Azim 51-80
Azim 51-80
Azim 51-80
En avril 1982 , une rest aurat ion mineure dut être entreprise à la base de la façade int érieure du
pylône d'Opet : au môle nord, en effet. deux bl ocs de l'assise inférieure, déchaussés par une excava-
tion ancienne pratiquée sous le monument. men aça ient de s'effondrer (Pl. 1/A et I/B). Ces travaux
fournirent l'occ asion d 'un examen plus détai llé de l'a rchit ecture et de la structure de cet édifice. et
posèrent le problème de sa datation : le prése nt a rticle expose les conclusions atte;ntes .
Constatons dès l'abord un fait: si l'o n peut d' un strict point de vue technique étudier ce pylône
comme un monum ent isolé, il n 'est pas possible , par contre , d'envisager son histoire et sa datation
sans tenir compte des autres édifices qui, en l'accompagnant, composent la partie antérieure du
temple d'Opet. entre l'enceinte de Nectanébo 1 e t l'accès aux sa ll es intérieures et aux sanctua ires.
C'est donc les faits connus à leur sujet qu ' il convient d'e xaminer en premier lieu , afin de pouvoir défi-
nir la place qu'y occupe chronologiquement le pylône l .
1. LE CONTEXTE ARCHITECTURAL
D'ouest en est, le premier élément m a rqu a nt l'axe pr incipa l du temple est une rampe de grès
bordée de murettes précédant une porte monumental e ménagée dans l'enceinte de brique du
domaine d'Amon l dont la construction, bien que quelques assises seulement en subsiste nt
1. Il ne nous a pas été possible au moment de la rédaction de ce t arti cle d'e fTectuer sur pl ace en Egypte les der-
nières vérificati ons nécessai res, qui auraie nt permis de préciser davan tage descriptions et hypothèses et l'on sait
combien, quand il s'agit d'a rchit ecture, les so urces bibliographiques so nt in suffi sant es. Ce handicap a pu heureu-
sement être en grande parti e surmonté grâce aux co ntrôles que J.-C1. G olvin a bien voulu amicalement efTectu er
sur le monum ent. aux inform ati ons qu 'o nt accepté de nous communiqu er J.-C1. Goyon , N. Grim al et CI. Trau-
necker, et aux facilit és que nous ont acco rd é B. Hell y et le Professe ur 1. Lecla nt pour accéder à la documentation
du COllège de France: nous tenons à exp rim er à chac un ici notre plu s vive gra titude .
2. Cette porte monum entale et ses abo rd s so nt étudi és pa r Varille . La ~ ral1de po rt e du t emple d'O[l('/ à Kar-
nak, dans ASAE 53 /1 (1953), 79 - 118 et PL 1 il XXXIII. Pou r la rampe d'accès. p. 80 et PL II.
KARS AK \îll Edill On\ Rec he rch e \ur le ... ( 1\ 11 1\(;1 1IlIn ... , 19X 7
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que celles des pierres qui pavent la cour à ses abords lo (PI.II/B), et comporte dans sa partie est une
aujourd ' hui , peut être a ttribu ée sans éq uivoqu e à Nectanébo 1) ; elle fut re ma niée sous les Ptolémées
etite rampe montant depuis l'aplomb de la dernière colonne jusqu'à l'alignement du bloc à corniche
qui renouvelèrent son décor '. p . , . "
et au niveau de la seconde co ur (Pl .II1B) . La porte axiale du pylône mise a part, on pouvait penetrer
ll
dans cette première cour par deux accès ménagés dans ses murs nord et sud .
Cette porte est suivie d' un porche à quatre cOlonnes s, malheureusement très détruit, qui s'ap-
puyait au pylône. Il présente deux états successifs: les colonnes et les murs-ba hut qui les relient e n
H. Chevrier décrit de la mani ère suivante le passage d'une cour à l'autre, a u moment de sa
premier lieu, pui s une porte en avant de ces éléments au nom de Ptolémée XII Neos Dionysios (Pl. III
découverte: " ... un kiosque à colonnettes très minces accédant à un plan incliné très doux d'abord , et
A)". On franchit ensuite le pylône pour pénétrer dans un vaste parvis à ciel ouvert, limité à l'est par le
constitué de dalles de grès. Ce premier plan incliné accède à une partie horizontale dont les côtés de la
mur de la salle hypostyle du temple, et par deux murs de grès au nord et au sud. Les dallages et bases façade comportent une corniche dont il reste un é lément ll . Plus à l'est, le plan incliné reprend mais
de monuments qui l'occupent sont extrêmement dégradés, mais, néanmoins, deux cours devaient s'y plus raide et constitué non pas de dalles de grès, m ais tai llé dans un naos de granit, probablement de la
succéder d'ouest en ese. XVIII' dynastie" I). La disposi tion de la seconde cour est difficilement lisible , son dallage ayant pres-
que entièrement disparu l ' ; la structure la plus nette est, dans sa partie centrale et contre le mur de la
Dans la premi è re se dressait un kiosque à quatre colonnes, dont le seul fragment datable est un salle hypostyle, une fondation faite de plusieurs assises de blocs de remploi conçue pour supporter un
mur-bahut redressé dans la travée nord et gravé d'un décor attribué à l'époque de Nectanébo J8
édifice aujourd' hui détruit (Pl. Ill/A).
(Pl. II/B) . Ce kiosque devait se prolonger vers l'est et s'appuyer sur un mur nord-sud séparant les
deux cours, mur dont il ne subsiste qu 'un bloc couronné d'une corniche basse dans le prolongement La majorité des remplois enfouis ici appartient à une chapelle d'Aménophis II , où la mention
du mur-bahut nord 9 (Pl. 1111A). Son dallage est constitué de blocs de grès de plus grandes dimensions l
d'Opet est bien attestée l s • Par ailleu rs, d'importants blocs au nom de T aharqa ont été découverts •
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dans les fond ations du temple qui, dans son dernier état, fut édifié à l'é poque ptolém aïque • Enfin,
3. T ous les au teu rs s'accordent sur cette attribution: Varille, op. cil. 80: C. De Wit, L es inscriplions du lemple
ri 'Opel à Karnak, Bru xe ll es ( 1958) l, VI: Ch evrier, ASAE 49 (19 49),5. C'est également l'opinion que nous ont com- 10. CI. Traun ecker. op. cil .. p. 40: "Dans le dallage entre les deux premières colonnes (du kiosque),légèrement
muniquée J-C1 . Goyon et CI. Traunecker. Voir aussi PM 11,2, p. 245, où la porte est dite "usurpée" de Nectanébo 1. décalée vers le sud, est encastrée la base en quartzite d' une "statue guérisseuse". Ce socle malheureusement ané-
4. Varille, op. Cil., 80: men ti on des noms de Ptolémée III et Bérénice sur la paroi nord du passage, p. 84, et Pto- pigraphe est bien conservé. On remarque le bassin destiné à recueillir l'eau dont on a aspergé l'image sainte, et ses
lémée Il sur la paroi nord de l'ébrasement, p. 85 e t 116. Cf aussi C. De Wit, Opel 1II , lnlr., et PM Il,2, p. 245. Selon rigoles collectrices. Une profonde engravure entouran t les rigole~ au sud, à l'ouest et à l'est marque l'emplace-
une opinion dont J .-C1. Goyon a bien voulu nous faire part, se ules les parties correspondant au mur d'enceinte men t d' un naos en bois protégeant la stat ue. L' ensemble était orienté face à l'est. Dans le dallage près de l'angle
proprement dit étaie nt ac he vées sous Nectanébo (ca rtouches), et le décor a ensuite été mis en place sous un des nord- es t du socle une petite cuve en calcaire a été encastrée". Cet auteur signale en out re l'ex istence dans la partie
premiers Ptol é mées e t renouvelé sous Ptol émée III. CI. Traunecker, L es cryples du lemple d'Opel à Karnak, nord de la co ur d'une stèle de granit noir en très mauvais éta t, à la gravure fine et soignée, op . cil. p. 40 et n. 251.
mémoire de l'E PH E, in éd it (un exemplaire en est déposé au Centre Golénischefl), précise que l'on possède Il. La porte du nord. dont le seuil n'est qu'une assise courante du mur. s'ouvre sensibleme nt dans l'axe nord-
quelques blocs de la couverture de la porte aux noms de Ptol émée Il et d'Arsinoé, bien que ni Chevrier ni Varille sud de la première cour: celle du sud es t ménagée contre le mur disparu de séparati o n des deux cours. Selon
ne citent ces documents, p. 37 et n. 228. CI. Traunecker. op. cil. p. 38-39, cette porte du sud était précédée d'une rampe o u d'un escalier. Il note en effet que
5. Dès la porte de ecta nébo 1 franchie on rencontre au nord une stat ue de Sekhmet, un autel à cornes avec la façade sud du temple. achevée et décorée. montre que le niveau ex téri eur était environ un mètre plus bas que
so n esca li e r et un bassin bas, Varille op. Cil., 107 - 109. celui de sa première cour. Le décor s'interrompant à la hauteur de la porte marque ainsi l'emplacement du dispo-
6. Le nom de Ptolém ée XII ne date en fait qu'un décor et non une construction. Les deux états successifs peu- sitif d'accès au seuil. La rampe ou escalier précédant la porte du sud es t schématiqu ement indiquée su r le plan de
vent être ant é rieurs à ce roi, ou le premier seu lem e nt si la porte fut édifiée sous son règne . De toute façon, le Varille , op. cil .. PI. XXXIII, repris par C. De Wit. Opel, 1, p. 13.
porche a été construit après le pylône: il n'est pas lié à sa façade et en masq ue même une partie du décor. Cf PI. 12. Ce bloc. qui compo rt e à sa base un boudin horizontal, est visible sur les PI. liA, II/B , III/A , IV/A . IV/B ;
VIII/B . Les co lonnes so nt papyriformes simples (non fasciculées). Mais toute l'édification du porche peut aussi s'agit-il d'un rempl oi?
être le fait de Ptol é mée XII, si ses bloc's et colo nn es sont des remplois arrac hés à un monument démonté . On ne 13 . Chevrie r. ASAE49 (1949), 5.
peut donc préciser dava nt age la datation de ces div e rs élé ments, édifiés en un e ou plusieurs fois entre la construc-
tion du pylône et le règne de Ptol é mée XII. 14 . CI. Trau ne cker. op. cil., p. 40 note l'existence sur le dallage de cette seco nd e cour de deux tracés de murs
CI. Traun ecker, op. cil .. p. 37 n. 232 signale que les mentions de Ptolémée Il et III figurant dans PM Il, 2, p. 245 doi- (70 cm de large) la subdi visant en trois parties. Cf relevé Picker- Bi chet, op. cil.
vent être remplacées par celle de Ptolémée XII Neos Dionysios. Il remarque enfin, p. 37-38, que, d'après le pique- 15 . Ces blocs furent observés par Varille au début des années ci nqu an te, op. Cil., 80, n . 1 et 112,n. 1: il men-
tage de ses faces extérieures, la porte s'o uvra it dans un mur de terre nord-sud . La fouille des arases de brique visi tionne également des blocs au nom de Thoutmosis III. Cette dernière indication a depuis été. repri se par C. De
bl es à proximité permettrait peut -être de confirmer cette observation, à moins que ce mur n'ai t été prévu mais Wit, Opel 1, VI, qui les s itu e en dessous du se uil de la porte o ues t du temple. et P. Barguet , LA III , col. 347 (Kar-
ja ma is édifié . nak), mais ces blocs ne semblent pas avoi r été retro uvés depuis leur dé co uv e rte, cf Cl. Trauneck er, op. CIl .. p. 41.
