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Auteurs/Contributeurs
Publié par
Médecins Sans Frontières
Auteurs/Contributeurs – 6
Guide clinique et thérapeutique
Avant-propos
Ce guide clinique et thérapeutique s’adresse aux professionnels de santé impliqués dans les soins
curatifs au niveau des dispensaires et des hôpitaux de premier niveau.
Nous avons essayé de répondre le plus simplement possible aux questions et problèmes auxquels est
confronté le personnel de santé par des solutions pratiques, conciliant l’expérience acquise sur le terrain
par Médecins Sans Frontières, les recommandations des organismes de référence tels que l’Organisation
mondiale de la Santé (OMS) et celles des ouvrages spécialisés en la matière.
Cette édition aborde les aspects curatifs, et dans une moindre mesure les aspects préventifs, des
principales pathologies rencontrées sur le terrain. La liste est incomplète mais couvre l’essentiel des
besoins.
Ce guide est utilisé non seulement dans les programmes appuyés par Médecins Sans Frontières, mais
aussi dans d’autres programmes et dans des contextes différents. Il fait notamment partie intégrante du
kit sanitaire d’urgence de l’OMS.
Ce guide est traduit par Médecins Sans Frontières en anglais et en espagnol. Des éditions en d’autres
langues ont également été produites sur les terrains d’intervention.
Ce guide a été élaboré collectivement par des professionnels de santé pluridisciplinaires possédant tous
une expérience du terrain.
Malgré l’attention portée à sa réalisation, des erreurs ont pu se glisser dans le texte. Les auteurs
remercient les utilisateurs, si tel est le cas, de bien vouloir les signaler. Ils rappellent qu’en cas de doute, il
appartient au prescripteur de s’assurer que les posologies indiquées dans ce guide sont conformes aux
spécifications des fabricants.
Afin d’assurer à ce guide l’évolution la plus adaptée aux réalités du terrain, merci de nous communiquer
vos commentaires ou suggestions.
Les protocoles thérapeutiques étant en constante évolution, il est recommandé de consulter les mises à
jour mensuelles.
Avant-propos – 7
Guide clinique et thérapeutique
Sigles et abréviations
ACT combinaison thérapeutique à la base d’artémisinine
BK bacille de Koch
°C degré Celsius
CMV cytomégalovirus
dl décilitre
FC fréquence cardiaque
FR fréquence respiratoire
g gramme
IC insuffisance cardiaque
IEC inhibiteurs de l'enzyme de conversion
IM intramusculaire
J1 (J2, J3, etc.) Jour 1 ou premier jour (Jour 2 ou 2e jour, Jour 3 ou 3e jour,
etc.)
kcal kilocalorie
kg kilogramme
ml millilitre
mmol millimole
PL ponction lombaire
PPC pneumocystose
PO per os – voie orale
SMX sulfaméthoxazole
SMX + TMP sulfaméthoxazole + triméthoprime = co-trimoxazole
SpO2 saturation du sang artériel en oxygène mesurée avec un
oxymètre de pouls
SRO solution de réhydratation orale ou sels de réhydratation
orale
TA tension (pression) artérielle
TB tuberculose
TMP triméthoprime
Etat de choc
Défaillance circulatoire aiguë entraînant une insuffisance de la perfusion tissulaire qui, si elle se
prolonge, provoque des lésions irréversibles de l'ensemble des viscères. La mortalité est élevée en
l'absence de diagnostic et de traitement précoces.
Etiologie et physiopathologie
Choc hypovolémique
Hypovolémie vraie par diminution importante de la masse sanguine :
– Hémorragie extériorisée ou non : post-traumatique, per et postopératoire, obstétricale (grossesse
extra-utérine, rupture utérine, etc.), perte de sang liée à une pathologie sous-jacente (ulcère gastro-
duodénal, etc.). Une perte ≥ 30% de la masse sanguine chez un adulte entraîne un état de choc
hémorragique.
– Déshydratation : vomissements et diarrhées graves, occlusion intestinale, coma diabétique
Choc septique
Par mécanisme complexe associant souvent vasodilatation, défaillance cardiaque et hypovolémie vraie.
Choc cardiogénique
Par diminution importante du débit cardiaque :
– Atteinte directe du myocarde : infarctus, contusion, traumatisme, intoxication.
– Mécanisme indirect : troubles du rythme, péricardite constrictive, hémopéricarde, embolie pulmonaire,
pneumothorax étendu, atteintes valvulaires, anémies graves, béri-béri, etc.
Signes cliniques
Choc hypovolémique
Les signes communs aux états de choc décrits ci-dessus sont typiques du choc hypovolémique.
Attention : ne pas sous estimer l'hypovolémie. Les signes de choc peuvent ne devenir évidents qu'après
une perte de 50% de la masse sanguine chez l’adulte.
Choc anaphylactique
– Chute brutale et importante de la TA
– Tachycardie
– Manifestations cutanées fréquentes : érythème, urticaire, œdème pharyngo-laryngé
– Manifestations respiratoires : dyspnée, bronchospasme
Choc septique
– Fièvre élevée ou hypothermie (< 36 °C) ; frissons, état confusionnel.
– Dans la phase initiale, la TA peut-être conservée, mais, rapidement, même tableau clinique que dans le
choc hypovolémique.
Choc cardiogénique
– Signes respiratoires traduisant une insuffisance ventriculaire gauche (œdème aigu du poumon)
souvent au premier plan : polypnée, râles crépitants à l’auscultation.
– Signes d’insuffisance ventriculaire droite : turgescence jugulaire, reflux hépato-jugulaire, parfois isolés,
mais plus fréquemment associés aux signes d’insuffisance ventriculaire gauche.
Le diagnostic étiologique est orienté par :
– Le contexte : notion de traumatisme, de piqûre d’insecte, de prise de médicaments, etc.
– L’examen clinique :
• fièvre
• pli cutané persistant d'une déshydratation
• douleurs thoraciques d'un infarctus, d'une embolie pulmonaire
• douleur ou défense abdominale d'une péritonite, distension d'une occlusion
• sang dans les selles, hématémèse d'une hémorragie digestive
• crépitations sous-cutanées en faveur d'infections anaérobies
Traitement
Les traitements symptomatique et étiologique sont indissociables.
Hémorragie
– Maîtriser l'hémorragie (compression, garrot, hémostase chirurgicale).
– Déterminer le groupe sanguin.
– La priorité est de restaurer la volémie le plus rapidement possible :
Poser 2 voies veineuses (cathéters 16G chez l'adulte).
Ringer lactate ou chlorure de sodium 0,9% : perfuser 3 fois le volume à compenser
et/ou gélatine fluide modifiée : perfuser 1,5 fois le volume à compenser
– Transfuser : classiquement, lorsque les pertes sanguines estimées représentent environ 30 à 40% de la
masse sanguine (25% chez l’enfant). Le sang doit être préalablement testé (HIV, hépatite B et C, syphilis,
paludisme en zone endémique, etc.).
Choc septique
– Remplissage vasculaire avec Ringer lactate ou chlorure de sodium 0,9% ou gélatine fluide modifiée.
– Utilisation d'un agent vaso-actif :
dopamine IV à débit constant à la seringue électrique (voir encadré(see page 16)) :
10 à 20 microgrammes/kg/minute
ou, à défaut
épinéphrine IV à débit constant à la seringue électrique :
Solution diluée : 1 mg d'épinéphrine dans 9 ml de NaCl 0,9% pour obtenir une solution à 0,1 mg
d'épinéphrine/ml (1:10 000). Commencer à 0,1 microgramme/kg/minute. Augmenter
Cutanée
staphylocoques, streptocoques cloxacilline + gentamicine
Pulmonaire
pneumocoques, Haemophilus ampicilline ou ceftriaxone co-amoxiclav ou ceftriaxone
influenzae +/- gentamicine + ciprofloxacine
Intestinale ou biliaire
entérobactéries, anaérobies, co-amoxiclav + gentamicine ceftriaxone + gentamicine
entérocoques + métronidazole
Gynécologique
streptocoques, gonocoques, co-amoxiclav + gentamicine ceftriaxone + gentamicine
anaérobies, E. coli + métronidazole
Urinaire
entérobactéries, entérocoques ampicilline + gentamicine ceftriaxone + ciprofloxacine
ampicilline IV
Enfant de 1 mois et plus : 50 mg/kg toutes les 6 à 8 heures
Adulte : 1 à 2 g toutes les 6 à 8 heures
cloxacilline perfusion IV (60 minutes)
Enfant de plus de 1 mois : 50 mg/kg toutes les 6 heures (max. 8 g par jour)
Adulte : 3 g toutes les 6 heures
amoxicilline/acide clavulanique (co-amoxiclav) IV lente (3 minutes) ou perfusion IV (30 minutes)
La dose est exprimée en amoxicilline :
Enfant de moins de 3 mois : 50 mg/kg toutes les 12 heures
Enfant ≥ 3 mois et < 40 kg : 50 mg/kg toutes les 8 heures (max. 6 g par jour)
Enfant ≥ 40 kg et adulte : 2 g toutes les 8 heures
ceftriaxone IV lente 1(see page 0) (3 minutes)
Enfant : 100 mg/kg une fois par jour
Adulte : 2 g une fois par jour
ciprofloxacine PO (sonde gastrique)
Enfant : 15 mg/kg 2 fois par jour
Adulte : 500 mg 2 fois par jour
gentamicine IM ou IV lente (3 minutes)
Enfant ≥ 1 mois et adulte : 6 mg/kg une fois par jour
Choc cardiogénique
L’objectif est de restaurer un débit cardiaque efficace. Le traitement du choc cardiogénique dépend du
mécanisme.
– Insuffisance cardiaque gauche aiguë par surcharge
Elle se manifeste d’abord par un œdème aigu du poumon (pour le traitement, voir Insuffisance
cardiaque de l'adulte(see page 324), Chapitre 12).
En cas d’aggravation des signes avec effondrement de la TA, utiliser un tonicardiaque puissant :
dopamine IV à débit constant à la seringue électrique (voir encadré(see page 16)) : 3 à 10
microgrammes/kg/minute
Dès que la situation hémodynamique le permet (normalisation de la TA, atténuation des signes
d’insuffisance circulatoire périphérique), les dérivés nitrés ou la morphine peuvent être introduits
prudemment.
La digoxine ne doit plus être utilisée dans les états de choc cardiogéniques sauf dans les rares cas où
l’origine est une tachyarythmie supraventriculaire diagnostiquée à l’ECG. Son utilisation nécessite la
correction préalable d’une hypoxie.
digoxine IV lente
Enfant : une injection de 0,010 mg/kg (10 microgrammes/kg) à renouveler 3 à 4 fois par 24 heures si
nécessaire
Adulte : une injection de 0,25 à 0,5 mg puis 0,25 mg à renouveler 3 à 4 fois par 24 heures si nécessaire
– Tamponnade : défaillance cardiaque par gêne au remplissage cardiaque, hémopéricarde, contexte
septique, etc.
Ponction péricardique urgente après remplissage vasculaire +++.
– Pneumothorax suffocant : drainage du pneumothorax.
– Embolie pulmonaire grave : traitement anticoagulant efficace en milieu hospitalier.
En l'absence de seringue électrique, la dilution dans un soluté de perfusion peut être envisagée.
Peser les risques liés à ce mode d'administration (bolus accidentel ou dose insuffisante). La perfusion
doit être étroitement surveillée pour éviter une modification, même minime, du débit prescrit.
Exemple pour de l’épinéphrine :
– Chez un adulte :
Diluer 10 ampoules de 1 mg d'épinéphrine (10 000 microgrammes) dans 1 litre de glucose 5% ou
de chlorure de sodium 0,9%, pour obtenir une solution contenant 10 microgrammes
d’épinéphrine par ml.
Sachant que 1 ml = 20 gouttes, chez un adulte de 50 kg :
• 0,1 microgramme/kg/minute = 5 microgrammes/minute = 10 gouttes/minute
• 1 microgramme/kg/minute = 50 microgrammes/minute = 100 gouttes/minute, etc.
− Chez un enfant :
Diluer 1 ampoule de 1 mg d'épinéphrine (1000 microgrammes) dans 100 ml de glucose 5% ou de
chlorure de sodium 0,9% pour obtenir une solution à 10 microgrammes d’épinéphrine par ml.
Utiliser un perfuseur pédiatrique, sachant que 1 ml = 60 gouttes, chez un enfant de 10 kg :
• 0,1 microgramme/kg/minute = 1 microgramme/minute = 6 gouttes/minute
• 0,2 microgrammes/kg/minute = 2 microgrammes/minute = 12 gouttes/minute, etc.
Attention : prendre en compte le volume total perfusé dans les bilans entrée-sortie.
1(see page 15) Le solvant de la ceftriaxone pour injection IM contient de la lidocaïne. Reconstituée avec ce
solvant, la ceftriaxone ne doit jamais être administrée en IV. Pour l’administration IV, utiliser
uniquement de l’eau pour préparation injectable.
Convulsions
• Traitement initial(see page 18)
• Le malade convulse(see page 18)
• Le malade ne convulse plus(see page 18)
• Etat de mal convulsif(see page 18)
• Traitement ultérieur(see page 19)
• Convulsions fébriles(see page 19)
Traitement initial
Le malade convulse
– Protéger des traumatismes, s’assurer de la liberté des voies aériennes, installer en décubitus latéral,
desserrer les vêtements.
– La plupart des crises cèdent spontanément et rapidement. L’administration d’un anticonvulsivant n’est
pas systématique. Si une crise généralisée dure plus de 5 minutes, arrêter la crise avec :
diazépam
Enfant : 0,5 mg/kg en intrarectal 1(see page 0) de préférence sans dépasser 10 mg.
La voie IV lente est possible (0,3 mg/kg en 2 à 3 minutes) à condition d’avoir du matériel d’assistance
ventilatoire à portée de main (Ambu et masque).
Adulte : 10 mg en intrarectal ou en IV lente
Dans tous les cas :
• Si les convulsions persistent au-delà de 10 minutes, renouveler une fois l’injection.
• Chez les enfants et sujets âgés, surveiller la fréquence respiratoire et la pression artérielle.
• En cas d’échec après la seconde dose, traiter comme un état de mal convulsif.
rapide. Surveiller pouls, pression artérielle et fréquence respiratoire toutes les 15 minutes pendant et
après l’administration. Ralentir le débit de la perfusion en cas de baisse de la pression artérielle ou de
bradycardie. Avoir à portée de main le nécessaire pour ventiler (Ambu et masque ou sonde d’intubation,
etc.) et pour effectuer un remplissage vasculaire.
Ne pas diluer la phénytoïne dans du glucose. Ne pas la passer sur une voie où
passe une solution glucosée. Utiliser un cathéter de gros calibre. Vérifier le retour
veineux et le point de ponction (risque de nécrose en cas d'extravasation). Après
chaque perfusion, rincer avec du chlorure de sodium 0,9% pour limiter l'irritation de la
veine.
phénobarbita − Enfant de 1 mois à < 12 ans : une dose de 15 à 20 mg/kg (max. 1 g) administrée en 20
l minutes minimum
perfusion IV Si nécessaire, une deuxième dose de 10 mg/kg peut être administrée 15 à 30 minutes
lente après la première dose.
Ampoule à 200 − Enfant ≥ 12 ans et adulte : une dose de 10 mg/kg (max. 1 g) administrée en 20
mg (200 mg/ minutes minimum
ml, 1 ml) Si nécessaire, une deuxième dose de 5 à 10 mg/kg peut être administrée 15 à 30
minutes après la première dose.
− Ne pas dépasser 1 mg/kg/minute.
Par exemple :
Enfant de 8 kg : 120 mg (15 mg x 8 kg), soit 0,6 ml de phénobarbital dans 20 ml de
chlorure de sodium 0,9% en 20 minutes
Adulte de 50 kg : 500 mg (10 mg x 50 kg), soit 2,5 ml de phénobarbital dans une poche
de 100 ml de chlorure de sodium 0,9% en 20 minutes
Pour des doses inférieures à 1 ml, utiliser une seringue de 1 ml graduée en 100e
de ml pour prélever le phénobarbital.
Traitement ultérieur
Convulsions fébriles
– Rechercher la cause de la fièvre. Donner paracétamol (voir Fièvre(see page 22), Chapitre 1).
– Chez l’enfant de moins de 3 ans, les convulsions fébriles simples exposent rarement à un risque de
complications ultérieures et ne nécessitent pas de traitement après la crise. Lors des épisodes fébriles
ultérieurs, paracétamol PO.
Causes infectieuses
Paludisme sévère(see page 132) (Chapitre 6), méningite(see page 169) (Chapitre 7), méningo-encéphalite,
toxoplasmose cérébrale (Infection par le VIH et sida(see page 221), Chapitre 8), cysticercose (Cestodoses(see
page 155), Chapitre 6), etc.
Causes métaboliques
– Hypoglycémie : administrer du glucose en IV directe lente chez tout patient qui ne reprend pas
conscience ou en cas de paludisme sévère ou chez le nouveau-né et l’enfant malnutri. Chaque fois que
possible, confirmer l’hypoglycémie (bandelette réactive).
Causes iatrogènes
– Chez un malade traité pour épilepsie, l’arrêt du traitement doit être organisé sur une période de 4 à 6
mois en réduisant progressivement les doses. Un arrêt brutal peut provoquer des crises convulsives
sévères et répétées.
Epilepsie
– Une première crise brève ne nécessite pas de traitement anti-épileptique. Seules les affections
chroniques caractérisées par la répétition de crises justifient la prise régulière d’un traitement anti-
épileptique, habituellement pendant plusieurs années.
– Une fois le diagnostic posé, l’abstention thérapeutique peut être préconisée du fait des risques liés au
traitement mais ces risques doivent être mis en balance avec ceux de l’abstention thérapeutique : risque
d’aggravation de l’épilepsie, de lésions cérébrales et autres lésions traumatiques en relation avec les
crises.
– La monothérapie est toujours préférable en première intention. La dose efficace doit être administrée
progressivement et évaluée après un délai de 15 à 20 jours, sur l’amélioration des symptômes et la
tolérance du patient.
– L’arrêt brutal du traitement peut provoquer un état de mal convulsif. La réduction des doses doit être
d'autant plus progressive que le traitement a été long (voir Causes iatrogènes(see page 20)). De la même
manière, un changement de traitement doit être progressif avec un chevauchement sur quelques
semaines.
– Les traitements de première ligne des épilepsies généralisées convulsives sont la carbamazépine ou le
phénobarbital chez l’enfant de moins de 2 ans et le valproate de sodium ou la carbamazépine chez
l’enfant de plus de 2 ans et l’adulte.
A titre indicatif :
valproate de sodium PO
Enfant de plus de 20 kg : dose initiale de 200 mg 2 fois par jour quelque soit le poids de l'enfant;
augmenter progressivement si nécessaire, jusqu’à la posologie optimale (habituellement 10 à 15 mg/kg 2
fois par jour)
Adulte : dose initiale de 300 mg 2 fois par jour; augmenter tous les 3 jours de 200 mg jusqu’à la posologie
optimale (habituellement 500 mg à 1 g 2 fois par jour)
carbamazépine PO
Enfant de 1 mois et plus : dose initiale de 5 mg/kg une fois par jour ou 2,5 mg/kg 2 fois par
jour; augmenter la dose de 2,5 à 5 mg/kg chaque semaine, jusqu'à 5 mg/kg 2 à 3 fois par jour (max. 20
mg/kg par jour)
Adulte : dose initiale de 100 à 200 mg une à 2 fois par jour; augmenter la dose de 100 à 200 mg chaque
semaine, jusqu'à 400 mg 2 à 3 fois par jour (max. 1600 mg par jour)
phénobarbital PO
Enfant : dose initiale de 3 à 4 mg/kg une fois par jour au coucher, augmenter progressivement jusqu’à 8
mg/kg par jour si nécessaire
Adulte : dose initiale de 2 mg/kg une fois par jour au coucher (sans dépasser 100 mg), augmenter
progressivement jusqu’à 6 mg/kg par jour si nécessaire
1(see page 18) Pour l’administration intrarectale, utiliser une seringue sans aiguille, ou adapter une sonde
gastrique n°8 coupée sur l’embout de la seringue (laisser une longueur de 2 à 3 cm).
Hypoglycémie
• Signes cliniques(see page 21)
• Diagnostic(see page 21)
• Traitement symptomatique(see page 22)
• Traitement étiologique(see page 22)
• Références(see page 22)
– L'hypoglycémie est une concentration anormalement basse de glucose dans le sang. Une
hypoglycémie sévère peut être mortelle ou provoquer des séquelles neurologiques irréversibles.
– Chez un patient qui présente des symptômes d’hypoglycémie, mesurer la glycémie chaque fois que
possible. S’il est pas possible de mesurer la glycémie, considérer qu’il existe une hypoglycémie et
administrer du glucose (ou un autre sucre disponible).
– Penser systématiquement à une hypoglycémie en cas de troubles de la conscience (léthargie, coma) ou
de convulsions.
– Pour le diagnostic et le traitement de l’hypoglycémie chez le nouveau-né, se référer au guide Soins
obstétricaux et néonatals essentiels, MSF.
Signes cliniques
Apparition rapide de signes non spécifiques plus ou moins associés, en fonction de la gravité de
l’hypoglycémie : sensation de faim et de fatigue, tremblements, tachycardie, pâleur, sueurs, anxiété,
troubles de la vision, troubles de la parole, confusion, convulsions, léthargie, coma.
Diagnostic
Glycémie capillaire (bandelette réactive) :
– Patient non diabétique :
• Hypoglycémie : < 3,3 mmol/litre (< 60 mg/dl)
• Hypoglycémie sévère : < 2,2 mmol/litre (< 40 mg/dl)
– Patient diabétique qui se traite à domicile : < 3,9 mmol/litre (< 70 mg/dl)1(see page 22)
Si la glycémie n’est pas disponible, la résolution des symptômes après l’administration de sucre ou
glucose confirme l’hypothèse d’une hypoglycémie.
Traitement symptomatique
– Le patient est conscient :
Enfant : une cuillère à café de sucre en poudre dans quelques ml d’eau ou 50 ml de jus de fruit, de lait
maternel ou thérapeutique ou 10 ml/kg de glucose 10% PO ou par sonde nasogastrique.
Adulte : 15 à 20 g de sucre, sous forme de morceaux de sucre (3 à 4) ou de boisson sucrée (eau sucrée, jus
de fruit, soda, p. ex.).
Les symptômes s’améliorent en environ 15 minutes après la prise de sucre par voie orale.
– Le patient présente des troubles de la conscience ou des convulsions prolongées :
Enfant : 2 ml/kg de glucose 10% en IV lente (2 à 3 minutes)
Adulte : 1 ml/kg de glucose 50% en IV lente (3 à 5 minutes)
Les troubles neurologiques s’améliorent en quelques minutes après l’injection.
Remesurer la glycémie après 15 minutes. Si elle reste basse, ré-administrer du glucose par voie IV ou
donner du sucre par voie orale selon l’état du patient.
En l’absence d’amélioration clinique, évoquer un autre diagnostic : p. ex. infection grave (paludisme
sévère, méningite, etc.), épilepsie, ingestion accidentelle d'alcool ou insuffisance surrénalienne chez
l'enfant.
Dans tous les cas, une fois le patient stabilisé, donner un repas ou une collation riche en glucides
d’absorption plus lente et surveiller le patient quelques heures.
En cas d’obnubilation persistante après un épisode d’hypoglycémique sévère, mesurer régulièrement la
glycémie.
Traitement étiologique
– En dehors du diabète :
• Traiter une malnutrition sévère, un sepsis néonatal, un paludisme sévère, une intoxication alcoolique
aiguë, etc.
• Mettre fin à un jeûne prolongé.
• Remplacer les médicaments responsables d’hypoglycémie (p. ex., quinine IV, pentamidine,
ciprofloxacine, énalapril, bétabloquants, aspirine à forte dose, tramadol) ou anticiper l’hypoglycémie (p.
ex. administrer la quinine IV dans une perfusion de glucose).
– Chez un patient diabétique :
• Eviter de sauter des repas, augmenter l’apport en glucides si nécessaire.
• Réajuster la dose d’insuline en fonction des glycémies, des efforts physiques prévus.
• Réajuster les doses si traitement antidiabétique oral, prendre en compte d’éventuelles interactions
médicamenteuses.
Références
1. American Diabetes Association Standards of Medical Care in Diabetes, 2017.
http://care.diabetesjournals.org/content/diacare/suppl/2016/12/15/40.Supplement_1.DC1/
DC_40_S1_final.pdf [consulté le 24 mai 2018]
Fièvre
• Signes de gravité(see page 23)
– La fièvre se définit par une température axillaire supérieure ou égale à 37,5 °C.
– La fièvre est souvent due à un état infectieux. Chez un patient fébrile, rechercher d’abord des signes de
gravité puis tenter d'établir un diagnostic.
Signes de gravité
– Tachycardie sévère, tachypnée, détresse respiratoire, SpO2 ≤ 90%.
– Choc, altération de la conscience, pétéchies/purpura, signes méningés, convulsions, souffle cardiaque,
douleur abdominale sévère, déshydratation, altération sévère de l’état général 1(see page 0) bombement de
la fontanelle chez les jeunes enfants.
Traitement étiologique
– Antibiothérapie en fonction de la cause identifiée.
– Pour les patients drépanocytaires, voir Drépanocytose(see page 310), Chapitre 12.
– Si la cause n’est pas identifiée, hospitaliser et administrer une antibiothérapie aux :
• Enfant de moins de 1 mois ;
• Enfant de 1 mois à 3 ans avec leucocytes ≥ 15000 ou ≤ 5000/mm3 ;
• Patients avec altération sévère de l’état général 1(see page 0) ou signes de gravité.
Pour l’antibiothérapie selon l’âge, voir Pneumonie aiguë(see page 72), Chapitre 2.
Traitement symptomatique
– Découvrir le patient. Ne pas faire d’enveloppement humide (peu efficace, augmente le mal être de
l’enfant, risque d’hypothermie).
– Les antipyrétiques peuvent améliorer le confort mais ne préviennent pas les convulsions fébriles. La
durée du traitement ne doit pas excéder 3 jours.
paracétamol PO
Enfant de moins de 1 mois : 10 mg/kg 3 à 4 fois par jour (max. 40 mg/kg par jour)
Enfant de 1 mois et plus : 15 mg/kg 3 à 4 fois par jour (max. 60 mg/kg par jour)
Adulte : 1 g 3 à 4 fois par jour (max. 4 g par jour)
ou
ibuprofène PO
Enfant de plus de 3 mois et < 12 ans : 5 à 10 mg/kg 3 à 4 fois par jour (max. 30 mg/kg par jour)
Enfant de 12 ans et plus et adulte : 200 à 400 mg 3 à 4 fois par jour (max. 1200 mg par jour)
ou
acide acétylsalicylique (ASA) PO
Enfant de plus de 16 ans et adulte : 500 mg à 1 g 3 à 4 fois par jour (max. 4 g par jour)
1(see page 23) Signes d’une altération sévère de l’état général chez l’enfant : pleurs faibles ou geignements,
enfant somnolent, difficile à réveiller, ne souriant pas, regard vide ou anxieux, pâleur ou
cyanose, hypotonie générale.
[ a(see page 23) b(see page 24) c(see page 24) d(see page 24) ]
Douleur
• Signes cliniques(see page 26)
• Évaluation de la douleur(see page 26)
• Examen clinique(see page 26)
• Synthèse(see page 26)
• Échelles d’évaluation de la douleur(see page 26)
• Echelle d’auto-évaluation - Enfants de plus de 5 ans et adultes(see page 26)
• Echelle d’hétéro-évaluation - Enfants de 2 mois à 5 ans(see page 26)
• Echelle d’hétéro-évaluation - Enfants de moins de 2 mois(see page 27)
• Traitement(see page 28)
• Douleurs d’origine nociceptive(see page 28)
• Traitement des douleurs aiguës(see page 28)
• Traitement des douleurs d’origine nociceptive chez la femme enceinte ou
allaitante(see page 32)
• Douleurs neuropathiques(see page 32)
• Douleurs d’origine mixte(see page 33)
• Douleurs chroniques(see page 33)
• Co-antalgiques(see page 33)
La douleur correspond à des processus pathologiques variés. Elle est exprimée différemment selon le
patient, son âge, sa culture. C'est une sensation subjective, ce qui signifie que seul le patient peut en
apprécier l’intensité. L'évaluation régulière de l'intensité de la douleur est indispensable pour prescrire
un traitement efficace.
Signes cliniques
Évaluation de la douleur
– Intensité : utiliser une échelle verbale simple chez l’enfant de plus de 5 ans et l’adulte et les échelles
NFCS ou FLACC chez l’enfant de moins de 5 ans (voir Échelles d'évaluation de la douleur(see page 26)).
– Circonstance d’apparition : brutale, intermittente, chronique ; au repos, la nuit, lors d’un mouvement,
lors des soins, etc.
– Type : brûlure, crampe, spasme, pesanteur, irradiations, etc.
– Facteurs aggravants, facteurs de soulagement, etc.
Examen clinique
– De la région où est localisée la douleur.
– Recherche de signes spécifiques d'une pathologie sous-jacente (p. ex. des douleurs osseuses ou ostéo-
articulaires peuvent correspondre à une carence en vitamine C) et examen des différents appareils.
– Signes associés tels que fièvre, amaigrissement, etc.
Synthèse
La synthèse des informations recueillies lors de l'interrogatoire et de l'examen clinique permet de
préciser la cause et d'orienter le traitement. Il est important de distinguer :
– Les douleurs d’origine nociceptive : il s’agit le plus souvent de douleurs aiguës et la relation de cause à
effet est en général évidente (p. ex. douleurs aiguës post-opératoires, brûlures, traumatisme, coliques
néphrétiques, etc.). La douleur peut revêtir différentes formes mais l’examen neurologique est normal.
Leur traitement est relativement bien codifié.
– Les douleurs neuropathiques, dues à une lésion nerveuse (section, élongation, ischémie) : il s’agit de
douleurs le plus souvent chroniques. Sur un fond douloureux permanent à type de paresthésie, brûlure,
crampes, se greffent des composantes paroxystiques à type de décharges électriques, fréquemment
accompagnées de troubles neurologiques (anesthésie, hypo ou hyperesthésie). Ces douleurs surviennent
dans les infections virales atteignant directement le SNC (herpès, zona), les compressions tumorales, les
traumatismes (amputation), les paraplégies, etc.
– Les douleurs d’origine mixte (cancers, HIV) dont la prise en charge requiert une approche plus globale.
Intensité de la douleur Pas de douleur Douleur faible Douleur modérée Douleur intense
Cotation 0 1 2 3
Noter 0 + ++ +++
Cotation
Items
0 1 2
Jambes Position normale ou Mal à l’aise, agité, tendu Donne des coups de pied ou
détendu jambes recroquevillées
Chacun des 5 items est coté de 0 à 2, ce qui donne un score compris entre 0 et 10.
De 0 à 3 : douleur faible, de 4 à 7 : douleur modérée, de 7 à 10 : douleur intense
Cotation
Items
0 1
Un score supérieur ou égal à 2 traduit une douleur importante, nécessitant un traitement antidouleur.
Traitement
Le traitement dépend du type de la douleur et de son intensité. Il est à la fois symptomatique et
étiologique lorsque qu’une cause curable est retrouvée et uniquement symptomatique dans les autres
cas (étiologie non retrouvée, pathologie incurable).
Nive paracétam < 1 mois : 10 mg/kg 1 g toutes toutes les 6 à L’efficacité de la voie IV n’est
au 1 ol PO toutes les 6 à 8 heures 8 heures (max. 4 g par pas supérieure à celle de la
(max. 40 mg/kg par jour) voie orale ; la voie IV est
jour) utilisée uniquement si
l’administration orale est
≥ 1 mois : 15 mg/kg impossible.
toutes les 6 à 8 heures
(max. 60 mg/kg par
jour)
≥ 10 kg : 15 mg/kg
toutes les 6 heures
(max. 60 mg/kg par
jour)
Nive morphine > 6 mois : 0,15 mg/kg 10 mg toutes les 4 • Réduire la dose de moitié
au 3 PO à toutes les 4 heures, à heures, à ajuster en chez le sujet âgé ou en cas
libération ajuster en fonction de fonction de l’évaluation d’insuffisance rénale ou
immédiate l’évaluation de la de la douleur hépatique.
(LI) douleur
• Associer un laxatif si
traitement > 48 heures.
morphine La dose journalière est La dose journalière est • Ne pas administrer d’emblée
PO à déterminée lors du déterminée lors du la forme LP chez le sujet âgé
libération traitement initial par la traitement initial par la ou en cas d’insuffisance rénale
prolongée morphine à libération morphine à libération ou hépatique. Commencer par
(LP) immédiate (LI). immédiate (LI). la forme LI.
morphine > 6 mois : 0,1 à 0,2 mg/ 0,1 à 0,2 mg/kg toutes • Réduire la dose de moitié et
SC, IM kg toutes les 4 heures les 4 heures espacer les injections en
fonction de la réponse
clinique chez les sujets âgés et
en cas d’insuffisance rénale ou
hépatique sévère.
• Associer un laxatif si
traitement > 48 heures.
La dépression respiratoire doit être rapidement dépistée et traitée : stimulation verbale et physique du
patient ; administration d’oxygène ; assistance respiratoire (ballon et masque) si besoin. En l’absence
d’amélioration, administrer de la naloxone (antagoniste de la morphine) de façon titrée par bolus à
renouveler toutes les minutes jusqu'à la normalisation de la FR et la disparition de la somnolence
excessive: 5 microgrammes/kg chez l'enfant et 1 à 3 microgrammes/kg chez l'adulte.
– La morphine et la codéine provoquent toujours une constipation. Un laxatif doit être
systématiquement prescrit si le traitement antalgique se prolonge au-delà de 48 heures : le lactulose PO
est le médicament de choix : enfant < 1 an : 5 ml par jour ; enfant de 1 à 6 ans : 5 à 10 ml par jour ; enfant
de 7 à 14 ans : 10 à 15 ml par jour ; adulte : 15 à 45 ml par jour.
En cas de selles molles, utiliser de préférence un laxatif stimulant (bisacodyl PO : enfant > 3 ans : 5 à 10
mg une fois par jour ; adulte : 10 à 15 mg une fois par jour).
– Les nausées et vomissements sont fréquents en début de traitement.
Enfant :
ondansétron PO : 0,15 mg/kg (max. 4 mg par prise) jusqu’à 3 fois par jour
Ne pas utiliser le métoclopramide chez l’enfant.
Adulte :
halopéridol PO (solution orale à 2 mg/ml) : 1 à 2 mg jusqu'à 6 fois par jour ou métoclopramide PO : 5 à
10 mg 3 fois par jour en respectant un intervalle d’au moins 6 heures entre les prises
Ne pas associer les deux médicaments.
– Pour la douleur chronique d’une maladie à un stade évolué (cancers, sida, etc.), la morphine PO est le
médicament de choix. Il peut être nécessaire d’augmenter les doses au fil des mois en fonction de
l’évaluation de la douleur. Ne pas hésiter à administrer les doses nécessaires et efficaces.
– La morphine, le tramadol et la codéine ont des modes d’action similaire et ne doivent pas être associés.
– La buprénorphine, la nalbuphine et la pentazocine s’opposent aux effets antalgiques de la morphine,
de la péthidine, du tramadol et de la codéine : ne pas les associer.
codéin possi Risque de syndrome de sevrage, Administrer avec prudence, pour une
e ble dépression respiratoire, sédation chez durée brève (2 à 3 jours), à la plus
Nive le nouveau-né en cas d’administration petite dose efficace. Surveiller la mère
au 2 prolongée de doses élevées en fin de et l’enfant : si somnolence excessive,
troisième trimestre. Surveiller arrêter le traitement.
étroitement le nouveau-né.
tramad possi Risque de somnolence chez l’enfant lorsque la mère est traitée en fin de
ol ble troisième trimestre et au cours de l’allaitement. Administrer avec prudence,
pour une durée brève, à la plus petite dose efficace, et surveiller l’enfant.
morphi possi Risque de syndrome de sevrage, dépression respiratoire, sédation, chez l’enfant
Nive ne ble lorsque la mère est traitée en fin de troisième trimestre et au cours de
au 3 l’allaitement.
Administrer avec prudence, pour une durée brève, à la plus petite dose efficace,
et surveiller l’enfant.
Douleurs neuropathiques
Ces douleurs sont peu, voire insensibles, aux antalgiques usuels.
Leur traitement repose sur l’association de 2 médicaments d’action centrale :
amitriptyline PO
Adulte : 25 mg une fois par jour au coucher (Semaine 1) ; 50 mg une fois par jour au coucher (Semaine 2) ;
75 mg une fois par jour au coucher (à partir de Semaine 3). Maximum 150 mg par jour. Réduire la dose de
moitié chez les sujets âgés.
carbamazépine PO
Adulte : 200 mg une fois par jour au coucher (Semaine 1); 200 mg 2 fois par jour (Semaine 2); 200 mg 3 fois
par jour (à partir de Semaine 3)
Chez la femme en âge de procréer, compte tenu du risque tératogène, l’utilisation de la carbamazépine
ne peut être envisagée que sous couvert d’une contraception efficace (dispositif intra-utérin ou
progestatif injectable). Elle est déconseillée chez la femme enceinte.
Douleurs chroniques
Contrairement à la douleur aiguë, dans la douleur chronique, le traitement médical à lui seul ne permet
pas toujours d’obtenir une analgésie suffisante. Une approche pluridisciplinaire faisant également appel
à la kinésithérapie, la psychothérapie, aux soins d’hygiène, est souvent nécessaire, à la fois pour soulager
le patient et pour lui permettre de mieux gérer sa douleur.
Co-antalgiques
L’association de certains médicaments peut être utile, voire essentielle dans la prise en charge de la
douleur : antispasmodiques, myorelaxants, anxiolytiques, corticoïdes, anesthésiques locaux, etc.
Anémie
• Signes cliniques(see page 34)
• Laboratoire(see page 34)
• Traitement étiologique(see page 34)
• Transfusion sanguine(see page 35)
• Indications(see page 35)
• Volume à transfuser(see page 35)
• Surveillance(see page 35)
• Prévention(see page 36)
L’anémie est définie par une diminution du taux d'hémoglobine (Hb) en dessous des valeurs de
référence, qui varient selon le sexe et l’âge et l’état de grossesse (voir Tableau 2(see page 36)).
Les anémies peuvent être dues à :
− Un défaut de production des globules rouges : déficit en fer, carences nutritionnelles (acide folique,
vitamine B12, vitamine A), aplasie médullaire, certaines infections (HIV, leishmaniose viscérale),
insuffisance rénale ;
− Une perte des globules rouges : hémorragies aiguës ou chroniques (ankylostomiase, schistosomiase,
etc.) ;
− Une destruction accrue des globules rouges (hémolyse) : infections parasitaires (paludisme)
bactériennes et virales (HIV) ; hémoglobulinopathies (drépanocytose, thalassémie), prise de certains
médicaments (primaquine, dapsone, co-trimoxazole, etc.) chez les déficitaires en G6PD.
En milieu tropical, les causes des anémies sont souvent intriquées.
Signes cliniques
– Signes communs : pâleur des conjonctives palpébrales, muqueuses, paumes des mains et plantes des
pieds ; asthénie, vertiges, dyspnée, tachycardie, souffle cardiaque.
– Signes de gravité mettant en jeu le pronostic vital : sueur, soif, extrémités froides, œdèmes des
membres inférieurs, détresse respiratoire, angor, état de choc.
– Signes d’orientation diagnostique : chéilite et glossite (carence nutritionnelle), ictère, hépato-
splénomégalie, urines foncées (hémolyse), saignements (méléna, hématurie, etc.), signes
de paludisme(see page 132), etc.
Laboratoire
– Taux d'Hb
– Test rapide ou frottis/goutte épaisse systématique dans les zones où le paludisme est endémique.
– Bandelette urinaire : recherche d’une hémoglobinurie ou d’une hématurie.
– Test d’Emmel si suspicion de drépanocytose.
– Numération-formule-sanguine (NFS) si disponible pour orienter le diagnostic
Tableau 1 - Orientations diagnostiques avec la NFS
Diminution des réticulocytes Déficit (fer, acide folique, vitamine B12), tumeur médullaire,
insuffisance rénale
Traitement étiologique
L’anémie n’est pas en soi une indication transfusionnelle. La plupart des anémies sont bien tolérées et
peuvent être corrigées par un traitement étiologique simple.
Le traitement étiologique peut être donné seul ou en complément de la transfusion.
– Carence en fer
fer élément PO pendant 3 mois. Les posologies sont exprimées en fer élément 1(see page 0) :
Nouveau-né : 1 à 2 mg/kg 2 fois par jour
Enfant de 1 mois à < 6 ans : 1,5 à 3 mg/kg 2 fois par jour
Traitement
Age Poids
Sirop à 45 mg/5 ml Cp à 65 mg
Transfusion sanguine
Indications
Pour décider de transfuser, plusieurs paramètres sont à prendre en compte:
– Tolérance clinique de l’anémie
– Présence de pathologies associées (cardiovasculaire, infection, etc.)
– Rapidité de l’installation de l’anémie.
– Taux d’Hb
Une fois la transfusion décidée, elle doit être réalisée sans délai 2(see page 0) . Pour les seuils transfusionnels,
voir Tableau 2(see page 36).
Volume à transfuser
En l’absence d’hypovolémie ou de choc :
Enfant < 20 kg : 15 ml/kg de concentré globulaire en 3 heures ou 20 ml/kg de sang total en 4 heures
Enfant ≥ 20 kg et adulte : commencer par transfuser une unité adulte de sang total ou de concentrés
globulaires ; ne pas dépasser 5 ml/kg par heure
Renouveler éventuellement, selon l’état clinique.
Surveillance
Surveiller l'état du patient et les constantes (pouls, tension artérielle, fréquence respiratoire,
température).
– Pendant la transfusion : 5 minutes après le début de la transfusion puis toutes les 15 minutes pendant
Prévention
– Carence en fer (et en acide folique) :
• Supplémentation médicamenteuse
fer élément PO tant que le risque de carence est présent (p.ex. grossesse, malnutrition)
Nouveau-né : 4,5 mg une fois par jour
Enfant de 1 mois à < 12 ans : 1 à 2 mg/kg une fois par jour (max. 65 mg par jour)
Enfant ≥ 12 ans et adulte : 65 mg une fois par jour
Prévention
Age Poids
Sirop à 45 mg/5 ml Cp à 65 mg
Enfant 2-6 mois < 9,5 g/dl Hb < 4 g/dl, même en l’absence de signe de décompensation
≥ 36 semaines
1(see page 34) Il existe un sirop à 140 mg/5 ml de fumarate ferreux correspondant à environ 45 mg/5 ml de fer
élément et des comprimés à 200 mg de sulfate ferreux ou de sulfate ferreux + acide
folique contenant 65 mg de fer élément. Les comprimés à 185 ou 200 mg de fumarate ou sulfate
ferreux + acide folique (60 ou 65 mg de fer élément) contiennent 400 microgrammes d'acide
folique.
2(see page 35) Avant de transfuser : déterminer les groupes/rhésus du receveur et des éventuels donneurs et
réaliser sur le sang du donneur les tests HIV-1 et 2, hépatites B et C, syphilis, et en zone
endémique, paludisme, maladie de Chagas.
Déshydratation
− La déshydratation résulte d’une perte excessive d’eau et d’électrolytes par l’organisme. Si elle se
prolonge, la déshydratation peut compromettre la perfusion tissulaire et entraîner un état de choc.
− Les principales causes de la déshydratation sont les diarrhées, vomissements et brûlures graves.
− Les enfants sont particulièrement à risque de déshydratation du fait d’épisodes fréquents de gastro-
entérite, d’un rapport surface cutanée-volume élevé et de leur incapacité à exprimer leur soif ou à
satisfaire seuls leurs besoins liquidiens.
Les protocoles ci-dessous sont destinés au traitement d’une déshydratation due à des diarrhées et
vomissements. Des protocoles différents doivent être utilisés pour les enfants souffrant de malnutrition
(voir Malnutrition aiguë sévère(see page 41), Chapitre 1) et chez les patients présentant des brûlures graves
(voir Brûlures(see page 279), Chapitre 10).
Soif Difficulté ou incapacité à Assoiffé, boit avec avidité N’a pas soif, boit
boire normalement
(a)
Certains enfants ont naturellement les yeux creux. Demander à la mère si les yeux de l’enfant sont
comme d’habitude ou plus enfoncés dans les orbites que d’habitude.
(b)
L’examen du pli cutané s’effectue en pinçant la peau de l’abdomen entre le pouce et l’index sans
tordre la peau. Chez les personnes âgées, ce signe n’est pas fiable en raison de la perte physiologique
d'élasticité de la peau due au vieillissement.
Traitement de la déshydratation
Déshydratation sévère
– Traiter le choc si présent (voir Etat de choc(see page 11), Chapitre 1).
– Si le patient peut boire, administrer de la solution de réhydratation orale (SRO) PO, le temps d’établir
une voie d’abord.
– Poser une voie veineuse à l’aide d’un cathéter de gros calibre (22-24G chez l’enfant ; 18G chez l'adulte)
ou une aiguille intra-osseuse.
– Administrer du Ringer lactate (RL) 1(see page 0) selon le Plan C de l'OMS en surveillant étroitement le
débit de perfusion :
Plan de traitement C de l’OMS1(see page 41),2(see page 41)
(a)
À renouveler une fois si le pouls radial reste faible ou absent après le premier bolus.
– En cas de suspicion d’anémie sévère, mesurer l’hémoglobine et traiter en conséquence (voir Anémie(see
page 33), Chapitre 1). 2(see page 0)
– Dès que le patient peut boire sans risque (généralement dans les 2 heures), administrer de la SRO, selon
la tolérance du patient. La SRO contient du glucose et des électrolytes qui permettent de prévenir le
développement de complications.
– Surveiller étroitement les pertes hydriques en cours. Évaluer l'état clinique et le degré de
déshydratation à intervalles réguliers pour la poursuite du traitement approprié.
• développe une dyspnée, une toux et l’auscultation retrouve des râles crépitants à la base des
poumons : faire asseoir le patient, réduire le débit de perfusion au minimum et administrer une dose
de furosémide IV (1 mg/kg chez l’enfant ; 40 mg chez l’adulte). Surveiller étroitement le patient
pendant 30 minutes et rechercher une pathologie cardiorespiratoire ou rénale sous-jacente. Une fois le
patient stabilisé, réévaluer le degré de déshydratation et la nécessité de poursuivre la réhydratation IV.
Si la réhydratation IV est toujours nécessaire, reprendre en réduisant de moitié le débit de perfusion et
surveiller étroitement le patient. Si la réhydratation IV n’est plus nécessaire, passer au traitement oral
avec la SRO.
Déshydratation modérée
– Administrer de la SRO selon le Plan de traitement B de l’OMS, soit 75 ml/kg de SRO administrés en
4 heures.
Plan de traitement B de l’OMS1(see page 41), 4(see page 0)
Poids < 5 kg 5 à 7,9 kg 8 à 10,9 kg 11 à 15,9 kg 16 à 29,9 kg ≥ 30 kg
Quantité de 200 à 400 ml 400 à 600 ml 600 à 800 ml 800 à 1200 à 2200 à
SRO en 1200 ml 2200 ml 4000 ml
4 heures
Pas de déshydratation
Prévenir la déshydratation :
– Encourager la prise de liquides supplémentaires adaptés à l’âge du patient, et notamment le lait
maternel chez le jeune enfant.
– Administrer de la SRO après chaque selle liquide selon le Plan de traitement A de l’OMS.
Plan de traitement A de l’OMS1(see page 41),2(see page 41)
Traitement de la diarrhée
En plus du Plan de traitement de l’OMS correspondant au degré de déshydratation du patient :
– Administrer un traitement étiologique si nécessaire.
– Administrer du sulfate de zinc aux enfants de moins de 5 ans (voir Diarrhée aiguë(see page 86), Chapitre
3).
1(see page 39) Si le RL n'est pas disponible, il est possible d’utiliser du chlorure de sodium 0,9%.
2(see page 39) Si une transfusion est nécessaire, elle doit être administrée en parallèle de la perfusion IV de RL
en utilisant une voie veineuse distincte. Le volume de sang administré doit être déduit du
volume total du Plan C.
3(see page 40) Si possible, réaliser des examens sanguins pour contrôler les taux d’urée et d’électrolytes.
4(see page 40) Pour plus d'informations sur les volumes de SRO recommandés par âge et poids, se référer au
Références
1. Organisation mondiale de la Santé. Le traitement de la diarrhée. Manuel à l'usage des médecins et
autres personnels de santé qualifiés, 2006.
http://www.zinctaskforce.org/wp-content/uploads/2011/06/WHOdiarrheaTreatmentFRENCH1.pdf
La malnutrition aiguë sévère (MAS) est due à un déséquilibre important entre l'apport alimentaire et les
besoins de l'individu. Il s’agit le plus souvent d’un déficit à la fois quantitatif (nombre de kilocalories/
jour) et qualitatif (vitamines, sels minéraux, etc.).
Traitement
1) Traitement diététique
La réalimentation repose sur l’utilisation d’aliments thérapeutiques enrichis en vitamines et minéraux :
– Laits thérapeutiques (uniquement pour les patients hospitalisés) :
• Le lait thérapeutique F-75, pauvre en protéines, en sodium et en calories (0,9 g de protéines et 75 kcal
pour 100 ml) est utilisé dans la phase initiale du traitement chez les patients souffrant de MAS
compliquée. Il est administré pour couvrir les besoins de base pendant que les complications sont prises
en charge au plan médical. La quantité journalière est administrée en 8 repas.
• Le lait thérapeutique F-100, dont la densité en protéines et en calories est plus élevée (2,9 g de protéines
et 100 kcal pour 100 ml), le remplace après quelques jours, une fois que le patient est stabilisé (reprise de
l’appétit, amélioration clinique ; fonte des œdèmes au moins amorcée). L’objectif est de faire prendre
rapidement du poids à l’enfant. Il peut être donner en association avec, ou remplacé par, des RUTF.
– Les RUTF (ready-to-use therapeutic food) sous forme d’aliments prêts à la consommation (p. ex. pâte
d'arachide lactée, type Plumpy’nut®), sont utilisés chez les enfants traités en ambulatoire et chez les
enfants hospitalisés. Les caractéristiques nutritionnelles des RUTF sont proches de celles du lait F-100,
mais leur teneur en fer est nettement supérieure. Ils sont conçus pour faire prendre rapidement du poids
(environ 500 kcal pour 100 g). Ce sont les seuls aliments thérapeutiques utilisés en ambulatoire.
Par ailleurs, il est important de donner de l’eau, en dehors des repas, surtout si la température extérieure
est élevée ou si l’enfant a de la fièvre.
Pour les enfants en âge d’être allaités, maintenir l’allaitement maternel.
Infections
– Vaccination contre la rougeole, dès l’admission.
– Antibiothérapie à large spectre à partir de J1 (amoxicilline PO : 50 mg/kg 2 fois par jour pendant 5
jours) 3(see page 0) .
– En zone d’endémie palustre : test rapide à J1 et traitement en fonction des résultats. En l’absence de
test, traitement antipaludique systématique (Paludisme(see page 132), Chapitre 6).
– Traitement antihelminthique à J8 :
albendazole PO
Enfant > 6 mois : 400 mg dose unique (200 mg chez l’enfant > 6 mois mais < 10 kg)
Carences en micronutriments
L’utilisation d’aliments thérapeutiques permet de corriger la plupart d’entre elles.
Diarrhée et déshydratation
La diarrhée est fréquente chez l’enfant malnutri. Les aliments thérapeutiques permettent de reconstruire
la muqueuse digestive et de relancer la production d’acide gastrique, d’enzymes digestives et de suc
biliaire. L’amoxicilline en traitement systématique diminue la charge bactérienne. La plupart des
diarrhées s’arrêtent sans autre traitement.
Une diarrhée aqueuse peut être liée à une autre pathologie (otite, pneumonie, paludisme, etc.), qu’il faut
rechercher.
Si un traitement étiologique est nécessaire, voir Diarrhée aiguë(see page 86), Chapitre 3.
En cas de diarrhée hydrique significative (selles très fréquentes ou abondantes), si l’enfant ne présente
pas de déshydratation, administrer des sels de réhydration orale spécifiques (ReSoMal, voir ci dessous),
après chaque selle liquide, pour éviter une déshydratation, selon le Plan A de l'OMS (voir
Déshydratation(see page 37), Chapitre 1).
En revanche, en cas de diarrhée peu importante, donner de l'eau simple (et non du ReSoMal) après
chaque selle liquide.
La déshydratation est plus difficile à estimer chez l’enfant malnutri que chez l’enfant sain, p. ex. les
signes « pli cutané » ou « yeux enfoncés » peuvent être présents même si l’enfant n’est pas déshydraté.
Le diagnostic repose sur une histoire de diarrhée aqueuse d’apparition récente accompagnée d’une
perte de poids correspondant aux pertes hydriques depuis l’apparition de la diarrhée.
Les diarrhées chroniques et persistantes ne nécessitent pas une réhydratation rapide.
En cas de déshydratation :
– En l’absence de choc hypovolémique, la réhydratation se fait par voie orale (éventuellement par sonde
nasogastrique) en utilisant du ReSoMal 4(see page 0) (sels de réhydratation spécifiques, contenant moins de
sodium et davantage de potassium que les sels de réhydratation standards).
Le ReSoMal doit être administré sous surveillance médicale (évaluation clinique et pesée toutes les
heures). La posologie est de 20 ml/kg/heure pendant les 2 premières heures puis 10 ml/kg/heure, jusqu’à
ce que la perte de poids –connue ou estimée– soit corrigée. Donner du ReSoMal après chaque selle
liquide selon le plan A de l'OMS (voir Déshydratation(see page 37), Chapitre 1).
En pratique, il est utile de déterminer le poids-cible avant de commencer la réhydratation. Le poids-cible
correspond au poids antérieur à l’apparition de la diarrhée. Chez un enfant qui s’améliore cliniquement
et ne présente pas de signes de surcharge hydrique, la réhydratation est poursuivie jusqu’au retour au
poids antérieur.
Lorsque la perte de poids ne peut être mesurée (enfant nouvellement admis p. ex.), celle-ci est estimée à
2 à 5% du poids actuel. Le poids-cible ne doit pas dépasser de plus de 5% le poids actuel (p. ex. si l’enfant
pèse 5 kg avant de commencer la réhydratation, son poids-cible ne doit pas excéder 5,250 kg). Quel que
soit le poids-cible, l’apparition de signes de surcharge hydrique exige l’arrêt de la réhydratation.
– En cas de choc hypovolémique (pouls radial faible et rapide ou absent, extrémités froides, TRC ≥ 3
secondes, avec ou sans altération de la conscience) chez un enfant présentant une diarrhée ou une
déshydratation :
• Poser une voie veineuse et administrer 10 ml/kg de chlorure de sodium 0,9% en 30 minutes, sous
surveillance étroite.
Simultanément :
• Débuter une antibiothérapie à large spectre associant : ceftriaxone IV 100 mg/kg une fois par jour
+ cloxacilline IV 50 mg/kg toutes les 6 heures
• Administrer de l’oxygène (2 litres minimum).
• Mesurer la glycémie ou, si non disponible, traiter une hypoglycémie (voir Hypoglycémie(see page 21),
Chapitre 1).
Réévaluer toutes les 5 minutes : vérifier que l’état s’améliore (reprise de la conscience, pouls
frappé, TRC < 3 secondes) et surveiller l’apparition de signes de surcharge hydrique.
- Si l’état clinique s’est amélioré après 30 minutes, passer à la voie orale avec ReSoMal : 5 ml/kg
toutes les 30 minutes pendant 2 heures.
- Si l’état clinique ne s’est pas amélioré, administrer un nouveau bolus de 10 ml/kg de chlorure de
sodium 0,9% en 30 minutes, puis dès que l’état s’est amélioré, passer à la voie orale comme ci-
dessus.
Lors du relais oral, arrêter la perfusion mais laisser le cathéter (obturé) en place pour conserver
une voie d’abord, pour l’antibiothérapie IV.
Infections bactériennes
Les infections respiratoires basses, otites, infections cutanées et urinaires sont fréquentes mais parfois
difficiles à diagnostiquer (absence de fièvre, de symptômes spécifiques).
Une infection doit être suspectée chez un enfant apathique ou somnolent.
Un état de choc ou une hypothermie ou une hypoglycémie doit faire suspecter une infection sévère. Le
siège de l’infection étant difficile à déterminer, une antibiothérapie IV à large spectre est recommandée
d’emblée (ceftriaxone + cloxacilline).
Fièvre
Eviter les antipyrétiques. Si indispensable, paracétamol PO : 10 mg/kg 3 fois par jour maximum
Ne pas faire d’enveloppement humide : peu efficace, augmente le mal être de l’enfant, risque
d’hypothermie.
Hypothermie et hypoglycémie
L’hypothermie (température axillaire < 35 °C) est une cause fréquente de décès lors des premiers jours
d'hospitalisation.
Pour la prévenir, garder l’enfant contre le corps de la mère (méthode kangourou), donner des
couvertures.
En cas d’hypothermie, réchauffer l’enfant comme ci-dessus, surveiller la température, traiter une
hypoglycémie (voir Hypoglycémie(see page 21), Chapitre 1). Une hypothermie doit faire suspecter une
infection sévère (voir ci-dessus).
Candidoses buccales
A rechercher systématiquement car elle gêne l’alimentation ; voir Stomatite(see page 95), Chapitre 3.
Si à l’issue d’un traitement médical et nutritionnel bien conduit l'enfant ne récupère pas, penser à une
autre pathologie : tuberculose, infection par le HIV, etc.
Le traitement diététique suit les mêmes principes que pour l’enfant, mais l’apport calorique est moins
important.
Les traitements systématiques sont semblables à ceux de l’enfant mais :
– Le vaccin contre la rougeole n’est administré que chez l’adolescent (jusqu’à l’âge de 15 ans).
– Pas d’antibiothérapie systématique, rechercher et traiter une infection si présente.
1(see page 42) Certains programmes nationaux utilisent la référence NCHS pour déterminer les critères
anthropométriques d'admission et sortie, selon des seuils exprimés en % de la médiane.
[ a(see page 42) b(see page 42) c(see page 42) ]
2(see page 42) En règle, un enfant malnutri qui présente des complications médicales graves doit être
initialement hospitalisé, même s’il souffre de malnutrition modérée (P/T > – 3 Z-score).
