils sont parvenus à la
conclusion suivante : la violation de la règle pénale est le résultat soit :
- de l’accomplissement d’un devoir (l’ordre de la loi et le commandement de
l’autorité) ;
- l’exercice d’un droit (légitime défense).
Le fait de justification s’explique comme étant une solution logique d’un conflit des lois car
le législateur ne peut sans contradiction vis- à -vis de lui-même punir ce que d’autres
dispositions législatives non abrogées ordonnent ou permettent de faire. Sinon, il
contredirait lui-même.
La loi énumère diverses circonstances pouvant justifier l’infraction. C’est d’une part l’ordre
de la loi et le commandement de l’autorité légitime et d’autre part la légitime défense. Ce
cadre légal est étriqué car il laisse de côté les hypothèses qui peuvent nécessiter la justification
de l’infraction. C’est ainsi que la pratique prétorienne a essayé d’élaborer un principe général
de justification pénale.
52
La doctrine part du constat général que : dans toutes les hypothèses où la justification est
admise par la loi. La violation de la règle pénale est le résultat de l’accomplissement d’un
devoir (ordre de la loi et commandement de l’autorité ou de l’exercice d’un droit (la légitime
défense). Cette constatation met en évidence l’idée supérieure selon laquelle, la justification
est la solution logique d’un conflit de lois car le législateur ne peut sans contradiction vis-à-
vis de lui-même punir ce que d’autres dispositions des législateurs non abrogées ordonnent ou
permettent de faire. Donc, en plus de l’accomplissement d’un devoir et de l’exonération d’un
droit, la doctrine a entendu les faits justificatifs à la permission législative qui ne figure pas
expressément dans la liste légale des faits justificatifs.
Il faut distinguer les faits justificatifs des autres causes d’irresponsabilité telles que la
contrainte la contrainte ou la démence. On dit qu’ils opèrent in Rem, c’est-à-dire
objectivement. Contrairement aux causes d’irresponsabilité subjective qui sont strictement
personnelles, les faits justificatifs justifient l’auteur et tous ceux qui ont participé à l’acte. De
plus le dommage causé sur l’ordre de la loi ou un commandement d’autorité ne peut être
compatible avec une faute civile et donner lieu à des dommages et intérêts.
Idem pour la légitime défense qui ne peut donner lieu à des dommages intérêts sauf
s’il y a eu excès.
53
Pour répondre à la première question ayant trait à l’application spontanée, on doit
distinguer deux cas de figure.
1°) Il y a des catégories d’individus qui n’ont d’ordre à recevoir de personnes et qui ne
doivent obéissance qu’à la loi elle-même.
Exemple : C’est le cas par exemple du magistrat qui peut décerner un mandat d’arrêt ou un
mandat de dépôt sans qu’il ait commis un délit d’arrestation ou de détention arbitraire sauf s’il
maintient l’agent plus de 48 heures dans une maison d’arrêt sans l’avoir entendu (art. 188
Code Pénal Militaire).
2°) On doit constater que prescriptions légales requièrent expressément ou implicitement un
commandement de l’autorité. Ce sont celles qui mettent en péril la vie humaine ou la liberté
individuelle.
Les mesures à appliquer sont considérées comme tellement graves qu’il faille
interposer un écran humain entre les ordres des législateurs et l’activité ordonnée à
l’exécutant.
Exemple : On ne peut pas admettre qu’un bourreau exécute un assassin sans qu’il ait été
condamné ou sans que l’exécution ait été condamnée par les autorités étatiques. Il en va de
même en matière d’arrestation, de perquisition, de saisies …… Tous ces actes ne deviennent
légitimes que lorsqu’elles sont subordonnées à des mandats réguliers des magistrats.
Par contre, dans les circonstances moins graves comme le cas de la révélation du secret
professionnel cité plus haut, le législateur adresse directement des ordres aux agents
d’exécution sans passer par l’intermédiaire d’une autorité de commandement.
Pour revenir à la question concernant le dépassement de l’ordre légal, il est clair que
les infractions justifiées reprennent vigueur.
Exemple : Un commandant saisi par une réquisition légale et qui fait agir les forces de l’ordre
en déployant des moyens disproportionnées par rapport à la situation et même contre l’avis de
ses supérieurs hiérarchiques ne pourra jamais voir son acte justifié.
55
- on est enfin arrivé à proposer que la légitime défense est une situation objectivement
compatible avec le droit c’est-à-dire qu’en cas d’urgence, si les moyens habituels de la justice
n’arrivent pas à assurer la sécurité des personnes ou leurs biens, un citoyen qui se défend,
coopère en lieu et place de l’autorité du maintien de l’ordre. Cet acte accompli ne peut donc
être critiquable au regard du droit.
2) Les conditions de la légitime défense
Il faut une agression à laquelle il faut riposter.
a) L’agression
L’acte de la défense n’est pas conservable sans une agression. L’agression doit en
outre répondre à certains critères.
- L’agression doit être actuelle ou imminente
Il est clairement postulé que seule une attaque immédiate ou très prochaine met la
personne visée dans l’impossibilité de se placer sous la protection de la loi et des autorités
publiques. En conséquence, la défense n’est pas justifiée s’il s’est écoulé un temps entre
l’agression et la riposte. Elle devient en ce cas une vengeance. La défense ne peut non plus
être justifiée pour une agression future car on ne peut se rendre justice d’une façon préventive.
Il est donc interdit à une personne qui redoute une attaque de prendre les devants et d’attaquer
le premier mais elle peut prendre des précautions par exemple en se munissant d’une arme. Si
le moment venu, elle tue son agresseur, elle ne peut être condamnée pour assassinat. Il a
seulement prémédité la légitime défense. Mais faudrait-il aussi que les moyens de défense
préparés soient proportionnels à l’agression.
Exemple : un propriétaire qui, pour sauvegarder sa sécurité et celle de ses biens, met en
permanence un engin conçu pour exploser automatiquement au moindre contact. Si l’intrus
est tué ou blessé, le propriétaire peut-il s’abriter derrière la légitime défense ? La réponse est
négative car la légitime défense suppose une attaque et bien plus, un individu ne peut pas
payer de sa vie pour un simple vol. En outre, la légitime défense exige une intervention
personnelle, réfléchie de la personne attaquée et on ne doit pas autoriser les procédés de
défense mécanique ou automatique susceptibles de conférer aux riches propriétaires le droit
de tuer ou de blesser ceux qui franchiront le seuil de leur porte.
- L’agression doit être dirigée contre les personnes et aussi contre les biens.
Quand on reconsidère les textes de référence sur la légitime défense, elle ne concerne que la
défense de soi-même et d’autrui, c’est-à-dire qu’elle est subordonnée à une agression contre
les personnes. L’idée du départ était de pouvoir justifier des attaques ou menaces qui sont
génératrices d’un danger physique telles que la mise en péril de la vie, de la locomotion, de
l’intégrité corporelle ou sexuelle.
Par la suite, on s’est aussi posé la question de l’idée de la légitime défense des biens. Au
19 S, les auteurs réfutaient cette idée en invoquant le silence de loi et en soulignant
e
également qu’une atteinte à la protection des biens ne peut jamais être considérer comme une
cause d’irresponsabilité car la victime d’un vol par exemple a toujours la possibilité de
56
recourir à la justice. Le préjudice encouru n’étant pas si grave pour autoriser l’homicide ou
les blessures.
Avec l’évolution, il est apparu d’autres arguments selon lesquels le recours à la justice ne
permet pas toujours au propriétaire d’obtenir la restitution de chose ou même d’être indemnisé
si le voleur est insolvable. Il se trouve donc dans la nécessité de défendre son bien menacé
mais à condition que les moyens employés respectent la vie de l’agresseur et ne dépasse pas la
stricte nécessité du but poursuivi.
- L’agression doit être injuste
La légitime défense est incompatible avec une agression licite, c'est-à-dire celle
autorisée par la loi (ordre de loi ou de commandement de l’autorité légitime). Ex : un
condamné à mort ne peut exercer une légitime défense contre son bourreau ni un voleur vis-à-
vis des policiers qui lui passent des menottes.
