Meinesz 1973
Meinesz 1973
Meinesz 1973
843-858
Université de Nice, U.E.R. Domaine Méditerranéen, Laboratoire de Biologie Générale, Parc Valrose, 06034
• Nice Cedex, France
SUMMARY
The geographie position, the bathymetrie amplitude and the vegetal groups in the stations- of Caulerpa prolifera
on the French Mediterranean Continental Coast are described.
This sub-tropical alga is at the limit of its distribution area and is very localized. Water temperature appears to be
the prevailing factor of its distribution.
Many authors mentioned stations of Caulerpa prolifera and their descriptions allowed us to compare its present
distribution with that existing more than ten years ago. Among the 15 stations mentioned in this study, 13 were
described before and we recorded the disapearance or the noticeable regression of 8 of them.
RESUME
La position géographique, l'amplitude bathymétrique et les groupements végétaux des stations de Caulerpa
prolifera sur les côtes continentales françaises de la Méditerranée sont décrites.
A la limite de son aire de répartition, cette algue, d'origine subtropicale, est très localisée. La température de
l'eau semble être le facteur prépondérant de sa distribution géographique. Sa morphologie peu commune et sa valeur
écologique ont toujours suscité l'intérêt de nombreux auteurs qui ont, chaque fois, signalé et décrit ses stations avec
précision. Ces descriptions nous ont permis de comparer sa répartition actuelle avec celle existant il y a plusieurs
dizaines d'années. Sur les quinze stations mentionnées dans cette étude, treize avaient déjà été décrites et nous avons
constaté la disparition ou la régression sensible de huit d'entre elles.
1 - INTRODUCfiON
Le genre Cau/erpa Lamoureux est l'unique représentant de la famille des Caulerpacées (Chlorophycées,
Caulerpales). Ce genre est composé d'une soixantaine d'espèces essentiellement réparties dans les régions
tropicales et subtropicales. Sur nos côtes, deux espèces très voisines ont été signalées : Caulerpa prolifera
(Forsk.) Lamour. et C. ollivieri Dostal.
Une carte de la répartition de Caulerpa prolifera établie par Feldmann (1937) montre que l'algue est
commune sur les côtes des Antilles et de la Méditerranée ; elle présente une nette affinité subtropicale.
Dans certaines régions de la Méditerranée, comme en Corse, où les conditions du milieu sont
favorables, l'algue se développe dans divers faciès. Son amplitude bathymétrique est importante.
Sur les côtes continentales françaises de la Méditerranée, l'algue se trouve à la limite de son aire de
répartition. Elle est localisée dans la zone superficielle de l'étage infralittor'al de certaines parties abritées de
844 TETHYS 4 (4) 1972 (1973)
la côte. Elle est caractéristique d'un biotope particulier qui se rencontre dans un ensemble de stations
analogues.
Restreinte aux côtes continentales françaises de la Méditerranée, notre étude comprend, d'une part
une mise au point et une récapitulation des stations déjà connues, d'autre part une description de nouvelles
stations. Dans cette étude, les conditions du milieu et les associations végétales sont analysées. En outre, les
descriptions plus ou moins anciennes de certaines stations nous ont permis de formuler quelques
considérations sur leur évolution.
2 - METHODES D'ETUDE
De nombreuses plongées échelonnées entre 1967 et 1971 ont permis de reconnaître et d'étudier les
stations de Caulerpa prolifera des côtes continentales françaises de la Méditerranée. Pour la reconnaissance
des stations, la surface à explorer étant considérable, nous avons limité nos investigations, d'une part aux
localités déjà signalées, d'autre part aux sites où les Caulerpes ont de bonnes probabilités de se développer.
Ainsi, presque toutes les stations décrites ont été vérifiées et plusieurs stations nouvelles ont été
découvertes.
La position géographique, l'étend11e et l'amplitude bathymétrique de chaque station reconnue a été
déterminée. Pour donner une bonne description qualitative et quantitative des associations végétales, nous
avons effectué des relevés phytosociologiques. Toute la végétation d'une aire minimale, délimitée par un
cadre_ de 0,1 m 2 , est prélevée en plongée et conservée au formol dilué. Pour étudier ces prélèvements, nous
avons utilisé la méthode d'analyse phytosociologique appliquée aux phytocoenoses marines benthiques de
Boudouresque (1969). Cette méthode comporte l'attribution de deux coefficients à chaque espèce : un
coefficient de recouvrement noté de + à 5 et un coefficient de biomasse noté également de + à 5 selon
une échelle logarithmique de base 10. Ce dernier coefficient est calculé d'après le poids humide égoutté
non décalcifié de l'algue. Cette méthode étant récente et encore peu répandue nous reproduisons ici les
notes et leurs correspondances pour les deux coefficients.
..
