Chap 1
Chap 1
Chap 1
CATÉGORIES ET FONCTEURS
1.1. Univers
La notion d’univers a été introduite par Grothendieck pour éviter les classes propres
en géométrie algébrique.
1.2. Catégories
1.2.1. Soit U un univers. On appelle U-catégorie (ou simplement catégorie s’il n’y a
pas d’ambiguïté sur l’univers U) toute donnée qui consisite
2 CHAPITRE 1. CATÉGORIES ET FONCTEURS
(i) d’un ensemble C (dont les éléments sont appelés objets de C),
(ii) pour tout couple (X, Y ) d’objets de C, d’un ensemble C(X, Y ) ∈ U (on utilisera
aussi l’expression HomC (X, Y ) pour désigner cet ensemble) dont les éléments
sont appelés morphismes de X dans Y (on utilise l’expression f : X → Y ou
f
X → Y pour désigner l’énoncé «f appartient à C(X, Y )»),
(iii) pour tout triplet (X, Y, Z) d’objets de C, d’une application (applée application
de composition)
C(X, Y ) × C(Y, Z) −→ C(X, Z)
(f, g) 7−→ gf,
qui vérifient les axiomes suivants :
(a) pour tout X ∈ C, il existe un élément 1X ∈ C(X, X) (appelé morphisme d’identité
de X) tel que, pour tout morphisme f : Y → X on ait 1X f = f , et pour tout
morphisme g : X → Y on ait g1X = g ;
f g h
(b) si X → Y → Z → W sont des morphismes dans C, alors on a h(gf ) = (hg)f .
S’il n’y a pas d’ambiguité sur les morphismes, on utilise l’expression désignant l’en-
semble d’objet pour représenter toute la donnée de la catégorie. Si C appartient à U,
on dit que la U-catégorie C est petite.
1.2.3. Soient U et V deux univers tels que U ∈ V. Si C est une U-catégorie telle que
C ∈ V mais C 6∈ U, alors elle est une V-catégorie petite mais pas une U-catégorie
petit. En d’autres termes, la petitesse d’une catégorie dépend du univers dans lequel
on travaille.
1.2.4. On dit qu’une catégorie C est finie si la réunion disjointe des C(X, Y ) où
(X, Y ) ∈ C 2 est un ensemble fini. Cela revient à dire que l’ensemble des objets de
C est fini et que, pour tout couple (X, Y ) d’objets de C, l’ensemble de morphismes
C(X, Y ) est fini.
sur f −1 β. Donc cette application est une bijection et est en particulier injective. Si-
milairement, l’application C(Y, Z) → (X, Z) qui envoie tout a ∈ C(Y, Z) sur af admet
aussi une application inverse, qui envoie tout b ∈ C(Z, Y ) sur bf −1 . Elle est ainsi une
bijection et est en particulier injective.
La réciproque de l’énoncé précédent n’est pas vrai. On peut considérer l’applica-
tion d’inclusion Z → Q, vue comme un morphisme de la catégorie des anneaux. Ce
morphisme est un monomorphisme car l’application d’inclusion Z → Q est injective
et les morphismes de la catégorie des anneaux sont des applications d’ensembles. Le
morphisme Z → Q est aussi un épimorphisme. En effet, si R est un anneau et si f et
g sont deux homomorphismes de Q dans R dont les restrictions à Z coïncident, alors
on a f = g puisque tout nombre rationnel s’écrit comme le quotient de deux entiers.
Cependant, le morphisme Z → Q n’est pas un isomorphisme.
1.3.3. Soient I un ensemble et (Ci )i∈I une famille de catégories. On construit une
Q Q
nouvelle catégorie i∈I Ci comme suit. Les objets de i∈I Ci sont de la forme (Xi )i∈I ,
1.3. CONSTRUCTIONS ET EXEMPLES 5
Q
où Xi est un objet de Ci . Si (Xi )i∈I et (Yi )i∈I sont deux objets de i∈I Ci , on a
Y Y
Ci (Xi )i∈I , (Yi )i∈I := Ci (Xi , Yi ).
i∈I i∈I
Enfin, si (ui )i∈I : (Xi )i∈I → (Yi )i∈I et (vi )i∈I : (Yi )i∈I → (Zi )i∈I sont des morphismes
Q
de i∈I Ci , on a
(vi )i∈I (ui )i∈I := (vi ui )i∈I .
1.3.4. Les ensembles dans l’univers U et les applications d’ensembles forment une
catégorie (cf. la convention 1.2.5) que l’on note U-Ens, ou simplement Ens.
