E Lubilanji 9fbd19b3b8
E Lubilanji 9fbd19b3b8
E Lubilanji 9fbd19b3b8
eISSN : 2736-495X
D/2023/10254/04 RD/3.02304-57208
Éditions Panubula-La Belle Page Éditions Ditunga
Rue de Namur, 36C Avenue de la Cathédrale, n° 48
7141 Mont-Sainte-Aldegonde Mbujimayi - Kasaï Oriental
Belgique RD Congo
[email protected] [email protected]
Panubula : Bwa kulubuluja bubanji bwa lungenyi mu macu ma Nsambi.
Partage du petit héritage en droit congolais. Heur et malheur des héritiers...... 83-108
William Kabeya Badiambuji
Sommaire Lubilanji
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2. L’université et l’écriture
Comme cette triple mission n’est pas une activité ésotérique, une
liturgie cachée à la masse et réservée à une minorité d’initiés, mais un
service public, la vie d’une université est aussi tenue au devoir d’écri-
ture comme haut lieu de visibilité et de « redevabilité » par rapport
à la charge reçue de la société. La recherche scientifique a besoin de
l’écriture comme mesure et voie d’échanges pour le travail abattu dans
la conquête intellectuelle et technique du monde et de ses mystères, le
chercheur étant un guide attitré de l’humanité dans sa quête perma-
nente du savoir et du savoir-faire. L’enseignement a besoin de l’écriture
comme mémoire objective des connaissances maîtrisées et transmises
par l’enseignant, mais aussi comme chemin d’initiation des étudiants
aux méthodes de la véritable culture scientifique. L’humanité a besoin
de l’écriture de l’université comme parole critique, objective et construc-
tive sur la dynamique de l’histoire, l’universitaire étant une conscience
appelée à voir plus loin et à aider la communauté humaine à opérer les
meilleurs choix pour son avenir. En somme, l’université est condam-
née à l’écriture pour rendre compte de son travail, pour soumettre son
travail à la critique et à l’enrichissement des autres, et pour mettre son
travail au service de toute la communauté. Il ne s’agit pas de l’écriture
facile et superficielle du chercheur sans inspiration ni transcendance,
enfermé dans la répétition des lieux communs ; il ne s’agit pas non plus
de l’écriture malhonnête et nuisible de l’imposteur qui se livre au pla-
giat ou à la suppléance de l’intelligence artificielle ; il s’agit de l’écriture
harassante, rigoureuse et créatrice du chercheur et du serviteur de la
vérité, qui pose les vraies questions et cherche les vraies réponses.
6. La mission de Lubilanji
La revue Lubilanji est donc une réponse à un besoin réel, mais aussi
un défi face au déficit d’écriture dans notre université. En effet, après
quatre ans sans Les cahiers de l’UOM, nous allons disposer d’un autre
périodique de publications scientifiques, qui évitera à nos chercheurs
le calvaire de toujours aller chercher ailleurs et, souvent, de publier les
résultats de leur travail dans des maisons prédatrices, uniquement inté-
ressées par le gain et qui n’ont aucune volonté ni compétence pour juger
de la forme et du fond d’une étude scientifique. Ainsi, nul ne pourra
se prévaloir de l’absence de revue pour justifier sa stérilité scientifique,
notre souhait étant de voir Lubilanji submergée par les travaux à publier,
avec l’espoir de passer de la série multi-thématique lancée avec ce pre-
mier numéro à plusieurs séries mono-thématiques. Par ailleurs, Lubilanji
veut être une revue dont la rigueur est une marque particulière de re-
connaissance et de consécration de l’originalité, de la pertinence et de
Résumé — Pour l’Université officielle de Mbujimayi, la revue Lubilanji est une réponse
à un déficit, au besoin institutionnel de se doter d’un périodique pour la publication
des travaux scientifiques de ses professeurs et de ses chercheurs. Mais Lubilanji est sur-
tout un défi lancé à toute la communauté universitaire, appelée à se réconcilier avec
l’écriture par la régularité, la pertinence et la qualité des travaux, contribuant ainsi à
replacer la recherche scientifique au centre de sa vie.
Mots-clés : Université - Recherche - Enseignement - Service social - Écriture - Revue
- Lubilanji.
Abstract — The Lubilanji journal is the means by which the Official University of
Mbujimayi is addressing the institutional need for a space for regular publication
of professors’ and researchers’ scientific studies. More than this, however, Lubilanji
is about issuing a challenge to the entire university community, by calling colleagues
to document their findings regularly and in a high quality manner, and by so doing,
putting scientific research at the centre of university life.
Keywords : University - Research - Teaching - Social service - Writing - Journal -
Lubilanji.
Introduction
La Justice coutumière est un ensemble des procédures, pratiques et
usages locaux applicables aux litiges qui requièrent des solutions tradi-
tionnelles, soit devant les cours et tribunaux, soit au niveau des instances
spéciales de règlement des conflits. La récurrence des conflits entre les
communautés locales de l’espace Grand Kasaï présente certaines ma-
nifestations qui révèlent l’inefficacité du dualisme ayant caractérisé le
système juridique.
L’application des règles du Droit écrit aux interminables différends
qui divisent les villages ou clans de cet espace du pays, appelle une
certaine remise en question. Dans le monde rural kasaïen, les affron-
tements sanglants qui aboutissent souvent aux incendies des maisons,
meurtres et autres violations graves des droits humains, sont causés non
seulement par les abus dans l’exploitation agricole, minière ou forestière
sur les terres coutumières, mais aussi par les revendications relatives à
l’installation de certains groupes considérés comme étrangers au clan,
dans le village, ou par l’accès au pouvoir coutumier par des personnes
sans droit ni qualité.
La nouvelle Loi sur le Statut des chefs coutumiers de 2015, ayant
donné l’impression d’ouvrir certaines voies de sortie dans ce secteur, n’a
pas, depuis 8 ans dès sa promulgation, réussi à apporter une nouvelle
dynamique dans les conflits coutumiers. Par ailleurs, le législateur a cru
résoudre des problèmes avec cette Loi ; alors qu’il aurait été intéressant
d’aborder par cette occasion, la question des règles coutumières maté-
rielles au moyen des signaux clairs. Les coutumes locales sont retenues
parmi les sources du Droit, mais elles sont aussi ignorées de beaucoup
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ou elle serait encore dans l’état où l’avait laissée les vieilles générations
de xixe et xxe ?
Devant les juridictions dites modernes, les énoncés des coutumes
locales sont rares même là où le litige est fondamentalement de type
traditionnel. La compréhension de mêmes coutumes ne fait presque
pas l’unanimité. L’insécurité est grandissante lorsque les plaideurs se
trouvent devant les matières qui nécessitent le recours aux énoncés de la
coutume ; car dans un même clan, deux ou trois villages peuvent détenir
des coutumes contradictoires sur une même question.
Il existe du reste un grand écart entre les anciens énoncés des cou-
tumes locales luba, tetela ou songye, et les actuelles réalités sociologiques
du terrain. L’exemple en matière successorale peut être tiré de l’énoncé
de la coutume qui dit : « mwan’abu ni muntu, ki muntu mwina » ; ce qui
voudrait dire « le frère du défunt, c’est le remplaçant valable de ce der-
nier » ; donc, son héritier préférentiel. Cet énoncé de la coutume luba
du Kasaï crée de la confusion à ce jour, non seulement en matière des
successions aux biens du de cujus ; mais aussi et surtout dans le domaine
de la succession au trône traditionnel, là où la transmission du pouvoir
coutumier est héréditaire.
Cet énoncé de la coutume entre en conflit avec un autre conçu en
ces termes : « mwafwa Mpundu, mwapingana Mpundu » ; ce qui signi-
fie : lorsqu’un âne meurt, il est remplacé par son petit. Or, l’enfant du
chef coutumier ne peut remplacer son père, dans plusieurs contrées du
Grand Kasaï, que lorsqu’autour de sa famille paternelle, il n’y a aucun
de ses oncles en position utile de successibilité au trône. Sur ces ques-
tions de succession au trône, plusieurs villages de l’espace Grand Kasaï
se sont séparés après plusieurs affrontements en interne. Les divisions
claniques dans plusieurs contrées se fondent sur ce type d’incidents.
Malgré l’état stagnant des coutumes relatives à la transmission du
pouvoir traditionnel dans l’espace Grand Kasaï, la nature de la cou-
tume est caractérisée par un dynamisme qui assure sa survie juridique.
Malheureusement, il s’avère que depuis plusieurs décennies, la coutume
locale ne connaît aucune évolution.
Les auteurs affirment unanimement que la coutume est dyna-
mique, malgré sa diversité et l’existence de quelques contradictions au
niveau local, clanique ou tribal. C’est l’avis de plusieurs jurisconsultes
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3. Kalongo Mbikayi, Responsabilité civile et socialisation des risques en droit zaïrois,
Kinshasa, PUZ, 1979 ; F. Tshibangu Tshiasu Kalala, Le régime successoral chez les Baluba
et les Bakongo du Zaïre – Essai de confrontation du système patrilinéaire et du système matrilinéaire
des successions, Thèse d’État, Université d’Aix, 1975 ; Mulumba Kat chy, Introduction à
l’étude du droit coutumier congolais, Kinshasa, PUC, 2007 ; A. Sohier, Traité élémentaire du
droit coutumier du Congo-Belge, Bruxelles, Maison Ferdinand Larcier, 1954 ; Kalombo
Mbanga, Cours de droit pénal général ; Kalambay Lumpungu ; Kapeta Nzovu, et c.
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6. A. Garapon, cité par Benoît Mutamba Kanyuka Kabal o, « Existe-t -il une
culture juridique africaine ? », in Mélanges Nguya Ndila, République Démocratique du
Congo : les défis récurrents de décolonisation, de l’État de droit et du développement économique et
social, Kinshasa, CEDESURK, 2012, p. 845.
Son régime politique fut de ceux qui ont davantage connu les violations
massives des droits humains et en toute impunité.
En 1967 déjà, sous la plume de Monsieur Mabika Kalanda, le
constat suivant était fait : « au fur et mesure que la tribu ou le clan pre-
nait numériquement de l’importance, le phénomène de division s’am-
plifiait. On a pu dire que l’influence du milieu géographique, le climat,
l’immensité de l’espace habitable sont à l’origine de l’émiettement de la
société bantoue… Le parlement se réunit dans les conditions fixées par
l’ONU, donc par les puissances qui contrôlent cette organisation. Une
haie de fil barbelé protégée par des dogues formait une enceinte gardée
par les casques bleus » 7.
Ce fut sous le règne du Président Mobutu Sese Seko que la décision
de supprimer les tribunaux coutumiers fut annoncée (en 1982). Est-il, à
ce jour, utile de réhabiliter cette vieille justice coutumière par rapport aux
questions spéciales liées à l’ampleur des conflits inter-communautaires
à travers le pays en général, et dans l’espace Grand Kasaï, en parti-
culier ? La réponse ne peut être que négative. La nouvelle forme de la
justice coutumière plaide en faveur de la valorisation des coutumes lo-
cales, entendues comme source fondamentalement riche et susceptible
d’apporter progressivement à la législation actuelle, de véritables règles
de Droit, à la fois originales et améliorées.
Pour le Professeur Kayemba Ntamba, tout aussi fondamental est
le caractère consensuel de la société africaine traditionnelle, parentale
ou politique, où le souci de composer, de persuader l’emportait de loin
sur celui de triompher des adversaires. Ce souci transparaît à travers les
palabres et aussi à travers nombreuses autres institutions au niveau des
sociétés politiquement organisées, notamment les répliques politiques
institutionnalisées, l’élection des rois dans nombreuses sociétés, le res-
pect des tribus vaincues, la séparation du dominium incarné par le chef
de terre et de l’imperium incarné par le chef politique, la participation de
tous les groupes à la vie publique 8.
Pour rester dans le cadre des recherches menées sur les conflits
inter-communautaires dans l’espace Grand Kasaï, il est envisageable
de réfléchir sur l’impact de quelques tentatives de réhabilitation des
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9. Notamment la Loi de 2002 portant Code minier, la Loi sur l’Agriculture et
le Code forestier.
10. À ce propos, lire Balanda Mikwin Leliel, « Les tribunaux de paix au Zaïre ;
fonctionnement, procédure et compétence », in RJZ, nos 1-3, 1984 ; J. E. Nzundu
Nzalalemba, « Les tribunaux de paix et les juridictions coutumières en milieu rural :
de la substitution à la survivance », in Revue du Barreau de Kinshasa/Matete, Kinshasa,
n° 001, 2013, p. 131.
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11. L’article 10 de la Loi organique sur les juridictions de l’ordre judiciaire dis-
pose que le tribunal de paix siège au nombre d’un seul juge en matière civile. Tou-
tefois, il siège au nombre de trois juges lorsqu’il y a lieu de faire application de la
coutume locale. Dans ce cas, deux de trois juges sont des notables du lieu désignés par
le Président de la juridiction.