Mais lorsque l’illégalité des agissements de l’autorité ou de l’agent exécuteur d’ordre est
manifeste, ou leur incompétence notoire, la résistance est légitime.
b) la riposte ou une défense justifiée
L’infraction commise dans la situation d’auto-défense est toujours justifiée quelle que
soit sa qualification, pourvu qu’elle ait été nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du
bien attaqué. La justification n’est pas limitée aux homicides et coups et blessures
volontaires, on peut se défendre par une séquestration momentanée de la personne, par la
profération des menaces, etc.
Il faut bien noter que :
- l’infraction commise pour répondre à une attaque actuelle ou pour prévenir une attaque
imminente ne peut être justifiée que si elle est nécessaire, indispensable et que les moyens
utilisés n’étaient pas disproportionnées par rapport à la l’intensité de l’agression ;
- La nécessité de défense ou de la riposte
L’infraction commise pour répondre à une attaque actuelle ou pour prévenir une
attaque imminente doit être nécessaire car nul ne peut se faire justice à lui-même s’il a la
possibilité de se placer sous la protection de la justice.
Question : Est-ce la justification peut cesser lorsque la victime pouvait éviter le danger en
prenant la fuite par exemple ? La doctrine est opposée à cette manière de penser. Emile
Garçon écrit à ce propos : «le droit n’est pas tenu de céder devant l’injustice, la fuite, souvent
honteuse, ne peut être une obligation légale». Mais, dans certaines situations, on peut refuser
le bénéfice du fait justificatif à celui qui repoussent les spectateurs pouvant le protéger préfère
se défendre. Dans ce cas, il y a abus du droit de légitime défense.
- La proportionnalité de la riposte
Pour être justifiée, la riposte doit être proportionnelle à l’attaque subie ou dont on est
menacée. La plupart des tribunaux condamnent la victime qui a utilisé les moyens excessifs.
Exemple : celui qui répond à un coup de poing par un coup de revolver ou lorsqu’on tue ou on
blesse un vagabond qui n’avait aucune intention d’homicide.
57
Dans certaines circonstances, on peut sanctionner non pas seulement l’excès mais
aussi l’imprudence dans l’exercice du droit de la légitime défense.
Ex. : - Un propriétaire qui veut effrayer les voleurs qui escaladent la clôture de sa maison tire
sans visibilité le coup de fusil à la hauteur de l’homme.
- Un homme importuné par un ivrogne le repousse violement. Celui-ci tombe et meurt
de suite de fracture du crâne.
- Un passant veut séparer un enfant qui attaque un autre violemment. Il le tord le bras si
violemment qu’il le lui fracture.
Il appartient donc au juge d’apprécier le caractère mesuré ou démesuré de la riposte.
N.B. :
1) La légitime défense peut être exercée pour autrui et même pour un inconnu, sinon on
risque d’être poursuivi de l’infraction de non assistance à personne en danger.
2) En outre, l’obligation de porter secours aux personnes en péril peut justifier les
infractions qui nécessitent l’accomplissement de ce devoir. Exemple : L’excès de vitesse ou
l’inobservation d’un signal de roulage par un médecin appelé en urgence.
Il existe aussi des permissions de la loi qui justifie certaines infractions
- Ex.: La gifle à un enfant mineur est implicitement contenue dans les prérogatives de la
l’autorité parentale.
- Ainsi que la permission de commettre des violences conformes à la règle de jeu de
sports (boxe, judo…) Ces pratiques sont justifiées par la valeur sociale du sport.
Donc, les adversaires qui se donnent des coups ou se blessent ne sont pas sanctionnés.
Sauf s’ils dépassent les limites prévues par la loi et les règles spécifiques du sport
auquel ils s’adonnent.
59
nécessité. Ex. : Un soldat ne peut fuir le combat sous prétexte de l’état de nécessité car
l’éventuel sacrifice de sa vie lui est imposé par ses obligations militaires.
- Il faut que ce danger ait nécessité l’infraction. Si le délinquant avait d’autres moyens de
sauvegarder ses intérêts, il sera condamné.
La jurisprudence décide également que l’infraction ne peut être justifiée par l’état de
nécessité si l’auteur avait lui-même créé par sa faute le danger dont il est menacé. Certains
critiquent cette décision en suggérant que la faute antérieure doit distinctement imputable à
l’agent et que l’infraction nécessite soit justifiée en elle-même.
III. Les cas d’application de l’état de nécessité
Il y en a 2 : - l’avortement thérapeutique ;
- les manœuvres d’évitement de roulage.
- L’avortement thérapeutique : c’est le cas où le médecin provoque l’avortement pour des
raisons de santé de la mère ou de l’enfant.
- les manœuvres d’évitement lors de la circulation routière → dans le cas, les accidents
survenus doivent avoir pour but d’éviter des collisions qui causeraient des dégâts plus graves.
N.B. : L’état de nécessité, même s’il justifie l’infraction n’exclut pas des dommages et
intérêts.
60
Idem pour la révélation du secret professionnel, les nombreux auteurs estiment que
l’infraction disparaît lorsque le confident l’a autorisé.
2) Mais certains cas posent des sérieux problèmes et les avis sont très partagés. C’est le cas
de l’euthanasie, c’est-à-dire «la bonne mort» qui délivre de ses souffrances un malade
incurable. Quelques fois le malade supplie qu’on abrège ses jours. Ici le problème du
consentement ne pose pas.
Mais que penser au cas où la pitié de l’assassin ou de meurtrier a suppléé au consentement
que la victime n’est pas capable d’exprimer ? Ex. : Un médecin qui tuerait un enfant né
monstrueux, un débile mental torturé par la souffrance. Ce sont des cas qui se posent dans
61
Il existe aussi d’autres interventions qui comportent des préjudices irréparables mais utile à
l’intérêt général. Ex. le don des organes. Mais la victime doit être ici protégée et il est exigé
son consentement ou le consentement de ses proches si la victime est hors d’état de manifester
sa volonté.
I. L’auteur matériel
C’est celui qui réunit en sa personnalité tous les éléments constitutifs de l’infraction et
c’est lui qui exécute l’élément matériel. Autrement dit son comportement correspond à
62
l’action ou à l’omission incriminée. C’est celui qui atteint le résultat illicite, qui commet ou
tente de commettre une infraction.
Si plusieurs personnes ont commis une même infraction, elles sont coauteurs car chacun à
exécuté l’acte correspondant à la définition de l’infraction.
Exemple : Des cambrioleurs qui dévalisent ensemble la maison ou des agresseurs qui rouent
des coups la même victime. Leur action consiste en une juxtaposition de plusieurs actes
exécutés de façon concomitante. Il faut vérifier que chacun ait accompli tous les actes
caractérisant l’infraction.
Entre coauteurs, la responsabilité pénale n’est pas divisée en proportion de l’intensité
causée de l’intervention de chacun. En d’autres termes, quelle que soit l’influence de l’action
personnelle sur la question du résultat, chaque coauteur encourt la totalité de la peine prévue
par la loi. Cette question a été souvent soulevée lors des scènes de violence collectives à la
suite desquelles la victime décède ou subit une infirmité permanente. Tous les membres du
groupe ont porté les coups, mais on ne peut déterminer avec certitude qui a porté le coup
meurtrier. La jurisprudence décide tous répondent des conséquences de l’acte sans qu’il soit
nécessaire de déterminer le rôle de chacun car même ceux qui n’ont pas donné des coups
suffisamment forts sont complices des coups plus graves donnés par le coupable.
64
Elle se distingue de celle privée parce qu’elle s’adresse à un nombre déterminé
d’agents et ce, au moyen de communication de masses.
Il s’agit donc d’une publicité utilisée dans un lieu public ou dans une réunion publique. Le
lieu peut être public par nature, c’est-à-dire un lieu destiné ou ouvert au public de manière
permanente.
Exemple : rue, marché, place publique, Eglise, …
Un lieu peut être public par destination, c’est-à-dire que le public y est admis
temporairement, à certaines occasions, à certaines heures ⇒ dans ce cas, un lieu privé peut
devenir public. La provocation publique s’exerce selon l’Article 21 par :
- les discours dans les lieux publics ou réunions publiques, placards affichés ou mobiles,
écrits, disons emblèmes portés par décret ou arrêtés comme les auteurs de provocation à des
infractions, même dans le cas où ces provocations ne seraient pas suivi d’effets. On aboutit à
la répression de l’auteur moral même si le 1/3 par l’intermédiaire duquel il entend agir n’est
pas passé à l’acte.
Exemple : La subordination des témoins est punissable même si elle n’est pas suivie de faux
témoignage.
