Pierre Bayard - Comment Parler Des Oeuvres Que L'on N'a Pas Lus ? Compte-Rendu de Lecture
Pierre Bayard - Comment Parler Des Oeuvres Que L'on N'a Pas Lus ? Compte-Rendu de Lecture
Pierre Bayard - Comment Parler Des Oeuvres Que L'on N'a Pas Lus ? Compte-Rendu de Lecture
Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? Pierre Bayard, 2007,
éditions de Minuit, collection Paradoxe.
Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? est un ouvrage de Pierre Bayard,
essayiste, psychanalyste et professeur de littérature française, sorti pour la première fois en
2007 aux éditions de Minuit dans la collection paradoxe. Le choix de cette maison d’édition
est symbolique car les éditions de minuit sont l’une des maisons d’éditions les plus
emblématiques du nouveau roman, ayant notamment été les premiers à publier des œuvres
controversées et rejetées par les autres telles que les pièces de Beckett ou les œuvres d’Alain
Robbe-Grillet. La collection Paradoxe est collection d’essais en sciences humaines,
essentiellement littérature et philosophie, dont Pierre Bayard est le premier auteur avec le
paradoxe du menteur publié en 1993. Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? est le
plus grand succès de la collection avec 40 000 exemplaires vendus en France et 26 contrats à
l’étranger. Cet ouvrage s’inscrit dans le mouvement de la Nouvelle Critique, mouvement
majoritaire en France depuis son essor dans les années 1960, et proposant un renouveau de la
critique interprétative. Ce mouvement créé pour rompre avec la critique classique, notamment
la critique universitaire et historicisante, se centre sur la question des actes de lire et écrire en
eux-mêmes, sur la place du lecteur, de l’auteur, et sur le sens même de la littérature. Mais la
plus grande particularité de la Nouvelle Critique est son interdisciplinarité : linguistique,
sociologie, psychanalyse, philosophie en sont les fondements. Dans l’essai de Pierre Bayard,
nous retrouvons un croisement entre la critique psychanalytique, avec des références aux
travaux de Freud, la sociocritique, basant son étude sur le rapport entre l’individu, le livre et la
société, et la critique herméneutique en reprenant deux de ses grandes problématiques : Quel
impact l’interprétation d’un lecteur ou d’un collectif peut-avoir sur l’œuvre ? Et à partir de
quand peut-on dire qu’une interprétation est valide ? Pierre Bayard nous propose donc un
croisement entre une critique psychanalytique, inscrivant les œuvres dans le champ des
productions de l’inconscient individuel, et une critique sociologique, plaçant l’œuvre dans un
inconscient social. L’essayiste propose d’ailleurs dans de nombreux autres essais (dont son
dernier) une nouvelle forme de critique : la critique policière, forme croisant critique littéraire
et méthodes d’investigation policières pour analyser les grandes œuvres ayant fondées notre
civilisation. Son dernier livre sorti dans la même collection, Œdipe n’est pas coupable
(octobre 2021) est l’une des applications de sa méthode nouvelle qu’il tente d’imposer.
La problématique soulevée par Pierre Bayard dans son essai est la suivante :
Est-il nécessaire d’avoir lu un livre pour pouvoir en parler ? Peut-on connaitre un livre sans
l’avoir lu et, même une fois-lu, connait-on réellement un livre ?
Comme le suggère le titre de l’essai, lire un livre n’est pas forcément nécessaire pour
pouvoir en parler et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, nous ne pouvons jamais être sûr
d’avoir lu un livre et il existe plus de formes de non-lectures que de lectures. De plus, un livre
n’est pas le même pour tout le monde car il s’inscrit dans une bibliothèque collective propre
au milieu social où nous évoluons, mais aussi dans notre bibliothèque intérieure où chacune
de nos lectures (ou non-lectures) influence les autres. Chaque non-lecture d’un livre est donc
une lecture individuelle influencée par qui nous-sommes et dans quel milieu nous-sommes, et
il existe, à partir d’un même livre objet, un infini de livre lu, chaque lecteur créant une
nouvelle lecture d’un même livre. Ainsi, nous ne pouvons jamais réellement connaitre un
livre, le livre n’étant qu’une invitation à la réflexion sur ce que nous sommes, sur ce qui nous
constitue afin d’aboutir à une expression de soi libre et propice à la création. Il est donc
nécessaire de mettre fin au tabou qu’est la non-lecture pour permettre à tout un chacun de
libérer la partie créatrice l’habitant et de développer une réflexion originale, venant enrichir
par la suite la réflexion des autres.