3 - BIOLOGIE DE L'ALGUE
Le thalle de Cau/erpa prolifera est constitué d'un stolon d'où partent des rhizoïdes et des axes dressés
foliacés. Les frondes uniaxiales et le stolon ont une structure siphonée ; de nombreux piliers membranaires
unissent les parois. L'analyse cytologique montre que l'algue est coenocytique et hétéroplastidiée. La
reproduction est essentiellement végétative. En effet, chaque partie de l'algue peut redonner par bouturage
un thalle entier. La reproduction sexuée s'effectue par holocarpie, elle concerne une faible proportion de la
végétation ; nous l'avons observée de Septembre à Novembre. Le cycle complet de l'algue reste inconnu et
nous avons entrepris des recherches à ce sujet.
C. prolifera présente sur nos côtes, un développement saisonnier ; au début de l'hiver la plupart des
frondes blanchissent puis disparaissent, seuls les stolons persistent, enfouis dans la vase. Les frondes nouvelles
poussent au printemps et l'algue prolifère pour atteindre un maximum de développement à la fin de l'été.
Ainsi, dans la classification des types biologiques des algues marines (établie par Feldmann, 1937) C. prolifera
figure parmi les Hémicryptophycées (espèces pérennantes dont certaines parties du thalle se détruisent chaque
A. MEINESZ: REPARTITION DE CAULERPA PROLIFERA 845
année). En fait, ce comportement biologique n'est pas généralisé dans les parties plus orientales de la Méditer-
ranée et n'existe pas dans les régions subtropicales où les frondes de C. prolifera se rencontrent toute l'année.
Ce caractère saisonnier est une adaptation aux conditions défavorables que l'algue rencontre à la limite de
son aire de répartition.
L'ensemble des stations de Caulerpa prolifera des côtes continentales françaises de la Méditerranée qui
ont été décrites ou que nous avons observées est mentionné sur la figure 1. Nous avons distingué 15
stations que nous allons étudier une à une. D'Est en Ouest, nous trouvons successivement les stations
suivantes :
- Côtes des Alpes-Maritimes: 1. Menton ; 2. Monaco ; 3. Beaulieu ; 4. St Jean Cap Ferrat ; 5. Rade de
Villefranche (Face Est; Port de la Darse); 6.Nice; 7.Antibes; S. Golfe Juan (Cap d'Antibes à Juan les
Pins; Juan les Pins à Golfe Juan village; Golfe Juan village ; îles de Lérins: île Sainte Marguerite) ;
9. Cannes.
- Côtes du Var: JO.Anthéor; 1 I.Porquerolles; 12.Toulon; 13.Le Brusc.
- Côtes des Bouches-du-Rhône: 14.Port Miou (Cassis);· 15. Marseille.
A une trentaine de kilomètres de la frontière franco-espagnole et au-delà du Cap Creus, se trouve une
station de Caulerpes très importante (Rosas) que nous avons étudiée sommairement.
GOLFE OU LION
MER MEDITERRANEE
Figure 1 - Carte de la répartition de Caulerpa prolifera sur les côtes continentales françaises de la Méditerranée.
4.1. - Menton
La première description de cette station fut donnée par Raphelis (1925). "La plante existe en très
grande quantité à la sortie du port, sur un fond de sable. Les frondes, arrachées par les coups de mer
fréquents dans la région, sont rejetées dans le port même, mélangées à d'autres, au pied des barques,.
Depuis, personne ne retrouva l'algue en ce lieu. La côte située à l'est du port de Menton a été
considérablement transformée par de nombreux épis artificiels et par Je nouveau port de Garavan. Ces
constructions ont changé les conditions existantes du milieu, ce qui implique une profonde modification du
biotope sur une grande étendue. Au mois de septembre 1971, une plongée dans Je port de Menton nous a
permis de constater J'absence de Caulerpes dans la prairie de Cymodocées qui recouvre une partie de la
vase portuaire.
6
846 TETHYS 4 (4) 1972 (1973)
4.2. - Monaco
Ollivier (1929) donne une carte de la végétation soUs-marine de Cap Martin à Monaco. Un "herbier de
Caulerpa"" est mentionné sur cette carte dans tout le port de Monaco. Ollivier considérait que l'espèce était
commune dans toute la région et il n'a pas jugé utile de décrire avec précision les stations de Caulerpes. A
ce sujet, il note simplement "C'est une plante des ports et de Juan les Pins à Menton, quelques rares abris
seulement n'en contiennent pas".
Gilet (1954b) retrouve les Caulerpes dans le port de Monaco "La pelouse dense de Caulerpes est
cantonnée tout au fond du port dans la partie Ouest qui n'a pas été draguée".
Les employés du Musée océanographique de Monaco ont pendant longtemps prélevé les Caulerpes
dans le port pour décorer les bacs de· l'Aquarium. La disparition de l'espèce a été constatée il y a une
dizaine d'années. Les dragages fréquents du port ont sans aucun doute contribué à sa disparition.
