Logistique

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Cours de Mr DIEMER Arnaud

ECONOMIE D’ENTREPRISE
________________________________________________________
Partie II : Les fonctions de l’entreprise
Chapitre 7 : Les fonctions d’appui à la production :
approvisionnement et logistique
MOTS CLES
- Category Managers
- Gestion Economique des Stocks
- Gestion-Fournisseurs
- Juste à Temps (JAT)
- Kanban
- Méthode PBC
- Mission achats
- Mission logistique
- Partenariat Acheteur-Fournisseur
- Production synchronisée (OPT)
- Ratio de rotation des stocks (en jours)
- Stock
- Chaîne logistique
- Logistique
- Logistique de distribution
- Logistique industrielle
- Logistique intégrée
- Logistique de produit
- Logistique de soutien
- Logistique de stockage
- Supply Chain Management

PLAN
I. LA FONCTION D’APPROVISIONNEMENT
A. Présentation des objectifs
1. Les missions de la fonction approvisionnement
2. L’intégration de la fonction approvisionnement dans l’entreprise
3. Les objectifs de la fonction d’approvisionnement
4. La compatibilité des différents objectifs
5. La multiplicité des choix
B. La gestion des achats
1. L’organisation de la fonction achats
2. L’approche traditionnelle de la Gestion des Achats
3. La Gestion-Fournisseurs : une approche moderne
4. La gestion des achats et les nouvelles technologies
C. La gestion des stocks
1. Objectifs et Finalités des stocks
2. Les modèles d’analyse des stocks
3. Vers une élimination des stocks
a. Le Juste à Temps et le Kanban
b. Les autres méthodes
4. La gestion administrative des stocks
a. Les moyens matériels et humains
b. L’organisation administrative de l’entrepôt
c. La gestion informatique des stocks
II. LA FONCTION LOGISTIQUE
A. Définition et caractéristiques de la logistique
B. Les enjeux de la logistique
C. La logistique : une gestion spatiale de l’entreprise
1. Logistique et Localisation
2. Logistique et Agencement
III. LA SUPPLY CHAIN MANAGEMENT
A. La mise en place d’une supply chain
1. Les grands principes de la relation clientèle
2. Les conditions de mise en place du modèle de supply chain
B. De la supply chain à la demand Chain
1. Les caractéristique de la Demand Chain
2. La question du cycle total d’approvisionnement
LES FONCTIONS D’APPUI A LA PRODUCTION
APPROVISIONNEMENT ET LOGISTIQUE

La rentabilité de l’entreprise dépend en grande partie des choix réalisés lors de


l’acquisition des matières premières, des produits semi-finis ou des marchandises
nécessaires à son fonctionnement. Ceci est d’autant plus vrai, que la part des achats
dans le chiffre d’affaires de l’industrie française est passée de 60% dans les années 1990
à près de 75% dans les
années 2000. En raison de ce poids, la recherche d’économies externes à travers les
achats s’est vite avérée plus efficace que des gains internes de productivité ou une
augmentation du chiffre d’affaires. La fonction d’approvisionnement, qui a longtemps
servi d’appui à la production, prend de plus en plus les traits d’une véritable stratégie
d’achats. Cette reconnaissance au niveau de la direction générale, s’applique également
à la logistique. Cette dernière ne se limite plus à la gestion des flux de marchandises et
des stocks de produits. Le principe de la supply chain ou de la logistique globale,
concerne l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement des matières premières venant des
fournisseurs à la livraison de produits finis aux clients.

I. LA FONCTION D’APPROVISIONNEMENT

Tout responsable des approvisionnements doit identifier les multiples objectifs de la


politique d’approvisionnements et les hiérarchisés conformément aux grandes
orientations stratégiques de l’entreprise.

A. Présentation des objectifs


1. Les missions de la fonction approvisionnement
La fonction approvisionnement a généralement deux missions ; une mission achats et
une mission logistique. Dans le cadre des achats, l’objectif consiste à créer et entretenir
des relations avec les fournisseurs afin de fournir à l’entreprise les biens et services dont
elle a besoin.

Politique Suivi des


d'achat Etude de marché amont Choix des fournisseurs Fournisseurs
Appel d’offres Commandes
Négociation Indications de délai
Intégration Marketing achats Sélection Indications de
Internalisation Etude de produits Contrats qualité
Partenariat Analyse des coûts Assurance-qualité Audits

Dans le cadre de la logistique, l’objectif est d’organiser le flux et le stockage des produits
ou marchandises achetées, au moindre coût, et avec le maximum de sécurité.
Prévisions Expression des besoins Commandes Réception
Plans Contrôles
directeurs à Groupage
moyen Suivi des Entreposage
terme Calcul des coûts commandes
Budgets Gestion des stocks Transports Facturations

2. L’intégration de la fonction approvisionnement dans l’entreprise

Cette fonction approvisionnement n’est pas autonome, au contraire, elle est étroitement
liée aux autres fonctions de l’entreprise et conditionne leur performance. L’efficacité des
activités d’approvisionnements conditionne l’efficacité de la production (respect de la
qualité, absence d’arrêt dansla production, réduction du taux de déchets, amélioration
de la
productivité), de l’activité commerciale ( respect des délais de livraison, conception
commune entreprise/fournisseur, meilleure satisfaction des besoins de la clientèle), du
système financier (réduction des capitaux investis dans les stocks, réduction du coût des
produits achetés, économies réalisées grâce à une meilleure définition des besoins)…

3. Les objectifs de la fonction d’approvisionnement

Toute politique d’approvisionnement repose sur la réalisation d’objectifs, qui sont


également vus sous l’angle de la contrainte. Six variables clés sont souvent mentionnées
dans la plupart des documents relatifs à la planification des approvisionnements, et
systématiquement discutés lors des négociations. Les prix et les coûts (mise en
concurrence des fournisseurs potentiels, achats en quantité importante, standardisation,
minimisation des coûts d’acquisition et possession des stocks), la continuité (prévision
des besoins, analyse de la santé financière des fournisseurs, relations de partenariat avec
les fournisseurs), la flexibilité(choix des fournisseurs pouvant s’adapter rapidement à
l’évolution des besoins, amélioration des relations clients/fournisseurs), la qualité
(intervention du client dans la conception et la fabrication des fournitures, recherche
d’une régularité des fournitures, choix des méthodes de contrôle), la sécurité (continuité
des livraisons, sécurité des entrepôts, solidité des fournisseurs), les délais (régularité
des livraisons, recherche d’une diminution des délais, fiabilité du fournisseur).

