Intégration Régionale Et Mesures Non-Tarifaires
Intégration Régionale Et Mesures Non-Tarifaires
Intégration Régionale Et Mesures Non-Tarifaires
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ne reflètent pas nécessairement les opinions des Nations Unies, de ses fonctionnaires ou de ses États membres.
Les désignations utilisées ainsi que la présentation des matériels sur n’importe quelle carte de cet
ouvrage n’impliquent les Nations Unies dans aucune prise de position quant au statut juridique des pays,
territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières et limites.
Cette publication n’a pas fait l’objet d’une mise au point rédactionnelle.
Ouvrage des Nations Unies publié par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le
développement.
UNCTAD/DITC/TAB/2018/1
Intégration régionale et mesures non tarifaires au sein de la CEDEAO iii
AVANT-PROPOS
L’intégration régionale offre des opportunités uniques pour conduire la transformation et le développement
de l’Afrique. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) fait partie des principales
communautés économiques régionales africaines qui ont façonné l’évolution de l’intégration régionale en Afrique
de l’Ouest. De la prévention et de la gestion des crises à l’intégration financière et macroéconomique, à la libre
circulation des personnes, la liste des réalisations de la CEDEAO est longue depuis sa création en 1975.
Aujourd’hui, l’établissement d’un marché commun fonctionnel figure parmi les principales priorités de
la CEDEAO. Le traité de la CEDEAO stipule que le marché commun devrait être assuré par “... la libéralisation
des échanges entre les États membres en supprimant [...] les barrières non tarifaires pour établir une zone de
libre échange au niveau communautaire [...] , des obstacles à la libre circulation des [.] biens “.
Bien que les droits de douane aient été largement réduits, l’accès aux marchés et l’intégration
efficaces nécessitent également de prendre en compte les mesures non tarifaires (MNT). Les MNT sont des
mesures politiques autres que les droits de douane susceptibles d’entraver les échanges. Ils renvoient à des
réglementations dont l’objectif principal est de protéger la santé et l’environnement, telles que les mesures
sanitaires et phytosanitaires (SPS) ou les obstacles techniques au commerce (OTC), mais qui faussent directement
ou indirectement les échanges.
Cette étude fournit un aperçu institutionnel des MNT et une évaluation de ses impacts sur l’intégration
régionale en Afrique de l’Ouest. Il fait partie d’une initiative mondiale intitulée “Initiative mondiale en matière de
transparence du commerce”, mise en œuvre conjointement par la Banque, la CNUCED, le CCI et la Banque
mondiale pour améliorer la transparence et l’accès aux données commerciales. La CEDEAO a été la première
région d’Afrique où les partenaires ont systématiquement cartographié, collecté, organisé et analysé toutes
les données sur les MNT, y compris les barrières non tarifaires et les réglementations sur les produits importés
telles que les mesures SPS et les OTC. Le rapport utilise des méthodes novatrices pour évaluer la convergence
réglementaire et évaluer l’impact des MNT d’un point de vue économique, juridique et institutionnel. Sur base
de cette analyse, des recommandations politiques claires sont identifiées pour les décideurs politiques de la
CEDEAO et leurs partenaires de développement.
Aujourd’hui, diverses parties prenantes utilisent la base de données pour diverses raisons. Par
exemple, les commerçants l’utilisent pour identifier les réglementations d’importation et d’exportation auxquelles
ils doivent se conformer. Les décideurs et les négociateurs l’utilisent pour rationaliser et négocier les MNT, tandis
que les chercheurs utilisent les données pour évaluer l’impact des MNT sur le commerce et le développement
durable. La Banque et la CNUCED espèrent qu’en facilitant l’accès à l’information sur les MNT, le rapport aidera
les États membres de la CEDEAO dans leurs efforts visant à stimuler l’intégration commerciale et économique.
AndohO.Mensah
Andoh Mensah Shamika Sirimanne
Division Manager Director a.i.
Trade and Investment Division on International Trade and Commodities
African Development Bank United Nations Conference on Trade and Development
iv
REMERCIEMENTS
Le présent rapport a été élaboré par la Banque africaine de développement, en étroite collaboration
avec la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, sous la direction générale de Jean-
Guy Afrika et Ralf Peters. Christian Knebel, Ralf Peters, Mesut Saygili et David Vanzetti ont rédigé le Chapitre
2 et Françoise Guei, les Chapitres 3 et 4. Samuel Munyaneza, Fabien Dumesnil et Guillermo Abramowitz ont
apporté des contributions et travaillé sur la collecte de données relatives aux mesures non tarifaires au sein de
la CEDEAO, sous la supervision de Samuel Munyaneza. Narmin Khalilova et Kolawole Sofola ont également
contribuer à l’élaboration du document.
CONTENTS
AVANT-PROPOS...........................................................................................................................................................iii
REMERCIEMENTS....................................................................................................................................................... iv
RÉSUMÉ ANALYTIQUE................................................................................................................................................. vii
1. INTRODUCTION.................................................................................................................................................1
4.1. Renforcement des mécanismes institutionnels afin de résoudre le problème des MNT............. 29
4.1.1. Cadre juridique régional et mécanismes (d’application) existants.................................... 29
4.1.1.1. Cour de justice.................................................................................................. 30
4.1.1.2. Mécanismes alternatifs...................................................................................... 31
4.1.2. Mécanismes de notification, de suivi et d’élimination des BNT....................................... 32
4.1.3. Renforcement des capacités et coordination entre institutions....................................... 34
4.2. Harmonisation des cadres réglementaires de la CEDEAO et de l’UEMOA................................ 34
RÉFÉRENCES.............................................................................................................................................................38
ANNEXE.....................................................................................................................................................................40
FIGURES
Figure 1: Part du commerce intra régional au sein de la CEDEAO et dans quelques CER
(2015, en pourcentage).............................................................................................................. 3
Figure 2: Part des membres de la CEDEAO dans le commerce intra régional (2015, en pourcentage)... 4
Figure 3: Restrictions quantitatives au sein de la CEDEAO.................................................................... 8
Figure 4: Nombre moyen des mesures SPS et BTC distinctes par secteur au sein de la CEDEAO........ 9
Figure 5. Équivalents ad valorem des mesures et barrières non tarifaires............................................. 11
Figure 6: Changement dans les exportations des pays membres de la CEDEAO (en pourcentage)..... 14
Figure 7. Impacts sur le bien-être de trois scénarios (millions de $ )..................................................... 14
Figure 8: Augmentations du PIB par pays, scénario des normes internationales (en pourcentage)...... 15
Figure 9: Indice de l’intégration régionale............................................................................................ 16
TABLES
Tableau 1: Principaux produits du commerce intra-CEDEAO (millions de $ )
et part en pourcentage du total (2015)................................................................................................4
Tableau 2: Exportations de la CEDEAO par pays............................................................................................5
Tableau 3: Importations de la CEDEAO par pays............................................................................................5
Tableau 4: Classification MAST-CNUCED des mesures non tarifaires.............................................................6
Tableau 5: Scénarios d’intégration de rechange...........................................................................................13
Tableau 6: Exemple de cartographie des données sur les MNT concernant le
« chevauchement de la réglementation »...........................................................................................40
Tableau 7: Résultats de la régression............................................................................................................41
Intégration régionale et mesures non tarifaires au sein de la CEDEAO vii
RÉSUMÉ ANALYTIQUE
Ce rapport examine les mesures non tarifaires (MNT) d’un point de vue économique et institutionnel
dans le contexte du processus d’intégration régionale en Afrique de l’Ouest mené simultanément par la CEDEAO
et l’UEMOA. Les MNT sont des mesures politiques autres que les droits de douane susceptibles d’avoir un
effet économique sur le commerce international. Les MNT concernent non seulement les réglementations dont
l’objectif principal est de protéger la santé et l’environnement, telles que les mesures sanitaires et phytosanitaires
(SPS) et les obstacles techniques au commerce (OTC) mais également les barrières non-tarifaires (BNT) ayant
pour but de fausser les échanges, tels que les quotas. Le rapport est basé sur l’analyse des données des MNT
recueillies par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et la Banque
africaine de développement (BAfD) dans 13 pays de la CEDEAO, ainsi qu’une analyse institutionnelle. Le but de
ce rapport est de fournir des options politiques aux décideurs politiques nationaux et régionaux de la région de la
CEDEAO pour soutenir une intégration régionale approfondie basée sur la réduction des BNT et la coopération
réglementaire.
La CEDEAO et l’UEMOA visent toutes les deux l’intégration économique régionale et l’élimination des
droits de douane et des BNT, ainsi que la coopération en matière de réglementation. Pendant que les tarifs
baissent en général, les MNT deviennent le principal instrument de la réglementation commerciale.
L’incidence des restrictions quantitatives dans la CEDEAO est faible en moyenne mais ces restrictions
ont tendance à être concentrées dans certains pays et secteurs importants et ont des impacts significatifs
lorsqu’elles apparaissent, augmentant les prix des produits de près de 50%. Le nombre de mesures techniques (y
compris SPS et OTC) varie également d’un pays à l’autre, étant relativement élevé dans les pays économiquement
plus développés et faible dans la plupart des pays les moins avancés de la CEDEAO. Chaque mesure a tendance
à augmenter les prix des produits d’environ 1,5%. La convergence réglementaire est bénéfique pour les pays
de la CEDEAO et peut réduire les restrictions commerciales de plus de 25% en alignant les mesures existantes.
Cela pourrait augmenter les échanges intra-CEDEAO de 15% et augmenter les revenus dans les pays de la
CEDEAO de 300 millions de dollars par an. Une plus grande réduction des coûts commerciaux peut être obtenue
grâce à une plus grande convergence réglementaire. La convergence des réglementations vers les normes
internationales présente les avantages les plus importants pour la CEDEAO tant pour le commerce intrarégional
que pour la compétitivité des exportations. La convergence vers les normes internationales fait augmenter le
commerce intrarégional de 14% et les revenus de la CEDEAO de 1,57 milliard de dollars par an.
Jusqu’à présent, l’adoption du programme régional des MNT semble avoir eu un impact limité sur le
processus d’intégration régionale, comme l’indique le rapport 2016 de l’Indice d’intégration régionale en Afrique
qui classe la CEDEAO au deuxième rang des huit communautés économiques régionales en matière d’intégration
commerciale et infrastructure régionale.
La CEDEAO et l’UEMOA ont du mal à s’occuper efficacement des MNT malgré l’interdiction explicite
de certaines BNT et l’existence de certaines MNT harmonisées au niveau régional et réglementées par les actes
communautaires. Le suivi de la mise en œuvre et de la résolution des problèmes découlant des BNT / MNT
régionales ainsi que des mécanismes de mise en œuvre sont importants et peuvent nécessiter un renforcement
des mécanismes judiciaires régionaux et nationaux. Certains autres mécanismes de mise en œuvre (formels et
informels) ont été mis au point mais ont eu un impact très limité sur la surveillance du respect des obligations des
BNT / MNT par les États membres à ce jour.
viii
En conséquence, l’un des principaux défis consiste à adopter un mécanisme efficace de mise en
application et de respect des obligations qui traite spécifiquement la question des BNT/MNT. Dans ce contexte,
Borderless Alliance, une organisation non gouvernementale vouée à l’accroissement du commerce intrarégional
en Afrique de l’Ouest, est en train de mettre au point et de tester une plateforme électronique de notification et
de suivi des BNT en Afrique de l’Ouest. La plate-forme électronique est fondée sur le modèle du mécanisme de
surveillance des BNT de la Zone de libre-échange Tripartite (ZLET)dans le cadre des accords de libre-échange
de la région, qui est conforme à l’approche de collecte de données de la BAfD et de la CNUCED. La plate-forme
électronique est principalement considérée comme un outil de plaidoyer pour faire pression sur les gouvernements
ouest-africains afin de supprimer les BNT. Cela signifie qu’il n’y a pas de mécanisme juridiquement contraignant
prévoyant des sanctions pour résoudre les BNT et que les MNT ne sont actuellement pas traitées. Par manque
de ressources financières, la phase pilote est actuellement limitée à deux États membres (Ghana et Burkina Faso)
avant d’être déployée dans le reste des États membres.