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12. Pour les notables et chefs traditionnels du village de Beena Mulombo (si-
tué du côté Kasaï-Oriental), les terres autour du Lac Munkamba reviendraient à la
Province du Kasaï-Oriental ; tandis que, pour les responsables coutumiers du village
de Bakwa Luntu de Amika (la première agglomération du Kasaï-Central), les fron-
tières auraient été déplacées ; d’où, un litige permanent entre ces deux villages voisins
séparant les deux provinces du Grand Kasaï.
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Conclusion
Les 62 ans d’indépendance du Congo coïncident avec les 62 ans
de divisions et tensions inter-communautaires qui ont contribué néga-
tivement à l’élan du développement socio-économique. Les routes de
desserte agricole sont quasi-inexistantes dans les communautés locales
en proie aux querelles des terres et des pouvoirs coutumiers. Cette
étude a préconisé deux voies prioritaires : le renforcement des cou-
tumes en vue de leur amélioration, ainsi que la suggestion du début
de codification des coutumes locales, faite aux chefs coutumiers coop-
tés députés provinciaux ; ce qui présage la réunification des clans de
cet espace géographique et l’élimination ou la réduction des conflits
inter-communautaires.
En attendant l’amorce du processus d’harmonisation des règles
coutumières, par des interventions accrues des Assemblées provinciales,
il est utile de proposer au législateur d’autoriser, à titre de mesure tran-
sitoire, l’intégration des vrais juges administratifs assesseurs, issus de di-
verses Commissions consultatives de règlement des conflits coutumiers,
pour leur expertise dans le traitement des contentieux qui appellent
l’application de la coutume devant le tribunal administratif dont l’ins-
tallation est exigée sans délai. Par ailleurs, il est souhaitable pour l’État,
d’envisager d’une part, l’amélioration des conditions salariales des juges
assesseurs des tribunaux de paix ; et de l’autre, l’organisation de leur
formation spéciale. Ce qui permettra d’avoir la nouvelle catégorie de
ces juges pour les tribunaux administratifs.
Pour renforcer la vision d’une contribution efficace des coutumes
au règlement des conflits inter-communautaires, la codification des cou-
tumes par voie d’édits provinciaux est une voie qui permettra au Droit
congolais d’avoir, même à long terme, ses propres règles modernes ou
modernisées, au lieu de considérer les règles juridiques héritées de la
colonisation comme étant celles du Droit congolais moderne. Com-
mencer une telle œuvre à partir du Grand Kasaï, permet à la nation de
commencer sa révolution législative de quelque part.
Sur le plan scientifique, il est utile de suggérer l’insertion dans les
maquettes des sciences juridiques, une unité d’enseignements sur le
Droit traditionnel congolais, au niveau du cycle de Maîtrise (système
LMD) au sein duquel cette branche fondamentale est omise.
Références bibliographiques
1. BALANDA Mikwin Leliel, « Les tribunaux de paix au Zaïre ; fonctionne-
ment, procédure et compétence », in RJZ, nos 1-3, 1984.
2. KALONGO Mbikayi, Responsabilité civile et socialisation des risques en Droit
zaïrois, Kinshasa, PUZ, 1979.
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Afrique noire postcoloniale », in Annales de la Faculté de Droit, vol. IV-VII,
1975-1978, Kinshasa, Université de Kinshasa, 1984.
4. LUZOLO Bambi Lessa, E. J., Traité de droit judiciaire : La justice congolaise et
ses institutions, Centre de Recherche sur la Justice Transitionnelle, Kinshasa, PUC,
2018.
5. MABIKA Kalanda, La remise en question : base de la décolonisation mentale,
Kinshasa, Éditions Remarques Africaines, 1967.
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sa, PUC, 2008.
7. MUTAMBA Kanyuka Kabalo, B., « Existe-t-il une culture juridique afri-
caine ? », in Mélanges Nguya Ndila. République Démocratique du Congo : les défis
récurrents de décolonisation, de l’État de droit et du développement économique et social,
Kinshasa, Éd. CEDESURK, 2012.
8. NZUNDU Nzalalemba, « Les tribunaux de paix et les juridictions cou-
tumières en milieu rural : de la substitution à la survivance », in Revue du
Barreau de Kinshasa/Matete, n° 001, Kinshasa, 2013.
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Introduction
La protection judiciaire instituée par la Loi n° 09/001 du 10 jan-
vier 2009 portant protection de l’enfant a principalement porté sur la
création des juridictions spécialisées pour enfants, conformément à l’ar-
ticle 84 de la loi susvisée, qui prévoit leur création dans chaque territoire
ainsi que dans chaque ville et fait fixer leur siège ordinaire et leurs res-
sorts par décret du Premier ministre 2.
En 2009, alors que la République démocratique du Congo ne
comptait que 11 provinces, les tribunaux pour enfants n’ont pas effec-
tivement fonctionné sur toute l’étendue du territoire national, pour des
raisons liées notamment à l’absence d’infrastructures adéquates devant
abriter ces juridictions et à l’indisponibilité des ressources humaines.
Pourtant l’article 200 de la loi susvisée prévoyait que les tribunaux
de paix et les tribunaux de grande instance devraient rester compétents
pour connaitre respectivement en premier et second ressort des affaires
qui relèvent de la compétence des tribunaux pour enfants qui seront
installés et fonctionneront au plus tard dans les deux ans qui suivaient
sa promulgation.
Au regard de ce qui précède, la logique voudrait que les tribunaux
pour enfants soient effectifs au plus tard en 2011, soit deux ans après la
promulgation de la Loi portant protection de l’enfant. Curieusement,
il y a lieu de constater que deux ans après la promulgation de cette loi,
sept (7) tribunaux seulement ont réellement existé en phase d’expéri-
mentation.
1. [email protected].
2. Il s’agit du décret n° 11/01 du 5 janvier 2011 qui a fixé les sièges ordinaires et
ressorts des tribunaux pour enfants.
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3. Ngoto Ngoie Ngal ingi, L’essentiel du Droit pénal congolais, Kinshasa, Presses
Universitaires du Congo, 2019, p. 138.
4. Ibid.
5. J. Leroy, cité par Ngoto Ngoie Ngal ingi, Op. cit., p. 139.
6. Matadi Nenga Gamanda, Le droit à un procès équitable, Louvain-la-Neuve, Aca-
demia Bruylant, p. 11.
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10. Lire, à ce sujet, l’article 15.2 de l’Ensemble de règles minima des Nations
Unies concernant l’administration de justice pour mineurs (Règles de Beijing du
29 novembre 1985).
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point 5 que l’enfant a droit de voir son affaire être jugée dans un délai
raisonnable.
Il est vrai que la loi elle-même n’a pas défini ce qu’elle a voulu
entendre par délai raisonnable, néanmoins, il doit être tenu compte de
la vulnérabilité de l’enfant pour traiter son dossier pendant un temps
relativement court.
Nous nous fondons à ce sujet sur l’article 113 de la même loi qui
fixe le délai de 8 jours entre la prise en délibéré de l’affaire et le pronon-
cé, ce qui porte à croire qu’il est vraiment recommandé qu’il ne se passe
pas aussi beaucoup de temps entre le moment de la saisine du tribunal
et l’instruction.
Être jugé dans un délai raisonnable impose au juge, de traiter l’af-
faire qui lui est soumise sans aucun retard.
Or, dans le cas des enfants, cette exigence prend un relief parti-
culier. Les règles de Beijing expliquent en effet que « la rapidité des
procédures dans les affaires concernant les jeunes délinquants est d’im-
portance. Sinon, toute solution satisfaisante que procédure et jugement
pourraient permettre sera compromise. Plus le temps passera, plus le
mineur trouvera difficile, voire impossible, de relier intellectuellement et
psychologiquement la procédure et le jugement du délit » 11.
Cette position est appuyée par les observations faites à la décision
sous RECL 335 du Tribunal de paix de Kananga, prise en date du
11 décembre 2009, alors que le tribunal a été saisi en date du 2 no-
vembre et la cause appelée, instruite et prise en délibéré le 6 novembre
2009, en ces termes : « Le juge n’a pas non plus agi avec célérité car, il
n’a pas respecté les délais comme l’exigent les articles 104.5 et 113 de la
loi portant protection de l’enfant » 12.
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Conclusion
Le présent article a porté essentiellement sur l’application des ga-
ranties procédurales reconnues aux enfants reprochés des manquements
qualifiés d’infractions par la loi pénale à travers les décisions rendues
par les tribunaux pour enfants.
Subdivisée en trois parties, la présente étude s’est focalisée sur la
théorie générale en passant en revue la protection judiciaire telle que
prévue ou instituée par la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant
protection de l’enfant, avant de chuter par l’application des garanties
procédurales à travers l’analyse minutieuse des décisions judiciaires.
Il y a lieu de relever que parmi les décisions ayant fait l’objet d’étude,
il y en a qui sont rendues par les tribunaux de paix ayant fait office des
tribunaux pour enfants conformément aux prescrits de l’article 152 de
la Loi organique portant organisation, fonctionnement et compétences
des juridictions de l’ordre judiciaire, et celles rendues par les tribunaux
pour enfants.
L’analyse de ces différentes décisions rendues nous a permis d’éva-
luer l’observation des règles procédurales dans l’administration de la
justice pour enfants, selon qu’il s’agit des juges de paix ayant fait office
des juges pour enfants, et des juges pour enfants pour la nomination
desquels, la Loi portant protection de l’enfant exige spécialisation et
manifestation d’intérêt.
Cet exercice nous a permis de comprendre que les garanties pro-
cédurales rencontrent certainement des soucis quant à leur application
dans l’administration de la justice pour enfants par rapport notamment
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Bibliographie
Textes constitutionnels et légaux
1. Constitution du 18 février 2006, telle que modifiée par la loi n° 11/002
du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution
de la République démocratique du Congo, in Journal officiel de la République
démocratique du Congo, n° spécial du 5 février 2011.
2. Loi-organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonc-
tionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire, publiée
Décisions de justice
1. RECL 1543/V, décision rendue par le Tribunal pour enfants de Kinsha-
sa/Matete, en date du 24 janvier 2017.
2. RECL 3910/III, décision rendue par le Tribunal pour enfants de
Lubumbashi, en date du 11 janvier 2018.
3. RECL 335, décision rendue par le Tribunal pour enfants de Kananga, en
date du 11 décembre 2009.
4. RECL 0375, décision rendue par le Tribunal pour enfants de Mbuji-Mayi,
en date du 24 octobre 2014.
5. RECL 0944, décision rendue par le Tribunal pour enfants de Kananga,
en date du 19 janvier 2018.
6. RECL 219/09, décision rendue par le Tribunal pour enfants de Matadi,
en date du 23 mars 2009.
7. RECL 358/X, décision rendue par le Tribunal pour enfants de
Kinshasa/Kalamu, en date du 20 août 2009.
8. RECL 3000, décision rendue par le Tribunal pour enfants de Kananga,
en date du 11 décembre 2009.
9. RED 399, décision rendue par le Tribunal de paix de Kinshasa/
Pont-Kasa-Vubu, en date du 15 décembre 2009.
10. RECL 063/VII, décision rendue par le Tribunal de paix de Rwashi-
Kampemba, en date du 11 septembre 2009.
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Ouvrages
1. CARTUYVELS, Y., Justice des mineurs et sanctions alternatives. À propos des
prestations éducatives et philanthropes pour des mineurs auteurs d’abus sexuels, Paris,
Éditions Jeunesse et Droit, 2000.
2. IDZUMBUIR Assop, J., Les lois de protection de l’enfant en République démocra-
tique du Congo : difficultés de mise en œuvre, Kinshasa, Éditions Droit et société,
2017.
3. IDZUMBUIR Assop, J., La loi de protection de l’enfant en République Démocra-
tique du Congo, Analyse critique et perspectives, Kinshasa, Éd. Cedesurk, 2013.
4. KASONGO Lukoji, G., Manuel de droit congolais de protection des mineurs,
Kinshasa, Kongo Éditions, 2022.
5. MATADI Nenga Gamanda, Le droit à un procès équitable, Louvain-la-Neuve,
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6. MUKENDI wa Mulumba, J. J., Les écueils de la procédure devant les tribunaux
pour enfants : cas de la prison centrale de Makala, avec l’appui de l’OSISA, Kinsha-
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7. NGOTO Ngoie Ngalingi, Guide de protection de l’enfant, Kinshasa, Éditions
Droit et société, 2016.
8. ROSENNEVEIGH, J. P., La justice et les enfants, Paris, Éditions Dalloz,
2013.
Abstract — The promulgation of Law No. 09/001 of January 10, 2009 on the
protection of the child marked the clear will of the Democratic Republic of Congo
to comply with the international standards required for the protection of the rights of
the child.
This reforming law was mainly intended in particular to provide practical solutions
to the various concerns raised by the care of the child and to establish a specialized
court, called a children’s court whose jurisdiction is exclusively limited to questions
involving the child, with a completely different functioning from other jurisdictions of
the judicial order.
We will analyze the application of procedural guarantees since the advent of
the law on the protection of children, through the decisions rendered by the courts
of peace that served as these courts before their actual installation as well as their
decisions after they have actually been installed.
It will not be a question here of appreciating the various organizers and intervenors
near these courts, the present study will relate primarily to the evaluation through the
decisions which they returned, of the promotion of the fundamental rights recognized
to the children, in this case the procedural safeguards prescribed of nullity.
