Berbères Entre Maghreb Et Mashreq (Viie-Xve Siècle), Les - Dominique Valérian
Berbères Entre Maghreb Et Mashreq (Viie-Xve Siècle), Les - Dominique Valérian
Berbères Entre Maghreb Et Mashreq (Viie-Xve Siècle), Les - Dominique Valérian
siècle)
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Édition imprimée
Date de publication : 3 juin 2021
EAN (Édition imprimée) : 9788490963258
Nombre de pages : VIII-181
Référence électronique
VALÉRIAN, Dominique (dir.). Les Berbères entre Maghreb et Mashreq ( e-
e siècle). Nouvelle édition [en ligne]. Madrid : Casa de Velázquez, 2021
Los autores árabes de la Edad Media se referían a los pueblos del Magreb
con el nombre de bereberes, que hasta entonces no se había utilizado en este
contexto. Esta categoría se presenta, pues, como algo completamente nuevo,
y se inscribe en el proceso de construcción de un discurso sobre el Islam y su
historia compartido por autores árabes de Oriente y Occidente. Este volumen
examina la evolución de las representaciones de los bereberes y su lugar en
el Islam, en relación con los cambios políticos e ideológicos que experimenta
el Magreb medieval.
DOMINIQUE VALÉRIAN
Médiéviste, agrégé d’histoire et ancien membre de l’École
française de Rome, Dominique Valérian est professeur à
l’université Paris 1 – Panthéon Sorbonne, spécialiste de l’histoire
des pays d’Islam et de la Méditerranée.
SOMMAIRE
Introduction
Dominique Valérian
L’orientalisation du Maghreb
Les Berbères : les enjeux du discours
Conclusion
Histoire de l’Islam, des Berbères et de l’Occident islamique
Maribel Fierro
Sources et Bibliographie
Sources
Bibliographie
Introduction
Dominique Valérian
L’orientalisation du Maghreb
4 Cette dénomination rattache donc de manière privilégiée le
Maghreb à l’Orient, comme centre du monde islamique, et invite
à questionner sa place dans cet espace, et plus largement son
intégration à l’Islam, mais aussi sa spécificité. L’étude des
processus d’islamisation et d’arabisation a montré combien cette
insertion dans le Dār al-Islām se fait progressivement, et selon
des modalités très diverses en fonction des régions et des
périodes, et surtout que l’appropriation de la religion comme de la
langue ne se résume pas en un mouvement unilatéral d’emprunt
à l’Orient 6 . L’idée d’une orientalisation du Maghreb à l’époque
islamique apparaît très tôt dans l’historiographie, mais n’est pas
sans poser de problèmes. Elle plonge ses racines dans l’étude
de l’Antiquité, et notamment de l’époque carthaginoise qui aurait,
par les comptoirs phéniciens, rattaché la région à l’Orient 7 .
Mais c’est surtout avec les conquêtes musulmanes que
l’ensemble du Maghreb est intégré dans un espace polarisé en
Orient, et notamment dans les capitales du califat, Damas puis
plus durablement Bagdad.
5 Ce concept d’orientalisation, souvent mobilisé comme une
évidence au vu de l’évolution du Maghreb, n’est cependant pas
sans poser de problèmes. Comme celui d’islamisation, il
n’apparaît pas dans les textes médiévaux et il est, avant tout, une
construction historiographique, qu’il convient donc d’interroger. Il
prend d’ailleurs des sens très différents selon les contextes
historiques dans lesquels il est employé. Les historiens et
historiens d’art de l’Antiquité ont les premiers critiqué ce concept,
avec des enjeux certes spécifiques mais en soulignant combien
cette distinction entre Orient et Occident, qui émerge à cette
époque, est le résultat d’un discours sur les origines par effets de
miroir entre deux espaces que l’on oppose, et qu’il convient de
déconstruire 8 . Pour al‑Andalus il s’inscrit dans le débat ancien
sur les racines, ibériques ou « orientales », de la nation, dans un
pays qui s’est construit en partie par la lutte victorieuse contre
l’Islam au Moyen Âge, et pose donc la question de la survivance
de traces de la période islamique — question qui bien sûr ne se
pose pas pour le Maghreb 9 . Mais lorsqu’il étudie les structures
« orientales » d’al-Andalus, et notamment la tribu qui en serait un
marqueur essentiel, Pierre Guichard renvoie à des réalités qui
sont aussi orientales que maghrébines, arabes que berbères 10 .
6 Le concept est au cœur de l’ouvrage de Georges Marçais, La
Berbérie musulmane et l’Orient au Moyen Âge 11 , dont la
première partie, « La Berbérie sous la tutelle de l’Orient »,
s’ouvre par un chapitre consacré à « L’orientalisation de la
Berbérie » 12 . La thèse repose sur un présupposé, étroitement
lié à l’historiographie coloniale : le Maghreb est une région qui,
de tout temps, a subi les influences et les dominations d’autres
peuples. Marçais l’exprime dès son livre sur les Arabes en
Berbérie du e au e siècle, publié une trentaine d’années
auparavant :
La Berbérie ne paraît pas capable de progresser par ses propres
moyens ; elle doit se mettre à la remorque d’autrui. Une sorte de
fatalité semble l’empêcher d’être autre chose qu’une terre vassale.
Réservoir de forces sans cohésion, elle a besoin de recevoir ses
influences directrices du dehors, de Phénicie ou de Rome, de l’Orient
musulman ou de l’Espagne 13 .
7 Pour lui la crise de la Méditerranée qui met fin à la civilisation
romaine laisse la place à une civilisation orientale, incarnée par
les différentes dynasties arabes, jusqu’à ce que la rupture de ce
lien à partir du e siècle ne plonge la région dans une crise
durable. Cet Orient est cependant assez peu arabe, mais
s’incarne dans un empire islamique lui-même orientalisé au
contact des influences grecques et perses, synthétisées à
Bagdad au e siècle. Cette idée de l’orientalisation a cependant
été peu questionnée pour le Maghreb, contrairement à ce que
l’on a pu voir pour al‑Andalus ou la Méditerranée antique. Même
dans les historiographies nationales, après les indépendances,
elle reste dominante, peut-être en partie en raison des liens
restés étroits avec le Proche-Orient d’où sont longtemps venus, à
l’époque contemporaine, les nouveaux courant de pensée et les
modèles politiques. Tout comme l’islamisation et l’arabisation,
l’orientalisation semble être un donné acquis de l’histoire, qui
ancre définitivement le Maghreb dans un espace polarisé en
Orient 14 .
8 Le mot est cependant problématique, pour le Maghreb comme
pour d’autres terrains. Tout d’abord se pose la question de la
définition de l’Orient auquel on se réfère, alors que cette
dénomination reste floue dans ses contours spatiaux 15 , et dont
Edward Saïd avait déjà montré le caractère construit dans le
cadre d’un discours sur l’Occident et sa domination 16 . Le terme
même de Mašriq, dans les textes arabes du Moyen Âge, n’a
d’ailleurs pas toujours la même délimitation, désignant parfois les
régions à l’est de la Cyrénaïque (ce qui le distingue du Maghreb),
parfois les régions à l’est de l’Irak. Par ailleurs cette notion
d’orientalisation est souvent associée à des jugements de valeur
portés sur l’Orient et ses influences supposées, du reste
contradictoires puisqu’il est à la fois source de civilisation mais
aussi d’amollissement 17 , et le débat est souvent encombré de
considérations morales sur le caractère positif ou négatif de ces
influences. De même ce binôme Orient-Occident, par son
caractère exclusif, empêche bien souvent d’envisager la
complexité des connexions et des réseaux dans lesquels s’insère
le Maghreb dans un contexte donné, comme les nuances
régionales au sein de chaque espace.
9 Plus encore, ce concept d’orientalisation, comme d’autres
comparables (romanisation, occidentalisation, islamisation, etc.),
véhicule une série de notions telles qu’influence, imitation,
acculturation, mais aussi symbiose, résistance, notions souvent
liées aux théories sur le diffusionnisme, qui ont été à juste titre
critiquées pour ce qu’elles portent de vision unilatérale des
phénomènes de transferts culturels 18 , mais aussi pour leur
approche souvent culturaliste et essentialiste. La notion
complexe d’acculturation ne peut en particulier se résumer à une
simple dialectique entre intégration et résistance des vaincus, et
doit prendre en considération la diversité des contextes, des
appropriations ou coproductions de nouveaux modèles 19 . Il
arrive un moment où les populations du Maghreb cessent de se
considérer comme vaincues et conquises pour se penser comme
participant pleinement de la construction du monde islamique
— et lorsque les premiers témoignages écrits apparaissent, cette
mutation est déjà achevée. Cela n’exclut pas des spécificités et
la conscience de leur existence, mais celles-ci s’expriment alors
dans un cadre conceptuel partagé. Enfin cette notion porte en
elle le risque d’une approche téléologique donnant l’impression, à
partir de textes qui la présentent comme acquise, d’un processus
accompli et achevé rapidement, et définitivement 20 .
10 Pour autant, faut-il rejeter ce concept, comme le propose
Nicholas Purcell pour l’Antiquité ? À condition de prendre garde
aux pièges qu’il recèle, et notamment ceux du discours des
sources, il reste en effet une clé d’interprétation utile de la
construction d’un Maghreb islamique. L’étude de l’orientalisation
— que l’on peut définir comme l’ensemble des manifestations,
des modalités et des conséquences au Maghreb de son
intégration dans un espace polarisé en Orient — peut être alors
d’un grand apport à une réflexion sur les dynamiques
d’intégration de la région dans le Dār al-Islām. Cela suppose de
prendre en considération les changements de polarités
(politiques, mais aussi économiques, religieuses, intellectuelles,
artistiques…) et de structuration de l’espace induits par les
conquêtes musulmanes.
11 Cela peut sembler une évidence à partir du e siècle — c’est du
NOTES
1. Ce volume est le produit d’une journée d’étude organisée à la
Casa de Velázquez le 28 juin 2013 et de séminaires tenus à
Paris et Lyon autour de la question de l’orientalisation du
Maghreb, dans le cadre d’un programme de recherche porté par
la Casa de Velázquez, en collaboration avec l’UMR 5648 CIHAM
et l’UMR 8167 Orient et Méditerranée, coordonné par moi-même.
Je tiens à remercier ici, pour son soutien sans faille, Daniel
Baloup, alors directeur des études à la Casa de Velázquez pour
l’histoire ancienne et médiévale.
2.L , 1975, pp. 13-15.
3. On parle par exemple, dans les contrats notariés, de « laine de
Barbarie », ou à Venise de la muda de Barbarie, convoi qui relie
les principaux ports du Maghreb au e siècle. Le terme Africa,
dans ces sources, est alors le plus souvent réservé à la ville de
Mahdia.
4. Par exemple dans les deux grandes thèses de Hadi-Roger
Idris et Robert Brunschvig, consacrées à la « Berbérie orientale »
aux époques ziride et hafside. I , 1962 ; B , 1940-
1947.
5.B , 1942.
6.V (éd.), 2011.
7.I , 1950, p. 123 : « Les comptoirs phéniciens échelonnés
le long de la côte et surtout Carthage, poursuivirent pendant près
d’un millénaire l’orientalisation du pays : elle fut assez profonde
pour asseoir le développement d'États indigènes prospères, tel
celui de Masinissa. »
8.R , V (dir.), 2006, notamment le chapitre de Nicholas
P , « Orientalizing: Five Historical Questions », pp. 21-30.
9.M , 2009, pp. 12-13.
10.G , 1977.
11.M , 1946.
12.Ibid., pp. 19-53.
13.M , 1913, p. 1. Il reprend l’idée en 1946 : « il semble
conforme à la destinée de l'Afrique du Nord de faire figure de
terre vassale, d'accepter des chefs temporels et spirituels venus
du dehors » (M , 1946, p. 19).
14. Lorsque l’influence d’al-Andalus est mise en valeur, c’est
souvent en tant que conservatoire de l’héritage oriental par les
Omeyyades.
15. C’est ce dont témoigne l’acception de l’expression anglaise
Middle East, qui englobe l’Occident islamique, comme un
appendice, une marge de l’Islam.
16. Il parle d’une orientalisation (pensée comme une exotisation)
de l’Orient. S , 1980, chap. II, « La géographie imaginaire et
ses représentations : orientaliser l’Oriental », pp. 66-90.
17. Le mot est ainsi utilisé à propos des poulains, Latins nés
dans les États croisés, souvent dans un sens dépréciatif.
18. Sur cette notion, E , 1999 ; J -P , 2009.
19.P -C , 2013.
20. Cela vaut également pour les concepts d’arabisation et
d’islamisation.