Pierre Bayard fonde son argumentaire sur le présupposé qu’il n’est pas nécessaire
d’avoir lu complètement un livre pour en faire une excellente critique ou trouver dedans un
sens profond ou impactant pour nous. La lecture est une activité individuelle et personnelle
qu’il convient à chacun de s’approprier au mieux. C’est pourquoi il est si important de
désacraliser l’acte de lecture, d’instaurer le droit à la non-lecture (déjà prôné en 1992 par
Daniel Pennac dans Comme un roman), à la méconnaissance et à l’oubli pour libérer le vrai
lecteur qui est en nous et nous autoriser à nous enrichir d’œuvres que nous ne lirons jamais
mais qui ont pourtant beaucoup à nous apporter. Par exemple, peu d’enfants ou d’adultes ont
réellement lu Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll. Pourtant, c’est une œuvre majeure
de la littérature de jeunesse qui influencent le comportement de beaucoup d’entre nous.
Concernant la méthode, Pierre Bayard nous livre un ouvrage extrêmement didactique
intercalant explications purement théoriques et exemples concrets tirés de la littérature.
Chaque chapitre se compose d’une introduction, d’une évocation de la théorie, de
l’explication de l’exemple, du croisement entre exemple et théorie, et d’une conclusion
résumant la théorie et ouvrant sur le chapitre suivant. Il n’hésite pas à utiliser des mots balises
parcourant le texte pour expliquer les grands concepts qu’il invoque et sur lesquels reposent
son développement. Il allie sérieux et légèreté avec parfois des touches d’humour mais surtout
des résumés des livres évoqués permettant de réellement comprendre les enjeux de chaque
exemple et ce que nous pouvons en tirer de général et de particulier. Il a la volonté d’instaurer
avec le lecteur une confiance dès le départ pour le mettre à l’aise malgré l’évocation d’un
sujet tabou et nous pousse peu à peu à accepter la richesse de la non-lecture et l’oubli de
certains ouvrages. Tout est mis en œuvre pour que nous n’ayons pas honte et pour cela il
indique en notes de bas de pages, pour chaque livre cité, son avis sur ce dernier mais surtout
s’il l’a parcouru, oublié ou pire, si ce n’est qu’un livre évoqué ou inconnu ! Sa méthode se
fonde sur une expérimentation constante dont il est le cobaye. Il montre que même lui,
professeur, essayiste, psychanalyste reconnu, ne lit presque pas et que pourtant, cela ne lui
enlève nullement son autorité et n’appauvrit pas pour autant son argumentation et sa réflexion
dans cette ouvrage. Il se pose en exemple en assumant ses non-lectures pour nous inviter à
faire de-même et illustre lui-même sa thèse. Sa méthode principale est donc une méthode de
mise en confiance du lectorat pour détruire le premier obstacle à la compréhension de ses
idées : la peur et la honte provoquée par l’exposition au grand jour de nos lacunes
littéraires. Autrement dit, nous ne devons pas éprouver de honte à l’idée de ne pas connaître
un livre dans son intégralité ou de ne pas le connaitre du tout. Par exemple, même si je n’ai
pas lu Le rouge et le noir de Stendhal, cela ne veut pas dire que je ne sais pas de quoi il parle
et que je ne suis pas apte à en parler. Alors est-ce que je connais ce livre ? est-ce que je suis
légitime pour en parler ? devrais-je me tapir dans un terrier, morte de honte face à cet
effroyable aveu pour une étudiante en lettres ? C’est justement ce que Bayard se pose comme
question. De plus, il agrémente son texte de références à d’autres critiques, se plaçant en
opposition ou en adéquation, pour inviter à approfondir la réflexion au-delà de son ouvrage
tout en affirmant son autorité scientifique et en se positionnant dans le vaste champ de la
critique littéraire, entant qu’héritier de certaines idées et opposant à d’autres. Si certains,
comme Bakhtine, utilise ce principe de polyphonie pour mieux affirmer la validité de leur
thèse, Bayard l’utilise principalement pour l’enrichir et se placer comme héritier de certaines
réflexions littéraires déjà ébauchées. Cela aide bien sûr à affirmer la validité de ce qu’il dit,
mais dans un second temps.
Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? se divise en trois grandes parties,
comportant chacune quatre sous-parties, entourées par un prologue et un épilogue. La
première partie se centre sur les formes de non-lectures possibles nous permettant tout de
même de nous forger un avis sur les livres, à travers quatre degrés relationnels : « les livres
que l’on ne connait pas », « les livres que l’on a parcourus », « les livres dont on a entendu
parler » et « les livres que l’on a oubliés ». La deuxième partie offre une application pratique
de ses techniques de non-lectures à travers quatre « situations de discours » : « dans la vie
mondaine », « face à un professeur », « devant l’écrivain » et « avec l’être aimé ». Enfin, la
dernière partie répond réellement à la question posée dans le titre. Après nous avoir montrer
les techniques de non-lectures permettant tout de même l’acquisition d’un avis, puis les
situations les plus propices à l’exercice de ses techniques, Pierre Bayard énonce les
« conduites à tenir » pour pouvoir parler d’un livre en nous montrant comment nous
comporter (« ne pas avoir honte », « imposer ses idées », « inventer les livres », « parler de
soi ») afin de tirer tous les avantages et enrichissements, sociaux et personnels, de la non-
lecture. Il prend donc en considération les moments de la vie assez pertinemment pour
démontrer sa thèse, et ne se fonde pas seulement sur son propre avis. Nous avons choisi de
nous pencher plus précisément sur le prologue, évoquant les enjeux de l’œuvre, la première
partie parlant des formes de non-lectures et posant les bases de la compréhension de l’essai, et
l’épilogue offrant une proposition d’un nouveau type d’enseignement propice à la libération
créatrice de l’étudiant.
