Proteines Fluorescentes Cours
Proteines Fluorescentes Cours
Proteines Fluorescentes Cours
L’EXPLORATION CELLULAIRE
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Catherine Leclerc, Chargée de recherche CNRS
Marc Moreau, Directeur de recherche CNRS
Centre de Biologie du Développement, UMR 5547, Université Paul Sabatier, 118 route de Narbonne,
31062 Toulouse CEDEX 09
[email protected]
[email protected]
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Les protéines fluorescentes peuvent être utilisées pour étudier des fonctions biologiques sur des
cellules ou tissus fixés mais aussi pour réaliser des mesures dynamiques sur des cellules en culture ou
organismes vivants. Ces protéines ou sondes fluorescentes permettent de suivre des modifications
de concentration ionique (pH, Ca2+…), d’étudier des interactions protéines-protéines, des
modifications de l’état de phosphorylation des protéines, de suivre des processus de translocations
de protéines, d’activation de gènes…
Dans le cadre de ce cours nous ne présenterons que l’utilisation des protéines fluorescentes pour des
mesures dynamiques.
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Une autre caractéristique de la GFP, les extrémités N-terminale et C-terminale sont
accessibles pour la fusion avec d’autres protéines. La GFP est considérée comme un monomère mais
peut former des dimères à forte concentration en protéines. Cette structure en tonneau est
conservée chez toutes les protéines fluorescentes découvertes jusqu’à présent, elle confère une très
grande photostabilité à la protéine.
Les propriétés de fluorescence de la GFP dépendent de l’ensemble de la séquence primaire
de la protéine (Shimomura, 1979) ; cette caractéristique est due à sa structure compacte en tonneau
. Des approches de mutagenèse ont permis d’introduire des substitutions au niveau du
chromophore et/ou dans la séquence loin du chromophore et ainsi de modifier les propriétés
spectrales de la protéine et d’améliorer l’efficacité de maturation de la protéine, d’expression dans
différents systèmes cellulaires, en particulier chez les mammifères, pour des températures
physiologiques. Ainsi, la GFP utilisée actuellement en biologie est la EGFP (E pour Enhanced). La EGFP
a été obtenue, en particulier, par substitution de la serine65 du chromophore par une thréonine ;
cette substitution entraine une modification des spectres d’excitation et d’émission (Fig. 2). 4
variants, indiqués par E (enhanced), ont été initialement construits, EGFP, EBFP, ECFP et EYFP. Depuis
le début des années 2000 de nombreux variants ont été obtenus à partir de la GFP d’Aequorea, la
plupart sont des monomères et couvrent le spectre d’émission du bleu au jaune soit de 424 à 530 nm
(Day and Davidson, 2009).
Depuis la GFP, d’autres protéines fluorescentes (FP) ont été clonées à partir d’autres organismes
marins appartenant aux Anthozoaires (coraux, hydres). En particulier une FP avec une émission dans
le rouge: La DsRed avec un pic d’émission à 580 nm pour une excitation à 558 nm (Matz et al., 1999).
La DsRed forme un tétramère très stable, chaque monomère a une structure similaire à celle de la
GFP (Fig.3).
Émission, 583
(nm)
Verkhusha & Lukyanov, Nature Biotech 2004
350 400 450 500 550 600 650 700
GDR 2688
(nm)
Fig. 3 Structure de la DsRed Fig. 4 Maturation de la GFP et de la DsRed
Actuellement une centaine de PFs dérivées soit de la GFP soit de la DsRed (red-FP, RFP) sont clonées,
L’ensemble de ces FPs donne accès à une palette de couleurs allant de 456 à 655 nm c'est-à-dire du
violet au rouge lointain (Newman et al., 2011).
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processus que la protéine devient fluorescente. Dans le cas de la GFP native, l’ensemble de ces
processus dure environ 2 heures (Brejc et al., 1997), par contre dans le cas de la EGFP, la
fluorescence est détectable dès 8 minutes et maximale à 25 minutes (Cormack et al., 1996). La
maturation de la DsRed est très lente (11hr), comme pour la EGFP des variants « rapides » ont été
développés (Strack et al., 2008). Dans le cas de la DsRed, une étape supplémentaire (Fig. 4) conduit à
la formation d’un chromophore « rouge ».
Fig. 5 Propriétés de certaines PFs. La brillance est définie comme le produit du rendement
quantique (Q yield ; reflète l’efficacité de fluorescence) par le coefficient d’extinction
(probabilité d’absorption d’un photon) de la molécule.
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d’une forme qui fluoresce en vert (type GFP) vers une forme qui fluoresce en rouge (type DsRed).
Cette photo-conversion est due au clivage d’une liaison au niveau de l’Histidine 62, qui conduit à la
formation d’un noyau imidazole. Contrairement à la photoactivation, la photo-commutation est un
mécanisme réversible, cette réaction implique la cis-trans photo-isomérisation du chromophore
(Shaner et al., 2007).