4. La compatibilité des différents objectifs


Les différents objectifs de la politique d’approvisionnement ne sont pas toujours
compatibles (exemple de l’objectif de qualité et l’objectif deprix bas), certaines décisions
peuvent même se révéler antinomiques (l’objectif de minimisation des coûts privilégie les
achats en grande quantité pour bénéficier de remises, toutefois ces approvisionnements
accroissent les coûts de stockage des produits). Il est donc nécessaire de hiérarchiser les
objectifs de la politique d’approvisionnements en fonction des grandes orientations
définies par la politique générale de l’entreprise, de l’intensité de la pression
concurrentielle du secteur, ou de l’image de marque de l’entreprise. En d‘autres termes,
il s’agit de trouver un compromis entre ces différents objectifs.
5. La multiplicité des choix

La réussite d’une politique d’approvisionnements repose sur la pertinence de


certains choix fondamentaux relatifs à l’organisation de la fonction achats, à la stratégie
de sélection des fournisseurs, à l’adaptation de processus performants
d’approvisionnements. Les conséquences de ces choix dépassent le simple cadre de la
fonction d’achats, et intéressent directement donc la Direction Générale de l’entreprise.
1. Ainsi l’entreprise a généralement le choix entre fabriquer, acheter ou sous traiter. Il
est en effet parfois économiquement plus intéressant, pour des raisons de coût ou de
savoir-faire, d’acheter un bien ou un service plutôt que de le produire soi-même. Ainsi
Renault a fait appel à des entreprises juridiquement indépendantes pour lui fournir des
pièces ou des ensembles de pièces destinés à être montés sur la Twingo (tableau de bord,
système d’éclairage...).
2. De même, acheter à l’étranger permet bien souvent de diminuer les coûts des
approvisionnements et d’améliorer la productivité de l’entreprise. De plus, les produits
étrangers peuvent s’avérer porteurs d’innovations technologiques, et ouvrir la voie à une
internationalisation de l’entreprise cliente.
3. L’entreprise pourra se demander s’il faut centraliser ou décentraliser les achats. Les
approvisionnements sont centralisés lorsque, pour l’ensemble de l’entreprise, ils sont
réalisés par un service unique placé auprès de la direction. Cette organisation place
l’entreprise en position de force dans la négociation avec les fournisseurs. Des
approvisionnements décentralisés (réalisés de façon indépendante pour chaque
établissement) permettent de raccourcir les délais d’approvisionnement, d’améliorer
l’adaptation aux besoins locaux, et de réduire les coûts de transport.
4. L’entreprise peut faire appel à un fournisseur unique ou préférer des fournisseurs
diversifiés. Faire appel à un fournisseur unique place l’entreprise en position de client
privilégié et permet d’obtenir des remises importantes, mais cette organisation entraîne
bien souvent une situation de dépendance entre les deux partenaires, et génère des
risques importants en cas de défaillance du fournisseur. Le recours à plusieurs
fournisseurs, permet de bénéficier des supériorités spécifiques de chaque fournisseur dans
sa spécialité et de répartir les risques. Par contre, un achat en petite quantité conduit à
des conditions de prix et de règlements moins favorables.
5. L’entreprise peut également privilégier les fournisseurs clients. En effet, lorsque
différents fournisseurs potentiels proposent des prestations équivalentes, il peut être
judicieux de privilégier lorsqu’il existe, celui qui est également client de l’entreprise. Ce
système de réciprocité permet d’accroître les ventes, mais génère parfois des relations
de dépendance défavorables pour le partenaire placé en infériorité.
6. Enfin, suivant l’importance ou la rareté du produit, des dispositions particulières
s’imposent. Certains produits stratégiques, jouant un rôle essentiel dans l’entreprise,
devront être suivis avec une attention particulière par un service centralisé. Des relations
privilégiées, impliquant souvent la Direction Générale, sont entretenues avec les
fournisseurs concernés. Les produits spécifiques sont fabriqués sur mesure pour
l’entreprise cliente. Les exigences de qualité et de délais justifient l’existence de
relations durables. Les produits standard pourront quant à eux reposer sur une approche
traditionnelle de la Gestion des Achats.
B. La gestion des achats

La fonction achats est depuis quelques années en pleine évolution. Cette évolution atteint
l’organisation même des services achats, et intéresse aussi directement le processus
d’achats et les relations entre fournisseurs et acheteurs. Les nouvelles technologies de
l’information et de la communication font de la gestion des achats, un outil stratégique,
capable d’engendrer une certaine réactivité de l’entreprise.

1. L’organisation de la fonction achats

La fonction achats a pour objet l’acquisition des matières premières, des produits semi-
finis ou finis et des services dont l’entreprise a besoin. Elle conditionne de ce fait la
rentabilité de l’entreprise, la qualité et le prix des produits vendus, les délais de
fabrication et de livraison. Même si de nombreuses entreprises ont conservé à la fonction
achats un caractère purement administratif, les directions générales tendent de plus en
plus à intégrer les activités d’achat dans une réflexion plus globale de l’entreprise.
Cette nouvelle conception de la fonction achats n’est pas sans conséquence sur le métier
même de l’acheteur. L’acheteur moderne intervient très en amont de l’acte d’achat, au
niveau de la définition des besoins et plus seulement pour la négociation.
L’élargissement de son champ d’intervention l’amène à faire preuve de polyvalence,
surtout dans l’industrie. Outre des qualités de négociateur, il doit disposer de
compétences techniques pour prendre en compte les impératifs de production ou
d’assurance qualité ; de notions juridiques pour maîtriser les appels d’offres ; de qualités
commerciales pour attirer les meilleurs fournisseurs et anticiper les évolutions en amont ;
linguistiques pour trouver les meilleurs d’approvisionnement à l’échelle mondiale ;
humaines pour travailler en équipe (l’acheteur s’appuie à chaque étape du processus
d’achat sur les différents services de l’entreprises). L’acheteur est également plus mobile,
il passe du temps chez ses fournisseurs, se penche sur leurs procédés de fabrication,
contrôle et simule la qualité de leurs produits. L’acheteur est enfin tourné vers l’extérieur
de l’entreprise, ce qui lui confère un rôle important en termes d’intelligence économique,
il doit apporter des informations sur les évolutions des marchés des fournisseurs tout en
étant digne de confiance (il s’agit de protéger l’entreprise contre toute indiscrétion).
Dans la distribution (industrie), les « category managers » (« commodity managers »)
remplacent les acheteurs traditionnels. Ils sont capables de gérer aussi bien l’approche
logistique que le marchandisage ou le marketing vente. Ajoutons que quelques
entreprises ont développé une véritable décentralisation des approvisionnements, chaque
service réalisant ses propres achats. A l’opposé, certaines d’entre elles confient la gestion
de leur approvisionnement à des centrales d’achats.