Tout d’abord, le livre s’ouvre sur une citation d’Oscar Wilde, remise en contexte dans
le dernier chapitre « parler de soi » et posant tout de suite la tonalité paradoxale (le livre
s’inscrivant très bien dans sa collection) de l’essai : « je ne lis jamais un livre dont je dois
faire la critique ; on se laisse tellement influencer ». Cette épigraphe au premier abord très
ironique et pouvant être perçue, dans une première lecture, comme une antiphrase ou une
blague de critique littéraire, est en fait tout à fait sérieuse et le fruit d’une réflexion complexe.
L’intérêt de positionner cette citation comme ouverture est de poser directement le ton du
livre et de faire ressurgir notre malaise pour entamer le prologue qui annonce justement une
volonté de déconstruire la honte de la non-lecture. De plus, après la lecture du livre il est
intéressant de revenir sur cette citation qui revêt alors une tout autre dimension, passant de
blague non-sérieuse à conclusion d’une longue réflexion s’étendant sur presque deux cents
pages. La confrontation avec cette citation permet de voir une évolution concrète de notre
pensée due à la lecture de l’essai.
Pierre Bayard ouvre son prologue en affirmant sa posture ambigüe de professeur de
littérature parlant souvent de livre non-lus. Après avoir rappelé ses origines non-littéraires, il
impose son autorité pour réfléchir sur le sujet de la non-lecture. Il enchaine ensuite sur le
courage nécessaire pour rompre le silence régnant sur le tabou de la non-lecture et sur les
obligations que nous avons intériorisées depuis l’apprentissage de la lecture : il faut lire, il
faut lire le livre en entier, et il faut avoir lu un livre pour en parler. Après ce résumé des
obligations, il introduit déjà une mise en garde : la lecture peut être dangereuse et endormir la
réflexion. Enfin, il se permet la première critique du système en expliquant que les interdits
intériorisés entrainent une hypocrisie générale entre lecteurs, tout le monde refusant
d’admettre ne pas avoir lu un livre, et envers soi puisque l’on refuse souvent de s’avouer
l’oubli d’un livre ou sa lecture incomplète (la frontière entre livre lu et livre non-lu étant plus
floue qu’on ne le pense). Il annonce ensuite le plan de son essai avant de se placer en exemple
et d’expliciter le système d’abréviations parcourant le texte, indiquant toujours son degré de
méconnaissance et d’appréciation des livres dont il parle. La problématique évoquée dans le
prologue tient dans cette phrase : « réfléchir sur les livres non lus et les discours qu’ils font
naitre est d’autant plus difficile que la notion de non-lecture n’est pas claire, et qu’il est donc
par moments difficile de savoir si l’on ment ou non quand on affirme avoir lu un livre »
(p.15). D’où l’importance de commencer son ouvrage sur la première partie, « des manières
de ne pas lire », présentant les formes de non-lectures à travers quatre variantes, permettant
toutes de mener une critique construite. De plus, l’enjeu soulevé n’est autre que celui de la
vérité : il est important pour nous de savoir différencier les livres lus des livres non-lus pour
nous sortir de ce mensonge constant où nous sommes et que nous empêche d’être en paix
avec nous-même puisque souvent, qui n’a jamais connu cette sensation, nous éprouvons une
forme de malaise à parler d’un livre lu il y a longtemps ou d’un classique si souvent évoqué
en cours et autour de nous que nous sommes persuadé de l’avoir lu alors que nous n’avons pas
parcouru une seule page. Ce malaise n’est autre que l’expression de notre inconscient qui
cherche à nous rappeler que nous n’avons pas réellement lu le livre en question et qu’en en
parlant comme si nous le connaissions, nous nous mentons à nous-même, préférant le malaise
à l’aveu de l’oubli ou d’une lacune littéraire. Mais, si inversement, nous intégrons que nous
avons le droit de parler d’un livre non-lu, alors nous n’avons plus aucune raison de nous
mentir à nous-même et donc d’éprouver ce malaise. Au-delà donc de l’exposition des bases de
sa théorie à travers des exemples de non-lectures, Pierre Bayard va dans cette première partie
nous prouver que ce mensonge inconscient que nous opérons sans cesse avec nous-même ne
sert à rien, en dehors de nous préserver d’une honte qui n’a pas lieu d’être.