La prise en compte des MNT régionales implique également l’harmonisation des cadres réglementaires
de la CEDEAO et de l’UEMOA. Cela est en effet nécessaire pour limiter la prolifération des obstacles procéduraux
générés par le chevauchement des réglementations (par exemple, certificats d’origine, certificats SPS). De plus,
l’harmonisation est également importante pour parvenir à une convergence réglementaire. Une harmonisation
plus rapide des cadres réglementaires pourrait servir de catalyseur au processus de réforme. En outre,
l’harmonisation des réglementations et des activités est également pertinente pour avoir un régime commercial
uniforme et efficace dans la région.
À la lumière de ce qui précède, l’efficacité du processus de mise en œuvre des MNT repose sur
un cadre juridique et institutionnel solide. Concrètement, cela signifie également que les commissions de la
CEDEAO et de l’UEMOA ainsi que les agences nationales compétentes disposent de ressources humaines et
financières adéquates leur permettant de suivre et d’aider efficacement les États membres à mettre en œuvre
leurs engagements régionaux.
2. La plupart des BNT pourraient être éliminées. La suppression des BNT au commerce intra-
CEDEAO nécessite le processus politique de négociation de leur élimination
4
Sauf indication contraire, toutes les données figurant dans
Benin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie,
3
la Section 2.1 sont tirées des statistiques de la CNUCED
Ghana, Guinée, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal et Togo. (UNCTADstat). Il s’agit, en partie, d’estimations.
Intégration régionale et mesures non tarifaires au sein de la CEDEAO 3
Figure 1: Part du commerce intra régional au sein de la CEDEAO et dans quelques CER (2015, en pourcentage)
Source: UNCTADstat.
s’explique, en partie, par la baisse des exportations au les échanges régionaux ne représentait que 19,1
Nigeria (le plus grand exportateur de la communauté), milliards de $, soit environ 10 pour cent du volume total
suite à la chute des cours mondiaux du pétrole. Quant des échanges commerciaux (Figure 1). Par rapport
à la valeur cumulée de ses importations, elle s’élevait aux autres communautés économiques régionales en
à 98,1 milliards de $, représentant environ 0,59 pour Afrique, la CEDEAO se classe au troisième rang après
cent de la valeur totale des importations mondiales. la SADC et la CAE.
Les industries agricoles et extractives Quatre des 15 États membres (Nigeria, Côte
demeurent les piliers du développement économique d’Ivoire, Ghana et Sénégal) se taillent la part du lion
et social au sein de la CEDEAO. L’agriculture du commerce intracommunautaire (Figure 2). Pris
représentait 21,8 pour cent du PIB en 2014, ce ensemble, ces quatre pays représentent 83,3 pour
qui est 2,5 fois plus élevé que la moyenne des cent et 63,6 pour cent des exportations et des
pays en développement. L’industrie minière et les importations intracommunautaires, respectivement.
équipements collectifs représentent 10,9 pour cent
du revenu national, et l’industrie manufacturière Tout comme dans le cas des échanges
9,7 pour cent. La forte dépendance des industries totaux de la CEDEAO, le commerce
extractives pour les recettes d’exportation témoigne intracommunautaireconcerne une gamme limitée de
du faible niveau de diversification qui caractérise les produits, notamment les combustibles, le tabac, le
économies des pays de la CEDEAO. Les matières matériel de navigation maritime et fluviale et le ciment
premières représentaient 83,6 pour cent du volume (Tableau 1). Les produits pétroliers ont représenté, à
total des exportations en 2015, tandis que les biens eux seuls, 48,4 pour cent des échanges intra-CEDEAO
manufacturés en représentaient 6,7 pour cent. Les en 2015. En outre, il existe d’autres produits tels que le
combustibles représentaient, à eux seuls, 60,6 pour bétail vivant, les céréales, les tubercules, les racines et
cent des exportations. leurs dérivés et les huiles végétales qui sont échangés
essentiellement de manière informelle et font, par
2.1.2. Performance commerciale de la conséquent, l’objet de peu de documentation (CACID,
CEDEAO 2012). À cet égard, le rapport sur les Perspectives
économiques mondiales de la Banque mondiale de
La valeur totale des échanges de biens de la janvier 2016 a révélé l’existence d’importants liens
CEDEAO (somme des exportations et des importations) commerciaux transfrontaliers informels entre le Nigeria
était estimée à 190 milliards de $ en 2015, tandis que et ses pays voisins qui ne sont que partiellement pris
4
Figure 2: Part des membres de la CEDEAO dans le commerce intra régional (2015, en pourcentage)
Exportations (1)
Exports(1) Importations (2)
Imports(2)
Burkina Cabo Gambia;
Faso; 1.4 Verde; Gambia;
Ghana; 0.6
0.01 0.2 Cabo
Benin; 4.8 4.5
Côte Verde; 0.1 Côte
Togo; 5.2 Guinea; d'Ivoire;
d'Ivoire;
Sierra 25.7 0.6 18.4
Leone; Guinea- Burkina
0.02 Bissau; Faso; 11.3 Ghana;
0.01 25.7
Senegal; Benin; 3.3 Guinea;
Liberia;
8.5 0.03 1.2
Togo; 1.2
Mali; 9.5 Guinea-
Mali; 1.6
Sierra Nigeria; Bissau; 0.3
Nigeria;
Leone; 1.8 14.0
44.6 Liberia;
Niger; 2.8
Senegal; Niger; 6.7 0.4
5.5
Source: UNCTADstat.
(1) Exportations d’un État membre de la CEDEAO (pays considéré) vers la CEDEAO (partenaire commercial).
(2) Importations d’un État membre de la CEDEAO (pays considéré) de la CEDEAO (partenaire commercial).
Tableau 1: Principaux produits du commerce intra-CEDEAO (millions de $ ) et part en pourcentage du total (2015)
Millions de $ Part (pourcentage)
Huiles de pétrole, huiles de matières bitumineuses, huiles brutes 3 140 31,3
Huiles de pétrole ou minéraux bitumineux > 70 % du pétrole 1 707 17,0
Chaux, ciment, matériaux de fabrication, de construction (hormis le verre et l’argile) 342 3,4
Tabac, produits manufacturés 250 2,5
Produits et préparations alimentaires, n.e.s. 242 2,4
Produits de parfumerie, cosmétiques ou de toilette (hormis les savons) 234 2,3
Graisses et huiles végétales fixes, brutes, raffinées, fractionnées 225 2,2
Articles, n.e.s., en plastique 216 2,2
Courant électrique 182 1,8
Chaussures 148 1,5
Source: UNCTADstat.
Note: Les chiffres relatifs aux exportations tirés de la Matrice du commerce de marchandises sont utilisés.
(…)
A86 Exigences de quarantaine
A89 Autres évaluations de la conformité
O Règles d’origine
Mesures P Mesures liées aux exportations
liées aux
exportations
Source: Illustration propre fondée sur MAST-CNUCED (2013)
Dans tous les pays, la collecte de données Nous avons déjà présenté la classification
a été effectuée par des consultants nationaux qui MAST-CNUCED et souligné la principale différence
avaient été formés au préalable par les experts de la entre les mesures techniques (mesures SPS et BTC)
CNUCED. Trois ateliers de formation ont été organisés et les mesures non techniques (ou « barrières »). Étant
entre décembre 2012 et juin 2014 à Abuja, Accra et donné que les principaux objectifs et mécanismes
Tunis, respectivement. La collecte de données a eu lieu de ces groupes de mesures plus larges sont
en 2013 et 2014 sous la supervision de la CNUCED fondamentalement différents, le paragraphe suivant
et de la BAD. Ensuite, les données collectées ont établit clairement une séparation entre les deux. La
été vérifiées pour leur qualité et traitées aux fins de première sous-section présente de manière détaillée
diffusion par le personnel de la CNUCED. les « barrières » non techniques, tandis que la
deuxième analyse les mesures techniques.
Les données « officielles » relatives aux MNT
sont collectées suite à de nombreuses lectures et à une Même au sein du groupe des barrières, il
analyse des textes législatifs nationaux, notamment existe toute une gamme de types de mesures. Les
les lois, décrets ou directives. Tel qu’indiqué plus haut, restrictions quantitatives, en particulier, notamment
ces documents comprennent même les règlements les licences non automatiques et les quotas, sont des
techniques « intérieurs » qui s’appliquent aux produits restrictions importantes au commerce au sein de la
nationaux et étrangers. Une fois qu’un règlement CEDEAO. La Figure 3 ci-dessous illustre la prévalence
pertinent est identifié, chaque disposition spécifique des contrôles de quantité en ce qui concerne la part
est classée dans l’un des 177 codes détaillés des des lignes de produits concernées pour tous les
MNT. Un règlement peut comporter plusieurs mesures produits. D’une manière générale, l’incidence de ces
différentes, par exemple un plafond résiduel requis barrières est faible, allant de 0 à environ 6 pour cent
de pesticides, ainsi qu’une exigence d’inspection y des lignes de produits. Néanmoins, ces restrictions
relative. Pour chaque mesure, les produits concernés ont tendance à être concentrées dans des secteurs
font également l’objet d’une classification détaillée.6 importants et ont des impacts importants là où elles
existent.
La base de données des MNT créée pour
la CEDEAO est, à présent, disponible et librement L’on a observé que le Nigeria procède beaucoup
accessible dans la base de données TRAINS de plus à des contrôles de quantité que les autres États
la CNUCED par le truchement de deux outils de membres de la CEDEAO. Les interdictions concernant
dissémination, à savoir l’application Web de TRAINS les importations et les licences non automatiques sont
(http://trains.unctad.org/) et WITS (http://wits. appliquées dans plusieurs secteurs, notamment les
worldbank.org/). En outre, il existe déjà des données secteurs agro-alimentaire et manufacturier. Le Bénin
dans les outils de dissémination pour un certain impose des exigences de licence pour un certain
nombre de pays développés et d’autres pays en nombre de produits chimiques et de minéraux. La
développement. Les données disponibles couvrent, à Gambie exige une licence non automatique pour
présent, plus de 80 pour cent du commerce mondial. l’importation des biens qui sont soumis aux droits
d’accise. Pour la plupart des autres États membres de
2.3. ANALYSE DESCRIPTIVE DES la CEDEAO, l’incidence des restrictions quantitatives
MNT AU SEIN DE LA CEDEAO est négligeable.
2.3.1. « Barrières » non tarifaires au sein 2.3.2. Prévalence des mesures SPS et
de la CEDEAO des BTC au sein de la CEDEAO
7
% Parts des ligned de HS6 affectées
6
5
4
3
2
1
0
Source: UNCTADstat.
Intégration régionale et mesures non tarifaires au sein de la CEDEAO 9
Figure 4: Nombre moyen des mesures SPS et BTC distinctes par secteur au sein de la CEDEAO
Source: Calcul des auteurs reposant sur les données de la CNUCED relatives aux MNT.
De nombreux chercheurs ont mené des études 2.4.2. Résultats des estimations : impact
sur l’impact d’exigences très spécifiques appliquées des BNT et des mesures techniques
à des produits spécifiques. Toutefois, même pour un
seul produit, il existe, en général, nombre d’autres Nous présentons ci-après les estimations
exigences. Ainsi, bien que très utiles, ces études des impacts en termes de prix réels moyens des
détaillées ne permettent pas d’évaluer les impacts « barrières » non tarifaires, des mesures techniques et
économiques plus larges dans tous les secteurs du chevauchement de la réglementation. Ces impacts
et dans de nombreux pays. Par conséquent, nous en termes de prix sont ci-après désignés « équivalents
utilisons un concept qui peut être appliqué à tous les ad valorem » (EAV).
types de mesures, produits et pays.8
L’imposition d’une réglementation se traduit
En utilisant les données exhaustives et très par une hausse du prix du produit concerné.
détaillées sur les MNT que la CNUCED collecte Lorsque les mesures SPS ou les BTC sont non
à l’échelle mondiale et en collaboration avec la discriminatoires, tel qu’exigé par les règles de l’OMC,
BAD au sein de la CEDEAO, l’on peut procéder les prix des produits importés et de ceux produits au
à une comparaison structurelle des dispositifs niveau national augmentent. La hausse des prix réduit
réglementaires. Cette perspective n’est possible la demande et, partant, les quantités importées. Il
que grâce à une caractéristique essentielle des existe, ainsi, deux manières communes d’évaluer les
efforts déployés au plan international et pilotés par la EAV : à l’aune des prix et à la lumière des quantités.9
CNUCED pour collecter les données concernant les Dans les paragraphes suivants, l’on adopte une
MNT, à savoir le regroupement des variations quasi méthode simple fondée sur les prix, qui utilise les
illimitées des exigences en 58 types de mesures SPS approches préconisées par Cadot et al. (2015) et
et de BTC distinctes selon la classification MAST- Reyes & Kelleher (2015). Cependant, nous affinons
CNUCED. Les types de mesures sont classés pour davantage ces approches afin d’y intégrer une mesure
plus de 5 000 produits différents dans 12 des États de la convergence réglementaire qui réduit les coûts
membres de la CEDEAO et au-delà. commerciaux sans l’élimination des mesures SPS et
des BTC.
