Convergence
Convergence
Convergence
2. Critère de Borel-Cantelli
Exercices
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La convergence presque sûre n’est rien d’autre que la convergence presque
partout de la théorie de la mesure. Elle est présentée ici dans le cadre proba-
biliste. Le lemme de Borel-Cantelli (Leçon 15) s’avère un outil précieux pour
démontrer, et même caractériser dans certains cas, la convergence presque sûre
de suites de variables aléatoires.
Dans cette leçon, Xn , n ∈ N, désigne une suite de variables aléatoires réelles
définies sur un espace probabilisé (Ω, A, P), et convergeant potentiellement vers
une variable limite X (définie sur le même espace). En fait, la présentation
est la même pour des variables aléatoires à valeurs dans Rd (en particulier
des variables complexes), en remplaçant les valeurs absolues par une norme
quelconque sur Rd . Le cas de variables à valeurs dans un espace métrique (E, d)
se développe de la même façon.
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Borel-Cantelli (Leçon 15).
Dire que Xn (ω), n ∈ N, converge vers X(ω) signifie
∀ ε > 0, ∃ m ∈ N tel que ∀ n ≥ m, Xn (ω) − X(ω) < ε,
autrement dit \ [ \
ω ∈ |Xn − X| < ε .
ε>0 m∈N n≥m
Pour les besoins de la théorie de la mesure qui exige des opérations dénom-
brables, l’intersection sur les ε > 0 (ou seulement 0 < ε ≤ 1) peut être rempla-
cée par une intersection sur tous les entiers ` ≥ 1 avec ε = 1` (ou tout autre suite
de réels strictement positifs convergeant vers 0), puisque pour tout 0 < ε ≤ 1
1
il existe ` ≥ 1 tel que `+1 < ε ≤ 1` .
Ainsi, la suite Xn , n ∈ N, converge presque sûrement vers X si, et seulement
si, \ [ \
1
P |Xn − X| < ` = 1
`∈N m∈N n≥m
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En conclusion, la suite Xn , n ∈ N, converge presque sûrement vers X si, et
seulement si, pour tout ε > 0 (ou seulement 0 < ε ≤ 1),
\ [
P |Xn − X| ≥ ε = 0.
m∈N n≥m
L’événement en question ici est exactement celui qui intervient dans le lemme
de Borel-Cantelli (Leçon 15) pour An = {|Xn − X| ≥ ε}, n ∈ N (voir les
paragraphes suivants).
Pour des comparaisons ultérieures, il est bénéfique de transcrire la caracté-
risation précédente sous la forme
lim P sup |Xn − X| ≥ ε = 0
m→∞ n≥m
et [
|Xn − X| ≥ ε0 ,
sup |Xn − X| ≥ ε ⊂ m ∈ N,
n≥m
n≥m
l’affirmation s’ensuit.
Comme indiqué plus haut, cette caractérisation (et les développements sui-
vants) est identique pour des vecteurs aléatoires, ou même des variables aléa-
toires à valeurs dans un espace métrique (E, d) en remplaçant |Xn − X| par
d(Xn , X).
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2 Critère de Borel-Cantelli
La caractérisation précédente de la convergence presque sûre est précieuse,
car elle est directement en relation avec le lemme de Borel-Cantelli, ici la partie
directe – lemme de Borel (Leçon 15), qui fournit un critère efficace de conver-
gence presque sûre. La proposition suivante en découle immédiatement.
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Proposition 3 (Deuxième critère de Borel-Cantelli). Pour qu’une suite Xn ,
n ∈ N, de variables aléatoires indépendantes converge presque sûrement vers
la variable aléatoire X = 0, il faut et il suffit que pour tout ε > 0,
X
P |Xn | ≥ ε < ∞.
n∈N
La limite dans cet énoncé doit être nulle, ou presque sûrement constante,
afin d’assurer l’indépendance des événements {|Xn | ≥ ε}, n ∈ N.
La démonstration de la nécessité résulte donc de la description de la conver-
gence presque sûre développée dans le Paragraphe 1 et de la réciproque du
lemme de Borel-Cantelli exprimant que si Xn , n ∈ N, converge presque sûre-
ment vers 0, à savoir, pour tout ε > 0,
\ [
P |Xn | ≥ ε = 0
m∈N n≥m
P
(ou seulement < 1), alors la série n∈N P(|Xn | ≥ ε) converge.
