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Tertio, il est probable que ce potentiel ait :.1ussi été dilué par l'accroissement:
des économiques pendant les cinq années. Quoique les don
nées statistiques S'lU" l'inêganté économique en Inde'soient assa l'accrois
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sement récent des' disp:uités sodaIes saute :uDt: yeux dans la vie cour.mte.
L'explosion du consumérisme dans k:s villa, par offre un
contraste frappant avec la stagnation des niveaux de vie dans les zones runks. Les
données statistiques S'lU" les salaires réds indiquent aussi un accroissement rapide
chru k secteu.r tandis que les salaires des travailleurs non qualifiés stag
nent depuis plusieurs années. C'est là une autte indication du .&il que les bénéfiCes
deb croissance économique en Inde sont de façon fort inégale.
cauins bw:; de la période précédente. P:armi ces biais sont le peu d'importance
CONQ.US10N
publique plus radicale dans Je secteur social? Dans le C:.tS de l'Inde, on peut citenu
La nison la plus évidente. qui s'applique aussi ailleurs, est liée aux restrictiœs
budgétaires. Lorsque l'étal essaie de réduire son il est difficile de finano:r
l'expansion des savices publics, surtout lorsque la structure des
publiques est fort comme c'est le caS en ,Inde. La réponse, en principe, est
d'augmenta les taxes, et de réduire les dans les secteurs non-essentids
particulia, dans le cas de l'Inde. les dépenses en subsides aux classes favorisées,
qui SOnt énormes). Cette malheureusement, sc heurte à la résistance pd
tique des groupes qui bénéficient de la largesse de "état.
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La seconde n,ison est que l'amélioration des services publics est une tâche dl
ficilc, beaucoup plus difficile que la libéralisation; SUllout dans un pays coml.11C
J'Inde où les institutions publiques sont assez corrompues. Réduire les taxes à l'in
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tJOI'tME tCONOMIQUE
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199 1 , le gouvananent indien s'c:.st embarqué dans un progr.munc de libé
\. ~ qui consiste notamment à réduire les restrictions sur le commao: inter
.f ~~ l rdâchec les contrôles sur l'inTc:stissem.cnt. ct il réduire le déficit de l'état.
".d o • pllJS t:m1. que pouvons-nous dire des effets de ces monnes sur .b pauvreté
~4~..éUc soc::bll D:lns l'ensemble. les données disponibles semblent Indiquee
~ le 17 réformes ont cu peu d'dIet (positif ou négatit) ~r la pauvreté ct le bic:n-Çtre
J"e.l~ Moutons que plusieurs enquêtes récentes montrent que la grande majorité
~od:.tlpOFubtion rw:ale (plus de 90 %) n'a même p2S conscience du f.dt qu'iJ Yait cu
6 e ~ t!ofillCS économiques pendant les cinq dernières :années. Et ceux qui disent en
ô cS t: conscient ont wuvcnt une busse idée du contenu de ces réformes; certains
et": cul tcur.5. pu croknt qu'il s'agit de promouvoir les coopératives agri
l\l~!l_", V':i!lutces pensent q'l'il s'agit de la -ngue de scandales Ctrulndcrs qui :a cécem
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cP t déferlé sur l'Inde.
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pectivcment. avoir été assez perspicace. Mûs il s'avère aussi qt'e l'expansion de l'ir~
rigation soit dû avant tout i l'investissement privé dans les puits individuels. et nOn
Wlle des lopins de tarc., quant il lui. :il été astudcusc:ment contourné p:;u: le déve
loppement d'un muché pour l'ou (ceux qui ont des puits vendent donc de l'ou
ceux qui n'en ont pas). n .semble donc·~·agir .d'une situation où "le marché a mu
J'en profite pour mentionner (en simplifimt un peu) qUe l'économie d'un vil
lage comme P2bnpur est une cspèce de paradis de l'économiste de Chicago, où il
y a un muché "libre" pour presque tout - de .b tare au fownge en p~t par
l'éducation et la santé. On peut même y acheter une journée de travail comme une
barre de sans sc souder de cotisations sociales, ou de revendications syn
dicales, ou de réglementations sa.bri2les.
Pour en conclure avec Palanpur, il faut être ::lssez nait pour croire que la libé
ralisation économique soit une efficace i ces problèmes. Encore une
ceci n'est pas pour nier l'importance de la libéralisation, mais pour iUustrer le fait
que le besoin de réforme cn Inde de loin le cadre étroit de la libéralisation.
Lcs racines de la pauvreté ct de sociale sont profondes, et la libé.ralis:.uion
ne touche qu'une partie du oroblème
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Jean Drèze
Peut-être direz-vous qu'il n'y a rien de neuf dans tout et vous aurez .raison.