21. Voir les travaux réunis dans V (éd.), 2011.
22. C’est le cas par exemple pour les ibadites. P , 2010.
23.L , 1971, pp. 22-25.
24. Voir la contribution d’Allaoua A , dans ce volume, pp.
000-000.
25.I Ḥ , Kitāb ṣūrat al-arḍ, éd. par K , 1938-1939,
t. I, pp. 25-26 ; trad. de K et W , 1964, p. 16.
26. Pour spécifier que l’oiseau en question est un paon. Mafāḫir
al-barbar, cité par G , 2014a, p. 79.
27.A , 2015.
28. C’est le cas par exemple chez le géographe andalou al-Bakrī,
qui y consacre une grande partie de son œuvre et y voit un vivier
de forces nouvelles. T , 2011, p. 373. Cette exaltation de la
centralité du Maghreb dans l’Islam et l’histoire du Salut culmine à
l’époque almohade et mérinide. G -A , 2006.
29. Par exemple S , 1983a.
30. C’est le cas par exemple pour l’Institut royal de culture
amazighe (IRCAM) créé au Maroc en 2001.
31.R , 2010 et 2011.
32.M , 2003b, p. 449.
33. C’est ce qui ressort également des récits de fondations de
villes. A , 2011 ; V , 2015.
34.G -A , 2006.
AUTEUR
DOMINIQUE VALÉRIAN
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – UMR 8167 Orient & Méditerranée
I. – Aux origines des berbères
L’invention des Berbères : retour
sur la genèse de la catégorie
« Barbar » au cours des
premiers siècles de l’Islam
Annliese Nef
NOTES
1. Pour être exacte, la difficulté est encore plus grande : le terme
barbar est vu comme péjoratif aujourd’hui en arabe, alors que
« Berbère » a plutôt des connotations positives en français.
2. En premier lieu, parce qu’il s’agit de la forme originelle du
terme. En outre, nous ne pouvons ici entrer dans ces
considérations, mais il s’agit aussi dans un texte écrit en français
de ne pas charrier avec un vocable son histoire récente et
notamment l’opposition catégorielle entre Arabes et Berbères qui
a caractérisé une partie de l’historiographie d’époque coloniale
en français, laquelle a, de manière instrumentale, chanté les
seconds au détriment des premiers.
3. Soulignée tant par M , 2008 que par R , 2011.
4.B , 2012, pp. 128-130.
5.Ibid., p. 185.
6. Nous ne prétendons pas ici nous appuyer sur un corpus
exhaustif de sources d’époque médiévale ; nous nous
concentrons sur les sources les plus anciennes qui nous soient
parvenues, bien consciente que des sources plus tardives
peuvent véhiculer des strates anciennes et que l’ensemble du
corpus devrait être systématiquement réétudié.
7.N 1982, p. 1 et B et F , 1996, p. 124, mais
ces derniers attribuent la systématisation de cette position à Ibn
Ḫaldūn, à juste titre, comme nous le verrons plus bas.
8. C’est la position défendue par exemple dans C , 1995,
moult fois réédité.
9. R. Rouighi a rappelé que les seuls Barbar-s documentés hors
du Maghreb, avant et après la construction de l’empire islamique,
sont les habitants de Barbaria/Berbera dans la corne de l’Afrique
(R , 2011, pp. 69‑72 et 86‑88).
10.M , 2003b, pp. 696 sqq.
11. C’est la solution retenue par Yves Modéran qui avance que
les Arabo-musulmans auraient repris un terme utilisé par les
habitants des villes de l’Africa pour désigner les habitants de la
campagne et souligne que « Barbari » se prononçait précisément
« Barbar » dans la région (ibid., p. 697).
12. Al-Wāqidī dans son Futūḥ al-šām évoque des Byzantins
parlant grec comme des personnes qui « barbara » (R ,
2011, p. 88).
13. Rappelons que cette racine apparaît dans l’expression ‘ağam
al-balad utilisée pour désigner des groupes de la population du
Maghreb par les géographes les plus précoces (B , 2000 et
2006), même si le sens exact de cette expression n’est pas tout à
fait clair.
14. Pour cette idée largement répandue au Moyen Âge, voir,
entre autres, G , 2015, p. 581.
15. Il n’est que de penser à toute la littérature relevant de la
correction du laḥn al-‘āmma (« les fautes de langage commises
par le commun ») [pour une bibliographie récente voir
G , 2012, et B , 2014, pp. 170‑188].
16.G , 2015, montre bien le rôle des langues berbères
au Maghreb, non seulement dans la vie quotidienne, mais aussi
dans la diffusion de la religion musulmane, tout en insistant sur le
fait que les écrits préservés sont peu nombreux et en caractères
arabes (même si des systèmes de notation spécifiques peuvent
être utilisés pour rendre des sonorités considérées comme
telles).
17. Al-Balāḏurī (m. 892) attribue cette phrase à Ifrīqiš, qui a
conquis l’Ifrīqiya et lui a donné son nom, puis aurait inventé le
nom de Barbar-s en le justifiant par le constat que résume cette
phrase ( ‑B ḏ , Kitāb futūḥ al‑buldān, éd. par -Ṭ ‘,
1987, p. 322). Il renvoie à Ibn al‑Kalbī (m. vers 819) comme étant
sa source, mais ce dernier attribue à Ifrīqiš la phrase suivante :
Mā akṯara barbaratukum ! (I ‑K , Nasab ma‘add wa al-
Yaman, éd. par Ḥ , 1988, t. II, p. 548).
18.R , 2011, p. 88 : « How predominant is the babble of
these people! » ; Ibn Ḫaldūn reprend l’expression : Mā akṯara
barbaratukum!, que Abdesselam Cheddadi traduit ainsi : « Quel
parler étranger est le vôtre ! » (I Ḫ , Kitāb al‑‘ibar, trad.
de C , t. II, p. 140 ; Beyrouth, 1959, t. VI, p. 185).
19. Ainsi Ibn Ḫaldūn attribue le choix du nom Barbar par Ifrīqiš au
fait qu’il aurait été surpris par le nombre important (kaṯra)
d’individus composant ce groupe et par leur parler non-arabe
(‘uğma) [ibid. trad. et éd.]. Il est celui qui systématise cette idée :
« Leur langue, qui est un idiome étranger, est d’un genre
particulier [luġatuhum min al‑riṭāna al‑a‘ğamiyya mutamayyiza bi-
naw‘ihā]. C’est à cause d’elle qu’ils ont reçu le nom de Berbères.
On raconte que lorsque Ifrîqus Ibn Qays Ibn Sayfî, roi des
Tubba’, eut envahi le Maghreb et l’Ifrîqiya, qu’il eut tué le roi
Jurjîr, bâti des bourgades et des villes — ce fut lui, dit-on, qui
donna son nom à l’Ifrîqiya —, qu’il eut observé cette race
étrangère, entendu son idiome et perçu combien il était différent
et d’un genre particulier, frappé d’étonnement, il s’écria : “Quelle
grande confusion [barbara] est la vôtre !”. Pour cette raison, on
nomma ces hommes les Berbères. Le mot barbara signifie en
arabe un ensemble de sons inintelligibles ; de là on dit, en parlant
du lion : barbara al‑asadu, quand il pousse des rugissements
qu’on perçoit comme des sons incompréhensibles » (ibid., trad.
pp. 129‑130 ; éd. p. 176). On voit par ailleurs à quel point la
traduction en français ne va pas de soi.
20. Sur ce passage et d’autres qui développent cette idée dans la
littérature maghrébine à partir du e siècle, voir M , 2016,
pp. 136‑148. Il conviendrait néanmoins de revenir sur
l’interprétation qu’en donne l’auteur.
21. C’est Ibn Sallām lui-même qui établit cette équivalence (I
S , Kitāb Ibn Sallām, éd. par S et I Y ‘ ,
1986, p. 123, trad. dans A , 2015, p. 78). Ou dans la version
française que l’on trouvera dans l’article de C. Aillet publié dans
ce même ouvrage, « ils ont prospéré », p. 000 ; sur ce passage
voir M , 2012, pp. 117-119.
22. Voir plus bas dans ce même article, p. 000.
23.I M , Lisān al-‘Arab, t. I, p. 190. Ce dictionnaire
achevé en 1290 développe cette signification ; la seule source
antérieure à laquelle l’auteur renvoie expressément à cette
entrée est le Ṣiḥāḥ d’al‑Ğawharī (m. 1002 ou 1008), lequel donne
comme sens à barbar le son d’une voix en colère et le fait de
parler abondamment. On a donc l’impression que le sens de
langue non-arabe, étrange et peu agréable ne s’impose pas
avant le e siècle. Faut-il y voir une réaction à la volonté
Conquêtes et contextes
5 Après la prise d’Alexandrie en 641, les généraux arabes
poussent leurs raids en direction de l’ouest, arrivant ainsi dans la
Cyrénaïque et la Tripolitaine quelques années plus tard. Après
un quart de siècle, ʻUqba b. Nāfiʻ al‑Fihrī commande le premier
grand corps expéditionnaire, défait les Byzantins 11 , puis fonde
Kairouan (Qayrawān) en 670. En Ifrīqiya le nouvel empire
Omeyyade (661-750) poursuit alors une politique expansionniste
tout en faisant face à une résistance plus ou moins organisée
des élites des villes et des campagnes 12 . Les forces
omeyyades affrontent de multiples groupes « locaux » en s’alliant
avec les uns et en combattant d’autres. Au fil des batailles, elles
réussissent à l’emporter, puis à imposer une nouvelle donne
politique. Après l’élimination de la scène politique des appuis des
Byzantins, le nouvel ordre omeyyade s’impose autour de l’armée
impériale. Mais l’affirmation de ce pouvoir, ainsi que son
expansion vers l’ouest, prennent du temps. Ce n’est que
cinquante ans après la fondation de Kairouan que les
Omeyyades établissent une présence militaire à travers le
Maghreb et al‑Andalus. La conquête de l’Ibérie démontre
l’importance des forces africaines au sein de l’armée omeyyade
et leur soutien militaire à l’établissement du nouvel ordre impérial
13 .
processus.
29 Les auteurs des futūḥ imaginent les Berbères du Maghreb
comme ils imaginent les Arabes : une multitude de fédérations
tribales, tribus et clans, tous liés par une généalogie commune
38 . La généalogie arabe est déjà très développée et se
Enjeux
33 La notion de berbérisation nous permet d’attirer l’attention sur les
mécanismes qui permirent aux auteurs arabes de peupler le
Maghreb préislamique de Berbères. Elle met en contraste leurs
stratégies narratives et leurs procédés intellectuels avec les
particularités de leur imaginaire. Elle nous renseigne beaucoup
également sur l’émergence de la catégorie et souligne les
difficultés techniques auxquelles nous sommes confrontés. Ceci
dit, puisqu’il faut aussi expliquer pourquoi l’étude du phénomène
de la berbérisation a été ignorée aussi longtemps, nous devons
revenir au problème de la traduction, qui illustre bien la situation
actuelle et les possibilités à venir.
34 Reprenons donc un passage d’Ibn al‑Kalbī (m. 819/820) cité plus
haut :
و أﻗﺎم ﻣن ﺣﻣﯾر ﻓﻲ اﻟﺑرﺑر ﺻﻧﮭﺎﺟﺔ و ﻛﺗﺎﻣﺔ اﺑﻧﻲ اﻟﺳور ﺑن اﻟﺳﻌﯾد ﺑن ﺟﺎﺑر ﺑن اﻟﺳﻌﯾد ﺑن ﻗﯾس ﺑن
.ﺻﯾﻔﻲ ﻓﮭم اﻟﻰ اﻟﯾوم
et que nous traduisons de la manière suivante :
De Ḥimyar s’installèrent parmi les Berbères Ṣanhāğa et Kutāma les
deux descendants d’al‑Sūr b. al‑Saʻīd b. Ğābir b. al‑Saʻīd b. Qays
b. Ṣayfī et ils y restèrent jusqu’à ce jour 48 .
35 Dans son indispensable article sur « le mythe d’origine berbère »,
Maya Shatzmiller traduit ce même passage ainsi :
Les tribus des Ketama et des Sanhadja n’appartiennent pas à la race
berbère : ce sont des branches de la population yéménite qu’Ifricos
Ibn Saifi établit en Ifrikia avec les troupes qu’il y laissa pour garder le
pays 49 .
