Cours de Mediation Master 2
Cours de Mediation Master 2
Cours de Mediation Master 2
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INTRODUCTION GENERALE
Dans un Etat de droit 1, c’est à la justice qu’il revient en principe la mission de faire respecter
la loi et de régler les litiges qui opposent les citoyens les uns aux autres. Cette mission est
jugée fondamentale pour faire respecter l’ordre établi et éviter le règne du désordre et
l’anarchie. La justice est alors censée punir quiconque ne respecte pas la loi et porte atteinte à
l’ordre public2 ou même aux intérêts privés des individus.
Les MARL se résument donc à tous les modes de recherche de solutions et de résolution des
conflits à l’amiable sans qu’il soit besoin de passer par un juge du système judiciaire ou par
une juridiction étatique. Il s’agit traditionnellement de l’arbitrage, de la transaction, de la
médiation et de la conciliation.
L’arbitrage est un MAR extra judiciaire des Litiges piloté par des personnes privées qu’on
appelle arbitres. L’arbitrage est prévu par une clause nommée clause compromissoire. Par
cette clause les parties s’engagent à recourir à un arbitre neutre et impartial ou à trois arbitres
qu’elles auront préalablement choisis pour trancher tous les litiges nés de leur contrat.
Contrairement à la médiation, dans l’arbitrage les deux parties doivent être présentes et
consentantes sur toute la procédure. L’arbitrage est largement utilisé dans les affaires
commerciales et notamment dans le commerce international4. L’intérêt de l’arbitrage est de
favoriser le secret des affaires, en même temps qu’il est souvent considéré comme plus rapide
et moins cher que la justice étatique. La décision rendue par l’arbitre est appelée sentence
arbitrale. Celle-ci a autorité de la chose jugée5, cela veut dire que le même litige ne pourra
1
L’état de droit dans lequel on retrouve des règles qui régulent les rapports les sociaux et protègent les droits
de l’Homme, où le
2
La notion d’ordre public en droit OHADA, obligations auxquelles se soumettent les individus pour éviter que
ne règne le désordre
3
MALD alternatives à la justice étatique ou justice alternative ? Sujet que le prof aimait donner
4
Lex mercatoria c’est le principe qui domine. Les bailleurs de fonds internationaux privilégient les grandes
instituions d’arbitrage du monde
5
Cela veut dire que l’affaire ne peut plus revenir devant le juge qui la déjà jugée, différent de la force de la
chose jugée qui veut dire qu’on ne peut faire de recours elle est devenu définitive
2
plus revenir devant un juge ou arbitre statuant selon le même degré et la décision ne pourra
plus faire que l’objet de voies de recours.
La transaction, selon l’article 2044 du code civil est un contrat par lequel les parties
terminent une contestation née ou préviennent une contestation à naitre. Ce contrat doit être
rédigé par écrit. Pour être valable, la transaction doit respecter les conditions de validité des
contrats et elle doit être conclue après la rupture définitive du contrat et prévoir des
concessions réciproques. Et lorsqu’elle est valable à transaction à autorité de la chose jugée
entre les parties en dernier ressort selon l’article 2052 du code civil. Cela signifie que les
parties ne peuvent plus remettre en cause ce qui a décidé dans la transaction et qu’une action
en justice n’est plus possible. La transaction ne peut pas être utilisée au plan pénal.
Sur quels critères va donc s’opérer le choix du justiciable entre ces deux processus amiables à
la définition légale identique ?
6
La convention judiciaire est obligatoire en matière de divorce, sociale et d’injonction à payer)
3
- Leur recours facultatif ou obligatoire préalablement à la saisine du juge en fonction de
la nature et ou du montant du litige
Cette confusion apparait complexe pour le justiciable alors que le recours à ce
dispositif amiable est voulu et promu par le législateur pour des engorger les
tribunaux du contentieux du quotidien en proposant une alternative non judiciaire
simple, rapide et gratuite ou à coût modéré.
L’objectif de ce cours de ce cours de 30 heures est donc de tenter d’apporter des
explications simples et claires aux régimes juridiques de ces deux dernières solutions
qui permettent de régler un litige sans engager le procès : la médiation (I) et la
conciliation(II).
4
Selon une étude publiée par Afro-baromètre en mars 2017 après une enquête réalisée
auprès de 53935personnes issues de 36 pays africains, 43% de personnes interrogées
n’ont pas confiance en la justice, 33% estiment que les juges sont corrompus, et
seulement 13% ont réglé leurs litiges devant les tribunaux durant les cinq dernières
années. Quoi que l’on puisse des résultats de cette étude, ils confirment les conditions
défavorables de l’accès à la justice (frais de justice élevés, défaut d’accès à un avocat
faute de moyens, lourdeur des procédures mais aussi des lenteurs judiciaires). Tout
ceci amène les justiciables à se tourner vers les modes de règlement amiables de
règlement des litiges. En effet, dans l’espace OHADA où 55% de la population vit en
zone rurale et parfois loin de toute infrastructure judicaire ou professionnelle de la
justice, subsiste encore le règlement amiable des règlements sous l’arbre à palabre.
Les protagonistes débattent devant un jury formé par la population, présidé par une
autorité traditionnelle qui joue le rôle du juge.
Bien que certains Etats membres de l’OHADA aient déjà eu recours à la médiation
par l’adoption d’un texte spécial ou la mise en place d’un centre de médiation, le
législateur OHADA a souhaité donné un cadre légal uniforme à ce mode ancien de
règlement amiable des litiges. D’où l’adoption le 23 novembre 2017 de l’AU relatif à
la médiation (AUM) qui constitue le dixième de droit uniforme adopté par l’OHADA.