Les systèmes réglementaires des MNT
techniques sont comparés pour chaque produit Le raisonnement intuitif fondamental qui sous-
et paire de pays. Les MNT sont réparties en deux tend l’estimation est que les prix coût-assurance-fret
groupes : 1) les mesures qui se chevauchent, qui sont (c.a.f.) des produits à la frontière sont « déterminés »
appliquées tant par le pays importateur que par le pays par différents types de MNT, ainsi que par le
exportateur ; et 2) les mesures qui ne se chevauchent chevauchement de la réglementation. Le calcul repose
pas (subdivisées en mesures appliquées par le pays sur un éventail mondial de 47 pays, dont 12 membres
importateur uniquement ou appliquées par le pays de la CEDEAO, à un niveau de produit désagrégé (HS
exportateur uniquement). Ensuite, nous vérifions si 6 à chiffres). L’Annexe du présent rapport fournit de
les mesures qui se chevauchent ont un impact en plus amples informations sur le calcul.
termes de coût plus faible que celui des mesures qui
Il s’avère que les BNT, sous forme de restrictions
ne se chevauchent pas, et nous étudions la possibilité
quantitatives au sein de la CEDEAO, augmentent
d’approfondir la convergence réglementaire. Les
considérablement les prix des produits de 50 pour
résultats sont présentés dans les sous-sections
cent lorsqu’elles existent. Cependant, ces mesures ne
suivantes. De plus amples informations concernant
s’appliquent qu’à quelques lignes de produits et dans
le calcul du chevauchement de la réglementation
quelques pays, tel qu’indiqué plus haut à la Figure
figurent à l’Annexe.
3. L’impact moyen extrapolé10 à travers les différents
9
Voir, par exemple, CNUCED (2013) pour un aperçu de la
8
Le concept général de l’évaluation des similitudes et littérature existante.
différences structurelles utilisant les données relatives aux 10
Les paramètres estimatifs de la régression sont ensuite
MNT de la CNUCED a été introduit pour la première fois multipliés par l’incidence réelle et le nombre des types de
par nous dans Cadot, Gourdon, Asprilla, Knebel et Peters mesures respectives dans tous les pays et pour tous les
(2015). La méthode a été davantage affinée au sein de la produits. Ceci donne un impact total extrapolé des BNT et
CNUCED (2016). des mesures techniques.
Intégration régionale et mesures non tarifaires au sein de la CEDEAO 11
-4 -2 0 2 4 6 8 10 12
Animaux et viande
Fruits, légumes et graines
Graisses et huiles
Aliments transformés, boissons et tabac
Minéraux
Produits chimiques
Plastiques
Cuirs
Produits ligneux
Papier
Textiles et habillement
Chaussures
Pierres et fabrication de verre
Métaux précieux, perles
Métaux et fabrication métallique
Machines et électronique
Véhicules
Instruments optiques et médicaux
Produits manufacturés divers
secteurs au sein de la CEDEAO est présenté sous 2.4.3. Impact potentiel en termes
forme de barres noires à la Figure 5. de réduction des prix des réformes
réglementaires visant à accroître le
En moyenne, chaque MNT technique a « chevauchement de la réglementation »
tendance à accroître les prix des produits de 1,2 à
1,7 pour cent. Bien que cet effet soit nettement L’augmentation du nombre des MNT qui se
moindre que celui des restrictions quantitatives, les chevauchent, par rapport à celui des MNT qui ne
MNT techniques sont beaucoup plus fréquentes (tel se chevauchent pas, peut réduire considérablement
qu’indiqué à la Figure 4). L’impact total dans l’ensemble l’impact des MNT techniques. Les barres gris foncé à
des secteurs est, par conséquent, important. La la Figure 5 représentent l’impact potentiel en termes de
moyenne des secteurs au sein de la CEDEAO est réduction des prix suite à des réformes réglementaires
présentée sous forme de barres gris clair à la Figure fondamentales visant à accroître le chevauchement
5. Il s’avère que les secteurs agro-alimentaires sont de la réglementation (potentiel de convergence des
particulièrement affectés par des hausses totales MNT). Lorsqu’il se réalise, l’impact en termes de
de prix de l’ordre de 6 à 7 pour cent. Les secteurs hausse des prix due aux mesures techniques (gris
manufacturiers sont nettement moins réglementés. clair) est également réduit.
réglementaire des mesures techniques au sein de GTAP pour l’analyse des MNT sont présentés dans Vanzetti,
Peters et Knebel (2016).
Intégration régionale et mesures non tarifaires au sein de la CEDEAO 13
Scénario Description
BNT Élimination des BNT au sein de la CEDEAO
MNT Élimination des BNT et accroissement de la convergence réglementaire au sein de la CEDEAO
Normes Élimination des BNT et accroissement de la convergence réglementaire au sein de la CEDEAO ; adoption des
internationales normes internationales
Source: UNCTADstat.
normes internationales, tout en facilitant partiellement le scénario MNT que dans les deux autres scénarios,
les échanges avec le reste du monde.13 car il prend en compte les BNT et la convergence
réglementaire (par rapport au scénario BNT) et réduit
Le GTAP dispose de données détaillées pour
les importations à partir de l’extérieur de la CEDEAO,
140 pays/régions et 57 secteurs. S’agissant de la
plus que si l’on applique les normes internationales
CEDEAO, des données sont disponibles pour le Benin,
(scénario des normes internationales). Par exemple,
le Burkina Faso, le Ghana, la Guinée, le Nigeria, le
dans le scénario MNT, le Nigeria augmente ses
Sénégal, le Togo et « le reste de l’Afrique de l’Ouest».14
importations de 110 millions de dollars américains ($).
L’augmentation effectuée par les pays membres de la
2.5.3. Résultats : Commerce et bien-être
CEDEAO est de 268 millions de $, tandis que la baisse
des importations à partir des sources extérieures est
Tous les trois scénarios se traduisent par une
estimée à 158 millions de $. La majeure partie de ces
augmentation des échanges par les pays membres
importations provient de l’Asie.
de la CEDEAO. Le principal impact dans tous les trois
scénarios est l’augmentation des échanges au sein de Les gains commerciaux estimatifs découlant
la CEDEAO et une baisse des importations à partir de la réduction des barrières au sein de la CEDEAO
des pays non membres. Il s’opère un détournement peuvent être interprétés comme modestes et
des échanges, qui est, cependant, compensé par les pourraient être, en fait, plus importants. Ceci
effets bénéfiques de l’intensification des échanges s’explique, en partie, par l’actuel système d’échanges
intra régionaux. Le volume total des exportations des entre les pays membres de la CEDEAO : le niveau
pays membres de la CEDEAO augmente dans les trois des échanges est relativement faible là où existent les
scénarios de 1,4 à 1,8 pour cent. Ce changement restrictions les plus importantes. Ceci pourrait signifier
modeste masque une forte augmentation des que les barrières sont prohibitives ou que les membres
échanges intra-CEDEAO. La Figure 6 présente l’impact de la CEDEAO recèlent des ressources similaires,
moyen pour la région de la CEDEAO tant sur les d’où l’existence d’échanges limités. Les impacts
échanges intra-CEDEAO que sur les exportations vers estimatifs de l’élimination de ces restrictions sur les
d’autres régions. Les exportations vers d’autres pays échanges et le bien-être sont modestes parce que le
membres de la CEDEAO augmentent de 13,7 pour niveau des échanges à la base est faible. En général,
cent à 15 pour cent en moyenne. Les échanges intra les modèles d’EGC n’évaluent pas les impacts positifs
régionaux augmentent légèrement, davantage dans potentiellement importants de la réduction des
barrières prohibitives lorsqu’il n’existe pas d’échanges
13
Les pays membres de la CEDEAO convergent tous au départ.
vers les normes internationales, ce qui a les mêmes
Les impacts d’un changement de politique
impacts intrarégionaux que le deuxième scénario. Avec les
partenaires extérieurs à la région, l’effet de la convergence sur l’ensemble de l’économie se mesurent le mieux
est plus modeste (censé être la moitié de l’ampleur au bien-être, une mesure approximative du revenu
prévisible), car il s’agit d’une réforme stratégique unilatérale national qui reflète la consommation, plutôt que la
qui ne s’accompagne pas d’un alignement des politiques production comme c’est le cas pour le PIB.15 Les gains
dans le reste du monde. de bien-être sont positifs en termes absolus pour la
14
Par « le reste de l’Afrique de l’Ouest », l’on entend le
Cap-Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Côte d’Ivoire, le 15
L’unité de mesure du bien-être utilisée ici est la « variation
Liberia, le Mali, la Mauritanie, le Niger, Saint Hélène et la équivalente », une mesure de la richesse qui prend en
Sierra Leone. compte l’évolution des prix.
14
Figure 6: Changement dans les exportations des pays membres de la CEDEAO (en pourcentage)
16
14
12
10
8 DdP
6 CEDEAO
4
0
BNT MNT Normes
internationales
1800
1600
1400
1200
1000
800
600
400
200
0
BNT MNT Normes
internationales
Figure 8: Augmentations du PIB par pays, scénario des normes internationales (en pourcentage)
2
1.8
1.6
1.4
1.2
1
0.8
0.6
0.4
0.2
0
Benin Burkino Ghana Guinée Nigeria Sénégal Togo Reste de
Faso l'Afrique
de
l'Ouest
La libre circulation des personnes dans la région de la suppression des BNT entre les États membres.20
est un acquis important et est devenue une réalité À cet égard, avec son statut actuel de zone de libre-
depuis une décennie grâce à la suppression des visas échange, la CEDEAO a évolué progressivement
et des permis d’entrée et à l’adoption du passeport depuis le 1er janvier 2015 vers une union douanière
uniforme de la CEDEAO.18 La bonne performance avec l’entrée en vigueur du Tarif extérieur commun
enregistrée par la Communauté dans le domaine (TEC) de la CEDEAO. L’objectif sous-jacent consiste à
de l’intégration financière et macroéconomique approfondir l’intégration régionale et le développement
s’explique essentiellement par la relative stabilité économique.
de l’union monétaire commune (UEMOA) qui existe
L’UEMOA a été portée sur les fonts baptismaux
depuis 1996. La CEDEAO elle-même continue de
le 10 janvier 1994 par huit États membres ayant en
déployer des efforts afin de créer une monnaie
partage une monnaie (le Franc CFA – un héritage
commune dans la région depuis plus d’une décennie
colonial commun) et la langue française.21 En tant
(Bakoup et Ndoye, 2016).
qu’organisation sous-régionale, le principal objectif
D’une manière générale, la CEDEAO et de l’UEMOA consiste à promouvoir l’intégration
l’UEMOA sont très intimement liées, en dépit des économique de ses États membres par le truchement
problèmes d’intégration régionale qui évoluent à des de la construction d’un marché commun fondé sur la
rythmes différents dans certains domaines. Dans ce libre circulation des personnes, des biens, des services,
contexte, la promotion de l’intégration régionale en des capitaux, le droit d’établissement, un tarif extérieur
Afrique de l’Ouest dépend de la solidité de ce cadre commun pour les biens et une politique commerciale
institutionnel créé, en particulier, à cet effet. harmonisée.22 Par ailleurs, le traité suggère que la
politique régionale ne pourrait être stimulée que
3.2. COEXISTENCE DE DEUX par l’intensification de la compétitivité des activités
PROCESSUS D’INTÉGRATION économiques et financières des pays de l’UEMOA, en
s’appuyant sur un marché ouvert et compétitif et un
RÉGIONALE
cadre juridique harmonisé. Ainsi, afin d’atteindre son
La CEDEAO et l’UEMOA sont deux entités but ultime, le traité de l’UEMOA promeut une initiative
distinctes qui œuvrent en synergie à la résolution des de libéralisation progressive fondée sur l’élimination
questions d’intégration commerciale en vue d’assurer des droits, des restrictions quantitatives et de toutes
la convergence vers la création d’un marché commun. les mesures qui ont un effet équivalent entre les États
Ainsi, les deux institutions partagent le même objectif membres. D’une manière générale, les dispositions du
– éliminer les barrières tarifaires et non tarifaires (BNT) traité interdisent aux États membres d’adopter et de
et promouvoir la coopération réglementaire. maintenir les restrictions injustifiées sur les échanges
Le Traité de la CEDEAO a été révisé en juillet 1993 intra-UEMOA.23
pour donner un nouvel élan aux projets d’intégration
économique de la Communauté par le truchement de 3.2.1. Principales caractéristiques du
la création d’une Union économique et monétaire et mécanisme d’intégration régionale au sein
du renforcement de la coopération politique dans la
de la CEDEAO
région.19 Ainsi, il prévoit la réalisation de cet objectif, en
particulier, en créant un marché commun et une zone 3.2.1.1 . Création d’un marché commun
de libre-échange essentiellement par le truchement
Parmi les plus hautes priorités du programme
d’intégration régionale de la CEDEAO figure la création
d’un marché commun, qui est considéré comme un
18
Protocole de 1979 A/P.1/5/79 relatif à la libre circulation moyen de promouvoir l’intégration économique dans
des personnes, la résidence et l’établissement. Accessible
à http://documentation.ecowas.int/download/en/legal_ 20
Article 3 d du Traité révisé.
documents/protocols/PROTOCOL%20RELATING%20
TO%20%20FREE%20MOVEMENT%20OF%20PERSONS.
