Chap III - Colonnes Ballastées
Chap III - Colonnes Ballastées
Chap III - Colonnes Ballastées
6 Colonnes ballastées
Le procédé des colonnes ballastées est une technique d’amélioration de sol permettant de créer des
colonnes de granulats expansées afin d’augmenter la portance d’un sol et d’en réduire sa
compressibilité. Cette technique est particulièrement performante dont il est possible de mettre en
œuvre des semelles superficielles avec une contrainte de sol de l’ordre de 0,2 à 0,3 MPa. C’est une
alternative aux fondations profondes de type pieux et dalle portée, ou aux fondations semi-
profondes de type puits. En effet, construire un ouvrage sur des colonnes ballastées permet de le
fonder comme sur du «bon sol» et donc de respecter les règles usuelles de fondations superficielles.
Les colonnes ballastées sont des colonnes constituées de matériaux granulaires, sans cohésion, mis
en place par refoulement dans le sol et compactés par passes successives (Fig. III.9). Ces colonnes ne
comportent en particulier aucun liant sur leur hauteur. Elles peuvent etre réalisées en maillages
réguliers ou variables, en lignes, en groupes ou même de manière isolée. Leur dimensionnement
tient compte du type d’ouvrage, de la nature des charges, des tassements absolus et différentiels
ainsi que de la nature du sol à traiter.
Cette technique est utilisée dans les sols cohérents tels que les limons et les argiles. L’introduction
latérale du ballast à la base du vibreur est réalisée soit gravitairement soit à l’aide d’une pompe à
graviers. Ce remplissage est effectué par couches successives tout en maintenant la vibration afin de
compacter le ballast et de continuer à refouler le sol. Dans certains cas particuliers, il est possible de
procéder à un remplissage complémentaire de coulis bentonite-ciment simultanément à la mise en
place du ballast à l’aide d’un tube latéral. L’ensemble de ces opérations est réalisé par passes
remontantes sur la totalité de la hauteur de terrain à consolider.
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rendant aptes à reprendre des charges issues de fondations. Le traitement d’un sol par colonnes
ballastées conjugue les actions suivantes:
augmenter la capacité portante du sol ;
diminuer les tassements totaux et différentiels ;
diminuer le temps de consolidation par création d’éléments drainant ;
diminuer les risques induits par les phénomènes de liquéfaction lors des séismes.
Les utilisations les plus fréquentes des traitements par colonnes ballastées concernent des ouvrages
où existent des dallages et radiers recevant des charges surfaciques et susceptibles d’accepter des
tassements :
halls de stockage ;
bâtiments industriels et commerciaux ;
silos et réservoirs de toute nature ;
ouvrages hydrauliques étanches (réservoirs, station d’épuration).
Par extension, on peut les utiliser sous d’autres types d’ouvrages dans la mesure où les déformations
résiduelles du sol traité et du sol sous-jacent sont compatibles avec la structure de l’ouvrage sous
l’exploitation et les prescriptions techniques associées :
en génie civil (routes, remblais, ouvrages d’art, murs de soutènement) ou maritime
(renforcement de fonds marins, lacustres ou fluviaux) ;
sous fondations superficielles de bâtiments.
Elles peuvent également être utilisées dans des remblais hétérogènes non évolutifs, où un traitement
systématique avec un maillage régulier et adapté permet d’en améliorer et/ou homogénéiser les
caractéristiques, afin de les rendre aptes à fonder superficiellement les ouvrages projetés.
Il est également possible d’utiliser les colonnes en zone sismique où elles peuvent contribuer à la
diminution du potentiel de liquéfaction des sols, et à l’augmentation de résistance au cisaillement.