Article 129 : L’auteur moral est aussi punissable même si l’acte par lui provoque ne l’est pas.
Exemple : La provocation au suicide.
Article 129 : Le coupable de subordination des témoins est passible de la même peine que les
faux témoins.
Article 23 : Sauf disposition particulière établissant d’autres peines, les coauteurs et les
complices seront punis comme suit :
- Les coauteurs, de la peine établie par la loi à l’égard des auteurs.
Question1 : Quelle est l’étendue de la responsabilité du provocateur ?
* Etendue de la responsabilité de provocateur ?
La responsabilité de l’auteur moral ou provocateur est identique à celle de l’auteur
matériel lorsque celui-ci est resté dans les limites du mandat ou de l’ordre reçu.
Là, on peut distinguer 3 hypothèses :
- L’auteur moral avait précisé le mode d’exécution, le choix des moyens à utiliser, il répondra
de l’infraction qu’il aura ordonnée ;
- Si le provocateur a donné un ordre indéterminé, il faut se poser la question de savoir si
l’agent avait ou non des raisons de croire qu’il a agi selon l’ordre ;
- Si l’ordre est précis mais l’agent commet une infraction différente, on ne peut déclarer
punissable le provocateur car le concours de volonté fait défaut dans l’infraction que l’auteur
intellectuel a commis.
* Le désistement du provocateur
65
Après avoir incité à commettre l’infraction, l’auteur moral peut changer d’avis. Pour
que ce changement puisse être considéré comme ayant rompu la solidarité entre lui et l’auteur
matériel, il faut qu’il l’ait averti à temps et de manière expresse. Ainsi, si l’auteur a connu ce
désistement mais poursuit néanmoins la réalisation de l’infraction, il agit exclusivement pour
son propre compte.
Sous/ section II
LE COMPLICE
On peut définir le complice comme étant l’individu qui, sans accomplir
personnellement les éléments constitutifs d’une infraction en a facilité ou provoqué l’action
par des agissements d’une importance matérielle secondaire : aide ou assistance, fourniture
des moyens, instigation, …
L’Article 21 Code Pénal dispose : Seront considérés comme complices d’une infraction :
- ceux qui, auront donné des instructions pour la commettre ;
- ceux qui, auront procuré des armes des instruments ou toute autre moyen qui a servi à
l’infraction sachant qu’ils devaient y servir ;
- ceux qui, hors le cas prévu à l’alinéa précédent auront avec connu aidé ou assisté l’auteur ou
les auteurs d’infraction dans les faits qui l’ont préparée ou facilitée ou dans ceux qui l’ont
consommée ;
- ceux qui, connaissant la conduite criminelle des malfaiteurs exerçant des brigandages ou des
violences comme la sûreté de l’Etat, la paix publique, les personnes ou les propriétés, leurs
auront fourni.
I. Les fondements de la répression de la complicité
Deux systèmes ont été mis au point pour justifier la répression de la complicité. Il
s’agit du système de l’unité de l’infraction et celui de la pluralité de l’infraction.
Si la complicité consiste dans le fait de donner des instructions aide ou assistance, fourniture
des moyens :
- Les instructions données à l’auteur sont différentes des simples renseignements.
Exemple : instruction = le fait de donner des détails sur le mode de vie et les habitudes de la
victime. Mais donner des renseignements vagues.
Exemple : telle personne habite tel quartier ne constitue pas une instruction susceptible d’être
qualifiée de complice.
- Quant à la complicité par fourniture des moyens
C’est le cas de la fourniture des fausses clés, fourniture de la salle où a eu lieu le duel, celui
qui accepte que l’avortement ait lieu à son domicile. En matière de tapage nocturne, le
propriétaire qui a laissé se produire le vacarme dans sa maison.
- la complicité par aide ou par assistance, c’est le cas le plus fréquent de la complicité
et peut révéler plusieurs formes. L’aide ou l’assistance doit être positive et doit être
antérieure ou contemporaine de l’infraction. - L’aide ou l’assistance doit être fourni au
stade des actes préparations, du commencement d’exécution, ou pendant l’exécution
de l’infraction.
Les actes postérieurs sont en principe exclus. Mais ce principe est à nuancer car une
assistance postérieure avec l’accord de volonté antérieur au délit en vertu duquel il a été
convenu une aide tardive constitue une complicité punissable.
Exemple : Une personne qui moyennant une rémunération attend au volant de sa voiture pour
assurer la fuite des voleurs.
73
«l’opinion qui, poursuivant les dirigeants ou les exécutants, fait payer à eux seuls le prix
d’une faute qui fut peut- être collective».
- Quant aux peines, il en existe qui frappent la personne morale dans sa vie, exemple : la
dissolution, la fermeture ou dans son activité, exemple : l’interdiction d’exercer une
profession déterminée, ou encore dans son patrimoine, exemple : l’amende, la confiscation
des biens.
- Le courant doctrinal du 19è siècle contre la responsabilité pénale des personnes morales
avait également avancé l’idée selon laquelle les peines infligées aux personnes morales n’ont
aucune utilité car le but de la peine est la resocialisation des individus. A cet argument, on a
répondu que la peine joue aussi une fonction préventive & d’intimidation.
III. La mise en œuvre de la responsabilité pénale des personnes morales
Il faudrait déterminer les physiques et les actes susceptibles d’engager pénalement la
personne morale.
La responsabilité pénale ne peut se concevoir pour les personnes morales
indépendamment de celles des personnes physiques agissent en leur nom (le Président, le DG,
le Gérant, l’AG, le Bureau, etc.).
On exige que l’organe ait agi dans des conditions imposées par la loi et les statuts pour
engager valablement la personne morale.
Ex. : un président illégalement nommé qui agit ou une Assemblée Générale ou un Conseil
d’Administration auxquels un partie des membres n’a pas été convoqué n’expriment pas
valablement la volonté de l’être collectif ou la personne morale.
- il faut également que la personne morale ait agi dans les limites de ses attributions
légales ou statutaires. Ici, on établit une différence entre les fautes en faisant recours
au droit administratif qui établit la différence entre la faute de service qui implique la
responsabilité de ce service et la faute personnelle de l’agent qui engage sa propre
responsabilité.
IV Position du droit congolais
Le droit congolais est resté fidèle à l’ancienne doctrine car il pose comme principe que la
personne morale ne peut engager sa responsabilité pénale. S’il se commet des infractions qui
font penser aux personnes morales, ne vont y répondre que leurs dirigeants personnes
physiques
Exemple : A u termes de l’art. 89-92 Code traitant de la banqueroute, ce sont les
administrateurs, les dirigeants ou les gérants qui commettent de telles infractions et qui par
conséquent doivent en répondre.
Mais il existe cependant des lois particulières où la responsabilité pénale des
personnes est tout de même affirmée.
Exemple : O-L n° 68/71 du 1er mai 1968 portant réquisition des médecins punit à son article
alinéa 1, toute personne qui aura engagé ou maintenu dans son emploi tout médecin requis.
A l’Alinéa 2 il est disposé : si le coupable est une personne morale, les peines seront
appliquées aux personnes chargées de la direction ou de l’administration de l’établissemen
74
TITRE III : LA SANCTION
76
Section 3 : Condition d’application des peines et des mesures de sureté
légalité des peines s’applique aussi aux mesures de sureté car même si celles-ci sont
prescrites dans l’intérêt du délinquant, elles constituent néanmoins une atteinte à sa liberté
individuelle. Il n’appartient donc pas au juge de les inventer sous prétexte qu’elles
conviennent mieux au cas qui lui est soumis. Mais le législateur accorde aux juridictions de
larges possibilités de choix en matière de sureté
2°) La nécessité d’une infraction préalable
Dans la logique des choses, on ne peut concevoir une peine sans infraction préalable.
Cette même logique conduit à prendre des mesures de sûreté «ante delictum» dès les
premières manifestations de l’état dangereux et avant toute perpétration de l’infraction. Cette
logique compte un grand inconvénient d’atteinte aux libertés individuelles. C’est pourquoi le
législateur subordonne l’application des mesures de sureté à la constatation d’une infraction.
Mais conscient de certains états dangereux, le législateur passe parfois par des moyens
détournés en consacrant l’état dangereux lui-même en infraction alors qu’au fond c’est une
intervention ante delictum. Exemple : La conduite en état d’ivresse.
