GIZ - 2020 Hafedh ATEB - L'Employabilité Des Jeunes en Tunisie-Défis Et Opportunités
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GIZ - 2020 Hafedh ATEB - L'Employabilité Des Jeunes en Tunisie-Défis Et Opportunités
jeunes en Tunisie:
défis et opportunités
Ce document est le rapport préliminaire de l’étude
commandée par la GIZ à propos du développement
d’une stratégie d’amélioration de l’employabilité, à
partir d’une analyse approfondie du contexte
économique et social tunisien.
Hafedh ATEB
ADVI Consulting
Août 2020
Table des matières
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 1
2
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 2
ABREVIATIONS ET ACRONYMES
Abréviation Signification
ANETI Agence Nationale pour l’Emploi et le Travail Indépendant
Anc rég Ancien régime
BD Base de données
BIT Bureau International du Travail
BM Banque Mondiale
BTP Bâtiment- Travaux Publics
CE Centre-Est
CIVP Contrat d’Initiation à la Vie Professionnelle (a remplacé l’ancien SIVP) 3
CNRPS Caisse Nationale de Retraite et de Prévoyance Sociale
CNSS Caisse Nationale de Sécurité Sociale
CO Centre-Ouest
DA Demande Additionnelle
DS Diplômé de l’enseignement ou supérieur
FL Filière longue
GIZ Agence de Coopération Allemande
GT Grand Tunis
INS Institut National de la Statistique
ISET Institut Supérieur des Etudes Technologiques
ITES Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (sous tutelle de la Présidence de la République)
Karama Contrat aidé destiné aux chômeurs diplômés de longue durée
LMD Licence-Mastère-Doctorat (système d’études supérieures)
NE Nord-Est
NEET Ni en emploi, ni scolarisé, ni stagiaire en formation
NO Nord-Ouest
OCDE Organisation de Coopération et de Développement Economiques
PAMT Politique Active (ou Programme Actif) du Marché du Travail
RGPH Recencement Général de la Population et de l’Habitat
SCV Service Civil Volontaire (équivalent SIVP dans les associations)
SE Sud-Est
SIVP Stage d’Initiation à la Vie Professionnelle
SO Sud-Ouest
SWOT Forces/Faiblesses/Opportunités/Menaces
TC Taux de chômage
TIC Technologies de l’Information et de la Communication
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 3
Introduction
L’emploi constitue la principale forme d’insertion sociale, le plus sûr moyen
d’amélioration des conditions de vie et de prévention contre les risques de pauvreté
et de vulnérabilité et le révélateur le plus approprié pour évaluer le niveau de
cohésion sociale dans notre pays. Il joue un rôle essentiel dans la création de
richesses et la répartition des revenus.
L’article 40 de la constitution tunisienne de 2014 stipule que: “Tout citoyen et toute
citoyenne a droit au travail. L’Etat prend les mesures nécessaires afin de le garantir
sur la base du mérite et de l’équité. Tout citoyen et toute citoyenne a droit au travail
dans des conditions favorables et avec un salaire équitable”.
De même, l’article 23 de la Déclaration universelle des droits de l’homme affirme le 4
"droit au travail" mais aussi, celui à la "protection contre le chômage": “Toute
personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables
et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage”.
Ainsi, le droit d’obtenir un emploi ne s’entend pas comme une obligation de résultat,
c’est-à-dire comme une obligation absolue de donner à tout chômeur un emploi,
mais bien comme une obligation de moyens. Il s’agit, pour les pouvoirs publics de
mettre en œuvre une politique permettant à chacun d’obtenir un emploi et de poser
les règles propres à assurer au mieux le droit pour chacun d’obtenir un emploi en
vue de permettre l’exercice de ce droit au plus grand nombre d’intéressés. C’est
dans cette optique que s’inscrit, par exemple, la création de l’Agence Nationale pour
l’Emploi et le Travail Indépendant (ANETI) et la mise en place du Fonds National
pour l’Emploi.
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 4
• Le premier chapitre présente une description et
une analyse détaillées du contexte économique
et démographique et des principaux défis liés au
Chapitre 1 marché du travail en Tunisie;
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Chapitre PREMIER
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Graphique 1.1 : Diagramme logique des enquêtes par sondage sur la
population active (données minimales de base)
AA travaillé
travaillé la
la semaine
semaine
OUI précédente
précédente NON
>> 1 1hh
Type
de contrat
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 7
1.2.Points de repère pour le marché du travail en Tunisie
1) 47% des chômeurs sont des hommes non diplômés du supérieur avec un taux de
chômage de 11,5% (inférieur au taux de chômage global de 3,5 points) et que 30%
sont des femmes diplômées avec un taux de chômage particulièrement élevé de
38,1%.
2) Les diplômés du supérieur représentent 41% de l’ensemble des chômeurs, fin 2019.
Leur taux de chômage vaut 2 fois et demi celui des non diplômés du supérieur.
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 8
Graphique 1.2 : Répartition des chômeurs selon le niveau (DS ou non) et le sexe en
décembre 2019
Source: INS
Agriculture-Forêts-Pêche
491,1
827,7 (14%) Industries Manufacturières
(23%)
656,7
263,5 (19%) BTP-Mines-Energie
(7%)
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 9
1.2.1.4. Population active et chômage en (juin) 2019, selon l’âge, le
niveau d’instruction et le gouvernorat
30% des chômeurs ont moins de 25 ans et 78% d’entre eux moins de 35 ans. Le taux
d’activité est maximal pour les [30-35[ ans et le taux d’emploi pour les [40-45[ ans.