Ce texte définit le concept de médiation et son champ d’application (chapitre I), mais
il s’intéresse aussi aux principes directeurs de la médiation et aux mécanismes de fin
de la procédure de médiation (chapitre II)
5
Le législateur OHADA a défini les concepts de la médiation (section I) et déterminé
son champ d’application (section II)
6
accompagner dans la procédure. Le protocole d’accord peut alors être transformé en
titre exécutoire.
Dans plusieurs pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Europe, la médiation s’est
avérée efficace au point d’en être devenu un passage obligatoire avant d’engager une
procédure judiciaire.
7
libre arbitre vont tenter de les regeler à la mesure de leurs intérêts. Si la médiation
échoue les parties vont retrouver l’instance judiciaire qui était jusque-là
suspendue.
2- La médiation extrajudiciaire ou conventionnelle
A la différence de la médiation judiciaire, la médiation conventionnelle est celle
qui est pratiquée hors des tribunaux c’est-à-dire hors de l’instance. Ce qui revient
à dire que les parties dans la quête d’une solution à leur différend, ne doivent par
prioritairement se tourner vers l’institution judiciaire mais essayer plutôt de voir
d’abord du côté des modes privés de règlement des litiges.
En prévoyant l’hypothèse de la médiation conventionnelle ceci exprime la volonté
du législateur de faire éviter autant que possible aux parties un procès en bonne et
due forme.
La médiation privée ou conventionnelle est volontaire. Autrement dit, ce sont les
parties qui décident de manière souveraine de recourir aux services d’un
médiateur en fonction de leurs besoins. L’institut de médiation et d’arbitrage du
Québec précise que les parties sont dans in processus de décision volontaire,
chacune d’elle faisant des choix libres et éclairés, notamment quant au choix du
médiateur, quant à la détermination du processus applicable et quant à la
participation ou au retrait du processus sans oublier d’être associé aux solutions
éventuelles.
De nombreux auteurs mettent ici en évidence l’aspect purement volontaire de la
médiation. Et de la sorte, les parties à la médiation à travers leur volonté sont les
chiens de chasse du processus, dans la mesure où elles peuvent volontairement
décider d’y participer mais aussi volontairement de quitter le processus.
Il est important de préciser que la médiation conventionnelle peut être menée dans
le cadre d’une procédure ad hoc où les règles applicables résultent de la volonté
des parties et parfois en dehors du droit commun applicable. Sur ce point il faut
préciser que le droit applicable dans l’espace OHADA le droit commun applicable
est l’Acte Uniforme sur la médiation.
La médiation conventionnelle peut être aussi institutionnelle c’est-à-dire que les
parties peuvent choisir de la soumettre au règlement d’une institution de
médiation. Dans ce dernier cas, la procédure de médiation est menée selon le
8
règlement d’arbitrage de l’institution choisie7. Il existe de ce point de vue
plusieurs centres de médiation en Afrique et de par le monde :
- Le Centre national d’arbitrage de conciliation et de médiation de la RDC
- Le centre de conciliation et d’arbitrage du Mali
- Le Centre d’arbitrage de Cote d’Ivoire
- Le Centre d’arbitrage, de médiation et conciliation de Centrafrique
- Le Centre d’arbitrage, de médiation et de conciliation de Ouagadougou
- Le centre permanent d’arbitrage et de médiation du Cameroun
- Le centre d’arbitrage et de médiation du GICAM
- Le centre d’arbitrage et de médiation d’ARSEL
Les centres de médiation et de conciliation précités gèrent chacun selon son règlement
les litiges. Ces centres procèdent en général aux actions/opérations suivantes :
- Aider les parties à choisir le processus approprié des règlements de différends,
notamment entre la médiation ; la conciliation et l’arbitrage ;
- Ils peuvent fournir des locaux et nommer un ou plusieurs arbitres, médiateurs ou
conciliateurs ;
- Ils fixent les frais de procédure en fonction d’un barème préalablement publié ou
arrêté ;
- Ils assistent les parties dans la mise en place de tout autre service d’appui dont elles
peuvent avoir besoin pendant le processus.
La mission d’un centre institutionnel des règlements extra judiciaire des litiges est de
mettre à la disposition des opérateurs économiques les modes amiables des
règlements de leurs différends en l’occurrence l’arbitrage, la médiation ou la
conciliation.
7
Le règlement d’arbitrage concerne les délais, les arbitres, la rémunération des arbitres, le président si jamais
les parties ne s’entendent pas sur un point. Mais la procédure concerne le droit en lui-même et à ce niveau les
parties peuvent imposer une procédure au centre choisi
N.B Dans le cadre de la médiation le juge doit homologuer le p-v de conciliation et de médiation alors que la
sentence arbitrale à force de titre exécutoire. Ceci parce que le conciliateur ou le médiateur ne joue pas le rôle
du juge c’est la volonté des parties qui règnent c’est leur volonté qui dirige c’est un accord. Alors que l’arbitre
juge et à la fin il tranche et dit qui a raison ou non. Et après on ne peut plus aller voir le juge judiciaire.