Il arrive même que le législateur applique effectivement des mesures de sureté «ante
delictum» en internant des aliénés ou des personnes dangereuses pour la sécurité publique.
3°) L’application du principe de la personnalité des sanctions
Contrairement aux législations primitives où la peine ne frappait pas seulement le
coupable mais aussi ses proches (sa famille et son clan), la vengeance privée a laissé à la
justice privée par des pratiques telles que l’abandon noxal, la composition pécuniaire.
Aujourd’hui, le droit pénal préconise la responsabilité pénale individuelle, c’est-à-dire que les
tiers ne doivent, en aucune manière supporter même indirectement le poids de la peine
infligée au coupable. Le résultat est difficile à atteindre car les éclaboussures de la répression
rejaillissent toujours sur les proches.
Exemple : La femme et les enfants d’un détenu peuvent se trouver dans une gêne matérielle
car le père est devenu incapable de leur fournir les mêmes ressources qu’avant son
incarcération.
Du point de vue moral, on ne peut supprimer le chagrin ou le déshonneur qui atteint toute la
famille. C’est pourquoi certains auteurs préconisent la possibilité de pallier à ces
inconvénients en supprimant par exemple les peines dites réelles, c’est-à-dire qui frappent la
fortune du candidat. Or, on ne peut les supprimer toutes. On peut par exemple garder
l’amende «qui a un rôle rétributif mais renoncer par exemple à la confiscation générale des
biens».
77
Le caractère individuel de la peine suppose que lorsque l’infraction a été commise par
plusieurs personnes, le juge ne pourra prononcer que la peine méritée par chacun d’eux.
C’est ainsi que l’article 260 CCC LIII dispose : on ne peut prononcer une peine contre
l’héritier du coupable condamné ni même contre le civilement responsable.
Les mesures de sureté doivent également répondre au principe de la personnalité et c’est le
cas pour la plupart même si certaines entrainent par exemple des conséquences fâcheuses sur
les tiers.
4°) La garantie de la dignité de la personne humaine lors de l’application des peines.
Aux termes de l’article 5 DUDH, il est disposé : «Nul ne peut être soumis à la torture
ou au traitement cruel, inhumain et dégradant. C’est en vertu des exigences de la dignité
humaine qu’on milite pour l’abolition des châtiments corporels dans la plupart des législations
modernes.
Heureusement que la RDC a voté enfin une loi portant criminalisation de la torture.
.
II) Conditions d’exécution des peines et des mesures de sureté
80
II. Quid de l’utilité de la peine de mort ?
Les partisans de la peine de mort utilisent un argument massue qui est l’intimidation et
l’exemplarité. La crainte de ce châtiment arrêterait en chemin ceux qui sont tentés à
commettre des mêmes infractions.
Cet argument est rejeté par les abolitionnistes car certains criminels s’en moquent. A
titre d’exemple, devant l’échafaud, Arthur KOESTLER, dans une étude en Angleterre au
début du 19e S, a fait ces statistiques d’après lesquelles, sur 250 pendus : 170 avaient
auparavant assisté à un ou deux exécutions. Il raconte même qu’à l’époque où les voleurs à la
tire étaient punis de mort en Grande Bretagne, d’autres volaient dans la foule autour de
l’échafaud.
Aujourd’hui encore, en essayant d’étudier les traits spécifiques de la personnalité des
grands criminels, les criminologues démontrent qu’ils sont incapables d’être arrêtés par la
sanction pénale.
Et puis, de nombreux pénalistes font observer que la pratique actuelle de la peine de
mort lui prive toute valeur d’exemplarité. Les exécutions ne sont plus publiques donc
insusceptibles de frapper des imaginations. Il arrive aussi que des condamnations à mort ne
soient effectives car il y a toujours espoir d’obtenir la grâce présidentielle.
Toutes ces réflexions, certes satisfaisantes, sont susceptibles d’être détruits par des
preuves contraires. Il faudrait peut-être une étude scientifique qui puisse aider à se prononcer
sur la peine de mort d’une façon générale. Il y a eu certes des études mais qui n’ont pas
conduit à des conclusions très claires, qui puissent vraiment démontrer, d’une part qu’en
laissant la vie sauve à un criminel on épargne d’autres vies humaines. Et d’autre part, cette
étude devrait rechercher avec précision si l’abolition de la peine de mort n’est pas simplement
consécutive à une diminution de la criminalité. Cette étude devra aussi éclairer sur les raisons
qui poussent certains Etats à rétablir la peine de mort après une courte période d’abolition.
⇒ Il semble donc difficile de formuler une opinion définitive sur le maintien ou l’absence de
l’efficacité préventive de la peine de mort.
Et si on arrivait à résoudre scientifiquement cette difficulté, il restera à démontrer dans quelle
mesure une telle sanction est le seul moyen de protéger la société contre les grands criminels.
Le recours à ce procédé si radical n’est-il pas une solution paresseuse ?
Beaucoup d’abolitionnistes soutiennent que les peines perpétuelles privatives de
liberté rempliraient les mêmes fonctions mais à condition qu’elles soient effectivement
appliquées. Les tenants de la défense sociale suggèrent pour leur part que la généralisation de
la politique de resocialisation pourrait résoudre le problème.
Quelle que soit la position, on est en droit de mesurer l’opportunité d’une telle
sanction si les avantages avancés pour son maintien tournent autour de la défense de la
société.
La peine capitale comporte également des graves inconvénients car étant une sanction
irréversible, elle rend les erreurs judiciaires irréparables.
81
La peine de mort est aussi malsaine car elle engendre une compétition autour de la tête
d’un homme entre l’accusation et la défense. Ce débat aurait pu être plus serein et la
recherche de la vérité plus fructueuse si une telle motivation n’existe pas. Cette seule
considération peut amener à proscrire la peine de mort qui dépendrait des plusieurs facteurs :
l’éloquence ou la maladresse de l’avocat, l’influence de la presse, la prestation de l’accusé à
l’audience, …
De plus, à partir du moment où on reconnaît à l’Etat le droit de décider de la mort de
certains êtres humains, l’Etat et les citoyens sont naturellement portés à en abuser. C’est le cas
de la peine de mort en matière politique. Les statistiques démontrent que c’est en matière
politique qu’il y a le plus d’exécution sommaire.
⇒ Tout ceci pour dire que la suppression de la peine capitale est souhaitable. Mais, l’opinion
publique n’est pas favorable à la disparition d’un tel châtiment surtout à propos des crimes
odieux. Leur inquiétude se justifie car il faudrait que les gens soient rassurés qu’ils sont en
sécurité et que les grands criminels ne sont pas libérés facilement après leur condamnation.
Considérée du point de vue criminologique, l’application de la peine de mort conduit à
sacrifier au nom de l’intérêt collectif un individu dont l’irrécupérabilité ne peut d’office être
démontrée. Qui sait si une personne tuée le matin n’aura pas dû s’amender ou se resocialiser
le soir ?
Heureusement qu’un moratoire contre la peine capitale a déjà été adopté dans notre pays. On
attend qu’une loi s’en suive.
II. Pratique de la peine de mort
Le mouvement abolitionniste a connu depuis des mouvements d’alternance de succès
et d’échecs.
L’Italie avait abrogé la peine capitale en 1899, l’a rétablie en 1930 par le Code Pénal
positiviste et l’a de nouveau abrogée en 1974.
Nouvelle Zélande : Suppression 1974 ;
Restauration 1950 ;
Nouvelle abolition 1961.
Russie Soviétique : Suppression 1947 et la peine a été progressivement rétablie pour
réprimer certains crimes (espionnage, corruption, meurtre aggravé, vol, …).
Angleterre : On est passé de l’abolition partielle vers une abolition totale.
Exemple : Il y a avait en 1917 la peine capitale dans 3 circonstances :
- crime commis afin de faciliter le vol ;
- crime commis avec une arme à feu ;
- crime sur les membres de la police ou de l’administration
En 1964 : → On a supprimé ces trois cas pour ne laisser la peine capitale qu’aux assassins.
En 1965 : Abolition totale.
Idem pour la Suède, la Suisse, l’Allemagne. Mais les USA maintiennent toujours la peine
capitale. Il n’y a que 10 Etats sur 50 qui l’ont aboli.