36 À travers ses nombreux ouvrages et articles, Maya Shatzmiller a
contribué immensément à l’historicisation des représentations sur
les Berbères. Allant au-delà des textes, à la recherche d’une
explication historique de ces mythes, et donc des conditions de
leur production, elle ouvrit ainsi la voie à l’étude de la
berbérisation. Il est donc surprenant de la voir invoquer la notion
de race alors même que rien dans l’original ne l’y oblige : le mot
« race » est simplement inventé. On peut donc se demander
comment il lui arrive d’aller au-delà du texte de cette manière…
Dans sa note explicative, Maya Shatzmiller renvoie le lecteur non
pas au texte d’Ibn al‑Kalbī mais à un des textes fondateurs du
savoir colonial sur les Berbères : la traduction abrégée du Kitāb
al‑ʻibar d’Ibn Ḫaldūn (m. 1406) faite par William McGuckin, baron
de Slane (1801-1878) 50 .
37 Si le mot existait dans l’original, on pourrait penser que le baron
de Slane eut recours au mot « race » après avoir cherché une
solution à la richesse de la langue arabe : après tribu et nation, il
y a race. Ce choix aurait été tout à fait logique au milieu du
e siècle. Quant à Ibn Ḫaldūn, il reprend Ibn al‑Kalbī et donne
39 Et plus loin :
Ainsi classifiés, on leur donna un nom, et donc pour la première fois,
on les identifia comme une nation, un peuple, une race 57 .
Notre critique nous permet de mieux comprendre pourquoi on n’a
jamais envisagé d’étudier la berbérisation mais seulement
l’arabisation et l’islamisation des Berbères… 58 .
40 Faut-il imaginer l’histoire des Berbères au singulier ? Jusqu’à
présent la réponse a été affirmative, ce qui a contribué à occulter
totalement l’historicité de la question. Selon Michael Brett et
Elizabeth Fentress, le problème est que les historiens ont, dans
le passé, délesté les Berbères de leur rôle de protagonistes de
leur propre histoire 59 . Plus récemment, les historiens ont tenté
de corriger cette apparente injustice et de recentrer l’histoire sur
un peuple qui, pour reprendre l’ouvrage de Gabriel Camps, a été
aux marges de l’histoire. Mais comme le dit si bien ce dernier,
l’Histoire a horreur des simplifications, surtout lorsqu’elles sont
abusives et prêtent aux siècles passés des conceptions politiques
actuelles 60 .
41 On ne saurait si bien dire…
NOTES
1. Il n’est pas du tout sûr que les deux notions aient au départ
correspondu au sens qu’on leur donne aujourd’hui.
2. « When the Arab Conquests began the whole of North Africa
was Berber country » (N , 1982, p. 1).
3. « The term [Berber] is first recorded in Arab authors » (B ,
F , 1996, p. 5 n. 5).
4. « Par respect des sources, et pour éviter tout anachronisme et
toutes les ambiguïtés idéologiques du mot “Berbères”, nous
parlerons donc surtout ici de “Maures”. Mais, comme on le verra,
des raisons stylistiques évidentes font que nous n’avons pu éviter
“Berbères” dans certaines phrases. » (M , 2003b, p. 11
n. 36).
5. « The least unsatisfactory solution seems to be to use the term
“Berber” in the broader sense of those groups who were
perceived to be indigenous North Africans, both in antiquity and
in the middle ages, as well as anyone who is still perceived that
way today. » (B ,F ,, 1996, p. 5).
6. Voir S , 1983a.
7. Voir « Marāqiya » dans Y -Ḥ , Muʻğam al-buldān,
t. V, p. 93.
8. Voir « Barqa » dans ibid., t. I, pp. 387-388.
9. Voir « al-Sūs » dans ibid., t. III, pp. 280-281.
10. I ʻA -Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, éd. par T ,
2002, p. 170. L’origine orientale des Carthaginois a laissé son
empreinte sur l’imaginaire des auteurs comme Procope.
11. En général, les discussions sur l’orientalisation du nord-ouest
de l’Afrique ne concernent pas la domination Byzantine ou la
christianisation.
12. Pour une chronologie des batailles et une discussion des
enjeux historiographiques, voir l’excellent ouvrage de K ,
2010. Voir aussi C , 2012.
13. Pour les enjeux de la différence entre l’ordre politique en
Andalousie et au Maghreb, voir R , 2010.
14. Sur la formation et l’organisation de l’Ifrīqiya voir D , 1973
et 1967-1968. Voir aussi C , 1986 ; F , 2013.
15. Pour une discussion intelligente des défis auxquels sont
confrontés les historiens, voir P , 2011b.
16. La quatrième fitna entre les frères al-Amīn et al-Ma’mūn dura
de 809 à 827.
17. Voir, par exemple, P , 2011. L’idée que ces
positionnements doivent être vus comme étant « maghrébins »
tend à constituer le Maghreb comme unité d’analyse et par
implication les Berbères aussi. De même, la représentation d’un
« monde islamique » constitué par le couple Maghreb‑Mashreq
tend à autoriser la constitution du Mashreq et du Maghreb
comme unités d’analyse.
18. Bien que faisant partie de l’Occident, les sources andalouses
précèdent aussi les sources maghrébines. Pour les contributions
de l’historiographie espagnole, voir D F , 2009. Voir aussi,
M -G , 1992 et B , 2011.
19. Voir sur ce sujet H , 2007.
20. Il faut tenir compte du fait que tous ceux qui se disaient
Yéménites au Maghreb n’avaient pas immigré directement du
Yémen mais que certains étaient des Yéménites de Syrie.
21. Voir par exemple M , 1976.
22. Voir R , 2010, pp. 102-105. La notion de « révolte
Berbère » est ensuite reprise par les auteurs maghrébins.
23. I S , Kitāb Ibn Sallām, éd. par S et
I Y ʻ , 1986.
24.S ḥ , al-Mudawwana, t. X, p. 141. Le contrat serait caduc
si l’acheteur doutait du statut de l’esclave berbère, étant donné
les pratiques d’enlèvement de femmes libres. Selon les sources
et notamment les chroniques cette pratique fut à l’origine de la
révolte berbère un siècle auparavant.
25. Scribe ou simplement qui sait écrire en arabe.
26. S ḥ , al-Mudawwana, t. IX, pp. 3-4.
27. A -M ʻ , Murūğ al-ḏahab, t. I, p. 60. Dans le même
volume, al-Masʻūdī exprime une opinion assez intéressante
quand il avance que « dans le quatrième iqlīm se trouvent
l’Égypte, l’Ifrīqiya, les Berbères (al‑barbar), al‑Andalus, et [les
contrées qui se trouvent] entre eux » (ibid., p. 88).
28. Coran, XLIX, 13, trad. de l’auteur de cet article.
29. A -Ṭ , Tafsīr al-Ṭabarī, éd. par -M , t. XXI, p. 383.
30. Ibid. Voir aussi, -M ḫ , Tafsīr Muğāhid, t. II, pp. 605-
609.
31.M B. S -B ḫ , Tafsīr Muqātil, t. III, p. 264.
32. « A dispute over the nature of shuʻūb constituted one of the
most fundamental issues dividing the shuʻūbīs and their
opponents, an issue that has somehow gone unnoticed by
modern historians. » (M , 1976, p. 165).
33.A -M ḥ , Tafsīr al-Ğalālayn, p. 687.
34.I -K , Nasab maʻadd wa al-Yaman, éd. par Ḥ ,
1988, t. II, p. 548. Avons-nous affaire ici à un substrat de
traditions yéménites sur la Berberia de la mer Rouge ? Voir
A , 1997.
35. Les migrations vers le Maghreb et à l’intérieur de celui-ci sont
difficiles à cerner pour cette époque. Il faut donc se rappeler que
« local » est une notion relative et imprécise.
36.Qawm peut aussi être traduit par « peuple », « gens » ou
même « nation ». Pour une meilleure discussion qu’il est possible
d’en donner ici, voir l’étude philologique de F , 1991.
37.A -Y ʻ , Kitāb al-buldān, éd. par J , 1861, p. 132.
38. Les études sur l’émergence des Arabes sont trop
nombreuses et nous ne pourrions en faire ici une synthèse. Pour
un sens de la diversité des approches et des interprétations voir,
par exemple, B , 1975 ; H , 2001 ; R , 2003.
39. Voir B S ,D F (éd.), 2014.
40. Le récit d’Ibn Ḥabīb (mort en 852 ou 853) est plus ancien
mais, étant beaucoup moins riche en informations sur les
conquêtes du Maghreb, les historiens lui ont préféré celui d’Ibn
ʻAbd al‑Ḥakam.
41.I ʻA -Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, éd. par T ,
2002, p. 8. Cette généalogie provient certainement d’un matériau
ancien spécifique aux « Berbères » de la région de Berbera
(Somalie actuelle). Voir R , 2011.
42.I ʻA -Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, éd. par T ,
2002, p. 170. Si la filiation biblique patriarcale est reconnaissable,
la filiation « royale » renvoie à une autre tradition (logique) plus
proche de celle des Persans.
43. Maya Shatzmiller a proposé que « dans l’ensemble il s’agit
de trois filiations : la première, qui est la plus fréquente, proclame
les Berbères originaires de Palestine […]. La deuxième voit les
Berbères comme des descendants de Cham fils de Noé, nés au
Maghreb après l’exil de celui-ci. La troisième accorde à plusieurs
tribus berbères une origine himyarite sud-arabique. »
(S , 1983a, p. 147).
44. Ces dernières formulations expriment un imaginaire moderne
avec ce qu’il en découle comme traduction de langues
européennes.
45.I ʻA -Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, éd. de T ,
p. 200.
46. À ce sujet voir H , 2001.
47. Le caractère légendaire n’exclut pas l’inclusion de faits
historiques.
48.I -K , Nasab maʻadd wa al-Yaman, éd. par Ḥ ,
1988, t. II, p. 548.
49.S , 1983a, p. 147.
50.H , 2003.
51.I Ḫ , Kitāb al-ʻibar, éd. Le Caire, 1862, t. VI, p. 148.
52.Ibid., p. 12.
53. Voir D , 2004.
54.C , 1980, pp. 119-120.
55.M , 2003b, p. 695.
56.B ,F , 1996, p. 81.
57.Ibid., p. 83.
58. Sans parler de la romanisation et de la christianisation des
Berbères.
59. B ,F , 1996, p. 7.
60.C , 1980, p. 18.
AUTEUR
RAMZI ROUIGHI
University of Southern California
II. – Résistances et contre-discours
Approches historiographiques
du discours de la résistance
berbère
Soléna Cheny
NOTES
1.I ʿA ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, p. 71 ; ‑M , Riyāḍ al‑nufūs, trad. de I , 1969,
p. 139 ; ‑B , Kitāb al‑masālik wa l‑mamālik, trad. de M
G S , 1859, p. 174 ; I ‑Aṯ , Kitāb al-kāmil fī
l‑ta’rīḫ, trad. de F , p. 371 ; I Ḫ , Kitāb al‑ʻibar, trad.
de M G S , 1925-1934, t. I, p. 288 ; ‑N ,
Nihāyat al‑‘arab, trad. de M G S , pp. 129-130 ;
I ‘A ‑Ḥ , Kitāb al‑ansāb, trad. de L -P ,
1954, p. 39 ; I A D ‑Q , Kitāb al‑mu’nis, trad.
de P R et R , p. 49.
2.I ʿA ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, p. 75 ; ‑M , Riyāḍ al‑nufūs, trad. de I , 1969,
p. 140 ; I ‑Aṯ , Kitāb al-kāmil fī l-ta’rīḫ, trad. de F ,
p. 372 ; I ‘Iḏ ‑M , Kitāb al‑bayān al‑muġrib, trad.
de F , 1901-1904, vol. 1, p. 19 ; I Ḫ , Kitāb al‑ʻibar,
trad. de M G S , t. I, p. 289 ; ‑N , Nihāyat
al‑‘arab, trad. de M G S , pp. 130-131 ; I ‘A
‑Ḥ , Kitāb al‑ansāb, trad. de L -P , 1954, p. 39 ;
I A D ‑Q , Kitāb al‑mu’nis, trad. de
P R et R , p. 49.
3.I ʿA ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, p. 77 ; ‑B ḏ , Kitāb futūḥ al‑buldān, trad. de H ,
1966, p. 360 ; ‑M , Riyāḍ al‑nufūs, trad. de I , 1969,
p. 144 ; I ‑Aṯ , Kitāb al‑kāmil fī l-ta’rīḫ, trad. de F ,
p. 377 ; ‑B , Kitāb al‑masālik wa l‑mamālik, trad. de M
G S , 1859, p. 22 ; ‑T , Riḥla, trad. de
R , août-septembre 1852, p. 120 ; I ‘Iḏ
‑M , Kitāb al‑bayān al‑muġrib, trad. de F , 1901-
1904, vol. 1, p. 26 ; I Ḫ , Kitāb al‑ʻibar, trad. de M
G S , 1925-1934, t. I, pp. 213-214 ; ‑N ,
Nihāyat al‑‘arab, trad. de M G S , p. 558 ; I
‘A ‑Ḥ , Kitāb al‑ansāb, trad. de L -P , 1954,
p. 40 ; I A D ‑Q , Kitāb al‑mu’nis, trad. de
P R et R , pp. 25 et 53 ; É
N , Chronographie, trad. de D , p. 95.
