Méthode de Rééducation Des Troubles Articulatoires Isolés Avec Guide Langue
Méthode de Rééducation Des Troubles Articulatoires Isolés Avec Guide Langue
Méthode de Rééducation Des Troubles Articulatoires Isolés Avec Guide Langue
Christiane Langel
Orthophoniste
Maîtrise de linguistique
Ex-chargée d'enseignement à l'Université Paris VI
fil
Editions Jaquet
Editions Jaquet
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS 5
INTRODUCTION 7
LES GUIDE-LANGUE 37
3
AVANT-PROPOS
Cet ouvrage est issu d'un exposé oral présenté en 1991 au Congrès de l'ASHA
(American Speech and Hearing Association) à Atlantic City (USA). Il s'agissait de
faire connaître à un public d'orthophonistes américains les guide-langue de Suzanne
BOREL-MAISONNY utilisés depuis des décennies en France pour la correction des
troubles d'articulation.
Madame BOREL nous exposa comment elle avait eu l'idée, vers 1926, pour
rééduquer l'articulation des enfants opérés par le Docteur VEAU, de fabriquer ces
petits instruments : les guide-langue.
Ainsi est née la collection des guide-langue dont le nombre a récemment été
ramené de 24 à 13. En effet, certains instruments quasiment inutilisés ont été
abandonnés, et une collection plus réduite apparaît, d'utilisation plus facile, plus
aisément stérilisable et plus économique.
5
INTRODUCTION
Nous avons choisi de ne présenter ici que les quelques cas de correction
articulatoire pour lesquels nous avons le plus fréquemment recours aux guide-langue.
Les principes généraux de leur utilisation seront donnés au fur et à mesure de l'exposé
des différents exemples.
7
LES SUBSTITUTIONS
[k] ¢ [t] et [g] ¢ [d]
Figure 1
[t]
Figure 2
[k]
9
Dans ce cas, pour obtenir l'articulation des palatales [k] et [g], il est nécessaire
de modifier la position de la langue en réalisant simultanément deux choses :
J
I
Figure 3
10
b) Certains sujets réagiront mieux avec le guide langue "nn4" placé comme l'indique
la figure 4.
Figure 4
Figure 5
11
Très rapidement, on fera répéter des syllabes sans sens, puis des mots et des
phrases. Et ainsi de suite, du simple au complexe, selon la procédure traditionnelle et
au rythme des possibilités du sujet.
Photo 1
12
Photo 2
13
LES SUBSTITUTIONS
U1 e> [s] et [3] e> [z]
Ce second exemple de substitution de phonèmes est sans aucun doute celui que
nous avons à rééduquer le plus fréquemment chez les enfants francophones.
Pour obtenir le phonème lf] à partir d'un [s] déjà existant, il faut
Figure 6
[s]
Figure 7
[J]
Si la projection labiale est relativement simple à réaliser d'emblée, par imitation
visuelle, par pression de la main sur les joues de l'enfant ou par reproduction de bruits
familiers (chut! - la locomotive à vapeur), il n'en va pas toujours de même pour le
recul de la langue.
Ici, plus encore que pour les phonèmes [k] et [g] envisagés précédemment, la
position linguale est peu accessible au contrôle visuel, d'où l'intérêt du recours au
guide-langue pour faire produire, dans un premier temps et de façon passive, à la fois
le mouvement et le son voulus.
15
a) Avec les enfants de 5 ou 6 ans, l'utilisation du guide-langue "nn4", en forme de
demi-sphère et placé comme indiqué sur la figure 8, est généralement la solution la
plus efficace. Notons ici que le serrage de la tige du guide-langue par les incisives
juste à l'arrière de l'embout plastique permet d'éviter la propulsion mandibulaire
adoptée par certains enfants pour différencier la série [J]-[3] de la série [s]-[z], et si
difficile à corriger par la suite.
Figure 8
b) Pour un sujet plus âgé, on obtiendra plus sûrement le recul lingual avec d'autres
guide-langue, le "nn6" en particulier.
Figure 9
Ces choix ne sont d'ailleurs pas les seuls possibles. L'important est de se
souvenir qu'avec un même sujet et pour un même phonème à corriger, on choisira
toujours le même instrument, qu'on utilisera en bouche le moins longtemps possible
pour laisser le relais au conditionnement visuel, par l'instrument lui-même ou par le
geste de rappel.
16
l
Dans le cas présent ( obtention de UJet [3]), en même temps qu'on fait reculer
l'apex lingual grâce au guide-langue, on suscite la projection labiale en exerçant avec
la main une pression sur les joues du patient.
Photo 3
Par la suite, ce mouvement seul suffira à entraîner, par synergie, le recul lingual
souhaité.
