Le Moteur-Roue Electrique
Le Moteur-Roue Electrique
Le Moteur-Roue Electrique
Christophe ESPANET
Université de Franche-Comté, Institut FEMTO-ST / Département ENISYS
Parc Technologique – 2, avenue Jean Moulin – F90000 BELFORT
Résumé : Dans le contexte d’une mobilité terrestre de plus en plus électrique, l’intégration d’un moteur
électrique dans une roue est une solution permettant de proposer une architecture innovante pour une
véhicule électrique ou hybride électrique. Cette solution présente l’avantage d’une très grande
compacité de la fonction motrice permettant de supprimer la transmission mécanique. L’intégration de
moteurs dans les roues permet également de réaliser électriquement des fonctions avancées (vrai
entrainement à 4 roues motrices, antipatinage…) Dans cet article, nous rappelons que le fractionnement
de la motorisation nécessite une optimisation du compromis masse/rendement pour ne pas détériorer les
performances globales d’un véhicule équipé de moteurs-roues. La conception des moteurs-roues doit
également prendre en compte le positionnement de la fonction motrice afin de limiter sa vulnérabilité en
cas de chocs ou de roulage dans des environnements défavorables (eau, neige, boue…) En analysant les
qualités relatives de chaque type de moteur électrique, nous montrons que les moteurs synchrones à
aimants et les moteurs à réluctance variables sont deux bons candidats pour la réalisation de moteurs-
roues. Ceci étant, l’analyse des solutions récemment construites montrent clairement que c’est le moteur
à aimants qui est très majoritairement retenu car il présente le meilleur compromis masse,
encombrement, couple et rendement, et ce malgré le coût élevé des aimants à base de Néodyme presque
toujours utilisés.
N m PJ ⎛ Fp ⎞ Re Senc
2 (ρ∆T )η = N m5 9 (16)
1
ρ PJ = 2
= Nm ⎜ 2 ⎟ 1 1
= (9) Nous traçons alors Figure 9 les coefficients
PJ ⎜⎝ Fp ⎟⎠ Re Senc N m kh7
1 1 2 2 d’augmentation de la masse et des échauffements d’une
• ρ∆T, le ratio des échauffements des deux solution multi-moteurs par rapport à une solution
motorisations, en utilisant les relations (3) et mono-moteur. Nous constatons une augmentation de la
(9) : masse, plus modérée toutefois que dans le cas où le
rendement est constant, et une augmentation des pertes
∆T2 PJ Sext 1 qui traduit une diminution du rendement.
ρ∆T = = 2 1
= (10)
∆T1 PJ Sext N m2 kh9
1 2
(ρ M )η = N m4 7 (12)
Critère Évaluation du critère pour le MCC à excitation 4.2.2. Moteur asynchrone (MAS) à cage
bobinée séparée ou à aimants permanents
Critère Évaluation du critère pour le MAS à cage
Couple La structure polyphasée de l’induit d’un MCC
Couple Le couple spécifique de la MAS à cage est
permet d’atteindre un couple important qui est
limité par la saturation magnétique et les pertes
toutefois limité par la densité de courant limitée
rotoriques ; il est généralement plus faible que
au niveau du collecteur, le phénomène de
celui des machines synchrones, surtout lorsque
commutation et la saturation magnétique.
ces dernières sont excitées par des aimants
L’amélioration des deux derniers points
permanents.
nécessite l’utilisation d’enroulement de
compensation et de pôles de commutation qui
Vitesse La vitesse d’un MAS à cage peut être très élevée
complexifient grandement la construction de la
dans le cas d’un rotor à cage à encoches
machine.
fermées, voire d’un rotor massif, car il n’y a
aucun contact tournant et le rotor est
Vitesse La vitesse de rotation d’un MCC est limitée par
mécaniquement ‘homogène’. On peut atteindre
le système balais/collecteur, même s’il existe
des vitesses périphériques allant jusqu’à
maintenant des systèmes autorisant des vitesses
300 m/s.
périphériques de l’ordre de 50 à 70 m/s.
