Brachiaria
Brachiaria
Brachiaria
Brachiaria sp.
B. ruziziensis, B. brizantha, B. decumbens, B. humidicola
Septembre 2008
Centre de
Coopération
SDM
Internationale en
Recherche
Agronomique pour Ministère de l’Agriculture,
le Développement Groupement Semis Direct de Madagascar TAny sy FAmpandroasana de l’Elevage et de la Pêche
Manuel
Manuelpratique
pratiquedu
dusemis
semisdirect
directà àMadagascar.
Madagascar.Volume
VolumeIII.III.Chapitre
V. Provisoire
4. §.1.
Fiches techniques plantes de couverture : Graminées pérennes
Brachiaria sp.
Brachiaria sp.
Brachiaria ruziziensis
Nom scientifique et synonymes :
Brachiaria ruziziensis, Urochloa ruziziensis
Noms communs : Ruzi, Congo grass
Description :
Brachiaria ruziziensis est une graminée herbacée, semi-érigée à ram-
pante, originaire d’Afrique centrale (Burundi, Rwanda, et la plaine Ruzizi
au Zaïre). Il se développe en touffes (1m à 1,5 m à la floraison) qui s’éta-
lent sur le sol quand il n’est pas coupé, formant un tapis dense. Les
feuilles vert tendre sont velues et font jusqu’à 25 cm de long, pour 1 à
1,5 cm de large. Ses inflorescences portent 3 à 9 racèmes relativement
longs (4 à 10 cm), portant des épillets sur un ou deux rangs, sur un côté
Inflorescences de B. ruziziensis d’un rachis large et aplati. Les épillets sont velus, faisant 5 mm de long.
Le poids de 1000 graines est d’environ 4 grammes. B. ruziziensis est très étroitement appa-
(1) (2)
renté à B. decumbens .
Les semences ont un taux de dormance très élevé après la
récolte (moins de 20% de germination). La dormance ini-
tiale est physiologique, alors que la dormance à long terme
(1) (2)
est mécanique .
Son système racinaire fasciculé est composé de nombreuses
racines, denses et capables de se développer en profondeur
(plus de 1,8 m). Il présente des petits rhizomes. Des pousses
repartent à partir des noeuds des tiges rampantes et des sto-
lons qui développent des racines, et des rhizomes. Sa pro-
duction de biomasse est forte et rapide en saison chaude
et humide, mais chute fortement en période froide et/ou
sèche. Dans les meilleures conditions, avec une forte fertili-
sation azotée, elle peut atteindre 25 t/ha de matière sèche Racines de B. ruziziensis
pour la biomasse aérienne, en deuxième année quand la
production est maximale .
Cycle :
B. ruziziensis est une espèce pérenne, de durée de vie
assez courte (3 à 5 ans environ). Diploïde, à fort taux d’au-
topollinisation(1), il se multiplie par graines et par ses or-
ganes végétatifs (production de racines sur les noeuds des
tiges, possibilité de multiplication par éclats de souches).
Sa vigueur au départ et sa croissance rapide lui permettent
de dominer les adventices. Plante photo-périodique, il fleu-
rit quand les jours se raccourcissent, entre février-mars
(Sud-Est) et avril-mai (hautes terres) à Madagascar (à l’au-
tomne dans l’hémisphère nord).
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4. § 1.
Fiches techniques plantes de couverture : Graminées pérennes
Brachiaria sp.
Brachiaria brizantha et Brachiaria decumbens
Nom scientifique et synonymes de B. brizantha :
Brachiaria brizantha, Urochloa brizantha,
Panicum brizanthum
Noms communs de B. brizantha : Brizantha, Palisade
grass, Signal grass, beard grass
et
Nom scientifique et synonymes de B. decumbens :
Brachiaria decumbens, Urochloa decumbens
Noms communs de B. decumbens : Decumbens, Si-
gnal grass, Surinam grass
Description :
Inflorescences de B. brizantha cv Marandu
Brachiaria brizantha et Brachiaria decumbens sont des gra-
minées, semi-érigées à érigées, originaires d’Afrique (de la Côte d’Ivoire à l’Ethiopie et
l’Afrique du Sud pour B. brizantha, d’Afrique centrale pour B. Decumbens). B. brizantha est
très étroitement apparenté à B. decumbens et il peut être difficile de les différencier. La prin-
cipale variété de B. decumbens (cv Basilisk) très largement répandue dans le monde a même
été reclassée comme B. brizantha récemment (2).
B. brizantha se développe plus en touffes que B. decum-
bens qui s’étale plus et forme une couverture très dense.
La forme de leur rachis, l’arrangement et la texture de leurs
épillets diffèrent légèrement(1). Ils se développent en larges
touffes (1m à 1,5 m de haut et jusqu’à 2 m pour B. brizan-
tha) qui s'étalent si la plante n’est pas coupée. Les feuilles
vert foncé sont glabres ou légèrement velues et font
jusqu’à 100 cm de long, pour 1,5 à 2cm de large pour B.
brizantha alors qu’elles sont plus petites (25 cm) pour B.
decumbens Les inflorescences sont des panicules compo-
sées de 2 à 7 racèmes (B. decumbens, jusqu’à 16 racèmes
pour B. brizantha), relativement longs (4 à 20 cm), portant
des épillets elliptiques, glabres, faisant 4 à 6 mm de long.
Ces épillets sont arrangés en doubles rangs chez B. de-
cumbens alors qu’ils sont sur un seul rang pour B. brizan-
tha(1). Le poids de 1000 graines est d’environ 3,6 grammes
pour B. decumbens(1). Les semences ont un taux de dor-
mance très élevé après la récolte qui
Inflorescences de B. decumbens peut perdurer 6 mois, les semences
restant viables jusqu’à trois ans(1)(2) .
La dormance initiale est physiologique, alors que la dormance à long
terme est mécanique. (1).
