Commentaires PST Theatre Bac Blanc

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Le 16-12-2021.

FRANÇAIS : BACCALAUREAT BLANC.


SERIES TECHNOLOGIQUES
(9h00 -12h00 / 9h00-13h00 pour les tiers-temps).

Vous traiterez au choix un commentaire parmi les deux proposés. Indiquez sur la copie le sujet
choisi.
Pour chaque sujet, l’introduction vous est donnée. Vous devez rédiger le développement (parties et
sous-parties) et la conclusion (qui répond à la problématique donnée dans l’introduction).

SUJET 1

Texte 1 : Texte de Jean Racine, Andromaque, acte III, scène 8 (1667).

Vous ferez le commentaire du texte en vous aidant des pistes suivantes :

1/ Comment Racine parvient-il à rendre présente pour les spectateurs la scène décrite par
Andromaque ?
2/ Quelles émotions le discours d’Andromaque suscite-t-il chez le spectateur ?

Introduction :

En 1667, la tragédie Andromaque est le premier grand succès de Jean Racine, inspiré de ses
lectures d’Homère, Virgile ou Sénèque, auteurs grecs ou romains. Andromaque est la veuve d’Hector,
le prince troyen qui, lors de la guerre de Troie, mourut sous les coups du féroce guerrier grec Achille
qui, dans sa cruauté, alla jusqu’à traîner la dépouille d’Hector tout autour des remparts de Troie.
Andromaque et son fils, réchappés au massacre, sont aux mains de Pyrrhus, le fils du redoutable
Achille. Or, Pyrrhus s’est épris de sa prisonnière et la soumet à un chantage odieux pour obtenir d’elle
qu’elle consente à l’épouser. Sa confidente elle-même, Céphise, l’exhorte (la pousse) à accepter.
Andromaque, fidèle à Hector, à la mémoire des disparus, est écartelée : comment consentir ? Tout
son être se révolte, au souvenir de la nuit barbare. Acte III, scène 8, elle revit l’horreur, se souvient à
haute voix. Telle est donc la question qui guidera notre étude : Dans cette tirade d’Andromaque,
comment le dramaturge donne-t-il à la vision de la guerre de Troie (l’assaut du palais troyen) une
force hallucinatoire ? Nous chercherons d’abord comment Racine parvient à rendre présente pour
les spectateurs la scène décrite par Andromaque. Nous verrons ensuite quelles émotions le discours
d’Andromaque ne manque pas de susciter chez le spectateur.
TEXTE 1 : Jean Racine, Andromaque, acte III, scène 8 (1667).

Jean Racine s’inspire du récit antique de la guerre de Troie qui opposa Grecs et Troyens. Lors
de la guerre de Troie, le chef des Troyens, Hector, fut tué par Achille, guerrier grec, père du roi grec
Pyrrhus. La veuve d’Hector, Andromaque, est devenue la prisonnière de Pyrrhus qui l’aime et exerce
sur elle un chantage afin qu’elle accepte de l’épouser.
S’adressant à sa confidente Céphise, qui l’avait incitée à accepter ce mariage, Andromaque se
souvient du massacre des Troyens et du rôle qu’y a joué Pyrrhus.
De la scène, vous n’avez qu’un extrait, une tirade d’Andromaque.

Andromaque
1 Dois-je les1 oublier, s’il ne s’en souvient plus ?
Dois-je oublier Hector privé de funérailles,
Et traîné sans honneur autour de nos murailles2 ?
Dois-je oublier son père3 à mes pieds renversé,
5 Ensanglantant l’autel qu’il tenait embrassé4 ?
Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle
Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle.
Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants,
Entrant à la lueur de nos palais brûlants,
10 Sur tous mes frères morts se faisant un passage,
Et de sang tout couvert échauffant le carnage.
Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants,
Dans la flamme étouffés, sous le fer5 expirants6.
Peins-toi dans ces horreurs Andromaque éperdue :
15 Voilà comme Pyrrhus vint s’offrir à ma vue,
Voilà par quels exploits il sut se couronner,
Enfin voilà l’époux que tu veux me donner.
Non, je ne serai point complice de ses crimes ;
Qu’il nous7 prenne, s’il veut, pour dernières victimes.