Robustesse Le MCC est très bien connu car il a été très Refroidissement Les pertes rotoriques (toujours présentes de par
longtemps utilisé dans des applications de fort le principe de fonctionnement d’un MAS) sont
couple (laminoir, traction ferroviaire…) et il est délicates à évacuer car présentes au niveau d’une
encore très utilisé pour les accessoires partie en rotation.
automobiles et l’électronique de loisir donc sa
Robustesse Le point délicat d’une MAS à cage se situe au
construction est bien maîtrisée. Le système
niveau des barres de la cage d’écureuil (qui
balais/collecteur produit cependant les
peuvent vibrer, s’échauffer, se casser, être
poussières et les balais subissent une usure qui
l’origine de phénomène d’électroérosion…),
diminue la fiabilité de la machine et nécessite
mais il existe maintenant des méthodes
une maintenance régulière.
éprouvées de diagnostic en ligne permettant de
détecter les défauts et d’effectuer la maintenance système bague/balais, mais la fiabilité est
de la machine. généralement bonne.
Coût En l’absence de matériaux coûteux et du fait de Coût Le coût d’un MSyRB est plus élevé que pour la
la standardisation de la fabrication, le coût de la MAS à cage du fait du bobinage rotorique qui
MAS à cage peut être très compétitif (ce qui peut être complexe dans le cas d’une machine à
explique son utilisation très rependue dans les rotor lisse.
procédés industriels). Mais cet argument est à
relativiser dans le cas de la réalisation d’un Électronique de Le MSyRB peut être alimenté par un onduleur
moteur-roue qui est une machine spéciale plutôt puissance et de courant à thyristors qui est une solution
conçue en dehors des standards industriels. commande simple et peu coûteuse, même s’il ne faut pas
omettre la nécessité d’une inductance de lissage
Électronique de L’électronique de puissance d’alimentation permettant la réalisation de la source de courant.
puissance et d’une MAS à cage est un onduleur de tension Cette inductance elle-même peut être
commande fonctionnant en MLI afin de contrôler les volumineuse et coûteuse. Le dimensionnement
courants statoriques et par suite contrôler des composants de puissance est généralement
l’amplitude et la phase du flux dans la machine. optimal car le facteur de puissance est toujours
Son coût est comparable à celui des onduleurs proche de l’unité et le défluxage est réalisé par
utilisés pour les machines synchrones, si ce n’est l’alimentation du rotor.
que le facteur de puissance étant souvent plus
faible, cela induit un surdimensionnement en 4.2.4. Moteur synchrone à aimants permanents
courant de interrupteurs. (MSyAP)
4.2.3. Moteur synchrone à rotor bobiné (MSyRB) Critère Évaluation du critère pour le MSyAP
Critère Évaluation du critère pour le MSyRB Couple Le couple spécifique d’un MSyAP est très élevé,
car on peut atteindre la même induction
Couple Le couple pouvant être produit par un MSyRB d’entrefer que dans une machine synchrone à
est limité par la saturation magnétique et les rotor bobiné avec un volume rotorique plus
échauffements statoriques. Pour un volume faible, surtout dans le cas d’excitation par des
donné, il est plus élevé que dans le cas de la aimants permanents à base de terres rares
machine asynchrone, mais plus faible que pour (Néodyme ou Samarium) et lorsque les aimants
une machine synchrone excitée par des aimants sont enterrés (grâce au couple de saillance).
permanents. Le système bague balais est par L’encombrement n’est pas pénalisé par un
ailleurs encombrant et détériore donc le couple système de contacts tournants.
volumique.
Vitesse La vitesse de rotation d’un MSyAP est surtout
Vitesse La vitesse de rotation d’un MSyRB est limitée limitée par la tenue mécanique des aimants, mais
par le bobinage rotorique (surtout dans le cas de aussi les pertes magnétiques dans les tôles
pôles saillants) et le contact tournant permettant statoriques et les aimants permanents (si ceux-ci
l’alimentation de ce bobinage sont conducteurs). On peut atteindre des vitesses
périphériques allant jusqu’à 200 m/s avec des
Rendement Le rendement d’un MSyRB est bon. À noter aimants enterrés ou des aimants surfaciques
toutefois que les pertes Joule d’excitation frettés.