Les deux espèces ont un système racinaire fasciculé composé de très
nombreuses racines, denses et capables de se développer en profondeur
(plus de 1,8 à 2 m, les racines de B. decumbens étant plus fines et plus
longues que celles de B. brizantha). Elles présentent de petits rhizomes.
De nombreuses pousses repartent à partir des noeuds des tiges (bien
que dans une moindre mesure que B. ruziziensis), et surtout des sto-
lons et des rhizomes qui développent des racines.
Le fort pouvoir de restructuration et d’aération du sol et la sécrétion
d’exudats racinaires permettent de relancer l’activité biologique et de Système racinaire puissant
de B. brizantha, avec rhizomes
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favoriser le développement de champignons type myco-
rhizes, associés aux racines.
La production de matière sèche est de manière générale
plus élevée que celle de B. ruziziensis, pouvant varier (en
fonction de la fertilité et du climat) de 6-8 tonnes de ma-
tière sèche par hectare à plus de 25 t/ha (B. brizantha) et
jusqu’à 30 t/ha (B. decumbens(1)) dans les meilleures si-
tuations. Elle chute durant les périodes froides et/ou
sèches.
Cycle :
B. brizantha et B. decumbens sont deux espèces pérennes,
de durée de vie moyenne (5 ans environ). Ils se multiplient
par graines et végétativement (production de racines sur
Développement de mycorhizes associées
les noeuds des tiges rampantes et des stolons, possibilité
aux racines de B. brizantha
de multiplication par éclats de souches).
Tous deux sont des tetraploïdes apomictiques, B. brizantha pouvant être diploïde(1).
Leur vigueur au départ et leur croissance rapide leurs permettent de dominer les adventices.
Probablement non photopériodiques, ils fleurissent à Madagascar entre février et mars dans
le Sud-Est et de février à mai sur les hautes terres. Ils fleurissent à l’automne (septembre-oc-
tobre) dans l’hémisphère nord (Vietnam).
Brachiaria humidicola
Nom scientifique et synonymes :
Brachiaria humidicola, Urochloa humidicola,
Panicum humidicola
Noms communs : Humidicola, Koronivia grass, creeping
signal grass
Description :
Brachiaria humidicola est une graminée , semi-érigée à pros-
trée, originaire d’Afrique (de l’Ethiopie à l’Afrique du Sud).
Les feuilles vert brillant sont glabres ou légèrement pileuses,
pointues, lancéolées, faisant 6-15 mm de large et jusqu’à
25 cm de long. Les tiges portant les inflorescences sont éri-
gées, faisant jusqu’à 60 cm de haut. Les inflorescences font Inflorescences de B. humidicola
7 à 12 cm de long, supportant 2 à 5 racèmes ressemblant
à des épis, espacés sur un axe central. Les racèmes font 2,5 à 5,5 cm, vert clair marqués de
pourpre. Les épillets font 4,5 à 5,5 mm de long, également
verts et pourpres. Le poids de 1000 graines est d’environ 5
grammes (1). La production de semence est très limitée à
basse altitude ou latitude. En revanche, elle est excellente
sur les hautes terres malgaches. Les semences peuvent être
dormantes pendant 9 mois (1).
Son système racinaire fasciculé très dense présente de
nombreux rhizomes et des grosses racines capables de se
développer en profondeur (plus de 1,8 à 2 m). Sa capacité
à se multiplier végétativement par rhizomes, et production
de racines depuis les stolons et les noeuds des tiges cou-
chées lui permet de coloniser rapidement à partir d’un
pied (jusqu’à 8 mètres en un an dans le sud-est humide de
Madagascar).
Système racinaire très dense et puissant
de B. humidicola
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Cycle :
B. humidicola est une espèce pérenne, de durée de vie
d’environ 5 ans. Il se multiplie par graines et végétative-
ment.
Sa photopériodicité est mal connue. Il semble être une plante
de jours longs au Brésil et en Australie(1), tout comme à Ma-
dagascar où il fleurit à la fin de l’été, de janvier à avril, quand
les jours sont longs et raccourcissent et dans le nord du Viet-
nam où il fleurit en septembre. Des conditions de stress (sé-
cheresse, sols très dégradés, etc.) semblent le pousser à
fleurir en dehors de ces périodes.
La production de biomasse est fortement influencée par le
Forte production de biomasse et niveau de fertilité mais peut atteindre plus de 30 t/ha/an
couverture du sol par B. humidicola avec une forte fertilisation azotée, en milieu tropical humide.
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* B. humidicola a la plus large plage de pH, se comportant très bien à des pH très acides
(3,5) mais aussi sur des sols basiques(1).
* B. ruziziensis est moins bien adapté aux sols acides que les espèces précédentes mais reste
tolérant à l’acidité (jusqu’à pH 4,5).
Tous les brachiarias sont capables de se développer sur sols compactés, B. humidicola ayant
le système racinaire le plus puissant, B. ruziziensis ayant celui le moins puissant des 4 espèces
sur la durée totale du cycle. Cependant, sur les trois premiers mois de croissance après semis,
B. ruziziensis est celui qui produit le plus de biomasse (aérienne et racinaire), ce qui en fait
une espèce fourragère et régénératrice de la fertilité des sols de tout premier plan pour le
semis direct dans les successions annuelles et l’intégration agriculture-élevage.
Ils répondent tous très bien à la fertilisation (P et N en particulier) mais sont capables de se
développer sur des sols de faible fertilité, en particulier B. humidicola qui est capable d’ex-
traire le phosphore et le calcium à des niveaux de concentration très faibles dans le sol. Sur
des sols très dégradés, B. humidicola a toutefois du mal à supporter une longue saison sèche
(préférer alors B. brizantha).
B. ruziziensis est le plus exigeant et se développera moins
bien sur des sols de fertilité très basse sans apport de phos-
phore et d’azote en particulier.
Les brachiarias poussent indifféremment sur tous types de
texture de sols (sableux à argileux, à condition d’être bien
drainés), mis à part B. ruziziensis qui préfère les sols sableux
ou limoneux.