2. L’approche traditionnelle de la Gestion des Achats

La fonction achats est rarement placée sous la responsabilité d’un service achats
«autonome ». La gestion des relations avec les fournisseurs est ici fréquemment confiée
à la Direction technique (ou commerciale) notamment dans les PME. Même lorsqu’un
service achats indépendant existe, celui-ci est généralement subordonné aux décisions
issues de la fonction production, commerciale ou financière.
L’approche traditionnelle de la gestion des achats consiste à mettre en concurrence les
différents fournisseurs potentiels et de sélectionner ceux qui offrent les meilleurs
produits, les conditions de vente les plus intéressantes...Cette approche repose sur une
série de 7 points :
- Il s’agit de prendre connaissance du marché en amont. Le service achats procède à
une étude permanente et approfondie du marché en amont. L’acheteur recense les
fournisseurs potentiels, leur capacité, leur taille...; analyse l’évolution de produits et
matières premières. Les techniques sont multiples (études de marché, analyse de la
documentation commerciale, technique ou économique, consultation de fichiers).
- A moyen et long terme, la détermination des besoins incombe au système de
planification de l’entreprise. A court terme cependant, les besoins peuvent être non
répétitifs (traités au coup par coup) ou répétitif (on passe à la gestion de stocks).
- L’acheteur doit ensuite faire appel aux fournisseurs actuels et négocier une amélioration
de leurs conditions. Le service achats peut également dans le cas de marchés
importants, effectuer un appel d’offres (l’Etat utilise beaucoup cette pratique). Il s’agit ici
de provoquer l’offre.
- L’acheteur devra évaluer et sélectionner les fournisseurs. Les techniques d‘évaluation
sont multiples (grilles d’analyse, tableaux de comparaison, analyse financière des
fournisseurs...). Mais le choix définitif tient compte de trois critères (rapport qualité-
prix, relations commerciales avec le fournisseur, volonté de privilégier les partenaires
locaux).
- La phase de négociation consiste à entreprendre une série de démarches, d’entretiens,
d’échanges pour parvenir à un accord avec le fournisseur sur le prix, la qualité... La
négociation conduit généralement à l’élaboration d’un compromis entre les deux parties.
- La commande est le contrat qui résulte de la sélection des fournisseurs et de la
négociation commerciale. Elle engage l’acheteur vis à vis du fournisseur et obéit de ce
fait à de nombreuses règles juridiques (contrat de vente).
- Il convient enfin d’assurer le suivi et la réception de la commande.
L’acheteur doit contrôler le respect par le fournisseur des conditions de vente précisées
sur le contrat. En cas de difficultés, l’acheteur adresse une relance au fournisseur
défaillant et peut éventuellement le mettre en demeure d’exécuter ses engagements au
moyen d’une lettre recommandée avec accusé de réception. Dès la réception de la
commande, les magasins effectuent un double contrôle de qualité et de conformité.

3. La Gestion-Fournisseurs : une approche moderne

Le rôle stratégique des approvisionnements n’a souvent été reconnu que depuis peu par
les dirigeants de l’entreprise. Le terme de Gestion fournisseurs est plus ambitieux que
celui de gestionnaire des achats. Il signifie que l’entreprise cherche à obtenir un avantage
concurrentiel par l’établissement de relations d’ordre stratégique avec ses fournisseurs.
Les stratégies d’achat associent de plus en plus les fournisseurs très en amont.
Des partenariats qui se révèlent souvent plus bénéfiques qu’une simple négociation
conduite en aval. Cette négociation dépasse en effet les critères quantitatifs pour
s’orienter vers des objectifs qualitatifs, en incitant les fournisseurs à se faire certifier, en
soutenant leurs efforts d’innovation et d’amélioration de la qualité, en les aidant à
devenir plus performants.
C’est au stade de la conception du produit que l’entreprise peut faire leplus d’économies.
Pour bien acheter, l’entreprise doit être capable de remettre en cause ses habitudes de
travail, et ses besoins, puis de supprimer toutes les contraintes inutiles qui pourraient
peser sur les fournisseurs et qui leur coûtent chères. Cette démarche en amont requiertde
la fonction achats une excellent coordination avec les autres services de l’entreprise
(bureau d’études, qualité, production, marketing…) et l’association des fournisseurs à la
réflexion sur le produit.
Au lieu de se focaliser sur le prix de vente, l’acheteur se penche sur les méthodes et les
coûts de production de son fournisseur afin de voir quelles économies pourraient être
obtenues Il sera même amené à .examiner le livre de compte de son fournisseur. Pour ce
dernier, l’effort de transparence peut déboucher sur un partenariat durable. Le partenariat
acheteur-fournisseur (mise en oeuvre par Toyota), est ainsi fondé sur une dépendance
mutuelle à long terme entre un acheteur et les fournisseurs qui peuvent garantir une
qualité supérieure et une livraison rapide et fiable. Ce modèle implique la mise en oeuvre
de relations suivies avec un nombre limité de fournisseurs (la sélection s’effectuera
généralement au profit de ceux qui ont le plus gros potentiel d’amélioration), une
interaction étroite entre les services de production, d’ingénierie et de conception des
acheteurs et fournisseurs, la proximité géographique du fournisseur...
Case, fabricant américain de machines agricoles et de travaux publics, a ainsi modifié sa
stratégie achats en Europe (Brillet, 1997). Afin d’obtenir des prix plus bas et une
meilleure qualité sur ses achats, l’entreprise a concentré ses commandes sur un nombre
réduit de fournisseurs mieux sélectionnés (ces derniers sont passé de 3900 à 500). Au
sein de la direction européenne des achats, 8 postes de « commodity managers » ont été
crées. Ces responsables ont la charge de définir les stratégies d’achats pour différents
composants de machines. Ils ont à sélectionner le fournisseur adéquat à partir d’une
batterie de critères (positionnement prix, qualité, capacité à livrer à temps, à faire des
progrès…).
Ajoutons pour conclure sur ce point que si l’optimisation des achats n’implique pas une
dégradation des relations avec les fournisseurs (ces derniers ont même intérêt à jouer le
jeu de la coopération), en revanche, le partage des économies réalisées grâce à la
synergie client-fournisseur donne lieu à une âpre discussion. Et c’est souvent le client qui
s’octroie une bonne part des gains, et ce d’autant plus qu’il a guidé le fournisseur dans
cette démarche.

4. La gestion des achats et les nouvelles technologies

Depuis quelques années, la gestion des achats fait également « peau neuve » en ayant
recours aux nouvelles technologies de l’information.
Les technologies Internet lui permettent de faciliter le travail quotidien de ces employés
mais également de réduire les coûts, d’augmenter la productivité et l’efficacité du service
achats (gain de temps, meilleures conditions d’achats négociées, diminution du travail
administratif…).
Dans la droite lignée du e-commerce, on parle de e-procurement. On distingue
généralement les sites de sourcing, les places de marchés et les centrales d’achats on line
(Tertiaire, 2000).
Les sites de « Sourcing » permettent de gagner du temps dans le processus de
consultation. Ils offrent un accès à une base de données qui regroupe de nombreuses
adresses de fournisseurs répertoriés par secteurs ou familles de produits. Ces sites
proposent également des services supplémentaires comme la possibilité de réaliser des
appels d’offres en ligne (les propositions sont directement adressées aux fournisseurs qui
prennent contact par e-mail). Les places de marché permettent de réaliser des gains
considérables (40 à 70%) sur les coûts administratifs et de traitement des commandes.
Elles s’appuient sur une logique de rapprochement entre les fournisseurs et les acheteurs
afin de faciliter leurs transactions. Leur principale valeur ajoutée consiste donc à créer et
à maintenir des catalogues en ligne. En allant sur Internet, l’acheteur a la possibilité de
consulter un produit dans le catalogue électronique du fournisseur (fiche technique,
photographie du produit) et de passer commande.
Les places peuvent également offrir des services .supplémentaires telles que les
enchères ou les offres de déstockage. Il existe deux types de places de marchés. Les
places de marché horizontales s’adressent à des sociétés de tous secteurs. Elles sont
gérées par un opérateur, généralement une banque ou un opérateur téléphonique.
Les places de marché verticales sont à rapprocher d’un secteur, d’un organisme ou d’une
société donneuse d’ordres (exemple de General
Motors).
Face aux insuffisances des sites de sourcing (pas de conseil dans l’élaboration des appels
d’offres, des gains en productivité très limités) et des places de marché (coûts de mise en
place importants, difficulté à maintenir des catalogues électroniques actualisés, pas de
garantie sur le prix d’achat), de nouveaux prestataires de services spécialisés dans les
achats sont apparus : les centrales d’achats on line. Ces dernières proposent de sous-
traiter totalement l’acte d’achat, du marketing amont à la passation de commandes. Elles
visent en priorité les achats hors production, ceux qui ne font pas partie du cœur de
métier des clients. La force de frappe de la centrale d’achat réside principalement dans sa
capacité à négocier les prix d’achat (globalisation des achats), à simplifier l’acte d’achat
(elle remplace une multitude de petits fournisseurs), à définir les besoins des utilisateurs
(système interactif de formulation des besoins), à offrir une solution logicielle souple
(pas de gros investissements, juste une connexion Internet et un logiciel de navigation) et
une facturation au forfait (marge sur le prix d’achat).

