Chapitre 10 Nombres Premiers.
Chapitre 10 Nombres Premiers.
Chapitre 10 Nombres Premiers.
Nombres premiers
Après avoir étudier l’ensemble des entiers relatifs à l’aide de la division euclidienne, nous allons
approfondir nos connaissances de cet ensemble grâce à la notion de nombres premiers.
Remarque. Ainsi, d’après la définition, 1 n’est pas premier (puisqu’il admet un seul diviseur positif)
et 0 n’est pas premier également.
Savoir si un nombre est premier est quelque chose de très complexe. Pourtant, en imitant
Eratosthène nous pouvons établir la liste des nombres premiers compris entre 0 et 100.
Pour cela, dans la liste ci-dessous, nous allons pouvoir supprimer les multiples de 2, de 3, de
5,. . . à l’aide des tables de multiplications pour déterminer la liste voulue (donnée ci-dessous).
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96 CHAPITRE 10. NOMBRES PREMIERS
Bien qu’il existe des critères beaucoup plus complexes, voici une condition permettant de savoir
si un nombre est premier ou non. Bien entendu, cette méthode n’est intéressante que lorsque le
nombre n en question n’est pas trop grand.
Proposition 49 (critère de
√ primalité). Soit n ≥ 4 un entier. Si n n’est divisible par aucun nombre
premier p tel que 2 ≤ p ≤ n alors n est premier.
Démonstration. Pour démontrer ceci nous allons procéder par contraposée. Rappelons à ce propos
qu’un énoncé
A⇒B
s’écrit de manière équivalente (il s’agit de la contraposée de l’énoncé) sous la forme
non B ⇒ non A.
Ce procédé est souvent utile pour démontrer plus simplement certaines affirmations. Ici
√
A : n n’est divisible par aucun nombre premier p tel que 2 ≤ p ≤ n et B : n est premier.
Nous devons donc montrer que si « √n n’est pas premier » (non B) alors « n admet au moins un
diviseur premier p tel que 2 ≤ p ≤ n » (non A).
Soit n ≥ 4 un entier non premier et notons p le plus petit de ses diviseurs supérieurs à 2
et différent de n (ce nombre existe : puisque n n’est pas premier, il admet au moins un diviseur
10.1. L’ENSEMBLE DES NOMBRES PREMIERS 97
différent de 1 et de lui-même). Procédons par l’absurde et supposons que ce diviseur p n’est pas
premier. Il admet alors un diviseur d tel que
2 ≤ d < p.
Dans ce cas nous avons, par construction, d|p et p|n. D’où d|n. Ceci est absurde car cela contredit
le caractère minimal de p. En conclusion, p est bien un nombre premier.
√
Montrons à présent que 2 ≤ p ≤ n : puisque p|n, il existe k ∈ N tel que
n = pk avec 2 ≤ p ≤ k.
√
En particulier, p2 ≤ pk = n. Par suite, p ≤ n.
Il serait intéressant d’en apprendre plus sur les nombres premiers. Par exemple, combien y-a-t-il
de nombres premiers ?
Démonstration. Raisonnons par l’absurde et supposons qu’il existe un nombre fini de nombres
premiers que nous numérotons P = {p1 , p2 . . . , pN } pour un certain N ∈ N. Considérons ensuite le
nombre a = p1 p2 . . . pN + 1, nous allons montrer que ce nombre est premier. Cela contredira notre
hypothèse de départ puisqu’il ne faisait pas parti de notre liste P.
a − p 1 . . . pN = 1
ce qui est absurde puisque les seules diviseurs de 1 sont 1 et −1 qui ne sont pas des nombres
premiers. L’ensemble des nombres premiers P est donc infini.
Il se trouve que dans Z la réponse est oui (en termes savants, nous dirons que Z est un anneau
commutatif factoriel) : tout entier se décompose en un produit unique (à permutation
près) de nombres premiers. Nous comprenons alors pourquoi les nombres premiers jouent un
rôle primordial dans Z, il s’agit des briques élémentaires qui permettent de construire tous les
autres nombres. C’est l’objet du théorème suivant.
Théorème 51 (Décomposition en facteurs premiers). Si n ≥ 2, il existe des nombres premiers
distincts p1 , . . . , pk et des entiers non nuls α1 , . . . , αk tels que
αk
n = pα α2
1 × p2 × . . . × pk .