21
Les pays membres de l’UEMOA sont le Benin, le Burkina
pdf. Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Togo et
la Guinée-Bissau (qui a adhéré en 1997).
19
Article 4 de la CEDEAO, Traité révisé, 1993. Disponible
à http://www.courtecowas.org/site2012/pdf_files/revised_
22
Voir Article 4 du Traité de l’UEMOA.
treaty.pdf 23
Voir Traité de l’UEMOA, Articles 76 et 77.
18
la région. Ceci est souligné à l’Article 3 du Traité révisé suivi plus large des réglementations relatives aux
de la CEDEAO qui stipule que la Communauté assure échanges. En effet, ceci permettra de veiller à ce que
« la création d’un marché commun à travers : les réglementations (MNT) soient révisées et fassent
l’objet d’une évaluation préalable afin d’éviter qu’elles
1. la libéralisation des échanges par
se transforment systématiquement en problèmes de
l’élimination entre les États membres,
BNT. Ce sujet soulève un certain nombre de questions
des droits de douane à l’importation
en ce qui concerne la mise en œuvre des MNT qui
et à l’exportation des marchandises et
seront examinées plus loin dans ce chapitre de
l’abolition, entre les États membres,
manière plus circonstanciée.
des barrières non tarifaires en vue de la
création d’une zone de libre-échange au Bien que la pleine mise en place de la ZLE au sein
niveau de la Communauté ; de la CEDEAO soit encore en cours, les Chefs d’État
de la CEDEAO ont décidé d’accélérer le processus
2. l’établissement d’un tarif extérieur commun
d’intégration régionale en mettant en application le
et d’une politique commerciale commune
TEC de la CEDEAO depuis du 1er janvier 2015. Ceci
à l’égard des pays tiers ;
constitue, en effet, une évolution majeure en vue de
3. la suppression entre les États membres jeter les bases de la création d’une Union douanière
des obstacles à la libre circulation des efficace. Toutefois, la CEDEAO n’a pas encore achevé
personnes, des biens, des services et des la conception de sa politique commerciale commune
capitaux, ainsi qu’aux droits de résidence qui constitue la deuxième condition préalable à la
et d’établissement ». création de l’Union douanière.25 En général, une
politique commerciale commune définit les relations
Par conséquent, la première étape de commerciales non seulement avec les tierces parties,
l’intégration repose sur la création d’une zone de mais également avec les États membres sur le marché
libre-échange (ZLE). Jusqu’au 1er janvier 2015, intérieur. D’une manière générale, la création effective
date d’entrée en vigueur du TEC de la CEDEAO, de l’Union douanière de la CEDEAO pourrait stimuler
l’organisation régionale avait un statut de ZLE. La ZLE le processus d’harmonisation des MNT.
a été concrétisée par la mise en œuvre du Schéma
de libéralisation du commerce de la CEDEAO (SLEC), 3.2.1.2 . Harmonisation/coordination des
qui prévoit un démantèlement progressif des barrières politiques nationales
tarifaires et non tarifaires (notamment les quotas et
les interdictions) afin de promouvoir les échanges En vertu du cadre de la CEDEAO, l’adoption
intra-communautaires de biens provenant des États des MNT régionales est le résultat d’un long processus
membres ou produits dans ceux-ci. Ainsi, le SLEC législatif fondé sur l’harmonisation et la coordination
apparaît comme le principal outil opérationnel de la des politiques nationales dans une large gamme de
réalisation du programme de marché commun.24 domaines, notamment l’alimentation, l’agriculture,
Cependant, depuis son lancement en 1990, il n’a pas les ressources naturelles, l’industrie, les transports,
encore pleinement produit les résultats escomptés les communications, le commerce et les services.26
en ce qui concerne la libéralisation des échanges L’objectif consiste à approfondir et renforcer les
intra-régionaux grâce à l’élimination des barrières processus d’intégration régionale.
commerciales, en particulier les BNT (Ackah et al.,
Les approches d’harmonisation et de
2012). Il ressort de l’analyse d’évaluation du SLEC,
coordination figurent parmi les moyens stratégiques
que la progression vers le démantèlement des BNT a
classiques utilisés pour renforcer et approfondir la
été plus lent, car les BNT, notamment les interdictions
saisonnières d’importations et d’exportations, ont
persisté dans la région, en violation flagrante du 25
Selon le Rapport annuel de la CEDEAO 2014, la Commission
protocole sur la libre circulation des biens (Ackah est en train d’harmoniser la politique commerciale. Avec
et al., 2012). Ceci souligne la nécessité de réviser l’aide de Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GIZ
la conception du SLEC pour non seulement cibler (Coopération allemande au développement), elle a bouclé
le processus de recrutement en vue de la sélection des
l’élimination des BNT, mais également assurer un
consultants pour entreprendre l’étude sur l’harmonisation
des politiques commerciales des États membres.
24
www.etls.ecowas.int 26
Voir Article 3.2 du Traité révisé.
Intégration régionale et mesures non tarifaires au sein de la CEDEAO 19
coopération régionale. Selon certains auteurs, tandis aussi important est le protocole, qui est un instrument
que la coordination est un processus permettant de mise en œuvre du Traité et a la même force
de maintenir un niveau plus élevé d’autonomie, juridique.31 Ces instruments sont contraignants pour
l’harmonisation a tendance à conduire à une unification les États membres et les institutions communautaires.
complète ou à une centralisation de politiques Ensuite viennent les règlements, directives, décisions
particulières (Kouba et al. 2015). et recommandations promulgués par le Conseil
des ministres. La force juridique de ces instruments
Par conséquent, le système juridique de la
varie. Les règlements ont une portée générale et
CEDEAO repose sur l’harmonisation des politiques
toutes leurs dispositions ont force exécutoire et sont
nationales existantes grâce à l’adoption de textes
directement applicables dans les États membres.
communautaires (c’est-à-dire des actes/protocoles
Quant aux décisions, bien qu’ayant force exécutoire
additionnels, des règlements, des directives, des
et étant également directement applicables dans
décisions et des recommandations).27 Le processus
les États membres, elles ne lient que ceux qui sont
d’harmonisation peut être engagé à la demande
concernés, (par exemple, un État membre ou un
d’un État membre ou du Conseil des ministres
opérateur économique, pris individuellement). Enfin,
de la CEDEAO. L’harmonisation sectorielle par la
les directives et leurs objectifs lient tous les États
Commission dans un domaine spécifique doit passer
membres. Les modalités pour la réalisation des
par un long processus législatif à plusieurs étapes dont
objectifs des directives sont laissées à la discrétion
la durée est estimée à 4 ou 5 années. Tout d’abord, la
des États membres.
Commission entreprend une étude détaillée du secteur
cible. Ensuite, un projet de règlement harmonisé est Dans le cadre du processus d’harmonisation, la
soumis au cours d’une réunion d’experts issus des CEDEAO a harmonisé un certain nombre d’instruments
ministères (par exemple du commerce, de l’agriculture de politique commerciale, notamment les Règles
et du tourisme), ainsi que de représentants du secteur d’origine (RO), les mesures anti-dumping, les mesures
privé et de la société civile, aux fins d’examen. La compensatoires, les mesures de sauvegarde, les
décision est prise par consensus. Selon les résultats, règlements SPS, les normes techniques et sanitaires,
la Commission convoque une réunion ministérielle le prélèvement communautaire de la CEDEAO et le
sectorielle pour examiner le projet de réglementation régime de Transit routier inter-États (TRIE).32 Compte
et d’autres questions connexes. Par ailleurs, les tenu de ce qui précède, il est important de souligner que
ministres concernés par cette question sectorielle l’utilisation de ces instruments relève essentiellement
valident le règlement et invitent le Conseil des de la responsabilité des États membres.
ministres à l’adopter.28 Par ailleurs, il doit être présenté
au Parlement de la CEDEAO avant son adoption.29 3.2.2. Principales caractéristiques du
mécanisme d’intégration régionale au sein
Afin de stimuler le long processus de l’UEMOA
d’harmonisation, la CEDEAO a adopté un
nouveau régime pour les lois communautaires, qui
permet d’accélérer l’entrée en vigueur des textes 3.2.2.1 . Création d’un marché commun
juridiques.30 Le cadre juridique régional comprend
les lois, protocoles, règlements, directives, décisions, Conformément à la vision de la CEDEAO,
recommandations et avis complémentaires. Au niveau la création d’un marché commun est au cœur du
le plus élevé se trouve le Traité de la CEDEAO, qui programme d’intégration régionale de l’UEMOA. Le
peut être complété par des lois complémentaires. Tout Traité définit les objectifs de l’UEMOA, au nombre
desquels figurent la création d’un marché commun
27
Voir Protocole additionnel A/SP.1/06/06 amendant le fondé sur la libre circulation des personnes, des
Traité de la CEDEAO révisé, 2006 biens, des services et des capitaux, ainsi que le droit
28
Conformément à l’Article 10, Paragraphe 2 (nouveau) du d’établissement, un tarif extérieur commun pour les
Protocole additionnel A/SP.1/06/06 amendant le Traité de biens et une politique commerciale harmonisée.33 Plus
la CEDEAO révisé. « Le Conseil comprend le ministre en
charge des Affaires de la CEDEAO, le ministre en charge 31
Article 1 du Traité de la CEDEAO.
des Finances et un autre ministre, le cas échéant ». http://www.ecowas.int/ecowas-law/regulations-directives-
32
29
Toutes ces informations ont été fournies par la Commission. and-other-acts/
30
Protocole additionnel.
33
Articles 4 et 76 Traité de l’UEMOA.