La contrainte latérale fournie par le sol encaissant est un facteur déterminant dans l’exécution et le
comportement de la colonne vis-à-vis de la rupture.
les colonnes ballastées ne doivent pas être utilisées dans des terrains présentant des risques
de perte dans le temps des caractéristiques volumétriques et/ou mécaniques, notamment les
décharges d’ordures ménagères, les tourbes et, de manière générale, les sols présentant une
perte au feu supérieure à 5%, au sens de la norme XP 94-047 ;
à moins de dispositions spécifiques particulières, telles que préchargement, consolidation,
étude spécifique de compatibilité, le traitement par colonnes ballastées dans des sols
fortement compressibles (vases et argiles molles) d’épaisseur supérieure à 0,50 m et
présentant des caractéristiques faibles (Cu < 20 kPa ou qc < 300 kPa) n’est pas envisageable ;
dans tous les cas, il sera nécessaire d’effectuer les vérifications de dimensionnement
indispensables en termes de rupture de la colonne et de déformation, telles qu’elles sont
présentées au chapitre 5 de ce document, et de prendre en compte les contraintes
particulières du site.
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1.3.6.4 Matériaux d’apport
Les matériaux d’apport doivent être de qualité et de granulométries contrôlées et les plus
homogènes possibles.
Le choix se portera sur des graves naturelles, roulées ou concassées.
Les caractéristiques minimales des matériaux d’apport sont les suivantes :
LA < 35 …………… (LA : essai Los Angeles, norme NF EN 1097-2)
MDE < 30 ………. (MDE : essai Micro Deval, norme NF EN 1097-1)
LA + MDE < 60
La granulométrie dépend essentiellement du matériel. Les vibreurs avec alimentation en pied y sont
plus sensibles : une granulométrie inadaptée est source de bouchons dans le tube.
On peut retenir les valeurs indicatives suivantes :
vibreur à tube latéral de remplissage par le bas : en termes de fuseau granulométrique, le
plus couramment utilisé est le fuseau 8/40 ;
autres procédés : en termes de fuseau granulométrique, celui qui est le plus couramment
utilisé est le fuseau 20/75.
Le critère de propreté est le suivant : les passants inférieur à 80 μm est inférieur à 5%.
L’épaisseur minimale d’un matelas de répartition (Fig. III.10) en matériaux granulaires est de 40 cm.
Dans le cas des dallages, la partie supérieure du matelas de répartition a au moins les caractéristiques
d’une couche de forme, au sens du D.T.U. 13.3 et du Guide GTR92.
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Dans le cadre de ce document, on retiendra en particulier pour la couche de forme que :
les matériaux de classe F (norme NF P 11-300) ne sont pas admis ;
l’épaisseur minimale est de 25 cm ;
le module d’élasticité EV2 est supérieur à 50 MPa.
Il appartient au concepteur de l’amélioration de sol de définir l’épaisseur et les caractéristiques
minimales de ce matelas par rapport au sol traité.
Il est rappelé à ce propos que les critères intervenant pour le calcul d’un matelas de répartition sont
d’une part sa résistance au poinçonnement (si nécessaire), d’autre part l’épaisseur et le module
d’élasticité.
Le concepteur du dallage devra vérifier que l’épaisseur et les caractéristiques du matelas sont
suffisantes vis-à-vis des impératifs résultant des sollicitations du dallage, notamment le
poinçonnement, et qu’elles restent supérieures aux minima requis par les textes normatifs relatifs
aux dallages (NF P 11-213 réf. DTU 13.3 dallages).
Le matelas de répartition peut être mis en place totalement ou partiellement avant exécution des
colonnes ballastées : il sert alors de plateforme de travail.
Cependant, le compactage final, le retraitement et éventuellement le complément en épaisseur pour
constituer la couche de forme doivent être réalisés après les colonnes ballastées, afin d’assurer un
nivellement et des caractéristiques conformes aux éléments du projet.
Dans le cas d’ouvrages à charges réparties uniformes, les colonnes sont disposées selon un maillage
régulier, généralement carré ou triangulaire.
Le maillage dépend des caractéristiques géotechniques et des charges appliquées.
Dans certaines circonstances de caractéristiques géotechniques et/ou de chargement, une partie des
ouvrages peut ne pas reposer sur un terrain traité dans la mesure où les tassements absolus et
différentiels entre zones traitées ou chargées différemment restent compatibles avec la structure et
son exploitation.
Le dimensionnement des semelles est fonction à la fois de la contrainte admissible et du tassement
admissible après traitement de sol.