4.I ‘A ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, p. 39 ; ‑B ḏ , Kitāb futūḥ al‑buldān, trad. de H ,
1966, p. 355 ; ‑B , Kitāb al‑masālik wa l‑mamālik, trad. de
M G S , 1859, p. 24 ; I ‑Aṯ , Kitāb al-kāmil fī
l‑ta’rīḫ, trad. de F , pp. 354-355 ; ‑T , Riḥla, trad. de
R , février-mars 1853, pp. 138-139.
5.I ‘A ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, p. 43 ; ‑B ḏ , Kitāb futūḥ al‑buldān, trad. de H ,
1966, p. 357 ; ‑M , Riyāḍ al‑nufūs, trad. de I , 1969,
p. 128 ; I ‑Aṯ , Kitāb al-kāmil fī l‑ta’rīḫ, trad. de F ,
pp. 358-359 ; I ‘Iḏ ‑M , Kitāb al‑bayān al‑muġrib,
trad. de F , 1901-1904, vol. 1, pp. 6-7 ; I Ḫ , Kitāb
al‑ʻibar, trad. de M G S , 1925-1934, t. I, p. 209 ;
t. III, p. 192 ; ‑N , Nihāyat al‑‘arab, trad. de M G
S , pp. 103-108 ; I ‘A ‑Ḥ , Kitāb al‑ansāb, trad.
de L -P , 1954, pp. 36-37 ; I A D
‑Q , Kitāb al‑mu’nis, trad. de P R
et R , p. 38 ; T C , The Chronicle,
trad. de M et S , p. 478 ; M S , Chronique,
trad. de C , pp. 440-441 ; A M , Kitāb
al‑‘Unwān, p. 479.
6.I ʿA ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, p. 59 ; I ‑Aṯ , Kitāb al-kāmil fī l‑ta’rīḫ, trad. de
F , p. 362 ; ‑B , Kitāb al‑masālik wa l‑mamālik, trad.
de M G S , 1859, pp. 79-80 ; ‑M , Riyāḍ
al‑nufūs, trad. de I , 1969, p. 134 ; I ‘Iḏ ‑M ,
Kitāb al‑bayān al‑muġrib, trad. de F , 1901-1904, vol. 1,
p. 10 ; I Ḫ , Kitāb al‑ʻibar, trad. de M G
S , 1925-1934, t. I, p. 211 ; ‑N , Nihāyat al‑‘arab,
trad. de M G S , pp. 114-115 ; I A D
‑Q , Kitāb al‑mu’nis, trad. de P R
et R , p. 40.
7.A ‑M , Riyāḍ al‑nufūs, trad. de I , 1969, pp. 136-138 ;
I ‑Aṯ , Kitāb al-kāmil fī l‑ta’rīḫ, trad. de F , pp. 368-
369 ; I Ḫ , Kitāb al‑ʻibar, trad. de M G S ,
1925-1934, t. I, pp. 211-212 et 286-288, t. II, p. 161, t. III,
pp. 192-193 ; ‑N , Nihāyat al‑‘arab, trad. de M G
S , pp. 122-127 ; I ‘A ‑Ḥ , Kitāb al‑ansāb, trad.
de L -P , 1954, pp. 38-39 ; I A D
‑Q , Kitāb al‑mu’nis, trad. de P R
et R , pp. 44-47.
8.I ʿA ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, pp. 75-77 ; ‑M , Riyāḍ al‑nufūs, trad. de I , 1969,
pp. 141-142 ; I ‑Aṯ , Kitāb al-kāmil fī l‑ta’rīḫ, trad. de
F , pp. 372-373 ; I ‘Iḏ ‑M , Kitāb al‑bayān
al‑muġrib, trad. de F , 1901-1904, vol. 1, pp. 19-21 ; I
Ḫ , Kitāb al‑ʻibar, trad. de M G S , 1925-
1934, t. I, pp. 212-213 et 289-290 ; ‑N , Nihāyat al‑‘arab,
trad. de M G S , p. 132 ; I ‘A ‑Ḥ ,
Kitāb al‑ansāb, trad. de L -P , 1954, pp. 39-40 ; I
A D ‑Q , Kitāb al‑mu’nis, trad. de P
R et R , p. 50.
9.A ‑B , Kitāb al‑masālik wa l‑mamālik, trad. de M G
S , 1859, pp. 91-96 (concerne la résistance des Rūm-s) ;
I A D ‑Q , Kitāb al‑mu’nis, trad. de
P R et R , pp. 12-13 et 25 (concerne
la résistance de populations chrétiennes. La version d’Ibn Abī
Dīnār étant très proche de celle d’al‑Bakrī, je ne pense pas qu’il
s’agisse de Berbères chrétiens mais bien de Rūm-s).
10.A ‑M , Riyāḍ al‑nufūs, trad. de I , 1969, p. 146 ; I
‑Aṯ , Kitāb al-kāmil fī l‑ta’rīḫ, trad. de F , p. 376 ; I
‘Iḏ ‑M , Kitāb al‑bayān al‑muġrib, trad. de F ,
1901-1904, vol. 1, p. 25 ; ‑N , Nihāyat al‑‘arab, trad. de
M G S , p. 339 ; I A D ‑Q ,
Kitāb al‑mu’nis, trad. de P R et R ,
p. 53.
11.I ʿA ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, p. 79 ; ‑M , Riyāḍ al‑nufūs, trad. de I , 1969,
p. 143 ; ‑B , Kitāb al‑masālik wa l‑mamālik, trad. de M
G S , 1859, p. 139 ; ‑T , Riḥla, trad. de
R , août-septembre 1852, p. 121 ; I ‑Aṯ , Kitāb al-
kāmil fī l‑ta’rīḫ, trad. de F , p. 378 ; I ‘Iḏ
‑M , Kitāb al‑bayān al‑muġrib, trad. de F , 1901-
1904, vol. 1, p. 29 ; I Ḫ , Kitāb al‑ʻibar, trad. de M
G S , 1925-1934, t. I, p. 214 ; ‑N , Nihāyat
al‑‘arab, trad. de M G S , p. 560 ; I ‘A
‑Ḥ , Kitāb al‑ansāb, trad. de L -P , 1954, p. 41 ;
I A D ‑Q , Kitāb al‑mu’nis, trad. de
P R et R , pp. 54-55 ; É N
, Chronographie, trad. de D , p. 97.
12.A ‑M , Riyāḍ al‑nufūs, trad. de I , 1969, pp. 146-147 ;
I ‘Iḏ ‑M , Kitāb al‑bayān al‑muġrib, trad. de
F , 1901-1904, vol. 1, p. 32.
13.A ‑B , Kitāb al‑masālik wa l‑mamālik, trad. de M
G S , 1859, p. 267 ; I Ḫ , Kitāb al‑ʻibar, trad.
de M G S , 1925-1934, t. I, p. 206.
14.I ʿA ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, p. 39 ; I ‑Aṯ , Kitāb al-kāmil fī l‑ta’rīḫ, trad. de
F , p. 355 ; ‑T , Riḥla, trad. de R , février-
mars 1853, pp. 125-126.
15.I ʿA ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, p. 71.
16.I ʿA ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, pp. 43-45 ; ‑B ḏ , Kitāb futūḥ al‑buldān, trad. de
H , 1966, p. 357 ; A ‑Ṭ , Ta’rīḫ al‑rusul wa l‑mulūk, trad.
de Z , 2001, vol. 1, p. 285 ; M , 1935-1945, p. 89 ;
‑M , Riyāḍ al‑nufūs, trad. de I , 1969, pp. 128-129 et
132 ; I ‑Aṯ , Kitāb al-kāmil fī l‑ta’rīḫ, trad. de F ,
p. 360 ; I ‘Iḏ ‑M , Kitāb al‑bayān al‑muġrib, trad.
de F , 1901-1904, vol. 1, p. 8 ; ‑T , Riḥla, trad. de
R , août-septembre 1852, pp. 122-123 ; I Ḫ ,
Kitāb al‑ʻibar, trad. de M G S , 1925-1934, t. I,
p. 210 ; A ‑N , Nihāyat al‑‘arab, trad. de M G
S , pp. 109-110 ; I ‘A ‑Ḥ , Kitāb al‑ansāb, trad. de
L -P , 1954, p. 37 ; I A D ‑Q ,
Kitāb al‑mu’nis, trad. de P R et R ,
p. 38 ; T C , The Chronicle, trad. de
M et S , p. 478.
17.A ‑M , Riyāḍ al‑nufūs, trad. de I , 1969, p. 136.
18.I ʿA ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, pp. 89-91 ; I ‑Aṯ , Kitāb al‑kāmil fī l-ta’rīḫ, trad. de
F , pp. 369-369 ; I ‘Iḏ ‑M , Kitāb al‑bayān
al‑muġrib, trad. de F , 1901-1904, vol. 1, p. 293 ; I
Ḫ , Kitāb al‑ʻibar, trad. de M G S , 1925-
1934, t. I, pp. 212 et 287, t. II, p. 136 ; ‑N , Nihāyat
al‑‘arab, trad. de M G S , p. 124 ; I ‘A
‑Ḥ , Kitāb al‑ansāb, trad. de L -P , 1954, p. 38.
19.A ‑M , Riyāḍ al‑nufūs, trad. de I , 1969, p. 145 ; I
‑Aṯ , Kitāb al-kāmil fī l‑ta’rīḫ, trad. de F , p. 378 ; I
‘Iḏ ‑M , Kitāb al‑bayān al‑muġrib, trad. de F ,
1901-1904, vol. 1, p. 29 ; I Ḫ , Kitāb al‑ʻibar, trad. de M
G S , 1925-1934, t. I, p. 214.
20.I ʿA ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, pp. 35-37 ; ‑B ḏ , Kitāb futūḥ al‑buldān, trad. de
H , 1966, p. 352 ; ‑B , Kitāb al‑masālik wa l‑mamālik,
trad. de M G S , 1859, pp. 11-12 ; I ‑Aṯ ,
Kitāb al-kāmil fī l‑ta’rīḫ, trad. de F , p. 354 ; I ‘Iḏ
‑M , Kitāb al‑bayān al‑muġrib, trad. de F , 1901-
1904, vol. 1, p. 2 ; I ‑F ‑H ḏ , Muḫtaṣar kitāb
al‑buldān, trad. de M , 1973, p. 97.
21.I ʿA ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, p. 37 ; ‑B ḏ , Kitāb futūḥ al‑buldān, trad. de H ,
1966, p. 353 ; ‑B , Kitāb al‑masālik wa l‑mamālik, trad. de
M G S , 1859, pp. 28-29.
22.I ʿA ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, p. 43 ; ‑B ḏ , Kitāb futūḥ al‑buldān, trad. de H ,
1966, p. 356 ; M , 1935-1945, pp. 86 et 88 ; ‑M , Riyāḍ
al‑nufūs, trad. de I , 1969, pp. 127 et 128 ; I ‘Iḏ
‑M , Kitāb al‑bayān al‑muġrib, trad. de F , 1901-
1904, vol. 1, pp. 4 et 8 ; ‑N , Nihāyat al‑‘arab, trad. de
M G S , p. 109.
23.A ‑M , Riyāḍ al‑nufūs, trad. de I , 1969, p. 129 ; I
‑Aṯ , Kitāb al-kāmil fī l‑ta’rīḫ, trad. de F , p. 360 ; I
‘Iḏ ‑M , Kitāb al‑bayān al‑muġrib, trad. de F ,
1901-1904, vol. 1, p. 8 ; ‑N , Nihāyat al‑‘arab, trad. de
M G S , p. 109.
24.I ‘A ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, p. 61 ; ‑B ḏ , Kitāb futūḥ al‑buldān, trad. de H ,
1966, p. 357 (sous Mu'āwiya b. Ḥudayğ) ; ‑B , Kitāb
al‑masālik wa l‑mamālik, trad. de M G S , 1859,
p. 323 (sous Mūsā b. Nuṣayr) ; I ‑Aṯ , Kitāb al-kāmil fī
l‑ta’rīḫ, trad. de F , p. 381 ; ‑N , Nihāyat al‑‘arab,
trad. de M G S , p. 563 (sous Mūsā b. Nuṣayr) ;
I A D ‑Q , Kitāb al‑mu’nis, trad. de
P R et R , pp. 56-57.