20
précisément, le marché commun repose sur quatre mesures d’urgence ; la domiciliation bancaire des
principaux piliers à savoir : 1) la création d’une zone transactions commerciales ; les Règles d’Origine(RO) ;
de libre-échange et d’une union douanière ; 2) la libre la politique relative à la concurrence ; et le contrôle des
circulation des personnes ; 3) la libre circulation des produits vétérinaires. Dans le même temps, la mise en
services ; et 4) la libre circulation des capitaux. Depuis place de cadres communautaires vise à assurer un
sa création en 1994, l’UEMOA a réalisé des avancées certain niveau de convergence des régimes nationaux
en vue de la création de son espace économique, en ce qui concerne les taxes internes (taxe sur la valeur
notamment l’élaboration de la politique monétaire, la ajoutée) ; les droits d’accise ; les interdictions et les
mise au point de plusieurs instruments de politiques licences ; les normes, les réglementations techniques
commerciales et des politiques sectorielles. C’est et les procédures d’accréditation ; la sécurité SPS ;
dans ce contexte qu’a été jeté les bases du marché et les marchés publics. En outre, l’UEMOA a adopté
commun, en particulier par le truchement de la création un cadre commun pour la politique agricole et minière
de la zone de libre-échange et de l’union douanière (et concernant certaines catégories de services.
l’adoption de son Tarif extérieur commun) depuis le
La promotion de l’harmonisation des
1er janvier 2000. Cependant, la création du marché
législations nationales des différents États membres
commun est toujours en cours.
afin d’assurer l’intégration régionale exige l’utilisation
En effet, l’Union est confrontée à plusieurs d’instruments juridiques communautaires. Le
défis pour la sauvegarde et le renforcement des processus d’harmonisation engagé par la Commission
intérêts communautaires, c’est-à-dire les « acquis devrait prendre environ six mois pour chaque nouvelle
communautaires » ainsi que pour avancer vers un législation. À cet égard, l’Article 42 du Traité est la
processus d’intégration plus profond. S’agissant base juridique des différentes lois communautaires
de la situation actuelle des échanges intra- susceptibles d’être adoptées par le Conseil des
communautaires, en ce qui concerne les objectifs du ministres. Il s’agit des règlements, directives,
marché commun, il ressort de certains rapports sur décisions, recommandations et avis. Leur importance
la politique commerciale de l’Union que les échanges juridique telle que définie au titre de l’Article 43 est
communautaires sont freinés par plusieurs obstacles. similaire à celle des instruments de la CEDEAO.
Parmi ceux-ci figurent essentiellement les restrictions
quantitatives, les interdictions d’importations et 3.2.2.3 . Évaluation des processus
d’exportations et les barrières tarifaires (taxes abusives d’intégration de la CEDEAO et de l’UEMOA
ou illicites) (OMC, 2010). Par conséquent, l’un des
objectifs de l’Union consiste à éliminer toutes ces Les deux processus d’intégration utilisent
barrières aux échanges intra-UEMOA et à obtenir un la même approche fondée sur l’harmonisation des
engagement plus ferme de la part des États membres cadres stratégiques nationaux pour adopter des MNT
en ce qui concerne l’adoption des instruments régionales. Tel qu’indiqué plus haut, ceci passe par
juridiques communautaires. un long processus législatif pour chacune de ces
organisations. Cependant, des progrès différents ont
3.2.2.2 . Harmonisation, coordination et été accomplis par les deux organisations qui sont
politique commerciale commune considérées comme ayant des atouts différents.
Ceci reflète les déficits de capacités et un certain
L’UEMOA a beaucoup utilisé l’approche de nombre de facteurs économiques politiques. En
l’harmonisation pour essayer d’attendre les objectifs matière d’intégration économique, l’UEMOA semble
de l’Union.34 Par conséquent, une série de MNT a été avoir accompli des progrès plus importants que la
adoptée en application de la politique commerciale CEDEAO, en assurant l’intégration monétaire et en
commune. Dans ce contexte, les instruments de créant un marché commun qui s’améliore. Ainsi, la
politique commerciale des États membres, en majorité des instruments de politique commerciale ont
particulier les mesures liées aux importations ont été été harmonisés au niveau de l’UEMOA. Néanmoins,
considérablement harmonisées par la Commission en dépit des efforts d’intégration des deux côtés,
dans un certain nombre de domaines, notamment la concrétisation de l’intégration régionale ouest-
l’évaluation douanière (principes directeurs) ; les africaine est encore minée par la persistance et la
prédominance des BNT.
34
Article 4, du Traité de l’UEMOA.
Intégration régionale et mesures non tarifaires au sein de la CEDEAO 21
restrictives ne devraient pas être à but protectionniste, à harmoniser leurs réglementations techniques, ainsi
mais doivent avoir des objectifs légitimes et devraient que les normes et les procédures d’évaluation de la
être appliquées de la manière la moins restrictive conformité.41 S’agissant de l’Accord portant création
possible aux échanges. Par conséquent, il existe une de la CEDEAO, trois dispositions clés disposent
interdiction générale des restrictions quantitatives à que : i) « la Communauté assure l’harmonisation et
laquelle les États membres ne peuvent déroger que la coordination des politiques pour la protection
pour des objectifs de politique publique. de l’environnement »42 ; ii) « assure l’harmonisation
des normes et mesures »43 ; et iii) « afin de créer une
Par ailleurs, les États membres sont tenus
base solide pour l’industrialisation et promouvoir
de notifier à la Commission les mesures restrictives
l’autonomie collective, les États membres (…) adoptent
qu’ils prennent.38 Le Traité de l’UEMOA stipule que la
des normes communes et un système de contrôle de
Commission doit procéder à une revue annuelle de ces
qualité approprié »44. Ainsi, ces dispositions donnent
restrictions afin de proposer l’harmonisation ou une
mandat à la Communauté de réglementer les mesures
élimination progressive.39 Cependant, la Commission
SPS et les BTC afin d’adopter des normes communes.
de la CEDEAO et la Commission de l’UEMOA ont
reconnu récemment que les États membres n’ont Il convient de souligner que dans le cadre des
jamais notifié leurs mesures restrictives, depuis deux traités, le cadre réglementaire des MNT est
l’entrée en vigueur des traités.40 En fait, elles ont partiel, car au moment de la rédaction des traités, les
confirmé que les obligations de notification telles que pères fondateurs étaient davantage préoccupés par
prévues dans les traités n’ont pas été traduites en lois l’importance des droits de douane qui, à l’époque,
communautaires. Cette situation actuelle confirme freinaient tous les efforts d’intégration. Depuis, toutes
l’absence d’un solide mécanisme de mise en œuvre les questions liées aux commerce international ont
qui se traduit par le fait que, dans la pratique, il n’existe évolué et les MNT sont devenues une préoccupation
pas de réglementations efficaces des restrictions plus importante pour les décideurs de la politique
quantitatives pour supprimer les BNT existantes et commerciale en raison de la réduction générale des
prévenir l’introduction de nouvelles. droits de douane. Ainsi, les MNT sont réglementées
au travers des lois communautaires.
S’agissant des normes, les deux traités en
appellent à l’harmonisation des normes nationales. 3.3.1.2 . Actes communautaires
Le Traité de l’UEMOA encourage les États membres
Les objectifs définis dans les Traités de la
peut (…) introduire, maintenir ou appliquer des restrictions CEDEAO et de l’UEMOA sont censés être atteints
ou interdictions concernant : (…) c) la protection de la santé à l’aide de différentes lois dont certaines sont
ou de la vie des hommes, des animaux ou des plantes ou la contraignantes et s’appliquent à tous les États
protection de la moralité publique ». membres, tandis que d’autres s’appliquent à des
Voir Traité de l’UEMOA, Article 79 : « Les interdictions ou États membres, pris individuellement, et certaines ne
restrictions appliquées en vertu de l’alinéa précédent ne
sont pas du tout contraignantes.45
doivent constituer ni un moyen de discrimination arbitraire
ni une restriction déguisée dans le commerce entre les États Les MNT régionales sont définies par un
membres ». règlement, une directive ou un protocole et lient les
38
Voir Traité de la CEDEAO, Article 41.3 c) stipule États membres en raison de l’harmonisation. Ces
que: « Un État membre peut, après notification aux États
membres et au Secrétariat Exécutif de son intention d’agir 41
L’Article 76 du Traité de l’UEMOA en appelle à « la réalisation
ainsi, introduire, maintenir ou appliquer des restrictions ou
de l’harmonisation et de la reconnaissance mutuelle des
interdictions concernant : (…) c) la protection de la santé ou
normes et procédures techniques pour l’approbation et la
de la vie des hommes, des animaux ou des plantes ou la
certification ».
protection de la moralité publique ».
Voir Traité de l’UEMOA, Article 79 : « Les États membres
42
Article 3.2 b) de l’Accord portant création de la CEDEAO.
notifient à la Commission toutes les restrictions maintenues 43
Ibid. Article 3.2 j
en vertu de l’alinéa premier du présent article (…) » 44
Ibid. Article 26.6.
Voir Traité de l’UEMOA, ibid.
39
45
Protocole additionnel A/SP.1/06/06 amendant le Traité
Mission de terrain organisée à la Commission de la
40
révisé de la CEDEAO, voir Article 9 nouveau sur le régime
CEDEAO et à la Commission de l’UEMOA du 6 au 12 avril juridique de la Communauté ; Traité de l’UEMOA, voir
2016 Chapitre III sur le Régime juridique des actes pris par l’Union.
Intégration régionale et mesures non tarifaires au sein de la CEDEAO 23
47
Voir site Web de l’OMC à l’adresse suivante : https://www.
wto.org/english/tratop_e/sps_e/spsund_e.htm. Voir USTR,
Rapport 2014 sur les mesures sanitaires et phytosanitaires.
Disponible à : https://ustr.gov/sites/default/files/FINAL-
OMC, Revue de la politique commerciale, Rapport du
46
2014-SPS-Report-Compiled_0.pdf. Voir Andrew L. Stoler,
Secrétariat, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Togo, 2012 ; Mesures SPS et OTC dans la pratique, Banque mondiale,
Benin, Burkina Faso, Mali, 2010 ; Ghana, 2014. juin 2011.
24
membre n’ont pas été reconnus par les autres pays Cependant, les capacités et ressources
de l’UEMOA. Par conséquent, l’adoption du certificat humaines dont disposent les deux organisations
SPS à l’importation de l’UEMOA se heurtent à des sont insuffisantes pour aider efficacement les États
obstacles administratifs provoquant de longs retards membres à cet égard. De ce point de vue, la CEDEAO
liés au dédouanement. Par ailleurs, le fait que la et l’UEMOA ont bénéficié du soutien du Programme
sécurité sanitaire et phytosanitaire relève souvent de Système de qualité de l’Afrique de l’Ouest (« PSQAO »),
la responsabilité de plusieurs organismes au niveau qui a été mis en œuvre par l’Organisation des Nations
national (notamment l’agriculture, la douane, la police) Unies pour le développement industriel (ONUDI).
aggrave les problèmes d’harmonisation. Eu égard L’objectif global du programme était de « renforcer
au coût administratif du contrôle, de l’inspection et l’intégration économique et les échanges régionaux en
du test des produits agroalimentaires, certains États créant un environnement de nature à faciliter le respect
membres ont reconnu qu’ils n’étaient pas en mesure des règles et règlements techniques internationaux
d’effectuer des contrôles appropriés (OMC, 2012). liées au commerce ». En dépit du fait que la portée du
programme couvrait, au départ, l’appui aux systèmes
Outre le règlement relatif aux mesures SPS
SPS, les activités ont plutôt porté sur les règlements
de l’UEMOA, la CEDEAO a adopté son règlement
techniques dans le cadre d’un accent stratégique mis
régissant les mesures SPS lié à l’harmonisation
sur les produits agro-industriels. Néanmoins, il ressort
du cadre structurel et à l’application des règles
d’un rapport récent de la Banque mondiale (2015)
opérationnelles concernant la santé et la sécurité
que des membres de l’UEMOA et de la CEDEAO
végétales, animales et alimentaires dans la région
continuent d’interdire l’importation de denrées
de la CEDEAO.49 En fait, cette réglementation est
alimentaires sans informer les autres membres de
très similaire à celle de l’UEMOA qui, d’une manière
leurs politiques relatives aux mesures SPS. Il va sans
générale, est une traduction du cadre de l’UEMOA.
dire que le régime d’importation n’est pas encore
De plus, La CEDEAO a mis sur pied un comité
complètement transparent.
consultatif afin d’aider à la mise en œuvre de la
politique dans tous ses quinze États membres. La 3.3.2.2 . Mesures concernant les OTC
stratégie de la CEDEAO suppose l’harmonisation des
réglementations concernant les mesures SPS de ses D’une manière générale, l’on entend par « OTC »
huit États membres francophones avec le reste de ses les règlements et normes techniques qui définissent
membres. Ceci correspond aux efforts déployés en des caractéristiques spécifiques de produits, tels
vue d’harmoniser les réglementations entre les deux que la taille, la forme, la conception, les fonctions et
régions et d’encourager leur coopération à cet effet. la performance ou la manière dont ils doivent être
Les interdictions d’importation imposées par le étiquetés ou conditionnés avant leur mise en vente. Les
Nigeria et le Sénégal mentionnées plus haut reflètent règlements et normes techniques sont généralement
les difficultés rencontrées par la CEDEAO et l’UEMOA introduits par les autorités gouvernementales avec des
dans leurs efforts visant à mettre en œuvre une objectifs stratégiques publics consistant à protéger la
politique harmonisée sur les mesures SPS dans leurs vie et la santé humaines, la vie et la santé animales et
États membres. Le rôle clé des deux organisations végétales ou l’environnement de manière à mettre les
régionales consiste à apporter un appui technique consommateurs à l’abri des pratiques frauduleuses.