1
Pour visualiser cela plus facilement, il est possible de faire un arbre. Voyons ce que nous obtenons
dans notre exemple
10.3. THÉORÈME DE FERMAT 99
n = pα1 α2 αk
1 × p2 × . . . × pk et m = pβ1 1 × pβ2 2 × . . . × pβk k
où αi , βi ∈ N pour tout i = 1, . . . , k, alors
min(α ;β )
1 1 min(α ;β )
2 2 min(α ;β )
k k
• P GCD(m; n) = p1 × p2 × . . . × pk ;
max(α1 ;β1 ) max(α2 ;β2 ) max(αk ;βk )
• P P CM (m; n) = p1 × p2 × . . . × pk .
Remarque. A toutes fins utiles, rappelons que le P P CM (m; n) correspond au plus petit des
multiples (positifs) communs de m et n. En général, l’algorithme d’Euclide reste le moyen le
plus efficace pour déterminer le PGCD de deux nombres.
Exemple 10.2.2. 24 = 23 × 31 × 70 et 84 = 22 × 31 × 71 . Par conséquent,
Théorème 54 (Fermat). Si p est un nombre premier et si a est un entier non divisible par p alors
ap−1 ≡ 1[p].
100 CHAPITRE 10. NOMBRES PREMIERS
Démonstration. La démonstration s’effectue en deux temps. Tout d’abord, il faut établir le lemme
suivant ; la démonstration de ce lemme fera l’objet d’un DM.
Lemme 55. Si p est un nombre premier alors, pour tout nombre entier a, ap ≡ a[p].
ap − a ≡ 0 [p] ⇐⇒ p divise ap − a.
En outre, ap − a = a(ap−1 − 1). D’après ce qui précède, nous savons donc que p|a(ap−1 − 1). Or,
puisque p est premier et ne divise pas a (par hypothèse), p est donc premier avec a. Par suite,
d’après le théorème de Gauss,
Remarque. Remarquons en passant que le théorème de Fermat fournit un résultat plus fort que le
précédent lemme technique 55 : si ap−1 ≡ 1[p] alors ap ≡ a[p].
Voyons deux applications de ceci.
D’où, 28 × 529 ≡ 28 × 52 ≡ 700 ≡ 18[31]. Autrement dit, 18 est une solution particulière de
(E).
4. Déterminons l’ensemble des solutions de (E) à partir de ce qui précède. Observons que x est
solution de (E) si et seulement si
Ainsi, 31|5(x − 18) or 31 et 5 sont premiers entre eux. Le théorème de Gauss nous assure alors
que 31|(x − 18) ⇐⇒ x − 18 = 31k avec k ∈ Z. Les solutions de (E) sont donc de la
forme
x = 18 + 31k.
10.3. THÉORÈME DE FERMAT 101
L’idée est d’appliquer judicieusement le petit théorème de Fermat, pour cela il est nécessaire de
trouver des nombres premiers. Observons à ce propos que 26 = 2 × 13 et que 2 et 13 sont des
nombres premiers. A présent, nous allons chercher à montrer que 2|n13 − n et que 13|n13 − n pour
ensuite utiliser une conséquence du théorème de Gauss.
1. Tout d’abord, remarquons que le théorème de Fermat implique (cf. Lemme 55) que 13 divise
n13 − n.
2. A présent, travaillons modulo 2 pour montrer que 2|n13 − n :
En conclusion, par disjonction de cas, nous avons bien montré que 2|n13 − n.
3. Enfin, puisque 2 et 13 sont premiers entre eux, que 2|n13 − n et 13|n13 − n alors, d’après une
conséquence du théorème de Gauss, 26|n13 − n.
Exercices à traiter : 71 page 161 ; 74, 76, 77 page 161 ; 78 page 162 en DM ou 80 et 82 page
162-163.
Pour conclure ce cours, quoi de mieux que la présentation d’un problème extraordinaire qui
dresse un pont entre les nombres premiers et le monde des complexes via la fonction Dzéta de
Riemann ?
https://www.arte.tv/fr/videos/097454-011-A/voyages-au-pays-des-maths/.