25.I ‘A ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, p. 57 ; ‑B ḏ , Kitāb futūḥ al‑buldān, trad. de H ,
1966, p. 358 ; ‑M , Riyāḍ al‑nufūs, trad. de I , 1969,
p. 135.
26.A ‑B , Kitāb al‑masālik wa l‑mamālik, trad. de M
G S , 1859, pp. 84-85.
27.I ‘A ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, pp. 61-65 ; ‑B , Kitāb al‑masālik wa l‑mamālik, trad.
de M G S , 1859, pp. 34-37.
28.I ‘A ‑Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, trad. de G ,
1948, p. 65 ; ‑M , Riyāḍ al‑nufūs, trad. de I , 1969,
p. 135 ; ‑B , Kitāb al‑masālik wa l‑mamālik, trad. de M
G S , 1859, p. 37 ; I ‘A ‑Ḥ , Kitāb
al‑ansāb, trad. de L -P , 1954, p. 38.
29.A ‑B , Kitāb al‑masālik wa l‑mamālik, trad. de M
G S , 1859, p. 173 ; I A D ‑Q ,
Kitāb al‑mu’nis, trad. de P R et
R , p. 47 (concerne exclusivement la conquête du Sūs, le
reste de l’expédition relève de l’échec de la résistance).
30.A ‑B ḏ , Kitāb futūḥ al‑buldān, trad. de H , 1966,
p. 360 (par Zuhayr b. Qays).
31.I A D ‑Q , Kitāb al‑mu’nis, trad. de
P R et R , pp. 56-57.
32.A ‑B , Kitāb al‑masālik wa l‑mamālik, trad. de M
G S , 1859, p. 267 ; I ‘Iḏ ‑M , Kitāb
al‑bayān al‑muġrib, trad. de F , 1901-1904, vol. 1, p. 33 ;
I ‘A ‑Ḥ , Kitāb al‑ansāb, trad. de L -P ,
1954, p. 42.
33.A ‑B , Kitāb al‑masālik wa l‑mamālik, trad. de M
G S , 1859, p. 85.
34.A ‑N , Nihāyat al‑‘arab, trad. de M G
S , p. 122.
35.C , 1977.
36.D , 1998.
37.B , 2011.
38.M , 2012.
39. Thèse que l’on retrouve chez É. Levi-Provençal, A. Gateau et
P. K. Hitti.
AUTEUR
SOLÉNA CHENY
Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne
L’évolution du discours sur les
Berbères dans les sources
narratives du Maghreb médiéval
( e- e siècle)
Allaoua Amara
NOTES
1. Sur le peuplement préhistorique, voir à titre d’exemple H ,
2000, pp. 7-10, qui le décrit de manière controversée.
2. « Dès la plus haute Antiquité, des récits circulaient chez les
mythographes sur les origines des habitants du Nord de l’Afrique,
ceux que nous avons l’habitude de nommer Berbères. Certaines
de ces légendes connurent un succès qui franchit les siècles.
Salluste ( er siècle av. J.-C.) distinguait une première strate de
peuplement constituée par les Gétules et les Libyens. » (C ,
1996, p. 7). Pour le Moyen Âge, voir à titre d’exemple B ,
F , 1996, pp. 116‑119 ; A ‑F , 1992 ; S ,
2000. On peut aussi signaler les travaux s’inscrivant dans des
perspectives historique, linguistique et anthropologique publiés
dans le volume Imazighen del Maghreb entre Occidente y
Oriente, R A (éd.), 1994.
3. Voir à titre d’exemple, C , 2007.
4. S , 2000.
5.V B , 2003.
6.N , 1982.
7.R , 2010 et 2011 ; voir également son article dans ce
volume, pp. 000-000.
8.M’ , 2014 et 2015.
9. Lettre de Qurra b. Šarīk, gouverneur de l’Égypte, aux gens de
Banda, Bardiyyāt Qurra b. Šarīk, éd. par A Ṣ , 2004, p.
211.
10.I Q , al-Imāma, pp. 288 et 292-308.
11.Ḫ B. Ḫ ṭ, Tārīḫ, pp. 138 et 175.
12.Ibid., pp. 175 et 183.
13.Ibid., p. 207.
14.Ibid., pp. 231 et 257.
15.A -B ḏ , Kitāb futūḥ al‑buldān, Beyrouth, 2000, pp. 222-
223 et 227.
16. Selon ces mêmes traditions, le nom de l’Ifrīqiya aurait deux
origines ; le pays perfide (mufarraq), car ces habitants auraient
trahi le gouverneur byzantin. La seconde origine aurait été tirée
du personnage mythique préislamique, Ifrīqaš b. Qays b. Sayfī
al-Ḥimyarī (ibid., p. 227).
17.Ibid.
18. « En cette année (153/770) fut tué ‘Umar b. Ḥafṣ b. ‘Uṯmān b.
Abī Ṣufra en Ifrīqiya par l’ibādite Abū Ḥātim, Abū ‘Ād et les
Berbères qui étaient avec eux » ( -Ṭ , Tārīḫ al-umam,
Beyrouth, 2003, vol. 4, pp. 504 et 600).
19. I ‘A -Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, éd. par I
‘U , 1995, p. 212.
20.Ibid., pp. 220-229.
21.Ibid., pp. 242-253.
22. Sur la division des Berbères en Butr et Barānis et sa relation
avec les modes de vie, voir B , 1981 ; M , 2003b,
pp. 711‑742.
23. Voir K , 2006, pp. 16-17.
24.A -‘A , Ṭabaqāt, trad. de B C , 2009, p. 2.
25. « Il y a une des portes du Paradis que l’on appelle al-
Monastir : on y entre par la faveur de la miséricorde de Dieu et
on sort par l’effet de son pardon » (ibid., p. 5).
26.Ibid., p. 18.
27.Ibid., pp. 34-35.
28.M .A , al-Muwaṭṭa’, p. 187.
29.I A Z -Q , Fatāwā, éd. par L ḥ , 2004,
pp. 103-104.
30.I S -L , Kitāb bad’ al-islām, éd. par S
et I Y ‘ , 1985, p. 145.
31.Ibid., p. 146.
32.I -Ṣ , Aḫbār al-a’imma al-rustumiyīn, éd. par N ṣ et
B ḥḥ , 1986, p. 45.
33.I Ḥ , Kitāb ṣūrat al-arḍ, Beyrouth, 1992, pp. 69-97.
Les Berbères sont associés notamment à la rébellion et aux
schismes.
34. Ibid., pp. 97-103.
35. Sur les matériaux linguistiques berbères dans l’ouvrage d’al-
Bakrī et d’al-Idrīsī, voir C , 1983 ; M , 2010-2011.
36.A -B , Kitāb al-Masālik, éd. par Ṭ , 2003, vol. 2, p.
177.
37.Ibid., p. 178.
38.Ibid., p. 189.
39.Ibid., pp. 349-350.
40.Ibid., p. 373.
41. « Les gens dirent, ils sont les descendants de Cham, fis de
Noé, que la bénédiction soit sur lui. D’autres prétendent qu’ils
sont du Yémen et certains disent qu’ils descendent de Barr
b. Qays b. ‘Aylān. Cela est faux » (I Ḥ , Kitāb ǧamharat
ansāb al‑ʻarab, Beyrouth, 2001, p. 495).
42.Ibid., pp. 495-498. Ğāna, chez Ibn Ḫaldūn qui serait
l’équivalent de Zana, dont l’ethnonyme berbère iznātan et ses
transpositions arabes (Zanātan, Banū Zāna, Banū Ğāna) sont
identifiables dans les sources antiques avec l’adaptation de
Dianenses, Odianenses, Zanenses, Auzanenses (voir M’ ,
2015, pp. 463-466).
43.Ibid., p. 498.
44.A -Ṭ , Tārīḫ al-umam, Beyrouth, 2003, vol. 1, p. 261. Cet
auteur reprend les récits rapportés par Ibn al-Kalbī : « Wa aqāma
min Ḥimyar fī-l-Barbar Sanhāğa wa Kutāma, fahum fīhi minā al-
yawm ».
45.Ibid., p. 127.
46.Ibid., p. 129.
47.Ibid., p. 261.
48.Ṣ ‘ -A , Kitāb ṭabaqāt al-umam, p. 38.
49.A -‘A , Da‘āmat al-yaqīn, pp. 37-38 et 46.
50. Voir le texte de Mehdi Ghouirgate dans ce volume, pp. 000-
000.
51. Sur les matériaux linguistiques relatifs à la langue berbère
dans le Da‘āmat al-yaqīn de al-‘Azafī, voir M , 2008.
52.A -‘A , Da‘āmat al-yaqīn, p. 63.
53.A -D , Kitāb ṭabaqāt al‑mašā’iḫ, éd. par Ṭ , 1974,
vol. 2, pp. 312-416.
54. Sur les dénominations et les vestiges de la langue berbère
dans les textes ibadites, voir M , 2016, pp. 297-360 ; O -
B , 2008 ; B , 2017.
55.A -D , Kitāb ṭabaqāt al-mašā’iḫ, éd. par Ṭ , 1974,
vol. 2, p. 408.
56.Kitāb al-istibṣār, éd. par ‘A -Ḥ , 1958, pp. 109 et 155-
156.
57.I ‘Iḏ -M , Kitāb al‑bayān al‑muġrib, éd. par
C et L -P , 1983, vol. 1, pp. 6-25.
58.Ibid., pp. 25-26.
59.Ibid., pp. 48-65.
60. Ğāna b. Yaḥyá b. Sūlāt b. Wartnāğ b. Farā b. Safkū b. Māzīġ.
61. Dans la catégorie des Barānis, on trouve notamment les
Kutāma, les Maṣmūda, les Awraba, les Wazdāğa (I ‘Iḏ -
M , Kitāb al‑bayān al‑muġrib, éd. par C et L -
P , 1983, vol. 1, p. 65).
62.Ibid., p. 300.
63.I ‘A -Ḥ , Kitāb al-ansāb, éd. par Y ‘ , 1996, p. 15.
64. « Le partage du monde entre les trois fils de Noé est une
tradition répandue chez les auteurs médiévaux. Cette tradition
qui s’inspire de la Bible est l’adaptation chrétienne de la
conception cosmographique antique et païenne de la division
tripartie du monde. Dans la filiation de cette tradition figure à
l’origine la chronique d’Hippolytus Portuensis (1re moitié du e
siècle apr. J.-C.) » (C , 2008, p. 3).
65.I ‘A -Ḥ , Kitāb al-ansāb, éd. par Y ‘ , 1996, pp.
19-26.
66. « Les Luwāta s’installèrent à Tanger, les Hawwāra
s’établissent à Tripoli, les Nafūsa à Sabra, les Maġrāwa
s’installèrent dans la Qasṭīliyya, les Zanāta près de l’Aurès et les
Kutāma trouvèrent les territoires de l’Ifrīqiya » (ibid., p. 37).
67. « Il y a deux branches de Berbères : les Berbères qaysītes et
les Berbères burnus. Les Berbères qaysītes sont les fils de Bar
fils de Qays fils de ‘Aylān » (ibid., p. 50).
68.Ibid., p. 76.
69.Kitāb mafāḫir al-barbar, éd. par Y ‘ , 1996, p. 121.
70.Ibid., p. 190.
71. Ibid., p. 239.
72. La présence berbère dans l’ouvrage d’Ibn Ḫaldūn ne se limite
pas à la troisième partie, et elle est aussi très forte dans la
première, intitulée Kitāb al-‘umrān, autrement dit la Muqaddima
(voir S , 1982, p. 87).
73.I Ḫ , Kitāb al-‘ibar, trad. de M G S ,
1969, vol. 1, p. 215.
74.Ibid., pp. 126-137.
75.Ibid., p. 139.
76.Ibid., pp. 125-126.
77.Ibid., p. 149.
78. Évariste Lévi-Provençal a bien montré la continuité du
discours des chorfas. Sur cette question, voir B , 2006.
Sur la légitimation généalogique en Occident musulman à la fin
du Moyen Âge, on se reportera à l’article de B -G ,
2014.
79. A -T , Naẓm al-durr, pp. 109-110.
80.L , 1975, vol. 1, p. 12.
81.D , 1987, p. 243.
82. Sur le peuplement du Maghreb à la veille de la conquête
omeyyade, voir K , 2010, pp. 66-68.
83.M , 2003b, p. 30.
84.Ibid., pp. 468-469.
85. Sur la réapparition des Maures au Maghreb oriental du
e siècle, voir M , 2003a.