9
D’après l’article 2 de l’Acte Uniforme relatif à la médiation « le présent acte
uniforme s’applique à la médiation. Toutefois, il ne s’applique pas aux cas dans
lesquels un juge ou un arbitre pendant une instance judiciaire ou arbitrale tente de
faciliter un règlement amiable directement avec les parties. »
Par application de ce texte, il faut déterminer les matières concernées par la médiation
(Paragraphe 1) et l’articulation de la médiation avec d’autres modes alternatifs de
règlement de litiges (Paragraphe 2).
10
- Les litiges relatifs à des co-entreprises8 ;
- Litiges maritimes ;
- Litiges avec les autorités douanières ;
- Litiges impliquant les établissements bancaires ou financiers ;
- Les litiges impliquant les Etats ou les entités publiques dans le cadre des activités
commerciales et industrielles…
2- La médiation dans les procédures collectives
L’AU sur les procédures collectives d’apurement du passif a comme premier objet
annoncé dès son préambule « d’organiser les procédures préventives de
conciliation et de règlement préventif puis, de redresser rapidement les entreprises
viables et de liquider les entreprises non viables »
Outre un premier chapitre dédié à la conciliation, l’article 1.2 de cet acte uniforme
dispose que « sans préjudice de l’application des procédures visées à l’article 1er ci-
dessus, toute entreprise a la faculté de demander avant la cessation de paiements,
l’ouverture d’une procédure de médiation, selon les dispositions légales de l’Etat-
partie concerné ». 9
Il faut dire qu’une politique de médiation et de conciliation du législateur OHADA au
bénéfice de l’entreprise en difficulté met le chef d’entreprise au centre du dispositif.
Toutefois, le recours à la médiation était soumis au droit de chaque Etat- partie
fragilisant ainsi l’efficacité du dispositif. C’est dans ce contexte qu’intervient l’acte
uniforme relatif à la médiation qui harmonise à travers un texte unique toutes les
règles applicables à la médiation en 18 articles. Ces textes uniformes déterminent
également le régime de la médiation judiciaire ou conventionnelle tant ad hoc
qu’institutionnelle (article 1er).
Paragraphe 2 : La médiation et son articulation avec d’autres modes de résolution de
conflits
La médiation étant un moyen alternatif de règlement de conflit, elle entretient des
liens très proches avec les autres MARL. C’est pourquoi il est nécessaire de
déterminer comment la médiation s’articule avec toutes ces autres procédures de
règlement extra judiciaire des litiges.
8
La coentreprise est le contrat par lequel deux entreprises unissent leurs forces dans certains aspects tout en
gardant leurs identités
9
Là ce serait une conciliation ad-hoc
11
Dans un premier temps, il faut rappeler que la médiation régie par l’AUM, ne s’étend
pas aux situations dans lesquelles un juge où un arbitre durant une instance judiciaire
ou arbitrale invite les parties à se concilier. En effet, le médiateur n’est pas un arbitre
et son rôle est d’aider les parties à trouver une solution amiable à leur litige. Hors,
l’arbitre comme le juge peut inviter les parties à se concilier et prendre toutes les
mesures utiles en ce sens ce qui n’est pas le cas du médiateur (article 2 de l’AUM).
Le choix des parties est fondamental dans la détermination du champ d’application de
la médiation car en effet, si les parties décident de recourir à une institution de
médiation, elles adhèrent au règlement de médiation de l’institution en question.
La distinction effectuée dans l’AUM entre médiation et arbitrage, est importante car
elle évite toute confusion au regard des principes de confidentialité10, d’impartialité et
de contradictoire.11
D’une façon spécifique, l’article 11 de l’AUM traite de l’articulation avec les
procédures d’arbitrage ou procédures judiciaires et énumère de façon assez large, les
éléments invoqués lors de la médiation qui ne sont pas recevables dans une autre
procédure peu importe que le différend soit le même ou non. Cette volonté affichée du
législateur OHADA prouve l’importance accordée par les rédacteurs de ces textes à la
liberté d’expression et la confiance des parties pour assurer le succès de la médiation.
10
Cela voudrait dire que les arbitres/médiateurs/ doivent se taire.
11
Chaque partie a le droit d’être informé de toute pièce produite par son adversaire et avoir sur la base de
celle-ci de répliquer
12
CHAPITRE 2 : PRINCIPES DIRECTEURS EY PROCEDURES DE LA
MEDIATION
La médiation se présente comme une forme de justice souple, confidentielle, plus
rapide et moins couteuse que la justice étatique et arbitrale. Le nouveau texte
détermine les principes directeurs de la médiation (section I) tout en encadrant la
procédure de celle-ci, notamment son déclenchement son déroulement et son
dénouement (section II).
Section I : Les principes directeurs de la médiation
La médiation est gouvernée par des principes directeurs (paragraphe I) et par des
règles encadrant le statut de médiateur (paragraphe II)
Paragraphe I : Les principes directeurs autonomes de la médiation
L’AU met en place une véritable procédure de médiation confidentielle, répondant à
des principes directeurs autonomes, garantissant la volonté des parties, l’intégrité
morale, l’indépendance et l’impartialité du médiateur, la confidentialité et l’efficacité
du processus de médiation.
D’après l’article 8 de l’AUM le médiateur est toute institution établie dans l’un des
Etat-partie offrant des services de médiation, adhère aux principes garantissant la
volonté des parties,12 l’’intégrité morale, l’indépendance et l’impartialité du
médiateur, la confidentialité et l’efficacité du processus de médiation.
Le médiateur s’assure sue la solution envisagée reflète réellement la volonté des
parties dans le respect de règles d’ordre public et des bonnes mœurs.