3(see page 43) En cas de signes d’infection spécifique, adapter antibiothérapie et durée du traitement.
4(see page 44) Sauf en cas de choléra, dans ce cas utiliser des sels de réhydratation standards.
Une obstruction aiguë des voies aériennes supérieures peut être due à l’inhalation d’un corps étranger,
une infection virale ou bactérienne (croup, épiglottite, trachéite), une réaction anaphylactique, une
brûlure, un traumatisme.
Une obstruction initialement partielle et stable peut rapidement s’aggraver et mettre en jeu le pronostic
vital, en particulier chez le jeune enfant.
Signes cliniques
Grades d’obstruction selon la présentation :
1(see page 48) Si les moyens le permettent, mettre le patient sous oxygène si la SpO2 est < 95%.
Signes cliniques
– Ecoulement ou obstruction nasale, avec ou sans mal de gorge, fièvre, toux, larmoiement ; diarrhée chez
le nourrisson. La présence d’un écoulement nasal purulent n’indique pas qu’il y ait une surinfection
bactérienne.
– Chez l’enfant de moins de 5 ans, vérifier systématiquement les tympans à la recherche d’une otite
moyenne associée.
Traitement
– Ne pas administrer de traitement antibiotique : l’antibiothérapie n’accélère pas la guérison et ne
prévient pas les complications.
– Le traitement est symptomatique :
• Désobstruction du nez par lavage au chlorure de sodium 0,9% 1(see page 0) .
• Fièvre et mal de gorge : paracétamol PO pendant 2 à 3 jours (Fièvre(see page 22), Chapitre 1).
1(see page 50) Pour un enfant : le placer en décubitus dorsal, la tête sur le côté, instiller le chlorure de sodium
0,9% dans chaque narine.
Sinusite aiguë
• Signes cliniques(see page 51)
• Sinusite de l’adulte(see page 51)
• Sinusite de l’enfant(see page 51)
• Traitement(see page 51)
La sinusite aiguë est une inflammation d’une ou plusieurs cavités sinusiennes d’origine infectieuse ou
allergique.
La plupart des sinusites infectieuses sont d’origine virale et évoluent vers la guérison spontanée en
moins de 10 jours. Le traitement est symptomatique.
La sinusite bactérienne aiguë peut être une surinfection d’une sinusite virale ou primitive ou d’origine
dentaire. Les germes les plus fréquemment en cause sont Streptococcus pneumoniae, Haemophilus
influenzae et Moraxella catarrhalis.
Il importe de distinguer une sinusite bactérienne d’une rhinopharyngite banale (voir Rhinite et
rhinopharyngite(see page 50)). Seule la sinusite bactérienne justifie un traitement antibiotique.
En l’absence de traitement, les formes sévères chez l’enfant peuvent évoluer vers des complications
graves dues à la diffusion de l'infection à l'os, l'orbite ou les méninges.
Signes cliniques
Sinusite de l’adulte
– Ecoulement purulent unilatéral ou bilatéral, obstruction nasale,
et
– Douleur de la face, unilatérale ou bilatérale, majorée lorsque le patient penche la tête en avant ;
pression douloureuse du front ou de la région maxillaire.
– La fièvre est modérée ou absente.
La persistance des symptômes après 10 à 14 jours ou l’aggravation des symptômes après 5 à 7 jours ou la
sévérité des symptômes (douleur importante, fièvre élevée, altération de l’état général) sont en faveur
d’une sinusite.
Sinusite de l’enfant
– Mêmes symptômes ; peuvent être accompagnés d’irritabilité ou léthargie ou toux ou vomissements.
– En cas d’infection sévère : altération de l’état général, fièvre supérieure à 39 °C, œdème périorbital ou
de la face.
Traitement
Traitement symptomatique
– Fièvre(see page 22) et douleur(see page 25) (Chapitre 1).
– Désobstruction du nez par lavage au chlorure de sodium 0,9% 1(see page 0) .
Antibiothérapie
– Chez l’adulte :
L’antibiothérapie est indiquée si le patient répond aux critères de durée ou de sévérité des
symptômes. Le traitement de première ligne est l’amoxicilline PO.
Si le diagnostic est incertain (symptômes modérés et < 10 jours) et que le patient peut être ré-
examiné dans les jours suivants, commencer par un traitement symptomatique, comme pour une
rhinopharyngite ou une sinusite virale.
– Chez l’enfant :
L’antibiothérapie est indiquée si l’enfant présente des symptômes sévères ou des symptômes
modérés associés à des facteurs de risque (p. ex. immunodépression, drépanocytose, asthme). Le
traitement de première ligne est l’amoxicilline PO.
amoxicilline PO pendant 7 à 10 jours :
Enfant : 30 mg/kg 3 fois par jour (max. 3 g par jour)
Adulte : 1 g 3 fois par jour
En cas d’échec après 48 heures de traitement bien conduit :
amoxicilline/acide clavulanique PO pendant 7 à 10 jours. Utiliser les formulations 8:1 ou 7:1
uniquement. La dose est exprimée en amoxicilline :
Enfant < 40 kg : 25 mg/kg 2 fois par jour
Enfant ≥ 40 kg et adulte :
Rapport 8:1 : 2000 mg par jour (2 cp à 500/62,5 mg 2 fois par jour)
Rapport 7:1 : 1750 mg par jour (1 cp à 875/125 mg 2 fois par jour)
En cas d’allergie à la pénicilline :
érythromycine PO pendant 7 à 10 jours :
Enfant : 30 à 50 mg/kg par jour 2(see page 0)
Adulte : 1 g 2 à 3 fois par jour
– En cas d’éthmoïdite du nourrisson, voir Cellulite périorbitaire et orbitaire(see page 128) (Chapitre 5).
Autres traitements
– Extraction dentaire si elle est la cause de la sinusite, sous antibiothérapie.
– En cas de complications ophtalmologique (ophtalmoplégie, mydriase, baisse de l’acuité visuelle,
anesthésie cornéenne), référer au chirurgien pour drainage.
1(see page 51) Pour un enfant : le placer en décubitus dorsal, la tête sur le côté, instiller le chlorure de sodium
0,9% dans chaque narine.
2(see page 52) Pour les doses selon l’âge ou le poids du patient, se référer à la fiche érythromycine du guide
– Inflammation aiguë des amygdales et du pharynx. Les angines sont d'origine virale dans la majorité des
cas et ne nécessitent pas de traitement antibiotique. Les angines bactériennes sont principalement dues
au streptocoque A et touchent principalement les enfants entre 3 et 14 ans.
– Le rhumatisme articulaire aigu (RAA) est une complication grave et tardive de l'angine streptococcique
et peut être prévenu par l'antibiothérapie.
– L'un des principaux objectifs lors de l'examen est d'identifier les patients qui nécessitent une
antibiothérapie.
Signes cliniques
– Signes communs à toutes les angines : mal de gorge, dysphagie (difficulté à avaler), inflammation des
amygdales et du pharynx, adénopathies cervicales antérieures sensibles, avec ou sans fièvre.
– Signes spécifiques selon la cause :
Formes fréquentes :
• Angine érythémateuse (gorge rouge) ou érythémato-pultacée (gorge rouge et enduit blanchâtre) : cette
présentation est commune aux angines virales et streptococciques. L'évaluation à l'aide des critères de
Centor permet de réduire l’usage empirique d’antibiotiques en l’absence de test de diagnostic rapide de
l’angine streptococcique. Si l'on ne retrouve pas plus d'un critère de Centor, l’origine streptococcique
peut être éliminée1(see page 55),2(see page 55). Toutefois, en cas de facteurs de risque de complications post-
streptococciques (immunodépression, antécédent personnel ou familial de RAA) ou de complications
locales ou générales, il ne faut pas utiliser les critères de Centor et prescrire d’emblée une
antibiothérapie.
Critères de Centor
Température > 38 °C 1
Absence de toux 1
Chez un patient de plus de 14 ans, la probabilité d’angine streptococcique est faible. Une mononucléose
infectieuse (MNI) due au virus d'Epstein-Barr doit être suspectée chez un adolescent ou un adulte jeune
présentant une fatigue intense et des adénopathies diffuses, souvent associées une splénomégalie.
Les angines érythémateuses ou érythémato-pultacées peuvent également être dues à un gonocoque ou
survenir dans le cadre de la primo-infection par le HIV. Dans ces cas, c'est principalement l'histoire du
patient qui permet d'évoquer le diagnostic.
• Angine pseudo-membraneuse (gorge rouge recouverte d'une fausse membrane très adhérente) : voir
Diphtérie(see page 55), Chapitre 2.
• Angine vésiculeuse (bouquets de vésicules de petite taille ou ulcérations sur les amygdales) : toujours
virale (virus coxsakie ou primo-infection herpétique).
• Angine ulcéro-nécrotique : chancre syphilitique de l'amygdale, à bord induré, indolore ; ulcération
amygdalienne souple au toucher chez un patient ayant une mauvaise hygiène dentaire, haleine fétide
(angine de Vincent).
Autres formes de pharyngites :
• Tâches sur la muqueuse buccale (signe de Koplik) avec conjonctivite et éruption cutanée (voir
Rougeole(see page 197), Chapitre 8).
• Langue rouge écarlate « framboisée » associée à une éruption cutanée : scarlatine due au streptocoque A.
– Complications locales :
Abcès péri-amygdalien, rétro-pharyngé ou latéral : fièvre, douleurs intenses, dysphagie, voix étouffée,
trismus (contractures involontaire des mâchoires), déviation unilatérale de la luette.
– Complications générales :
• Complications toxiniques : diphtérie (voir Diphtérie(see page 55), Chapitre 2).
• Complications post-streptococciques : RAA, glomérulonéphrite aiguë.
• Signes de gravité chez l’enfant : déshydratation sévère, gêne importante à la déglutition, atteinte
respiratoire haute, altération de l’état général.
– Diagnostic différentiel : épiglottite (voir Épiglottite(see page 61), Chapitre 2).
Traitement
– Traitement symptomatique (fièvre et douleur) : paracétamol or ibuprofène PO (Fièvre(see page 22),
Chapitre 1).
– Critères de Centor ≤ 1 : angine virale, guérison en général spontanée en quelques jours (ou semaines
pour la MNI) : pas d'antibiothérapie.
– Critères de Centor ≥ 2 ou scarlatine : administrer une antibiothérapie anti-streptococcique3(see page 55) :
• Si l'on dispose de matériel d'injection à usage unique, la benzathine benzylpénicilline est le
traitement de choix : les résistances du streptocoque à la pénicilline restent rares, c'est le seul
antibiotique dont l'efficacité est démontrée sur la réduction de l'incidence du RAA et le traitement
est administré en une dose unique.
benzathine benzylpénicilline IM
Enfant de moins de 30 kg (ou de moins de 10 ans) : 600 000 UI dose unique
Enfant de 30 kg et plus (ou de 10 ans et plus) et adulte : 1,2 MUI dose unique
• La pénicilline V est le traitement oral de référence, mais ce traitement peut poser un problème
d'observance en raison de sa durée.
phénoxyméthylpénicilline (pénicilline V) PO pendant 10 jours
Enfant de moins de 1 an : 125 mg 2 fois par jour
Enfant de 1 à < 6 ans : 250 mg 2 fois par jour
Enfant de 6 à < 12 ans : 500 mg 2 fois par jour
Enfant de 12 ans et plus et adulte : 1 g 2 fois par jour
• L'amoxicilline PO est une alternative et le traitement a l'avantage d'être relativement court.
Cependant, l'amoxicilline peut provoquer des réactions cutanées aiguës chez les patients atteints
de MNI non diagnostiquée et doit donc être évitée lorsqu'une MNI n'a pas été écartée.
amoxicilline PO pendant 6 jours
Enfant : 25 mg/kg 2 fois par jour
Adulte : 1 g 2 fois par jour
• Les macrolides doivent être réservés aux patients allergiques à la pénicilline en raison de la
fréquence des résistances aux macrolides et de l'absence d'évaluation de leur efficacité en terme de
prévention du RAA.
azithromycine PO pendant 3 jours
Enfant : 20 mg/kg une fois par jour (max. 500 mg par jour)
Adulte : 500 mg une fois par jour
– Angine gonococcique et syphilique : même traitement que la gonorrhée(see page 252) (Chapitre 9) et
la syphilis(see page 257) (Chapitre 9).
– Angine diphtérique : voir Diphtérie(see page 55) (Chapitre 2).
– Angine de Vincent : métronidazole ou amoxicilline.
– Abcès péri-amygdalien, rétro-pharyngé ou latéral : référer pour drainage chirurgical.
– Si présence de signes de gravité ou épiglottite chez l’enfant : hospitaliser.
Références
1. Fine AM, Nizet V, Mandl KD. Large-scale validation of the Centor and McIsaac scores to predict group
A streptococcal pharyngitis. Arch Intern Med. 2012;172(11):847-852.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3627733/ [consulté le 20 octobre 2020]
2. National Institute for Health and Care Excellence. Sore throat (acute): antimicrobial prescribing.
2018.
http://www.nice.org.uk/ng84 [consulté le 20 octobre 2020]
3. Group A Streptococcal Disease, Centers for Disease Control and Prevention. Atlanta (GA): CDC;
2020.
https://www.cdc.gov/groupastrep/diseases-hcp/strep-throat.html [consulté le 20 octobre 2020]
Diphtérie
Dernière mise à jour : Janvier 2021
Signes cliniques
– Lors de l'examen clinique, respecter les précautions standard, contact et gouttelettes (lavage des
mains, gants, blouse, masque, etc.). L'examen de la gorge doit être prudent.
Laboratoire
– Le diagnostic est confirmé par l'isolement d'une souche toxinogène de C. diphtheriae sur culture (avec
antibiogramme) d'écouvillonnage au niveau des zones d'aspect pathologique : gorge (amygdales,
muqueuse pharyngée, pilier du voile du palais, exsudat, ulcère, etc.), naso-pharynx.
– La présence de toxine est confirmée par PCR (détection du gène de la toxine).
Traitement
– Isolement des patients ; précautions standard, contact et gouttelettes pour le personnel médical.
– Antitoxine diphtérique (ATD) 2(see page 0) obtenue à partir de sérum de cheval
Administrer l'ATD dès que possible sans attendre la confirmation bactériologique1(see page 59), sous
surveillance étroite, en milieu hospitalier, selon la méthode de Besredka pour tester une éventuelle
allergie. Tout délai de mise en route en diminue l’efficacité.
Il existe un risque de réaction anaphylactique, en particulier chez les patients asthmatiques. Placer
le patient sous surveillance étroite, avec immédiatement disponible du matériel de ventilation (Ambu et
masque), d’intubation, du Ringer lactate et de l’épinéphrine (voir Choc(see page 11), Chapitre 1).
Méthode de Besredka : injecter 0,1 ml en SC et attendre 15 minutes. En l’absence de réaction allergique
(pas d’érythème au point d’injection ou érythème plat de moins de 0,5 cm de diamètre), injecter 0,25 ml
en SC. En l’absence de réaction après 15 minutes, injecter le reste du produit en IM ou en IV selon le
volume à administrer.
Posologie en fonction de la gravité et du retard au traitement :
sécrétions rhinopharyngées du patient (p. ex. famille ou amis proches, enfants d’une même classe,
personnel de santé) pendant les 5 jours ou nuits avant le début des symptômes du cas4(see page 59).
– Culture d'échantillons nasal et pharyngé avant de débuter l'antibioprophylaxie ; température et
examens de gorge quotidiens (10 jours) ; éviction scolaire ou du lieu de travail jusqu'à 48 heures après le
début de l'antibioprophylaxie. Si apparition de symptômes d’infection respiratoire : traiter
immédiatement comme un cas de diphtérie.
– Antibioprophylaxie :
benzathine benzylpénicilline IM
Enfant de moins de 30 kg : 600 000 UI dose unique
Enfant de 30 kg et plus et adulte : 1,2 MUI dose unique
Ne jamais administrer la benzathine benzylpénicilline par voie IV.
ou azithromycine ou érythromycine PO comme ci-dessus pendant 7 jours.
– Vérifier les vaccinations :
• si moins de 3 doses administrées : compléter le schéma vaccinal (voir Prévention(see page 58) ci-dessous) ;
• si 3 doses administrées dont la dernière il y a plus d’un an : administrer une dose de rappel
immédiatement ;
• si 3 doses administrées dont la dernière il y a moins d’un an : il n'est pas nécessaire d’administrer une
dose de rappel immédiatement.
Prévention
– Vaccination de routine (PEV), à titre indicatif : 3 doses de vaccins combinés contenant le vaccin
antidiphtérique de plus forte activité (D) dès que possible à partir de l'âge de 6 semaines et à 4 semaines
d’intervalle ; rappels D à l'âge de 12 à 23 mois puis 4 à 7 ans ; rappel par un vaccin contenant le vaccin
antidiphtérique à teneur réduite en anatoxine diphtérique (d) à 9 à 15 ans5(see page 59).
– Vaccination de rattrapage (personnes n'ayant pas reçu la vaccination de routine), à titre indicatif :
• enfant de 1 à 6 ans : 3 doses d'un vaccin combiné de forte activité (D) à 4 semaines minimum
d'intervalle ;
• enfant de 7 ans et plus et adulte (dont personnel de santé) : 3 doses d'un vaccin combiné à teneur
réduite en anatoxine diphtérique (d). Respecter un intervalle d'au moins 4 semaines entre la première et
la deuxième dose et un intervalle d'au moins 6 mois entre la deuxième et la troisième dose (en cas
d'épidémie, cet intervalle pourrait être réduit à 4 semaines pour atteindre le niveau de protection requis
plus rapidement).
Puis administrer ultérieurement 2 doses de rappel contenant d avec un intervalle d'au moins 4 semaines
entre les doses5(see page 59).
1(see page 55) Ce guide se limite à la diphtérie respiratoire et signes liés la toxine. A noter que les formes
cutanées restent un réservoir important de C. diphtheriae. [ a(see page 55) b(see page 56) ]
2(see page 56) L'ATD réduit la mortalité due à la diphtérie et devrait être administrée à tous les patients.
Toutefois, sa disponibilité étant très limitée, il peut être nécessaire de mettre en place des
critères permettant de la réserver aux patients pour qui ce traitement serait le plus bénéfique.
L’ATD peut être administrée chez la femme enceinte.
3(see page 57) érythromycine perfusion IV (60 minutes)
Enfant : 12,5 mg/kg toutes les 6 heures (max. 2 g par jour) ; adulte : 500 mg toutes les 6 heures
La poudre d’érythromycine (1 g) est à reconstituer dans 20 ml d’eau pour préparation injectable
uniquement. Ensuite, chaque dose d’érythromycine est à diluer dans un volume de 10 ml/kg de
chlorure de sodium 0,9% chez les enfants de moins de 20 kg et dans une poche de 250 ml de
chlorure de sodium 0,9% chez les enfants de 20 kg et plus et chez les adultes. Ne pas diluer dans
du glucose.
Références
1. Organisation mondiale de la Santé. Diphtérie. Normes de surveillance des maladies évitables par la
vaccination. 2018.
https://www.who.int/immunization/monitoring_surveillance/burden/vpd/
WHO_SurveillanceVaccinePreventable_04_Diphtheria_French_R1.pdf?ua=1 [consulté le 11 août
2020]
2. Tiwari TSP, Wharton M. Chapter 19: Diphtheria Toxoid. In: Plotkin SA, Orenstein WA, Offit PA,
editors. Vaccines. 7th ed. Philadelphia, PA: Elsevier; 2018. p. 261–275.
3. Truelove SA, Keegan LT, Moss WJ, Chaisson LH, Macher E, Azman AS, Lessler J. Clinical and
Epidemiological Aspects of Diphtheria: A Systematic Review and Pooled Analysis. Clin Infect Dis.
2020 Jun 24;71(1):89-97.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7312233/ [consulté le 24 novembre 2020]
4. Pan American Health Organization, World Health Organization. Diphtheria in the Americas -
Summary of the situation 2018. Epidemiological Update Diphtheria. 16 April 2018.
https://www.paho.org/hq/index.php?
option=com_docman&view=download&category_slug=diphtheria-%098968&alias=44497-16-
april-2018-diphtheria-epidemiological-update-497&Itemid=270&lang=en [consulté le 11 août 2020]
5. Organisation mondiale de la Santé. Vaccin antidiphtérique : Note de synthèse de l'OMS - août 2017.
Relevé épidémiologique hebdomadaire 2017; 92/(31):417–436.
https://www.who.int/immunization/policy/position_papers/
wer_31_diphtheria_updated_position_paper.pdf?ua=1 [consulté le 11 août 2020]
Signes cliniques
– Toux caractéristique (« aboyante »), cri ou voix rauque.
– Stridor inspiratoire (bruit aigu anormal lors de l’inspiration) :
• Si le stridor apparaît lorsque l’enfant s’agite ou pleure mais disparaît lorsque l’enfant se calme, le croup
est considéré comme léger ou modéré ;
• Si le stridor persiste au repos, et en particulier s'il est accompagné d'une détresse respiratoire, le croup
est considéré comme sévère.
– Respiration sifflante si les bronches sont impliquées.
Traitement
– En l'absence de stridor ou de tirage intercostal : bien hydrater, re-consulter si les symptômes
s’aggravent (difficulté à respirer, respiration bruyante, impossibilité de boire, p. ex.).
– Si le stridor n’est présent que lorsque l’enfant s’agite (croup modéré) :
• Hospitaliser pour traitement et surveillance (risque d’aggravation).
• Bien hydrater.
• dexaméthasone 1(see page 0) PO (utiliser la préparation IV mélangée avec de l’eau sucrée ou du jus de fruit
ou du glucose 10% ou 50% pour améliorer le goût) ou IM si l’enfant vomit : 0,6 mg/kg dose unique
(voir tableau(see page 60)).
– Si des signes de gravité sont présents (stridor au repos, détresse respiratoire), hospitaliser en soins
intensifs :
• Oxygène en continu au débit minimum de 5 litres/minute ou pour maintenir la SpO2 entre 94 et 98%.
• Poser une voie veineuse et hydrater par voie IV.
• épinéphrine (adrénaline) en nébulisation (1 mg/ml, ampoule de 1 ml) : 0,5 mg/kg (max. 5 mg), à
répéter toutes les 20 minutes si les signes de sévérité persistent.
Surveiller la fréquence cardiaque pendant la nébulisation (si la FC est supérieure à 200, arrêter la
nébulisation).
Age 3 mois 4-6 mois 7-9 mois 10-11 mois 1-4 ans
Poids 6 kg 7 kg 8 kg 9 kg 10-17 kg
NaCl 0,9%* 1 ml 1 ml – – –
* Ajouter la quantité de NaCl 0,9% suffisante pour obtenir un volume total de 4 à 4,5 ml dans le réservoir.
L’épinéphrine est exclusivement destinée à l’administration par inhalation. Elle ne doit pas être
donnée par voie IV ou IM dans le croup.
• dexaméthasone 1(see page 0) (4 mg/ml, ampoule de 1 ml) IM ou IV : 0,6 mg/kg dose unique
Dose en mg 4 mg 8 mg 10 mg
Dose en ml 1 ml 2 ml 2,5 ml
En cas d’altération sévère de l’état général 2(see page 0) et si ce traitement n’améliore pas les symptômes,
suspecter une trachéite bactérienne.
– En cas de sifflements expiratoires :
salbutamol en aérosol : 2 à 3 bouffées par l’intermédiaire d’une chambre d’inhalation, à renouveler
toutes les 20 à 30 minutes si nécessaire
– En cas d’obstruction complète des voies aériennes : intubation si possible, voire, trachéotomie.
1(see page 60) Administrer par voie orale si possible afin d'éviter de provoquer une agitation chez l'enfant qui
pourrait aggraver les symptômes.
[ a(see page 60) b(see page 60) ]
2(see page 61) Signes d’une altération sévère de l’état général chez l’enfant : pleurs faibles ou geignements,
enfant somnolent et difficile à réveiller, ne souriant pas, regard vide ou anxieux, pâleur ou
cyanose, hypotonie générale.
Épiglottite
• Signes cliniques(see page 61)
• Traitement(see page 62)
Infection bactérienne de l'épiglotte chez les jeunes enfants due à Haemophilus influenzae type b (Hib),
rare lorsque la couverture vaccinale au Hib est élevée. L’épiglottite peut être due à d'autres bactéries et
toucher les adultes.
Signes cliniques
– Apparition rapide (moins de 12 à 24 heures) d'une fièvre élevée.
– Patient en position typique, préférant être assis, penché en avant, la bouche ouverte, anxieux.
– Gêne à la déglutition avec impossibilité d’avaler la salive (le patient bave), détresse respiratoire.
– Stridor (contrairement au croup, la voix n’est pas rauque, le patient ne tousse pas).
– Altération sévère de l’état général 1(see page 0) .
Asseoir confortablement l’enfant sur les genoux des parents, ne pas le forcer à s’allonger ce qui
aggraverait l'obstruction des voies respiratoires. Éviter tout examen risquant d’aggraver les symptômes,
y compris l'examen de la bouche et de la gorge.
Traitement
– En cas d’obstruction imminente des voies aériennes, intubation ou trachéotomie en urgence.
L’intubation présente des difficultés techniques et doit être réalisée sous anesthésie par un opérateur
expérimenté. Se tenir prêt à réaliser une trachéotomie en cas d’échec de l’intubation.
– Dans tous les cas :
• Poser une voie veineuse et hydrater par voie IV.
• Antibiothérapie :
ceftriaxone IV lente (3 minutes) ou perfusion IV (30 minutes) 2(see page 0) . Ne pas administrer en IM (peut
déclencher l’agitation de l’enfant et précipiter un arrêt respiratoire).
Enfant : 50 mg/kg une fois par jour
Adulte : 1 g une fois par jour
Administrer pendant au moins 5 jours puis après amélioration clinique 3(see page 0) et si le patient peut
avaler, prendre le relais avec :
amoxicilline/acide clavulanique (co-amoxiclav) PO pour compléter 7 à 10 jours de traitement. Utiliser
les formulations 8:1 ou 7:1 uniquement. La dose est exprimée en amoxicilline :
Enfant < 40 kg : 50 mg/kg 2 fois par jour
Enfant ≥ 40 kg et adulte :
Rapport 8:1 : 3000 mg par jour (2 cp à 500/62.5 mg 3 fois par jour)
Rapport 7:1 : 2625 mg par jour (1 cp à 875/125 mg 3 fois par jour)
1(see page 61) Signes d’une altération sévère de l’état général chez l’enfant : pleurs faibles ou geignements,
enfant somnolent et difficile à réveiller, ne souriant pas, regard vide ou anxieux, pâleur ou
cyanose, hypotonie générale.
2(see page 62) Pour l’administration en IV, la poudre de ceftriaxone est à reconstituer dans de l’eau pour
Trachéite bactérienne
• Signes cliniques(see page 62)
• Traitement(see page 63)
Infection bactérienne de la trachée chez l’enfant, survenant à la suite d'une infection virale (croup,
grippe, rougeole, etc.).
Signes cliniques
– Fièvre et altération sévère de l’état général 1(see page 0) .
– Stridor, toux et détresse respiratoire.
– Sécrétions purulentes abondantes.
– Contrairement à l’épiglottite, les symptômes apparaissent progressivement et l’enfant préfère être
couché.
– Dans les cas sévères, risque d’obstruction complète des voies aériennes en particulier chez les très
jeunes enfants.
Traitement
– Aspiration des sécrétions bucco-pharyngées purulentes.
– Poser une voie veineuse et hydrater par voie IV.
– Antibiothérapie :
ceftriaxone IV lente 2(see page 0) (3 minutes) ou perfusion IV (30 minutes). Ne pas administrer en IM (peut
déclencher l’agitation de l’enfant et précipiter un arrêt respiratoire).
Enfant : 50 mg/kg une fois par jour
Adulte : 1 g une fois par jour
+
cloxacilline perfusion IV (60 minutes)
Enfant de moins de 12 ans : 25 à 50 mg/kg toutes les 6 heures
Enfant de 12 ans et plus et adulte : 2 g toutes les 6 heures
Administrer pendant au moins 5 jours puis après amélioration clinique 3(see page 0) et si le patient peut
avaler, prendre le relais avec :
amoxicilline/acide clavulanique (co-amoxiclav) PO pour compléter 7 à 10 jours de traitement, comme
pour une épiglottite.
– En cas d’obstruction complète des voies aériennes : intubation si possible, voire, trachéotomie.
1(see page 62) Signes d’une altération sévère de l’état général chez l’enfant : pleurs faibles ou geignements,
enfant somnolent et difficile à réveiller, ne souriant pas, regard vide ou anxieux, pâleur ou
cyanose, hypotonie générale.
2(see page 63) Pour l’administration en IV, la poudre de ceftriaxone est à reconstituer dans de l’eau pour
Otites
• Otite externe aiguë(see page 63)
• Otite moyenne aiguë (OMA)(see page 64)
• Otite moyenne chronique suppurée (OMCS)(see page 65)
Inflammation diffuse du conduit auditif externe, d’origine bactérienne ou fongique, favorisée par la
macération, un traumatisme du conduit auditif, la présence d’un corps étranger, d’un eczéma, d’un
psoriasis.
Signes cliniques
– Prurit du canal auditif ou otalgie souvent intense et majorée à la traction du pavillon ; sensation d'avoir
« l’oreille bouchée » ; écoulement clair ou purulent ou absence d’écoulement
– Otoscopie (éliminer au préalable les débris cutanés et sécrétions à l’aide d’un coton-tige sec ou d’une
mèche de coton sec) :
• rougeur et œdème diffus ou eczéma infecté du conduit auditif
• vérifier l’absence de corps étranger
• tympan normal si visible (l’examen est très souvent gêné par l’œdème et la douleur)
Traitement
– Ablation du corps étranger si présent.
– Traitement de la douleur : paracétamol PO (Chapitre 1, Douleur(see page 25)).
– Traitement local :
• Eliminer les sécrétions à l’aide d’un coton-tige sec ou d’une mèche de coton sec. Le lavage/aspiration à
la seringue avec du chlorure de sodium 0,9% n’est à envisager que si le tympan a été clairement visualisé
et qu’il est intact (non perforé). Dans les autres cas, le lavage d’oreille est contre-indiqué.
• Appliquer ciprofloxacine gouttes auriculaires dans l’oreille atteinte pendant 7 jours :
Enfant ≥ 1 an : 3 gouttes 2 fois par jour
Adulte : 4 gouttes 2 fois par jour
Inflammation aiguë de l’oreille moyenne, d’origine virale ou bactérienne, très fréquente chez l’enfant de
moins de 3 ans, rare chez l’adulte.
Les principaux germes responsables d’otite bactérienne aiguë sont Streptococcus pneumoniae,
Haemophilus influenzae, Moraxella catarrhalis et chez le grand enfant, Streptococcus pyogenes.
Signes cliniques
– Otalgie d’installation rapide (chez le nourrisson : pleurs, irritabilité, insomnie, refus de téter/de
s’alimenter) et écoulement (otorrhée) ou fièvre.
– L’association d’autres signes tels que rhinorrhée, toux, diarrhée ou vomissements est fréquente et peut
égarer le diagnostic d’où la nécessité d’examiner les tympans.
– Otoscopie : tympan rouge vif (ou jaunâtre s’il est prêt à rompre) et épanchement de pus, extériorisé
(otorrhée sur tympan perforé) ou non (tympan bombé et opaque). L’association de ces signes à une
otalgie ou à une fièvre confirme le diagnostic d’OMA.
Remarque :
Les signes suivants ne suffisent pas à porter le diagnostic d’OMA :
• Une rougeur isolée, sans bombement ni perforation du tympan, oriente vers une otite virale dans un
contexte d’infection des voies aériennes supérieures ou peut être due aux pleurs et cris de l’enfant ou à
une fièvre élevée.
• La présence de bulles ou d’un épanchement liquidien derrière un tympan intact, sans signes/
symptômes d’infection aiguë, correspond à une otite moyenne séromuqueuse (OMS).
– Les complications possibles, en particulier chez l’enfant à risque (malnutrition, déficit immunitaire,
malformation de l’oreille) sont l’otite moyenne chronique suppurée, et plus rarement, la mastoïdite,
l’abcès cérébral et la méningite.
Traitement
– Dans tous les cas :
• Traiter la fièvre(see page 22) et la douleur(see page 25) : paracétamol PO (Chapitre 1).
• Les lavages d’oreille sont contre-indiqués en cas de perforation tympanique ou si le tympan n’a pas été
correctement visualisé lors de l’examen. Pas d’indication à l'instillation de gouttes auriculaires.
– Indications de l’antibiothérapie :
• Une antibiothérapie est prescrite d’emblée chez les enfants de moins de 2 ans, les enfants ayant des
signes d’infection sévère (vomissements, fièvre > 39 °C, otalgie sévère) et les enfants à risque d’évolution
défavorable (malnutrition, déficit immunitaire, malformation de l’oreille).
• Pour les autres enfants :
1. Si l’enfant peut être ré-examiné après 48 à 72 heures : il est préférable d’attendre avant de
prescrire un antibiotique car l’évolution peut être spontanément favorable et un traitement
symptomatique court de la fièvre et de la douleur peut suffire. Un antibiotique est prescrit si le
tableau clinique s’aggrave ou ne s’améliore pas après 48 à 72 heures.
2. Si le contexte ne permet pas de revoir l’enfant : une antibiothérapie est prescrite d’emblée.
• Pour les enfants sous antibiothérapie : demander à la mère de revenir si la fièvre ou les douleurs
persistent après 48 heures de traitement.
– Choix de l’antibiothérapie :
• L’amoxicilline est le traitement de première intention :
amoxicilline PO pendant 5 jours
Enfant : 30 mg/kg 3 fois par jour (max. 3 g par jour)
Adulte : 1 g 3 fois par jour
• L’amoxicilline/acide clavulanique est utilisé en 2e intention, en cas d’échec du traitement.
Un échec est défini comme la persistance de la fièvre et/ou de la douleur après 48 heures de traitement.
amoxicilline/acide clavulanique (co-amoxiclav) PO pendant 5 jours
Utiliser les formulations 8:1 ou 7:1. La dose est exprimée en amoxicilline :
Enfant < 40 kg : 25 mg/kg 2 fois par jour
Enfant ≥ 40 kg et adulte :
Rapport 8:1 : 2000 mg par jour (2 cp à 500/62,5 mg 2 fois par jour)
Rapport 7:1 : 1750 mg par jour (1 cp à 875/125 mg 2 fois par jour)
La persistance d’un écoulement isolé, sans fièvre ni douleur, chez un enfant dont l’état clinique s’est par
ailleurs amélioré (régression des signes généraux et inflammatoires locaux) ne justifie pas un
changement d’antibiothérapie. Nettoyer localement et prudemment le conduit externe à l’aide d’un
coton sec jusqu’à la fin de l’écoulement.
• Les macrolides doivent être réservés aux rares patients allergiques à la pénicilline car les échecs
thérapeutiques (résistance aux macrolides) sont fréquents.
azithromycine PO
Enfant de plus de 6 mois : 10 mg/kg une fois par jour pendant 3 jours
Signes cliniques
– Écoulement purulent depuis plus de 2 semaines, souvent associé à une diminution de l’audition voire
une surdité, sans douleur ni fièvre
– Otoscopie : perforation du tympan et écoulement purulent
– Complications :
• Penser à une surinfection (OMA) en cas de fièvre avec otalgie, et traiter en conséquence.
• Penser à une mastoïdite en cas d’installation rapide d’une fièvre élevée avec altération de l’état général,
otalgie intense et/ou tuméfaction douloureuse derrière l’oreille.
• Penser à un abcès cérébral ou à une méningite en cas de trouble de la conscience, raideur de la nuque,
signes neurologiques focaux (p. ex. paralysie faciale).
Traitement
– Éliminer les sécrétions à l’aide d’un coton-tige sec ou d’une mèche de coton sec.
– Appliquer ciprofloxacine gouttes auriculaires dans l'oreille atteinte jusqu’à tarissement de
l’écoulement (environ 2 semaines, max. 4 semaines) :
Enfant d'un an et plus : 3 gouttes 2 fois par jour
Adulte : 4 gouttes 2 fois par jour
– Complications :
• Mastoïdite chronique : il s’agit d’une urgence médicale nécessitant une hospitalisation immédiate, un
traitement antibiotique prolongé couvrant les germes responsables d’OMCS (ceftriaxone IM 10 jours
+ ciprofloxacine PO 14 jours), des soins locaux non traumatiques (nettoyage du conduit) et
éventuellement un traitement chirurgical. Si le patient doit être transféré, administrer la première dose
d’antibiotique avant le transfert.
• Méningite(see page 169) (Chapitre 7).
Coqueluche
• Signes cliniques(see page 67)
• Conduite à tenir et traitement(see page 67)
• Cas suspects(see page 67)
• Sujets contacts(see page 68)
• Prévention(see page 68)
La coqueluche est une infection bactérienne très contagieuse des voies respiratoires inférieures,
d'évolution longue, due à Bordetella pertussis.
La transmission s’effectue par inhalation de gouttelettes émises par les personnes infectées (toux,
éternuements).
La majorité des cas surviennent chez les personnes non vaccinées ou incomplètement vaccinées. La
coqueluche touche tous les groupes d’âge. L'expression clinique est en général banale chez l’adolescent
Signes cliniques
Après une période d’incubation de 7 à 10 jours, la maladie évolue en 3 phases :
– Phase catarrhale (1 à 2 semaines) : écoulement nasal et toux. A ce stade, la maladie est confondue avec
une infection banale des voies respiratoires supérieures.
– Phase paroxystique (1 à 6 semaines) :
• Forme typique : toux persistant au moins 2 semaines avec quintes évocatrices, suivi d’une reprise
inspiratoire difficile, bruyante (« chant du coq ») ou de vomissements. La fièvre est absente ou
modérée, l’examen clinique est normal entre les quintes mais le patient se sent de plus en plus
fatigué.
• Formes atypiques :
• Chez l’enfant de moins de 6 mois : quintes mal tolérées avec apnées, cyanose ; les quintes
ou la reprise inspiratoire sonore peuvent être absentes.
• Chez l’adulte : toux persistante, souvent sans autres symptômes.
• Complications :
• Majeures : chez les nourrissons, surinfection pulmonaire (l’apparition d’une fièvre est un
indicateur) ; retentissement des quintes sur l'état général avec gêne de l'alimentation et
vomissements, favorisant la déshydratation et la malnutrition ; plus rarement, convulsions,
encéphalites ; mort subite.
• Mineures : hémorragies conjonctivales, pétéchies, hernie, prolapsus rectal.
– Phase de convalescence : les symptômes régressent en quelques semaines ou mois.
Cas suspects
– Hospitaliser systématiquement les enfants de moins de 3 mois et les enfants ayant une forme sévère.
Les enfants de moins de 3 mois doivent faire l'objet d'une surveillance 24 heures sur 24 en raison du
risque d'apnée.
– Pour les enfants traités en ambulatoire, indiquer aux parents quels sont les signes qui doivent amener à
re-consulter (fièvre, altération de l’état général, déshydratation, dénutrition, apnées, cyanose).
– Isolement respiratoire (tant que le patient n'a pas reçu 5 jours d’antibiotique) :
• à domicile : éviter le contact avec les nourrissons non/incomplètement vaccinés ;
• en collectivité : éviction des cas suspects ;
• à l'hôpital : chambre seule ou regroupement des cas (cohorting).
– Hydratation et alimentation : bien hydrater les enfants < 5 ans, poursuivre l'allaitement. Conseiller aux
mères de nourrir l'enfant après les quintes et les vomissements qui les suivent, administrer fréquemment
de petites quantités. Surveiller le poids de l’enfant au cours de la maladie, envisager une
supplémentation, jusqu’à plusieurs semaines après la maladie.
– Antibiothérapie :
Le traitement antibiotique reste indiqué dans les 3 premières semaines qui suivent l’apparition de la
toux. La contagiosité est pratiquement nulle après 5 jours d’antibiothérapie.
Alternative co-trimoxazole PO 20 mg/kg SMX + 4 mg/kg TMP 2 800 mg SMX + 160 mg TMP 2
1(see page 0) pendant 14 jours fois par jour fois par jour
(si macrolides contre- (à éviter chez l’enfant < 1 mois
indiqués ou mal et au cours du dernier mois de
tolérés) grossesse)
Sujets contacts
– Une antibioprophylaxie (même traitement que les cas) est recommandée pour les enfants de moins de
6 mois non vaccinés ou incomplètement vaccinés contre la coqueluche, s’ils ont été en contact avec un
cas.
– Pas d’éviction pour les sujets contacts.
Remarque : dans tous les cas (suspects et contacts), mettre à jour la vaccination anticoqueluche. Si la
primovaccination a été interrompue, elle doit être poursuivie et non reprise au début.
Prévention
Vaccination de routine avec le vaccin combiné contenant la valence coquelucheuse (p. ex. DTC ou DTC +
Hep B ou DTC + Hib + Hep B), dès l’âge de 6 semaines ou selon le calendrier national.
Ni la vaccination, ni la maladie, ne confère d’immunité définitive. Des rappels sont nécessaires pour
renforcer l’immunité et réduire le risque de développer la maladie et de la transmettre aux jeunes
enfants.
1(see page 68) L’érythromycine (7 jours) peut être une alternative mais l’azithromycine est mieux tolérée et le
traitement est plus simple à administrer (plus court, moins de prises quotidiennes). Pour les
doses selon l’âge ou le poids du patient, se référer à la fiche érythromycine du guide
Médicaments essentiels, MSF.
Bronchites
• Bronchite aiguë(see page 68)
• Bronchite chronique(see page 69)
Bronchite aiguë
• Signes cliniques(see page 69)
• Traitement(see page 69)
Inflammation aiguë de la muqueuse bronchique, d’origine virale le plus souvent. Elle est parfois due
à Mycoplasma pneumoniae chez le grand enfant. Chez l’enfant de plus de 2 ans, les bronchites aiguës à
répétition ou les bronchites dites « sifflantes » doivent faire évoquer un asthme (voir Asthme(see page 79)).
Chez l’enfant de moins de 2 ans, penser à une bronchiolite (voir Bronchiolite(see page 70)).
Signes cliniques
Débute souvent par une rhinopharyngite qui « descend » progressivement : pharyngite, laryngite,
trachéïte puis trachéo-bronchite.
– Toux importante, sèche au début, puis productive
– Fièvre modérée
– Pas de tachypnée, ni de dyspnée
– A l’examen pulmonaire : râles bronchiques
Traitement
– Fièvre(see page 22) : paracétamol PO (Chapitre 1).
– Bien hydrater, humidifier l'atmosphère (bol d’eau à proximité ou serviette humide).
– Chez l’enfant : désobstruction du rhinopharynx par lavage au chlorure de sodium 0,9% ou Ringer
lactate, 4 à 6 fois par jour.
– Bon terrain, contexte de rhinopharyngite ou de grippe : antibiotiques inutiles
– Antibiothérapie uniquement si :
• mauvais terrain : malnutrition, rougeole, rachitisme, anémie sévère, cardiopathie, patient âgé, etc.
• apparition d’une dyspnée avec fièvre supérieure à 38,5 °C et expectoration purulente : une surinfection
bactérienne à Haemophilus influenzae ou à pneumocoque est probable.
amoxicilline PO
Enfant : 30 mg/kg 3 fois par jour (max. 3 g par jour) pendant 5 jours
Adulte : 1 g 3 fois par jour pendant 5 jours
Bronchite chronique
• Signes cliniques(see page 69)
• Traitement(see page 70)
Signes cliniques
– Toux et expectoration durant 3 mois consécutifs par an, pendant au moins deux années consécutives.
– Dyspnée absente au début. Elle apparaît après plusieurs années d’évolution, à l’effort puis permanente.
– A l’examen pulmonaire : râles bronchiques (toujours éliminer une tuberculose).
En cas d’exacerbation aiguë d’une bronchite chronique :
– Apparition ou augmentation de la dyspnée.
– Augmentation du volume des expectorations.
– Modification de l’expectoration qui devient purulente.
Traitement
– En cas de bronchite chronique simple : antibiotiques inutiles.
– En cas d’exacerbation aiguë d’une bronchite chronique, uniquement sur un terrain fragile, un
traitement par antibiotique peut être utile. Voir Bronchite aiguë(see page 68).
– Déconseiller le tabac et les facteurs irritants.
Bronchiolite
• Signes cliniques(see page 70)
• Traitement(see page 70)
• Traitement ambulatoire(see page 71)
• Hospitalisation(see page 71)
• Prévention et contrôle(see page 71)
La bronchiolite est une infection virale épidémique et saisonnière des voies respiratoires inférieures,
caractérisée par une obstruction des bronchioles chez les enfants de moins de 2 ans.
Le virus respiratoire syncytial (VRS) est responsable de 70% des cas de bronchiolites. La transmission du
VRS est directe, par inhalation de gouttelettes (toux, éternuements) et indirecte, par contact avec du
matériel et des mains souillés de sécrétions contaminées.
Dans la grande majorité des cas, la bronchiolite est bénigne, elle évolue vers la guérison spontanée (avec
une possibilité de récidive), le traitement s’effectue en ambulatoire.
Il existe des formes sévères pouvant mettre en jeu le pronostic vital par épuisement du nourrisson ou
surinfection bactérienne. L’hospitalisation est nécessaire lorsqu’un enfant présente des signes/critères
de gravité (10 à 20% des cas).
Signes cliniques
– Tachypnée, dyspnée, expiration sifflante, toux, hypersécrétion (mousse et encombrement).
– A l’auscultation : frein expiratoire avec sibilants diffus bilatéraux. Parfois, crépitants fins, diffus, en fin
d’inspiration.
Ces signes sont précédés d’une rhinopharingite avec toux sèche dans les 24 à 72 heures, sans fièvre ou
accompagnée d’une fièvre modérée.
– Signes de gravité :
• Altération importante de l’état général, aspect toxique (pâleur, teint gris)
• Apnées, cyanose (à rechercher au niveau des lèvres, de la muqueuse buccale, des ongles)
• Signes de lutte (battements des ailes du nez, tirage sternal/thoracique)
• Anxiété et agitation (hypoxie), troubles de la conscience
• Fréquence respiratoire > 60/minute
• Diminution des signes de lutte et bradypnée (fréquence respiratoire < 30/minute avant 1 an et < 20/
minute avant 3 ans, épuisement). Attention à ne pas attribuer ces symptômes à une amélioration
clinique.
• Sueurs, tachycardie au repos et en l’absence de fièvre
• Silence à l’auscultation (spasme bronchique intense)
• Difficulté à boire ou téter (mauvaise tolérance à l’effort)
Traitement
Le traitement est symptomatique. Les signes d’obstruction durent une dizaine de jours ; la toux peut
persister 2 semaines de plus.
Les enfants qui répondent à l’un des critères suivants sont hospitalisés :
– Présence d’un signe de gravité
– Pathologie pré-existante (cardiaque, pulmonaire, malnutrition, HIV, etc.)
L’hospitalisation est à considérer au cas par cas dans les situations suivantes :
– Pathologie aiguë associée (gastro-entérite, infection bactérienne, etc.)
– Age inférieur à 3 mois
Dans les autres cas, l’enfant peut être traité à domicile, en indiquant aux parents comment traiter
l’enfant et quels sont les signes de gravité qui doivent amener à re-consulter.
Traitement ambulatoire
– Lavage du rhinopharynx au NaCl 0,9% avant les tétées/repas (montrer la technique à la mère) 1(see page 0)
.
– Fractionnement des tétées pour limiter les vomissements lors des quintes de toux.
– Augmentation des apports hydriques en cas de fièvre et /ou sécrétions importantes.
– Traitement de la fièvre(see page 22) (Chapitre 1).
– Eviter toutes manipulations inutiles.
Hospitalisation
– Dans tous les cas :
• Installation de l’enfant en position proclive dorsale (± 30°).
• Lavage du rhinopharynx, fractionnement des tétées, traitement de la fièvre, comme en ambulatoire.
• Aspirations bucco-pharyngées douces si besoin.
• Apports hydriques : 80 à 100 ml/kg/jour + 20 à 25 ml/kg/jour en cas de fièvre élevée ou de sécrétions
bronchiques très productives.
– En fonction des symptômes :
• Oxygène nasal humidifié (1 ou 2 litres/minute).
• En cas de fatigue importante à la tétée ou de vomissements, passer la ration hydrique soit par sonde
gastrique (apports fréquents, petits volumes), soit par voie IV, pour une durée la plus brève possible. Ne
pas donner le sein ou une alimentation orale à un enfant sévèrement polypnéique, mais ne pas prolonger
inutilement le gavage (gêne respiratoire) ou la perfusion.
• Traitement bronchodilateur : le traitement peut être proposé à titre de test (salbutamol aérosol-
doseur : 2 à 3 bouffées par l’intermédiaire d’une chambre d’inhalation, renouvelé 2 fois à 30 minute
d’intervalle). Si le test est efficace, le traitement est poursuivi (2 à 3 bouffées toutes les 6 heures en phase
aiguë, puis diminution progressive selon l’évolution clinique) ; si le test est un échec, le traitement est
abandonné.
• L’antibiothérapie n’est pas indiquée, sauf en cas de suspicion de complication infectieuse telle qu’une
pneumonie bactérienne.
Prévention et contrôle
La transmission nosocomiale du virus est élevée :
– Regrouper les enfants atteints de bronchiolite à l’écart des autres enfants (cohorting).
– La transmission manuportée du virus étant prédominante, la mesure de prévention la plus importante
est le lavage des mains après tout contact avec les patients et les objets ou surfaces en contact avec les
patients, sur lesquels le virus survit plusieurs heures.
– Par ailleurs, le personnel devrait porter une blouse, des gants, un masque chirurgical lors des contacts
avec les patients.
1(see page 71) Instillations nasales de chlorure de sodium 0,9%, narine par narine, l’enfant en décubitus
dorsal, la tête sur le côté.
Pneumonie aiguë
• Pneumonie chez l’enfant de moins de 5 ans(see page 72)
• Pneumonie chez l’enfant de plus de 5 ans et l’adulte(see page 75)
• Pneumonie traînante(see page 77)
Infection des espaces pulmonaires alvéolaires d’origine virale, bactérienne (pneumocoque, Haemophilus
influenzae, staphyloccoque, bactéries atypiques) ou parasitaire (pneumocystose).
Les germes les plus fréquents sont les virus, le pneumocoque et Haemophilus influenzae.
Signes cliniques
– Toux ou difficultés respiratoires
– Fièvre souvent élevée (supérieure à 39 °C) mais peut-être modérée ou absente (souvent signe de
gravité).
L’examen clinique doit être réalisé chez un enfant calme pour pouvoir correctement mesurer la
fréquence respiratoire et rechercher les signes de gravité.
– L’enfant présente une tachypnée (fréquence respiratoire rapide) si :
FR ≥ 60/minute chez un enfant de moins de 1 mois
FR ≥ 50/minute chez un enfant de 1 à 11 mois
FR ≥ 40/minute chez un enfant de 12 mois à 5 ans
– A l’auscultation : matité avec diminution du murmure vésiculaire, crépitants et quelquefois souffle
tubaire (inspiratoire et intense) ou auscultation pulmonaire normale.
– Les signes ou critères de gravité (pneumonie sévère) :
• Tirage sous-costal : la paroi thoracique inférieure se déprime à l’inspiration alors que la partie
supérieure de l’abdomen se soulève
• Cyanose (lèvres, muqueuse buccale, ongles) ou SpO2 < 90%
• Battements des ailes du nez
• Stridor (son rauque à l’inspiration)
• Geignement (son court, répétitif produit par la fermeture partielle des cordes vocales à l’expiration)
• Troubles de la conscience (enfant somnolent ou difficile à réveiller)
• Refus de boire ou téter
• Enfant de moins de 2 mois
• Malnutrition sévère
Remarques :
– Chez l’enfant malnutri, il faut diminuer les seuils de 5/minute.
– Le tirage sous-costal n’est significatif que s’il existe en permanence et qu’il est bien visible. Si on ne
l’observe que lorsque l’enfant est dérangé, qu’il s’alimente, et non pas au repos, il n’existe pas de tirage.
– Chez l'enfant de moins de 2 mois, un tirage sous-costal modéré est normal car la paroi thoracique est
souple.
– Si seuls les tissus mous entre les côtes et/ou au-dessus de la clavicule se dépriment, il n’y a pas de
tirage sous-costal.
Penser à :
– Un paludisme en zone endémique, qui peut également donner une toux avec tachypnée.
– Une staphylococcie pleuro-pulmonaire(see page 77) en cas d’empyème ou de ballonnement abdominal
douloureux et diarrhée associés.
– Une pneumocystose en cas d’infection confirmée ou suspectée par le HIV (voir Infection par le HIV et
sida(see page 221), Chapitre 8).
– Une tuberculose :
• en cas de toux, fièvre et faible gain de poids chez un enfant en contact avec un patient tuberculeux 1(see
page 0)
. Pour le diagnostic, se référer au guide Tuberculose, MSF.
• en cas de pneumonie compliquée d’un empyème (épanchement pleural de pus).
Traitement
Pour l’ampicilline, utiliser de préférence la voie IV. La voie IM peut être une alternative.
Si l'ampicilline n'est pas disponible, les alternatives peuvent être céfotaxime IV lente (3 minutes) ou
perfusion (20 minutes) ou IM pendant 10 jours (pour les doses, voir Méningite(see page 169), Chapitre 7), ou,
en dernier recours : ceftriaxone IV 2(see page 0) lente (3 minutes) ou perfusion (30 minutes ; 60 minutes chez
le nouveau-né) ou IM : 50 mg/kg une fois par jour pendant 10 jours.
Si l’état clinique ne s’améliore pas 3(see page 0) après 48 heures de traitement bien conduit,
ajouter cloxacilline IV pendant 10 à 14 jours :
Traitement adjuvant
– Fièvre(see page 22) : paracétamol PO (Chapitre 1).
– Nourrissons : tenir au chaud.
– Installer en léger proclive ou en position demi-assise.
– Désobstruer le rhinopharynx (lavage au chlorure de sodium 0,9% si nécessaire).
– Oxygène au débit nécessaire pour obtenir une SpO2 ≥ 90% ou en l’absence d’oxymètre de pouls, O2 au
débit minimum de 1 litre/minute.
– Assurer une bonne hydratation et une bonne alimentation :
• En cas de difficultés respiratoires sévères : administrer par voie veineuse 70% des besoins hydriques de
base. Reprendre l’hydratation/alimentation orale dès que possible (pas de difficultés respiratoires
sévères, capacité de l’enfant à s’alimenter).
S’il est impossible de poser une voie veineuse, poser une sonde gastrique : chez l’enfant de moins de 12
mois : 5 ml/kg/heure ; chez l’enfant de plus de 12 mois : 3 à 4 ml/kg/heure ; en alternant, lait et eau
sucrée. Reprendre l’alimentation orale dès que possible.
• En l’absence de difficultés respiratoires sévères : allaitement à la demande ; lait, aliments solides, eau, à
la cuillère, à volonté.
• Solution de réhydratation orale si nécessaire (Désydratation(see page 37), Chapitre 1)..
1(see page 73) Avoir été en contact signifie avoir vécu sous le même toit que, ou avoir été en contact étroit et
régulier avec, une personne ayant une tuberculose (confirmée ou suspectée), au cours des
douze derniers mois.
2(see page 73) Le solvant de la ceftriaxone pour injection IM contient de la lidocaïne. Reconstituée avec ce
solvant, la ceftriaxone ne doit jamais être administrée en IV. Pour l’administration IV, utiliser
uniquement de l’eau pour préparation injectable.
[ a(see page 73) b(see page 74) ]
3(see page 73) Les critères d’amélioration sont : diminution de la fièvre, diminution des difficultés
respiratoires, amélioration de la SpO2, reprise de l’appétit et/ou de l’activité.
[ a(see page 73) b(see page 74) c(see page 75) ]
Les germes les plus fréquents sont les virus, le pneumocoque, Mycoplasma pneumoniae.
Signes cliniques
– Toux, plus ou moins expectoration purulente, fièvre, douleur thoracique, tachypnée.
– Examen pulmonaire : diminution du murmure vésiculaire, matité, foyer de crépitants, parfois souffle
tubaire.
Un début brutal, avec fièvre supérieure à 39 °C, douleur thoracique, présence d’un herpès labial, sont en
faveur d’un pneumocoque. Parfois la symptomatologie peut être trompeuse surtout chez l’enfant, avec
douleurs abdominales, syndrome méningé, etc.
Traitement
Traitement adjuvant
– Fièvre(see page 22) : paracétamol PO (Chapitre 1).
– Désobstruer le rhinopharynx (lavage au chlorure de sodium 0,9% si nécessaire).
– Oxygène au débit nécessaire pour obtenir une SpO2 ≥ 90% ou en l’absence d’oxymètre de pouls, O2 au
débit minimum de 1 litre/minute.
– Assurer une bonne hydratation et une bonne alimentation.
1(see page 76) Le solvant de la ceftriaxone pour injection IM contient de la lidocaïne. Reconstituée avec ce
solvant, la ceftriaxone ne doit jamais être administrée en IV. Pour l’administration IV, utiliser
uniquement de l’eau pour préparation injectable.
2(see page 76) Les critères d’amélioration sont : diminution de la fièvre, diminution des difficultés
respiratoires, amélioration de la SpO2, reprise de l’appétit et/ou de l’activité.
[ a(see page 76) b(see page 76) c(see page 77) ]
Pneumonie traînante
En cas de pneumonie ne répondant pas aux traitements ci-dessus, penser à une pneumonie atypique,
une tuberculose, une pneumocystose (Infection par le HIV et sida(see page 221), Chapitre 8).
Les bactéries les plus souvent responsables de pneumonies atypiques sont Mycoplasma
pneumoniae et Chlamydophila pneumoniae. L’un des antibiotiques suivants peut être administré :
En première intention, azithromycine PO
Enfant : 10 mg/kg une fois par jour (max. 500 mg par jour) pendant 5 jours
Adulte : 500 mg en une prise à J1 puis 250 mg une fois par jour de J2 à J5
A défaut,
érythromycine PO
Enfant : 10 mg/kg 4 fois par jour pendant 10 à 14 jours
Adulte : 500 mg 4 fois par jour pendant 10 à 14 jours
ou
doxycycline PO (sauf chez l’enfant de moins de 8 ans et la femme enceinte ou allaitante)
Enfant de 8 ans et plus : 2 mg/kg 2 fois par jour (max. 200 mg par jour) pendant 10 à 14 jours
Adulte : 100 mg 2 fois par jour pendant 10 à 14 jours
Staphylococcie pleuro-pulmonaire
• Signes cliniques(see page 78)
Pneumonie à Staphylococcus aureus du jeune enfant, souvent en mauvais état général (malnutrition,
infection cutanée, etc.). La staphylococcie pleuro-pulmonaire est une complication classique de la
rougeole.