SUJET 2
1
« les » désigne les « exploits » d’Achille, père de Pyrrhus : Dans la réplique qui précède, la confidente Céphise fait
allusion aux faits de guerre du guerrier grec Achille. Pyrrhus est son fils et pourtant, il désire épouser une princesse
troyenne et faire d’elle une reine, comme s’il avait oublié qui est son père, quel est son camp.
2
Après avoir tué Hector, Achille avait traîné son corps derrière son char autour des remparts de Troie.
3
son père : Priam, père d’Hector
4
l’autel qu’il tenait embrassé = qu’il entourait de ses bras. Il s’agit de l’autel sacré, consacré aux ancêtres.
5
la flamme désigne l’incendie ; le fer désigne (par métonymie) les épées ou les glaives.
6
expirants = agonisants, mourants. Expirants est un participe présent (= entrain d’expirer).
7
« nous » désigne Andromaque et son fils Astyanax, réchappés au carnage.
Texte 2 : Texte de Victor Hugo, Ruy Blas, acte V, scène 4 (1838).

Vous ferez le commentaire du texte en vous aidant des pistes suivantes :

1/ Comment le dramaturge fait-il du dénouement l’heure ultime de la réconciliation et


simultanément de la séparation pour les deux amants ?
2/ Comment Ruy retrouve-t-il son honneur en même temps que son nom ?

Introduction :

On doit à Victor Hugo et à ses confrères romantiques l’invention du drame romantique, dans
les années 1830 : des pièces qui firent scandale parce qu’elles mélangeaient comédie et tragédie,
ainsi que les publics (le peuple et les ‘’élites’’ sociales) et prônaient des idées subversives. Avec Ruy
Blas, en 1838, Victor Hugo donne à un ‘’simple’’ laquais la noblesse d’âme qui manque aux Grands
d’Espagne. Nous sommes à Madrid, à la cour du roi, en 169. L’intrigant Don Salluste veut se venger
de la jeune reine : après avoir engrossé sa suivante, il a refusé de l’épouser ; la reine a obtenu son
exil. Don Salluste veut donc la perdre, la déshonorer ; il ourdit pour cela un plan machiavélique, il
veut la surprendre en flagrant délit d’adultère. Son cousin Don César refuse de se plier à ses
manigances. Qu’à cela ne tienne, Don Salluste se sert de son laquais, Ruy Blas, qu’il fait passer pour
Don César. Secrètement amoureux de la reine, le valet accepte, se fait aimer d’elle pour sa noblesse
d’âme, lorsque, acte V, il comprend trop tard qu’il a été le jouet de Don Salluste. Pour sauver la reine
du déshonneur, Ruy Blas poignarde son maître et avoue son identité à la reine. Mais le drame ne
culmine pas encore : Il culmine au dénouement, acte V, scène 4. Comment Victor Hugo parvient-il à
créer un dénouement sublime et pathétique ? Nous verrons d’abord comment le dénouement
réunit et sépare simultanément les deux amants. Nous observerons ensuite comment Ruy Blas meurt
en retrouvant son nom et son honneur.

TEXTE 2 : Victor Hugo, Ruy Blas, acte V, scène 4 (1838).