Pour qu’un sol puisse être considéré comme traité par des colonnes ballastées, et quelle que soit
l’action recherchée, la maille de référence la plus grande doit être de 9 m² d’une part, et, le taux de
substitution doit être supérieur à 3% d’autre part.
Pour une semelle filante comportant une seule rangée de colonnes et dépourvue de matelas de
répartition, l’entraxe maximal sans justification spécifique est de 2,5 m.
La maille de référence minimale est de 2,25 m².
Pour les semelles filantes et les groupes de 2 à 5 colonnes, l’espacement entre axes de colonnes n’est
pas inférieur à 1,5 ØCB et 1,2 ØCB m.
1.3.6.8 Dimensionnement
Le dimensionnement des colonnes ballastées est indissociable des caractéristiques du sol à traiter et
du procédé de mise en œuvre.
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Les justifications à apporter dans la note de calculs se rapporteront dans le cas général aux deux
critères suivants :
charge admissible globale sur le sol amélioré après traitement et justification des différents
types de fondations vis-à-vis de la rupture ;
tassement absolu des divers éléments de structure au sein d’un même ouvrage, justification
des tassements différentiels au sein de la structure ou entre structure et dallage, en fonction
des tolérances admissibles propres à chaque ouvrage et des règlements en vigueur.
Lorsque d’autres actions sont recherchées, la justification de ces effets doit être alors produite :
dans le cas de la liquéfaction des sols, il convient de démontrer que les colonnes ont réduit ce
risque ;
si l’effet drainant est recherché pour accélérer la consolidation, un calcul du temps de
consolidation est établi ;
dans le cas de la stabilisation de talus, le calcul porte sur la sécurité obtenue vis-à-vis des
glissements circulaires.
Les valeurs usuelles des paramètres autres que géométriques, et entrant dans les calculs, sont les
suivantes (Tableau III.2) (Remarque : Des valeurs différentes, supérieures ou inférieures, sont
possibles mais devront être justifiées par des essais appropriés.):
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Fig. III.11 ― Type de rupture.
Selon la méthode de Greenwood (1970) et, par analogie aux conditions triaxiales, la contrainte de
rupture effective « qre » par expansion latérale est donnée en fonction de la profondeur et de la
contrainte radiale « r » par:
La valeur de l’étreinte radiale résulte du contexte géotechnique ; cette valeur est estimée à partir
d’essais de laboratoire (essais triaxiaux) ou d’essais in situ (pressiomètre, pénétromètre statique,
scissomètre) lors de l’étude d’un projet géotechnique.
Exemple 01 : dans le cas du pressiomètre, la contrainte radiale « r » est estimée de la façon
suivante par couche de sol :
Où « qce » est la résistance de pointe équivalente calculée sur la hauteur de colonne dans chaque
couche selon la formule suivante :
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………………..(15)
La rupture par cisaillement généralisé peut être étudiée lorsque les caractéristiques de la colonne
sont relativement proches de celles du sol. Ce cas est peu fréquent, et le calcul correspondant n’est
pas présenté ici (Soyez, 1985).
La contrainte verticale régnant au sein de la colonne est maximale en tête de la colonne et décroît en
fonction de la profondeur (Soyez, 1985).
Dans un milieu homogène (une seule couche) caractérisé par la cohésion non drainée « Cu », la
contrainte verticale de rupture vis-à-vis du poinçonnement de la base de la colonne est égale à
9.Cu. On définit alors une contrainte maximale en tête « qrp » selon la formule suivante:
Où :
γc : poids volumique de la colonne ;
Lc : longueur de la colonne ;
Rc : rayon moyen de la colonne.
Où:
0 est la contrainte en tête de colonne ;
Avec :
γELU = 1,5
γELS = 2
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Dans le cas du pressiomètre, on pourra retenir par exemple :
Où « p0 = vt = v’ + µ» est la contrainte verticale totale au niveau considéré; v’ est la contrainte
verticale effective au niveau considéré; µ est la pression interstitielle au niveau considéré et qc est la
résistance à la pointe.
Remarque : Sous semelle, les colonnes sont toujours non flottantes au sens du critère ci-après.