Les brachiarias ont en général une tolérance faible à l’en-
gorgement et nécessitent des sols bien drainés, sauf B. hu-
midicola qui tolère très bien un engorgement même
prolongé et peut être installé sur des sols hydromorphes.
B. humidicola supporte aussi l’inondation (alors que les
trois autres espèces la supportent très mal), bien que dans
B. humidicola et B. mutica en bordure de bassin une moindre mesure qu’une autre espèce, B. mutica, qui
Photo: Rakotondramanana peut être intéressante pour la production de fourrages en
zone submersible.
* Où ne pas la recommander
Mis à part pour B. humidicola et B. mutica, éviter les sols à risque d’engorgement ou d’inon-
dation, et tout particulièrement pour B. decumbens(1).
Peu résistants au gel, B. ruziziensis et B. humidicola ne sont pas recommandés au dessus de
1500 m d’altitude, d’autant plus que leur croissance y est lente (quasiment nulle au dessous
de 15°C).
Il ne faut pas recommander ces plantes à des paysans sou-
haitant remettre en culture leurs parcelles après améliora-
tion du sol par les brachiarias mais qui ne pourraient pas
avoir accès à l’herbicide nécessaire pour les contrôler.
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d’amendements et d’engrais minéraux.
Un autre intérêt majeur est leur capacité à re-
structurer rapidement des sols compactés,
même en profondeur. B. humidicola, au sys-
tème racinaire le plus puissant est le plus ra-
pide et le plus efficace pour cela. B. brizantha
et B. decumbens sont également très perfor-
mants alors que le B. ruziziensis, au système ra-
cinaire moins puissant prendra un peu plus de
temps.
Ces 4 espèces permettent également d’obte-
nir une très forte production de biomasse, en Recharge
particulier grâce à leur cycle en C4 et leur ca- du sol en
Forte production de biomasse sur sol pacité à extraire des éléments nutritifs comme carbone
dégradé (B.brizantha cv Marandu) le phosphore. La très forte production de bio-
masse aérienne (plus de 20 tonnes de matière
sèche par hectare pour les parties aériennes et 5 t/ha pour les racines) permet d’injecter ra-
pidement du carbone, dans les horizons de surface (en très forte quantité) mais aussi direc-
tement en profondeur (où ce carbone sera protégé) grâce aux racines. La structure du sol en
est améliorée, durablement.
Les brachiarias sont en conséquence parmi les plantes les
plus efficaces pour décompacter rapidement les sols et
augmenter leur taux de matière organique, en particulier
les sols acides comme les sols ferrallitiques de Madagascar.
D’autre part, les brachiarias et en particulier B. humidicola,
grâce à leur vigueur et leur croissance rapide, et leur ca-
pacité à se multiplier végétativement, sont capables de do-
miner la plupart des adventices, annuelles ou pérennes
comme Imperata cylindrica, Rottboelia exaltata ou le striga.
La forte production de biomasse permet également de
maintenir une couverture végétale suffisante pour contrô-
ler les adventices la saison suivante.
Bien que n’étant pas des légumineuses, leur association avec
Reprise rapide de B. humidicola après des bactéries libres fixatrices d’azote leur permet de fixer
passage de feu jusqu’à 50 unités N/ha/an, quantité non negligeable.
Les brachiarias sont d’excellents fourrages qui permettent d’améliorer les rations des ani-
maux tout au long de l’année.
B. humidicola ne brûle pas facilement et survivra à des feux occasionnels, tout comme B. bri-
zantha. B decumbens est peu sensible au feu et redémarrera rapidement par ses graines et ses
stolons(1). B. ruziziensis redémarrera également après le passage de feu.
Enfin, la paille de brachiaria n’est pas mangée par les termites, phéno-
mène observé pour B. ruziziensis au Nord Cameroun et à Madagascar, et
pour B. humidicola sur la côte Est malgache alors que sorgho, maïs et mil
étaient largement consommés par ces insectes. Cela permet de mainte-
nir un paillage sur le sol pour la culture en semis direct la saison suivante.
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* décaler dans le temps l’implantation du brachiaria par
rapport à la culture principale (les brachiarias utilisent bien
les dernières pluies et peuvent se développer durant une
partie de la saison sèche)
* localiser les semences de brachiaria suffisamment pro-
fond (4 à 7 cm) pour en retarder l’émergence.
* adapter les espacements entre culture et brachiaria
* localiser la fertilisation au pied de la culture pour la fa-
voriser
* faucher régulièrement le brachiaria qui pourrait faire de
la compétition.
Ils peuvent ainsi être associés à des cultures comme le riz
ou surtout le maïs sur des sols riches ou fertilisés, ou du
manioc sur des sols pauvres. L’association manioc + bra-
chiaria par exemple, bien gérée, bénéficie très fortement
au manioc et permet de doubler ou tripler les rendements
par rapport à la culture pure du manioc dans les régions où
Croissance rapide du brachiaria
la pluviométrie supérieure à 800 mm/an n’est pas un fac- après la récolte du riz
teur limitant. L’association riz + B. ruziziensis peut être pra-
tiquée avec succès pour l’installation de pâturage. Le brachiaria doit
alors être associé à un riz de cycle très court (90-100 jours) qui est im-
planté en semis simultané ou décalé de 20 jours. Ces systèmes appe-
lés “Barreirâo” ou “Santa Fé” dans le centre du Brésil permettent de
pratiquer un élevage bovin plus intensif, le riz servant à couvrir les frais
d’implantation et/ou de rénovation du pâturage pour 4 à 5 ans d’ex-
ploitation.
Les brachiarias peuvent aussi être associés à des légumineuses (comme
Stylosanthes guianensis, Arachis pintoï ou Cajanus cajan) dans un pâtu-
rage pérenne.