82
En France, la peine de mort a été aboli avec l’arrivée des socialistes au pouvoir/ François
Mitterrand. Cf. Affaire, Patrick HENRI.
IV. Les règles d’exécution de la peine de mort
Lorsque la législation décide de maintenir la peine de mort, il doit en déterminer le
mode d’exécution. Dans l’ancien droit français, par exemple, on ajoutait souvent des
supplices accessoires (tortures) qui aggravaient la sanction.
Exemple : Pour le parricide, le condamné devrait avoir le poing droit coupé avant d’être mis à
mort. Mais, dans un souci humanitaire, une loi de 1791 décida que la peine de mort
consisterait aujourd’hui en une simple privation de la vie.
Le mode d’exécution préconisée était la décapitation pour la guillotine (proposé par Dr
GUILLOTIN). Elle fut remplacée par la fusillade pour les crimes contre la sûreté de l’Etat,
crime de guerre. Les autres procédés étaient : la strangulation comme en Espagne, pendaison
en Angleterre, électrocution, asphyxie par le gaz ou fusillades en URSS, aux USA.
Remarque :
Certains ont affirmée que les procédés tels que la pendaison, la guillotine ou la
décapitation par la hache sont des procédés barbares et étaient très douloureux pour le
supplicié. Même les procédés modernes tels que l’électrocution, l’usage de gaz ne sont ni
plus rapides ni moins douloureux.
- Aux USA, en 1972, la Cour Suprême de l’Etat de New JERSEY avait déclaré la peine
capitale anti-constitrutionnelle. Bien avant cette déclaration d’inconstitutionnalité, 8 Etats
utilisaient la chambre à gaz, 1 Etat ; la fusillade et la plupart l’électrocution. Aujourd’hui
plusieurs Etats ont supprimé la peine de mort. Pour ceux qui l’ont maintenue, ils ont décidé
dans un but «humanitaire» comme ils le prétendent de donner la mort par une injection
intraveineuse donnée par l’équipe médicale. Cette médicalisation contraire au serment
d’Hippocrate a provoqué des protestations de l’«Amnistie Internationale» en 1980.
84
que la peine doit avoir fonction éducative et qui elle ne peut être d’une durée telle que le
condamné perde tout espoir de rejoindre la société dès lors qu’a cessé son état dangereux.
Il faudrait tenir compte de ces deux pôles pour arriver à une sanction adéquate.
N.B. : Les femmes enceintes ne peuvent être exécutées avant la délivrance.
87
2°) Par la suite, la peine privative des droits est devenue une technique répressive et en même
temps l’expression de l’indignité morale du condamné, c’est-à-dire son forfait est si grave
qu’il le rend indigne de capacité juridique.
3°) Enfin, sous l’influence des idées pluralistes & de la criminologie contemporaine, il a paru
essentiel à la défense sociale de priver certains délinquants des droits dont le mauvais usage
facilitent l’infraction.
Exemple : Interdiction de la profession de banquier pour un escroc.
I. Privation des droits civils, civiques et politiques
A. Les incapacités civiles
Les Articles 72, 102, 106 de la Constitution posent la jouissance des droits civils &
politiques comme des conditions pour poser sa candidature. La privation de ces droits est une
peine accessoire consistant en une simple incapacité d’exercice. Le condamné conserve sa
capacité de jouissance. La personne ne peut lui-même gérer ses biens. Un tuteur est nommé.
Pendant la durée de sa peine : «il ne peut recevoir aucune somme, aucune provision de ses
revenus (Article 31 Code Pénal). On voulait par là empêcher que le condamné ne dispose de
sa fortune pour s’évader. Cependant, il peut accomplir des actes juridiques à caractère
personnel si ces facultés mentales ne sont pas mises en cause par la mesure dont il est l’objet.
Exemple : il peut valablement conclure un mariage, faire une adoption ou même reconnaitre
un enfant. Il lui est même reconnu de poser des actes juridiques patrimoniaux qui ne
produiront leur effet qu’après l’expiration de la peine.
B. Les incapacités civiques et politiques
C’est une peine afflictive et qui en même temps a pour but de protection sociale. Le
législateur veut imposer une souffrance à certains délinquants en les écartant de la vie
politique de la Nation. Dans le cadre de la protection sociale, ont veut assainir la vie politique
en y écartant des personnes jugées indignes d’un jouir un certain rôle.
II. Privation des droits professionnels
L’interdiction d’exercer une profession a souvent pour but de préserver la récidive.
On écarte le délinquant de la profession qui peut favoriser la commission de l’infraction.
Cette interdiction constitue une mesure de sûreté.
III. La publication de la condamnation
Il existe une différence entre la publicité et la publication des condamnations.
Concernant la publicité, on doit dire que tous les jugements sont en principe rendus en
audience publique. Car même s’il y a des affaires où les débats se font à huis clos, les tiers
présents dans la salle peuvent entendre la lecture du jugement ou de l’arrêt.
Mais comme beaucoup des condamnations passent inaperçues, on peut prévoir qu’elle soit
rendue publiques par voie d’affichage ou d’insertion dans la presse. La publication devient
donc une sanction complémentaire qui s’ajoute à la sanction principale.
Section 4 : Les garanties d’exécution des sanctions
Ces garanties revêtent importance capitale car il ne suffit pas de condamner le
coupable pour que justice soit faite, il faut que les sanctions prononcées soient effectivement
88
exécutées. Comme les condamnations ne sont pas exécutées spontanément, le législateur a
prévu les moyens cœrcitifs.
Exemple 1 : Pour être sûr qu’un condamné n’échappe à une peine privative de liberté avant sa
condamnation, on le place en détention provisoire.
Exemple 2 : Le législateur a aussi érigé en infraction l’évasion des détenus, la négligence des
gardiens ainsi que la connivence des gardiens ou des tiers à l’évasion.
Exemple 3 : La contrainte par corps (supprimée dans la Constitution de la transition), elle
consistait à emprisonner le débiteur pour l’obliger à payer sa dette. Supprimée en matière
civile et commerciale, elle n’existe plus qu’en matière pénale. Elle suppose une condamnation
préalable et le non payement des condamnations à des peines pécuniaires tes que les amendes
pénales, les confiscations, les frais et dépens…
Exemple 4 : Les astreintes
Est une menace à l’encontre de la partie qui ne veut pas se soumettre à une décision
judiciaire. Cette personne sera condamnée à payer un montant déterminé par le tribunal par
jour, semaine ou mois de retard. Cette somme sera versée à la partie adverse.
La dénonciation est une cause d’excuse pour plusieurs infractions : étant un fait
postérieur à l’infraction, elle ne peut être excusée que lorsqu’elle est faite à temps et dans des
conditions prévues par la loi, c’est-à-dire avant toutes poursuites. Si elle est faite pendant
l’instruction préjuridictionnelle, elle devient un aveu. Elle doit être faite devant l’autorité
judiciaire ou administrative.
Elle doit être complète, c’est-à-dire on doit dénoncer les faits en entier.
3) La soumission
Article 205 Code Pénal
90
La participation à une bande séditieuse ou un attroupement des rebelles exige pour
bénéficier de l’excuse qu’on se soumette volontairement et immédiatement au premier
avertissement. Si l’intervention de la force publique a été nécessaire, il n’y a plus de
soumission mais de domination ⇒ pas d’excuses.
Seront également excusés les participants qui n’ont ni commandement, ni fonction, ni un
emploi particulier dans la bande.
B) Les excuses atténuantes ou causes d’excuses
Sont celles qui font atténuer la peine sans faire disparaître la responsabilité pénale. A
la différence des circonstances atténuantes qui sont facultatives & judiciaires, les excuses
atténuantes sont légales et obligatoires.
Les caractères des excuses atténuantes
1) Elles peuvent être générales. Ex. : La minorité est la seule cause d’excuse générale.
2) Elles peuvent être spécifiques, c’est-à-dire que la cause d’excuse se rapporte soit une
infraction soit un groupe d’infractions bien déterminées. Ex. : L’excuse de provocation n’est
valable pour les crimes de sang
2) Elles ont un caractère personnel, c’est-à-dire qu’elle porte sur la diminution de la
responsabilité de l’agent ou d’un agent parmi plusieurs.
Il existe plusieurs causes d’excuses :
a) La provocation
C’est un fait qui a suscité chez un individu un sentiment de colère ou de crainte et qui
l’a poussé à commettre une infraction par réaction contre ces faits. Le législateur accorde à
l’auteur de l’infraction une cause d’excuse car il lui reconnait une faiblesse humaine.