Cc qui est f:rappant. justement, c' est que tout le moode semble être d'ao::.ord, en prin
\\ cip<; suc le point de vue que je viens de présenter. Que ce soit 12 Banque Mondiale. ou
le Programme des Nations Unies pour le ~oppement. oU Jclfn::y ou Arruutya
Sen, tout le moode dit qu'il faut réduire l'intervention de l'état dans certains domaines
et le consolida dans d'autres. Et pourtant. al pntique, il semble que seul l'aspect
"réduction" soit réellement pris au sérieux:. En pratique, ce qu'on observe dans pays
après pays (y compris, dans une certaine mesure, 12 Oûne et le Vietnam), c'est que 12
libéralisation économique s'accompagne de 12 stagnation ou même du déclin des ser
vices publics. n y a id un paradoxe qui imite i 12 réflexion· j'y reviendrai..
lE CAS DE l~INDE
UN REGARD EN MRltRE
• Les généralités qui précèdent ont, je pense, des implications importantes pour
12 politique économique en Inde. J. ce sujet, je commence par une petite histoire
celle d'un nlIage appdé Palanpur. situé dans l'Uttar Pradc::sh, un des états les moins
développés de l'Inde, avec une population d'environ 150 millions d'habitants.
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cès des économies dites -de marché", Notops cn particulier qu'environ deux tiers
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de ces dépenses publiques, en moyenne, sont affectées i la santé, i l'éducation et à
la sécurité sociale. L'assurance-santé, sur Iaqucl1e la plupart de pays dépensent
dèle 1
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des sommes importantes l'exception des États-Unis. avec les que:
l'on sait), est sans doute un des progrès les plus remarquables du 20c siècle.
Les pays en développement ont autant d'inspiration li. prendre de ces réalisations
des pays industd:llisés que de ce que ces pays ont accompli en tame d'institutions
car
de marché et de croisSance économique.
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Ajoutons que des réalisations sim.iWres peuvent être reconnues dans les pays
)CC.
en développement qui ont mis raccent sur le côlepositif de l'état. Le fait, par
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exemple, que la Oline et le Viet.nam aient atteint b scolarisation quasi universelle
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vers la fin des :mnées soixante-dix. cn dépit de leurs pauvres ressources, est un suc
cès éclatant - surtout par rapport il l'Inde. où, vingt ans plus tard, b moitié de la
population est encore analphabète. Lorsqu'on souligne, Ji juste titre, les échecs de
l'économie planifiée dans les pays aupannnt socialistes (ou dits socialistes). on il
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tendance il oublier ces réalisations positives de grande import:ance,
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vers les échecs des pays qui ont négligé le rôle positif de l'état. Pour comprendre le
ce
retard de l'Asie du Sud et de l'Moque. par exemple, je pense qu'il est capital de
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tiques sur l'économiè. mais aussi le fait que dans beaucoup de ces pays l'interven
0::
tion publique dans les secteurs sociaux a été limitée et inefficace. Je reviendrai sur
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ce point en ce qui coneerne l'Inde.
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L'importance du rôle positif de l'état dans le développement (11,\1n seulement
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pour ce qui est des secteurs dits ·sociaux·. mais aussi dans bien d'auties domaines)
Il
n'est en fin de compte pas difficile à comprendre. Avouons-k, nous ne pouvons pas
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attendre du màrché qu'il pourvoie la sécurité sociak, aSSure la scolarisation univer
:l
suis tenté d'ajouter en passant que nous ne pouvons pas non plus attendre du mar·
.
ché qu'il assure la "transition vers l'économie du marche. Paradoxalement, l'état
quer que les pays où la transition a été assez réussie (notamment la Chine ct le
Vi<":tnam) sont des pays où les institutions publiques sont relativement solides.
Tout ccci nc veut pas dire qu'il soit facile de promouv0ir le ,ô!c positif de
l'état, mais impliquc que là où on n'arrive pas à le faire, les résl.Ùuts de la libéx·ali
sation économique seront sans doute assez limités· comme c'est le cas en Inde.
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JeanDrke
Que peut-on donc espérer, pour ces pays les plus dhnunls, de la "'transition
1 vers ,'économie de man:bé-'
TRANSITION ET D~VELOPPEMENT
On oublie également que la part des dépenses publiques dans le PIB dans ces
pays, qui a monté en flèche depuis environ 10 % au début du siècle jusqu'a, 50 % et
plus aujourd'hui, continue à s'accroître (même aux J1tats-Unis ct an Angleterre), en
dépit de la réthoriquc du remballage de l'état; tandis4uc dans les pays en dévelop
pement, clIe à commencé à baisser assez sensiblement pendant les dernières
années, dû en partie aux pressions d'organ.i.sations internationales teUes que la
Banque Mondiale et le Fond Monétaire International.
On oublie encore que. dans un pays comme la Belgique, une pc.rsonne sur 15
est fonctionnaire de l'état, contre une personne sur 50 en Inde.
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On oublie enlin que ces publiques, bien que excessives à
certains points de vue, ont joué un rôle considérable dans certains des grands suc
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Jean Drèze
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