Les Cahier de Douai 12 Textes Analysés
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Marie-Paule BERRANGER
12 poèmes
de Rimbaud
analysés et commentés
MARABOUT
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© 1993, Marabout,
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ce soit, et notamment par photocopie du microfilm, est interdite sans autorisation
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INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE
LA VIE FABULEUSE
D'ARTHUR RIMBAUD
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LA FAMILLE
Charleville (Ardennes),
Août 1871.
Monsieur,
Vous me faites recommencer ma prière : soit. Voici la
complainte complète. Je cherche des paroles calmes :
mais ma science de l'art n'est pas oien profonde.
Enfin, voici :
Situation du prévenu : j'ai quitté depuis plus d'un an
la vie ordinaire pour ce que vous savez. Enfermé sans
cesse dans cette inqualifiable contrée ardennaise, ne
fréquentant pas un nomme, recueilli dans un travail
infâme, inepte, obstiné, mystérieux; ne répondant
que par le silence aux questions, aux apostrophes
grossières et méchantes, me montrant digne dans ma
position extra-légale, j'ai fini par provoquer d'atroces
résolutions d'une mère aussi inflexible que soixante-
treize administrations à casquettes de plomb.
Elle a voulu m'imposer le travail perpétuel, à Charle-
ville (Ardennes!). Une place pour tel jour, disait-elle,
ou la porte. — Je refusai cette vie, sans donner mes
raisons : c'eût été pitoyable. Jusqu'aujourd'hui, j'ai pu
tourner ces échéances. Elle, en est venue à ceci : sou-
haiter sans cesse mon départ inconsidéré, ma fuite!
Indigent, inexpérimenté, je finirais par entrer aux éta-
blissements de correction. Et, dès ce moment, silence
sur moi !
Voilà le mouchoir de dégoût qu'on m'a enfoncé dans
la bouche. C'est bien simple. [...]
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LE FUGUEUR
Parmerde, Juinphe 72
Mon ami,
Oui, surprenante est l'existence dans le cosmorama
Arduan. La province, où on se nourrit de farineux et
de boue, où l'on boit du vin du cru et de la bière du
pays, ce n'est pas ce que je regrette. Aussi tu as raison
de la dénoncer sans cesse. Mais ce lieu-ci : distillation,
composition, tout étroitesses ; et l'été accablant : la
chaleur n'est pas très amusante, mais de voir que le
beau temps est dans les intérêts de chacun, et que cha-
cun est un porc, je hais l'été, qui me tue quand il se
manifeste un peu. J'ai une soif à craindre la gangrène :
les rivières ardennaises et belges, les cavernes, voilà
ce que je regrette.
Il y a bien ici un lieu de boisson que je préfère. Vive
l'académie d'Absomphe, malgré la mauvaise volonté
des garçons ! C'est le plus délicat et le plus tremblant
des habits, que l'ivresse par la vertu de cette sauge
des glaciers, l'absomphe! Mais pour, après, se cou-
cher dans la merde !
Toujours même geinte, quoi ! Ce qu'il y a de certain,
c'est : merde à Perrin Et au comptoir de l'Univers,
qu'il soit en face du square ou non. Je ne maudis pas
1 Univers, pourtant. — Je souhaite très fort que
l'Ardenne soit occupée et pressurée de plus en plus
immodérément. Mais tout cela est encore ordinaire.
[...]
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PREMIER INTERMÈDE
LE P A R N A S S E
DES NOMS!...
A la table d e s p o è t e s
[...]
Pauvre Cythère
Poésie, dernier a c t e
Après l'hiver 73-74 passé à Charleville, Londres l'attire de
nouveau. Tente-t-il de répéter un air déjà connu ? En mars
1874, il essaie là-bas de vivre avec le poète Germain Nou-
veau. De nombreux poèmes des Illuminations ont été reco-
piés de la main de ce dernier, Rimbaud, toujours pressé,
travaillant sans doute pendant ce temps à compléter le futur
recueil. Mais Germain Nouveau rentre en France et Rim-
baud tente de subsister seul par ses leçons de français.
En juillet 1874, malade, il appelle sa famille à la rescousse;
sa mère et Vitalie viennent à Londres et Rimbaud, fort obli-
geamment, selon le journal de Vitalie, les conduit dans les
musées et les grands magasins. Il reste seul jusqu'en
décembre 1874 puis rentre à Charleville se mettre en règle
avec les autorités militaires. Son frère, engagé, étant sous
les drapeaux, il se voit exempté des obligations militaires.
En 1875, Rimbaud est précepteur à Stuttgart : il pense tou-
jours constituer en recueil les proses des deux dernières
années. Malgré sa rancune et les souffrances passées, il ne
refuse pas de rencontrer Verlaine qui, en février 1875, à sa
sortie de prison, a obtenu de le voir... pour le convertir! Il
est reçu comme on le devine : c'est bientôt l'empoignade.
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DEUXIÈME INTERMÈDE
VILAINS BONSHOMMES,
ZUTISTES ET FUMISTES
DIXIÈME INTERMÈDE
BIBLIOGRAPHIE
TROISIÈME PARTIE
CHOIX DE POÈMES
VÉNUS ANADYOMÈNE
LE MAL
LES DOUANIERS
L'ORGIE PARISIENNE
OU
PARIS SE REPEUPLE
Ô saisons, ô châteaux
Quelle âme est sans défauts ?