Protéines Fluorescentes Photoactivables,
Photoconvertibles, photocomutables
PA-GFP (Thr203His)
Kaede, Dendra2,
EosFP
Dronpa, Iris-FP
Gène rapporteur
Localisation Promoteur
translocation
Mitose
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2.1. Localisations subcellulaires - adressages
L’exploration des différentes fonctions cellulaires nécessite de pouvoir adresser la FP à divers
compartiments subcellulaires. La figure 8 donne quelques-uns des motifs utilisés. Dans certain cas il
est nécessaire de dupliquer le signal de localisation pour avoir un adressage efficace. Ce type de
protéine de fusion nécessite l’utilisation de FPs monomériques car l’oligomérisation peut interférer
avec la fonction normale et la localisation de la protéine d’intérêt.
DsRed-E5 mutant = Fluorescent timer
(Terskikh et al, Science 2000, 290; 1585-1588)
0h ~ 1h ~ 10h 18h
Applications
Suivi d’un évènement dans le temps (activité d’un promoteur)
et dans l’espace (trafic intracellulaire)
Dans le cas d’études dynamiques, la grande stabilité et le temps de maturation de certaines FPs
peuvent être des facteurs limitants (voir paragraphe 1.2 et fig. 5). La déstabilisation d’une FP est
réalisée en construisant une protéine de fusion contenant un signal de protéolyse ; domaine PEST de
l’ornithine decarboxylase et/ou domaine CDE (Cyclin Destruction Box) de la cyclin D1. Dans ce cas la
demi-vie de la GFP passe de 26 h à environ 5 – 6 h (Corish and Tyler-Smith, 1999) voire 2h (Li et al.,
1998) en fonction de la taille du domaine de protéolyse. Le mutant DsRed-E5 ou « fluorescent
timer » est un mutant intéressant qui permet de dater un événement cellulaire, de suivre par
exemple l’activité d’un promoteur (Terskikh et al., 2000) ou d’étudier la fonction de vésicules de
sécrétion suivant leur âge (Duncan et al., 2003). Comme la DsRed ce mutant est un tétramère, il
présente la particularité d’avoir des propriétés spectrales qui changent au cours du temps (Fig. 9).
Ainsi, initialement les monomères ont une fluorescence verte puis au cours du temps il y a
conversion du vert vers le rouge (Terskikh et al., 2000).
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Fig. 10. Biocapteurs de type FRET. A- Modification
Principe d’un biocapteur de type FRET
de l’interaction entre 2 protéines par fixation d’un
Interaction protéine-protéine dépendant
d’un ligand
ligand. La sonde cameleon (type YC6) permet de
Exemples d’applications
A mesurer des variations de Ca2+ intracellulaire. Le
domaine sensible est composé du peptide CKKp et
Cameleon des domaines N et C-term de la calmoduline
(Calcium/CaM)
(Truong et al., 2001). B- La fixation du ligand sur le
domaine sensible induit directement le
changement de conformation. GKI= cGMP binding
Changement de conformation dépendant ou non
d’un ligand domain de la cGMP-KinaseI (Nikolaev et al., 2006).
B
Cas particulier du capteur de potentiel ; il n’y a pas
GTPase (GKI)
ATP ( SU)
de fixation de ligand, c’est la répartition des
Potentiel membranaire
cAMP
charges électriques qui induit le changement de
Frommer et al, 2009
conformation (Sakai et al., 2001).
Modification post-traductionnelle
B
Activité Kinase
Acetylation
D’autres biocapteurs sont uniquement composés d’une seule FP associée au domaine sensible. Dans
cette situation la stimulation induit généralement un changement de l’intensité de fluorescence du
capteur avec des dynamiques plus importantes que dans le cas des capteurs de type FRET. Par
exemple dans le cas des capteurs calciques les dynamiques varient de 1 à 5 entre les capteurs basés
sur le FRET (cameleon type YC) et ceux construit avec une seule FP (type pericam) mais restent très
faibles en comparaison des dynamiques obtenues avec les sondes organiques type Fluo3 (Fig.12).
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Fig.12 Structure générales des capteurs Calciques double (cameleon) et simple
(pericam) tonneau et comparaison de leur dynamique avec une sonde
calcique organique type Fluo.
Conclusion
Une trentaine d’années sont passées entre la découverte de la protéine GFP par O.
Shimomura et le clonage du gène par D. Prasher. Ce n’est que depuis la fin des années 90 que les
protéines fluorescentes sont devenues des outils clés pour l’imagerie du vivant en particulier grâce à
l’inventivité de R. Tsien qui a transformé les FPs de reporteurs en biocapteurs. L’utilisation de ces
biocapteurs a suivi l’évolution des techniques d’imagerie en biologie (voir le manuscrit de Marc
Moreau dans ce fascicule). Devant la grande diversité des FPs disponibles actuellement, la question
se pose ; Quelle FP choisir, quels sont les critères de choix ? Les paramètres importants à considérer
sont multiples :
La couleur ( d’excitation/émission)
Photostabilité
Brillance
Maturation (lente vs rapide)
Sensibilité au pHi
FRET ou non
…..mais le plus important reste « Quelle est la question biologique ? »
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