Signes cliniques
– Signes généraux marqués : altération de l’état général, pâleur, fièvre importante ou hypothermie,
souvent signes de choc ; présence de lésions cutanées (porte d’entrée) mais parfois les lésions cutanées
sont absentes.
– Signes digestifs : nausées, vomissements, diarrhée, ballonnement abdominal douloureux.
– Signes respiratoires : toux sèche, tachypnée, signes de lutte (battements ailes du nez, tirage). L’examen
pulmonaire est souvent normal. Parfois, matité en faveur d’un épanchement pleural.
Examens complémentaires
– Radiographie pulmonaire (si disponible) : peut montrer une consolidation multilobaire, une cavitation,
des pneumatocèles, un pneumothorax spontané.
Traitement
Urgent car aggravation rapide : hospitaliser.
– Antibiothérapie : s’il est impossible de confirmer l’étiologie staphylococcique, ou en l’attente de
confirmation, une antibiothérapie à large spectre est recommandée :
ceftriaxone IM ou IV 1(see page 0) lente (au moins 3 minutes) : 50 mg/kg une fois par jour
+ cloxacilline perfusion IV (60 minutes) 2(see page 0)
Nouveau-né 0 à 7 jours (< 2 kg) : 50 mg/kg toutes 12 heures
Nouveau-né 0 à 7 jours (≥ 2 kg) : 50 mg/kg toutes 8 heures
Nouveau-né 8 jours à < 1 mois (< 2 kg) : 50 mg/kg toutes 8 heures
Nouveau-né 8 jours à < 1 mois (≥ 2 kg) : 50 mg/kg toutes 6 heures
Enfant de 1 mois et plus : 25 à 50 mg/kg toutes 6 heures (max. 8 g par jour)
Après amélioration clinique 3(see page 0) , 3 jours d’apyréxie et retrait du drain thoracique s’il était en place,
prendre le relais avec amoxicilline/acide clavulanique PO pour compléter 10 à 14 jours de
traitement. Utiliser les formulations 8:1 ou 7:1 uniquement. La dose est exprimée en amoxicilline : 50 mg/
kg 2 fois par jour
En cas d’empyème important : même traitement mais relais par voie orale après 7 jours d’apyrexie et 3
semaines de traitement au total.
La clindamycine IV peut être une alternative à la cloxacilline : 10 mg/kg toutes les 8 heures et relais avec
clindamycine PO aux mêmes doses selon les critères ci-dessus.
– Fièvre(see page 22) : paracétamol (Chapitre 1).
– Hydratation(see page 74) per os, ou par perfusion ou par sonde nasogastrique selon l’état clinique.
– Oxygène au débit nécessaire pour obtenir une SpO2 ≥ 90% ou débit minimum 1 litre/minute.
– Hygiène locale des lésions cutanées.
– Si épanchement pleural important : ponction pleurale avec drainage (en cas de pyopneumothorax :
mettre deux drains, l’un antérieur, l’autre postérieur) ou sans drainage (pleurésie purulente, faire des
ponctions itératives avec un cathéter IV).
Evolution
– Risque de décompensation par pneumothorax ou pleurésie purulente ou pyo-pneumothorax.
– Prévoir la possibilité de poser à tout moment un drain pleural en urgence.
1(see page 78) Le solvant de la ceftriaxone pour injection IM contient de la lidocaïne. Reconstituée avec ce
solvant, la ceftriaxone ne doit jamais être administrée en IV. Pour l’administration IV, utiliser
uniquement de l’eau pour préparation injectable.
2(see page 78) La poudre de cloxacilline est à reconstituer dans 4 ml de d’eau pour préparation injectable.
Ensuite, chaque dose de cloxacilline est à diluer dans un volume de 5 ml/kg de chlorure de
sodium 0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de moins de 20 kg et dans une poche de 100 ml
de chlorure de sodium 0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de 20 kg et plus et chez les
adultes.
3(see page 78) Les critères d’amélioration sont : diminution de la fièvre, diminution des difficultés
Asthme
• Crise d’asthme (asthme aigu)(see page 79)
• Asthme chronique(see page 82)
L’asthme est défini comme une atteinte inflammatoire chronique des voies aériennes, associée à une
hyper-réactivité bronchique responsable d’épisodes récidivants de sifflements, dyspnée, gêne
respiratoire et toux. En général, ces symptômes sont accompagnés d’une obstruction bronchique,
habituellement réversible, spontanément ou sous traitement.
Les facteurs déclenchant/aggravant l’asthme sont nombreux : allergènes, infections, exercice physique,
certains médicaments (aspirine), tabac, etc.
Chez les jeunes enfants, la plupart des premiers épisodes asthmatiformes sont liés à une infection
respiratoire, sans symptômes entre les épisodes infectieux. Les épisodes sifflants deviennent de moins
en moins fréquents au cours du temps ; la plupart des enfants ne développent pas d’asthme.
La crise d’asthme est un accès paroxystique de symptômes. Sa durée et sa gravité sont variables et
imprévisibles.
Traitement
La prise en charge dépend de la gravité de la crise et de la réponse au traitement :
Crise grave
– Hospitaliser le patient, l’installer en position demi-assise.
– Administrer :
• oxygène en continu au débit minimum de 5 litres/minute ou maintenir la SpO2 entre 94 et 98%.
• salbutamol (aérosol) : 2 à 4 bouffées toutes les 20 à 30 minutes, jusqu’à 10 bouffées si nécessaire chez
l’enfant de moins de 5 ans, jusqu’à 20 bouffées chez l’enfant de plus de 5 ans et l’adulte. Quel que soit
l’âge du patient, utiliser une chambre d’inhalation pour améliorer l’efficacité du traitement.
ou salbutamol (solution pour nébulisation), voir Crise mettant en jeu le pronostic vital(see page 81).
• prednisolone PO : une dose de 1 à 2 mg/kg
En cas de vomissements, jusqu’à ce que le patient puisse tolérer la prednisolone orale,
utiliser l’hydrocortisone IV :
Enfant de 1 mois à < 5 ans : 4 mg/kg toutes les 6 heures (max. 100 mg par dose)
Enfant de 5 ans et plus et adulte : 100 mg toutes les 6 heures
– Si l’amélioration est complète, garder le patient en observation pendant 4 heures au moins. Continuer
le traitement avec salbutamol pendant 24 à 48 heures (2 à 4 bouffées toutes les 4 heures)
et prednisolone PO (1 à 2 mg/kg une fois par jour) pour compléter 3 jours de traitement.
Réévaluer après 10 jours : envisager un traitement de fond si l’asthme était persistant au cours des
derniers mois. Si le patient reçoit déjà un traitement de fond, vérifier que le traitement est correctement
suivi, réévaluer la sévérité de l’asthme (voir tableau(see page 82)) et adapter le traitement si nécessaire.
– En l’absence d’amélioration ou en cas de détérioration, voir ci-dessous Crise mettant en jeu le
pronostic vital(see page 81).
Enfant de 1 mois à < 5 ans salbutamol 2,5 mg + ipratropium 0,25 mg toutes les 20 à 30
minutes
Remarques :
– Chez la femme enceinte, le traitement de la crise d’asthme est identique. En cas de crise légère à
modérée, l’oxygénothérapie limite le risque d’hypoxie fœtale.
– Pour tout patient, quelle que soit l’intensité de la crise, rechercher une infection pulmonaire sous-
jacente et la traiter.
1(see page 80) En l’absence de chambre d’inhalation, utiliser une bouteille en plastique de 500 ml : l’embout
de l’inhalateur est introduit dans une ouverture pratiquée dans le fond de la bouteille (le
récipient doit être le plus hermétique possible). L’enfant respire par le goulot, de la même
manière qu’avec une chambre d’inhalation. L’utilisation d’un gobelet en plastique comme
substitut de chambre d’inhalation n’est pas suffisamment efficace pour être recommandée.
Asthme chronique
• Signes cliniques(see page 82)
• Traitement(see page 82)
Signes cliniques
– L’asthme doit être suspecté chez un patient se plaignant de symptômes respiratoires (respiration
sifflante, essoufflement, sensation d'oppression thoracique et/ou toux), survenant par épisodes dont la
fréquence, la sévérité et la durée sont variables, le réveillant la nuit et l’obligeant à s’asseoir pour
respirer. Ces symptômes peuvent également apparaître pendant ou après un effort physique.
– L’auscultation pulmonaire peut être normale ou retrouver des râles sibilants diffus.
– La présence de signes ou d’antécédents personnels ou familiaux d'atopie (eczéma, rhinite/
conjonctivite allergique) ou d’antécédents familiaux d’asthme renforce la présomption mais leur
absence n’écarte pas le diagnostic.
Les patients présentant à la fois des signes évocateurs et des antécédents évoquant un asthme sont
considérés comme asthmatiques après exclusion d’autres diagnostics.
L’évaluation de la permanence des symptômes, de leur fréquence au cours de la journée et de la nuit et
de leur retentissement sur l'activité physique du patient permet de déterminer si l’asthme
est intermittent ou s’il est persistant.
Traitement
Seul l’asthme persistant nécessite un traitement au long cours. Le traitement de fond (corticostéroïdes
inhalés) dépend de la sévérité initiale de l’asthme. Il est instauré au palier présumé efficace puis ré-
évalué et adapté en fonction du niveau de contrôle des symptômes. L’objectif est d’obtenir l’absence de
symptôme avec la dose minimale de corticostéroïdes inhalés. La survenue d’une exacerbation sévère ou
la perte de contrôle nécessite une consultation pour réévaluer le traitement.
Traitement de fond ne signifie pas traitement à vie. Les périodes où les crises se manifestent peuvent
durer de quelques mois à quelques années, entrecoupées de périodes asymptomatiques où le traitement
de fond perd de son intérêt.
Traitement de fond de l’asthme selon son degré de sévérité
Tuberculose pulmonaire
• Signes cliniques(see page 84)
• Laboratoire(see page 84)
• Traitement(see page 84)
• Prévention(see page 85)
• Références(see page 85)
– La tuberculose pulmonaire est une infection bactérienne due à Mycobacterium tuberculosis, transmise
par inhalation de gouttelettes respiratoires infectées émises par un sujet malade.
– Après l'infection, M. tuberculosis se multiplie lentement dans les poumons puis est éliminé en général
spontanément ou bien reste dans l'organisme à l'état "dormant".
– Seuls 10% des personnes infectées développent une tuberculose active. Le risque d'évolution vers une
tuberculose active est plus élevé chez les patients immunodéprimés. Dans certains pays, la moitié des
nouveaux cas diagnostiqués sont co-infectés par le HIV.1(see page 85)
Pour plus d'information, se référer au guide Tuberculose, MSF.
Signes cliniques
– Toux prolongée (> 2 semaines), avec ou sans expectoration et/ou hémoptysie, fièvre prolongée, sueurs
nocturnes, anorexie, perte de poids, douleurs thoraciques, fatigue.
– Les diagnostics différentiels peuvent être : pneumonie, bronchopneumopathie chronique obstructive
(BPCO), cancer du poumon, paragonimose (Distomatoses(see page 151), Chapitre 6) et mélioïdose (Asie du
Sud-Est).
En zone endémique, le diagnostic de tuberculose doit être évoqué devant tout patient consultant pour
des symptômes respiratoires persistant depuis plus de 2 semaines et ne répondant pas à un traitement
antibiotique non spécifique.
Laboratoire
– Dans la population générale : test Xpert® MTB/RIF permettant de détecter à la fois M. tuberculosis (MTB)
dans les crachats et une résistance à la rifampicine (RIF). Si le test Xpert® MTB/RIF n'est pas disponible,
réaliser un examen microscopique des crachats.2(see page 85)
– En cas de co-infection par le HIV suspectée ou confirmée : test Xpert® MTB/RIF et dosage urinaire
"point-of-care" du lipoarabinomannane sur bandelette à flux latéral (LF-LAM).2(see page 85)
Traitement
Le traitement standard de la tuberculose pulmonaire est une association de 4 antituberculeux
(isoniazide, rifampicine, pyrazinamide, éthambutol). Le traitement est réparti en 2 phases (phase
d'attaque et phase d'entretien) et dure 6 mois.
Si la souche de M. tuberculosis est résistante aux médicaments, le traitement dure plus longtemps et
repose sur des associations de médicaments différentes.
La guérison d'un patient tuberculeux demande un engagement important, tant de la part de l'équipe
soignante que de la part du patient. Seul un traitement continu permet d'obtenir la guérison et d'éviter
l'apparition de résistances. Il est essentiel que le patient l'ait bien compris et qu'il ait la possibilité de
suivre le traitement jusqu'à son terme.
Prévention
– Vaccination des nouveau-nés par le BCG : confère une protection de 59% contre la tuberculose
pulmonaire.3(see page 85)
– Prévention des infections dans les structures de soins : précautions standard et précautions "air" pour
les cas suspects ou confirmés.
– Contacts étroits : traitement préventif à l'isoniazide pendant 6 mois.
Références
1. World Health Organization. Global tuberculosis report 2018.
https://apps.who.int/iris/handle/10665/274453 [consulté le 21 octobre 2019]
Diarrhée aiguë
• Signes cliniques(see page 86)
• Traitement(see page 87)
• Prévention et traitement de la déshydratation(see page 87)
• Prévenir la malnutrition(see page 87)
• Supplémentation en zinc(see page 87)
• Traitement étiologique(see page 87)
• Prévention(see page 88)
• Références(see page 88)
– La diarrhée aiguë est définie comme l’émission d’au moins 3 selles liquides par jour depuis moins de 2
semaines.
– Cliniquement, on distingue 2 types de diarrhées aiguës :
• Non sanglantes, d’origine virale dans 60% des cas (rotavirus, entérovirus), bactérienne (Vibrio cholerae,
Escherichia coli entérotoxinogène, Salmonella non Typhi, Yersinia enterolitica) ou parasitaire (giardiase).
D'autres pathologies comme le paludisme, l’otite moyenne aiguë, les infections respiratoires, etc.
peuvent s’accompagner de ce type de diarrhée.
• Sanglantes, d’origine bactérienne (Shigella dans 50% des cas, Campylobacter jejuni, Escherichia
coli entéro-invasif et entérohémorragique, Salmonella) ou parasitaire (amibiase intestinale).
– La transmission des diarrhées d’origine infectieuse est directe (mains sales) ou indirecte (ingestion
d’eau ou d’aliments contaminés).
– La déshydratation aiguë et la dénutrition sont responsables de la forte mortalité liée aux diarrhées,
même bénignes. Elles doivent être prévenues par une hydratation et une alimentation adéquate.
Signes cliniques
– Rechercher en priorité des signes de déshydratation. Voir Déshydratation(see page 37), Chapitre 1.
– Puis rechercher d’autres signes :
• selles profuses et afécales (choléra, E. coli entérotoxigène),
• vomissements abondants (choléra),
• fièvre (salmonellose, diarrhée virale),
• présence de sang rouge dans les selles : voir aussi Shigellose(see page 88) et Amibiase(see page 90) (Chapitre
3).
– En cas de déshydratation sévère d’installation rapide chez un patient de plus de 5 ans : suspecter un
cas de choléra.
Traitement
Principes de base :
– Prévenir ou traiter la déshydratation : la réhydratation consiste à remplacer les pertes en eau et
électrolytes, au fur et à mesure qu’elles surviennent, jusqu’à ce que la diarrhée cesse.
– Supplémenter en zinc les enfants de moins de 5 ans.
– Prévenir la malnutrition.
– Ne pas utiliser systématiquement les antibiotiques : seules certaines diarrhées justifient leur
prescription (voir Traitement étiologique(see page 87)).
– Ne pas utiliser d’anti-diarrhéique ni d’anti-émétique.
– Traiter la pathologie sous-jacente le cas échéant (paludisme, otite, infection respiratoire, etc.).
Prévenir la malnutrition
Poursuivre une alimentation normale à volonté (aucune restriction). Chez l’enfant allaité, augmenter la
fréquence des tétées. Le lait maternel ne remplace pas la SRO. La SRO doit être donnée entre les tétées.
Supplémentation en zinc
Le sulfate de zinc est utilisé en complément de la réhydratation orale, dans le but de réduire la durée et la
sévérité de la diarrhée ainsi que le risque de récidive dans les 2 à 3 mois suivant le traitement :
sulfate de zinc PO
Enfant de moins de 6 mois : 10 mg (½ cp) une fois par jour pendant 10 jours
Enfant de 6 mois à 5 ans : 20 mg (1 cp) une fois par jour pendant 10 jours
Mettre un ½ ou 1 comprimé dans une cuillère à café, ajouter un peu d'eau pour le dissoudre et donner le
contenu de la cuillère à l'enfant.
Traitement étiologique
Diarrhées sanglantes
– Shigellose : c’est la diarrhée sanglante la plus fréquente (l’amibiase est beaucoup plus rare). En
l’absence de laboratoire permettant de confirmer une amibiase, le traitement de première intention est
celui de la shigellose(see page 88) (Chapitre 3).
– Amibiase : traitement antiparasitaire uniquement si présence d’amibes hématophages mobiles dans les
selles ou en cas d’échec d’un traitement de shigellose bien conduit (voir Amibiase(see page 90), Chapitre 3).
Prévention
– L’allaitement maternel réduit la morbidité et la mortalité infantile par diarrhée, ainsi que la sévérité des
épisodes diarrhéiques.
– Au moment du sevrage, la préparation et la conservation des aliments sont associés à un risque de
contamination par des germes fécaux : décourager l’utilisation de biberon ; bien cuire les aliments ; ne
jamais conserver le lait ou les bouillies à température ambiante.
– L’accès à une eau propre en quantité suffisante et l’hygiène personnelle (lavage des mains à l’eau et au
savon, avant préparation ou prise de repas, après défécation, etc.) réduisent efficacement la
transmission des diarrhées.
– Dans les pays où la mortalité due aux diarrhées à rotavirus est élevée, l'OMS recommande la
vaccination de routine contre le rotavirus chez tous les enfants de 6 semaines à 24 mois.1(see page 88)
Références
1. Weekly epidemiological record/Relevé épidémiologique hebdomadaire 1st February 2013,
88th year/1er Février 2013, 88e année No. 5, 2013, 88, 49–64.
https://www.who.int/wer/2013/wer8805.pdf [consulté le 02 janvier 2019]
Shigellose
• Signes cliniques(see page 88)
• Laboratoire(see page 89)
• Traitement(see page 89)
• Mesures en cas d'épidémie(see page 90)
• Références(see page 90)
– La shigellose est une diarrhée sanglante d'origine bactérienne, très contagieuse. Il existe 4 sous-
groupes de shigelles : S. dysenteriae, S. sonnei, S. flexneri, S. boydii.
– S. dysenteriae type 1 (Sd1) est la seule souche pouvant provoquer des épidémies de grande ampleur.
C'est celle qui a la plus forte létalité (jusqu'à 10%).
– Les patients à risque de mortalité sont les enfants de moins de 5 ans, les malnutris, les enfants après
une rougeole, les adultes de plus de 50 ans.
Signes cliniques
– Diarrhée avec sang frais visible dans les selles 1(see page 0) , avec ou sans fièvre
– Douleurs abdominales et rectales fréquentes
– Signes de gravité : fièvre supérieure à 39 °C ; déshydratation sévère ; convulsions, troubles de la
conscience
– Complications (plus fréquente pour Sd1) : convulsions fébriles (5 à 30% des enfants), prolapsus rectal
(3%), septicémie, occlusion ou perforation intestinale, syndrome hémolytique urémique modéré à sévère
Laboratoire
En cas d'épidémie de shigellose :
– Confirmer l'agent causal (culture des selles) et tester la sensibilité aux antibiotiques.
– Réaliser chaque mois culture et antibiogramme (les résistances se développent rapidement, parfois au
cours d'une même épidémie).
Traitement
– Hospitaliser les patients présentant signes de gravité ou des facteurs de risque de mortalité.
– Traiter en ambulatoire les patients sans signes de gravité ni facteurs de risque.
– Antibiothérapie :
ceftriaxone IM pendant 3 jours • en cas d'infection sévère et/ou traitement par voie
Enfant : 50 à 100 mg/kg une fois par jour (max. 1 g orale impossible
par jour) • chez la femme enceinte 2(see page 0)
Adulte : 1 à 2 g une fois par jour
1(see page 88) Cette définition exclut : sang détecté lors d'un examen microscopique ; selles contenant du
sang digéré (méléna) ; traînées de sang à la surface des selles normales (hémorroïdes, lésions de
l'anus ou du rectum, etc.).
2(see page 89) La ciprofloxacine doit être évitée chez la femme enceinte. Toutefois, en l'absence de
Références
1. Karen L. Kotloff et al. Seminar: Shigellosis. The Lancet, Volume 391, ISSUE 10122,
P801-812, February 24, 2018.
Amibiase
• Signes cliniques(see page 90)
• Examens complémentaires(see page 91)
• Traitement(see page 91)
Signes cliniques
– Dysenterie amibienne
• diarrhée avec glaires et sang rouge
• douleurs abdominales, ténesme
Examens complémentaires
– Dysenterie amibienne : mise en évidence de trophozoïtes mobiles (E. histolytica histolytica) dans les
selles fraîches
– Abcès amibien du foie : test d’hémagglutination indirecte et ELISA
– POCUS 1(see page 0) : vues EFAST (extended focused assessment with sonography for trauma, extension de
l’exploration échographique localisée du traumatisé) avec vues additionnelles du foie et de la rate à la
recherche de lésions amibiennes. Il est recommandé de consulter un spécialiste (localement ou via la
télémédecine) pour différencier les abcès amibiens d’autres pathologies ayant des caractéristiques
similaires.
Traitement
– Dysenterie amibienne
• La présence de kystes seuls ne doit pas amener à traiter une amibiase.
• En cas d’amibiase intestinale confirmée :
tinidazole PO
Enfant : 50 mg/kg une fois par jour pendant 3 jours (max. 2 g par jour)
Adulte : 2 g une fois par jour pendant 3 jours
ou métronidazole PO
Enfant : 15 mg/kg 3 fois par jour pendant 5 jours
Adulte : 500 mg 3 fois par jour pendant 5 jours
• En l’absence de laboratoire, le traitement de première intention d’une dysenterie est celui
d’une shigellose(see page 88). Traiter une amibiase en cas d’échec d’un traitement de shigellose bien
conduit.
• Sels de réhydratation orale (SRO) si risque ou signes de déshydratation (voir Déshydratation(see page 37),
Chapitre 1).
– Abcès amibien du foie
• tinidazole PO : même traitement pendant 5 jours
• métronidazole PO : même traitement pendant 5 à 10 jours
1(see page 91) L’échographie clinique doit être utilisée et interprétée exclusivement par des cliniciens formés.
Reflux gastro-œsophagien
• Signes cliniques(see page 92)
Signes cliniques
Brûlures épigastriques ou rétrosternales ascendantes généralement calmées par les antiacides ;
régurgitations acides (souvent posturales : ante-flexion ou décubitus dorsal). En l’absence de dysphagie
(sténose œsophagienne), ces manifestations sont bénignes.
Traitement
– En première intention, inciter le patient à éviter l’alcool, le tabac et donner hydroxyde d'aluminium/
hydroxyde de magnésium PO (comprimé à 400 mg/400 mg) 1(see page 0) : 1 à 2 comprimés 3 fois par jour,
20 minutes à une heure après les repas ou 1 comprimé au moment des crises douloureuses.
– Si les antiacides ne suffisent pas :
oméprazole PO : 20 mg une fois par jour le matin pendant 3 jours
– Chez le petit enfant : pas de traitement médicamenteux, repos et sommeil sur un plan incliné (30 à 45°).
1(see page 92) L’hydroxyde d'aluminium/hydroxyde de magnésium peut diminuer l’absorption intestinale des
médicaments pris simultanément :
• atazanavir, chloroquine, digoxine, doxycycline, sels de fer,
gabapentine, itraconazole, levothyroxine (respecter un intervalle d'au moins 2 heures entre les
prises).
• ciprofloxacine (prendre la ciprofloxacine 2 heures avant ou 4 heures après les
antiacides), dolutégravir (prendre le dolutégravir 2 heures avant ou 6 heures après les
antiacides), velpatasvir (respecter un intervalle de 4 heures entre les prises).
Signes cliniques
Douleurs épigastriques à type de brûlures ou de crampes survenant à distance des repas, réveillant le
patient la nuit, d’autant plus caractéristiques qu’elles reviennent périodiquement, par épisodes de
quelques jours et qu’elles s’accompagnent de nausées voire de vomissements.
Les complications les plus fréquentes sont les perforations et les hémorragies.
récurrents, la dose peut être augmentée à 40 mg une fois par jour et le traitement peut être prolongé
jusqu'à 8 semaines.
– Si récidives fréquentes, sans lien avec la prise d’AINS et nécessitant des traitements antisécrétoires
répétés : voir éradication d’Helicobacter pylori(see page 93).
Perforation
L’évoquer en cas de douleur épigastrique très intense et brutale, surtout lorsqu’il existe une défense
abdominale. Le risque de péritonite est d’autant plus important que la perforation survient sur un
estomac plein.
– Commencer par :
• mettre le patient à jeun strict ; poser une sonde gastrique, en aspiration si possible ;
• poser une voie veineuse et hydrater (Ringer lactate) ;
• traiter la douleur aiguë (voir Douleur(see page 25), Chapitre 1) ;
• oméprazole perfusion IV : 40 mg une fois par jour à administrer en 20 à 30 minutes
– Référer au chirurgien.
– S'il n'est pas possible de référer, le risque de mortalité est élevé. Poursuivre ce traitement pendant 3
jours (pour les apport liquidiens, alterner glucose 5% et Ringer lactate). Commencer une antibiothérapie
IV (voir Choc(see page 11), Chapitre 1). Si après 3 jours l'état clinique s'est amélioré, reprendre prudemment
l'alimentation orale, retirer la sonde gastrique et commencer le traitement PO d'éradication
d'Helicobacter pylori (voir éradication d’Helicobacter pylori(see page 93)).
Hémorragie digestive
Extériorisation de selles noires (méléna) et/ou de vomissements de sang (hématémèse). Dans 80% des
cas, l’arrêt de l’hémorragie est spontané.
– Poser une sonde gastrique en aspiration et une voie veineuse (16G).
Si l’état hémodynamique est bon (pouls et TA normaux) :
– Hydrater (Ringer lactate), surveiller, laisser à jeun 12 heures.
– En l’absence d’hémorragie active, reprendre l’alimentation après 12 heures.
Le lavage gastrique à l’eau froide n’est pas indispensable mais peut aider à évaluer la persistance du
saignement.
Si l’hémorragie persiste (hématémèse) et/ou si l’état hémodynamique se détériore (pouls accéléré, TA
basse) :
– Réanimer et transfuser selon l’importance de l’hémorragie (voir état de choc hémorragique(see page 13),
Chapitre 1).
– Traitement chirurgical en urgence.
Remarques :
– L'acide acétylsalicylique (aspirine) et les AINS (ibuprofène, diclofénac, etc.) sont contre-indiqués chez
les patients souffrant ou ayant des antécédents d'ulcère.
– L’oméprazole est aussi efficace PO qu’en IV.
1(see page 94) Chez les patients allergiques à la pénicilline, l'amoxicilline peut être remplacée par le
métronidazole PO 500 mg 2 fois par jour.
Troubles dyspeptiques
Dernière mise à jour : Décembre 2020
Signes cliniques
Gêne ou douleurs épigastriques survenant au moment des repas, souvent accompagnées de
ballonnements, sensation de pesanteur, nausées. Ces troubles sont le plus souvent de nature
fonctionnelle. Le diagnostic de dyspepsie fonctionnelle est clinique et posé après avoir éliminé une cause
organique (Reflux gastro-oesophagien(see page 91), Ulcères gastro-duodénaux(see page 92), causes
médicamenteuses, cancer gastrique). Une infection par Helicobacter pylori doit être recherchée par un
test si possible.
Traitement
Chez l’adulte :
– En cas d’infection à H. pylori, voir Éradication d’Helicobacter pylori(see page 93).1(see page 95)
– L’oméprazole PO (10 mg une fois par jour) pendant 4 semaines peut être utile même en l’absence
d’infection à H. pylori.2(see page 95),3(see page 95)
Remarque : rechercher et traiter d’éventuelles parasitoses intestinales (voir Protozooses intestinales(see
page 149), Cestodoses(see page 155), Nématodoses(see page 158), Chapitre 6 ; Amibiase(see page 90), Chapitre 3).
Références
1. Ford AC, Mahadeva S, Carbone MF, Lacy BE, Talley NJ. Functional dyspepsia. Lancet. 2020 Nov
21;396(10263):1689-1702.
2. Moayyedi PM, Lacy BE, Andrews CN, et al. ACG and CAG clinical guideline: management of
dyspepsia. Am J Gastroenterol. 2017 Jul;112(7):988-1013.
http://www.cag-acg.org/images/publications/CAG_CPG_Dyspepsia_AJG_Aug2017.pdf [consulté le
24 novembre 2020]
3. National Institute for Health and Care Excellence. Gastro-oesophageal reflux disease and dyspepsia
in adults: investigation and management. Sept 2014.
https://www.nice.org.uk/guidance/CG184/chapter/1-Recommendations#interventions-for-
functional-dyspepsia [consulté le 24 novembre 2020]
Stomatite
• Candidose orale ou oropharyngée(see page 95)
• Herpès buccal(see page 96)
• Autres causes infectieuses(see page 97)
• Stomatite du scorbut (carence en vitamine C)(see page 97)
• Autres lésions d’origine carentielle(see page 97)
Inflammation des muqueuses buccales due à une infection (fongique, virale ou bactérienne), à une
carence en vitamine, à un traumatisme, etc.
Une stomatite douloureuse ou prolongée peut contribuer à une déshydratation et entraîner une perte
d’appétit et une dénutrition, en particulier chez l'enfant.
Chez les nourrissons, toujours examiner la bouche en cas de refus du sein ou difficultés à téter.
Dans tous les cas :
– Maintenir l'hydratation ; supprimer les aliments irritants (acides, durs). Utiliser une sonde gastrique
pour quelques jours si le patient est incapable de s’alimenter.
– Maintenir une bonne hygiène buccale pour éviter les surinfections et récidives.
Infection à Candida albicans, fréquente chez les nourrissons et les patients immunodéprimés ou
diabétiques. Les autres facteurs favorisants sont la prise d’un antibiotique oral ou de corticoïdes inhalés
à forte dose.
Signes cliniques
Plaques blanches sur la langue, l’intérieur des joues, pouvant s’étendre au pharynx.
En cas de récidives fréquentes ou si la candidose s’étend à l’œsophage (gêne et douleur à la déglutition),
penser à une infection par le HIV.
Traitement
nystatine suspension orale pendant 7 jours
Enfant et adulte : 400 000 UI par jour, soit 1 ml de la suspension orale (100 000 UI) 4 fois par jour
ou
miconazole gel buccal pendant 7 jours
Enfant de 6 mois à 2 ans : 1,25 ml 4 fois par jour
Enfant de plus de 2 ans et adulte : 2,5 ml 4 fois par jour
La suspension orale de nystatine ou le gel buccal de miconazole doivent être appliqués à distance des
repas et gardés 2 à 3 minutes dans la bouche avant d’être avalés. Chez le jeune enfant, appliquer en
badigeonnage local sur la langue et l’intérieur des joues.
Montrer à la mère comment traiter car dans la plupart des cas, le traitement est réalisé à la maison.
Chez les patients immunodéprimés : voir Infection par le HIV et sida(see page 221), Chapitre 8.
Herpès buccal
• Signes cliniques(see page 96)
• Traitement(see page 96)
Infection due au virus herpes simplex. La primo-infection a lieu typiquement dans l’enfance (6 mois à 5
ans) et se manifeste par une gingivo-stomatite aiguë parfois sévère. Après la primo-infection, le virus
persiste dans l’organisme et entraîne chez certains patients des poussées d’herpès labial (réactivation
épisodique du virus) habituellement bénignes.
Signes cliniques
– Gingivo-stomatite herpétique aiguë
Vésicules multiples sur la muqueuse buccale et les lèvres, qui se rompent et forment des ulcérations
jaunâtres douloureuses, parfois étendues. Les lésions sont en général associées à un malaise général,
des adénopathies satellites, une fièvre.
– Herpès labial
Vésicules en bouquet à la jonction cutanéomuqueuse des lèvres.
Face à des récidives fréquentes ou des formes extensives, penser à une infection par le HIV (voir Infection
par le HIV et sida(see page 221), Chapitre 8).
Traitement
Herpès labial
Résolution spontanée en 7 à 10 jours. Application locale d’un antiseptique éventuellement
(chlorhexidine ou polyvidone iodée) ; paracétamol PO si nécessaire.
Les 2 formes sont contagieuses : ne pas toucher les lésions (ou se laver les mains ensuite) ; éviter les
contacts buccaux.
Signes cliniques
Gingivite hémorragique associée chez le nourrisson à des douleurs des membres inférieurs dues à la
formation d’hématomes sous-périostés. Contexte d'alimentation carencée ou de dépendance totale vis-
à-vis de l’aide alimentaire.
Traitement
acide ascorbique (vitamine C) PO
La dose optimale n'est pas clairement établie. A titre indicatif :
Enfant de 1 mois à 11 ans : 100 mg 3 fois par jour
Enfant de 12 ans et plus et adulte : 250 mg 3 fois par jour
ou
Enfant de 1 mois à 3 ans : 100 mg 2 fois par jour
Enfant de 4 à 11 ans : 250 mg 2 fois par jour
Enfant de 12 ans et plus et adulte : 500 mg 2 fois par jour
Le traitement est poursuivi au moins 2 semaines ou plus (jusqu'à la disparition des symptômes) et suivi
d’une prévention (enfant et adulte : 50 mg par jour, tant que la situation l’exige).
La carence en fer peut également provoquer une stomatite angulaire des lèvres (voir Anémie(see page 33),
Chapitre 1).
Administrer les vitamines correspondantes à doses curatives. Les multivitamines sont insuffisantes pour
le traitement des carences vraies.
Dermatologie
Les maladies de la peau, en particulier infectieuses, sont très fréquentes. Elles doivent être traitées au
niveau individuel/collectif mais aussi prises en compte en tant qu’indicateur sanitaire d’une population :
une prévalence élevée de dermatoses infectieuses peut refléter un problème de quantité d’eau
insuffisante ou d’hygiène.
Examen dermatologique
– Observer les lésions élémentaires :
• Macule : tâche sans relief, non palpable, d'une couleur différente de celle de la peau qui l'entoure
• Papule : lésion légèrement surélevée, de petite taille (< 1 cm), circonscrite, solide
• Vésicule (< 1 cm), bulle (> 1 cm) : élevure circonscrite contenant un liquide clair
• Pustule : vésicule contenant du pus
• Nodule : élevure solide, circonscrite et palpable, > 1 cm, dermique ou hypodermique
• Erosion : perte de substance superficielle n’intéressant que l’épiderme, guérit sans laisser de
cicatrice
• Excoriation : érosion causée par le grattage
• Ulcération : perte de substance intéressant l’épiderme et au moins une partie du derme, laissant
une cicatrice
• Squame : lamelle de couche cornée qui se détache de l’épiderme
• Croûte : sérum, pus ou sang desséché
• Atrophie : amincissement de la peau
• Lichénification : épaississement de la peau avec accentuation des plis
– Analyser le groupement des lésions (isolées, en plaque, linéaires, annulaires), la topographie.
Rechercher un prurit.
– Rechercher une cause : piqûre d’insecte ; gale, poux, autres parasitoses ; contact avec des plantes,
animaux, bijoux, détergents, etc.
– Rechercher tout traitement en cours ou déjà effectué : local, oral ou injectable.
– Rechercher un retentissement loco-régional (surinfection, adénopathie, lymphangite, érysipèle) et/ou
général (fièvre, septicémie, foyer à distance).
– Prendre en compte la situation sanitaire de la famille, en particulier pour les dermatoses contagieuses
(gale, teigne, poux).
– Vérifier la vaccination antitétanique.
La consultation dermatologique a souvent lieu avec retard, lorsque les lésions sont surinfectées, ce qui
rend difficile l’analyse des lésions élémentaires. Dans ce cas, il est nécessaire de revoir le patient après le
traitement de la surinfection pour identifier et traiter la dermatose sous-jacente.
Gale
• Signes cliniques(see page 99)
• Gale commune(see page 99)
• Gale hyperkératosique ou « croûteuse »(see page 100)
• Traitement(see page 100)
• Dans tous les cas(see page 100)
• Gale commune(see page 100)
• Gale hyperkératosique(see page 101)
– La gale est une parasitose cutanée due à un acarien (Sarcoptes scabiei hominis) vivant dans l’épiderme.
Elle se présente sous deux formes : la forme commune, relativement peu contagieuse et bénigne, et la
forme hyperkératosique, favorisée par un déficit immunitaire, extrêmement contagieuse et réfractaire au
traitement conventionnel.
– La transmission interhumaine s’effectue essentiellement par contact cutané direct et parfois par
contact indirect (partage de vêtements, literie). La difficulté du traitement est d’interrompre la
transmission, ce qui demande de traiter simultanément le patient et son entourage direct et de
décontaminer, dans le même temps, les vêtements et la literie de toutes les personnes traitées.
Signes cliniques
Gale commune
et/ou
– Lésions cutanées secondaires : lésions de grattage (excoriations, croûtes) ou surinfection (impétigo).
Les lésions spécifiques et secondaires peuvent coexister ; les lésions spécifiques peuvent être
complètement masquées par les lésions secondaires.
Traitement
Gale commune
Traitement local
Les scabicides locaux sont appliqués sur tout le corps (y compris cuir chevelu, sillons rétroauriculaires,
nombril, paumes et plantes), sauf sur les muqueuses et le visage, et les seins chez les femmes qui
allaitent. Il est recommandé d’insister sur les localisations préférentielles du parasite. Le temps de
contact ne doit être ni écourté, ni prolongé ; le patient ne doit pas se laver les mains durant l’application
(ou ré-appliquer le produit s’il se lave les mains). Chez l'enfant de moins de 2 ans, bander les mains pour
éviter une ingestion accidentelle du produit et un contact avec les yeux. Les scabicides locaux ne peuvent
être appliqués sur la peau lésée ou inflammée. Le traitement d’une surinfection bactérienne, si présente,
doit débuter 24 à 48 heures avant le traitement scabicide local (voir Impétigo(see page 106)).
Utiliser de préférence la crème de perméthrine 5% :
Enfant de 2 mois et plus et adulte : une application, pour un temps de contact de 8 heures, puis rincer
abondamment. Renouveler l'application à 7 jours plus tard.
ou, à défaut, la lotion de benzoate de benzyle 25% :
Se référer au tableau ci-dessous pour la dilution (selon l'âge), le temps de contact et le nombre
d'applications.
Enfant < 2 ans Enfant 2 à 12 ans Enfant > 12 ans et Femme enceinte
adulte
Solution diluée : Solution diluée : Lotion à 25% pure Lotion à 25% pure
Préparati 1 part de lotion à 25% 1 part de lotion à 25%
on + 3 parts d’eau + 1 part d’eau
Nombre Une seule application Deux applications (p. ex. à 24 heures Une seule
d'applicat d’intervalle avec un rinçage entre les 2 application
ions applications ou 2 applications successives à
10 minutes d’intervalle avec un séchage
entre les 2 applications et un rinçage 24
heures après)
Traitement oral
Le traitement par l’ivermectine PO (200 microgrammes/kg dose unique) est une alternative : il est plus
pratique que le traitement local (p. ex. en cas d’épidémie ou pour traiter les contacts) et peut être débuté
immédiatement même en cas de gale surinfectée. Une prise unique peut suffire ; une seconde prise à 7
jours d’intervalle réduit le risque d’échec thérapeutique.
L’ivermectine n’est pas recommandée chez les femmes enceintes et les enfants < 15 kg (innocuité non
établie) 1(see page 0) .
Chez les patients souffrant de loase, l’administration d’ivermectine comporte un risque de complications
neurologiques sévères si la microfilarémie de Loa loa est très élevée (voir Filarioses(see page 162), Chapitre
6) 2(see page 0) .
ivermectine PO dose unique :
Poids 15 à 24 kg 25 à 35 kg 36 à 50 kg 51 à 65 kg
Cp d’ivermectine à 3 mg 1 cp 2 cp 3 cp 4 cp
La guérison est jugée sur l’amélioration clinique. Les démangeaisons peuvent persister 1 à 3 semaines
après l’élimination du parasite.
La persistance des sillons scabieux typiques après 4 semaines doit faire suspecter un échec
thérapeutique (traitement insuffisant, p. ex. si le cuir chevelu a été omis ou si le patient s’est lavé les
mains pendant la période d’application), ou une ré-infestation précoce (entourage ou environnement
non traités). Dans ce cas, refaire le traitement du patient et de l’entourage.
La persistance du prurit peut être due à une autre cause initialement masquée par la gale.
Gale hyperkératosique
Le traitement associe ivermectine orale + scabicide local, administrés simultanément à intervalles
réguliers, p. ex. chaque semaine pendant 2 ou 3 semaines ou plus, selon la sévérité et l’évolution
clinique.
Les croûtes doivent être ramollies (pommade à base d’acide salicylique) et retirées avant d’appliquer le
traitement local (dans le cas contraire, le traitement local ne peut être efficace).
Les squames favorisent la dissémination des parasites, le patient doit être isolé pendant le traitement, le
personnel protégé (gants, blouse de protection, lavage des mains après contact), l’environnement
(literie, sols, surfaces) décontaminé.
1(see page 101) Chez ces patients, le traitement est à réserver aux formes sévères pour lesquelles il n’y a pas
d’alternative (voir Gale hyperkératosique(see page 101)).
2(see page 101) Dans les zones où la loase est endémique, il est recommandé de prendre certaines précautions
Poux (pédiculoses)
• Signes cliniques(see page 102)
• Traitement(see page 103)
• Poux de tête(see page 103)
• Poux de corps(see page 103)
• Poux du pubis(see page 103)
Les pédiculoses sont des parasitoses bénignes et contagieuses, dues à trois espèces de poux spécifiques
de l’homme : le pou de tête, le pou de corps et le pou du pubis. La transmission interhumaine s’effectue
par contact direct et indirect.
Les poux de corps sont potentiellement vecteurs de fièvre récurrente(see page 191) (Chapitre 7), typhus
(Rickettsioses éruptives(see page 193), Chapitre 7) et fièvre des tranchées.
Signes cliniques
– Les poux de tête touchent essentiellement l’enfant : prurit et lésions de grattage (nuque, autour des
oreilles), pouvant se surinfecter (impétigo) en cas d’infestation prolongée ; présence de poux vivants et/
ou lentes vivantes (luisantes, nacrées, situées à < 5 mm de la racine du cheveu).
– Les poux de corps touchent essentiellement les personnes en situation précaire (réfugiés, prisonniers,
sans domicile fixe) : prurit et lésions de grattage (dos, ceinture, emmanchures), souvent inflammatoires
et infectées ; poux et lentes sur les vêtements (parasite non retrouvé sur le corps).
– Les poux pubiens sont considérés comme une infection sexuellement transmise (IST) : prurit et lésions
de grattage (région pubienne et périanale) mais d’autres régions pileuses peuvent être touchées
(aisselles, cuisses, cils) ; poux ou lentes à la base des poils, rarement visibles.
– Examiner les sujets contacts ; en cas de poux du corps, rechercher une infection systémique, en cas de
poux pubien, une IST associée.
Traitement
Poux de tête
– Appliquer sur le cuir chevelu et les cheveux secs une lotion pédiculicide en insistant sur la nuque et
derrière les oreilles. Ne pas écourter ni prolonger le temps de contact recommandé.
diméticone 4%, lotion
Enfant de 6 mois et plus et adulte : laisser sur les cheveux pendant 8 heures puis rincer abondamment.
Se tenir à l'écart des flammes et/ou sources de chaleur intense (y compris cigarettes) pendant
l'application et jusqu'au rinçage (risque d'inflammation).
ou, si la diméticone n'est pas disponible ou chez l'enfant de 2 à 6 mois :
perméthrine 1%, lotion
Enfant de 2 mois et plus et adulte : laisser sur les cheveux pendant 10 minutes puis rincer abondamment.
– Quelque soit le traitement utilisé, répéter l'application 7 jours plus tard.
– Décontaminer peignes, bonnets/foulards, linge de lit (lavage ≥ 60 °C/30 minutes, repassage ou séchage
au soleil, ou, si aucune de ces méthodes n’est possible, isolation du matériel dans un sac plastique fermé
pendant 2 semaines).
– Traiter uniquement les sujets contacts ayant des lentes vivantes et/ou poux vivants, comme ci-dessus.
Ne pas traiter ceux présentant des lentes mortes uniquement (ternes, blanches, > 1 cm du cuir chevelu).
Poux de corps
Traitement individuel
Déparasitage des vêtements et du linge de lit comme ci-dessus ou comme pour les poux de tête.
Poux du pubis
Raser et/ou appliquer sur les zones pileuses de la perméthrine 1% (comme pour les poux de tête).
Traiter simultanément le partenaire. Décontaminer vêtements et linge de lit (comme pour les poux de
tête). Renouveler l’application 7 jours plus tard.
Le traitement d’une surinfection bactérienne, si présente, doit débuter 24 à 48 heures avant le traitement
antiparasitaire local (voir Impétigo(see page 106)) ; le traitement local est appliqué lorsque la peau peut le
tolérer.
Mycoses superficielles
• Signes cliniques et traitement(see page 104)
• Candidoses(see page 104)
• Dermatophytoses(see page 104)
Les mycoses superficielles sont des infections bénignes de la peau, des cheveux et des ongles dues à des
champignons (Candida albicans et dermatophytes).
Candidoses
Autres candidoses
– Candidose des plis : miconazole 2% crème, une application 2 fois par jour pendant 2 à 4 semaines
– Candidoses orale : voir Stomatite(see page 95), Chapitre 3.
– Candidose vaginale : voir Écoulement vaginal anormal(see page 253), Chapitre 9.
Dermatophytoses
Les dermatophytes produisent des lésions cliniques variées, selon le siège de l’infection : cuir chevelu,
peau, plis, ongles.
Cuir Fréquente chez l’enfant. • Couper ras ou raser les cheveux sur et autour des
chevelu Selon l’espèce : lésions.
Tinea capitis • Plaques rondes érythémato-
Teignes squameuses, unique ou • Traitement local : 2 fois par jour, nettoyer à l’eau et au
multiples ; cheveux cassants. savon, sécher, appliquer miconazole 2% crème ou
• Inflammation, suppuration, pommade de Whitfield pendant 2 semaines ou plus si
croûtes et adénopathies nécessaire.
satellites (kérion).
• Alopécie cicatricielle • Le traitement local seul est insuffisant, ajouter :
définitive (favus). griséofulvine PO pendant 6 semaines minimum (jusqu’à
8 à 12 semaines)
Certaines teignes sont Enfant de 1 à 12 ans : 10 à 20 mg/kg une fois par jour
contagieuses : (max. 500 mg par jour)
examiner (et traiter) Enfant ≥ 12 ans et adulte : 500 mg à 1 g une fois par jour,
simultanément les contacts selon la sévérité
symptomatiques. ou itraconazole PO
Enfant : 3 à 5 mg/kg une fois par jour pendant 4 à 6
semaines (max. 200 mg par jour)
Adulte : 200 mg une fois par jour pendant 2 à 4 semaines
Plis • Intertrigo interorteil (Tinea Traitement local comme ci-dessus. Si lésions suintantes,
Tinea pedis pedis) : appliquer miconazole 2% crème seulement (ne pas
Tinea cruris Prurit, fissure et squames utiliser de pommade de Whitfield).
blanchâtres au niveau du 3e
et/ou 4e espace
interdigital 2(see page 0) .
1(see page 104) Les dermatophytoses peuvent atteindre les ongles (onychomycoses). Le traitement est
prolongé (12 à 18 mois pour la griséofulvine) donc difficile à réaliser en pratique. Les échecs et
rechutes sont fréquents.
2(see page 106)
Dans les infections à Candida albicans, les lésions siègent au niveau des 1er et 2e espaces
interdigitaux.
Impétigo
• Signes cliniques(see page 106)
• Traitement(see page 107)
Signes cliniques
– Impétigo croûteux : vésiculo-bulles flasques sur peau érythémateuse puis croûtes jaunâtres avec
présence d’éléments d’âges différents, ne laissant pas de cicatrice. Localisations préférentielles :
pourtour de la bouche et du nez, membres, cuir chevelu.
– Impétigo bulleux : grandes bulles flasques et vastes érosions de la région ano-génitale, chez le
nouveau-né et le nourrisson.
– Ecthyma : impétigo creusant, nécrotique, laissant une cicatrice, favorisé par l’immunodépression (p. ex.
infection par le HIV, malnutrition), le diabète et l’alcoolisme.
– Quel que soit l’aspect des lésions : absence de fièvre ou autres signes généraux.
– Complications possibles :
• abcès, pyodermite, cellulite, lymphangite, ostéomyélite, septicémie ;
• glomérulonéphrite aiguë (à rechercher systématiquement).
Traitement
– Impétigo croûteux peu étendu (5 éléments max., localisés dans la même région) :
• Nettoyer à l'eau et au savon avant d’appliquer la mupirocine, sécher.
• mupirocine 2% : une application 3 fois par jour pendant 7 jours. Réévaluer au bout de 3 jours. En
l’absence d’amélioration, traiter comme ci-dessous.
• Couper les ongles ras. Eviter de toucher les lésions, recouvrir d’une compresse si possible.
– Impétigo croûteux étendu (plus de 5 éléments ou atteinte de plusieurs régions) ou impétigo bulleux ou
ecthyma ou impétigo abcédé ou patient immunodéprimé ou échec du traitement local :
• Nettoyer à l'eau et au savon 2 à 3 fois par jour, sécher.
• Couper les ongles ras. Eviter de toucher les lésions, recouvrir d’une compresse si possible.
• Inciser les abcès, si présents.
• Administrer une antibiothérapie 1(see page 0) par voie orale :
céfalexine PO pendant 7 jours
Nouveau-né de moins de 7 jours : 25 mg/kg 2 fois par jour
Nouveau-né de 7 à 28 jours : 25 mg/kg 3 fois par jour
Enfant de 1 mois à 12 ans : 25 mg/kg 2 fois par jour
Enfant de 12 ans et plus et adulte : 1 g 2 fois par jour
ou, à défaut,
cloxacilline PO pendant 7 jours
Enfant de plus de 10 ans : 15 mg/kg 3 fois par jour (max. 3 g par jour)
Adulte : 1 g 3 fois par jour
Remarque : en cas d’impétigo péri-ombilical chez le nouveau-né(see page 171), administrer de la
cloxacilline IV.
– Dans tous les cas :
• Eviction scolaire (retour possible après 24 à 48 heures d’antibiothérapie).
• Rechercher et traiter une dermatose sous-jacente : pédiculose(see page 102), gale(see page 99), eczéma(see
page 119), herpès(see page 118), teigne(see page 104) ou un foyer ORL.
• Dépister et traiter les sujets contacts.
• Rechercher une protéinurie à la bandelette, 3 semaines après l’infection.
1(see page 107) En cas d’allergie à la pénicilline uniquement (résistance fréquente aux macrolides),
azithromycine PO pendant 3 jours (enfant : 10 mg/kg une fois par jour ; adulte : 500 mg une
fois par jour)
Infection nécrosante d’un follicule pilo-sébacé, due à Staphylococcus aureus le plus souvent, favorisée
par : le portage nasal de S. aureus, la macération, les traumatismes cutanés, le manque d’hygiène ; le
diabète, la malnutrition, une carence en fer, une immunodépression.
Signes cliniques
– Furoncle : nodule érythémateux, chaud, douloureux, surmonté d’une pustule centrée par un poil, puis
fluctuation, rupture et évacuation du produit de nécrose. Laisse une cicatrice résiduelle. Localisations
préférentielles : cuisses, aines, fesses, aisselles, cou, dos. Absence de fièvre.
– Anthrax : placard inflammatoire formé de plusieurs furoncles avec parfois fièvre et adénopathies
satellites. Laisse une cicatrice déprimée.
Traitement
– Furoncle isolé :
• Nettoyer avec de l'eau et du savon 2 fois par jour, recouvrir d'un pansement sec.
• Appliquer des compresses d'eau chaude pour favoriser l'évacuation spontanée du furoncle.
• Après évacuation, continuer à nettoyer et appliquer un pansement sec jusqu'à cicatrisation.
– Furoncle du visage, multiples, anthrax, cellulite associée ou patient immunodéprimé :
• Même soins locaux.
• Antibiothérapie systématique pendant 7 jours 1(see page 0) :
céfalexine PO
Nouveau-né de moins de 7 jours : 25 mg/kg 2 fois par jour
Nouveau-né de 7 à 28 jours : 25 mg/kg 3 fois par jour
Enfant de 1 mois à 12 ans : 25 mg/kg 2 fois par jour
Enfant de 12 ans et plus et adulte : 1 g 2 fois par jour
ou
amoxicilline/acide clavulanique (co-amoxiclav) PO
Utiliser les formulations 8:1 ou 7:1. La dose est exprimée en amoxicilline :
Enfant < 40 kg : 25 mg/kg 2 fois par jour
Enfant ≥ 40 kg et adulte :
Rapport 8:1 : 2000 mg par jour (2 cp à 500/62,5 mg 2 fois par jour)
Rapport 7:1 : 1750 mg par jour (1 cp à 875/125 mg 2 fois par jour)
– Dans tous les cas : lavage fréquent des mains, lavage du linge.
Erysipèle et cellulite
Dernière mise à jour : Octobre 2020
– Infections cutanées aiguës, dues à l'entrée d'une bactérie (principalement streptocoque bêta-
hémolytique du groupe A et parfois à Staphylococcus aureus, y compris résistant à la méticillline–SARM)
par une brèche cutanée.
– Les principaux facteurs de risque sont: insuffisance veineuse, obésité, œdème ou lymphœdème,
antécédents d'érysipèle ou cellulite, immunodépression et inflammation cutanée (p. ex. dermatose,
plaie).
– L'atteinte est plus superficielle en cas d'érysipèle (derme et vaisseaux lymphatiques superficiels) qu'en
cas de cellulite (derme profond et tissu graisseux sous-cutané).
– Ces infections affectent en général les membres inférieurs et parfois le visage. En cas d'atteinte de l'œil
et des structures périorbitaires, voir Cellulite périorbitaire et orbitaire(see page 128), Chapitre 5. Si
l'infection est périfolliculaire, voir Furoncles et anthrax(see page 107), Chapitre 4.
Signes cliniques
– Placard érythémateux, œdémateux, à bords bien délimités, chaud et douloureux.
– Fièvre, adénopathies satellites et lymphangite.
– Rechercher une porte d’entrée cutanée (morsure, piqûre, ulcère, plaie, intertrigo, eczéma, mycose,
etc.).
– En cas de douleur intense disproportionnée par rapport aux lésions cutanées, d'hypoesthésie,
extension rapide des signes locaux, crépitation, nécrose cutanée ou altération sévère de l’état général,
évoquer une fasciite nécrosante qui est une urgence chirurgicale (voir Infections nécrosantes de la peau
et des tissus mous(see page 293), Chapitre 10).
– Autres complications : septicémie (voir Choc septique(see page 11), Chapitre 1), glomérulonéphrite aiguë,
ostéomyélite, arthrite septique.
– Les principaux diagnostics différentiels peuvent être : eczéma de contact, dermite de stase de
l'insuffisance veineuse, thrombose veineuse et érythème migrant de Lyme.
Examens complémentaires
– Échographie : peut montrer des signes de cellulite, et permettre d'éliminer un abcès sous-jacent à la
cellulite, une thrombose veineuse profonde ou un corps étranger.
– Radiographie: peut mettre en évidence un corps étranger, une ostéomyélite sous-jacente (ou du gaz
dans le tissu sous-cutané en cas de fasciite nécrosante, toutefois l'absence de gaz n'exclut pas ce
diagnostic).
– Protéinurie à la bandelette 3 semaines après l’infection pour dépister une glomérulonéphrite.
Traitement
– Dans tous les cas :
• Marquer au feutre les contours de l’érythème pour suivre son évolution 1(see page 0) .
• Repos au lit, surélévation de la zone affectée (p. ex. jambe).
• Traitement de la douleur(see page 25) (Chapitre 1). Eviter les AINS qui pourraient augmenter le risque de
fasciite nécrosante.
• Antibiothérapie par voie orale ou IV selon la sévérité.
• Traitement de la porte d’entrée et des co-morbidités.
• Vérification et/ou mise à jour de la vaccination antitétanique (voir Tétanos(see page 174), Chapitre 7).
• En cas de fasciite nécrosante, arthrite septique ou ostéomyélite : transférer d’urgence en chirurgie,
commencer l’antibiothérapie IV en attendant le transfert.
– Hospitaliser dans les cas suivants : enfant de moins de 3 mois, altération sévère de l’état général 2(see page
0)
, complications locales, mauvais terrain (maladie chronique, sujet âgé), risque de non observance ou
échec du traitement en ambulatoire. Traiter les autres patients en ambulatoire.
1(see page 109) L’érythème régresse si le traitement est efficace. Si l’érythème s’étend, envisager un échec du
traitement (infection par un SARM ou infection nécrosante).
2(see page 109) Signes d’une altération sévère de l’état général chez l’enfant : pleurs faibles ou geignements,
enfant somnolent et difficile à réveiller, ne souriant pas, regard vide ou anxieux, pâleur ou
cyanose, hypotonie générale.
3(see page 110) En cas d’allergie aux pénicillines, clindamycine PO pendant 7 à 10 jours (enfant : 10 mg/kg 3
Ensuite, chaque dose de cloxacilline est à diluer dans un volume de 5 ml/kg de chlorure de
sodium 0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de moins de 20 kg et dans une poche de 100 ml
de chlorure de sodium 0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de 20 kg et plus et chez les
adultes.
6(see page 110) Chaque dose de clindamycine est à diluer dans un volume de 5 ml/kg de chlorure de sodium
0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de moins de 20 kg et dans une poche de 100 ml de
chlorure de sodium 0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de 20 kg et plus et chez les adultes.