Le premier chapitre, pages 21 à 29, traite des « livres que l’on ne connait pas » et
explique, à travers l’exemple du bibliothécaire dans L’homme sans qualités de Musil, qu’il est
inutile de lire tous les livres, le plus important étant d’avoir une vue d’ensemble,
surplombante. Il y développe l’idée que la culture est quelque chose d’exhaustif qui ne peut se
réduire à des connaissances ponctuelles. Si l’on ne peut tout connaitre, l’activité de lecture
nous oblige à choisir entre les connaissances à notre portée. La solution serait donc d’insister
sur l’intertextualité entre les livres, les liens que nous pouvons faire entre eux, et nous
permettant de nous repérer dans la bibliothèque collective où nous évoluons. Pour illustrer
cela, il se base sur le bibliothécaire de Musil dont le métier est de pouvoir se repérer et aider
les autres à se repérer dans une immense bibliothèque. Or, pour ne passer à côté d’aucun livre
arrivant entre ces murs, le bibliothécaire ne lit aucun d’entre eux, se contentant de les
découvrir sur catalogue pour pouvoir ensuite les ranger à leur place, place définie par le lien
avec les autres livres déjà présents. La théorie de ce premier chapitre est que notre cerveau
fonctionne de la même manière. A partir du moment où nous pouvons relier un livre à un
autre, même sans l’avoir lu, il ne nous est alors plus inconnu et se trouve une place dans notre
perception de la littérature. La non-lecture d’un livre est donc une autre forme de lecture,
menant à une culture d’autant plus riche, et mériterait d’être enseigner. En effet, la culture
proviendrait plus de la capacité à relier les œuvres entre elles plutôt que de la connaissance
individuelle de chaque œuvre : « Les personnes cultivés le savent – et surtout pour leur
malheur, les personnes non cultivées l’ignorent-, la culture est d’abord une affaire
d’orientation. Être cultivé, ce n’est pas avoir lu tel ou tel livre, c’est savoir se repérer dans
leur ensemble […]. » (p.26)
Le chapitre suivant, « les livres que l’on a parcourus » (p.30-42), se penche sur l’ovni
qu’est Paul Valéry, à la fois critique, auteur et non-lecteur, en exposant sa théorie de la
critique et son application pratique. Après avoir montré son opposition à la critique du
XIXème siècle, l’insistance mise sur la biographie des auteurs laissant percevoir la méthode
Sainte-Beuve, et démontrer sa position singulière de critique, Pierre Bayard analyse les
hommages de Valéry à Proust, hommage positif, et à Anatole France, hommage négatif. Il
démontre comment Valéry, en ayant uniquement parcouru l’œuvre de Proust et sans avoir
toucher à l’œuvre de France, parvient à en faire la critique, prônant une non-lecture
permettant de se débarrasser à la fois de l’auteur et du texte, pour ne garder que l’idée du livre
et du style, son essence et ce qui la rend unique. Valery affirme même que le manque
d’originalité de France dans ses œuvres lui vient de son trop plein de lecture, noyant la partie
créatrice en lui et en faisant un simple copieur, ce qui recoupe l’idée centrale du dernier
chapitre et de l’épilogue. Néanmoins, Pierre Bayard oppose à la critique valéryenne un point
important : à force de constituer des critiques valides sans lire les livres, nous ne pouvons plus
savoir quel livre il a lu ou non, et s’il est honnête ou pas dans ce qu’il avance, notamment lors
de son hommage à Bergson. De plus, l’intérêt de cette « pratique d’une critique sans auteur
ni texte » (p.40) serait d’atteindre l’idée de l’œuvre, ce qui la relie aux autres, tout en la
rendant singulière. Or, comment voir la singularité de l’œuvre sans se noyer dans les détails
en trop ou se confondre entre texte et auteur ? La réponse est qu’il faut se contenter de
parcourir. Toujours dans l’idée de bibliothèque collective, Pierre Bayard conclue le chapitre
sur « ce n’est pas tel livre qui compte, mais l’ensemble de tous les autres, et prêter une
attention exclusive à un seul risque de faire perdre de vue cet ensemble et ce qui, en tout
livre, participe à une organisation plus vaste qui permet de le comprendre en profondeur »
(p.42). Néanmoins, il accentue l’importance de l’orientation, faculté essentielle pour se
repérer sans se perdre dans la bibliothèque collective mais aussi au sein même d’une œuvre
comme le prouve Paul Valéry. Ce polyphonisme entre Bayard et Valéry, ici présent à travers
de nombreuses citations analysées sémantiquement par Bayard, permet à notre essayiste de
montrer l’existence de la critique dépourvue de l’auteur, de l’œuvre et du texte sans pour
autant la faire sienne. En reprenant les travaux de Valéry, Pierre Bayard en montre la thèse et
l’application, sans pour autant se placer en pour ou en contre mais en neutre, conscient que
cette thèse a une place tout à fait logique dans son essai et que ce serait en manquement de ne
pas en parler, mais conscient aussi qu’elle a beaucoup de limites et a soulevé de très
nombreuses critiques. Ce focus sur Valéry constitue donc un moyen d’aborder cette thèse sans
pour autant la faire sienne. C’est pour cela que la fin de ce chapitre se fait d’ailleurs sur une
critique de la critique valéryenne et s’ouvre sur ce à quoi tend le chapitre : prôner la lecture-
parcours.
