Gosse Et Al 1986
Gosse Et Al 1986
Gosse Et Al 1986
RÉSUMÉ De nombreux résultats concernant la relation entre la production de matière sèche totale et le rayonnement
intercepté par la culture permettent de proposer un modèle simple d’estimation de la production potentielle
d’une espèce donnée dans un lieu donné. De plus, ce type de démarche a permis de proposer une méthode pour
quantifier l’effet de la durée de végétation, de la position du cycle de végétation dans l’année et de la vitesse de
mise en place de surface foliaire. Un exemple précis est donné pour une culture de maïs dans le Nord de la
France.
Mots clés additionnels : Rayonnement PAR, rayonnement intercepté, production potentielle, indice
foliaire, C3, C4, légumineuses.
SUMMARY Maximum dry matter production and solar radiation intercepted by a canopy.
A linear relationship has been established for many crops between dry matter production and radiation
intercepted by the crop. These results have led us to propose a model to estimate the potential productivity of a
crop. Moreover, it is possible to quantify the effects of length-of growth period, position of this growth period
during the year and rate of leaf area establishment. A specific example is given for maize in the North of
France.
Additional key words : Photosynthetically active radiation, intercepted radiation, potential productivity,
leaf area index, C3, C4, legumes.
1978 ; WARREN WILSON, 1981 ; VARLET-GRANCHER tement d’une espèce ou d’un ensemble d’espèces par
et al., 1982...) et a particulièrement mis en évidence ce type de relation et, d’autre part, estimer la produc-
l’importance de l’interception du rayonnement solaire tion maximale de biomasse d’une espèce dans un lieu
dans les variations de production. donné.
En conditions d’alimentation hydrique et minérale
non limitantes, plusieurs auteurs ont pu établir, sut
quelques espèces, une relation linéaire entre la matière II. MATÉRIEL ET MÉTHODES
sèche totale accumulée par le couvert végétal et la
quantité d’énergie interceptée (SCOTT et al., 1973 ; Le rayonnement utile à la photosynthèse absorbé
MONTEITH, 1972, 1977 ; BISCOE & GALLAGHER,
1977 ; BONHOMME et al., 1982...).
) est exprimé par la rela-
par un couvert végétal (PAR
a
tion suivante :
A l’aide de telles relations, il devient alors possible
d’estimer de façon simple le potentiel de productivité
avec PAR =
énergie utile à la photosynthèse
(a) absorbée, (i) incidente, tosynthèse absorbée par le couvert végétal est calculée
(ts) réfléchie par le sol, à partir de Fi et du rayonnement solaire global G
(r) réfléchie par l’ensemble sol-culture, (PAR, 0,48 * G avec PAR, et G exprimés en
=
Unités -
instantanées, W.M-
2 ou Mole de photons en Mole de photons .m!2.j ! et G en i .j-
Z
-
m
MJ.
,
-
s
.
Z ’t
.m- VARLET-GRANCHER et al., 1982) obtenu à partir du
-
b
F =
c * a
MS/PAR
.
La valeur calorifique de la matière sèche c varie
assez peu pour la plupart des espèces étudiées ici :
c =
18 175 ± 950 joules/kg, à l’exception, d’une
part, du colza pendant sa phase de maturité où l’accu-
mulation de lipides dans les graines est importante et,
d’autre part, pendant des périodes très courtes corres-
pondant à des phases particulières de développement
(cas des périodes de différenciation mâle et femelle
chez le maïs ; RANCHER
ARL
V
-
T
E
, G 1982). Compte-
tenu des faibles variations ou des variations ponctuel-
les observées sur la valeur calorifique de la matière
sèche, la linéarité des relations a
-PAR implique
MS
donc que l’efficience de la conversion reste constante
au cours du cycle de culture.
La figure 3 donne un exemple des résultats obtenus
sur maïs , 1982)
RANCHER
-G
ARLET
(V et montre que
l’efficience Eb
, calculée sur des périodes courtes, peut
Ces résultats confirment la supériorité des plantes être très variable au cours du cycle. En fait, le mode
en 4 et la moins bonne efficacité des légumineuses
C de présentation retenu, en valeurs cumulées, conduit
parmi les plantes en C . Les valeurs de pentes citées
3 sur une période de végétation à lisser les variations
pour la betterave et la pomme de terre sont systémati- instantanées de l’efficience de conversion, surtout en
quement supérieures à celles que nous avons obtenues cours de période de végétation.
pour les plantes en C , la comparaison des pentes
3 Chez le colza, la diminution de l’efficience de la
devant alors se faire non plus sur la matière sèche conversion du rayonnement en matière organique pen-
aérienne accumulée mais sur la matière sèche totale dant la phase de remplissage des grains est assez
formée (cf. résultats obtenus sur topinambour). importante et conduit à une rupture de pente nette des
relations entre la MS
a et le PAR
a (RODE et al., 1983).