4.3. - Beaulieu
Ollivier (1929) signale la présence de l'espèce dans les abris de la rade de Beaulieu. Il trouve également
l'algue fixée "sur des rhizomes de Posidonia rejetés à la côte dans la rade de Beaulieu".
Molinier et Picard (1952) ont récolté l'algue dans "la partie orientale de l'Anse des Fourmis
transformée en port au moyen de deux digues". Ils ont observé que les Caulerpes étaient fixées parmi les
Cymodocées sur des mattes mortes de Posidonies. Gilet (1954b) confirme sans autre précision cette station.
Nous avons vainement recherché l'algue dans le petit port de l'Anse des Fourmis et dans les nombreux
petits abris de la côte Est du Cap Ferrat. Par ailleurs une partie de la rade de Beaulieu a été aménagée en
port, ce qui a détruit le biotope existant. L'algue a donc disparu de toutes les stations précédemment
citées.
Il est ici intéressant de rappeler que Ollivier (1929) observa à Beaulieu, à Villefranche et à Juan les
Pins une forme de Caulerpa très petite qu'il apparente à l'espèce Caulerpa parvifolia Harvey. Dostal (1929a)
étudia avec soin cette forme et en fit une espèce nouvelle qu'il dédia à Ollivier : Caulerpa ollivieri. Beaulieu
était l'une des trois stations de cette algue endémique des Alpes-Maritimes. Depuis, personne n'a retrouvé
cette algue en ce lieu, l'espèce semble donc avoir disparu avant Caulerpa prolifera.
Située face au Sud entre la presqu'île de St-Hospice et le Cap-Ferrat, l'anse de Lilong ne dépasse pas
10 rn de profondeur. Des prairies de Posidonia oceanica. de larges surfaces de sable détritique ainsi que des
herbiers de Cymodocea nodosa couvrent la m"ieure partie de l'anse. Une plage de galets au Nord et un
faciès rocheux à l'Est et. à l'Ouest caractérisent la côte.
Nous avons récolté Caulerpa prolifera dans cette station, jamais encore décrite, grâce aux indications
aimablement communiquées par Monsieur Delarue, marin à la station zoologique de Villefranche. Les
Caulerpes sont cantonnées au fond de l'anse face à deux petits débarcadères construits sur la plage de
galets. La végétation de Caulerpa est réduite à quelques individus épars situés à 70 rn du rivage par 2 à 3 rn
de profondeur. Les stolons sont fixés sur un fond sableux qui cache de vieux rhizomes de Posidonies.
Quelques Cymodocées avoisinent l'algue. Un relevé phytosociologique effectué le 16 octobre 1971 apporte
plus de précisions sur la végétation qui accompagne Caulerpa prolifera et dont la couverture ne dépasse pas
60 % (tableau 1).
La rade de Villefranche présente une physionomie particulière : bien que largement ouverte vers le
Sud, le Cap de Nice et la presqu'île du Cap Ferrat protègent la majeure partie de la rade des coups de vent
et des courants côtiers. En outre, la partie septentrionale de la rade est peu profonde. L'existence de ce
biotope particulier a suscité de nombreuses recherches biologiques effectuées en grande partie à la station
zoologique de Villefranche sur Mer.
A. MEINESZ : REPARTITION DE CAULERPA PROLIFERA 847
Tableau 1
Relevé phytosociologique effectué à Saint Jean Cap Ferrat : Anse de Lilong (Alpes Maritimes).
(Relevé n° 1)
Caulerpa prolifera. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . .2.2
Cymodocea nodosa .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3
Halicystis pa111ula. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +.+
Valonia utricularis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +. +
Bryopsis balbisiana . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +. +
aadophora prolifera . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . +. +
•
aadophora sp..... '........................... +.+
Udotea petiolata. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. 3
Halopteris seoparia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +. +
Dictyota linearis. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +. +
Dictyota dichotoma. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +. +
Dictyopteris membranacea . .'. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +. 1
· Mesophyllum lichenoides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +. +
Jania corniculata . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1. 1
Peyssonnelia squamaria. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +. 1
Plocamium coccineum .......... 0 •• 0 • 0 0 • 0 • 0 0 •••• 0 +. +
Ceramium sp.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +. +
Antithamnion cruciatum. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +. +
Spyridia filamentosa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +. +
Dasyopsis plana. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +. +
Herposiphonia secunda . ......................... , +. +
Laurencia obtusa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1. 2
Symploca hydnoides. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +. +
Caulerpa prolifera a été observée dans le port de la Darse et au fond de la rade sur la côte Est.
Camous (1912) auteur d'une liste des algues marines de Nice note : "rade de Villefranche dans les
bas-fonds sableux très peu profonds".