Charbon cutané
• Signes cliniques(see page 111)
• Laboratoire(see page 111)
• Traitement(see page 111)
• Charbon cutané non compliqué(see page 111)
• Charbon cutané sévère(see page 112)
• Prévention(see page 112)
– Le charbon est une infection due à Bacillus anthracis affectant les herbivores (moutons, chèvres,
vaches, chameaux, chevaux, etc.). L’infection est transmise à l’homme par contact de la peau lésée avec
des animaux malades ou mort du charbon. Les personnes exposées sont les éleveurs et les personnes qui
manipulent la peau, la laine ou les carcasses d’animaux infectés.
– La maladie est présente en Europe de l’Est, Asie centrale, sur le pourtour méditerranéen, en Afrique et
en Amérique du Sud.
– Il existe aussi une forme pulmonaire (acquise par inhalation) et digestive (acquise en consommant de la
viande contaminée).
Signes cliniques
– En zone découverte (tête, cou, membre) : papule puis vésicule prurigineuse, évoluant vers une
ulcération circulaire puis une escarre noirâtre, indolore, entourée d’un œdème souvent accompagné de
lymphangite et d’adénopathies régionales.
– L’infection est considérée comme sévère en cas de lésion :
• localisée à la tête ou au cou, ou
• accompagnée de signes généraux (tachycardie, tachypnée, hypotension, hyper/ hypothermie), ou
• accompagnée d’un œdème extensif, ou
• étendue ou bulleuse ou multiples.
Laboratoire
– A partir du liquide vésiculaire 1(see page 0) : culture et antibiogramme (rarement disponible) ou examen
direct du frottis après coloration de Gram.
– PCR (laboratoires spécialisés).
Traitement
doxycycline PO (sauf chez l’enfant de moins de 8 ans et la femme enceinte ou allaitante)
Enfant de 8 à 12 ans : 50 mg 2 fois par jour
Enfant de plus de 12 ans et adulte : 100 mg 2 fois par jour
ou
clindamycine PO (p. ex. chez la femme enceinte ou allaitante et l’enfant de moins de 8 ans)
Enfant : 10 mg/kg 3 fois par jour (max. 1800 mg par jour)
Adulte : 600 mg 3 fois par jour
• Si la souche est sensible à la pénicilline (sensibilité documentée) :
amoxicilline PO
Enfant : 30 mg/kg 3 fois par jour
Adulte : 1 g 3 fois par jour
Quelque soit le protocole utilisé, ne pas mélanger les deux antibiotiques dans le même flacon de
perfusion (incompatibilité).
• En l’absence de données sur la sensibilité de la souche :
ciprofloxacine perfusion IV en 60 minutes 2(see page 0)
Enfant : 10 mg/kg toutes les 8 heures
Adulte : 400 mg toutes les 8 heures
+
clindamycine perfusion IV en 30 minutes 2(see page 0)
Enfant de 1 mois et plus : 10 à 13 mg/kg toutes les 8 heures (max. 2700 mg par jour)
Adulte : 900 mg toutes les 8 heures
• Si la souche est sensible à la pénicilline (sensibilité documentée) :
ampicilline IV
Enfant de 1 mois et plus : 50 mg/kg toutes les 6 à 8 heures
Adulte : 4 g toutes les 8 heures
+
clindamycine perfusion IV comme ci-dessus.
Prendre le relais par voie orale dès que possible pour compléter 14 jours de traitement avec
ciprofloxacine + clindamycine ou amoxicilline + clindamycine PO aux doses utilisées dans le traitement
du charbon simple.
– Soins intensifs : traitement symptomatique du choc (voir Etat de choc(see page 11), Chapitre 1) ; une
trachéotomie et une assistance ventilatoire peuvent être nécessaires.
Prévention
– Antibioprophylaxie en cas d’exposition cutanée connue : même traitement par voie orale que pour un
charbon simple, pendant 10 jours.
– Vaccination du bétail ; incinération ou enfouissement des carcasses.
1(see page 111) Conservation (y compris transport) des échantillons : 7 jours max. en chaîne de froid (à défaut,
< 30 °C).
2(see page 112) Chaque dose de ciprofloxacine et de clindamycine est à diluer dans un volume de 5 ml/kg de
chlorure de sodium 0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de moins de 20 kg et dans une
poche de 100 ml de chlorure de sodium 0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de 20 kg et plus
et chez les adultes. La ciprofloxacine doit être administrée plus lentement que la clindamycine.
[ a(see page 112) b(see page 112) ]
Tréponématoses endémiques
• Signes cliniques(see page 113)
• Traitement(see page 115)
• Pian(see page 115)
• Pinta et bejel(see page 115)
• Sujets contacts et latents(see page 115)
• Références(see page 115)
– Les tréponématoses endémiques sont des infections bactériennes dues à 3 variétés de tréponèmes
(différents de Treponema pallidum) dont la transmission interhumaine est directe ou indirecte.
– Les 3 tréponématoses endémiques donnent une sérologie syphilitique positive (TPHA-VDRL) mais cet
examen n’est pas nécessaire au diagnostic qui reste avant tout clinique. Il n’existe pas d’examen de
laboratoire qui puisse distinguer les différentes tréponématoses.
– Pour le diagnostic et traitement de la syphilis, voir Infections génitales(see page 249), Chapitre 9.
Signes cliniques
Pian Pinta Bejel
Traitement
Pian
azithromycine PO1(see page 115)
Enfant et adulte : 30 mg/kg dose unique (maximum 2 g)
ou, défaut,
benzathine benzylpénicilline IM2(see page 115),3(see page 115)
Enfant de moins de 10 ans : 1,2 MUI dose unique
Enfant de 10 ans et plus et adulte : 2,4 MUI dose unique
Pinta et bejel
benzathine benzylpénicilline IM
Comme pour le pian.
En cas d’allergie à la pénicilline :
doxycycline PO (sauf chez l’enfant de moins de 8 ans et la femme enceinte ou allaitante)
Enfant de 8 ans et plus : 50 mg 2 fois par jour pendant 14 jours
Adulte : 100 mg 2 fois par jour pendant 14 jours
Remarques :
– L’antibiothérapie guérit les accidents récents et peut soulager les douleurs des ostéites. Elle peut être
insuffisante en cas de lésions tardives.
– La sérologie syphilitique reste positive malgré la guérison clinique.
Références
1. Organisation mondiale de la Santé (2012). Le pian : brochure pour la reconnaissance du pian dans
les communautés. Réimprimé avec changements, 2014.
http://www.who.int/iris/handle/10665/75361 [consulté le 15 mai 2018]
1 https://www.uptodate.com/contents/yaws-bejel-and-pinta/contributors
2 https://www.uptodate.com/contents/yaws-bejel-and-pinta/contributors
3 https://www.uptodate.com/contents/yaws-bejel-and-pinta/contributors
Lèpre
• Signes cliniques(see page 116)
• Laboratoire(see page 117)
• Traitement(see page 117)
• Réactions lépreuses(see page 117)
• Références(see page 118)
Signes cliniques
Penser à la lèpre devant l'un des signes suivants :
– Tâche(s) hypopigmentée(s) ou érythémateuse(s) avec diminution ou perte de la sensibilité au toucher,
à la douleur, à la chaleur ;
– Nodules infiltrés pigmentés, initialement sans perte de sensibilité, localisés au visage, au pavillon de
l’oreille, aux membres supérieurs et inférieurs ;
– Douleur, induration et hypertrophie d'un nerf périphérique (cubital, radial, médian, poplité, tibial, etc.)
avec éventuellement paresthésie des extrémités, troubles trophiques (mal perforant plantaire) ou
paralysie (steppage, déformations des mains et des pieds, paralysie faciale).
Il existe différentes formes cliniques et différentes classifications de la lèpre.
Classification de Ridley et Jopling
Cette classification compte 5 formes déterminées par l’indice bactériologique. Ces formes sont corrélées
au niveau de la réponse immunitaire à M. leprae. Les patients atteints de lèpre tuberculoïde (TT) sont
résistants au bacille et l'infection est localisée. Les patients atteints de lèpre lépromateuse (LL) sont très
sensibles au bacille et l'infection est disséminée. Les formes borderline (BT, BB, BL) se situent entre le
pôle TT et le pôle LL.
Laboratoire
– Le diagnostic biologique est basé sur la mise en évidence de bacilles acido-alcoolo-résistant par
coloration de Ziehl-Neelsen sur frottis nasal et sur frottis obtenus par biopsie cutanée exangue du lobe
de l’oreille et d’une lésion. Dans la forme TT, les bacilles ne sont pas retrouvés.
– En pratique, la plupart des pays endémiques se basent sur la classification clinique de l'OMS (nombre
de lésions) pour poser le diagnostic.
Traitement
Dans les pays endémiques, il existe un programme national. S’en informer.
Schémas thérapeutiques de première ligne recommandés par l’OMS
Enfant de rifampicine PO : 450 mg une fois par mois rifampicine PO : 450 mg une fois par mois
10 à 14 ans + clofazimine PO : 150 mg une fois par + clofazimine PO : 150 mg une fois par
mois et 50 mg un jour sur deux mois et 50 mg un jour sur deux
+ dapsone PO : 50 mg une fois par jour + dapsone PO : 50 mg une fois par jour
Enfant de rifampicine PO : 600 mg une fois par mois rifampicine PO : 600 mg une fois par mois
15 ans et + clofazimine PO : 300 mg une fois par + clofazimine PO : 300 mg une fois par
plus et mois et 50 mg une fois par jour mois et 50 mg une fois par jour
adulte + dapsone PO : 100 mg une fois par jour + dapsone PO : 100 mg une fois par jour
Remarque : les doses mensuelles de rifampicine et clofazimine sont données sous observation directe de
la prise par le personnel médical tandis que les doses journalières de clofazimine et dapsone sont prises
par le patient à domicile. La rifampicine doit être prise à jeun pour améliorer l'absorption.
Apprendre au patient à reconnaître et signaler rapidement une réaction lépreuse ou une rechute afin de
modifier ou reprendre le traitement.
Réactions lépreuses
Ces réactions surviennent en général au cours du traitement chez les patients atteints de lèpre
multibacillaire (BL et LL). Elles sont liées à la réponse du système immunitaire aux antigènes du
bacille. Elles nécessitent un traitement urgent pour éviter un handicap définitif. Ne pas interrompre le
traitement de la lèpre s'il est en cours.
Signes cliniques
– Réaction de réversion :
• Exacerbation des lésions cutanées qui deviennent rougeâtres et œdémateuses avec risque d'ulcération.
Survenue ou aggravation d'une hypoesthésie autour des lésions.
• Apparition de névrites aiguës hypertrophiques et douloureuses.
– Érythème noueux lépreux :
• Contexte de fièvre, asthénie, altération de l'état général
• Apparition de nodules dermo-hypodermiques rougeâtres, chauds, douloureux.
Traitement
– Réaction de réversion :
prednisolone (ou prednisone) PO : 0,5 à 1 mg/kg une fois par jour pendant 2 semaines. Toutes les 2
semaines, ré-examiner le patient et réduire la posologie si les signes neurologiques régressent. En
fonction de l'évolution, le traitement dure de 3 à 6 mois.2(see page 118)
Par exemple, pour un adulte :3(see page 118)
Semaine 1 et 2 : 40 mg une fois par jour
Semaine 3 et 4 : 30 mg une fois par jour
Semaine 5 et 6 : 20 mg une fois par jour
Semaine 7 et 8 : 15 mg une fois par jour
Semaine 9 et 10 : 10 mg une fois par jour
Semaine 11 et 12 : 5 mg une fois par jour
– Érythème noueux lépreux :
• prednisolone (ou prednisone) PO comme pour une réaction de réversion, pendant 3 mois.2(see page 118)
• Fièvre : paracétamol PO (voir Fièvre(see page 22), Chapitre 1).
Références
1. Organisation mondiale de la Santé. Stratégie mondiale de lutte contre la lèpre 2016-2020. Parvenir
plus rapidement à un monde exempt de lèpre, 2016.
http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/208824/9789290225102_fr.pdf?
sequence=15&isAllowed=y [consulté le 17 octobre 2018]
2. World Health Organization. WHO Expert Committee on Leprosy. Eighth report. WHO technical
report series, n° 968. Geneva, 2012.
http://www.searo.who.int/entity/global_leprosy_programme/publications/
8th_expert_comm_2012.pdf [consulté le 17 octobre 2018]
Herpès et zona
• Herpès cutané(see page 118)
• Zona(see page 119)
Herpès cutané
• Signes cliniques(see page 119)
• Traitement(see page 119)
Signes cliniques
– Herpès labial récidivant : sensation d’irritation puis éruption de vésicules sur fond érythémateux ; sur
les lèvres (« bouton de fièvre »), autour de la bouche, avec une extension possible au visage. Il correspond
à une réactivation du virus après une primo-infection. Pas de malaise, ni d’adénopathie, ni de fièvre.
– Etre très attentif aux autres localisations : buccale (Stomatite(see page 95), Chapitre 3), génitale
(Ulcérations génitales(see page 255), Chapitre 9), oculaire, et aux surinfections bactériennes.
Traitement
– Nettoyer à l'eau et au savon 2 fois par jour jusqu’à la guérison des lésions.
– En cas de surinfection bactérienne : antibiothérapie comme pour l'impétigo(see page 106).
Zona
• Signes cliniques(see page 119)
• Traitement(see page 119)
Infection virale aiguë due au virus varicelle-zona. La varicelle est la primo-infection, le zona est la
réactivation du virus.
Signes cliniques
– Douleurs névralgiques unilatérales puis apparition d’un placard érythémateux recouvert de vésicules
groupées en bouquet, localisées sur le territoire d'une racine nerveuse.
– Le siège de la lésion est habituellement le thorax mais le zona peut se développer sur la face avec
risque de complication oculaire.
– Plus fréquent chez l’adulte.
Traitement
– Similaire à celui de l'herpès, avec en plus un traitement antalgique systématique : paracétamol PO
(voir Douleur(see page 25), Chapitre 1).
– L’aciclovir PO administré dans les 48 heures après l’apparition des lésions est indiqué uniquement pour
les formes sévères : lésions nécrotiques, extensives, ou localisées à la face avec un risque d’atteinte
oculaire (voir Infection par le HIV et sida(see page 221), Chapitre 8).
Autres dermatoses
• Eczéma(see page 119)
• Dermatite séborrhéique(see page 120)
• Urticaire(see page 120)
• Pellagre(see page 121)
Eczéma
– Eczéma aigu : plaque érythémateuse, vésiculeuse, suintante, prurigineuse, à bords émiettés et mal
limités.
– Eczéma chronique : plaque érythémato-squameuse sèche, mal limitée et prurigineuse.
– Rechercher une cause (allergie de contact, mycose ou infection bactérienne à distance, malnutrition) et
des antécédents familiaux.
Traitement
– Nettoyer à l'eau et au savon 2 fois par jour.
– Puis :
• pour un eczéma aigu : lotion à la calamine, une application 2 fois par jour
• pour un eczéma chronique : pommade à l’oxyde de zinc, une application 2 fois par jour
– Rechercher et traiter une dermatose sous-jacente (gale, poux, etc.).
– En cas de surinfection : traiter comme un impétigo(see page 106).
– En cas de prurit intense, antihistaminiques pendant quelques jours (voir Urticaire(see page 120)).
Dermatite séborrhéique
• Signes cliniques(see page 120)
• Traitement(see page 120)
La dermatite séborrhéique est une dermatose inflammatoire chronique pouvant se localiser sur les zones
riches en glandes sébacées. Cette dermatose est plus fréquente chez les patients infectés par le HIV.
Signes cliniques
– Plaques érythémateuses recouvertes de squames jaunes et grasses pouvant se situer sur le cuir
chevelu, le visage (ailes du nez, sourcils, bord des paupières), le sternum, la colonne vertébrale, le
périnée et les plis.
Traitement
– Nettoyer à l’eau et au savon 2 fois par jour ; shampoing sur le cuir chevelu.
– Hydrocortisone 1% crème : une application 1 ou 2 fois par jour, en couche mince, uniquement sur les
lésions, pendant 7 jours max.
– Ne pas appliquer en cas de surinfection bactérienne, traiter d’abord la surinfection (voir Impétigo(see
page 106)).
Urticaire
– Papules érythémateuses, oedémateuses, prurigineuses, fugaces et migratrices ressemblant à des
piqûres d’orties.
– Rechercher une cause : aliments, médicaments (antibiotiques notamment), piqûre d’insecte, infection
bactérienne ou parasitaire au stade d'invasion (ascaridiase, anguillulose, ankylostomiase,
schistosomiase, loase) ou virale (hépatite B ou C) ; maladie générale (cancer, lupus, dysthyroïdie,
vascularite).
Traitement
– Si prurit intense, antihistaminiques pendant quelques jours :
loratadine PO
Enfant de plus de 2 ans et de moins de 30 kg : 5 mg (5 ml) une fois par jour
Enfant de plus de 30 kg et adulte : 10 mg (1 cp) une fois par jour
ou
chlorphénamine PO
Pellagre
• Signes cliniques(see page 121)
• Traitement(see page 121)
• Références(see page 121)
Dermatose due à un déficit en niacine (vitamine PP) et/ou en tryptophane (chez les sujets uniquement
nourris de sorgho ; en cas de malabsorption ou de famine).
Signes cliniques
Classiquement, « maladie des 3 D » : dermatose, diarrhée, démence :
– Plaques rouge-sombre, bien limitées, symétriques, localisées aux zones exposées (front, cou, avant-
bras, jambe), peau fine craquelée, pigmentée, parfois décollements bulleux hémorragiques.
– S'y associent des troubles digestifs (glossite, stomatite, diarrhée) et neurologiques centraux pouvant
être graves.
Traitement
– nicotinamide (vitamine PP) PO1(see page 121)
Enfant et adulte : 100 mg 3 fois par jour, jusqu'à guérison complète, en association avec une alimentation
riche en protéines
– En cas d’épidémie de pellagre, par exemple en camp de réfugiés, il est impératif de modifier la ration
alimentaire (apport en arachide ou légumes secs) afin de couvrir les besoins quotidiens (de l’ordre de 15
mg par jour chez l’adulte).
Références
1. World Health Organization, United Nations High Commissions for Refugees. Pellagra and its
prevention and control in major emergencies. World Health Organization, 2000.
http://www.who.int/nutrition/publications/en/pellagra_prevention_control.pdf [consulté le 23 mai
2018]
Signes cliniques
– Le premier signe est l’héméralopie (perte de la vision crépusculaire) : à la tombée de la nuit, l’enfant se
heurte aux objets et cesse de se déplacer.
– Puis les autres signes apparaissent graduellement :
• Xérose conjonctivale : conjonctive bulbaire sèche, terne, épaisse, plissée, insensible
• Tache de Bitot : plaque mousseuse, gris-argent sur la conjonctive bulbaire, souvent bilatérale (signe
spécifique mais pas toujours présent)
• Xérose cornéene : cornée sèche et terne
• Ulcérations de la cornée
• Kératomalacie (stade terminal) : ramollissement de la cornée puis perforation du globe oculaire et
cécité. A ce stade, l'examen ophtalmologique doit être très prudent (risque de rupture de la cornée).
Traitement
Traiter aux stades précoces pour éviter l’apparition de complications graves. Tant que les ulcérations
affectent moins d’un tiers de la cornée et que la pupille est épargnée, la vision peut être conservée. Il faut
également traiter le stade irréversible de kératomalacie, pour sauver l’autre œil et la vie du patient.
– Rétinol (vitamine A) PO
Le traitement est le même quelque soit le stade clinique, sauf chez la femme enceinte.
Enfant < 6 mois(b) 50 000 UI (2 gouttes) une fois par jour à J1, J2 et J8
Enfant de 6 mois à < 1 an 100 000 UI (4 gouttes) une fois par jour à J1, J2 et J8
Enfant ≥ 1 an et adulte 200 000 UI (une capsule) une fois par jour à J1, J2 et J8
(a)
Ne pas avaler la capsule. Couper l'embout de la capsule et administrer directement la dose dans la
bouche.
(b)
Une carence en vitamine A est exceptionnelle chez l’enfant de moins de 6 mois nourri au sein.
Chez la femme enceinte, le traitement est différent selon le stade :
• Héméralopie et taches de Bitot : ne pas dépasser la dose de 10 000 UI une fois par jour ou 25 000 UI une
fois par semaine (risque de malformation fœtale) pendant 4 semaines minimum.
• Atteintes de la cornée : le risque de cécité l'emporte sur le risque tératogène : 200 000 UI une fois par
jour à J1, J2 et J8.
– L’atteinte de la cornée est une urgence médicale. En plus de l’administration immédiate de rétinol,
traiter ou prévenir systématiquement une infection bactérienne secondaire avec tétracycline
ophtalmique 1%, une application 2 fois par jour (ne jamais utiliser de collyre contenant des corticoïdes)
et recouvrir d’un pansement oculaire après chaque application.
Prévention
– Administrer systématiquement du rétinol PO aux enfants atteints de rougeole (une dose à J1 et J2).
– Dans les zones où la carence en vitamine A est endémique 1(see page 0) , supplémentation en rétinol PO :
(a)
Ne pas avaler la capsule. Couper l'embout de la capsule et administrer directement la dose dans la
bouche.
Noter les doses administrées dans le carnet de santé et respecter la posologie pour éviter un surdosage.
Un surdosage en vitamine A peut provoquer une hypertension intracrânienne (bombement de la
fontanelle chez le nourrisson ; céphalées, nausées, vomissements) et en cas d’intoxication sévère,
troubles de la conscience, convulsions. Ces symptômes sont transitoires ; ils nécessitent une surveillance
et un traitement symptomatique si nécessaire.
1(see page 123) Pour plus d'information sur la prévalence de carence en vitamine A selon le pays, voir https://
www.thelancet.com/action/showPdf?pii=S2214-109X%2815%2900039-X
Conjonctivite
• Conjonctivite du nouveau-né(see page 124)
• Kérato-conjonctivite virale épidémique(see page 126)
Inflammation aiguë de la conjonctive due à une infection bactérienne ou virale, une allergie, une
irritation.
Elle est parfois associée à une rougeole ou une rhinopharyngite chez l'enfant.
En l’absence d’hygiène et d’un traitement efficace, elle peut se compliquer d’une surinfection
bactérienne et d’une atteinte de la cornée (kératite).
Signes cliniques
– Communs à toutes les conjonctivites : rougeur de la conjonctive ; sensation de gêne, de grain de sable
dans l’œil ; vision normale.
– Selon la cause :
• sécrétions abondantes, purulentes, paupières et cils accolés au réveil, infection unilatérale au début :
conjonctivite bactérienne ;
• sécrétions aqueuses, larmoiement important, absence de prurit : conjonctivite virale ;
• larmoiement important, œdème des paupières, prurit intense : conjonctivite allergique.
– En zone endémique, retourner systématiquement la paupière supérieure des 2 yeux à la recherche des
signes caractéristiques du trachome (voir Trachome(see page 126)).
– Suspecter une kératite devant une douleur intense, nettement plus importante que lors d’une
conjonctivite, associée à une photophobie. Instiller une goutte de fluorescéine 0,5% pour rechercher
une ulcération.
– Toujours rechercher un corps étranger sous-conjonctival ou cornéen et l'enlever après instillation de
collyre anesthésique oxybuprocaïne 0,4% (ne jamais remettre le flacon de collyre au patient).
Traitement
Conjonctivite bactérienne
– Nettoyer les yeux, 4 fois par jour, avec de l'eau bouillie ou du chlorure de sodium 0,9%.
– Appliquer dans les 2 yeux tétracycline ophtalmique 1% : une application 2 fois par jour pendant 7
jours
– Ne jamais utiliser de pommade ou de collyre contenant des corticoïdes.
Conjonctivite virale
– Nettoyer les yeux, 4 fois par jour, avec de l'eau bouillie ou du chlorure de sodium 0,9%.
– Antibiotique local si (risque de) surinfection bactérienne (tétracycline ophtalmique).
Conjonctivite allergique
– Soins locaux comme pour une conjonctivite virale.
– Antihistaminiques PO pendant 1 à 3 jours (voir Urticaire(see page 120), Chapitre 4).
Remarque : en présence d’un corps étranger, penser à la prophylaxie antitétanique.
Conjonctivite du nouveau-né
• Signes cliniques(see page 125)
• Traitement(see page 125)
• Prévention(see page 125)
Signes cliniques
– Conjonctivite purulente, unilatérale ou bilatérale, dans les 28 premiers jours de vie.
Traitement
– Nettoyage des yeux avec une solution isotonique stérile (chlorure de sodium 0,9% ou Ringer lactate) 4
fois par jour pour enlever les sécrétions.
– Antibiothérapie :
• pour tous les enfants qui présentent une conjonctivite dans les 28 premiers jours de vie
• pour tous les nouveau-nés, lorsqu'une infection génitale (écoulement cervical purulent) est présente
chez la mère au moment de l'accouchement (écoulement cervical purulent)
0 à 7 jours 8 à 28 jours
Première ceftriaxone IM : 50 mg/kg dose unique ceftriaxone IM : 50 mg/kg dose unique (max.
ligne (max. 125 mg) 125 mg)
+
azithromycine PO : 20 mg/kg une fois par jour
pendant 3 jours
Prévention
Appliquer le plus tôt possible et de préférence dans l’heure qui suit la naissance :
tétracycline 1% pommade ophtalmique : une bande de 1 cm dans chaque œil.
Références
1. Lund M et al. Use of macrolides in mother and child and risk of infantile hypertrophic pyloric
stenosis: nationwide cohort study. BMJ. 2014; 348: g1908.
https://www.bmj.com/content/348/bmj.g1908 [consulté le 16 avril 2021]
2. Murchison L et al. Post-natal erythromycin exposure and risk of infantile hypertrophic pyloric
stenosis: a systematic review and meta-analysis. Pediatr Surg Int. 2016 Dec; 32(12): 1147-1152.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5106491/ [consulté le 16 avril 2021]
3. Almaramhy HH et al. The association of prenatal and postnatal macrolide exposure with
subsequent development of infantile hypertrophic pyloric stenosis: a systematic review and meta-
analysis. Ital J Pediatr. 2019 Feb 4; 45(1)20.
https://ijponline.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13052-019-0613-2 [consulté le 16 avril 2021]
Trachome
• Signes cliniques(see page 126)
• Traitement(see page 127)
• Prévention(see page 127)
• Références(see page 128)
– Le trachome est une kérato-conjonctivite à Chlamydia trachomatis, très contagieuse, endémique dans
les régions rurales pauvres d'Afrique, d'Asie, d'Amérique Centrale et du Sud et du Moyen-Orient.
– L’infection est acquise dès la petite enfance par contact direct ou indirect (mains sales, linge de toilette
contaminé, mouches). En l’absence d’hygiène et de traitement efficace, l’inflammation s’intensifie au fur
et à mesure des infections, provoquant l’apparition de cicatrices sur la face interne de la paupière. Les
cils dévient alors vers l’intérieur (trichiasis) et provoquent à leur tour des lésions de la cornée puis une
cécité définitive, en général à l’âge adulte.
– Il existe 5 stades cliniques selon la classification simplifiée de l’OMS. Il est important de diagnostiquer
et de traiter les premiers stades pour éviter l’apparition du trichiasis, responsable des complications du
trachome.
Signes cliniques
Un même patient peut développer plusieurs stades simultanément1(see page 128),2(see page 128) :
Traitement
– Stades 1 et 2 :
• Nettoyer les yeux et le visage plusieurs fois par jour.
• Antibiothérapie3(see page 128) :
Le traitement de choix est l’azithromycine PO :
Enfant : 20 mg/kg dose unique
Adulte : 1 g dose unique
A défaut, tétracycline ophtalmique 1% : une application 2 fois par jour pendant 6 semaines ou, en
dernier recours, érythromycine PO : 20 mg/kg (max. 1 g) 2 fois par jour pendant 14 jours.
– Stade 3 : pas de traitement
– Stade 4 : traitement chirurgical
En attentant la chirurgie, si le patient peut être suivi régulièrement, la contention des cils déviés est une
mesure palliative qui peut contribuer à protéger la cornée. Elle permet dans certains cas une correction
durable du trichiasis en quelques mois.
La méthode consiste à coller les cils déviés sur la paupière extérieure à l'aide d'une fine bandelette de
sparadrap, en veillant à ce que l'ouverture et la fermeture de la paupière soient parfaites. Renouveler le
sparadrap chaque fois qu'il est décollé (en général une fois par semaine) ; poursuivre le traitement 3
mois.
Remarque : l'épilation des cils déviés n'est pas recommandée car elle soulage temporairement le patient
mais les cils deviennent très abrasifs pour la cornée lors de la repousse.
– Stade 5 : pas de traitement
Prévention
Nettoyer les yeux, le visage et les mains à l’eau propre permet de réduire la transmission directe et
d’éviter les surinfections bactériennes.
Références
1. Thylefors B et al. A simple system for the assessment of trachoma and its complications. Bull World
Health Organ. 1987;65(4):477–83.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2491032/ [consulté le 20 avril 2021]
2. Solomon AW et al. The simplified trachoma grading system, amended. Bull World Health Organ.
2020;98(10):698-705.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7652564/ [consulté le 20 avril 2021]
3. Evans JR et al. Antibiotics for trachoma. Cochrane Database Syst Rev. 2019 Sep 26;9:CD001860.
https://www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD001860.pub4/full [consulté le 20
avril 2021]
– La cellulite périorbitaire est une infection bactérienne des paupières, courante et en général bénigne.
Elle résulte principalement d’un traumatisme de la paupière (piqûre d'insecte ou plaie).
– La cellulite orbitaire est une infection grave, affectant le contenu de l'orbite (graisse et muscles
oculaires), qui peut conduire à une perte de la vue ou à un abcès cérébral. Elle résulte généralement de
l’extension d’une sinusite (p. ex. complication d’une ethmoïdite aiguë).
– Les cellulites périorbitaire et orbitaire sont plus fréquentes chez l’enfant que chez l’adulte.
– Les bactéries responsables de cellulites périorbitaire et orbitaire sont principalement Staphylococcus
aureus, Streptococcus pneumoniae et autres streptocoques ainsi qu’Haemophilus influenzae type b (Hib)
chez les enfants dans les pays où la couverture vaccinale Hib reste faible.
Signes cliniques
– Signes communs aux cellulites périorbitaire et orbitaire : érythème et œdème des paupières ; l’œdème
est violacé en cas d’infection par H. influenzae.
– En cas de cellulite orbitaire exclusivement :
• Douleur lors des mouvements oculaires ;
• Ophthalmoplégie (paralysie des muscles moteurs de l’œil) avec souvent diplopie (vision double) ;
• Protrusion oculaire (l’œil sort de son orbite) ;
• Fièvre élevée, altération de l’état général.
Traitement
– Hospitaliser dans les cas suivants : cellulite orbitaire, enfant de moins de 3 mois, altération sévère de
l’état général 1(see page 0) , complications locales, mauvais terrain (maladie chronique, sujet âgé), risque de
non observance ou d’échec du traitement ambulatoire. Traiter les autres patients en ambulatoire.
– Antibiothérapie en ambulatoire 2(see page 0) :
cefaléxine PO pendant 7 à 10 jours
Nouveau-né de 0 à 7 jours : 25 mg/kg 2 fois par jour
Nouveau-né de 8 jours à 1 mois : 25 mg/kg 3 fois par jour
Enfant de plus de 1 mois : 25 mg/kg 2 fois par jour (max. 2 g par jour)
1(see page 128) Signes d’une altération sévère de l’état général chez l’enfant : pleurs faibles ou geignements,
enfant somnolent et difficile à réveiller, ne souriant pas, regard vide ou anxieux, pâleur ou
cyanose, hypotonie générale.
2(see page 128) En cas d’allergie aux pénicillines, clindamycine PO pendant 7 à 10 jours :
Enfant : 10 mg/kg 3 fois par jour ; adulte : 600 mg 3 fois par jour
3(see page 129) En cas d’allergie aux pénicillines, clindamycine perfusion IV (comme ci-dessus).
4(see page 129) Pour l’administration en IV, la poudre de ceftriaxone est à reconstituer dans de l’eau pour
préparation injectable uniquement. Pour l’administration en perfusion, chaque dose de
ceftriaxone doit être diluée dans un volume de 5 ml/kg de chlorure de sodium 0,9% ou de
glucose 5% chez les enfants de moins de 20 kg et dans une poche de 100 ml de chlorure de
sodium 0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de plus de 20 kg et chez les adultes.
5(see page 129) La poudre de cloxacilline est à reconstituer dans 4 ml de d’eau pour préparation injectable.
Ensuite, chaque dose de cloxacilline est à diluer dans un volume de 5 ml/kg de chlorure de
sodium 0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de moins de 20 kg et dans une poche de 100 ml
de chlorure de sodium 0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de plus de 20 kg et chez les
adultes.
6(see page 129) Chaque dose de de clindamycine est à diluer dans un volume de 5 ml/kg de chlorure de sodium
0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de moins de 20 kg et dans une poche de 100 ml de
chlorure de sodium 0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de 20 kg et plus et chez les adultes.
Autres pathologies
• Onchocercose(see page 130)
• Loase(see page 130)
• Ptérygion(see page 131)
• Cataracte(see page 131)
Onchocercose
Les lésions oculaires, dues à la présence de microfilaires dans l’oeil, surviennent en général à l’âge adulte
et évoluent vers la cécité en l’absence de traitement précoce.
Loase
Pour le traitement, voir Loase(see page 164), Chapitre 6. Le passage du ver est souvent très rapide, ne pas
tenter de l’extraire, ne pas administrer de collyre anesthésiant ; rassurer le patient, l’incident est bénin.
L’extraction est également inutile si le ver est mort/calcifié.
Ptérygion
Membrane conjonctivale blanchâtre triangulaire, évoluant très lentement vers la cornée. Le climat aride,
les poussières et le vent favorisent son développement. Sa régression n’est jamais spontanée.
Cataracte
Opacification du cristallin entraînant une baisse progressive de l'acuité visuelle. La cataracte est
fréquente en milieu tropical et apparaît plus précocement qu’en Europe. L’atteinte des deux yeux
entraîne une cécité fonctionnelle, uniquement curable chirurgicalement.
Paludisme
• Signes cliniques(see page 133)
• Paludisme non compliqué(see page 133)
• Paludisme sévère(see page 133)
• Laboratoire(see page 133)
• Tests parasitologiques2(see page 133)
• Examens complémentaires(see page 133)
• Traitement du paludisme à P. vivax, P. ovale, P. malariae, P. knowlesi(see page 134)
• Traitement du paludisme non compliqué à P. falciparum(see page 134)
• Traitement antipaludique(see page 134)
• Traitement symptomatique(see page 136)
• Traitement du paludisme sévère(see page 136)
• Traitement antipaludique(see page 136)
• Traitement symptomatique et prise en charge des complications(see page 137)
• Traitement antipaludique chez la femme enceinte(see page 138)
• Paludisme non compliqué à P. vivax, P. ovale, P. malariae, P. knowlesi(see page 138)
• Paludisme non compliqué à P. falciparum(see page 138)
• Paludisme sévère(see page 138)
• Prévention(see page 138)
• Références(see page 140)
– Le paludisme est une infection parasitaire due à un protozoaire du genre Plasmodium, transmis à
l’homme par la piqûre d’un moustique (anophèle). La transmission est également possible par
transfusion de sang infecté, et chez le fœtus, par voie transplacentaire.
– 5 espèces plasmodiales sont responsables du paludisme chez l'homme : P. falciparum, P. vivax, P. ovale,
P. malariae et P. knowlesi. Les 5 espèces peuvent provoquer un paludisme non compliqué. Le paludisme
sévère (défini par la présence de complications) est pratiquement toujours dû à P. falciparum et plus
rarement à P. vivax et P. knowlesi.
– Un paludisme non compliqué peut rapidement devenir sévère et un paludisme sévère non traité peut
être fatal en quelques heures.
Signes cliniques
En cas de fièvre (ou d’antécédent de fièvre dans les dernières 48 heures), chez un patient résidant ou
revenant d’une zone endémique, évoquer systématiquement un paludisme.
Paludisme sévère
En plus des symptômes ci-dessus, les patients qui présentent une ou plusieurs des complications
suivantes1(see page 140) doivent être hospitalisés immédiatement :
– Altération de la conscience, y compris coma.
– Convulsions : plus de 2 épisodes de convulsions généralisées ou focales (p. ex. mouvements oculaires
anormaux).
– Prostration : faiblesse extrême ; chez l’enfant : incapacité à s’alimenter/boire/téter.
– Détresse respiratoire : respiration rapide et difficile ou respiration lente et profonde.
– Choc : extrémités froides, pouls faible ou absent, temps de recoloration cutanée ≥ 3 secondes, cyanose.
– Ictère : coloration jaune de la muqueuse buccale, de la conjonctive, des paumes.
– Hémoglobinurie : urines rouge foncé.
– Hémorragies : cutanée (pétéchies), conjonctivale, nasale, gingivale ; sang dans les selles.
– Insuffisance rénale aiguë : oligurie (diurèse < 12 ml/kg/jour chez l’enfant et < 400 ml/jour chez l’adulte),
malgré une hydratation adéquate.
Laboratoire
Tests parasitologiques2
Le diagnostic de paludisme doit être confirmé chaque fois que possible. Toutefois, en l'absence de tests,
le traitement d’un cas suspect ne doit pas être retardé.
Tests de diagnostic rapide (TDR) 1(see page 0)
Les tests rapides détectent les antigènes parasitaires. Ils donnent un résultat qualitatif uniquement (c.-à-
d. positif ou négatif) et peuvent rester positifs plusieurs jours ou semaines après l'élimination du
parasite.
Microscopie
Le frottis sanguin et la goutte épaisse permettent de détecter le parasite, d’identifier l’espèce, de
quantifier et suivre l’évolution de la parasitémie.
Attention, l’examen peut être négatif au cours d'un authentique paludisme sévère, par séquestration des
hématies parasitées dans les capillaires périphériques, ainsi que dans les vaisseaux du placenta chez la
femme enceinte.
Remarque : exclure une autre cause de fièvre, même si le diagnostic est positif.
Examens complémentaires
Hémoglobine (Hb)
A mesurer systématiquement en cas d’anémie clinique et de paludisme sévère.
Glycémie
A mesurer systématiquement pour détecter une hypoglycémie en cas de paludisme sévère ou de
malnutrition (voir Hypoglycémie(see page 21), Chapitre 1).
Traitement antipaludique
Pendant la grossesse, voir Traitement antipaludique chez la femme enceinte(see page 138).
Le traitement est une combinaison thérapeutique à base d'artémisinine (ACT) 3(see page 0) par voie orale
pendant 3 jours.1(see page 140) Le choix de l’ACT de première ligne dépend de son efficacité dans la zone où
se trouve le patient. Si l’ACT de première ligne n'est pas disponible ou contre-indiquée, ou que le
traitement (bien administré) a échoué, utiliser une autre ACT. Pour les posologies, voir le tableau ci-
dessous.
Dans les zones de faible transmission du paludisme, tous les patients diagnostiqués avec le paludisme
à P. falciparum (sauf les enfants de moins de 30 kg et les femmes enceintes ou allaitant un nourrisson de
moins de 6 mois) doivent recevoir en plus d'une ACT, une dose unique de 0,25 mg/kg de primaquine PO
pour réduire le risque de transmission.3(see page 140)
Remarques :
– Pour les enfants d’âge/poids inférieurs à ceux mentionnés dans ce tableau, les données sur l’efficacité
et l’innocuité des ACT sont peu nombreuses.
– Les associations AL, AS/AQ et DHA/PPQ peuvent être utilisées. La dose doit être calculée de manière à
apporter 10 à 16 mg/kg/dose de luméfantrine ; 10 mg/kg/jour d’amodiaquine ; 20 mg/kg/jour de
pipéraquine.
– Chez les jeunes enfants, l’état clinique peut rapidement se dégrader, il peut être préférable de débuter
d’emblée un traitement parentéral (voir plus bas).
La quinine PO n'est pas le traitement standard recommandé mais reste présente dans certains
protocoles nationaux :
quinine PO pendant 7 jours 2(see page 0)
Enfant et adulte de moins de 50 kg : 10 mg/kg 3 fois par jour
Adulte de 50 kg et plus : 600 mg 3 fois par jour
Traitement symptomatique
Paracétamol PO uniquement en cas de fièvre élevée (Fièvre(see page 22), Chapitre 1).
Traitement antipaludique
Pendant la grossesse, voir Traitement antipaludique chez la femme enceinte(see page 138).
Traitement pré-transfert
Si le patient doit être transféré, administrer avant le transfert :
– Au niveau communautaire, chez l’enfant de moins de 6 ans : une dose d’artésunate rectal 4(see page 0) (10
mg/kg)
• Enfant de 2 mois à < 3 ans (≤ 10 kg) : 1 capsule rectale (100 mg)
• Enfant de 3 à < 6 ans (≤ 20 kg) : 2 capsules rectales (200 mg)
ou
– Au dispensaire, chez l'enfant et l'adulte : la première dose d'artésunate (ou d'artémether si l’artésunate
n’est pas disponible). Pour les posologies, voir ci-dessous.
Dans tous les cas, donner aux patients, en particulier aux enfants, du sucre avant ou pendant le transfert.
A l’hôpital
Le traitement de choix est l’artésunate, de préférence IV, ou à défaut IM.
En cas de choc, la voie IM n’est pas appropriée. Utiliser l’artésunate IV uniquement.
artésunate IV lente (3 à 5 minutes) ou, si impossible, IM lente, face antérolatérale de la cuisse :
Enfant de moins de 20 kg : 3 mg/kg/dose
Enfant de 20 kg et plus et adulte : 2,4 mg/kg/dose
– Une dose à l’admission (H0)
– Une dose 12 heures après l’admission (H12)
– Une dose 24 heures après l’admission (H24)
– Puis une dose une fois par jour
Traiter par voie parentérale au minimum 24 heures (3 doses) puis, si le patient peut tolérer la voie orale,
prendre le relais avec un traitement complet de 3 jours par une ACT. Sinon, poursuivre le traitement
parentéral une fois par jour jusqu'à ce que le patient puisse passer à la voie orale (sans dépasser 7 jours
de traitement parentéral).
Si l'artésunate n'est pas disponible, l'artéméther peut être une alternative :
artéméther IM, face antérolatérale de la cuisse (ne jamais administrer en IV)
Enfant et adulte : 3,2 mg/kg à l'admission (J1) puis 1,6 mg/kg une fois par jour
Traiter par voie parentérale au minimum 24 heures (2 doses), puis, si le patient peut tolérer la voie
orale, prendre le relais avec un traitement complet de 3 jours par une ACT. Sinon, poursuivre le
traitement parentéral une fois par jour jusqu'à ce que le patient puisse passer à la voie orale (sans
dépasser 7 jours de traitement parentéral).
Remarque : si le patient est toujours sous traitement parentéral à J5, le poursuivre jusqu'à J7. Dans ce
cas, un relais par une ACT n'est pas nécessaire.
La quinine IV est encore recommandée dans certains protocoles nationaux. Elle peut être utilisée en cas
de paludisme avec choc si l'artésunate IV n'est pas disponible. La posologie est exprimée en termes de
sel de quinine :
– dose de charge : 20 mg/kg à administrer en 4 heures, suivis d’une perfusion de glucose 5% en garde
Hydratation
Maintenir une hydratation adéquate. A titre indicatif, pour le volume à administrer par voie orale ou IV,
voir Annexe 1(see page 332).
Adapter ces volumes en fonction de l’état clinique pour éviter une déshydratation ou au contraire une
surcharge hydrique (risque d’œdème aigu du poumon).
Fièvre
Paracétamol uniquement en cas de fièvre élevée (Fièvre(see page 22), Chapitre 1).
Anémie sévère
Pour le traitement, voir Anémie(see page 33), Chapitre 1.
Hypoglycémie
Pour le traitement, voir Hypoglycémie(see page 21), Chapitre 1.
Remarques :
– Chez un patient inconscient ou prostré, en urgence ou en l’absence/dans l’attente d’un accès veineux,
utiliser du sucre en poudre par voie sublinguale pour corriger l’hypoglycémie. 5(see page 0)
– Le risque d’hypoglycémie est majoré chez les patients traités par quinine IV.
Coma
Vérifier/assurer la liberté des voies aériennes, mesurer la glycémie et évaluer la profondeur du coma.
En cas d’hypoglycémie ou si la glycémie ne peut être mesurée, administrer du glucose.
Si le patient ne répond pas à l’administration de glucose ou en l’absence d’hypoglycémie :
– Poser une sonde urinaire, placer le patient en décubitus latéral.
– Surveiller les constantes, la glycémie, la conscience, les entrées-sorties (diurèse et apports liquidiens)
toutes les heures jusqu’à stabilisation puis toutes les 4 heures.
– Exclure une méningite (ponction lombaire) ou administrer d’emblée un traitement antibiotique (voir
Méningite(see page 169), Chapitre 7).
– Changer le patient de position toutes les deux heures ; soins d’yeux et de bouche, etc.
Convulsions
Voir Convulsions(see page 17), Chapitre 1. Corriger les causes éventuelles (p. ex. hypoglycémie ; fièvre chez
l’enfant).
Détresse respiratoire
– Respiration rapide et difficile :
Penser à un œdème aigu du poumon (crépitations à l'auscultation), qui peut être lié ou non à une
surcharge hydrique : ralentir la perfusion si le malade est perfusé, position semi-assise, oxygène,
furosemide IV : 1 mg/kg chez l’enfant, 40 mg chez l’adulte. Renouveler après une ou 2 heures si
nécessaire.
Penser également à une pneumonie associée (voir Pneumonie aiguë(see page 72), Chapitre 2).
– Respiration profonde et lente (suspicion d'acidose métabolique) :
Rechercher une déshydratation et la corriger le cas échéant ; une anémie décompensée et transfuser le
cas échéant.
Paludisme sévère
L’artésunate ou l’arthémeter sont recommandés quel que soit le terme de la grossesse. La quinine
IV n'est pas le traitement standard recommandé mais reste présente dans certains protocoles nationaux.
Prévention
– Pour les femmes enceintes vivant dans les régions où le risque d'infection par P. falciparum est élevé, se
référer au guide Soins obstétricaux et néonatals essentiels, MSF.
– Dans les régions où le paludisme est saisonnier (en particulier dans la sous-région du Sahel), une
chimioprévention par l'association l'amodiaquine + SP est administrée une fois par mois pendant 4 mois
au cours de la période de transmission chez les enfants de moins de 5 ans, afin de diminuer la
mortalité.4(see page 140)
– Dans les pays endémiques et dans les zones à risque d’épidémie de paludisme, tous les services
d’hospitalisation, y compris les centres de nutrition, de traitement du HIV, etc. doivent être équipés de
moustiquaires imprégnées d’insecticide longue durée (MILD). Se référer au guide Technicien sanitaire en
situation précaire, MSF.
– Pour les mesures anti-vectorielles et la prévention chez le voyageur, se référer à la littérature
spécialisée.
1(see page 133) La majorité des tests rapides recherchent l’un des antigènes suivants ou une combinaison de
ces antigènes : la protéine HRP2 spécifique de P. falciparum ; une enzyme spécifique de P.
falciparum (Pf pLDH) ; une enzyme commune aux 4 espèces plasmodiales (pan pLDH). La
protéine HRP2 peut rester détectable pendant 6 semaines ou plus après l’élimination du
parasite ; l’enzyme pLDH reste détectable pendant plusieurs jours (jusqu’à 2 semaines) après
l’élimination des parasites.
Utiliser en première intention des tests pan pLDH dans les régions hyper-et holo-endémiques,
ainsi que dans les zones à transmission saisonnière intense et lors des épidémies et urgences
complexes. Dans les autres contextes, les tests HRP2 (P. falciparum > 95%) ou combo HRP2 +
pLDH (P. falciparum < 95%) sont préférables.
2(see page 134) En cas de vomissements dans les 30 minutes qui suivent la prise, reprendre la même dose ; en
traitement parentéral, les capsules rectales d’artésunate doivent être administrées selon le
même schéma que l'artésunate injectable (H0, H12, H24, puis une fois par jour).
5(see page 137) Glisser sous la langue une cuillère à café de sucre mouillé de quelques gouttes d’eau. Placer les
patients en décubitus latéral. Renouveler après 15 minutes si le patient n’a pas repris
conscience. Comme pour les autres méthodes, maintenir ensuite un apport régulier en sucre et
surveiller.
Références
1. World Health Organization. Guidelines for the treatment of malaria, 3rd ed. World Health
Organization. 2015.
https://apps.who.int/iris/handle/10665/162441
La trypanosomiase humaine africaine (THA) est une zoonose due à des protozoaires (trypanosomes),
transmise à l'homme par la piqûre d'une glossine (mouche tsé-tsé). La transmission est également
possible par transfusion de sang contaminé et, chez le fœtus, par voie transplacentaire.
La maladie se rencontre uniquement en Afrique subsaharienne sous 2 formes : la THA à Trypanosoma
brucei gambiense en Afrique de l'Ouest et centrale et la THA à Trypanosoma brucei rhodesiense en Afrique
de l'Est et australe.
Signes cliniques
L’inoculation est parfois suivie d’une réaction locale immédiate : chancre d’inoculation ou trypanome
chez environ 50% des patients infectés par T.b. rhodesiense, rarement présent chez les patients infectés
par T.b. gambiense.
En pratique, les tableaux cliniques ne sont pas toujours aussi nets : il existe p. ex. des formes aiguës à T.b.
gambiense et des formes chroniques à T.b. rhodesiense.
Laboratoire
– Le diagnostic se fait en 3 étapes pour T.b. gambiense (dépistage, confirmation du diagnostic et
diagnostic de phase) et en 2 étapes pour T.b. rhodesiense (confirmation du diagnostic et diagnostic de
phase).
– Le test de dépistage recommandé pour T.b. gambiense est le CATT (Card Agglutination Test for
Trypanosomiasis). Il détecte la présence d’anticorps spécifiques dans le sang ou le sérum du patient.
– Confirmation du diagnostic : présence de trypanosomes dans les ganglions (ponction ganglionnaire) ou
dans le sang après concentration : concentration en tubes capillaires (test de Woo), QBC, mini-colonne
échangeuse d’ions (mAECT).
– Diagnostic de phase : recherche de trypanosomes (après centrifugation) et numération des globules
blancs dans le liquide céphalo-rachidien (ponction lombaire) :
• Première phase : absence de trypanosomes ET ≤ 5 globules blancs/mm3
• Deuxième phase : présence de trypanosomes OU > 5 globules blancs/mm3
La prednisolone PO (1 mg/kg une fois par jour) est fréquemment associée pendant toute la durée du
traitement.
Prévention et contrôle
– Protection individuelle contre les piqûres de glossines : vêtements couvrants, répellents, évitement des
zones à risques (p. ex. : bords des rivières).
– Contrôle de la maladie : dépistage de masse et traitement des malades (T.b. gambiense), traitement
trypanocide du bétail (T.b. rhodesiense), lutte antivectorielle par piégeage ou épandage d’insecticides.
– La maladie de Chagas est une zoonose due au protozoaire Trypanosoma cruzi, transmise à l’homme
par contact des déjections de punaises (triatomes) avec une lésion cutanée (souvent due à la piqûre du
triatome) ou des muqueuses. La transmission est également possible par transfusion de sang contaminé,
accident d'exposition au sang, de la mère à l'enfant pendant la grossesse ou au cours de l’accouchement
ou par consommation d'aliments ou d'eau contaminés.
– La maladie de Chagas comporte deux phases : une phase aiguë qui dure approximativement 4 à
6 semaines et une phrase chronique qui dure toute la vie en l'absence de traitement.
– La maladie de Chagas sévit principalement sur le continent américain. 1(see page 0) Elle est très largement
sous-diagnostiquée.1(see page 146)
Signes cliniques
Phase aiguë
– La plupart des cas sont asymptomatiques.
– En cas de pénétration cutanée : tuméfaction rouge de la peau (chagome) ou œdème violacé periorbital,
unilatéral, indolore (signe de Romaña) avec adénopathie locale, céphalées et fièvre.
– Rarement : adénopathies multiples, hépatosplénomégalie, myocardite (douleur thoracique, dyspnée),
méningo-encéphalite (convulsions, paralysie).
Phase chronique
– De nombreux cas restent asymptomatiques (phase indéterminée).
– Jusqu’à 30% des cas développent une atteinte viscérale :2(see page 146)
• lésions cardiaques (troubles de la conduction, cardiomyopathie dilatée) : arythmie, dyspnée, douleur
thoracique, insuffisance cardiaque ;
• lésions digestives (dilatation de l’œsophage ou méga-œsophage, dilatation du côlon ou mégacôlon) :
difficulté de déglutition, constipation sévère.
Le risque d'atteinte viscérale est plus élevé chez les individus immunodéprimés que dans la population
générale.
Diagnostic
Laboratoire1
– Phase aiguë :
• Identification de Trypanosoma cruzi par microscopie directe (sang frais ou technique de concentration
du micro-hématocrite).
• En cas de forte suspicion clinique, si la microscopie directe n’a pas permis de poser un diagnostic
définitif, réaliser les tests sérologiques (voir « Phase chronique ») après un délai d'environ un mois.
– Phase chronique :
• Identification d’anticorps anti-Trypanosoma cruzi par des tests sérologiques, p. ex. enzyme-linked
immunosorbent assay (ELISA), test d'inhibition d'hémagglutination (IHA) ou immunofluorescence
indirecte (IFI) ou test de diagnostic rapide (TDR).
• Pour obtenir un diagnostic définitif, deux différents tests sérologiques doivent être réalisés en parallèle ;
en cas de résultats non concordants, il est recommandé de réaliser un troisième test. 2(see page 0)
Autres investigations
– L’ECG peut mettre en évidence des troubles de la conduction.
– Les radiographies du thorax ou de abdomen peuvent montrer une cardiomégalie, un méga-œsophage
ou un mégacôlon.
Traitement
Traitement étiologique
– La maladie de Chagas en phase aiguë ou chronique peut être traitée par benznidazole ou nifurtimox.
Toutefois, le traitement n'est pas recommandé si le patient a déjà développé des complications
cardiaques ou digestives.
– Une surveillance clinique étroite est nécessaire en raison de la survenue fréquente d’effets indésirables.
Si possible, des examens sanguins (numération-formule sanguine, tests de la fonction hépatique et
rénale) doivent être réalisés avant, pendant et après le traitement.
– Les protocoles varient selon le pays. Se conformer aux recommandations nationales.
A titre indicatif :
(a)
Le benznidazole est contre-indiqué pendant la grossesse, l’allaitement et chez les patients souffrant
d'insuffisance hépatique ou rénale sévère.
(b)
Le nifurtimox est contre-indiqué pendant la grossesse, l’allaitement et chez les patients souffrant
d’insuffisance hépatique ou rénale sévère ou ayant des antécédents de troubles psychiatriques sévères
ou de convulsions. Les effets indésirables (troubles digestifs, agitation, troubles du sommeil,
convulsions) sont fréquents et réversibles et ne doivent pas conduire à arrêter le traitement. Éviter
l’alcool et les repas riches en graisses pendant le traitement.
Traitement symptomatique
Voir Convulsions(see page 17) (Chapitre 1), Douleur(see page 25) (Chapitre 1) et Insuffisance cardiaque(see page
324) (Chapitre 12).
Prévention
– Protection individuelle contre les piqûres de triatomes : utiliser des moustiquaires imprégnées
d’insecticide longue durée.
– Dans les structures de soins : précautions standard pour éviter la contamination par du matériel souillé
ou des fluides corporels potentiellement infectés.
– Transfusions sanguines : conseiller aux patients atteints de la maladie de Chagas de ne pas donner leur
sang. Dans les régions endémiques, réaliser un dépistage des anticorps anti-Trypanosoma cruzi chez tous
les donneurs.
1(see page 143) Pour plus d’information sur la distribution géographique des cas d’infection à T. cruzi : http://
gamapserver.who.int/mapLibrary/Files/Maps/Global_chagas_2009.png
2(see page 144) Si les ressources sont limitées, il est possible de réaliser uniquement le test ELISA. Si le résultat
est positif, un second test sérologique doit être réalisé pour confirmer le diagnostic avant
d’instaurer le traitement.
Références
1. Pan American Health Organization. Guidelines for diagnosis and treatment of Chagas disease.
Washington, D.C. 2019.
http://iris.paho.org/xmlui/bitstream/handle/123456789/49653/9789275120439_eng.pdf?
sequence=6&isAllowed=y
2. Rassi A, Marin-Neto J. Seminar: Chagas disease. The Lancet, Volume 375, ISSUE 9723, P1388-1402,
April 17, 2010.
Leishmanioses
• Signes cliniques(see page 147)
• Leishmanioses cutanées et cutanéomuqueuses(see page 147)
• Leishmaniose viscérale(see page 147)
• Leishmaniose dermique post-kala azar(see page 147)
• Laboratoire(see page 147)
• Leishmanioses cutanées et cutanéomuqueuses(see page 147)
• Leishmaniose viscérale(see page 147)
• Traitement(see page 147)
• Leishmanioses cutanées et cutanéomuqueuses(see page 148)
• Leishmaniose viscérale(see page 148)
• Leishmaniose dermique post-kala azar (LDPK)(see page 149)
• Prévention(see page 149)
Les leishmanioses sont un groupe de maladies parasitaires dues à des protozoaires du genre Leishmania,
transmis à l’homme par la piqûre d’un insecte vecteur (phlébotome). Plus de 20 espèces sont pathogènes
pour l’homme.
– Les leishmanioses cutanées sont endémiques dans plus de 70 pays en Amérique latine, Moyen-Orient,
Asie centrale et Afrique.
– Les leishmanioses cutanéomuqueuses se rencontrent en Amérique latine et plus rarement en Afrique
(Ethiopie, Soudan).
– La leishmaniose viscérale se rencontre dans plus de 60 pays en Afrique de l’Est et du Nord, en Asie
centrale et du Sud, dans le sud de l’Europe et en Amérique latine.
Signes cliniques
Leishmaniose viscérale
La leishmaniose viscérale (kala azar) est une maladie systémique provoquant une pancytopénie, une
immunosuppression, voire la mort du patient en l’absence de traitement.
– Fièvre prolongée (> 2 semaines), splénomégalie et amaigrissement sont les principaux signes.
– Les autres signes peuvent être : anémie, diarrhée, épistaxis, adénopathies, hépatomégalie modérée.
– Des complications bactériennes (diarrhée, pneumonie, tuberculose) peuvent s’ajouter en raison de
l’immunodépression.
