Par: Pr. Claude-Ernest KIAMBA Politologue Année Académique 2020/2021

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Pr. Claude-Ernest KIAMBA


Politologue
Année académique 2020/2021
Au terme de cet enseignement, l’étudiant sera
capable de :
o D’initier une analyse, à partir du traitement
sociologique de la politique et du politique depuis
leurs manifestations les plus larges jusqu’à leurs
manifestations les plus étroites.
o De passer ainsi progressivement du politique
ordinaire au politique spécialisé, et de l’improbable
participation du citoyen à l’activité politicienne et
gouvernementale.
o D’étendre son analyse au-delà de la scène politique
nationale, en intégrant les scènes politiques locales,
étrangères et supranationales.
Ce cours rend compte des interactions entre acteurs,
à leurs incorporations et à leurs objectivations.
2
Introduction générale

Partie 1 : L’ordre politique


o Chapitre 1 : L’espace politique
o Chapitre 2 : Les régimes politiques

Partie 2 : Les forces politiques


o Chapitre 3 : Les partis politiques
o Chapitre 4 : Les autres forces politiques

Conclusion générale

3
4
 Après la 1ère guerre mondiale, l’analyse des faits
politiques a d’abord été menée dans une perspective
historique en se focalisant sur les hommes politiques.
 Après la 2nde guerre mondiale, ce sont les facultés de
droit, qui les premières, ont offert une place à
l’enseignement de la sociologie politique en
rattachant l’enseignement du droit public à la vie
politique.
 Avec l’introduction de l’approche américaine de la
science politique en 1951 par Maurice Duverger au
sein des facultés de droit, la sociologie politique
commence à émerger et à se faire enseigner comme
sous-discipline du droit.
N.B : La sociologie politique est la fille incestueuse de
l'histoire et du droit, mais se comprend aujourd’hui
comme une fille adoptive de la sociologie.
5
 La sociologie politique est la science des sociétés
humaines et des faits sociaux non dans leur globalité
mais ceux liés au pouvoir, à son organisation, à son
exercice et sa transmission au sein des groupements
humains qui prennent aujourd’hui principalement la
forme d’Etat.
 Elle a pour but d’analyser le plus finement possible
l’ensemble des phénomènes tenus pour politiques
dans une communauté précise. De ce fait, elle intègre
une démarche sociologique de réflexion sur ces
phénomènes.
 La sociologie politique n’est ni la science de l’Etat, ni
la science du pouvoir mais elle est une démarche
scientifique consacrée à l’étude de l’organisation

6
La sociologie politique n’est pas seulement
l’étude de l’ Etat

La sociologie politique n’est pas seulement


l’étude du pouvoir

La sociologie politique est une démarche scientifique


consacrée à l’étude de l’organisation du pouvoir et sa
transmission dans tout groupement humain organisé, dont
l’Etat n’est qu’une forme parmi tant d’autres

7
Trois sciences voisines peuvent prêter à confusion
avec la sociologie politique .
C’est d’abord la sociologie,
ensuite la science politique,
et enfin le droit public en représentation des sciences
juridiques.

8
 La sociologie est la « science de la société ». tandis
que la sociologie politique est la « science de la
société » traitant uniquement des objets politiques.
 Au début de sa légitimité en tant que sciences
humaines, la sociologie ne se préoccupait guère des
phénomènes politiques.
 Cherchant à se définir, elle hésitait entre une
conception totalisante des phénomènes sociaux et
l'éparpillement en disciplines techniques limitées à
l'étude de groupes particuliers ou restreints :
sociologie de la famille, de la religion, du monde
rural.
 La sociologie politique est venue réhabiliter l’étude
des questions politiques pris comme des faits
sociaux.
9
 Le droit a pour mission d’étudier, entre autre, les
règles de l’organisation du système politique dans
une société. Le cadre juridique trace les règles de
l’organisation politique et encadre le jeu politique
dans l’Etat.