7. Cf le rel evé effectué par M. Picke r e t J.-L. Bi chet. Karnak VI (1980),57 et fig. 21 après p. 58. C'est le seul 16. Remplois inédits et fragments de naos de gra~it rose, J. Lecla nt , Mon: Ihéb., p. 82, § 20: J. Lecla nt, ibid ..
re levé du pa rvi s existant ac tuell eme nt : bien que des plans ancie ns du temple d' Opet (o ù ne figurent que les espa- p. 82, B. mentionn e des frag ments d'architraves de gres portant un texte de dedl cace de T a~a rq a, qUI inCItent c~ t
ces intérieurs) ex iste nt, et que des sc hémas plus réc ents aient été publiés ava nt le relevé du Centre Franco-Egyp- auteur à envisager l'existence d'un tout petit kiosque de ce roi ou d'une colon nade-propylee de dimenSiOns tres
tien, Varille, à juste tilre, les considérait co mm e sa ns va leur, ASA E 51. 79 n.1. mod es tes. p. 346, n. 1. Ces archi traves auraie nt enco re été en pl?ce à l'époque de Psam métique Il , mais ne pour-
ra ient provenir de par leurs dimensions de la colo nn ade -prop ylee du temple de Khon sou, P. Bargud - J. Leclant-
8. P. Bargu et - J. Lecla nt-R obic hon, Karnak- Nord I V (FU'AO 25,1,1954), p. 85 n . 4 et fig. 112 (après p. 104). Ce
Robi chon, op. Cil., p. 105, n. 2. Cf aussi Varille, op . Cil., 80 n. l , P. Barg uet, LA III, col. 347 (Karna k): PM Il , 2, p. 251,
mur-bahut fit attribuer l'e nse mble de la constructioi1 à Nectanébo 1, PM IL 2, p. 245, mais encore une fois il peut
s'agir d'un remploi ne datanl pas l'éd ification du ki osq ue, qui peut être située entre les XXV' et XXX' dynasties. et CI. Traunecker, op. Cil., p. 41.
Ainsi C. De Wit , Op el " Inlr.. VI, indique qu e "les restes d' une co lonnade éthiopienne se trouvaient dans la cour à 17 . P. Barguet . Li III, col. 347 : " Dans so n dernier état, le temple est de Pt o lémée VIII Evergète IL mais Ptolé-
cie l o uve rt précéda nt la salle hypos tyle ". Selon J. Leclant. R echerches su r les monumenls Ih ébains de la XXV" mée XII, puis Auguste, y ont insc rit le urs noms". C. De Wit, Opel 1, VI, précise que la porte ouest, par laq~ elle on
pynaslie. Le Caire (1965). lexi e. p. 82. B. et fig. 21 p. 83. ce kiosque au rait pu re mplacer un édifice a nalogue datant accède à la salle hyposty le, es t au nom de Ptolém ée XII Neos Dion ys ios, de même que la port~ eS,t men ant a la cha:.
de T a ha rq a. Pour le lex te gravé su r le mur-bahut cf C. De Wit. Op el " p. 16 (R et S). pelle souterrain e. La co nstructi o n proprement dite du temple remonterait aux premiers Ptolemees, D. Mee ks, LA
III , col. 173: C. De Wit , Opel III, VII. Notons enfin que PM IL 2, p. 244 signale les titres de Cléopâtre li et III dans
9. En efTe t. un e fondation identique à ce lle qui porte le seul mur-bahut conservé entre les deux co lonnes du div erses parties du temple, mais attr ibu e celui-ci à Pt olémée VII par erreur . Cf CI. Traun ecker, op. 01., p. 51 pour
no rd montre que le kiosque se prolongeait ve rs I·est. ct: relevé Picker- Bich et, op. cil. Sur ce tt e fondation se lit le
seu il d'une porte permettant un accès latéral au kiosque depuis le nord. les noms de Cléopâtre Il et III.
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PYLONE DU TEMPLE D'OPET
54 KARNAK VIII
détruire, avant que les sols antiques ne soien t rendus inaccessibles par l'accu mul atio n des construc-
dans l'angle nord-ouest de cette seconde cour, une porte est ménagée dans le mur latéral l!.
tions ou des déblais. Et c'est alors, peut être, que le parvis du temple et son pylône furent si nett eme nt
arasés, s'opposant en ce la à l'aspect massif que les salles et sa nctu ai re s présenten t encore aujourd 'hui ,
On notera que, sur l'ensemble des deux cours qui forment le parvis du templ e d'Opet, les man-
bien que cette destruction ait pu être provoquée plus tard par l'aménagement des abo rds de l'édifi ce
ques du dall age sont d'une étendue considérable, surtout dans leurs parties latérales; par contre, il est
chrétien ou de maisons proches a Les blocs des murs latéraux et du pylône ont pu à toute époque, par
mieux conservé au long de l'axe du temple. Le chemin d'accès à la salle hypostyle dep uis le pylône est
pratiquement continu, comme le montrent les derniers relevés effectués l• (PI. II/B, III/A , III/B , IV/ la proximité des villages, servir de carri ère.
A et IV/B). Toutes les structures du parvis ont donc incomparablement plus souffert dans le temps
G. Legrain,le premier semble-t-il, se préoccupa à la fin du sièc le dernier de la préservation du
que les sa lles proprement dites du temple, et bien des questions resteront posé es tant qu'une fouille
temp le d'Opet, tombé en décrépitude dans un laps de temps très court en tre le passage de la CommIs-
systématique de s approc hes de ce monument unique dédié à Opet ne sera pas entreprise lo , les travaux e
sion d'Egypte qui le vit "sortir des mains de l'ouvrier, tant il est blanc et propre" et la fin du XlX
menés jusqu'à présent ayant, en toute logique, visé surtout à le dégager et à réparer le s domm ages
siècle; il était alors utilisé comme poste de police, prison et magasin d'antiquités, et noirci par la
qu'il subit au fil des siècles.
fumée d'un "fourneau de cu isine" lo. G. Legrain entreprit le dégage ment de ses abo rds, so n nettoyage
et sa consolidation)O Il dut même obtenir le déplacement d'une mosquée proche de sa façade nord)l,
et la destruction des maisons d'un village au sud et à l'ouest)) ; il mit aujo ur la base de l'édifice, décou-
II. LE DESTIN DU PARVIS ET LES PREMIERS TRAVAUX AU TEMPLE D'OPET
vrit son décor et la chapelle d'Osiris mais ne put, appe lé par des tâches autrement monumentales,
Lors de l'abandon progressif des cultes païens et des sa nctu ai res qui le s abritaient, les dégâts ac hever les travaux en cours.
provoqués par des causes naturelles ou des acc idents furent, semble-t-il, aggravés par une volonté de
destruction pure et simple animant les premiers chrétiens, qui voyaient les temples comme hantés Si M. Pillet ne semble pas être interve nu à Opet)), c'est à H. Chevrier que revint le mérite de
par les démons, au cours des Iveet v esiècles ll . Il n'est pas exclu que le parvis d'Opet ait eu à en so uffri r découvrir l'extension réelle des constructions vers l'ouest dès 1932-193Y', et la porte qui leur fait face
dès cette époque n , bien avant que des églises et de s couvents ne s' installent dans les rui nes des monu- dans l'enceinte de brique du domaine d'A mon )5 : puis, au cours des travaux de la sa ison 1947-1948,
ments pharaoniques à partir du VI< siècle lJ On sa it que le temple d'Opet fut alors aménagé en ermi- il dégagea le dallage du parvis et les vestiges du kiosque à colonne ttes qui s'y élevait)·. Enfin,en 1951,
tage ou en chapelle l ', en rel ation , peut-être, avec l'église inst all ée dans le temple de Khonsou 15, et que A. Varille entreprit l'étude de cette partie du temple et découvrit. ap rès un nettoyage de surface , le
les constructions chrétiennes de Karnak furent abandonn ées ve rs le début du XIW siècle l " mur-bahut de l'époque de Nectanébo 1 formant le côté nord du kiosque de la cour" . Le relevé d'en-
semble du parvis, que H. Chevrier jugeait "compliqué et long" )!, sera plus tard exécuté par le Centre
Au cours de cette première ph ase de destru ction de s Iv e et v e siècles purent être pratiqu és les Franco-Egyptien '., et ainsi s'achèveront les travaux de terrain effectués sur ce monument ava nt notre
nombreux creusements que l'o n constate si fréquemm ent à Kamak l7 , déchaussant et entamant intervention localisée au pylône 'O
même les fondations ph araonique s à la rech erche d'hypoth étiques trésors à piller ou d'idoles à
.18 . On not ~ ra près de l'angl e n.o rd- es t de la seco nd e co ur un e petile porte do nn a nt accès à l'esca li e r du temple ,
qUI est Indiquee sur le plan donne par Varille, op. Cil., PI. XXXIII , précédée d' un e pl ate-form e ou esca li e r (?): cf
auss I C. De Wlt , Op ell. p. 1 e t 13, e t J. Lecla nt , M on. Th éb. p. 83 (e n X'); C I. Traun ec ke r, op. cil . p. 39 signal e l'exis- 28. Legrain , Le lI'IlIple el les chapelles d'Osiris à A'arnak . dans RT l3 ( 1901). 66 .
~ence aussi .d' une porte ~ui aura it permis un e co mmunicati o n entre les deux cou rs sans emp runt e r l'axe principal ,
a proximite du mur lateral nord bordant le parvis. 29 . Legrain , ibid. 65-66.
19 Plu s de la mo iti e de la surface du dall age manque, cf relevé Pl cke r-Bl chet op CIl e t ICI PI l iA II/B IIIIA 30. " Le petit temple d'Opet est nettoyé et réparé comp lè temer.t", Laca u, Georges Legrain (/865-1917). dans
I11/B , IV/A, IV/B ' , ASAE 19 (1920>. 109.
, 20. Ainsi qu ' une étud e très déta ill ée du dall age ava nt so n é ro sio n tota le, bloc par bl oc, qui po urrait ê tre rich e 31. Cest dire à quel point les façades du temple étaient alors profondément ente rrées, de même que l'arase du
d enseignements et re ndre co mpte des trou s d'e ncastreme nt et autres détails qu'il co mport e. pylône et les vestiges du parvis .
21. L. O'Le ary, Th e deS lruClion of lemples in EfO'Pl, da ns BSAC 4 ( 1938), 56 . 32. Une photographie aérienne prise ava nt 1945 montre le temple d'Opet bordé de maisons au sud et à l'ouest;
une place de village occupe l'emplacement de son parvis, P. Barguet, Temple, PI. 1.
22 . Le cœur m ~ m e ~u te mpl e a urail de tout te mps é lé é parg né, mê me a u co urs des IVe/ve sièc les; ai nsi
Van Ile , op. CIl ., 79 ec nt . ". Ies sanctualre~ du lempl e d Opet, ses cha mbres late rales et sa sa ll e hypostyle co mpt e nt 33. Pillet a travaillé au dégagement et à la re stauration du temple de Kh onsou, ASAF 22,67 e t 256 ; ASAE23,
parmi le s ~onuments les mle~x co nserves de Karn ak"./". Par co ntre, la co ur de ce t édifi ce, la colonnade du par- 134; ASA E 24, 88.
VIS, ~e pylone el les sa lles ant e n e ures, re dull s a des arase me nt s, é taie nt , jusqu'à ces de rni è res a nn ées, peu vis i- 34. Chevrier, ASA E 33, 184.
bles . CI.}ra.un ec ke r, op. CI l ., p. 52 note que les bas- reliefs ex téri e urs so nt mét hodiqu e me nt mutilés alo rs q ue
ceux de 1 tnteneur du templ e so nt int ac ts. 35. Varille, ASAE 53/1. 79-118 et PI. I-XXXIII.
36. Chevrier. ASA E 49 (1949>. 4-5, p. 1. V et VIa.
23 . O' Lea ry, op . Cil., 51 et 54- 55. Cec i es t co nfirm é à Karn a k pour l'église aménagée dans l'Akh-Menou
Munier-Pillet, Les édifi ces chréliens dl' Karnak , dans REA 2 (1929),74 . Voir aussi à ce suj et R. Coquin , La chrislia : 37. P. Barguet-J . Leclant-Robichon, op. ci l., p. 85 n. 4 et fig. 112; Varille, op. cir., 80, n. 1. et J.Lec lant , Orienralia
nlsallon des lemples de Karna k, dans B/FAO 72 ( 1972 ), 173. Il se mbl e qu'auparavant les dest ru ction s sys té mati -
20 fasc .4 (1951>. 467-468 annon~aient une étude de ia partie ouest du temple d'Opet par A. Vanlle qUI malheureu-
ques n'a ient pas été légalisées ni e ncouragées, bien au co ntrai re , mais qu'elles n'a ie nt pu être e mp êc hées semen t n'a ja mais pu voi r le jou r. Cf aussi P. Barguet, LA' Ill. col. 347, n. 92 à 96.
O' Leary , op. Cil., 53. ' 38. Chevrier, ASA E 49 ,5: "L'étude de ce nouvelt>nsemble est assez difficile à déchiffrer. Il se mble impossible
24. R. Coquin , op. Cil., 178 et PI. 43-44 . avec ce qu'il en reste de rétablir même le plan anc ien" .
25 . Munier-Pillet, op. Cil., 61 ; R. Coquin, op. Cil., 177. 39. Cf supra. p. 52, n . 7.