Keywords : Judicial protection - Child - Juvenile court - Procedural safeguards - Trial
chamber - Breach qualified as an offence.
Cikosu — Ditwa dya byala kudi Mfumu wa ditunga ha Meeyi ne mikandu nomba
09/001 dya matuku 10-01-2009 pa bukubi bwa mwana, ndileja hatoka ditabija dya
Kongu wa mu Ngalaata bwa kwenda hohamwa ne mitambi ya buloba bujima mu bidi
bitangila mwanda wa dikuba maneema a baana.
Meeyi ne mikandu ebi mbishuntulula maalu adi ni kipacila ka kufila biheta bya-
kane ku makonka kabukabu, mu dyambulwisha dya baana, ni difuka cibambalu cya
habwaci cidi ne diina ne tubadi twa baana, tudi ne makokeshi anu mu myanda idi
itangila baana ni nkuacilu wa mudimu mushilangana ne tukwabu tubadi.
Natujinga kulonga mushindu kayi udi miina makumbu aa mu mishinga ya tubadi,
anemekibwa kacya bahatula Meeyi ne Mikandu ha kukuba maneema a mwana, ku-
hicila ku mahangadika mangata kudi tubadi twa ditalala tuvwa twenza mudimu wa
tubadi twa baana mwaba uvwatu katuyi twanji kwikala, ne mahangadika makwabu
mangata kudi tubadi twa baana, mwaba ukaditu tukwata mudimu.
Kabiyi bijinga anu kwanyisha mudimu wa balombodi ba tubadi, dilonga edi ne
ditwambulwisha bwa kumanya se kuhicila ku mahangadika mangata kudi tubadi,
tubadi tudi tutabalela dinemekela maneema a baana, nangananga bwa makumbu
mamuhesha mu mishinga ya ku tubadi idi ikengela kunemeka kakuyi kadiwu.
Bishimbi meeyi : Dikuba kumpala kwa tubadi - Mwana - Tubadi twa baana -
Makumbu mu mishinga ya tubadi - Cibambalu cya kumpala cya tubadi twa baana
- Ditupakana dya mwana mutekete.
Droit Lubilanji
59
ANALYSE ET PERSPECTIVES
Introduction
Le Protocole de Maputo est le tout premier traité à reconnaître
l’avortement, sous certaines conditions, comme un droit humain des
femmes, dont elles devraient jouir sans restriction ni crainte de pour-
suites judiciaires 2. Les États parties doivent assurer un environnement
juridique et social favorable à l’exercice, par les femmes, de leurs droits
sexuels et reproductifs. Ceci implique la relecture des lois internes res-
trictives, et si nécessaire, des politiques et procédures administratives
relatives à la planification familiale/contraception et à l’avortement
médicalisé dans les cas prévus au protocole, ainsi que l’intégration des
dispositions dudit instrument juridique dans le droit interne 3.
En effet, les poursuites judiciaires répressives supposent que d’une
part, il y a le prévenu (agent de l’acte infractionnel) et d’autre part, la
victime qui subit cet acte et dans certains cas, la partie civile qui s’estime
être lésée dans ses droits 4. De manière téléologique, la dépénalisation
pure et simple de l’infraction d’avortement serait paradoxale à l’un des
principaux buts que revêt le droit pénal tant sur le plan national qu’in-
ternational, celui de lutter contre l’impunité.
1. [email protected].
2. Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, préface de l’Ob-
servation générale n° 2 sur l’article 14.1 (a), (b), (c) et (f) et article 14.2 (a) et (c) du Pro-
tocole à la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux Droits de
la Femme en Afrique, in Journal officiel de la RDC, n° spécial, le 14 avril 2018.
3. Ibid., point 46.
4. Ch. Kazadi Bengankuna, Notes de cours de droit pénal spécial, G2, Droit, U.O.M,
2021-2022, inédites.
Droit Lubilanji
61
applic/ihl/dih.nsf/Comment.xsp?action=openDocument&documentId=3589F184685802A4C1
2563BD002D9141. Consulté le 18 avril 2022, 21 h 07’.
7. Art 165 du décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais tel que
modifié et complété par la loi n° 15/022 du 31 décembre 2015, in Journal officiel de la
Droit Lubilanji
63
1.1.1. Téléologie
L’interprétation qui prend pour principe qu’une règle doit être ap-
pliquée de manière à remplir ses fins et interprétée à la lumière de ses
finalités 10, une méthode d’interprétation doctrinale qui consiste à déga-
ger le but de la loi, la volonté du législateur. Elle fait prédominer l’esprit
sur la lettre de la loi. L’interprétation doit être déclarative de la volonté
du législateur 11.
C’est à cette dernière acception du mot téléologie que nous recou-
rons pour comprendre plus précisément dans sa technique dite ratio legis
(le sens de la loi en tenant compte de sa raison d’être, se situer dans
son contexte ou encore dégager l’idée centrale), quelle est la raison ou
la motivation principale ayant poussée les parties prenantes (États) à
ratifier ou à adhérer à ce protocole de Maputo légalisant l’avortement
médicalisé. Est-ce, une épine à la lutte contre l’impunité ? Ou réelle-
ment un des droits humains reconnus à la femme ? Si oui, dans quelle
condition ?
10. G. Cornu, Vocabulaire juridique, 12e édition mise en jour, Paris, Presses Uni-
versitaires de France, 2018.
11. Nyabirungu Mwene Songa, Op. cit., p. 48.
Droit Lubilanji
65
1.1.2. Infraction
Action ou omission violant une norme de conduite strictement dé-
finie par un texte d’incrimination entraînant la responsabilité pénale de
son auteur 12.
Une infraction pour sa perpétration requiert le concours de l’élé-
ment matériel et de l’élément moral. L’élément matériel est l’acte exté-
rieur qui manifeste la volonté de violer la loi. Tout acte qui se rattache à
la réalisation de l’infraction. Cet élément renvoie à l’exigence d’un acte
pénal, qui vient extérioriser la volonté de violer la loi. C’est le fait exté-
rieur par lequel l’infraction se révèle et, pour ainsi dire, prend corps 13.
L’élément moral quant à lui, est la volonté délibérée de commettre un
acte délictueux.
12. Lexique des termes juridiques, 19e édition, Paris, Dalloz, 2012, p. 466.
13. Nyabirungu Mwene Songa, Op. cit., p. 134.
14. Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal congolais, livre II, tel que
modifié à ce jour, art 165.
15. Ibid., art. 166.
a. L’expulsion prématurée
Il s’agit de l’expulsion avant terme du fœtus, quel que soit le stade
du développement du fœtus, et indépendamment de sa viabilité.
Droit Lubilanji
67
18. Art 165 du décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal congolais, livre II.
19. Ibid., art. 166.
20. Art 14.1 et 2 (c) du Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et
des Peuples relatif aux droits de la femme en Afrique.
21. C.T. Muntazini Mukimapa, La problématique de la lutte contre les violences sexuelles
en droit congolais, Kinshasa, Maison des savoirs de Kinshasa, 2009, p. 7.
2.2. Viol
Le viol est une des manifestations de l’agression sexuelle. Il englobe
en son sein des faits qui parfois sont loin de réaliser le simple contact
physique. Le viol peut être défini comme le fait, par violences ou me-
naces graves, ou par contrainte, soit par surprise, par pression psycholo-
gique, soit à l’occasion d’un environnement coercitif, soit en abusant du
fait de la maladie, de l’altération des facultés ou par perte de l’usage de
sens, ou par privation de sens par quelques artifices :
Droit Lubilanji
69
2.3. Inceste
Union en vue du mariage que la loi interdit entre les parents ou
alliés qu’elle détermine ; rapport sexuel entre proches parents incriminé
comme agression ou atteinte sexuelle lorsque celle-ci est commise par
un ascendant sur un mineur non-marié 26.
Le code de la famille interdit le mariage incestueux, cela sous-
tend aussi les rapports sexuels voire les grossesses qui peuvent en être
la conséquence : En ligne directe, le mariage est prohibé entre tous les
ascendants et descendants. En ligne collatérale, le mariage est prohibé
entre frères et sœurs germains, consanguins et utérins. Il l’est également
entre alliés ou d’autres parents collatéraux pour autant qu’il soit for-
mellement interdit par la coutume. En cas d’adoption, le mariage est
prohibé entre l’adoptant et l’adopté 27.
Droit Lubilanji
71
30. E. J. Luzolo Bambi Lessa et N.A. Bayona ba Meya, Manuel de procédure pénale,
Presses Universitaires du Congo (PUC), Kinshasa, 2011, p. 20.
31. F. Hélie, Traité de l’instruction criminelle, Paris, 1845, cité par Antoine Rubbens,
Le droit judiciaire congolais, tome III, Kinshasa, Presses Universitaires du Congo (PUC),
1978, p. 24.
32. Nyabirungu Mwene Songa, Droit pénal général Zaïrois, 2e éd, Kinshasa, RDC,
Éditions Droit et Société (DES), 1995, p. 13.
33. Art 15.1 (b) du pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels, adopté le 16 décembre 1966, entrée en vigueur le 3 janvier 1976.
34. Observations générales, Op. cit., point 33.
Droit Lubilanji
73
Droit Lubilanji
75
Conclusion
Le Protocole à la charte Africaine des droits de l’homme et des
peuples, relatif aux droits de la femme en Afrique dit protocole de
Maputo consacre le droit à l’avortement comme un des droits humains
de la femme. Il recommande aux États parties de le légaliser sous cer-
taines conditions à savoir : « en cas d’agression sexuelle, de viol, d’in-
ceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique
39. Likulia Bol ongo, Droit pénal spécial zaïrois, tome I, Paris, 2e éd., Librairie
générale de droit et de jurisprudence (LGDJ), 1985, p. 294.
Droit Lubilanji
77
Bibliographie
1. Textes officiels
4. Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal tel que modifié et complé-
té par la loi n° 15/022 du 31 décembre 2015 publié au Journal officiel de la
RDC, n° spécial, Kinshasa, le 29 février 2016.
5. Loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant, publiée
au Journal officiel de la RDC, n° spécial, Kinshasa, le 25 mai 2009.
6. Acte d’adhésion au protocole à la Charte africaine des droits de l’homme
et des peuples, relatif aux droits de la femme en Afrique, publié au Journal
Officiel de la RDC, n° spécial, Kinshasa, le 15 avril 2018.
7. Circulaire n° 04/SPCSM/CFLS/EER/2018 du 06 avril 2018 relative
à la mise en exécution des dispositions de l’article 14 du Protocole à la
Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de
la femme en Afrique, in Journal officiel de la République démocratique du Congo,
n° spécial, Kinshasa, le 15 avril 2018.
2. Ouvrages
1. RUBBENS, A., Le droit judiciaire congolais, Kinshasa, PUC, 1978.
2. BILOLO Kakole, Les infractions de violences sexuelles, Kinshasa, Ministère de
la Justice (service de documentation et d’études, 2009.
3. BONY Cizungu M. Nyangezi, Les infractions de A à Z,, Kinshasa, Édition
Laurent Nyangezi, 2011.
4. CORNU, G., Vocabulaire juridique, Paris, Presses Universitaires de France,
2018.
5. BANDOLO Kenfack, H., Le droit à la vie de l’enfant à naître face au pluralisme
juridico-culturel européen : essai de conciliation à partir de la théorie de la marge natio-
nale d’appréciation, disponible sur www.usherbooke.ca.
6. Lexique des termes juridiques, 19e éd., Paris, Dalloz, 2012.
7. LIKULIA Bolongo, Droit pénal spécial zaïrois, Paris, Librairie Générale de
Droit et de Jurisprudence (LGDJ), 1985.
8. LUZOLO Bambi Lessa, E. et BAYONA ba Meya, N. A., Manuel de procé-
dure pénale, Kinshasa, PUC, 2011.
9. NYABIRUNGU mwena Songa, Droit pénal génal, Kinshasa, Éditions Droit
et Société (DES), 1995.
10. « Refugiés et droits fondamentaux », disponible sur www.livelearn.org.
11. MUNTAZINI Mukimapa, T., La problématique de la lutte contre les violences
sexuelles en droit congolais, Kinshasa, Maison des savoirs de Kinshasa, 2009.
3. Notes de cours
1. KAZADI Bengankuna Kanyinda, Ch., Droit pénal général, Mbujimayi,
UOM, 2021.
2. KAZADI Bengankuna Kanyinda, Ch., Droit pénal spécial, Mbujimayi,
UOM, 2021.
Droit Lubilanji
79
4. Webographie
1. www.icc-cpi.int.
2. https ://ihldatabases.icrc.org/applic/ihl/dih.nsf/Comment.xsp ?action=openDocu-
ment&documentId=3589F184685802A4C12563BD002D9141.
3. http ://www.droitcongolais.info/etat__autorites_rdc.htm.
4. http://www.leganet.cd/Legislation/Code %20de %20la %20famille/
Loi.15.07.2016.htm.
5. www.usherbooke.ca.