Laboratoire
Leishmaniose viscérale
– Diagnostic parasitologique : mise en évidence des leishmanies sur étalement (coloration Giemsa) à
partir de ponction-aspiration de la rate, des ganglions ou de la moelle osseuse. L’aspiration splénique est
l’examen le plus sensible mais comporte en théorie un risque d’hémorragie potentiellement mortelle.
– Diagnostic sérologique : test rK39 sur bandelette réactive et test d’agglutination directe (DAT) pour le
diagnostic d’une leishmaniose primaire en cas de suspicion clinique. Le diagnostic de rechute ne peut
être confirmé que par la parasitologie.
Traitement
Les différentes espèces de leishmanies répondent différemment aux antileishmaniens. Se conformer au
protocole national.
A titre indicatif :
Leishmaniose viscérale
Une tuberculose et/ou une infection par le HIV peuvent également être présentes (à suspecter si le
patient fait plus d’une rechute ou en cas d’échec du traitement).
Prévention
– Moustiquaires imprégnées d’insecticide.
– Lutte contre les vecteurs spécifiques et les réservoirs de parasites animaux.
Les principales protozooses intestinales sont l’amibiase (Entamoeba histolytica), la giardiase (Giardia
lamblia), la cryptosporidiose (Cryptosporidium sp), la cyclosporose (Cyclospora cayetanensis) et
l’isosporose (Isospora belli).
Les protozoaires intestinaux sont transmis par voie féco-orale (mains sales, ingestion d’eau ou
d’aliments contaminés par des selles) et responsables de cas individuels et d’épidémie de diarrhée.
Signes cliniques
– L’amibiase est une diarrhée sanglante (voir Amibiase(see page 90), Chapitre 3).
– Le tableau clinique de la giardiase, cryptosporidiose, cyclosporose et isosporose présente de
nombreuses similitudes :
• La diarrhée est rarement abondante et en général spontanément résolutive, sauf chez les enfants mais
surtout chez les patients au stade avancé d’infection par le HIV (< 200 CD4). Chez ces patients, la diarrhée
peut être abondante, intermittente ou chronique et entraîner une malabsorption avec perte significative
de poids (ou stagnation pondérale chez l’enfant) ou une déshydratation sévère.
• Les selles sont habituellement aqueuses mais une stéatorrhée (selles pâles, volumineuses, grasses) est
possible en cas de malabsorption secondaire des graisses ; les selles peuvent également contenir du
mucus.
• La diarrhée est associée à des troubles digestifs banals (distension et crampes abdominales, flatulence,
nausée, anorexie) mais les patients sont peu ou pas fébriles.
Laboratoire
Le diagnostic définitif repose sur la mise en évidence du parasite sous forme de kystes ou trophozoïtes
(giardia) ou d’oocystes (cryptosporidium, cyclospora, isospora) dans les selles (2 à 3 échantillons, à 2 ou 3
jours d’intervalle car les parasites sont éliminés dans les selles de façon intermittente).
Traitement
– Corriger la déshydratation si présente (pour les signes et la prise en charge, voir Déshydratation(see page
37), Chapitre 1).
– Si un examen fiable ne peut être réalisé : il est impossible de distinguer cliniquement les diarrhées
parasitaires entre elles ni des diarrhées non parasitaires. Un traitement empirique (associant
successivement ou simultanément tinidazole ou métronidazole et co-trimoxazole comme ci-dessus)
peut être tenté en cas de diarrhée prolongée ou de stéatorrhée. Chez les patients infectés par le HIV, voir
traitement empirique (Infection par le HIV et sida(see page 221), Chapitre 8).
– Les cryptosporidioses, cyclosporoses et isosporoses étant des infections opportunistes chez les
patients au stade avancé de l’infection par le HIV, l’intervention la plus efficace est la mise sous
traitement antirétroviral, mais le risque de déshydratation/décès reste très élevé tant que l’immunité
n’est pas suffisamment restaurée.
Distomatoses (douves)
Infection/ Signes cliniques/Diagnostic Traitement
Epidémiologie
Douves pulmonaires Les deux symptômes dominants sont une toux praziquantel PO
Paragonimus sp productive prolongée (> 2 semaines) et une Enfant de 4 ans et plus
Distribution : sud-est hémoptysie intermittente (crachats de couleur et adulte :
asiatique, Chine, foyers rouille-brun). Dans les zones endémiques, penser 25 mg/kg 3 fois par jour
au Cameroun, Nigeria, à une paragonimose en cas de suspicion de pendant 2 jours
Gabon, Congo, Colombie, tuberculose pulmonaire car les signes cliniques et
Pérou radiologiques des deux maladies peuvent se
Transmission : confondre. La paragonimose est confirmée par la
consommation de mise en évidence des œufs du parasite dans les
crustacés d’eau douce crachats (ou éventuellement les selles).
crus
Douves hépato-biliaires
Schistosomiases
– Les schistosomiases sont des parasitoses sanguines aiguës ou chroniques, provoquées par 5 espèces
de vers trématodes (schistosomes). Les 3 principales espèces parasitant l’homme sont Schistosoma
haematobium, Schistosoma mansoni et Schistosoma japonicum. L’aire de distribution de Schistosoma
mekongi et Schistosoma intercalatum est plus limitée.
– L’homme se contamine au cours de baignades dans des eaux douces infestées de larves de
schistosomes. Les phases d'infestation (prurit transitoire localisé lors de la pénétration transcutanée des
larves) et d’invasion (manifestations allergiques et symptômes digestifs lors de la migration des
schistosomules) passent souvent inaperçues. Le diagnostic est en général évoqué à la phase d’état.
Chaque espèce détermine une forme clinique : schistosomiase uro-génitale due à S. haematobium,
schistosomiases intestinales dues à S. mansoni, S. japonicum, S. mekongi et S. intercalatum.
– La gravité de la maladie dépend de la charge parasitaire, facteur important pour la survenue d’atteintes
viscérales aux séquelles parfois irréversibles. Les enfants de 5 à 15 ans constituent le groupe le plus
vulnérable : dans ce groupe la prévalence est la plus élevée et la charge parasitaire est maximale.
– Un traitement antiparasitaire doit être administré, même s’il existe un risque de ré-infection, en vue de
réduire le risque de lésions sévères.
Signes cliniques
Infection/Épidémiologie 1(see Signes cliniques/Diagnostic
page 0) (phase d'état)
Traitement
praziquantel PO1(see page 154),2(see page 154)
Enfant de 4 ans et plus et adulte 2(see page 0) :
• S. haematobium, S. mansoni, S. intercalatum : 40 mg/kg dose unique ou 2 doses de 20 mg/kg à 4 heures
d’intervalle
• S. japonicum, S. mekongi : 2 doses de 30 mg/kg ou 3 doses de 20 mg/kg à 4 heures d’intervalle
1(see page 152) Pour plus d’information sur la distribution géographique des schistosomiases : https://
www.who.int/schistosomiasis/Schistosomiasis_2012-01.png?ua=1
2(see page 154) Le praziquantel peut être administré chez la femme enceinte dans le traitement de la
schistosomiase.
Références
1. Treatment Guidelines from The Medical Letter. Vol. 11 (Suppl). Drugs for Parasitic Infections. 2013.
https://www.uab.edu/medicine/gorgas/images/docs/syllabus/2015/03_Parasites/
RxParasitesMedicalLetter2013.pdf [consulté le 25 mai 2020]
2. Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Schistosomiasis. Resources for Health
Professionals. 2018.
https://www.cdc.gov/parasites/schistosomiasis/health_professionals/index.html#tx [consulté le 25
mai 2020]
Cestodoses
• Cestodoses (vers adultes)(see page 155)
• Cestodoses (larves)(see page 156)
Cestodoses (larves)
Parasites Signes cliniques/ Traitement Transmission/
Laboratoire Prévention
1(see page 155) Le praziquantel peut être administré pendant la grossesse en cas de taeniases à T. solium. Pour
les autres indications, il est préférable d’attendre la fin de la grossesse. [ a(see page 155) b(see page
155) c(see page 155) ]
2(see page 156) L’albendazole est contre-indiqué pendant le premier trimestre de la grossesse.
Nématodoses
Infection/ Signes cliniques/Diagnostic Traitement
Epidémiologie
1(see page 158) Les co-infections à A. lumbricoides, T. trichiura et ankylostomes sont fréquentes. Il faut en tenir
compte lors de la prescription du traitement antihelminthique. [ a(see page 158) b(see page 158) c(see
page 159) ]
2(see page 160) Larva migrans cutanée, la larve migrante d’Ancylostoma braziliense et caninum (parasites
habituels des chats et chiens) se manifeste aussi par une éruption cutanée rampante,
inflammatoire et prurigineuse mais de progression plus lente et de plus longue durée
(quelques semaines ou mois). Le traitement est l’albendazole (400 mg dose unique ou une fois
par jour pendant 3 jours chez l’enfant > 6 mois et l’adulte ; 200 mg chez l’enfant > 6 mois mais <
10 kg) ou l’ivermectine (200 microgrammes/kg dose unique).
Filarioses
• Onchocercose (cécité des rivières)(see page 162)
• Loase.(see page 164)
• Filarioses lymphatiques (FL)(see page 166)
Les filarioses sont des helminthiases tissulaires dues à des vers nématodes, les filaires. La transmission
interhumaine s’effectue par l’intermédiaire d’un insecte vecteur, à l’occasion d’une piqûre.
Les principales espèces pathogènes sont présentées dans le tableau ci-dessous. Dans les régions co-
endémiques, les infections mixtes sont fréquentes.
Chaque filaire présente 2 principaux stades de développement : macrofilaires (vers adultes) et
microfilaires (embryons). Le choix du traitement dépend du stade pathogène de l’espèce considérée. Il
vise les microfilaires pour O. volvulus et les macrofilaires pour les autres espèces.
La distribution de l'onchocercose est liée à celle du vecteur (simulie), qui se reproduit dans les rivières à
fort courant en Afrique inter-tropicale (99% des cas), Amérique latine (Guatemala, Mexique, Equateur,
Colombie, Venezuela, Brésil) et au Yémen.
Signes cliniques
En zone endémique, ces signes associés à des degrés divers, sont évocateurs d’onchocercose :
– Onchocercomes : nodules sous-cutanés contenant des macrofilaires, habituellement situés en regard
d’un plan osseux (crête iliaque, trochanter, sacrum, grill costal, crâne, etc.), mesurant quelques mm ou
cm, fermes, lisses, ronds ou ovales, indolores, mobiles ou adhérant aux tissus sous-jacents, uniques ou
multiples et accolés les uns aux autres.
– Onchodermatite papulaire aiguë : éruption papuleuse, parfois diffuse mais souvent localisée aux fesses
et membres inférieurs, accompagnée d’un prurit intense et de lésions de grattage souvent surinfectées («
gale filarienne ») 1(see page 0) . Ces symptômes résultent de l’invasion du derme par les microfilaires.
– Lésions cutanées chroniques tardives : dépigmentation mouchetée des crêtes tibiales (« peau de
léopard »), atrophie cutanée ou zones cutanées épaissies, sèches, squameuses (pachydermisation ; «
peau de lézard »).
– Troubles visuels et lésions oculaires : voir Onchocercose(see page 130), Chapitre 5.
Laboratoire
– Mise en évidence de microfilaires dans le derme (biopsie cutanée exsangue, crête iliaque).
– Dans les zones où la loase est co-endémique (principalement en Afrique centrale), rechercher une loase
si la biopsie cutanée est positive.
Traitement
Traitement antiparasitaire
– La diéthylcarbamazine est contre-indiquée (risque de lésions oculaires graves).
– La doxycycline PO (200 mg une fois par jour pendant 4 semaines au minimum ; si possible, 6 semaines)
tue une proportion importante de vers adultes et réduit progressivement le nombre de microfilaires d’O.
volvulus 2(see page 0) . Elle est contre-indiquée chez l’enfant < 8 ans et la femme enceinte ou allaitante.
– L’ivermectine PO est le traitement de choix : 150 microgrammes/kg dose unique ; une 2e dose est
nécessaire si les signes cliniques persistent après 3 mois. Renouveler ensuite le traitement tous les 6 ou
12 mois pour maintenir la charge parasitaire au-dessous du seuil d’apparition des signes cliniques 3(see
page 0)
. L’ivermectine est déconseillée chez l’enfant < 5 ans ou < 15 kg et chez la femme enceinte.
– En cas de co-infection par Loa loa ou dans régions où la loase est co-endémique, administrer
l’ivermectine avec prudence (risque d’effets secondaires sévères chez les sujets fortement parasités
par L. loa) :
• S’il est possible de rechercher Loa loa (goutte épaisse) :
Confirmer et quantifier la microfilarémie. En fonction de la microfilarémie, donner le traitement
approprié (voir Loase(see page 164)).
• S’il n’est pas possible de faire une goutte épaisse, interroger le patient :
Si le patient n’a pas développé d’effets secondaires graves lors d’une précédente prise
d’ivermectine (voir Loase(see page 164)), administrer le traitement.
Si le patient n’a jamais pris d’ivermectine ni développé de signe de loase (passage du ver adulte
sous la conjonctive de l’œil ou œdèmes de Calabar), administrer le traitement.
Si le patient a déjà présenté des signes de loase et si les signes d’onchocercose sont gênants,
administrer l’ivermectine sous surveillance de l’entourage (voir Loase(see page 164)) ou utiliser une
alternative (doxycycline, comme ci-dessus).
– En cas de co-infection par une filaire lymphatique : administrer l’ivermectine, puis, une semaine après,
débuter le traitement de la filariose lymphatique par la doxycycline PO (voir Filarioses lymphatiques(see
page 166)).
Nodulectomie
Les nodules sont bénins, parfois très profonds et leur ablation ne traite pas l’onchocercose. La
nodulectomie est réservée aux nodules crâniens (leur proximité avec l’œil est un facteur de risque
d’atteinte oculaire) et aux nodules posant un problème esthétique évident. L’intervention se fait sous
anesthésie locale, dans une structure adaptée. Pour les autres nodules, l’abstention est recommandée.
1(see page 163) Le diagnostic différentiel de la gale filarienne est la gale sarcoptique (Gale(see page 99), Chapitre
4).
2(see page 163) L’élimination de Wolbachia réduit la longévité et la fertilité des macrofilaires et par conséquent,
la production de nouvelles microfilaires dans l’organisme.
3(see page 163) L’ivermectine détruit les microfilaires et bloque la production de microfilaires par les vers
adultes mais le traitement doit être administré à intervalle régulier car il n’élimine pas les vers
adultes.
Loase.
• Signes cliniques(see page 164)
• Laboratoire(see page 165)
• Traitement(see page 165)
• Traitement antiparasitaire(see page 165)
• Extraction des macrofilaires(see page 166)
La distribution de la loase est liée à la localisation du vecteur (chrysops) dans les forêts ou savanes avec
forêts-galeries d’Afrique centrale (limites ouest : Bénin ; est : Ouganda ; nord : Soudan et sud : Angola).
Signes cliniques
– Le passage d’une macrofilaire sous la conjonctive de l’œil est pathognomonique de la loase.
– Œdèmes sous-cutanés localisés, d’origine allergique, transitoires (quelques heures ou jours), indolores,
ne prenant pas le godet, apparaissant sur n’importe quelle partie du corps, souvent sur les membres
supérieurs et la face, souvent associés à un prurit localisé ou généralisé (« œdème de Calabar »).
– Accès de prurit, sans autre signe.
– Passage d’une macrofilaire sous la peau : cordon rouge, palpable, sinueux, prurigineux, mobile (1 cm/
heure), disparaissant rapidement sans laisser de trace 1(see page 0) . Le passage d’une filaire sous la peau,
rarement spontané, survient généralement après la prise de diéthylcarbamazine.
Laboratoire
– Mise en évidence de microfilaires dans le sang périphérique (goutte épaisse colorée au Giemsa). Le
prélèvement doit être effectué entre 10 et 17 heures. Quantifier la microfilarémie même si le diagnostic
est certain car l’intensité de la charge parasitaire détermine la conduite du traitement.
– Dans les zones où l’onchocercose est co-endémique (principalement en Afrique centrale), rechercher
une onchocercose si la goutte épaisse est positive.
Traitement
Traitement antiparasitaire
– La diéthylcarbamazine (DEC) est le seul macrofilaricide disponible mais elle est contre-indiquée :
• Chez les patients dont la microfilarémie est > 2000 mf/ml (risque d’encéphalopathie sévère, de mauvais
pronostic).
• Chez les patients co-infectés par O. volvulus (risque de lésions oculaires sévères).
• Chez la femme enceinte, le nourrisson et en cas d’altération importante de l’état général.
– L’ivermectine (et éventuellement l’albendazole) sont utilisés pour réduire la microfilarémie avant
d’administrer la DEC mais l’ivermectine peut provoquer une encéphalopathie chez les patients très
fortement parasités (> 30 000 mf/ml).
– La doxycycline n’est pas indiquée puisque Wolbachia n'est pas présente chez L. loa.
– Conduite à tenir :
1) La microfilarémie de L. loa est < 1000-2000 mf/ml
La cure de DEC de 28 jours peut être démarrée à faible dose : 6 mg à J1, soit 1/8 de comprimé à 50
mg 2 fois par jour.
Doubler les doses chaque jour jusqu’à 200 mg 2 fois par jour chez l’adulte (1,5 mg/kg 2 fois par jour
chez l’enfant).
Si la microfilarémie ou les symptômes persistent, une 2e cure est débutée à 4 semaines d’intervalle.
Si la DEC est contre-indiquée en raison d’une co-infection possible ou confirmée par O. volvulus,
l’ivermectine (150 microgrammes/kg dose unique) permet de réduire le prurit, la fréquence des
œdèmes de Calabar et de traiter l’onchocercose.
Le traitement est éventuellement renouvelé tous les mois ou tous les 3 mois.
2) La microfilarémie de L. loa est comprise entre 2000 et 8000 mf/ml
Abaisser la microfilarémie avec ivermectine (150 microgrammes/kg dose unique) ; renouveler le
traitement tous les mois si nécessaire ; administrer la DEC quand la microfilarémie est < 2000 mf/ml.
3) La microfilarémie de L. loa est comprise entre 8000 et 30 000 mf/ml
Un traitement par l’ivermectine (150 microgrammes/kg dose unique) peut provoquer une
impotence fonctionnelle marquée pendant quelques jours. Une surveillance par l’entourage est
nécessaire 2(see page 0) . Prescrire également du paracétamol pour 7 jours.
4) La microfilarémie de L. loa est supérieure à 30 000 mf/ml
• L'abstention peut être préférable si la loase est bien tolérée car la maladie est bénigne et
l’ivermectine peut provoquer, bien que rarement, des effets secondaires très sévères
(encéphalopathie).
• Si la loase à un retentissement clinique important et/ou si le patient présente une
onchocercose symptomatique qu’il faut traiter, le traitement par ivermectine (150
microgrammes/kg dose unique) est administré sous surveillance de 5 jours en milieu
hospitalier 3(see page 0) . Il est possible d’essayer d’abaisser au préalable la microfilarémie de L.
loa avec un traitement par l’albendazole (200 mg 2 fois par jour pendant 3 semaines). Quand la
microfilarémie de L. loa est < à 30 000 mf/ml, traiter par ivermectine, avec une surveillance par
l’entourage, puis par la DEC quand la microfilarémie est < 2000 mf/ml.
1(see page 164) Pour le diagnostic différentiel, voir larva migrans cutanées(see page 161).
2(see page 165) Les patients peuvent présenter des algies diverses, ne pas pouvoir se déplacer sans aide ou ne
pas pouvoir se déplacer du tout. La surveillance consiste à déterminer si le patient reste
autonome pour ses besoins quotidiens, et à assurer ces besoins si nécessaire. Si le patient reste
alité plusieurs jours, s’assurer qu’il ne développe pas d’escarres (le mobiliser, le tourner).
3(see page 165) Une réaction sévère peut survenir vers J2-J3. Elle est presque toujours précédée d’hémorragies
La distribution de la FL est liée à la localisation des moustiques vecteurs (anophèle, Culex, Aedes, etc.) :
– W. bancrofti : Afrique sub-saharienne, Madagascar, Egypte, Inde, Asie du Sud-Est, Pacifique, Amérique
du Sud, Caraïbes
– B. malayi : Asie du Sud-Est, Chine, Inde, Sri Lanka
– B. timori : Timor
Les FL à W. bancrofti représentent 90% des cas et les FL à Brugia sp, 10% des cas.
Signes cliniques
– Manifestations aiguës inflammatoires récidivantes
• Adénolymphangite : adénopathie(s) et œdème rouge, chaud, douloureux, le long du trajet d’un vaisseau
lymphatique, avec ou sans signes généraux (p. ex. fièvre, nausées, vomissements). L’inflammation
touche le membre inférieur ou les organes génitaux externes ou le sein.
• Chez l’homme : inflammation aiguë du cordon spermatique (funiculite), de l’épididyme et du testicule
(orchi-épididymite).
Les poussées cèdent spontanément en une semaine et surviennent habituellement chez des patients
présentant des manifestations chroniques.
– Manifestations chroniques
• Lymphœdème : œdème lymphatique du membre inférieur ou des organes génitaux externes ou du sein,
secondaire à l’obstruction des voies lymphatiques par les macrofilaires. Le lymphœdème est d’abord
réversible puis devient chronique et de plus en plus sévère : hypertrophie de la région atteinte,
pachydermisation progressive de la peau (épaississement fibreux, formation de plis superficiels puis
profonds et de lésions verruqueuses). Le stade ultime du lymphœdème est l’éléphantiasis.
• Chez l’homme : augmentation du volume des bourses par accumulation de liquide dans la cavité
vaginale (hydrocèle, lymphocèle, chylocèle) ; orchi-épididymite chronique.
• Chylurie : urines laiteuses ou eau de riz (rupture d’un vaisseau lymphatique dans les voies urinaires).
Chez les patients parasités par Brugia sp, les lésions génitales et la chylurie sont rares ; le lymphœdème
est souvent confiné sous le genou.
Laboratoire
– Mise en évidence de microfilaires dans le sang périphérique (frottis, goutte épaisse) 1(see page 0) ; le
prélèvement doit être effectué entre 21 heures et 3 heures du matin.
– Dans les régions où la loase et/ou l’onchocercose sont co-endémiques, rechercher une co-infection si le
diagnostic de FL est positif.
Traitement
Traitement antiparasitaire
– Le traitement est administré en dehors d’une poussée aiguë.
– La doxycycline PO permet d’éliminer la majorité des macrofilaires et d’améliorer le lymphœdème,
uniquement si elle est administrée en cure prolongée : 200 mg une fois par jour pendant 4 semaines au
minimum. Elle est contre-indiquée chez l’enfant < 8 ans et la femme enceinte ou allaitante.
– La diéthylcarbamazine PO dose unique (400 mg chez l’adulte ; 3 mg/kg chez l’enfant) peut être une
alternative mais n’élimine qu’une partie des macrofilaires (jusqu’à 40%) et n’améliore pas les
symptômes ; un traitement prolongé n’a pas plus d’effet qu’une dose unique ; la DEC est de plus contre-
indiquée en cas d’onchocercose et de loase à microfilarémie > 2000 mf/ml ainsi que chez la femme
enceinte ou allaitante.
– L’ivermectine (effet macrofilaricide faible, sinon nul) et l’albendazole ne doivent pas être utilisés dans
le traitement individuel (absence d’effet sur les signes cliniques).
– En cas de co-infection probable ou confirmée par O. volvulus : traiter l’onchocercose(see page 162) puis
administrer la doxycycline.
Chirurgie
Peut être indiquée dans le traitement des manifestations chroniques : lymphœdème évolué (dérivation-
reconstruction), hydrocèle et ses complications, chylurie.
1(see page 167) En cas d’examen négatif chez un patient cliniquement suspect, on peut envisager la recherche
d’antigènes circulants (test rapide ICT) et/ou une échographie de la région inguinale à la
recherche de « nids de vers » (« filaria dance sign »).
2(see page 167) Lavage au moins une fois par jour (savon et eau à température ambiante), en insistant sur les
plis et les espaces interdigitaux ; rinçage soigneux et séchage avec un linge propre ; soin des
ongles.
Méningite bactérienne
• Signes cliniques(see page 170)
• Enfant de plus d’un an et adulte(see page 170)
• Enfant de moins d’un an(see page 170)
• Laboratoire(see page 170)
• Traitement d'un cas isolé de méningite(see page 171)
• Antibiothérapie(see page 171)
• Traitements complémentaires(see page 173)
• Traitement d'une méningite dans un contexte d’épidémie(see page 173)
• Antibiothérapie(see page 173)
• Traitements complémentaires(see page 174)
• Références(see page 174)
– La méningite bactérienne est une infection aiguë des méninges, pouvant se compliquer d’une atteinte
cérébrale et de séquelles neurologiques et auditives irréversibles.
– Il s'agit d'une urgence médicale. Le traitement repose sur l’administration parentérale précoce d’un
antibiotique pénétrant bien le liquide céphalorachidien (LCR). L’antibiothérapie est probabiliste en
l’absence d’identification du germe ou en l’attente de résultats en cours.
– Les germes les plus fréquemment en cause varient selon l’âge et/ou le contexte :
Cas isolés de méningite :
• Enfant de 0 à 3 mois :
Enfant ≤ 7 jours : bacilles Gram négatif (Klebsiella sp, E. coli, S.
marcescens, Pseudomona sp, Salmonella sp) et streptocoques du groupe B.
Enfant > 7 jours : S. pneumoniae (50% des méningites bactériennes)
L. monocytogenes est occasionnellement responsable de méningite durant cette période.
• Enfant de 3 mois à 5 ans : S. pneumoniae, H. influenza B et N. meningitidis
• Enfant de plus de 5 ans et adulte : S. pneumoniae et N. meningitidis
Situations particulières :
• Patient immunodéprimé (HIV, malnutrition) : proportion importante de bacilles Gram négatif
(notamment Salmonella sp) mais aussi M. tuberculosis
• Drépanocytose : Salmonella sp et S. aureus sont les germes les plus fréquents.
• Si la méningite est associée à une infection cutanée ou une fracture du crâne, une infection à S.
aureus est possible.
Signes cliniques
Le tableau clinique dépend de l’âge du patient.
Laboratoire
– Ponction lombaire (PL)
• Examen macroscopique du LCR ; débuter immédiatement l'antibiothérapie si la PL ramène un LCR
trouble.
• Examen microscopique : coloration de Gram (une coloration de Gram négative n’élimine pas le
diagnostic) et numération leucocytaire.
• En contexte épidémique, une fois l’étiologie méningococcique confirmée, la PL n'est plus systématique
pour les nouveaux cas.
Chez le nouveau-né :
> 20
Chez
l’immunodéprimé,
le nombre de
leucocytes
peut être < 100
Antibiothérapie
Pour le choix de l’antibiothérapie et les posologies selon l’âge, voir tableau ci-dessous.
Adulte ceftriaxone IV : 4 g une fois par jour ou 2 g cloxacilline IV : 2 g toutes les 6 heures
toutes les 12 heures +
ceftriaxone IV : 4 g une fois par jour ou 2 g
toutes les 12 heures
Durée de l’antibiothérapie :
1) En fonction du germe :
• Haemophilus influenzae : 7 jours
• Streptococcus pneumoniae : 10-14 jours
• Streptocoque groupe B et Listeria : 14-21 jours
• Bacilles Gram négatif : 21 jours
• Neisseria meningitidis : voir antibiothérapie dans un contexte épidémique
2) Si l’étiologie n’est pas connue :
Enfant < 3 mois : 2 semaines après la stérilisation du LCR ou 21 jours
Enfant > 3 mois et adulte : 10 jours. Il faut envisager de prolonger le traitement –ou de reconsidérer le
diagnostic– si la fièvre persiste au-delà de 10 jours. En revanche, un traitement de 7 jours par la
ceftriaxone suffit chez les patients répondant rapidement au traitement.
Traitements complémentaires
– L’administration précoce de dexaméthasone réduit le risque de déficit auditif chez les patients atteints
de méningite à H. influenzae ou S. pneumoniae.
Elle est indiquée dans les méningites dues à ces germes ou lorsque l’agent bactérien en cause est
inconnu, sauf chez le nouveau-né (et dans les méningites présumées méningocciques en contexte
épidémique).
dexaméthasone IV1(see page 174),2(see page 174)
Enfant > 1 mois : 0,15 mg/kg (max. 10 mg) toutes les 6 heures pendant 2 à 4 jours
Adulte : 10 mg toutes les 6 heures pendant 2 à 4 jours
Le traitement doit être débuté avant ou avec la première dose d’antibiotique, sinon il n’apporte aucun
bénéfice.
– Assurer une bonne alimentation et une bonne hydratation (perfusions, sonde nasogastrique si
nécessaire).
– Convulsions(see page 17) (Chapitre 1).
– Coma : prévention d'escarres, soins de bouche, soins d'yeux, etc.
Antibiothérapie
N. meningitidis est le germe le plus probable.
Enfant ≥ 2 mois et adulte ceftriaxone IV 1(see page 0) ou IM 2(see page 0) pendant 5 jours
Enfant de 2 mois à < 5 ans : 100 mg/kg une fois jour (max. 2 g par jour)
Enfant ≥ 5 ans et adulte : 2 g une fois par jour
Remarque :
Un protocole de ceftriaxone en une dose IM peut être utilisé chez les enfants à partir de l’âge de 2 ans et
les adultes en cas d’épidémie de méningite à méningocoque si celle-ci est 1) confirmée par un
laboratoire de référence et 2) dépasse les capacités de prise en charge avec le traitement de 5 jours.
S’informer du protocole national. Néanmoins, il est essentiel de s’assurer du suivi des cas après 24
heures.
ceftriaxone IM 2(see page 0)
Traitements complémentaires
– Assurer une bonne alimentation et une bonne hydratation (perfusions, sonde nasogastrique si
nécessaire).
– Convulsions(see page 17) (Chapitre 1).
– Coma : prévention d'escarres, soins de bouche, soins d'yeux, etc.
– L’administration de dexaméthasone n’est pas indiquée.
1(see page 173) Le solvant de la ceftriaxone pour injection IM contient de la lidocaïne. Reconstituée avec ce
solvant, la ceftriaxone ne doit jamais être administrée en IV. Pour l’administration IV, utiliser
uniquement de l’eau pour préparation injectable. [ a(see page 173) b(see page 173) ]
2(see page 173) Pour la voie IM, administrer la moitié de la dose dans chaque fesse si nécessaire. [ a(see page 173)
Références
1. D. van de Beek, C. Cabellos, O. Dzupova, S. Esposito, M. Klein, A. T. Kloek, S. L. Leib, B. Mourvillier, C.
Ostergaard, P. Pagliano, H.W. Pfister, R. C. Read, O. Resat Sipahi, M.C. Brouwer. ESCMID guideline:
diagnosis and treatment of acute bacterial meningitis, 2016.
https://www.clinicalmicrobiologyandinfection.com/article/S1198-743X(16)00020-3/pdf
Tétanos
• Signes cliniques(see page 175)
• Enfant et adulte(see page 175)
• Nouveau-né(see page 175)
• Traitement(see page 175)
• Soins de base(see page 176)
• Neutralisation de la toxine(see page 176)
• Inhibition de la production de la toxine(see page 176)
• Contrôle de la rigidité et les spasmes et sédation du patient(see page 176)
• Contrôle de la douleur(see page 178)
• Traitement de la porte d’entrée et des infections associées(see page 178)
– Le tétanos est une infection sévère due au bacille Clostridium tetani présent dans le sol et les déjections
humaines et animales. L’infection n’est pas contagieuse.
– Clostridium tetani est introduit dans l’organisme à partir d’une plaie et produit une toxine dont l’action
sur le système nerveux central est responsable des symptômes du tétanos.
– Le tétanos est entièrement évitable par la vaccination. Il survient chez les personnes qui n’ont pas été
correctement vaccinées avant l’exposition ou n’ont pas bénéficié d’une prophylaxie adéquate
immédiatement après l’exposition. Chez ces personnes, la plupart des effractions cutanées ou
muqueuses comportent un risque de tétanos, mais les plaies comportant le plus de risque sont : le
moignon du cordon ombilical chez le nouveau-né, les plaies punctiformes, les plaies avec perte de
substance ou corps étrangers ou souillées de terre, les plaies par arrachement ou écrasement, les sites
d’injections non stériles, les plaies chroniques (p. ex. ulcères des membres inférieurs), les brûlures et
morsures. Les interventions chirurgicales et obstétricales réalisées dans des conditions d'asepsie
insuffisantes présentent aussi un risque de tétanos.
Signes cliniques
Le tétanos généralisé est la forme la plus fréquente et la plus sévère de l’infection. Il se manifeste par une
rigidité musculaire qui s’étend rapidement à l’ensemble du corps et par des spasmes musculaires très
douloureux. La conscience n’est pas altérée.
Enfant et adulte
– Le délai médian d’apparition des symptômes est de 7 jours (3 à 21 jours).
– La rigidité musculaire débute au niveau des muscles de la mâchoire (difficulté puis impossibilité
d’ouvrir la bouche [trismus], empêchant le malade de parler, de s’alimenter), s’étend à la face (sourire
figé), au cou (troubles de la déglutition), au tronc (limitation des mouvements respiratoires ;
hyperextension du rachis [opisthotonos]), à l’abdomen (défense abdominale) et aux membres (membres
sup. en flexion, membres inf. en extension).
– Les spasmes musculaires, très douloureux, apparaissent d’emblée ou lorsque la rigidité musculaire
s’est généralisée. Ils sont déclenchés par des stimuli (bruit, lumière, toucher) ou surviennent
spontanément. Les spasmes du thorax et du larynx peuvent provoquer une détresse respiratoire ou une
fausse route.
Nouveau-né
– Dans 90% des cas, les premiers signes apparaissent dans les 3 à 14 jours suivant la naissance.
– Les premiers signes sont une grande irritabilité et une difficulté à téter (rigidité des lèvres, trismus) puis
la rigidité musculaire devient générale, comme chez l’adulte. Un nouveau-né qui tète et pleure
normalement au cours des 2 premiers jours de vie puis devient irritable, cesse de téter entre 3 et 28 jours
de vie et présente une rigidité et des spasmes musculaires, est atteint du tétanos.
Traitement
L’hospitalisation est indispensable et dure en moyenne 3 à 4 semaines. La mortalité peut être réduite si
la prise en charge est correcte, même dans les hôpitaux à ressources limitées.
Soins de base
– Assurer une surveillance infirmière intensive.
– Placer le patient dans une chambre calme et sombre. Pour le nouveau-né, placer un bandeau sur les
yeux.
– Manipuler le patient avec précaution, sous sédation et le moins possible ; changer de position toutes
les 3 à 4 heures pour éviter les escarres.
– Apprendre à la famille les signes de gravité et leur demander d’appeler l’infirmière au moindre
symptôme respiratoire (toux, difficulté à respirer, apnée, sécrétions abondantes, cyanose, etc.).
– Poser une voie veineuse : hydratation, injections dans la tubulure de la perfusion.
– Aspiration douce des sécrétions (nez, oropharynx).
– Poser une sonde gastrique pour hydratation, alimentation et administration des médicaments oraux.
– Hydrater et alimenter en repas fractionnés sur 24 heures. Chez le nouveau-né, donner le lait maternel
(tire-lait) toutes les 3 heures (risque d’hypoglycémie).
Neutralisation de la toxine
immunoglobuline humaine antitétanique IM
Nouveau-né, enfant et adulte : 500 UI dose unique, à injecter dans 2 sites séparés
Exemple :
Nouveau-né de 3 kg (administration à la seringue électrique)
0,1 mg/kg/heure x 3 kg = 0,3 mg/heure
Diluer 1 ampoule de 10 mg de diazépam émulsion pour injection dans 50 ml de glucose 10%
pour obtenir une solution à 0,2 mg de diazépam par ml. Administrer 1,5 ml/heure [dose (en
mg/heure) ÷ dilution (en mg/ml) = dose en ml/heure soit 0,3 (mg/heure) ÷ 0,2 (mg/ml) = 1,5 ml/
heure].
Exemples :
Contrôle de la douleur
morphine PO (par SNG), si nécessaire (voir Douleur(see page 25), Chapitre 1).
La surveillance doit être renforcée si la morphine est administrée avec le diazépam (risque de dépression
respiratoire majoré). Lorsque la morphine n’est plus nécessaire, réaliser un sevrage comme pour le
diazépam.
Vaccination antitétanique
La vaccination antitétanique est administrée une fois le patient guéri étant donné que le tétanos n’est
pas une maladie immunisante.
En cas de tétanos néonatal, penser également à entreprendre la vaccination de la mère.
Prévention du tétanos
La prévention est capitale compte tenu de la difficulté à traiter le tétanos déclaré.
1) Prophylaxie post-exposition
– Dans tous les cas :
• Nettoyage et désinfection la plaie ; ablation des corps étrangers.
• Pas d’antibiothérapie systématique à visée préventive. La décision d’instaurer une antibiothérapie
(métronidazole ou pénicilline) doit être prise au cas par cas, en fonction de l’état clinique du patient.
– En fonction du statut vaccinal antérieur à l’exposition :
Vaccination antitétanique (VAT) 5(see page 0) et immunoglobuline : voir indications ci-dessous.
vaccin antitétanique IM
Enfant et adulte : 0,5 ml par dose
Si vaccination absente ou statut inconnu : administrer au minimum 2 doses à 4 semaines d’intervalle.
Si vaccination incomplète : administrer une dose.
Ensuite, pour obtenir une protection de longue durée, compléter jusqu’à 5 doses selon le tableau ci-
dessous.
immunoglobuline humaine antitétanique IM
Enfant et adulte : 250 UI dose unique ; 500 UI en cas de plaie datant de plus de 24 heures
Injecter le vaccin et l’immunoglobuline en 2 points différents, en utilisant 2 seringues différentes.
1(see page 176) La clindamycine IV pendant 7 jours est une alternative (pour les doses, voir Cellulite
périorbitaire et orbitaire(see page 128), Chapitre 5).
2(see page 177) Utiliser la voie rectale pour la première dose si une voie IV ne peut pas être placée
immédiatement.
3(see page 178) Administration du diazépam PO chez l'enfant : calculer la dose exacte de diazépam, p. ex., pour
– Les fièvres entériques sont des infections systémiques dues à des bactéries du genre Salmonella, à
point de départ intestinal puis diffusion sanguine à travers le système lymphatique.
– La fièvre typhoïde est due à Salmonella enterica serotype Typhi et la fièvre paratyphoïde à Salmonella
enterica serotype Paratyphi A, B ou C.
– La transmission est directe (mains sales) ou indirecte (consommation d'eau ou d'aliments contaminés
par des selles de malades ou de porteurs sains).
– Les fièvres entériques sont endémiques dans le sous continent indien, en Asie du Sud-Est, en Afrique
subsaharienne et en Amérique latine dans une moindre mesure1(see page 184) ; elles touchent principalement
les enfants de moins de 15 ans.
Signes cliniques
Fièvre typhoïde
Les manifestations cliniques sont variables, avec des formes modérées et des formes sévères.
– Le signe caractéristique est une fièvre prolongée, modérée (38-39 °C) ou élevée (40-41 °C). L'ascension
est progressive au cours de la première semaine, la fièvre reste en plateau la deuxième semaine puis
baisse entre la troisième et la quatrième semaine.
– Elle s'accompagne de signes et symptômes non spécifiques : troubles digestifs (douleurs abdominales,
constipation ou diarrhée, vomissements), céphalées, malaise, frissons, asthénie, anorexie, toux non
productive et/ou splénomégalie.
– Certains signes plus spécifiques peuvent être présents : éruption cutanée maculaire érythémateuse au
niveau du tronc (5 à 30% des patients), tuphos (état de stupeur et d'abattement extrême), bradycardie
relative (dissociation pouls-température).
– Des complications graves, principalement digestives (hémorragie digestive, perforation intestinale,
péritonite) surviennent dans 10 à 15% des cas. Chez la femme enceinte, risque de
complications fœtales (avortement, accouchement prématuré, mort in utero).
Le diagnostic clinique est difficile car la maladie ressemble à d'autres infections présentent dans les
zones où les fièvres entériques sont endémiques. Les principaux diagnostics différentiels
sont : paludisme(see page 132), brucellose(see page 184), leptospirose(see page 188), typhus(see page
193) et dengue(see page 211).
Fièvre paratyphoïde
La fièvre paratyphoïde donne les mêmes symptômes que la fièvre typhoïde mais la maladie est en
général plus courte et moins grave.
Laboratoire
– Dans tous les cas, éliminer un paludisme dans les régions endémiques (test rapide).
– Diagnostic : culture de Salmonella Typhi ou Paratyphi et antibiogramme (échantillon de sang la
première semaine ou de selles à partir de la deuxième semaine). Pour les hémocultures prélever 10 ml de
sang.
– Autres examens :
• Numération-formule sanguine : une numération des leucocytes normale ou basse peut être un élément
d'orientation.
• Sérodiagnostic de Widal et Felix : ce test reste utilisé dans certains pays d’endémie en raison de son
faible coût. Le seuil de positivité du test est différent suivant la région. Il ne doit pas être réalisé avant la
deuxième semaine de la maladie. Il faut 2 prélèvements à 10-15 jours d'intervalle pour mettre en
évidence une augmentation du titre d'anticorps. Sa spécificité et sa sensibilité sont faibles.
Traitement
– Hydrater et traiter la fièvre(see page 22) (Chapitre 1), celle-ci ne diminuant pas avant 4 à 5 jours après le
début de l'antibiothérapie.
– Cas non compliqués (environ 90% des patients) : antibiothérapie par voie orale pendant 7 jours en
ambulatoire.
– Cas sévères (p. ex. altération de l'état général, troubles neurologiques, impossibilité de traitement par
voie orale due à des vomissements persistants, etc.) et femmes enceintes : hospitaliser et débuter
l'antibiothérapie par voie parentérale puis prendre le relais par voie orale dès que possible pour
compléter 14 jours (voire 21 jours) de traitement. Surveiller étroitement ces patients pour détecter
rapidement une complication (aggravation des douleurs abdominales, météorisme et défense
abdominale, déshydratation, etc.).
– Choix de l'antibiothérapie : le choix dépend de la sensibilité de la souche aux antibiotiques, ou à défaut,
des données récentes de sensibilité des souches isolées dans la région. L'apparition de souches
multirésistantes (résistantes aux antibiotiques de première intention : chloramphénicol, ampiciline et
cotrimoxazole) a conduit à l’utilisation fréquente des fluoroquinolones. La résistance aux
fluoroquinolones est actuellement endémique en Asie2(see page 184).
Antibiothérapie en dehors de la grossesse et de l'allaitement
Résistance à la azithromycine PO
ciprofloxacine Enfant : 10 à 20 mg/kg une fois par jour (max. 1 g par jour)
Adulte : 1 g une fois par jour
ou
céfixime PO
Enfant : 10 mg/kg 2 fois par jour (max. 400 mg par jour)
Adulte : 200 mg 2 fois par jour
co-trimoxazole PO
Enfant : 20 mg SMX + 4 mg TMP/kg 2 fois par jour (max. 1600 mg SMX +
320 mg TMP par jour)
Adulte : 800 mg SMX + 160 mg TMP 2 fois par jour
Cas sévères
ampicilline IV
Enfant : 50 mg/kg toutes les 6 à 8 heures (max. 3 g par jour)
Adulte : 1 g toutes les 6 à 8 heures
Prévention
– Mesures d'hygiène communes à toutes les diarrhées : lavage des mains ; consommation d'eau traitée
(chlorée, bouillie, en bouteille, etc.) ; lavage/cuisson des aliments, etc.
– A l'hôpital : désinfection des excréments avec une solution chlorée 2%.
– Vaccination avec le vaccin conjugué contre la typhoïde en zones endémiques3(see page 184) :
• Vaccination de routine : une dose unique (0,5 ml) en même temps que les autres vaccins administrés à
l’âge de 9 mois ou au cours de la deuxième année de vie.
• Vaccination de rattrapage (même dose) jusqu’à l’âge de 15 ans : selon les recommandations nationales.
Ce vaccin peut être utilisé dans le cadre du contrôle d’une épidémie de typhoïde.
Il ne protège pas contre la fièvre paratyphoïde.
1(see page 183) Le solvant de la ceftriaxone pour injection IM contient de la lidocaïne. Reconstituée avec ce
solvant, la ceftriaxone ne doit JAMAIS être administrée en IV. Pour l’administration IV, utiliser
uniquement de l’eau pour préparation injectable.
Références
1. Crump JA, Mintz ED. Global trends in typhoid and paratyphoid fever. Clin Infect Dis.
2010;50(2):241-6.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2798017/pdf/nihms154999.pdf [consulté le 15
novembre 2018]
2. John Wain, Rene S Hendriksen, Matthew L Mikoleit, Karen H Keddy, R Leon Ochiai. Typhoid fever.
Seminar. Lancet4. 2015 Mar 21;385(9973):1136-45.
Brucellose
Dernière mise à jour : Octobre 2020
Signes cliniques
Forme aiguë (primo-invasion)
– Fièvre (39-40 °C) continue ou irrégulière, associée à plusieurs signes ou symptômes : frissons, sueurs
nocturnes, douleurs articulaires et musculaires, perte de poids, asthénie, malaise, céphalées ;
adénopathies (surtout chez l'enfant).
– Peuvent être associés : troubles digestifs non spécifiques, toux, hépato et/ou splénomégalie, arthrite
(genou), orchite.
Le diagnostic est difficile en raison de la diversité des manifestation cliniques. Les signes sont fluctuants
et non spécifiques. Devant une fièvre d’origine indéterminée, penser à la brucellose s'il existe des
facteurs de risque d'infection : consommation de produits laitiers crus ; exposition au bétail (p. ex.
éleveurs, vétérinaires, bouchers, équarrisseurs).
4 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25458731
Infection focalisée
Des formes focalisées peuvent apparaître après l'infection aiguë (y compris plusieurs mois ou années
après). Les foyers sont principalement :
– ostéo-articulaires: articulations sacro-iliaques, des membres inférieurs notamment ; rachis
(infection5 d'un disque intervertébral6, ostéomyélite vertébrale)
– génito-urinaires : orchite, épididymite
– pulmonaires : bronchite, pneumonie, pleurésie
– neurologiques : méningite, encéphalite, polynévrite
Examens complémentaires
Laboratoire
− L’examen de référence est la culture (hémoculture) qui n’est positive qu'en phase aiguë. La bactérie
pousse lentement (7 à 21 jours).
– Les tests sérologiques (Rose Bengale, séroagglutination de Wright, immunofluorescence indirecte,
ELISA, etc.) ont une valeur présomptive.
– En cas de signes neurologiques ou de méningite, la ponction lombaire montre : liquide clair pouvant
contenir de nombreux leucocytes ; protéinorachie élevée ; hypoglycorachie.
– Éliminer un paludisme dans les régions endémiques (test rapide).
– Éliminer une tuberculose en cas de toux > 2 semaines (examen des crachats).
Radiographie
− Douleurs articulaires (hanches, genoux, chevilles, vertèbres, articulation sacro-iliaque) : petites
érosions ou destructions ou perte d’espace articulaire. Le rachis est souvent touché, en particulier le
rachis lombaire, provoquant une spondylodiscite.
− Signes pulmonaires : radiographie pulmonaire souvent normale. Une consolidation, des nodules, une
lymphadénopathie, un épanchement pleural peuvent être présents.
Traitement
S'informer du protocole national pour l'antibiothérapie. A titre indicatif :
5 https://fr.wikipedia.org/wiki/Infection
6 https://fr.wikipedia.org/wiki/Disque_intervert%C3%A9bral
co-trimoxazole PO pendant 6 semaines
Enfant < 8 ans : 20 mg SMX + 4 mg TMP/kg 2 fois par jour
rifampicine PO pendant 6 semaines
Enfant : 15 à 20 mg/kg une fois par jour (max. 600 mg par jour)
Adulte : 600 à 900 mg une fois par jour
gentamicine IM pendant 2 semaines
Enfant et adulte : 5 mg/kg une fois par jour
streptomycine IM pendant 2 semaines
Adulte : 1 g une fois par jour
Pour les formes focalisées, même traitement pour une durée de 6 semaines à 4 mois en fonction du
foyer.
Prévention
– Hygiène des mains et des vêtements au contact du bétail.
– Faire bouillir le lait, éviter la consommation de produits laitiers crus, bien faire cuire les abats.
Peste
• Signes cliniques et évolution(see page 186)
• Laboratoire(see page 187)
• Conduite à tenir et traitement(see page 187)
• Traitement des cas suspectés ou confirmés(see page 187)
• Chimioprophylaxie des contacts(see page 188)
• Prévention(see page 188)
– Zoonose due au bacille à Gram négatif Yersinia pestis touchant essentiellement les rongeurs sauvages
et domestiques.
– La transmission à l'homme peut être indirecte (piqûres de puces) ou directe (contact de la peau
excoriée avec le rongeur). La contamination interhumaine s'effectue par l’intermédiaire de piqûres de
puces et par voie aérienne pour la forme pulmonaire.
– De vastes foyers d'infection animale persistent en Asie, Afrique, Madagascar, Amérique du Nord et du
Sud 1(see page 0) .
– La peste septicémique est une complication de la peste bubonique non traitée, à évolution foudroyante.
– La peste pulmonaire est une forme très contagieuse : fièvre élevée, frissons, céphalées, myalgies
associés à une toux quinteuse, des hémoptysies et une détresse respiratoire. Cette forme est rapidement
évolutive et mortelle en l’absence de traitement. Il s’agit soit d’une complication de la peste bubonique
soit d'une infection primaire, consécutive à une transmission aérienne.
Occasionnellement, la maladie peut prendre la forme d’une méningite pesteuse.
Laboratoire
– Isoler le germe (examen direct et culture) par ponction du bubon, hémoculture, prélèvement de
crachats ou ponction lombaire, selon la forme.
– Sérologie ELISA rapidement positive après le début de la maladie.
– Le transport des prélèvements nécessite une chaîne de froid (à défaut, ne pas dépasser 30 °C).
Prévention
– La lutte contre les puces joue un rôle essentiel dans le contrôle d'une épidémie.
– Prévention à long terme : assainissement et lutte contre les rats.
– Le vaccin contre la peste est réservé au personnel de laboratoire manipulant des rongeurs et n'est pas
un moyen de lutte en cas d’épidémie.
1(see page 186) Pour plus d'information sur la distribution des foyers naturels : http://www.who.int/csr/
disease/plague/Plague-map-2016.pdf
Leptospirose
• Signes cliniques(see page 189)
• Laboratoire(see page 189)
• Traitement(see page 190)
• Prévention(see page 190)
• Références(see page 191)
Signes cliniques
Environ 90% des patients ont une forme modérée d’évolution favorable. 5 à 15% des patients ont une
forme sévère avec des atteintes viscérales multiples et une mortalité élevée.
Forme modérée
– Phase aiguë (septicémique)
• Fièvre élevée d’apparition brutale avec frissons, céphalées, douleurs musculaires (en particulier des
mollets), photophobie, douleurs oculaires, hémorragie conjonctivale bilatérale très fréquente.
• Peuvent être associés : symptômes digestifs (anorexie, douleurs abdominales, nausées, vomissements),
toux non productive, adénopathies, hépatomégalie.
– Phase immune : les signes de la phase aiguë régressent après 5 à 7 jours puis réapparaissent pendant
quelques jours sous une forme en générale atténuée (fièvre moins élevée, myalgies moins sévères) puis
disparaissent.
Forme sévère ou ictéro-hémorragique
Début identique mais après quelques jours, aggravation du tableau clinique : atteinte rénale (oligurie ou
polyurie), atteinte hépatique (ictère), hémorragies diffuses (purpura, ecchymoses, épistaxis, hémoptysie,
etc.), signes pulmonaires (douleurs thoraciques) ou cardiaque (myocardite, péricardite).
Le diagnostic clinique est difficile en raison de la diversité des tableaux cliniques. Considérer comme
un cas suspect de leptospirose un patient présentant :
• une fièvre + 2 des signes suivants : myalgies, tension musculaire des mollets, hémorragie
conjonctivale, frissons, douleurs abdominales, céphalées, ictère ou oligurie
et
• un ou des facteurs de risque d'infection : contact avec les eaux douces de surface potentiellement
contaminées (p. ex. baignade, pêche, rizières, inondation) ou profession à risque (p. ex. agriculteurs,
éleveurs, vétérinaires, bouchers, équarrisseurs, mineurs).
Laboratoire
Dans tous les cas, éliminer un paludisme dans les régions endémiques (test rapide).
Diagnostic
Le diagnostic biologique est difficile à obtenir ; il est réalisé uniquement en cas de forte suspicion de
leptospirose (sur un échantillon de sang) :
– Sérologie :
• entre 0 et 7 jours : PCR en temps réel (diagnostic précoce) ;
• au-delà de 7 jours : test micro-agglutination (MAT) ; le dosage des IgM par la méthode ELISA a une valeur
présomptive ;
• au-delà de 10 jours : tests MAT et ELISA IgM uniquement.
– Culture : usage limité (bactéries à croissance lente, milieu de culture spécial).
Examens complémentaires (si disponible)
– Numération-formule sanguine : hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles, thrombopénie ou
anémie possible.
– Urines : protéinurie, leucocyturie, parfois hématurie microscopique.
Traitement
L'OMS recommande de ne pas attendre les résultats des tests diagnostiques pour administrer une
antibiothérapie sur la base d'une suspicion clinique et épidémiologique1(see page 191),2(see page 191).
Forme modérée (en ambulatoire)
– Repos et traitement de la fièvre(see page 22) : paracétamol PO (Chapitre 1).
– L’acide acétylsalicylique (aspirine) est contre-indiqué (risque hémorragique).
– Antibiothérapie :
doxycycline PO (sauf chez l’enfant de moins de 8 ans et la femme enceinte ou allaitante) pendant 7 jours
Enfant de 8 ans et plus : 1 à 2 mg/kg 2 fois par jour (max. 100 mg par dose)
Adulte : 100 mg 2 fois par jour
ou
azithromycine PO pendant 3 jours
Enfant : 10 mg/kg en une prise à J1 (max. 500 mg) puis 5 mg/kg une fois par jour à J2 et J3 (max. 250 mg
par jour)
Adulte : 1 g en une prise à J1 puis 500 mg une fois par jour à J2 et J3
ou, à défaut,
amoxicilline PO pendant 7 jours
Enfant : 25 mg/kg 2 fois par jour
Adulte : 1 g 2 fois par jour
Le traitement antibiotique peut induire une réaction de Jarisch-Herxheimer (fièvre élevée,
frissons, chute de la pression artérielle et parfois choc). Il est recommandé de garder le patient en
observation pendant les 2 heures qui suivent la première dose d’antibiotique pour prendre en charge
une réaction sévère (traitement symptomatique du choc).
Forme sévère (à l'hôpital)
– Prise en charge spécifique en fonction des organes atteints.
– Antibiothérapie :
ceftriaxone IV pendant 7 jours 1(see page 0)
Enfant : 80 à 100 mg/kg une fois par jour (max. 2 g par jour)
Adulte : 2 g une fois par jour
Prévention
– Eviter les bains si notion d'endémie.
– Désinfection du linge et des objets du patient souillés par l’urine.
– Vaccination et tenues de protection (uniquement pour les professionnels exposés).
1(see page 190) Pour l'administration IV de ceftriaxone, utiliser uniquement de l'eau pour préparation
injectable comme solvant.
Références
1. World Health Organization. Human leptospirosis : guidance for diagnosis, surveillance and
control. Geneva, 2003.
http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/42667/WHO_CDS_CSR_EPH_2002.23.pdf?
sequence=1&isAllowed=y [consulté le 2 octobre 2018]
Les fièvres récurrentes (FR) sont dues à des spirochètes du genre Borrelia, transmises à l’homme par des
arthropodes vecteurs.
La FRP est due à Borrelia recurrentis. La maladie évolue sur un mode épidémique lorsque les conditions
favorables à la propagation de poux de corps sont réunies : saison froide, promiscuité et mauvaises
conditions d’hygiène (p. ex. camps de réfugiés, prisons). Les foyers endémiques se situent
principalement au Soudan, dans la Corne de l’Afrique et en particulier en Ethiopie. La FRP peut être
associée au typhus épidémique (voir Rickettsioses éruptives(see page 193)). En l’absence de traitement, la
mortalité varie de 15 à 40%.
Signes cliniques
– La principale caractéristique des FR est la succession d’épisodes fébriles séparés par des phases
apyrétiques d’environ 7 jours (4 à 14 jours).
– Le premier accès dure environ 6 jours :
• Fièvre élevée (température axillaire > 39 °C) d’apparition brutale, céphalées et fatigue intenses, algies
diffuses (myalgies, lombalgies, arthralgies), souvent associés à des troubles digestifs (anorexie, douleurs
abdominales, vomissements, diarrhée).
• Une splénomégalie est fréquente ; des signes hémorragiques (p. ex. pétéchies, injection conjonctivale,
épistaxis, gingivorrhagie), un ictère et des troubles neurologiques peuvent être présents.
• L’épisode fébrile s’achève par une « crise » avec élévation de la température, du pouls et de la pression
artérielle, suivie d’une défervescence thermique et d’une hypotension pouvant durer plusieurs heures.
– Après le premier accès, des récurrences fébriles se produisent, de moins en moins sévères et une
immunité de courte durée s’installe.
– Complications :
• collapsus au cours de la défervescence, myocardite, hémorragie cérébrale ;
• au cours de la grossesse : avortement, accouchement prématuré, mort fœtale in utero, décès néonatal.
En pratique, dans un contexte épidémiologique compatible (voir ci-dessus), un cas suspect de FRP est,
selon la définition de l’OMS, un patient présentant une fièvre élevée associée à deux des signes suivants :
arthralgies sévères, frissons, ictère ou signe d’hémorragie (épistaxis ou autre) ou un patient présentant une
fièvre élevée répondant mal au traitement antipaludique. Les vêtements doivent être examinés à la
recherche de poux de corps et lentes.
Laboratoire
Le diagnostic est confirmé par la mise en évidence de Borrelia dans le sang par frottis et goutte épaisse
(coloration par le Giemsa). Le prélèvement doit impérativement être réalisé lors des périodes fébriles.
Les spirochètes ne sont pas visibles dans le sang périphérique pendant les phases afébriles. De plus, le
nombre de spirochètes circulant tend à décroître à chaque nouvel épisode fébrile.