40 . J.-c. Golvin, L 'œuv re du Cenlre-Franco-Egyprien d 'élUde er dl' resraurarion des lemples dl' Karnak de /967 à
26 . Munier-Pillet, ibid., 61.
/981, dans ASAE69 (1983>. 53 à 65.
27. Et do nt le re'T1pli ssage es t si fr éque mment associé à du matériel cop te.
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PYLONE DU TEMPLE D'OPET 57
III. LES TRAVAUX DE 1982
IV. DESCRIPTION DU PYLÔNE
Après un nettoyage préliminaire des abords de la partie à restaurer, il apparut d'e mblée que ce
qui paraissait être un terrier d'animal, tant son ouverture visible était réduite, constituait en fait une
Les fondations (Pl. VIA)
excavation s'élargissant et s'approfondissant à travers toute l'épaisseur des fondations du pylône41.
Leur structure est inattendue en ce sens qu 'elle comporte des lits de pierres de différentes natu-
Des traces d'outil laissées sur les blocs brisés des assises internes y étaient évidentes. De plus, ce net-
res. L'assise la plus profonde est faite de blocs de grès de faible épaisseur, grossièrement équarris et
toyage de surface a montré qu 'a u r.roit de l'excavation, une large portion du dallage de la cour a dis-
posés sur une couche de sable gris. Au-dessus ont été placés deux lits de bl~cs de c,alcaire à peine
paru sur toute son épaisseur; elle se trouve remplacée par de la terre non stratifiée contenant beau-
ébauchés : ni face décorée, ni fragment de parement n'i ndiquent que l'on SOIt en presence de rem-
coup d'éclats de pierre (Pl. Il A et liB) . Les fondations du pylône sous sa façade ont été entaillées net-
tement sur toute leur hauteur (Pl. VIA ). plois··. Enfin l'assise supérieure, qui forme débord de fondation, est faite de dalles d'un grès jaunâtre
et présente un ressaut marquant l'aplomb du pylône. On rencontre donc ici une fondat~on de type
bien connu, dans la mesure où l'on y retrouve des blocs de pierre disposés en couches hOrizontales et
Pour assurer la reprise en sous-oeuvre, on remonta en place les blocs basculés au moyen de
noyés dans du sable (sauf pour ce qui est de l'assise supérieure où ils sont liés au plâtre), mais originale
vérins, puis on les maintint en appui sur des poutres de bois pour pouvoir travailler sous le pylône. Il
néanmoins par le mélange des matériaux qui la composent 41.
fut ainsi possible d'établi r une série de piles de maçonnerie de brique et ciment soutenant le monu-
ment, dont l'assise supérieure de fondation ne formait plus qu'un "plafond" instable, aux calages for-
l Une maçonnerie de brique crue a aussi été découverte au pied du pylône; elle est nettement en
tuits· . Ces piles furent ensuite reliées de manière à former des soutènements continus et un mur
liaison avec sa fondation et s'élève sur la hauteur de ses deux premières assises (Pl. V/A). Il n'est pas
complet sous la façade fut établi, scellant définitivement l'excavation ; ses abords furent remblayés
possible, sur une fouille aussi localisée que la nôtre , d'en déterminer la nature 48, mais, en tout cas, elle
de gravier pour rendre à la cour, les manques du dallage mis à part, son aspect normaI 4).
n'a pas été coupée par la fondation , et s'y appuie au contraire; ces deux éléments sont en contact, et
trois lits de brique sont visibles· 9 .
Ces travaux donnèrent l'occasi on de procéder à un décapage de l'ensemble du parvis du temple
où subsistent, dans un état quasi désespéré, les vestiges évoqués44 ; les plantes parasites furent élimi-
nées, la terre de surface remplacée par du gravier nivelé, et quelques reprises locales effectuées. Mais
la sauvegarde complète des éléments de dallage et de colonnade conservés demanderait, après une
fouille totale, un traitement bloc par bloc qu' il n'était pas alors dans nos moyens d'entreprendre45.
46. Il n'a pas été, à notre co nnaissance, retrouvé de remploien calc~ire so.u~ le temple d 'Opet, mai.s le,fait de
n'avoir pas vu de blocs décorés ou parementés dans une excavation aussllocalisee que celle qUI f~t pratiquee so~s
le pylône n'est pas significatif en soi: il peut s'en trouver ailleu rs dans sa fondatiOn, que nous n aunons pu VOIr.
Envisageons donc par hypot hèse deux cas: . , _. .
- Si les blocs ne sont pas des remplois, il faut admettre que, pour la c~nstructiO. n d un p~lone rel ativement tardif
et de modestes dimensions. du calcaire ait été tout,spécialement extrail e n ca~ nere pour eta.blir une Simple fonda-
tion (d'ailleurs hétérogène puisque cette pierre n en constitue pas tous les lits). Cela parait peu~ probable, alors
que d' un point de vue technique tout autre matériau, de remploi ou non, pouvail convenir. La raison du chOIX de
la pierre obéirait alors à d'a utres impératifs: . , ,
- Si les blocs sont des remplois, d'où proviennent-ils? Dans ce cas, on peut penser que les blo.cs de ,c~I~~lre o~t ete
réutilisés parce qu 'i ls se trouvaie nt à proximité: auraie nt-ils été a rrac hés à un te mple pnmltlf dedie a la de esse
Opet ? On se souvie ndra que les remplois les plus ancie ns découverts portent les. noms de !houtmosls III et
d'Amén ophis Il, cf supra p.53 . n. 15, mais il ne s'agit semble-HI que de blocs de gres, et que 1 e~plO\ m aSSi f du
calcaire dans les structures a pratiquement cessé à Karnak avant le règne de ces rOIS, cf B.Letellier, BSFE~4, 86.
Peut-on alors supposer l'existence d'un premier te.mple d'Opet ,en calcaire, de ;o nstru~tI~n co~t~mpora1l1e ~u
antérieure aux plus anciens remplOIS connus, peut-etre au tout debut de la XVIII dyna~tle,' ~e~ elem 7nts de gres
de Thoutmosis III et d'Aménophis Il seraient venus s'y ajouter, pUIS le ~onument aurait e.t~ ~emont~ (au m01l1S
partiellement) et renouvelé, peut-être sous Taharqa dont le nom est SI frequem~ent ~ss?cle ~ celUI d Opet. Cf 1.
Leclant, Mon . Th éb., p. 224 pour la pratique des remplois à cette époq ue et la rarete de 1 ~tllisatiOn du calcaire alors
(voir aussi n . 1) : un seul édifice en calcaire de Taharqa est con.t:1u, J. Leclant, Mon. Theb. p. 126 § 35 et PI. LXXII-
LXXIII ' du même auteur MDAIK 37 (1981), 291 n. 16, et LA V, col. 162. .
Dans to~s les cas il est inutile de souligner l'intérêt qu'il y aurait pour l'histoire du temple d'Opet à exam1l1er de
41 . ,JusqU'à atteindre l'apl~mb de sa façade ouest; l'excavation mesure 2,50 m de largeur, et commence à 2 72 plus près les fondations de son pylône.
m de 1 angle sud-est du maSSif nord . '
47. La fondation est fortement débordante en escalier vers l'extérieur pour un monument de si petite taille: le
42; La ~echnique employée est, à petite échelle, celle qui fut appliquée au IX' pylône, cf M Azim, Les travaux débord des assises par rapport à la façade , du haut vers le bas, est respectivement de 0,27 m, 0,52 m et 0,87 m pour
au I~ pylone de Karnak en /978-/980, dans Karnak VII (1982),33 et PI. X p. 59. une hauteur totale enterrée de 1,28 m.
43 . En fin de compte, le môle nord du pylône est soutenu par deux murs parallèles nord-sud l'un sous sa 48. On pourrait penser à un caisson, mais on en voit malla nécessité pour des fondations aussi peu profo~des ;
façade est, l'autre selon l'axe du monument. ' de plus. ce système de construction ne se justifie pas à ~ a rn.ak, compt~ tenu de la nature d~ t rra1l1 . Devant 1 exca-
7
vation creusée sous le pylône cette maçonnene est detrulte : elle n est VISible que du cote sud, en coupe.
44. l?éjà H. Chevrier. disait qu 'i l n'avait pas osé toucher aux blocs de granit remployés dans le dallage "de peur
de les faire tomber en miettes", ASAE 49,5. Grès ou granit, l'état des pierres s'est aggravé depuis leur dégagement. 49. Au-dessus des briques ~t des deux premières assise.s de fondati,?n se, trouve ,u~e ~.asse de déblai mais
4~ .. 1I est à craindre, si auc~ne mesure ne peut être prise rapidement, que les éléments du parvis ne dispa:ais- aucune évidence d'une tranchee de fondatiOn (PI. V/A), SOit que le pylone n ail pas ete batl dans une cuve aux
sent aJamals; ce secteur devrail, en attendant une restauration complète, être fermé e t recouvert d 'u ne co uche de parois verticales nettes (peu nécessaire compte tenu de la faible hauteur de sa partie enterrée), soit que les traces
sable. de cette tranch ée aient disparu lors du creusement sous le monument. Ces hypothèses excluent de toute façon
l' un e et l'autre l'idée d'un caisson de fondation.
58 KARNAK VIII
PYLONE DU TEMPLE D'OPET 59
L'élévation
Le pylône du temple d'Opet est un édifice à structure massive, dont les parois extérieures for-
ment une enveloppe appareillée et traitée avec un soin relatiPS; le cœur de la maçonnerie est consti-
Son départ est marqu é, nous l'avons vu, par un décrochement dans l'assise supérieu re de la fon-
so tué de blocs de dimensions très inégales, grossièrement mis en place et liés par un mortier coulé par-
dation . Au-dessus, sur la faible hauteur conservée du pylône S' , les façades sont faites de blocs de grès
fois dans des joints irréguliers d 'une largeur énorme s9. Aucun remploi n'y apparaît, ni aucune marque
disposés en lits irréguliers et de hauteur variable, l'assise inférieure étant la plus mince . Les décroche-
de carrier 60 .
ments de plans horizontaux sont fréquents , de même que les retailles effectuées sur le chantier pour
adapter un bloc à son voisin déjà posé et les calages palliant les différences de hauteur des blocs mi s en
S2 La porte principale (PI. VIII A et VII/B)
œuvre . Les imperfections de taille des blocs et leurs épaufrures sont masquées par des masses de
mortier visibles en façade aujourd'hui . Lesjoints verticaux so nt irréguliers, et, dans l'appareil, domi-
D 'une ouverture en façade de 1,91 m, elle est soulignée de part et d 'autre par deux larges ban-
nent à chaque assise les blocs disposés en carreaux (PI. VlB) . Les parois so nt conservées s ur une trop
deaux plats légèrement saillants qui étaient décorés à l'origine, à l'est comme à l'ouest 61 . Les mon-
faible hauteur pour que leur fruit , peu accentué, puisse êt re exactement mesuré.
tants de la porte, comme c'est fréquemment le cas, ne sont en rien indépendants des môles 62 Son
seuil est fait de dalles de grès très érodées, de dimensions variables, mais plus grandes et plus réguliè-
Sur la façade extérieure (ouest) le départ d'un décor est nettement visible au môle nord s3 ; au-
res au droit de la façade d'entrée 63.
dessus d ' une triple bande de sol ses éléments comprennent la base de colonnes de texte, de figures se
faisant face , et de la représentation d'un roi effectuant une course rituelle orientée vers la porte du
La porte conserve sa largeur initiale entre tableaux sur une profondeur de 0,83 m 6', puis son pas-
pylône. Les bandes de sol sont gravées sur la quatrième assise. Plus bas, le pylône a été ravalé mai s
sage s'élargit de 0,14 m au nord et de 0,27 m au sud pour donner une largeur totale d 'é brasement de
non poli, et présente un état de surface qui appelle une finition par un enduit; d 'a illeurs, des traces de
2,32 m . C'est contre le massif sud que se rabattait son vantail unique 6s. La longueur totale du passage
plâtre sont restées accrochées par places sur les blocs de façade s,.
dans le sens ouest-est mesure 3,17 m ; les faces intérieures des montants étaient ravalées, et le tableau
nord décoré 66 •
Du côté de la cour, le ravalem e nt est général bien qu'irrégulier, et des piquetages locaux appa-
raissent : ou bien il s devaient être m asqu és par un enduit, ou a lors il s ont été pratiqués plus tard pour
ss 58. J . Lec la nt , Mon. Th éb ., p. 221 à 228 a nalyse les techniques é thiopienn es.