Moyennement tolérants à l’ombrage, ils peuvent cependant être utili-
sés en couverture vive des vergers ou plantations, en les maîtrisant par
fauche manuelle ou mécanisée (gyrobroyeur décalé) sur les lignes d’ar-
bres. Sur sols compactés, ils peuvent être très intéressants pour l’amé-
lioration de la structure du sol avant plantation d’arbres qui
bénéficieront du travail des racines puissantes et de la recharge du sol
en carbone. L’association avec une légumineuse (type Acacia sp.) per-
met également un meilleur développement du brachiaria qui profite
Association Maïs + Brachiaria
de la fixation d’azote par l’arbre.
Cultures possibles en rotation
Par leur capacité à restructurer les sols et à
contrôler les adventices, les brachiarias sont
d’excellents précédents pour toutes les cul-
tures qui exigent une bonne porosité: le riz en
particulier bénéficiera largement de ses effets.
Cependant, la culture en SCV de céréales
dans un paillage de graminée peut fortement
souffrir d’une faim d’azote (immobilisation
temporaire de l’azote par les bactéries dans
les premiers stades de décomposition du pail-
lage), si la couverture n’a pas été contrôlée
suffisamment tôt et/ou sans apport d’azote
conséquent au semis (50 kg N/ha au semis). Arachide sur couverture morte de brachiaria
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La culture de légumineuses (soja, haricot, niébé, arachide, dolique, vigna umbellata, etc.)
après brachiaria permet d’éviter ce problème et permet généralement un gain de rendement
considérable. Le contrôle chimique des éventuelles repousses de brachiaria dans une cul-
ture de légumineuse est également plus facile que dans une culture de riz. Pour que la cul-
ture bénéficie de ces effets bénéfiques, il faut cependant que le brachiaria se soit
suffisamment développé, ce qui peut prendre plus d’une année en conditions défavorables
(sols très dégradés, climat subtropical avec saison froide, climat semi-aride).
Intérêts économiques
La première année d’implantation du brachiaria, l’investissement se limite à l’achat des se-
mences ou éclats de souches et au temps de plantation ou de semis en poquets (15-20
jours/ha) ou à la volée (2 jours/ha).
L’association Manioc + Brachiaria est particulièrement rentable, dès le premier cycle de cul-
ture, avec des rendements pouvant atteindre 20 à 30 t/ha avec un simple apport de fumier.
Si l’on dispose d’herbicide, les temps de travaux sont réduits drastiquement dès la première
année en semis direct par suppression du labour et réduction forte du temps de désherbage
en particulier.
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pratique
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semis
semis
direct
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La disponibilité et le coût de l’herbicide peuvent cependant être un frein
à la diffusion de systèmes sur couverture de brachiaria qui nécessitent
un investissement notable en intrants (herbicides et engrais) qui bien
que généralement très rentable peut être difficile à réaliser dans le
cadre d’une petite agriculture familiale, dominante à Madagascar.
Intérêts environnementaux
Les aptitudes agronomiques des brachiarias en font des
plantes très intéressantes sur le plan environnemental. Ils
permettent :
* de remettre en valeur des zones abandonnées, en parti-
culier grâce à la possibilité qu’ils offrent de décompacter
les sols, de mobiliser de la fertilité et de supplanter la vé-
gétation naturelle pour produire une forte biomasse de
fourrage de bonne qualité, permettant la pratique immé-
diate de l’élevage au moindre coût.
* de protéger des zones fragiles, réduisant ainsi l’érosion et
son impact sur les zones en aval. B. humidicola est dans
ce domaine le plus performant, protégeant totalement les
sols par ses nombreux stolons et son système racinaire ex-
Protection et restructuration du sol trêmement dense en surface.
* de stabiliser les diguettes et les talus en bord de parcelles
tout en produisant du fourrage.
Précautions et limites
* Etant très compétitifs dès le début de cycle, les brachiarias doivent être associés avec pré-
caution aux cultures. Un mauvais démarrage de la culture (mauvaise germination, fertilisation
insuffisante, etc.) peut entrainer une compétition importante et difficile à gérer, et ce d’au-
tant plus que les espacements entre lignes de culture sont faibles et que les cultures sont de
taille limitée comme pour le riz ou le haricot (l'association avec le maïs ou le manioc est plus
facile à gérer).
* Le contrôle des brachiarias pour remise en culture nécessite l’utilisation d’herbicide, à des
doses relativement importantes (1080 g matière active/ha de glyphosate pour B. ruziziensis
et 1800 g m.a./ha pour les autres espèces). B. humidicola est le plus difficile à contrôler et
peut nécessiter dans certaines conditions (climat tropical humide) jusqu’à 2880 g m.a./ha.,
ce qui engendre des coûts considérables, difficiles à sup-
porter en petite agriculture et n’est pas recommandable
d’un point de vue environnemental.
Sans herbicide, la remise en culture nécessite un travail très
important et pénible de décapage à l’angady, et se fait au
détriment des performances des systèmes.
* Pour la culture de céréales dans un paillage de brachia-
ria, il est nécessaire d’apporter de l’urée pour éviter une
faim d’azote en début de culture.
* Dans les zones à longue saison sèche, le contrôle du bra-
chiaria à l’herbicide nécessite d’attendre la reprise de la
végétation après les premières pluies pour pouvoir traiter
de façon efficace, ce qui retarde le semis. Il est dans ces
conditions préférable de traiter en végétation à la fin du
cycle précédent, en saison des pluies. Cette pratique a
l’avantage de réduire les risques de faim d’azote en début
de cycle, mais demande un investissement en herbicide
plusieurs mois avant la mise en culture, souvent difficile à Repousses mal contrôlées de
réaliser à Madagascar. graines de brachiaria dans le riz
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* Si on laisse grainer le brachiaria, les repousses dans les cultures sui-
vantes peuvent être difficiles à contrôler et peuvent devenir envahis-
santes. Dans une culture de légumineuse, l’utilisation d’herbicides (type
fluazifop-P-butyl quand il est disponible) permet le contrôle de ces re-
pousses. Par contre, pour une culture de riz le contrôle sera très diffi-
cile, les graminicides sélectifs de céréales (type fenoxaprop-ethyl et
Cyhalofop-Butyl particulièrement sélectif et efficace à tous les stades de
développement du riz) n’étant pas actuellement disponibles à Mada-
gascar. Il est donc important d’éviter la production de graines (par
fauche du brachiaria) avant remise en culture.