- Le port de la Darse
Dostal séjourna longtemps à la station zoologique de Villefranche située à la Darse et il fit de
nombreuses recherches sur Caulerpa prolifera qu'il récoltait dans le port. Il fut le premier à décrire la
reproduction du Caulerpa prolifera et de 1926 à 1945 il publia une dizaine de notes au sujet de cette
algue.
Ollivier (1929) qui était en relation avec Dostal signale aussi l'espèce dans le port de la Darse.
Gilet (l954b) mentionne la présence d'une pelouse très dense de Caulerpa dans le centre de la Darse.
Enfin, Gessner et Hammer (1960) étudièrent, au cours d'un stage à la station zoologique, la
production primaire de la pelouse mixte Caulerpa prolifera-Cymodocea nodosa du port de la Darse. Ils ont
848 TETHYS 4 (4) 1972 (1973)
conclu que cette végétation avait une densité et une production primaire très élevées, comparables à celles
de certaines prairies terrestres.
Nous avons vainement recherché l'algue dans le port de la Darse et selon les marins de la station
zoologique l'algue a disparu brusquement du port depuis dix années environ sans qu'on ait pu expliquer
cette disparition. De ce fait, Caulerpa prolifera peut être considérée comme absente dans l'ensemble de la
rade de Villefranche.
4.6. - Nice
Caulerpa a été signalée dans le port de Nice, pour la première fois par Ollivier (1929). Cependant
Sarato a probablement récolté l'algue au Lazaret entre 1872 et 1873 comme nous le rapporte Raphelis
(1924b) après l'étude de l'herbier Sarato conservé au Musée de Nice.
Ollivier (1929) note "Nous assistons actuellement à des transformations de stations: le bassin de la
Tour Rouge à Nice m'en paraît un exemple. L'édification des digues, l'arrivée d'un égout ont
complètement modifié cette localité et le Caulerpa prolifera règne déjà en maître sur beaucoup de points".
Gilet (1954b) signale sans précision que l'espèce est présente dans le port ile Nice.
Depuis, le bassin de la Tour Rouge a été modifié par l'extension des digues et nous n'avons pas
retrouvé l'algue dans cette station.
Nous avons donc constaté que les Caulerpes ont disparu de toutes les stations signalées situées de
Menton à Nice. L'Anse'de Lilong (Cap Ferrat) est la seule station de cette région où l'on peut encore là
trouver (figure 2).
Cap Ferrat
@ Nouvelle station.
4 Station disparue ou en regression. ;.....,_ __;1km
La côte du Golfe Juan représente à notre connaissance la plus importante station de Caulerpa
prolifera des côtes continentales françaises de la Méditerranée. L'algue a été décrite en plusieurs endroits et
nous l'avons observée sur de grandes superficies.
Protégé à l'Ouest par la pointe de la Croisette et à l'Est par Je Cap d'Antibes, Je Golfe Juan est
relativement fermé par les iles de Lérins et par les hauts fonds qui affleurent la surface. De plus, les
profondeurs du golfe sont faibles. Cette géographie et cette bathymétrie détermiuent des courants et des
températures des eaux qui ont été étudiées par Romanovsky (1955). Il ressort de cette étude que la baie
est peu exposée. aux grands courants côtiers, seuls certains régimes de vents (Mistral) provoquent des
• remontées d'eaux froides .
Tableau 2
Relevés phytosociologiques effectués dans le Golfe Juan : Le Croton (Alpes Maritimes).
0
Relevé ll 2: 70 rn du rivage, profondeur 1 rn, pente nulle, substrat sablo-vaseux avec de nombreux galets, cou-
verture * 100 %.
Relevé n° 3: 70 rn du rivage, profondeur 1,50 rn, pente nulle, substrat sabla-vaseux, couverture 100 'io.
Relevé n° 4: 80 rn du rivage, profondeur 2 rn, pente nulle, substrat sabla-vaseux, couverture 100%.
Un autre type d'association a été observé lorsque Caulerpa prolifera pousse sur une matte morte de
Posidonies non encore envahie par les Cymodocées et les Zostères. Avec les Caulerpes de nombreuses
petites algues photophiles se fixent sur les vieux rhizomes de Posidonies à demi enfouis dans le sable vaseux.
Nous avons concrétisé ces types d'associations par quatre relevés effectués le 14 août 1971 face au
Boulevard du bord de mer de Juan-les-Pins (Bd Charles Guillaumond), (Relevés n° 5, 6, 7 et 8).
Trois de ces relevés ont été réalisés dans les pelouses de Cymodocées et de Zostères et le quatrième en
bordure d'une matte de Posidonies (tableau 3).
Tableau 3
Relevés phytosociologiques effectués dans le Golfe Juan : Juan les Pins (Alpes Maritimes)
Relevé n° 5: 200 m du rivage, profondeur 4 rn, pente nulle, substrat sable-vaseux, couverture 100 '"·
Relevé n° 6: 300 m du rivage, profondeur 6 rn, pente nulle, substrat sable-vaseux, couverture 100%.