Tableau 1.3 : Données de l'enquête-emploi de 2019 par tranches d'âge (nombre en milliers)
Tranche Nombre de Taux de Population % des Taux Population % de la Actifs Taux % des
d'âge Chômeurs chômage Active chômeurs d'activité totale population occupés d'emploi occupés
[15-20[ 51,8 30,8% 168,0 8,2% 20,6% 814,4 9,2% 116,2 14,3% 3,3%
[20-25[ 138,3 35,9% 385,4 21,8% 50,7% 759,8 8,6% 247,1 32,5% 7,0%
[25-30[ 179,6 34,6% 519,6 28,3% 64,4% 806,3 9,1% 340,0 42,2% 9,6%
[30-35[ 124,7 21,6% 577,6 19,6% 67,1% 861,3 9,7% 452,9 52,6% 12,8%
[35-40[ 73,4 12,6% 582,8 11,6% 65,4% 890,9 10,1% 509,4 57,2% 14,4%
[40-45[ 30,3 5,5% 555,6 4,8% 63,7% 872,2 9,8% 525,3 60,2% 14,9%
[45-50[ 15,5 3,4% 459,6 2,4% 61,4% 748,4 8,5% 444,1 59,3% 12,6%
[50-55[ 9,9 2,6% 381,5 1,6% 54,4% 701,7 7,9% 371,6 53,0% 10,5% 10
[55-60[ 6,3 2,2% 282,1 1,0% 45,2% 623,9 7,0% 275,8 44,2% 7,8%
[60-65[ 3,5 2,4% 146,2 0,6% 24,8% 588,4 6,6% 142,7 24,3% 4,0%
>= 65 1,6 1,5% 104,5 0,3% 8,8% 1 188,9 13,4% 102,9 8,7% 2,9%
[15-25[ 190,1 34,4% 553,4 29,9% 35,2% 1 574,2 17,8% 363,3 23,1% 10,3%
[15-30[ 369,7 34,5% 1 073,0 58,2% 45,1% 2 380,5 26,9% 703,3 29,5% 19,9%
[15-35[ 494,4 30,0% 1 650,6 77,9% 50,9% 3 241,8 36,6% 1 156,2 35,7% 32,8%
[25-55[ 433,4 14,1% 3 076,7 68,3% 63,0% 4 880,8 55,1% 2 643,3 54,2% 74,9%
[15-65[ 633,3 15,6% 4 058,4 99,7% 52,9% 7 667,3 86,6% 3 425,1 44,7% 97,1%
>=15 634,9 15,3% 4 162,9 100% 47,0% 8 856,2 100% 3 528,0 39,8% 100%
Source: INS
1) 6,2% seulement pour les personnes n’ayant même pas le niveau de la sixième
année primaire et qui ne représentent que 8,1% de la population occupée et 3% des
chômeurs;
2) 8,0% pour celles ayant un niveau compris entre la 6ème année et la 9ème année
(avec succès) de l’enseignement de base, qui représentent tout de même 34,2% de
la population occupée et 16,5% des chômeurs;
3) 15,8% pour celles ayant le niveau secondaire (c’est-à-dire: entre la 1ère année
secondaire avec succès et le bac avec succès), qui représentent 36,9% des
travailleurs et 38,3% des chômeurs;
4) 26,9% pour celles ayant le niveau supérieur (c’est-à-dire: strictement supérieur au
bac), qui représentent 20,4% des travailleurs et 41,7% des chômeurs;
5) 28% pour les personnes titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur ou d’un
BTS (Brevet de Technicien Supérieur de la formation professionnelle), qui
représentent 18,4% de la population active occupée et 39,8% des chômeurs.
Tableau 1.4: Population active (PA) et chômeurs (en milliers) selon le niveau d’instruction en juin
2019
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 10
Graphique 1.4: Répartition des chômeurs, en juin 2019, selon le niveau d’instruction.
18,8
(3,0%) 105,0
264,5
(41,9%) (16,6%)
Aucun
Primaire
Secondaire
Supérieur
243,3
(38,5%)
11
Source: INS
Le taux de chômage dépasse les 20% dans sept gouvernorats sur 24: Tataouine (28,7%),
Gafsa (25,5%), Tozeur (24,8%), Jendouba (24,6%), Gabès (24,3%), Kebili (23,5%) et
Kasserine (22,0%). Les gouvernorats qui présentent les meilleurs taux de chômage sont :
Monastir (9,1%) et Ariana (10,0%).
Les gouvernorats du littoral ont un taux de chômage, dans leur ensemble, de 13,3%
représentant 59,7% des chômeurs et 70,1% de la population occupée, et ceux de l’intérieur
(en rouge sur le tableau 1.5) un taux de chômage de 19,5%, 40,3% des chômeurs et 29,9%
des travailleurs.
Concernant les Diplômés du Supérieur (DS) : le taux de chômage DS dépasse les 50%
(autrement dit : le nombre de chômeurs dépasse le nombre de travailleurs) à Kebili (54,8%)
et à Gafsa (53,6%). Ce taux est compris entre 47% et 50% à : Sidi Bouzid (49,5%), à
Kasserine (49,3%), à Gabès (48,7%), à Tozeur (47,7%), à Jendouba (47,5%), à Tataouine
(47,1%) et à Béjà (47,1%). Il est globalement supérieur à 42% dans les gouvernorats de
l’intérieur, contre 23,2% sur le littoral.
