Le Commerce Des Idées: La Connaissance Dans L'économie

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Le Quotidien d'Oran

Jeudi 11 mai 2023 07

Le commerce des idées:


la connaissance dans l’économie
« Quand on partage un bien
matériel on le divise, quand
on partage un bien
immatériel on le multiplie »

Par Lakhdar Ydroudj*

1 ère partie

C
’est le siècle de la connaissan
ce et du savoir. C’est l’écono
mie de l’immatériel. C’est le
commerce des idées. C’est l’ère
des fermes de l’information.
C’est les Big Data. C’est le ré-
férentiel à l’Information Scientifique et Tech-
nique (IST). Nous somme projetés, de plus en
plus, vers un avenir où l’évaluation du déve-
loppement ne se fait plus par le volume des
industries ni par la possession des matières
premières mais plutôt par les produits du sa-
voir et de l’innovation résultats de multiples
processus intellectuels. Les sociétés qui ont
réussi la transition vers la société organisée
autour de la communication et de la diffusion
des produits savants sont les pays qui ont in-
vesti dans la maîtrise de tous les processus de
la production, traitement, stockage et de dif-
fusion de l’information scientifique et techni-
que. C’est d’ailleurs, une nécessité condition-
nelle voire un impératif pour profiter des tech-
nologies de l’information que de transformer
la connaissance et le savoir en produits échan-
geables et consommables. leurs peuples. Les évolutions techniques de la nomies et toutes les industries y compris les mation lisible. Il y a vingt ans, l’Internet l’a
société démontrent l’intelligence de l’informa- industries tributaires des matières premières rendue accessible. Il y a dix ans, le premier
tion qui, une fois traitée se transforme en com- disponibles dans des pays ignorants. Le cas moteur de recherche Crawler a fait une base
SOCIÉTÉ ET SAVOIR pétence de maîtrise des processus de travail. de la réimportation des différents carburants de données unique. Aujourd’hui, Google et
Le savoir-faire est clairement une référence par la majorité des pays producteurs de pé- d’autres entreprises du savoir et de la connais-