Une autre manière de ne pas lire, cette fois sans posséder le livre, est de se fier à ce
qu’en disent les autres. Dans « les livres dont on a entendu parler » (p.43-54), Pierre Bayard
énonce qu’à force d’écouter les autres, nous pouvons construire un jugement argumenté sur
un livre et être influencé par lui. L’exemple pris est le nom de la Rose de Umberto Ecco et
plus précisément la scène de révélation finale. Le détective Baskerville parvient à deviner le
contenu du livre ayant entrainé l’assassinat des moines, le second volume de la Poétique
d’Aristote portant sur le rire, sans pouvoir le lire. Il devine le livre grâce à la connaissance du
premier livre d’Aristote, utilisant la logique interne reliant les œuvres, et aux réactions
provoquées par la lecture de l’œuvre, constituant d’une logique externe. Le livre constitue un
danger car remet en question tous les fondements de la bibliothèque collective et surtout la
Bible. Ainsi, sans avoir lu le livre, le détective Baskerville parvient à en déduire le contenu,
l’auteur, le titre, l’idée générale. Mais cette technique de non-lecture connait ses limites
puisque les déductions de Baskerville sont fausses et que ce n’est que par un concours de
circonstance qu’il tombe sur la vérité. En effet, si appréhender les livres à travers les réactions
des autres est une bonne idée pour s’orienter dans la vaste mer de la littérature, chaque prise
de parole n’est pas objective, et à force d’accumuler les subjectivités propres à chacun, nous
ne pouvons que nous perdre en chemin et faire des détours. Pierre Bayard conclue ce chapitre
par l’évocation de livre écran : en effet, tout livre dont nous parlons ne serait qu’une
« substitution fabriquée pour la circonstance » (p.52) par notre esprit, dissimulant le vrai livre
objet. Dans le roman d’Ecco, cela s’illustre par le dialogue entre un aveugle et un enquêteur
qui n’a pas pu lire le livre. Ainsi, « chacun construit un objet imaginaire à la suite d’un
cheminement intérieur incomparable » (p.53). Après nous avoir invité à relire un livre de
notre enfance, Pierre Bayard nous explique comment chaque livre dont nous parlons est un
patchwork composé de notre lecture ou non du livre, de nos réactions, des réactions des
autres, de ce que l’on a entendu à son propos. « Dès le temps de la lecture, est même sans
l’attendre, nous commençons, en nous puis avec les autres, à nous parler des livres, et c’est à
ces discours et opinions que nous aurons ensuite affaire, reléguant loin de nous les livres
réels, devenus à jamais hypothétiques » (p.53). La non-lecture par écoute des autres seraient
donc une lecture omniprésente dans nos discours mais pouvant nous mener à l’énonciation
d’éléments faux.
Dans le dernier chapitre, « Les livres que l’on a oubliés » (p.55-63), après avoir
évoqué la différence infime entre livre « lu » et livre parcouru, Pierre Bayard fait un reproche
aux théoriciens oubliant dans les analyses l’impact du temps sur une lecture. En effet, au fil
du temps nous oublions le livre et nous passons de lecteur à non-lecteur très vite. L’exemple
pris cette fois est Montaigne, le grand maitre humaniste, qui avoue lui-même oublier
régulièrement ses lectures, et même ce qu’il écrit. Atteint d’un effacement systématique,
Montaigne en tire une expérience d’autant plus enrichissante de la lecture car il oublie les
livres au fur et à mesure qu’il les intègre et les fait siens. Néanmoins, le problème de
Montaigne est d’autant plus grave qu’il oublie à la fois le livre, et l’acte de lecture, étant
incapable de dire s’il a lu ou non un livre. En revanche, il se souvient très bien des livres qu’il
a le plus détesté, prouvant que l’affectivité intervient dans le passage du livre réel au livre
écran. Ensuite, Pierre Bayard se penche sur le système de notes de Montaigne et sur les
commentaires que ce dernier fait de ses propres notes, avant de montrer la puissance de
l’oubli dans son exemple : Montaigne oublie ses propres livres, plongé dans un processus de
dépersonnalisation. Ainsi, l’exemple de Montaigne est un exemple parfait de délecture, c’est-
à-dire que chaque livre lu finit par équivaloir à un livre non-lu, car oublié, et toute lecture
devient dès lors une non-lecture de l’œuvre. Pierre Bayard conclue d’ailleurs ce chapitre par
rappeler qu’il faut arrêter de ne montrer que le côté positif et accumulatif de la lecture et que
« lire, ce n’est pas seulement s’informer, c’est aussi – et peut-être surtout – oublier, et c’est
donc se heurter en ce qui en nous est oubli de nous » (p.62), introduisant la notion de livre
intérieur développé dans la seconde partie de son essai.