C. La gestion des stocks

La prise de conscience de l’importance de l’approvisionnement s’est accompagnée d’une


prise en compte des stocks. Il s’agit en fait de réguler le volume des stocks de matières
premières ou de produits semi-finis afin de minimiser les coûts et le capital immobilisé.
Ceci constitue l’un des domaines clés de la logistique amont (par opposition à la
logistique aval liée à la distribution). Selon les termes du Plan Comptable, le stock est
constitué « par l’ensemble des biens qui interviennent dans le cycle d’exploitation de
l’entreprise pour y être soit vendus en l’état ou au terme d’un processus de production
à venir ou en cours, soit consommés au premier usage ». La notion de stocks regroupe
donc les approvisionnements (matières premières, fournitures), les
produits(intermédiaires et finis), et les marchandises achetées pour y être revendues. Plus
généralement, tout stock se caractérise par un flux d’entrée, de sortie et un niveau de
biens en attente.

1. Objectifs et Finalités des stocks

De nombreuses raisons justifient l’existence des stocks de matières premières, de produits


semi-finis ou finis. Il peut s’agir de :
- raisons économiques : La passation de commandes importantes permet de diminuer les
coûts de transport. Le stock est une protection contre les chocs de la demande qui
pourraient se transmettre à la production et au transport (il permet de répondre à une
demande aléatoire, saisonnière). Le stockage se fait à la carte (matières premières,
produits semi-finis, finis)
- raisons financières : La constitution de stocks permet de maintenir une certaine stabilité
des cours des matières premières. Dans le cas d’une hausse des cours, l’entreprise ou
l’organisme détenteur de stocks, mettra sur le marché une partie de ses réserves. Le
stockage peut également être utilisé à des fins spéculatives (on emmagasine des produits
en vue de les revendre plus chers).
- raison technique : Amélioration de la qualité des produits (vin, boissons alcoolisées en
générales)
- raison commerciale : Le stock permet de faire face aux problèmes de délais de livraison
La constitution de stocks visant à répondre principalement aux demandes des clients, ne
doit pas déboucher sur le sur-stockage. Les responsables de la gestion des stocks doivent
donc éviter un niveau de stocks trop élevé (génère de nombreux coûts, immobilise des
capitaux, peut être à l’origine de graves difficultés de trésorerie, augmente les risques
d’obsolescence, conduit l’entreprise à céder des produits au rabais) mais également un
niveau de stocks trop faible (multiplie les risques de rupture des commandes, génère des
retards dans les livraisons, désorganise l’entreprise...). L’entreprise doit donc
simultanément chercher à réduire au maximum le niveau moyen des stocks et à
minimiser les risques de rupture. On parle dès lors de gestion économique des stocks.
D’une façon générale, celle-ci désigne le système de régulation du volume et de la valeur
des stocks, compte tenu des modalités de l’approvisionnement ainsi que du rythme de
consommation.
L’entreprise est généralement soumise à une double contrainte. Plus une entreprise
passera de commandes au cours d’une période, autrement dit,plus la cadence
d’approvisionnement est élevée, plus le stock moyen détenu est faible et les coûts de
détention des stocks sont minimisés (mais les coûts de passation de commandes
augmentent). Par contre, plus la cadence d’approvisionnement sera faible, plus elle
générera d’importants coûts de stockage. Face à cette double contrainte, le problème
central de la gestion économique des stocks consistera à déterminer d’une part, le
nombre optimal de commandes qui permettra de minimiser le coût total des stocks
(somme du coût de stockage et des coûts de passation de commandes), d’autre part, les
dates de réapprovisionnement en tenant compte des délais et des aléas de la livraison,
ainsi que les quantités de produits que l’entreprise doit commander.

2. Les modèles d’analyse des stocks


Il existe de nombreux modèles d’analyse de la gestion des stocks. On peut utiliser soit
modèle de gestion par exception, c’est le cas des méthodes 20/80 et ABC, soit un
modèle de gestion économique des stocks, comme le modèle de Wilson.
- Le modèle 20/80 s’appuie sur la loi de Pareto selon laquelle 20% de l’effectif
représente 80% de la valeur. Il s’agit d’un graphique qui porte en abscisse l’effectif
cumulé et en ordonnée la valeur cumulée.
Si une analyse des stocks révèle que 20% des produits de catégorie 1 représentent
80% de la valeur des stocks, et que 80% des produits de catégorie 2 représentent 20% de
la valeur des stocks. L’acheteur devra mettre en place une gestion rigoureuse des
produits de catégorie 1 et une gestion plus souple des produits de catégorie 2.
- Le modèle ABC s’appuie sur les mêmes principes que le modèle 20/80 , à ceci près, que
les produits sont classés en trois catégories en fonction de leur valeur.
- Le modèle Wilson présente l’intérêt de mettre en relation la quantité à commander et de
la fréquence des stocks. Il introduit plusieurs notions de stocks : le stock minimum
(fonction du délai de réapprovisionnement du fournisseur et de la consommation
correspondante), le stock de sécurité (il permet de faire face aux ruptures éventuelles de
stock), le stock d’alerte (c’est l’indicateur du déclenchement de la commande).
Le modèle de Wilson s’appuie à la fois sur le taux de rotation des stocks et le délai moyen
de stockage pour mesurer la vitesse moyenne à laquelleles stocks doivent se renouveler
pour faire face à l’activité de l’entreprise.
Le coût de stockage est décomposé en coût de passation des commandes (frais de
téléphone, fax, frais postaux, administratifs) et coût de possession des stocks
(magasinage, locaux, surveillance…). Au final, il permettra de calculer la cadence
d’approvisionnement la moins coûteuse pour l’entreprise.