En vertu de l’article 9 de l’AU sur les échanges entre le médiateur et les parties, le
médiateur peut rencontrer les parties pour communiquer avec elles, ensemble ou
séparément.
Lorsque le médiateur souhaite rencontrer ou s’entretenir avec l’une des parties ou son
conseil séparément, il en informe l’autre partie et ou son conseil au préalable ou dès
que possible après sa rencontre ou sa communication unilatérale avec l’autre partie.
Lorsque le médiateur reçoit d’une partie des informations concernant les différends, il
peut en révéler la teneur à toute autre partie à la médiation. Toutefois, lorsqu’une
partie donne au médiateur une information sous la condition expresse qu’elle demeure
confidentielle, celle-ci ne doit être révélée à aucune autre partie à la médiation.
12
Un sujet : la volonté des parties dans la procédure de médiation : la volonté des parties est fondamentale
13
L’article 10 de l’AUM prévoit le principe de confidentialité. Ainsi, toutes les
informations relatives à la procédure de médiation doivent demeurer confidentielles,
sauf convention contraire des parties ; à moins que leur divulgation soit exigée par la
loi ou rendue nécessaire pour l’exécution de l’accord de la médiation.
Paragraphe II : Le statut et le rôle du médiateur
Le médiateur est choisi par les parties, d’un commun accord mais il est également
possible que les parties demandent l’assistance d’une autorité de désignation et
notamment le Secrétaire général d’une institution d’arbitrage et de médiation.
Le médiateur avant tout doit être une personne compétente 13 et experte.14 Il est rappelé
une fois que les qualités fondamentales demandées à u médiateur sont d’être
indépendant, impartial et disponible. Le médiateur doit faire une déclaration écrite
pour confirme qu’il est indépendant impartial et disponible.
A cet effet, le médiateur doit lui-même signaler toutes les circonstances qui pourraient
remettre en cause son impartialité ou son indépendance, avant la médiation mais
également au cours de la procédure. Car en effet, toute nouvelle circonstance
susceptible de remettre en cause les qualités demandées au médiateur doit être
révélées au parties qui pourront refuser de poursuivre la médiation (article 6 de
l’AUM).
De plus, le médiateur soit être neutre et loyal. Il a en effet pour rôle d’accomplir sa
mission, avec diligence et doit accorder un traitement équitable aux deux parties. Il
n’impose pas de solutions aux différends mais fait simplement des propositions aux
parties. Les parties possèdent également une grande liberté dans la tenue de la
procédure. Elles peuvent convenir de la façon dont la médiation va être conduite. En
outre, il est explicitement affirmé, sauf convention contraire des parties, le médiateur
ne peut être arbitre, expert ou conseil d’une partie dans un différend qui a fait l’objet
de la procédure de médiation ou dans autre différend né du même rapport juridique ou
lié à celui-ci (article 14 de l’AUM).
Le médiateur est soumis à des incompatibilités en particulier, il ne peut être ni
l’arbitre ni l’expert dans un différend qui a fait l’objet de la procédure de médiation
ou dans autre différend né du même rapport juridique ou lié à celui-ci.
Il est tenu à l’obligation de confidentialité.
13
Ensemble d’éléments liés à une carrière
14
Expertise vient d’une expérience pratique en la matière qui peut parler avec autorité. La clé ici est la
spécialité, l’expert est un spécialiste
14
A cet effet il est tenu par l’obligation de révéler des circonstances de nature à soulever des
doutes sur son impartialité avant ou même après sa désignation. Il doit également être diligent
dans la conduite de la procédure.
Pour ce qui est de sa rémunération, le médiateur perçoit des honoraires qui sont fixés soit par
les parties, soit par le tribunal lorsque la décision est judiciaire, soit par le règlement du centre
d’arbitrage ou de médiation lorsque la médiation est institutionnelle. Dans tous les cas, cette
rémunération est supportée par les parties à part égale sauf exception.
Toutes ces mesures ont pour principal objectif d’éviter les conflits d’intérêt potentiels dus à la
personne du médiateur.
Cependant, l’AUM n’impose pas de réelles mesures coercitives au médiateur et il ne met pas
en place des sanctions explicites au non-respect des principes directeurs de la médiation. Il
semble donc qu’il soit laissé aux institutions et centre de médiation le soin de sanctionner les
conflits d’intérêts. Ce silence du législateur OHADA faut-il le souligner met quand même à
mal l’œuvre d’uniformisation des règles et des principes directeurs de la médiation.
Le législateur OHADA écrit les étapes de la procédure de médiation (paragraphe 1) avant que
celle- ci ne se termine (paragraphe 2)
L’AUM a opté pour une procédure simple qui peut être mise en œuvre par la partie la plus
diligente en l’absence de toute convention et qui laisse place à la volonté des parties.
1- Le déroulement de la procédure
Lorsque la médiation est mise en œuvre par les parties c’est-à-dire dans le cadre d’une
médiation conventionnelle, la procédure débute lorsque la partie la plus diligente met en
œuvre la convention de médiation qu’elle doit écrite ou non. Si la partie invitant l’autre à la
médiation ne reçoit pas d’acceptation dans les 15 jours de la date de réception, ou à
l’expiration de tout autre délai spécifié, l’absence de réponse est considérée comme un refus
de recours à la médiation (article 4 al.1 et 2 de l’AU).