(m1 , . . . , mn ) ∈ T (L ) 7−→ f m1 . . . mn .
Par exemple, la structure de groupe commutatif est une structure algébrique ad-
missible. On rappelle que cette théorie à premier ordre contient un symbol binaire
d’addition +, un symbole unaire d’inversion − et un symbole zéro-aire 0. Les axiomes
sont
(a) commutativité : +xy=+yx,
(b) associativité : +x+yz =++xyz,
(c) élément neutre : +x0 = x,
(d) élément inverse : +x−x = 0,
où x, y et z sont des symboles de variables. On peut rendre ces formules plus com-
préhensible en mettant le symbol d’addition au milieu de ses arguments :
x + y = y + x, x + (y + z) = (x + y) + z, x + 0 = x, x + (−x) = 0.
De façon similaire, les structures de semi-groupe, monoïde, groupe, anneau, module
sont des structures algébriques admissibles. Par contre, la structure de corps n’est
pas une structure algébrique admissible. En effet, l’inversion par rapport à la loi
de multiplication n’est pas partout définie. Son système d’axiomes doit contenir des
formules plus compliquées que les formules égalitaires.
Étant donnée une structure algébrique admissible, ou plus généralement une théorie
du premier ordre L , la collection des modèles de L (dont les ensembles sous-jacents
6 CHAPITRE 1. CATÉGORIES ET FONCTEURS
appartiennent à U), ainsi que les applications entre eux respectant les réalisations des
symboles de fonctions, forment une catégorie. On désigne par Ab, An les catégories
des groupes abéliens et des anneaux commutatifs unifères respectivement. Si k est un
anneau commutatif unifère, on désigne par k-Mod la catégorie des k-modules et par
Ank la catégorie des k-algèbres commutatives.
1.3.6. Exemple. — Soit I un ensemble ordonné. Pour tout couple d’élément (i, j)
de I, soit I(i, j) l’ensemble à un élément φi,j si i 6 j et l’ensemble vide si i 66 j. Si
i, j et k sont trois éléments de I tels que i 6 j 6 k, on convient que la composée
φj,k φi,j soit égale à φi,k . Ainsi on obtient une catégorie, appelée catégorie associée à
l’ensemble ordonné I.
1.4. Foncteurs
1.4.1. Soient C et D deux catégories. On appelle foncteur de C dans D toute donnée
qui consiste
(i) d’une application F : C → D,
(ii) pour tout couple (X, Y ) d’objets de C, d’une application
F : C(X, Y ) → D(F (X), F (Y )),
soumise aux axiomes suivants :
(a) pour tout objet X de C, on a F (1X ) = 1F (X) ;
f g
(b) pour tous morphismes X → Y → Z de C, on a F (gf ) = F (g)F (f ).
On utilise l’expression F : C → D pour désigner l’énoncé
1.4. FONCTEURS 7
F (X)
ϕX
/ G(X)
F (f ) G(f )
F (Y ) / G(Y )
ϕY
est commutatif (cf. 1.3.8). On désigne par Nat(F, G) l’ensemble des transformations
naturelles de F dans G.
8 CHAPITRE 1. CATÉGORIES ET FONCTEURS
Si F est un foncteur de C dans D, alors la collection 1F = (1F (X) )X∈C est une
transformation naturelle de F dans F . En outre, si F , G et H sont trois foncteurs
de C dans D, et ϕ : F → G et ψ : G → H sont des transformations naturelles, alors
ψϕ := (ψX ϕX )X∈C est une transformation naturelle de F dans H. Pour tous foncteurs
Q
F et G de C dans D, Nat(F, G) est un sous-ensemble de X∈C D(F (X), G(X)). On
obtient donc que, si C est une catégorie petite, alors les foncteurs de C dans D et les
transformations naturelles forment une catégorie que l’on note Fon(C, D).
ψ). On a alors y(f g) = y(g)y(f ) = ψy(f ) = 1hY et y(gf ) = y(f )y(g) = 1hX . D’où
f g = 1Y et gf = 1X , qui montre que f est un isomorphisme dans C.
1.6. Limites
Les limites sont des constructions importantes dans la théorie des catégories. Elles
vérifient des propriétés universelles.