3. Vers une élimination des stocks

C’est une des finalités des nouvelles méthodes de gestion d’origine japonaise. Pour
atteindre l’objectif de stock-zéro, plusieurs techniques se sont généralisées en Europe.

a. Le Juste à Temps et le Kanban

La méthode Juste à Temps (JAT) vise à réduire les délais et donc la durée du cycle de
production, ce qui permet une nette diminution du volume des stocks. L’idée générale
est d’adapter en permanence la production à la demande réelle du consommateur au
prix d’une transformation radicale des principes de fonctionnement de l’entreprise.
Le rôle des logisticiens dans cette mutation s’avère essentiel. La conversion d’une
entreprise au JAT implique :
- la mise en oeuvre d’un système de production flexible, permettant, dans une même
chaîne, de passer rapidement d’un produit à l’autre.
- une fiabilité totale des machines (zéro panne)
- un taux de rebut quasi-nul (zéro défaut)
- l’utilisation d’un système de pilotage capable de gérer la circulation des produits par
unités
Indispensable complément à la méthode JAT, le système Kanban consiste à gérer les
flux physiques à partir de simples fiches cartonnées
(les kanbans) qui accompagnent tous lots de produits de produits, pièces ou ensembles.
Ces fiches, généralement stockées dans des bacs près des postes de travail, sont de deux
types : des ordres de production (elles correspondent à un ordre de fabrication) et des
ordres de transport(manutention et prélèvement). Emises par l’utilisateur dès que le
besoin apparaît, elles permettent de déclencher une fabrication qui correspond
exactement aux quantités demandées, ce qui élimine les productions et stocks superflus
(c’est donc bien le montage final qui tire toute la production en fonction des besoins
réels).

b. Les autres méthodes


Deux autres méthodes conduisent à un très fort abaissement du niveau des stocks. La
méthode PBC (planification des besoins en capacité) consiste à organiser la production
à partir d’une prévision systématique des besoins gérée par ordinateur. Cette technique
généralement associée au JAT, permet une baisse du niveau des stocks. Plus simple à
mettre en oeuvre et moins coûteuse, la production synchronisée (OPT) concerne les
entreprises dont les productions sont dépendantes les unes des autres. La méthode est
fondée sur une analyse du processus de fabrication qui permet d’identifier et
d’éliminer les goulots d’étranglement. Malgré leurs avantages, ces méthodes restent
souvent complexes à mettre en oeuvre et la plupart des entreprises françaises continuent
d’utiliser un système classique de gestion économique des stocks.

4. La gestion administrative des stocks

La gestion des stocks ne se limite pas aux techniques permettant d’optimiser les
approvisionnements. Après la livraison, les marchandises doivent être stockées d’une
manière rationnelle et économique. Si la performance du système de stockage repose en
grande partie sur l’agencement des locaux, elle dépend en fait de nombreux facteurs, ce
qui conduit à étudier les moyens matériels et humains nécessaires au stockage,
l’organisation administrative de l’entrepôt, et l’incidence de l’informatique dans la
gestion du stockage.

a. Les moyens matériels et humains

L’efficacité du système de gestion des stocks est tout d’abord liée à la compétence du
personnel affecté aux magasins et entrepôts. Il s’avère donc nécessaire de sélectionner
les magasiniers à partir de critères tels que la rigueur, le sens de l’organisation....et de
leur apporter un minimum de formation qui portera sur :
- la gestion administrative des stocks (nomenclature des produits, suivi des articles par
fiches, bordereaux, factures et travaux d’inventaire...)
- les principes de stockage : plan de stockage de l’entreprise, nature des produits...
- le fonctionnement et les caractéristiques des engins de manutention...
- la sécurité (règles de stockage de produits à risque)
Les moyens matériels ont fait également l’objet d’une attention particulière. A partir
d’une réflexion sur ses besoins, objectifs stratégiques et moyens financiers, l’entreprise
élabore un « schémadirecteur » qui définit les principales orientations retenues :
localisation du bâtiment, capacité de stockage, capacité de réception et d’expédition,
qualité et rapidité du service.
La conception et l’organisation du stockage dépendent de multiples facteurs comme la
nature des produits stockés (produit solide, liquide, gazeux), le coût du stockage, les
normes de sécurité (conditions de conservation, produits dangereux...).

b. L’organisation administrative de l’entrepôt

Les tâches administratives effectuées dans les entrepôts ou magasins de stockage ont une
importance particulière. Les enregistrements d’entrée et de sortie servent en effet de base
à la gestion économique des stocks (déclenchement des procédures de
réapprovisionnement). Ils permettent également d’effectuer des statistiques sur les
articles stockés (rotation des stocks, taux de rupture des stocks,...) qui rendront le
système de gestion des stocks plus performant. De leur réception à leur sortie, les stocks
donnent lieu à un certain nombre de tâches administratives :

Réception Rangement Conservation Sortie du stock


- Contrôle qualitatif, quantitatif et - Recherche du lieu de - Contrôle régulier des conditions - Réception des ordres
de conformité des marchandises rangement de stockage de sortie
livrées - Indication sur les fiches ou - Inventaire par comptage (au - Rédaction des bons
- Contrôle de la facture et du l’ordinateur des lieux de minimum une fois par exercice) de sortie
paiement éventuel du rangement - Mise à jour des
- Contrôle des fiches de casier et de
stocks
transporteur emplacements - Etablissement et mise à jour - Transmission d’un
- Acceptation ou refus des libres restants (des fiches casier, des fiches de exemplaire du bon de sortie au
marchandises stocks...) service comptabilité
- Etablissement d’un bon de - Préparation éventuelle de
réception (transmission d’un documents de transport
exemplaire au service achats)
- Enregistrement de la livraison sur
l’ordinateur

c. La gestion informatique des stocks


Dans le domaine de la gestion des stocks, le recours à l’informatique est aujourd’hui
systématique. L’ordinateur permet en effet :
1. de gérer plus efficacement les stocks
* constatation des entrée/sorties de stocks
* calcul des dates de passation des commandes, des quantités à commander, des
stocks d’alerte et de sécurité
* gestion spatiale de l’entrepôt
2. d’analyser la performance du système de gestion
* calcul systématique d’indices et de ratios
ex : ratio de rotation des stocks en jours

* établissement de statistiques liées aux stocks


* évaluation prévisionnelle des besoins à moyen et long terme
Le développement d’entrepôts automatisés, pour lesquels l’intervention humaine est
limitée à son strict minimum, présente également de sérieux avantages: la sécurité des
opérations (engins automatisés largement programmés) ; la simplification des
procédures (diminuant les risques d’erreur de gestion) ; la diminution des coûts
(malgré un investissement initial relativement lourd) ; le suivi plus précis (une sortie
de stockentraîne aussitôt le réapprovisionnement)