Tableau 1.5 : Population active et taux de chômage par gouvernorat et par grandes régions
(Ensemble de la population & Diplômés du supérieur)
Population active (en milliers) et taux de chômage en juin 2019
Tous Diplômés du supérieur NON- DS
Gouvernorat Chômeurs Actifs TC Occupés Chômeurs Actifs TC Occupés
Tunis 81,1 455,0 17,8% 373,9 27,3 137,3 19,9% 110,0
Ariana 26,5 265,0 10,0% 238,5 10,1 80,8 12,5% 70,7
Ben Arous 48,3 276,0 17,5% 227,7 17,9 83,1 21,5% 65,2
Manouba 27,9 161,3 17,3% 133,4 9,8 36,9 26,6% 27,1
Grand Tunis 183,8 1 157,3 15,9% 973,5 65,1 338,1 19,3% 273,0
Nabeul 36,1 346,4 10,4% 310,3 14,3 59,7 24,0% 45,4
Zaghouan 7,1 68,0 10,4% 60,9 1,5 7,7 19,5% 6,2
Bizerte 21,8 201,2 10,8% 179,4 7,5 32,9 22,8% 25,4
Nord Est 65,0 615,6 10,6% 550,6 23,3 100,3 23,2% 77,0
Béjà 21,9 121,0 18,1% 99,1 8,1 17,2 47,1% 9,1
Jendouba 30,9 125,6 24,6% 94,7 10,3 21,7 47,5% 11,4
Le Kef 16,1 90,4 17,8% 74,3 5,4 14,9 36,2% 9,5
Siliana 15,4 78,6 19,6% 63,2 4,9 13,7 35,8% 8,8
Nord Ouest 84,3 415,6 20,3% 331,3 28,7 67,5 42,5% 38,8
Sousse 26,4 258,6 10,2% 232,2 12,2 57,5 21,2% 45,3
Monastir 22,3 245,0 9,1% 222,7 12,1 54,4 22,2% 42,3
Mahdia 15,8 145,0 10,9% 129,2 6,6 21,8 30,3% 15,2
Sfax 39,8 371,4 10,7% 331,6 16,8 73,5 22,9% 56,7
Centre Est 104,3 1 020,0 10,2% 915,7 47,7 207,2 23,0% 159,5
Kairouan 29,8 185,1 16,1% 155,3 8,4 23,0 36,5% 14,6
Kasserine 25,4 115,5 22,0% 90,1 6,9 14,0 49,3% 7,1
Sidi Bouzid 17,5 115,9 15,1% 98,4 9,5 19,2 49,5% 9,7
Centre Ouest 72,7 416,5 17,5% 343,8 24,8 56,2 44,1% 31,4
Gabès 30,9 127,2 24,3% 96,3 17,4 35,7 48,7% 18,3
Médenine 30,0 160,4 18,7% 130,4 13,6 34,7 39,2% 21,1
Tataouine 13,2 46,0 28,7% 32,8 4,9 10,4 47,1% 5,5
Sud Est 74,1 333,6 22,2% 259,5 35,9 80,8 44,4% 44,9
Gafsa 27,7 108,6 25,5% 80,9 14,8 27,6 53,6% 12,8
Tozeur 9,9 39,9 24,8% 30,0 4,2 8,8 47,7% 4,6
Kebili 13,1 55,7 23,5% 42,6 8,5 15,5 54,8% 7,0
Sud Ouest 50,7 204,2 24,8% 153,5 27,5 51,9 53,0% 24,4
TOTAL 634,9 4 162,8 15,3% 3 527,9 253,0 902,0 28,0% 649,0
Littoral 379,0 2 851,2 13,3% 2 472,2 155,8 671,4 23,2% 515,6
Intérieur 255,9 1 311,6 19,5% 1 055,7 97,2 230,6 42,1% 133,4
Source : INS
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 11
Concernant la population active (active occupée et active en chômage):
* 27,6% des travailleurs résident dans le Grand Tunis contre 28,9% des chômeurs,
* 26,0% des travailleurs résident dans le centre-est contre 16,4% des chômeurs,
* 15,6% des travailleurs résident dans le Nord-Est contre 10,2% des chômeurs,
* 9,7% des travailleurs résident dans le centre-ouest contre 11,5% des chômeurs,
* 9,4% des travailleurs résident dans le nord-ouest contre 13,3% des chômeurs,
* 7,4% des travailleurs résident dans le sud-est contre 11,7% des chômeurs
* 4,4% des travailleurs résident dans le sud-ouest contre 8,0% des chômeurs.
Graphique 1.5 : Répartition des chômeurs et de la population active occupée, par grandes
régions (en milliers et en %) en 2019
Chômeurs Population active occupée
153,5
259,5 (4,4%)
12
(7,4%)
973,5
GT 50,7 GT
(8,0%) 331,3 (27,6%)
Seuls 36% de la population tunisienne (11,679 millions en juin 2019) participent à la vie
active: 5% sont des chômeurs, 7% des salariés du secteur public, 15% des salariés du
secteur privé et 9% des travailleurs non salariés du secteur privé. Le nombre de personnes
inactives avoisine les 4,7 millions, soit 40% de la population totale, dont plus des ¾ ont
moins de 65 ans. Le reste de la population, soit 24% (2,823 millions) sont des enfants de
moins de 15 ans.
Graphique 1.6: Répartition de la population tunisienne en 2019 selon la situation dans l’emploi.
9%
24%
31%
5%
7%
9% 15%
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 12
1.2.1.6. Les NEET en 2019
NEET, qui signifie "Not in Education, Employment or Training" (ni scolarisé, ni en emploi,
ni stagiaire en formation), est une classification sociale d'une certaine catégorie de
personnes inactives. Au départ, c'est une classification négative qui comprend les jeunes
âgés entre 15 et 25 ans sorties du système scolaire et qui ne sont pas en emploi, mais non
nécessairement chômeurs au sens du BIT (généralisée ensuite à toutes les tranches d'âge
des jeunes de moins de 35 ans).
L’intérêt immédiat du concept de NEET est de proposer un indicateur alternatif au taux de
chômage. Il répond en effet à une double critique qu’on adresse à ce dernier : le calcul du
nombre de NEET se fait proportionnellement à l’ensemble de la catégorie d’âge et pas
seulement par rapport aux seuls actifs, ce qui supprime, d’une part, le biais lié aux
jeunes encore scolarisés, et permet d’appréhender l’ensemble des sans-emploi, et pas
uniquement ceux qui sont recensés comme chômeurs au sens du BIT (en particulier: à la
13
recherche active d'un emploi et disponible pour travailler), d’autre part.