Relevé n° 7: 350 m du rivage, profondeur 6,50 m, pente nulle, substrat sable-vaseux, couverture 100%.
Relevé n° 8: 150 m du rivage, profondeur 4 m, pente 20°, substrat sable-vaseux avec de nombreux rhizomes
morts de Posidonies, couverture 100 %.
Salis
GOLFE JUAN
Figure 3 - Carte des stations actuelles de Caulerpa "prolifera dans le Golfe Juan (Alpes Maritimes).
852 TETHYS 4 (4) 1972 (1973)
4,9. - Cannes
Raphelis étudia la flore algologique des environs de Cannes de 1907 à 1930. Il fit de nombreuses
observations sur Caulerpa prolifera publiées dans la liste des algues récoltées dans les environs de Cannes
(1907) et dans les "Additions à la flore des Algues de Cannes" (1924a). Il publia également une note
concernant uniquement la végétation de cette algue (1925). A Cannes, l'auteur mentionne une station
couvrant plus de mille mètres carrés localisée à l'ouest de la pointe de la Croisette et des rochers dits de la
Réserve et de Pierre Longue. Après une dizaine d'années d'observations, il constate que la végétation s'est
déplacée vers l'Ouest, envahit le port de Cannes et recouvre les blocs de la jetée du Casino.
Depuis, aucune autre indication a été apportée sur cette station et sur les lieux où Raphelis décrit la
végétation de Caulerpes, à l'Ouest de la pointe de la Croisette, a été édifié le Port Canto.
4.10. - Autheor
Les côtes varoises de l'Estérel ont été très peu étudiées au point de vue algologique. Il est fort
probable que Caulerpa prolifera soit présente dans les nombreux petits ports, criques et baies qui se
succèdent sur cette côte. Il en est ainsi pour Anthéor où nous avons découvert l'algue lors d'une plongée
en septembre 1968. La station se situe dans la passe entre l'île des vieilles d'Agay et la côte, non loin du
village d' Anthéor. La végétation de C. prolifera était alors réduite à quelques individus fixés sur un rocher
exposé au courant par 1,50 rn de fond. En août 1971 une autre plongée nous a permis de constater que
l'algue avait disparu du rocher mais était retrouvée non loin de là dans une large faille sur fond rocheux
par 4 à 5 m.
L'implantation de Caulerpa prolifera en ce lieu, qui n'est pas protégé des courants et des houles, est
étonnante. Elle implique certainement des conditions du milieu, température de l'eau en particulier,
exceptionnelles qui seules peuvent expliquer la persistance de l'algue dans cette station. La présence de
Dasyc/adus vermicularis, chlorophycée d'affinité subtropicale comme Caulerpa prolifera appuie notre
hypothèse. Cependant cette algue est moins exigeante que les Caulerpes et on la trouve assez souvent de
Menton à Marseille.
Un relevé effectué le 23 août 1971 montre que les Caulerpes poussent avec de nombreuses algues
photophiles communes de l'étage infralittoral (tableau 4).
4.11. - Porquerolles
Molinier décrit ainsi cette station (1954a) "A faible profondeur (- 1 rn -2 rn) à la base de la jetée
principale du petit port et sur un sable vaseux noirâtre avec forte teneur en matières organiques". Les
Caulerpes de cette station présentaient en juin 1954 une anomalie siogulière : la dichotomie du thalle
(Molinier 19 54b ).
Caulerpa prolifera n'a jamais été signalée sur la côte de l'île de Port Cros voisine de Porquerolles et
systématiquement explorée par Augier et Boudouresque (1967 et 1970a et b).
A. MEINESZ: REPARTITION DE CAULERPA PROLIFERA 853
Tableau 4
Relevé phytosociologique effectué à Anthéor (Var). (Relevé n° 10)
4.12. - Toulon
La rade de Toulon bien protégée des perturbations sensibles sur la côte extérieure, présente de bonnes
conditions pour le développement de Caulerpa prolifera. L'algue a été trouvée dans la rade mais nous ne
possédons que peu de précisions sur cette station. Ardissone (1823) note : "Golfo di Tolone (Signora
Favarger)". Guinochet (1928) trouve les Caulerpes abondantes dans le bassin du Lazaret et dans le petit
golfe de Saint-Mandrier : l'algue était associée aux mattes de Posidonia oceanica. Hamel (1928) cite au
sujet de la distribution géographique de l'algue: "Toulon (Lenonnand)". Enfin,Molinier et Picard (1953)
mentionnent que les Caulerpes ont été trouvées dans la baie de Toulon par Tchang-Si. Cependant, Mouret
(1911) auteur d'une liste des algues marines du Var n'a jamais trouvé l'algue dans ce département.