peuvent être élevées pour une machine
compacte. Le rendement est moins élevée à Rendement Le rendement d’un MSyAP est bon du fait de la
basse vitesse que pour une machine à aimants possibilité d’avoir une induction d’entrefer
qui ne nécessite pas d’excitation, mais il peut élevée, mais il peut-être pénalisé par la forme de
devenir meilleur à haute vitesse car le défluxage l’induction qui peut avoir un contenu
de la machine à aimant peut nécessiter harmonique riche et par l’existence de pertes
l’augmentation du courant statoriques alors qu’il dans le rotor (aimants permanents et culasse) du
suffit de réduire le courant d’excitation pour la fait de l’existence de courants de Foucault. Il
machine à rotor bobiné. peut aussi être pénalisé par la nécessité
d’injecter dans la machine un courant statorique
Variation du Le flux d’un MSyRB est facilement réglable par négatif dans l’axe d pour réduire le flux et
flux, défluxage action sur le courant d’excitation. accélérer la machine à puissance constante.
Refroidissement Le refroidissement du rotor d’un MSyRB est Variation du Le principal problème de la MSyAP réside dans
complexe mais les pertes qui y existent ne sont flux, déluxage le fait que le flux des aimants est fixé par la
pas très élevées sauf pour une machine très géométrie de la machine et la température. Le
compacte. seul moyen de faire varier le flux est d’injecter
un courant statorique produisant un flux en
Robustesse La robustesse du MSyRB est limitée par le
opposition de phase avec celui créé par le rotor :
è b /b l i i l fi bili é
ce courant ne permet pas de produire du couple une machine constituée de plusieurs matériaux
mais il permet de diminuer le flux créé par les magnétiques et non magnétiques, ce qui a
aimants permanents. Ce courant supplémentaire tendance à déséquilibrer la machine et à la
peut être à l’origine de pertes Joule rendre moins résistante aux forces d’inertie
additionnelles. Ce point sera vu plus en détail importantes à haute vitesse.
dans le paragraphe 4.3.
Rendement Comme pour la MAS, le champ magnétique
Refroidissement Le refroidissement d’un MSyAP est dans la MSyRV est créé par les courants
relativement simple car, si les pertes rotoriques statoriques, mais avec un bon rapport Ld/Lq, le
sont maîtrisées, seul le stator doit être refroidi. courant nécessaire peut être faible et la machine
est moins pénalisée que la MAS. Les pertes au
Robustesse Le MSyAP est relativement robuste. Les seuls rotor sont très faibles. Au total, le rendement
aspects à noter sont d’une part la tenue peut être élevé.
mécanique et en température des aimants
permanents, et d’autre part les inductances Variation du Le flux dans la MSyRV est réglé par la phase du
généralement faibles qui peuvent provoquer des flux, défluxage courant statorique comme pour la machine à
dv/dt importants lors d’alimentation par aimants permanents. Là encore, la plage de
onduleurs de tension en MLI, ces dv/dt pouvant défluxage sera d’autant plus grande que le
être à l’origine de courants de fuite détériorant rapport Ld/Lq sera élevé.
les paliers ou de décharges partielles détériorant
les bobinages. Mais cela peut aussi être le cas Refroidissement Le refroidissement des machines à réluctance est
avec des MAS. simple car les pertes sont très majoritairement
localisée au stator.
Coût Le coût d’un MSyAP est l’autre point négatif
des machines à aimants permanents. En effet, Robustesse La MSyRV est très robuste : le rotor est passif
pour être vraiment performantes, ces machines (pas de contacts tournants) et il est faiblement
doivent utiliser des aimants à base de terres rares influencé par les paramètres d’environnement
(Néodyme ou Samarium). Or ces matériaux sont tels que la température. Notons toutefois que les
intrinsèquement onéreux. En outre leur rotors composites à fort Ld/Lq peuvent présenter
production est quasiment exclusivement des difficultés de tenue mécanique.
localisée en Chine qui depuis 2009 spécule
régulièrement sur ces matériaux en augmentant Coût L’absence d’aimants, le rotor passif et le stator
leur coût ou en limitant la quantité exportée. très classique conduisent à un coût de machine
relativement limité. Mais il faut prendre en
Électronique de L’électronique de puissance alimentant un compte le coût de l’électronique de puissance
puissance et MSyAP est un onduleur de tension contrôlé en qui, encore une fois, sera très lié au rapport
commande courant par MLI comme pour la machine Ld/Lq.