* 23,7% des jeunes de [15-25[ ans (plus de 395 000 personnes, soit plus du double du
nombre de chômeurs),
* 35,7% des jeunes de [15-30[ ans (plus de 926 000 personnes: environ 2 fois et demi le
nombre de chômeurs),
* et 39,6% des jeunes de [15-35[ ans (plus de 1,4 millions de personnes: près du triple du
nombre de chômeurs),
ne sont ni scolarisés, ni en formation, ni occupés.
Ces chiffres sont particulièrement inquiétants.
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 13
Graphique 1.7: Benchmarking du taux de chômage global selon le sexe
20
18 17,3
16,5
16,0
16 15,1
14,7
13,7 14,1
14
12 11,7
10,4 10,8
10
9,0 8,4
8,4
14
8 7,2
6,7
6,5 5,6
5,9 6,2
6 5,4
4,4
3,8
4 3,1 3,7 3,6
2,7
Le taux de chômage moyen des jeunes en 2019 en Tunisie, est de 34%, taux supérieur à
ceux de tous les pays de comparaison (à l’exception de la Grèce)
Graphique 1.8: Benchmarking du taux de chômage des jeunes
Le taux d’activité des femmes (26,6%) est particulièrement bas en Tunisie (il est le double dans les
pays de l’OCDE), mais demeure tout de même supérieur à celui de tous les autres pays arabes.
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 14
Graphique 1.9: Benchmark du taux d’activité des femmes
Le ratio des NEET des [15-25[ ans est plus élevé que celui de tous les pays de l’OCDE (hors
Turquie), que celui de l’Algérie, et celui de l’Arabie Saoudite.
Graphique 1.10: Benchmarking du ratio des NEET jeunes en 2019
Le marché du travail en Tunisie est caractérisé par un chômage particulièrement élevé des
diplômés du supérieur. Notre pays détient certainement le record mondial du taux de
chômage le plus élevé pour cette catégorie (28,2% en 2019 et 29,3% en 2018 en
moyenne annuelle), et de très loin. Ce taux dépasse celui du Maroc de 11 points et vaut
entre le double et 16 fois celui des autres pays de comparaison.
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 15
Graphique 1.11: Benchmark du taux de chômage des diplômés du supérieur (2018)
4%
3,9% 3,9% 3,6% 3,5%
3,4% 3,2% 3,1% 3,0%
2,7% 2,3% 2,3%
16
2,2% 2,2% 1,9% 1,8%
2%
0%
Le taux de chômage des DS est certainement surévalué dans les enquêtes-emploi de l’INS.
En effet, ce taux ne concorde pas avec celui des recensements (RGPH): 21,06% pour le
recensement de 2014 contre une moyenne de 30,9% pour les enquêtes-emploi de la même
année. La même remarque vaut pour l’année 2004. Cela est dû à une surestimation du
nombre de chômeurs DS. Cf. Graphique suivant.
La part de l’emploi non salarié dans l’emploi total en Tunisie est de 28,7% = 4%
correspondant aux aides familiaux + 24,7% aux patrons et les travailleurs indépendants. Ce
taux n’est dépassé que par le Maroc, l’Algérie, la Turquie et la Grèce parmi les pays de
comparaison.
En outré, il est à signaler qu’environ 28 % des non diplômés sont des travailleurs
indépendants (ou chefs d’entreprise), contre à peine 9 % des diplômés. Ce qui signifie que la
plupart des diplômés du supérieur préfèrent se trouver dans une situation de recherche
d’emploi salarié plutôt que de créer leur propre entreprise.
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 16
Graphique 1.13: Part de l’emploi non salarié dans l’emploi total (benchmark)
- La répartition selon le diplôme donne: plus de 53% sont titulaires d’une licence LMD, plus
de 33% sont détenteurs d’un diplôme de l’ancien régime (maîtrise, ISET ou autres filières
courtes, etc …), et plus de 13% ont un diplôme Bac+5 ou plus (Graphique 1.14).
- La répartition selon la spécialité donne : 27% sont issus des filières Economie-Gestion-
Commerce, 26% des filières Sciences Exactes, Naturelles et Techniques (hors TIC), 24%
des filières Lettres-Humanités-Arts, 11% des filières des TIC, 7% des filières de Droit et 5%
des filières d’Agronomie, de Santé et assimilés (Graphique 1.15).
- La répartition régionale donne : environ 16% pour chacune des 3 régions : Centre-Est, Sud-
Est et Centre-Ouest, environ 15% pour les régions Nord-Ouest et Grand-Tunis, 11,4% pour
le Sud-Ouest et 10% pour le Nord-Ouest (Graphique 1.16).
- La répartition selon l’ancienneté du diplôme donne : 61% des demandeurs d’emploi DS ont
obtenu leur diplôme il y a 5 ans ou plus (dont près des ¾ sont des femmes), 7% ont un
diplôme datant de 2015, 9% de 2016, 10% de 2017, 11% de 2018 et 2% de 2019
(Graphique 1.17).
Graphique 1.14: Répartition des demandeurs d’emploi, diplômés du supérieur, en juin 2019,
selon le diplôme
17,1%
9,3%
4,0%
16,1%
53,4%
Source: ANETI
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 17
Graphique 1.15: Répartition des demandeurs d’emploi diplômés du supérieur, en juin 2019,
selon la spécialité
2% 3%
24%
26%
11%
27%
7%
Source: ANETI
Graphique 1.16: Répartition des demandeurs d’emploi, diplômés du supérieur, en juin 2019,
par grandes régions
16,2% 14,9%
SE GT
11,4% 15,3%
SO NO
10,0%
16,3% 15,9%
NE
CE CO
Source: ANETI
Graphique 1.17: Répartition des demandeurs d’emploi, diplômés du supérieur, en juin 2019,
selon l’ancienneté du diplôme.
