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dresse d’abord un état des lieux avant la colonisation, celui d’une région dominée par les

Peuls et où différentes « maisons de guerre » s’affrontent, où les villages Bwaba sont


souvent pillés. décrit les premières incursions françaises réalisées par des officiers
coloniaux à partir de 1887 : Louis Gustave Binger, François Crozet et Parfait Louis
Monteil. Pénétrés de la mission civilisatrice qui fait consensus en France et en Europe, ils
s’attachent sans mauvaise conscience à lier la France aux familles les plus puissantes et
finissent par obtenir, avec Monteil, la signature de traités de protectorat en 1891, tout en
ayant évité les villages les plus dangereux. S’ensuit une politique classique de conquête
militaire et de « pacification » qui se heurte rapidement à des résistances populaires. Les
principales sources de mécontentement des Bwabas sont alors la généralisation du
portage (transport de bagages à dos nu pour le compte de l’armée), le travail forcé, les
impôts, les amendes, le recrutement des tirailleurs et le pouvoir abusif des « chefs de
cantons » mis en place par les Français. Bernard Souyris note d’ailleurs, à ce propos, que
quand il y a une révolte villageoise, les Français ne se remettent pas en cause, faisant
porter la responsabilité de la colère populaire sur ces chefs de cantons indigènes.

La révolte la plus importante a lieu entre 1915 et 1916. Elle tient à la fois de
l’insurrection populaire et de la guerre de libération, les différentes ethnies Bwaba et
Marka s’étant accordées collectivement pour lutter de façon commune par le biais de ce
qu’on pourrait nommer aujourd’hui les « réseaux sociaux » sous l’autorité de chefs:
Siaka, Yissou, Bémé ou Yahondé. Les premières victoires des Bwaba et des Marka face à
l’armée coloniale (Bouna, Bondokuy et Yankasso) s’échelonnent entre novembre et
décembre 1915. A cette époque, la coloniale estime qu’il y a 90 000 combattants rebelles.
La France profite d’une accalmie pour envoyer de forts moyens militaires. La « colonne
de Dédougou », commandée par colonel Mollard, brise la révolte en six mois en
bombardant et en incendiant les villages, dévastant les pays Bwaba et Marka. Les
militaires français sont très surpris de la dureté des combats et par l’organisation militaire
de populations qu’ils considéraient comme « inférieures », et en font part par écrit,
comme dans le rapport de l’administrateur général Vidal en 1916.

En fin d’ouvrage, Bernard Souyris évoque aussi le rôle « ambigu des missionnaires »,
entre christianisation, « dépaganisation » et désir de soigner et d’éduquer. Il clôt son
ouvrage sur les structures sociales et l’imaginaire ayant résisté à la colonisation :
maintien des lignages, initiation des jeunes hommes au Dô (rituel « religieux ») ou culte
des ancêtres.

Ce livre est intéressant par plusieurs aspects. Il y a d’abord une réelle méthodologie de la
recherche épistémologique, mais aussi un souci de clarté dans les propos et, au final, des
évocations assez saisissantes, car collant au terrain, de cette période. L’autre intérêt est
qu’il y a là un sujet peu connu, qu’on pourrait qualifier d’annexe dans l’histoire de la
colonisation si on le compare aux révoltes algériennes ou indochinoises. Mais c’est, au
final, une bonne illustration de cette période historique. Enfin, je ne peux m’empêcher,
enseignant en Nouvelle-Calédonie, de noter les nombreuses similitudes dans les propos et
les attitudes des différents protagonistes avec ceux tenus et celles pratiquées durant la
colonisation de l’île entre 1853 et 1917. Les révoltes kanak d’Ataï en 1878 et de Léon
Doui en 1917 sont assez proches de celles des Bwaba et des Marka. De même, le
maintien de structures anciennes malgré l’occidentalisation et la christianisation reste
proche de la situation existante en pays Bwaba aujourd’hui, avec le même dilemme pour
les jeunes hommes et femmes : entre la modernité et la tradition, quel chemin suivre ?

Mathieu Souyris

*Sur le plan économique*, la colonisation a apporté des changements significatifs,


notamment l'Introduction de la culture du coton comme culture commerciale majeure.
Cela a conduit à une croissance économique rapide dans les années 1930 et 1940, mais a
également créé une dépendance à l’exportation de cette culture, ainsi qu’à d’autres
produits de base tels que l’arachide et le karité.

La colonisation a également conduit à l’expansion de l’infrastructure économique,


notamment la construction de routes, de ponts et de voies ferrées. Cela a permis une
meilleure circulation des marchandises et des personnes, mais a également permis aux
autorités coloniales de mieux contrôler la région.

  *Sur le plan socioculturel*, la colonisation a introduit des changements profonds dans les
structures sociales existantes. Les autorités coloniales ont favorisé l'émergence d'une élite
éduquée et francophone, qui a été employée pour administrer la colonie. Cela a souvent
créé des divisions entre cette élite et la population rurale, qui a été largement laissée pour
compte.

La colonisation a également entraîné la propagation de la religion chrétienne et l’arrivée


de missionnaires qui ont établi des écoles et des hôpitaux. Cela a eu un impact sur les
croyances et les pratiques religieuses traditionnelles, ainsi que sur les systèmes de santé
locaux.
Enfin, la colonisation a également suscité des mouvements de résistance, notamment à
travers des révoltes contre l’autorité coloniale et la participation à la lutte pour
l’indépendance. Cette lutte a finalement abouti à l’indépendance du Burkina Faso en
1960, marquant la fin de la période coloniale et l'ouverture d'une nouvelle ère dans
l’histoire du pays.

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