Photo 4
17
Ce geste de la main appuyant simultanément sur les deux joues est précisément
le geste de rappel qu'a choisi Madame BOREL pour symboliser le phonème [Jl
L'orthophoniste le fera donc sur lui-même (stimulus visuel seul) après l'avoir
fait sur le patient. Alors nombreux sont les ,sujets qui spontanément copient le geste
en miroir et se facilitent ainsi la tâche.
Photo 5
Toutefois, l'aide des parents n'étant guère sollicitée avant le stade de la lecture
indirecte, ces derniers, sauf exception, n'auront jamais à se servir des guide-langue.
18
LES SIGMATISMES ANTERIEURS
Chacun sait qu'il n'en va pas toujours ainsi et que certains adultes conservent à
des degrés divers ce sigmatisme interdental ou addental généralement lié à une posture
linguale basse et antérieure, et à une déglutition atypique, le tout souvent dans un
contexte orthodontique également perturbé.
(l)<Jüv
Figure 10
Interdental
19
2° La version addentale, souvent plus difficile à corriger que la précédente, ne
serait-ce qu'en raison d'un contrôle visuel moins évident.
Figure 11 Addental
Figure 12 [s]
20
a) Le guide-langue le plus employé pour la correction du sigmatisme interdental sur
[s], du moins chez les jeunes enfants, est le "nnl", constitué d'une petite boule. On
demande au sujet de reproduire, sur imitation, le son entendu : un [s] prolongé, tout
en tenant entre les incisives la tige du guide-langue, les lèvres étant étirées vers
l'arrière à la manière d'un sourire. On obtient ainsi :
Figure 13
Photo 6
21
b) Pour un adolescent ou un adulte, le choix du guide- langue "nn2", de forme à peu
près identique mais de volume plus important, sera préférable. On pourra d'ailleurs, en
exagérant un peu le recul lingual, éviter de faire passer le sujet du sigmatisme
interdental à un sigmatisme addental peut-être encore plus difficile à corriger par la
suite.
Figure 14
c) Enfin, on peut avoir à créer sur le dos de la langue le sillon médian nécessaire à la
production correcte des sifflantes par l'utilisation du guide-langue "nn3" qui assurera
cette fonction en plus des autres décrites ci-dessus.
Figure 15
22
Signalons ici un point sur lequel Madame BOREL insistait tout
particulièrement à propos de la manière dont les guide-langue fonctionnent.
Or, l'expérience nous a montré que, lorsque le recul lingual nécessaire est
acquis (avec ou sans recours initial au guide-langue) la prononciation dents
modérément serrées pendant les exercices d'articulation, et jusque dans la pratique de
la lecture indirecte ou directe, aide souvent le patient à stabiliser sa langue de la
manière nouvellement apprise.
23
LES SIGMATISMES LATERAUX
Figure 16
25
Le sigmatisme latéral, plus souvent appelé schlintement (Borel), peut affecter
diversement le système phonétique du sujet:
Pour les besoins de cette publication, nous avons recherché les dossiers des patients
rééduqués par nous sur une période de 1 O ans, soit pour un sigmatisme interdental soit pour
un schlintement. Il se trouve que les pourcentages de réussite sont sensiblement les mêmes
pour les deux types de troubles. Précisons toutefois qu'en raison de la qualité des
prescripteurs, essentiellement orthodontistes ou odonto-stomatologistes, notre population
comportait très peu d'enfants de moins de 8 ans, une majorité de grands enfants, de pré-
adolescents ou d'adolescents et une quantité non négligeable d'adultes. De là nous
concluons qu'avec une technique précise, fondée d'abord sur le conditionnement neuro-
musculaire, la rééducation du schlintement n'est pas plus difficile que celle du sigmatisme
interdental qui peut sembler a priori plus simple.
C'est dans la correction de ces sigmatismes latéraux que l'utilisation des guide-
langue nous a toujours paru la plus utile, pour ne pas dire indispensable.
Pour la correction d'un [s] schlinté, nous procédons habituellement en deux temps :
2º Ce même patient ayant du mal à former puis à conserver sur le dos de la langue
la gouttière médiane qui permettra l'écoulement normal de l'air phonatoire --->
2ème étape---> utilisation d'un deuxième type d'instruments (page 29).
26
l. Correction du [s] schlinté : 1ère étape
Nous faisons tout d'abord produire une articulation interdentale très exagérée
pour obtenir et vérifier l'aplatissement symétriq~e de la langue. S'il s'agit d'un enfant,
on peut lui faire tirer mollement la langue entre les incisives et la lui caresser à l'aider
d'un guide langue plat ("nn13" par exemple) ou encore lui demander d'imiter le chien
haletant.