86.R , 2010, pp. 97-99.
87.R , 2011, pp. 70-72.
AUTEUR
ALLAOUA AMARA
Université Émir Abdelkader, Constantine
« Dieu ouvrira une nouvelle
porte pour l’islam au Maghreb »
Ibn Sallām ( e/ e siècle) et les hadiths sur les Berbères, entre
Orient et ibadisme maghrébin
Cyrille Aillet
NOTES
1.A , 2015.
2.S , 1983 ; I S , Kitāb Ibn Sallām, éd. par
S et I Y ʻ , 1986.
3.B H , 2015.
4.G , 1966, t. I, p. 144.
5.Ibid., p. 145.
6.M , 1976, p. 162
7.Ibid., p. 181.
8.Ibid., p. 162.
9. Voir par exemple N , 1990 et E , 1997.
10.G , 1962, p. 69.
11.G , 2014a.
12. Helena De Felipe (D F , 2018) s’est également
intéressée à ces hadiths, mais avec un champ de vision plus
large et dans une optique différente de la nôtre. Nos deux
travaux se complètent donc plutôt qu’ils ne se répètent.
13.A Z ’ -W , Kitāb siyar al-a’imma, trad. de
L T , 1960, pp. 106-107 (ici revue et corrigée par
l’auteur de cet article).
14.A , 2015.
15.A -Ṭ , Ta’rīḫ al-rusul wa l-mulūk, éd. par ‑Ğ ḥ,
2008, t. IV, pp. 1512-1516 ; trad. de B , 1989, t. 27,
pp. 112-121.
16.I ʻIḏ -M , Kitāb al-bayān al-muġrib, éd. par
C et L -P , 1983, t. I, p. 70.
17.I Ḥ , Musnad, t. XIV, no 8803, p. 402.
18. Pour ne citer que cet exemple : I ., Kitāb al-sunna, t. II,
p. 622.
19.I Ḥ , Musnad, t. XI, no 7064, p. 636.
20.A -Ṭ , al-Muʻǧam al-kabīr, t. XVII, p. 299 ; A -S ṭ,
al-Āla’ al-maṣnūʻa fī l‑aḥādīṯ, t. I, p. 144.
21.A -Ṭ , al-Muʻǧam al-kabīr, t. XX, p. 332.
22.N ʻ I Ḥ ,Kitābal-fitan, éd. par ‑Ẓ , 1991,
t. I, p. 266.
23.A Z ’ -W , Kitāb siyar al-a’imma, trad. de
L T , 1960, pp. 107-108, ici revue et corrigée par
rapport à ma version anglaise publiée dans A , 2015, p. 78.
24.Aḫbār Mağmūʻa, éd. par ‑A , 1989, pp. 37 et 44.
25.A Z ’ -W , Kitāb siyar al-a’imma, éd. par
A , 1985, p. 169 ; trad. de L T , 1960, p. 348 (la
traduction semble erronée, car Abū Yazīd y est seulement
« couvert de poussière » au lieu d’avoir la tête rasée.
26. Pour d’autres références à la pratique du rasage des
cheveux, voir F , 2015, pp. 19-20.
27.A Z ’ -W , Kitāb siyar al-a’imma, trad. de
L T , 1960, pp. 37-40 ; I ʻIḏ -M , Kitāb
al-bayān al-muġrib, éd. par C et L -P , 1983, t. I,
p. 55.
28.Ibid., p. 26.
29. À ce sujet, voir A , 2011, pp. 69-70.
30.A -B ḏ , Kitāb futūḥ al-buldān, éd. par R ḍ , 1988,
t. I, p. 22.
31.A -Y ʻ , Kitāb al-buldān, éd. par J , 1861, pp. 131-
133 ; trad. de W , 1937, pp. 202-203.
32.I Ḥ , Kitāb ǧamharat ansāb al-arabʻ, éd. par L -
P , 1948, p. 495. Sur la généalogie ḥimyārite, voir
récemment D F , 2014, pp. 59-61.
33.I Ḫ , Kitāb al-ʿibar, trad. de C , 2012, pp. 133-
142.
34. Coran, V, 54, al‑Mā’ida, trad. de M , Paris, Gallimard,
1967, p. 136.
35.Ibid., XLVII, 38, Muḥammad, trad. de M , Paris,
Gallimard, 1967, p. 633.
36.A Z ’ -W , Kitāb siyar al-a’imma, trad. de
L T , 1960, pp. 108-109, ici revue par l’auteur de cet
article.
37. Au e siècle, l’ibadite Hūd b. Muḥakkam al-Hawwārī se
contente pourtant de voir dans les versets en question une
simple menace adressée aux pécheurs (Ḥ I M ḥ
‑H , Tafsīr Kitāb Allāh al-ʻAzīz, t. I, pp. 432-433 ; t. IV,
pp. 144-155).
38.I K ṯ , Tafsīr al-Qur’ān, t. III, pp. 136-137.
39.A -Y ʻ , Kitāb al-buldān, éd. par J , 1861, pp. 141-
143 ; trad. de W , 1937, pp. 215-217.
40.A Z ’ -W , Kitāb siyar al-a’imma, éd. par
A , 1985, p. 56 ; trad. de L T , 1960, p. 109. Notre
traduction comporte quelques modifications.
41.A -M , Tafsīr al-Qur’ān, t. VII, p. 206.
42.A -Ṯ ʻ , al-Kašf wa l-bayān, t. VI, p. 190.
43. Pour ne citer que cette référence, voir I Ḥ , Musnad,
t. VII, p. 23.
44.A -D ǧ , Kitāb ṭabaqāt al-mašā’iḫ, éd. par Ṭ , 1974,
t. I, pp. 15-18.
45.A Z ’ -W , Kitāb siyar al-a’imma, éd. par
A , 1985, pp. 58-60 ; trad. de L T , 1960, pp. 110-
111.
46. Pour toutes les références, voir A , 2011, pp. 68-71.
47.I Ḥ , Kitāb ǧamharat ansāb al-ʿarab, éd. par L -
P , 1948, pp. 511-512.
48.I ‘A -Ḥ , Kitāb al-ansāb, éd. par Y ‘ , 1996,
pp. 74-75 et Kitāb mafāḫir al‑barbar, pp. 237-239.
49. Nous laisserons de côté le Kitāb mafāḫir al-barbar, dont les
divergences textuelles par rapport au Kitāb al-ansāb ne sont pas
essentielles pour notre propos.
50. Il serait inexact de traduire bādiya par la « campagne », car
ce terme s’oppose au monde citadin et sédentaire, dominé et
contrôlé par l’État.
51. Serait-ce le père de Muḥammad b. ʻAlī b. ʻUmar al-Tamīmī al-
Māziġī (m. 536/1141-1142), le grand juriste malikite andalou ?
52.I ‘A -Ḥ , Kitāb al-ansāb, éd. par Y ‘ , 1996,
pp. 74-75. Nous ne reproduisons pas ici le texte arabe, la
traduction suffisant pour rendre les divergences visibles.
AUTEUR
CYRILLE AILLET
Université Lumière Lyon 2 – UMR 5648 – CIHAM – IUF
III. – Langues et généalogies
berbères
Anciens mots, nouvelles
lectures : hybridisme culturel au
Maghreb médiéval
Helena de Felipe
des Berbères »), une œuvre dont le titre ne laisse aucun doute
quant à ses intentions, mentionne cette même figure, plus
résumée. Ici, le Mašriq serait la tête de l’oiseau, le Yémen une
aile, le Šām l’autre aile, l’Irak la poitrine et le Maghreb la queue.
Indépendamment du contexte dans lequel s’inscrit cette figure de
l’oiseau, il semble significatif qu’un Maghrébin présent lors de
cette description ajouta et précisa qu’il s’agissait d’un « paon »,
voulant dire par là que la queue représentait le meilleur de cet
animal 14 .
12 Le premier texte met l’accent sur les Barbar-s en tant que peuple
périphérique par rapport aux centres de l’Islam ; le second
persiste dans la même ligne mais l’adaptation que nous voyons
dans les Mafāḫir est le brillant résultat d’une appropriation de
genres, où l’on utilise le langage géographique arabe et ses
figures rhétoriques pour mettre en valeur la spécificité
maghrébine. Il ne s’agit nullement de refuser l’arabité mais bien
de réaliser une nouvelle lecture d’éléments narratifs déjà
partagés à cette époque-là.
Le langage des traditions
13 Les textes des traditions sont également intéressants pour
analyser les discours croisés entre les deux contextes. Cette
question a déjà fait l’objet d’études de ma part lors d’un autre
travail, mais je tiens à le citer ici parce qu’il contribue à éclairer le
panorama de caractérisation des Berbères du point de vue
oriental 15 . Outre les mentions des Barbar-s dans les collections
canoniques de hadiths, reliées aux impôts ou à la pureté, sans
aucune relation avec ce dont on traite ici, un certain courant de
hadiths apocryphes dessine une image des Barbar-s négative et
stigmatisée. Ce courant, probablement né dans un contexte
égyptien, se réfère aux Barbar-s comme un peuple violent doté
de toute une série d’attributs négatifs. Ces pseudo-traditions sont
présentes dans des ouvrages orientaux tel que celui de Nu‘aym
b. Ḥammād 16 , parmi d’autres, et jusque dans des répertoires
biographiques maghrébins comme ceux de Abū l‑‘Arab 17 ou
al‑Māliki 18 . Mohamed Talbi a déjà signalé l’incidence de la
révolte kharijite de l’an 740 dans la formation de ces textes 19 .
14 Il est donc particulièrement intéressant de souligner l’importance
du patrimoine textuel dans le contexte ibaḍite maghrébin. Dans
certains de ces textes les plus significatifs, d’Ibn Sallām à
al‑Darǧīnī, en passant par Abū Zakariyyāʾ, se trouve un chapitre
consacré aux Faḍāʾil al‑barbar (« Vertus des Berbères ») dont le
titre est explicite 20 . Sous ce titre sont recueillies des traditions
dans lesquelles le rôle des Barbar-s en général, et des Lawāta
en particulier, constitue une des pierres angulaires de l’Islam et
revêt une grande importance dans la défense de la foi. Il faut
mentionner ici certains textes n’apparaissant pas dans les
sources orientales et possédant de ce fait des racines
maghrébines liées aux Berbères. Leur présence dans un ouvrage
tel que le Kitāb mafāḫir al‑barbar 21 nous en confirme l’usage
comme recours pour resituer le Berbère dans l’espace islamique
et pour une caractérisation opposée aux images surgies dans un
contexte oriental.
21 Il est bien connu qu’une partie de ces récits intègrent les Barbar-
s, en tant que descendants de Cham, à travers Canaan ou
directement, à d’autres peuplades africaines, et qu’ils partagent
donc l’héritage généalogique des descendants du fils maudit de
Noé à qui le patriarche annonça que sa descendance serait
esclave des fils de Sem. D’autres récits tracent les lignes
généalogiques rattachant certains groupes berbères à des
personnages ou à des tribus du Yémen, comme dans le cas des
rapports concernant Ḥimyar ou la figure du roi Ifrīqiš, par la suite
utilisés par les Almoravides Ṣanhāǧa 31 . D’autres liens avec
certaines tribus arabes sont ceux qui semblent unir l’Almohade
‘Abd al‑Mu’min et Qays 32 . Au-delà de ces ascendances,
construites dans le cadre des processus de légitimation de la part
des dynasties maghrébines, d’autres légendes font allusion à des
parentés « moins nobles », pour ainsi dire, dans le cadre d’une
lecture arabo-islamique de la généalogie, parentés qui
procédaient pourtant de l’Orient. Toutes ces traditions sont bien
connues, ainsi que leur développement et leur répétition dans
des sources postérieures. Certaines sources maghrébines et
orientales englobent les Berbères dans des trames complexes
que résume l’œuvre de Ibn Ḫaldūn, même si quelques-unes de
ces traditions survivent jusqu’à l’époque coloniale.
NOTES
1. Cette contribution a été réalisée dans le cadre du Programme
I3 (MINECO), le projet de recherche ANR « Maghribadite » (dir.
Cyrille Aillet) et le project « Islam 2.0: marcadores culturales y
marcadores religiosos de sociedades » (MINECO, FFI2014-
54667-R) [IP : Luz Gómez García]. La majeure partie de ce texte
a été traduite par Marie-Geneviève Alquier.
2.E M , 2001, p. 85. Sur ce sujet au Moyen-Âge, M ,
2005.