1.6. LIMITES 11
1.6.5. Soit I une catégorie petite. Tout foncteur de I dans une catégorie C peut être
illustré par un diagramme de morphismes de C. Les limites projectives/injectives de
certains diagrammes portent de noms spéciaux (cf. la liste au-dessous, où dans les
graphes on omit les flèches correspondant aux morphismes d’identité).
diagramme limite projective limite inductive
∅ objet terminal objet initial
• • ··· • • produit coproduit
• // • noyau conoyau
• /•
coproduit cofibré
•
•
produit fibré
• / •
1.6.6. Soit C une catégorie. Il existe un unique foncteur de la catégorie vide dans
C. Si ce foncteur admet une limite projective, on dit que la catégorie C admet un
objet terminal et on appelle la limite projective du foncteur objet terminal de C. Par
la propriété universelle de la limite projective, pour tout objet X de C, il existe un
unique morphisme de X dans l’objet terminal de C (si ce dernier existe). De façon
similaire, si le foncteur de la catégorie vide dans C admet une limite inductive, on dit
que C admet un objet initial, qui est la limite inductive du foncteur. Pour tout objet
X de C il existe un unique morphisme de l’objet initial dans X.
1.6. LIMITES 13
X
f
Y /S
g
Z
u
(u,v)S
#
X ×S Y /& X
v pr1
pr2 f
Y /S
g
14 CHAPITRE 1. CATÉGORIES ET FONCTEURS
Si un diagramme de morphisme
Z
u /X
v f
Y /S
g
Z
g
/Y f
/X
γ ¬ β α
U /T /S
t s
Z
fg
/X
γ ® α
U /S
st
est cartésien.
(2) Si le carré et le carré extérieur ® sont cartésiens, alors le carré à gauche ¬ est
aussi cartésien.
Démonstration. — (1) Soient W un objet de C et u : W → X et v : W → U des
morphismes tels que αu = stv.
W u
ϕ
ψ
# #
Z
g
/Y f
/X
v
γ ¬ β α
# /T
/S
U t s
X
1X
/X
1X f
X /Y
f
S
f
/X
g
Y
un diagramme de morphismes dans C. Si le diagramme admet une limite inductive,
on dit que f et g admettent un coproduit cofibré, et on utilise l’expression X qS Y
pour désigner le coproduit cofibré de f et g. Par la propriété universelle de la limite
16 CHAPITRE 1. CATÉGORIES ET FONCTEURS
S
f
/X
g i1
u
Y
i2
/ X qS Y
uqS v
,# Z
v
Si un diagramme de morphismes
S
f
/X
g u
Y /Z
v
Z
g
/Y f
/X
γ ¬ β α
U /T /S
t s
Z
fg
/X
γ ® α
U /S
st
est cocartésien.
(2) Si le carré ¬ et le carré extérieur ® sont cocartésiens, alors le carré est aussi
cocartésien.
// Y
f
Ker(f, g)
i/X
O vv: g
v
vv
h0
vvv h
vv
Z
Si un digramme
X0
j
/X
f
// Y
g
identifie j : X 0 → X au noyau de (f, g), on dit que le diagramme est exact à gauche.
// Y
f
X
p
/ Y0
g
identifie p : Y → Y 0 au conoyau de (f, g), on dit que le diagramme est exact à droite.
// Y
f
1.6.14. Proposition. — Soient C une catégorie, X un diagramme de
g
morphismes dans C, et h : Y → Z un monomorphisme. Soit i : Ker(f, g) → X le
noyau de (f, g). Alors i est également le noyau de (hf, hg).
Soient s et t deux morphismes de X vers Y , où s est induit par la famille (prk )f :j→k ,
et t est induit par (F (f ) prj )f :j→k . Alors le noyau de s et t est la limite projective du
foncteur F .
1.6.17. Les deux propositions précédentes admettent des variants. Par la même mé-
thode, on peux démontrer que, si dans une catégorie C tout produit (resp. coproduit)
d’une famille finie d’objets existe et que tout couple de morphismes des mêmes source
et but (cf. §1.2.2) admet un noyau (resp. conoyau), alors tout foncteur d’une catégorie
finie (cf. §1.2.4) dans C admet une limite projective (resp. inductive).
1.6.18. Les limites projectives et inductives sont des constructions fonctorielles. Soit
I une catégorie petite et C une catégorie. Si tout foncteur de I vers C admet une limite
projective (resp. inductive), alors lim (resp. lim) définit un foncteur de la catégorie
←− −→
Fon(I, C) vers C. Cela résulte des propriétés universelles des limites. En outre, pour
toute catégorie petite J, tout foncteur de I dans Fon(J, C) admet aussi une limite
projective (resp. limite inductive), qui peut être construite point par point, comme
expliqué au-dessous.