15
En l’absence de convention, l’une des parties peut toujours recourir à un médiateur après y
avoir invité l’autre partie et obtenu son accord écrit. S’il n y a pas d’accord en l’absence
d’acceptation de l’invitation écrite dans les 15 jours de la date de réception ou à l’expiration
de tout autre délai spécifié, la médiation n’aura pas lieu.
Une fois la médiation acceptée, les parties pourront choisir librement et d’un commun accord
un tiers médiateur, indépendant, impartial et libre de tout conflit d’intérêt. Il peut s’agir d’une
personne physique ou morale sans distinction de nationalité. Mais la désignation peut
également intervenir et généralement c’est le cas par le centre de médiation choisi par les
parties.
Il est également envisageable qu’une juridiction étatique ou arbitrale avec l’accord des parties
les renvoie à la médiation15 et dans cette hypothèse c’est la juridiction concernée qui fixera le
délai de suspension de la procédure (article 4).
La médiation peut être ad hoc ou institutionnelle. La procédure est alors librement conduite
par le médiateur à défaut d’une procédure définie par les parties qui peuvent même se référer
à un règlement de médiation.
Afin de ne pas enfermer les parties dans la procédure de médiation, l’AU prévoit la
possibilité pour les parties d’aménager la procédure. Ainsi, la volonté ou l’autonomie des
parties garde une importance capitale dans la médiation. Il est notamment spécifié que :
« Lorsque les parties sont convenue de recourir à la médiation et se sont expressément
engagées en entamée, pendant une période donnée ou jusqu’à la survenance d’un élément
spécifié aucune procédure arbitrale ou judiciaire relative à un différend déjà né ou qui
pourrait naitre ultérieurement, il est donné effet à cet engagement par le tribunal arbitrale ou
la juridiction étatique jusqu’à ce que les conditions dont il s’accompagne aient été
satisfaites. » (Article 15 al.1er).
15
Lors par exemple d’un arbitrage qui ne fonctionne pas, les parties peuvent décider d’aller d’abord en
médiation. Cette décision est essentiellement provisoire elle suspend juste le cours de la procédure.
16
Toutefois les parties qui estiment nécessaires d’engager à des fins provisoires et
conservatoires une procédure pour sauvegarder leurs droits ne renoncent pas par cet
engagement à la procédure de médiation (article 15 al. 2).
a- La conclusion d’un accord écrit issu de la médiation, signé par les parties et si
celles-ci en font la demande, par le médiateur.
b- La déclaration écrite du médiateur indiquant, après consultation des parties,
que de nouveaux efforts de médiation ne se justifient plus à la date de la
déclaration ou lorsqu’une des parties ne participe plus aux réunions de
médiation malgré les relances du médiateur (désistement d’une des parties à la
médiation).
c- La déclaration écrite des parties adressée au médiateur indiquant qu’elles
mettent fin à la procédure de médiation à la date de la déclaration
d- La déclaration écrite d’une partie adressée à l’autre ou aux autres parties et si
un médiateur a été nommée, au médiateur, indiquant qu’il est mis fin à la
médiation à la date de la déclaration ;
e- L’expiration du délai de médiation sauf si les parties décident conjointement
de proroger ce délai en accord avec le médiateur.
La partie qui entend se prévaloir de la fin est tenue d’en apporter la preuve et
cette preuve peut être faite par tout moyen laissant trace. Lorsque la médiation
ordonnée par le juge ou par l’arbitre prend fin sans que les parties ne
parviennent à un accord, la procédure judiciaire ou arbitrale reprend son cours
normal.
Lorsqu’une telle procédure de médiation prend fin par l’accord amiable des
parties, le juge ou l’arbitre constate cet accord, c’est-à-dire il l’homologue et
après quoi, l’accord devient un titre exécutoire qui peut être mis en œuvre
conformément à l’article 5 de l’AUM.
1- Les frais de la médiation
Les parties déterminent soit directement, soit par référence à un règlement
de médiation, les frais de la médiation y compris les honoraires du
médiateur.
17
En cas de médiation judiciaire, la juridiction étatique saisie qui désigne un médiateur, fixe les
frais en accord avec les parties et ordonne la consignation de provisions entre les mains du
greffier en chef de la juridiction ou de l’organe compétent de l’Etat partie. Si une partie ne
verse pas sa cote part des frais fixés, il est permis à l’autre partie de la verser afin que la
médiation puisse être mise en œuvre. A défaut de consignation dans le délai fixé par le juge,
sa décision est non avenue et la procédure judiciaire reprend son cours normal.
Lorsque la juridiction étatique désigne une institution de médiation, elle renvoie les parties à
se conformer au barème de cette institution. Les frais de cette médiation sont lors
supportés par les parties à parts égales, sauf convention contraire.
A la requête conjointe des parties, l’accord de médiation devenu un titre exécutoire peut être
déposé au rang des minutes d’un notaire avec reconnaissance d’écriture et de signature. Le
notaire en délivre à la requête de la partie intéressée une grosse ou une copie exécutoire.
18
19
DEUXIEME PARTIE : LE DROIT DE LA CONCILIATION
Quand au dictionnaire de référence Dalloz, on y apprend que la conciliation est « un accord
par lequel deux personnes en litige mettent fin à celui-ci, soit par transaction, soit abandon
unilatéral ou réciproque de toutes prétentions. La solution du litige résultant alors, non d’une
décision de justice ni d’une sentence arbitrale, mais de l’accord des parties elles mêmes.