des raisons indéterminées . Qua nt aux petites façad es laté rale s, celle du sud est total emen t détruite ,
et celle du nord présente quatre ass ises brutes S6 ; cette dernière comporte le seu l boudin d'angle 59. Ce typ e de stru cture es t en fa it très fréquent a u long de l' histoire de s monumen~s égyp tiens . 1\ ne doit, pas
être réduit à un simple pro cédé technique visant à assu rer à un é,dlfice un bel aS,~ec t ext~neur se ulem~nt e n neglI -
achevé du pylône, à base carrée sur la haut e ur des deux premières assises, rond et ravalé ma is sans geant son remplissage, m a is à une conception volontaire de 1 arc hitecture, 1 edlfice etant envisage comme un
décor plus haut S7 (PI. VIB, VIlA et VIIB) . volume sc ulpté fait de pierres asse mblée s compte tenu de sa grande taille. G. Haeny, Egyptology and ~rchllecture,
in Egyptology and the social sciences, éd. par K, Week s, Amer. Un IV. In Calro Press (1979), p. 92 1 a fort bien
rappel é: " .. .Sto ne ofinferior quality could then be used In the core; only those nearer to the s urface had to be spe-
cially selected a nd weil dresse d at a il the joins to assure a pe rfec t fit. However, the extenor s urface was left raw and
worked over again only when the whole volume had bee n se t together. The architectural form was then sc ulpted
out of th e co mpo si te massj us t as a sta tue is ca rv ed from a si ngle block": Ces rem a rq~e s constlt~e~t un,e a pproche
pertinente des monument s égyptiens, et dépassent une conception fre quemme~t repandue ou 1 archl~ecture est
réduite à une somme de techniques de construction. EllesJustlfien~ la s,! ruct~re. I~tern: de nombre,ux edlHces de
50. PI. liB, VIA, VIB, mais ceci n 'est pas systématiq ue au long du pylône . toutes époques, qu ' il s'ag isse de "grandes périodes" ou de phases dites de d eclI n : meme slleur realI sa tlOn a pu
51. Elle correspond a u maximum à cinq assises, le pylône ayan t é té arasé de manière relativement régulière être plus ou moin s soig n ée, l'idée directri ce a toujours été d e donn er un aspect monolIthique au monument ter-
s ur tout e sa su rface, soit e nviron à 1,60 m . miné comme celui d'une sc ulpture . Et les états d ' inac hève ment que l'on rencontre parf~ls sur ses façades cO,rre s-
pond~nt à ce ux que l'on connaît s ur des statues qui ne furent qu'ébauchées. De plus, les etats de su~fa~e des edlfi-
52. PI. liA, [lB , VIB, VIIB, VIIII A . Certains de ces calages ne servent en fait qu 'à masquer en façade d'impor- ces consécutifs à leu r ruine , mettent en évidence des "imperfection s" dans la constructIOn qUI ~ 'e tal e,nt absolu-
ta nte s é paufrures.
me~t pas visibles à l'o rigine lorsqu ' ils étaient enti~rement ravalés , en~ults et peints. 1\ faut donc etre tres, pruden,t
53. PM II ,2, p, 245 (8) e t (9); C. De Wit , Opet [, p. 16 (Q) . Des vestiges de décor, ou tre la façade ouest du massif lorsque l'o n qualifie l'art de bâtir de telle ou telle epoque d e "grossier : ceso nt, seulement les moy:ns d arriver a
nord, so nt visibles s ur les é léments de la porte (ba ndeau qui la soulig ne e n façade o ues t, côté nord, tableau nord, un même rés ulta t qui étaient diffé rent s, et ces rem a rques s'appliquent pa rticullerement bi e n au pylone du temple
bandeau en façade est a u môle sud) e t par traces s ur la façade orientale du massif s ud. T o us ces décors comme n- d ' Opet. . ,
cent à la quatrième assise, PI. VIB, VIIB, VII/B, VIIIIB et [X/B . 60. Au so mmet du môle nord subsistent les restes d ' une fondatio? de blocsde pierr~ remployes , poses sur.son
54. Ceci est vrai pour les bl ocs décorés de la 5' assise a ussi, cf PI. V/B. arase et prolongés par des briques, témoignant d ' une construction tres tardive Implantee sur les rUines du pylone ,
L' un de ces blocs, près de la porte principale, faisait à l'origine partie de l'escalIer du monument.
55. En pa rti c uli e r à la 2' assise de la face est du m ô le nord, PI. liA et [lB , et localement vers le milieu de la
faça d e est du môl e sud, s urtout a u x 3' e t 4' lits, PI. liA , [VIA, e t [X/B . 61. Cf supra, n . 53, p58pour la position de s décors encore visibles. La largeur des bandea ux à l'o uest est de 1,00
m a u nord et 0,98 m au s ud , et leur débord est de l'o rdre de 4 cm.
56. PI. VII A, VIIB, [XI A. Ce tt e face nord d evai t ê tre m asq uée par une cons tru c tion adjacente ou une e ncein te
de briqu e c ru e; e lle ne porte a ucune trace d'un éve ntu e l end uit com m e dans le cas des façades ravalées et déco- 62. Contrairement à une généralisation hâtive de J. Lauffray, Karnak VI (1980), 16.
rées. On no tera l' imp orta nce d e son débord de fondation , PI. VIIB. Côté sud,la petite face latérale est détruite (PI. 63. Là de grandes da lles jointives, orientées est-ouest, remplacent le grand seuil monol!thiq~e transversal
VII A e t [XI A) , e t se ul e une fouille permettrait de savoir s i un e fondation de brique s'y rattachait, et si le cas que l'o n t~ouve fréquemment à l'entrée des pylônes. Plus loin vers l'est les dalles sont plus IrregulIeres, plus petr
éc héa nt elle était e n ra pport avec un mur de brique nord-sud partant de l'encei nt e s ud de Nectanébo, Karnak V tes et orientées nord-sud pour la plupart. Certaines des dalles de l'e ntrée (à l'ouest) sont, en fait , des blocs de, ~
(1975), fig. 11. Devant l'a ngle nord du pylône, des murs d e brique cuit e semblent s 'être acc ro chés à la façade ouest fond ation du pylône qui passe nt sous les montants d e la porte, ce qui laisserait supposer que cette fondation a ete
(on en voit les vestiges s ur la PI. V lB), P. Anus-S aad , Fouilles aux abords de l'enceinte occidentale de Karna k dans jetée d'un seul ten a nt , et non en deux parties limitées chacune à u~ môle, comme, c'est le cas pour des mo~~~e~t~
Kémi 19 (1969),227 et PI. [ ap rès p. 20; ils se ra ie nt d'époque gréco- romai ne ou c hrétie nn e, Kémi 20,88 . 1\ es t dom- beaucoup plus grands (par exemp le à Karnak les Il ' , IX' et X' pylones, cf M . AZlm, Karnak VII, 42, 131 , .
mage que ces fouilles n'aie nt pas é té publiées plus en détail, ca r elles auraient pu nous renseigner peut-être sur les sondage permettrait de vérifier ce point.
constructions qui jouxtaient le parvis e t éc lairci r le rôle des deux portes ménagées dans son mur nord.
64, Au sud , mais 0,77 m seulement au nord où une retaille fa usse la dimension d'origine ,
57 . Les deux boudin s d 'a ngl e du môle sud ont di spar u . Au nord, le boudin Oe l'angle nord-est est à sec ti o n ca r-
65. Dans le montant nord s'ouvre à la 4' assise un logement de serrure de 12 cm de haute ur, 8 cm de largeur et
rée sur toute sa ha uteur et n' es t pas rava lé. M ais ses dimensions sont trop faibles pour qu'on ait pu y sc ulpt er un
14 cm de profondeur. .
boudin rond d e m ê me di a m ètre que ce lui de l'angle nord-ouest , ce qui laisse à penser qu'il a pu être terminé à
l' o rigin e co mm e le précéden t puis retaillé plus tard, e t non l' inverse. 66 . La face nord de l'é brase ment n'es t pas co nservée s ur une hauteur suffisante pour que l'o n sache si elle était
décorée ou non , PI. VII/B. Sa face sud est complètement éclatée en surface, PI. VIllA.
60 KARNAK VIII
PYLONE DU TEMPLE D 'OPET 61
L'escalier (fig. 1)
Les mâts à oriflammes
Il prend son départ à l'extrémité du môle nord, dans la première cour, puis tourne à angle droit
Jusq u'à présent, la brève description qui précède a mis en évidence, à l'entrée du temple d'Opet,
pour s'élever dans l'axe du monument vers le sud 6 7 ; il s'ouvre par une petite porte dont le seuil est
les vestiges de tous les éléments constitutifs habituels d'un pylône: deux massifs talutés enserrant
taillé dans la deuxi ème assise de la façade , et qui n'est soulignée d'aucun bandeau ni décor
une port e axiale, un escalier intérieur, etc. Mais l'un d'entre eux, pourtant caractéristique, fait ici
(PI.VIII/A). Ce seuil est rehaussé de 8 cm par un ajout de grès lié au plâtre, de 12 cm de largeur, et
défaut : c'est le logement des mâts à oriflammes68 . En effet, la façade principale n'est pas, comme il est
co ntre lequel butai t la porte refermée. Le logement de la crapaudine est situé dans l'angle nord-est du
de coutume, interrompue par les profondes rainures verticales destinées à les recevoir, et ne présente
palier, derriè re le seuil, e t implique donc une porte s'ouvrant vers la droite. Le débattement néces-
aucune base pour cela. Seules deux encoches de faible profondeur, qui démarrent au sommet de la
saire de cette porte a cond uit à reculer la première marche de l'escalier de 20 cm par rapport à l'angle
seconde assise, figurent symboliquement en relief dans le creux la présence de deux mâts 69 • Nous
de so n noyau. Les marches suivantes, de 25/26 cm de pas, montent ensuite régulièrement de 18 cm
sommes là devant un cas unique à notre connaissance 7o , bien que dans de très rares cas des pylônes
chacune, la cinquième éta nt la dernière conservée a ujourd'hui . Les blocs qui forment l'escalier font
sans m âts réels ni symbolisés aient été élevés 71•
partie intégrante de la maçonnerie du pylône, et tous leurs joints sont, là encore, remplis de mortier. \
Ses parois, verticales, n'o nt pas con nu de rava lement définitif mais l'appareil de l'ensemble est ic i,
Les parties hautes
co mm e pour les façades, beaucoup plus soig né que le remplissage du monument.
Dans l'état actuel du monument, il est impossible de donner quelque renseignement que ce soit
quant à ses parties hautes, terrasses accessibles par une ou deux volées d'escalier, couronnement, lin-
teau de la porte, etc. La seule certitude est que les trous d'ancrage des mâts n'existaient pas. En tout
cas, compte tenu de sa structure, il est improbable que ce pylône ait comporté des chambres intérieu-
- - \ 25 25 25 26 82 res ou des cryptes 71 •
\
N \
00
1
\ ~-I 0
5 4 3 2
- ---- / 1
~
.-
\
\
1
(
/
"
n 1
1
crapaudine
pro f . 18em
-t--
seuil+ 8em /
68. D . Arnold , L4" II , col. 257-8 (Flaggenmasten) .
69 . On ne peut dire sur la faible hauteur conservée (3 e et 4e assises, Pl. VlII/B) si les côtés de ces e ncoches sont
verticaux ou convergent vers le haut, donc si c'est la rainure qui est figurée ou le mât lui-même, o u encore ces
60 5 ) deux éléments simultanément. Au nord, ce bas-relief n 'excède pas 2 cm de creux, et mesure 62,5 cm de large. Le
relief du mât est figuré par un e courbe très plate . Ce motif est distant de 40 cm du_bandeau s?u lignant la porte d,u
pylône . Côté sud, l'encoche mesure 75 cm de largeur, à 36 cm du bandeau sud. Meme SI les dimenSIOns sont dlfTe-
1 1 rentes au nord et au sud, les axes de ces encoches sont situés à une même distance de celu i du pylône : 1,71 m.
N~ 70. La figuration de mâts symboliques ne doit pas être liée aux faibles dimensions du monument, 22,45 m de
long pour 3, 10 m d'épaisseur : des monuments plus petits présentent quatr~ encoc~~s réel!es en façade , comme le
pylône é thiopi en du petit temple de Medmet Habou. Sa lo ngueur n'est guere supene ure a 16 m , J. Leclant, Mon .