7%
9%
44%
61%
10%
17%
11%
2%
Nouveau 1 an 2 ans
3 ans 4 ans 5 ans et + (Femmes)
5 ans et + (Hommes)
Source: ANETI
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 18
1.2.2. Evolution de l’emploi et du chômage entre 2005 et 2019
0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
NON Diplômé Sup Diplômée Sup - Femme Diplômé Sup - Homme % NON Diplômé Sup % Diplômée Sup - Femme % Diplômé Sup - Homme
Source: INS
Il ressort de ces deux graphiques 1.18 que le nombre de personnes en chômage parmi les
NON diplômés du supérieur n’a pratiquement pas évolué depuis 2005, alors que celui des
diplômés a été multiplié par 4,5. Il s’en est suivi que la part des diplômés du supérieur dans
le chômage total a été plus que triplé entre 2005 et 2019, passant de 13% à 40%. Mais,
surtout que celle des femmes DS a plus que quadruplé passant de 7% à 29%.
Ce constat est confirmé par le tableau 1.7 suivant qui indique en outre, que la demande
additionnelle (DA) sur cette période 2005-2019 (14 ans) est composée aux 2/3 (65%) de
diplômés du supérieur, alors que 54% des créations d’emploi seulement ont profité à ces
derniers. Ce qui a eu comme conséquence une couverture de la demande additionnelle
(c’est-à-dire, le rapport : Créations / DA) d’à peine 62% pour les DS, contre 98% pour les
non diplômés.
Mais cette couverture de la demande additionnelle est répartie de manière inégale entre les
sous-périodes 2005-2010 (P1) et 2010-2019 (P2) : 112% pour P1 (le nombre de créations
d’emploi dépasse celui des nouveaux-venus sur le marché du travail) et 67% pour P2, et ce,
malgré une baisse importante de la demande additionnelle entre les deux périodes, qui
est passée, en moyenne annuelle, de 82 mille (P1) à 43,7 mille (P2). Cf. Tableau 1.8.
Aussi, paradoxalement, la part des créations d’emploi pour les DS a plus que doublé,
passant ainsi de 37% des créations totales durant P1 à 77% durant P2. Et donc, les
créations (moyennes annuelles) ont fortement baissé pour les non diplômés entre les 2
périodes : de 44,1 mille au cours de P1 à 6,4 mille seulement (soit moins de 15%) au cours
de P2.
En outre, on remarque que les créations d’emploi (nettes) au cours de la période 2010-2019
(P2), bien qu’insuffisantes pour couvrir la demande additionnelle «relativement faible », ont
concerné exclusivement les régions du littoral (Graphique 1.19) ; les régions intérieures
ayant même enregistré une perte annuelle moyenne de plus de 7 250 emplois. Ce qui a eu
pour conséquence la forte aggravation du chômage dans les régions intérieures, dont le taux
est passé de 15,6% en 2010 à 19,5% en 2019 (contre 11,6% et 13,3% pour les régions
côtières).
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 19
Concernant les diplômés du supérieur: les créations d’emploi (nettes) au cours de la
période 2010-2019 (P2), qui ont pourtant constitué 77% de l’ensemble des créations, ont
concerné à 83% les régions du littoral (Graphique 1.20), et les régions intérieures n’ont
enregistré qu’une création annuelle moyenne de moins de 3 700 emplois, dont 78%, soit
2 860, sous forme de programmes de politique active supplémentaires (essentiellement
le Service Civil Volontaire –SCV- et le contrat Karama). Ce qui n’a pas été suffisant pour
atténuer l’aggravation du chômage des DS dans les régions intérieures, dont le taux est
passé de 35,7% en 2010 à 42,1% en 2019 (contre 18,9% et 23,2% pour les régions du
littoral).
Tableau 1.7 : Demande additionnelle et créations d’emploi selon le niveau (DS ou non) et le
sexe, de 2005 à 2019.
Tableau 1.8 : Demande additionnelle et créations d’emploi selon le niveau (DS ou non) et le
sexe, de 2005-2010 et 2010-2019
Source : INS
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 20
Graphique 1.19: Créations d’emploi annuelles et taux de chômage moyen, par grandes
régions, de 2010 à 2019.
Source : INS
Graphique 1.20: Créations d’emploi annuelles et taux de chômage moyen, des diplômés du
supérieur, par grandes régions, de 2010 à 2019.
22 000 21 390 48
20 000 47,8 45
41,8 17 733
18 000 40,5 42
14 000 36
12 000 33
10 133
10 000 30
28,7
8 000 27
6 000 24
22,9 5 278
4 000 21,5 3 657 21,1 21
2 633
2 000 1 567 18
922 533
16,7 290
0 15
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 21
Graphique 1.21: Evolution de la demande additionnelle et du taux de chômage, année par
année, de 2005 à 2019
19
18,3 124 800
120 000 17,6 18
17
87 100
82 100 85 400
75 500 80 000 78 500
80 000 75 500 15,9 15,6 15,4 16
15,2 15,3 15,3
14,8
55 800
51 500
15
48 100
40 000 37 000 14
13,3 27 100
12,9 20 500
12,5 13,0 13
12,4 12,4
0 12
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
11
-40 000 10
-80 000
Recensement
8
22
-77 100
Source : INS
85 000 82 500
80 000 18
75 000 17,3
70 200
70 000
65 000
60 000 58 100 16
55 000
50 000 15,3
15,2
45 000
40 000 38 500 14
34 500
35 000
30 000
25 000 12,9
12,6
20 000 12
15 000
10 000
5 000
0 10
2004-2007 2007-2010 2010-2013 2013-2016 2016-2019
Source : INS
70 000
15,4 %
60 000 15
50 000
40 000
34 200
30 000 14,2 % 14
20 000
10 000
0 13
2005-2012 2012-2019
Source : INS
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 22
Graphique 1.24: Evolution de la demande additionnelle et du taux de chômage des Diplômés
du Supérieur, par triennats successifs de 2004 à 2019
5 000
18 23
16,7 17
0 16
2004-2007 2007-2010 2010-2013 2013-2016 2016-2019
Source : INS
Toutefois, bizarrement, cette règle n’est plus valable lorsqu’on l’applique aux diplômés du
supérieur (cf. graphique 1.27). En effet, 1% de croissance a généré : 7 900 emplois
annuellement sur le triennat 2007-2010, mais, 14 000 emplois sur 2013-2016 et 19 500 sur
2016-2019. La croissance économique n’a pas été déterminante dans le processus de
créations d’emploi chez les diplômés du supérieur. Ce phénomène peut être expliqué, très
partiellement, par la forte augmentation des PAMT pour cette catégorie, mais cela ne justifie
pas le fort décalage du volume de créations entre 2007-2010 et 2013-2019.