II. LA FONCTION LOGISTIQUE

La maîtrise de la chaîne logistique - les flux de marchandises, des


approvisionnements en amont jusqu’à la distribution finale au consommateur, via des
opérations de transport, de stockage, de conditionnement - est aujourd’hui stratégique
pour les industriels. En termes de coûts, mais aussi comme critère de différenciation
des produits (Carrère, 1994). A qualité et prix égaux, l’appareil ménager qui a les
délais de livraison les plus courts ou l’ordinateur dont le service après vente est le
plus efficace feront la différence. Ces contraintes alliées à la tendance au recentrage
des entreprises sur leur métier de base, ont fait émerger le marché de la prestation
logistique il y a une quinzaine d’années. Aujourd’hui, on est passé à une plus grande
échelle : l’entreprise globale recherche le partenaire global qui l’accompagnera sur
tous ses marchés et lieux de production.
A. Définition et caractéristiques de la logistique
Le terme logistique, emprunté au vocabulaire militaire (désignant la partie de l’art
militaire ayant trait aux problèmes de ravitaillement et de transport des années), n’a
été transposé que récemment à la gestion de l’entreprise. Dans leur ouvrage, « La
logistique au service de l’entreprise », (1981), Colin, Mathé et Tixier ont proposé la
définition suivante : « La logistique est le processus stratégique par lequel
l’entreprise organise et soutient son activité. A ce titre, sont déterminés et gérés les
flux matériels et informationnels afférents, tant internes qu’externes, qu’amont et aval
». La fonction logistique désignerait ainsi la gestion des flux physiques de matières
premières et de produits ainsi que celle des flux d’information, c’est à dire les
transports, les entrepôts, l’informatique... Les activités de la logistique s’intègrent
actuellement dans toute la vie de l’entreprise (on parle même de chaîne logistique que
l’on opposerait aux services d’intendance).
Toutefois, son niveau et son domaine de développement au sein des entreprises sont
très variables, on constate ainsi que dans plus de la moitié des entreprises françaises,
la fonction logistique n’existe pas en tant que telle. Ce sont les directeurs de
production ou commerciaux qui assurent cette responsabilité. Pour certaines
entreprises, la logistique occupe une place privilégiée (exemple de la Vente par
Correspondance: la Redoute,
Carrefour...). L’organisation des transports et du ravitaillement est la clé de leur
réussite. Seulement 5% des entreprises françaises ont développé la fonction
logistique de manière à l’intégrer dans une stratégie globale de l’entreprise.
La logistique au sein de l’entreprise peut être appréhendée à travers trois groupes
d’activités distinctes, on parle alors de logistique purement industrielle, logistique
de stockage et de logistique de distribution. Parmi ces activités, Colin, Mathé et Tixier
(1981) distinguent la logistique de produit (elle concerne toutes les phases du cycle
de production, depuis l’approvisionnement en matières premières jusqu’au stockage
dans les magasins de détail) de la logistique de soutien (elle intervient à partir de la
vente des produits, et inclut l’après-vente et la maintenance).
Ainsi la logistique est devenue un concept transversal mettant en étroite relation les
différents services de l’entreprise (approvisionnement, production, distribution...).
Cette volonté de développer une « logistique intégrée » vise essentiellement à suivre
le produit dans les différents stades de l’entreprise.

B. Les enjeux de la logistique


La logistique constitue un enjeu de taille pour l’entreprise. La performance, et
parfois même la pérennité de l’entreprise dépendent aujourd’hui de la maîtrise du
processus logistique. La logistique conditionne :
La croissance de l’entreprise : la stratégie implique une parfaite maîtrise des
problèmes logistiques
- La maîtrise des coûts : grâce à une meilleure connaissance de l’ensemble des coûts
du produit, depuis l’approvisionnement en matières premières jusqu’à l’après vente.
Ainsi la mise en oeuvre d’une logistique intégrée chez Bull a permis d’améliorer les
délais de livraison, de réduire les taux d’indisponibilité tout en diminuant les coûts.
- Les possibilités d’externalisation de l’entreprise : l’analyse logistique permet à
l’entreprise de se recentrer sur sa vocation principale en confiant à des spécialistes
certaines opérations (exemple de la sous-traitance). La nouvelle donne, c’est aussi
l’optimisation des flux de transports. Ainsi le chimiste Dupont a confié à une
prestataire de service unique (filiale des anglais TDG et IBC) tout
l’approvisionnement de ses sites de productions (contrat de plus de 10 millions d’€).
- La normalisation des produit et des processus de gestion : l’optimisation des flux
implique l’établissement des normes (standardisation de certains composants et
produits, normes de coûts...).
- La diversification de l’entreprise : la maîtrise de la chaîne logistique permet à
l’entreprise d’élargir la gamme de ces activités. Ainsi Findus est parvenu à élargir son
activité de producteur de crème glacée à celle d’industriel du surgelé (pour n’importe
quel produit, viandes, poissons, plats cuisinés...) grâce à une parfaite maîtrise
technologique de la chaîne du froid.
- La flexibilité et l’adaptabilité de l’entreprise : grâce à une souplesse obtenue dans
la distribution amont et aval, ainsi qu’une meilleure maîtrise de la gestion des
transports et du stockage.
- L’européanisation des schémas logistiques : il y a une quinzaine d’années, la
logique, c’était d’avoir un centre de distribution par société et par pays. On
construisait alors des centres très sophistiqués et mécanisés pour accueillir des
marchandises de toutes sortes. L’expérience a cependant montré qu’ils étaient à la fois
trop compliqués et coûteux en stocks immobilisés. Une nouvelle organisation en «
business units » a ainsi émergé : un centre de distribution européen ou par grande
région européenne, pour une ligne de produits correspondant à un type de
distribution. Cette réduction du nombre d’entrepôts centraux – qui prolonge une
tendance déjà observée au niveau national – dessine la carte de l’Europe de la
logistique. Et renforce la position des « intégrateurs » et spécialistes du transport
express, capables de desservir en une nuit ou deux la moindre ville du Vieux
Continent.
Du fait de leur importance, les enjeux de la logistique sont également pris en compte
par l’Etat dans l’élaboration des politiques économiques, industrielles et techniques,
ce qui n’est pas sans conséquence pour l’entreprise (Giraud, 1997). La logistique
influence en effet : le secteur des transports (ceci peut aller jusqu’à privilégier un
certain type de transport), le développement régional (les entreprises préféreront
s’implanter dans des régions dotées d’une infrastructure logistique solide), les
politiques économiques (l’importance de la logistique conduit l’Etat et les
collectivités territoriales à intensifier leurs interventions : amélioration du réseau
routier, mise en place d’une politique des transports...), l’environnement
scientifique et technique (l’analyse logistique favorise la généralisation de la
robotique, de la productique...et reste liée au développement de l’informatique,
télématique...).

C. La logistique : une gestion spatiale de l’entreprise


La logistique intervient d’une part dans les choix relatifs à l’emplacement et au
nombre d’unités de production, de stockage, ou de distribution (L’entreprise, 1994).
Elle conditionne d’autre part l’agencement de l’entreprise, la position des postes de
travail, des matériels, des machines...

