Sylviculture Approfondie
Sylviculture Approfondie
Sylviculture Approfondie
1. Introduction
2. Choix du site de la pépinière
3. Conception de la pépinière
4. Collecte, manutention, stockage et prétraitement des semences
5. Production de plants
6. Points marquants de ce chapitre
1. Introduction
Les pépinières sont des lieux où l'on fait pousser des plantules pour les replanter ensuite. Les
jeunes plants y sont soignés depuis le semis de façon qu'ils deviennent capables de supporter
les conditions difficiles qu'ils rencontreront plus tard sur le terrain. Qu'il s'agisse d'espèces
locales ou introduites, on constate que les plants de pépinières survivent mieux que les graines
semées directement en place ou par régénération naturelle. C'est pourquoi ce sont les plants de
pépinières qui servent de matériel pour les plantations, qu'il s'agisse de plantations de
production, de protection ou d’agrément.
Les pépinières temporaires qui sont implantées sur le site même de plantation ou dans son
voisinage. Lorsque les plants destinés à la plantation ont atteint la taille voulue, la pépinière
est intégrée au site planté. On appelle parfois ce type de pépinière des "pépinières volantes"
(Figure 3.1).
Les pépinières permanentes qui peuvent être grandes ou petites selon l'objectif et le nombre
de plantules cultivées chaque année. Les petites pépinières contiennent moins de 100 000
plants à la fois, tandis que les grandes pépinières en contiennent plus. Dans tous les cas, les
pépinières permanentes doivent être bien conçues, implantées dans un site approprié avec un
approvisionnement en eau suffisant (Figure 3.2).
La production de plantules est une dépense majeure du boisement et il faut faire le maximum
pour produire des plants de bonne qualité pour un coût raisonnable. Pour cela, il est
indispensable de maîtriser les techniques de pépinière. Nous passerons en revue dans ce
chapitre les diverses opérations qu'implique la production de plants.
Temporaire ou permanente?
B. Quel est la dimension de la pépinière?
Est-ce une grande pépinière qui produira 100 000 plants par an ou plus ou est-ce une petite
pépinière d'une capacité de 50 000 plants par an ou moins?
C. Demande de plants
Quelle est l'importance de la demande de plants? Par exemple, une pépinière entourée de
plusieurs projets de développement peut avoir à produire de grandes quantités de plants
différents chaque année, tandis qu'une pépinière destinée à de petits bois communautaires
pourra se contenter d'une faible production annuelle de plants.
Une fois qu'on aura répondu à ces questions, la pépinière sera implantée là où:
- il y a une bonne source d'approvisionnement en eau, c'est-à-dire près d'une rivière ou d'un
puits. L'eau étant capitale pour la pépinière, c'est là un facteur déterminant;
- il y a une source de bonne terre; la terre est volumineuse et il en faut de grandes quantités.
Le sol du site doit être au moins exempt de salinité et d'alcalinité;
- en outre, le site doit être bien drainé de façon à éviter la saturation en eau et à être
suffisamment protégé contre les risques d'inondation;
- la pépinière est abritée des vents dominants: les sites naturellement protégés par la
végétation ou toute autre formation seront préférés aux sites exposés. Si le site est exposé, il
faut le protéger artificiellement;
- le site doit disposer de bonnes routes d'accès aux lieux où les plants sont demandés. Cela
permettra aux plants d'atteindre le site de plantation en bon état. Les mauvaises routes et les
longs trajets réduisent beaucoup la survie des plants;
Une fois déterminés le site et la dimension de la pépinière, le site est soigneusement nivelé,
clôturé et abrité des vents dominants.
La pépinière doit être bien conçue. Elle est divisée en un certain nombre de blocs qui sont
reliés par des voies adéquates. On désigne en général ces blocs par des lettres: A, B. C, etc. ou
par des chiffres romains: bloc I, bloc II, bloc III, etc. Les voies qui relient les blocs entre eux
doivent être suffisamment larges pour permettre le chargement et le déchargement et
comporter un espace d'une largeur minimum de 5 mètres pour faire demi-tour.
Chaque bloc est ensuite divisé en 4 à 8 sections séparées par des allées. Ces sections sont
désignées par la lettre ou le chiffre du bloc suivi d'une petite lettre, par exemple la Section Ia
est la première section à partir du coin gauche du bloc I (Figure 3.3).
Chaque section est ensuite divisée en planches. La planche est la plus petite unité de la
pépinière. Elle fait normalement un mètre de large et sa longueur peut varier de 6 à 10 mètres.
Les planches peuvent être enfoncées de 30 à35 centimètres en dessous du niveau général du
sol. Dans ce cas, elles peuvent être bordées de ciment, de pierres ou de briques.
Les planches peuvent aussi être conçues pour être un peu plus hautes que la surface générale
du sol. Dans ce cas, elles sont entourées de pieux, de briques ou de pierres. Dans tous les cas,
le drainage est très important pour le développement des plants et l'hygiène de la pépinière.
Les planches sont désignées par l'indicatif du bloc et de la section suivi d'un chiffre arabe, par
exemple la Planche n° Ia1 est la première planche de la section (a) du bloc I. Elles sont
séparées par des allées d'un mètre de large pour faciliter le travail et le transport des plants à la
main ou à la brouette, l'arrosage et les soins.
La pépinière doit en outre comporter un espace suffisant pour effectuer les mélanges de terre
(au moins 5 x 5 mètres). Elle doit aussi comporter une zone spéciale pour la fabrication du
compost, qu'il vaut mieux situer à une certaine distance des planches de la pépinière.
On voit d'après cette figure que, pour des conteneurs d'un diamètre de 5 centimètres, il faut
240 mètres carrés de planches. Pour estimer la superficie totale de la pépinière, on multiplie la
surface des planches de semis par 2,5 pour tenir compte des voies d'accès et des zones de
service et on ajoute 100 m² (pour les allées), sur la base d'une production de 2 000 plants par
mètre carré de planche de semis. Par conséquent, en général:
la surface totale de la pépinière = (2,5 x surface de la planche de semis) + 100 mètres carrés
Deux aspects sont importants: (a) la qualité de l'eau et (b) les besoins journaliers en eau.
Qualité de l'eau : Elle doit être légèrement acide, avec un pH inférieur à 7, moins de 550
parties/million de sels dissous et une conductivité inférieure à 0,8 mho/cm. En général, assez
douce et limpide.
Quantité d'eau : Une quantité suffisante d'eau de la qualité indiquée plus haut doit être fournie
journellement à la pépinière.
A titre d'indication de la quantité d'eau à appliquer en un mois, on peut faire le calcul suivant:
où:
facteur de déperdition d'eau = valeurs entre 1,2 et 1,4, avec une moyenne de 1,3
E = évaporation mensuelle.
Par exemple, si l'on suppose un facteur de déperdition d'eau de 1,3, pour une
évapotranspiration (E) mensuelle de 0,2 mètre et une surface de planches de semis de 10 000
mètres carrés, les besoins en eau pour un mois s'élèvent à:
L'arrosage peut se faire soit à la main soit par irrigation. L'arrosage à la main avec des
arrosoirs, des tuyaux munis de lance ou des pulvérisateurs à dos sont des méthodes utilisées
par les petites pépinières. Pour arroser les conteneurs ou les planches de semis: il est
indispensable que les goutelettes soient très fines. Sinon, on risque de faire ressortir les
graines ou d'emporter la couche qui les couvre et de former une croûte à la surface du sol.