* Les brachiarias peuvent devenir des plantes envahissantes, en parti-
culier B. brizantha et B. decumbens. B. ruziziensis, plus exigeant sur le
plan de la fertilité ce qui limite sa compétitivité, et B. humidicola qui
produit peu de graines, sont moins susceptibles de devenir des ad- Affaiblissement de B. brizantha par
ventices majeures. fauche trop fréquente et trop rase.
* Les brachiarias sont capables de puiser le peu d’éléments nutritifs qui restent dans des sols
pauvres. En conséquence, leur exploitation intensive comme fourrages, sans apport
de fertilisation (engrais ou fumier) en compensation risque de conduire à un
épuisement des sols qui deviendrons incultes. Une exploitation
non raisonnée (trop fré-
quente, sans apport de fer-
tilisation) conduira dans un
premier temps à une mau-
vaise couverture du sol (port
en touffes avec passages
d’érosion entre les touffes) puis à la disparition progressive
du brachiaria qui sera dans le meilleur des cas remplacé
par des espèces plus rustiques, de qualité fourragère gé-
néralement mauvaise et à production limitée. Dans le pire
des cas, le sol deviendra totalement inculte. Il est très im-
portant d’insister sur ce risque lors de la présentation des
systèmes aux paysans et de s’assurer de la bonne gestion
des brachiarias pour éviter d’aboutir à une telle situation.
Port en touffes et mauvaise couverture
du sol (B. ruziziensis sans engrais) * La nutrition de caprins, d’ovins ou de jeunes bovins avec
des brachiarias uniquement peut
conduire à des problèmes sévères de photosensibilisation.
* B. ruziziensis peut être détruit par le gel
* Enfin, la récolte des graines quand elle est faite manuellement représente un
travail important.
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Sur des sols très compactés, que l’on veut décompacter rapidement, l’emploi de B. brizantha
est à recommander en priorité, sachant cependant que le coût en herbicide pour la remise
en culture de la parcelle sera plus important qu’avec B. ruziziensis.
Production de fourrage
Pour l’alimentation du bétail, B. ruziziensis et B. brizantha ont les
meilleures qualités fourragères, B. brizantha ayant l’avantage de
produire en plus grande quantité.
Pour l’installation de pâturages pérennes, B. brizantha (ou B.
decumbens en altitude) est également préférable à B. ruzi-
ziensis dont la durée de vie est plus courte (environ 3 ans,
contre 5 ans pour B. brizantha).
Pour l’installation de pâturages en zone submersible, le Bra-
chiaria mutica est le plus adapté, pouvant pousser dans plus d’un
mètre d’eau. Il permet la production de fourrage de qualité pen-
dant la saison sèche grâce à l’eau qui reste dans ces zones basses.
Protection contre l’érosion
Pour la protection des sols (zones de fragilité), en particu-
lier en zones humides, l’espèce B. humidicola (cv Tully) est
la plus recommandée pour son système racinaire très
dense en surface, sa meilleure couverture du sol, ses ca-
pacités de propagation par stolons et sa production de
graines plus faible (réduisant les risques de pollution des
zones en aval). Elle est cependant de valeur nutritive infé-
rieure aux autres espèces et sera la plus difficile à contrô-
ler à l’herbicide pour remise en culture.
Sur des sols très dégradés et/ou des climats avec longue
saison sèche, en particulier les tanety au lac Alaotra, B. bri-
zantha (cv Marandu) peut être préférable, pour son apti-
tude à produire une forte biomasse. Poussant en touffes
Couverture du sol et contrôle de l’érosion par (comme B. decumbens et B. ruziziensis), sa couverture du
B. ruziziensis bien développé sol est cependant moindre si on ne le laisse pas se déve-
lopper suffisamment pour qu’il s’étale et se réimplante à
partir des stolons. Sans une couverture totale du sol, l’eau peut ruisseler entre les touffes et
l’érosion peut décaper les sols entre ces touffes, qui deviennent progressivement “perchées”.
Utilisation mixte
Pour une utilisation mixte, avec alternance de brachiaria pour préparer les sols et la biomasse
et cultures en SCV, B. ruziziensis a l’avantage de pouvoir être contrôlé plus facilement et à moin-
dre coût que les autres brachiarias. Dans de bonnes condi-
tions, il a aussi l’avantage d’être l’espèce produisant la plus
forte biomasse sur une courte période de temps (3 mois).
Si l’objectif principal est la décompaction rapide de sols
très compactés et/ou la production de fourrage essentiel-
lement avec une année de culture tous les 3 ou 4 ans
(pour régénérer les fourrages), B. brizantha ou B. decum-
bens (en altitude) sont à préférer.
Autres espèces intéressantes
Le brachiaria hybride (B. brizantha cv marandu x B. ruzi-
ziensis) cv “mulato” est intéressant pour sa forte produc-
tion de biomasse (aérienne et racinaire) de 10 à 25% plus
élevée que B. brizantha, sa qualité fourragère, sa capacité
à supporter un pâturage intensif et son aptitude à pousser Brachiaria hybride cv “mulato”
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4. § 1.
Fiches techniques plantes de couverture : Graminées pérennes
Brachiaria sp.
en altitude (jusqu’à 1800 m. sous l’équateur). Il nécessite cependant des sols bien drainés et
relativement fertiles, et la production de semences est difficile(1). Un autre hybride (B. ruzi-
ziensis x B. brizantha x B. decumbens), le Mulato II a été récemment créé en Australie. Outre
sa bonne production de semences, il a été sélectionné pour sa forte tolérance à l’aluminium,
sa vigueur et sa forte production de fourrage de qualité (1).