4.13. - Le Brusc
Cette station a été décrite récemment par Aillaud et Pellegrini (1970) ; ces auteurs citent dans une
note infrapaginale "l'espèce est présente au Brusc sous forme de touffes rares et isolées, les Caulerpes ne
parvenant en aucun point à constituer de véritables pelouses".
La lagune du Brusc présente aussi des conditions très particulières. Protégée de l'extérieur par un
"récif barrière" de· la Phanérogame marine Posidonia oceanica, sa profondeur varie entre 0 et 1,50 m. Pour
ces raisons la température de l'eau suit de très près les variations de celle de l'air : très chaude en été l'eau
se refroidit rapidement en hiver. La température dèscend en dessous de 10° C dans certains secteurs ce qui
est très nuisible à Caulerpa prolifera.
Au mois de septembre 1971 nous avons en vain cherché l'algue dans la lagune.
Cette station située à l'Ouest de Cassis fut signalée la première fois par Molinier .et Picard (1953).
Gaillande (1969) figure Caulerpa prolifera sur sa carte de la végétation sous-marine de la calanque.
La calanque de Port Miou, très étroite et sinueuse, ne subit pas l'influence des hoqles et courants
marins sensibles sur la côte. Une couche froide d'eau douce superficielle provenant de nombreuses
854 TETHYS 4 (4) 1972 (1973)
résurgences est la deuxième caractéristique de cette calanque très particulière. Ces deux facteurs sont à
J'origine d'un microclimat favorable à C. prolifera. L'étude thermométrique de la calanque entreprise par
Gilet (1956) montre que la température de J'eau est très variable selon la saison et la profondeur;
cependant, entre 3 et 5 rn de fond dans la zone occupée par C. prolifera la température ne descend pas en
dessous de 14° Cau mois de janvier.
Nous avons reconnu cette station Je 3 septembre 1971, C. prolifera a été retrouvée grâce aux
indications mentionnées sur la carte établie par Gaillande. Sur ·la côte Est de la calanque, devant le local du
Club Nautique de Port Miou, sont amarrés de nombreux bâteaux accessibles au moyen de pontons en bois.
En ce lieu à 18 rn du rivage par 3 à 5 rn de fond les Caulerpes forment des plaques denses (couverture
avoisinant 100 %) de superficie réduite (dépassant rarement 1m2 ). Ce substrat composé de vase noire est
jonché de débris divers : bouteilles, cordages, ferraille, etc. Un relevé effectué sur une de ces plaques Je 3
septembre 1971 oar 3 rn de fond permet de constater que C. prolifera est accompagné de quelques algues
de faible abondance. Ces algues sont soit épiphytes sur les frondes de Caulerpes, soit fixées sur les débris
joncnant le sédiment.
Relevé n° Il
Caulerpa prolifera .................... 5 3 Dictyota dichotoma .................. +
Cladophora sp... : ................... + 1 j. Ceramium diaphanum var. zostericola .... + + e.j.
Udotea petiolata .................... +' 1 j. Polysiphonia sp ...................... + + e.j.
4.15. - Marseille
D'après Decrock (1914) "J'espèce est très rare et n'a été signalée que dans la calanque du Ratonneau
et autour des Auffes". Hamel (1930), au sujet de la distribution géographique de cette algue, mentionne
"Marseille d'après Giraudy". Ce sont les seules indications que nous possédiOns sur ces stations voisines de
Marseille et qui n'ont depuis jamais été confirmées.
Caulerpa prolifera n'a jamais été rencontrée entre J'embouchure du Rhône et la frontière franco-
espagnole. Sa présence en Espagne dans le golfe de Rosas, situé à quelques dizaines de kilomètres de la
frontière, est donc intéressante à signaler. Selon Feldmann J'absence de cette algue sur la côte des Albères
voisine de J'Espagne est sans doute imputable à la température relativement basse des eaux en hiver. Une
expérience effectuée par Feldmann (inédit) à laquelle nous avons assité le 24 août 1967 tend à confirmer
cette hypothèse.
Plusieurs bacs de C. prolifera furent prélevés à Rosas par dragage et l'algue fut transplantée à Banyuls
sur-Mer non loin de l'île Grosse dans le vivier du Laboratoire Arago où J'eau est peu profonde. Les
Caulerpes ne résistèrent pas à l'hiver 1967-1968. La température de J'eau qui descend au dessous de Il ° C
(moyenne du mois de février) doit être vraisemblablement la cause de cette disparition.
Le golfe de Rosas présente la particularité d'être protégé par le Cap Creus des courants froids qui
longent la côte du golfe du Lion, et de la tramontane. La population de C. prolifera du golfe de Rosas
couvre une grande superficie dont les limites n'ont pas été déterminées. Les dragages du 24 août 1967 ont
été effectués à quelques centaines de mètres au Sud-Ouest du port de Rosas par des fonds compris entre Il
et 18 m. En outre, des plongées nous ont permis d'observer l'algue à 200 rn de la plage de Rosas à partir
de 4 rn de profondeur (août 1967 et juillet 1970).