C'est pourquoi l'arrosage à la main des planches se fait couramment à l'aide d'un arrosoir de
jardinier ou d'un pulvérisateur à pression à dos muni d'une lance à ajutage fin produisant un
brouillard
Les semences sont soit récoltées par le forestier, soit obtenues à partir d'une bonne source
nationale ou étrangère de semences. Dans ce dernier cas, la semence doit être de bonne
qualité:
- elle doit être accompagnée d'une note indiquant le nom scientifique de l'espèce, le lieu et la
date de récolte, le nombre de semences/poids unitaire et si un traitement a été appliqué.
Pour assurer une bonne qualité de la semence, la récolte des fruits doit être effectuée à partir
d'arbres qui possèdent les caractéristiques souhaitables. Ces arbres sont marqués et leur
emplacement reporté sur une carte (Figure 3.5).
La phénologie de ces arbres doit être observée pour savoir quand ils fleurissent, quand ils
viennent à fruit et quand les fruits sont mûrs. Ont-ils des fruits tous les ans, tous les deux ans?
Y a-t-il des facteurs qui influent sur la production de fruits, par exemple la sécheresse, la
défoliation par les insectes, etc.?
Nature des fruits: déhiscents ou intacts. Restent-ils sur l'arbre ou tombent-ils au sol?
Risques encourus par les fruits: récolte par les hommes ou par des animaux, attaque par des
insectes ou des agents pathogènes, emport par le vent?
Moment et méthode de récolte: les fruits bien développés et mûrs contiennent de bonnes
graines. Le moment où il faut les récolter est donc lorsqu'ils sont parfaitement mûrs.
On peut récolter les fruits sur l'arbre soit en battant l'arbre avec un bâton, soit en secouant la
frondaison avec un long crochet, soit en y grimpant.
Certains fruits tombent sur le sol où ils sont récoltés. Dans ce cas, il faut nettoyer
l'emplacement à l'avance.
Traitement des fruits: les fruits récoltés sont nettoyés, traités contre les insectes et étalés sur
une toile propre pour sécher.
L'extraction est le processus consistant à séparer les graines du fruit. La méthode varie donc
selon le type de fruit. Par exemple, les légumineuses d'Acacia seyal et d'A. senegal s'ouvrent
lorsqu'elles sont complètement sèches et il suffit de les secouer légèrement pour extraire les
graines, tandis que celles de Prosopis spp. sont difficiles à extraire. On commence par piler le
fruit pour en retirer la pulpe, puis celle-ci est traitée pendant 30 minutes à l'acide chlorydrique
chaud et dilué; ensuite, on la lave et on la sèche puis on la pile à nouveau pour se débarrasser
de la fine enveloppe qui recouvre la graine.
Les graines d'eucalyptus sont extraites très facilement lorsque le dessus des fruits devient
marron. On les récolte et on les met à sécher dans des boites métalliques ouvertes et propres.
Une fois séchés, les fruits s'ouvrent et laissent tomber les graines et la balle.
Une fois les graines extraites, on en retire la balle et la poussière et on les fait sécher soit au
soleil soit au four. Si on les stocke humides, elles risquent d'être gâtées par des moisissures et
des agents pathogènes.
Les semences, qu'on les achète ou qu'on les récolte, doivent être stockées convenablement
jusqu'à utilisation. Les semences sèches peuvent être stockées sans danger dans des sachets
étanches en polyéthylène à température ambiante.
Une fois stockées, les semences sont étiquetées, numérotées et placées dans un sachet étanche
dans une boite métallique fermée. Une seule boite peut contenir plusieurs sachets et un
système d'enregistrement sur fiches est utilisé pour indiquer dans quelle boîte les semences
sont stockées et combien il en reste après utilisation d'une quantité donnée.
Certaines graines perdent leur viabilité rapidement, par exemple en 6 mois environ pour les
graines d'Azadirachta indica. Il est donc important de tester les semences stockées pour
déterminer leur pouvoir germinatif et il est inutile de stocker des semences qui tombent en
dessous de 40 pour cent de germination à moins qu'elles soient très rares ou très onéreuses. La
viabilité peut être testée par différents moyens:
Essai de germination: méthode du papier filtre - lorsque les semences sont petites, on fait
germer une centaine de graines dans une boite de Pietri sur un papier filtre.
Test au limon - on sème 100 graines dans un conteneur dans lequel on a mis du limon.
Test au chlorure de tétrazonium: il s'agit d'un produit chimique qui colore les tissus vivants.
La graine est coupée et le liquide appliqué sur la surface coupée pour déterminer si l'embryon
est vivant.
Il est très important de connaître le nombre de graines par gramme ou kilogramme. Les
semences étant commandées au poids, si l'on ne sait pas combien il y en a par unité de poids,
on risque d'en commander trop ou trop peu.
Le nombre de semences par unité de poids pour une espèce quelconque est déterminé en
prenant une dizaine d'échantillons aléatoires de semences pesant le même poids, en comptant
le nombre dans chaque échantillon et en déterminant la moyenne arithmétique.
5. Production de plants
La production de plants implique de nombreuses opérations. Les principales sont décrites ci-
dessous:
Dans la majorité des pays à climat aride, un mélange d'une partie de sable, une partie d'argile
et une partie de fumier animal doit convenir. On l'appelle le mélange 1:1:1. Dans la région du
Sahel, le mélange est constitué d'une partie de sable, une partie de fumier et deux parties de
terre Si l'on dispose de limon de rivière, on peut l'utiliser directement.
La terre d'empotage doit être acide (pH6). S'il se trouve qu'elle soit alcaline, on peut l'acidifier
à l'aide d'une solution d'acide sulfurique à 2 pour cent. Il faut parfois stériliser la terre de la
pépinière contre les agents pathogènes à l'aide d'une solution à 40 pour cent de formaldéhyde
appliquée au taux de 80 cc pour 5 litres d'eau 7 à 10 jours avant de semer. La fumigation du
sol est également un traitement contre les champignons à l'aide de bromure de méthyle
gazeux.
5.3 Remplissage/dimension des pots
On utilise maintenant pour faire pousser les plants en pépinière des pots en polyéthylène de
différentes tailles, ce qui n'empêche pas d'utiliser d'autres conteneurs tels que caissettes, demi-
boîtes métalliques, pots en terre, etc. (Figure 3.6). On remplit les pots de terre de pépinière en
les secouant et en les tapant régulièrement de façon qu'il ne se crée pas de vides. On laisse un
petit espace sur le dessus et on range les pots les uns à côté des autres sur les planches de la
pépinière.
Il est très important de déterminer la dimension des pots parce que les grands pots nécessitent
plus de terre et beaucoup de main-d'oeuvre pour les remplir et les transporter. Ils occupent
beaucoup de place dans la pépinière et demandent plus d'eau que les petits pots. Mais ils
produisent des plants de grande dimension en peu de temps. La règle générale est que "plus le
site de plantation est difficile, plus le pot doit être grand”.
Certaines graines d'arbres et d'arbustes sont prêtes à semer dès qu'elles sont récoltées; d'autres
passent par une phase de dormance pendant laquelle l'embryon finit de se développer. On
utilise souvent un prétraitement pour accélérer la germination ou obtenir une germination plus
régulière. Les méthodes de prétraitement varient selon les types de dormance des graines. Les
principaux types sont les suivants:
D'une façon générale, le type de dormance le plus fréquemment rencontré dans les zones
arides est la dormance exogène. On trouvera ci-après la description de quelques-unes des
méthodes les plus couramment utilisées pour essayer de lutter contre ce type de dormance.
Figure 3.7 Rapport entre le diamètre des conteneurs et leur hauteur et le volume de
terre.