3. Sur le mot barbar, voir le travail suggestif de R , 2011.
4. Sur les origines des Furs, voir B S , 2014.
5. « Es un intruso el siro-árabe en Marruecos y en España: llegó
aquí, ya en tiempos prehistóricos, y en los históricos con los
fenicios y cartagineses á [sic] Barcelona, Málaga, Cádiz y á [sic]
toda la costa, y después, con los judíos y los árabes, al interior,
fundando ciudades y dominando al ibero por su grado superior
de civilización y cultura. Con estas mismas corrientes se infiltró
en el Moghreb y pobló sus ciudades; pero allí, además, cayó en
bandas de tribus que desde la Arabia cruzaron el Egipto y
tomaron tierra en toda la Berbería, á [sic] la que impusieron su
religión… » (A F , 1903, p. 12).
6. « Estos son los primitivos habitantes de la Mauritania, los
libios » (ibid., p. 10).
7. Voir D F , 2016b.
8. Voir M D , 2003, pp. 228-231.
9.B , 2010, pp. 86-88 et 76-79, respectivement.
10.R , 2011, pp. 71-72.
11.I H , Kitāb al-tiǧan, p. 322.
12.I R , Kitāb al-aʿlāq, p. 97.
13.I ‘A -Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, éd. par T ,
2002, p. 1.
14.Kitāb mafāḫir al-barbar, éd. par Y ‘ , 1996, p. 126.
15.D F , 2018. Sur ce sujet, voir aussi l’article de Cyrille
A dans ce volume, pp. 000-000.
16.N ‘ I Ḥ , Kitāb al-fitan, éd. par Z , pp. 158-
164.
17.A -‘A , Ṭabaqāt, trad. de B C , 1920, p. 210.
18.A -M , Riyāḍ al-nufūs, éd. par ‑B , 1994, t. II, pp.
352-354.
19.T , 1966, p. 19.
20.I S , Kitāb Ibn Sallām, éd. par S et I
Y ʻ , 1986, pp. 121-125; A Z ’ ‑W , Kitāb
siyar al-aʾimma, éd. par ‑‘A , 1979, pp. 33-35 ; ‑D ǧ ,
Kitāb ṭabaqāt al‑mašā’iḫ, éd. par Ṭ , Beyrouth, s. d., I,
pp. 15‑19.
21.Kitāb mafāḫir al-barbar, éd. par Y ‘ , 1996, pp. 237 sqq. et
A , dans ce volume, pp. 000-000.
22. Le Kitāb al-ta’rīḫ et les Barbar-s qui y sont mentionnés, ont
été minutieusement analysés par Ramzi Roughi, surtout par
rapport au terme « barbar », objet de son étude. Voir R ,
2011, pp. 89‑91.
23.I Ḥ , Kitāb al-taʾrīḫ, p. 148 (§. 430).
24. « Mentioning the qualities that make Arabs and Barbar mirror
images, simultaneously similar and different, may have
something to do with politics closer to Ibn Habib’s time »
(R , 2011, pp. 90-91).
25.I Ḥ , Kitāb al-taʾrīḫ, p. 146 (§. 424).
26.I ‘A -Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, éd. par T ,
2002, p. 58.
27.Ibid., p. 26.
28.Ibid., p. 225.
29.Ibid., p. 198. Voir R , 2011.
30. Sur les généalogies, voir B S , D F (éd.),
2014 ; sur les origines des Berbères, D F , 1990.
31.D F , 2014.
32.F , 2003.
33. Sur Goliath et l’origine des Berbères, voir D F , 1990,
pp. 383-385 ; R , 2011, p. 99.
34.I H , Kitāb al-tiǧan, pp. 321-322.
35.I Ḫ ḏ , Kitāb al-masālik wa-l-mamālik, éd. et trad.
de G , texte arabe p. 66 ; trad. p. 91.
36.P C , Historia de las guerras, pp. 245-248.
37.R , 2011, pp. 67-72.
38.V , 1991, p. 417.
39.I -F , Muḫtaṣar kitāb al-buldān, éd. par G , 1967,
p. 83 ; I ‘A -Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, éd. par
T , 2002, p. 170 ; I ‘A ‑B , al‑Qaṣd, p. 26 ; I
Ḫ , Kitāb al‑‘ibar, éd. Beyrouth, s. d., t. VII, p. 4.
40.Kitāb mafāḫir al-barbar, éd. par Y ‘ , 1996, p. 188.
41.Kitāb al-istibṣār, éd. par ‘A -Ḥ , 1985, p. 205.
42.I ‘Iḏ ‑M , Kitāb al-bayān al‑muġrib, éd. par
M ’ et ‘A , t. I, p. 228.
43.H , 2000.
44.C , 1980, pp. 26-27.
45.B , 2010, pp. 105-109.
46. Un état de la question dans D F , 2016a et 2016c.
47.M , 2000, p. 63.
48.D F , 2018.
49. Je remercie Meftaha Ameur, professeure détachée auprès de
l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), pour son aide sur
ce sujet.
50.C , Juánide, p. 47, Livre I (vers 144), n. 22 ; p. 60, Livre
I (vers 480-485) ; p. 69, Livre II (vers 85), n. 65. « Levathai »
dans P C , Historia de las guerras, pp. 307,
310, 314 et 343.
51.L , 1952.
52.F , 1992, pp. 170 et 178.
53.B , 1978, pp. 510-512.
54.I ‘A -Ḥ , Futūḥ Miṣr wa l-Maġrib, éd. par T ,
2002, pp. 201, 205 et 214.
55.A -Iṣṭ ḫ , Kitāb masālik al-mamālik, p. 44.
56.C , 2008, pp. 115-118.
57.I Ḥ , Kitāb ǧamharat ansāb al‑ʻarab, éd. par H , pp.
495-498.
58.B , 1915.
AUTEUR
HELENA DE FELIPE
Universidad de Alcalá
Le monde berbère dans les
sources arabes de l’Orient
médiéval
Motifs afro-asiatiques et visions arabo-musulmanes
Mohamed Meouak
connaissances 108 .
56 Alors est-il possible de soutenir qu’une bonne partie de l’Afrique
était berbère, si l’on se penche sur des faits historico-
linguistiques mis au jour à propos des Berbères du nord et des
Berbères du Sahel ? La réponse à une question aussi complexe
et lourde de conséquences impliquerait selon nous une critique
renouvelée et raisonnée des labels afro-asiatique, afrasien et
chamito-sémitique appliqués au domaine berbère et à la lumière
des nouvelles acquisitions de la recherche mentionnées
antérieurement. Mais il s’agit là d’un autre programme pour une
autre expédition dans le monde berbère. Ce projet devrait en tout
cas tenter de démontrer que, contrairement à ce que nous
raconte une partie de l’historiographie arabo-musulmane, les
Berbères ont bel et bien fait partie de l’histoire africaine.
NOTES
1.O , Kitāb Hurūšiyūš, p. 21.
2. Sur ces questions, voir par exemple les travaux pionniers de
John O. Hunwick, Tadeusz Lewicki, Paulo F. de Moraes Farias,
Knut S. Vikør et Lameen Souag.
3. Voir les observations de M , 2006, pp. 55-58.
4. Par exemple, voir M , 2008, passim.
5.S , 1999, pp. 224-228 ; G , 2014a, pp. 80-90.
6. Consulter G , 1980, pp. 329-332, tout en sachant
que c’est dans une série d’articles publiés dans les années 1950
que le linguiste élabora ses premières théories sur les langues
afro-asiatiques.
7. Sur l’afro-asiatique, voir G , 2012, pp. 41-64.
8. Sur le développement antérieur, voir par exemple P ,
1998, pp. 51-53 ainsi que G , 2012, pp. 41-45, à propos des
problèmes de définition et de classification des langues afro-
asiatiques.
9.B H ,D , 2003, pp. 80-96.
10. Voir C , 2012, pp. 101-103, et G , 2012, pp. 135-
145.
11.C , 2012, p. 113, affirme que « Les formes médiévales
les plus anciennes du berbère accessibles — ce ne sont souvent
que des bribes (El-Bekri, documents almohades, ibadites…) —
sont quasiment du “berbère contemporainˮ, bien qu’elles soient
âgées pour certaines de près d’un millénaire ».
12. En guise d’entrée en matière, voir B , 2007, pp. 11-19,
G , 2010, pp. 1-40, K , 2013, pp. 16-25 et G ,
2012, pp. 146-162.
13.R , 1995, p. 231.
14.Ibid. Sur ces questions vastes et complexes, il existe une
abondante bibliographie ; voir par exemple le volume
monographique de la revue Ethnologie française, 1995, consacré
au « Motif en sciences humaines » et notamment les textes de
C , 1995, C , 1995 et V , 1995.
15. Voir un exemple de ce topos chez -Ṭ , Ta’rīḫ al‑rusul
wa l‑mulūk, éd. Beyrouth, 1992, t. I, p. 129 « qāla : wa-aqāma
min Ḥimyar fī l-Barbar Ṣanhāǧa wa-Kutāma, wa-hum fīhim ilā l-
Yamān ».
16.A -Y ‘ , Kitāb al-buldān, éd. par G , 1892, p. 345.
17.D ,F , 1981, p. 23 ; G , 1913-1928, t. VII, p. 7.
18. Dans la mesure où les renseignements seraient disponibles,
une autre piste à sonder, avec toutes les précautions d’usage,
serait celle de l’hypothétique relation entre l’ethno-toponyme
Africa et le terme berbère tafarka, « terre », « propriété
terrienne », donnant l’adjectif afarkiw, « celui qui vit sur cette
terre ».
19. Sur les Afri des sources anciennes, voir V , 1975 et
1985 ; M , 2003b, pp. 57, 305, 334, 350, 446, 448, 517 et
519-520.
20. Flavius Josèphe cité dans G , 1913-1928, t. II, p. 247,
t. VII, pp. 1-8.
21.I Ḫ , Kitāb al-ʻibar, éd. par Š ḥ , t. II, pp. 58 et 65,
sur Ifrīquš b. Abrāha, et l’étude détaillée de C , 2006,
passim.
22. Pour de plus amples détails sur les thèmes abordés dans les
trois sous-parties suivantes, voir M , 2013, pp. 62-64.
23.G , 1913-1928, t. IV, pp. 257-258 et t. VII, pp. 1-8.
24. Exemple tiré du Corpus Inscriptionum Latinum cité dans
G , 1913-1928, t. VI, pp. 136 et 167, t. VII, pp. 2-5. Sur la
possible existence d’une langue proto-berbère, voir M ,
2011, pp. 103-113 ; G , 2010, pp. 11-17, sur l’histoire du
berbère à l’époque antique notamment au sujet des inscriptions
libyques ; F , W , 2016, pp. 41-44, 50-53, offrent
quelques observations sur l’élément berbère et les changements
linguistiques survenus au Sahara antique.
25. Corippe cité dans G , 1913-1928, t. V, p. 4, t. VII, p. 3. Sur
ce sujet, voir M , 2003b, pp. 292-296 ; Z , 2005, pp.
409-416.
26.B , 1999, pp. 7-30, pour le Maroc, et sur le troglodytisme
au Maghreb durant la période médiévale, voir M , 2010b,
pp. 328-335.
27. Cité dans D ,F , 1981, p. 26.
28.F , 1976, passim.
29.Ibid., p. 223.
30.Ibid., p. 229.
31.Ibid., p. 231.
32.C , 2009, pp. 132-134 ; B , 2016, pp. 119-124.
33.C , 2006, pp. 189-190.
34.A -Ṭ , Ta’rīḫ al‑rusul wa l‑mulūk, éd. Beyrouth, 1992, t. I,
pp. 129, 261, t. V, p. 598.
35. Dans C , 2006, pp. 191-192.
36. Voir P , 2002, pp. 11-27.
37. Quelques détails dans F , 2013, pp. 9-14.
38.A -Iṣṭ ḫ , Kitāb masālik al-mamālik, éd. par G , 1870,
pp. 36, 38 et 45. Voir quelques occurrences de l’ethno-toponyme
dans -M , Aḥsan al-taqāsīm, éd. par G , 1877, pp.
216 et 239.
39.I Ḫ ḏ , Kitāb al-masālik wa-l-mamālik, éd. et trad.
de G , 1889, texte arabe p. 5, trad. p. 4 ; texte arabe p. 87,
trad. p. 62 ; texte arabe p. 225, trad. p. 170.
40.M , 2003b, pp. 180-181, 185-186 et 774-775, pensait
que la nomenclature tribale livrée par le géographe persan était
« une étrange liste ethnonymique […] qui paraît très ancienne ».
41.I Ḥ , Kitāb ṣūrat al-arḍ, éd. par K , 1938-1939,
pp. 61 et 68.
42.Ibid., p. 95.