asynchrone. Le dimensionnement en courant est
lié à la plage de défluxage possible et au facteur Électronique de Une MSyRV est alimentée par un onduleur de
de puissance de la machine qui peut être puissance et tension contrôlé en courant comme une
mauvais lors du fonctionnement défluxé. commande MASAP. Le dimensionnement en courant de
l’onduleur est principalement influencé par le
4.2.5. Moteur synchrone à réluctance variable rapport Ld/Lq de la machine. Plus ce facteur est
faible, plus grand sera courant absorbé par la
(MSyRV)
machine, d’où le surdimensionnement du
Critère Évaluation du critère pour le MSyRV convertisseur (et le surcoût) et la diminution du
rendement.
Couple Le couple spécifique d’un MSyRV est lié au
facteur de saillance, c’est-à-dire au rapport de 4.2.6. Moteur à réluctance variable à double
l’inductance dans l’axe direct Ld sur saillance (MRVDS)
l’inductance dans l’axe transverse Lq. Plus ce
rapport est important, plus le couple sera élevé. Critère Évaluation du critère pour le MRVDS
Or pour obtenir un rapport élevé, on a recourt à
des rotors très particuliers (par exemple des Couple Les MRVDS ne fonctionnent pas comme les
rotors axialement laminés ou des rotors à machines synchrones par interaction de champs
barrières de flux) qui peuvent être difficiles et tournants mais pas attractions de dents (ou plots)
coûteux à réaliser. Il est donc difficile magnétiques. Dans le cas de machines à grand
d’atteindre des couples spécifiques comparables nombre de dents, le couple spécifique peut être
aux MSyAP avec de telles machines. très élevé et voisin de celui obtenu avec des
MSyAP.
Vitesse La vitesse des MSyRV est limitée par la
topologie du rotor. En effet pour obtenir un Vitesse Les MRVDS sont de bonnes candidates pour
couple spécifique élevé, il faut avoir recourt à atteindre des vitesses de rotation élevées. Pour
ces machines, la vitesse est principalement MSAP défluxable.
limitée par les pertes aérodynamiques et la
résistance du rotor au forces d’inertie. La vitesse 4.2.7. Synthèse de la comparaison des machines
périphérique peut atteindre jusqu’à 300 m/s. électriques
Rendement Si la MRVDS est saturée, le ‘coût’ énergétique Le moteur à courant continu est principalement
de la magnétisation tend à s’annuler. Comme les pénalisé par le système balais/collecteur que ce soit au
pertes rotoriques sont très faibles, le rendement niveau de l’encombrement, de la fiabilité ou du
est donc plus élevé que celui d’une MAS et rendement. Le moteur asynchrone est de construction
comparable voire supérieur à celui d’une
simple, il est relativement économique mais il est trop
MSyAP.
limité en couple spécifique et en rendement pour être
Variation du Le fonctionnement à puissance constante des un bon candidat pour l’intégration dans une roue. Le
flux, défluxage MRVDS est plus complexe car ces moteurs ne moteur synchrone à rotor bobiné présente de bonnes
sont pas alimentés par des courants sinusoïdaux qualités en terme de couple spécifique, mais le système
(sous peine de perdre l’intérêt de ces machines
bague/balais ne favorise pas l’intégration dans une roue
en terme de couple spécifique). Le ‘défluxage’
à cause de l’encombrement et du refroidissement du
est obtenu en décalant la démagnétisation des
dents, mais il faut optimiser la forme des dents rotor. Les deux moteurs les plus favorables sont donc
ainsi que la phase de démagnétisation pour le moteur synchrone à réluctance variable et le moteur
augmenter la plage de vitesse en régime de synchrone à aimants permanents. Nous verrons dans la
défluxage sans développer un couple trop prochaine partie que la machine la plus utilisée est la
pulsatoire et sans pénaliser le rendement.
machine synchrone à aimants permanents, du fait de
Refroidissement Le refroidissement des MRVDS est simple car ses performances inégalées en terme de couple
seul le stator est à l’origine de pertes spécifique et de rendement et ce malgré le coût élevé
importantes. Mais dans ce type de machine les lié aux aimants.