Source : INS
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 23
Graphique 1.26: Evolution de la création d’emploi vs le taux de croissance, de 2005 à 2019, par
triennats successifs
55 000
3,5
50 000
3
45 000
40 000
36 700
35 000 34 100
2
30 000
1,9
25 000 1,7
1,6
20 000
15 000
1
12 600
10 000
5 000
24
0 0
2007-2010 2010-2013 2013-2016 2016-2019
Source : INS
30 000 3,0
27 700
25 000
22 400
20 000 2,0
1,9
15 000 1,7 1,6
10 000 1,0
5 200
5 000
0 0,0
2007-2010 2010-2013 2013-2016 2016-2019
Source : INS
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 24
Enfin, il y a les offres abandonnées faute de candidats « adéquats » (les « vrais » offres non
satisfaites): il s’agit, en général (pour la majorité), d’offres présentant un profil de poste mal
formulé, ou bien d’offres exigeant que le candidat soit immédiatement opérationnel (il s’agit
là d’offres que je qualifierais de « non sérieuses »). En effet, les recruteurs oublient souvent
qu’ils doivent accepter de prendre des risques et admettre le fait qu’ils ont un rôle –et même
un devoir- de formation « sur le tas » à assurer.
Forces Faiblesses
* Déséquilibre offres-demandes, 25
* SPE (Service Public de l’Emploi) avec inadéquation de l’offre, particulièrement
couverture totale du territoire (110 bureaux de pour les diplômés du supérieur;
Tabarka à Ben Guerdane), disposant d’un * Tissu économique marqué par les
système d’information performant. activités à faible valeur ajoutée et basées
sur une main d’œuvre non qualifiée. Pour
* SIVP (Stage d’Initiation à la Vie des raisons structurelles, même une
Professionnelle), devenu CIVP (« Stage » croissance économique élevée portée par
remplacé par « Contrat »), accepté par tous les les secteurs économiques dans leur état
acteurs, avec une longue expérience actuel ne permettrait pas de réduire le
d’administration du programme par le SPE et chômage des diplômés du supérieur à
relativement pas coûteux (le nombre moyen de brève échéance, ni même à moyen terme.
bénéficiaires du SIVP ou assimilés / jour est A titre d’exemple : les secteurs du
passé de 11 mille en 2005 à plus de 70 mille bâtiment (14% de la population active
en 2019). occupée), de l’agriculture (14%), du
Sans le recours de plus en plus intensif aux commerce et réparations (13%), du textile
différents programmes de PAMT (le SIVP et (7%), et de l’hôtellerie-restauration (4%),
les programmes de prise en charge par l’Etat qui concentrent plus de la moitié (52%) de
d’une part du salaire), le chômage des la population active occupée, offrent, dans
diplômés serait beaucoup plus élevé. leur état actuel, peu de perspectives pour
les diplômés du supérieur (n’emploient que
* Le tissu économique existant ainsi que le 17% de l’ensemble des DS occupés, avec
modèle de développement actuel permet une un taux d’encadrement de 7% en
très bonne couverture de la Demande moyenne).
Additionnelle pour les non-Diplômés du * Eparpillement des efforts et des moyens
Supérieur. pour la création de nouvelles entreprises et
faible durée de vie des entreprises créées ;
* Secteur public plus attrayant vs manque
de dynamisme du secteur privé quant à
l’emploi;
* Baisse continue du nombre d’emplois
dans les régions intérieures depuis une
décennie au moins; les créations (nettes)
d’emplois ont lieu pratiquement en totalité
dans les régions du littoral.
* Augmentation exponentielle du nombre
de chômeuses (femmes) DS passant de
7% de l’ensemble des chômeurs (avec
moins de 30 000 chômeuses) en juin 2005,
à près de 30% en juin 2019 (avec 184 000
chômeuses), soit une multiplication par 6,2
du nombre de chômeuses.
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 25
* Faible mobilité de cette catégorie de
chômeurs (femmes- DS), des régions
intérieures vers les bassins d’emploi des
régions côtières.
* 61% des chômeurs diplômés du
supérieur (en 2019) ont obtenu leur
diplôme il y a 5 ans ou plus (44% DS-Filles
+ 17% DS-Hommes).