L’épilogue (p-157-162) clos très rapidement l’essai en lui-même pour privilégier une
ouverture sur les morales à tirer de cet essai. Sans revenir sur ce qui a été dit, Pierre Bayard
propose d’opérer une évolution des mentalités pour se libérer des interdits et accepter la
mobilité constante d’un livre, qui nous autorise à le modifier. Puis, en faisant une référence la
bibliothèque virtuelle, il insiste sur la subjectivité qu’il faut accepter dans chaque discours sur
en livre. A travers un parallèle avec la psychanalyse, il introduit l’idée que l’écoute libre des
livres et de ses résonnances en nous entraine une connaissance de qui nous sommes, propice à
la libre création. Au-delà de la question « peut-on vraiment connaitre un livre ? », Pierre
Bayard ouvre la réflexion sur la question « peut-on mieux se connaitre à travers un livre ? »,
le but de l’avancée de cette connaissance de nous-même étant notre libération pour devenir
créateur à notre tour. En effet, le but ultime de la lecture serait de devenir soi-même créateur,
parler de livres non-lus étant une vraie activité créatrice nécessitant les mêmes compétences
qu’un artiste. Néanmoins, comme l’indique Wilde, « la création, à l’inverse, implique de ne
pas trop s’attarder sur les livres » (p.160). Ainsi, l’apprentissage de la non-lecture est
indispensable pour s’autoriser à créer. Retrouvant ensuite sa place de professeur, Pierre
Bayard invite tous ses collègues, souvent formés par obligation à l’art de la non-lecture, à
enseigner cette compétence aux étudiants. Il critique l’enseignement actuel, sacralisant la
lecture au point d’imposer un respect pour les livres castrateurs de l’invention et de
l’imagination. Incapable d’improviser sur un livre, de l’imaginer, combien d’étudiants se sont
heurtés à des questions sur des livres qu’ils n’ont pas lus et en ont été paniqués voire
traumatisés. Le but de l’enseignement de la non-lecture serait d’offrir à l’étudiant une porte
ouverte sur la création et la découverte de soi, ainsi qu’un arsenal d’outil lui permettant de se
sortir de nombreuses situations délicates de la vie car « savoir parler avec finesse de ce que
l’on ne connait pas vaut bien au-delà du livre » (p.161). Enfin, Pierre Bayard fait sa
péroraison en disant qu’il continuera à parler de livres qu’il n’a pas lus, en déplaise aux
critiques, car cet art de la non-lecture fait partie de lui. La provocation ira même plus loin
puisqu’il continuera à écrire pour aider les autres à se libérer de la peur de la culture et leur
permettre d’écrire.
L’essai de Pierre Bayard se veut un livre didactique et accessible au plus grand monde
ce qui fait que les éléments sont souvent explicités. Néanmoins, sa thèse s’articule autour de
six notions clés sur lesquelles il est nécessaire de se pencher plus longuement. Nous pouvons
les diviser en deux pôles : le pôle sociocritique utilisant le terme de « bibliothèque », et le pôle
psychanalytique reprenant le terme de « livre ».
Cependant, Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? est un essai très ironique
à qui nous pouvons faire plusieurs objections. Tout d’abord, le livre s’inscrit très bien dans sa
collection puisque pour apprendre à parler d’un livre que l’on n’a pas lus, on doit lire son
livre. Pierre Bayard montre lui-même les limites de son essai et sa paradoxalité. En effet, si
nous poussons à l’extrême sa théorie alors quelque chose nous apparait tout de suite : si plus
personne ne lit les livres, alors comment pouvons-nous dire que le livre existe. Certes il y aura
toujours l’objet livre, mais chacun pourra y mettre ce qu’il veut dedans et le livre sera
entièrement dénaturé puisque nous lui enlevons sa fonction première : être lu. L’action
d’écrire aura-t-elle toujours un sens si plus personne ne lit ce que nous écrivons ? Le livre est
aussi un objet de connaissance et de transmission. Comment pourrons-nous apprendre
efficacement sans livre ?
Ne pas lire un livre n’empêche pas de le connaitre, certes. Mais ne pas lire un livre (en
dehors de la délecture et de l’exemple de Montaigne) ne nous permet pas de savoir si ce que
nous en disons est vrai ou si nous ne faisons pas de contre-sens. Ce n’est pas pour rien que
nous parlons d’adaptations cinématographiques, laissant apercevoir une marge de différence
entre livre et film, le film déformant forcément la temporalité de l’histoire, ne pouvant pas
toujours reproduire à l’identique ce qui est dit dans le livre, notamment dans la fantasy ou la
science-fiction. Les adaptations ne sont donc pas un modèle fiable à cent pour cent pour
connaitre un livre sans l’avoir lu. La parole des autres, quant à elle, est encore moins fiable
car chaque prise de parole sur un livre se fait en passant par le livre intérieur du locuteur.