6. www.livelearn.org
Abstract — The protocol to the African charter on human and peoples’ rights, on
the rights of women in africa know as the Maputo protocol, enshrines several rights
that protect women. In its article 14.2 (c), it enshrines the right to medical abortion
and obliges states parties to take all appropriate measures for the effectiveness of the
various rights it provides for.
The immediate application of international treaties and agreements regulary
concluded and published in the official journal of the Republic sometimes poses a
problem out of ignorance of the provisions of articles 153, paragraph 4 and 215 of
the Constitution. In accordance with these provisions, the DRC would limit itself to
the accession and publication of this protocol to its official journal to see it produce
immediate effects without any other form of this would automatically render null
and void the provisions of articles 165, 166 and 178 of the Congolese criminal code
book II.
But because this same protocol makes the exercise of the aforementioned right
subject to certain conditions, accession by the Member States alone cannot then be
sufficient, the DRC must take measures relating to it. And this reflection is precisely a
proposal to this end.
Keywords : Maputo protocol - Abortion - Congolese penal code.
Droit Lubilanji
81
Introduction
La naissance favorise l’urgence d’investir dans le nouvel arrivant ;
le décès provoque une réaction de regroupement autour du défunt et
de sa famille pour lutter contre la rupture de la continuité qui attaque
l’illusion groupale d’éternité 2. Nul ne pouvant aller toujours et toujours
à l’enterrement des autres 3, la mort impose aux familiers du défunt de
se serrer les coudes dans le chagrin, pour sortir de la vallée de larmes 4.
Aussitôt ce moment de recueillement passé, il n’existe probable-
ment pas un autre meilleur moment pour découvrir la famille du défunt
que le partage de la succession. Cet instant révèle la manière dont le
défunt a vécu sa vie, ainsi que la nature et l’intensité des liens unissant
tous les membres de sa famille 5, indépendamment de l’opulence de la
succession.
Sur terrain, ce moment crucial du partage de l’héritage laissé par le
de cujus pose souvent, mais pas toujours des problèmes pouvant amener à
des situations concrètes heurtant tant la raison, le bon sens que l’équité.
1. [email protected].
2. P. Cuynet, « La reconnaissance dans l’héritage », in Revue le divan familial,
n° 20 (2008), pp. 48-50.
3. H. F. Mupila Ndjike Kawende, Les successions en droit congolais, Kinshasa, Édi-
tions Pax-Congo, 2000, p. 28.
4. Cette mobilisation autour de la famille éprouvée et les formalités qu’elle im-
pose sont qualifiées par Kouassi Kouakou, de deuil social, d’état affectif vécu par les
endeuillés ou de travail de deuil. Cf. K. Kouassi, « La mort en Afrique : entre tradi-
tion et modernité », in Revue étude sur la mort, vol. 2, n° 128 (2005), p. 147. Lire aussi
L. Ndiaye, Parenté et mort chez les Wolof, tradition et modernité au Sénégal, Paris, L’Harmattan,
2009, pp. 237-260.
5. D. A. Popescu, Guide de Droit international privé des successions, Roumanie, Édi-
tions Magic Print Oneşti, 2014, p. 5.
Droit Lubilanji
83
6. Lire utilement les articles 786, 787, 789,792, 795, 807, 808, 813,814 et 817
du Code de la famille qui y sont consacrés.
7. R. Ilunga Kakenke, « La compét ence mat ér iel l e en mat ièr e successo-
rale », in La complexité du droit judiciaire congolais, Bukavu, Éditions du Centre de re-
cherche universitaire du Kivu, 2015, p. 65.
8. Compétence de principe sur base de l’article 110 de la loi organique
n° 13/011-B du 11 avril 2013, portant OFCJOJ, limitée par le Code de la famille à un
montant et/ou pour certaines matières exclusivement à lui réservées.
9. Transitoire conformément à l’article 151 de la loi organique n° 13/011-B du
11 avril 2013, portant OFCJOJ qui dispose que « Là où ne sont pas encore installés les
tribunaux de paix, les tribunaux de commerce et les tribunaux du travail, les tribunaux
de grande instance sont compétents pour connaître en premier ressort des matières qui
relèvent normalement de la compétence de ces juridictions. » Et dérogatoire à double
titre : soit avec l’accord de l’une des parties en référence à l’article 112 de la même loi
qui dispose : « Les tribunaux de grande instance connaissent de toutes les contestations
qui ne sont pas de la compétence des tribunaux de paix. Toutefois, saisi d’une action
de la compétence des tribunaux de paix, le tribunal de grande instance statue au fond
Droit Lubilanji
85
et en dernier ressort si le défendeur fait acter son accord exprès par le greffier. » Soit de
par la volonté de la loi conformément à l’article 817 du Code de la famille.
10. Article 110 du Code d’organisation et compétence judiciaires de 1982 est
l’équivalent de l’article 110 de la loi n° 13/011-B, du 11 avril 2013 portant organisa-
tion, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire. C’est d’ail-
leurs cette loi organique de 2013 qui a abrogé le Code d’OCJ de 1982.
11. C.S.J., RC. 1519, 28 avril 1994. Cf. O. Nsumbu Kabu, Cour suprême de justice.
Héritage de demi-siècle de jurisprudence, Kinshasa, Les analyses juridiques, 2015, p. 824.
12. J. P. Henri utilise les termes prolifération des textes législatifs ou inflation
juridique, alors que Matadi Nenga qui le cite préfère le terme surlégislation qu’il décrit
en ces termes : « Quel est le juriste congolais, magistrat, avocat ou professeur de Droit,
capable d’identifier toutes les lois et tous les règlements en vigueur dans son propre
champ d’activités ? Plus est, il y a des lois abolies par d’autres et des nouvelles lois qui
se réfèrent aux lois pourtant déjà abolies, des arrêtés ministériels (actes réglementaires)
qui modifient des lois… ! » Cf. Matadi Nenga Gamanda, La question du pouvoir judiciaire
en République démocratique du Congo. Contribution à la théorie de réforme, Kinshasa, Éd. Droit
et idées nouvelles, 2001, pp. 167-274.
Droit Lubilanji
87
législateur de donner la chance au de cujus de choisir un de ses enfants, parfois sur base
de la méritocratie sans suivre l’ordre de primogéniture, tout en refusant cela en cas de
succession ab intestat.
18. Johnson cité par M. Planiol, Traité élémentaire du droit civil, t. III, Paris,
L.G.D.J., 1959, p. 789.
19. Ce défaut de partage n’exclut pas que les biens de moindre valeur comme les
habits et autres effets soient partagés.
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89
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91
petits héritages qui s’y ouvrent car, il s’agit en réalité d’une procédure
utopique inutilement onéreuse qu’il faut remettre en question 23.
ils ont en général accès à des biens qui ne sont plus limités à la valeur de
100.000 zaïres 26 ; deuxièmement, parce que le maintien en copropriété
forcée du patrimoine successoral placé sous la gestion d’un seul aîné
paraît susceptible de troubler l’entente familiale pourtant recherchée 27.
Si le premier argument, qui fonde l’auteur à proposer l’abrogation
de la reprise en Droit congolais est devenu sans objet après fixation du
seuil du petit héritage en monnaie ayant cours légal en R.D. Congo,
il faut reconnaître que jusqu’à ce jour, nombre de congolais meurent
sans fortune conséquente. Ainsi, les soumettre sans réserve aux règles
de Droit commun du partage successoral serait les acculer à la ruine.
À notre sens, pour éviter premièrement le risque du détournement
du petit héritage dicté par la crise économique qui frappe de plein fouet
plusieurs poches ; pour éviter au même moment l’émiettement que cau-
serait son partage, il faut reconnaître le droit de reprise à l’héritier le
plus méritant qui bénéficie de la confiance unanime, sinon majoritaire
de ses cohéritiers, tout en le rendant comptable des frais dont l’usage ne
sera pas convaincant.
Cette démarche proposée rencontre aussi en partie la pratique tra-
ditionnelle en vertu de laquelle, pour la survie de la lignée, un fils aîné
sans maturité ou irresponsable pouvait se voir déchargé de son droit
d’aînesse au profit d’un cadet ou d’un puîné. À cet égard, l’adage luba
suivant en fait foi : « Mukulu kutumba mmulele wa mwabi » ce qui signifie :
Un aîné qui a de la gloire doit être né chanceux 28.
Faisant cet emprunt de la coutume, il serait convenable de lege lata
que le tribunal de paix qui constate que l’aîné ne saura pas s’en sortir,
confère la charge de reprendre la succession au puîné,voire au benja-
min, qui pourra faire si pas l’unanimité, mais du moins qui sera soutenu
par la majorité des cohéritiers.
Cela exige ainsi que soit menée une enquête préalable devant,
outre le procès-verbal du Conseil de famille, faire intervenir les concer-
nés directs à la succession en chambre du conseil et parfois en dehors de
la présence du candidat à la reprise, et de ses conseils éventuels.
Une fois l’héritier repreneur nommé, il peut être pourvu à son rem-
placement en cas de mauvaise gestion avérée, si les héritiers tiennent
26. Cette valeur de 100.000 zaïres a été refixée par la réforme du Code de la
famille du 15 juillet 2016 à 1.250.000 Fc.
27. E. L. Ndomba Kabeya, Op. cit., p. 361.
28. E. L. Ndomba Kabeya, Op. cit., p. 77.
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93
Droit Lubilanji
95
repreneur soit un non enfant du de cujus mais plutôt son frère ou sa sœur
ne change pas grand-chose dans l’encadrement des enfants orphelins
mais, par contre risque d’aggraver leur vulnérabilité.
Car, le constat général est que, même lorsque les frères et sœurs des
défunts prennent tout l’héritage grand ou petit, ils oublient fréquem-
ment qu’ils ont des devoirs envers les enfants du défunt qu’ils ont dé-
pouillés, allant jusqu’à les chasser. Malemba N’Sakila, dans son ouvrage
Les Enfants dans la rue. Le sans et hors famille, écrit : « Les orphelins, aban-
donnés à leur triste sort ou jetés dans la nature, deviennent sans doute
des vagabonds qui errent, d’abord çà et là, chez les parents qui avaient
séjourné chez eux du vivant de leur père, et enfin, après que ceux-ci les
auront chassés proprement ou brutalement, regagnent, dans la rue, les
hordes des enfants sans ou hors la famille 34. Pour sa part, Yav Katshung
constate que le conjoint survivant, généralement la veuve, chargée d’en-
fants, est souvent dépouillée par les parents de son défunt mari, dépouil-
lement après lequel, lui (elle) qui était épanoui du vivant de son époux,
broiera du noir au risque de plonger dans l`alcoolisme, la débauche,
etc., au grand étonnement de tous 35.
Qui a dit que la situation changera lorsqu’un de ces spoliateurs
connus et reconnus reprendra tout le petit héritage ? Combien de fois
n’avons pas vu les frères et sœurs d’un de cujus mort pauvre s’en prendre
parfois violemment à sa femme et à ses enfants, prétextant qu’ils ne l’ont
pas aidé à amasser des richesses ou l’auront carrément ensorcelé ? Qui a
dit que repris par un frère du de cujus, le petit héritage peut aider à l’en-
tretien des enfants orphelins plus que lorsqu’il est repris par un de ces
derniers ? Y a –t-il une grande affection entre oncles ou tantes et neuves
ou nièces qu’entre frères et sœurs ? Loin s’en faut.
Toutefois, bien que les enfants du défunt doivent être les grands
bénéficiaires du petit héritage, l’exclusion totale des héritiers de la deu-
xième catégorie (conjoint survivant, père et mère, frères et sœurs du
défunt) n’est pas une solution à encourager globalement dans le cadre
de la consolidation des liens familiaux. Les père et mère et parfois les
frères et sœurs du de cujus s’ils existent, ne devront pas se sentir complè-
tement ignorés au partage du modeste héritage, surtout si celui-ci se fait
34. G. Malemba N’sakil a, Enfant dans la rue. Les sans et hors famille, Lubumbashi,
PUL., 2002, pp. 28-29.
35. J. YAV Katshung, « Conflits successoraux et protection des enfants et du
conjoint survivant en Droit congolais » [en ligne] mis en ligne le 1er avril 2012. Consul-
té le 10-01-2022. URL : http://www.legavox.fr/blog/yav-associate, p. 5.
Droit Lubilanji
97
de l’usufruit légal sur la maison qu’il habitait avec son défunt conjoint et
sur les meubles meublants aux termes de l’article 785 al. 1 qui dispose :
« Le conjoint survivant a l’usufruit de la maison habitée par les époux
et des meubles meublants. » Ce droit est maintenu jusque dans le petit
héritage aux termes de l’article 786, al. 1 et 2 qui disposent :
« Tout héritage qui ne dépasse pas 1.250.000 francs congolais
est attribué exclusivement aux enfants et à leurs descendants par
voie de représentation, en cas de concours éventuel de ceux-ci avec
les héritiers de la deuxième catégorie ou les légataires.
Toutefois, le droit d’usufruit tel que prévu à l’article 785
ci-dessus au profit du conjoint survivant est maintenu. »
Par cette disposition, le législateur marque sa volonté de voir le petit
héritage advenir à la famille conjugale du défunt : en pleine propriété
aux enfants et en usufruit au conjoint survivant.