Concentrées à l'Est de notre côte les stations de C. prolifera sont limitées à quelques sites où les
conditions favorables du milieu permettent son développement. Si l'algue est relativement fréquente sur les
côtes des Alpes-Maritimes (9 stations), elle est moins commune sur les côtes du Var (4 stations) et rare sur
les côtes des Bouches du Rhône (2 stations). Enfin les Caulerpes sont absentes à l'Ouest de J'embouchure
du Rhône.
L'aire de répartition de C. prolifera se superpose avec celle d'autres espèces d'affruité tropicale ou
subtropicale, exemple Dasycladus vermicularis (Chlorophycée, Dasycladale, Dasycladacée); on rencontre
souvent cette algue sur des galets ou rochers à proximité des stations de Caulerpes et de Marseille à Menton
elle nous semble relativement commune.
A. MEINESZ: REPARTITION DE CAULERPA PROLIFERA 855
D'autres aigues tropicales sont plus exigeantes que les Càulerpes, il en est ainsi pour le Penicillus
capitatus forma mediterranea (Chlorophycée, Caulerpale, Udotéacée). Cette algue pousse dans le biotope de
Caulerptll cependant sur nos côtes deux stations seulement présentent des conditions satisfaisantes pour son
dévelopiJement (Rade de Villefranche : l'Espalmador; Golfe Juan : Le Croton). Enfin quelques espèces
pantrop icales sont communes sur toute notre côte, par exemple deux espèces appartenant à l'ordre des
Caulerp.ales : Halirneda tuna et Udotea petiolata (Chlorophycées, Udotéacées).
Sur substrat sabla-vaseux les Caulerpes poussent avec les phanérogames marines Zostera noltii et
Cymodocea nodosa; le pourcentage de ces trois végétaux est variable. A cette association peut s'ajouter
Caulerpa ol/ivieri (uniquement au Golfe-Juan: Le Croton). Sur substrat vaseux Caulerpa prolifera est
associée à C/adophora prolifera dans Je port de Golfe-Juan. Enfin, à Port Miou (substrat vaseux) la
végétation est constituée essentiellement de Caulerpes. On peut rencontrer l'algue sur d'autres substrats
comme de vieux rhizomes de Posidonies ou des rochers (à Anthéor) recouverts d'algues photophiles
communes de l'étage infralittoral.
C'est sur substrat vaseux et sabla-vaseux que nous avons obsenré les plus grandes densités de
Cau! erp es, d'un recouvrement situé entre 50 et 100% Je poids égoutté de l'algue au m 2 dépasse souvent
500 g. Dans ce cas, Cau/erpa prolifera est une caractéristique de J'association végétale. Sur les autres
substrats la végétation de Caulerpes est réduite à quelques thalles et sa présence est considérée comme
accidentelle.
!;f !
Les nombreuses observations qui ont été effectuées sur les stations de Caulerpes nous permettent
d'étudier leur évolution. Si J'on pouvait il y a pius de cinquante ans noter!' extension de la végétation de
Caulerpes, on constate aujourd'hui que de nombreuses stations décrites ont disparu.
Ollivier (1929) cite "J'accumulation de matières organiques en certains endroits, par les égouts des
agglomérations humaines, paraît avoir une influence considérable sur la flore et j'y vois la cause principale
de J'envahissement croissant des Caulerpes au détriment de la plupart des autres algues". A propos du
Bassin de la Tour Rouge à Nice il observe que "l'édification des digues, l'arrivée d'un égout, ont
complètement modifié cette localité et Je Caulerpa prolifera règne déjà en maître sur beaucoup de points".
A Cannes, Raphelis (1927) note aussi J'extension de l'algue: "La végétation de Caulerpa se déplace Je
long du rivage sur deux à trois kilomètres de parcours et envahit la rade même et le port de Cannes". Il
attribue cette extension en partie aux pêcheurs "qui rejettent à la mer les âlgues qui encombrent leurs
filets lorsqu'ils font le triage de leur pêche à leur rentrée au port".
Plus récemment Gilet (1954b) observe déjà la régression de l'algue dans la baie de J'Espalmador (Rade
de Villefranche).
Nos observations montrent ,qu'un grand nombre de stations ont disparu ou sont en régression
sensible ; il en est ainsi à Menton, Monaco, Beaulieu, Rade de Villefranche (L'Espalmador et la Darse),
Antibes, Golfe Juan (Ile Sainte Marguerite). En l'absence de mesures précises en temps voulu in situ de
différents paramètres nous ne pouvons définir avec exactitude les causes de cette régression généralisée,
cependant plusieurs hypothèses peuvent être avancées.