à leurs membres afin de promouvoir l’adoption de Toutefois, compte tenu de leur impact négatif
mesures SPS régionales, ainsi qu’à renforcer leurs potentiel sur le commerce et la compétitivité des
cadres institutionnels nationaux concernant les exportateurs, ces BTC sont réglementées par l’OMC
mesures SPS (c’est-à-dire les comités nationaux au titre de l’Accord sur les obstacles techniques au
du Point d’information sur les mesures SPS, de la commerce (OTC).50 Cet Accord permet de veiller à
sécurité alimentaire et du Codex). ce que les réglementations techniques, les normes
et procédures d’évaluation de la conformité ne
freinent pas les échanges, en définissant des règles
de disciplines pour l’élaboration, l’application, la
49
Regulation C/REG. 21/11/10 on the Harmonization of the
structural framework and operational rules pertaining to the
health safety of plants, animals and food in the CEDEAO 50
Voir site Web de l’OMC : https://www.wto.org/english/
region. tratop_e/tbt_e/tbt_e.htm
26
notification et l’examen de ces mesures par les au Traité de l’UEMOA. À ce jour, 42 normes ont été
membres de l’OMC. Il exige, notamment que les harmonisées au sein de l’UEMOA.52
règlements en vigueur soient transparents, justifiables,
La deuxième phase a renforcé davantage les
non discriminatoires et fondés sur les normes
capacités des institutions régionales de l’UEMOA
internationales, dans la mesure du possible. L’Accord
et permis l’exécution des activités de renforcement
reconnaît que les pays ont le droit de définir des
des capacités de tous les organismes nationaux de
niveaux appropriés de protection afin d’atteindre des
normalisation des 16 pays (OMC, 2012).
objectifs stratégiques légitimes.
En somme, le cadre de l’UEMOA repose sur le
Par conséquent, les exigences et procédures
principe de la reconnaissance mutuelle à trois niveaux :
liées aux OTC ont été conjointement traduites en
la reconnaissance des réglementations techniques,
mesures concrètes au niveau régional par l’UEMOA et
des normes et des spécifications ; la reconnaissance
la CEDEAO à travers la mise en œuvre du Programme
des procédures d’évaluation de la conformité ; et,
Système de Qualité d’Afrique de l’Ouest (PSQAO)
la reconnaissance des résultats des procédures
qui couvre également les mesures SPS. L’appui
d’évaluation de la conformité. Dans ce contexte, les
des partenaires au développement est essentiel car
États membres sont tenus de notifier à la Commission
l’application des normes SPS et des BTC est coûteuse.
de l’UEMOA leurs régimes d’OTC et de lever tous
S’agissant des BTC, le programme d’assistance
obstacles injustifiés à la libre circulation des biens.
devrait avoir contribué à la convergence et à la
Cependant, le Rapport de l’OMC en date de 2012
reconnaissance mutuelle des normes et pratiques
sur politique commerciale de l’UEMOA, constate que
en vigueur dans la sous-région et, ce faisant, jeté les
la reconnaissance mutuelle pour les normes est loin
bases de l’élaboration d’un cadre régional judicieux
d’être effective dans l’espace UEMOA.
pour la gestion de la qualité. Ce programme a été mis
en œuvre en deux étapes : la première (2001-05) a été L’un des principaux résultats de la mise en
exécutée dans les huit États membres de l’UEMOA, oeuvre du programme en 2013 tient à l’adoption de
tandis que la deuxième (2007-13) a concerné tous les la politique régionale sur la qualité de la CEDEAO
États membres de la CEDEAO, ainsi que la Mauritanie. contenue dans la Politique sur la qualité de la CEDEAO
(ECOQUAL).53 L’ECOQUAL a vocation à servir de base
La première phase s’est traduite par la
solide à l’harmonisation et à l’élaboration des politiques
mise en place d’un mécanisme d’harmonisation,
nationales relatives à la qualité, qui orienteront la
d’accréditation, de certification, de normalisation
création d’une infrastructure de qualité adaptée et
et d’exécution des activités métrologiques dans
efficace dans les États membres, conformément aux
l’ensemble des États membres de l’UEMOA.51 Par
normes admises au niveau international. Parallèlement
ailleurs, elle a conduit à la création de quatre entités
à cette politique, un système régional d’infrastructure
régionales responsables de la gestion de la qualité :le
a été mis en place de concert avec le document sur le
Comité régional de coordination de la qualité
Modèle et les principes d’harmonisation des normes
(CRECQ) pour la coordination, l’Organisme régional
de la CEDEAO (ECOSHAM).54 En effet, ce document
de normalisation, de certification et de promotion
de la qualité pour l’harmonisation des normes et
des procédures de test (NORMCERQ), le Secrétariat Informations obtenues auprès de la Direction du secteur
52
contient les principes, procédures et mécanismes de Dans le cadre actuel, l’origine communautaire
base à l’aide desquels les Comités d’harmonisation est conférée aux produits non transformés (produits
techniques (CHT), la Commission et les États membres locaux ou fabriqués à la main) et aux produits
de la CEDEAO doivent harmoniser et maintenir les transformés (produits industriels). Pour ces derniers,
normes au sein de la Communauté. En se fondant les critères applicables sont soit un changement
sur ce modèle, 27 normes ont été approuvées de classification tarifaire affectant l’un des quatre
dans le domaine de l’alimentation et de l’agriculture premiers chiffres de la nomenclature tarifaire, avec des
et adoptées en tant que normes régionales.55 exceptions ; soit une valeur ajoutée communautaire
Cependant, en dépit de ces progrès encourageants, d’au moins 30 pour cent du prix des biens.
certains États membres continuent de faire face à
Selon les dispositions communes des deux
des difficultés pour pouvoir respecter pleinement les
groupements régionaux, l’origine communautaire des
normes communes, en n’appliquant tout simplement
biens industriels provenant d’un autre État membre
pas les principes de la reconnaissance mutuelle et/
doit être attestée par un certificat d’origine, même
ou de l’équivalence inhérents à l’Accord sur les OTC.
si la production de l’entreprise exportatrice a déjà
Tous les membres de la CEDEAO ont mis sur pied
été certifiée pour une expédition précédente. Au
leurs propres organismes nationaux de normalisation
1er janvier 2006, les États membres jouissaient de
qui doivent respecter le Code de l’Accord sur les
pouvoirs exclusifs en ce qui concerne l’approbation
OTC.56 Par conséquent, la CEDEAO et l’UEMOA
des biens produits ou transformés sur leur territoire
continuent aussi de faire face à des difficultés en
national.59
ce qui concerne l’administration de leurs politiques
régionales sur la qualité. À cet égard, la coexistence En dépit de la politique régionale en matière
de deux politiques régionales comportant deux séries de RO, des difficultés aux postes frontaliers ont été
de normes régionales pourrait ne pas contribuer à signalées dans l’enquête sur les activités concernant
l’amélioration de l’efficacité et à l’uniformité à travers les MNT de 2016 au sein de la CEDEAO, suite à
le territoire de l’Afrique de l’Ouest. l’application des différentes RO et à l’exigence du
certificat d’origine connexe dans la région (ITC, 2016).
3.3.2.3 . Règles d’origine Le processus d’obtention du certificat d’origine
est jugé long et fastidieux, entraînant des retards
Les Règles d’origine (RO) déterminent les excessifs. Par ailleurs, le certificat de la CEDEAO
produits qui peuvent bénéficier d’un accès préférentiel n’est valable que pour une période de 6 mois.
et sont jugés nécessaires pour la mise en œuvre des Les opérateurs économiques doivent soumettre
mécanismes préférentiels. Les RO régissant l’éligibilité des demandes séparées pour approbation par le
des produits au traitement préférentiel au sein de mécanisme concerné (notamment la CEDEAO ou
l’UEMOA57 et de la CEDEAO ont été harmonisées, l’UEMOA). En outre, selon le système de la CEDEAO,
pour l’essentiel, depuis 2003 dans le cadre du ils doivent obtenir l’approbation consécutive du Comité
Schéma de libéralisation du commerce de la CEDEAO national d’approbation (CNA) et de la Commission
(SLEC).58 de la CEDEAO. Par conséquent, la normalisation
du certificat d’origine établi dans l’espace de la
55
Voir Site web de l’Union européenne : http://eeas.
CEDEAO n’est pas encore une réalité. Cependant, la
europa.eu/archives/delegations/ghana/documents/press_
corner/2015/20150625_waqp3_background_paper.pdf Commission de la CEDEAO a mis en place un projet
pilote d’une année sur le remplacement des certificats
56
Voir Annexe 3 de l’Accord sur les OTC, le Code pour les
normes de préparation, d’adoption et d’application. d’origine par un certificat d’origine électronique entre
la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Si l’expérience s’avère
57
Le Protocole additionnel n° III/2001 instituant les Règles
d’origine de l’UEMOA (applicable au 1er janvier 2003)
remplace la Loi complémentaire n° 4/96 du 10 mai 1996
portant création d’un régime tarifaire préférentiel pour le d’origine sont définies par le Protocole A/P/01/03 du 31
commerce au sein de l’UEMOA, tel qu’amendé par la Loi janvier 2003.
additionnelle n° 4/98. Le Protocole additionnel n° III/2001 a 59
Protocole additionnel n° III du 19 décembre 2001,
été révisé par le Protocole additionnel n° 01/2009/CCEG/ portant création des règles d’origine pour les produits de
UEMOA. l’UEMOA. Règlement n° C/REG.3/4/02 du 23 avril 2002 sur
58
Le Schéma de libéralisation du commerce de la CEDEAO la procédure d’approbation des produits d’origine au titre du
est en vigueur depuis le 1er janvier 2004 ; ses Règles Mécanisme de libéralisation des échanges de la CEDEAO.
28
positive, cette solution pourrait être étendue à d’autres la douane du pays importateur (CNUCED, 2013).
pays. L’objectif principal des inspections consiste à
rationaliser les procédures d’importation dans les
S’agissant des critères de détermination
pays où l’efficacité des impôts et de la douane est
de l’origine des produits, le désaccord entre la
limitée par la faiblesse des capacités humaines, afin
CEDEAO et l’UEMOA concerne la détermination de
de sauvegarder les intérêts financiers nationaux en
la valeur ajoutée. Les deux organisations ont adopté
évitant la fuite des capitaux, la fraude commerciale et
leur propre définition de la valeur ajoutée fondée
l’évasion des droits de douane (ITC, 2016). Les pays
sur différentes approches.60 Ceci se traduit par une
africains ont généralement recours à cette pratique
asymétrie qui se répercute sur l’approbation des
pour réglementer leurs importations (CNUCED,
produits industriels. Une demande d’approbation
2013). Au nombre des obligations imposées au titre
peut être rejetée par l’UEMOA, mais acceptée par le
des IAE par l’Accord de l’OMC relatif à l’inspection
Schéma de libéralisation de la CEDEAO. De l’avis de
avant expédition figurent la non-discrimination,
certains responsables de la Commission de l’UEMOA,
la transparence et la protection des informations
la difficulté liée à la détermination de la valeur ajoutée
commerciales confidentielles, le fait d’éviter des
constitue un obstacle majeur à la pleine mise en
retards déraisonnables, l’utilisation de directives
œuvre du régime de RO (ITC, 2016). Certains plaident
spécifiques pour la vérification des prix et éviter les
en faveur d’une révision du Protocole afin de réduire
conflits d’intérêts de la part des organismes en charge
le seuil actuel de 30 pour cent de la valeur ajoutée
des IAE. Pour les opérateurs économiques, les IAE
contenue dans les produits originaires qu’il serait
effectuées par les organismes mandatées entraînent
difficile de respecter selon eux.
des coûts et retards inutiles, les procédures étant
En principe, les Commissions de la CEDEAO et souvent reprises une deuxième fois avant l’expédition
de l’UEMOA pourraient procéder à des contrôles des ou à l’entrée dans les pays de destination (ITC, 2016).
procédures d’approbation dans les États membres. Le travail bureaucratique et la corruption sont souvent
Les différends concernant la non-reconnaissance associés à cette pratique.
des certificats d’origine sont réglés soit sur une base
Dans la région de la CEDEAO, l’harmonisation
bilatérale, soit avec l’intervention de la Commission
des pratiques gouvernementales concernant les IAE
concernée. Cependant, le manque de coordination
est loin d’être une réalité, compte tenu de l’importance
entre les administrations nationales et supranationales
des intérêts nationaux en jeu. Cette question n’est pas
continue de freiner la libre circulation des biens.
encore à l’ordre du jour du programme de travail de
la CEDEAO. Néanmoins en 2013, les ministres du
3.3.2.4 . Autres mesures non tarifaires
Commerce ont invité la Commission de l’UEMOA à
étudier cette question, ce qui a amené la Commission
Hormis les mesures SPS et les OTC, les données
à recommander aux États membres de limiter les IAE
concernant les MNT collectées conjointement par la
pour les produits en provenance des États membres.