bobinages sont concentrés (ce qui est un
avantage en terme de coefficient de remplissage 4.3. Optimisation de l’ensemble machine et
en cuivre) et la surface de contact fer/cuivre est
convertisseur statique
plus faible ce qui augmente la résistance
thermique entre les bobines et le circuit Comme nous l’avons évoqué dans le précédent
magnétique statorique et par conséquent la paragraphe et comme nous le verrons dans la partie
température du cuivre pour des pertes données. suivante, la machine synchrone à aimant permanents
est la machine la plus utilisée dans la réalisation des
Robustesse La MRVDS est de construction très simple
(surtout en l’absence d’excitation par des
moteurs-roues. Nous allons donc nous intéresser
aimants permanents) et la fiabilité est très bonne. maintenant dans cette partie aux contraintes liées au
Le seul problème concerne les variations des convertisseur statique pour l’alimentation de cette
forces magnétiques existantes au niveau des machine.
dents rotoriques et statoriques. Pour obtenir un Le convertisseur statique utilisé pour l’alimentation
couple moyen élevé, il est nécessaire de disposer
des machines synchrones à aimants permanents est
de forces tangentielles importantes. Or les forces
tangentielles importantes vont inévitablement
l’onduleur de tension. Pour contrôler le couple de la
s’accompagner également de forces normales machine, l’onduleur est commandé en MLI
intenses. Les variations de ces forces peuvent (Modulation de Largeur d’Impulsion) de façon à
être à l’origine de vibrations et de bruit contrôler la forme des courants statoriques (amplitude
acoustique. et phase pour un courant sinusoïdal). Pour atteindre les
Coût La construction simple et l’absence d’aimants
fréquences de rotation les plus élevées, il est également
permettent de limiter le coût de la machine, possible de ne plus contrôler que la phase des tensions
même si, en comparaison avec la MSyAP, la statoriques (fonctionnement en pleine onde).
présence d’aimants de bonne qualité permet par L’onduleur de tension est principalement constitué
ailleurs de réduire la quantité de fer et de cuivre. de deux parties. La première correspond aux
Électronique de Chaque phase est indépendante et elles est
interrupteurs de puissance. Leur type (IGBT, MOS…)
puissance et alimentée par un demi-pont asymétrique. Au et leur nombre dépend de la structure du convertisseur,
commande total, le nombre de composant ne change pas des calibres de tension et de courant, des fréquences de
mais la structure n’est pas très commune et elle travail… Nous nous limiterons ici à la structure la plus
n’est pas intégrée dans des modules industriels. classique contenant six interrupteurs montés en pont de
Si la machine est optimisée (‘bien’ saturée) le
Graëtz. Les deux principaux critères de
dimensionnement des composants semi-
conducteurs peut être plus bas que celui d’une
dimensionnement qui vont permettre de choisir le
calibre des interrupteurs (en fait la quantité de silicium) surface – surtout dans le cas d’une attaque directe –
sont la tension maximale à tenir à l’état bloqué et le sont plus simples à intégrer dans une jante : on peut
courant maximal à commuter pour chaque interrupteur. utiliser une structure inversée avec le rotor extérieur et
Pour l’onduleur deux niveaux à six transistors, la déposer directement la jante sur le rotor. En résumé, le
tension maximale à tenir à l’état bloquée est dimensionnement des interrupteurs de puissance d’un
simplement égale à la tension du bus continu. Quant au onduleur de tension alimentant une MSyAP résulte
courant maximal à commuter, il est défini par le principalement d’un compromis au niveau du choix du
courant maximal qui circule dans les phases de la nombre de spires : ce nombre de spires doit être le plus
machine à aimants et par le déphasage du fondamental grand possible pour minimiser le courant statorique à
du courant par rapport au fondamental de la tension (le commuter pour produire le couple maximal et il ne doit
facteur de puissance en régime sinusoïdal). Or ce pas être trop élevé pour ne pas induire trop de pertes
courant est essentiellement lié aux nombre de spires Ns Joule à vitesse élevée du fait de l’existence du courant
dans les bobines statoriques de la machine. En effet, le (négatif dans l’axe d) permettant de défluxage.