Traitement mécanique - Si le nombre de graines est faible, on peut les scarifier en grattant
chaque graine avec du papier émeri, en la coupant avec un couteau ou en passant au papier
émeri l'extrémité de la graine opposée à la radicule jusqu'à ce que le cotylédon apparaisse.
Lorsqu'on a affaire à de grandes quantités de graines, on peut réaliser une scarification
mécanique par sablage des graines ou en les frottant sur une dalle abrasive, Il existe aussi
diverses autres méthodes de scarification.
Trempage dans l'eau froide - Pour un certain nombre d'espèces d'arbres et d'arbustes, il suffit
d'en tremper les graines dans l'eau froide pendant un ou plusieurs jours pour assurer la
germination. L'amélioration de celle-ci est provoquée par le ramollissement de l'enveloppe de
la graine qui permet l'absorption d'eau en quantité suffisante par les tissus vivants. Lorsqu'on
utilise des périodes de trempage longues, il est recommandé de changer l'eau de temps en
temps. En général, il importe de semer la graine après le trempage sans séchage, car celui-ci
réduit généralement la viabilité de la graine.
Trempage dans l'eau chaude ou bouillante - Les graines de nombreuses espèces légumineuses
ont des enveloppes extérieures extrêmement dures qui peuvent retarder la germination
pendant des mois ou des années après le semis, si elles n'ont pas été soumises à un
prétraitement par immersion dans l'eau chaude ou bouillante. La graine est immergée dans
deux à trois fois son volume d'eau bouillante, où elle trempe de 1 à 10 minutes, ou jusqu'à ce
que l'eau soit refroidie. On élimine alors les exsudations mucilagineuses de l'enveloppe de la
graine en procédant à plusieurs rinçages avec de l'eau propre.
Traitements à l'acide - Le trempage dans des solutions d'acide est souvent utilisé dans le cas
de graines dont l'enveloppe est dure. Le produit chimique le plus utilisé est l'acide sulfurique
concentré (à 98 pour cent), Les temps de trempage varient généralement de 15 à 30 minutes.
Après cela, il faut laver immédiatement la graine dans de l'eau propre. Des tests sont
nécessaires pour déterminer la durée optimum de traitement pour chaque espèce d'arbre ou
d'arbuste et même pour différentes provenances, car une exposition trop longue aux solutions
d'acide peut facilement endommager la graine.
Inoculation de la graine - Les arbres d'espèces légumineuses possèdent sur leurs racines des
nodules qui contiennent des bactéries fixatrices d'azote. Lorsque les graines sont plantées en
dehors de leur milieu naturel, il convient d'inoculer dans le sol des nodules écrasés provenant
de peuplements naturels. On trouve sur le marché des inoculums que l'on peut mélanger avec
les graines avant germination.
Autres traitements - Pour un certain nombre de buissons et arbustes salins tels que l'Atriplex,
il suffit de laver les graines dans l'eau froide pendant une à deux heures pour éliminer le sel
des graines et améliorer la germination.
Une fois déterminé le mélange de terre, le type et la dimension des conteneurs, on passe au
semis.
Type de semis: lorsque les conteneurs sont des planches ou des caissettes, on peut semer les
graines soit en ligne soit à la volée. Lorsque les conteneurs sont des pots, il s'agit de semis en
poquets.
Profondeur de semis: Les graines sont semées à une profondeur égale à une à trois fois leur
diamètre. A cette profondeur, une humidité adéquate et une température optimum accélèreront
leur germination. Un semis trop profond compromettra la sortie des plants. Les petites graines
comme celles de l'eucalyptus sont mélangées à une terre fine avant d'être semées de façon à
faciliter une répartition uniforme des graines et à éviter de les gaspiller en semant trop dense.
Pour économiser les graines d'eucalyptus lors du semis, on les mélange avec du sable fin dans
le rapport suivant: 2 sables pour 1 graine. Ce mélange est placé dans un conteneur, un petit
pinceau est trempé dans l'eau, puis dans le mélange sable/graines, puis passé doucement sur
quatre à cinq pots contenant de la terre. On a constaté que ce procédé donnait un nombre
maximum de 4 à 5 plantules par pots.
Moment idéal du semis: Celui-ci est déterminé par le temps nécessaire pour obtenir un plant
de la taille souhaitée. Par exemple, s'il faut quatre mois en pépinière pour faire pousser des
plants de E. microtheca à planter en juin, alors la date idéale de semis pour cette espèce et ce
site est le 1er février. De même, pour planter en octobre, la date idéale de semis est le 1er juin.
5.6 Arrosage des plants dans la pépinière
Après le semis, il faut arroser les planches de semis à l'aide d'un pulvérisateur à ajutage fin
produisant presque un brouillard. Ceci évitera de déplacer et d'emporter les graines fines.
L'arrosage à la main, que ce soit à l'arrosoir ou avec un tuyau, est la meilleure méthode.
L'arrosage doit être fréquent jusqu'à germination des graines.
Lorsque les plants qui poussent en planches ou en caissettes atteignent le stade où ils ont deux
feuilles, on les dépique avec soin à l'aide d'un bâton épointé et on les repique toujours avec
soin dans des pots ou d'autres planches. C'est un processus extrêmement délicat que l'on évite
maintenant en semant les graines directement dans les pots et en éclaircissant par enlèvement
des plants en excédent, en ne laissant qu'un seul bon plant par pot.
La production de plants de bonne qualité dépend de la façon dont les activités suivantes sont
exécutées dans la pépinière:
Désherbage: Les mauvaises herbes consomment de l'eau et des nutriments du sol. En outre,
elles bloquent la circulation d'air et peuvent abriter des insectes et des organismes pathogènes.
Lorsqu'on laisse les mauvaises herbes pousser dans les planches de semis, les plants produits
sont de mauvaise qualité; il faut donc éliminer la concurrence des mauvaises herbes.
Les méthodes visant à réduire au minimum les mauvaises herbes dans la pépinière sont les
suivantes: prévention, éradication et contrôle.
La prévention est la méthode pratique. Elle se fait en veillant à ce que des mauvaises herbes
ne soient pas introduites par négligence dans la pépinière. L'éradication est l'élimination
complète des mauvaises herbes et de leurs graines de la pépinière.
Le contrôle est le processus qui consiste à limiter la diffusion des mauvaises herbes.
L'éradication et le contrôle sont généralement effectués en même temps dans la pépinière.
Habillage des racines: Certaines des essences d'arbres et arbustes les mieux adaptées aux
environnements des zones arides se caractérisent par une forte racine pivotante. Cependant,
pendant la pousse en conteneur, le développement de la racine pivotante est restreint; si on ne
la coupe pas, elle peut sortir du fond et pénétrer dans le sol de la planche en dessous.
Le but de l'habillage des racines n'est pas seulement d'empêcher le développement d'une
longue racine pivotante, mais aussi d'encourager la croissance d'un système de racines
latérales fibreuses dans le pot ou dans la planche.
On peut procéder à l'habillage des racines en passant une corde à piano entre la base des pots
et le sol de façon à couper les racines qui descendent plus bas. On peut aussi soulever les pots
et casser les racines. La date et la fréquence de l'habillage doivent être fonction de la rapidité
avec laquelle les racines poussent et sortent du fond des conteneurs.
Lutte contre la fonte des semis: La fonte des semis est une maladie courante et grave dans
beaucoup de pépinières forestières. Elle peut se produire soit dans les planches de semis, soit
dans les conteneurs après transplantation. Il s'agit d'une maladie qui attaque les graines et les
plantes et qui est causée par divers champignons. Certains d'entre eux attaquent la graine juste
au début de la germination, tandis que d'autres infectent les jeunes plantules qui viennent de
germer. Les plantules malades tombent comme si elles étaient cassées au niveau du sol ou
restent debout et sèchent. Une constriction d'apparence aqueuse de la tige au niveau du sol est
généralement le signe visible de la maladie. La fonte des semis est favorisée par une forte
humidité, une surface du sol humide, un sol lourd, un temps nuageux, un excès d'ombre, une
trop grande densité des plants et des conditions alcalines.
