Item 204 Toux 2023
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ITEM 204
TOUX CHEZ L’ADULTE
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Points clés
1. La toux aigüe est définie par une durée < 3 semaines.
La toux chronique est définie par une durée >8 semaines.
2. La toux aigüe isolée est dans la très grande majorité des cas secondaire à des infections
respiratoires hautes d’origine virale et ne nécessite pas d’exploration.
3. La toux chronique, même isolée, même chez un fumeur actif nécessite une prise en charge
progressive
4. Dans la toux chronique, avant tout examen complémentaire, une évaluation des
caractéristiques de la toux et du profil du patient sont nécessaires pour orienter la conduite à
tenir
5. En présence de signes de gravité, une prise en charge spécifique de la cause est nécessaire.
L’apparition ou la modification de la toux chez un fumeur doit faire évoquer un cancer
bronchique.
6. Une radiographie de thorax et une spirométrie sont systématiques dans le bilan de toux
chronique.
7. Les principales causes de toux chronique à radiographie de thorax normale chez le non-
fumeur sont :
n Le syndrome de toux d’origine des voies aériennes supérieures (écoulement ou rhinorrhée
postérieurs chroniques dûs à une rhino-sinusite chronique)
n Le reflux gastro-œsophagien
n L’asthme
n Les médicaments
8. En 1ère intention, en cas de radiographie de thorax normale, il est nécessaire de rechercher les
causes fréquentes de toux. En présence d’arguments (à l’interrogatoire ou aux examens) en
faveur d’une de ces causes, un traitement d’épreuve est mis en place
9. Le traitement d’une toux chronique doit être avant tout étiologique
10. Le tabagisme doit être arrêté et une aide au sevrage définitif doit être apportée dans tous les
cas
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I DEFINITION
I.1 Définition de la toux
Expulsion brusque et sonore de l'air contenu dans les poumons.
C’est un réflexe mis en jeu pour aider à l’extériorisation des sécrétions bronchiques, trachéales et
laryngées ou pour répondre à toute irritation des voies aériennes.
Il s’agit d’un mécanisme non spécifique de défense des voies aériennes
Le diagnostic de toux ne pose pas de problème même s’il existe parfois une confusion avec le
hemmage (raclement de gorge).
Toux aigüe : le plus souvent accompagnant les infections respiratoires hautes d’origine virale et
s’améliorant spontanément en l’espace de 3 semaines.
Toux chronique : toux qui va nécessiter une prise en charge spécifique car elle ne s’améliorera pas
spontanément. Les durées définies ont pour but de séparer ces 2 entités.
II. PHYSIOPATHOLOGIE
Il existe 2 types de neurorécepteurs sensoriels à la toux dans les voies respiratoires hautes et
basses (figure 1) :
- les nocicepteurs qui détectent les irritants chimiques. Les nocicepteurs tels que les
récepteurs des fibres C sont retrouvés dans le larynx, la trachée, les bronches et les parois
alvéolaires et sont associés aux fibres C non myélinisées conduisant lentement l’influx
nerveux
- les mécanorécepteurs sont sensibles aux stimuli mécaniques. Certains, tels que les
récepteurs d’adaptation rapide (RARs) se trouvent dans le larynx (richesse au niveau de la
sphère ORL), la trachée et les bronches proximales et transmettent des signaux conduits le
long des fibres myélinisées (Aδ) à vitesse rapide
Les voies afférentes des récepteurs des voies aériennes convergent via le nerf vague jusqu’au
noyau solitaire (nucleus tractus solitari) situé dans le tronc cérébral. Le noyau solitaire est
connecté aux neurones respiratoires situés dans les centres respiratoires qui coordonnent la
réponse efférente de la toux jusqu’aux muscles respiratoires, au larynx et aux bronches.
La toux peut également être contrôlée par le cortex cérébral et il existe une commande volontaire
(centres de la toux) pour inhiber ou activer la toux (efficacité de la codéine).
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Figure 1 : Mécanisme physiopathologique de la toux
III.1. Adulte
III.1.1 Etiologies
Lorsqu’elle est isolée, la toux est très majoritairement secondaire à des infections respiratoires
hautes d’origine virale et s’améliore spontanément. Quand elle s’accompagne d’autres
symptômes, la toux peut s’intégrer dans différents tableaux cliniques (Tableau 1).
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III.1.2 Diagnostic
Dans la très grande majorité des cas, la toux aigüe ne nécessite pas d’exploration
complémentaire.