Traitement
– Antibiothérapie (cas suspects ou confirmés et contacts proches) :
doxycycline PO 1(see page 0)
Enfant de moins de 8 ans : 4 mg/kg (max. 100 mg) dose unique
Enfant de 8 ans et plus : 100 mg dose unique
Adulte : 200 mg dose unique
ou
érythromycine PO
Enfant ≤ 5 ans : 250 mg dose unique
Enfant > 5 ans et adulte : 500 mg dose unique
– Traitement des douleurs et de la fièvre(see page 22) (paracétamol PO) et prévention ou traitement de la
déshydratation en cas de diarrhée associée.
– L’élimination des poux de corps est essentielle au contrôle de l’épidémie (voir Poux(see page 102),
Chapitre 4).
1(see page 192) La doxycycline est habituellement contre-indiquée chez l’enfant de moins de 8 ans et la femme
enceinte ou allaitante. Toutefois, en l'absence d'érythromycine, elle peut être utilisée dans le
traitement de la fièvre récurrente à poux, l'administration d'une dose unique ne devant pas
induire d'effets indésirables.
Les FRT sont dues à plusieurs autres espèces de Borrelia. Elles sont endémiques dans les régions chaudes
et tempérées du monde, notamment en Afrique (Tanzanie, RDC, Sénégal, Mauritanie, Mali, Corne de
l’Afrique) et principalement en milieu rural. Elles représentent une cause importante de mortalité et de
morbidité chez les femmes enceintes et les enfants. En l’absence de traitement, la mortalité varie de 2 à
15%.
Signes cliniques
Même présentation et complications que pour la FRP mais les troubles neurologiques (notamment
paralysie des nerfs crâniens et méningite lymphocytaire) sont plus fréquents et le nombre de récurrences
est plus important que dans la FRP.
Le diagnostic clinique est difficile, en particulier lors du premier accès : les cas sont sporadiques ; la
morsure de la tique est indolore et passe habituellement inaperçue ; les symptômes ressemblent à ceux
du paludisme, de la fièvre typhoïde, de la leptospirose, de certaines arboviroses (fièvre jaune, dengue) ou
rickettsioses et de la méningite.
Laboratoire
– Comme pour la FRP, le diagnostic repose sur la mise en évidence de Borrelia dans le sang.
– En cas de forte suspicion clinique, renouveler les examens si le premier frottis est négatif.
Traitement
– Antibiothérapie :
doxycycline PO (sauf chez l’enfant de moins de 8 ans et la femme enceinte ou allaitante)
Enfant de 8 ans et plus : 50 mg 2 fois par jour ou 100 mg une fois par jour pendant 7 jours
Adulte : 100 mg 2 fois par jour ou 200 mg une fois par jour pendant 7 jours
ou
érythromycine PO
Enfant de moins de 8 ans : 25 mg/kg 2 fois par jour pendant 7 jours
Femme enceinte ou allaitante : 1 g 2 fois par jour pendant 7 jours
– Traitement des douleurs et de la fièvre(see page 22) (paracétamol PO) et prévention ou traitement de la
déshydratation en cas de diarrhée associée.
Le traitement antibiotique peut induire une réaction de Jarisch-Herxheimer (fièvre élevée,
frissons, chute de la pression artérielle et parfois choc). Il est recommandé de garder le patient en
observation pendant les 2 heures qui suivent la première dose d’antibiotique pour prendre en charge
une réaction sévère (traitement symptomatique du choc). La réaction de Jarish-Herxheimer semble plus
fréquente dans la FRP que dans les FRT.
Rickettsioses éruptives
• Signes cliniques(see page 194)
• Laboratoire(see page 195)
• Traitement(see page 195)
• Prévention(see page 195)
Signes cliniques
– Les différentes formes associent des signes communs :
• Fièvre supérieure à 39 °C de début brutal avec céphalées intenses et myalgies.
• 3 à 5 jours après : apparition d’un exanthème généralisé (voir ci-dessous).
• Hypotension, pouls rapide non dissocié (inconstants).
• Tuphos associant obnubilation, confusion et asthénie extrême, surtout marqué dans les typhus.
• Escarre d’inoculation (tache noire) : lésion croûteuse indolore cernée d’un halo érythémateux au point
de piqûre. A rechercher systématiquement car elle permet une orientation diagnostique.
• Signes extra-cutanés variables d’une forme à l’autre, peu typiques et inconstants (voir ci-dessous).
– Les complications peuvent être graves, parfois mortelles : encéphalite, myocardite, hépatite,
insuffisance rénale aiguë, hémorragie, etc.
Laboratoire
Mise en évidence des IgM spécifiques de chaque groupe par immunofluorescence indirecte. La
confirmation du diagnostic est obtenue par deux prélèvements sérologiques à 10 jours d’intervalle. En
pratique, les signes cliniques et le contexte épidémiologique suffisent à évoquer le diagnostic et débuter
le traitement.
Traitement
– Symptomatique :
• Hydratation (PO ou IV si le malade ne peut pas boire).
• Fièvre(see page 22) : paracétamol PO (Chapitre 1). L’acide acétylsalicylique (aspirine) est contre-indiqué à
cause du risque hémorragique.
– Antibiothérapie 1(see page 0) pendant 5 à 7 jours ou jusqu’à 3 jours après la disparition de la fièvre :
doxycycline PO (sauf chez l'enfant de moins de 8 ans et la femme enceinte ou allaitante)
Enfant de 8 ans et plus : 50 mg 2 fois par jour ou 100 mg une fois par jour
Adulte : 100 mg 2 fois par jour ou 200 mg une fois par jour
– En cas de typhus épidémique, la doxycycline PO est le traitement de choix mais expose à un risque de
rechutes :
Enfant de moins de 8 ans : 4 mg/kg (max. 100 mg) dose unique
Enfant de 8 ans et plus : 100 mg dose unique
Adulte : 200 mg dose unique
Remarque : la doxycycline est habituellement contre-indiquée chez l'enfant de moins de 8 ans et la
femme enceinte ou allaitante. Cependant, l’administration d’une prise unique ne devrait pas, en
principe, induire d’effets indésirables. S’informer du protocole national.
Prévention
– Typhus épidémique : lutte contre les poux de corps (voir Poux(see page 102), Chapitre 4).
– Typhus murin : lutte contre les puces puis contre les rats.
– Fièvres boutonneuses : éviter les piqûres de tiques par le port de vêtements et l’utilisation de répulsifs.
– Typhus des broussailles : utilisation de répulsifs, doxycycline PO en chimioprophylaxie (à titre indicatif,
200 mg une fois par semaine chez l’adulte).
1(see page 195) Contrairement aux borrélioses, l’antibiothérapie n'entraîne pas de réaction de Jarish-
Herxheimer. Cependant, la distribution géographique des borrélioses et des rickettsioses étant
parfois la même, une réaction est possible du fait de cette association (voir Borrélioses(see page
191)).
Rougeole
• Signes cliniques(see page 197)
• Complications(see page 198)
• Conduite à tenir(see page 198)
• Traitement(see page 198)
• Traitement symptomatique et préventif(see page 198)
• Traitement des complications(see page 199)
• Prévention(see page 200)
La rougeole est une infection virale aiguë très contagieuse. La transmission du virus s’effectue par voie
aérienne (inhalation de microgouttelettes émises par une personne infectée). La rougeole touche
principalement les enfants de moins de 5 ans et peut être prévenue par la vaccination.
Pour plus d’informations, se référer au guide Prise en charge d’une épidémie de rougeole, MSF.
Signes cliniques
La période d’incubation est d’environ 10 jours.
Phase d’invasion ou catharrale (2 à 4 jours)
– Fièvre élevée (39-40 °C) associée à une toux, un écoulement nasal et/ou une conjonctivite (yeux rouges
et larmoyants).
– Signe de Koplick : petites taches blanches-bleuâtres reposant sur une base érythémateuse, sur la face
interne des joues. Ce signe est spécifique de la rougeole mais pas toujours présent au moment de
l’examen. Il n’est pas nécessaire de le retrouver pour poser le diagnostic de rougeole.
Phase éruptive (4 à 6 jours)
– En moyenne 3 jours après le début des symptômes : éruption de maculopapules érythémateuses, non
prurigineuses, s'effaçant à la pression, évoluant selon une topographie descendante : front, puis face,
cou et tronc (deuxième jour), abdomen et membres inférieurs (troisième et quatrième jour).
– En parallèle, régression des signes oculo-respiratoires. En l’absence de complications, la fièvre
disparaît lorsque l’éruption atteint les pieds.
– L’éruption disparaît vers le cinquième jour, selon une topographie descendante, comme elle est
apparue, de la tête aux pieds.
La phase éruptive est suivie d’une desquamation pendant une ou 2 semaines, très prononcée sur les
peaux sombres (la peau prend un aspect tigré).
En pratique, un patient qui présente une éruption maculopapuleuse fébrile et l’un des signes suivants :
toux ou écoulement nasal ou conjonctivite, est un cas clinique de rougeole.
Complications
La plupart des cas de rougeole présentent au moins une complication :
– Respiratoires et ORL : pneumonie, otite moyenne, laryngotrachéobronchite
– Oculaires : conjonctivite purulente, kératite, xérophtalmie (risque de cécité)
– Digestives : diarrhée avec ou sans déshydratation, stomatite plus ou moins sévère
– Neurologiques : convulsions fébriles ; rarement, encéphalite
– Malnutrition aiguë induite ou aggravée par la rougeole (période post-rougeole)
Les causes immédiates de décès les plus fréquentes sont les pneumonies et la déshydratation.
Conduite à tenir
– Hospitaliser si l’enfant présente au moins une complication majeure :
• Incapacité de boire ou de téter ou vomissements
• Troubles de la conscience ou convulsions
• Déshydratation
• Pneumonie sévère (pneumonie avec détresse respiratoire ou cyanose ou SpO2 < 90%)
• Laryngotrachéobronchite aiguë (croup) 1(see page 0)
• Atteinte de la cornée (douleur, photophobie, érosion ou opacité cornéenne)
• Stomatite empêchant l’alimentation
• Malnutrition aiguë
– Traiter en ambulatoire si l’enfant n’a aucune complication majeure, ou pas de complication du tout ou
une complication mineure :
• Pneumonie sans signe de gravité
• Otite moyenne aiguë
• Conjonctivite purulente (pas d’atteinte de cornée)
• Diarrhée sans déshydratation
• Candidose orale bénigne (hydratation/alimentation orale possible)
En cas de doute, garder l’enfant en observation quelques heures.
– Éviction/Isolement des cas
• Isolement des patients hospitalisés
• Éviction des lieux publics (écoles p. ex.) pour les enfants traités en ambulatoire
Traitement
Prévention
– Pas de chimioprophylaxie des contacts.
– Vaccination :
• Entre 9 et 12 mois : une dose de 0,5 ml. L’OMS recommande une deuxième dose entre 15 et 18 mois.
Respecter un intervalle de 4 semaines minimum entre les doses.
• Lorsqu'il existe un risque élevé d'infection (regroupement de population, épidémie, malnutrition,
enfant né de mère infectée par le HIV, etc.), administrer une dose supplémentaire dès l’âge de 6 mois puis
poursuivre le schéma vaccinal.
• Les enfants de moins de 15 ans non vaccinés par une ou 2 doses doivent être vaccinés lors de tout
contact avec un service de santé. S’informer des recommandations nationales.
1(see page 198) Les symptômes (cri ou voix rauque, gêne respiratoire, bruit inspiratoire strident [stridor
inspiratoire], toux caractéristique, « aboyante ») sont liés à l’inflammation et au rétrécissement
du larynx. Le croup est considéré comme bénin si le stridor apparaît lorsque l’enfant s’agite ou
pleure mais disparaît lorsque l’enfant se calme. L’enfant doit toutefois être surveillé car son
état général et respiratoire peut rapidement se dégrader. Le croup est sévère lorsque le stridor
persiste au repos (il est continu) ou s’accompagne d’une détresse respiratoire.
Poliomyélite
• Signes cliniques(see page 200)
• Laboratoire(see page 201)
• Traitement(see page 201)
• Conduite à tenir devant un cas de paralysie flasque aiguë (PFA)(see page 201)
• Prévention(see page 201)
– Infection virale aiguë due à un poliovirus (sérotypes 1, 2 et 3). La transmission est directe (féco-orale) ou
indirecte (ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par des selles). L’homme est le seul réservoir du
virus. En principe, la maladie peut être éradiquée par la vaccination de masse.
– En zone endémique, les épidémies touchent principalement les enfants de moins de 5 ans.
En zone non-endémique, lorsque la couverture vaccinale est faible, les jeunes adultes sont souvent les
plus touchés.
Signes cliniques
– Dans plus de 90% des cas, l’infection est asymptomatique.
– Forme non paralytique : syndrome fébrile non spécifique, avec douleurs musculaires, céphalées,
vomissements, lombalgies ; sans signes neurologiques.
Le diagnostic est rarement posé en dehors d’un contexte épidémique d’autant que l’évolution s’effectue
en général vers la guérison spontanée en une dizaine de jours.
– Forme paralytique : dans moins d’1% des cas, après ces signes non spécifiques, le malade développe
des paralysies flasques aiguës, asymétriques, d’installation rapide (le matin au réveil), prédominant aux
membres inférieurs, avec extension ascendante. Les muscles sont mous avec une diminution des
réflexes. La sensibilité est conservée. Le pronostic vital est en jeu lorsque les paralysies touchent les
muscles respiratoires ou de la déglutition. Une rétention urinaire est fréquente au début. Des troubles
digestifs (nausées, vomissements, diarrhées), des myalgies, un syndrome méningé peuvent s’y associer.
Laboratoire
Recherche de poliovirus dans les selles. Le virus est excrété pendant un mois après la contamination,
mais de façon intermittente. C’est pourquoi deux prélèvements doivent être réalisés à 48 heures
d’intervalle.
Traitement
– Hospitaliser les formes paralytiques : repos, prévention d’escarres chez les malades alités, antalgiques
(ne pas faire d’injection IM lors de la phase fébrile), ventilation assistée si paralysie respiratoire.
– Rééducation fonctionnelle dès la stabilisation des lésions pour éviter l'amyotrophie et les rétractions.
– Prise en charge des séquelles : physiothérapie, chirurgie et appareillage.
Prévention
– Il existe 2 types de vaccin :
• un vaccin injectable à virus inactivé trivalent (VPI),
• un vaccin oral à virus vivant atténué bivalent (VPOb).
– Schéma vaccinal : il dépend de l’épidémiologie du virus.
Les protocoles varient selon les pays, se conformer aux recommandations nationales. A titre indicatif,
l’OMS recommande :
Primovaccination
Calendrier
Zones endémiques ou à Autres zones
risque*
Rage
• Signes cliniques(see page 202)
• Prophylaxie post-exposition(see page 203)
• Définitions des catégories d’exposition (OMS)(see page 203)
• Traitement de la plaie(see page 203)
• Immunisation passive et active(see page 203)
• Autres mesures(see page 205)
• Prévention(see page 206)
• Références(see page 206)
– La rage est une infection virale des mammifères domestiques et sauvages, transmise à l'homme par la
salive d’animaux infectés à l’occasion de morsures, griffures, léchage d’une peau lésée ou d’une
muqueuse.
– Dans les zones endémiques (Afrique et Asie), 99% des cas sont dus à des morsures de chiens et 40% des
cas sont des enfants âgés de moins de 15 ans.1(see page 206)
– Tant qu’elle n’est pas déclarée, la rage peut-être prévenue par une prophylaxie post-exposition.
– Une fois déclarée, la rage est mortelle. Il n’existe pas de traitement curatif, les soins sont palliatifs.
Signes cliniques
– La durée de l’incubation est en moyenne de 20 à 90 jours après l’exposition (75% des patients) mais
peut être plus courte (en cas d’exposition sévère, p. ex. morsure au visage, à la tête, aux mains ; morsures
multiples) ou plus longue (20% des patients développent la maladie entre 90 jours et un an après
l’exposition et 5% après plus d’un an).
– Phase prodromique : prurit ou paresthésie ou parfois douleur neuropathique au niveau du site
d’exposition et signes généraux non spécifiques (fièvre, malaise, etc.).
– Phase neurologique :
• Forme encéphalitique (furieuse) : crises d’agitation psychomotrice ou hydrophobie (spasmes du larynx
et panique déclenchés par une tentative de faire boire le patient ou par la vue/le son/le contact de l’eau)
et aérophobie (même réaction déclenchée par un souffle d’air) ; parfois convulsions. Le patient est lucide
et calme entre les crises. Evolution vers une paralysie et un coma.
• Forme paralytique (plus rare, 20% des cas) : paralysie progressive ascendante ressemblant à un
syndrome de Guillain-Barré, évolution vers un coma.
Le diagnostic est souvent difficile : la notion de morsure/griffure peut manquer (exposition par léchage)
ou la plaie peut être cicatrisée ; l’interrogatoire peut être difficile et peu fiable.
Prophylaxie post-exposition
La prophylaxie post-exposition est mise en œuvre pour les expositions de catégories II et III.
Traitement de la plaie
Dans tous les cas
Le lavage prolongé de la plaie ou du point de contact pendant 15 minutes pour éliminer localement le
virus est capital et doit être effectué le plus rapidement possible après l’exposition. Pour la peau, utiliser
du savon, rincer abondamment à l’eau courante, retirer les corps étrangers ; l’application d'un
désinfectant (polyvidone iodée 10% ou autre) est une précaution supplémentaire mais ne remplace pas
le lavage soigneux de la plaie. Pour les muqueuses (œil, bouche, etc.), rincer abondamment à l’eau ou
chlorure de sodium 0,9%. Le nettoyage local reste indiqué même si le patient se présente tardivement.
Selon le type/l’état de la plaie
Pour ne pas favoriser la pénétration du virus, les plaies ne sont pas suturées du tout (plaies superficielles,
non mutilantes ou punctiformes, p. ex.) ou laissées ouvertes et ré-évaluées à 48-72 heures, pour une
éventuelle décision de suture. Les lésions très souillées ou risquant d’entraîner des séquelles
fonctionnelles nécessitent une prise en charge en milieu chirurgical (exploration, ablation des corps
étrangers, excision des tissus nécrosés, irrigation copieuse au chlorure de sodium 0,9% stérile ou Ringer
lactate, sous anesthésie locale ou générale). Lorsqu’une suture est indiquée (visage), l’immunoglobuline
antirabique doit avoir été administrée plusieurs heures avant de fermer la plaie (voir ci-dessous). Les
plaies infectées ne sont pas suturées et sont réévaluées tous les jours.
– De catégorie II et III chez les patients immunodéprimés 2(see page 0) (même si le patient a reçu une
vaccination complète contre la rage avant l’exposition).
Elle vise à neutraliser le virus au niveau du site d’inoculation. Elle est administrée en une dose unique
à J0 en même temps que la première dose de vaccin antirabique.
immunoglobuline antirabique humaine :
Enfant et adulte : 20 UI/kg
ou
fragments F(ab’)2 d’immunoglobuline équine rabique :
Enfant et adulte : 40 UI/kg
Infiltrer l'immunoglobuline dans et autour de la (des) plaie(s) préalablement nettoyée(s). Attention à ne
pas injecter dans un vaisseau sanguin (risque de choc).
Pour les plaies du doigt, infiltrer très prudemment pour éviter une augmentation de la pression dans le
compartiment tissulaire (syndrome des loges).
En cas de blessures multiples, la dose est diluée 2 à 3 fois avec du chlorure de sodium 0,9% stérile pour
pouvoir infiltrer la totalité des sites exposés.
Infiltrer l'immunoglobuline même en cas de plaie(s) déjà cicatrisée(s).
En cas d'exposition d'une muqueuse sans plaie, rincer avec l'immunoglobuline diluée dans du chlorure
de sodium 0,9% stérile.
Surveiller le patient pendant et après l'injection (risque faible de réaction anaphylactique).
Si l’immunoglobuline n’est pas disponible à J0, administrer la première dose de vaccin
antirabique seule. Administrer l’immunoglobuline le plus tôt possible entre J0 et J7 ; à partir de J8, il
n'est plus nécessaire de l'administrer car les anticorps protecteurs induits par le vaccin antirabique
commencent à apparaître.1(see page 206)
Vaccination antirabique post-exposition
Une vaccination complète est indiquée pour les expositions de catégorie II et III. Elle est débutée à J0 et
poursuivie jusqu’à son terme si le risque de rage n’a pu être écarté 3(see page 0) . Il existe plusieurs types de
vaccin préparés à partir de cultures cellulaires (VCCOE). Ces vaccins doivent remplacer les vaccins
préparés sur tissus nerveux (VTN).
Le schéma vaccinal peut varier selon les pays, s’informer du protocole national. Le patient doit recevoir
la totalité des doses indiquées.
Principaux schémas de vaccination post-exposition1(see page 206)
J3 1 dose 2 doses
(1 dose dans chaque bras)
J14 1 dose(d)
J21 1 dose
(a)
Pour la voie IM, deux schémas sont possibles : schéma de Zagreb (2-0-1-0-1) en 21 jours ou schéma
d'Essen à 4 doses (1-1-1-1-0) sur 14 à 28 jours. L'injection IM est réalisée dans la partie antéro-latérale de
la cuisse chez l’enfant < 2 ans ; dans le muscle deltoïde (bras) chez l’enfant ≥ 2 ans et l'adulte ; jamais
dans le muscle fessier.
(b)
Pour la voie ID : dans le muscle deltoïde (ou la région suprascapulaire ou la partie antéro-latérale de la
cuisse). Une technique d’administration incorrecte conduit à un échec de la vaccination post-exposition.
Si la technique d’injection ID n’est pas maîtrisée, utiliser la voie IM.
(c)
Plus une dose unique d'immunoglobuline antirabique à J0 si indiquée.
(d)
La dernière injection peut être réalisée entre J14 et J28.
Remarques :
• Chez le patient immunodéprimé : 1 dose à J0, 1 dose à J7 et 1 dose entre J21 et J28 en IM ou ID.1(see page
206)
• Chez les personnes ayant reçu une vaccination pré-exposition complète (voir Prévention(see page
206)), les schémas post-exposition sont : 1 dose à J0 et 1 dose à J3 en IM ou en ID ou 4 doses en ID à J0.
Autres mesures
Antibiothérapie/antibioprophylaxie2(see page 206)
• locale : rougeur, œdème, • plaies de la face ou des • pas de critères de mise sous
douleur, écoulement séro- mains ou de la région génitale antibioprophylaxie
sanglant ou purulent • plaies en regard d’articulation, • plaies de plus de 24 à 48 heures
• loco-régionale ou générale : tendon, ligament, fracture
lymphangite, adénopathie, • plaies punctiformes profondes
cellulite localisée, infection • plaies avec écrasement
osseuse ou articulaire, fièvre • plaies très souillées et/ou ayant
nécessité un débridement
• plaies ne pouvant être
débridées correctement
• patients immunodéprimés
Prévention
Vaccination avant exposition avec un VCCOE chez les sujets à risque (personnes séjournant pour une
durée prolongée en zone d'endémie, professionnels en contact avec des animaux susceptibles de
transmettre le virus, etc.) : 1 dose en IM ou 2 doses en ID à J0 et J7.
1(see page 203) En cas de contact direct avec une chauve-souris, s’informer des recommandations nationales.
2(see page 204) Par exemple, pour un patient infecté par le HIV : CD4 ≤ 25% chez l'enfant < 5 ans et < 200
cellules/mm³ chez l'enfant ≥ 5 ans et l'adulte.1(see page 206)
3(see page 204) Soit par l’observation de l’animal capturé (si domestique), soit par le diagnostic biologique de
l’animal tué. L’OMS recommande d’observer 10 jours l’animal capturé. Si, au terme de la
période d’observation, l’animal n’a pas développé de signes de rage, le risque rabique est
écarté et la vaccination post-exposition interrompue. Le diagnostic biologique de l’animal
abattu implique l’envoi de sa tête à un laboratoire spécialisé qui exclut ou confirme la rage
chez l’animal. La vaccination post-exposition est interrompue si l’examen est négatif.
4(see page 205) Chez les patients allergiques à la pénicilline :
• enfant : co-trimoxazole (30 mg SMX + 6 mg TMP/kg 2 fois par jour) + clindamycine (10 mg/kg
3 fois par jour)
• adulte : co-trimoxazole (800 mg SMX + 160 mg TMP 2 fois par jour) ou doxycycline (100 mg 2
fois par jour ou 200 mg une fois par jour, sauf chez la femme enceinte et allaitante) +
métronidazole (500 mg 3 fois par jour)
Références
1. Weekly epidemiological record/Relevé épidémiologique hebdomadaire, 20 April 2018, 93th year/20
avril 2018, 93e année. No 16, 2018, 93, 201–220.
http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/272371/WER9316.pdf?ua=1 [consulté le 25
octobre 2018]
Hépatites virales
Dernière mise à jour : Novembre 2020
– Plusieurs atteintes hépatiques sont regroupées sous le nom d'hépatite virale : il s’agit des hépatites A,
B, C, D (delta) et E.
– Les différents virus de l'hépatite sont présents partout dans le monde mais leur prévalence varie selon
les pays. Ainsi, les hépatites A et B sont très fréquentes dans les pays en développement où la grande
majorité des infections se produisent au cours de l'enfance.
– Les caractéristiques cliniques des hépatites sont assez semblables ce qui rend leur diagnostic
étiologique difficile. Elles diffèrent cependant du point de vue épidémiologique, immunologique, ainsi
que du point de vue pronostique avec une évolution potentielle vers la chronicité pour les hépatites B, C
et D.
– Leurs principales caractéristiques sont résumées dans le tableau ci-dessous.
Signes cliniques
– Formes asymptomatiques
Les formes atténuées ou anictériques sont les plus fréquentes quelque soit le virus en cause.
– Formes ictériques
Début brusque ou insidieux avec des symptômes d’intensité variable : fièvre, asthénie, nausées, troubles
digestifs, puis apparition d'un ictère avec urines foncées et selles plus ou moins décolorées.
– Formes fulminantes
Insuffisance hépatocellulaire avec cytolyse majeure pouvant entraîner la mort du patient. Cette forme
est plus fréquente en cas de surinfection d'une hépatite B par le virus D et en cas d'hépatite E chez la
femme enceinte lorsque l’infection survient au troisième trimestre de la grossesse.
– Hépatites chroniques
Les hépatites B, C et D peuvent évoluer vers une cirrhose et/ou un carcinome hépatocellulaire (CHC).
Les différentes formes d’hépatite virale
Laboratoire
Diagnostic
– Infection par le VHA, VHD et VHE : détection des anticorps IgM anti-VHA, anti-VHD et anti-VHE,
respectivement.
– Infection par le VHB : détection de l'AgHBs ; hépatite B chronique : persistance de l'AgHBs au delà de 6
mois ; hépatite B chronique active : détection de l'AgHBe et/ou de l'ADN du VHB.
– Infection par le VHC : détection des anticorps anti-VHC et de l'ARN du VHC ; hépatite C chronique :
persistance de la virémie au delà de 6 mois.
Autres examens
– Dosage des ALAT (ou ASAT), plaquettes, créatinine, diagnostic du VHC et charge virale du VHB pour
décision de traitement d'une hépatite B chronique active.
– Score APRI (évaluation de la fibrose du foie dans les hépatites chroniques) : [(ASAT du patient/ASAT
valeur normale) x 100]/taux des plaquettes (109 éléments/litre). Un score > 1 indique une probable
fibrose sévère.
– Dépistage du HIV.
Autres investigations
– Elastométrie hépatique (Fibroscan®) : mesure de l'élasticité du foie pour évaluer le stade de la fibrose
hépatique, classée de F0 (absence de fibrose) à F4 (cirrhose constituée).
Traitement
– Repos, hydratation, pas de régime particulier.
– Ne pas administrer de médicaments symptomatiques à la phase aiguë (antalgiques, antipyrétiques,
anti-diarrhéiques, antiémétiques, etc.) qui risqueraient d'aggraver les manifestations et l’évolution de
l’hépatite. Les corticoïdes ne sont pas indiqués.
– Arrêter ou limiter la prise d'alcool.
Traitement de l'hépatite B chronique active
Le but du traitement est de réduire le risque de cirrhose et de CHC.
– Patients co-infectés par le HIV
Traitement antirétroviral à vie du HIV comportant du ténofovir. Ne pas administrer de ténofovir en
monothérapie ni en bithérapie avec lamivudine ou emtricitabine (risque de développement de résistance
au HIV).
– Patients non co-infectés par le HIV
Indiqué si présence d'une cirrhose ou d'une fibrose hépatique avancée (score APRI > 1,5 ou Fibroscan F3-
F4 > 10 kPa) ; AgHBs positif avec augmentation persistante des ALAT ou ASAT > 2 fois la valeur normale
sur 2 prélèvements à 3 ou 6 mois d’intervalle ou augmentation persistante des ALAT ou ASAT avec charge
virale élevée (> 20 000 UI/ml).
ténofovir PO (cp à 300 mg, équivalent à 245 mg de ténofovir disoproxil) à vie :
Enfant ≥ 12 ans et adulte, y compris femme enceinte : un comprimé une fois par jour au cours d'un repas
Traitement de l'hépatite C chronique1(see page 211)
Génotypes 1, 2, 4, 5, 6 sans cirrhose sofosbuvir PO : 400 mg une fois par jour pendant 12
ou avec cirrhose compensée semaines
Génotype 3 sans cirrhose +
daclatasvir PO : 60 mg une fois par jour pendant 12
semaines
Génotype 3 avec cirrhose compensée sofosbuvir PO : 400 mg une fois par jour pendant 24
semaines
+
daclatasvir PO : 60 mg une fois par jour pendant 24
semaines
Vaccination
– Vaccination de routine du nouveau-né et nourrisson2(see page 211) (selon le calendrier vaccinal national) :
Schéma 3 doses : une dose dès que possible après la naissance, de préférence dans un délai de 24
heures, puis une dose à 6 semaines et une dose à 14 semaines 2(see page 0)
Schéma 4 doses : une dose dès que possible après la naissance, de préférence dans un délai de 24
heures, puis une dose à 6 semaines, une dose à 10 semaines et une dose à 14 semaines 2(see page 0)
– Vaccination de rattrapage (personnes non vaccinées) :
Schéma 3 doses (0-1-6) : 2 doses à 4 semaines d'intervalle puis une troisième dose 6 mois après la
première dose
– Prophylaxie post-exposition :
Une dose à J0, une dose à J7 et une dose entre J21 à J30 puis un rappel 12 mois après la première dose
1(see page 207) Transmission verticale : transmission du virus de la mère à l'enfant pendant la grossesse ou
l'accouchement ou dans les 28 premiers jours qui suivent la naissance. [ a(see page 207) b(see page
207) c(see page 207) ]
2(see page 210) Pour la dose administrée à la naissance, seul le vaccin antihépatite B monovalent peut être
utilisé.
Pour les doses suivantes, un vaccin monovalent ou tétravalent (diphtérie, tétanos, coqueluche,
hépatite B) ou pentavalent (diphtérie, tétanos, coqueluche, hépatite B et Haemophilus
influenzae) peut être utilisé, selon le protocole national.
Si le nourrisson n'a pas reçu la "dose naissance", celle-ci peut être encore administrée à tout
moment lors du premier contact avec le service de santé, jusqu’à la prochaine dose de
primovaccination. [ a(see page 210) b(see page 210) ]
Références
1. World Health Organization. Guidelines for the care and treatment of persons diagnosed with
chronic hepatitis C virus infection. July 2018.
http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/273174/9789241550345-eng.pdf?ua=1 [consulté le
21 décembre 2018]
Dengue
• Signes cliniques(see page 212)
• Principaux diagnostics différentiels(see page 212)
• Laboratoire(see page 212)
• Traitement1(see page 213)
• Patients du Groupe A(see page 213)
• Patients du Groupe B(see page 213)
• Patients du Groupe C(see page 214)
• Prévention(see page 218)
• Références(see page 218)
– La dengue est une arbovirose transmise à l’homme par la piqûre d’un moustique (Aedes). La
transmission par transfusion de sang contaminé et chez le fœtus, par voie transplacentaire, a été
signalée.
– Il existe 4 sérotypes du virus de la dengue. L’infection par un sérotype confère une immunité à vie pour
ce sérotype et une immunité partielle et à court terme pour les autres sérotypes. Il n’existe pas de
traitement antiviral spécifique.
– La dengue est une maladie urbaine, présente en zone tropicale et subtropicale 1(see page 0) , en particulier
en Asie, Amérique centrale et du Sud, dans les Caraïbes. Des épidémies ont été décrites en Afrique de
l’Est.
– La primo-infection peut être asymptomatique ou se manifester par une dengue modérée. Les infections
successives augmentent le risque de développer une dengue sévère.
Signes cliniques
Après la période d’incubation de 4 à 10 jours, la maladie se déroule en 3 phases :
– Phase fébrile : fièvre élevée (39 à 40 °C) pendant 2 à 7 jours, souvent accompagnée de douleurs
généralisées, éruption cutanée et signes hémorragiques bénins.
– Phase critique (entre le troisième et le septième jour) : baisse de la température; la majorité des
patients font une dengue sans signe d’alerte et passent à la phase de convalescence mais certains
développent une dengue avec signe(s) d’alerte ou une dengue sévère.
– Phase de convalescence : amélioration de l’état général, normalisation des signes vitaux, disparition des
troubles digestifs et retour de l’appétit. Parfois, bradycardie et prurit généralisé.
Laboratoire
Diagnostic
– Test rapide (sérum, plasma ou sang total) détectant l'antigène NS1 pendant la phase fébrile et les
anticorps IgG et IgM pendant les phases critique et de convalescence.
– Ce test signale la présence probable d’une infection par le virus de la dengue mais les résultats doivent
être confirmés par des techniques moléculaires (PCR) dans un laboratoire de référence.
Traitement1
Patients du Groupe A
Patients sans signe d’alerte, capables de boire suffisamment, avec une diurèse normale.
– Traiter en ambulatoire, repos au lit, bien hydrater.
– Fièvre : paracétamol PO aux doses habituelles (voir Fièvre(see page 22), Chapitre 1) ; respecter un
intervalle de 6 à 8 heures entre les prises. Ne pas prescrire acide acétylsalicylique, ibuprofène ou autre
anti-inflammatoire non-stéroïdien.
– Re-consulter immédiatement si : absence d’amélioration, vomissements persistants, extrémités
froides, agitation ou léthargie, difficultés respiratoires, arrêt de la diurèse.
– Si une nouvelle consultation ou la surveillance des symptômes à domicile est impossible (patients
éloignés de la structure sanitaire/vivant seuls), hospitaliser pour surveillance.
Patients du Groupe B
Patients avec signe(s) d’alerte ou comorbidité (p. ex. diabète, hypertension, insuffisance cardiaque ou
rénale, drépanocytose) ou patients à risque (femmes enceintes, nourrissons, personnes âgées, patients
ayant des difficultés à boire).
Dans tous les cas :
– Hospitaliser ; placer le patient sous moustiquaire.
– Réaliser Htc 1 et plaquettes de base.
– Eviter les actes invasifs (sonde gastrique, injection IM) pour réduire le risque de saignement.
– Fièvre : paracétamol PO comme pour le Groupe A. En présence de signes d’hépatite, l’administrer avec
prudence et réduire la dose (enfant : 10 mg/kg toutes les 8 heures ; adulte : 500 mg toutes les 8 heures ;
respecter l'intervalle entre les prises).
En cas de signes d’alerte ou de déshydratation :
– Poser une voie veineuse et une perfusion de Ringer lactate.
– Surveiller l’Htc toutes les 4 à 6 heures jusqu'à stabilisation du patient.
– Le volume et le débit du Ringer lactate dépendent des signes vitaux : fréquence cardiaque (FC), tension
artérielle (TA) et de l’évolution de l’Htc. Voir Tableau 1 – Groupe B : dengue avec signes d’alerte ou
déshydratation(see page 214).
– Réaliser un bilan des entrées (perfusion, per os) et des sorties (diurèse).
– Surveiller la diurèse toutes les 4 heures : perfuser le volume nécessaire pour obtenir une diurèse
minimum de 1 ml/kg/heure chez l’enfant et 0,5 ml/kg/heure chez l’adulte. A défaut, vérifier que le patient
urine au moins toutes les 4 heures.
• Réévaluer l’état clinique (signes vitaux, temps de recoloration capillaire, diurèse) toutes les heures
et faire Htc 2 puis refaire Htc toutes les 4-6 heures ou plus si nécessaire.
• Régler le débit de la perfusion afin de maintenir une diurèse d’au moins 1-2 ml/kg/h chez l’enfant et
0,5 ml/kg/h chez l’adulte.
Htc 2 identique à Htc 2 élevé par rapport à Htc 1 et/ou tachycardie et/ou hypotension (si choc : voir
Htc 1 Groupe C)
ou augmentation
minimale Enfant et adulte :
Ringer lactate
5-10 ml/kg/h pendant 1-2 h
Enfant et adulte :
Réévaluer l’état clinique et faire Htc 3.
Ringer lactate
2-3 ml/kg/h Htc stable Elévation de l’Htc ou signes vitaux instables
pendant 2-4 h
Enfant et adulte : Enfant et adulte :
Ringer lactate Ringer lactate
3-5 ml/kg/h pendant 2-4 h 5-10 ml/kg/h pendant 1-2 h et réévaluer
2-3 ml/kg/h ou moins selon la comme ci-dessus
réponse clinique
Patients du Groupe C
Patients avec une dengue sévère, nécessitant un traitement d’urgence.
Dans tous les cas :
– Hospitaliser en soins intensifs ; placer le patient sous moustiquaire.
– Administrer de l’oxygène (O2) en continu :
• Au débit nécessaire pour maintenir la SpO2 entre 94% et 98% si elle est ≤ 90% 3(see page 0) ou en cas de
cyanose ou détresse respiratoire.
• En l’absence d’oxymètre de pouls : au débit minimum de 5 litre/minute ou au débit nécessaire pour
corriger l’hypoxie et améliorer la respiration.
– Avant le premier bolus, réaliser Htc 1, plaquettes de base et groupe sanguin, puis surveiller l’Htc toutes
• Réduire le débit lorsque pouls et TA sont normalisés. Toujours vérifier la présence de signes de
surcharge liquidienne.
• Poursuivre 24-36 h (moins si hydratation PO tolérée). Des bolus supplémentaires de cristalloïdes ou
colloïdes peuvent être nécessaires pendant les 24 h suivantes. Ne pas perfuser plus de 48 h.
a
> 50% chez l’homme ou augmentation par rapport à Htc 1 chez la femme et l’enfant.
b
< 40-45% chez l’homme, < 35-40% chez la femme et l’enfant de 1 an et plus, < 30-35% chez l’enfant de
moins de 1 an.
Faire Htc 1 puis Ringer lactate ou substitut du plasma (si TA différentielle < 10 mmHg ou hypotension
sévère) IV ou IO :
Enfant et adulte : 20 ml/kg en 15-30 min (premier bolus)
Réduire le débit lorsque pouls et TA sont normalisés, maintenir 24-48 h (ou moins si hydratation PO
tolérée). Des bolus supplémentaires de cristalloïdes ou colloïdes peuvent être nécessaires pendant les
24 h suivantes. Ne pas perfuser plus de 48 h.
a
Si non-disponible, le comparer aux taux d’hématocrite déterminés dans la population en fonction de
l’âge. Si ces taux ne sont pas connus utiliser à défaut les taux suivants : < 45% chez l’homme, < 40% chez
la femme et l’enfant de 1 an et plus, < 35% chez l’enfant de moins de 1 an.
b
< 40-45% chez l’homme, < 35-40% chez la femme et l’enfant de 1 an et plus, < 30-35% chez l’enfant de
moins de 1 an.
Prévention
Protection individuelle : port de vêtements couvrants, répellents, moustiquaire (Aedes pique le jour).
minutes. Le signe est positif si on compte au moins 20 pétéchies dans un carré de 2,5 cm de
côté.
3(see page 214) Si les moyens le permettent, placer le patient sous oxygène si la SpO est < 95%.
2
4(see page 215) Sang total frais : qui n’a jamais été réfrigéré, qui n’a jamais été gardé à une température
inférieure à 16 °C et qui a été prélevé depuis moins de 6 heures.
Références
1. Organisation mondiale de la Santé. Guide pour la prise en charge clinique de la dengue. Genève,
2013.
http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/85736/1/9789242504712_fre.pdf?ua=1
– Sont regroupées sous ce terme plusieurs maladies d’étiologie et de mode de transmission différents
mais présentant des signes cliniques communs.
– La dengue est une fièvre hémorragique virale qui fait l’objet d’un chapitre spécifique (voir Dengue(see
page 211), Chapitre 8).
Signes cliniques
– Syndrome commun (SC) :
• Fièvre supérieure à 38,5 °C ;
• Signes hémorragiques (purpura, épistaxis, méléna, hématémèse, etc.).
– Les signes cliniques sont souvent peu spécifiques, leur sévérité varie selon l’étiologie.
Laboratoire
– Un échantillon de sang total doit être envoyé à un laboratoire de référence pour établir un diagnostic
sérologique. Joindre une description clinique. Le papier-filtre peut être utilisé (plus facile à transporter)
mais le faible volume de sang ne permet de tester qu’un nombre limité d’étiologies.
– Le personnel qui prélève ou manipule des échantillons de sang doit porter une tenue de protection
(blouse, gants, masque, lunettes, etc.).
– Les échantillons doivent être transportés dans un triple emballage pour substances infectieuses de
Catégorie A.
Conduite à tenir
Traitement
– Traitement étiologique : ribavirine pour la fièvre de Lassa et de Crimée-Congo.
– Traitement symptomatique :
• Fièvre(see page 22) : paracétamol (Chapitre 1). L’acide acétylsalicylique (aspirine) est contre-indiqué.
• Douleurs : légères (paracétamol), modérées (tramadol), sévères (morphine sub-linguale) :
voir Douleur(see page 25), Chapitre 1.
• Déshydratation : solution de réhydratation orale ou réhydratation IV (Ringer lactate), voir
Déshydratation(see page 37), Chapitre 1.
• Convulsions(see page 17) (Chapitre 1).
• Vomissements : ondansétron PO
Enfant de 6 mois à < 2 ans : 2 mg une fois par jour
Enfant de 2 à < 4 ans : 2 mg 2 fois par jour
Enfant de 4 à < 12 ans : 4 mg 2 fois par jour
Enfant ≥ 12 ans et adulte : 4 à 8 mg 2 fois par jour
– Pour Ebola et Marburg : les indications d’injections doivent être strictement limitées. La mise en place
et le maintien de voies veineuses constituent un risque de contamination pour le personnel. Toute voie
veineuse doit être parfaitement sécurisée afin que le patient, souvent confus, ne puisse l’arracher.
Prévention
– Vaccination contre la fièvre jaune1(see page 221) :
Enfant et adulte : 0,5 ml dose unique
• Vaccination de routine : enfant à partir de l’âge de 9 mois, en même temps que le vaccin contre la
rougeole.
• Vaccination de masse en cas d’épidémie : enfant dès l’âge de 6 mois et adulte ; chez la femme enceinte,
n’administrer qu’en cas d’épidémie.
– Vaccination contre la fièvre de la vallée du Rift : uniquement en cas d’épidémie.
– Lutte contre les vecteurs lorsque ceux-ci sont connus.
– Hygiène hospitalière indispensable dans tous les cas.
1(see page 219) Pour plus d'information sur la distribution géographique de la fièvre de Lassa : https://
www.who.int/emergencies/diseases/lassa-fever/geographic-distribution-fr.png?ua=1
Références
1. Weekly epidemiological record-Relevé épidémiologique hebdomadaire 5 july 2013, 88th year / 5
juillet 2013, 88e année No. 27, 2013, 88, 269–284.
https://www.who.int/wer/2013/wer8827.pdf?ua=1 [consulté le 10 décembre 2018]
– Le sida (syndrome d’immunodéficience acquise) est la forme la plus sévère de l’infection par le virus de
l’immunodéficience humaine (HIV).
– Il existe 2 sérotypes. Le HIV-1 est le plus répandu. Le HIV-2 est présent surtout en Afrique de l’Ouest. Sa
virulence et sa transmission sont inférieures à celles du HIV-1.
– Le HIV affaiblit le système immunitaire et conduit à un déficit de lymphocytes CD4.
Evolution de l’infection
– Infection primaire ou syndrome rétroviral aigu : 50 à 70% des personnes nouvellement infectées
développent, au moment de la séroconversion (de 15 jours à 3 mois après l’exposition), un syndrome
viral avec fièvre, malaise, lymphadénopathie.
– Infection asymptomatique par le HIV (après séroconversion) : période caractérisée par une latence
clinique sans latence virologique. La période médiane précédant l’apparition du sida est d’environ 10 ans
dans les pays occidentaux, elle semble plus courte dans les pays en développement.
– Infection symptomatique par le HIV : avec la destruction progressive de l’immunité, des pathologies
communes ou sévères apparaissent plus fréquemment chez les patients séropositifs, avec une mortalité
plus élevée.
– Sida : ce stade correspond à la survenue d’infections opportunistes sévères et de néoplasies. Au plan
biologique, le sida est défini par un taux de CD4 < 200/mm3. En l’absence de traitement, la maladie
évolue rapidement vers la mort.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a proposé une classification clinique de l’infection par le HIV
en 4 stades de sévérité croissante chez les adultes et les adolescents d’une part, et chez les enfants
d’autre part1(see page 239).
Laboratoire
Diagnostic de l’infection par le HIV
– Le diagnostic est réalisé à l’aide de tests sérologiques (détection des anticorps anti-HIV) ou virologiques
(en particulier pour les nourrissons).
– Les tests doivent être pratiqués avec le consentement éclairé d’un patient volontaire.
– Les résultats des tests sont confidentiels afin d’éviter toute discrimination.
– La personne doit avoir accès aux services lui offrant conseils (avant et après le test), traitements et
soutien.
– Le diagnostic est positif lorsqu’au moins 2 tests différents (2 marques différentes) sont clairement
positifs : le résultat positif du premier test (très sensible) doit être confirmé par un second test (très
spécifique). Dans les régions de faible prévalence, le diagnostic n’est posé qu’après 3 tests positifs.
Taux de lymphocytes CD4
– La lymphopénie CD4 est un marqueur de la progression du déficit immunitaire. Elle permet de prédire
la survenue d’infections opportunistes ou de néoplasies et d’orienter leur diagnostic. Par exemple, la
toxoplasmose cérébrale ou la cryptococcose méningée apparaissent lorsque le taux de CD4 est ≤ 100/
mm3 chez l’adulte. Si les signes cliniques sont évocateurs mais que les CD4 sont ≥ 200/mm3, il est peu
probable que ces infections soient présentes.
Infections opportunistes
Il est essentiel de rechercher systématiquement les infections opportunistes sévères chez les patients à
risque (p. ex. recherche de l’antigène cryptococcique chez tous les adultes ayant des CD4 < 100 /mm3,
même s’ils ne présentent pas de symptômes).
Pour plus d'informations : The use of antiretroviral drugs for treating and preventing HIV infection.
Recommendations for a public health approach. World Health Organization, second edition, 2016.
http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/208825/1/9789241549684_eng.pdf?ua=1
Classes thérapeutiques
Il existe 4 grandes classes d’ARV :
– INTI (inhibiteurs nucléosidiques/nucléotidiques de la transcriptase inverse) : zidovudine (AZT),
lamivudine (3TC), abacavir (ABC), tenofovir (TDF), emtricitabine (FTC).
– INNTI (inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse) : efavirenz (EFV), névirapine (NVP),
étravirine (ETR). Le HIV-2 est naturellement résistant aux INNTI.
– IP (inhibiteurs de la protéase) : atazanavir (ATV), lopinavir (LPV), ritonavir (RTV), darunavir (DRV).
– INI (inhibiteurs de l’intégrase) : dolutégravir, raltégravir.
Principes du traitement
– Un traitement quotidien à vie par une trithérapie est nécessaire pour éviter le développement rapide de
résistances. Il est essentiel que le patient l’ait bien compris et que l’adhérence au traitement soit
optimale.
– Suivre le protocole national.
– Les associations les plus classiques et les plus simples d’administration sont 2 INTI + 1 INNTI : p. ex.
TDF/3TC/EFV.
– En cas d’échec du traitement, les 3 médicaments doivent être remplacés par un traitement de 2e ligne :
2 autres INTI + 1 IP.
Il existe d’autres associations possibles, moins couramment utilisées ou plus difficiles à gérer.
Critères de mise sous traitement ARV
Mettre en priorité sous traitement les patients aux stades cliniques 3 et 4 et les patients ayant un taux de
CD4 < 350/mm3. Toutefois, les patients ayant un taux de CD4 plus élevé peuvent aussi débuter les ARV.
Surveillance
La charge virale est indispensable pour assurer le suivi de l’efficacité des ARV. Les CD4 restent utiles pour
repérer les immunosuppressions sévères. Les autres examens comme la NFS, les ALAT, la créatinine ne
sont pas indispensables mais peuvent être utiles pour détecter les effets indésirables des ARV.
Traitement des infections opportunistes et autres infections
En raison de la destruction progressive de l’immunité, les patients qui ne bénéficient pas d’une
trithérapie (ou dont l’adhérence est aléatoire) deviennent de plus en plus vulnérables aux infections. Les
traitements classiques sont habituellement efficaces pour les affections des stades cliniques 2 et 3. Les
patients peuvent bénéficier d’une prophylaxie primaire (voir Prophylaxie primaire(see page 224)). La
tuberculose (TB) est la plus fréquente des infections opportunistes sévères. Elle peut toutefois être
difficile à diagnostiquer chez les patients infectés par le HIV.
Traitement de la douleur
Dans tous les cas, prendre en charge les douleurs associées (voir Douleur(see page 25), Chapitre 1).
Prophylaxie primaire
Pour éviter l’apparition de certaines infections opportunistes chez les patients infectés par le HIV.
Pneumocystose co-trimoxazole PO
Toxoplasmose cérébrale Enfant : 50 mg SMX + 10 mg TMP/kg une fois par jour
Isosporose Adulte : 800 mg SMX + 160 mg TMP une fois par jour
Diverses infections bactériennes
Paludisme
Prophylaxie secondaire
Pour les patients ayant développé une infection opportuniste spécifique, dès la fin du traitement
d’attaque, dans le but d’en prévenir les récidives.
Toxoplasmose Alternative
Adulte :
dapsone PO : 200 mg une fois par
semaine ou 50 mg une fois par
jour
+ pyriméthamine PO : 75 mg une
fois par semaine
+ acide folinique PO : 25 à 30 mg
une fois par semaine
Isosporose –
Penicilliose itraconazole PO –
Histoplasmose Adulte : 200 mg une fois par jour
Infections
virales
• CMV
Néoplasies Remarques :
• Maladie de • MAC, PPC, CMV
Kaposi et infections
• Lymphome fongiques sont
non Hodgkinien peu probables
si le patient à un
Autres taux de CD4 >
• Pneumopathie 200.
lymphoïde • La
interstitielle staphylococcie
• Epanchement pulmonaire est
pleural (souvent souvent
TB) associée à une
• Epanchement pyomyosite ou
péricardique un abcès.
(souvent TB)
• Pneumothorax
(peut être dû à
une PPC)
Néoplasies
• Maladie de
Kaposi
• Lymphome
Neurosyphilis :
benzylpénicilline IV : 2 à 4 MUI (1,2 à 2,4 g) toutes
les 4 heures pendant 14 jours
ou ceftriaxone IV ou IM : 2 g une fois par jour en une
injection pendant 10 à 14 jours
Troubles Etiologies : Bien interroger Test paludisme rapide positif : voir Paludisme(see
neurologiq • Méningite car seuls les page 132), Chapitre 6.
ues chez bactérienne épisodes aigus
l’enfant • TB méningée bénéficient d’un Si la PL n’est pas réalisable :
• Cryptococcose traitement • Traiter une méningite bactérienne(see page 169) si
neuroméningée étiologique fièvre et/ou syndrome méningé (Chapitre 7).
• Toxoplasmose spécifique • En cas de signes focaux, traiter une toxoplasmose :
cérébrale (convulsions, co-trimoxazole PO : 25 mg SMX + 5 mg TMP/kg 2
• Méningo- syndrome fois par jour pendant 4 à 6 semaines
encéphalite méningé, signes ou
virale (CMV) de focalisation). pyriméthamine PO : 1 mg/kg 2 fois par jour pendant
• Paludisme 2 jours puis 1 mg/kg une fois par jour + sulfadiazine
cérébral En zone PO : 40 mg/kg 2 fois par jour + acide folinique PO :
endémique, 10 mg une fois par jour, pendant 8 semaines
rechercher un Une prophylaxie secondaire est recommandée.
paludisme (si
fièvre). Si la PL est positive :
• Méningite bactérienne(see page 169) : voir Chapitre 7.
Ponction • Méningite tuberculeuse : voir le guide Tuberculose,
lombaire (PL) si MSF.
pas de contre- • Cryptococcose neuroméningée2(see page 239) :
indication. amphotéricine B IV : 1 mg/kg une fois par jour +
flucytosine PO : 25 mg/kg 4 fois par jour pendant 1
semaine puis fluconazole PO : 12 mg/kg une fois par
jour (max. 800 mg par jour) pendant 1 semaine puis
6-12 mg/kg une fois par jour (max. 800 mg par jour)
pendant 8 semaines
ou, à défaut,
amphotéricine B IV : 1 mg/kg une fois par jour +
fluconazole PO : 12 mg/kg une fois par jour (max.
800 mg par jour) pendant 2 semaines puis
fluconazole PO seul : 6-12 mg/kg une fois par jour
(max. 800 mg par jour) pendant 8 semaines
ou
fluconazole PO : 12 mg/kg une fois par jour (max.
800 mg par jour) + flucytosine PO : 25 mg/kg 4 fois
par jour pendant 2 semaines puis fluconazole PO
seul : 6-12 mg/kg une fois par jour (max. 800 mg par
jour) pendant 8 semaines
A la phase d’induction : utiliser le fluconazole IV si la
voie orale est impossible ; l’amphotéricine B
conventionelle peut être remplacée par
l'amphotéricine B liposomale (3 mg/kg par jour, 2
semaines).
Une prophylaxie secondaire est recommandée.
Fièvre Température > 1. Anamnèse et Test paludisme rapide positif : voir Paludisme(see
persistante 38 °C, chronique examen page 132), Chapitre 6.
ou (pendant plus clinique : En l’absence de test : en zone endémique, donner
récurrente de 5 jours) ou rechercher un systématiquement un traitement antipaludique.
récurrente foyer ORL ou
(plusieurs urinaire, une Suspicion de méningite : traitement selon le résultat
épisodes sur TB, une de la PL.
une période de éruption Si PL non disponible, traiter une méningite
plus de 5 jours) cutanée, des bactérienne(see page 169), Chapitre 7.
ganglions, etc.
Etiologies : Foyer infectieux identifié ou suspecté :
2. En zone • ORL : Chapitre 2(see page 47) ; urinaire : Chapitre 9(see
Infections endémique, page 240), etc.
• Maladies rechercher un • TB : voir le guide Tuberculose, MSF.
infantiles paludisme.
communes
• Infections 3. Suspicion de
bactériennes TB : recherche
sévères (TB, de BK.
pneumonie,
typhoïde, 4. Rx
septicémie, pulmonaire,
méningite, numération
endocardite, formule
etc.) sanguine,
• Infections hémocultures,
bactériennes analyses
occultes d’urine,
(sinusite, otite, coproculture,
infection sérologie,
urinaire) ponction
• Infections lombaire (PL).
opportunistes
(TB, mycose, Si le patient est
toxoplasmose) sous traitement,
• Paludisme penser à une
fièvre d’origine
Néoplasie médicamenteus
• Lymphome e.
non-Hodgkinien
Infection par le
HIV
Fièvre
d’origine
médicamenteu
se
Références
1. World Health Organization. WHO case definitions of HIV for surveillance and revised clinical staging
and immunological classification de HIV-related disease in adults and children, 2007.
http://www.who.int/hiv/pub/guidelines/HIVstaging150307.pdf [consulté le 17 mai 2018]
2. Word Health Organization. Guidelines for the diagnosis, prevention, and management of
cryptococcal disease in HIV-infected adults, adolescents and children, Geneva, 2018.
http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/260399/9789241550277-eng.pdf?
sequence=1 [consulté le 17 mai 2018]
– Le syndrome néphrotique (SN) est caractérisé par la présence d’œdèmes, d’une protéinurie massive,
d’une hypoalbuminémie et d’une hyperlipidémie.
– Le SN primaire ou idiopathique est la forme la plus fréquente de SN chez les enfants de un à 10 ans. Il
répond habituellement aux corticoïdes.
– Le SN secondaire est associé à une maladie infectieuse (p. ex. glomérulonéphrite postinfectieuse,
endocardite, hépatite B et C, infection par le HIV, paludisme, schistosomiase). Il peut répondre au
traitement de la cause sous-jacente.
– Les enfants atteints de SN sont à risque de thromboses, d’infections bactériennes sévères (à S.
pneumoniae en particulier) et de malnutrition. En l’absence de traitement, un SN peut évoluer vers une
insuffisance rénale.
Signes cliniques
– Typiquement, l'enfant présente un œdème mou, indolore, prenant le godet. Sa localisation varie selon
la position et l'activité. Au réveil, l’œdème est périorbitaire ou facial. Avec la station debout, il régresse au
niveau de la face et apparaît au niveau des membres inférieurs.
Si le SN s’aggrave, l’œdème peut atteindre le dos ou les organes génitaux ou devenir généralisé, avec
ascite et épanchement pleural.
– Il faut distinguer cet œdème de l’œdème de la malnutrition aiguë sévère (MAS) : dans la MAS, l'enfant
présente des œdèmes bilatéraux des membres inférieurs qui ne varient pas selon la position. Dans les cas
sévères, l’œdème progresse vers le haut, c.-à-d. s’étend aux mains puis au visage. Il est généralement
associé à des modifications typiques la peau et les cheveux (voir Kwashiorkor : Malnutrition aiguë
sévère(see page 41), Chapitre 1).
– Une fois la MAS exclue, les 2 critères suivants doivent être réunis pour porter un diagnostic clinique de
SN primaire :
• Présence d’une protéinurie massive,
et
• Absence d'infections associées : voir Hépatite B et C(see page 206) et Infection par le HIV(see page
221) (Chapitre 8) ; Paludisme(see page 132) et Schistosomiases(see page 152) (Chapitre 6).
Laboratoire
– Urine
• Mesurer la protéinurie à la bandelette urinaire sur trois échantillons d'urines distincts (sur les premières
urines du matin si possible). En cas de SN, la protéinurie est égale ou supérieure à +++ ou égale ou
supérieure à 300 mg/dl ou 30 g/litre 1(see page 0) . Un SN est exclu si l’examen ne détecte pas de protéinurie
massive.