L’exemple précédent des variables Xn de Bernoulli de paramètre pn , n ∈ N,
montre que si celles-ci sont indépendantes, alors la convergence presque sûre
P
vers 0 de la suite Xn , n ∈ N, a lieu si et seulement si n∈N pn < ∞.
est l’espace des variables aléatoires réelles X telles que E(|X|p ) < ∞. La même
définition vaut pour des variables complexes ou à valeurs dans Rd en remplaçant
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| · | par le module ou la norme euclidienne (ou n’importe quelle autre norme)
sur Rd . Rappeler que pour des mesures de probabilités, d’après l’inégalité de
0
Jensen par exemple, Lp ⊂ Lp si p0 ≥ p.
À ces espaces est associée naturellement une notion de convergence.
Définition 4 (Convergence dans Lp ). Si Xn , n ∈ N, et X sont des variables
aléatoires réelles dans Lp , p > 0, la suite Xn , n ∈ N, converge vers X dans Lp
si
lim E |Xn − X|p = 0.
n→∞
a été utilisée (diviser les deux membres de l’inégalité par a > 0, et faire une
étude de fonction de la variable u = ab ≥ 0). Comme |Xn − X|p → 0 presque
sûrement, et que Y p + |X|p est intégrable, le théorème de convergence dominée
exprime bien que
lim E |Xn − X|p = 0.
n→∞
Il pourrait être supposé aussi que |Xn − X| ≤ Y , n ∈ N, pour une variable
aléatoire Y dans Lp .
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Sans hypothèse de domination, la convergence presque sûre ne peut entraî-
ner seule la convergence dans Lp . Voici un exemple simple. Soit X une variable
aléatoire de loi exponentielle E(1) de paramètre 1 ; pour chaque entier n ∈ N,
poser
Xn = X 1[0,n] (X) + e2n 1]n,∞[ (X).
Si X ≤ n, alors Xn = X, de sorte que, pour tout ε > 0 et tout n,
Il s’ensuit que limn→∞ E(Xn ) = ∞ alors que E(X) = 1. Il n’est donc pas
possible que Xn converge vers X dans L1 . De la même façon, elle ne peut
converger dans Lp pour aucun p > 0.
Réciproquement enfin, la convergence dans Lp n’implique pas la convergence
presque sûre. Il suffit à cet effet de reprendre l’exemple de la suite de variables
aléatoires indépendantes Xn , n ∈ N, de lois de Bernoulli B(pn ) sur {0, 1}. Il y
P
a convergence presque sûre de Xn vers 0 si et seulement si n∈N pn < ∞. Mais
E(|Xn |p ) = E(Xn ) = pn , n ∈ N, et il y a donc convergence de Xn vers 0 dans
Lp dès que seulement pn → 0.
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Exercices
(Une étoile * désignera une question de difficulté supérieure.)
b*) Il est supposé de plus dans cette question que les variables Xk , k ≥ 1, sont
indépendantes. Calculer E(e−Sn ) pour n ≥ 1. Démontrer que si ∞ 1
P
P∞ k=1 αk = ∞,
alors la série k=1 Xk est presque sûrement divergente.
Mn ln(nk+1 ) Mnk+1
max ≤ .
nk ≤n<nk+1 ln(n) ln(nk ) ln(nk+1 )
Mn
d) Déduire des questions précédentes que ln(n) → 1 presque sûrement. (Cette
limite est à comparer à la conclusion de l’Exercice 3, Leçon 15.)
e) Poser Zn = ne−Mn , n ≥ 1. Démontrer que la suite des fonctions de réparti-
tion de Zn converge vers une fonction de répartition F. Est-elle la fonction de
répartition d’une loi classique ? Si oui, laquelle ?
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et transiente sinon. Démontrer que si la suite Sn , n ≥ 1, est transiente, l’en-
semble d’entiers {n ≥ 1 ; Sn = 0} est fini presque sûrement (autrement dit, la
suite Sn , n ≥ 1, ne « visite » plus 0 à partir d’un certain rang).
Il est supposé à présent que E(X12 ) < ∞ et E(X1 ) = 0. Le projet de
l’exercice est de démontrer qu’alors la suite Sn , n ≥ 1, est récurrente.
a) Prouver que pour tout ε > 0 et tout n ≥ 1,
1
P |Sn | > εn ≤ 2 E(X12 ).
εn
où B1 = {S1 = x} et
Bj = {Si 6= x, i = 1, . . . , j − 1, Sj = x}, j = 2, . . . , k.
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En conclure que pour tout n ≥ 1 et tout ε > 0,
n−1 n
X 1 X
P(Sk = 0) ≥ P |Sk | ≤ εk .
2εn + 1
k=1 k=1
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