 De ce point de vue, on pourrait croire qu’elles ont le


même objet d’étude, cependant…

 La sociologie politique étudie ce qui se passe


réellement sur le plan politique, alors que le droit
trace à travers ses dispositions une image de ce que
devrait être la société politique dans un Etat donné.
10
Deux courant s’affrontent :
1. Certains auteurs considèrent que la sociologie politique est
synonyme de la science politique comme Roger-Gérard
Schwartzenberg. Ceci s’explique par le fait que la
sociologie politique et la science politique partagent le
même objet d’étude qui sont les phénomènes sociaux et
utilisent la même démarche.
2. D’autres auteurs pensent qu’il existe une différence entre
la sociologie politique et la science politique, notamment
Maurice Duverger. En effet, la science politique désigne une
approche large de la science des phénomènes politiques,
qui peuvent être considérées sous l’angle des institutions
juridiques, de l’histoire, de la géographie humaine, de
l’économie, de la démographie et de la sociologie. La
sociologie politique désigne plus spécialement cette
dernière approche.

11
12
Le politique est analysé comme un ordre différencié
et spécifique au sens « d’un système organisé et
stratifié, régi par une logique spécifique de
fonctionnement».

C’est dire que le politique comme un ensemble de


règles, de rôles et d’institutions spécialisées n’a pas
toujours existé et ne présente pas toujours un même
degré de différentiation.

A cet effet, nous montrerons d’une part l’espace


politique et d’autre part les régimes politiques.

13
14
Pour Max Weber, tout groupement
« politique » se caractérise par un
rapport de domination et le monopole
de la violence physique : sa figure
moderne est l’Etat dont le monopole
exercé est considéré comme légitime
par ceux qui y sont soumis.

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Notre raisonnement se basera sur trois questions :

1. Quels sont les critères utilisés pour déterminer un


espace de « politique »?

2. La reconnaissance d’une sphère politique sous-tend


celle de l’etat-moderne. Quels sont les conditions
d’émergence de l’Etat-moderne?

3. Quels sont les effets de l’Etat-moderne sur la


transformation des types de domination politique?

16
 Une société sans coercition et sans distinction
minimale entre gouvernés et gouvernants ne peut être
qualifié de « politique »,

 ce qui ne signifie pas qu’en l’absence d’ « Etat » il


n’existe pas un pouvoir politique, un système de
domination même encore peu différencié.

 c’est pourquoi l’anthropologie a permis de préciser


les conditions de cette différentiation conduisant à
l’Etat-moderne.

17
S’il existe des sociétés primitives sans pouvoir politique différencié,
toute société revêt, même à l’Etat latent, une dimension politique à
travers d’un certain nombre de règles contraignantes pouvant
découler des traditions ou des normes édictées.
18
Degré ou type Régulation de la vie sociale Forme du pouvoir politique
1 Immédiate Indifférencié ou diffus
2 Par médiation Indifférencié
3 Par autorité spécialisée Dilué
4 Par autorité spécialisée Différencié mais fractionné
5 Concentré et spécialisé
(chef/conseil)

6 Spécialisé et hiérarchisé
7 Individualisé et « très différencié »
8 Institutionnalisé et exercé par des
réseaux de clientèle

9 Institutionnalisé et exercé à
travers une administration
spécialisée et hiérarchisée
19
Pour comprendre la naissance de l’Etat-moderne, deux
grilles d’analyse sera utilisée :

1. La transformation de l’économie dans une perspective


marxiste;

2. L’apport de la religion catholique et protestante dans


la distinction de la sphère religieuse : les facteurs
culturels.

20
 Pour Wallerstein, l’apparition de l’Etat dans la
deuxième moitié du 15ème siècle est liée aux premiers
développements du capitalisme.

 Moore établit de même une relation causale entre


dynamique du capitalisme et rythme de construction
de l’Etat.

 Anderson s’inscrit aussi dans cette démarche, en


postulant que l’absolutisme – et l’Etat « centralisé » du
même nom- naît de la menace que constitue, pour la
noblesse féodale, le développement de l’économie
marchande, la monétarisation des produits et du
travail.
21
 La distinction de la sphère religieuse engagée à partir du
11ème siècle par l’Eglise pour affirmer son emprise
spirituelle face au Saint-Empire germanique conduit en fait
à consolider plus tard l’emprise temporelle des Etats nés de
sa dislocation.
 En plus, l’Etat moderne a beaucoup emprunté à l’Eglise : sa
structure hiérarchique, son dogme de la souveraineté, son
droit et la dimensions surnaturelle du pouvoir de ses rois
catholiques (cf. Bloch).
 Rokkan a élargi cette perspective religieuse en soulignant
combien le protestantisme avec l’expansion de la réforme a
nourri les combats des pays souhaitant se libéré du joug de
l’Eglise Catholique et éradiqué la potentialité d’une Eglise
comme pouvoir concurrent de l’Etat, l’intégrant au pouvoir
politique et la soumettant à lui (Angleterre) ou le renforçant
(Prusse).
22
La construction de l’Etat moderne, après sa
naissance, s’accompagne d’une
processus de transformation des type de
domination politique, étayés par des
formes spécifiques de légitimité (
Weber).