Th éb., p. 146, fig . 27, p. 147 et Pl. LXXXII.
71. Ainsi le pylône de pierre du temple de Ouadi es Seboua, édifié en Nubie sous le règne de Ram sès II , Gau-
thier, Le temple de Ouadi esSeboua, Les temples immergés de la Nubie, Le Caire (1912). L'auteur note sa ns co mm ~n:
Fig. 1. Schéma du départ de l'esca lier dans le môle nord du pylône . taires, vol. 1p. 47: "Lafaçade ne porte pas de traces des rainures vertica les qui servaient habituellement, de chaque cote
de la porte centrale, à dresser les mâts à banderoles ". D e plus, le décor est co mplet sur la façade et occupe l'emplace-
ment m ême où des mâts réels ou symboliques auraient pu figurer , cf vol. II Pl. l, IXIA , XIV, XVI A, XVI, XIXIA ,
XXI et XXIV . Selon le plan donné PI.A, l'autre pylône (de brique crue) n'en comporterait pas non plus. V.oir auss,i
Weigall , A ntiquities of lower Nubia , 1906-1907, Oxford (1907), Pl. XL VII . Un cas analogue. semb le se present.er a
67. La façade est du môle nord est ravalée jusqu 'à la porte d 'entrée de l'escalier. Entre cette porte et le mur laté- Mit Rahin eh, J. Jacquet, The architect'sreport, p . 52 à 54, plan et vues Pl. 6, 14a, 20, 21,22,23 ln Anthes, Mil Rahlneh
ral no~~ de la c~ ur, seul~ une étroite bande vertica le est dressée sur l~ hauteur des 3 e et 4· assises, le reste de la sur- 1956, Philadelphia (1965).
face n tant ,q u é~auche, Pl. V III 1 On n~tera sur cette planche qu une entaille profonde a été pratiquée sous le
7 !'. 72. Compte ten u de la faible épaisseur du pylône à sa base, du fruit lui-même faible de ses façades, et de la lar-
seuil d entree, faisant , là, dlsparaltre le debord de fondation . geur de son escalier intérieur (0,82 m ), le passage au-dessus des linteaux de la porte devait être particulièrement
étroit.
PYLONE DU TEMPLE D'OPET 63
62 KARNAK VIII
Chronologie relative des constructions du temple d'Op et jusqu'aux Lagides C'est à ce moment de l'histoire égyptienne que la porte de Nectanébo 1 fut renouvelée sous les
règnes de Ptolémée Il Philadelphe et Ptolémée III Evergète le" et que toute la partie orientale du
80
Compléter notre connaissance du pylône d'Opet implique maintenant de tenter de déterminer temple, la plus ancienne, fut rebâtie sous Ptolémée VIII Evergète Il ou un peu avant • Plus tard Ptolé-
qui en fut le bâtisseur, donc d'entreprendre dans ce but deux démarches successives: en premier lieu, mée XII Neos Dionysios grava son nom sur le porche d'entrée, sur le pylône, et décora la porte d'accès
examiner comment s'intègre ce monument en chronologie relative dans l'ensemble des construc- à la salle hypostyle 81 . Mais il convient ici d'insister sur le fait que la construction ptolémaïque, qui
tions qui précèdent la salle hypostyle, les salles et sanctuaires du temple, et ensuite d'affiner les résul- forme un ensemble parfaitement homogène, ne comprend pas seulement la partie est du temple
tats obtenus en comparant son pylône à des édifices analogues dont les vestiges ont pu, sur d'autres (salle hypostyle, escalier, chambres, sanctuaire et cryptes), mais se prolonge vers l'ouest par les deux
sites, être étudiés en Egypte. murs qui bordent son parvis au nord et au sud. Les maçonneries des parois extérieures du monument,
qui enserrent aussi bien ses éléments orientaux que ses deux cours en avant, sont bâties d'une seule
Dans l'état actuel de nos connaissances, le sanctuaire le plus ancien qui ait été dédié à Opet, sur venue, avec une technique constante, et sans rupture d'appareil ou de décor'l. Il s'agit donc bien
l'emplacement actuel sans doute, fut l'œuvre d'Aménophis II et peut-être de Thoutmosis III 13 . On structurellement d'un tout homogène dont les murs latéraux viennent simplement prendre appui sur
ignore tout de son organisation et de son aspect, mais il devait toujours remplir sa fonction au cours de le pylône, sans liaison (Pl. IX! A). Le mur extérieur sud vient même masquer une partie du décor
8
la période ramesside, car la présence d'un clergé y est alors attestée 74 • Taharqa ensuite compléta ce d'origine du pylône (Pl. IX/B), dont l'antériorité est, par conséquent, indiscutable ] .
temple primitif ou le reconstruisie 5•
Ensuite, les maçonneries des murs latéraux et du pylône sont mises en œuvre selon des techni-
Ce sont des blocs de remploi qui témoignent de l'existence jadis de ces constructions, qui furent ques totalement différentes. A celle que nous avons décrite plus haut pour le pylône s'oppose celle
à nouveau étendues à la XXX e dynastie au moment de la reprise des grands travaux à Thèbes: Necta- des murs extérieurs, d'autant plus lisible que leur parement est en majeure partie inachevé. Nous
nébo fit ériger la porte monumentale de l'ouest et marqua de son empreinte le kiosque de la première sommes là en présence de blocs de grès posés en assises réglées, qui comportent en façade des bossa-
cour 76 • Puis elles furent abattues et remplacées à l'époque ptolémaïque 77 • ges et des ciselures soulignant les joints horizontaux et verticaux 8\ ainsi que des canaux légèrement
creusés à leur partie supérieure 85 : tous ces indices sont caractéristiques d'une technique couramment
On a donc l'évidence d'une suite continue de modifications et d'extensions de la XVI ne dynas- employée à partir de l'époque ptolémaïque 86 (Pl. liA, II/B, III/B, IV/A, IV/B, VIIB , IX/B). Le mode
87
tie aux Lagides 78 , dans laquelle trois éléments ne retrouvent pas leur place chronologique de manière de construction du pylône, ne comportant aucun de ces détails, est incontestablement plus ancien .
absolue: le pylône, le porche qui le précède et le kiosque de la première cour (Pl. liA, II/A, II/B, III/A,
IV/A).
Le porche est postérieur à la construction du pylône, puisqu'il s'y appuie sans liaison en mas-
quant la figuration de ses mâts symboliques; il a été élevé au plus tard sous le règne de Ptolémée XII
Neos Dionysios dont il porte le nom 79 • Le kiosque ne comporte comme élément de datation épigra-
phique qu'un mur-bahut attribué à Nectanébo 1 qui peut n'être pas à sa place originale, et a pu être
élevé aussi bien après ce règne à partir de remplois, qu'avant, dès la XXV e dynastie peut-être. Pour ces
deux petits édifices, on doit se contenter aujourd'hui de délimiter des périodes possibles de construc-
80 . Cf supra n. 17, p. 53 .
tion; quant au pylône, nous croyons pouvoir cerner de beaucoup plus près la date de son édification. 81. C. De Wit, Opet 1, VI. Cet auteur attribue le pylône d'après son décor à Ptolémée XII Neos Dyonisios.
82. Ce dernier point ne concerne que le mur extérieur sud, dont le décor est continu depuis l'~ngle sud-est du
monument jusqu'au pylône où il s' interrompt, PI. IXIA; C. De Wit, Opet II, PI. 37, b . Le mur exteneur nord',tout
au long du parvis, n'est pas ravalé et présente des bossages sur ses deux faces , et une corniche basse ébauchee en
73. Cf n. 15, p. 53. CI. Traunecker, Cryptes p. 49 y a reconnu, entre autres, des fragments de montant de porte et façade nord . La hauteur des assises des murs latéraux du parvis est de 46 cm environ, comme celles du temple pro-
de chapiteaux hathoriques ; p. 41 et n. 254, d'un pilier. prement dit, CI. Traunecker, op. cit., n. 234.
74. D. Meeks, LA 111 , col. 174 à 176; J. Lec1ant, Or20 , fasc. 4 (1951), 468 signale la découverte d'une statue 83. Ceci est traduit par un pointillé sur la PI. XXXIII de Varille, dans ASAE 53.
ramesside d'un prêtre d'Opet, dans l'angle sud-ouest de la seconde cour, cf PM Il , 2, p. 251. Voir aussi J.-c. Degar- 84. J.-c. Golvin - J. Larronde, L 'édification des murs de grès en gra.n~ appareil à l'époque romain,e, dans ~SA~68
dm, Correspondances osiriennes entre les temples d'Opet et de Khonsou, dans JNES 44/2 (1985), 117, 119-120 et fig . (1982) 174 à 176. Le rôle de ces ciselures est de permettre la superposition exacte des assises dans 1 appareil et d Io-
13, pour la liaison de ces deux temples dès l'époque ramesside, et CI. Traunecker, op. cit., p. 49 pour la XXle dynas- dique; aux tailleurs de pierre, lors du ravalement, le nu du parement définitif à atteindre en abattant les.~ossag~s .
tie . On notera que, dans le cas d'un mur inachevé en élévation, la ciselure est absente au sommet de la ?ermere assise
75. J. Lec1ant, Mon. Théb., p. 82 § 20. Les architraves de grès au nom de Taharqa (op . cit., B, p. 82-83) ne nous posée, op. cit., 173 ; à Opet, les ciselures sont présentes sur tous les blocs des assises hautes conservees. Cette tech-
semblent pas devoir provenir d'un tout petit kiosque ou d'une modeste colonnade-propylée qui se seraient élevés niqu e existe déjà à l'époque ptolémaïque, cf J.-c. Golvin-A. Ma' arouf-J . Larronde, Les tec~m~.ues deconstruc~/On
à l'emplacement du kiosque de la première cour: de telles constructions devaient comporter plutôt une couver- dans l'Egypte ancienne, Il, La construction des murs de grès en grand appareil à l'époque prolema/que et la date d ap-
ture légère. Les architraves pourraient provenir alors de l'agrandissement ou de la reconstruction du temple pri- parition des nouvelles techniques de pose, dans ASAE70 (1985), 371 à 381. Voir ici PI. IIIB, IIIIB, IV lA, IV lB, VIIB,
mitif sous Taharqa. V III lA et IX/B.
76. Cf supra p. 52, n. 8. 85 . Le rôle de ces canaux où du mortier était coulé était de faciliter la mise en place des blocs par glissement,
77. Cf ci-après "La co nstruction ptolémaïque et le pylône"; p. 63. J.-c. Golvin - J. Larronde, ASAE 68, 177 à 181.
86. J.-c. Golvin - J. Larronde, ASAE68, 178, et J.-c. Golvin - A. Ma'arouf - J. Larronde, ASAE70, 3~0 . Ce,tte
78 . Et même au-delà, puisque le nom d'Auguste figure sur les parois extérieures du temple, mais sans toute- technique, généralisée à l'époque romaine, est issue des techniques ptolémaïques, et il semble pOSSible d en
fois qu'aucune const ru ction puisse lui être associée. CI. Traunecker, Cryptes, p. 51-52 remarque que le secteur des
déceler, à la XXX e dyn. , les signes avant-coureurs.
temples de Khonsou et d'Opet semble avoir été le seul point d'intervention à Thèbes sous ce régne, cf n. 309.
87 . On notera que les façades intérieures des murs latéraux du parvis étaient prévues verticales.
79. Cf n. 6, p. 52 .
64 KARNAK VIII 65
Le second ordonne les salles intérieures du temple et les murs latéraux de ses cours, donc ses
parties ptolémaïques, les dernières construites. Quelle que soit la raison qui ait présidé au déplace-
ment de l'axe principal so us les Lagides, ce changement marque bien l'existence de deux familles
d'édifice s, la première implantée sous Nectanébo 1au plus tard, et la seconde à l'époque ptolémaïque .
Cette constatation montre bien à nouveau que le pylône est antérieur aux constructions orientales.
Une autre conséquence de ce déplacement est qu'il paraît, en plan, décalé vers le sud par rapport au
reste du templ e 89 ; les murs latéraux du parvis s'y accrochent mal, surtout au nord où le parement exté-
rieur du mur forme saillie par rappo rt à la petite façade du pylône 90 .