Ô saisons, ô châteaux,
J'ai fait la magique étude
Du Bonheur, que nul n'élude.
Ô vive lui, chaque fois
Que chante son coq Gaulois.
Mais ! je n'aurai plus d'envie,
Il s'est chargé de ma vie.
Ce Charme ! il prit âme et corps
Et dispersa tous efforts.
Que comprendre à ma parole ?
Il fait qu'elle fuie et vole !
Ô saisons, ô châteaux !
[Et, si le malheur m'entraîne,
Sa disgrâce m'est certaine.
Il faut que son dédain, las !
Me livre au plus prompt trépas !
— Ô saisons, ô châteaux !
Quelle âme est sans défauts ?]
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L'ÉTERNITÉ
[I]
L'IMPOSSIBLE
MATIN
APRÈS LE DÉLUGE
DÉPART
VILLES
[I]
L'acropole officielle outre les conceptions de la barbarie
moderne les plus colossales. Impossible d'exprimer le
jour mat produit par le ciel immuablement gris, l'éclat
impérial des bâtisses, et la neige éternelle du sol. On a
reproduit dans un goût d'énormité singulier toutes les
merveilles classiques de l'architecture. J'assiste à des
expositions de peinture dans des locaux vingt fois plus
vastes qu'Hampton-Court.
Quelle peinture ! Un Nabuchodonosor norwégien a fait
construire les escaliers des ministères; les subalternes
que j'ai pu voir sont déjà plus fiers que des Brahmas et
j ai tremblé à l'aspect des gardiens de colosses et officiers
de constructions. Par le groupement des bâtiments en
squares, cours et terrasses fermées, on a évincé les
cochers. Les parcs représentent la nature primitive tra-
vaillée par un art superbe. Le haut quartier a des parties
inexplicables : un bras de mer, sans bateaux, roule sa
nappe de grésil bleu entre des quais chargés de candé-
labres géants. Un pont court conduit à une poterne
immédiatement sous le dôme de la Sainte-Chapelle. Ce
dôme est une armature d'acier artistique de quinze mille
pieds de diamètre environ.
Sur quelques points des passerelles de cuivre, des plates-
formes, des escaliers qui contournent les halles et les
piliers, j'ai cru pouvoir juger la profondeur de la ville!
C'est le prodige dont je n'ai pu me rendre compte : quels
sont les niveaux des autres quartiers sur ou sous l'acro-
pole? Pour l'étranger de notre temps la reconnaissance
est impossible. Le quartier commerçant est un circus d'un
seul style, avec galeries à arcades. On ne voit pas de bou-
tiques. Mais la neige de la chaussée est écrasée ; quelques
nababs aussi rares que les promeneurs d'un matin de
dimanche à Londres, se dirigent vers une diligence de
diamants. Quelques divans de velours rouge : on sert des
boissons polaires dont le prix varie de huit cents à huit
mille roupies. A l'idée de chercher des théâtres sur ce cir-
cus, je me réponds que les boutiques doivent contenir des
drames assez sombres. Je pense qu'il y a une police ; mais
la loi doit être tellement étrange, que je renonce à me faire
une idée des aventuriers d'ici.
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VEILLÉES
I
C'est le repos éclairé, ni fièvre ni langueur, sur le lit ou
sur le pré.
C'est l'ami ni ardent ni faible. L'ami.
C'est l'aimée ni tourmentante ni tourmentée. L'aimée.
L'air et le monde point cherchés. La vie.
— Était-ce donc ceci ?
— Et le rêve fraîchit.
II
L'éclairage revient à l'arbre de bâtisse. Des deux extrémi-
tés de la salle, décors quelconques, des élévations harmo-
niques se joignent. La muraille en face du veilleur est une
succession psychologique de coupes de frises, de bandes
atmosphériques et d'accidences géologiques. — Rêve
intense et rapide de groupes sentimentaux avec des êtres
de tous les caractères parmi toutes les apparences.
III
Les lampes et les tapis de la veillée font le bruit des
vagues, la nuit, le long de la coque et autour du steerage.
La mer de la veillée, telle que les seins d'Amélie.
Les tapisseries, jusqu'à mi-hauteur, des taillis de dentelle,
teinte d'émeraude, où se jettent les tourterelles de la
veillée.
NOCTURNE VULGAIRE
BOTTOM
La réalité é t a n t t r o p é p i n e u s e p o u r m o n g r a n d
caractère, — je m e trouvai n é a n m o i n s chez m a
d a m e , e n gros oiseau gris bleu s ' e s s o r a n t vers les
m o u l u r e s d u p l a f o n d et traînant l'aile d a n s les
o m b r e s d e la soirée.
Je fus, a u pied d u b a l d a q u i n s u p p o r t a n t ses bijoux
a d o r é s et ses c h e f s - d ' œ u v r e p h y s i q u e s , u n gros
o u r s aux gencives violettes et a u poil c h e n u d e cha-
grin, les yeux a u x cristaux et a u x argents des
consoles.
Tout se fit o m b r e et a q u a r i u m ardent. A u matin,
— a u b e d e juin batailleuse —, je c o u r u s aux
c h a m p s , âne, claironnant et b r a n d i s s a n t m o n grief,
jusqu à ce q u e les Sabines d e la banlieue v i n r e n t se
jeter à m o n poitrail.
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MOUVEMENT
BIBLIOGRAPHIE
INITIATION
APPROFONDISSEMENTS