• En cas d'hématurie macroscopique, ou microscopique ≥ +, penser à une glomérulonéphrite.
– Sang (si disponible)
• Albumine sérique inférieure à 30 g/litre et hyperlipidémie.
• Urée et créatinine le plus souvent normales.
– Effectuer tous les tests nécessaires pour exclure un SN secondaire.
Traitement
– Hospitaliser l'enfant pour initier le traitement.
– Les corticoïdes (prednisolone ou prednisone) sont indiqués en cas de SN primaire.
– Avant de commencer la corticothérapie :
• Traiter toutes les infections aiguës concomitantes telles que pneumonie, péritonite, septicémie,
pharyngite ou cellulite.
• Exclure une tuberculose évolutive et/ou commencer un traitement antituberculeux.
– Corticothérapie
Voir l’algorithme ci-dessous. La durée totale du traitement initial est de 2 à 4 mois.
a
Prednisone et prednisolone peuvent être utilisés de façon interchangeable dans cet algorithme.
b
Si l’enfant a fait plus d’une rechute, traiter jusqu'à disparition de la protéinurie puis diminuer la
prednisolone jusqu'à 0,5 mg/kg un jour sur deux plutôt qu’un arrêt total et traiter pendant 12 mois.
Continuer tant que la protéinurie reste négative. En cas de récidive de la protéinurie, traiter comme une
rechute. L’enfant a SN corticodépendant.
c
Rechute fréquentes : 2 ou plus dans les premiers 6 mois ou 4 ou plus sur une période de 12 mois.
1(see page 241) Dans le SN, la protéinurie est définie comme une excrétion urinaire de protéines supérieure à
50 mg/kg par jour chez l’enfant. La mesure quantitative de la protéinurie est normalement
réalisée sur un échantillon d’urines des 24 heures. Toutefois, la mesure de la protéinurie à la
bandelette est une alternative lorsque l’examen ne peut être réalisé dans ces conditions.
Lithiase urinaire
Dernière mise à jour : Décembre 2020
La lithiase urinaire est la formation et l’élimination de calculs dans les voies urinaires.
Signes cliniques
– Souvent, les calculs ne provoquent aucun symptôme ; ils peuvent être détectés fortuitement lors d’une
radiographie.
– Des symptômes apparaissent lorsque les calculs entraînent une obstruction partielle ou complète des
voies urinaires et/ou une infection :
• Douleurs lombaires ou pelviennes aiguës intermittentes (coliques néphrétiques). La douleur peut être
sévère et provoque habituellement des nausées et des vomissements. L’abdomen/le flanc peuvent être
douloureux à la palpation. Le patient est agité, aucune position ne parvient à vous soulager.
• Hématurie avec ou sans "sable" dans les urines.
• Fièvre et signes de pyélonéphrite en cas de surinfection (voir Pyélonéphrite aiguë(see page 245),
Chapitre 9).
Remarque : l'échographie, si elle est disponible, peut mettre en évidence des calculs et une
hydronéphrose.
Traitement
– Encourager le patient à boire.
– Administrer des antalgiques adaptés à l’intensité de la douleur (voir Douleur(see page 25), Chapitre 1).
– En cas de surinfection : antibiothérapie comme pour une pyélonéphrite(see page 245). L’efficacité dépend
de l'élimination du calcul.
Remarque : la majorité des calculs sont éliminés spontanément. En présence de troubles rénaux
significatifs ou en cas de surinfection qui ne s’améliore pas avec l'antibiothérapie, envisager une prise en
charge chirurgicale.
Cystite aiguë
• Signes cliniques(see page 244)
• Laboratoire(see page 245)
• Traitement(see page 245)
• Cystite chez la fillette ≥ 2 ans(see page 245)
• Cystite chez la femme jeune en dehors de la grossesse(see page 245)
• Cystite chez la femme enceinte ou allaitante(see page 245)
La cystite est une infection de la vessie et de l'urètre, touchant essentiellement les femmes et chez
l’enfant, les filles à partir de l’âge de 2 ans. Le germe en cause est Escherichia coli dans au moins 70% des
cas. Les autres germes possibles sont Proteus mirabilis, Enterococcus sp, Klebsiella sp et chez la femme
jeune, Staphylococcus saprophyticus.
Signes cliniques
– Brûlures/douleurs mictionnelles et pollakiurie (émission fréquente de petites quantités d’urine) ; chez
l’enfant : pleurs en urinant ; fuites urinaires chez un enfant continent.
ET
– Absence de fièvre (ou fièvre modérée) et de douleurs lombaires ; absence de signes et symptômes
systémiques chez l’enfant.
Toujours éliminer une pyélonéphrite(see page 245).
Des brûlures mictionnelles sont insuffisantes à elles seules pour porter le diagnostic.
Voir Écoulement vaginal anormal(see page 253).
Laboratoire
– Bandelette urinaire :
Rechercher la présence de nitrites (témoins de la présence d'entérobactéries) et de leucocytes (témoins
d'un phénomène inflammatoire).
• Un test négatif à la fois pour les nitrites et les leucocytes exclut une infection urinaire.
• Un test positif pour les nitrites et/ou les leucocytes conforte le diagnostic clinique.
– Examen cytobactériologique/culture des urines (ECBU) : si le test à la bandelette urinaire est positif, il
est recommandé de réaliser un ECBU, si disponible, pour confirmer l'infection urinaire et identifier le
germe en cause, en particulier chez l’enfant et la femme enceinte.
En l’absence d’ECBU, un résultat positif pour les leucocytes et/ou les nitrites chez une patiente
présentant une cystite clinique typique suffit à prescrire un traitement antibiotique empirique.
Remarque : indépendamment de ces résultats, dans les zones où la schistosomiase urinaire est
endémique, une hématurie macroscopique ou la détection de sang dans les urines à la bandelette doit
faire suspecter une schistosomiase, en particulier chez les enfants de 5 à 15 ans, même si une infection
urinaire concomitante est par ailleurs possible.
Traitement
Pyélonéphrite aiguë
• Signes cliniques(see page 246)
– La pyélonéphrite est une infection du parenchyme rénal, plus fréquente chez la femme que chez
l'homme.
– Les germes responsables sont les mêmes que pour les cystites (voir Cystite aiguë(see page 244), Chapitre
9).
– L'infection est potentiellement sévère, en particulier chez la femme enceinte, le nouveau-né et le
nourrisson.
– La prise en charge dépend de l’existence de signes de gravité ou de complications ou de risque de
complications associées.
Signes cliniques
Nouveau-né et nourrisson
– Les symptômes ne sont pas spécifiques : fièvre, irritabilité, vomissements, refus de s’alimenter.
L’abdomen peut être sensible à la palpation. L’absence de fièvre n’exclut pas le diagnostic ; inversement,
le seul signe peut être une fièvre isolée, sans cause évidente.
– Le tableau peut être sévère chez le nouveau-né : fièvre ou hypothermie, altération de l’état général, de
la conscience, teint gris, signes de choc.
En pratique, une infection urinaire doit être suspectée devant une fièvre inexpliquée ou un syndrome
infectieux ou septicémique sans point d’appel particulier.
Laboratoire
Voir Cystite aiguë(see page 244), Chapitre 9.
Traitement
– Critères d'hospitalisation :
• Patients à risque de complications : enfants, femmes enceintes, hommes 1(see page 0) , anomalie organique
ou fonctionnelle de l'appareil urinaire (lithiase, malformation, etc.), immunodépression grave ;
• Patients présentant une forme compliquée : obstruction des voies urinaires, abcès rénal, pyélonéphrite
emphysémateuse chez le patient diabétique ;
• Patients présentant des signes de gravité : sepsis (infection associée à des signes de dysfonction
d'organes) et choc septique, déshydratation ou nausées/vomissements empêchant l'hydratation et la
prise orale de médicaments ;
• Absence d'amélioration clinique 24 heures après le début de l'antibiothérapie orale chez une patiente
traitée en ambulatoire.
– Antibiothérapie chez l’enfant
1(see page 246) La pyélonéphrite est rare chez l’homme ; une infection urinaire fébrile doit d'abord faire penser
à une prostatite bactérienne.
2(see page 247) Le solvant de la ceftriaxone pour injection IM contient de la lidocaïne. Reconstituée avec ce
solvant, la ceftriaxone ne doit jamais être administrée en IV. Pour l’administration IV, utiliser
uniquement de l’eau pour préparation injectable. [ a(see page 247) b(see page 247) ]
Références
1. Gupta K, Hooton TM, Naber KG, Wullt B, Colgan R, Miller LG, Moran GJ, Nicolle LE, Raz R, Schaeffer
AJ, Soper DE, Infectious Diseases Society of America, European Society for Microbiology and
Infectious Diseases. International clinical practice guidelines for the treatment of acute
uncomplicated cystitis and pyelonephritis in women: A 2010 update by the Infectious Diseases
Society of America and the European Society for Microbiology and Infectious Diseases. Clin Infect
Dis. 2011;52(5):e103.
https://academic.oup.com/cid/article/52/5/e103/388285 [consulté le 17 décembre 2018]
Prostatite aiguë
• Signes cliniques(see page 248)
• Traitement(see page 248)
• Références(see page 249)
Signes cliniques
– Fièvre (souvent élevée) et frissons
– Signes de cystite (brûlures mictionnelles et pollakiurie)
– Douleurs périnéales, urétrales, péniennes ou rectales
– Retention d'urine
A l'examen :
– Toucher rectal très douloureux. Masse fluctuante en cas d'abcès de la prostate.
– Leucocyturie, pyurie, possible hématurie macroscopique
Traitement
– Antibiothérapie :
ciprofloxacine PO : 500 mg 2 fois par jour pendant 14 jours puis revoir le patient. Arrêtez le traitement si
les signes et symptômes ont complètement disparu. Si des signes et symptômes persistent, poursuivre le
même traitement pendant 14 jours supplémentaires.1(see page 249)
– Traitement symptomatique :
• Assurer une bonne hydration (1,5 litre d’eau par jour).
• Traiter la fièvre(see page 22) (Chapitre 1) et la douleur(see page 25) (Chapitre 1).
– Si suspicion d'abcès de la prostate, référer au chirurgien.
Références
1. National Institute for Health and Care Excellence. NICE guideline [NG110] Prostatitis (acute):
antimicrobial prescribing, 2018.
https://www.nice.org.uk/guidance/ng110/resources/visual-summary-pdf-6544018477 [consulté le
4 mars 2020]
Infections génitales
• Principes du traitement des IG(see page 250)
• Situation particulière : les violences sexuelles(see page 250)
Le diagnostic et le traitement des infections génitales (IG) comportent plusieurs difficultés : manque de
spécificité des symptômes ; fréquence des infections asymptomatiques ; manque de performance des
examens de laboratoire de terrain ; fréquence des infections mixtes ; nécessité de traiter simultanément
le(s) partenaire(s) si l’infection est sexuellement transmise 1(see page 0) ; risque accru de rechutes ou d’échec
thérapeutique en cas de co-infection par le HIV.
Par conséquent, l’OMS a introduit l’approche syndromique des IG et élaboré des protocoles de prise en
charge standardisés : le patient présentant un syndrome est traité pour les différents germes/
infections 2(see page 0) susceptibles de provoquer ce syndrome.
Vésicules ou ulcération(s) sur les organes génitaux Ulcérations génitales(see page 255)
Brûlures de la vulve ou du périnée
Douleurs abdominales basses (chez la femme) Douleur abdominale basse(see page 258)
Infections génitales hautes(see page 259)
• des plaies,
• des pathologies/infections déclarées, si l’événement n’est pas récent.
La prise en charge psychologique est nécessaire, quel que soit le délai écoulé depuis l’événement. Elle
est fondée sur une assistance immédiate (accueil, écoute) et si besoin un suivi, en vue de déterminer et
traiter les conséquences psychologiques et/ou psychiatriques (troubles anxieux, état dépressif,
syndrome post-traumatique, etc.). Voir Chapitre 11(see page 300).
1(see page 249) Les IG peuvent être sexuellement transmises (p. ex. gonococcie, chlamydiose) ou non (p. ex. la
plupart des candidoses).
2(see page 249) Garder en mémoire que, dans les régions où la schistosomiase à S. haematobium est
endémique, les symptômes d’infection génitale peuvent être dus ou associés à une
schistosomiase urogénitale (voir Schistosomiases(see page 152), Chapitre 6).
3(see page 250) Entre 72 et 120 heures (5 jours) après le viol, la contraception d’urgence reste toutefois
suffisamment efficace pour être proposée.
Écoulement urétral
• Conduite à tenir(see page 252)
• Laboratoire(see page 252)
• Traitement du patient(see page 252)
• Traitement du partenaire(see page 253)
L’écoulement urétral se rencontre presque exclusivement chez l’homme. Les principaux germes
responsables sont Neisseria gonorrhoeae (gonococcie) et Chlamydia trachomatis (chlamydiose).
L'écoulement urétral doit être constaté lors d’un examen clinique 1(see page 0) . Chez l’homme, masser
doucement l’urètre si l’écoulement n’est pas visible. Un écoulement urétral doit également être
recherché chez les patients se plaignant de douleurs/irritations lors de la miction (dysurie).
Conduite à tenir
Laboratoire
– C. trachomatis ne peut être aisément identifié par un laboratoire de terrain. En l’absence de tests de
diagnostic rapide valides, le traitement est probabiliste.
– Chez l’homme, la recherche de gonocoque peut être réalisée sur un prélèvement urétral, après
coloration au bleu de méthylène ou de Gram (diplocoques intracellulaires Gram négatif).
Traitement du patient
– Chez une femme : même traitement que pour une cervicite(see page 255).
– Chez un homme :
• Si un prélèvement urétral a été réalisé : en l’absence de gonocoques, traiter une chlamydiose ; en
présence de gonocoques, traiter une chlamydiose ET une gonococcie.
• En l’absence de laboratoire, traiter une chlamydiose ET une gonococcie comme ci-dessous :
Traitement du partenaire
Le partenaire sexuel reçoit le même traitement que le patient, qu’il soit symptomatique ou non.
1(see page 251) Dans les zones où la filariose lymphatique est endémique, ne pas confondre un écoulement
urétral purulent avec l’émission d’urines laiteuses ou « eau de riz » (chylurie), évocatrice d’une
filariose lymphatique.
Conduite à tenir
La cervicite est difficile à diagnostiquer. En cas de doute, traiter une cervicite chez une femme présentant
un écoulement vaginal anormal et au moins un des facteurs de risque suivants :
– Ecoulement urétral chez le partenaire
– Contexte de violences sexuelles ou de prostitution
– Nouveau partenaire ou plus d’un partenaire au cours des 3 derniers mois
Laboratoire
– Les examens réalisables sur le terrain permettent en général d’identifier les causes de vaginite
uniquement, leur intérêt est donc limité.
L’examen au microscope à l'état frais peut montrer des T. vaginalis mobiles, des levures et filaments
mycéliens de C. albicans et des cellules cibles (« clue cells ») dans les vaginites bactériennes.
– La mise en évidence de N. gonorrhoeae par coloration de Gram n’est pas sensible chez la femme et
n’est pas recommandée.
Traitement de la patiente
Cervicite
Traiter une chlamydiose ET une gonococcie :
En dehors de la grossesse
Candidose vulvo-vaginale
clotrimazole (cp gynécologique à 500 mg) : un comprimé dose unique, à insérer profondément dans le
vagin, le soir au coucher
En cas de candidose vulvaire étendue, il est possible d’appliquer sur la vulve la crème de miconazole
2% (une application 2 fois par jour pendant 7 jours). Le miconazole complète éventuellement le
traitement par clotrimazole mais ne le remplace pas.
Traitement du partenaire
Pour une vaginite ou cervicite, le partenaire sexuel reçoit le même traitement que la patiente, qu’il soit
symptomatique ou non.
En cas de candidose vulvo-vaginale, le partenaire n’est traité que s’il est symptomatique (inflammation
et démangeaisons du gland/du prépuce) : miconazole 2%, une application 2 fois par jour pendant 7
jours.
Ulcérations génitales
• Conduite à tenir(see page 256)
Les ulcérations génitales, définies comme des lésions vésiculeuses, ulcéreuses ou érosives des organes
génitaux, uniques ou multiples, accompagnées ou non d’adénopathie inguinale, doivent faire évoquer
une infection sexuellement transmissible.
Les principaux germes responsables sont Treponema pallidum (syphilis), Haemophilus ducreyi (chancre
mou) et Herpes simplex (herpès génital). Chlamydia trachomatis (lymphogranulome vénérien)
et Calymmatobacterium granulomatis (donovanose) 1(see page 0) sont plus rares.
Conduite à tenir
Laboratoire
Les examens réalisables sur le terrain sont peu utiles : p. ex., pour la syphilis, un test RPR ou VDRL négatif
n’exclut pas une syphilis primaire à un stade précoce et un test positif peut refléter une infection
antérieure chez un patient guéri.
Traitement du patient
Herpès génital
– Traitement local : toilette à l’eau et au savon.
– Traitement antiviral : aciclovir PO
En cas de primo-infection, une administration dans les 5 jours qui suivent l’apparition des symptômes
peut en réduire la durée : 400 mg 3 fois par jour pendant 7 jours.
En cas de récidive, même posologie pendant 5 jours mais le traitement n’est efficace que s’il est débuté à
la phase prodromique ou dans les 24 heures qui suivent l’apparition des symptômes.
En cas de récidives fréquentes (plus de 6 épisodes par an), voir Infection par le HIV et sida(see page 221),
Chapitre 8.
– Traitement de la douleur(see page 25) : paracétamol PO (Chapitre 1).
Syphilis
benzathine benzylpénicilline IM : 2,4 MUI par injection (répartir la dose dans les 2 fesses)1(see page 258)
Syphilis précoce (primaire, secondaire, ou latente de moins de un an) : dose unique
Syphilis latente tardive (syphilis latente depuis un an ou plus ou syphilis latente de durée inconnue) : une
injection par semaine pendant 3 semaines
ou, en cas d’allergie à la pénicilline ou si la pénicilline n'est pas disponible :
érythromycine PO : 1 g 2 fois par jour ou 500 mg 4 fois par jour pendant 14 jours (syphilis précoce) ou 30
jours (syphilis latente tardive)
ou
doxycycline PO : 100 mg 2 fois par jour pendant 14 jours (syphilis précoce) ou 30 jours (syphilis latente
tardive) 2(see page 0)
ou
azithromycine PO : 2 g dose unique (uniquement en cas de syphilis précoce et uniquement si la souche
est sensible)2(see page 258)
Chancre mou
azithromycine PO : 1 g dose unique
ou
ceftriaxone IM : 250 mg dose unique
ou
érythromycine PO : 1 g 2 fois par jour ou 500 mg 4 fois par jour pendant 7 jours
Il peut être nécessaire de ponctionner le ganglion fluctuant (aspiration à la seringue à travers la peau
saine). Ne pas pratiquer d'incision-drainage des ganglions.
Remarque : traiter simultanément une syphilis ET un chancre mou car ces infections fréquentes sont
difficiles à distinguer cliniquement.
Lymphogranulomatose vénérienne
érythromycine PO : 1 g 2 fois par jour ou 500 mg 4 fois par jour pendant 14 jours
ou
doxycycline PO : 100 mg 2 fois par jour pendant 14 jours 2(see page 0)
Il peut être nécessaire de ponctionner le ganglion fluctuant (aspiration à la seringue à travers la peau
saine). Ne pas pratiquer d'incision-drainage des ganglions.
Donovanose
Le traitement dure jusqu’à cicatrisation complète des lésions (en général plusieurs semaines ; sinon,
risque de récidive) :
azithromycine PO : 1 g à J1 puis 500 mg une fois par jour
ou
érythromycine PO : 1 g 2 fois par jour ou 500 mg 4 fois par jour
ou
doxycycline PO : 100 mg 2 fois par jour 2(see page 0)
Chez les patients infectés par le HIV, associer gentamicine IM : 6 mg/kg une fois par jour.
Traitement du partenaire
Le partenaire sexuel reçoit le même traitement que le patient, qu’il soit symptomatique ou non, sauf en
cas d’herpès (le partenaire n’est traité que s’il est symptomatique).
1(see page 256) Le lymphogranulome vénérien est endémique en Afrique de l’Est et de l’Ouest, Inde, Asie du
Sud-Est, Amérique du sud, Caraïbes ; la donovanose en Afrique du Sud, Papouasie-Nouvelle-
Guinée, Inde, Brésil, Caraïbes.
2(see page 257) La doxycycline est contra-indiquée chez la femme enceinte ou allaitante. [ a(see page 257) b(see
page 257) c(see page 258) ]
Références
1. Centers for Disease Control and Prevention. Syphilis Pocket Guide for Providers. 2017.
https://www.cdc.gov/std/syphilis/Syphilis-Pocket-Guide-FINAL-508.pdf
Conduite à tenir
Les infections génitales hautes sont des infections bactériennes de l'utérus (endométrite) et/ou des
trompes (salpingite), pouvant se compliquer d’une péritonite, d’un abcès pelvien ou d’une septicémie.
Le choix de l’antibiothérapie tient compte du contexte de l’infection : dans les suites d’un accouchement
ou d’un avortement (infection puerpérale) ou en dehors de ce contexte (infection sexuellement
transmise).
En cas de suspicion de péritonite ou d’abcès pelvien, demander un avis chirurgical. L’attente de l’avis
chirurgical ne doit pas retarder l’antibiothérapie.
Signes cliniques
Traitement
– Les critères d’hospitalisation sont :
• Patiente dont l’aspect évoque une infection sévère ou compliquée (p. ex. péritonite, abcès, septicémie)
• Incertitude sur le diagnostic (p. ex. suspicion de grossesse extra-utérine, appendicite)
• Impossibilité de suivre un traitement ambulatoire oral
• Absence d'amélioration après 48 heures de traitement ambulatoire ou dégradation avant 48 heures
– Les autres patientes peuvent être traitées en ambulatoire. Elles devraient être revues de manière
systématique au troisième jour de traitement pour évaluer l’amélioration clinique (atténuation des
douleurs, absence de fièvre). S’il est difficile d’organiser un suivi systématique, demander à ces patientes
de re-consulter après 48 heures de traitement si leur état ne s’améliore pas, ou avant si leur état se
dégrade.
1(see page 260) Chez la femme enceinte ou allaitante : érythromycine PO : 1 g 2 fois par jour ou 500 mg 4 fois
par jour pendant 14 jours
Dans les IGH sexuellement transmises, l’azithromycine en une dose unique est insuffisante
pour traiter la chlamydiose. [ a(see page 260) b(see page 260) ]
Condylomes
• Signes cliniques(see page 262)
• Traitement(see page 262)
• Condylomes externes < 3 cm et condylomes du vagin(see page 262)
• Condylomes externes > 3 cm ; condylomes cervicaux, intra-urétraux, rectaux, oraux et
condylomes chez la femme enceinte ou allaitante(see page 262)
Les condylomes sont des tumeurs cutanées ou muqueuses bénignes dues à certains papillomavirus
(HPV).
Signes cliniques
– Excroissances molles (« crêtes de coq »), indolores, parfois regroupées (aspect de chou-fleur) ou
macules (condylomes plans), plus difficiles à visualiser. Les condylomes peuvent être externes (vulve,
pénis, scrotum, périnée, anus) et/ou internes (vagin, col de l’utérus, urètre, rectum ; cavité buccale chez
les patients infectés par le HIV).
– Chez une femme, la présence de condylomes externes justifie un examen au spéculum à la recherche
de condylomes vaginaux ou cervicaux. L’examen peut révéler une tumeur ulcérobourgeonnante du col
évoquant un cancer lié aux papillomavirus 1(see page 0) .
Traitement
Le choix du traitement dépend de la taille et de la localisation des condylomes. Chez les patients infectés
par le HIV, le traitement peut être moins efficace et les rechutes plus fréquentes.
1(see page 262) Certains types d’HPV peuvent être responsables de cancer. Si le contexte le permet, la présence
de condylomes génitaux chez une femme justifie un dépistage de lésions précancéreuses du
col (inspection visuelle à l’acide acétique ou frottis cervical, ou autre technique disponible) et
leur traitement (cryothérapie, conisation, etc., selon le diagnostic).
2(see page 262) La résine de podophylle 10%, 15% ou 25% est une autre préparation beaucoup plus
thérapeutique, le traitement peut être différé. La présence de condylomes génitaux chez une
femme enceinte n’est pas une indication de césarienne : il est exceptionnel que les condylomes
gênent l’accouchement et le risque de transmission mère-enfant du virus est très faible.
Traiter simultanément un
chancre mou.
1(see page 263) La doxycycline est contre-indiquée chez la femme enceinte. Elle ne doit pas être administrée
chez la femme allaitante si le traitement excède 7 jours (utiliser l’érythromycine).
[ a(see page 263) b(see page 265) ]
2(see page 265) La ciprofloxacine est à éviter chez la femme enceinte.
Métrorragies
• Dans tous les cas(see page 266)
• Selon l'examen clinique(see page 267)
Pansements
• Matériel(see page 268)
• Organisation du soin(see page 269)
• Technique(see page 269)
• Ablation du pansement précédent(see page 269)
• Examen de la plaie(see page 269)
• Technique du pansement avec utilisation d’instruments stériles(see page 270)
• Pansements suivants(see page 270)
Matériel
Instruments stériles
– Une pince de Kocher ou de Péan
– Une pince à disséquer
– Une paire de ciseaux chirurgicaux ou un bistouri pour exciser les tissus nécrosés, découper les
compresses ou couper les fils
Les instruments destinés à un soin pour un patient doivent être conditionnés ensemble dans un même
emballage (papier, tissu ou boîte métallique) pour limiter les manipulations sources de fautes d’asepsie,
puis stérilisés à l’autoclave. 5 à 10 compresses peuvent être inclues dans ce set.
A défaut d’instruments stériles, le pansement peut être réalisé à l’aide de gants stériles.
Produits consommables
– Compresses stériles
– Gants non stériles à usage unique
– Sparadrap et/ou bande de crêpe ou de gaze
– Chlorure de sodium 0,9% stérile ou eau stérile
– Selon la plaie : antiseptique (polyvidone iodée solution moussante 7,5%, polyvidone iodée solution
dermique 10%), tulle gras, antalgiques
Organisation du soin
Une organisation rigoureuse des soins facilite le respect des règles d’hygiène et diminue le risque de
contamination de la plaie ou la transmission de germes d’un patient à un autre :
– Réserver pour les patients valides une salle spéciale pour les pansements. Elle doit être nettoyée
chaque jour et les déchets éliminés. La table de soin doit être désinfectée entre chaque patient.
– Réaliser le pansement au lit du patient si son état de santé ou son degré de mobilité l’exige. Utiliser un
chariot de soin propre et désinfecté avec, sur le plateau supérieur, le matériel stérile et/ou propre (set à
pansement, réserve de compresses, etc.) et sur le plateau inférieur, le matériel septique (récipient pour la
décontamination des instruments, boite de sécurité pour les objets piquants et tranchants, récipient ou
sac-poubelle pour les déchets).
– Disposer de tout le matériel nécessaire, d’un éclairage adapté. Se faire aider par un assistant si
nécessaire.
– Porter des lunettes de protection s’il y a risque de souillures ou projections par une plaie très suintante.
– Toujours procéder du plus propre au plus sale : commencer par les soins aux patients dont les plaies ne
sont pas infectées. Lorsqu’il y a plusieurs pansements chez un même patient, commencer par celui qui
est le plus propre.
Technique
– Administrer un médicament antalgique avant le soin s’il risque d’être douloureux et attendre le temps
nécessaire à son efficacité avant d’intervenir.
– Installer le patient confortablement, préserver son intimité pendant le soin.
– Expliquer au patient le déroulement du soin et obtenir sa coopération.
– Changer impérativement d’instruments (ou de gants stériles) entre chaque patient.
– Toujours utiliser le même antiseptique sur un patient afin d’éviter les interactions médicamenteuses.
Examen de la plaie
Deux situations se présentent communément :
– Il s’agit d’une plaie laissée ouverte, d’une perte de substance cutanée ou d’un ulcère.
L’observation de sa couleur renseigne sur l’évolution du processus de cicatrisation :
• zone noire = tissu nécrosé : escarre sec ou humide infecté
• zone jaune ou verdâtre = tissu infecté et présence du pus
• zone rouge = bourgeon charnu, habituellement signe d’une cicatrisation en bonne voie ; sauf s’il est
hypertrophique. Par contre, des berges rouges indiquent une inflammation, voire une infection.
• zone rose = épidermisation, phase ultime de la cicatrisation qui débute par les berges de la plaie
– Il s’agit d’une plaie suturée. L’existence de signes locaux de suppuration associés à une douleur conduit
à l’ablation d’un ou plusieurs fils pour éviter la propagation de l’infection :
• berges indurées rouges et douloureuses
• écoulement de pus entre les points, soit spontanément, soit par pression de part et d’autre de la plaie
• lymphangite
• crépitation sous-cutanée aux alentours de la plaie
Dans les deux cas, des signes généraux d’infection (fièvre, frissons, altération de l’état général) sont à
rechercher.
Pansements suivants
– Plaie suturée et propre : pansement 5 jours plus tard si la plaie est indolore, inodore, et que le
pansement reste propre. La décision de recouvrir la plaie ou de la laisser à l’air si elle est sèche dépend
souvent du contexte et des habitudes locales.
– Plaie suturée et infectée : enlever un ou plusieurs fils et évacuer le pus, pansement au moins une fois
par jour.
– Plaie ouverte sale : détersion et pansement quotidien.
– Plaie ouverte bourgeonnante : pansement tous les deux ou trois jours sauf si le bourgeon est
hypertrophique (dans ce cas, application locale de corticoïdes).
– Une plaie simple est une rupture de la continuité cutanée limitée en profondeur au tissu graisseux
sous-cutané, sans atteinte de tissus nobles (muscle, os, articulation, grosses artères, nerfs, tendons) et
sans perte de substance importante.
– Le traitement vise à assurer la cicatrisation rapide sans complications infectieuses ni séquelles. Il existe
un certain nombre de règles élémentaires :
• traiter rapidement toutes les plaies en respectant les règles d’asepsie et la chronologie des gestes
initiaux : lavage-exploration-parage ;
• identifier les plaies à suturer et celles pour lesquelles une suture serait néfaste ou dangereuse ;
• pratiquer la suture immédiate des plaies simples récentes (moins de 6 heures) et peu contaminées ou
préparer la suture retardée des plaies très contaminées et/ou plus anciennes ;
• prévenir le risque d’infection locale (abcès) ou générale (gangrène gazeuse ; tétanos).
Matériel
Instruments
(Figures 1a à 1d)
– Une pince à disséquer, un porte-aiguille, une paire de ciseaux chirurgicaux, une pince de Kocher ou de
Péan sont habituellement suffisants.
– Une ou deux autres pinces à hémostase, une paire d’écarteurs de Farabeuf, un bistouri peuvent être
utiles en cas de plaie contuse ou profonde.
Les instruments destinés à une suture pour un patient doivent être conditionnés et stérilisés ensembles
(boîte ou set à suture de plaie) pour limiter les manipulations, sources de faute d’asepsie.
Produits consommables
– Anesthésie locale : seringue stérile, aiguille stérile, lidocaïne 1% (sans épinéphrine)
– Gants stériles, champ troué stérile
– Fils à suture résorbables et non résorbables stériles
– Antiseptique et nécessaire à pansement
– Drainage : lame de caoutchouc, crins de nylon pour fixation
Technique
– Installer le patient confortablement, disposer de tout le matériel nécessaire et d’un éclairage suffisant.
– Expliquer au patient le déroulement du soin et obtenir sa coopération.
– Face à un jeune enfant, prévoir l’aide d’un assistant pour le maintenir si besoin.
Lavage initial
– Porter une tenue adaptée : gants stériles dans tous les cas, sur-blouse et lunettes de protection s’il
existe un risque de projection par une plaie hémorragique.
– Procéder à un lavage d’autant plus prolongé que la plaie est souillée. Utiliser de l’eau et du savon
ordinaire ou de la polyvidone iodée solution moussante 7,5% et rincer.
– Utiliser une brosse stérile si besoin et préférer un lavage par ruissellement plutôt que par immersion.
– Une plaie déjà infectée associée à des signes généraux (hyperthermie, frissons, altération de l’état
général) peut justifier une antibiothérapie par voie générale au moins une heure avant de commencer le
lavage.
Exploration
– Se laver les mains et mettre des gants stériles.
– Badigeonner largement la plaie et la peau environnante à la polyvidone iodée 10%.
– Recouvrir la plaie d’un champ troué stérile.
– Réaliser une anesthésie locale à la lidocaïne 1% en piquant dans les berges de la plaie et attendre au
moins 2 minutes que le produit agisse.
– Procéder avec minutie de la superficie vers la profondeur pour explorer la totalité de la plaie et les
zones de décollement sous-cutané. Se faire aider par un assistant si nécessaire.
– Tenir compte de la situation anatomique de la plaie pour rechercher une atteinte des tissus nobles
(l’examen clinique du membre sous-jacent à la plaie d’un point de vue moteur, sensitif et tendineux est
un préalable indispensable qui oriente l’exploration chirurgicale) :
• une plaie qui communique avec une fracture est une fracture ouverte,
• une plaie à proximité d’une articulation peut être une plaie articulaire,
• une plaie de la main ou du pied peut atteindre des nerfs et/ou des tendons,
• une plaie en regard d’une grosse artère peut être une plaie artérielle même si elle ne saigne plus.
– Rechercher et enlever d’éventuels corps étrangers.
– L’exploration doit être menée au bloc opératoire chaque fois qu’elle ne peut être complète (en cas de
douleur ou de saignement importants par exemple).
Parage
– Le parage d’une plaie vise à l’ablation de tous les tissus dévitalisés qui favorisent la prolifération
bactérienne et l’infection.
– Le parage est réduit ou nul en cas de plaie nette. Il est d’autant plus large que la plaie est contuse,
irrégulière et étendue.
– Exciser de façon économique la peau des berges de la plaie, en particulier au niveau du visage.
– Exciser largement les tissus sous-cutanés et la graisse dont la vitalité est douteuse pour ne laisser que
des tissus bien vascularisés.
Brûlures
• Classification des brûlures(see page 279)
• Évaluation des brûlures(see page 280)
• Traitement des brûlures graves(see page 281)
• I. Soins immédiats(see page 281)
• II. Soins généraux dans les premières 48 heures(see page 282)
• III. Soins locaux(see page 284)
• IV. Soins chirurgicaux(see page 285)
• V. Prise en charge de la douleur(see page 286)
• Brûlures bénignes(see page 287)
Les brûlures sont des traumatismes cutanés, produits par des agents thermiques, électriques, chimiques
ou des radiations. Elles entraînent toujours des douleurs importantes et peuvent parfois engager le
pronostic vital et/ou fonctionnel.
Tête 19 17 13 10 7
Cou 2 2 2 2 2
Tronc antérieur 13 13 13 13 13
Tronc postérieur 13 13 13 13 13
Périnée 1 1 1 1 1
Bras droit 4 4 4 4 4
Bras gauche 4 4 4 4 4
Avant-bras droit 3 3 3 3 3
Avant-bras gauche 3 3 3 3 3
Cette table permet d’estimer avec précision le % de SCB selon l'âge : p. ex. brûlure du visage, face
antérieure du thorax, bras gauche en circulaire et face interne de l'avant- bras gauche chez un enfant de
2 ans : 8,5 + 13 + 4 + 1,5 = 27% de SCB.
Guériso Guérison spontanée en 5-15 jours • Brûlures très profondes : pas de guérison sans
n chirurgie
• Brûlures intermédiaires : éventuelle guérison
spontanée en 3-5 semaines, avec risque élevé
d'infection et de séquelles permanentes
I. Soins immédiats
A l'arrivée
– Assurer la liberté des voies aériennes ; O2 à haut débit, même si la SpO2 est normale.
– Voie veineuse périphérique, de préférence en zone saine (voie intraosseuse si pas d’accès veineux
possible).
Remarques :
– Au stade initial la brûlure ne saigne pas : rechercher une hémorragie si l’hémoglobine est normale ou
basse.
– La brûlure en elle-même n’altère pas la conscience. En cas de troubles de la conscience, penser à un
traumatisme crânien, une intoxication, une confusion post-critique chez l’épileptique.
– Les manifestations cliniques des brûlures électriques sont très variables selon le type de courant.
Rechercher des complications (arythmie, rhabdomyolyse, troubles neurologiques).
Réanimation
Remplissage vasculaire pour corriger l'hypovolémie :
Apports hydroélectrolytiques dans les premières 48 heures en fonction de l'âge
24 - 48 h Apports de base* quotidiens IV moins les 40 ml/kg RL moins liquides alimentaires (ne
liquides alimentaires tels que lait, bouillies, pas prendre en compte l’eau de boisson).
gavage (ne pas prendre en compte l’eau de
boisson).
* apports de base : RL et glucose à 5% en alternance, 4 ml/kg/h pour les premiers 10 kg + 2 ml/kg/h pour
les 10 kg suivants + 1 ml/kg/h pour chaque kg restant (au-dessus de 20 kg et en-dessous de 30 kg)
Remarque : augmenter les apports de 50% (3 ml/kg x % SCB les 8 premières heures) en cas d'inhalation
ou d'électrocution. En cas de brûlure > 50% SCB, limiter le calcul à 50% SCB.
Ce protocole est à adapter en fonction de la pression artérielle systolique (PAS) et de la diurèse. Ne pas
provoquer une surcharge volémique. Réduire les apports si la diurèse excède la limite supérieure.
Objectifs du remplissage vasculaire
Enfant < 1 an Enfant 1-12 ans Enfant > 12 ans/ Tout âge
adulte
Soins respiratoires
– Tous les cas : oxygénothérapie prolongée avec humidification, kinésithérapie respiratoire.
– Gestes chirurgicaux d'urgence si besoin (trachéotomie, incisions de décharge du thorax).
– Ne pas administrer de corticoïdes (pas d’effet sur les œdèmes ; favorisent l'infection). Pas de traitement
spécifique des lésions bronchopulmonaires directes.
Analgésie
Voir Prise en charge de la douleur(see page 286).
Nutrition
Initier la nutrition de manière très précoce, dès H8 :
– Besoins quotidiens de l’adulte
• énergie : 25 kcal/kg + 40 kcal/% SCB
• protéines : 1,5 à 2 g/kg
– Les produits hautement caloriques (NRG5, Plumpy'nut, lait F100) sont incontournables si la SCB est >
20% (les aliments naturels sont insuffisants).
– Les apports alimentaires sont à répartir de la façon suivante : 50% de glucides, 30% de lipides, 20% de
protéines.
– Augmenter de 5-10 fois l'apport journalier recommandé en vitamines et oligoéléments.
– Privilégier l’alimentation orale ou par sonde gastrique (indispensable si SCB > 20%).
– Débuter par de petites quantités à J1, augmenter progressivement pour atteindre les besoins
énergétiques recommandés en 3 jours.
– Evaluer systématiquement l'état nutritionnel (pesée 2 fois par semaine).
– Réduire les dépenses énergétiques : pansements occlusifs, environnement chaud (28-33 °C), couverture
cutanée précoce ; prise en charge de la douleur, de l’insomnie et de la dépression.
Autres soins
– Oméprazole IV dès J1
Enfant : 1 mg/kg une fois par jour
Adulte : 40 mg une fois par jour
– Prophylaxie/vaccination antitétanique (voir Tétanos(see page 174), Chapitre 7).
– Thromboprophylaxie : nadroparine SC à débuter 48 à 72 heures après la brûlure. Dose adaptée au
risque élevé si SCB > 50% et/ou électrisation à haut voltage ; au risque modéré si SCB 20 à 50% et/ou
brûlures des membres inférieurs.
– Kinésithérapie dès J1 (prévention des rétractions), analgésie indispensable.
– Brûlures intentionnelles (tentative de suicide, agression) : suivi psychologique particulier.
Principes généraux
– Respecter rigoureusement les règles d'asepsie.
– Les pansements nécessitent l’emploi de morphine chez le brûlé non anesthésié.
– Le premier pansement est fait au bloc sous anesthésie générale, les suivants au bloc sous anesthésie
générale ou en chambre sous morphine.
Technique
– Lors du premier pansement, raser les zones pileuses (aisselles, aines, pubis) si les brûlures touchent les
tissus voisins ; le cuir chevelu (antérieur en cas de brûlure de la face, entier en cas de brûlure du crâne).
Couper les ongles.
– Nettoyer la brûlure avec une solution moussante de polyvidone iodée (1 volume de polyvidone 7,5% + 4
volumes de chlorure de sodium 0,9% ou d’eau stérile). Frotter doucement avec les compresses, éviter de
faire saigner.
– Procéder à l’ablation des phlyctènes avec pinces et ciseaux.
– Rincer avec du chlorure de sodium 0,9% ou de l'eau stérile.
– Sécher la peau par tamponnement avec des compresses stériles.
– Appliquer de la sulfadiazine argentique directement avec la main (porter des gants stériles) sur toutes
les surfaces brûlées, en couche uniforme de 3-5 mm (sauf paupières et lèvres) chez l'enfant de 2 mois et
plus et l'adulte.
– Appliquer une couche de gaze imprégnée de corps gras (Jelonet® ou tulle gras) en utilisant une
technique de va-et-vient (non circulaire).
– Recouvrir de compresses stériles, dépliées en « voile ». Ne jamais ceinturer un membre avec une seule
compresse.
– Recouvrir l'ensemble par des bandes de crêpe non serrées.
– Surélever les membres pour éviter l’œdème ; immobilisation en extension.
Fréquence
– Toutes les 48 heures en routine.
– Tous les jours en présence de surinfection ou pour certaines localisations (p. ex. périnée).
Surveillance
– L’ischémie distale du membre brûlé est la principale complication dans les 48 premières heures. Signes
d’ischémie à rechercher : cyanose ou pâleur des extrémités, dysesthésies, hyperalgie, disparition du
pouls capillaire.
– Surveillance quotidienne : douleur, saignements, évolution et infection.
Chirurgie de la brûlure
– Excision-greffe des brûlures profondes, au bloc sous anesthésie, entre J5 et J6 : exciser les structures
cutanées nécrotiques (escarres) et les recouvrir dans le même temps par des autogreffes de peau fine.
Intervention à fort potentiel hémorragique, ne pas dépasser 15% de SCB dans le même temps
opératoire.
– Si l'excision-greffe précoce n'est pas réalisable, recourir à la séquence détersion-bourgeonnement-
cicatrisation. La détersion se fait, spontanément, sous l’action des pansements à la sulfadiazine/tulle
gras et, si nécessaire, de façon mécanique par ablation chirurgicale des tissus nécrotiques. Elle est suivie
d’un bourgeonnement qui pourra nécessiter un grattage chirurgical en cas de bourgeons
hypertrophiques. Le risque infectieux est élevé et les délais longs (> 1 mois).
Brûlures bénignes
– Traiter en consultations externes.
– Soins locaux : pansements à la sulfadiazine (chez l'enfant de 2 mois et plus et l'adulte) ou avec du tulle
gras (sauf brûlures superficielles du premier degré).
– Douleur : paracétamol ± tramadol suffit le plus souvent.
1(see page 284) La technique ouverte « patient brûlé nu sous moustiquaire » et la balnéothérapie sont des
techniques obsolètes et ne doivent plus être utilisées.
Abcès cutané
• Signes cliniques(see page 287)
• Examens complémentaires(see page 287)
• Traitement(see page 288)
• Matériel(see page 288)
• Anesthésie(see page 288)
• Technique(see page 288)
– Un abcès cutané est une collection de pus dans le derme ou le tissu sous-cutané.
– Staphylococcus aureus est le germe le plus souvent responsable.
Signes cliniques
– Nodule douloureux, rouge, luisant, fluctuant ou non ; suppuration ou cellulite environnante
(voir Érysipèle et cellulite(see page 108), Chapitre 4).
– Adénopathie régionale et fièvre peuvent être présentes.
– Complications : ostéomyélite, arthrite septique, choc septique (voir Choc(see page 11), Chapitre 1).
Examens complémentaires
– Radiographie si suspicion d'ostéomyélite ou d'arthrite septique.
Traitement
– Le traitement consiste à inciser et drainer l'abcès, dans des conditions d'asepsie strictes (c.-à-d.
matériel et instruments stériles, préparation cutanée antiseptique).
– Référer au chirurgien tout abcès cutané :
• localisé sur face antérieure ou latérale du cou, le triangle central du visage, la main, la région péri-anale,
le sein, ou
• à proximité d'un gros vaisseau (p. ex. artère fémorale), ou
• affectant un os ou une articulation.
– Antibiothérapie uniquement en cas de signes d'infection systémique, cellulite environnante étendue ou
chez les patients présentant des facteurs de risque, p. ex. immunosuppression ou diabète (pour
l'antibiothérapie, voir Érysipèle et cellulite(see page 108), Chapitre 4).
Matériel
– Bistouri stérile
– Pince courbe et sans griffe de Kelly stérile
– Gants et compresses à usage unique stériles
– Antiseptique et chlorure de sodium 0,9%
– Seringue de 5 ou 10 ml
Anesthésie
– Abcès de petite taille (approximativement < 5 cm), bien délimité, chez l'adulte : anesthésie locale à
la lidocaïne 1% sans épinephrine (10 mg/ml) : 15 à 20 ml
– Abcès de grande taille (approximativement > 5 cm) ou profond ou mal délimité chez l'adulte ou abcès
chez l'enfant : sédation procédurale ou anesthésie générale (kétamine IM : 10 mg/kg).
Pour l'analgésie, voir Douleur(see page 25), Chapitre 1.
Technique
Incision au bistouri (Figure 8a)
– Tenir le bistouri entre le pouce et le majeur de la main dominante, l’index appuyant sur le manche.
L'autre main maintient l'abcès entre le pouce et l’index. Le tranchant de la lame de bistouri doit être
perpendiculaire au plan cutané.
– L’incision se fait selon l'axe le plus long de l'abcès, d'un seul trait franc. Sa longueur doit être suffisante
pour laisser pénétrer un doigt.
Figure 8a
Incision au bistouri
les structures nobles (pulsation artérielle) ou un éventuel contact osseux. Dans ce dernier cas un avis
chirurgical est préférable.
Figure 8b
Exploration de la cavité, effondrement des travées fibreuses
Lavage
Laver abondamment à la seringue avec du chlorure de sodium 0,9%.
Figure 8c
Drainage fixé à la peau
Pansement
Recouvrir de compresses stériles.
Pyomyosite
• Signes cliniques(see page 290)
• Examens complémentaires(see page 290)
• Matériel et anesthésie(see page 290)
• Technique(see page 290)
– La pyomyosite est l'infection d'un muscle, pratiquement toujours due à Staphylococcus aureus,
touchant préférentiellement les muscles des membres et du tronc. Les localisations sont parfois
multiples.
– Les facteurs de risque comprennent l'immunodépression, une infection concomitante à S. aureus, la
malnutrition, un traumatisme local et la consommation de drogues injectables. Le risque de mortalité
est important en l'absence de traitement précoce.
Signes cliniques
– Signes et symptômes :
• locaux : douleur musculaire exquise, œdème induré du muscle ("comme du bois") à la palpation.
• généraux : adénopathie régionale et fièvre.
• pyomyosite du muscle psoas : le patient garde la hanche fléchie, l'extension de la hanche est
douloureuse. Si l'abcès est du côté droit, les signes cliniques sont les mêmes que pour une appendicite
(douleur dans la fosse iliaque droite).
– Complications : emboles septiques, endocardite et arthrite septique, choc septique (voir Choc(see page
11), Chapitre 1).
Examens complémentaires
– POCUS 1(see page 0) : caractérisation de l'abcès ; peut permettre d'exclure une thrombose veineuse
profonde.
– Radiographie : peut montrer un corps étranger, des signes d'ostéomyélite ou d'ostéosarcome.
Traitement
– Immobiliser le membre.
– Antibiothérapie systématique (voir Erysipèle et cellulite(see page 108), Chapitre 4).
– Antalgiques selon le niveau de la douleur (voir Douleur(see page 25), Chapitre 1).
– Pansement alcoolisé pour favoriser la collection de l’abcès : compresses imbibées d’alcool à 70% à
renouveler 2 fois par jour (jusqu’à 3 fois par jour max. pour ne pas brûler la peau) jusqu'à l'incision-
drainage.
– Le traitement consiste à inciser et drainer l’abcès, dans des conditions d'asepsie strictes (c.-à-d.
matériel et instruments stériles, préparation cutanée antiseptique), selon les règles d’incision-drainage
d’un abcès classique (voir Abcès cutané(see page 287), Chapitre 10). Les abcès musculaires sont souvent
plus profonds que les autres abcès. Une aspiration à l'aide d'une aiguille de gros calibre peut être
nécessaire pour localiser l'abcès. L'aspiration n'est pas suffisante même si elle permet d'évacuer du pus.
Elle doit être suivie d'une incision et d'un drainage.
– En cas de pyomyosite du muscle psoas, débuter l'antibiothérapie et référer au chirurgien.
Matériel et anesthésie
Les mêmes que pour un abcès cutané(see page 287), Chapitre 10.
Technique
– Incision large, dans l’axe des membres, en regard de l’abcès, en respectant les axes vasculonerveux ;
incision de la peau, des tissus sous-cutanés et des aponévroses musculaires au bistouri (Figure 9a).
– Dilacération des fibres musculaires au doigt, ou à la pince de Kelly sans griffe ou aux ciseaux à bout
rond, enfoncés fermés dans le muscle et remontés doucement en ouvrant légèrement (être
perpendiculaire au sens des fibres), jusqu'à la cavité purulente (Figure 9b). Si l'abcès s'avère très
profond, il peut être nécessaire de référer au chirurgien.
– Exploration et évacuation du pus au doigt, avec effondrement des adhérences et néocavités (Figure 9c).
– Lavage abondant avec du chlorure de sodium 0,9%.
– Drainage par l’incision à l’aide d’une grosse lame.
– La lame doit être fixée par un point de suture sur une des berges de la plaie et retirée vers le 5e jour
(Figure 9d).
Figures 9 : Technique d'incision-drainage d'une myosite
Figure 9a Figure 9b
Incision large Dilacération du muscle à la pince de
Kelly enfoncée fermée et remontée légèrement
ouverte
Figure 9c Figure 9d
Exploration et évacuation du pus au doigt Drainage par une lame fixée à la peau
1(see page 290) L'échographie clinique doit être utilisée et interprétée exclusivement par des cliniciens formés.
Ulcère de jambe
• Traitement local quotidien(see page 292)
• Traitement général(see page 292)
– L’histoire de la maladie et un examen clinique complet (en particulier neurologique, à la recherche une
neuropathie périphérique due à une lèpre ou un diabète) permettent le plus souvent de poser le
diagnostic étiologique.
– Tout ulcère peut se compliquer de surinfection loco-régionale (abcès, lymphangite, adénite,
ostéomyélite, érysipèle, pyodermite), générale (septicémie), de tétanos et, après de longues années
d’évolution, de cancer cutané.
Traitement général
– Traitement antalgique en cas de douleur : classe, posologie et dose à adapter à chaque patient
(voir Douleur(see page 25), Chapitre 1).
– Antibiothérapie générale en cas de :
• Surinfection (voir Infections cutanées bactériennes(see page 106), Chapitre 4).
• Ulcère phagédénique (au stade précoce, l’antibiothérapie peut-être utile. Elle est souvent
inefficace au stade chronique) :
doxycycline PO (sauf chez l’enfant de moins de 8 ans et la femme enceinte ou allaitante)
Enfant de 8 ans et plus : 4 mg/kg une fois par jour
Adulte : 200 mg une fois par jour
ou
métronidazole PO
Enfant : 10 mg/kg 3 fois par jour
Adulte : 500 mg 3 fois par jour
Après 7 jours de traitement, si l’antibiothérapie est efficace, poursuivre avec doxycycline ou
métronidazole aux doses indiquées ci-dessus. La durée du traitement dépend de l’évolution
clinique.
– Traitement de la cause.
– Mesures complémentaires :
• Surélever les jambes en cas d'insuffisance veineuse et/ou lymphatique.
• Prévention antitétanique (voir Tétanos(see page 174), Chapitre 7).
• Greffe cutanée si ulcère étendu, propre, rouge et plan. L’excision chirurgicale large des tissus infectés
suivie de greffe cutanée est souvent nécessaire pour obtenir la guérison dans l’ulcère phagédénique et
l’ulcère de Buruli.
– Infections invasives des tissus mous : peau, tissu sous-cutané, aponévrose superficielle ou profonde,
muscle. On regroupe sous ces termes la cellulite nécrosante, la fasciite nécrosante, la myonécrose, la
gangrène gazeuse, etc.
– Les tableaux cliniques varient selon le germe en cause et le stade de progression. Le streptocoque du
groupe A est fréquemment isolé de même que Staphylococcus aureus, les entérobactéries et les
anaérobies, y compris Clostridium sp.
– Le retard de traitement d’une plaie mineure ou certains types de plaies (blessures par balle ou arme
blanche, fractures ouvertes ou injections intramusculaires/circoncisions non stériles) ou certaines
infections (varicelle ou omphalite) favorisent le développement d’une infection nécrosante. Les facteurs
de risque comprennent l’immunodépression, le diabète, la malnutrition et le grand âge.
– Une infection nécrosante est une urgence chirurgicale. Le taux de mortalité est élevé.
Signes cliniques
– Les premiers signes et symptômes sont un érythème, un œdème et une douleur disproportionnée par
rapport à l'aspect de l'infection. La localisation dépend de la porte d’entrée. Il peut être difficile à ce
stade de distinguer une infection nécrosante d’une infection non nécrosante (voir Érysipèle et
cellulite(see page 108), Chapitre 4). Des signes généraux d'infection (fièvre, tachycardie, etc.) peuvent être
présents.
– Même sous antibiothérapie, les lésions s’aggravent rapidement, avec apparition de signes typiques
d’infection nécrosante : bulles hémorragiques et nécrose (tâches bleutées ou noirâtres, froides,
hypoesthésiques).
– Signes tardifs : crépitations à la palpation et odeur fétide (gangrène gazeuse), avec signes généraux
d'infection sévère (voir Choc(see page 11), Chapitre 1).
Laboratoire
– Si disponibles, certains examens peuvent aider à identifier une infection nécrosante débutante :
leucocytes > 15 000/mm³ ou < 4000/mm³ ; créatininémie > 141 micromol/litre ; glycémie > 10 mmol/litre
(180 mg/dl) ou < 3,3 mmol/litre (60 mg/dl). Cependant, des résultats normaux n'excluent pas une
infection nécrosante.
– Réaliser des prélèvements au bloc pour culture et une hémoculture si possible.
Examens complémentaires
– Radiographie : peut visualiser la présence de gaz dans les muscles ou le long des plans fasciaux. Peut
permettre d'exclure un corps étranger, une ostéomyélite, un ostéosarcome.
Traitement
Une prise en charge chirurgicale rapide accompagnée d’une antibiothérapie IV est essentielle pour
réduire la mortalité. Référer immédiatement en chirurgie. Démarrer la réanimation si nécessaire
(voir Choc(see page 11), Chapitre 1).
– Chirurgie en urgence :
• Débridement, drainage de la plaie, large excision des tissus nécrotiques, amputation rapide si
nécessaire.
• Réexamen impératif au bloc opératoire par le chirurgien après 24 à 36 heures pour évaluer une
progression éventuelle de la nécrose et la nécessité d’une excision supplémentaire.
– Antibiothérapie IV pendant 14 jours minimum, voire plus, selon l’évolution clinique :
cloxacilline + ceftriaxone + clindamycine ou amoxicilline/acide clavulanique + clindamycine. Pour les
doses, voir ci-dessous.
cloxacilline perfusion IV (60 minutes) 1(see page 0)
Enfant < 40 kg : 50 mg/kg toutes les 6 heures
Enfant ≥ 40 kg et adulte : 3 g toutes les 6 heures
ceftriaxone IV lente (3 minutes) ou perfusion IV (30 minutes) 2(see page 0)
Enfant de 1 mois et plus : 100 mg/kg une fois par jour
Adulte : 2 g une fois par jour
clindamycine perfusion IV (30 minutes) 3(see page 0)
Nouveau-né de 0 à 7 jours (< 2 kg) : 5 mg/kg toutes les 12 heures
Nouveau-né de 0 à 7 jours (≥ 2 kg) : 5 mg/kg toutes les 8 heures
Nouveau-né de 8 jours à < 1 mois (< 2 kg) : 5 mg/kg toutes les 8 heures
Nouveau-né de 8 jours à < 1 mois (≥ 2 kg) : 10 mg/kg toutes les 8 heures
Enfant de 1 mois et plus : 10 à 13 mg/kg toutes les 8 heures (max. 2700 mg par jour)
Adulte : 900 mg toutes les 8 heures
amoxicilline/acide clavulanique (co-amoxiclav) IV lente (3 minutes) ou perfusion IV (30 minutes) 4(see
page 0)
1(see page 294) La poudre de cloxacilline est à reconstituer dans 4 ml de d’eau pour préparation injectable.
Ensuite, chaque dose de cloxacilline est à diluer dans un volume de 5 ml/kg de chlorure de
sodium 0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de moins de 20 kg et dans une poche de 100 ml
de chlorure de sodium 0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de 20 kg et plus et chez les
adultes.
2(see page 294) Pour l’administration en IV, la poudre de ceftriaxone est à reconstituer dans de l’eau pour
3(see page 294) Chaque dose de clindamycine est à diluer dans un volume de 5 ml/kg de chlorure de sodium
0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de moins de 20 kg et dans une poche de 100 ml de
chlorure de sodium 0,9% ou de glucose 5% chez les enfants de 20 kg et plus et chez les adultes.
4(see page 294) Chaque dose d’amoxicilline/acide clavulanique est à diluer dans un volume de 5 ml/kg de
chlorure de sodium 0,9% chez les enfants de moins de 20 kg et dans une poche de 100 ml de
chlorure de sodium 0,9% chez les enfants de 20 kg et plus et chez les adultes. Ne pas diluer
dans du glucose.
Dans tous les cas, prévoir l’éventualité d’une réaction anaphylactique qui, malgré sa sévérité
potentielle (choc), est en général plus facile à contrôler qu’un trouble de la coagulation ou une atteinte
neurologique grave.
– Chez un patient asymptomatique (morsure sans signes d’envenimation et sans troubles de la
coagulation), la surveillance médicale dure au moins 12 heures (au mieux, 24 heures).