Discussion et interprétation
La linéarité des relations entre matière sèche
aérienne et rayonnement absorbé établie statistique-
ment suggère certaines hypothèses quant au fonction-
nement de la culture : stabilité de la part relative des
parties souterraines dans la matière sèche totale et
constance de l’efficience de conversion de l’énergie
solaire en matière organique.
Pour beaucoup d’espèces annuelles le rapport par-
ties souterraines/parties aériennes varie surtout pen-
dant la phase d’implantation de la culture. L’effet de
cette variation sur la linéarité de la relation MS-PAR
a
est minimisée, car l’utilisation de la somme de rayon-
nement intercepté conduit à diminuer l’importance
relative de cette période d’implantation.
Pour les espèces présentant une accumulation de
matière sèche importante dans les parties souterraines,
il faut alors considérer la matière sèche totale
(aérienne + souterraine) ; dans le cas du topinam-
bour, cette relation reste linéaire mais avec une pente
supérieure de 20 p. 100.
Pour les espèces pérennes, des échanges d’assimilats
peuvent se faire entre parties souterraines (organes de
stockage) et parties aériennes, en particulier au
L’accumulation de matière sèche pendant cette B. Estimation du niveau maximal de production de
période dépend du fonctionnement de 2 systèmes pho- matière sèche d’un couvert végétal
tosynthétiques, les feuilles et les siliques présentant
des potentialités photosynthétiques très différentes. Les estimations de productivités potentielles
Finalement, il faut souligner que la linéarité des publiées depuis une vingtaine d’années sont générale-
a et le PARA établie statistique-
relations entre la MS ment exprimées soit en rendement énergétique (GAAS-
ment ne doit pas être interprétée de façon stricte par , 1958 ; ,
TRA ASSINK 1959 ; ,
W ENMAN 1968...) soit
P
rapport au fonctionnement de la plante et il faut rete- par un rendement ou un taux d’accumulation de
nir aussi que leur application est difficile, d’une part, matière sèche (STEWART, 1970 ; LOOMIS & GERAKIS,
pendant la période d’implantation de la culture 1973 ; , IFFORD 1974...). Ces dernières sont effec-
G
(importance des parties souterraines, variation de tuées à partir de l’analyse théorique du rendement
l’efficience de conversion, mesures peu précises du énergétique (NICHIPOROVICH, 1960 ; LOOMIS & WIL-
rayonnement absorbé) et, d’autre part, pendant la I
L , 1973...) ou à partir de
AMS, 1963 ; SCHNE
IDER
phase de maturation ou de croissance faible en fin de résultats expérimentaux (S , 1970 ; ,
TEWART IRA
K
cycle (sénescence, orientation du métabolisme, mesu- 1973 ; Loomis & , ERAKIS 1973...) tirés des mêmes
G
res peu précises de rayonnement absorbé, particulière- articles de base (une quinzaine environ) dont la vali-
ment pour certaines cultures). dité a parfois été discutée (M
, 1978 ; Loo-
ONTEITH
MIS 1983). Compte-tenu de l’hétérogénéité des don-
,
nées relatives à ces résultats, leur regroupement a été
fait selon le type métabolique 4-C des espèces con-
3
(C
)
sidérées en fonction soit de la latitude (L OOMIS &
S, 1973), soit de paramètres plus ou moins
I
K
A
GER
représentatifs du rayonnement intercepté : durée de
vie du feuillage (K
, 1973) ou durée du cycle de cul-
IRA
ture WART 1970 ; MO
E
T
(S
, , 1978).
H
T
NTEI
Ainsi les estimations de productivité potentielle qui
apparaissent assez nombreuses reposent en fait sur
une base de données relativement étroite et sont sur-
tout peu utilisables dans le cadre d’une méthode géné-
rale.
sa durée et de sa place par rapport à l’évolution du de comprendre comment en climat tempéré, la pro-
rayonnement incident au cours de l’année (VARLET- ductivité d’une espèce en C3 comme le blé peut être
RAN 1982). La figure 5a représente les produc-
G
,
R
E
H
C égale ou supérieure à celle d’espèces en 4 implantées
C
tions maximales de matière sèche des espèces de type tardivement au printemps comme le maïs.