Tout foncteur F de I dans Fon(J, C) peut être considéré comme un foncteur de la
catégorie produit I × J dans C qui envoie (i, j) ∈ I × J en F (i)(j), ou encore comme
un foncteur (Fj )j∈J de J dans Fon(I, C) (cf. la notation 1.4.2). Par la fonctorialité
de la limite projective (resp. limite inductive), on obtient un foncteur (lim Fj )j∈J
←−
(resp. (lim Fj )j∈J ) de J dans C, sous condition que tout foncteur de I dans C admet
−→
une limite projective (resp. limite inductive). Ce foncteur, vu comme un objet de la
catégorie Fon(J, C) est la limite projective (resp. limite inductive) de F (considéré
comme un foncteur de I dans la catégorie de foncteurs Fon(J, C)). En effet, si G =
1.6. LIMITES 19
1.6.19. Exemple. — Soit (Ei )i∈I une famille d’ensembles. Le produit cartésien
des Ei est le produit de cette famille dans la catégorie des ensembles. La réunion
disjointe des Ei est le coproduit de cete famille dans la catégorie des ensembles. Si
f, g : E → F sont deux applications d’ensembles, leur noyau est le sous-ensemble de E
des x ∈ E tels que f (x) = g(x) ; leur conoyau est le quotient de F modulo la relation
d’équivalence engendrée par
«y1 ∼ y2 si et seulement s’il existe x ∈ E vérifiant f (x) = y1 et g(x) = y2 ».
D’après les propositions 1.6.15 et 1.6.16, tout foncteur d’une catégorie petite vers Ens
admet une limite projective et une limite inductive.
Soient I une catégorie petite et F : I → Ens un foncteur. On peut construire
Q
explicitement la limite projective de F comme le sous-ensemble de i∈I F (i) des
éléments (xi )i∈I tel que F (u)(xi ) = xj pour tout morphisme u : i → j dans I.
1.6.20. Soient C une catégorie petite et D une catégorie. On suppose que la catégorie
D est complète (resp. cocomplète) (cf. §1.6.2). Si I est une catégorie petite et F : I →
Fon(C, D) est un foncteur, alors F détermine un foncteur de C dans la catégorie de
foncteurs Fon(I, D) dont la limite projective (resp. limite inductive) point par point
donne un foncteur de C dans D, qui s’identifie à la limite projective (resp. limite
inductive) du foncteur F (cf. §1.6.18). On obtient donc que la catégorie de foncteurs
Fon(C, D) est complète (resp. cocomplète). En particulier, pour toute catégorie petite
C, la catégorie de foncteurs Fon(C, Ens) est complète et cocomplète, où Ens désigne
la catégorie des ensembles.
20 CHAPITRE 1. CATÉGORIES ET FONCTEURS
1F (i) ϕi
F (i) / G(i)
ϕi
F
1F
/F
1F ϕ
F /G
ϕ
de morphismes de foncteurs est cartésien (cf. §Rem :limite dans une catégorie de
foncteurs). Encore par la proposition 1.6.10 on obtient que le morphisme de foncteur
ϕ est cartésien.
(2) On suppose que ϕ : F → G est un monomorphisme de foncteurs. C’est-à-dire
que le carré
F
1F
/F
1F ϕ
F /G
ϕ
de morphismes de foncteurs est cartésien. Comme tout produit fibré existe dans la
catégorie C, on peut déterminer le produit fibré F ×G F point par point (cf. §1.6.18).
On obtient alors que le carré
1F (i)
F (i) / F (i)
1F (i) ϕi
F (i) / G(i)
ϕi
1.7.3. Soit I une catégorie petite. On dit que I est filtrante si elle est non-vide et si
les conditions suivantes sont vérifiée :
(a) pour tout couple (i, j) d’objets de I, il existe un objet k de I et des morphismes
i → k et j → k ;
(b) si i et j sont deux objets de I et si u et v sont des morphismes de i vers j, il
existe un objet k de I et un morphisme w : j → k tels que wu = wv.
1.7.6. Soit A un anneau. Si (Mi )i∈I est une famille de A-modules, alors le produit
cartésien des Mi est le produit de (Mi )i∈I dans la catégorie A-Mod des A-modules ;
L
la somme directe i∈I Mi est le coproduit de (Mi )i∈I dans la catégorie A-Mod. Si
f, g : M → N sont deux homomorphismes de A-modules, leur noyau est le sous-A-
module de M des x ∈ M tel que f (x) = g(x) (c’est-à-dire Ker(f − g)) ; leur conoyau
est le A-module quotient de N par l’image de f − g. D’après les propositions 1.6.15 et
1.6.16, tout foncteur d’une catégorie petite vers A-Mod admet une limite projective
et une limite inductive.
