Lentrainement en Force Chez Le Jeune Sportif PDF
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LentraÎnement en force
Sébastien Ratel, Vincent Martin
1. Introduction
En raison des exigences du sport de haut niveau. les jeunes sportifs sont de plus en
plus exposés à des régîmes d'entraînement impliquant des charges de travail élevées.
l'ennainement en force ave<: des appareils à charges additionnelles ou utilisant la
masse corporelle est de plus en plus pratiqué par les jeunes sportifs pour augmenter
leur force musculaire et le niveau de leur performance sportive. Cependant, bien que
l'intérêt de l'activité physique soit de promouvoir la santé, l'entraînement en force
pourrait prédisposer le jeune enfant à des risques de blessures, une croissance altérée
et des difficultés psychologiques. Par conséquent, un certain nombre de questions
peuvent être posées. Esc-ce que l'entraînement en force est bénéfique pour augmen-
ter la force musculaire et la performance athlétique chez l'enfant prépubère? Quelles
sont les conséquences de l'entraînement en force sur la santé du jeune sportif? À quel
âge devrions-nous proposer un entraînement en force dans les programmes d'entraî-
nement? Ce chapitre apportera des éléments de réponse à ces questions.
2. Terminologie
Dans ce chapitre, l'entraînement en force sera défini comme tout programme régulier
d'exercices effectués avec charges additionnelles ou encore utitisant ta masse corpo-
relle, dans le but d'accroître la force musculaire. les méthodes incluent tes exercices
utilisant le poids du corps tels que les pompes et les tractions, les charges libres ou
les machines à poids et divers systèmes créant une résistance tels que les machines
hydrauliques, les systèmes pneumatiques et isocinétiques et les ergomètres à charge
de friction. les exercices à intensité élevée serOnt définis comme tout exercice qui
excède la puissance maximale du métabolisme aérobie et qui font appel essentielle-
ment aux voies métaboliques anaérobies. les termes prépubertaire et enfant se référe-
ront aux filles âgées de moins de 11 ans et aux garçons âgés de moins de 13 ans pour
lesquels le développement des caractéristiques sexuelles secondaires n'a pas encore
débuté. les termes pubertaire et adolescent seront appliqués aux filles âgées entre 12
et 18 ans et aux garçons âgés entre 14 et 18 ans.
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Lenfant et l'activité physique
n'a rapporté aucune augmentation de la force des extenseurs du genou et des fléchis -
seurs du coude chez des jeunes enfants prépubères après un entraînement en force
de 3 séances par semaine durant 8 semaines. Seul le groupe post-pubère a présenté
une augmentation significative de la force et de la surface de section transversale
musculaire des extenseurs du genou et des fléchisseurs du coude. Vrijens ( 1978) en
a conclu que l'entraînement en force était inefficace avant la puberté en raison des
faibles niveaux circulants d'androgènes. Cependant, dans cette étude, l'intensité de
l'entraînement était modérée (en moyenne 70% d'une répétition maximale) et le
volume d'entraînement par séance était insuffisant (une seule série d'exerdce).l'inef-
ficacité de l'entraînement en force chez les enfants prépubères a ensuite été rapportée
par Docherty et coll. (1987), Ces auteurs ont montré qu'un programme d'entraîne-
ment en force de 3 séances par semaine durant 4 à 6 semaines était inefficace chez
des enfants prépubères pour augmenter significativement la force isocinétique des
extenseurs et des fléchisseurs du genou. Cependant, le faible volume d'entraînement
par séance et la courte durée du programme pourraient avoir compromis les résul-
tats de l'étude. Par conséquent, bien que les études mentionnées ci-dessus présentent
plusieurs limites méthodologiques (i.e. un programme d'entraînement inapproprié
en termes d'intensité, de fréquence et de durée et, dans certains cas, un manque de
conuôle de la croissance et/ou de l'a pprentissage), l'entraînement en force n'a pas été
recommandé chez les enfants prépubères (Vrijens, 1978).
Au cours de ces deux dernières décennies, un nombre important de sociétés savantes
et de revues de synthèse am toutefois réfuté l'idée selon laquelle l'entraînement en
force serait inefficace chez les enfams prépubères (American Academy of Pediatries
Coundl on SpOrts et coll .. 2008; American College of Sports Medicine, 2006; Faigen·
baum et co" .. 2009; Faigenbaum et Myer, 2010). Les données récentes de la littérature
scientifique indiquem en effet que les enfants prépubères peuvent augmenter leur
force musculaire lorsque l'emrainement eSt bien mené et conuôlé. Une des premières
études cliniques qui a bien conuôlé les charges de travail et qui a montré des bénéfices
de l'entraînement en force chez les enfants prépubères eSt celle de Sewall et Mieheh
(1986). Dix-huit enfants prépubères ont réalisé un emraînement progressif en force
sur des machines à poids 3 fois par semaine durant 9 semaines. Les enfants entraînés
ont augmenté la force des muscles des membres supérieurs et inférieurs de 43% en
moyenne alors que le groupe contrôle n'a subi une augmentation que de seulement
9% en moyenne. Des conclusions similaires ont été rapportées par Weltman et coll.