1. Logistique et Localisation
La localisation des entreprises dépend de multiples facteurs :
- La stratégie mise en place (évolution et extension prévue, estimation des activités à
venir, développement de la production espéré...)
- Des facteurs économiques (infrastructures routières et ferroviaires, localisation des
fournisseurs et des clients, coûts d’installation et de construction...)
- Des facteurs politiques et institutionnels (subventions accordées par les régions et
départements, les réglementations en vigueur, les avantages fiscaux octroyés dans
certaines zones d’aménagement : ZAP, prix des terrains...)
- Des facteurs sociaux (quantité et qualité de la main d’oeuvre, zones à risques
pouvant entraîner des conflits possibles...)
- Des facteurs techniques (conditions spécifiques pour la production, exemple des
conserveries qui se trouvent généralement à côté des lieux de fabrication, ou d’une
entreprise qui s’implante dans une zone hautement industrialisée...)
La logistique doit prendre en compte tous ces facteurs pour optimiser l’ensemble des
flux de matières, de main d’oeuvre et de produits finis. Le choix définitif de la
localisation de l’entreprise est lié à la définition d’objectifs prioritaires, au sein
desquels la logistique a souvent un rôle prédominant. Parmi ces objectifs, on
retrouve : l’amélioration de l’approvisionnement ou de la distribution ; une meilleure
satisfaction de la clientèle ; la recherche d’une centralisation ou d’une diversification;
la diminution des coûts de transport et de stockage de matières premières.
Ainsi la sidérurgie a connu une longue période durant laquelle le prix du transport
étant très élevé par rapport à la valeur des matières premières, elle devait s’implanter
à proximité des bassins d’extraction. Cette nécessité a été complètement annihilée
par la mise en service de bateaux minéraliers à très grande capacité rendant
négligeable la part des transports dans le prix de revient. Pour atteindre ces objectifs
et optimiser les choix, une collaboration est nécessaire entre les responsables
logistiques et la fonction production, la fonction vente et la fonction achats.

2. Logistique et Agencement
La logistique intervient en effet, dans les choix d’agencement des postes de travail
afin de minimiser les coûts liés aux transports internes, aux stockages intermédiaires
ou à la manutention. L’évolution des techniques, la généralisation de l’automatisation,
la rationalisation des systèmes de gestion de la production ont permis d’importants
progrès en fiabilité comme en qualité, et ont considérablement réduit les temps de
production (en d’autres termes provoqué une hausse de la productivité).

Alors que traditionnellement, les machines étaient regroupées par techniques, de


manière à optimiser les fabrications en campagnes longues et en très grandes séries,
ce qui provoquait des délais, des attentes et des stocks, aujourd’hui, les implantations
en lignes suppriment pratiquement toutes les manutentions et tous les transports de
pièces entre les moyens de fabrication successifs ainsi que tous les stocks d’encours
liés à l’éloignement des machines (exemple des usines Citroën). L’implantation en
lignes réduit les coûts de fabrication. Elle contribue aussi à donner une
vision plus globale du processus d’élaboration d’un produit. Pourtant, on constate
dans les ateliers, qu’une pièce passe 90% du temps à attendre au pied des machines et
en manutentions. Ce que les machines automatiques font gagner en temps et en
qualité, est perdu dans les manutentions stériles, les files d’attente et les stockages
intermédiaires inutiles. Il est donc certain que la gestion des flux internes de
produits a encore de beaux jours devant elle. La recherche de la productivité
optimale sera toujours une priorité pour les ingénieurs logisticiens.
III. LA SUPPLY CHAIN MANAGEMENT
Pratiquée aux Etats-Unis depuis quelques années, la supply Chain
management intéresse de plus en plus les entreprises confrontées à une forte
concurrence, une mondialisation des marchés et une évolution rapide des nouvelles
technologies informatiques. Derrière ces pratiques, se cache un nouveau concept
propre aux sciences de gestion. Une traduction littérale présenterait la supply chain
comme une chaîne d’approvisionnement. Il serait cependant plus juste de lui
substituer la notion de logistique globale.
La supply chain correspond à un « ensemble d’activités et d’opérations soutenant
les fonctions logistiques d’approvisionnement de matières et de composants auprès
d’un réseau de fournisseurs ; de transformation de ces matières et composants en
produits intermédiaires ou finis ; et de distribution physique des produits aux clients»
(Bowersox, Closs, 1996). On peut également la définir comme« l’ensemble des
processus de traitement des flux physiques et des flux d’information permettant
d’amener les produits depuis les lieux de production ou de fabrication jusqu’aux
emplacements de vente au consommateur » (Mousli, 2002, p. 65). Ce modèle de
gestion suggère que les activités et les fonctions doivent être parfaitement
synchronisées afin d’offrir la meilleure qualité de service au meilleur coût. Il s’agit
donc bien d’améliorer l’efficacité et la performance d’une organisation. Deux
mécanismes sont généralement dissociés : 1° la mise en place d’une organisation de
type supply chain ; 2° la transformation de la supply
chain en demande chain.

A. La mise en place d’une supply chain


Les entreprises placent aujourd’hui le client au centre de leurs stratégies.
Ceci prend la forme d’un engagement de livrer le bon produit, au bon moment et au
bon endroit (sorte de merchandising). Les enjeux de la
supply chain sont de trois ordres : améliorer le service client, réduire les coûts (des
stocks), et améliorer la rentabilité de son outil de production et de distribution). Si
les performances évoquées par les cabinets de management (Altis, 1998) font état
d’une réduction des stocks de 10-25%, d’une diminution des coûts de transport,
d’une amélioration de la qualité de service de 5 à 25%, d’une amélioration de la
disponibilité et de l’utilisation de l’outil de production de 10 à 20%, il convient
d’insister sur la gestion de la relation-client et l’existence de conditions propices au
changement.

1. Les grands principes de la relation clientèle


La mise en place d’un modèle de Supply chain repose sur quatre principes
indissociables : la segmentation des clients ; la construction d’une offre séduisante,
une mesure (pilotage) du service en qualité et en coût, la recherche constante de gains
de productivité.
- La segmentation repose sur la différenciation de la clientèle. Tous les clients
n’attendent pas le même service. L’entreprise doit donc analyser la demande et les
attentes de ses clients. Les services offerts doivent être valorisés. Cette tâche est
d’autant plus importante que la valorisation du service perçu n’est pas la même pour
chaque client. Par ailleurs, comme tout service a un coût, l’entreprise devra choisir si
elle le facture ou pas.
- La construction de l’offre s’effectue en fonction des attentes des clients, des
capacités de production et de l’offre concurrentielle. L’entreprise doit donc connaître
ses clients et ses contraintes. Elle commence par élaborer une offre de service
standard qui lui assure une certaine rentabilité, puis développe une logique de «
services + + » qu’elle destinera à certains clients (moyennant surcoût).
- La mesure du service se fera en termes de qualité et de coût.
L’entreprise choisira tout particulièrement de suivre la fiabilité du service et sa
rentabilité. L’objectif est ici de proposer des services différenciateurs et à forte valeur
ajoutée.
- La recherche de gains de productivité a débouché sur la mise en place de l’Efficient
Consumer response (ECR). Cette pratique, lancée en 1992 par l’industriel Procter et
Gamble et le distributeur Wal-mart entendait éliminer les stocks, les doublons et les
ruptures d’approvisionnement.
Pour réussir à diminuer les stocks tout au long de la chaîne, tout en évitant les
ruptures en magasin, les entreprises ont dû mettre en place un dispositif de gestion
partagée des approvisionnements (GPA). Ce n’est plus distributeur qui passe
commande, mais le fournisseur, en calculant lui-même les besoins de réassortiment
des magasins grâce aux données transmises en temps réel par son client (niveau des
stocks, volume des ventes). Lorsque le stock descend au dessous d’un niveau
déterminé, le fournisseur adresse une proposition de commande à la centrale d’achat,
qui la valide très rapidement. La livraison intervient dans un délai bref.
Grâce au cross-docking (les fournisseurs ne livrent aux plate-formes logistiques à
partir desquelles sont approvisionnées les magasins que les quantités qu
correspondent aux commandes enregistrées), les stocks intermédiaires dans les
entrepôts sont réduits ou éliminés.