Brachiaria plantaginea, considéré au Brésil comme une adventice dans les systèmes de cul-
ture avec travail du sol, peut être une excellente option de couverture des sols dans les sys-
tèmes en semis direct, notamment en début de saison des pluies. Cette espèce très puissante
et dominante sur la plupart des adventices recouvre très vite le sol, avec production d’une
forte biomasse. Elle est cependant facilement maîtrisable avec seulement 480 g/ha de gly-
phosate. C’est ainsi l’espèce de brachiaria la moins onéreuse à gérer en semis direct. Elle
constitue également, en vert ou en foin, un fourrage de qualité de par sa richesse en protéines
digestibles pour les bovins, dans les 60 premiers jours de sa croissance.
Gestion de la plante
Comment l’implanter
Les brachiarias peuvent être implantés soit par graines, soit
par boutures ou éclats de souche (avec un démarrage plus
rapide que par graine).
Il est possible d’implanter les brachiarias en culture pure,
mais cela nécessitera une préparation de la parcelle, coû-
teuse et qui ne rapportera pas directement de profit. Il est
donc conseillé d’implanter les brachiarias en les associant à
une culture qui générera des revenus. De cette manière, le
travail supplémentaire demandé pour implanter cette plante
de couverture/fourrage est réduit au semis/bouturage.
En fonction du niveau de fertilité des sols (et des possibili-
tés de fertilisation), on pourra associer les brachiarias à :
Jeune pousse de B. brizantha
* du manioc, du haricot ou du pois de terre sur les sols
pauvres,
* du maïs sur des sols riches ou fertilisés (localiser alors l’engrais au pied des cultures pour
les favoriser).
Si la fertilité et l’état de compaction des sols permet la culture de riz, il
est possible d’implanter du brachiaria dans le riz. L’association est ce-
pendant difficile à gérer dans des climats avec longue saison sèche à
moins d’avoir un espacement suffisant entre lignes de riz.
L’implantation en culture pure se justifie principalement dans le cas de
l’aménagement de terroirs avec la protection de zones de fragilité très
dégradées, où les cultures sont rarement rentables.
Quand semer
La date de semis du brachiaria dépend du climat et de la culture associée.
Il est recommandé de semer ou bouturer le brachiaria le plus tôt pos-
sible en culture pure et dès que la culture est suffisamment développée
pour que le brachiaria ne puisse plus la concurrencer dans le cas d’une
association. Il faut cependant que l’implantation se fasse au minimum
un mois et demi (boutures ou éclats de souches) à deux mois (semis
par graines) avant la fin probable de la saison des pluies (ou l’arrivée de
la saison froide) pour éviter les risques d’échec. Plus le semis sera tar-
dif, moins on aura de chances d’obtenir une production suffisante pour
pouvoir remettre la parcelle en culture en SCV dès l’année suivante.
Semis de brachiaria dans
De manière générale, l’implantation du brachiaria par graines peut se la culture de maïs
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4. §.1. 13
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Brachiaria sp.
Brachiaria sp.
faire en même temps que la culture principale
pour favoriser autant que possible la produc-
tion de biomasse dès la première année. Il est
cependant nécessaire d’espacer les lignes de
culture (culture en doubles rangs de préfé-
rence, avec semis du brachiaria entre les
rangs espacés) pour minimiser les risques de
compétition. La mise en place par boutures
ou éclats de souches, du fait d’un démarrage
plus rapide doit se faire avec un décalage de
20 jours à un mois par rapport à la culture
principale.
Pour le manioc, qui est planté en général en
fin de saison des pluies, il est préférable d’im- Semis de brachiaria dans la culture de manioc
planter le brachiaria en début de saison des
pluies suivantes, ce qui permet un bon démarrage de la graminée, sans risque de compéti-
tion (en particulier pour l’eau) durant la saison sèche. Dans le sud-est malgache où le manioc
est généralement implanté en période peu humide (septembre-octobre), l’implantation du
brachiaria se fait de préférence au mois d’avril-mai.
En culture pure il est souvent difficile de le semer tôt, les
paysans préférant à juste titre terminer l’implantation des
cultures avant de semer une plante de couverture/four-
rage. Il est donc recommandé de semer dès que possible
(dès les premières pluies utiles voire même en sec avant les
pluies), et dans tous les cas avant le 15 janvier sur les
hautes terres où son développement est lent (jusqu’à fin
janvier si on utilise des boutures dont le démarrage est plus
rapide), avant le 31 décembre en milieu semi-aride pour
qu’il puisse suffisamment se développer avant l’arrêt des
pluies, et avant le 15 février en zone de moyenne altitude
avec longue saison sèche. En zone tropicale humide, l’im-
plantation peut se faire durant toute l’année, en évitant ce-
Implantation de B. brizantha par éclats pendant les périodes climatiques à pluviométrie la plus
de souches sur sol dégradé aléatoire.
Comment semer
Le semis se fait de préférence en poquets, avec 8 à 10 graines par poquet, légèrement re-
couvertes (1à 2 cm de profondeur). Les graines de brachiaria sont capables de lever même
si elles sont enfouies en profondeur (4 à 7
cm). Une telle pratique en retarde cependant
l’émergence, ce qui peut être intéressant pour
la gestion en association avec des cultures
mais constitue un handicap si l’on souhaite
une production rapide.
L’espacement entre poquets recommandé est
de 30 à 40 cm sur la ligne, l’espacement entre
lignes variant en fonction de la plante associée
(cf. fiches techniques par système). En culture
pure, l’espacement entre lignes recommandé
est aussi de 30 à 40 cm, ce qui permet une
couverture relativement rapide et homogène
du sol. A ces densités, la quantité de semences
nécessaire est de 3 à 7 kg./ha. Semis de brachiaria en pur
sur sol très dégradé
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Fiches techniques plantes de couverture : Graminées pérennes
Brachiaria sp.