L'une des meilleures mesures préventives consiste à maintenir la surface du sol sèche en la
retournant, à réduire la densité du semis et à éclaircir les plants pour créer une meilleure
aération au niveau du sol. La nécessité d'une fumigation du sol est réduite au minimum dans
les pépinières où l'on prépare chaque année des mélanges de terre frais.
Endurcissement: Les plants sont soignés en pépinière pendant qu'ils se développent pendant
deux à trois mois. Ensuite, on sélectionne les meilleurs et on les place dans des planches
séparées où on les arrose moins et où on les expose progressivement au soleil de façon à les
conditionner pour la plantation sur le site. Ce traitement est appelé l'endurcissement. Les
plants vont prendre une couleur vert foncé et un air plus sain qu'à l'ombre de la pépinière.
Tous les arbres et arbustes utilisés dans les programmes de plantation ne sont pas produits à
partir de semences. Les essences dont la multiplication par semences est difficile peuvent
souvent être multipliées par reproduction végétative. On obtient ainsi des stumps, des
boutures et des sets.
Le terme "stump" s'applique aux produits de pépinière d'espèces à larges feuilles qui ont subi
un habillage sévère des racines et un rabattage non moins sévère de la pousse. On rabat en
général la pousse à 2 centimètres et la racine à environ 22 centimètres. La plantation de
stumps convient pour les espèces à racine pivotante dominante. Ces plants sont souvent
utilisés dans les plantations de stabilisation des dunes de sable On les couvre en général de
sacs humides ou de couches de larges feuilles pendant le transport jusqu'au site de plantation.
On utilise aussi couramment les boutures et les sets. Une "bouture" est un court segment
coupé d'une jeune tige ou branche vivante aux fins de multiplication; une bouture produit une
plante complète lorsqu'elle est plantée en place. Une bouture enracinée est une bouture qui a
été enracinée en pépinière avant d'être plantée en place. Les "sets" sont de longues boutures
de tiges relativement minces ou des branches entières.
La gamme de ce que l'on considère comme la dimension souhaitée des plants d'arbres ou
d'arbustes à planter est considérable. La dimension optimum varie selon que des plants sont à
racine nue ou en conteneurs, selon l'essence à planter et selon les caractéristiques du site de
plantation.
D'une façon générale, on admet que les plants présentant un coefficient système
racinaire/système foliacé bien proportionné constituent un bon matériel de plantation mais il
est difficile de définir quel est le coefficient "optimum". Un coefficient basé sur le poids
pourrait donner une mesure plus précise de l'équilibre. Le diamètre et la hauteur de la tige
sont d'autres critères d'évaluation du matériel de plantation qui pourraient permettre de fixer
des seuils acceptables. L'expérience montre que le matériel de taille moyenne, entre 15 et 40
centimètres, avec un collet ligneux, a un meilleur taux de survie que les plants plus petits.
La taille maximum pour le matériel de plantation en pot est surtout déterminée par la
dimension du conteneur. Plus celui-ci est grand, plus le plant qui peut y être cultivé peut être
grand; mais la période de croissance est limitée à celle où les racines ne rencontrent pas de
limitations nuisibles. Des plants trop grands risquent d'être déchaussés ou abattus par le vent
et le développement de leur racines risque d'être insuffisant pour répondre à la forte demande
de transpiration d'une cime importante.
On commence par trier les plants de taille plantable. Ce tri dépend dans une large mesure de
l'expérience locale et de la fixation de normes locales. Les principaux objectifs d'un système
de tri du matériel de plantation sont les suivants:
- éliminer les rebuts, les plants dont la tête ou les racines sont endommagées ou malades;
- éliminer les plants qui n'atteignent pas les normes minimums de taille et de développement
radiculaire;
- classer les plants qui dépassent les normes minimums en deux ou plusieurs catégories de
qualités.
L'emballage des plants élevés en conteneur présente peu de problèmes. Ils sont simplement
placés sur des plateaux et chargés sur des véhicules. On peut utiliser pour transporter les
plants en conteneurs les caissettes métalliques de la pépinière. On utilise parfois des plateaux
en bois mais ceux-ci sont lourds.
Les plants sont souvent endommagés pendant le transport jusqu'au site de plantation. Il faut
donc faire attention d'éviter une mauvaise manutention au moment du chargement et du
déchargement des véhicules. On oublie souvent que les plants doivent être protégés pendant le
transport, car le courant d'air peut les dessécher. Il importe également de bien serrer les
conteneurs de façon à les empêcher de bouger. On peut ajouter à la plate-forme du véhicule
des étagères spéciales pour placer les pots ou les caissettes (chaque couche de caissettes étant
placée sur une étagère, et les étagères étant placées 50 centimètres les unes au-dessus des
autres). Lorsque c'est possible, il convient de transporter les plants à la saison de plantation
lorsque le temps est frais, nuageux ou même pluvieux, pour empêcher le dessèchement
pendant le transport.
Les calendriers d'expédition doivent être établis de façon à éviter les retards et à permettre la
mise en place des plants dès leur arrivée. En principe, les plants doivent arriver un jour avant
la plantation; lorsqu'il y a de l'ombre et des moyens d'arrosage, on peut les apporter plusieurs
jours à l'avance. Dès que les plants arrivent sur le site de plantation, il faut les arroser et, si
nécessaire, les placer en un endroit frais, humide et ombragé jusqu'à ce que vienne le moment
de les planter.
La production de plants doit être organisée de façon telle que des plants de bonne
qualité propres à la plantation soient produits en temps voulu . Le moment de la plantation
étant critique dans les pays arides sauf lorsqu'il y a irrigation - l'organisation devient très
importante. Tous les processus décrits plus haut doivent se dérouler de façon parfaite et en
temps voulu. Ce sont:
a) les semences et leur traitement; b) le mélange des terres; c) le remplissage des pots; d) le
semis; e) l'arrosage; f) le repiquage; g) le désherbage; h) l'habillage des racines; i) la
fourniture d'ombre et d'abri; j) la taille; k) l'endurcissement et l) le transport jusqu'au site de
plantation.
Seul le nombre de plants que l'on peut planter en un jour doit être transporté de la pépinière au
site. Les plants sont endurcis et transportés en fonction du programme de plantation. Le
nombre de plants élevés à l'origine dans la pépinière est d'environ 20 pour cent supérieur à
celui qui est mis en place, afin de tenir compte des rebuts et de prévoir une réserve pour le
remplacement des plants morts.
L'administration est aussi un aspect très important du travail de pépinière si l'on veut:
Ceci exige un pépiniériste qui ait une bonne connaissance de la productivité de la main-
d'oeuvre, des techniques de pépinière et des prix des matières premières. On tient un registre
de la production de plants de la pépinière ainsi que des coûts des matières premières et de la
main-d'oeuvre, de façon à connaître l'économie du travail de la pépinière.
Il convient d'élaborer et de remplir de façon régulière des formulaires indiquant le coût des
tâches, par exemple récolte des graines, remplissage des pots, tamisage, mélange et
préparation de la terre de la pépinière.