CNUCED et la BAD montrent que les États membres
Bien que l’application des mesures liées aux IAE relève
utilisent fréquemment certaines MNT non encore
de la responsabilité des États membres, il existe un
harmonisées au niveau régional. C’est le cas, en
besoin évident qu’il y ait un examen de ces mesures
particulier des inspections avant expédition (« IAE ») et
à l’échelle régionale dans le cadre d’un mécanisme
des mesures liées aux exportations.
de suivi.
Inspection avant expédition
Mesures relatives aux exportations
Les IAE peuvent freiner les échanges
Suite à l’analyse des mesures relatives aux
transfrontaliers en exigeant une inspection des
exportations recensées au niveau national, il semble
importations par une société de surveillance privée
que les trois types de mesures d’exportation auxquels
au départ de l’expédition et non l’inspection par
les États membres ont le plus souvent recours sont les
restrictions quantitatives, les exigences d’obtention
60
UEMOA – Règlement n° 13/2002/CM/UEMOA du 19
septembre 2002 et Règlement n° C/REG.5/4/02 du 23 avril
de licences d’exportation et les mesures techniques
2002. CEDEAO – Règlement n° C/REG.5/4/02 régissant concernant les exportations.
l’évaluation des composantes du prix départ usine des
produits finis avant impôt, ainsi que la valeur ajoutée.
Intégration régionale et mesures non tarifaires au sein de la CEDEAO 29
des aliments dans l’UEMOA. Règlement C/REG. 21/11/10 également Revue de l’intégration ouest-africaine, Vol. 1. n°
sur l’harmonisation du cadre structurel et des règles 1 janvier 2012.
opérationnelles concernant la santé et la sécurité végétales, 63
Mackie et al., Joining up Africa, Support to regional
animales et alimentaires dans la région de la CEDEAO. integration, ECDPM, juillet 2010
30
4.1.1.1 . Cour de justice Cour pour les individus et les personnes morales. Par
ailleurs, elle étend sa juridiction, qui était limitée, au
Les sections suivantes passent en revue départ, aux seuls États membres et aux institutions
les solutions qui s’offrent aux Commissions de la communautaires avant 2005.66 Conformément
CEDEAO et de l’UEMOA ou à d’autres opérateurs à l’Article 3 dudit Protocole, la Cour de justice a
qui sont confrontés à une violation de la législation compétence pour trancher tous différends soumis par
communautaire. les États membres, les institutions, les sociétés et les
individus.67 Ceci comprend le règlement des litiges
Tandis que les organismes régionaux sont
découlant de l’interprétation et de l’application des
concernés essentiellement par l’élaboration des
textes communautaires, l’application des obligations
politiques, la mise en œuvre des politiques régionales
ou la résolution des problèmes communautaires
continue de relever de la responsabilité des États
concernant la légalité des actions et inactions de la
membres. Bien qu’il soit de la responsabilité desÉtats
Communauté, des institutions et des responsables.
membres de traduire leurs engagements régionaux en
lois nationales, les institutions de la CEDEAO et de À ce jour, cependant, la réalité reste différente
l’UEMOA doivent veiller à ce que les États membres « de l’esprit du Protocole, car la Cour de justice
honorent leurs obligations ». Par ailleurs, elles doivent continue de jouer un rôle mineur dans le processus
assurer le fonctionnement effective du mécanisme d’intégration régionale en Afrique de l’Ouest ; en
d’exécution des décisions judiciaires représenté par témoigne la mise en œuvre encore partielle du SLEC
la Cour de justice. de la CEDEAO par les États membres (ainsi que la
persistance et, dans certains cas, la prolifération des
Les deux organisations ont créé des Cours
BNT), depuis son lancement en 1990. Cette situation
de justice de la Communauté dans le cadre de leurs
illustre l’absence d’un cadre judiciaire efficace pour
mécanismes institutionnels – en l’occurrence la Cour
appliquer les engagements des États membres. À cet
de justice de la CEDEAO et la Cour de justice de
égard, Alabi (2013) a analysé dans une étude le rôle
l’UEMOA.64 Ces dernières constituent les principaux
de la Cour de la CEDEAO dans l’intégration régionale
organes juridiques et judiciaires habilités à appliquer
en Afrique de l’Ouest et identifié ses faiblesses par
les dispositions présentées dans les traités, ainsi
rapport à un certain nombre de questions.
que les protocoles, règlements, directives, décisions
connexes et autres instruments juridiques subsidiaires. Tout d’abord, il ressort de l’étude que bien
D’une manière générale, les deux institutions ont une que la Cour ait une compétence exclusive sur les
structure et un fonctionnement inspirés essentiellement questions communautaires, cette compétence n’est
de ceux de la Cour européenne de justice, qui est pas obligatoire. Il ressort à ce sujet clairement de
reconnue comme avoir jouer un rôle déterminant dans l’Article 76 du Traité quele mécanisme de règlement
l’intégration régionale en Europe (Alabi, 2013). des différends de la CEDEAO subordonne la décision
à des moyens de règlement diplomatiques ou
En ce qui concerne la Cour de justice de la
pacifiques.68 Tout recours à la Cour de la CEDEAO
CEDEAO, le Préambule du Protocole additionnel
reste une mesure de dernier ressort, après que
de 2005 souligne le principal rôle que la Cour de
tous les moyens diplomatiques de règlement des
justice « peut jouer dans l’élimination des obstacles
différends aient été épuisés. Deuxièmement, l’auteur
à la réalisation des objectifs communautaires et
a analysé les affaires soumises à la Cour et est arrivé
l’accélération du processus d’intégration ».65 À cet
égard, le Protocole additionnel élargit l’accès à la
66
CEDEAO, Protocole A/P.1/7/91 concernant la Cour de
64
Protocole de la CEDEAO A/P.1/7/91 concernant la Cour justice de la Communauté.
de justice de la Communauté, complété par le Protocole Ibid., Protocole additionnel
67
à la conclusion que l’écrasante majorité de celles-ci Sommet de la CEDEAO de juillet 2013 face aux
concernait des violations des droits humains et des progrès limités accomplis en ce qui concerne
libertés fondamentales. Seules quelques affaires l’utilisation du SLEC pour le commerce intra régional,
concernaient directement l’intégration régionale par le a poussé la CCEG à accélérer la mise en œuvre
truchement du contrôle des lois communautaires ou des politiques d’intégration (en particulier le SLEC)
des mesures d’application contre les États membres. dans la sous-région.69 Il s’en est suivi le lancement
Alabi soutient à cet égard que ce constat ne résulte de plusieurs initiatives exécutées par la Commission
pas de l’absence d’affaires dont la Cour aurait pu de la CEDEAO, notamment l’établissement d’une
être saisie mais plutôt du cadre d’application tel feuille de route sur la libre circulation des personnes
que prévu par le Protocole additionnel de 2005, qui et des biens. Cette initiative comprend, entre autres
est inapproprié, car dépendant de la bonne volonté la mise en place d’un mécanisme d’arbitrage et de
des États membres, y compris de leurs tribunaux sanctions pour les auteurs d’infraction (pour les États
nationaux. Ainsi, la Cour dépendrait du soutien du membres, les personnes morales et les personnes
pouvoir politique ainsi que des tribunaux nationaux physiques) et d’un Groupe de Travail sur la CEDEAO.
pour l’application de ses décisions,- Tout ceci n’incite Conformément à ceci, une réglementation sur la
donc pas les particuliers à porter des plaintes devant création et la composition du Groupe de Travail a
la Cour. été adoptée par le Conseil des ministres en 2015
a permis d’entériner la mise en fonction du Groupe
Le renforcement du mécanisme d’exécution
Travail.70 Il s’agit en l’espèce d’un comité ad hoc qui
des décisions judiciaires pourrait contribuer plus
est habilité à superviser la mise en œuvre effective du
efficacement au processus d’intégration régionale.
SLEC. À ce titre, le Groupe de Travail a vocation à
Hormis la Cour de justice, il n’existe pas d’autres étudier et résoudre les difficultés qui empêchent le
mécanismes officiels de sanctions ou d’exécution bon fonctionnement du Schéma de libéralisation du
dans le cadre de la CEDEAO et de l’UEMOA pour commerce de la CEDEAO par voie d’arbitrage ou de
traiter particulièrement des MNT et des BNT. Ainsi, médiation. Au nombre des membres du Groupe de
les Commissions de la CEDEAO et de l’UEMOA Travail figurent un représentant de la Commission de
semblent avoir préféré les canaux diplomatiques pour la CEDEAO, un représentant de la Commission de
le règlement des différends afin d’amener les États l’UEMOA, un représentant du Secrétariat exécutif
membres à honorer leurs engagements. du Comité permanent inter-États de lutte contre la
sécheresse dans le Sahel (CILSS), un représentant du
4.1.1.2 . Mécanismes alternatifs Centre africain pour le commerce, l’intégration et le
développement (ENDA-CACID), un représentant de
Compte tenu des faiblesses du mécanisme l’Association nationale des commerçants du Nigeria
régional d’exécution des décisions judiciaires, des (NANTS) et six Hauts représentants.
solutions de rechange ont été identifiées afin d’assurer
Un autre mécanisme qui contribue à une
la mise en œuvre des dispositions des MNT. Les
meilleure mise en œuvre des acquis communautaires
deux Commissions ont eu recours aux mécanismes
tient à la revue annuelle de la politique de l’UEMOA
de médiation et de conciliation afin de résoudre de
sur le processus d’intégration. Cette revue comprend
manière informelle les différends entre États membres.
le suivi de l’état de la prise en compte de la
Cette solution s’est avérée, jusqu’ici, partiellement
législation communautaire dans les lois nationales de
efficace. Une autre solution utilisée par la Commission
l’ensemble des huit États membres. Une délégation
de la CEDEAO consiste à envoyer de manière
de la Commission est envoyée dans le pays et des
informelle une lettre à un État membre impliqué dans
réunions avec les principales parties prenantes sont
la violation d’une disposition communautaire. L’idée
organisées. L’objectif principal de ce processus
qui sous-tend cette approche consiste à sensibiliser
consiste à promouvoir l’accélération de la mise en
les États membres sur l’importance de la mise en
œuvre de la disposition. Selon la Commission, cette
approche s’est avérée dissuasive pour certaines 69
Voir ECOWAS Vanguard — NANTS/182 (2015).
politiques ou pratiques. 70
CEDEAO, projet de réglementation de mise en œuvre sur
la création et la composition du Groupe de travail, 2015
La déception de la Conférence des Chefs dans le processus d’adoption au moment de la rédaction
d’État et de Gouvernement (CCEG) au cours du du présent rapport.
32
œuvre des programmes de réforme des politiques de l’Est (CAE) dans la mise en œuvre du mécanisme
et projets communautaires au sein de l’UEMOA, commun de notification, de suivi et d’élimination des
dans le cadre de l’approfondissement de l’intégration BNT en ligne74 et du mécanisme d’élimination des
régionale. Ce mécanisme de revue est entré en BNT de la Zone de libre-échange tripartite (ZLET)
vigueur en 201371 et, depuis, des résultats positifs ont (Viljoen, 2015), met clairement en évidence la nécessité
été obtenus entre 2014 et 2015 ; en témoignent les d’un traitement, en particulier des MNT/BNT dans
dernières statistiques de la Commission concernant la un mécanisme complémentaire (Chikura, 2013) et
transposition et l’application des réformes du marché autonome. L’on estime qu’un tel mécanisme constitue
commun. De 48 pour cent en 2014, pour les huit États un élément essentiel des efforts visant à créer une ZLE
membres, le taux de mise en œuvre est passé à 61 réussie, tel que souligné dans un rapport de recherche
pour cent en 2015.72 2015 sur le mécanisme d’élimination des BNT de la
ZLET (Hove, 2015).