couple maximal produit par la machine est La deuxième partie de l’onduleur de tension qu’il
proportionnel à la force magnétomotrice sous un pôle faut dimensionner est le filtre d’entrée permettant la
(cf. équation (1)), qui est elle-même proportionnelle au stabilisation de la tension du bus continu et le lissage
produit du nombre de spires Ns et du courant efficace du courant absorbé sur le bus continu. Ce filtrage est
(dans le cas d’une machine à répartition du champ généralement réalisé par un filtre LC : le condensateur
sinusoïdal). Pour fournir un certain couple tout en stabilise la tension qui est commutée par l’onduleur et
minimisant le courant efficace, il convient alors la bobine du condensateur lisse le courant. Le lissage
d’augmenter le nombre de spires. Mais dans ce cas, en du courant est d’autant plus important si ce courant est
appliquant la pleine tension et en maintenant le courant débité par une batterie car les variations importantes du
en phase avec la force électromotrice, la vitesse courant de batterie peuvent accélérer son
maximale peut ne pas être atteinte. La solution évidente vieillissement. Dans le cas d’une machine à répartition
est de diminuer le nombre de spire pour pouvoir de champ sinusoïdale, le courant absorbé sur le bus
augmenter la vitesse, mais alors le courant pour continu sera d’autant plus ondulé que le déphasage du
produire le couple maximal augmente et provoque un courant par rapport à la tension sera important. Ainsi, si
surdimensionnement en courant des interrupteurs de on souhaite effectuer un défluxage important de la
puissance (et également des câbles et des connecteurs machine, il sera nécessaire de dimensionner
par la même occasion). La solution est alors de réduire correctement le filtre en tête du convertisseur.
le flux créé par les aimants en appliquant un courant
qui créé un champ en opposition de phase avec le 5. Quelques exemples de moteurs-roues
champ produit dans les aimants (défluxage). Lorsque la Dans cette partie nous présentons maintenant
pleine tension est atteinte, la vitesse est alors quelques exemples de moteurs-roues. Nous nous
augmentée en déphasant le courant par rapport à la limitons préférentiellement à des exemples récents et à
force électromotrice (application d’un courant négatif des moteurs-roues qui ont été réellement montés sur
dans l’axe d). Cette technique permet d’augmenter la des véhicules prouvant ainsi leur fonctionnalité.
vitesse simplement tout en ayant un nombre de spires
élevé (donc un courant de phase limité), mais elle n’est 5.1. Le moteur-roue : une idée ancienne
vraiment efficace que si la réduction du flux ne
Il convient tout d’abord de rappeler que le moteur-
nécessite pas d’appliquer un courant dans l’axe d trop
roue électrique n’est pas une idée neuve. Nous
intense, car cela induirait des pertes Joule
trouvons la première trace dans un brevet américain de
additionnelles trop importantes. Pour cela il est
1884 (cf. Figure 11). En 1898, Ferdinand Porsche
nécessaire de posséder des machines dont l’inductance
développa un véhicule hybride à moteurs électriques
dans l’axe d est importante. De ce point de vue, les
intégrés dans les quatre roues (cf. Figure 12). La
machines à aimants enterrés et à concentration de flux
Lohner-Porsche possède à la fois un moteur thermique
sont ainsi plus intéressantes que les machines à aimants
et des moteurs électriques alimentés en énergie
déposées en surface ; on dit que ces machines sont
électrique par une batterie. Ces deux exemples
défluxables. L’utilisation de machine à double
montrent que l’idée d’intégrer un moteur dans une roue
excitation est aussi une solution intéressante : le flux
a plus d’un siècle et est apparu pratiquement en même
maximal est produit par les aimants et un bobinage
temps que les premiers moteurs électriques produits
additionnel permet de réduire le flux. Mais il faut
industriellement et en même temps que les premiers
reconnaître que les machines avec aimants montés en
développement des véhicules à quatre roues motorisés.
premier rang desquels le vélo électrique. En effet, le
développement à grande échelle (très grande échelle en
Chine) du vélo à assistance électrique s’est
accompagné du développement de moteurs électriques
intégrés dans la roue de ces vélos. Des développements
moins nombreux ont également vu le jour pour la
motorisation de scooters ou de motos électriques,
principalement en Chine également.