Enfin, de par sa structure massive et son escalier unique, le pylône du temple d'Opet représente un
type de monument plus ancien que ceux qui furent édifiés à l'époque ptolémaïque et qui, même de
dimensions modestes, renferment des chambres intérieures 91 •
Pour toutes ces raisons, on peu t affirmer que le pylône ne peut en aucun cas être une construc-
tion ptolémaïqu e, mais bien un édifice préexistant que les Lagides avaient tenu à conserver comme
élément de leur nouveau projet pour le temple d'Opet.
Avant les Ptolémées, les grandes périodes de développement du temple d'Opet bien attestées
sont celles de Nectanébo 1et de Taharqa: les noms de ces deux rois comme bâtisseurs du pylône vien-
nent logiquement à l'esprit 91 • La parenté créée entre le pylône et la grande porte de l'enceinte, par leur
implantation sur un axe commun et la présence dans la cour du mur-bahut reliant deux colonnes du
petit kiosque dégagé par H. Chevrier93 , tendraient à désigner Nectanébo 1 comme bâtisseur de toute
l'extension du temple d'Op et vers l'ouest 94 . Mais cette fois encore, les différences de techniques de
construction du pylône et de la porte de l'enceinte font peser un doute certain sur cette attributi on.
Certes, on sait qu'il peut être imprudent de distinguer des modes constructifs dans les édifices
de l'ancienne Egypte et de les associer purement et simpl ement à des périodes bien précises, sauf
enceint. de dans des cas particulièrement nets 95 ; par contre, des différences techniques aident souvent à replacer
Nectenebo
des monuments dans leur ordre chronologique relatif, ou à les situer dans de grandes divisio ns du
temps, des époques au sens large du terme, qui correspondent aux stades successifs de l'évolution de
l'architecture pharaonique.
1 1
'-
Fig. 2. Les d ~ux.axes est-ouest du temple d'Opet : 1-1 est l'axe de la porte de Nectanébo 1et du pylône 2-2 celui des
partIes ptolemalqu es. '
. ?e plus, les diverses parties du temple d'Opet et de son parvis, tout en gardant toujours des
dlrectt?ns nord-sud et est-ouest identiques, ne sont pas organisées de part et d'autre d'un axe princi- 89 . Cf Fig. 2 et relevé Picker-Bichet, op. cil., fig . 21.
~al maIs de deux axes parallèles distants de 0,30 à 0,32 m (fig. 2). Le premier est commun au pylône et 90. Les assises de grès des murs latéraux et celles du pylône ne sont pas les mêmes, Pl. IV/A, VIIB, VIII/A,
IX/A et IX/B . Si l'accroche du mur sud n'est pas très éloignée de la façade latérale sud du pylône (Pl. VIlA), le
a la grande porte ouverte dans l'enceinte de brique crue à l'ouest 88 : il fut donc implanté sous Necta- décalage est très gra nd au nord (Pl. VIIB), et a dû impliquer une maçonnerie de do ublage con tre la façade laté rale
né.b~ 1au pl,us tard, ou avant, si l'on considère par hypothèse, pour l'instant, que la porte édifiée par ce du pylône pour rattraper l'alignement du parement extérieur du mur (à moins que cette face latérale n'ait été
cachée, ou prévu de l'êt re, par une construction adjacente en brique, selon un dispositif identique à celu i qui appa-
roI s est axee sur une construction plus ancienne dont le pylône aurait fait partie. raît sur la façade t!st de l'édifice de Taharqa du Lac, J. Leclant Mon . Théb. , Pl. XLI I).
91. Cl. Traunecker, op. Cil ., p. 38 et n. 237 cite comme exemple typique le pylône du temple de Ptah à Karnak,
reconstruit par Ptol émée III , qui renferme une pièce dans chaque môle.
92. P. Barguet , LA III, col. 344-345 . On remarquera que les noms de ces rois définissent deux époques où une
attention particu li ère a été accordée aux portes, avant-portes et encein tes, à Karnak en particulier; cf. J. Leclant,
Mon. Théb ., p. 199 pour l'époque éthiopienne.
93 . Chevrier, ASAE 49,4 el supra n. 12, p. 53 .
. 88. L~s ~aces intérieur~s des montants de cette po~te sont parallèles à ce premier axe, alors que leurs fac~des 94. On notera que le kiosque de la première cour est axé lui aussi sur le pylône et la porte de Nectanébo l, et
sUIvent 1 alignement de 1 encelOte de Nectanébo qUI est sans rapport avec les directions générales du temple non sur la partie ptolt'rnaïque du temple.
d'Opet. 95. Comme l'emploi des ra/ôtôt à l'époque amarnienne , par exemple.
66 KARNAK VIII PYLONE DU TEMPLE D'OPET 67
Dans le cas présent, la construction de la porte dans l'enceinte de brique, en assises réglées et A Medinet Habou, le pylône éthiopien présente en façade un type d'appareil extrêmement
aux blocs soigneusement assemblés, à joints fins et rectilignes, difTere totalement de la réalisation proche de celui que l'on a décrit pour Opet l 02 ; il en est de même à Kawa ' OJ ainsi qu'à Sanam, semble-
plus hétérogène du pylône 96 • Les deux maçonneries ne se présentent pas du tout de la même manière, t-i1, malgré l'état de ruine des monuments l04 • A Tabo, dans l'île d'Argo, la constitution du pylône est
, 05
et les techniques employées à l'époque de Nectanébo l, dans les grandes portes de Karnak et pour identique •
celle d'Opet en particulier, évoquent beaucoup plus celles des bâtisseurs ptolémaïques qu'elles sem-
blent annoncer97 • On est donc conduit à apparenter nettement la construction du pylône du temple d'Opet à celle
d'édifices bâtis ailleurs par les Ethiopiens, d'un point de vue technique ' 06 . Les similitudes existant
Cette distinction ne saurait bien entendu être absolue, car nous sommes amenés à comparer entre eux, et la nature différente des principes constructifs de la XXX· dynastie, nous amènent donc à
des édifices de type différent; de plus, des constructions d'une même époque peuvent être plus ou attribuer notre monument à l'époque éthiopienne 10 \ ce que confirment des détails comme l'emploi
, 08
moins soignées. Mais surtout, on manque encore aujourd'hui d'une étude technique et architecturale de blocs en petit appareil et le type de ravalement dit "en pluie" qui lui est particulier . La constitu-
détaillée des monuments de la XXX· dynastie, qu'il s'agisse des structures qui se dressent encore ou tion hétérogène des fondations du pylône nous paraît un argument concomitant, les remplois de
109
des blocs épars découverts, en particulier dans le delta, et dont seul le décor a été étudié en laissant de toute nature semblant bien plus fréquents à cette époque qu'à celle de Nectanébo 1 •
côté les détails qui auraient pu nous renseigner surJeur mise en œuvre. Seule une telle étude permet-
trait d'établir des comparaisons valables et étayées avec des édifices d'autres époques98 •
Malgré tout cela, la structure et l'aspect du pylône du temple d'Opet ne permettent pas au pre- 102. J. Ledant, Mon . Théb ., § 42 p. 145 à 152, fig. 27 p. 147 et Pl. LXXXII, bibl. p. 145-146; PM Il, 2, 464 ; Hoels-
mier examen d'attribuer la construction de ce monument à un roi de la XXX· dynastie, tant l'appa- cher, Exc. Medinet Habu Il. Pl. XXVI à XXX .
103. Macadam, Kawa Il, p. 61-62 (temple T) : "The temple is entered through the gateway of the pylon
rence des maçonneries est diflërente. La construction du pylône doit donc être plus ancienne, et (PI XLIVg) which is still standing to a height of nine courses, 3.8 m, the average helght of a course bemg th us
notre démarche nous conduit à le comparer à des édifices analogues de l'époque éthiopienne dont 0.42 m. A typical stone block is 0.85 x 0.50 x 0,42 m, but the ?Iocks are not perfectly regular, for m ail parts ofth~
temple larger, sm aller and irregular blocks are inser~ed at mtervals m order to adJust the level of the course~
quelques exemples sont conservés99 • (Pl. IX-XXVII) . Macadam fait p. 61 une remarque qUI autonse la c~mparalson de Kawa avec un monument the-
bain : " ... and Taharqa sent skilled craftsmen wlth an archltect for thls purpose from MemphiS .. .!. .. The result was
Les monuments qui présentent des caractéristiques techniquement proches sont, dans la a purely egyptian temple". .
104. Griffith, Oxford excavations in Nubia, dans Annals ofArchaology and Anthropology, vol. IX, 79 sq. , mais les
région thébaine, le petit temple de Medinet Habou et, à un degré moindre, les constructions de la informations sur les structures sont peu nombreuses .
XXV· dynastie à Karnak 100 ; en Nubie, les pylônes de Kawa, Sanam et de Tabo en particulier 'o, . 105. Ch . Maystre, Ex cavations at Tabo, Argi island, 1965-68~ Preliminary report, dans Kush 15 (1973), 1~3 à 199,
plan p. 195, note (p . 195) : " However, its original plan whlch IS that of an egyptlan not a native merOltlc sanc-
tuary "à rapprocher de Kawa cf supra n.103 .H . Jacquet-Gordon, Ch . Bonnet, J. Jacquet, Pnubs and the temp~e
96. La conception de la structure du pylône est plus proche de celle d'autres pylônes des XVIUC/XIX· dynas- ofTab'~ in Argo island, dans JEA' 55 (1969), 103 à III , plan p. 104. Sur I~ ~l. XXII (après p. 106) p,hotos 1 et 2, on VOit
ties faits d'une enveloppe extérieure enfermant un.remplissage de type variable, que de celle des pylônes tardifs nettement que les môles des pylônes sont faits d 'une enveloppe exteneure de blocs appareilles, avec. un remplis-
où la masse entière de l'édifice, mis à part les volumes intérieurs qui peuvent y avoir été ménagés, est constituée sage de pierres plus petites placées de manière désordonnée. Ces auteurs écrivent, p. 108, en comparal~on ave~ les
de blocs appareillés aussi soigneusement que ceux qui forment les façades . temples de Sanam et de Kawa " ... the masonry and style of construction in the three temples are slmllar.
97 . Les monuments que la XXX· dynastie nous a laissés sont fort nombreux, bien que très peu d'entre eux 106. D'autres appareils, bien que n'appartenant pas en propre à la maçonnerie d 'origine d'un pylône, sont très
soient conservés en ce qui concerne le domaine bâti . La liste en est donnée par Kienitz, Die politische Geschichte semblables à celui des parements du pylône d 'Opet; ainsi , le placage éthiopien réparant le passage de la porte du
Agyptens vom 7. bis zum 4. lahrhundert vorder Zeitwende, Berlin (1953), p. 199 à 212 pour Nectanébo 1(liste complé- pylône de Louqsor, J. Leclant, Mon. Th éb., p. 134 à 137 et Pl. LXXVII-LXXIX ; M . Azim , Le grand py lôn e de Louq-
tée par H. De Meulenaere, LA IV, col. 450-451 n . 3), p. 212 à 214 pour Téos (cf aussi Holm-Rasmussen , LA VI, col. sor : un essai d'analy se architecturale et technique, dans les Mélanges Vercoutter éd . R.C., Paris (1985), 27 . Nous
142-143, Ta chos) , et p. 214 à 230 pour Nectanébo II (liste complétée par De H . Meulenaere, LA IV, col. 451 à 453, signalerons des exemples qui pourraient, par analogie, dater de la même époque : dans le passage de la porte du
n. 3). IX. pylône à Karnak , M . Azim, op. cit., et sur le même site toujours, la maçonnerie de liaison des montants de la
98 . Mais à l'examen de quelques-uns des monuments de Nectanébo, comme les grandes portes de Karnak, ou porte reliant les cours sud des V· et VI· pylônes, porte aux montants de granit qui pourrait avoir été percée d~ns le
le Mammisi de Dendera, (Daumas, IFAO (1959), PI. XXI à XXIX), on constate que la mise en place des blocs est mur d'origine à l'époque éthiopienne; cf J. Ledant, Mon . Théb ., p. 225 pour l'utilisation du granit à cet~e pénode .