Or, il est difficile de trouver un petit héritage comportant une mai-
son pouvant supporter l’usufruit du conjoint survivant et être repris pour
le reste. Car, depuis un temps, les concessions foncières s’acquièrent gé-
néralement à plus cher, sauf dans les milieux les plus reculés.
De deux choses l’une : soit le petit héritage comporte une mai-
son (unique bien à valeur marchande) sur laquelle s’exercera le droit
usufructuaire du conjoint survivant et, dans ce cas les enfants du de cujus
doivent en souffrir jusqu’à la fin de l’usufruit ; soit le de cujus ne laisse pas
de maison et dans ce cas, quelle que soit la durée du mariage, le conjoint
survivant s’en tire mains bredouilles, ayant construit ce modeste héri-
tage avec le défunt pour enfin de course être laissé pour compte : exposé
à la ruine et aux remords, ce qui lui laisse l’impression que, le fait d’avoir
accepté de se marier et de maintenir le lien conjugal avec un époux in-
digent était une erreur qui finit par le rattraper, peut être au soir de sa
vie, surtout si les enfants qui se partagent la succession ne sont pas ses
enfants communs avec le de cujus.
Cette dévolution du petit héritage ne protège ni les enfants du de
cujus, ni le conjoint survivant qui peuvent dans tous les cas se trouver
soit temporairement, soit définitivement pénalisés. Ce qui risque de dé-
générer dans tous les deux cas : soit le conjoint survivant diffère la suc-
cessibilité des enfants du défunt jusqu’à la fin de son usufruit, soit ces
derniers l’excluent de la succession, alors que dans cette occurrence, la
liquidation du régime matrimonial ne lui apportera rien de consistant.
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99
Droit Lubilanji
101
tage définitif de l’hérédité perdra son droit à la succession et, sera pré-
sumé y avoir tacitement renoncé. Car, ce qui justifie sa présence dans
cette catégorie c’est uniquement les besoins de sa survie aux frais de la
succession. De même, lorsqu’elle mène une vie de dévergondage d’une
notoriété publique, le Conseil de famille, d’office ou saisi par toute per-
sonne intéressée, demandera au liquidateur ou à l’héritier repreneur de
suspendre la prise en charge du conjoint survivant dévergondé. Si c’est
ce conjoint survivant qui était le liquidateur ou l’héritier repreneur, il
démissionnera de ce poste. Au cas où il voudra s’y accrocher, il sera dé-
chu par décision du Conseil de famille, qui pourvoira comme de Droit
à son remplacement.
Sa déchéance pour dévergondage, sa perte de qualité pour convole
en autre noce ne peuvent être des causes de cessation de l’indivision
successorale sauf décision contraire du Conseil de famille.
Conformément à ce qui précède, de lege ferenda, l’article 786 du
Code de la famille sera ainsi libellé :
« Tout petit héritage est attribué prioritairement aux enfants ou
à leurs représentants et, au conjoint survivant en cas de concours
éventuel de ceux-ci avec les héritiers de la deuxième catégorie ou
les légataires.
Toutefois, les héritiers de la deuxième catégorie bénéficieront
des biens familiaux symboliques et à usage exclusif du défunt.
La clé de répartition prévue à l’alinéa premier ne jouera pas
si la première catégorie n’est composée que du conjoint survivant.
De même, ce dernier perdra son droit successoral s’il se remarie
durant la reprise ou s’adonne à la débauche outrageante à l’égard
de la mémoire du défunt.
Les règles successorales ordinaires restent d’application dans
les cas où il n’y a pas d’héritiers de la première catégorie. »
Droit Lubilanji
103
Conclusion
Le partage du petit héritage ne doit pas être une occasion d’as-
phyxier et acculer à la ruine certains héritiers qui vivaient épanouis et
aux frais du défunt comme son conjoint qui lui survit.
D’où, le plaidoyer en faveur de la révision du Droit congolais sur
la question, en privilégiant la reprise du petit héritage par l’héritier le
plus méritant et bénéficiant de la confiance unanime sinon majoritaire
de ses cohéritiers ; d’encourager la reprise pour le tout en imposant au
repreneur une ligne de conduite à tenir et éventuellement une activité
lucrative à entreprendre au moyen de la succession reprise pour sa fruc-
tification, question de lui permettre au moyen de revenus de la succes-
sion reprise, de subvenir aux besoins de ses cohéritiers.
Comme la reprise ne peut durer éternellement, la majorité du der-
nier d’entre les enfants du de cujus, peut sans être la cause résolutoire
de la reprise, être une cause de demande de sortie de l’indivision par
l’héritier diligent.
En cas de partage sans reprise, il ne doit pas être question de res-
pecter aveuglement la loi actuelle qui, soit fragilise les enfants du dé-
funt pauvre en leur imposant de respecter l’usufruit du conjoint survi-
vant sur une modique succession ; soit déshérite le conjoint survivant
lorsque le petit héritage ne comporte aucune maison devant supporter
son usufruit, alors que, malgré la précarité des conditions de vie de son
partenaire, il lui était resté fidèle jusqu’à la mort.
Pour parer à toute éventualité, dans le partage du petit héritage, la
famille nucléaire du défunt doit être privilégiée avec cette conséquence
qu’outre ses enfants, son conjoint survivant, pour lui éviter la solitude
meurtrière et le revirement préjudiciable de la situation, doit voir sa
vocation héréditaire renforcée par sa promotion successorale.
Cette promotion successorale signe son entrée dans la première
catégorie des héritiers, bien que doublement encadrée pour rester en
adéquation avec la mentalité sociale qui veut que, le conjoint survivant
qui se remarie avant le partage définitif ou qui mène une vie de déver-
gondage outrancière soit déchu des avantages héréditaires qu’il était en
droit d’attendre ou attendait de son conjoint prédécédé.
Néanmoins, pour ne pas donner l’impression aux autres membres
de la famille qu’ils ont été complètement oubliés lors du partage au nom
de la modicité de l’héritage, ils doivent, sous l’œil regardant du conseil
de famille, bénéficier des biens à signification symbolique, à l’instar des
Références Bibliographiques
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tionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire.
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Droit Lubilanji
105
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2012. Consulté le 10-01-2022. URL : http ://www.legavox.fr/blog/yav-asso-
ciate.
Abstract — Death, especially that of the pillar of the family, should in no way be
the legal fact triggering the murderous situation for those who lived at his expense,
nor be the occasion for his relatives to experience the circumstances he had hated
from his alive. Thus, if the deceased is poor and leaves too few assets, these should be
better managed and flexibly devolved so that they primarily benefit their loved ones,
without unjustifiable and suicidal exclusion of those whose charity would subsequently
be needed to family cohesion and the preservation of the interests of the whole.
For this, the sharing of the small inheritance in Congolese law must be rethought
so that beyond the small happiness that it currently provides to the heirs of the first
category (by the recovery and their exclusive vocation), it avoids them the procession
of misfortunes that the apparent greed he shows can create in the family mind (the
dislocation of family ties with the rest of the group and the growing individualism that
will go with it).
Keywords : Inheritance sharing - Small inheritance - Heir - Inheritance takeover.
Cikosu — Lufu, nangananga lwa cihanda cya diiku kalwena na cya kushaala mpun-
ga wa kasuba ka badi bashala ni moyi, peshi ka bonsu bavuyi mwambwila bujitu to.
Nunku hikala mufwa kavu ni makuta abungi to, peshi mushiya tuntu tukesa, mbimpa
kutulubulula ni kutwabanya bimpa bwa se benda ba ha bilamba bamwana bwa ku-
sanka naatu, hamwa ni banga beena diiku badi mwa kwambulwisha nshiya yenda.
Nunku, kwabanya kwa bumpyanyi bukesa bushiya kudi mufwa, kudi kulomba ne
bakwelwilwila menji mu meeyi ni mikandu ya ditunga dya Congo bwa se nansha
mudiku kwambwilwisha kakesa baana ba nshiya (badi babulubuluja ni babwabanyan-
gana nkayabu), kubehwila maalu mabi adi bwa kulwa, bwalu bidimba bikwambu bya
diiku, mbifwana kubangata bu beena citu (cintu cidi bwa kwenza ne mu diiku mulwa
lungenyi lwa kaditanta kadyambika) ni kukosolola diiku dijima.
Bishimbi meeyi : Kwabanyangana kwa bumpyanyi - Bumpianyi bukesa - Muhianyi
- Kwangata bintu bya mufwa bwa kubilubuluja.
Droit Lubilanji
107
Introduction
Dans le cadre de cette réflexion, « la condamnation alternative »,
une technique non prévue par le Code du travail, relève d’une frange
de la jurisprudence. Elle consiste pour les Cours et tribunaux, en cas de
licenciement sans motif valable, à prononcer les deux sanctions prévues
par l’article 63 dans un même jugement pour que l’une soit exécutée
à défaut de l’autre. Généralement, c’est pour contourner les difficultés
d’application de l’article 63 précité que les Cours et tribunaux adoptent
de fois cette technique.
En effet, d’après l’article 63 du Code du travail, « la résiliation sans
motif valable du contrat à durée indéterminée donne droit, pour le tra-
vailleur, à une réintégration. À défaut de celle-ci, le travailleur a droit à
des dommages-intérêts fixés par le Tribunal… ». Le législateur prévoit
ainsi deux sanctions non cumulatives, mais ne précise pas un principe
de leur application. Ce mutisme du législateur est à l’origine des inter-
prétations diversifiées 3. Peut-on considérer que c’est la sanction postu-
lée par le travailleur victime du licenciement sans motif valable que le
juge est censé prononcer ? L’appréciation souveraine de la sanction par
le juge est-elle conforme à l’esprit du législateur ?
À ce sujet, les Cours et tribunaux ne semblent pas avoir adopté les
mêmes positions permettant de construire un droit qui garantit les in-
1. [email protected].
2. [email protected].
3. J. Masanga Phoba Mvioki, Droit du travail congolais, Kinshasa, Édition L’Har-
manttan RDC, 2017, 302 p.
Droit Lubilanji
109
4. L. Balekelayi Mul umba, Plaidoyer pour un régime de réparation plus protecteur des
intérêts des parties en cas de violation des règles relatives au licenciement en droit congolais, Thèse de
Doctorat en Droit, Université de Kinshasa, 2019, p. 5.
Droit Lubilanji
111
9. Matadi Nenga Gamanda, Droit judiciaire privé, Louvain-la-Neuve, Édition Aca-
demia Bruyant, 2006, p. 203.
10. Tshizanga Mutshipangu, Droit des relations de travail, Kinshasa, Édition
Connaissance du droit, 2017, p. 390.
11. Iloki A., Le droit du licenciement au Congo, Paris, 1re éd., L’Harmattan, 2000,
p. 149.
Droit Lubilanji
113
16. Matadi, RTA 719, 2 juillet 2011, CMV c/Kalassa Malemo, inédit.
17. Mbujimayi, RTA 163, 31 octobre 2007, Tshibangu Mpopola Bayamba c/
Miba, inédit.
Droit Lubilanji
115
18. Mbujimayi, RTA 194, 28 février 2008, Lobo Katembwe c/Miba, inédit.
19. Tshizanga Mut shipangu, Op. cit., 2017, p. 391.
20. Mukadi Bonyi, Droit du travail, CRDS, Bruxelles, 2008, p. 430.
Droit Lubilanji
117
Conclusion
Le principe d’application de la sanction en cas de licenciement sans
motif valable divise la jurisprudence, le législateur congolais étant mu-
tique à ce sujet. En effet, à l’état actuel de la législation congolaise en
matière du travail, il n’existe pas de modalité d’application de l’article
63 du Code du travail qui sanctionne le licenciement sans motif valable
soit par la réintégration du travailleur dans l’entreprise, soit par l’alloca-
tion des dommages intérêts à ce dernier.
Cette imprécision est à l’origine d’interprétations diversifiées dans
la jurisprudence : une tendance opte pour l’application de la sanction
postulée par le travailleur dans sa demande ; une autre laisse l’appré-
ciation souveraine au juge d’appliquer la sanction qu’il estime conve-
nable d’entre les deux ; et une autre encore adopte une condamnation
alternative.
Au cours de notre analyse, après avoir creusé les fondements de ces
tendances et dégagé leurs forces et leurs limites, nous avons opté pour
les deux sanctions dans un même jugement pour que l’une soit exécu-
tée à défaut de l’autre. Bien que cette option soit critiquée par certains
analystes qui la considèrent comme non conforme à la loi, il y a lieu
d’admettre qu’elle contourne des difficultés d’application de l’article 63
du Code du travail.
Dans l’intérêt de construire un droit garantissant la pacification des
rapports sociaux, il y a lieu que le législateur congolais, à l’instar d’une ju-
risprudence de la Cour d’appel de Mbujimayi adopte expressément une
condamnation alternative assortie d’un délai raisonnable (par exemple
Bibliographie
Décisions judiciaires
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SNCC, inédit.
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G4S SPRL, inédit.
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yamba c/Miba, inédit.
9. Mbujimayi, RTA 194, 28 février 2008, Lobo Katembwe c/Miba, inédit.
Doctrine
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5. MATADI Nenga Gamanda, Droit judiciaire privé, Louvain-la-Neuve, Aca-
demia Bruylant, 2006.