Dans ce paragraphe nous présentons deux exemples
de moteurs-roues pour véhicules à deux-roues. Le
premier exemple concerne le moteur développé en
2005 par Wavecrest Laboratories pour l’armée
américaine, puis installé sur des vélos à destination du
Figure 11 : Moteur-roue du brevet de W. Adams
grand public (toutefois plutôt haut de gamme) [vi]. Ce
moteur équipe les roues avant et arrière d’un vélo (cf.
Figure 13). Il s’agit d’un moteur synchrone à aimants
permanents montés en surface et à bobinages dentaires,
monté dans la roue en attaque directe. Le constructeur
annonce une puissance maximale de 750 à 1000 W et
une couple maximal de 80 N.m pour un
refroidissement par convection naturelle et une
alimentation par un bus continu de 36 V. La masse
n’est pas connue avec précision, mais en 2010, ces
performances font de ce moteur le plus puissant sur le
marché des vélo électriques.
Nous citons également un deuxième exemple de
moteur-roue utilisé dans des véhicules à deux roues. Il
s’agit du moteur-roue développé par Ez-Wheel [vii]. La
Figure 12 : Moteur-roue de la Lohner-Porsche hybride 1898 société française Ez-wheel, créée en 2010, s’est
spécialisée dans le développement de moteurs-roues
électriques pour tout type de véhicule (scooters, vélos,
triporteurs, brouettes, lits médicalisés…) Le
constructeur donne des informations pour un moteur-
roue de 10’’ destiné à de la manutention. La
technologie du moteur est de type synchrone à aimants
permanents, sans plus d’informations sur la disposition
des aimants ou le type de bobinage. Le couple maximal
vaut 70 N.m, la puissance en régime S1 vaut 180 W et
la vitesse de rotation maximale vaut 100 tr/min
(7 km/h). Le moteur intègre un réducteur de rapport
voisin de 3 et la masse totale de la roue (moteur,
réducteur et jante) vaut 10 kg. La température de
fonctionnement est comprise entre -20 et + 60°C. La
particularité des développements de cette société est de
fournir une solution clef en main de traction électrique
à base de moteur-roue : le constructeur fournit la roue
Figure 13 : Moteur-roue et vélo électrique de Wavecrest électrique, mais également une batterie et une interface
Laboratories
de pilotage du moteur sans fil.
(b)
Figure 23 : Vélo électrique développé par Novelte et moteur-
roue spécifique développé en collaboration avec l’Institut Figure 24 : Moteur-roue Novelté/FEMTO à réluctance excité
FEMTO-ST et à rebouclage transversal de flux : (a) prototype de 2 kW,
(b) dessin CAO d’un prototype de 30 kW
Tableau 2 : Caractéristiques de deux moteurs-roues pour
applications militaires développés par Novelté Système et
l’Insititut FEMTO-ST
Illustration
[i] Revue Générale de l’Électricité, Dossier spécial [vi] http://www.wavecrestlabs.com/ (lien valide au
sur le véhicule électrique, n°10/93, novembre 01/01/2011).
1993. [vii] http://ez-wheel.com/fr/ (lien valide au
[ii] B. Multon, ‘Motorisation des véhicules 01/01/2011).
électriques’, Techniques de l’Ingénieur, [viii] http://www.tm4.com/ (lien valide au
Référence E3996, Février 2001. 01/01/2011).
[iii] H.C.M. Mai, F. Charih, F. Dubas, D. [ix] www.magnet-motor.com/ (lien valide au
Chamagne, C. Espanet, ‘Comparaison de deux 01/01/2011).
types de bobinage d'une MSYAP pour la [x] Références des brevets portant sur la
propulsion d'un véhicule hybride urbain’, technologie de l’Active-Wheel de Michelin :
Électrotechnique du Futur, Compiègne, 24-25 FR2898836A1A1, EP1901416A2,
Septembre 2009. EP1359657A1, WO0235685A1, EP1756929A1
[iv] C. Espanet, ‘Modélisation et conception
optimale de moteurs sans balais à structure
inversée – Application au moteur-roue’, Thèse
de doctorat de l’Université de Franche-Comté,
Janvier 1999.
[v] Z. Q. Zhu, D. Howe, ‘Electrical Machines and
Drives for Electric, Hybrid, and Fuel Cell
Vehicles’, Proceedings of the IEEE, Vol. 95,
No. 4, April 2007, pp. 746-765