Quelles sont –elles ?

23
N°) Types de Caractéristiques Exemples
domination

1 Traditionnel Caractère sacré des dispositions Etats patrimoniaux


transmises par le temps et des
pouvoirs du chef.
Déterminé en vertu de la dignité
personnelle qui lui est conférée par
la tradition.
2 Charismatique Légitimité d’un personnage investi Régime d’Hitler
de « charisme ».
L’administration est à la dévotion
du chef qui en distribue les
responsabilités à ses fidèles.
Elle doit se routiniser pour survivre
à la disparition de son fondateur
(institution d’une dynastie).
3 Légal-rationnel Fondée sur le consentement des Etats-Modernes
gouvernés à un ordre légal étayé occidentaux
par une organisation
bureaucratique séparée du titulaire
du pouvoir et recrutée sur le
mérite.
24
25
« Un régime politique c’est l’ensemble de
règles, de recettes et de pratiques
organisant le gouvernement d’une société à
un moment donné » (BURDEAU).

Cette vision met l’accent sur la complexité d’un


régime politique ; d’ailleurs il existe une diversité
des critères pour analyser les régimes politiques.

26
La diversité des critères.
le critère de nature idéologique : 2 sortes de régimes :
 régimes pluraliste capitalistes libéraux
 régimes unitaires marxistes socialistes
Cette distinction était utilisée autrefois, lors de l’existence des
deux blocs.
le critère du développement politique : il y a une corrélation
entre le développement économique et l’évolution
démocratique.
le critère suggéré par TODD, qui établit une corrélation entre
les structures familiales et l’organisation de la société.
 Aujourd’hui c’est le critère démocratique qui est dominant,
et est utilisé pour classer les différents régimes.

LINCOLN disait : « La démocratie c’est le gouvernement du


peuple, par le peuple, et pour le peuple ».

27
La théorie démocratique

 La démocratie est une notion rebelle qui a connu


une histoire mouvementée.

 Le mot démocratie est victime d’une ambivalence


conceptuelle : la démocratie, en effet, renvoie à des
idéaux, mais quel est l’idéal ? Si l’on veut atteindre
cet objectif tous les moyens sont-ils acceptables ?
Quelle est la place qui revient à l’autonomie
individuelle dans l’organisation de la société ?

28
La démocratie a été adulé et critiquée. PLATON et ARISTOTE
ont l’un et l’autre condamné la démocratie :

 PLATON a identifié 3 formes de régime :


 1- la Timocratie, basée sur l’honneur
 2- l’Oligarchie, basée sur la richesse
 3 - la Démocratie, ou médiocratie

 ARISTOTE présente lui aussi 3 modèles et y ajoute leur


déformation :
 la monarchie  la tyrannie
 l’aristocratie  l’oligarchie
 la Politeia  la démocratie

PLATON et ARISTOTE sont tous les deux des procureurs de la


démocratie. Inversement, Montesquieu et Rousseau seront les
défenseurs de la démocratie.
29
Pour Montesquieu la République démocratique est un
système exigeant qui, pour vivre, doit reposer sur la vertu
(c’est-à-dire le courage, au sens de l’intérêt public). Les 3
modèles de Montesquieu sont :

 la République (démocratique ou aristocratique)


 la monarchie
 le despotisme

30
Rousseau va aussi établir sa trilogie :
 la monarchie
 la démocratie
 l’aristocratie (qui est soit élective, héréditaire, ou basée
sur la richesse)

La démocratie est pour Rousseau un idéal à atteindre,


une réconciliation de l’homme avec la société. « La
démocratie n’a jamais existé et n’existera jamais » dit-il.

31
Ils permettent de transformer les voix des citoyens en
sièges.

La qualité de citoyen est liée à 3 conditions


cumulatives :
1. la nationalité ;
2. ne pas être condamné à des peines afflictives ;
3. condition d’âge (18 ans en France depuis le 5
juillet 1974).