* Nombre important de jeunes NEET (ni en
emploi, ni scolarisé, ni en stage de
formation): en 2019, 36% des jeunes
d’âge actif et âgés de moins de 30 ans, soit
plus de 926 mille sont des NEET, avec un
taux de chômage de 34.5% pour cette
26
tranche d’âge. Autrement dit, près de 557
mille jeunes de moins de 30 ans, non
scolarisés et non occupés, ne sont pas
comptabilisés comme chômeurs au sens
du BIT, soit plus de 150% du nombre de
chômeurs qui sont 370 mille pour cette
tranche d’âge (58% du nombre total des
chômeurs). Cela constitue l’un des
problèmes sociaux les plus graves
auxquels la Tunisie est confrontée,
l’exclusion des jeunes du marché du travail
contribuant à entretenir des niveaux de
pauvreté élevés et représentant des
opportunités perdues pour la croissance
économique. En outre, une longue période
de chômage ou d’inactivité au début de la
vie active peut avoir un impact néfaste
permanent sur l’employabilité, les futurs
revenus et l’accès à des emplois de
qualité. Les faibles perspectives de trouver
un emploi favorisent le découragement, qui
à son tour pourrait être à l’origine de
l’inactivité (le taux d’activité pour la même
tranche d’âge [15,30[ étant égal à 45,1%
en 2019).
Opportunités Menaces
* Opportunité démographique :
* Très faible niveau d’investissement
- Baisse continue de la population (totale) des
jeunes de la tranche d’âge [15;25[ au cours de * Non émergence d’activités à haute valeur
la dernière décennie 2009-2019, à un rythme ajoutée et innovantes: pourvoyeuses de
de 2,9 % en moyenne annuelle (1 574 000 en main d’œuvre qualifiée
2019 contre 2 035 000 en 2009). * Administration publique (tracasseries
administratives) = frein à la création
- Demande Additionnelle (DA) en chute libre. d’entreprises
Jamais la situation démographique n'a été
aussi favorable à l'emploi :
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 26
il n'y a eu chaque année que 34 mille
personnes supplémentaires, par an, sur le
marché du travail en moyenne entre 2012 et
2019, contre 81 mille en moyenne annuelle
entre 2005 et 2012. Sans le secours de la
démographie mais aussi de l’émigration
massive, c'est donc plus de 950 mille
chômeurs et un taux de chômage supérieur à
21% que nous aurions eus, au lieu de 638
mille chômeurs et un taux de chômage de
15,3% (mai 2019);
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 27
Chapitre 2
Le concept et la problématique de
l'employabilité,
le rôle des politiques publiques de l'emploi
dans l'amélioration de l'employabilité
et proposition d'un indicateur
d'employabilité pour les diplômés 28
Le rôle des individus dans la construction de leur propre employabilité, au delà de leur
«développement personnel», se voit ainsi de plus en plus reconnu. Suivant le Ministère
français du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, par
exemple: «L’employabilité (individuelle) est la capacité d'évoluer de façon autonome à
l'intérieur du marché du travail, des qualifications et des comportements qu'on a, de la
façon dont on s'en sert et dont on les présente à l'employeur ».
Ainsi, l’employabilité est l’un des principaux résultats de l’éducation et d’une formation de
qualité, comme partie intégrante et coordonnée d’un ensemble d’autres politiques.
L’employabilité d’un individu se construit grâce à plusieurs composantes:
1/ les compétences de base « lire, écrire, compter »,
2/ les compétences comportementales et les attributs personnels essentiels, - par
exemple, la fiabilité et l'intégrité, la motivation et l'initiative-,
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 28
3/ les compétences techniques propres à la profession « à tous les niveaux »,
4/ les compétences qui contribuent à la performance organisationnelle « telles que le
travail en équipe, l'autonomie, la communication et la résolution des problèmes ».
Ainsi, l'employabilité n'est pas seulement un ensemble de compétences mais aussi une
gamme d'expériences et d'attributs développés par l'apprentissage de niveau supérieur.
Dans ce sens, l'employabilité n'est pas un «produit» mais un processus d'apprentissage.
La notion d’employabilité, dont la définition ne fait pas consensus, peut engendrer des
débats idéologiques quant à la répartition des responsabilités entre le salarié et
l’entreprise. Elle peut même être perçue comme un transfert de responsabilité de
l’entreprise sur le salarié.
En nous référant aux débats actuels, il est possible d’identifier trois aspects exprimant
bien la notion d’employabilité: les phases du rapport à l’emploi (recherche, accès et
maintien), le marché de l’emploi comme cadre de référence et une définition très large de
son contenu en tant que caractéristique individuelle.
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 29
Un défi majeur est celui de l’accès à l’emploi, et plus précisément à un travail décent: à
quoi bon développer ses qualifications et ses compétences, à quoi bon un processus de
formation, s’il n’y a pas de débouché en termes d’emploi, et d’un travail décent ?
30
2.2. Le rôle des services publics et des politiques
publiques de l’emploi dans l’amélioration de
l’employabilité
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 30
Ainsi, les 113 bureaux locaux de l’emploi jouent le rôle de service de main d’œuvre et
sont chargés de l’animation du marché du travail. A leur niveau, ils sont appelés à
contribuer à une meilleure connaissance des potentialités d’emploi et à une meilleure
régulation du marché du travail.
L’opération d’intermédiation sur le marché du travail et le profilage des demandeurs
d’emploi nécessite la mise en place et l’exploitation optimale de référentiels
«des métiers et des compétences».
Plusieurs tentatives ont été faites dans ce sens par le SPE en Tunisie, mais l’ANETI
ne dispose pas jusqu’à ce jour de tels référentiels.
Un exemple bien connu de ces programmes destiné aux diplômés du supérieur (les
titulaires d’un Brevet de Technicien Supérieur –BTS- de la formation professionnelle y
sont assimilés) est le « fameux » SIVP (Stage d’Initiation à la Vie Professionnelle),
devenu depuis 2019 CIVP ( le mot « Contrat » a remplacé inopportunément le mot
« Stage »). En fait, l’intérêt premier de ce stage est de procurer au demandeur
d’emploi des atouts supplémentaires pour augmenter ses chances de se stabiliser
par la suite dans un emploi ordinaire grâce à l’expérience professionnelle et aux
compétences acquises par la mise en situation de travail, lui permettant de faire
reconnaître ses qualités, et ainsi, d’améliorer son employabilité. Cette mise en
situation de travail, avec la confrontation au réel qu’elle implique, est favorable à
l’insertion économique et conforme aux désirs des jeunes diplômés. Elle comporte
aussi une dimension d’intégration sociale.