3 pour différentes durées de cycles et dates de levée,
C
en supposant que l’efficience d’interception n’est pas
limitante (ci
b) Effet de la structure du couvert végétal et de
=
0,90 sur tout le cycle) et que le rayon- la vitesse de mise en place de la végétation
nement incident correspond à la normale de Versail-
les. L’efficience de l’interception est limitante (
Fi < E¡
)
max
Le niveau de production donné par ces courbes peut pendant la phase d’implantation et de sénescence du
correspondre à celui réellement observable en condi- couvert végétal. La vitesse de mise en place ou de dis-
tions optimales. Pour une culture donnée, la courbe parition du système foliaire et la structure de la végé-
de référence est déterminée par la date moyenne à tation (effet de l’inclinaison des feuilles sur le niveau
partir de laquelle la végétation est suffisamment déve- d’indice foliaire pour lequel r-j £1 !!) peuvent donc
=
loppée pour permettre une interception maximale influencer fortement la production de matière sèche.
(ci 0,90) du rayonnement (autour du 15 avril par
= La figure 6 montre que, dans les conditions de cli-
exemple pour du blé d’hiver cultivé dans le Nord de la mat tempéré considérées ici, la vitesse de mise en
France) et la date moyenne de récolte (ici autour du place de la surface foliaire apparaît comme un facteur
15 août) donne la production, soit 21,5 t. A celle-ci, il très important de la productivité dont l’effet est
faut ajouter la matière sèche accumulée pendant la d’autant plus marqué que le semis est plus tardif.
phase d’implantation (environ 2 t/ha pour cet exem- L’effet de la structure de la végétation reste toujours
ple) pour obtenir la production maximale soit faible, celui de la sénescence est très atténué car la
23,5 t/ha. Pour les conditions correspondant à cet diminution de Fi , avec la chute de l’indice foliaire, est
exemple (expérimentation faite à Mons-en-Chaussée), généralement très rapide et intervient surtout à une
les rendements observés en grandes parcelles sur période où le rayonnement est faible sous nos latitu-
6 variétés pour la récolte 1984 variaient entre 17,2 et des.
3. Recherche d’une amélioration de la production de
matière sèche d’une espèce :cas du mai’s cultivé
dans le Nord de la France
La faible productivité en matière sèche des maïs
précoces dans le Nord de la France résulte surtout
d’une mauvaise interception du rayonnement solaire
(VARLET-GRANCHER et al., 1982) ; celle-ci s’explique
par un développement insuffisant de la surface
foliaire (exemple pour la variété « BIP » If max = 2,4
qui ne permet pas d’obtenir l’efficience d’interception
la plus élevée (fig. 7a)) et aussi par la position du cycle
de végétation dans l’année (fig. 7b).
En utilisant les résultats précédents, nous avons cal-
culé la production de matière sèche correspondant à
4 évolutions de la surface foliaire (fig. 7c). La
courbe 1 représente l’ajustement des variations de
l’indice foliaire de la variété « BIP» selon 3 droites
qui délimitent schématiquement : la mise en place des
feuilles (jusqu’à une valeur de F =
0,25 qui se situe
un peu après le début de la différenciation du méris-
tème apical en panicule), la période de forte crois-
sance et une phase allant de la floraison jusqu’à la
récolte pour laquelle on maintient un indice foliaire
constant (en négligeant la sénescence du feuillage).
A partir de cette évolution témoin, nous supposons
un génotype qui présente, premièrement, une période
de forte croissance prolongée pour permettre d’obte-
nir un indice foliaire maximal égal à 5,0 (courbe 2),
deuxièmement, une durée de mise en place des feuilles
2 fois plus courte (courbe 3) et, troisièmement, une
combinaison des 2 hypothèses précédentes.
L’origine des courbes correspond à la date de levée
qui pour la culture « témoin » choisie (var. « BIP »
en 1978 à Mons-en-Chaussée) se situe le 1&dquo; juin ;
nous avons calculé aussi la production en supposant
une levée au 15 mai (possible pour des semis précoces
et un printemps un peu plus chaud que la normale) et
au ler mai (ce qui peut être obtenu avec des semis pré-
coces sous mulch plastique).
Les résultats de ces calculs sont donnés au
tableau 4. La valeur encadrée correspond à celle du
« témoin » et est proche de celle réellement observée
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