On considère qu’une colonne n’est pas flottante quand elle s’arrête dans un horizon caractérisé par
Cup supérieure ou égale à 150 kPa (soit environ Pl* ≥ 0,8 MPa ou qc ≥ 2,5 MPa) ou tel que 9.Cup > qr.
Remarque : Dans tous les cas, il est nécessaire de calculer et de prendre en compte le tassement sous
les colonnes.
a) Contrainte de rupture
A l’ELS, la contrainte verticale admissible « qaELS » dans la colonne est obtenue par application d’un
coefficient de sécurité de « Fs = 2 » sur la contrainte verticale de rupture qr :
A l’ELU, la contrainte verticale maximale (ultime) « qaELU » dans la colonne est obtenue par
application d’un coefficient de sécurité de « Fs = 1,5 » sur la contrainte verticale de rupture qr :
Remarque :
Les deux équations (24) et (25) [qr = 2.qaELS = 1.5.qaELU] permettent d’affecter un coefficient sécurité
de « Fs = 1,33 » à la contrainte admissible à l’ELS :
qaELU = 1,33.qaELS…………………………………………………………(26)
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1.3.6.8.4 Evaluation aux ELS des contraintes et des tassements
Remarque :
les deux méthodes ci-après ((a) : Méthode d’homogénéisation pour les dallages et radiers soumis à
un chargement uniforme infini et (b) : Méthode pour le cas des colonnes sous semelle à charge
verticale et centrée) ne sont a priori valides que si :
la surcharge apportée au sol entre les colonnes (calculée par les dites méthodes) reste inférieure
à la contrainte admissible pour le sol non traité ;
les colonnes sont arrêtées sur une couche plus compacte. En effet, on considère qu’une couche
est plus compacte quand elle est caractérisée par Cup supérieure ou égale à 150 kPa (soit environ
Pl* ≥ 0,8 MPa ou qc ≥ 2,5 MPa) ou telle que 9.Cup > qr.
a) Méthode d’homogénéisation pour les dallages et radiers soumis à un chargement uniforme infini
Après réalisation des colonnes, le tassement de chaque couche « i » au centre de l’ouvrage s’écrit :
…………………………(27)
Et la valeur de la contrainte dans la colonne au niveau de la couche i (ci) peut être donnée par :
……………….……….(28)
où :
ai : pourcentage d’incorporation (rapport des sections), dans la couche i considérée ;
Ecol : module d’Young de la colonne ;
Esi : module d’Young de la couche i considérée ;
si : coefficient de Poisson de la couche i considérée ;
t : contrainte verticale moyenne apportée par l’ouvrage ;
hi : épaisseur de la couche i.
Remarque : Dans le cas où on dispose d’essais œdométriques en laboratoire (module œdométriques
du sol i : Esoli ), les formules précédentes deviennent :
……………………………(29)
et la contrainte dans la colonne au niveau de la couche i (ci) peut être donnée par :
……………………………(30)
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Remarque : Dans le cas où on dispose d’essais pressiométriques (module EM, coefficient ),
conformément aux recommandations de la Société Internationale de Mécanique des Sols et de
Géotechnique, on assimile le rapport EM /au module oedométrique. Dans l’hypothèse classique
d’une valeur du coefficient de Poisson de 1/3, le module d’Young du sol Es est alors égal aux 2/3 du
module oedométrique. Les formules précédentes deviennent :
……………………………(31)
et la contrainte dans la colonne au niveau de la couche i (ci) peut être donnée par :
……………………………(32)
……………………………(33)
et la contrainte dans la colonne au niveau de la couche i (ci) peut être donnée par :
……………………………(34)
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et que le tassement total (Σwi, augmenté le cas échéant du tassement des couches situées sous la
base des colonnes) reste inférieur aux valeurs fixées par les conditions d’exploitation.
Remarque :
Si les charges varient par zones et/ou si la stratigraphie n’est pas homogène, il faut vérifier aussi
que les tassements différentiels sont acceptables.
Dans le cas où les colonnes ne sont pas arrêtées dans une couche plus compacte, une justification
particulière sera proposée.
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