Droit Lubilanji
119
Abstract — Termination without valid reason of the open-ended contract entitles the
worker to reinstatement. Failing this, the worker is entitled to damages calculated by
the court, prescribed by article 63 of the Labor Code. By this provision, the Congolese
legislator does not specify a principle of application of a sanction in the absence of
the other. This silence opens the way to diverse interpretations by the Courts and
tribunals, which does not contribute to the construction of a law guaranteeing the
protection of the interests of the worker.
This study suggests to the Congolese legislator the reformulation of the sanction of
dismissal without valid reason in a wording which adopts an alternative condemnation
accompanied by a reasonable period after which if the reinstatement ordered by the
court is not carried out, the worker will be entitled to damages.
Keywords: Termination - Just Cause - Reinstatement - Damages - Alternative
conviction.
Droit Lubilanji
121
Introduction
Pourquoi l’Afrique est-elle pauvre ? « Why Africa is poor ? » (Acemoglu
et Robinson, 2010 ; Mills, 2010 et Ayittey, 2000A). Dans l’histoire de la
croissance économique, l’Afrique était oubliée dans la théorie écono-
mique. Cette histoire remonte aux travaux de Solow (1956) et de Swan
(1956), de Cass (1965) et de Koopmans (1965) et à ceux de Römer
(1986) et de Lucas (1988). Les deux premiers fondent l’analyse de la
performance économique.
C’est seulement vers la fin des années 80 que cette partie du monde
commence à intéresser les chercheurs ainsi que les organismes interna-
tionaux 3. La contre-performance enregistrée par les pays africains dans
les années 80 et 90 a augmenté le nombre des pauvres classant plus
de 60 % des pays africains parmi les plus pauvres du monde 4. Durant
cette période, la littérature a été alimentée par des études qui ont tenté
d’expliquer cette contre-performance au moyen des régressions qui in-
corporent une variable indicatrice pour capter la performance des pays
africains (Barro et Lee, 1993 ; Easterly et Levine, 1997 ; Sachs et Warner,
1997 ; Collier et Gunning, 1997 et Temple, 1998). Ces études ont utilisé
un échantillon quasi mondial afin de ressortir la contre-performance
1. [email protected].
2. [email protected].
3. PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, Paris, Economica, 1990.
4. Razafindrakoto, Mireille et Roubaud, François, « Pauvreté et récession dans
les métropoles africaines et malgaches : éléments de diagnostic », Document de travail,
n° 10, 2001.
Économie Lubilanji
123
Économie Lubilanji
125
des facteurs. Celle-ci peut être influencée par d’autres éléments suscep-
tibles d’être repérés à partir des recherches empiriques.
La méthode DEA 7 a connu de grands développements ces 20 der-
nières années. Emrouznejad et al. (2018) ont répertorié plus de 10.000
articles publiés dans les revues des rang 1 et 2 entre 1996 et 2016. Elle
s’est diffusée d’abord aux États-Unis par Charnes et al. (1978) puis ces
derniers temps, au reste du monde.
Le présent article procède par cette méthode pour mesurer l’ef-
ficience technique de la croissance économique des pays retenus. Ce
choix est dicté par le nombre des pays pour lesquels les données fiables
et complètes pour l’ensemble de la période ont pu être collectées. Par
ailleurs, cette méthode s’adapte parfaitement à l’étude de l’analyse de
l’efficacité de la production tel que mentionnée précédemment. L’inté-
rêt de la méthode DEA est de pouvoir prendre en compte de multiples
données caractéristiques des activités aussi complexes. Elle permet aussi
de repérer les unités ou pays ayant la meilleure performance parmi les
autres. Aussi, elle offre un cadre pour intégrer et interpréter toute me-
sure de performance.
La mesure des changements de productivité (productivity changes) est
un sujet qui a suscité beaucoup d’intérêt de la part des chercheurs dans
le cadre de l’étude de la performance économique. Cette mesure permet
non seulement de vérifier les variations de performance d’un pays ou de
l’ensemble de pays d’une sous-région au fil du temps, mais également
de mesurer l’impact des changements politiques sur cette performance.
Le paragraphe suivant présente, de façon succincte, l’indice de produc-
tivité globale développé pour la première fois par Malmquist (1953), et
amélioré par Grosskopf (1993) et Färe, Grosskopf et Lovell (1997).
L’indice de PTF Malmquist mesure le changement de productivité
en deux points de données en estimant le ratio des distances de chaque
(2)
Économie Lubilanji
127
2. Littérature revue
Une large littérature empirique a traité de la mesure de l’efficacité
économique dans une variété de domaines en économie. Cette mesure
recourt à la technique de frontière paramétrique et à celle de frontière
non paramétrique. Hunt-McCool et al. (1996), Stanton (2002), Arazmu-
radov (2016) et Alirezaee et Tanha (2016) dans la finance ; Fernandez,
Koop et Steel (2000) et Lozano-Vivas et Humphrey (2002), Abbas, Azid
et Besar (2016), Abel et Le Roux (2016) et Afsharian et Ahn (2016)
dans le domaine bancaire ; Wadud et Blanc (2000), Zhang (2002), Ang
et Kerstens (2016) dans le domaine d’agriculture ; Amaza et Olaye-
mi (2002), simsek (2014) ; Woo et al. (2015) et Baležentis et al. (2016)
dans l’économie de l’environnement ; Perelman et Pestieau (1994),
Worthington, Dollery (2002) et Ayadi et Hammami (2016) en économie
publique ; Thirtle et al. (2000) et Zofı ́o et Prieto (2001) dans l’économie
du développement.
D’autres auteurs ont utilisé l’approche non paramétrique en don-
née de panel (DEA-Malmquist). Ils l’ont qualifiée de souple, rapide et
n’exigeant pas des lois statistiques pour être appliquée. Dans cette ca-
tégorie, Yoruk et Zaim (2005) ont fait appel aux indices de Malmquist
pour analyser la croissance de la productivité totale des facteurs de pays
de l’OCDE de 1983 à 1998. Wang et Fan (2017) ont adopté la méthode
de l’indice DEA-Malmquist pour mesurer la PTF de 30 provinces de
Chine et analyser leur tendance de changement, leurs caractéristiques
de phase et leurs différences régionales. Ces travaux ne présentent que
quelques exemples récents des études pertinentes qui ont porté sur la
mesure de l’efficience de différents domaines de l’économie.
Économie Lubilanji
129
8. Emrouznejad and Guo-liang Yang (2018) ont recensé 10300 travaux qui ont
fait appel à la méthode DEA de 1978 à 2016.
Économie Lubilanji
131
4. Résultats
La méthodologie retenue a permis de déterminer cinq indices dif-
férents : l’indice de changement de l’efficacité technique (technologie
CRS) désigné par (EFFCH) ; l’indice de changement de l’efficacité tech-
nique pure (technologie VRS) (PECH) ; l’indice de changement tech-
nologique (TECHCH) ; l’indice de changement de l’efficacité d’échelle
(SECH) ; l’indice de changement de la productivité totale des facteurs
(TFPCH).
L’indice Malmquist utilise la technologie de la période t et celle de
la période t+1. La croissance de la PTF est la moyenne géométrique
de deux indices de la PTF basés sur la production de la période (t) et
la production de la période (t+1). Une valeur inférieure à 1 indique
une diminution de la croissance ou de la performance de la production
par rapport à l’année précédente. Le changement d’efficacité (effet de
Économie Lubilanji
133
Pays EFFCH (1) TECHCH (2) TFPCH (3) (1) > (2) (2) > (1)
Sous-région de l’Afrique australe
AFRIQUE DU SUD 0,999 1,017 1,016 OK
BOTSWANA 1,002 1,012 1,014 OK
LESOTHO 0,997 0,991 0,987 OK
NAMIBIE 0,999 1,007 1,006 OK
Moyenne 0,999 1,007 1,006 OK
Sous-région de l’Afrique du Nord
ALGÉRIE 1 1,005 1,005 OK
ÉGYPTE 1 1,063 1,063 OK
MAROC 0,984 1,027 1,010 OK
TUNISIE 0,996 1,008 1,005 OK
Moyenne 0,995 1,026 1,021 OK
Sous-région de l’Afrique de l’Ouest
BÉNIN 1,006 0,98 0,986 OK
BURKINA-FASO 1,018 0,965 0,982 OK
CAP-VERT 1,015 1,002 1,017 OK
COTE D’IVOIRE 1,004 0,987 0,991 OK
GAMBIE 0,988 0,983 0,971 OK
GHANA 0,999 1,009 1,008 OK
GUINÉE 1,001 0,97 0,971 OK
GUINÉE-BISSAU 1,032 0,977 1,009 OK
MALI 1,017 0,965 0,982 OK
MAURITANIE 0,988 0,994 0,982 OK
NIGER 1,018 0,97 0,997 OK
NIGERIA 0,979 1,022 1,001 OK
SÉNÉGAL 0,985 1,001 0,986 OK
SIERRA-LÉONE 0,982 0,963 0,946 OK
TOGO 1,008 0,972 0,979 OK
Moyenne 1,003 0,984 0,987 OK
Économie Lubilanji
135
Pays EFFCH (1) TECHCH (2) TFPCH (3) (1) > (2) (2) > (1)
Sous-région de l’Afrique de l’Est
BURUNDI 1,04 0,958 0,997 OK
COMORES 0,988 1,001 0,989 OK
DJIBOUTI 0,97 0,966 0,937 OK
KENYA 0,993 0,995 0,987 OK
MADAGASCAR 0,992 0,967 0,959 OK
MALAWI 1,018 0,97 0,987 OK
MOZAMBIQUE 0,997 0,963 0,96 OK
OUGANDA 1,004 0,966 0,97 OK
RWANDA 0,986 0,961 0,947 OK
TANZANIE 1,004 0,977 0,981 OK
ZAMBIE 0,992 1,002 0,994 OK
ZIMBABWE 0,978 0,975 0,953 OK
Moyenne 0,997 0,975 0,972 OK
Sous-région de l’Afrique centrale
ANGOLA 0,997 1,009 1,006 OK
CAMEROUN 0,992 0,987 0,979 OK
CENTRAFRIQUE 1,003 0,967 0,97 OK
CONGO 0,968 0,99 0,959 OK
CONGO DEM 1,001 0,984 0,985
GABON 1 0,994 0,994 OK
GUINÉE ÉQUATO-
1,007 0,982 0,989 OK
RIALE
TCHAD 1,04 0,963 1,001 OK
Moyenne 1,001 0,9845 0,985 OK
Source : Auteur. Calculs de l’auteur à l’aide de Win4Deap2.
Économie Lubilanji
137
5. Discussion
La vérification de la relation entre la performance économique
et l’efficacité de la productivité des facteurs dans les 43 pays africains
échantillonnés sur la période de 1984 à 2026 a recouru à une ap-
proche en panel facilitée par la méthode d’analyse d’enveloppement
des données (DEA). Les résultats ont révélé que la productivité totale
des facteurs s’est détériorée malgré leur taux moyen de croissance éco-
nomique de 1,3 %. Il en ressort que la performance économique est
corrélée positivement à l’efficacité de la productivité des facteurs. La
contre-performance des pays de l’Afrique centrale est due à l’usage abu-
sif des ressources entraînant des taux de croissance de productivité des
facteurs médiocres. Les pays qui ont réalisé une performance de la pro-
ductivité des facteurs sont en majorité ceux qui ont réalisé des gains de
changement technologique supérieur aux gains d’efficacité technique.
Ces résultats corroborent ceux de Brockett Golany et Li (1999) ;
Arcelus et Arocena (2000) ; Emrouznejad (2003) ; Escaith (2006) ;
Ramanathan (2006) ; Camarero Picazo-Tadeo et Tamarit (2008) ;
Afonso et St Aubyn (2013) ; Chiu et al (2015) et Skare et Rabar (2016)
lorsqu’ils ont analysé la performance économique en fonction du stock
du capital, du nombre de personnes engagées, de la productivité par
unité de main d’œuvre, de la quantité d’énergie renouvelable et de
l’émission de CO2. Par contre, les résultats de cette recherche divergent
avec ceux de Moesen et Chercye (1998) et de Cherchye (2001) qui eux,
expliquent la performance économique par le taux de chômage, le solde
budgétaire et la variation des prix.
Conclusion
Cet article a analysé les sources de croissance des pays africains.
Il recourt au cadre d’analyse de l’enveloppement des données (DEA).
C’est une approche en panel. L’analyse a été menée à la fois par pays,
par sous-région et par période couverte. L’indice de Malmquist a été
calculé à l’aide des données publiées par la Banque Mondiale (Rentes
tirées des ressources naturelles et superficie de la terre fertile) et par
PWT91 (PIB dans l’optique de production, nombre des personnes en-
gagées et capital physique). La nécessité de collecter des données com-
plètes nous a contraint à échantillonner 43 pays et à limiter la période
d’étude de 1984 à 2016. Les résultats obtenus induisent des interpréta-
tions et implications de la politique économique.