2. Les conditions de mise en place du modèle de supply chain


La mise en place d’un modèle de Supply Chain s’appuie sur trois étapes :
1° le diagnostic ; 2° le choix de la cible ; 3° la conduite du changement.
Généralement, le pilotage d’un tel projet est réalisé par une personne qui occupe une
position transversale dans l’organisation. Elle doit être proche du système
d’informations, de la qualité, du contrôle de gestion… Il s’agit (i) d’identifier les
moyens à mettre en œuvre pour répondre à la demande (choix des indicateurs :
disponibilité du produit, lieu du stockage…) ; (ii) de mettre en place une structure
transversale autonome (organisation par groupe de clients) ; (iii) de développer une
culture service client ; de définir des objectifs en matière d’indicateurs de
performance (enquête clients, benchmarking, délai de réponse, respect des
engagements…) ; de développer un système d’informations impliquant le partage de
l’information ; d’impliquer l’ensemble du personnel dans cette démarche.

B. De la supply chain à la demand Chain


La supply chain, nous l’avons vu, cherche à améliorer la capacité de l’entreprise à
répondre rapidement à la demande des clients tout en réduisant les coûts de
production. Les firmes insistent donc sur la demande et cherchent à optimiser
l’interaction avec le client final. Depuis quelques années, elles se sont lancées dans
des projets de commerce électronique et de systèmes de planification intégrés (ERP)
qui doiventleur permettre de transformer la chaîne logistique globale en « demand
Chain »
1. Les caractéristique de la Demand Chain
La demand chain repose sur une caractéristique importante : la sensibilité au
marché. L’entreprise doit être capable de comprendre et de répondre à une vraie
demande (par opposition à la prévision des ventes).
Les outils comme l’ECR (Efficiency Consumer Response), les NTIC lui permettent
de saisir les informations sur la demande à partir d’un point de vente.
Une autre caractéristique de la demand chain concerne l’échange rapide
d’information entre les acteurs. L’utilisation des NTIC pour partager les données entre
les clients, industriels et fournisseurs a permis la création d’une supply chain virtuelle
(flux d’informations contre stocks d’informations). L’EDI (Echange de données
informatiques) et maintenant internet permettent aux partenaires de la Supply Chain
d’agir sur la « vraie » demande plutôt que de dépendre d’estimations, de prévisions…
Plus qu’un simple partage d’informations, le nouveau modèle d’organisation insiste
sur la collaboration au sein d’un réseau de partenaires. L’information partagée entre
les partenaires de la supply chain par l’intégration des processus (détermination
commune de la stratégie, mise en place d’équipes mixtes acheteurs-fournisseurs,
transparence de l’information, comptabilité à livre ouvert) ; le fonctionnement en
collaboration entre acheteurs / fournisseurs ; le co-développement de produits ou de
systèmes … toutes ces formes de coopération au sein de la Supply Chain sont de plus
en plus répandues.
Ce mouvement se trouve renforcé par les stratégies de recentrage et
d’externalisation des entreprises. Conséquences : une plus grande confiance doit être
accordée aux fournisseurs et les alliances deviennent inévitables. Ce nouveau modèle
d’organisation - basée sur la confiance etla franchise - prendrait la forme d’une
confédération de partenaires (liés ensemble au sein d’un réseau) dont la clé de réussite
passe par la réactivité.
Améliorer la performance et l’efficacité d’une organisation, qui plus est dans le cadre
du modèle de la supply chain (Demand Chain), c’est aussi réfléchir sur la pertinence
des variables. L’une d’entre elles occupe une place importante, il s’agit du cycle total
d’approvisionnement.

2. La question du cycle total d’approvisionnement


Le cycle total d’approvisionnement correspond à toute l’anticipation menée pour
répondre à une demande. Ce cycle commence quand des engagements sont pris pour
l’approvisionnement des matières et des composants ; continue avec la fabrication et
l’assemblage ; jusqu’à la distribution finale et finit avec le règlement par le client. Il
se mesure par le nombre de jours de stocks ou d’encours dans la chaîne (matières
premières, encours, marchandises). Trois éléments du temps total du cycle sont
généralement analysés : la logistique amont, les opérations internes, la logistique
aval. Chacune de ces opérations présente des opportunités de réduction du cycle.
- La logistique amont est associée à une interface fournisseurs. Le délai fournisseurs
peut être amélioré par la collaboration. Cette dernière nécessite une rationalisation
préalable et significative de la base fournisseurs. Il s’agit de monter un projet avec un
petit nombre de fournisseurs stratégiques. Dans la grande distribution, Wall-Mart a
mis en place des relations de collaboration privilégiées avec certains de ses
fournisseurs avec lesquels elle a un rapport totalement différent, fondé sur la
transparence de l’information et des opérations synchronisées. Cette initiative, le
CFPR (Collaborative Planning Forescating and Replenishment) a permis
d’augmenter ses ventes de 6.5% ; de diminuer ses stocks de 16-25%, et même de
prévoir de travailler à la commande pour certains produits.
- Les processus internes doivent permettre le décloisonnement et la différenciation du
produit. Une des manières de procéder, est d‘éliminer progressivement les activités
sans valeur ajoutée. Le temps à valeur ajoutée est le temps passé à effectuer une
activité pour le client prêt à payer. Le temps sans valeur ajoutée est le temps passé
sur une activité dont l’élimination ne procure aucun désavantage au client.
Certaines activités sans valeur mais nécessaires au processus, vont générer un coût
qu’il faudra réduire.
- La logistique aval (interface client) rappelle que l’entreprise doit être le plus près
possible du point final de consommation. Les sociétés qui ont accès aux ventes de
leurs clients ou aux données d’utilisation peuvent planifier leurs besoins en capacité
et même, dans certains cas, fabriquer à la commande. La prévision se transforme alors
en connaissance de la demande. Cisco, un fournisseur d’équipement pour le réseau
internet, permet à ses clients de saisir les commandes directement sur internet.
Ainsi, alors que sa croissance est très forte, la charge de prise de commandes n’a que
faiblement augmenté.

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