Nous sommes en Espagne, à Madrid, à la fin du XVIIème siècle (les années 1690). Ruy Blas,
jeune homme pauvre, devient le laquais de Don Salluste, grand d’Espagne qui veut se venger de la
reine parce qu’elle a exigé du roi qu’il soit exilé (pour une affaire de mœurs). Don Salluste met en
place un plan machiavélique pour piéger la reine ; pour cela, il va se servir de Ruy Blas à son insu.
Amoureux de la reine, sans espoir à cause de son rang, Ruy Blas accepte de se faire passer pour le
seigneur Don César, jeune cousin de Don Salluste. Le piège pour déshonorer la reine est tendu  : pour
peu qu’elle tombe amoureuse du faux Don César et noue une relation avec lui, Don Salluste n’aura
plus qu’à la dénoncer pour adultère.
Dans la scène précédente (acte V, scène 3), alors que la reine est perdue, Ruy Blas, qui a su se faire
aimer par sa noblesse d’âme et de cœur, comprend qu’il a été l’instrument de la vengeance de Don
Salluste. Il se rebelle contre son maître, avoue à la reine son état (d’homme du peuple) et tue Don
Salluste pour la sauver du déshonneur.
Acte V, scène 4
La Reine, Ruy Blas

Ruy Blas fait quelques pas en chancelant vers la reine immobile et glacée, puis il tombe à deux
genoux, l’œil fixé à terre, comme s’il n’osait lever les yeux jusqu’à elle.

(…)

1 La Reine. – Que voulez-vous ?


Ruy Blas, joignant les mains. - Que vous me pardonniez, madame ! 8
La Reine. – Jamais !
Ruy Blas. - Jamais !
5 Il se lève et marche lentement vers la table.
Bien sûr ?
La Reine. - Non. Jamais !
Ruy Blas. Il prend la fiole posée sur la table, la porte à ses lèvres et la vide d’un trait.
– Triste flamme9,
10 Eteins-toi !
La Reine, se levant et courant vers lui. – Que fait-il ?
Ruy Blas, posant la fiole10. - Rien. Mes maux sont finis.
Rien. Vous me maudissez, et moi je vous bénis.
Voilà tout.
15 La Reine, éperdue. - Don César !
Ruy Blas. - Quand je pense, pauvre ange,
Que vous m’avez aimé !
La Reine. - Quel est ce philtre11 étrange ?
Qu’avez-vous fait ? Dis-moi ! réponds-moi ! parle-moi !
20 César ! je te pardonne et t’aime et je te croi12 !
Ruy Blas. – Je m’appelle Ruy Blas.
La Reine, l’entourant de ses bras. - Ruy Blas, je vous pardonne !
Mais qu’avez-vous fait là ? Parle, je te l’ordonne !
Ce n’est pas du poison, cette affreuse liqueur ?
25 Dis ?
Ruy Blas. - Si ! c’est du poison. Mais j’ai la joie au cœur.
Tenant la reine embrassée13 et levant les yeux au ciel.
Permettez, ô mon Dieu ! justice souveraine !
Que ce pauvre laquais14 bénisse cette reine,
30 Car elle a consolé mon cœur crucifié,
Vivant, par son amour, mourant, par sa pitié !
La Reine. – Du poison ! Dieu ! c’est moi qui l’ai tué ! Je t’aime !
Si j’avais pardonné ? …
Ruy Blas, défaillant15. - J’aurais agi de même.
35 Sa voix s’éteint. La reine le soutient dans ses bras.
8
La disposition des répliques s’explique par la nécessité de visualiser les vers : la pièce est écrite en alexandrins (mais un
seul alexandrin est souvent réparti sur plusieurs répliques).
9
« Triste flamme » : Ruy Blas fait allusion à sa vie ou à son amour.
10
une fiole : un flacon.
11
un philtre : une potion.
12
croi au lieu de crois : orthographe tolérée au XIXème siècle.
13
embrassée : dans ses bras.
14
un laquais : valet, serviteur.
15
défaillir : s’évanouir.
Je ne pouvais plus vivre. Adieu !
Montrant la porte. Fuyez d’ici !
- Tout restera secret. – Je meurs.
Il tombe.
40 La Reine, se jetant sur son corps. - Ruy Blas !
Ruy Blas, qui allait mourir, se réveille à son nom prononcé par la reine. - Merci !

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