Lorsqu’un ami nous parle d’un livre, il ne nous raconte pas l’histoire contenu dans le livre
objet, il nous raconte l’histoire de son livre écran, histoire qui ne sera pas la même quelques
mois plus tard lorsque nous lui demanderons de résumer le même livre objet.
De plus, il peut y avoir plusieurs sens à une même œuvre, certes, et il n’est pas rare
que dans un même livre objet nous ayons l’impression que plusieurs livres cohabitent. La
critique littéraire n’existerait pas si la littérature était limpide comme une goutte d’eau. Mais,
la thèse de Bayard pousse la multiplicité des sens pour une même œuvre à son apogée
puisque, dans certains exemples, les locuteurs parlent des livres sans connaitre une seule ligne
de l’histoire. Pierre Bayard prône l’intérêt d’imaginer le livre sur lequel nous nous exprimons.
Or, à force d’imaginer, d’additionner les influences externes ou internes, d’esquiver l’œuvre
en parlant autour ou en se reposant sur des topoi, il faut se rendre à l’évidence, nous ne
parlons pas du livre objet prétendument évoqué, nous parlons d’un tout autre livre n’ayant
parfois plus aucun rapport avec le premier. Si tout le monde opère de la même façon, alors
pour un même livre objet évoqué, nous aurons un livre invoqué et imaginé par locuteur, ce qui
fait qu’un même livre objet peut alors revêtir n’importe quel sens.
Comme indiqué en introduction, l’œuvre de Pierre Bayard fait écho à la critique
herméneutique. Néanmoins, un point important de dissonance les oppose. La critique
herméneutique, bien que cherchant les différents sens pouvant être contenus dans un même
texte, pose des limites à l’interprétation et met en garde contre la surinterprétation. En
revanche, Bayard lui n’esquisse pas cette limite entre les deux et cache le risque du faux-sens
sous le joker de la création ! Seulement, à force de surinterpréter, d’imaginer, de créer, il faut
accepter le fait que nous ne parlons plus du livre original. Pierre Bayard parle des différents
degrés de non-lecture comme d’un prisme, sans rupture nette mais plutôt régi par une logique
transitionnelle. Mais il n’en est pas de même entre lecture et création. Il est nécessaire de
trouver la rupture entre une œuvre non-lu mais dont on peut parler sans trop la dénaturer, et
une œuvre inventée, car c’est l’objet même de la prise de parole qui change entièrement. C’est
comme si nous parlions du parfum agressif d’un chamallow, en prenant pour objet ce bonbon
qui n’a rien d’agressif, mais en évoquant en nous l’odeur de l’essence à force d’extrapoler et
d’être influencé. Le pauvre chamallow n’a rien demandé et mérite un peu plus de
considération et de respect pour sa nature première et pour son créateur. Il en est de même
pour les livres, d’où l’intérêt de mettre une frontière entre non-lecture et imagination.
Ensuite, il y a beaucoup de bien à tirer de la non-lecture et une désacralisation des
livres est en effet nécessaire. Néanmoins, Pierre Bayard exagère et caricature le fait qu’il ne
faut pas lire pour faire une bonne critique ou créer. De nombreux très bons auteurs et critiques
étaient aussi de très grands lecteurs comme le montre par exemple Zola qui pour s’opposer à
Maupassant avait lu ses œuvres ainsi que les œuvres de Littré, de Comte et de nombreux
scientifiques. Pierre Bayard lui-même est un très grand lecteur et fonde sa thèse sur les
travaux d’autres critiques et sur ses lectures personnelles. Aujourd’hui, les meilleurs critiques
sont souvent les lecteurs les plus assidus d’un auteur, bien plus méticuleux que les journalistes
ou chroniqueurs qui, eux, ne prennent pas le temps de se pencher réellement sur les œuvres
avant d’en parler. Certaines maisons d’éditions n’hésitent d’ailleurs pas à faire appel à des
fans de certaines sagas pour faire la promotion de celles-ci, conscientes qu’il n’y a rien de
mieux qu’un fan expert pour parler à un autre fan, car il ne faut pas oublier que la lecture est
aussi un acte affectif et passionnel. En effet, la technique du bibliothécaire de Musil est
efficace pour avoir un point de vue globale de la littérature important dans son métier, il n’a
jamais eu à faire ce choix draconien de privilégier un livre plutôt qu’un autre et n’importe
quel livre lui dira quelque chose. Mais je trouve sa situation bien triste car il n’a jamais connu
le plaisir de la lecture, de l’évasion, cette impression de rentrer tout entier dans un livre pour
quelques heures. Résumer l’acte de lecture à une simple cueillette de connaissances est, pour
moi, une énorme erreur qui enlève à la lecture toute la dimension affective, cathartique et
divertissante, qui fait que la littérature a toujours été l’un des arts principaux de l’humanité.