Photo 7
Puis, quel que soit l'âge du patient, on utilisera un guide-langue plat et mince
que l'on introduira dans la région médiane, entre les incisives supérieures et la langue,
celle-ci restant toujours en position interdentale. Les figures 17, 18 et 19 représentent
l'utilisation de trois instruments de la série ("nn13", "nn9" et "nn5") qui seront choisis
en fonction de la taille et des réactions de la langue du sujet.
Figure 17
27
Figure 18
Figure 19
Ici, la langue n'entrant pas en principe en contact avec le palais, nous n'avons
pas représenté les habituels palatogrammes mais une langue vue "d'en haut" dans
son rapport avec le guide-langue choisi.
Dans cette position, nous demandons au patient de souffler droit devant lui,
puis, lorsque la direction du souffle est bonne, de rentrer très progressivement la
langue derrière les incisives tout en la laissant plate et symétrique.
Photo 8
28
2. Correction du [s] schlinté : 2ème étape
Photo 9
Figure 20
Généralement, les premières fois que l'apex lingual, dans son mouvement de
recul, passe la barrière des incisives, la langue bascule et l'on entend à nouveau
schlinter. Il faut alors faire ressortir la langue et recommencer le recul progressif
jusqu'à ce que le souffle reste médian, même avec l'apex derrière les incisives. Le son
entendu sera alors le sifflement aigu caractéristique du [s] que l'on fera suivre de la
voyelle [i] facilitatrice, puis d'autres voyelles, selon la progression classique.
Notons pour terminer que bon nombre de schlintements sur [s] et [z} cèdent en
utilisant simplement la technique exposée précédemment pour les sigmatismes
antérieurs.
29
3. Correction du lf1 schlinté
Lorsqu'au départ les quatre consonnes sont schlintées, il est possible d'obtenir
Ia seconde série, [JJ-[3], à partir de la première, [s]-[z], déjà corrigée comme nous
venons de le voir. Il s'agira pour cela de réaliser simultanément deux gestes :
Figure 21
Figure 22
30
Cette procédure pourra s'appliquer d'emblée pour l'obtention du [SJ dans les cas
où seule la série [J]-[3] est schlintée, ou lorsqu'elle s'avère plus facile à corriger que
la série [s]-[z]. L'utilisation des guide-langue "nn4" ou "nn6", de la manière exposée
pages 16 et 17, est parfois plus efficace dans ces deux derniers cas.
Photo 10
31
En ce qui concerne les lèvres, l'exercice du bouton plat attaché à une cordelette
et inséré verticalement dans le vestibule entre incisives et lèvres dans le but de
renforcer l'orbiculaire par résistance à la traction exercée sur la cordelette est
maintenant suffisamment connu pour qu'il ne soit pas nécessaire d'y insister.
Photo 11
Pour les schlintements, peut-être plus encore que pour les sigmatismes
antérieurs, nous soulignerons l'intérêt de la prononciation dents serrées (cf. page 23)
pour stabiliser le positionnement lingual nouvellement acquis et faciliter le passage
dans la parole courante.
32
LA SUBSTITUTION
[1] e> [j]
Sans doute la plus fréquente des altérations pouvant affecter le phonème [l]
chez le jeune enfant, ce lambdacisme sera pour nous l'occasion d'évoquer plusieurs
utilisations un peu marginales des guide-langue.
Figure 23
[j]
Figure 24
[I]
33
Pour obtenir d'emblée un [l] phonétiquement satisfaisant, on demandera au
sujet de tirer la langue et, tout en émettant sur imitation des vibrations laryngées,
d'aller toucher avec l'apex lingual un point situé sur sa lèvre supérieure, et si
possible sur le philtrum. Ce point, nous le lui indiquerons par contact avec
l'extrémité d'un guide-langue.
Photo 12
Photo 13
34
Pour finir, la tige du guide-langue, reculée jusqu'aux commi ssures labiales,
maintiendra le dos de la langue en position basse pour empêcher le retour à
l'articulation d'un UJ.
Photo 14
Notons enfin qu'il est utile de se servir d'un guide-langue pour faire sentir au
patient de façon commode et précise la papille rétroincisive, zone prépalatale où se
situent également les points d'articulation des consonnes [t]-[d] et [n], ainsi que le
point d'appui normal de l'apex lingual au repos et lors de la déglutition dans les
rééducations orthodontiques.
35
LES GUIDE-LANGUE
Afin d'éviter les confusions, la nouvelle collection a fait l'objet d'une nouvelle
numérotation dont les références ont été utilisées tout au long de ce manuel, les
nouveaux numéros étant précédés de l'indication "nn" (nouvelle numérotation).