Enfin, la conciliation est définie par le dictionnaire Larousse comme « une action qui vise à
rétablir la bonne entente entre les personnes dont les opinions ou les intérêts s’opposent. »
A la lecture de ces quelques définitions générales, ( 16) on constate que la conciliation a cela
de particulier qu’elle n’est pas une notion d’origine juridique et que sa connotation juridique
actuelle résulte du fait que la pratique judiciaire se l’est appropriée. Elle comporte une
ambivalence intrinsèque puisqu’elle désigne tout à la fois la procédure à suivre pour pouvoir
mettre fin à un désaccord mais aussi l’accord qui en résulte.
Dès lors, il nous parait plus confortable de considérer que la conciliation peut être définie :
« un mode amiable ou conventionnel des règlements des conflits par lequel des parties, avec
ou sans l’aide d’un tiers qui a leur confiance dans le cadre ou en dehors de toute instance
judiciaire tentent de rapprocher leurs points de vue respectifs afin de parvenir à une solution
amiable du différend qui les oppose.
20
En raison de leur grande diversité, les procédures de conciliation pourraient être classées en
catégorie ou famille selon des multiples critères. Pour autant, un seul retiendra notre
attention, celui traditionnellement retenu par la doctrine pour présenter les modes alternatifs
de règlement de litiges : la nature extrajudiciaire (section I) ou judiciaire (section II) de ma
conciliation. Mais des auteurs ont proposé une distinction plus susceptible en ajoutant à ces
deux catégories de conciliation une troisième famille, la conciliation parajudiciaire située à
mi chemin entre les deux familles précédentes
Elle est dite extrajudiciaire, lorsqu’elle est mise en œuvre en dehors de toute instance
judiciaire et lorsque son initiative, son déroulement et l’exécution de toue éventuelle qui en
résulte échappe à tout contrôle du juge. L’extrajudiciaires suppose donc l’absence de tout lien
avec le juge ou le monde judiciaire. Cette catégorie de conciliation, très vaste, peut être
scindé en deux sous catégories qui distinguent selon les modalités d’organisation de la
procédure sont plus ou moins formelles. Ainsi, la conciliation consensuelle ou ad hic
(paragraphe I) se distingue de la conciliation institutionnelle (paragraphe II) par son absence
de formalisme. Le recours à l’un ou l’autre de ces types de conciliation peut être décidé d’un
commun accord par les parties, une fois le litige né. Mais, l’hypothèse la plus fréquente reste
néanmoins la prévision anticipée, avant même qu’un litige ne naisse par l’insertion de clauses
dites de conciliation dans les contrats régissant les rapports entre les parties (paragraphe III).
La conciliation est dite ad hoc, consensuelle ou spontanée, lorsque sa mise en œuvre, ses
modalités d’application et son issue ne sont soumis à aucun formalisme particulier et
dépendent de la seule volonté des parties en conflit qui sont libres d’organiser la procédure
comme elles l’entendent. Ici, et d’après François THERE le consensualisme consacre la
liberté d’expression du consentement.
Concrètement, cette liberté signifie, que les parties peuvent décider soit de négocier
directement entre elles, la solution du litige, soit de faire appel à un tiers. Dans ce dernier cas
(appel au tiers), libre à elle de désigner une personne physique ou morale, et de lui confier
une mission de conciliation plus ou moins active dont elles déterminent librement le contenu
et la durée.
17
En dehors du juge
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L’on retient donc, pour l’essentiel, que la conciliation extrajudiciaire peut être définie comme
un mode amiable ou conventionnel des règlements des litiges, mis en œuvre en dehors de
toute instance judiciaire et échappant dans son intégralité à tout contrôle du juge, par lequel
les parties ou avec l’aide d’un tiers qui a leur confiance, décide de confronter leurs points de
vue respectifs afin de trouver une solution amiable à leur litige.
Lorsque les parties font appel à un tiers celui-ci doit se doit de jouer le rôle de catalyseur,
c’est-à-dire qu’il doit faciliter la recherche d’une solution amiable sans en principe faire des
propositions. L’accord éventuel qui en résulterait, doit idéalement émaner des parties elles
même.
Selon Loïc CADIET, la conciliation est dite institutionnelle ou instituée lorsqu’elle est
encadrée par une institution particulière en d’autres termes, lorsqu’elle résulte des règlements
édictés par des organismes spécialisés (centre d’arbitrage, de médiation, de conciliation). On
trouve des exemples de conciliation institutionnelle, chaque fois que la conciliation est
organisée conformément à des dispositions réglementaires ou législatives (code civil, code du
travail, Acte Uniforme) ou encore conformément aux dispositions d’un règlement ou du
statut d’une institution spécialisée dans le règlement amiable des conflits, qu’il s’agisse d’une
personne physique ou d’une personne morale.
Lorsque les parties décident de recourir à de telles institutions, elles décident de se soumettre
aux dispositions des règlements internes de ces organismes spécialisés. Cela est surtout vrai
en droit international mais aussi en droit interne.
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Enfin, le CIRDRI Centre International pour le règlement des différends relatifs au
Investissements, consacre dans sa convention, tout un chapitre à la conciliation. La plupart de
ces procédures de conciliation sont autonomes. Non seulement elles ne constituent pas des
préalables obligatoires à l’arbitrage, mais encore, en cas d’échec, elles ne débouchent pas
automatiquement sur l’arbitrage. Les parties dans leur convention peuvent donc parfaitement
se référer aux règlements de ces organismes internationaux, aux seules fins de conciliation.