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 31
2.2.3. Nécessité de mise en place d’un observatoire des
métiers et des compétences pour les diplômés
L'inadéquation des compétences des jeunes diplômés avec les besoins des
entreprises et de l’économie est un problème que rencontrent les établissements de
formation. La solution permettant d’améliorer l’employabilité des diplômés passe
par des structures de formation capables d'identifier les besoins (actuels et à venir) et
d'y adapter leurs enseignements.
L’ANETI, par contre, dispose d’un système d’information assez performant, les différents
bureaux étant interconnectés grâce à un réseau à haut débit. Ce système permet
l’enregistrement et le traitement des données, en temps réel.
En outre, la base de données de l’ANETI intègre aussi certaines données issues des
systèmes d’information des caisses sociales (CNSS et CNRPS) pour les personnes en
emploi dans le secteur privé structuré ou le secteur public.
La BD de l’ANETI offre la possibilité de consulter en multicritères toutes les données
enregistrées et permet de manière automatique l’édition de tableaux statistiques.
L’employabilité des jeunes en Tunisie: défis et opportunités (H. ATEB, ADVI Consulting - GIZ) Page 32
- Les informations issues des bases de données des caisses sociales indiquant
les dates et durées des cotisations pour les travailleurs et les entreprises
d’embauche.
Ces statistiques peuvent être déclinées par date (avec historique détaillé), âge, genre,
lieu de résidence, niveau d’instruction, diplôme (type, intitulé exact du diplôme, de la
spécialité, de l’institution de formation, l’année d’obtention), bureau d’attache, toutes les
prestations reçues (date, nature, …), informations pertinentes sur les employeurs et les
offres d’emploi: caractéristiques sociodémographiques des entreprises, secteur d’activité,
implantation de l’entreprise, profession demandée, type de contrat, formation et
expérience exigée…..
Notons enfin, et cela est essentiel dans notre démarche, que l’écrasante majorité des
diplômés du supérieur (84%) sont enregistrés dans la base de données de l’ANETI (Cf. :
Tableau 2.1 ci-après, pour plus de détails); 33
Tableau 2.1 : Panel des 8 promotions de 2009 à 2016 (Public & Privé)
Inscrits à l'ANETI ؉ nombre de diplômés (selon le dernier diplôme obtenu)
Nbre diplômes Nbre diplômés Part des Nbre d'inscrits % des inscrits
délivrés (individus) diplômés BD-ANETI ANETI
FC* + Maîtrise-Dipl spécialisé (a r) + Licence LMD 423 091 366 816 72,8% 340 147 93%
Ingénieurs et architectes 52 022 52 022 10,3% 39 995 77%
Médecine, dentaire, pharmacie, vétérinaire 12 170 12 170 2,4% 4 250 35%
Mastère et assimilés 72 749 65 227 12,9% 39 409 60%
Doctorat (littéraire, scientifique, économique, droit) 7 677 7 677 1,5% 949 12%
TOTAL 567 709 503 912 100% 424 750 84%
*FC = Filières courtes a r = ancien régime
N.B. 1: Les faibles pourcentages de titulaires d’un mastère ou d’un doctorat inscrits
peuvent être imputés au fait que les données concernant le diplôme des intéressés n’ont
pas été actualisées. Cela concerne surtout ceux d’entre eux qui ne sont plus à la
recherche d’emploi.
N.B. 2: Le taux d’activité des diplômés du supérieur est estimé à 86% (89% pour les
hommes DS et 83% pour les femmes DS).
Il est donc possible d’utiliser la base de données de l’ANETI jusque là non exploitée dans
cet objectif, pour suivre dans le temps le parcours de panels de sortants (promotions) de
l’enseignement supérieur (ou de la formation professionnelle). Cela permettra de
« mesurer » l’employabilité relative moyenne (non individuelle), soit d’une
institution de formation (employabilité institutionnelle), soit, indépendamment de
l’institution, d’une filière de formation (employabilité de cursus) ou d’un type de
diplôme (employabilité de diplôme).
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1-personnes ayant obtenu un emploi décent (emploi avec sécurité sociale),
2-demandeurs d’emploi,
3-autres situations: emploi “précaire” (sans sécurité sociale), inactivité, émigration ou
décés (sorties).
Construction du modèle :
On choisit un panel de diplômés ayant obtenu leur diplôme au cours de l'année A (en
général en mai-juin de l'année A).
On considère:
P₁= avant le 31 décembre de l'année A du diplôme
P₂ = de janvier à juin de l'année de l'année A+1
P₃ = de juillet de l'année A+1 à juin de l'année A+2
Si E0 est l’indice (absolu) pour l’ensemble des diplômés de l’année A, et si E est l’indice
d’employabilité (absolu) du panel choisi, on considèrera l’indice relatif égal à : Ẽ = E / E0.
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Tableau 2.3 : Indice d’employabilité relative des promotions 2000-2007, en juin 2008, selon la
spécialité et le diplôme
150
136
132 132
124 126 125
114 116
112
102 105
97 100
100 96
86 89
73
69
35
50
Maîtrise
Maîtrise
Maîtrise
Maîtrise
Maîtrise
Maîtrise
Ingénieurs
Ingénieurs
Ingénieurs
Ingénieurs
Filières longues
Filières courtes
Filières courtes
Filières courtes
Filières courtes
Filières courtes
Filières courtes
Filières courtes
Filières courtes
Architectes
Agronomie Sc et Tech hors TIC Droit E-G-C L-H-A Santé TIC Ttes spécialités
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