Il est également possible de semer le brachiaria à la volée (culture en pur). La dose de se-
mences nécessaire est alors augmentée (10 à 20 kg/ha), notamment afin de s’affranchir des
risques de prédation par des insectes (fourmis, etc.).
L’implantation par boutures ou éclats de souches peut se
faire de manière plus espacée, le démarrage étant plus ra-
pide (50 cm au lieu de 30 ou 40 cm).
B. humidicola dont la production de semences est plus dif-
ficile (mis à part en altitude) s’implante de préférence par
boutures ou éclats de souches, d’autant plus que sa forte
capacité à se propager par stolons et rhizomes permet de
l’implanter avec un espacement de 1m x 1m. L’implanta-
tion dans le bozaka (Aristida sp., Imperata sp., etc.) peut
se faire après un décapage à l’angady (ou herbicidage) li-
mité dans un premier temps aux emplacements où les
boutures vont être implantées, espacées de 1m x1m.
Après reprise du brachiaria, la végétation restante peut
Décapage du bozaka après reprise du
alors être progressivement décapée à l’angady, permet- B. humidicola implanté à 1m x 1m.
tant la colonisation par B. humidicola. Cette technique a
l’avantage d’éviter l’érosion favorisée en cas d’implantation après labour.
Traitement des semences
Les brachiarias ne nécessitent aucun traitement insecticide ou fongicide des semences. Ce-
pendant, la dormance des graines peut rendre nécessaire un traitement pour obtenir une
bonne germination. Il est donc indispensable d’effectuer un test de germination quelques se-
maines avant la date de semis probable. Un stockage dans de bonnes conditions (graines
bien sèches, à l’abri des fortes températures et de l’humidité) de 6 à 9 mois permet en gé-
néral de lever la dormance. En cas de très faible taux de germination, les semences doivent
être traitées au KNO3 (malheureusement difficile à se procurer à Madagascar) ou à l’acide
sulfurique. Pour cela, les semences sont trempées dans l’acide sulfurique pour une durée va-
riant de 30 secondes à 20 min en fonction de la concentration de l’acide. Il est donc indis-
pensable de tester le temps de trempage au préalable. Utiliser de l’acide de batterie, peu
concentré car l’utilisation d’un acide fort rend très difficile la manipulation et un rinçage in-
correctement effectué peut tuer les semences. Après trempage, les semences doivent être
rapidement mais soigneusement rincées à l’eau (faire au moins 5 bains de lavage) et séchées.
Fertilisation
Les brachiarias sont des espèces très bien adaptées aux sols acides et
aux fortes concentrations en aluminium. De manière géné-
rale, ils répondent peu au chaulage. Capables d’extraire
le phosphore du sol (en particulier B. decumbens, B.
humidicola et B. brizantha), leurs besoins en éléments
nutritifs sont essentiellement des besoins en azote.
Des variations entre espèces existent cependant.
B. ruziziensis est le moins bien adapté aux sols très
acides, et demande un niveau de fertilité relative-
ment élevé. Des apports de phosphore en début de
cycle, et d’azote tout au long du cycle sont néces-
saires sur les sols acides de basse fertilité. Sans apport
d’engrais, B. ruziziensis supporte mal d’être fauché ou pâturé
et disparait(1) (2).
B. brizantha et B. decumbens se comportent bien sans engrais, mais ré-
pondent très bien à des apports de phosphore et surtout d’azote, tout
au long du cycle (1) (2). Un apport fréquent d’azote permet de mainte- Effet marqué de la fertilisation
nir une croissance végétative active et améliore la qualité fourragère(2). azotée (premier plan) sur B. ruziziensis
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4. §.1. 15
Fiches techniques plantes de couverture : Graminées pérennes
Brachiaria sp.
On estime cependant que pour B. decumbens 40% de
l’azote provient de la fixation d’azote par des bactéries li-
bres associées (1).
B. humidicola est le plus adapté aux sols de basse fertilité,
mais répond cependant bien à l’apport de P ou de N.
Cette bonne réponse des brachiarias à l’azote rend inté-
ressante l’association avec des légumineuses.
Sur sols très acides (ferrallitiques, schistes, grès et granites),
il est recommandé de péllétiser les semences avec du phos-
phate naturel (type guano) ou du thermophosphate à rai-
son de 200 g de phosphate par kg de semence, ce qui
permet une implantation rapide et vigoureuse pour un coût
très modique. Lors de l’implantation par boutures ou éclats
de souches, le pralinage est conseillé (trempage dans un
mélange de 1/3 d’eau, 1/3 de bouse de vache et 1/3 d’ar-
gile, avec éventuellement ajout d’oligo-éléments et de phos-
phate naturel).
Dans tous les cas, il est recommandé de gérer de manière Pralinage des boutures de brachiaria
raisonnée les brachiarias et de restituer les éléments nutri-
tifs exportés par leur exploitation (tout particulièrement en cas d’exploitation intensive), sous
peine de conduire à un épuisement du sol.
Gestion de l’enherbement
Les brachiarias sont de manière générale des plantes très agressives et capables de dominer
la plupart des adventices à condition d’être gérées convenablement (espèce adaptée au ni-
veau de fertilité du sol, exploitation et fertilisation raisonnées).
B. ruziziensis et B. brizantha sont tolérants à l’atrazine en prélevée (respectivement 1600 et
2000 g de matière active/ha, sur des sols peu sableux, en pré-levée) ce qui est intéressant
pour l’implantation dans une culture de maïs.
Brachiaria sp.