Les citoyens sont titulaires du droit de vote et ils


constituent le corps électoral.

32
La traduction de l’opinion.
Le scrutin majoritaire caricature, c’est surtout le
cas du scrutin uninominal et majoritaire à un tour,
comme c’est le cas en Grande-Bretagne, car il
conduit les électeurs à voter utile immédiatement.
En Grande-Bretagne en raison du mode de scrutin,
un troisième parti est voué à l’échec. le mode de
scrutin majoritaire à deux tour coagule : entre les
deux tours s’organisent des rapprochements, des
désistements… et au second tour les électeurs
clarifient ; au premier tour on choisit, et au second
tour on élimine.

33
La représentation proportionnelle suggère, quant à elle,
l’éclatement, c’est la traduction d’une logique
mécanique.

chaque courant d’opinion essaie de mesurer sa notoriété


avec ces élections.

 La prise en compte des courants d’opinion nouveaux.


Le scrutin majoritaire ne prend pas en compte ces
données marginales et mineures.

Le scrutin proportionnel valorise ces courants.

34
 Le scrutin majoritaire débouche sur des
gouvernements stables, alors que c’est le contraire
avec le scrutin proportionnel.
 Au regard des partis politiques, le scrutin
majoritaire autorise, lorsqu’il est à deux tours, les
alliances électorales, et débouche sur des camps
gagnant facilement identifiables. Avec la
représentation proportionnelle chacun des partis
combat sous son fanion, il s’interdit les alliances
électorales et permet les alliances
gouvernementales avec pour conséquence
l’instabilité gouvernementale. Le scrutin à la
proportionnelle est un scrutin qui avantage les
états-majors des partis politiques.

35
Pour pallier ces solutions contradictoires il existe un
mode de scrutin mixte (présent en Russie, au Japon, en
Allemagne..) pour essayer de réduire les inconvénients
de l’un par rapport à l’autre.

Les systèmes électoraux ne sont pas des techniques


neutres : ou bien il s’agit d’élire une chambre qui sera
consultative, dans ce cas-là la proportionnelle est un
atout ; ou bien il s’agit d’élire une assemblée qui a un
rôle de décision, d’emblée le scrutin majoritaire a la
préférence. Il n’y a pas de scrutin à mode, tout dépend
de l’objectif.
Les modes de scrutin sont des techniques qui
accentuent leur défauts au fur et à mesure que le temps
passe.

36
 Il a été évoqué par Aristote, étudié par John LOCKE,
et systématisé par Montesquieu :

 le pouvoir législatif : il consiste à énoncer et à


formuler les règles de droit. C’est le pouvoir
normatif.
 le pouvoir exécutif : initialement c’est le pouvoir
qui met en œuvre, qui adapte les lois aux
situations données.
 le pouvoir judiciaire : c’est le pouvoir de sanction.

37
Pour éviter un pouvoir hypertrophié et incontrôlable il faut
instaurer la séparation des pouvoirs.

Depuis l’Esprit des lois (1748) les sociétés ont évolué en


dénaturant quelque peu la trilogie de Montesquieu en faisant
modifier le principe de la séparation des pouvoirs :

le pouvoir législatif est aujourd’hui plus ou moins réduit ;

le pouvoir exécutif a pris de l’importance ;

 le pouvoir judiciaire est devenu l’autorité judiciaire, ce qui


l’exclu des débats qui pourraient avoir un prolongement en
termes de rapports de pouvoir.

38
On peut identifier 4 régimes politiques :

1.  le régime dictatorial ;
2.  le régime d’assemblée
3.  le régime parlementaire ;
4.  le régime présidentiel.

Les deux premiers régimes sont des régimes où le


principe de la séparation des pouvoirs est refusé ; il y a
négation du principe.