La provocation est spéciale au crime de sang. La cause d’excuse de provocation est
personnelle, c’est-à-dire qu’elle est liée à l’état psychologique d’un agent et ne peut servir
d’excuse à d’autres participants.
La provocation doit être constituée : des violences.
- Des violences physiques ou corporelles graves pour que la colère à la base de l’infraction
soit fondée. L’intensité de la violence sera appréciée objectivement par le juge. Les violences
doivent être illégitimes et exercées contre les personnes et pas contre les animaux ou les
objets.
Remarque : La provocation peut être admise en matière d’injures. A ce moment, elle devient
une circonstance atténuante.
b) La violation du domicile :
La violation nocturne du domicile
La violation nocturne du domicile crée une présomption de la légitime défense
Du fait que la violation du domicile entraîne une crainte, si la légitime défense n’a pas
été retenue, elle devient par ce fait une cause d’excuse de provocation pour coups et blessures
causés en voulant repousser l’intrus.
c) Le flagrant délit d’adultère :
91
Le législateur excuse la colère du conjoint qui n’a plus la liberté d’esprit ni le
sang froid nécessaire pour résister à l’offense qui lui est causée. Cette excuse est accordée à la
femme ou au mari même quand ils sont séparés de corps. L’excuse est même possible à
l’endroit d’un époux infidèle qui vient d’être provoqué par le flagrant délit de l’autre conjoint.
Pour bénéficier de l’excuse, l’infraction doit être commise au même moment que les
faits provocateurs.
92
que les juges ont parfois tendance à en abuser en appliquant des peines trop courtes qui ne
sauraient ni intimider ni conduire à la rééducation du délinquant.
Dans notre droit positif, le juge peut descendre jusqu'à un jour de servitude pénale sans pour
autant condamner à moins de 24 h. Mais il n’est pas obligé de prononcer une peine inférieure
au minimum légal. Il peut parfaitement nager entre le minimum et le maximum.
Les circonstances atténuantes sont donc un des instruments de la politique criminelle
d’individualisation de la peine. Elles permettent aussi à l’opinion collective de faire évoluer
la justice selon les exigences changeantes.
- Elles ont 3 caractéristiques :
* Elles sont facultatives, c’est-à-dire que le juge soit libre de les retenir.
* Elles sont personnelles, c’est-à-dire même si elles sont tirées des faits, le juge peut les
appliquer à certains agents & pas à d’autres.
* Elles sont judiciaires, c’est-à-dire que la loi ne les énumère pas. Le juge est la seule autorité
compétente pour les déterminer et les retenir.
93
Exemple : vol commis par un fonctionnaire est qualifié du détournement. ( article 81 Alinéa 3
du code pénal).
- la psychologie du délinquant. Ex.1 : la préméditation modifie la qualification de l’homicide
volontaire qui devient assassinat. Articles 44-45.
Ex.2 : Article 46 Code Pénal : « quiconque a volontairement fait des blessures ou donné des
coups est puni d’une peine de servitude pénale de 8 jours à 6 mois et d’une amende ou d’une
de ces peines seulement. En cas de préméditation, l’Article 47 CP dispose : le coupable sera
condamné à une peine de servitude pénale d’un mois à deux ans et à une amende de 50 à
500Fc.
C) Les circonstances aggravantes liées au résultat
Elles sont tirées de la gravité de l’acte et même du résultat de l’infraction. Ex. : l’article 47
du CP dispose : « si les coups et blessures volontaires ont causé une incapacité de travail
personnel ou s’il en est résulté la perte ou l’usage absolu d’un organe ou une mutilation
grave, les peines sont une servitude pénale de 2 ans à 5 ans et une amende qui ne pourra
excéder 1000FC
Ex. 2 : l’article 48 CP : « lorsque les coups et blessures faites volontairement mais sans
l’intention de donner la mort l’ont pourtant causée, le coupable sera puni d’une servitude
pénale de 5 ans à 20 ans et d’une amende qui ne pourra excéder 2000FC.
95
pas être la conséquence de la première condition. C’est le cas par exemple de l’évasion ; des
infractions relatives à l’interdiction de séjour telles que le retour dans les frontières.
Des telles infractions ne sont commises que pour échapper aux conséquences de la
première condition. Elles ne constituent donc pas la récidive.
* Une question demeure : la deuxième infraction doit-elle être identique à la première pour
constituer la récidive ? Exemple : du vol à vol, des coups et blessures volontaires à coups à
blessures volontaires ? Dans ce cas on parle de la récidive spéciale lorsqu’on considère que
la deuxième infraction puisse être identique à la première.
Mais il y a aussi des cas de la récidive générale où l’aggravation de la peine est
infligée quel que soit la nature des infractions successive. Ex du vol à coups et blessures
volontaires.
De toutes les façons, les deux systèmes sont utilisés.
* Quant au délai dans lequel doit intervenir la rechute, certains systèmes juridiques ne
tiennent pas compte de l’intervalle de temps qui a séparé les deux infractions. Dans ce cas, on
parle de la récidive perpétuelle, c’est-à-dire dès qu’un individu a déjà été conditionné, il se
trouve perpétuellement exposé à tomber dans l’état de récidive dès lors qu’il commet une
deuxième infraction.
En revanche, il existe des systèmes juridiques où le législateur exige pour aggraver les peines
que la nouvelle infraction soit commise dans un délai très court.
Exemple : Il y a récidive si l’infraction nouvelle est commise dans un délai de 5 ans maximum
qui suivent la première condition définitive et qu’au-delà il n’y a pas rechute, c’est ce qu’on
appelle la récidive temporaire.
Remarques
Il ne faut pas confondre la récidive et les circonstances aggravantes. Ces dernières
tiennent à la modalité de l’infraction alors que la récidive touche à la personnalité du
délinquant.
Exemple : Un voleur condamné précédemment récidive. Mais si le même voleur quitte du vol
simple pour perpétrer un nouveau vol cette foi-ci à main armée ou avec effraction, il commet
le vol avec circonstance aggravante.
Dans cet exemple, on trouve la récidive et la circonstance aggravante.
En matière de circonstance aggravante, l’aggravation de la peine est inhérente à l’infraction et
elle est obligatoire parce qu’elle altère dans le sens de l’amplification la nature même de
l’infraction.
Par contre, même si la récidive commande dans son essence même l’aggravation de la peine
et elle est sans influence sur la nature de l’infraction.
D) Concours idéal des infractions ou concours d’incrimination
Il s’agit du cas où par un seul acte, un individu se rend coupable de plusieurs
infractions.
Exemple : En roulant très vite et de mauvais côté, un chauffard écrase un piéton. Il est donc
auteur de trois infractions :
96
- violation du code de la route ;
- excès de vitesse ;
- homicide involontaire.
Le concours idéal suppose donc un acte unique.
S’il y a plusieurs faits : on parlera des circonstances réelles ou concours des faits
pénaux ou concours matériels des infractions.
Dans le cadre du concours matériel, le juge qui se trouve en face devra faire la
sommation des peines de toutes les infractions qui rentrent dans ledit concours.
Quant au concours idéal, le juge va tenir compte de chaque circonstance tant
aggravante qu’atténuante, des causes d’excuses, donc de toutes les peines pour pouvoir retenir
la peine la plus sévère.
Chapitre XI : Combinaison des règles d’aggravation & des règles d’atténuation des peines
Il peut arriver que la détermination de la sanction judiciaire se complique en raison
soit :
- de la multiplicité des circonstances aggravantes ;
- du concours des circonstances aggravantes et circonstances atténuantes.
Section 1 : Le concours des circonstances aggravantes
Les hypothèses les plus fréquentes sont le cumul de la récidive avec d’autres
circonstances aggravante personnelles et réelles.
* Dans le cas du concours de la récidive avec une circonstance aggravante réelle, le juge va
commencer par tenir compte de ces circonstances pour avoir la base d’une peine initiale à
partir de laquelle il va appliquer l’aggravation qui résulte de la récidive.
Cette façon de procéder tient du fait que les circonstances aggravantes réelles
modifient la nature de l’infraction et modifient les bases objectives de la répression.
* Dans le cas du concours de la récidive avec une circonstance aggravante personnelle, on
commence par aggraver l’infraction sur la base personnelle et on ajoute alors à l’aggravation
due à la récidive.