En moyenne, la productivité totale des facteurs des pays africains
retenus dans cette étude s’est détériorée au taux de croissance annuel
moyen de 1,3 %. Cette croissance est influencée positivement par l’amé-
lioration d’efficacité technique. Celle-ci a connu un taux annuel moyen
de croissance de 0,5 %. Elle est liée négativement au progrès techno-
logique pour un taux de croissance négatif de 0,4 % au cours de la
période sous examen. Individuellement, des pays ont enregistré une
croissance positive de la productivité totale des facteurs. Tels sont les cas
de l’Égypte (6,3 %) ; du Cap-Vert (1,7 %) ; de l’Afrique du Sud (1,6 %) ;
du Botswana (1,4 %) ; du Maroc (1 %) ; de la Guinée-Bissau (0,9 %) ; du
Ghana (0,8 %) ; de l’Angola (0,6 %) ; de la Namibie (0,6 %) ; de l’Algérie
(0,5 %) ; de la Tunisie (0,5 %) ; du Nigeria (0,1 %)et du Tchad (0,1 %).
Seuls ces pays ont connu une croissance positive de la productivité totale
des facteurs.
La présente étude a subdivisé l’Afrique en 5 sous-régions. Seules
deux sous régions ont réalisé une performance en termes de croissance
de la productivité des facteurs. L’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud
ont réalisé respectivement 2,1 % et 0,6 %. Ces deux sous-régions ont su
améliorer leur technique de production en innovant. Elles ont respecti-
vement réalisé une croissance de 2,6 % et 0,7 % du changement techno-
logique. Cependant, elles ont enregistré une performance négative en
Économie Lubilanji
139
BIBLIOGRAPHIE
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ity growth in industrialised countries. Annals of Public & Cooperative Econo-
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Économie Lubilanji
141
Résumé — Cet article analyse la performance économique des pays africains. L’étude
porte sur la productivité des facteurs et ses composantes. Elle considère au finish 43
pays africains. La période d’étude s’étale de 1984 à 2016. L’étude procède par la mé-
thode d’analyse de l’enveloppement des données (DEA). Celle-ci est une approche en
panel. Cette approche a permis de dégager les résultats qui suivent. La productivité
totale des facteurs dans ces pays s’est détériorée au taux annuel moyen de 1,3 %. La
performance économique est corrélée positivement à l’efficacité de la productivité des
facteurs. L’utilisation abusive des ressources engendre une contre-performance des
pays de l’Afrique centrale. Elle entraîne des taux de croissance de productivité des fac-
teurs médiocres. Les pays ayant atteint une performance de productivité des facteurs
sont en majorité ceux qui ont enregistré des gains de changement technologique supé-
rieurs aux gains d’efficacité technique. D’où, la nécessité d’une politique économique
axée sur la rationalisation des facteurs de production basée sur la stratégie d’industria-
lisation diversifiée.
Économie Lubilanji
143
Cikosu — Kakanda aka kadi kajoja buneema bwa bubanji bwa matunga a
mukwa-mufika. Kadi kashindamena pa biledi bya bubanji mu kabujima ne mu bitupa
byabi. Tudi batangila nangananga matunga makumi anayi ni asatu a mukwa-mufika,
mu cipolu cya 1984 too ni ku 2016. Tudi balonda njila wa dilonga musebela kudi Data
Envelopment Analysis (DEA), ne tudi bafika ku bipeta ebi : bifidi bya bubanji mu matun-
ga aa binyanguka pa bya lukama 1,3 ku cidimu. Bwa butuluaavi, ditanta dya bubanji
ndinyaku mu matunga a Afrika wa pa nkatshi, bufikisha ku bipeta bibi. Matunga adi
matancisha bubanji bwawo, amu adi maya kumpala mu bukebikebi bwa mushindu
wa kushintulula maneema adibo nawu. Nanku, bwa kutancisha mabanji, bidi biken-
gela bwa matunga atabaleela mudimu wa bukebikebi ne dyasa dya byapu ni matanda
mashilashilangana.
Bishimbi meeyi : Bulenga anyi buimpa - Bubanji - Biledi bya bubanji - Njila wa
« DEA » - Bipeta bilelela bya mabanji.
Introduction
Plusieurs années durant, la République Démocratique du Congo a
laissé son système éducatif s’accrocher sur un partenariat de gestion des
écoles publiques, qui a littéralement placé le gouvernement en marge de
ses responsabilités. L’État congolais en effet, s’était longtemps appuyé
sur un partenariat confiant aux réseaux religieux la responsabilité de
gérer ses écoles. Plus encore, il a vu laissé ses écoles dépendre largement
du financement des ménages.
Cette passivité de l’État, mieux cette irresponsabilité de l’État
congolais, a laissé quasiment indifférents plusieurs gouvernements qui
s’étaient succédé dans la gestion du pays, alors que de par le monde, la
tendance qui se généralisait obéissait plutôt à la politique de la prise en
charge effective de l’éducation de base par l’État.
L’entrée effective en vigueur en 2019 de la gratuité de la scolarité
au primaire dans les écoles publiques, a redonné du tonus au système
éducatif congolais en général et à celui du Kasaï Oriental en parti-
culier. Dans cette province, un regard sur les statistiques, montre que
le nombre d’élèves a sensiblement augmenté au primaire, soit 426.644
en 2022 contre 230.648 en 2019, quand bien même par le revers de la
médaille les écoles privées subissent un coup dur dans leur existence. De
ce paradoxe, se dégagent sûrement des défis et des perspectives à partir
des leçons à tirer.
De façon globale, l’enseignement primaire, annoncé pour obliga-
toire et gratuit dans les Établissements publics en R.D.C., comme le
stipule la Constitution du pays promulguée le 18 février 2006, n’avait
pas connu d’application immédiate depuis cette date. Même quatre ans
les comités des parents ne sont pas unis dans leurs revendications ; il y
a peu de communication entre les différents réseaux ; la bancarisation
est source de problèmes : les enseignants parcourent toujours de longues
distances pour collecter leurs salaires.
Au regard de tout ce qui précède, le système éducatif du Kasaï
Oriental reste confronté à plusieurs réalités d’ordre aussi bien social que
culturel et autre économique et doit saisir l’opportunité qu’offre la po-
litique de gratuité de l’enseignement pour relever les défis essentiels en
matière de l’éducation.
Quelques chiffres pris à titre indicatif sont révélateurs des efforts à
ce jour déployés et de la tendance vers l’amélioration. Cette province
dispose de deux provinces éducationnelles : la Province éducationnelle
Kasaï Oriental I qui a son siège à Mbujimayi et celle du Kasaï Oriental
II ayant son siège à Kena Nkuna à Kabeya Kamuanga.
La gratuité de l’enseignement a néanmoins produit des effets consi-
dérables dans les deux provinces éducationnelles. Si nous faisons juste
l’évaluation par rapport aux effectifs des élèves scolarisés, il nous est
facile de relever des augmentations notables quant à ce.
14. « La gestion des finances publiques : évolution et défis sur la période 2017-
2018 », Policy Brief, p. 2.
15. Ibid.
Commentaires
— Il ressort clairement de ces quatre tableaux, que le système éduca-
tif congolais a sensiblement connu une montée significative à plus
d’une situation. Tel est le cas du nombre d’écoles prises en charge
par le trésor public. En effet, depuis qu’il avait été décrétée la gra-
tuité de l’enseignement dans notre pays, 64.889 écoles publiques
sont prises en charge par le trésor public contre 43.739 seulement
avant la gratuité, soit une évolution de l’ordre de 48,35 %.
— Conséquemment, 20,4 millions d’élèves sont désormais pris en
charge par la gratuité, alors qu’avant 14,3 millions seulement
l’étaient soit 42,85 %. Il en ainsi du côté des enseignants, ceux-ci, en
nombre déjà remarquable sont partis de 410,3 mille pour atteindre
le chiffre de 676,5 mille enseignants engagés par l’État soit 39,34 %.
Au total 4 millions d’élèves supplémentaires ont regagné le che-
min de l’école, alors que plus ou moins trois ans plutôt 2,5 millions
d’entre eux avaient été récupérés dès l’entame de la gratuité.
enfants, qui encore ses nombreux frères du village, parfois sans profil
requis pour exercer la carrière enseignante.
Celles des écoles qui restent dans le secteur privé, restent en fonc-
tionnant avec des enseignants et des administratifs qui sont mal ou sous-
payés, justement à cause de la réduction d’effectifs des élèves,
Face aux écoles du secteur privé, la gratuité s’est révélée être une
correction nécessaire pour des petites écoles qui fonctionnaient au mé-
pris de toute rigueur, fonctionnant plutôt à la vaille que vaille, faisant
inutilement le nombre sans respect des instructions de mise en matière
d’enseignement. Ces écoles ont été appelées à disparaitre d’elles-mêmes,
pour laisser place à celles qui sont à même d’être plus aguerries, plus
compétitives, plus performantes et plus respectueuses des instructions
en vigueur au pays.
Avec la gratuité, les écoles privées sont désormais averties : le ter-
rain de la compétitivité est ouvert. Pour ce faire, les promoteurs sont
tenus à améliorer la qualité de la formation, à revisiter leurs infrastruc-
tures scolaires et à veiller au renforcement des capacités des enseignants
en vue de leur mise à niveau permanent.
Les écoles privées ont certes aussi bénéficié des avantages de la
gratuité notamment la participation pro deo de leurs élèves candidats à
l’ENAFEP. Par contre, elles subissent au même titre que les écoles du
secteur public, la rigueur des instructions officielles, notamment l’ins-
truction interdisant la vente des uniformes, les objets classiques voire
celles stigmatisant l’éludation des frais connexes.
Conclusion
La Constitution de la République Démocratique du Congo s’est
approprié la déclaration relative à la gratuité telle que décrétée dans
la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, comme étant une
chance de scolarisation pour tous et partout. La constitution elle-même
est appuyée en cela par la loi cadre loi-cadre n° 14/004 du 11 février
2014 de l’enseignement national.
La présente réflexion s’est attelée à analyser les contours chiffrés
susceptibles d’attester de l’effectivité de l’enseignement depuis qu’elle a
été déclarée de gratuit au niveau du primaire en R.D. Congo en général
et dans la Province du Kasaï Oriental en particulier. Un état des lieux
préalable de l’enseignement au Kasaï Oriental a été dressé. Celui-ci ré-
vèle que cette province dispose de deux provinces éducationnelles qui se
Références bibliographiques
Livre :
— KAMBAYI Bwatshia et MUDINGA Mukendi, Le « Citantisme » au cœur de
l’évolution de la société luba Kasaï, (sens et non-sens d’une mentalité), Kinshasa, Les
Auteurs, 1991.
Articles de revues :
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In Ponabana RDC Blog des jeunes, 28 février 2021.
— FUAMBA, Sébastien, « Effets de l’enseignement gratuit sur la santé de
l’enseignant et de l’élève dans les écoles publiques primaires de Mbuji-
mayi », Mbujimayi, le 22 août 2022.
— SHOKOLA Djoma, Michel, « Gratuité de l’enseignement en R.D.
Congo. Pour quelle place des enfants en situation difficile dans un État de
droit ? » In Reafcu, n° 20, vol. 1, avril 2021.
Sites internet
— http ://unesco.org/images/0015/001501/150188f.pdf, Institut Inter-
national de Planification de l’Éducation, « L’enseignement gratuit :
quelle conséquence pour la qualité ? »
— www.mediaongo.cd, « Gratuité de l’enseignement : comprendre les
efforts de l’État congolais en quatre graphiques », 1er novembre
2022.
Resumé — Plusieurs années durant, la R.D. Congo a laissé son système éducatif s’ac-
crocher sur un partenariat de gestion des écoles publiques, qui place le gouvernement
en marge de ses responsabilités. Ce partenariat a fait que l’État congolais ait long-
temps confié aux réseaux religieux la responsabilité de gérer ses écoles, sous large
dépendance du financement des ménages.
À partir des chiffres et des statistiques, cette étude jette un regard critique sur la
gratuité de l’enseignement public en R.D. Congo en général mais en touchant parti-
culièrement la Province du Kasaï Oriental.
Elle opère un état des lieux de l’enseignement au Kasaï Oriental, de la maternelle
au secondaire, en faisant d’emblée le constat qu’un pas a été allègrement franchi. Elle
met aussi en exergue les évidences chiffrées de la scolarité à l’école publique et à l’école
privée en contexte de la gratuite de l’enseignement primaire au Kasaï Oriental.
Ces évidences montrent que le nombre d’élèves a sensiblement augmenté au pri-
maire, soit 426.644 en 2022 contre 230.648 en 2019. Le revers de la médaille est que
les écoles privées subissent un coup dur dans leur existence. De ce paradoxe, cette
étude, tout en tirant les leçons, dégage des défis et des perspectives conséquents.
Mots-clés: Gratuité - Enseignement - Éducation - Partenariat - Écoles.
Abstract — For several years, the DRC has let its education system cling to a
partnership in the management of public schools, which places the government on
the margins of its responsibilities. This partnership has meant that the Congolese state
has long entrusted religious networks with the responsibility of managing its schools,
largely dependent on household funding.