très proche de celle des constructions ptolémaïques dans son état final. Les assises des maçonneries sont prati- Notons aussi l'analogie de l'apparence du mortier de liaison employé au pylône d'Opet avec la descnptlOn que
quement réglées, faites souvent de carreaux très longs avec des joints très fins, et sont très soignées. donne J. Leclant. Mon . Th éb., p. 223 pour les monuments éthiopiens : " D ' une façon générale, les blocs de pierre
Les décrochements dans le plan horizontal sont rares et très faibles, mais possibles. De même, des calages très étaient liés entre eux par un mortier granuleux, qui forme parfois d'assez épais bourrelets. Dans la plupart des cas,
minces peuvent rattraper les assises, mais sont rares (cf Daumas, op. cit., Pl. XXIX). En tout cas, les canaux desti- ce mortier n'est pas extrêmement résistant ; il assure la cohésion normale des blocs, mais il res~e le plus so~ve~t
nés à faciliter la mise en place des blocs au moyen de plâtre liquide n'existentjamais,J.-C. Golvin, Blocs, marques, possible d'isoler ceux-ci les uns des autres sous des poussées qui n 'entraînent pas rupture de la pierre elle-meme .
réemplois et détails de construction du temple de Deir Chelouit, à paraître dans Deir Chelouit IV, IF AO. Pour la data- Cl. Traunecker a analysé les mortiers employés au temple d'Opet, Cryptes, p. 49 et n . 295 ; le liant du pylône est un
tion du mammisi de Dendera, cf Daumas, BIFAO 50 (1951),134 et 136. Les exemples de cette époque sont trop mortier de plâtre contenant 4,36 % d ' insolubles, 10,68 % de carbonate de calcium, 69,55% ?e .pl~tre, ~ydraté ,
nombreux pour être tous examinés ici et, faute jusqu 'à présent d'une étude d'ensemble, leurs détails ne peuvent 15,41 % de matières solubles. Sa composition diffère notablement de celle des liants utilises a 1 mteneur du
être repérés que par observation directe sur les monuments, ou sur des photographies publiées mais dont le but temple.
est avant tout l'illustration du décor des parois et non de leur structure. 107. Cl. Traunecker, qui partage cet avis, remarque que les quelques traces de décorsur la ~ace ?uest du p~lôn~
99. Dans le cas présent, nous nous sommes attaché tout particulièrement à la comparaison des parements des sont d'une facture nettement plus ancienne que l'époque ptolémaïque et nous écrit : "L'attnbutlOn du pylone a
édifices, qui ont à l'époque fait l'objet du plus grand soin, donc sont beaucoup plus significatifs que le cœur inor- l'époque éthiopienne est à la fois en accord avec le style des reliefs, la technique de construction et l'histoire du
ganisé des maçonneries. Bibliographie, J. Leclant, LiVI , col. 156 à 184 et, pour la région thébaine, J. Leclant, Mon . temple d'Opet, agrandi ou embelli sous Taharqa".
Th éb., Ir. partie, § 1 à 49 . 108. J. Leclant, Mon. Théb ., Intr., p . XIV-XV le définit ainsi: " ... il subsiste de longues stries, grossièrement
100. Edifice du lac et chapelles en particulier, les colonnades-propylées situées aux points cardinaux étant des parallèles, de traits interrompus, en pointillé : ce piquetage "en pluie", qui était peut-être destiné à assurer l'adhé-
édifices de type très différent ; J. Leclant, Mon . Théb., Ir. partie et § 17 en particulier pour Taharqa du Lac. rence des enduits, est fort caractéristique; il nous a maintes fois permis d' obtenir la première identification des
vestiges qui nous intéressaient." Cf aussi p. 227-228 et n . 2 à 5 p. 227 . A Taharqa du Lac les parements présentent
lOI. Bien que des vestiges de monuments de Taharqa aient été retrouvés à Memphis et dans le delta, c'est à les mêmes piquetages "en pluie", op. cit., Pl. XLIV par ex., que certains des blocs de la façade est du pylône d'Opet,
Thèbes et en Nubie que ce roi réalisa ses constructions les plus monumentales, K.A. Kitchen , The third interme- voir ici Pl. I/B et IX/B. On pourrait trouver bien d' autres exemples, ainsi J. Lauffray, Kémi20, fig. 30 p. 149, etc. La
dia te period in Egypt, (1973) , p. 389-390. Cf surtout J. Leclant, LA VI, col. 156 à 184, et 166 en part. Cet auteur note petite dimension de l'appareil à l'époque éthiopienne est soulignée par J. Leclant, op. cit., p. 221 à 225 .
(col. 159) que les souverains kouchites précédant Taharqa étaient quasi absents de Nubie et que, dans la partie
soudanaise de l'empire, la présence d'artistes égyptiens est maintes fois attestée (col. 168 n . 10); ces deux observa- 109. J. Leclant, op. cit., p. 224.
tions amènent bien à centrer notre intérêt sur les édifices de Taharqa en Nubie, et éliminent en grande partie, par
la présence d 'artistes égyptiens, l' influence que les conditions locales auraient pu exercer sur les techniques de
construction .
68 KARNAK VIII PYLONE DU TEMPLE D'OPET 69
En conclusion, en tenant compte des caractéristiques techniques du monument, des grandes du parvis ne furent jamais achevés. Seule la façade extérieure du mur sud fut entièrement décorée jus-
périodes de construction à Karnak et des règnes mis en évidence par les remplois découverts dans les qu'au pylône (Pl. IX/A), ce qui nous montre que leur construction était terminée en élévation à l'épo-
fondations du temple d'Opet, il nous semble logique d'attribuer l'édification de son pylône à que d'Auguste "1, mais leurs autres parois furent laissées avec des bossages apparents, leur ravale-
Taharqa 'lO. ment n'ayant même pas été entrepris. Tout se passe donc comme si l'achèvement de l'extérieur du
temple avait été décidé, avant même que les constructions à l'intérieur du parvis ne soient terminées.
VI. L'EVOLUTION DU PARVIS DU TEMPLE Ceci nous est montré par l'état brut des deux façades du mur nord, et de la paroi nord du mur
sud, mais surtout par la présence de deux têtes de murs se faisant face de part et d'autre du parvis;
Il nous est maintenant possible de regrouper chronologiquement les faits connus et de retracer elles définissent l'amorce d'une partition nord-sud le divisant en deux espaces d'inégale profon-
les différentes phases de construction du temple d'Opet. Ses remplois actuellement connus font deur lII . Ces têtes de murs ne sont pas reliées par une fondation traversant le parvis, dont la tranchée
remonter son origine à Aménophis II ou Thoutmosis III, mais nous ne saurons rien de ce monument n'aurait pas manqué d'entailler profondément le dallage encore visible aujourd'hui, continu et
sans un démontage des dallages du parvis et une anastylose de ses blocs ; ce temple primitif a pu com- homogène au long de l'axe principal" 9. Par conséquent, le sol original de la cour n'a été démonté que
porter des parties en calcaire''' . Il fut plus tard remplacé ou agrandi sous le règne de Taharqa, dont le sur des surfaces suffisantes pour fonder ces amorces, qui sont appareillées avec les murs ptolémaï-
nom associé à celui d'Opet nous est donné, entre autres, par des fragments d'architraves "2, et le ques latéraux, donc bien datées, l'exécution complète du futur mur nord-sud étant remise à plus
pylône fut alors édifié à l'ouest. C'est peut-être dès cette époque que le kiosque de la première cour, tard 120. Etait-ce pour maintenir le plus longtemps possible la fonction du kiosque et des autres monu-
s'appuyant sur un mur de fond nord-sud aujourd'hui dispara, fut construit 113. Une enceinte de brique ments qui pouvaient se dresser alors sur le parvis ?'2' . De toute manière, ce nouveau mur nord-sud en
122
crue enferma le temple 11\ dont le fonctionnement est encore attesté à l'époque de Psammétique n1lS • pierre devait remplacer une maçonnerie plus ancienne sur laquelle le kiosque s'appuyait .
Le pylône, le kiosque et son dallage pourraient donc être les éléments les plus anciens en avant du
sanctuaire. Plus tard, durant la construction de la grande enceinte du domaine d'Amon, Nectanébo 1 La difficulté de la lecture des éléments édifiés sur le parvis du temple d'Opet vient, bien
créa la porte de l'ouest précédée d'une rampe, complétant ainsi l'ensemble. entendu, de leur état de ruine extrême, aggravée par des fouilles qui visaient essentiellement la
recherche de documents inscrits au détriment de toute observation sur les structures elles-mêmes 12J .
A l'époque ptolémaïque plusieurs événements se produisirent:
- les sanctuaires anciens furent rebâtis à neuf, remployant en fondation les éléments du temple pri-
mitif, sur un nouvel axe,
- . des murs de pierres remplacèrent les murs latéraux de brique crue,
- le porche et le kiosque furent édifiés (s'ils ne l'étaient déjà) "6.
Le programme de construction ptolémaïque s'arrêta donc au pylône, si l'on excepte éventuellement
son porche, et de nouveaux décors apparurent sur sa façade extérieure et sur la porte de Nectanébo 1.
117. La décoration des murs extérieurs sud et est du temple porte le nom d'Auguste, indiquant donc que le
Mais ces travaux étaient toujours en cours lorsque le temple fut abandonné. Ainsi les murs latéraux temple fonctionnait encore à cette époque, cf Cl. Traunecker, Cryptes, p. 51. Le mur latéral nord est aujourd'hui
conservé sur six assises au maximum (Pl. II/B), et le mur sud sur deux à trois lits .
118. 8,65 m à l'ouest, 11,00 m à l'est environ ; cf Schémas donnés par Varille, op. cit. Pl. XXXIII, J. Leclant, op.
cit., fig. 21 p. 83 , et plan Picker-Bichet, Karnak VI, fig. 21 après p. 58.
119. Ces têtes de mur n'ont jamais dû être plus élevées qu'aujourd'hui, car leurs arêtes supérieures ne compor-
tent pas de ciselure, et leurs faces supérieures pas de canaux, signes certains d'inachèvement, cf supra n. 84, p. 63 .
120. Les fondations des murs latéraux et celles de la future partition nord-sud devaient être jetées en même
110. L'existence d' un temple d'Opet sous le règne de Taharqa étant certaine, et aucune évidence n'y ayant été temps si l'on voulai t que ces structures soient liées . Ensuite, la construction des murs est-ouest pouvait se pour-
retrouvée de l'œuvre d'un prédécesseur éthiopien. suivre en élévation, en laissant des pierres en harpe pour relier plus tard l'appareil du futur mur nord-sud . O~
Ill. Cf supra n. 46, p. 57 ; les blocs de fondation du pylône en proviendraient peut-être, si l'on admet par hypo- notera sur le passage de ce mur prévu , dans sa moitié nord, la présence au sol de vestiges de brique crue, cf releve
thèse que Taharqa ait démonté au moins en partie le sanctuaire primitif? Picker-Bichet, op. cit. 11 est à remarquer enfin que l'épaisseur du mur projeté est sensiblement égale à celle du
112. J. Leclant, Mon . Thèb. , p. 82-83. pylône (3,05 m environ), donc plus importante que celle des murs latéraux (2,25 m environ) ; cette égalité d'épais-
113. Rappelons que ce kiosque n'est attribué à Nectanébo 1 que par la présence d'un mur-bahut, sorte de pla- seur est-elle fortuite, ou bien le nouveau mur était-il envisagé comme un second pylône ?
que mince, détachée peut-être d'un mur plus épais à l'origine, et qui a pu être mise en place bien après la construc- 121. Ou bien le kiosque était-il, dans la simultanéité des opérations de chantier, déj à en cours de démontage ?
tion de ce kiosque. Un fait significatif va dans le sens d'un kiosque plus ancien, contemporain du pylône. Le dal- Voulait-on conserver sa partie antérieure destinée à former un porche devant le nouveau mur nord-sud, reprod ui-
lage du parvis est totalement absent au long des murs ptolémaïques nord et sud, où il a dû être coupé par leurs sant ainsi le schéma existant devant le pylône ? Durant les travaux, le culte deva it être mai ntenu dans une chape lle
tranchées de fondation: par contre, il relie encore le kiosque au pylône, if. relevé Picker-Bichet, op. cit. provisoire, C. Traunecker, Cryptes, p. 50 et n. 299 .