39
  conception théorique : un régime d’assemblée
est un régime dans lequel existe une confusion
organique entre le pouvoir législatif et le pouvoir
exécutif au profit du pouvoir législatif (conception
trop rigoureuse).
  conception politique : le régime d’assemblée est
un régime dans lequel le pouvoir législatif est
prépondérant (conception trop large)
  conception juridique : dans un régime
d’assemblée seule une ou plusieurs assemblées
détiennent la qualité de représentant de la nation.
Seules la ou les assemblées sont élues, le pouvoir
exécutif est nommé ou choisi par les élus et il est
totalement subordonné au pouvoir législatif.
40
Pour qu’il y ait réalisation du régime d’assemblée :

 l’expérience doit être en conformité avec le modèle ;


l’expérience doit se faire dans la durée ;

Hors les régimes d’assemblée orthodoxes sont éphémères,


de plus les régimes durables ne sont pas orthodoxes, donc
les régimes d’assemblée n’existent pas et n’existeront
jamais.

41
Il y a eu 4 expériences en France. Une est :

en 1946 : le 19 avril 1946 est proposé un projet de


constitution qui mettrait en place un régime d’assemblée. Le
projet est soumis le 5 mai 1946 au référendum et les
français refusent le projet de régime d’assemblée.

La tentative de mise en place d’un régime d’assemblée peut


être comparée à une pièce en trois actes :
 le pouvoir exécutif est discrédité, cela est souvent la cause
(ou toujours ?) des tentatives de mise en place de régimes
d’assemblée ;
 l’assemblée est omnipotente ;
 revanche de l’exécutif : ROBESPIERRE avec la terreur,
CAVAIGNAC avec l’autorité…
42
 Dans les régimes dictatoriaux le pouvoir exécutif
est le centre, dominant et hypertrophié, du
système considéré.
 Ce régime se distingue par 3 caractéristiques qui
lui sont propres :
1.  au plan institutionnel la confusion des pouvoir se
fait à partir et au service du dictateur, il y a
confiscation des pouvoirs au profit exclusif du
dictateur ;
2.  au plan politique : concentration des pouvoirs
marqué par une hypertrophie exécutive, le
dictateur crée sa propre hiérarchie, son propre
réseau, doublant ainsi les autres structures de
l’Etat (exemple : avec Hitler et Staline) ;
3.  logique totalitaire que nourrit tout système
dictatorial.
43
 le pouvoir a la volonté de s’accaparer toutes les activités de
la société. L’Etat développe et cherche à innerver tous les
rouages de la société ;
 manichéisme à prétention messianique ;
 ne pas accepter quelque autonomie que ce soit : il n’y a pas
de place à la liberté et à l’autonomie. Comme le disait
ARENDT : « L’individu est isolé avant d’être désolé ».

Le régime dictatorial connaît de multiples expérimentations


allant du « soft au hard ». Un régime dictatorial ne naît pas
forcément dans la force et la violence, cela vient toujours plus
tard.

Il existe deux autres régimes qui instaurent le principe de la


séparation des pouvoirs. Ces régimes s’affirment à partir de la
séparation des pouvoirs identifiée par Montesquieu.

44
 L’évolution historique : le régime parlementaire est une
forme d’organisation du pouvoir qui se situe sur la voie
qui mène de la monarchie à la démocratie.

Cela se fait en 3 étapes :


1. La monarchie limitée : c’est le cas de la Grande-
Bretagne de 1688 à 1800, et de la France en 1830.
Cette monarchie limitée est caractérisée par :
 la collaboration entre deux pouvoirs concurrents : la
monarchie accepte de composer avec d’autres forces
sociales, qui elles acceptent de négocier avec le roi ;
 la montée en puissance des ministres choisis par le roi ;
 le roi détient encore des prérogatives effectives.

45
2- L’orléanisme : les rois perdent alors leur influence et
leurs attributions deviennent alors symboliques :

 la collaboration des pouvoirs, elle contribue à renforcer


l’axe ministres / assemblées ;
 le pouvoir exécutif devient moniste, au profit du
gouvernement ;
 émergence de la responsabilité des ministres devant le
Parlement.

46
3  Le parlementarisme occidental : il a donné lieu à des
pratiques différentes. La pratique de référence est la
pratique britannique caractérisée par la stabilité, qui
s’oppose à la 3ème République qui était caractérisée par
l’instabilité. Le parlementarisme occidental est caractérisé
par :
 un exécutif moniste (absolument) : le chef d’Etat règne
mais ne gouverne pas, le gouvernement est l’instance
décisionnelle première ;
 relations privilégiées entre le gouvernement et
l’assemblée : possibilité de mettre en cause l’un des deux
pouvoir, par la dissolution pour le gouvernement, et pas la
censure par l’assemblée ;
 responsabilité gouvernementale.