(1986) chez des garçons prépubères à la suite d'un programme d'entraînement de
3 séances par semaine durant 14 semaines sur des machines à résistance hydrau-
lique. Les auteurs ont trouvé une augmentation de 18 à 37% de la force isocinétique
des muscles extenseurs et fléchisseurs du coude et du genou par rapport au groupe
contrôle. Il a été conclu que l'entraînement en (oree avec un équipement à résistance
hydraulique était à la fois sain et efficace chez les enfants prépubères.
Ramsay et coll. (1990) ont rapporté des gains similaires de (orce isométrique et
isocinétique par rapport aux études citées ci-dessus sur divers groupes musculaires
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L'entraînement en force
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L'enfant et l'activité physique
fréquence d'entraînement de deux séances par semaine est suffisante pour induire
des gains de force significatifs chez les jeunes athlètes (Faigenbaum et coll., 1996).
Cependant. des séances d'entraînement plus fréquentes et plus spécifiques sont
susceptibles d'induire des gains de force plus éleves.
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L'entraînement en force
Mode de contr'OIction
OfbutOint
EXC ft CON
Débrouillé
EXC et CON
"""'.
EXCftCON
Type d'exerdce Mo" .... Mono-et Mono- et
pluri-Oirticuboire plu ri -,utieu b. ire pluri -OIrticubire
Intensité 50-70% 1 RM 60-80% 1 RM 70-85'" 1 RM
V~ume 1-2 sh1eSX l().l Sl'ip. 2-}.sér1eS x 8-12~. :I!: ) séries x 6- 10 rep.
Temps df, rkupiu.don
1 J.2 '·3
inter-sirin (min)
Fréquence (jaunI
semOline)
,., ,., H
fixée en pourcentage d 'l RM. Cependant, les tests à 1 RM doivent être effectués
avec un échauffement adéquat et en augmentant progressivement les charges. Ils
doivent également être effectués sous le contrôle d'un professionnel. En moyenne,
des charges de 70 à 80% SOnt généralement conseillées chez les enfants ayant une
expérience de l'entraînement en force. Le tableau 1 fournit des recommandations
quant à la charge d'entraînement à programmer en fon ction du niveau de pratique.
7) Les modes de contraction dynamiques (i.e. excentrique et concentrique) sont à
favoriser, car ils permettent l'apprentissage de la coordination motrice. Des contrac-
tions isométriques peuvent enrichir le programme d'e ntraînement, mais dans de
faibles proportions.
8) Pour les sports où la force est un déterminant clé de la performance, une fréquence
d'entraînement de 2 à 3 séances (non consécutives) par semaine est nécessaire.
11 a en effet été montré chez les enfants qu'une seule séance d'entraînement par
semaine était insuffisante pour induire des changements notables de la force
musculaire (Faigenbaum et coll.. 2002 ). Le tableau 1 propose des recommandations
de fréquence d'e ntraînement en fonction du niveau de pratique.
9) En raison d'une plus faible fatigabilité musculaire chez les enfants (cf. chapitre -4 :
• Fatigue musculaire chez l'enfant ~), des intervalles de récupération plus courts
que ceux habituellement employés par les adultes pourraÎent être proposés entre
les exercices intenses chez les enfants. Toutefois, avec l'augmentation du niveau de
pratÎque et des charges d 'e ntraînement, il est recommandé de proposer des durées
de récupération inter-séries comparables à celles utilisées chez les adultes. Cette
recommandation pourrait également être applicable dans le cas des adolescents,
dont la fatigabilité musculaire est plus élevée que celle des enfants (Sadres et colf..
2001 ). Le tableau 1 propose des recommandations de durée de récupération entre
séries pour les enfants en (onction du niveau de pratique.
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L'enfant et l'activité physique
9. Conclusion
Il est maintenant bien admis que l'entraînement en force est un moyen sain et efficace
de développer la force, la puissance et la performance athlétique chez les enfants à
condition de respecter les règles de sécurité sur chaque appareil et que les séances
soient effectuées sous le contrôle d'un professionnel compétent. Les études ont
montré des gains de force compris entre 10% et 40% après des programmes d'e ntraî-
nement en force effectués sur des machines à poids. Contrairement aux idées reçues,
les risques de blessure associés à l'entraînement en force chez les enfants ne sont pas
plus élevés que ceux associés à la pratique du sport de loisirs et de compétition. À
l'heure actuelle, il n'existe pas d'argument scientifique supportant l'idée selon laquelle
l'entraînement en force altère la croissance et la maturation de l'enfant. l'entraîne-
ment en force seul ne doit toutefois pas se substituer à l'entraînement spécifique dans
la discipline sportive mais doit plutôt être considéré comme un moyen complémen -
taire d'augmenter la force, la puissance et la performance athlétique à travers une
planification bien contrôlée.
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L'enfant
. et l'activité physique
de la théorie à la pratique