Pour réussir dans les zones arides, les pépinières doivent bénéficier d'un approvisionnement
adéquat en eau, d'une source proche de terre appropriée, d'une surface bien drainée, d'un abri
du vent et du soleil, d'une bonne accessibilité et de la connaissance de la saison des
plantations. Pour organiser de façon efficace le site de la pépinière, il faut prendre en compte
les facteurs suivants: mélange de terre, stockage des conteneurs, déplacement des véhicules,
transplantation, irrigation, stockage des semences et essais de viabilité, de pureté et de
germination.
Le matériel de plantation peut être constitué par des plants à racines nues ou en pots. Les
conteneurs peuvent être faits dans diverses matières, mais la plus courante est le
polyéchylène. Les caractéristiques souhaitables du mélange de terre à mettre dans les
conteneurs sont la légèreté, la cohésion, une bonne capacité de rétention de l'eau et une forte
teneur en matières organiques et minérales. La quantité de terre nécessaire est directement liée
à la taille des conteneurs.
La fonte des semis, problème qui peut être grave dans les pépinières, est une maladie contre
laquelle on peut lutter chimiquement par l'acidification du sol (à l'aide d'acide sulfurique), la
stérilisation (à l'aide de formaldéhyde ou de bromure de méthyle) et le traitement du sol ou
des graines à l'aide de fongicides.
La dormance des graines peut être surmontée par divers traitements tels que trempage dans
l'eau froide, chaude ou bouillante ou dans l'acide. Les graines sont couramment semées sur
des planches ou des plateaux; les plants sont ensuite transplantés dans des conteneurs.
L'habillage des racines est un moyen d'encourager la croissance du système radiculaire latéral
fibreux et d'empêcher le développement d'une longue racine pivotante. Outre la germination à
partir de la semence, les plants peuvent être multipliés à partir de stumps, boutures ou sets.
La taille et la qualité du matériel de plantation et les conditions de transport des plants sur le
site de plantation sont aussi à prendre en compte obligatoirement si l'on veut qu'un
programme de plantation en zone aride réussisse.
Une fiche doit suivre les plants jusqu'au site de plantation et porter: le nom de la pépinière,
l'espèce, la date de semis et la date de dépiquage de la pépinière, le nombre de plants et leur
hauteur moyenne.
1. Introduction
Pour apprécier le besoin de plantations forestières dans les zones arides, il faut définir les
rôles que jouent ces plantations. Il y en a souvent plusieurs (production de bois de feu ou de
fourrage) qui, moyennant une planification soignée, peuvent être combinés pour obtenir des
avantages multiples. Cette section du manuel décrit les techniques d'implantation et de gestion
des plantations forestières dans les zones arides.
2. Reconnaissance du site
Plus on a d'informations sur la situation des sites de la zone envisagée pour la plantation
d'arbres et d'arbustes, meilleures sont les chances de sélectionner les essences qui conviennent
le mieux à cette zone. Les informations que l'on recherche le plus couramment lorsqu'on
procède à la reconnaissance des sites sont:
- Autres facteurs biotiques - influences sur le site des circonstances passées et de l'utilisation
actuelle de la terre, notamment action du feu, du bétail domestique et des animaux sauvages,
des insectes et des maladies.
- Disponibilité de sources d'eau supplémentaires - étangs, lacs, cours d'eau et autres sources
d'eau.
Mis à part ces informations biophysiques, les facteurs socio-économiques jouent aussi un rôle
important. Ce sont notamment:
- la disponibilité de main-d'oeuvre;
- la motivation de la population locale;
- la distance de la plantation forestière par rapport au marché et aux centres de consommation;
- le mode de tenure et de propriété foncière.
Les limites du site de plantation, une fois la zone choisie, doivent être marquées par des
bornes. Lorsqu'il y a risque de pénétration et de détérioration par des animaux pâturants, il
faudra clôturer le site. La clôture est coûteuse et par conséquent ne doit être mise en place que
lorsque les autres moyens de protection ne sont pas efficaces. Une fois qu'une plantation
forestière est bien établie et que les arbres sont suffisamment grands, on peut retirer les
clôtures et les réutiliser sur un autre site de plantation.
Lorsque des routes et autres voies de passage traversent le site de plantation, il faut également
les border de clôtures.
Dans de nombreux cas, la plantation d'arbres et d'arbustes est entreprise afin de protéger des
sites fragiles de la dégradation. Il arrive parfois cependant que les sites fragiles ne doivent pas
être plantés, car il vaut mieux ne pas perturber le sol. Lorsque les ravines ont été sérieusement
dégradées par l'érosion, il peut être nécessaire de prendre des mesures de protection autres que
la plantation de végétation (par exemple construction de petits barrages de correction).
Lorsqu'on a recueilli les meilleures informations possibles sur les caractéristiques du site à
planter, l'étape suivante est la sélection des essences à planter. Le but est de choisir celles qui
conviennent au site, qui resteront saines pendant toute la rotation prévue, qui auront une
croissance et un rendement acceptables et qui répondront aux objectifs de la plantation
(production de bois de feu, protection, etc.).
Pour que la plantation donne de bons résultats, il peut falloir extrapoler les résultats d'une
localité à l'autre. Ceux d'une localité où une espèce d'arbre ou d'arbuste pousse (soit
naturellement, soit après introduction) ne s'appliquent strictement qu'à cette localité; leur
application ailleurs implique l'hypothèse de la comparabilité des sites, hypothèse qui peut ou
non être justifiée. Lorsque des informations fiables montrent qu'il y a une grande similitude
entre le site à planter et celui sur lequel l'essence choisie donne déjà de bons résultats, il est
généralement possible de procéder à une plantation à grande échelle en toute confiance.
Dans la pratique, ces informations sont rarement disponibles et la plantation sur un nouveau
site devient en fait expérimentale et doit se faire à petite échelle. Dans ce cas, il convient de
tenir un fichier détaillé des résultats pendant toute la période de plantation expérimentale.
La sélection d'essences d'arbres ou d'arbustes sur la base de climats analogues est importante
en tant que première étape; mais il faut ajouter une évaluation de facteurs locaux qui peuvent
être plus importants encore (par exemple le sol, la pente et les facteurs biotiques Cependant, le
fait qu'on parvient à rapprocher étroitement un site de plantation d'un habitat naturel n'exclut
pas nécessairement que l'on procède à des essais spécifiques de l'espèce, car le rapprochement
climatologique ou écologique peut ne pas révéler la plasticité d'une espèce. On ne saurait trop
insister sur le fait que faute de telles expérimentations, le choix des essences est dans la
plupart des cas risqué. La plantation en environnement aride étant généralement onéreuse, les
échecs de grande ampleur qui résultent d'un mauvais choix d'essences ou de l'absence
d'expérimentation de ces espèces peuvent se révéler coûteux.
Lorsque les plants d'arbres ou d'arbustes arrivent de la pépinière, il faut que le site ait été
préparé pour que la plantation puisse avoir lieu sans délai. Les conditions qui prévalent dans
les zones arides exigent souvent une préparation du site plus intensive et plus approfondie que
les programmes de plantation en climats plus humides.
- créer les conditions permettant au sol de recueillir et d'absorber autant de précipitations que
possible. Le ruissellement de surface doit être réduit de façon à accroître l'humidité dans le
sol;
La préparation du site vise à donner aux plants un bon démarrage avec une croissance initiale
rapide. En général, les méthodes utilisées pour réaliser cette préparation varient selon le type
de végétation, la quantité et la répartition des précipitations, la présence ou l'absence de
couches imperméables dans le sol, la nécessité de se protéger de vents desséchants et
l'ampleur des opérations de plantation. En outre, la valeur des arbres ou arbustes à élever est
importante pour déterminer la dépense qui peut se justifier pour l'établissement de la
plantation.