Ces clauses figurent le plus souvent dans les contrats d’une certaine importance ou d’une
certaine durée. Elles visent à traiter à l’amiable, toute difficulté qui pourrait s’élever lors de
l’exécution du contrat. Ces clauses peuvent être rangées dans une catégorie plus vaste : les
clauses d’arrangement amiables, définies comme celles qui obligent : « les parties à
rechercher une solution négociées de leurs désaccords quand la difficulté d’exécution n’a pas
été surmontée et que le différend se cristallise en véritable litige. »
Ces clauses ont pour effet de retarder la saisine du juge ou de l’arbitre lorsque celle-ci est
souhaitée par une partie. Elle constitue un premier exemple de l’obligation de ne pas agir en
justice. Mais elle en illustre cependant une vérité particulière celle qui n’oblige que
temporairement son débiteur à ne pas agir devant la juridiction étatique ou arbitrale.
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Deux éléments caractérisent la conciliation judicaire. Le premier est que la conciliation est
mise en œuvre dans le cadre d’une instance judiciaire, le second est que la conciliation se
déroule sous l’égide du juge. Mais il faut en plus que les éléments soient réunis de façon
cumulative.
La conciliation judiciaire ne saurait être réduite à la seule existence d’une instance judiciaire,
encore faut il qu’elle se déroule sous l’autorité d’un juge, qui peut prendre des ordonnances,
des mesures d’administration judiciaires destinées à promouvoir, ordonner, contrôler la
conciliation, voire simplement la constater, des jugements avant dire droit.
On retient pour l’essentiel, sur ce point que chaque fois que le juge organise de sa propre
initiative, à la demande des parties, ou parce que les textes lui en font l’obligation, une
conciliation en cours d’instance judiciaire, il exerce une tutelle sur cette procédure tout au
long de son déroulement.
La conciliation est un préalable obligatoire prévu par la loi dans certaines matières comme le
droit civil (section I), Le droit du travail (section II), les procédures collectives (section III) et
la procédure d’injonction de payer (section IV).
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Section I : Le régime juridique de la conciliation préalable obligatoire dans le cadre du
divorce
Dans le cadre de la procédure de divorce devant les juridictions de droit écrit, la procédure de
conciliation est obligatoire. La tentative de conciliation a lieu devant le Président du TGI lui-
même, les époux y comparaissant en personne sans la présence de leurs avocats. Si les époux
se réconcilient, la procédure s’arrête là. Dans l’hypothèse contraire, le Président a le choix
entre deux alternatives : ou bien dresser un procès verbal de non conciliation et rendre une
ordonnance autorisant l’époux demandeur d’assigner le défendeur au fond ou bien, ajourner
les parties à 6 mois supplémentaires.
Lorsque le juge n’a pas réussi à réconcilier les parties, le Président rend une ordonnance qui
constate la non conciliation ou le défaut de conciliation et autorise l’époux demandeur à
assigner devant le tribunal et cette assignation doit intervenir dans les 20 jours à compter de
l’ordonnance de non conciliation faute de quoi les mesures provisoires prononcées à son
profit deviennent caduques (art 238 code civil).
Pendant l’exécution du contrat de travail ou lors de sa résiliation, des conflits peuvent naitre
entre employeurs et travailleurs. Pour la résolution de ce litige d’ordre social, il y a toujours
deux phases dont la première obligatoire, est la tentative de conciliation (paragraphe I) et le
résultat de cette phase là détermine la suite de la procédure (paragraphe II).
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Lorsque les parties se présentent devant l’inspecteur du travail, celui-ci facilite
l’aboutissement d’une entente entre elles. Sans jamais user de contraintes, ou décider en
leurs lieux et places. Il consigne les résultats de la conciliation dans un document appelé
procès verbal. L’inspecteur de travail qui ne diligente pas ou qui diligente mal la procédure
peut engager sa responsabilité personnelle ou celle de l’Etat. Dans ce cas, la partie lésée
devra directement s’adresser à la justice ou à ses chefs hiérarchiques.
- Soit la conciliation totale, soit la conciliation partielle, soit la non conciliation totale
- En cas d’accord entre les parties, un p-v de conciliation totale rédigé et signé par
l’inspecteur du travail ou son délégué, ainsi que par les parties consacrent le
règlement à l’amiable du litige. Ce p-v devient applicable dès qu’il a et e homologué
par le Président du tribunal compétent et revêtu de la formule exécutoire
- En cas d’échec total de la tentative de conciliation, l’inspecteur du travail dresse un
procès verbal de non conciliation.
Au moyen d’un p-v de non conciliation total ou partiel, la partie diligente saisie le tribunal
compétent pour un règlement judiciaire du litige social.
Section III : Le régime juridique de la conciliation dans le cadre des procédures collectives
S’agissant des entités concernées, en vertu de l’article 1 er. 1de l’AU procédures collectives la
conciliation concerne :
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- Les personnes morales de droit privé ayant un statut particulier, notamment les
établissements de crédit c’est-à-dire les banques, les micro finances, les acteurs des
marchés financiers, les sociétés d’assurance et de réassurance.
Les trois critères qui prévalent pour engager la procédure de conciliation sont :
La conciliation est une procédure judiciaire dans les cas où elle constitue un préalable à la
saisine du juge. Dans ce cas le président de la juridiction compétente est saisi par une requête
du débiteur ou une requête conjointe de celui-ci avec un ou plusieurs créanciers datant de
moins de 30 jours. Cette requête est accompagnée des documents suivants :
Cette procédure est ouverte par me Président de la juridiction compétente statuant à huis clos.