Le principal facteur qui limite la répartition de Caulerpa prolifera étant la température nous pouvons
supposer qu'une succession d'hivers rigoureux ont détruit une grande partie des stations. Cependant une
destruction de cette nature n'est pas irréversible. En effet le moindre stolon ou partie du thalle épargné
peut, aux saisons suivantes, proliférer et reconstituer la végétation de Caulerpes.
La destruction peut être irréversible si certaines constructions côtières changent les conditions du
milieu en modifiant les courants et la température des eaux. Les constructions portuaires récentes se
multiplient sur nos côtes et elles sont édifiées très souvent dans de& zones abritées qui sont le biotope des ·(J
Caulerpes. Si ces constructions provoquent un abaissement de la température le biotope n'est plus favorable
aux Caulerpes qui disparaissent. Cependant il r1'est pas impossible que certains ports nouveaux constituent
une enceinte favorable aux Caulerpes après que leurs fonds se soient stabilisés.
La pollution des eaux peut également être à J'origine de la disparition des Caulerpes. Certaines
substances en quantité infime en solution dans l'eau de mer peuvent provoquer la mort des Caulerpes. Dans
le port de la Darse (Villefranche-sur-Mer), existait une végétation de Caulerpes d'une densité remarquable,
il y a une dizaine d'années J'algue disparut brusquement. La présence d'un chantier naval au fond du port
explique peut-être la disparition des Caulerpes. Ce chantier existe depuis longtemps, cependant on y utilise
des produits nouveaux qui sont rejetés dans Je port (détergents, décapants, peintures etc.).
Si nous pouvons formuler des hypothèses sur l'évolution de quelques stations, certaines régressions de
l'algue sont beaucoup plus énigmatiques. Il en est ainsi pour la station de la Baie de l'Espalmador située
A. MEINESZ : REPARTITION DE CAULERPA PROLIFERA 857
face au port de la Darse. La pollution chimique provenant du chantier naval ne peut pas être mise en cause
car la régression de l'algue dans cette baie est antérieure à sa disparition du port de la Darse. Gilet( 1954b)
constate que la végétation de Caulerpes autrefois luxuriante ne correspond plus aux "quelques taches de
Caulerpes". qu'il observe. Quinze ans plus. tard nous avons trouvé quelques rares thalles de Caulerpes.
L'algue dépérit petit à petit sans raison apparente : elle aurait dû proliférer intensément dans ce biotope
autrefois favorable.
7 - CONCLUSION
L
Successivement chorologique, écologique et phytosociologique cette étude constitue une synthèse des
nombreuses recherches plus ou moins anciennes de différents auteurs auxquelles s'ajoutent nos cJserva-
• lions. Cette mise au point représente une monographie phyto-océanographique de Caulerpa prolifera sur les
côtes continentales françaises de la Méditerranée. Nous avons recensé et étudié l'une après l'autre quinze
stations de cette algue dont trois ont été décrites pour la première fois.
Les valeurs minimales de la température des eaux représentent le principal facteur limit~nt pour C.
prolifera sur ces côtes. C'est ce facteur qui restreint la distribution géographique de l'algue. Assez fréquente
à l'Est où les températures des eaux sont plus élevées les stations sont de plus en plus rares vers l'Ouest et
absentes au-delà de l'embouchure du Rhône.
Plusieurs relevés phytosociologiques précisent les groupements végétaux marins dans lesquels on trouve
la présence des Caulerpes. Nous avons ai:~:tsi pu distinguer plusieurs groupements selon le type de substrat.
Si l'association caractéristique de Caulerpa prolifera avec les phanérogames marines Cymodocea et Zostera
a été retrouvée dans plusieurs stations sur substrat sabla-vaseux, l'association mixte Caulerpa prolifera-
C/adophora prolifera que nous avons observée dans le port de Golfe-Juan sur substrat vaseux n'avait jamais
encore été décrite sur les côtes françaises de la Méditerranée. A la limite de son aire. de répartition l'algue
est très sensible à toute modification du milieu qui peut entraîner sa disparition. Or, sur treize stations
anciennement décrites nous avons constaté la régression ou la disparition de huit d'entre elles. Une
succession d'hivers rigoureux, la pollution chimique, les constructions portuaires peuvent représenter autant
de causes de disparitions qui restent énigmatiques en l'absence de mesures précises sur l'évolution de
certains paramètres physico-chimiques dans les stations. Cette régression généralisée qui peut avoir pour
origine une action de l'homme est très grave et nous insistons sur ce fait d'autant plus que nous sommes en
présence d'une espèce marine dont l'existence et plus encore, la destruction, passent inaperçues.
Il est donc très important de connaître avec un maximum de précision la chorologie, l'écologie et la
phytosociologie de cette espèce. Ceci permet notamment d'évaluer et de définir avec plus d'exactitude
toute évolution possible.
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