être stockées dans de bonnes conditions (basse température, faible humidité) pour lever la
dormance (6-9 mois pour B. ruziziensis, 6 mois pour B. brizantha et B. decumbens et jusqu’à
9 mois pour B. humidicola (1))
La maturité des graines n’étant pas simultanée au niveau d’une panicule, la récolte se fait
lorsque la moitié des graines sont mûres. La récolte peut se faire :
*manuellement, inflorescence par inflorescence en les secouant au dessus d’un seau pour y
faire tomber les graines mûres. Cette technique exige plusieurs passages ce qui représente
un travail considérable. Elle a l’avantage de permettre une récolte échelonnée au fur et à me-
sure de la maturation, ou
* par fauche, ce qui est plus rapide mais se fait au détriment du rendement, les graines ne
pouvant pas être récoltées toutes à maturité. Dans ce cas, on peut stocker les panicules ré-
coltées au sec, dans un endroit bien ventilé et à l’abri du soleil, pendant 7 à 10 jours pour
permettre la maturation des grains verts.
Le séchage des inflorescences est nécessaire avant le battage. Un taux d’humidité inférieur
à 10% permet d’assurer une bonne conservation.
L’ensemble de ces opérations de récolte- séchage-battage est donc très exigeant en main
d’oeuvre, ce qui explique le coût élevé des semences (8 000 à 10 000 Ariary/kg soit 3 à 4
Euros/kg), d’autant plus que la production est limitée.
Brachiaria sp.
B. humidicola, par sa très forte production de biomasse et
son port, couvre fortement le sol. Elle est l’espèce la plus
difficile à associer, alors que les associations avec B. bri-
zantha et B. ruziziensis sont relativement faciles.
Les légumineuses les plus intéressantes en association avec
les brachiarias sont le Stylosanthes guianensis, l’Arachis pin-
toï, le Cajanus cajan (variété de cycle court, du type Bon
amigo) que l’on peut associer à tous les brachiarias.
Attention! Les ovins, caprins et les jeunes bovins nourris
avec de grandes quantités de B. brizantha, B. decumbens,
B. ruziziensis ou B. mutica peuvent souffrir de photosensi-
bilisation (qui peut entraîner leur mort). Seul B. humidicola
peut être donné à ces animaux, en quantité raisonnable (1).
Association B. brizantha + Cajanus cajan
Brachiaria sp.
(plus de 10-12 t/ha de matière sèche), le contrôle des adventices res-
tera efficace et la faim d’azote ne sera pas à craindre sur un mulch déjà
partiellement décomposé. Par contre, cette pratique demande un in-
vestissement en herbicide et travail plusieurs mois avant la mise en cul-
ture ce qui peut poser des difficultés importantes dans le contexte
malgache.
L’utilisation du brachiaria en couverture végétale demande également
de ne pas le laisser grainer la saison précédente, les graines tombées
au sol pouvant germer et faire une compétition importante aux cul-
tures suivantes qu’il sera difficile de contrôler avec les herbicides dis-
ponibles à Madagascar.
Sans herbicide, la remise en culture après brachiaria peut éventuelle-
ment se faire au prix d’un important travail de décapage à l’angady et
d’une baisse des performances du système, ce qui en fait une pratique
peu recommandable sauf dans certaines situations (forte disponibilité
en main d’oeuvre, herbicides inaccessibles, forte compaction des sols
sans autre alternative que l’emploi de brachiarias pour l’amélioration de
la structure, etc.). Contrôle du brachiaria au glyphosate
Dans le cas de cultures semées à faible densité, avec un espacement sur toute la surface (premier plan)
important entre deux lignes (maïs, manioc), il est possible de traiter le et en bandes alternées (au fond).
brachiaria à l’herbicide en bandes (40 à 50 cm traités et 40 à 50 cm Photo: Rakotondramanana
non traités), ce qui réduit la dose à l’hectare de moitié. Cette technique
présente aussi l’avantage de permettre une recolonisation par le brachiaria à partir des bandes
non traitées, sans avoir besoin de ressemer une plante de couverture.
Enfin, pour les plantations d’arbres, la mise en
place préalable de brachiarias est très intéres-
sante puisque la couverture du sol par le bra-
chiaria est totale (ce qui n’est pas le cas sous
une plantation d’arbres sur sol nu), et que les
arbres bénéficieront de la restructuration du
sol par la graminée. L’implantation d’arbres
dans le brachiaria peut se faire soit après trai-
tement localisé (1m² environ) à l’herbicide,
soit après décapage à l’angady et coupe des
racines latérales pour éviter la compétition, le
temps que l’arbre développe son système ra-
cinaire.
Acacia mangium (3ans) implantés dans B. humidicola.
L’arbre profite de la restructuration du sol par le
brachiaria, et la graminée bénéficie de l’azote
fixé par la légumineuse
Brachiaria sp.
Les brachiarias en résumé
Graminées pérennes (3 à 5 ans), de type C4
Adaptés à de nombreux types de sols, en particulier aux sols acides (aptitudes à extraire
le phosphore), et à tous les climats de Madagascar (variable selon les espèces)
Régénérateurs puissants et efficaces de la fertilité des sols ferrallitiques acides plus ou
moins dégradés
Forte production de biomasse
Système racinaire extrêmement puissant, ca-
pable de décompacter les sols rapidement
Eliminent les adventices
Excellents fourrages
mais....
Besoin d’herbicide pour la remise en culture en
semis direct
Croissance lente en altitude B. brizantha (gauche) et B. ruziziensis (droite)
Supportent mal le surpâturage
Risque d’appauvrissement des sols en cas de mauvaise gestion, sans retour de fertilité
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Brachiaria ruziziensis ▬ ● ▬ ● ● ● ● ● ●● ●● ●● ●● ●
● ●● ● ●● ●● ●● ● ●● ●● ●● ●●
Dessins: RAMAFA Impression: NIAG
Brachiaria brizantha
Brachiaria decumbens ●● ●● ● ● ●● ●● ● ●● ●● ●● ●●
Brachiaria humidicola ● ●● ●● ●● ●● ●● ●● ●● ● ● ▬
Brachiaria mutica ▬ ▬ ●● ● ●● ●● ● ● ●●