II. Le concours des circonstances aggravantes & des causes d’atténuation de la peine
Il n’existe aucune incompatibilité légale entre circonstance aggravante et les causes
d’atténuation des peines. Elles peuvent être combinées lorsqu’elles coexistent dans une même
affaire. Mais comme elles agissent en sens contraire, on doit déterminer l’ordre à suivre par
le juge. C’est surtout en matière de récidive que ce problème se pose.
Exemple : S’il existe une circonstance aggravante - une excuse légale - récidive.
On va d’abord aggraver la peine en fonction des circonstances aggravantes réelles
parce qu’elles font augmenter la peine d’une façon objective. Puis on abaisse la peine obtenue
sur base de l’excuse atténuante et enfin on applique l’aggravation due à la récidive du
délinquant.
Mais lorsque l’excuse atténuante est l’excuse de minorité, les tribunaux commencent par
aggraver la peine en fonction de la récidive et la réduise en fonction de la minorité. Cela se
97
justifie par le fait que lorsque le législateur a établi l’excuse de minorité, il a voulu atténuer la
peine par rapport à celle que peut subir un majeur. Il faut que la peine encourue par les
majeurs, en l’espèce en cas de récidive soit d’abord aggravée. Ce n’est qu’ensuite qu’on peut
l’atténuer en tenant compte de la minorité. En pratique, la jurisprudence confortée par la
doctrine estime qu’il faut d’abord aggraver la peine en fonction de la récidive car les
circonstances atténuantes étant judiciaires, elles vont jouer le rôle de correctif de la peine
fixée par la loi.
Section 3 : La règle de non-cumul des peines
Cette règle trouve son application dans le concours réel d’infraction où l’auteur a
commis plusieurs infractions distinctes et non séparées les une des autres par une
condamnation définitive et dans ce sens, un tel agent se distingue d’un délinquant occasionnel
et aussi d’un récidiviste. Sa singularité exige qu’il soit traité plus durement qu’un délinquant
occasionnel et moins durement qu’un récidiviste.
Mais les procédés utilisés pour arriver à ce but diffèrent d’un pays à l’autre.
Dans les pays anglo-saxons ou en Italie par exemple, l’auteur des infractions multiples
est apparenté au récidiviste. Tantôt, on peut le condamner à exécuter toutes les peines
afférentes à chaque infraction commise. C’est qu’on appelle = le cumul véritable des peines.
Tantôt, on va le condamner à exécuter la plus forte peine encourue pour l’infraction la plus
grave et cette peine sera encore aggravée en fonction du nombre et de la gravité des autres
infractions : c’est ce qu’on appelle : le cumul juridique des peines.
Dans d’autres pays, on est moins sévère et on assimile les multiples infractions à
l’infraction unique et le délinquant va donc exécuter une seule peine, la plus forte mais
chacune des autres infractions commises sera constatée par le juge et devront figurer dans le
casier judiciaire du délinquant et pourront entraîner certaines conséquences sur les
condamnations futures.
I. Le non-cumul des peines
Cette solution a donné lieu à diverses interprétations doctrinales :
- Au début du 19e S : certains auteurs ont enseigné que la réitération des infractions par
un même individu avait la vertu d’un vaccin qui neutralise la virulence des faits moins
graves, c’est-à-dire que les faits moins graves étaient absorbés dans l’infraction plus
grave de telle sorte qu’ils ne doivent plus produire des conséquences pénales. Pour
appuyer leur thèse, ils disaient que si la justice avait été en mesure d’arrêter le
délinquant au premier forfait, il n’aurait pas commis d’autres infractions. Cette
doctrine n’a pas eu une grande influence car dès qu’on est arrivé au milieu du 19 e S, la
jurisprudence a adopté une attitude opposée en préconisant que la règle de non-cumul
n’a qu’une conséquence : que seule la peine la plus forte puisse être exécutée par le
délinquant. Mais chacune des infractions doit garder son caractère délictueux et reste
pour l’avenir imputable à l’auteur. C’est ce qu’on appelle le principe de l’autonomie
pénale des infractions moins graves.
98
- En conséquence, les peines encourues par le délinquant pour les infractions moins
graves sont susceptibles d’être exécutées si la peine la plus forte bénéficie d’une
mesure de suspension ou d’extinction prise en considération de l’infraction la plus
grave. C’est ce qu’on appelle = le principe d’autonomie des peines plus faibles.
Ces deux principes précisent donc la portée de la règle de non-cumul des peines.
D’après celle-ci, l’auteur des infractions multiples n’exécute qu’une seul peine parce qu’il est
moins coupable qu’un récidiviste. Mais il reste toujours l’auteur de plusieurs infractions de
telle sorte que chacune d’elle est susceptible d’entrainer certaines conséquences pénales après
la condamnation.
Cette règle facile de premier abord pose des difficultés quant à sa mise en œuvre. Selon que
les différentes infractions sont jugées en mêmes temps ou qu’elles sont découvertes les unes
après les autres et jugées en plusieurs fois par des décisions des justices distinctes.
A) L’incidence de la règle de non-cumul sur les peines principales
Définition
La règle de non-cumul, limitée à l’exécution des peines encourues par le délinquant
pose le problème au juge quant à la détermination de la peine principale la plus forte ; la seule
qui sera exécutée & la prononciation des peines principale plus faibles.
La peine la plus forte se détermine in abstracto, c’est-à-dire que le juge, après avoir
comparé les textes violés par les différentes infractions doit appliquer le texte qui prévoit la
peine la plus élevée soit :
- par sa nature. Ex. : servitudes pénales principales et servitudes pénales subsidiaires
- par sa durée maximum. Ex. : Servitudes pénales à perpétuité ou à temps
- par son taux maximum. Ex. : Servitude pénale de 5 ans ou Servitude Pénale de 6 mois.
Seule donc la peine la plus forte sera prononcée et pas les peines les plus faibles
encourues pour les autres infractions.
Cette règle vaut en cas de jugement unique et non lorsque les infractions font l’objet des
poursuites distinctes et des jugements successifs. Dans ce cas, la jurisprudence autorise la
prononciation de toutes les peines. Cela est d’autant nécessaire surtout dans le cas où
l’infraction découverte est punie des peines plus fortes que la précédente.
B) Incidence de la règle de non-cumul sur les peines accessoires et complémentaires
Les peines principales sont celles qui sont imposées par le législateur et que le juge ne
peut pas se dispenser de prononcer lorsqu’il déclare le prévenu coupable à moins qu’il
retienne en sa faveur un excuse légale absolutoire. Il s’agit de la peine de mort, les travaux
forcés, la peine de servitude pénale et d’amende.
Les peines complémentaires sont celles qui sont prononcées en plus des peines principales.
Elles peuvent revêtir deux caractères : certaines sont obligatoires & d’autres facultatives.
Les peines complémentaires sont obligatoires lorsque la loi impose au juge de les
prononcer.
Elles sont facultatives lorsque le législateur donne seulement la faculté au juge de les
prononcer. Il peut dans ce cas prononcer seulement la peine principale. Mais même dans le
99
cas des peines complémentaires obligatoires, si le juge, pour une raison ou une autres a oublié
ou a omis de les prononcer, elles ne pourront être appliqué car on exécute que la peine
prononcée par un jugement.
Dans notre droit positif, les peines complémentaires sont la confiscation spéciale des biens, la
privation du droit à une liberté conditionnelle, la privation de grade, la rétrogradation, la
dégradation, la destitution (Article 14 bis Code Pénale).
Par contre, il existe une autre catégorie des peines dites accessoires : ce sont celles qui
sont automatiquement attachées à la peine principale. Elles suivent automatiquement celle-ci
même si le juge ne les a pas prononcées expressément ou aurait même oublié de les
prononcer. En cas de condamnation à certaines infractions politiques, il s’agit de
l’interdiction de droit de vote et d’éligibilité, c’est également dans le cas de condamnation au
paiement d’une amende qui sous-entend accessoirement une servitude subsidiaire en cas de
non-paiement.