D'une façon générale, la préparation du site à la main n'est possible et économique que pour
des projets de relativement faible ampleur où le travail d'élimination de la végétation
concurrente et le défrichage du sol ne prennent pas trop de temps. Dans certaines conditions,
des charrues et des herses à traction animale peuvent aussi être économiques pour de petits
projets.
La préparation du sol par des moyens mécaniques, de plus en plus utilisés dans les grands
programmes de plantation, est devenue courante dans de nombreuses régions. Cela est
souvent dû au fait que la main-d'oeuvre et le temps dont on dispose pour la préparation du sol
sont trop limités pour permettre d'entreprendre de grands projets à la main. Certaines
opérations, telles que sous-solage profond et cassage des horizons concrétionnés ne peuvent
être faites que par des machines.
Quelle que soit la méthode utilisée, il faut préparer des trous de plantation (de dimension
appropriée). L'objectif de ces trous est d'aérer le sol où les plantes pousseront. Lorsque ces
trous de plantation sont prêts, il ne faut pas les laisser vides et laisser la terre qu'on en a retirée
sur le sol, mais les recombler immédiatement, faute de quoi le soleil et le vent dessécheront
complètement la terre (Figure 4.1 A & B).
La préparation du sol peut se faire en carrés, en bandes ou par labour de la totalité du terrain.
Cette dernière solution est nécessaire pour les essences d'arbres et d'arbustes qui ne supportent
pas la concurrence des graminées, plantes herbacées et plantes ligneuses (c'est le cas de la
plupart des espèces d'eucalyptus). Parfois, une préparation ponctuelle peut être suffisante,
mais ces zones ponctuelles doivent être suffisamment grandes (par exemple 1 mètre à 1,5
mètre de diamètre). D'autre part, il importe que le travail soit fait de façon approfondie.
Figure 4.1.A Trous de plantation de 0,4m x 0,4m x 0,4m avec une densité de 3m x 3m.
Les techniques de tranchées de niveau sont utilisées en terrain accidenté. Les tranchées
peuvent être continues (Figure 4.4), divisées par des banquettes transversales ou être courtes
et discontinues (Figure 4.5), disposées de façon que les intervalles entre les tranchées dans
une rangée soient en face de ceux de la rangée suivante; dans ce dernier cas, le ruissellement
de la pluie est capté. Les tranchées sont formées manuellement ou mécaniquement. Sur un
terrain en pente douce, on peut utiliser la technique en arête de poisson (Figure 4.6).
Les terrasses, qui sont plus larges et plus plates que les tranchées, peuvent être formées soit
manuellement soit mécaniquement sur la pente d'une colline en creusant en amont et en
déposant la terre en aval. En général, le fond de la terrasse penche vers la colline. Le but de la
construction de terrasses est de retarder et de collecter le ruissellement de l'eau entre les
terrasses. Du fait de l'amélioration de l'humidité du sol, la terrasse crée de meilleures
conditions pour la croissance des plantes. La plantation est faite sur le billon, à la base du
billon ou dans des carrés au fond de la tranchée, selon les conditions d'humidité. On utilise
beaucoup les terrasses sur les pentes modérées à fortes. Elles peuvent avoir 2 à 3 mètres ou
plusieurs centaines de mètres de long (Figure 4.7). Si elles sont courtes, on peut les disposer
en quinconce sur la pente si c'est plus commode. Parfois, on construit des terrasses en
croissant, les deux extrémités du croissant pointant vers le haut.
La méthode dite steppique est destinée à favoriser la croissance des arbres et arbustes dans des
zones extrêmement sèches. Elle consiste à modifier la surface du sol en cassant et en remuant
les couches profondes du sol à l'aide de rooters, de défonceuses ou de larges disques, puis en
construisant des bilions parallèles très espacés qui suivent les courbes de niveau. Ces bilions
sont faits avec la terre végétale et les arbres ou arbustes sont plantés sur la moitié inférieure
des bilions face à la pente. C'est ici que la profondeur de sol humide est la plus grande en
raison de l'accumulation de l'eau après les pluies. Le but de cette méthode est de maintenir
une réserve d'humidité dans les couches profondes du sol. L'espacement des bilions est
d'autant plus grand que les précipitations sont plus faibles, la zone de captage entre les bilions
étant ainsi agrandie.
Une erreur courante consiste à commencer à planter trop tôt. D'un autre côté, si la plantation
est commencée trop tard, il peut être difficile de terminer un grand programme de plantation
en temps voulu, et les plants n'auront pas le bénéfice maximum des pluies après la plantation;
cela peut être grave lorsque les précipitations sont faibles et irrégulières.
La plantation de plants en conteneur se fait généralement dans des trous suffisamment grands
pour contenir les pots ou les mottes lorsque les plants sont retirés des pots. Il est indispensable
que le sol environnant soit tassé autour du plant immédiatement après la plantation pour éviter
la formation de cavités d'air qui peuvent entraîner le dessèchement des racines.
Une bonne méthode de préparation des trous de plantation consiste à entourer le trou d'un
petit billon (de 15 à 20 centimètres de haut), afin de créer une petite cuvette (d'environ 80
centimètres de diamètre); c'est particulièrement utile lorsque les plants sont arrosés
individuellement après la plantation. La petite cuvette ainsi préparée peut aussi être recouverte
d'une feuille de plastique (maintenue en place sur le sol avec des pierres ou de la terre), avec
une ouverture au centre pour le plant, comme on le voit à la Figure 4.8. La feuille de plastique
empêche l'évaporation de l'eau de la terre du trou de plantation. D'autre part, la rosée se
dépose sur sa surface et coule vers l'ouverture centrale de la feuille de plastique pour irriguer
les racines. En conservant l'humidité du sol, les films plastiques facilitent l'installation et la
croissance des arbres et arbustes au cours des premières années les plus critiques. Un autre
avantage des films plastiques opaques est qu'ils empêchent la croissance des mauvaises herbes
en réduisant la pénétration de la lumière. Avec la suppression des mauvaises herbes au
voisinage immédiat des plants, on peut également économiser de la main-d'oeuvre.
Figure 4.8 Un trou de plantation recouvert d'un tablier en plastique pour empêcher
l'évaporation de l'eau du sol.
La forte transpiration que l'on observe dans les zones arides constitue une menace pour les
arbres nouvellement plantés. Si les plants ne peuvent pas s'installer rapidement et compenser
la transpiration en absorbant de l'eau par leur système radiculaire, ils se dessécheront après la
plantation. Ceci explique pourquoi même un seul arrosage immédiatement après la plantation
peut être utile. En général, les plants en conteneur un net avantage sur les plants à racines nues
en ce sens que la motte qui entoure les racines assure une protection pendant le transport et
permet aux plants de s'installer rapidement et facilement.
La limitation de l'extension des racines latérales due à l'utilisation des conteneurs peut
provoquer une malformation ou un enroulement des racines (Figure 4.9). Dans les cas
extrêmes, cet enroulement peut provoquer la strangulation des racines et la mort de la plante
(Figure 4.10). Dans d'autres cas, il peut réduire la résistance au vent ou provoquer un arrêt de
la croissance. Malheureusement, les symptômes peuvent n'apparaître que 4 à 5 ans après la
plantation.
Pour réduire les dommages causés par les malformations des racines des plants en conteneurs,
une pratique courante consiste à enlever le conteneur avant plantation et à pratiquer deux ou
trois incisions verticales dans la motte jusqu'à une profondeur d'un centimètre avec un couteau
de façon à couper les racines "étrangleuses". A titre de précaution supplémentaire, on peut
couper la valeur de 0,5 à 1 centimètre du fond de la morte de terre. Il faut faire attention de ne
pas désintégrer la terre et exposer les racines au dessèchement.