Based on figures and statistics, this study takes a critical look at free public education
in the DR Congo in general, but particularly affecting the Province of Kasai Oriental.
Cikosu — Munda mwa bidimu bivula, Congo wa mungalata kacivwa wambula buji-
tu bwa tulaasa tupwekela. Mbulamatadi kulekela bujitu mu byanza bya beena biten-
delelu bishilangane, bu mudi beeba Katolika ne beena Mishonyi misanga nteta, difuta
dya balongeshi dishala dibanza dya baledi.
Mu kakanda aka, tudi tujoja mudi maalu aya mu Kasayi ka kudi diiba dijukila
kacya mbulamatadi wela lubila lwa se baana bonso ba mu Congo badi ne cya kulonga
cyanana.
Bipeeta bya mudimu ewu mbilenga, bwalu mu Kasayi ka kudi diiba dijukila,
baana balongi mbavula mu cidimu cya 2022 kupita muvubu mu cidimu cya 2019. Mu
cidimu cya 2019, balongi bavwa 230.648, mu cidimu cya 2022 bavwa 426.544. Kadi,
mu ciina cipolo eci, balongi mbakepela mu tulaasa tudyashila.
Bishimbi meeyi: Kulonga cyanana - Malonga - Dikolesha - Partenariat - Tulaasa.
DE LA CAVERNE À LA CAVERNE
Introduction
En tant que réalité vivante, l’homme appartient au monde animal.
Il est compris dans la nature. Il est nature. Il deviendra vraiment homme
à travers l’éducation, qui le détachera progressivement de la pure na-
ture brute et l’introduira, à travers la culture, dans l’humanité Or, « la
nature est l’ensemble des phénomènes ou faits physiques qui s’étendent
indéfiniment dans l’espace et dans le temps, et qui sont liés entre eux par
la relation de cause à effet » 2. Cette nature entraîne des automatismes
et tout semble déterminé dans les actions et réactions posées par les
animaux. Et l’homme est un animal parmi tant d’autres, mais c’est un
animal pensant.
Il est vrai que les animaux arrivent au monde suffisamment équipés
pour y survivre de façon parfaite. Aristote soulignait déjà que « la nature
ne fait rien en vain mais, en chaque espèce animale, en réalisant tou-
jours le meilleur selon ce que permet son essence » 3. C’est ainsi que le
petit chien est déjà bien programmé pour accomplir toutes les activités
propres au chien durant toute sa vie de chien.
Contrairement à tous les autres animaux, l’homme est totalement
dépourvu à sa naissance et il ne peut pas se prendre en charge sans
l’aide des adultes. Cette prise en charge lui sera assurée par la société
dans laquelle il naît et selon les canons en usage dans cette société. In-
capable de se satisfaire de ce qu’il reçoit de la nature, l’homme a besoin
1. [email protected].
2. G. Del Vecchio, « L’homme et la nature », in Revue philosophique de Lou-
vain, n° 64 (1961), p. 684. Le texte est en ligne sur https://www.persee.fr/doc/
phlou_0035-3841_1961_num_59_64_5097. Consulté le 04-12-2022.
3. Aristote, Traité de la marche des animaux , II, 704b in http://remacle.org/bloodwolf/
philosophes/Aristote/marche.htm. Consulté le 04-12-2022.
Philosophie Lubilanji
167
est vrai que « l’homme ne peut devenir homme que par l’éducation » 4,
il est tout aussi incontestable qu’il n’est éduqué que par des hommes qui
ont également été éduqués. D’où la nécessité de veiller à l’éducation
des éducateurs afin que ces derniers soient des personnes très éclairées
et capables de penser une humanité meilleure dépassant des positions
à courte vue de la plupart de ceux qui s’occupent de l’éducation dans
la société.
C’est pourquoi, bien que convaincus d’être dans la vérité, les
adultes d’une société peuvent bien être dans l’erreur, mais ils ne seront
pas en mesure de s’en rendre compte, à moins que quelqu’un d’autre,
convaincant par sa vie et argumenté dans son discours, ne leur révèle les
aspects faux ou négatifs de leur expérience quotidienne. C’est une tâche
risquée car elle expose cette personne à l’opposition de la part de ceux
qu’elle veut aider.
Cependant, une question demeure : les adultes, ceux qui ont long-
temps vécu dans le milieu et qui le connaissent bien, sont-ils toujours
crédibles ? S’ils indiquent aux autres la voie à suivre, cette voie est-elle
celle qui rend meilleurs les jeunes qui l’embrassent ? Y a-t-il lieu que les
aînés, ceux qui ont une longue expérience de la vie, entraînent les autres
dans l’erreur ?
Pour répondre à ces questions, nous nous servirons de l’allégorie
de la caverne de Platon et expliquer ainsi les difficultés que l’éducateur,
principalement l’éducateur des adultes, rencontre pour amener ceux qui
se sont déjà installés dans l’ignorance, ou dans l’erreur, à comprendre la
nécessité de sortir de cette misérable condition et à accéder à la lumière
de la vérité.
2. L’allégorie de la caverne
Au début du livre VII de sa fameuse République, Platon présente la
situation de l’homme en rapport à la connaissance et à l’ignorance. Il y
analyse ainsi, par une allégorie demeurée célèbre 5, le travail de l’édu-
Philosophie Lubilanji
169
voient que ces ombres et n’ont aucune idée de ce qui se passe au-dessus
d’eux. Tout ce qu’ils connaissent comme réalité, ce sont ces ombres
projetées sur le mur de la caverne devant eux. Les ombres qu’ils voient
sont, en fait, des ombres des objets artificiels qui sont présentés par des
marionnettistes. Ainsi, les prisonniers, entendant des gens parler ou per-
cevant d’autres bruits, croiront que ces bruits proviennent des ombres
du mur.
L’auteur nous amène à considérer ce qui arrivera si on délivre ces
prisonniers de leurs chaînes et qu’on les guérisse ainsi de leur ignorance.
Pour lui, « qu’on détache l’un de ces prisonniers, qu’on le force à se
dresser immédiatement, à tourner le cou, à marcher, à lever les yeux
vers la lumière : en faisant tous ces mouvements il souffrira » 7, la lu-
mière l’éblouira et l’empêchera de distinguer les objets dont il voyait les
ombres auparavant. Il se plaindra même de toutes ces violences qu’on
lui fait pour l’amener de son ignorance vers la connaissance.
Ce prisonnier libéré monte progressivement et arrive à la lumière
du soleil. Obnubilé par cette lumière, il trouve pénible cette expérience
de la lumière et la rencontre de toute cette nouvelle réalité jamais ima-
ginée jusqu’ici, étant donné qu’il a passé toute sa vie dans une obscurité
quasi-totale et qu’il était incapable de se mouvoir. Il est informé que ce
qu’il voit maintenant, c’est ça la vraie réalité ; au contraire toute sa vie,
jusqu’à aujourd’hui, il n’avait vu que des ombres de cette réalité. Confus
et terrorisé, il cherche à retourner à la tranquillité du fond de sa caverne,
mais il est plutôt détourné et orienté vers le niveau supérieur où, aveu-
glé par la lumière du soleil, il est incapable de voir dans l’immédiat les
objets devant lui.
Après beaucoup de temps, l’ancien prisonnier s’habitue à la lu-
mière et commence à percevoir la lumière de la nuit étoilée, puis les
ombres des objets projetées par le soleil et, enfin, les objets eux-mêmes
dans la lumière du jour. Longtemps après, ce prisonnier relâché devient
capable d’oser regarder le soleil lui-même, source de toute chose 8. Il se
rend alors compte que c’est le soleil, en effet, qui produit le changement
des saisons et contrôle tout dans le monde visible, y compris le feu et les
ombres que l’on prenait pour réalité.
À ce niveau, se souvenant de sa première demeure dans la caverne,
et de ses anciens compagnons de captivité, et de ce qui y était reconnu
Philosophie Lubilanji
171
comme sagesse basée sur des ombres, et des honneurs qui y étaient dé-
cernés à partir de l’habileté de ceux qui étaient les meilleurs dans la
reconnaissance de la succession des ombres, ce prisonnier ne serait que
très heureux de sa situation actuelle et, pour rien au monde, n’accep-
terait de retourner dans la caverne. Au vrai, il aimera cet endroit et
cette nouvelle situation au point de préférer « mille fois n’être qu’un
valet de charrue, au service d’un pauvre laboureur, et souffrir tout au
monde plutôt que de revenir à ses anciennes illusions et de vivre comme
il vivait » 9.
Mais sa place est plutôt dans la caverne. Pour ses intérêts personnels,
le prisonnier libéré préfère rester dans ce monde réel, car il est monté
à des hauteurs tellement élevées que les réalités des ombres ne peuvent
plus l’attirer. Ce ne serait que perte de temps de vouloir s’occuper des
affaires humaines. Son âme aspire sans cesse à demeurer là-haut. En
effet, dans la caverne, il y a des gens qui débattent de la justice, se ba-
sant sur les ombres et sans avoir jamais vu la justice elle-même. Or, il
n’est pas étonnant qu’un homme, qui passe des contemplations divines
vers les misérables choses humaines, aura mauvaise grâce et paraîtra
ridicule lorsqu’il faudra débattre avec des gens qui, de la justice, n’ont
connu que des ombres et jamais la justice elle-même. Aussi la position
du prisonnier libéré de s’éloigner des choses de la caverne et de jouir de
la vraie lumière est-elle fondée. Cependant, en vue d’éclairer les autres
et de faire fonctionner correctement la cité, le prisonnier libéré doit être
forcé à retourner dans la caverne. C’est là que se trouve sa place, pour
les autres, pour la cité. Il faut le forcer à retourner dans la caverne pour
indiquer aux autres la voie pour atteindre la connaissance et vivre la vie
véritable.
Philosophie Lubilanji
173
15. Cfr R. Dila Ciendel a, « Le fanat isme viol ent dans une sociét é pl ur al iste.
Pour un vivre-ensemble apaisé et tolérant », in Cahiers africains des droits de l’homme
et de la démocratie ainsi que du développement durable, n° 75, volume 2, juin 2022, p. 320. Le
texte peut être lu sur https://www.cadhd-dr.org/_files/ugd/bc3611_f48fa932e0fe441d8fe
043541fc06ae7.pdf. Consulté le 10-11-2022.
Philosophie Lubilanji
175
16. Cfr F. Bacon, « Novum organum », n° 38 s., nouvelle traduction en français
avec une introduction et des notes par Lorquet, Paris, Hachette, 1857. Le texte peut
être téléchargé sur https://philo-labo.fr/fichiers/Bacon%20Francis%20-%20Novum%20
OrganumOCR.pdf. Consulté le 11-12-2022.
17. Les élèves qui sortent de certaines sections du secondaire sont effectivement
des travailleurs qualifiés, d’autres n’obtiendront cette qualification que grâce à des
études supérieures ou universitaires. La responsabilité de ces derniers est naturelle-
ment plus grande.
Philosophie Lubilanji
177
Conclusion
Toute société a besoin d’éducateurs pour indiquer aux autres la
voie pour vivre bien. Cette tâche ne peut revenir qu’à ceux qui ont réus-
si à se libérer de leurs illusions, sont capables de prendre une certaine
distance des vérités retenues dans leur milieu ou leur groupe, et peuvent
résister à la méchanceté de ceux qu’ils veulent aider tout en continuant
leur travail dans leur milieu. Platon voulait qu’on force tous les prison-
niers libérés à retourner dans la caverne pour y éclairer les autres. Nous
préférons qu’ils y retournent volontiers par plaisir. Faudrait-il imaginer
la possibilité de forcer les universitaires demeurés en ville à retourner,
au sens propre comme au figuré, dans leurs villages ? Mais, ça, c’est un
autre problème.
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11. VERGNIOUX, A., Théories pédagogiques. Recherches épistémologiques, Paris,
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Résumé — Tout éducateur est une personne provenant d’une société et il est appelé
à travailler dans sa société en vue de l’améliorer. Il est nécessaire qu’il prenne des dis-
tances envers certains lieux communs, des allants de soi dans sa société, qu’il s’ouvre
à des réalités plus élevées qui sont encore insoupçonnées dans son milieu actuel. Grâce
à l’allégorie de la caverne de Platon, nous montrons les difficultés qu’il y a à apprendre
du neuf, à l’intérioriser, et à le communiquer à d’autres. Plus l’éducateur continuera
à désapprendre la réalité, en maintenant un certain recul devant ses convictions, plus
il sera capable d’aider les autres à regarder dans de nouvelles directions et à ne pas
rejeter ce qui les éblouit par sa grande lumière.
Mots-clés : Éducation - Société - Allégorie de la caverne - Connaissance - Question-
nement.
Abstract — Every educator is a person coming from a society and called to work
in it in order to improve it. It is necessary for him to be away from certain common
ideas which are self-evident in his society, to open up to higher realities which are still
unknown in his current environment. Thanks to Plato’s allegory of Cave, we show
difficulties related to learning new things, internalizing them and communicating
them to others. The more the educator goes on unlearning the reality, maintaining a
certain distance from his convictions, the more he will be able to help others to look in
new directions and not rejecting everything which confuses him highly.
Philosophie Lubilanji
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