43.A -R ṭ , Kitāb iqtibās al-anwār, éd. par B V et
M , p. 25, alors que chez un autre auteur de la seconde
moitié du e/ e siècle comme I -Ḫ ṭ, Kitāb iḫtiṣār
iqtibās al-anwār, éd. par B V et M , p. 107, on
apprend que la localité de Bāǧa se situe en Ifrīqiya. À noter que
le chroniqueur andalousien I Ḥ -Q ṭ , Muqtabis V,
éd. par C , C et Ṣ ḥ, p. 272, affirme qu’à
l’époque romaine, des Afāriqa avaient eu pour capitale la ville de
Ṭāliqa dans la région de Séville (« min balad Išbīliya »).
44.I Ḫ ḏ , Kitāb al-masālik wa-l-mamālik, éd. et trad.
de G , 1889, texte arabe p. 86, trad. p. 62.
45.Ibid., texte arabe p. 92, trad. p. 66.
46.M , 2007, pp. 65 sqq.
47.I Ḫ ḏ , Kitāb al-masālik wa-l-mamālik, éd. et trad.
de G , 1889, éd. p. 86, trad. p. 62.
48.I -N , Kitāb al-fihrist, éd. par T ǧ et M ,
1973, p. 21. En outre, sur ces ethnies, voir -Y ‘ , Kitāb al-
buldān, éd. par G , 1892, pp. 335, 336 et 360 ; I
Ḫ ḏ , Kitāb al-masālik wa-l-mamālik, éd. et trad. de
G , 1889, texte arabe p. 17, 83, 89, 93, 176, 230 et 265, trad.
p. 13, 60, 64, 67, 137, 173 et 207, respectivement ; I Ḥ ,
Kitāb ṣūrat al-arḍ, éd. par K , 1938-1939, pp. 51-57, 147,
153, 160 et 162-163 ; I -F -H ḏ , Muḫtaṣar kitāb
al-buldān, éd. par G , 1885, pp. 4, 5-7, 59-60, 63-64, 76-78,
80, 83-84, 152, 162, 197 et 257 ; ‑M , Aḥsan al-
taqāsīm, éd. par G , 1877, pp. 242-243 ; -Iṣṭ ḫ , Kitāb
masālik al-mamālik, éd. par G , 1870, pp. 4-5, 10-11, 29, 35,
37-40, 44, 52, 54 ; -I , Kitāb nuzhat al-muštāq, éd. par
C ,G et L D V , 1970-1984, t. I, pp. 10,
24, 30, 32, 38, 40, 44, 46-47, 49-50, 52, 58, 63, 98, 134-135,
221-222, 325 ; -Q , Āṯār al-bilād, pp. 18-25, 163-164 ; I
Ḫ , al-Muqaddima, éd. par -Š , 2005, t. I, pp. 75,
249, 353 ; t. II, pp. 217, 218, 271 ; t. III, pp. 112, 176.
49.M , 2003b, pp. 696-698, note que l’ethnonyme Mauri a
évolué en l’équivalent, peut-être curieux d’un point de vue
linguistique, de Barbar des sources arabes alors qu’Afri est
devenu Afāriq et Romani s’est transformé en Rūm.
50. Voir M , 1988, pp. 61-63, qui consacra quelques brèves
observations sur les Berbères à partir de la riche littérature
géographique arabe du Moyen Âge. Dans un autre registre, il
serait instructif de lire les propos de B , 2007, pp. 23-36, au
sujet de ce que les Berbères pensaient de leur langue et culture.
En lisant le livre de H. Basset, publié d’abord en 1920, il ne faut
jamais perdre de vue le contexte politique sous-jacent particulier
et la position scientifique et éthique de son auteur, citoyen
français ayant vécu entre la fin du e siècle et le début du
e siècle, c’est-à-dire en pleine époque coloniale.
AUTEUR
MOHAMED MEOUAK
Universidad de Cádiz
Al‑lisān al‑ġarbī ou la langue des
Almohades
Mehdi Ghouirgate
A
T T T
Auteur anonyme du
Al‑Marrākušī Al‑Idrīsī
Kitāb al‑ansāb
Ibn al-Zayyāt
Al‑Bayḏaq Ibn ‘Iḏārī
al‑Tādilī
Ibn ‘Abd al‑Mun‘im
Ibn Ṣāḥib al‑Ṣalāt Ibn Abī Zar‘
al‑Ḥimiyarī
Ibn al‑Qaṭṭān Ibn al‑Ḫaṭīb
Ibn Sa‘īd al‑Maġribī Auteur anonyme des
Mafāḫir al‑barbar
Ibn ‘Abd al‑Malik Ibn Simāk
Ibn Ḫaldūn Ibn ‘Abd Rabbih
La montée en puissance du
bilinguisme arabo-berbère
22 L’utilisation de phrases en berbères dans des textes arabes
semble indiquer que ces ouvrages sont destinés, avant tout, à un
public maghrébin. On peut aussi avancer l’hypothèse qu’à ce
moment-là le bilinguisme s’étend bien au-delà du cercle restreint
des seuls Berbères proprement dits. En effet, une anecdote
rapportée par Ibn Marzūq, à propos d’Abū Marwān Ibn Zuhr
(Avenzoar), met en évidence que nombre d’Andalous désirant
servir ou servant les Almohades avaient ressenti le besoin
d’apprendre le berbère, dans le cadre de l’École de Marrakech
28 . Cet apprentissage est considéré comme indispensable pour
S
N S ’
NOTES
1.F , 2000.
2.I T , A‘azz mā yuṭlab, éd. par A -ʻA , 1997,
p. 395.
3. Maribel Fierro souligne que le seul exemplaire conservé porte
la date de 1184, soit un demi-siècle après la mort d’Ibn Tūmart. Il
est donc malaisé d’établir s’il s’agit là d’une œuvre authentique
ou apocryphe. Il semblerait plutôt qu’elle est à apprécier à l’aune
des efforts entrepris par les califes mu’minides pour légitimer
leurs actions. Il est à ce titre regrettable que ‘Abd al‑Ġanī Abū
l-‘Azm, qui, le dernier, a établi et annoté cet ouvrage en arabe, ne
doute point de son authenticité.
4. Cet ouvrage est aujourd’hui perdu, mais nous savons
néanmoins, grâce à Ibn Simāk, qu’il avait été composé en arabe
et en berbère.
5.A -Š ṭ , Kitāb al-i‘tiṣām, éd. par R ḍ , s. d., t. II, p. 80.
6.I T , Aʿazz mā yuṭlab, éd. par A -ʻA , 1997,
p. 398.
7. Maribel Fierro a récemment entrepris de reconsidérer
l’entreprise almohade à l’aune d’un substrat chiite ismaélien.
L’influence chiite apparaît ici avec clarté jusque dans la
terminologie employée.
8.A -M , Kitāb al-Mu‘ǧib, éd. par I M ṣ , 1998,
pp. 133-134.
9.I S , al-Ḥulal al-mawšiyya, éd. par Z et Z ,
1978, pp. 109-110.
10. C’est-à-dire les autres Almohades de condition.
11. On ne sait pas s’il s’agit des non-Almohades de condition ou,
plus probablement, des Almohades de rang inférieur.
12. ‘A , 2010, p. 10. Traduction ici revue et corrigée par
rapport à celle initialement proposée dans G , 2014c,
p. 230.
13.I -Q ṭṭ , Naẓm al-ǧumān, éd. par M , 1990, p. 173.
14.I Ṣ ḥ -Ṣ , Ta’rīḫ al-mann bi-l-imāma, éd. par
‑T , 1987, p. 434.
15.A -I , Kitāb nuzhat al-muštāq, éd. par H -S , 1983,
p. 90.
16.I -Q ṭṭ , Naẓm al-ǧumān, éd. par M , 1990, p. 132.
De tous les auteurs qui citent ce quolibet, il est le seul à nous en
préciser la signification.
17.Documents inédits d’histoire almohade, trad. de L -
P , pp. 119, 123 sqq. Pour cette phrase M , 1932,
p. 70, propose la traduction suivante : « Abū Marwān est le lion
né à la prime saison, il ne tient pas compagnie au plomb ».
18. Sur le lion et sa symbolique au sein des dynasties berbères
voir G ,D , 2014.
19.S , 2005.
20.L D , P V (dir.), 2002-2012, t. I,
pp. 317-324.
21.A , 2005.
22.E M , 2010, p. 120. On trouve comme réponse aux
questions posés par l’universitaire : ur saswa ġmk-lli ttinin
imḥdaren ġ-tig°mma-nsn d-aylli ttlmaden ġ-tinmel (« Il y a une
différence entre ce que les élèves disent à la maison et ce qu’ils
apprennent à l’école [Tinml] »).
23. Comme le fit valoir C , 1931. C’est ainsi qu’al‑Bayḏaq
transcrit le nom de ce fleuve.
24.Documents inédits d’histoire almohade, trad. de L -
P , p. 67. Pour cette phrase G. Marcy propose la
traduction suivante : « Les chemins blancs du Sous, nous vous
les franchirons ! » (M , 1932, p. 73).
25. Pour cette phrase G. Marcy propose la traduction suivante :
« Mellul au blanc “ḥaik” » (M , 1932, p. 71).
26.A -M , Kitāb al-Mu‘ǧib, éd. par I M ṣ , 1998,
p. 128.
27.A -T , al‑Tašawwuf, éd. par ‑T , 1997, p. 328.
28.I M , al-Musnad, éd. par V M , 1981, trad.
esp. p. 344.
29.M , 2006.
30. À propos de ce manuscrit : G , 2014b.
31.Documents inédits d’histoire almohade, trad. de L -
P , p. 40. Pour cette phrase G. Marcy proposait « La
justice a fui la concussion, et elle est venue chercher contre elle
refuge dans cette grotte ; l’iniquité est triomphante, mais jamais
le bon droit vient à sortir de son asile, il frappera jusqu’à ce qu'il
ait complètement englouti à son tour ce ventre dévorant qui le
précédait parmi les hommes » (M , 1932, p. 72).
32.A -‘A , Da‘āmat al-yaqīn, éd. par -T , p. 53.
33.Documents inédits d’histoire almohade, trad. de L -
P , p. 151.
34.Ibid., p. 45. Ibn Tūmart s’adresse à l’assemblée des
Almohades pour qu’on laisse passer son père.
35.V B , 2000, p. 360.
AUTEUR
MEHDI GHOUIRGATE
Université Bordeaux Montaigne - ERC IGAMWI
Conclusion
Histoire de l’Islam, des Berbères
et de l’Occident islamique
Maribel Fierro
NOTES
1. José O G , prologue de : I Ḥ , El Collar de
la Paloma, pp. 12-13.
2.B , 2010 ; F , 2013.
3.R , 2011.
4.B H , 2015.
5.Aḫbār mağmūʻa, éd. et trad. esp. de L A ,
texte arabe pp. 113-115, trad. pp. 104-105.
6.F , 2008, pp. 32-33.
7.C G , 2007. Il semble cependant que ces vers
n’étaient pas de lui mais d’un poète antérieur (L D ,
2012).
8.M , 2013, p. 42.
9.M , 1997 ; C , 2006.
10. La couleur jaune peut être vue comme le signe d’une
profonde dévotion et d’un pieux renoncement, mais le visage
jaune renvoie aussi à la coutume qui était celle des Arabes
yéménites tels que les Azd de se peindre le visage en jaune. Les
Azdites avaient une forte présence dans les armées qui
entreprirent la conquête du nord de l’Afrique, et on peut
rapprocher cette coutume de la dénomination sufrite donnée à
certains groupes de Khāridjites (F , 1998).
11.A , 2015 ; G , 2017.
12.H , 2001.
13.S , 2013 ; F , 2015 ; W , 2016.
AUTEUR
MARIBEL FIERRO
CSIC, Instituto de Lenguas y Culturas del Mediterráneo y Oriente Próximo
Sources et Bibliographie
Sources
B , Richard (1975), The Camel and the Wheel, Cambridge MA, Harvard
University Press.
B , Richard (1981), « Botr et Baranis : hypothèses sur l’histoire des
Berbères », Annales, économies, sociétés et civilisations, 36, pp. 104-116.
B , Peter (2010), Hibridismo cultural, avec une étude préliminaire de
María José del R B , Madrid, Akal.
B , Thomas S. (2010), Rome and the Barbarians, 100 B.C. – A.D. 400,
Baltimore, John Hopkins University Press.
C , Anna (2009), « Images des vestiges préislamiques de l’Ifrîqiya chez
les géographes arabes d’époque médiévale », Anabases, 9, pp. 127-145.
C , Paul-Louis (1986), L’évolution des cités du Tell en Ifrīḳiya du
e au e siècle, Alger, Office des Publications Universitaires, 2 vol.