Cependant, il convient de reconnaître que, pour
l’instant, les mécanismes alternatifs susmentionnés – C’est dans ce contexte qu’un mécanisme
formels et informels – ont un impact limité sur le suivi similaire à celui concernant les BNT de la ZLET est en
du respect des obligations au titre des MNT/BNT par train d’être élaboré et expérimenté, à l’heure actuelle,
les États membres. Par conséquent, les options qui dans la région de l’Afrique de l’Ouest, à l’initiative
s’offrent aux opérateurs économiques affectés par de l’Alliance sans frontière (Borderless Alliance). Il
la non-application des règlements communautaires s’agit d’une coalition pilotée par le secteur privé qui
demeurent limitées. a vocation à intensifier les échanges intra-régionaux
en Afrique de l’Ouest, en se fondant essentiellement
4.1.2. Mécanismes de notification, de sur l’élimination des barrières au commerce et au
suivi et d’élimination des BNT transport grâce à un plaidoyer axé sur les preuves.75
L’identification et la notification des rapports sur les
Tel qu’indiqué plus haut, les textes juridiques BNT au sein de la région de la CEDEAO sont au cœur
de la CEDEAO et de l’UEMOA exigent que les des activités menées par l’Alliance sans frontière à
États membres éliminent toutes les BNT existantes, travers son infrastructure de facilitation des échanges
identifiées essentiellement comme des restrictions et le réseautage entre ses différents bureaux sur
quantitatives, tout en s’abstenant d’introduire de le terrain.76 Par conséquent, l’Alliance a décidé de
nouvelles.73 En même temps, les États membres rationaliser son mécanisme d’élimination des BNT,
ont le droit d’introduire des mesures commerciales en mettant en place une plateforme électronique afin
restrictives pour autant que : a) elles ciblent des objectifs non seulement d’améliorer la notification, le traitement
stratégiques légitimes de la manière qui crée le moins et le suivi des BNT par les opérateurs économiques,
de distorsions au niveau des échanges ; b) elles soient mais également de consolider la collecte en cours de
notifiées aux organismes régionaux pertinents (Hove, données sur les BNT et les activités de son Centre
2015). À ce jour, les deux organisations régionales d’information aux frontières dans la région de l’Afrique
ouest-africaines continuent d’œuvrer à l’élimination de l’Ouest.
des BNT, ce qui nécessitera un solide mécanisme de
notification des MNT.
Le mécanisme de notification et de suivi en la ZLET ont souligné que ce système n’inclut pas un
ligne a été introduit en septembre 2014.77 Il fonctionne, mécanisme d’application clairement défini, prévoyant
à l’heure actuelle, à titre pilote sur le corridor Tema- des délais stricts pour l’action et des sanctions pour la
Ouagadougou qui comprend deux pays, le Ghana et non-conformité.82 En d’autres termes, le mécanisme
le Burkina Faso. Cette phase pilote couvrira la période ne serait pas un instrument juridiquement contraignant
allant de septembre 2016 à juin 2017,78 étant entendu assorti de sanctions pour éliminer les BNT. Il est
qu’il est prévu de l’étendre à d’autres pays sur le considéré comme « une approche de pression morale
corridor Abidjan-Lagos (Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, en vue de l’élimination des BNT ».83 Il appartient
Benin et Nigeria) de janvier 2017 à décembre 2017.79 aux États membres de supprimer ou de réformer
leurs BNT une fois celles-ci signalées. L’efficacité de
De manière plus spécifique, selon l’Alliance
tout mécanisme d’élimination des BNT dépend des
sans frontière, la plateforme électronique est conçue
incitations, ainsi que des possibilités d’application.
en tant qu’outil de notification, de suivi et de plaidoyer
Une autre observation soulevée concerne le fait que
en temps réel interactif pour l’élimination des BNT.
ce mécanisme fonctionne ex post facto en ce sens
Elle bénéficiera de l’assistance des administrateurs
qu’il vise à résoudre le problème des BNT lorsque
du système et des structures désignées des BNT aux
des plaintes sont déposées, après que la mesure
niveaux régional et national, qui sont censés piloter
en question soit déjà entrée en vigueur et que le
la gestion efficace des BNT. Ceci signifie qu’il y a lieu
commerçant ait déjà défrayé des coûts (Viljoen, 2015).
de prendre en compte les préoccupations des parties
Il n’existe aucun processus de révision des MNT avant
prenantes, notamment les autorités portuaires, les
qu’elles ne deviennent des BNT, ce qui pourrait se faire
transitaires, les opérateurs de logistique, les fabricants,
par le truchement d’une procédure de notification.
les commerçants et les agriculteurs. Par conséquent,
Cependant, deux autres approches de la ZLET
ces parties prenantes utiliseront le mécanisme pour
prennent en compte cet aspect : a) le mécanismes
l’introduction de plaintes sur son site web (ou par le
d’élimination des BNT de la ZLET comprend une autre
biais d’un service de messagerie court). Cependant,
composante qui assure l’accès à toutes les MNT
à la différence de la ZLET en Afrique de l’Ouest,
appliquées, à l’heure actuelle, dans la région tripartite
il n’existe, à l’heure actuelle, aucune mission de
à lumière des données collectées par la BAD et la
résolution des problèmes de BNT identifiés. L’Alliance
CNUCED (pour 13 pays membres de la ZLET à l’heure
sans frontière considère ce mécanisme comme un
actuelle ; le nombre de pays couverts augmente) ; et
outil de plaidoyer qui contribue à la rationalisation
b) les efforts en cours au niveau stratégique visant à
des BNT en Afrique de l’Ouest afin de promouvoir un
harmoniser les MNT afin de réduire la survenue des
meilleur environnement des affaires. À cet égard, un
BNT.
récent rapport d’étude sur le mécanisme d’élimination
des BNT de la ZLET l’a baptisé « chien de garde et L’on peut envisager de traiter avec des parties
outil de pression sur les gouvernements d’Afrique de prenantes régionales de haut niveau sur l’amélioration
l’Ouest en vue de l’élimination des BNT ».80 Selon Hove et le renforcement du mécanisme pilote sur les BNT
(2015), la principale différence entre les mécanismes en Afrique de l’Ouest par l’intégration d’instruments
d’élimination des BNT de la ZLET et de l’Afrique de d’application et de procédures de notification
l’Ouest tient au fait que le premier est une initiative du des MNT. L’approche de l’OMC qui requiert une
secteur public ayant pour mission d’éliminer les BNT, notification a priori de certaines nouvelles mesures
tandis que le deuxième est une initiative du secteur peut tenir lieu d’exemple.84 Le Glossaire de l’OMC
privé dont l’efficacité est limitée.81
82
Ibid. Chikura (2013) ; Ibid., Hove (2015) – Voir Gilson (I), et
Cependant, différents documents analytiques Charalambides (N), (janvier 2011). Surmonter les barrières
élaborés sur les mécanismes d’élimination des BNT de non tarifaires pour les Échanges régionaux en Afrique
australe
77
www.tradebarrierswa.org
83
Ibid.
78
Informations collectées auprès du Secrétariat de l’Alliance
84
L’Annexe 1A des Accords multilatéraux de l’OMC sur le
sans frontière commerce de biens couvrent 176 exigences de notifications
dont 42 sont des exigences récurrentes (semestrielles,
79
Ibid., Secrétariat de l’ASF
annuelles, biennales et triennales). Voir OMC, Groupe de
80
Ibid., Hove (2015). travail sur les Obligations et procédures de notification,
81
Ibid. Notifications requises des membres de l’OMC au titre des
34
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Intégration régionale et mesures non tarifaires au sein de la CEDEAO 39
Tableau 6: Exemple de cartographie des données sur les MNT concernant le « chevauchement de la réglementation »
Types et codes des MNT pour un produit spécifique au niveau HS- Exportateur Y* après la
Importateur X Exportateur Y
6: par exemple le riz réforme
A 14 : Autorisation spéciale 0 1 0
A 81 : Inspection SPS 1 1 1
A 83 : Certificat SPS 1 0 1
A 61 : Processus de production 1 0 0
Total nombre de MNT 3 2 2
Nombre de MNT qui se chevauchent 1 1+1=2
Nombre de MNT qui ne se chevauchent chez l’importateur X 2 2-1=1
Nombre de MNT qui ne se chevauchent pas chez l’exportateur Y 1 1-1=0
Source: African Regional Integration Index Report 2016
87
Conformément aux principes de non-discrimination
entre produits nationaux et étrangers de l’OMC, la plupart
des mesures appliquées en tant que MNT liée aux
importations doivent être appliquées au niveau national aux
producteurs nationaux.
Intégration régionale et mesures non tarifaires au sein de la CEDEAO 41
Approche de l’estimation pour évaluer les global des restrictions quantitatives est complété par
impacts en termes d’augmentation de prix des une interaction spécifique de la CEDEAO qui révèle
mesures non tarifaires un effet plus important de ces obstacles pour le
commerce intra régional.
Le raisonnement intuitif fondamental qui sous-
tend l’estimation est que les prix coût-assurance-fret En ce qui concerne les mesures techniques
(c.a.f.) des produits à la frontière sont « déterminés » (SPS et BTC), nous établissons une distinction entre
par différents types de MNT, ainsi que par le les mesures qui se chevauchent entre l’importateur
chevauchement de la réglementation. Le calcul repose et l’exportateur, et celles qui ne se chevauchent
sur un éventail mondial de 47 pays, dont 12 membres pas (établissant une séparation entre les mesures
de la CEDEAO, à un niveau de produit désagrégé (HS supplémentaires prises par l’importateur et
6 à chiffres, plus de 5 000 produits). l’exportateur).
Les valeurs unitaires coût-assurance-fret (c.a.f.) Par ailleurs, les variables de contrôle sont
sont utilisées, au lieu des valeurs franco-à-bard (f.a.b.) incluses afin de prendre en compte tous les niveaux
dans la mesure où celles-ci pourraient prendre en de prix généraux (le logarithme de l’exportateur et
compte davantage les coûts liés aux MNT. Bien qu’il de l’importateur par PIB par habitant) et les coûts
soit de notoriété que les valeurs unitaires au niveau de transport (distance, pays enclavés et frontières
bilatéral et des produits sont statistiquement plus communes). Les impacts spécifiques par produit sont
« bruyantes », comme nous le savons, nous utilisons absorbés par le truchement des effets fixes au niveau
la série de données fournie par Berthou & Emlinger du produit.
(2011), qui améliore considérablement la qualité des
L’équation d’estimation de log-linéaire simple
données. Les effets estimatifs sont, par conséquent,
se lit comme suit, avec les sous-indices pour le produit
les équivalences ad valorem (AVE) en termes d’impact
k, l’importateur i, l’exportateur j et l’année t :
sur les prix final des biens à la valeur unitaire c.a.f.
Les résultats de la régression sont présentés
Les obstacles, ainsi que les mesures techniques
au Tableau ci-dessous.
sont censés augmenter les prix. L’impact moyen
ln = + QR + QR-CEDEAO + sameNTM + ImpDiffNTM
+ ExpDiffNTM + lnPIBpc + ln PIBpc + enclavé + enclavé
+ lndistance + contig + intra-CEDEAO + + ε
Effet spécifique à la CEDEAO des restrictions quantitatives (terme d’interaction) 0,45** (0,23)
variables
Nombre des mesures techniques de l’importateur qui ne se chevauchent pas 0,012*** (0,00)
Nombre des mesures techniques de l’exportateur qui ne se chevauchent pas 0,017*** (0,00)
Nombre des mesures techniques qui se chevauchent 0,015*** (0,00)
Log de l’importateur (PIB par habitant) 0,17*** (0,00)
Log de l’exportateur (PIB par habitant) 0,20*** (0,00)
de contrôle
Les erreurs standards agrégées sont entre parenthèses ; * p < 0,10, ** p < 0,05, *** p < 0,01.
Régression des effets fixes HS 6 ; effets fixes au niveau du produit.
Intégration régionale
et mesures non tarifaires
au sein de la Communauté
économique des États de
l’Afrique de l’Ouest
(CEDEAO)