L ’économie de la connaissance est une pro


priété des sociétés du savoir qui ont in-
tensivement investi dans le secteur de l’édu-
des compétences de l’Homme à en tirer profit
des propriétés de l’IST, qui reste un préalable
à l’entrée dans le gotha des sociétés savantes.
trole des pays industrialisées est une parfaite
illustration de ce cas.
La caractéristique fondamentale de la socié-
sance, traitent ce corpus massif comme un la-
boratoire de la condition humaine.
Ce sont les enfants de l’ère du pétaoctet»
cation, de la recherche-développement, des Mesurer les capacités d’un pays dans ce do- té fondée sur la connaissance est l’organisa- (5), En deux jours, l’humanité a produit autant
métiers du numérique et surtout dans l’indus- maine c’est faire l’évaluation de l’exploitation tion structurelle des économies autour du sa- d’informations que ce qu’elle a produit depuis
trialisation des supports de la diffusion du des ressources immatérielles dans le domai- voir. Le cas actuel est une convergence des l’invention de l’écriture jusqu’en 2003. C’est
savoir en plus des industries culturelles dans ne de la recherche et du développement. C’est efforts pour l’institutionnalisation de la socié- toute l’importance de l’abondance des don-
tous ses aspects que cela concerne le loisir et aussi connaître les potentialités de la valori- té numérique parce que les nouvelles techno- nées qui pousse vers une nouvelle ère de la
la distraction mais surtout le domaine de la sation des recherches y compris dans le do- logies sont le nouveau croisement entre les construction sociologique des économies et
vulgarisation scientifique et technique. Cette maine des sciences humaines (1). compétences humaines et les propriétés du sa- des sociétés.
dernière est l’étape primaire de la transition Nouvelle économie pour une autre société: voir incitant à cette nouvelle forme de trans- Pour apprécier à sa juste valeur le rôle de
puisqu’elle permet de créer les traditions in- Nous n’avons aucune intention pour dévelop- formation industrielle, économique, culturel- la connaissance dans la maitrise des techno-
tellectuelles dans les milieux sociologiques de per le côté théorique de cette économie ni de le, etc. En d’autres termes c’est le savoir qui logies de tous les processus, il suffit d’affir-
la consommation scientifique. documenter son historique excitant et révéla- est le facteur de la stimulation des transfor- mer, sans risque de se tromper qu’il serait im-
Un pays qui ne consomme pas la science ne teur du génie humain dans l’exploitation des mations menant vers la performance écono- possible d’opérer la mise en marche d’une ma-
peut pas aspirer à un développement imma- ressources disponibles. Nous nous contentons mique, la maîitrise technologique, le confort chine ou de la réparer si le manuel détaillé
tériel, un pays qui n’arrive pas à mettre le ni- de dire le référentiel de celle-ci se développe des groupes, la croissance économique, l’éra- n’accompagne pas la machine.
veau de la population avec les étapes du dé- durant les trois dernières décennies du siècle dication des indicateurs du sous-développe- Le manuel devient par conséquence le con-
veloppement de la science et du savoir ne peut dernier, notamment avec des textes fédéra- ment. Il n’est donc pas étonnant que le nou- tenant de la connaissance. C’est aussi vala-
jamais se mettre à jour avec les technologies teurs des futuristes et des stratèges du déve- veau proposé durant les années 1970 (4), qua- ble pour l’IST qui dès le début des années
exigées par l’économie de la connaissance et loppement (2). ternaire commence à dominer par sa contri- 70-80 s’est transformée en ressource de tou-
enfin un pays conforté dans les rentes aura L’économie post-industrielle est là et son bution dans la croissance tous les autres sec- tes les ressources, notamment après le lan-
un avenir incertain dans les équilibres mon- importance a mobilisé toutes les ressources teurs. Les plus grandes entreprises de nos cement de son industrialisation sous forme
diaux des différentes économies. dans les pays développés pour en tirer le jours sont des entreprises qui activent dans le de bases de données et de systèmes d’infor-
Pour une première impression de savoir si maximum de profit que cela concerne le lan- domaine du numérique et des transforma- mation, etc. qui ont radicalement changé les
nous sommes dans une société de la connais- cement des chantiers inhérents à cette nouvel- tions de la matière grise ou des entreprises qui voies de traitement des données et de l’IST.
sance il serait intéressant de considérer les sta- le économie ou en termes de la prise en char- ont épousé le numérique comme principal
tistiques relatives à la production de la scien- ge partielle ou totale des besoins la commu- partenaire logistique et moyen de travail. L’in- LA PYRAMIDE
ce et du savoir, comme les livres, les périodi- nauté ou des acteurs impliquées dans cette dustrie de la connaissance aux Etats Unis
ques spécialisés, les brevets, les revues géné- nouvelle forme de croissance. L’économie de d’Amérique représentait en 1958 – déjà- 29%
DES COMPÉTENCES
rales, la lecture publique, le nombre de biblio- la connaissance est l’un des enjeux, qui a mis du PIB contre 34% en 1980. Elle représente
thèque leurs implantations et leurs fonction-
nements, la liberté d’expression, la politique
de l’édition, la contribution des industries
tous les pays du monde et les institutions in-
ternationales d’accord pour prendre les me-
sures adéquates de la maîtrise du processus
plus de 50 % dans la zone OCDE à la fin de la
décennie 1990 contre 45 % en 1985.
L’indicateur de la répartition de la main-
A vant d’évoquer les conditions de la tran
sition savante, il est important de s’ar-
rêter sur le point qui concerne les étapes de
liées a la connaissance dans la croissance éco- de la transition vers l’exploitation de cette res- d’œuvre dans les pays développés nous con- la transformation de la matière grise en
nomique, la sociologie de l’éducation, l’exis- source. Qu’il s’agisse de la Banque Mondiale, fortent dans notre argument puisque le pour- compétence opérationnelle dans les écono-
tence d’une stratégie de vulgarisation de la la Conférence des Nations Unies pour le Com- centage de la main- d’œuvre version 2.000 aux mies des pays, il serait intéressant de
science et du savoir, la diffusion des émissions merce et le Développement (CNUCED), USA a atteint la barre de 66% alors qu’il ne dire que les propriétés de la pertinence, de
scientifiques et technologiques dans les me- L’UNESCO (3), parce que la connaissance est dépassait pas le seuil de 50% en 1976. Le même l’utilitarisme et de l’opérationnalité de
dias audiovisuels, le nombre de journaux et un actif stratégique qui permet non seulement constat est valable pour la Grande-Bretagne l’IST comme matière brute de la connaissan-
de quotidiens et leurs tirages, le débit du ré- la génération des bénéfices et des intérêts pour dont plus de 55 % de la main-d’œuvre état ce sont tributaire de la politique de la valo-
seau Internet, la couverture médiatique et nu- améliorer les conditions de la croissance mais verse dans le secteur de l’information et de la risation et de son statut dans la société en
mérique, les travailleurs dans le secteur des surtout de pouvoir effectuer toutes les transi- communication contre 30% durant l’année tant que matière indispensable dans la so-
industries du savoir et de produits spéciali- tions économiques sans contrainte car elle 1970. L’industrie version 4.0 est en marche lution des grandes problématiques socio-
sés et experts, les conditions de la valorisa- permet aux compétences de maîtriser tous les c’est donc, l’industrie de ce Siècle. économiques, de l’enseignement, de la pri-
tion des résultats de la recherche, dont l’ex- processus du développement. L’économie Dans une étude sur la fin de la théorie et se de décision, de la planification, de la
ploitation des brevets, l’environnement de fondée sur le savoir est donc, une économie l’essence des nouvelles formes d’exploitation prospective, de la mise en place de straté-
l’innovation. Il est évident qu’on ne peut pas apprenante et savante qui fonde ses stratégies de la science et du savoir, par le truchement gies diverses.
paramétrer la totalité des exigences pour la sur l’éducation et l’apprentissage des nouvel- de l’explosion de l’IST et de la connaissance, Suite en page 8
transition immatérielle vers la société de la les techniques dans le travail et la maîtrise Chris Anderson retrace dans quelques li-
connaissance. On peut donc parler, de socié- technologique, où le capital humain est l’uni- gnes le développement de plus d’un demi- * Ex Secrétaire General du Centre de
tés apprenantes qui dominent le monde et de que facteur du développement. Les pays qui siècle de la transition vers un nouveau mo- Recherche sur l’information Scientifique et
sociétés ignorantes qui sont encore au stade n’ont pas de ressources naturelles importan- dèle de développement « Il y a 60 ans, les Technique, Fondateur et responsable de la
de la maîtrise des techniques de survie pour tes sont les pays qui dominent toutes les éco- ordinateurs numériques ont rendu l’infor- rédaction de la Revue RIST.

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