En observant les arbres et arbustes qui poussent dans des conditions naturelles, on constate
souvent qu'ils sont très espacés dans les zones de faible pluviosité. Il faut donc pratiquer un
large espacement des plantations dans les zones arides en général, de façon à éviter la
concurrence pour l'humidité du sol.
La quantité d'eau disponible pour un arbre ou un arbuste dans une plantation est
proportionnelle à la densité du peuplement. Sur les sites arides, il est nécessaire de planter très
espacé et d'éliminer toute végétation concurrente; ceci accroît l'infiltration de l'eau de pluie et
diminue les déperditions d'eau par transpiration des plantes et par évaporation du sol.
Lorsqu'on pratique l'irrigation ou le travail mécanique de la terre, il faut adapter l'espacement
à la largeur des machines utilisées et veiller à ce que les plants soient placés en rangées
rectilignes. L'espacement varie avec l'espèce, le site et le but de la plantation forestière. Dans
les plantations pour bois de feu par exemple, on peut préférer des espacements plus petits que
dans d'autres types de plantations. Il est rare cependant que l'on puisse pratiquer un
espacement inférieur à 3 x 3 mètres.
Figure 4.9 Illustration montrant les types les plus courants d'enroulement de racines
(une racine latérale et la racine principale).
Figure 4.10 Pinus pinea de dix mois planté avec son conteneur en plastique.
9. Entretien de la plantation
9.1 Protection
9.2 Traitements culturaux
Une fois qu'une plantation est installée, il ne faut pas considérer que le travail est terminé. Il
faudra par exemple protéger la plantation contre les intempéries, le feu, les insectes et les
champignons ainsi que les bêtes. Il peut aussi falloir pratiquer une variété de traitements
culturaux selon l'objet de la plantation.
9.1 Protection
Feu: la détérioration par le feu constitue une grave menace pour les plantations. Le risque
d'incendie est généralement élevé dans les régions au climat sec; mais, même dans des zones
relativement humides ou à pluviométrie élevée, il peut se produire des périodes chaudes et
sèches où le risque d'incendie est élevé. Ce risque doit être pris en considération dès le début
du développement de la plantation.
Les incendies peuvent être provoqués par des causes naturelles, telles que la foudre, mais ils
sont souvent dus aux activités de l'homme. Les incendies de plantations peuvent être dus à
l'extension de feux allumés sur les terres agricoles situées autour, aux activités des chasseurs
ou aux brûlis effectués par les pasteurs pour améliorer les pâturages. On a vu des cas de feux
délibérément allumés pour créer des emplois (dans la lutte contre l'incendie et dans la
replantation ultérieure) ou pour manifester un désaccord sur les politiques forestières. Il n'est
pas possible d'empêcher que des conditions favorables aux incendies soient réunies pour des
raisons climatiques, mais on peut faire beaucoup pour réduire au minimum le risque en
éduquant le public et en faisant participer la population locale à la foresterie.
Un principe essentiel de la protection des plantations forestières contre le feu est que, lorsqu'il
n'y a pas suffisamment de matériaux combustibles pour permettre à un feu de se développer
sur le sol, il n'y a pas ou peu de risques d'incendie Les feux de plantations dangereux et
néfastes ne peuvent se développer que lorsque le feu peut prendre au niveau du sol.
Insectes et champignons: la plupart des insectes et champignons ont leurs espèces hôtes
privilégiées. Dans leur environnement naturel, les arbres et arbustes atteignent normalement
un état d'équilibre avec les parasites indigènes. Cependant, lorsqu'on plante des espèces
exotiques, on peut aussi introduire des parasites exotiques. Très souvent, ceux-ci s'adaptent
facilement aux conditions de leur nouvel habitat. En général, le risque de détérioration par les
parasites est plus élevé lorsque les plantes sont physiologiquement affaiblies parce qu'elles
sont plantées sur des sites qui ne conviennent pas, parce que le site est mal préparé, parce que
la plantation est mal faite, parce que les conditions climatiques sont adverses ou parce que l'on
a négligé le désherbage et les autres opérations d'entretien. Mais il arrive parfois que même
des arbres et arbustes sains soient attaqués. Pour de nombreux insectes et champignons, on ne
dispose pas de mesures de lutte; lorsque c'est le cas, la meilleure précaution consiste à planter
des espèces ou variétés d'arbres et arbustes connues pour leur résistance aux parasites.
Les principales précautions à prendre pour se prémunir contre des dommages qui pourraient
être causés ultérieurement par les insectes et les champignons consiste à planter des espèces
convenant aux conditions climatiques et pédologiques du site et à faire une étude des parasites
indigènes de façon à s'assurer qu'aucun ne figure parmi les formes connues auxquelles
l'espèce sélectionnée est sensible, mais ceci est rarement facile, du fait surtout du manque de
connaissances sur les besoins du site et la sensibilité des espèces exotiques aux insectes et aux
champignons. Pour obtenir cette information nécessaire, il conviendrait de procéder à des
expériences contrôlées avant de se lancer dans des programmes de plantation à grande
échelle.
Le soin mis à l'exécution des opérations d'implantation et d'entretien pendant les premières
années d'une plantation (qui permettront d'obtenir de jeunes arbres et arbustes sains et
vigoureux) peut aider à rendre une plantation plus résistante aux insectes et aux champignons.
Cependant, lorsque des signes d'attaque de parasites apparaissent, il faut les étudier sans délai
et en identifier la cause. Diverses mesures de lutte existent: elles peuvent être d'ordre
sylvivole, chimique, biologique ou mécanique.
Un inconvénient de ces plantations mixtes est que la gestion ultérieure de la forêt peut être
compliquée; cependant, on peut éviter cette complication, au moins en partie, en plantant en
blocs alternés ou en larges ceintures différentes essences d'arbres ou d'arbustes formant des
barrières à l'invasion d'un parasite ou d'une maladie à partir du point initial d'infection.
La lutte biologique contre les insectes a été utilisée avec succès dans certains cas; la plupart
du temps, il faut pour cela introduire un parasite. La lutte biologique réussit généralement le
mieux lorsque le problème a atteint des proportions épidémiques.
La lutte mécanique, soit par élimination et destruction physiques des parasites soit par
élimination de leurs hôtes, peut être efficace.
Bêtes sauvages: les animaux sauvages endommagent les plantations forestières surtout en
broutant les arbres ou en en enlevant l'écorce. En général, trois ordres d'animaux sauvages
sont cause de dommages: les rongeurs (rats, souris, taupes et écureuils); les lagomorphes
(lièvres et lapins); les artiodactyles (daims, antilopes, sangliers et buffles). Les principales
méthodes de lutte contre les dommages causés par les animaux sauvages sont les clôtures, les
haies ou les fossés, les pièges et les appâts empoisonnés.
Animaux domestiques: dans certains pays, les moutons, chèvres et bovins peuvent en broutant
menacer les jeunes plantations. On utilise parfois des haies et des clôtures pour les empêcher
de pénétrer. Lorsque des clôtures coûteraient trop cher, on peut employer des gardes.
Dans de nombreuses zones arides, il est traditionnel de faire paître les chèvres. De vastes
enclos de plantations forestières peuvent imposer des changements radicaux dans les
habitudes et l'économie des collectivités rurales. Dans ce cas, il ne serait pas sage de se lancer
dans des programmes de plantation si l'on ne peut d'abord trouver pour la population d'autres
moyens d'existence; en général, cela implique l'intégration de programmes de développement
communautaire (par exemple, amélioration de l'agriculture ou de l'élevage, des
communications, des écoles ou des soins de santé) et des possibilités nouvelles d'emploi grâce
au développement d'industries rurales (telles que les programmes d'afforestation et les
industries forestières rurales).