Elle a une durée n’excédant pas 3 mois (art. 5 de l’AUPC) ce délai peut être
exceptionnellement prorogé d’un mois par demande du débiteur, après avis écrit du
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Le RCCM se situe au niveau de chaque Cour d’appel. C’est une création du droit OHADA
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conciliateur. Il en résulte que le délai maximum de la conciliation est de 4 mois. Après ce
délai, la conciliation prend fin et une nouvelle procédure ne peut être engagée avant
l’expiration d’un délai de 3 mois.
Il peut être proposé par le débiteur voire désignée dans la décision d’ouverture de la
conciliation par le Président de la juridiction compétente à savoir le TGI (pas la juridiction
présidentielle mais bien le tribunal). Le conciliateur doit jouir de ses droits civils, justifier de
sa compétence professionnelle et demeurer indépendant et impartial vis-à-vis des parties.
En vertu de l’art. 5 al.4 d e l’AUPC, le statut de conciliateur est incompatible avec :
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L’accord obtenu produit des effets, il interrompt ou interdit toute action en justice, il arrête ou
interdit toute poursuite indirecte sur les meubles ou immeubles du débiteur pour obtenir le
paiement des créances art.5. 12 de l’AUPC.
Ce texte définit les modalités de la conciliation (paragraphe I) et ses effets (paragraphe II)
Selon l’article 12 de l’AU, la demande de conciliation devrait être faite d’office par le juge
saisi de l’opposition. Il s’agit ici de la juridiction visée et non la personne du Président 19.
C’est la juridiction qui a l’obligation préalable de déclencher la tentative de conciliation.
S’agissant des règles procédurales applicables, le législateur est muet sur les modalités de
mise en œuvre de cette procédure. D’où un certain nombre de questions.
On peut également se demander si le juge conciliateur doit enfermer les parties dans un délai
impératif pour s’entendre, faute de quoi il considérerait la conciliation comme ayant échoué ?
En réponse et de notre expérience pratique, nous estimons que sans pouvoir limiter
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L’opposition se fait devant le tribunal, l’ordonnance devant le Président
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techniquement la conciliation à un laps de temps qu’il fixe, le juge peut octroyer un délai
raisonnable aux parties pour se concilier et à l’issue duquel il pourrait tirer les conclusions
qui s’imposent. L’appréciation du délai raisonnable ici sera faite au cas par cas en fonction
des éléments du dossier.
Ces effets diffèrent selon que la conciliation aboutit à une entente signée des parties et du
juge conciliateur (A) ou échoue en laissant se poursuivre les effets de la procédure
d’opposition à injonction de payer (B).
Dans la pratique, une jurisprudence a considéré qu’an accord de conciliation selon l’article 12
de l’AU met fin à la procédure d’injonction de payer nonobstant le fait qu’il soit intervenu au
cours d’une instance en appel.20
En cas d’échec de la conciliation, l’article 12 prévoit que la juridiction saisie sur l’opposition
de l’injonction de payer, statue immédiatement sur la demande de recouvrement même en
l’absence du débiteur ayant formé opposition par une décision ayant les effets d’une décision
contradictoire.
Dans la pratique, cela signifie que les parties n’ont pas pu parvenir à un accord sur le litige et
la juridiction saisie statue au vue des pièces du dossier, sans qu’il soit besoin de procéder à un
renvoi de l’affaire à une date ultérieure. Le problème se pose alors de savoir comment
s’assurer que la procédure de conciliation à échouer ?
20
Ca veut dire peut intervenir même en appel
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En réponse, l’échec de la tentative de conciliation peut relever de plusieurs situations. On
constate le plus souvent que l’opposant à l’injonction de payer (débiteur), s’abstient
simplement de se présenter à l’audience de conciliation ou de se faire dument représentée à
celle-ci. Le TGI de Ouagadougou retient de ce point de vue que « l’opposant est censé avoir
renoncé à l’instance lorsque, bien qu’ayant été appelé régulièrement à cette tentative de
conciliation, il n’a pas comparu, ni personne pour lui, il a don lieu de valider l’ordonnance
portant injonction de payer »
C’est donc en toute logique qu’au nombre des suites de l’échec de la conciliation et dès lors
que le débiteur ne conteste pas devoir à son créancier le montant de la créance spécifiée sur
l’ordonnance d’injonction de payer, le juge peut ordonner le paiement du montant de la
créance et de ses accessoires.
En conclusion de ce cours, les développements nous ont baladés dans les méandres de la
conciliation et de la médiation qui constituent deux MARL, tant par la voie d’un tiers
négociateur, que par voie judiciaire. Le moins qu’on puisse retenir est que la médiation ayant
fait l’objet d’un AU pour harmoniser la pratique dans l’espace OHADA, il reste à assurer la
promotion de ce nouvel outil de résolution extrajudiciaire de litige auprès de son public cible
que constituent les opérateurs économiques ou les hommes d’affaires. Quant à la conciliation,
il reste à espérer qu’elle fasse, elle aussi l’objet d’uniformisation dans l’espace OHADA pour
un édifice mieux achevé des MARL dans l’espace OHADA, la question demeurant toujours
d’actualité de savoir si ces modes alternatifs d règlement de litige et notamment la médiation
et la conciliation, constituent une justice alternative ou plutôt une alternative à la justice
étatique ?
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