Une radiographie de thorax est à réaliser en cas d’examen physique anormal notamment de bruits
anormaux à l’auscultation (crépitants…).
D’autres examens peuvent se discuter en cas de suspicion de pathologie sous-jacente autre
qu’une infection respiratoire haute ou qu’une bronchite virale. Ces examens sont réalisés en
fonction de la pathologie suspectée.
III.1.3 Traitement
En dehors d’infections bactériennes avérées, une antibiothérapie n’apporte aucun bénéfice pour le
traitement de la toux aigüe.
Il n’y a pas lieu de prescrire un traitement anti-tussif.
Les traitements anti-tussifs ou les expectorants ont un rapport bénéfice/risque faible. Les preuves
scientifiques de leur efficacité restent à démontrer et les effets secondaires sont parfois importants
(les antitussifs contenant de la pholcodine on été retirés du marché en raison du risque d'allergie
grave aux curares qu’ils sont susceptibles de provoquer).
Si le patient est fumeur, c’est toujours une occasion de rappeler la nocivité de la cigarette et de
conseiller l’arrêt définitif du tabac.
Il est, quoi qu’il en soit, important d’organiser un suivi à 4-6 semaines afin de s’assurer de la
disparition de la toux.
Pas d’indication à faire de scanner thoracique dans un contexte d’examen clinique normal, de
radiographie de thorax normale et d’absence de facteurs de risque de cancer bronchique.
IV.2 Etiologies
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Tableau 3 : Etiologies des toux chroniques de l’adulte
Toux primitives Syndrome de toux par excès de sensibilité
Toux secondaires Etiologies fréquentes :
- Syndrome de toux des voies aériennes supérieures (atteintes
rhino-sinusiennes)
- Asthme
- Reflux gastro-oesophagien acide ou non-acide
- Médicaments (inhibiteurs de l’enzyme de conversion, gliptine)
- Broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO)
Etiologies moins fréquentes :
- Pneumonies interstitielles diffuses dont Fibrose pulmonaire
idiopathique et Sarcoïdose
- Cancer bronchique
- Epanchement pleural
- Dilatation des bronches
- Syndrome d’apnées obstructives du sommeil
- Causes cardiaques (insuffisance cardiaque gauche)
- Causes neurologiques, troubles de la déglutition
- Toux psychogène (contexte psychiatrique souvent associé)
3. Evaluer objectivement la sévérité de la toux avec une échelle visuelle analogique (EVA)
comme dans la douleur.
4. Faire arrêter les traitements tussigènes (IEC, sartans, gliptines) ainsi que le tabac
également pendant 4 semaines. On prévient le fumeur qu’il existe une période réfractaire
variable selon les individus, avec possibilité de majoration paradoxale transitoire de la toux
à l’arrêt du tabac.
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5. Définir les caractéristiques cliniques de la toux et rechercher une cause fréquente de toux
(Asthme, RGO, STOVAS). En présence d’arguments pour une pathologie fréquente et
compatible, un traitement spécifique est mis en place.
7. Si à l’issue de cette prise en charge, aucune cause n’est retrouvée ou aucun traitement n’a
amélioré les causes potentielles de toux, on parle alors de toux chronique réfractaire ou
inexpliquée (TOCRI).
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Figure 3 : arbre décisionnel en l’absence d’éléments d’orientation diagnostique
Oui
Prise en charge
Signes d’alarme
spécifique
Persistance de la toux
Absence d’argument
pour un diagnostic Persistance de la toux malgré
Discuter en fonction interrogatoire et contexte clinique : traitement bien conduit
- pH-métrie des 24 h et manométrie œsophagienne
- Tomodensitométrie thoracique
- Tomodensitométrie des sinus
- Endoscopie bronchique
- Enregistrement du sommeil
- Evaluation cardiaque (ECG, Echographie cardiaque)
IV.4 Traitements
Le traitement symptomatique de la toux chronique a peu de place en pratique et on privilégie la
recherche du ou des facteur(s) étiologique(s).
Les traitements anti-tussifs (tableau 2) ne doivent pas être utilisés et ne sont pas recommandés ni
par la société européenne de pneumologie ni par la société de pneumologie de langue française.
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IV.4.1 Prise en charge thérapeutique des étiologies fréquentes (tableau 7)
*CSI : corticostéroïdes inhalés, BDLA : bronchodilatateur de longue durée d’action, IPP : inhibiteur
de pompe à protons
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