Des opérations culturales sont nécessaires pour créer des conditions favorables à la survie puis
à la croissance et au rendement des arbres ou arbustes de la plantation. Dans la plupart des
plantations forestières, les opérations culturales consistent à empêcher les arbres et arbustes
d'être étouffés par une végétation concurrente. Ce traitement est très souvent appelé
désherbage. D'autres traitements culturaux sont l'éclaircissage, qui vise à réaliser un certain
espacement entre les arbres ou arbustes, et l'arrosage périodique des plants.
Désherbage: le désherbage est une opération culturale qui élimine la végétation indésirable
qui, si l'on ne faisait rien, compromettrait la croissance des essences plantées. Cette végétation
indésirable entre en concurrence avec les arbres et arbustes pour la lumière, l'eau et les
nutriments; le désherbage augmente la quantité de tous ces éléments ou des plus essentiels
d'entre eux dont peuvent disposer les arbres et arbustes. Un objectif premier du désherbage est
de favoriser la croissance et le développement de la plantation tout en maintenant les coûts de
l'opération dans des limites acceptables.
L'un des principaux facteurs qui déterminent l'intensité et la durée des traitements de
désherbage est le rapport entre la plantation et les mauvaises herbes. Sur certains sites, la
plantation finit par pousser à travers les mauvaises herbes, dominer le site et s'installer; dans
ce cas, la fonction de désherbage vise à accroître l'uniformité de la plantation et à accélérer
l'installation et la croissance. Dans d'autres cas, le type ou la densité des mauvaises herbes est
tel qu'au début de la plantation forestière elles risquent d'éliminer ou de tuer une partie ou la
totalité des arbres ou arbustes plantés; le but principal du désherbage est alors de réduire la
mortalité et de maintenir en vie une quantité suffisante d'arbres ou d'arbustes.
Quel que soit le but de l'opération d'éclaircissage, elle doit suivre de façon stricte les normes
de calendrier et d'espacement prescrites par le calendrier d'éclaircissage de la zone.
Arrosage: les plantations forestières en région aride ont souvent besoin d'un arrosage
périodique pendant la première saison de pousse, si l'on veut obtenir un taux de survie
satisfaisant. L'arrosage doit commencer après la cessation des pluies, lorsque la teneur en
humidité du sol est descendue et proche du coefficient de dépérissement; l'arrosage doit alors
être répété à intervalles réguliers jusqu'au commencement de la prochaine saison des pluies.
Avant chaque arrosage, la zone qui entoure l'arbre doit être désherbée et une cuvette peu
profonde pratiquée autour du tronc de façon à recueillir autant d'eau que possible.
L'arrosage peut être une opération coûteuse, surtout sur des terrains trop en pente ou trop
accidentés pour le passage de véhicules citernes. On peut avoir besoin de recourir à des
animaux de bât pour transporter des bidons d'eau jusqu'aux sites de plantation. L'arrosage peut
être coûteux pour les grandes plantations forestières, surtout lorsque la source d'eau est loin de
la plantation, mais il peut se justifier dans le cas de petites plantations ou pour l'installation de
rangées d'arbres le long des routes.
Pour les plantations forestières destinées à la production de bois, les arbres et arbustes sont
récoltés lorsqu'ils atteignent la "taille optimum" pour le produit du bois souhaité. D'un point
de vue biologique, il ne faut pas abattre les arbres et arbustes tant qu'ils n'ont pas atteint au
moins la taille minimum nécessaire pour l'utilisation de la production. Au-delà de la taille
minimum cependant, il reste à déterminer quand récolter.
Très souvent, les taux annuels de croissance moyens d'une plantation forestière peuvent servir
de guide pour savoir quand récolter le bois. En général, la croissance annuelle moyenne des
arbres et arbustes augmente lentement pendant les premières années d'installation de la
plantation, atteint un maximum, puis diminue plus progressivement, comme le montre la
Figure 4.11. Il ne faut généralement pas laisser les arbres et arbustes dépasser le point de
croissance annuelle moyenne maximum, qui est l'âge de productivité maximum; les forestiers
appellent cela l'âge "de rotation" de la plantation forestière.
Figure 4.11 Rapport entre l'âge des arbres et leur croissance indiquant l'âge de rotation.
Pour déterminer le taux annuel moyen de croissance d'une plantation forestière à un certain
moment, il faut estimer le volume et l'âge des arbres et arbustes; on calcule alors la croissance
annuelle moyenne (à ce moment précis) en divisant le volume sur pied par l'âge
correspondant. Là encore, cette détermination exige des mesures soigneuses des volumes et la
connaissance des âges.
Les méthodes d'abattage, de coupe des troncs et des branches aux longueurs souhaitées et
d'enlèvement du bois du site de la plantation doivent être choisis de façon à réduire au
minimum la dégradation du site. Il peut suffire, pour l'abattage et la coupe, de haches, de
scies, de coins et de traîneaux. On utilise souvent des scies à moteur qui, si elles facilitent la
récolte, peuvent la rendre peu économique, compte tenu de leur coût élevé de fonctionnement.
Une fois que les arbres et arbustes sont abattus et découpés, il faut les transporter ou les
traîner jusqu'au point de chargement pour le transport jusqu'aux lieux de transformation ou
directement à un marché. Lorsque les grumes sont trop lourdes à transporter, on peut
employer un simple traîneau pour les tirer à l'aide soit d'un animal domestique soit d'un
tracteur. Lorsqu'on laisse dans la plantation forestière des arbres et des arbustes, il faut
procéder à l'opération de récolte de façon à leur éviter tout dommage.
Il est important de choisir les méthodes de récolte en fonction des compétences du personnel
qui va les appliquer. Là encore, une planification sera nécessaire pour s'assurer que la main-
d'oeuvre et l'équipement nécessaire seront disponibles au moment voulu.
11. Points marquants de ce chapitre
Lorsqu'on sélectionne les essences appropriées pour les plantations forestières en zone aride,
il faut connaître les différents facteurs du site (climat, sol, topographie, facteurs biotiques,
végétation et niveaux de la nappe phréatique) ainsi que les facteurs socio-économiques. Une
fois que l'on a sélectionné le site et les essences de plantation, il faut, le cas échéant, ériger des
clôtures qui marquent les limites et protègent les arbres et arbustes. Pour que la culture
réussisse, le site doit souvent être préparé; cette opération peut comprendre l'élimination de la
végétation concurrente, l'amélioration du captage de l'eau, la réduction du ruissellement,
l'amélioration des conditions du sol, l'élimination des risques d'incendie et la préparation du
sol.
La plantation coïncide en général avec la saison des pluies. Après cette opération, l'utilisation
de film plastique opaque peut empêcher l'évaporation et la croissance de mauvaises herbes
autour du plant. L'espacement des plantations doit être suffisamment large pour empêcher
l'interconcurrence pour l'humidité du sol ou, le cas échéant, pour faire passer les machines
utilisées pour l'irrigation.
L'entretien des plantations forestières comporte la protection des plants contre les conditions
climatiques néfastes, les incendies, les insectes et les champignons ainsi que les animaux. Il
peut comprendre des mesures sylvicoles (telles que l'élimination soigneuse en temps voulu
des arbres et arbustes endommagés), chimiques (avec des insecticides ou des fongicides),
biologiques (avec des parasites) ou mécaniques (élimination ou destruction des parasites ou
ravageurs, construction de clôtures, etc.). Les intrusions de l'homme pouvant menacer la
réussite d'un programme de plantation, le planning doit aussi comprendre des méthodes pour
éliminer ce risque.