La localistion est un cas particulier de limite inductive filtrante dans la catégorie des
modules qui jouera un rôle important pour ce livre. On dit qu’un sous-ensemble S de
A est multiplicatif s’il contient l’élément unité 1 et s’il est stable par la multiplication.
On peut le considérer comme une catégorie petite (S est alors l’ensemble des objets)
où l’ensemble des morphismes de s1 vers s2 est {s ∈ S | s1 s = s2 }. Si s1 et s2 sont
deux objets de S, alors s2 : s1 → s1 s2 et s1 : s2 → s1 s2 sont deux morphismes de s1
et s2 vers s1 s2 respectivement. En outre, si s1 et s2 sont deux objets de S et s, t sont
24 CHAPITRE 1. CATÉGORIES ET FONCTEURS
1.8.2. Exemples. —
(a) Soient I une catégorie petite et C une catégorie telle que tout foncteur de I dans
C admet une limite projective (resp. inductive). Alors le foncteur lim (resp. lim)
←− −→
de la catégorie de foncteur Fon(I, C) dans C est adjoint à droite (resp. gauche)
du foncteur diagonal ∆ : C → Fon(I, C) (cf. §1.6.2) qui envoie tout objet X sur
∆X .
(b) Soient A un anneau et M un A-module. Alors le foncteur − ⊗A M : A-Mod →
A-Mod est adjoint à gauche du foncteur HomA (M, −). En effet, pour tous A-
modules N et P on a des isomorphismes fonctoriels
HomA (N ⊗A M, P ) ∼
= BilA (N × M, P ) ∼
= HomA (N, HomA (M, P )),
où BilA (N × M, P ) désigne l’ensemble des applications A-bilinéaires de N × M
dans P .
(2) Si (Yi )i∈I est un foncteur de I dans D qui admet une limite projective, alors
le foncteur (G(Yi ))i∈I admet aussi une limite projective, et on a lim G(Yi ) ∼
=
←−
G(lim Yi ).
←−
D(F (Xi ), Y ) ∼
= C(Xi , G(Y )).
D(lim F (Xi ), Y ) ∼
= C(lim X , G(Y )) ∼
= D(F (lim X ), Y ),
−→ −→ i −→ i
∼ F (lim Xi ) puisqu’ils représentent le même foncteur.
d’où lim F (Xi ) =
−→ −→
Par passage aux catégories opposées, on déduit le deuxième énoncé du premier.
1.8.4. Soient C une catégorie, I et J deux catégorie petite. On suppose que tout
foncteur de J dans C admet une limite projective. Considérons le foncteur lim :
←−
Fon(J, C) → C qui est adjoint à droite du foncteur diagonal ∆ (cf. §1.8.2). En utilisant
la proposition 1.8.3, on en déduit que, si (Fi )i∈I est un foncteur de I dans la catégorie
de foncteurs Fon(J, C), qui admet une limite projective, alors le foncteur (lim Fi )i∈I
←−
de I dans C admet aussi une limite projective. De plus, on a
lim(lim Fi ) ∼
= lim(lim F ).
←− ←− ←− ←− i
i∈I J J i∈I
qui envoie ϕ ∈ Nat(F, G) sur (ϕA (ρ))(A,ρ)∈IF est une bijection, où dans la limite
projective on a considéré le foncteur de IF dans Ens qui envoie (A, ρ) sur G(A) et
f : (A, ρ) → (A0 , ρ0 ) sur G(f ) : G(A) → G(A0 ).
Démonstration. — Par définition, Nat(F, G) est le sous-ensemble de
Y Y
Ens(F (A), G(A)) = G(A)
A∈C (A,ρ)∈IF
des éléments
(ϕA : F (A) → G(A))A∈C = (ϕA (ρ))(A,ρ)∈IF
tels que ϕA0 F (f ) = G(f )ϕA pour tout morphisme f : A → A0 . Cette condition
renvient à dire que l’on a
ϕA0 (ρ0 ) = G(f )(ϕA (ρ))
pour tout morphisme f : (A, ρ) → (A0 , ρ0 ) dans IF . Le résultat est donc démontré.