114. La Pl. IX/B montre que le mur ptolémaïque sud bordant le parvis s'appuie au pylône en masquant une 122. On notera que l'entr'axe est-ouest des colonnes nord du kiosque est égal à la distance séparant le centre
partie de son décor; au-delà de ce décor vers le sud, la paroi du pylône est restée brute (voir aussi Pl. IXIA). De la de la colonne nord-est de l'aplomb du bloc décoré d'une corniche (cf n. 12, p. 53), ce qui sous-entend à cet endroit
même manière, une partie brute démarre au nord, à droite de la porte de l'escalier, Pl. VIIII A. Les limites inté- un élèment d'appui pour les couverture du kiosque, qui devait se prolonger vers l'est au-delà de l'espace délimité
rieures de ces parties brutes sont symétriques par rapport à l'axe du pylône et délimiteraient l'implantation de par les bases de colonnes visibles aujourd'hui.
deux murs de brique crue fermant le temple à l'époque éthiopienne. Elles définissent une cour de 18 m de large, 123. Tous les éléments de pierre du parvis d'Opet se trouvent aujourd'hui déchaussés et coupés de leur con-
bordée de murs de brique de 2,20 m d'épaisseur environ. (C'est donc une cour de même largeur que la cour ptolé- texte archéologique, de même que les constructions situées au nord-ouest du monument, Kêmi 19,227, Kêmi20 ,
maïque, mais légèrement décalée v~rs le sud). Ceci était déjà supposé par Varille, op. cit. qui l'indique en pointil- 88. Pourtant des structures de brique crue, particulièrement importantes à l'époque éthiopienne, (J. Leclant,
lés sur son plan, Pl. XXXIII. Mon . Théb., p. 221-222 l'a souligné àjuste titre) devaient s'élever aux abords du temple, et des liaisons existaient
115. J. Leclant, Mon. Théb., p. 82-83. entre elles et le monument, comme en témoignent les portes qui donnaient accès à son parvis depuis le nord et le
116. Le porche peut dater de Nectanébo, ou même de l'époque saïte. Pour un cas analogue à Medinet Habou sud. Ces structures n'ont pas dû retenir l'attention des fouilleurs au début du siècle, quand seuls les éléments de
voir J. Leclant, Mon . Théb ., p. 147 et 151-152. pierre étaient jugés dignes d'intérêt.
70 KARNAK VIII PYLONE DU TEMPLE D'OPET 71
Mais au-delà, elle a une autre cau se qui nou s semble plus importante: sur le parvis du temple d'Opet , RÉSUMÉ
qu'il faut bien considérer comme un chantier, coexistent des monuments en cours de préparation ou
de construction, des édifices dont le fonctionnement était maintenu ou dont le démontage avait com- En 1982 l'état du môle nord du pylône du temple d'Opet nécessitait une intervention pour le
mencé, et l'évidence par des tracés au sol de passages de murs dont on ne peut dire s' ils correspondent consolider. C~ fut l'occasion d'aborder l'étude de son mode de construction et sa datation, imprécise
à d'anciens édifices détruits ou à des projets non réalisés l 14 . jusqu'ici . Ce pylône s' inscrit dans un contexte architectural daté de Nectanébo 1 (XXX" dynastie) ~t
des Lagides (Ptolémée XII Néos Dionysios) mais qui comporta un kiosque de la XXV " dynastIe
Certains indices doivent donc être utilisés avec prudence, dans l'attente d'une fouille systéma- éthiopienne, attribuable au règne de Taharqa. Les remplois montrent qu 'une construction originelle
tique qui seule permettrait de préciser certains points, en particulier la constitution de la fondation datant d'Aménophis II était vouée à Opet Thouéris, probablement déjà à l'emplacement du parvis et
rectangulaire placée devant l'entrée de la salle hypostyle 125 . Mais on ne pourra sans doute jamais bien du temple actuels. Ceux-ci ont beaucoup souffert des transformations pratiquées par les Chrétiens
connaître l'aspect en élévation des monuments du parvis, sauf en ce qui concerne le kiosque, le après le règne d'Auguste .
pylône et son porche par comparaison avec des parallèles.
Un état des lieux est dressé assorti d'une description architecturale du pylône et de la porte. Un
escalier existe dans le môle nord mais la face externe des môles ne comporte que des évocations sym-
Il faut donc envisager le temple comme un ensemble en devenir continu, dont les transforma-
boliques des mâts et de leurs rainures. Rien ne peut être connu des élévations. Pour la date de sa cons-
tions ne devaient pas empêcher le fonctionnement 126 . Cette conception est bien connue de manière
truction, il peut être établi maintenant que le pylône doit être attribué à l'époque de Taharqa pou~son
générale sur tous les sites égyptiens à toutes les époques, mais on la retrouve au temple d'Opet, ins-
gros œuvre, la porte ouest élevée sous Nectanébo 1 ayant ensuite été renouvelée sous Ptolémee I~,
crite sur le terrain au fil d'un programme en cours de réalisation sous les Lagides pour la construction,
Philadelphe III et Evergète 1, seule la partie orientale des constructions ayant été rebâtie sous ptole-
et jusqu'au règne d'Auguste pour la décoration 127 •
mée VIII, Evergète Il ou peu avant, les finitions étant de Ptolémée XII. Ceci témoigne d'une très
grande activité de reconstruction dans toute cette partie du temple sous les Lagides, jusqu'à leur
En tout cas, quelles que soient les datations précises et l'articulation des éléments qui furent
abandon sous Auguste. Ceci cependant n'entravait pas le fonctionnement liturgique du sanctuaIre.
édifiés ou remplacés entre le pylône et la salle hypostyle, le temple d'Op et était en pleine évolution
lorsqu ' il dût être abandonné et sa partie ouest en cours de remaniement ; on retrouve donc ici le
caractère de vitalité du temple égyptien, qui poursuit obstinément son développement jusqu'à ce que
des causes extérieures viennent l'i nterrompre à jamais.
124. Ainsi pa r exe mpl e des tracés orie nt és nord-sud sur le da ll age axial, à la haute ur de la sé parat ion de s deu x
co urs, et qui sonl pro bab le m e nt sa ns rapport avec le mur nord-sud projeté . De même pour les tracés de la
deuxième co ur qui se mbl ent m arqu e r le passage de deux murs NS de 0,70 m d 'épaisse ur, cf relev é Pi cker-8ichet ;
on ne peut dire s' ils correspondent à des st ructures aya nt rée ll ement existé.
125 . Cette stru ct ure s'app ui e sur la fondation du mur de la salle hypost yle et porte sa rampe d'accès. Sa mise en
place est do nc d 'époq ue ptolémaïque. Par conséquent, c'est à cette période que furent remployés en m ême temps
des blocs d'Aménophis Il (dans la seco nde cour) et de Taharqa (dans les fondations du monument) : le temple
an cie n a donc bien été d é mont é so us les Ptolémées, m ais fonctionnait encore à l'époque de Nec tanébo 1.
126. Les phases de construct io n e t de décoration d'un secte ur du temple à l'a utre devaient, selon le cas, être
si mult anées o u suc cessives, se lon un programme prévu. Ainsi des ca mp agnes de trava u x sur le parvis de vaie nt se
poursuivre pendant que l'o n décorait l' intérieur du temple, où , de plus, la grav ure a été exéc utée en deux fois sous
le règ ne de Pto lémée VIII, cf C. Traunecker, Cryptes décorées. cryptes anépigraphes. dans Hommages à François
Daumas (p . 572) . Tout ceci so uli gne l'aspect évol utif des transformations réalisées, sa n s inter rompre la céléb ra-
ti o n du culte, pas plus que la co nstru ct io n du 1" pylône de Karnak n 'arrê ta le fo nctionneme nt du temple d'Amon
par exe mpl e.
127. Le no m d ' Auguste éta nt le dernier à figurer sur les dé cors du temple d'O pet, il es t hautement probable
que le cult e y fut célébré jusqu'à l' édi t de Théodose ordonnant la fermeture des temples païens en Egypte en 389,
cf Cl. Traun ec ker, Cryptes. p. 52 el n . 314.
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PI. liA . Etat du parvis d'Opet avant les travaux : une grande partie du dallage manque et, au pied du môle nord
du pylône, les blocs basculés marquent l'emplacement de l'excavation ménagée dans ses fondations . PI. III A. L'entrée du temple d'Opet. Au premier plan, vestiges du porche à colonnes devant le pylône ; au fond , la
(CI. M. Azim, avril 82). façade ouest de la Salle Hypostyle et l'amorce du mur de clôture sud du parvis. (CI. M. Azim, avril 82).
PI. liB . Etat du massif nord ava nt les travaux. Le dallage de la cour a été détruit en avant des blocs affaissés de la PI.II/B. Vestiges du kiosque élevé dans la première cour. A gauche, partie du mur-bahut de Nectanébo butant sur
base du pylône, pour permettre le creusement sous le monument. (CI. M. Azim, avril 82). la base de 'la colonnette nord-est ; au centre, dallage du kiosque et premier plan incliné. A droite, la base de la
colonnette sud-ouest est prolongée par une fondation qui devait porter un mur comme au Nord . (CI. M. Azim,
avril 82).
KARNAK VIII PYLONE DU TEMPLE D'OPET
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Pl. III 1A. Bordure nord du kiosque: au-delà du mur-bahut de Nectanébo, une fondation de grès borde le premier Pl. IV 1A. Parvis du temple d'Opet. Au fond , le môle sud du pylône et le mur ptolémaïque qui vient s'y appuyer. La
plan incliné, et prolonge le kiosque jusqu'à un bloc décoré d'une corniche etd'un boudin horizontal. (CI. M. Azim, partie axiale du passage est mieux conservée que le reste de la cour où le dallage a eié en grande partie détruit au
avril 82). Nord et au Sud . (CI. M. Azim, avril 82).
Pl. III/B. Etat des vestiges de la seconde cour, devant l'entrée de la Salle Hypostyle : on y accède par une seconde Pl. IV lB . Le quart nord-est du parvis : à gauche, le mur ptolémaïque inachevé. Au premier plan à droite, le mur-
rampe constituée d'un bloc de granit. (CI. M. Azim, avril 82). bahut de Nectanébo 1entre les deux colonnes nord du kiosque ; contre le mur ptolémaïque (à gauche), amorce sur
deux assises de la structure devant subdiviser le parvis. (CI. M. Azim, avril 82).
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Pl. VII A. Destruction de l'angle sud-ouest du pylône. Se uis la base de sa façad e latérale et son large débord de fon-
Pl. V/A. Les fondations de grès et de calcaire du pylône sont coupées sur toute leur hauteur. A droite, sous la façade la
maçonnerie de soutien est en cours d'exécution ; à gauche dans la tranchée apparaissent les briques crues liées a~x dation sont encore visibles. (CI. J-C!. Golvin, j uin 85).
deux premières assises. (CI. M. Azim, avril 82).
.-
Pl. VIIB. Raccordement du mur ptolémaïque nord-est et du pylône ; à leur rencontre subsiste le boudin d'angle
nord-est, de section carrée et non ravalé. On notera l' importance du débord de fondation du pylône. (CI. J-C!.
Pl. V/B . Façade ouest du pylône, môle nord , et son débord de fondation . On notera le type de l'appareil irrégulier Golvin, juin 85).
et les traces d'enduit, le boudin d'angle et la petite façade nord (à gauche) non ravalée ; au pied du monument
apparaissent les vestiges bouleversés de construction de brique. (CI. M. Azim, avril 82).
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PI. VII/A. Etat du montant sud de la porte du pylône, contre lequel se rabattait, lorsqu'il était ouvert, son vantail
unique. (CI. J-C/. Golvin, juin 85).
PI. VIII/A. Entrée de l'escalier du pylône, montrant les différences de ravalement du montant droit de la porte,
les appareils distincts du môle et du mur latéral nord, et le creusement sous le seuil coupant le débord de fonda-
tion. (CI. M. Azim, avril 82).
PI. VII/B . Montant nord de la porte du pylône. On notera les fortes masses du mortier visibles dans la maçonnerie PI. VIII/B. Façade ouest du pylône, môle nord; à droite, le bandeau saillant soulignant la porte principale et son
à la 4e assise. (CL. J.-Cl. Golvin, juin 85). décor à la 4e assise. Au centre, l'encoche symbolique d' un mât en léger creux, avant laquelle les bandes de sol du
décor s'interrompent (en haut à gauche) . (CI. J-C/. Golvin, juin 85).
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PI. IX/A. Raccordement du mur ptolémaïque sud au pylône, à l'extérieur du temple. La face de contact entre
ces deux éléments, visible à la Se assise, n'est pas ravalée. (CI. J-C!. Go/vin, juin 85).
PI. IX/B. L'angle intérieur sud-ouest de la première cour, où le mur ptolémaïque sud (à gauche) vient masquer
une partie du décor original du pylône, sur sa 4e assise. On notera sous la bande de sol le ravalement "en pluie" du
parement. (Cliché J-C!. Go/vin, juin 85).