Morsure
0 Traces de crochets ? Repos complet, pose d’une attelle pour
Douleur locale immobiliser le membre et ralentir la
diffusion du venina.
Nettoyage de la plaie.
Prophylaxie antitétanique (Tétanos(see page
174), Chapitre 7).
Rechercher des signes d’envenimation. En
périphérie, préparer l’évacuation vers un
centre de référence.
Envenimation
10-30 Hypotension, myosis, Elapidés Pose de voie veineuse périphérique.
minute hypersialorrhée, hypersudation, Sérothérapie IV dès que possible.
s dysphagie, dyspnée
Paresthésie locale, parésie
a
La pose de garrot, l’incision-succion et la cautérisation sont inutiles, voire dangereux.
b
Ne pas utiliser d’acide acétylsalicylique (aspirine).
– En cas d'infection patente uniquement : drainage en cas d’abcès ; amoxicilline/acide clavulanique (co-
amoxiclav) pendant 7 à 10 jours en cas de cellulite.
Les infections sont relativement rares et surtout liées aux traitements traditionnels ou à une infection
nosocomiale après une chirurgie inutile ou trop précoce.
– Les envenimations sévères sont rares. On distingue surtout deux grands syndromes :
• Syndrome neurologique (veuve noire) : douleurs musculaires intenses, tachycardie, hypertension,
nausées, vomissements, céphalées, hypersudation. Les signes évoluent pendant environ 24 heures
puis disparaissent spontanément en quelques jours.
• Syndrome nécrotique (araignée recluse) : lésions tissulaires locales, nécrose et ulcération
possibles ; signes généraux bénins (fièvre, frissons, malaises et vomissements) disparaissant le plus
souvent en quelques jours. Parfois ictère hémolytique pouvant mettre en jeu le pronostic vital.
En plus des mesures générales ci-dessus, utiliser du gluconate de calcium 10% IV lente (enfant : 5 ml par
injection, adulte : 10 ml par injection, à administrer en 10 à 20 minutes) en cas de spasmes musculaires.
Le débridement ou l’incision des nécroses sont déconseillés (inutile, délabrant).
1(see page 295) Il existe un décalage parfois important entre l’effondrement des facteurs de coagulation (< 30
min après la morsure) et les premiers saignements (en dehors du saignement au point de
morsure et/ou l’apparition de phlyctènes séro-sanglantes), qui peuvent survenir jusqu’à 3 jours
après la morsure. A l’inverse, l’arrêt des saignements précède la normalisation biologique de la
coagulation.
Infections dentaires
• Signes cliniques et traitement(see page 299)
• Infection localisée à la dent et son pourtour (abcès dentaire aigu)(see page 299)
• Infection étendue aux régions anatomiques environnantes (abcès dento-osseux aigu)(see
page 299)
• Infections diffuses cervico-faciales(see page 299)
Anxiété
Un patient anxieux présente à la fois des troubles :
– psychiques : inquiétude envahissante, p. ex., peur d’être atteint d’une maladie grave, peur sans objet
défini, phobies ;
– comportementaux : nervosité, conduite d’évitement, tendance à l’isolement, irritabilité ;
– somatiques : p. ex., bouche sèche, « gorge nouée »; parfois plaintes physiques multiples et inexpliquées
(sensation de malaise général, bouffées de chaleur ou frissons, douleurs diffuses, etc.) ;
– de la concentration, du sommeil (difficulté d’endormissement, cauchemars récurrents).
Les troubles anxieux sont fréquents dans les dépressions(see page 304), les syndromes post-
traumatiques(see page 303) et les psychoses(see page 306). Ils peuvent aussi être isolés, sans autre trouble
psychique associé. Souvent, les troubles anxieux surviennent dans les suites immédiates d’un
événement de vie difficile. Les plaintes physiques multiples et inexpliquées sont fréquentes chez les
réfugiés et les personnes exposées à l’adversité ; dans certaines cultures elles peuvent être la seule
expression de la souffrance psychique.
Conduite à tenir
Essayer de déterminer l’origine de l’anxiété et de rassurer le patient (sans minimiser la détresse ou les
symptômes). Si nécessaire, utiliser des techniques simples de relaxation pour réduire les symptômes 1(see
page 0)
.
Si les symptômes sont exacerbés (p. ex., tachycardie, sensation d’étouffement, peur de mourir ou de «
devenir fou », agitation ou au contraire prostration), il peut être nécessaire d’utiliser du diazépam : 5 à 10
mg PO ou 10 mg IM, à renouveler éventuellement une heure après.
Un trouble anxieux aigu sévère peut justifier un traitement court (max. 1 à 2 semaines) par :
diazépam PO : 2,5 à 5 mg 2 fois par jour en réduisant la dose de moitié dans les derniers jours précédant
l’arrêt du traitement
ou
hydroxyzine PO : 25 à 50 mg 2 fois par jour (max. 100 mg par jour)
Si l’anxiété réapparaît à l’arrêt du traitement, ne pas ré-administrer de diazépam ou d’hydroxyzine.
Reconsidérer l'installation d'un trouble dépressif ou post-traumatique.
1(see page 300) Par exemple, en cas de polypnée, utiliser une technique de régulation du rythme respiratoire :
installer le patient en position confortable, les yeux fermés. L’aider à se concentrer sur sa
respiration pour qu’elle devienne plus calme et régulière, avec des cycles respiratoires en trois
temps : inspiration (compter jusqu’à 3), expiration (idem), pause (idem), etc.
Insomnie
Les plaintes peuvent être : difficulté d’endormissement, réveil matinal précoce, sommeil interrompu,
cauchemars, fatigue.
Conduite à tenir
Si l’insomnie est liée à une cause organique, traiter la cause (p. ex. traitement antalgique si douleur).
Si l’insomnie est liée à une prise de toxiques (alcool/drogues) ou à un traitement médicamenteux 1(see page
0)
, la conduite à tenir dépend du produit responsable.
Si l’insomnie est liée à un évènement de vie particulier (un deuil p. ex.), il est possible de prescrire un
traitement court à visée sédative pour soulager le patient:
prométhazine PO : 25 mg une fois par jour au coucher pendant 7 à 10 jours
ou diazépam PO : 2 à 5 mg une fois par jour au coucher pendant 7 jours max.
Si l’insomnie persiste, ré-évaluer le patient. L’insomnie est un symptôme fréquent dans les dépressions
(Dépression(see page 304)), les états de stress post-traumatiques (Syndromes post-traumatiques(see page
303)) et les états anxieux (Anxiété(see page 300)). Dans ces cas, c’est le trouble sous-jacent qu’il faut prendre
en charge.
1(see page 301) Les médicaments connus pour entraîner des troubles du sommeil sont principalement :
corticoïdes, bêtabloquants, lévodopa/carbidopa, fluoxétine, lévothyroxine, etc.
Agitation
Les personnes qui ont récemment subi des évènements violents ou qui présentent des troubles anxieux,
psychotiques ou confusionnels peuvent avoir des phases d’agitation psychomotrice.
L’agitation est fréquente au cours des intoxications aiguës (alcool/drogues psychostimulantes) et des
syndromes de sevrage. Certains médicaments peuvent provoquer une agitation (inhibiteurs sélectifs de
la recapture de la sérotonine (IRS), lévodopa, méfloquine, éfavirenz, etc.).
L’agitation peut être accompagnée de comportements d’opposition, de fuite ou de violence.
Conduite à tenir
Il est préférable d’être deux pour réaliser l’évaluation clinique, au calme, avec ou sans l’entourage, selon
la situation.
Il importe de déterminer si le patient présente des signes de confusion mentale. Si oui, l’urgence est de
détecter la cause et de la traiter (voir Etat confusionnel(see page 302)).
Il peut être nécessaire d’administrer 10 mg de diazépam PO pour réduire l’agitation et réaliser l’examen
clinique sans trop sédater le patient. Si l’agitation est liée à une intoxication aiguë par alcool : préférer
l’halopéridol PO, 2 à 10 mg (risque de dépression respiratoire avec le diazépam).
Face à un patient violent, dangereux, une sédation s’impose d’emblée : 10 mg de diazépam IM à
renouveler après 30 à 60 minutes si nécessaire.
La contention physique est parfois indispensable mais doit rester une mesure d’exception, temporaire,
toujours associée à une sédation et à une surveillance médicale étroite.
Chez un patient alcoolique, un syndrome de sevrage est possible dans les 6 à 24 heures après l’arrêt de
l’alcool. Y penser chez les patients dont l’hospitalisation entraîne un sevrage brutal. A la phase précoce
(pré-délirium tremens), le syndrome associe agitation, irritabilité, sensation de malaise général, sueurs
profuses, tremblements. Le traitement comprend :
diazépam PO (10 mg toutes les 6 heures pendant 1 à 3 jours puis réduire jusqu’à l’arrêt en 7 jours)
+ hydratation par voie orale (3 litres d’eau par jour)
+ thiamine IM (100 mg une fois par jour pendant au moins 3 jours)
Si l’agitation est associée à des troubles anxieux : voir Anxiété(see page 300) ; à des troubles psychotiques,
voir Troubles psychotiques(see page 306).
Etat confusionnel
Signes cliniques
Le tableau clinique associe :
– désorientation temporo-spatiale ;
– troubles de la conscience ;
– troubles de la concentration ;
– troubles de la mémoire.
Ces troubles, d’installation rapide (quelques heures ou jours), sont souvent fluctuants au cours de la
journée.
Un état d’agitation, des idées délirantes, des troubles du comportement ou des hallucinations (surtout
visuelles) peuvent compliquer le tableau.
Conduite à tenir
La confusion mentale résulte pratiquement toujours d’une cause organique qu’il faut rechercher :
– Infectieuse : méningite, paludisme sévère, encéphalite, septicémie, syphilis, sida, etc.
– Métabolique : hyper/hypoglycémie, troubles électrolytiques, avitaminoses PP ou B1, etc.
– Endocrinienne : dysthyroïdie
– Neurologique : épilepsie, hypertension intracrânienne, traumatisme crânien, hémorragie méningée,
tumeur cérébrale, etc.
Penser aussi à la prise d’un médicament pouvant provoquer un état confusionel (analgésiques opioïdes,
nombreux psychotropes, fluoroquinolones, etc.) ou à la prise d’une substance toxique (alcool ou drogue)
ou bien au sevrage de ces substances.
Un état confusionnel impose une hospitalisation. Le traitement est celui de la cause sous- jacente.
En cas d’agitation, l’administration de diazépam peut aggraver le tableau confusionnel.
Si une sédation est vraiment nécessaire, préférer la rispéridone PO à faible dose (une dose de 2 mg)
ou halopéridol IM (une dose de 2,5 mg).
Syndromes post-traumatiques
Un événement est « traumatique » lorsqu’une une personne s’est trouvée directement confrontée à la
mort, soit parce qu’elle a été témoin de violences ayant entraîné des blessures graves ou la mort d’autrui,
soit parce qu’elle a cru mourir elle-même ou s’est vue menacée dans son intégrité physique (p. ex. viol,
torture). Ces évènements ont provoqué un sentiment d’impuissance et d’effroi.
On distingue les troubles immédiats, transitoires (prostration, désorientation, fuite, comportements
automatiques, etc.) et les troubles secondaires, durables, qui apparaissent plusieurs semaines ou mois
après l’événement : état de stress post-traumatique, souvent associé à une dépression (Dépression(see
page 304)), état psychotique aigu parfois (Troubles psychotiques(see page 306)), y compris chez des
personnes sans antécédents.
Les états de stress post-traumatique (ESPT ou PTSD) se caractérisent par trois types de réactions
psychologiques en général associées :
– Symptômes de reviviscence
Le patient décrit :
• des images, perceptions ou pensées liées à l’évènement traumatique, qui s’imposent à lui de manière
récurrente, malgré ses efforts pour les chasser, y compris la nuit, sous forme de cauchemars ;
• des flash-backs pendant lesquels il « revit » des fragments de la scène traumatique.
– Comportements d’évitement
Le patient tente d’éviter :
• tout ce qui peut être associé au traumatisme (lieux, situations, personnes) ;
• d’avoir des pensées ou émotions en rapport avec le traumatisme ; l’alcool, la drogue et les
psychotropes peuvent être utilisés dans ce but.
– Symptômes d’hypervigilance
Etat d’alerte permanent, réaction de sursaut exagérée, anxiété, insomnie, troubles de la concentration.
L’hypervigilance se manifeste parfois par des troubles somatiques (hypertension artérielle, sueurs,
tremblements, tachycardie, céphalées, etc.).
Les expériences de reviviscence sont très angoissantes et entraînent des troubles qui peuvent s’aggraver
avec le temps : les personnes s’isolent, changent de comportement, n’assurent plus leur rôle familial/
social, présentent des douleurs diffuses, un épuisement psychique.
Conduite à tenir
Dans l’état de stress post-traumatique, les interventions psychologiques sont à privilégier pour réduire la
souffrance, les symptômes invalidants et le handicap social qui en découle.
Il est important de signifier au patient que ses symptômes constituent une réaction compréhensible à un
événement très anormal. Les entretiens doivent être menés avec tact. Il faut inviter le patient à parler de
son expérience sans creuser les émotions de manière trop active : c’est au patient de décider jusqu’où il
souhaite aller.
Les symptômes associés (anxiété ou insomnie), s'ils persistent, peuvent être soulagés par un traitement
symptomatique (diazépam) de 2 semaines maximum 1(see page 0) .
Si le patient présente une symptomatologie sévère (pensées obsédantes, état d'hyper vigilance
prononcé, etc.), le traitement pharmacologique est la paroxétine PO (10 à 20 mg une fois par jour au
coucher) ou la sertraline PO (50 mg une fois par jour au cours d’un repas), à poursuivre jusqu’à 2 à 3
mois après la disparition des troubles, avec un arrêt progressif.
1(see page 304) Les benzodiazépines peuvent entraîner des phénomènes de dépendance et de tolérance. Le
traitement est réservé aux états sévères et pour une durée limitée.
Dépression
La dépression est caractérisée par un ensemble de symptômes évoluant depuis au moins 2 semaines
de façon continue et entraînant une rupture par rapport au fonctionnement habituel du patient.
Classiquement, les critères de diagnostic d’une dépression majeure sont :
– Une tristesse envahissante et/ou un manque d’intérêt ou de plaisir pour des activités habituellement
investies
Et
– Au moins quatre signes parmi les suivants :
• Perte significative d’appétit ou de poids
• Insomnie, en particulier réveils précoces (plus rarement hypersomnie)
• Agitation ou ralentissement psychomoteur
• Fatigue importante, difficulté à assurer les tâches quotidiennes
• Diminution de l'aptitude à prendre des décisions ou troubles de la concentration
• Sentiment de culpabilité, d’inutilité, perte de confiance ou d’estime de soi
• Sentiment de désespoir
• Idées de mort, de suicide, passage à l’acte
Toutefois, une dépression peut se manifester différemment d’une culture à l’autre 1(see page 0) . Le patient
peut par exemple exprimer des plaintes somatiques multiples plutôt qu’une détresse morale. Une
dépression peut également se manifester par un trouble psychotique aigu dans un contexte culturel
donné.
Conduite à tenir
Face à des symptômes dépressifs, penser à un problème organique sous-jacent (p. ex. hypothyroïdie,
maladie de Parkinson), aux effets indésirables d’un traitement en cours (corticoïdes, cyclosérine,
éfavirenz, méfloquine, etc.). Rechercher un événement déclencheur (p. ex. viol, accouchement récent et
dépression du post-partum).
Les troubles dépressifs sont les troubles psychiques les plus fréquents chez les patients porteurs de
maladies infectieuses chroniques graves comme l’infection par le HIV ou la tuberculose. Ils ne doivent
pas être négligés, d’autant qu’ils ont un impact négatif sur l’adhérence au traitement.
Les symptômes dépressifs sont habituels dans les premiers temps d’une perte importante (deuil, exil,
etc.). Dans la plupart des cas, ils cèdent progressivement grâce au soutien de l’entourage. Une aide
psychologique est parfois utile.
Un traitement pharmacologique est justifié en cas de risque suicidaire ou de troubles intenses ou
durables ayant un retentissement important sur la vie quotidienne du patient, ou si le suivi
psychologique à lui seul est insuffisant.
Avant de prescrire, s’assurer que le patient peut être traité et suivi (au plan psychologique, observance,
évolution) pendant au moins 9 mois.
Privilégier les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS), en particulier chez les patients âgés :
fluoxétine PO : 20 mg une fois par jour le matin (max. 40 mg par jour) ; à utiliser avec prudence en cas de
troubles anxieux sévères associés ou d’immobilisation du patient (blessés)
ou
paroxétine PO : 20 mg une fois par jour au coucher (max. 40 mg par jour), notamment si la dépression
s’accompagne d’angoisse importante
ou
sertraline PO : 50 mg une fois par jour au cours d’un repas (max. 100 mg par jour)
Si la réponse est insuffisante après 4 semaines de traitement et que le médicament est bien toléré, il est
possible d’augmenter la dose de l’IRS. Si un IRS est mal toléré, le remplacer par un autre IRS sans
intervalle libre entre les deux.
En l’absence d’IRS, l’amitriptyline PO peut être une alternative : commencer par 25 mg une fois par jour
au coucher et augmenter progressivement pour atteindre 75 mg par jour en 8 à 10 jours (max. 150 mg par
jour). La dose thérapeutique est proche de la dose létale ; chez les patients âgés, réduire les doses de
moitié.
L’effet antidépresseur s’installe en 2 à 3 semaines pour les IRS, 4 semaines au moins pour l’amitriptyline.
Il existe un risque de majoration anxieuse voire de suicide pendant cette période, en particulier avec la
fluoxétine. Il est possible d’associer du diazépam PO (2,5 à 5 mg 2 fois par jour) pendant les 2 premières
semaines de traitement.
Pendant le premier mois, le patient doit être revu chaque semaine ; ne pas lui confier plus d’une semaine
de traitement au cours de cette période ou confier le traitement à quelqu’un de l’entourage proche qui
puisse s’occuper initialement d’administrer le médicament au patient.
Le risque suicidaire fait partie de toute dépression grave. En parler avec les patients ne majore pas le
risque de passage à l’acte. Au contraire, les personnes dépressives sont souvent angoissées et
ambivalentes par rapport au suicide et soulagées de pouvoir en parler.
Si les troubles majeurs ne cèdent pas du tout après un mois de traitement à dose habituellement
efficace, référer si possible au psychiatre, sinon changer d'antidépresseur.
Le traitement doit toujours être arrêté progressivement en 4 semaines. Prévenir le patient des risques de
troubles liés au sevrage brutal (très fréquents avec la paroxétine).
1(see page 304) D’où l’importance de travailler avec un « informateur » - au sens anthropologique du terme - si
l’on n’est pas familier de la culture considérée.
Troubles psychotiques
• Psychose aiguë(see page 306)
• Psychoses chroniques(see page 306)
• Troubles bipolaires(see page 308)
Les psychoses sont caractérisées par l’existence d’idées délirantes. Le patient est convaincu de choses en
opposition avec la réalité, du fait d’intuitions, d’interprétations ou d’hallucinations, surtout auditives.
Le délire s’accompagne souvent de troubles du comportement, p. ex. agitation, prostration, mutisme,
opposition, fuite.
La prise en charge repose sur un soutien psychosocial associé à un traitement antipsychotique.
Son efficacité et le pronostic dépendent en grande partie de la qualité de la relation établie avec le
patient et sa famille.
Le maintien à domicile avec suivi ambulatoire est préféré si le patient n’est pas dangereux pour lui-même
ou les autres et si l’entourage est capable de gérer les troubles.
Le sens donné aux troubles psychotiques varie selon le contexte culturel 1(see page 0) . Leur origine peut être
attribuée par exemple à un ensorcellement ou à l’intervention d’ancêtres. La prise en charge doit
intégrer ces conceptions, sans opposer le traitement « traditionnel » généralement en cours, au
traitement conventionnel proposé.
1(see page 306) D’où l’importance de travailler avec un « informateur » - au sens anthropologique du terme - si
l’on n’est pas familier de la culture considérée.
Psychose aiguë
Un épisode psychotique aigu (bouffée délirante aiguë) peut être unique, avec un déclenchement souvent
brutal, ou se répéter ou marquer le début d’une psychose chronique. Il peut survenir dans les suites d’un
événement de vie (deuil, stress aigu, traumatisme, etc.). Dans la psychose puerpérale, les thèmes du
délire sont centrés sur la relation mère/enfant.
Avant de prescrire un traitement antipsychotique, penser à une cause organique sous-jacente (voir Etat
confusionnel(see page 302)), une prise de toxiques.
Le traitement antipsychotique est le même que celui des psychoses chroniques(see page 306) (rispéridone
ou halopéridol) et dure au moins 3 mois. Après 3 mois, si le patient est stabilisé, arrêter le traitement
progressivement, en 4 semaines, en surveillant la réapparition éventuelle des troubles.
En cas d’anxiété ou d’agitation importantes, il est possible, en début de traitement, d’ajouter
ponctuellement au traitement antipsychotique un traitement anxiolytique(see page 307) ou sédatif.
Psychoses chroniques
Les psychoses chroniques (schizophrénie, psychose paranoïaque, etc.) sont définies par des
caractéristiques cliniques spécifiques et une installation dans la durée.
Dans la schizophrénie, le délire s’accompagne d’une dissociation psychique : le patient semble bizarre, le
discours et la pensée sont incohérents, les comportements imprévisibles, l’expression des émotions est
discordante. Ces patients sont souvent très angoissés. Les idées de persécution sont fréquentes.
Le traitement a pour but de réduire la souffrance psychique et les symptômes invalidants, notamment
sur le plan relationnel. Il apporte de réels bénéfices même si des symptômes chroniques persistent
(tendance à l’isolement, possibles rechutes et phases d’aggravation des troubles du comportement,
etc.).
Le traitement doit être poursuivi pendant au moins un an et parfois à vie, en particulier dans la
schizophrénie. L’incertitude sur un suivi possible à un an ou plus ne justifie pas l’abstention
thérapeutique. Il est toutefois préférable de ne pas initier un traitement pharmacologique chez des
patients sans aucun soutien familial/social (p. ex. patients errants) s’ils ne présentent pas par ailleurs de
troubles graves du comportement.
Ne prescrire qu'un seul antipsychotique à la fois. Débuter le traitement à faible dose et augmenter
progressivement pour limiter le risque d’effets indésirables, jusqu'à atteindre la posologie minimale
efficace. Quel que soit le médicament utilisé, réduire les doses de moitié chez le sujet âgé.
L'halopéridol est l'antipsychotique le plus couramment utilisé dans de nombreux pays. Préférer
l’halopéridol en prévision d’un relais avec l’halopéridol décanoate (retard) si l’on pense que le patient
poursuivra son traitement sur une longue période (patient schizophrène p. ex.).
halopéridol PO : 0,5 mg 2 fois par jour pendant 3 jours puis 1 mg 2 fois par jour jusqu'à la fin de la
première semaine ; augmenter à 2,5 mg 2 fois par jour la deuxième semaine ; si nécessaire augmenter à 5
mg 2 fois par jour à partir de la troisième semaine (max. 20 mg par jour)
Si l'halopéridol n'est pas disponible ou contre-indiqué ou mal toléré, les alternatives peuvent être 1(see page
0)
:
rispéridone PO : 1 mg 2 fois par jour pendant une semaine puis 2 mg 2 fois par jour pendant une
semaine ; si insuffisant, augmenter à 3 mg 2 fois par jour à partir de la troisième semaine (max. 10 mg par
jour)
ou
chlorpromazine PO (notamment si un effet sédatif est recherché) :
25 à 75 mg une fois par jour le soir pendant une semaine ; augmenter si nécessaire à 50 mg le matin et
100 mg le soir pendant une semaine ; si insuffisant, 100 mg 3 fois par jour à partir de la troisième semaine
En cas de symptômes extrapyramidaux, plus fréquents avec l’halopéridol qu’avec la rispéridone, tenter
de réduire la dose de l'antipsychotique ou, si les symptômes extrapyramidaux sont sévères, associer
du bipéridène PO : 2 mg une fois par jour puis augmenter si nécessaire jusqu’à 2 mg 2 à 3 fois par jour (en
l’absence de bipéridène, trihexyphénidyle PO aux mêmes doses).
En cas d’anxiété sévère, il est possible d’ajouter pendant quelques jours un anxiolytique au traitement
antipsychotique :
diazépam PO : 2,5 à 5 mg 2 fois par jour
En cas d’agitation importante :
− Si le patient n’est pas sous traitement antipsychotique :
halopéridol PO 5 mg + prométhazine PO 25 mg (si violence ou opposition, utiliser la voie IM), à
renouveler après 60 minutes si nécessaire (max. 15 mg d’halopéridol et 100 mg de prométhazine sur une
période 24 heures). L’halopéridol à dose élevée peut provoquer des effets extrapyramidaux, ajouter du
bipéridène si nécessaire.
− Si le patient est déjà sous traitement antipsychotique :
diazépam PO ou IM : 10 mg à renouveler après 60 minutes si nécessaire
Ne pas associer deux antipsychotiques.
En traitement de longue durée (p. ex. schizophrénie) il est possible d’utiliser un antipsychotique retard
une fois le patient stabilisé sous traitement oral. La posologie dépend de la dose orale que prend le
patient :
– Pour un patient sous halopéridol PO, passer à l’halopéridol décanoate, une injection toutes les 3 à 4
semaines :
2,5 mg 25 mg
5 mg 50 mg
10 mg 100 mg
15 mg 150 mg
1(see page 307) En cas d’échec ou d'intolérance aux autres antipsychotiques, il est possible d’utiliser de
l’olanzapine PO : 5 mg une fois par jour à augmenter progressivement jusqu’à 10 mg par jour
(max. 20 mg par jour).
2(see page 308) En l’absence d’halopéridol décanoate, fluphénazine IM : 12,5 à 50 mg/injection toutes les 3 à 4
semaines.
Troubles bipolaires
Les troubles bipolaires se caractérisent par l’alternance d’épisodes maniaques et d’épisodes
dépressifs 1(see page 0) , espacés en général d’intervalles libres de plusieurs mois ou années.
L’épisode maniaque se manifeste par une exaltation, une humeur euphorique, une hyperactivité
accompagnée d’insomnie, d’idées de grandeur, une levée des inhibitions sociales (en particulier
sexuelles).
L’épisode dépressif est souvent sévère, avec un risque suicidaire important.
Très souvent, les patients bipolaires ont des antécédents familiaux qu’il faut rechercher (notamment
suicide).
Au plan pharmacologique :
– Le traitement de l’épisode maniaque repose sur la rispéridone PO en commençant par une dose faible
(2 mg une fois par jour), à augmenter si nécessaire par paliers de 1 mg par jour (max. 6 mg par jour)
ou halopéridol PO (5 à 15 mg par jour) pendant 3 à 6 semaines.
– Du diazépam PO (5 mg par jour) peut être ajouté pendant les premières semaines.
– A la fin du traitement antipsychotique, l’arrêt doit être progressif en surveillant les signes de rechute.
1(see page 308) Les formes « unipolaires » se caractérisent par la récurrence d’épisodes dépressifs.
Drépanocytose
• Signes cliniques(see page 310)
• Manifestations aiguës graves(see page 311)
• Crise douloureuse vaso-occlusive (CVO)(see page 311)
• Fièvre(see page 311)
• Anémie aiguë sévère(see page 311)
• Accident vasculaire cérébral (AVC)(see page 311)
• Syndrome thoracique aigu (STA)(see page 311)
• Priapisme(see page 312)
• Laboratoire et examens complémentaires(see page 312)
• Diagnostic(see page 312)
• Examens complémentaires(see page 312)
• Prise en charge des manifestations aiguës graves(see page 312)
• Crise douloureuse vaso-occlusive (CVO)(see page 312)
• Fièvre et infections(see page 313)
• Hémolyse aiguë(see page 314)
• Crise aplasique(see page 314)
• Séquestration splénique aiguë(see page 314)
• Accident vasculaire cérébral(see page 314)
• Syndrome thoracique aigu(see page 314)
• Priapisme(see page 315)
• Prévention des complications(see page 315)
• Education des patients (y compris enfants) et familles(see page 315)
• Traitements préventifs de routine(see page 316)
• Suivi régulier des patients(see page 316)
– La drépanocytose homozygote (DC) est une maladie génétique grave de l’hémoglobine (Hb). L’Hb
drépanocytaire (HbS) rend les globules rouges falciformes, ce qui mène à leur destruction (hémolyse), à
une augmentation de la viscosité du sang et à une obstruction de vaisseaux capillaires (vaso-occlusion).
– La DC est fréquente en Afrique sub-saharienne (1 à 3% des naissances), sur le continent américain, en
Inde et dans le Bassin méditerranéen.
Signes cliniques
– Apparition des symptômes après l’âge de 6 mois.
– Principaux signes : crises douloureuses répétées, anémie chronique, splénomégalie et souvent chez
l’enfant, retard de croissance ou malnutrition.
– Les complications aiguës graves telles qu’accident vasculaire cérébral, infection fulminante, syndrome
Fièvre
Rechercher en particulier : pneumonie, cellulite, méningite, ostéomyélite, septicémie (les patients sont
particulièrement susceptibles aux infections, en particulier à pneumocoques mais aussi méningocoques
et Haemophilus influenzae, p. ex.) ; paludisme.
Priapisme
Érection douloureuse, prolongée, indépendante de toute stimulation sexuelle, y compris chez le petit
garçon. Risque de nécrose et de troubles irréversibles de l’érection.
Diagnostic
– L’électrophorèse de l’Hb confirme le diagnostic mais est rarement disponible.
– A défaut, un test d'Emmel (ou test de falciformation) positif associé à des signes cliniques évocateurs
renforce la présomption diagnostique.
Examens complémentaires
Examens Indications
Fièvre et infections
– Hospitaliser :
• Tous les enfants de moins de 2 ans ;
• En cas de fièvre ≥ 38,5 °C chez l’enfant et ≥ 39,5 °C chez l’adulte ou altération sévère de l’état
général 1(see page 0) ou anémie aiguë.
– Hydratation PO ou IV (Annexe 1(see page 332)).
– Traiter un paludisme si présent.
– Traiter une infection bactérienne selon la cause.
– En cas de symptômes respiratoires, traiter à la fois une pneumonie et un STA.
– En cas d’ostéomyélite :
ceftriaxone IV 2(see page 0) lente (3 minutes) ou perfusion IV (30 minutes)
Enfant < 40 kg : 50 mg/kg toutes les 12 heures
Enfant ≥ 40 kg et adulte : 2 g toutes les 12 heures
+ cloxacilline perfusion IV (60 minutes) 3(see page 0)
Enfant < 40 kg : 50 mg/kg toutes les 6 heures
Enfant ≥ 40 kg et adulte : 3 g toutes les 6 heures
Administrer ce traitement 14 jours au moins. Si l’évolution est favorable, poursuivre par voie orale
pendant encore 14 jours avec l’association :
ciprofloxacine PO
Enfant < 35 kg : 15 mg/kg 2 fois par jour
Enfant ≥ 35 kg et adulte : 500 mg 2 fois par jour
+ amoxicilline/acide clavulanique PO (voir ci-dessous)
– Si la cause de l'infection n’est pas retrouvée :
ceftriaxone IM ou IV 2(see page 0) lente (3 minutes) ou perfusion IV (30 minutes)
Enfant < 20 kg : 50 mg/kg une fois par jour (max. 2 g par jour)
Enfant ≥ 20 kg et adulte : 1 à 2 g une fois par jour
Réévaluer après 48 heures :
• Si le patient s’améliore (apyrétique, capable de boire), prendre le relais avec :
amoxicilline/acide clavulanique (co-amoxiclav) PO pendant 7 à 10 jours. Utiliser les formulations 8:1
ou 7:1 uniquement. La dose est exprimée en amoxicilline :
Enfant < 40 kg : 50 mg/kg 2 fois par jour
Enfant ≥ 40 kg et adulte :
Rapport 8:1 : 3000 mg par jour (2 cp à 500/62,5 mg 3 fois par jour)
Rapport 7:1 : 2625 mg par jour (1 cp à 875/125 mg 3 fois par jour)
Les patients de plus de 2 ans sans anémie aiguë peuvent poursuivre le traitement en ambulatoire. Les
patients de moins de 2 ans ou avec une anémie aiguë ou dont la famille ne peut assurer le traitement et
la surveillance à domicile suivent le traitement PO à l’hôpital.
• Si le patient ne s’améliore pas, poursuivre la ceftriaxone jusqu’à disparition de la fièvre puis prendre le
relais PO. Surveiller l’apparition d’une anémie aiguë.
Hémolyse aiguë
– Hospitaliser.
– Traiter un paludisme si présent.
– Transfuser un concentré de globules rouges 4(see page 0) 5(see page 0) si Hb ≤ 5 g/dl ou baisse de 2 g/dl ou plus
par rapport au taux d’Hb de base. Cibler un taux de 9 g/dl.
• Commencer par 10 à 15 ml/kg en 3 à 4 heures. A titre indicatif, 10 ml/kg de concentré de globules rouges
remontent l’Hb de 2,5 g/dl.
• Vérifier l’Hb. Si une deuxième transfusion est nécessaire, vérifier l’absence de surcharge hydrique.
• Contrôler l’Hb et les urines (bandelette) dans les jours qui suivent. D’autres transfusions peuvent être
nécessaires si l’hémolyse se poursuit.
Crise aplasique
– Hospitaliser.
– Traiter une infection bactérienne si associée.
– Transfuser comme pour une hémolyse. Vérifier l’Hb tous les 2 jours. L’apparition de réticulocytes et
l’augmentation progressive de l’Hb indique une évolution favorable. Assurer un suivi jusqu’à ce que le
patient ait retrouvé son taux d’Hb de base.
Priapisme
– Hydratation PO comme pour une CVO ; hydratation IV si nécessaire (Annexe 1(see page 332)) et prise en
charge d'une éventuelle déshydratation (voir Déshydratation(see page 37), Chapitre 1).
– Encourager la miction, appliquer des compresses chaudes, traiter la douleur.
– Érection > 4 heures : envisager une transfusion et référer en chirurgie.
Connaissances de base
• Douleur non soulagée par les antalgiques après 24 heures ou intense d’emblée.
• Toute fièvre (ne pas traiter à domicile).
• Problèmes respiratoires (toux, difficultés à respirer, douleur du thorax).
• Diarrhée/vomissements et impossibilité de boire.
• Déshydratation (urines foncées, peu fréquentes).
• Anémie (conjonctives pâles ou jaunes, paumes des mains pâles, grosse rate).
1(see page 313) Signes d’une altération sévère de l’état général chez l’enfant : pleurs faibles ou geignements,
enfant somnolent et difficile à réveiller, ne souriant pas, regard vide ou anxieux, pâleur ou
cyanose, hypotonie générale.
2(see page 313) Pour l’administration en IV, la poudre de ceftriaxone est à reconstituer dans de l’eau pour
préparation injectable uniquement. Pour l’administration en perfusion, chaque dose de
ceftriaxone doit être diluée dans un volume de 5 ml/kg de chlorure de sodium 0,9% ou glucose
5% chez les enfants de moins de 20 kg et dans une poche de 100 ml de chlorure de sodium 0,9%
ou glucose 5% chez les enfants de 20 kg et plus et chez les adultes. [ a(see page 313) b(see page 313)
c(see page 314) ]
3(see page 313) La poudre de cloxacilline est à reconstituer dans 4 ml d’eau pour préparation injectable.
Ensuite, chaque dose de cloxacilline est à diluer dans un volume de 5 ml/kg de chlorure de
sodium 0,9% ou glucose 5% chez les enfants de moins de 20 kg et dans une poche de 100 ml de
chlorure de sodium 0,9% ou glucose 5% chez les enfants de 20 kg et plus et chez les adultes.
4(see page 314) S’informer du nombre de transfusions déjà reçues (risque de surcharge en fer).
5(see page 314) Eviter d’administrer de sang total dans la mesure du possible (risque de surcharge hydrique).
6(see page 316) Le fer est contre-indiqué chez les patients ayant reçu plusieurs transfusions. Eviter les
préparations combinées de fer et d’acide folique.
− Le diabète est une maladie métabolique qui provoque une hyperglycémie.
− Le diabète de type 2 survient dans la grande majorité des cas à l’âge adulte et représente 90% des cas
de diabète dans le monde.
− Le diabète de type 2 entraîne parfois des complications aiguës, ainsi que des complications chroniques
responsables de lésions organiques graves (accidents cardiovasculaires ; rétinopathie, neuropathie et
néphropathie diabétiques).
Signes cliniques
− Peu ou pas symptomatique ; symptômes d’hyperglycémie parfois : polyurie (miction fréquente) et
polydipsie (soif intense et prise abondante de boissons).
− Peut (rarement) se manifester d’emblée par des troubles de la conscience, un coma ou une
déshydratation aiguë.
Diagnostic
− Rechercher un diabète en cas de :
• Symptômes d’hyperglycémie
• Maladie cardiovasculaire : accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde, hypertension ;
• Neuropathies périphériques, ulcère(s) des pieds, disparition des réflexes ostéo-tendineux ou des pouls
périphériques.
− Le diagnostic est posé sur l’un des résultats suivants1(see page 321) :
(a)
Glycémie à jeun : patient à jeun depuis 8 heures.
(b)
Glycémie simple : réalisée à tout moment de la journée.
(c)
Par exemple, de un à quelques jour(s) d’intervalle.
(d)
Hb glyquée (HbA1c) : reflète la glycémie moyenne sur une période d’environ 3 mois.
Remarque : même chez un patient symptomatique, il est préférable de faire une deuxième glycémie pour
confirmer le résultat.
Traitement
Glycémie cible2(see page 321)
Glycémie à jeun < 8,3 mmol/litre (ou < 150 mg/dl) ou HbA1c entre 7 et 7,5.
Plus la glycémie est constamment proche de ces valeurs, plus on évite ou retarde les complications
vasculaires.
Selon le contexte (environnement sanitaire) ou le profil du patient (personne âgée, antécédents
d’hypoglycémie grave, diabète ancien mal équilibré), une glycémie à jeun < 10 mmol/litre (ou < 180 mg/
dl) ou une HbA1C autour de 8 est acceptable.
La glycémie ne doit pas être < 4,5 mmol/litre (ou < 80 mg/dl) ou l’HbA1 < 6,5.
Traitement médicamenteux
En première intention metformine PO 2(see page 0) .
La posologie habituelle est de 1 à 2 g par jour. A titre indicatif :
Semaine 1 : 500 mg une fois par jour le matin au petit déjeuner
Semaine 2 : 500 mg 2 fois par jour (matin et soir) au cours des repas
Augmenter de 500 mg par semaine tant que la metformine est bien tolérée (max. 2 g par jour soit 1 g
matin et soir)3(see page 321).
Si la glycémie n’est pas contrôlée, associer à la metformine un sulfamide :
L’ajustement des doses du sulfamide se fait par paliers pour limiter de risque d’hypoglycémie, en se
basant sur le résultat des glycémies.
Surveillance et suivi
Surveillance biologique
– Patients sous hypoglycémiant oral : glycémie une fois par mois au début puis selon le rythme des
consultations de suivi.
– Patient sous insuline : glycémie au réveil pendant la phase d’adaptation des doses puis, si possible, une
fois par semaine, une fois la dose d’insuline stabilisée.
– HbA1c si disponible : tous les 3 mois puis tous les 6 mois si bien équilibré.
– Autres examens nécessaires selon les comorbidités et complications chroniques.
Suivi clinique
– Consultations de routine : surveillance de la TA (elle doit rester < 140/80 mmHg) et du poids, inspection
des pieds. Consultations mensuelles les 6 premiers mois puis le rythme des consultations est établi en
fonction des caractéristiques du patient (p. ex. 2 fois par an si le diabète est bien équilibré).
– Bilan annuel : recherche de complications cardiovasculaires et neurologiques, évaluation de la fonction
rénale (créatininémie et protéinurie à la bandelette), examen buccodentaire.
– Prise en charge des complications du diabète.
Formation des patients
− Mesures hygiéno-diététiques (alimentation, activité physique, etc.).
− Patients sous sulfamides ou insuline : signes d’hypoglycémie/hyperglycémie et conduite à tenir.
− Patients sous insuline : auto-administration (horaires, sites et techniques d’injection) ; conservation de
l’insuline ; auto-surveillance de la glycémie et adaptation des doses si les patients utilisent des
glucomètres.
− Patients présentant des troubles de la sensibilité ou une artériopathie : autoexamen des pieds ;
prévention des lésions des pieds.
1(see page 318) Ces mesures concernent tous les patients quel que soit le traitement médicamenteux suivi.
Elles peuvent suffire à normaliser la glycémie chez certains patients.
2(see page 318) Si la metformine est contre-indiquée ou mal tolérée, la remplacer par un sulfamide.
Références
1. Partners in Health. Chronic care integration for endemic non-communicable diseases, Chapter 7,
Table 7.1. PIH, Boston, 2013.
https://www.pih.org/sites/default/files/2017-07/PIH_NCD_Handbook.pdf.pdf [consulté le 18 juin
2018]
L’hypertension artérielle (HTA) est définie comme une élévation de la tension artérielle (TA) chez un
patient au repos, persistante dans le temps c.-à-d. mesurée 3 fois, au cours de 3 consultations différentes
échelonnées sur une période d’environ 3 semaines.
L'HTA essentielle est définie comme une HTA sans cause identifiée (la grande majorité des cas).
Au niveau mondial, la prévalence de l’HTA chez l’adulte de 25 ans et plus avoisinerait 40%.1(see page 324)
Les complications graves de l'HTA peuvent être aiguës (encéphalopathie hypertensive, insuffisance
cardiaque gauche, insuffisance rénale aiguë) ou tardives c.-à-d. survenir après une longue période
pendant laquelle l'HTA n'a pas été prise en charge (accident vasculaire cérébral, cardiopathie
ischémique, artériopathie des membres inférieurs, insuffisance rénale chronique).
Pour l’HTA gravidique, se référer au guide Soins obstétricaux et néonatals essentiels, MSF.
Signes cliniques
– Seuils définissant l’HTA :
7 http://www.medicinescomplete.com/
– La sévérité de l’HTA est définie par la présence d’une complication viscérale grave, plus que par le
niveau de pression artérielle. L’HTA sévère peut se présenter sous 2 formes :
• Crise hypertensive simple :
PAS ≥ 180 et/ou PAD ≥ 110 et quelques symptômes (céphalées modérées, épistaxis, vertiges,
bourdonnements d’oreille, mouches volantes) mais pas de signes de souffrance viscérale ;
• Urgence hypertensive :
PAS ≥ 180 et/ou PAD ≥ 110 et signes de souffrance viscérale :
- céphalées intenses, nausées/vomissements, obnubilation, convulsions, coma en cas
d’encéphalopathie hypertensive ;
- dyspnée, douleurs thoraciques en cas d’insuffisance cardiaque ou cardiopathie ischémique ;
- pouls rapide et/ou irrégulier en cas d’insuffisance cardiaque ;
- anurie, oligurie en cas d’insuffisance rénale.
– L’examen et l’interrogatoire doivent rechercher :
• prise de médicaments pouvant provoquer ou aggraver une HTA ; 1(see page 0)
• signe(s) de focalisation évoquant un AVC ;
• comorbidités et facteurs de risque : insuffisance cardiaque, diabète, insuffisance rénale ; consommation
excessive de tabac ou d’alcool, surpoids (IMC ≥ 25), etc.
Examens paracliniques
− Bilan sanguin : ionogramme (en particulier kaliémie), créatininémie
− Autres examens biologiques nécessaires selon les comorbidités (p. ex. diabète)
− ECG et échographie cardiaque à la recherche de signes d’insuffisance cardiaque, coronaropathie ou
troubles du rythme
Traitement médicamenteux
Débuter par une monothérapie. L'un des 4 antihypertenseurs peut être choisi en première intention, en
fonction des caractéristiques du patient (p. ex. âge, contre-indications, etc.). A titre indicatif :
Diurétique thiazidique
hydrochlorothiazide PO : 12,5 à 25 mg une fois par jour le matin (max. 25 mg par jour).
Inhibiteur calcique
amlodipine PO : 5 mg une fois par jour. Augmenter à 10 mg une fois par jour si nécessaire (max. 10 mg
par jour).
Patient âgé ou insuffisance hépatique : commencer par 2,5 mg une fois par jour.
Chez les patients sans comorbidité, commencer par un diurétique thiazidique et contrôler la TA après 4
semaines de traitement.
En l’absence d’amélioration après 4 semaines et si le traitement a été bien suivi, ajouter un deuxième
antihypertenseur.
Après 4 semaines de bithérapie, ré-évaluer. Si la TA est toujours trop élevée, proposer une trithérapie.
Chez les patients diabétiques, en l’absence d’amélioration après 4 semaines d’un traitement bien
conduit avec un IEC, ajouter un inhibiteur calcique.
Chez les patients ayant une pathologie cardiaque (insuffisance cardiaque ou coronaropathie), une
bithérapie d’emblée est en général nécessaire (IEC + bêta-bloquant).
Surveillance et suivi
Surveillance biologique
En fonction du traitement (diurétique, IEC, etc.) : ionogramme et créatininémie tous les 6 à 12 mois.
Suivi clinique
− Consultations tous les 3 mois (TA, poids) puis tous les 6 mois puis le rythme des consultations est établi
1(see page 322) Penser à une HTA secondaire à la prise de médicaments, principalement AINS, corticoïdes,
analgésiques opioïdes, contraceptifs œstroprogestatifs, etc. Le traitement, dans ces cas,
consiste à arrêter ou remplacer le médicament en cause.
2(see page 324) Chez le patient asthmatique, hydralazine IV : 5 à 10 mg diluées dans 10 ml de chlorure de
Références
1. Organisation mondiale de la Santé. Centre des médias8. Hypertension artérielle : un problème de
santé publique, 2018.
http://www.emro.who.int/fr/media/world-health-day/public-health-problem-factsheet-2013.html
[consulté le 12 septembre 2018]
8 http://www.emro.who.int/fr/entity/media/
Il s'agit une pathologie grave, particulièrement fréquente chez les personnes de plus de 70 ans.
On distingue :
– IC chronique : apparition progressive des signes d’IC ;
– IC aiguë : apparition brutale d'une IC mettant en jeu le pronostic vital immédiat (œdème aigu du
poumon cardiogénique, choc cardiogénique) chez un patient ayant une cardiopathie connue dans la
majorité des cas.
Signes cliniques
– IC gauche (défaillance du ventricule gauche ; forme la plus fréquente)
Asthénie et/ou dyspnée d’apparition progressive, survenant à l’effort puis au repos, accentuée par le
décubitus, empêchant le patient de rester allongé ; œdèmes périphériques.
– IC droite (défaillance du ventricule droit)
Œdèmes des membres inférieurs, hépatomégalie, turgescence des veines jugulaires, reflux hépato-
jugulaire ; ascite au stade avancé.
– IC globale (défaillance des 2 ventricules)
Association de signes droits et gauches ; signes droits souvent au premier plan.
Evaluer la sévérité de l’IC1(see page 327) :
Examens complémentaires
− Echographie cardiaque : si disponible, examen de choix pour confirmer une cardiopathie.
− Electrocardiogramme (ECG) : permet de diagnostiquer une cardiomyopathie gauche (hypertrophie
ventriculaire gauche ou/et bloc de branche gauche) ou un trouble du rythme et particulièrement une
fibrillation auriculaire (FA) ou des signes de d’ischémie ou d’infarctus.
− Radiographie pulmonaire : peut éliminer une affection pulmonaire chez les patients dyspnéiques
ou montrer une cardiomégalie ou des épanchements pleuraux souvent bilatéraux et un syndrome
interstitiel et alvéolaire.
− Bilan sanguin : numération formule sanguine, ionogramme, créatininémie.
− Autres examens biologiques nécessaires selon les comorbidités (p. ex. diabète, maladie de la thyroïde).
Traitement
Mesures hygiéno-diététiques
− Réduction des apports en sel pour limiter la rétention hydrosodée.
− Apports hydriques normaux sauf en cas d’œdèmes très sévères.
− Arrêt du tabac.
− Exercice physique adapté aux capacités du patient.
− Réduction du poids si IMC ≥ 25.
bisoprolol PO : commencer par une dose faible et augmenter progressivement tant que le médicament
est bien toléré (surveillance de signes d’aggravation de l’IC, de la TA, de la FC).
Semaine 1 : 1,25 mg une fois jour
Semaine 2 : 2,5 mg une fois par jour
Semaine 3 : 3,75 mg une fois par jour
Semaine 4 à 8 : 5 mg une fois par jour
Si insuffisant :
Semaine 9 à 12 : 7,5 mg une fois par jour
A partir de la semaine 13 : 10 mg une fois par jour (max. 10 mg par jour)
En cas d’aggravation transitoire de l’IC, hypotension ou bradycardie, revoir la posologie des traitements
associés et réduire éventuellement la dose de bisoprolol ou envisager l’arrêt progressif du traitement
(une interruption soudaine peut entraîner une dégradation sévère de l’état du patient). Lorsque le
patient est stabilisé, ré-augmenter/reprendre le bisoprolol.
Autres traitements
− Antagoniste de l’aldostérone : uniquement si la kaliémie et l’ECG peuvent être surveillés (risque
d’hyperkaliémie sévère), associer spironolactone PO (25 mg une fois par jour) au traitement de fond, en
particulier pour les IC sévères (Classes III et IV).
− Dérivés nitrés : peuvent être utilisés dans l’IC gauche et globale en cas d’intolérance aux IEC (toux mal
tolérée, insuffisance rénale, hypotension sévère).
dinitrate d’isosorbide PO : commencer par 5 à 40 mg 2 à 3 fois par jour et augmenter jusqu’à la
posologie efficace, habituellement de 15 à 120 mg par jour.
− Digitaliques : à utiliser avec précaution, en service de soins intensifs (dose thérapeutique proche de la
dose toxique), uniquement en cas de FA à réponse ventriculaire rapide prouvée à l’ECG : disparition des
ondes P, ondes QRS irrégulières très rapides (120-160).
Surveillance et suivi
Surveillance biologique
En fonction du traitement (IEC, diurétique, etc.).
Suivi clinique
− Après stabilisation, consultations mensuelles les 6 premiers mois puis le rythme des consultations est
établi en fonction des caractéristiques du patient.
− Consultations de routine : courbe de poids, TA, évolution des signes (dyspnée, œdèmes, etc.).
− Suivi du traitement des comorbidités et facteurs déclenchants ou aggravants.
Formation des patients
− Mesures hygiéno-diététiques (régime alimentaire, courbe de poids, activité physique adaptée aux
capacités du patient, etc.).
− Signes d’alerte (essoufflement ou œdèmes des membres inférieurs, effets indésirables graves du
traitement) et conduite à tenir (consultation médicale rapide).
Références
1. Chop WM, Jr. Extending the New York Heart Association classification system. JAMA. 1985;254:505.
Signes cliniques
– Dyspnée d’apparition ou d’aggravation soudaine
– Fatigue, augmentation du temps de récupération après l’effort
– Œdèmes périphériques bilatéraux
– Extrémités froides
– Élévation de la pression veineuse jugulaire
– À l’auscultation : râles crépitants bilatéraux et/ou bruits du cœur surajoutés (rythme de galop)
Signes de gravité :
– Détresse respiratoire sévère (tirage intercostal, battement des ailes du nez, balancement thoraco-
abdominal, SpO2 < 90%, etc.), cyanose, sueurs profuses, confusion
– Pression artérielle systolique < 90 mmHg (choc cardiogénique)
– Augmentation rapide et importante de la pression artérielle (urgence hypertensive)
– Fréquence cardiaque (FC) > 130/minute ou < 40/minute
– Fréquence respiratoire (FR) > 30/minute ou < 12/minute
– Douleur thoracique si ischémie cardiaque sous-jacente
Examens complémentaires
Le diagnostic est principalement clinique.
– ECG : recherche d'une ischémie myocardique ou d'un trouble du rythme.
Si disponible :
– Radiographie pulmonaire : signes en fonction de l’évolution de l’œdème. Au stade précoce, dilatation
des vaisseaux dans les lobes supérieurs puis image de flou péri-hilaire et épaississement des septa. A un
stade avancé, images nuageuses hilaires et péri-hilaires et épanchement pleural. Peut éliminer une autre
affection pulmonaire, p. ex. une infection.
– POCUS 1(see page 0) :
• pulmonaire (12 zones) : recherche de signes d’œdème pulmonaire et/ou d’épanchement pleural
bilatéraux.
• cardiaque (5 vues) : recherche de signes de surcharge volémique aiguë et/ou de fonction cardiaque
diminuée.
– Pour le suivi : numération formule sanguine, ionogramme, créatininémie ; troponines cardiaques si
disponible.
Traitement
1(see page 328) L'échographie clinique doit être utilisée et interprétée exclusivement par des cliniciens formés.
Références
1. Ponikowski P et al. 2016 ESC Guidelines for the diagnosis and treatment of acute and chronic heart
failure: The Task Force for the diagnosis and treatment of acute and chronic heart failure of the
European Society of Cardiology (ESC). Developed with the special contribution of the Heart Failure
Association (HFA) of the ESC. Eur J Heart Fail. 2016;18(8):891-975. https://academic.oup.com/
eurheartj/article/37/27/2129/1748921 [consulté le 23 mars 2021]
2. Ezekowitz, Justin A. et al. 2017 Comprehensive Update of the Canadian Cardiovascular Society
Guidelines for the Management of Heart Failure. Can J Cardiol 2017;33:1342-1433.
https://www.onlinecjc.ca/action/showPdf?pii=S0828-282X%2817%2930973-X [consulté le 23 mars
2021]
– Le goitre est l’augmentation du volume de la thyroïde. Le goitre endémique apparaît dans les zones de
carence en iode. Il peut également être provoqué ou aggravé par la consommation régulière d’aliments
goitrogènes (manioc, choux, navets, millet, etc.).
– Le développement du goitre est un phénomène adaptatif : l’iode est indispensable à la production des
hormones thyroïdiennes. Une carence en iode provoque un déficit de leur production par la thyroïde qui,
pour compenser, augmente de volume. La fonction thyroïdienne reste souvent normale.
– Outre l’apparition d’un goitre, la carence en iode chez la femme enceinte a des répercutions très graves
sur l’enfant (mortalité fœtale et périnatale, retard de développement, crétinisme). Ces risques doivent
être prévenus par une supplémentation en iode dans les zones de carence avérées.
Signes cliniques
– Classification simplifiée de l’OMS selon l’importance du goitre :
Groupe 0 : thyroïde normale, non palpable ou non visible
Groupe 1 : thyroïde palpable, non visible lorsque le cou est en position normale
Groupe 2 : thyroïde nettement visible lorsque la tête est en position normale
– Complications mécaniques possibles, rares : compression, déviation de la trachée ou de l’œsophage.
Prévention et traitement
La prévention a pour objectif de réduire les conséquences de la carence en iode chez le nouveau-né et
l’enfant. L’enrichissement en iode du sel est le meilleur moyen de prévention et dépend d’un programme
national.
Pour le traitement curatif des patients porteurs de goitre et en prévention dans les zones de carence
lorsque le sel n’est pas enrichi en iode : huile iodée, se conformer au protocole national. A titre indicatif
(d’après l’OMS) :
Huile iodée PO
Population une fois par an
(capsule à 190 mg d’iode)
Les doses utilisées en curatif (dose unique) et en préventif sont les mêmes. Les populations cibles sont
les femmes enceintes, allaitantes, en âge de procréer et les enfants.
Le goitre disparaît en quelques mois chez l’enfant. Il disparaît plus lentement (voire jamais) chez l’adulte
malgré la normalisation de la fonction thyroïdienne, obtenue en 2 semaines. La chirurgie est indiquée en
cas de complications mécaniques locales uniquement.
Annexes
• Annexe 1. Apport hydrique de base par voie IV par 24 heures chez l’enfant > 1 mois(see page 332)
Indications
Maintien d’une hydratation normale 1(see page 0) chez les patients incapables de boire suffisamment. Au
delà de 48 heures, il est impératif d’alimenter le patient par voie orale ou par sonde nasogastrique et de
progressivement réduire l’apport IV.
Ce protocole ne s’applique pas aux patients brûlés ou chirurgicaux ou atteints de maladie rénale
ou cardiaque ou d’acidocétose diabétique.
Liquide à administrer
Le soluté de choix chez l’enfant est le Ringer lactate-Glucose 5% (RL-G5%). Utiliser une solution prête à
l’emploi si possible. A défaut, ajouter 50 ml de G50% dans 500 ml de RL ou 100 ml de G50% dans 1000 ml
de RL. En l’absence de RL, utiliser du chlorure de sodium 0,9%.
Pour faciliter la prescription et l’administration, les volumes journaliers et débits en gouttes par minute
ont été arrondis.
* Avec un perfuseur pédiatrique, le nombre de gouttes par minute est égal au nombre de ml par heure.
Par exemple : 15 gouttes/min = 15 ml/heure
1(see page 332) L’apport hydrique journalier est calculé selon la formule suivante :
Enfant 0-10 kg : 100 ml/kg par jour
Enfant 11-20 kg : 1000 ml + (50 ml/kg pour chaque kg au-dessus de 10 kg) par jour
Enfant > 20 kg : 1500 ml + (20-25 ml/kg pour chaque kg au-dessus de 20 kg) par jour
Adulte : 2 litres par jour
Principales références
Sites consultés entre juin 2016 et janvier 2019
British National Formulary (BNF) et British National Formulary for Children (BNFc)
MedicinesComplete
Martindale. The Complete Drug Reference
MedicinesComplete
UpToDate. Evidence-based clinical decision support resource
BMJ Group. BMJ Best Practice.
La revue Prescrire
Centre belge d’information pharmacothérapeutique (CBIP)
http://www.cbip.be/fr/start
Centers for Disease Control and Prevention
http://www.cdc.gov/DiseasesConditions/
Cochrane Library
Organisation mondiale de la Santé
http://www.who.int/publications/fr/
9 https://confluence-uat.medicalguidelines.msf.org/viewport/essdrarabic/
%D8%A7%D9%84%D8%B5%D9%81%D8%AD%D8%A9-
%D8%A7%D9%84%D8%B1%D8%A6%D9%8A%D8%B3%D9%8A%D8%A9-
%D8%A7%D9%84%D8%B9%D9%82%D8%A7%D9%82%D9%8A%D8%B1-
%D8%A7%D9%84%D8%A3%D8%B3%D8%A7%D8%B3%D9%8A%D8%A9-26378528.html