Pour ce qui est d’application de la règle de non-cumul des peines : la doctrine dans la
première moitié du 19e S s’est demandé si la règle de non-cumul de peine interdisait au juge
de prononcer des peines complémentaires pour les infractions les moins graves. La réponse
était affirmative car la peine complémentaire n’est pas attachée comme la peine accessoire à
la peine principale, mais à l’infraction elle-même. Donc les peines complémentaires pouvaient
être prononcées pour les infractions moins graves. En revanche, seules les peines accessoires
attachées à la peine principale la plus forte vont frapper le condamné. On doit noter que cette
règle qui paraît facile de premier abord pose des difficultés quant à sa mise en œuvre. Cela
varie selon que les infractions soient jugées en même temps ou qu’elles soient découvertes
successivement et jugés par des décisions de justice distinctes.
II. L’application de la règle de non-cumul en cas de poursuite unique
En cas de poursuite de diverses infractions au même temps, le Ministère Public engage
contre le délinquant une seule poursuite comptant autant des chefs que d’infractions
poursuivies. Le juge va donc prononcer la seule peine, la plus forte. Or la prononciation de
cette seule peine n’est pas dépourvue de conséquences surtout en ce qui concerne les
infractions moins graves.
I. La libération conditionnelle
On parle de libération conditionnelle lorsqu’un condamné à une peine privative de
liberté peut être mis en liberté après certains préalables :
- pour le condamné à la servitude pénale temporaire, il doit avoir accompli le quart de la
peine, il faut que la peine subie ait dépassé trois mois ;
- pour le condamné à la servitude pénale à perpétuité, il faudrait qu’il ait passé au moins
5 ans en prison.
Cependant, en cas d’inconduite ou d’irrespect des conditions de la liberté conditionnelle,
celle-ci sera révoquée (Art 36 CP).
Aux termes de l’art 16 CPM, la liberté conditionnelle peut-être révoquée en cas
d’inconduite notoire, de punition grave, d’inexécution des obligations ou d’une nouvelle
condamnation intervenue avant la libération définitive.
Mais lorsqu’il n’y a pas eu révocation dans le détail de la liberté conditionnelle alors
que le condamné avait encore à subir la peine, la libération devient définitive.
I. Les causes normales de l’extinction des peines sont : l’exécution de la peine est le décès du
condamné. Mais, il existe aussi des causes légales d’extinction de la peine : il s’agit de la
prescription et de la grâce.
101
II. La prescription Le droit pénal congolais distingue deux types de prescription :
- La prescription de l’action publique : c’est le fait que l’action publique s’éteint après
l’écoulement d’un certain délai parce que les poursuites n’ont pas été exercées (art 24
CP) ;
- La prescription de la peine : c’est le fait pour un délinquant d’échapper à exécuter sa
peine si celle-ci n’a pas été exécutée après l’écoulement d’un certain délai. Exemple :
un individu condamné à 2 an de servitude pénale et qui a fuit à l’étranger pour ne
revenir au pays qu’après 10 ans ne va plus exécuter sa peine.
I. L’amnistie
Du grec amnistia, signifiant le pardon : l’amnistie est une mesure qui permet à la
société de reléguer dans l’oubli les faits pénaux dont elle ne veut plus se souvenir. C’est une
mesure de clémence qui efface rétroactivement aux faits leur caractère infractionnel, qui éteint
l’action publique ainsi que les peines en cours d’exécution. Elle a pour effet l’interdiction de
se rappeler ou de laisser subsister les traces des condamnations qui sont complètement
effacées.
L’amnistie est plus avantageuse que la grâce qui ne fait que remettre, commuer ou
réduire les peines alors que la condamnation pénale subsiste et reste inscrit au casier judiciaire
du condamné au point de faire obstacle à l’octroi du sursis. Elle, par contre, n’empêche pas
l’octroi du sursis ultérieur et sera pas prise en cause en cas de récidive. Les infractions,
amnistiées ne pourront plus faire objet des poursuites, si les poursuites n’ont pas été entamées,
elles ne pourront être déclenchées, et si elles sont en cours, elles doivent être stoppées et
l’action publique ainsi s’éteint.
102
Si l’individu a été déjà condamné, sa condamnation s’efface et s’il exécute déjà sa
peine, celle-ci va être éteinte.
II. La réhabilitation
C’est un acte du pouvoir judiciaire à la demande du condamné qui vise à remettre
celui-ci dans la situation sociale qu’il a perdue suite à une condamnation juste. Prévue par le
Décret du 28 juin 1937, modifié par le Décret du 22 août 1959 et l’Ordonnance législative du
28 août 1939, elle fait cesser pour l’avenir les effets d’une condamnation en récompense de la
bonne conduite du condamné ayant exécuté sa peine totalement ou partiellement. En
conséquence, la condamnation ne figurera pas au casier judiciaire, ne sera pas prise en
considération pour l’octroi, du sursis ni ne sera prise en considération comme terme de
récidive ou pour déterminer une infraction d’habitude.
III. La révision
C’est une procédure par laquelle, moyennant les éléments nouveaux légalement
définis, peuvent être annulées les condamnations passées en force de la chose jugée pour toute
infraction punissable de plus de 2 mois de servitude pénale.
La révision est donc procédure destinée à réparer les erreurs judiciaires. Elle est
réglementée par les articles 70, 71, 72, 73, 74, 75 de l’Ordonnance-loi n° 82-017 du 31 mars
1982. Les requêtes en révision sont adressées à la Cour Suprême de Justice par le Procureur
Général de la République sur injonction du Ministre de la justice, soit par le condamné (en cas
d’incapacité par son représentant, en cas décès ou d’absence déclarée par le conjoint, les
descendants, les ascendants ou les héritiers, ou ses ayant-droits coutumiers.)
La révision a pour effet de rendre nulle la décision de condamnation et toutes ses
conséquences entre autre pour la partie civile qui perd le bénéfice des dommage-intérêts. Elle
réhabilite la mémoire du condamné décédé. Elle entraine l’allocation des dommages-intérêts
à l’innocent condamné ou à ses proches mais faudrait-il qu’ils justifient du préjudice matériel
subi suite à la condamnation.
103
BIBLIOGRAPHIE
I. TEXTES LEGAUX
1. Constitution du 18 février 2006.
2. Décret du 30 janvier 1940, portant Code Pénal Congolais tel que modifié et complété à ce
jour.
3. Nouveau Code Pénal Français.
4. Décret du 06 août 1959, portant Code de Procédure Congolais.
5. Loi N° 024/2002 du 18 novembre 2002 portant Code Pénal Militaire.
6. Loi n° 09/018 du 20 juillet 2006 portant violences sexuelles.
7. Loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.
II. JURISPRUDENCE
1. C.G., le 14 octobre 1901, JUR. ET. 1.
2. Boma, 15 juillet 1902, bull, 1973, 18, RIZ.
III. DOCTRINE
A. Ouvrages
1. AKELE ADAU, Analyse et commentaire du nouveau code pénal militaire congolais,
inédit.
2. BOUZAT (P) et PINATEL (J), Traité de droit pénal et criminologie, T.1. Droit Pénal
Général, Dalloz, Paris, 1963.
3. HAUS (J.J.), Principes généraux du droit pénal belge, 3 éd., 2 T Gaud, 1869, réimprimé à
Bruxelles, 1979.
4. LARGUIER (J.), Droit pénal général, Mémento, Paris, Dalloz 1999.
5. LIKULIA BOLONGO, Droit pénal spécial zaïrois, 1ère éd., T. 1., L.G.D.J., Paris, 1985.
6. MERLE (R) et VETU (A), Traité de droit criminel, Cujas, Paris, 1984.
7. MINEUR (G), Commentaire du droit pénal congolais, 2e éd., Larcier, Bruxelles.
8. NYABIRUNGU Mwene Songa, Droit pénal général zaïrois, 2 éd., DES, Kinshasa, 1995.
9. NYABIRUNGU Mwene Songa, Traité de droit pénal général congolais, éd. DES,
Kinshasa.
10. PRADEL (J), Droit pénal général, 5e éd. Cujas, Paris, 1986.
11. STEFANI (G), LEVASSEUR (G), et BOULOG (B), Droit pénal général, Dalloz, Paris,
11e éd., Dalloz, Paris 1980, et 13e
éd., 1987.
B. Articles
1. NYABIRUNGU Mwene Songa, «Le se ns et la portée de l’amnistie présidentielle », in Le
Potentiel, N° 2818, 07 mai 2003.
2. TROUSSE (P.E.), « Principes généraux du droit positif belge », in les nouvelles, Larcier,
1972.
104