Comme l’indique Gustave Lanson dans l’avant-propos de la neuvième édition de Histoire de
la littérature française (1906) :
« la littérature n’est pas objet de savoir : elle est exercice, gout, plaisir. On ne
la sait pas, on ne l’apprend pas ; on la pratique, on la cultive, on l’aime. »
De plus, il faut accepter que la lecture est un acte dépendant d’un choix. Ce qui rend la
discussion entre deux lecteurs passionnante et enrichissante, ce sont les différents choix qu’ils
ont fait dans leurs parcours de lecteur. Choisir de lire ce livre plutôt qu’un autre, de prendre
cette richesse plutôt que celle-ci, permet de se former en tant qu’individu unique. Faire des
choix, c’est s’affirmer en tant que sujet individuel, et c’est cette confrontation de nos
individualités, la rencontre entre nos bibliothèques intérieures, qui nous permet d’apprendre
les uns des autres. Ainsi, le bibliothécaire de Musil dans sa démarche de non-lecture s’éloigne
du sens même du mot lire : d’un point de vue étymologique, le verbe « lire » provient du
verbe « choisir », legere. En effet, à l’antiquité l’acte de lire était présenté comme dépendant
d’un choix à opérer pour prendre une partie d’un ensemble, un livre précis dans une
bibliothèque. Voila la condition d’une bonne lecture et d’une bonne formation intellectuelle et
individuelle : il faut choisir pour s’approprier une richesse, la faire sienne et en jouir, sans
chercher à accumuler tout l’or du monde, comme notre société ultra-consommatrice et
capitaliste nous y invite chaque jour dans une volonté de faire de l’art un produit de
consommation comme les autres.
Enfin, la lecture développe aussi en nous une faculté d’analyse, un apprentissage du
monde. Ce n’est pas pour rien qu’on apprend à lire si jeune. De nombreuses études prouvent
que la lecture aide l’enfant à se développer que ce soit à travers un apprentissage formel de la
langue (vocabulaire, syntaxe, bagage communicationnel) ou à travers un apprentissage
sémantique et analytique. L’enfant apprend le sens des mots ce qui lui permet de mieux
comprendre ce qui l’entoure, de faire des liens entre les objets, de commencer à saisir le
monde. Sans la lecture, un enfant peut certes réussir à s’exprimer à travers un apprentissage
oral, mais il aura en moyenne deux fois moins de vocabulaire et donc deux fois moins d’outils
pour comprendre et interagir sur ce qui l’entoure, pour s’exprimer et trouver sa place dans la
société, ce qui peut entrainer un déséquilibre psychique par la suite. Tous ces éléments sont
étudiés plus en détail dans le livre tout sur la littérature jeunesse, de Sophie Van Der Linden,
publié aux éditions Gallimard Jeunesse en mai 2021, et prônant l’accès à la littérature dès le
plus jeune âge pour aider l’enfant à se former psychologiquement et socialement, le livre lui
offrant un terrain d’apprentissage des émotions et du rapport à l’autres. Il est donc nécessaire,
pour tirer les bénéfices de la non-lecture, d’avoir auparavant appris à lire.
En résumé, je pense qu’il faut apprendre à ne pas lire, mais pas au point de
désapprendre à lire, et c’est ici le plus gros reproche que je dresse face à ce livre : il cache le
positif de la lecture et oublie tout ce que nous lui devons, pour encenser la non-lecture qui
n’est pourtant pas son contraire, mais son complément. Il est important de se libérer de la
pression que la société exerce sur nous à travers la sacralisation de la lecture et l’idolâtrie des
connaissances agglomérées, et nous aurions énormément de bonnes choses à tirer de la
libération créatrice qui en découlerait, en opposition à la castration constante que nous
opérons sur nous et sur les autres. Néanmoins, notre bien-être psychique ne dépend pas
uniquement de cette libération mais aussi de la lecture elle-même. Combien de personnes
trouvent dans la lecture un refuge, un endroit où se libérer des autres obligations de la
société ? Combien d’hommes et de femmes avouent s’être enrichis et être devenus qui ils sont
grâce à la lecture et son influence sur eux ? La littérature est un art profondément humain, qui
nous ouvre aux autres, au monde et à des au-delàs inaccessibles autrement. C’est pourquoi il
ne faut pas oublier d’apprendre à lire avant d’apprendre à ne pas lire, pour se créer avant de se
découvrir.
Bibliographie et Sitographie :
BAYARD, Pierre. Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? Paradoxe. Paris: Minuit
(Editions de), 2007.
VAN DER LINDEN, Sophie, Tout sur la littérature jeunesse, Gallimard, 2021, (288p)
Pour conclure sur une touche d’humour, tonalité convenant très bien à Bayard, voici un petit
sketch d’Alexis le Rossignol, diffusé sur France Inter le 19 février 2021, sur Comment parler
des livres que l’on n’a pas lus ? :
https://www.youtube.com/watch?v=bTwUfgXcr4k