47
 : le régime parlementaire repose sur l’existence
de pouvoirs égaux et séparés, possédant des
moyens de pressions qui sont réciproques.

le pouvoir législatif : il appartient au Parlement (qui


est soit monocaméral ou bicaméral). La durée du
mandat des membres du Parlement varie. Les
membres de la chambre basse sont élus au
suffrage universel direct pour une durée allant de 3
à 5 ans selon les Etats. Les membres de la chambre
haute sont soit nommés (comme en Grande-
Bretagne), soit élus au suffrage universel indirect
ou direct.

48
le pouvoir exécutif : il est toujours bicéphale. Les 2 têtes
de l’exécutif ne sont pas sur un plan d’égalité :

le chef d’Etat est doté de pouvoir simplement


représentatifs (héréditaire, élu au suffrage universel
indirect ou direct).

 le gouvernement : ensemble collégial qui est le véritable


détenteur du pouvoir exécutif.

49
Dans le régimes parlementaires l’initiative des lois est
partagée : en Grande-Bretagne et en Allemagne elle peut
venir du gouvernement et du parlement.

Dans les régimes parlementaires le gouvernement est en


relation privilégiée avec la chambre basse. Lorsque le
régime est bicaméral on peut observer un équilibre à
deux niveaux entre exécutif et législatif

50
Problématique contemporaine : le régime parlementaire
repose sur des principes clairs mais il débouche sur des
pratiques floues qui remettent en cause la nature même de
ses principes.

En Grande-Bretagne les principes du régime parlementaire


sont remis en cause, le Premier ministre s’appuyant sur une
majorité à la Chambre des Communes. Il n’y a donc plus de
séparation des pouvoirs, l’exécutif étant le produit du
Parlement. Cela vaut aussi pour l’Allemagne.
Lors des 3ème et 4ème républiques nous avions une
situation où l’Assemblée Nationale décidait de la durée de vie
des gouvernements.

51
 La séparation des pouvoirs y est, en
principe, rigoureuse et absolue.
 Le régime présidentiel a deux
caractéristiques fondamentales :
 la spécialisation fonctionnelle du pouvoir
exécutif et du pouvoir législatif, chacun
exerçant la totalité de ses fonctions en les
monopolisant, sans empiéter sur le domaine
de l’autre ;
 l’impossibilité pour chacun des deux
pouvoirs de mettre l’autre pouvoir en cause.

52
Le pouvoir exécutif est monocéphale : une seule tête
exprime l’exécutif, il n’y a pas de gouvernement (au sens
constitutionnel). Le président est généralement choisi par le
peuple, c’est-à-dire qu’il est élu au suffrage universelle (direct
ou indirect), alors que dans un régime parlementaire on peut
identifier des présidents élus au suffrage universel direct
(Finlande, Autriche).
Cela a deux conséquences :
 le régime présidentiel n’est pas un régime qui se mesure
par l’omnipotence du président : il y a un fort contre-pouvoir
incarné par le pouvoir législatif, qui a des prérogatives
propres et spécifiques. Le principe de la séparation des
pouvoirs est observé dans sa rigueur.
 si les deux pouvoirs font de la surenchère l’un par rapport à
l’autre il n’y a pas d’issue constitutionnelle.
53
Ce sont les Etats-Unis qui ont servi de modèle pour
caractériser le régime présidentiel. Il y a eu des caricatures
du régime américain, notamment le présidentialisme latino-
américain.

La France a expérimenté des formules strictes de séparation


des pouvoirs qui ont été des échecs ; il y a eu 3 tentatives :
 en 1791 : constitution de septembre 1791 ;
 en 1795 : constitution de l’an 3 : avec le directoire, le
Conseil des 500 et le Conseil des Anciens ;
 en 1848 : mise en place, de façon claire, du régime
présidentiel.

54
 Le constitutionnalisme c’est ce qui sépare la population de la
barbarie ; c’est une invention de l’occident. Dans les régimes
constitutionnalistes on fait confiance à l’individu, dans le
citoyen, on respecte le principe d’élections honnêtes par un
suffrage secret. Le constitutionnalisme est le produit de la
démocratie et de l’Etat de droit.

Le constitutionnalisme peut faire l’objet de critères de


distinction entre 3 sortes de régimes :
 les régimes pluralistes occidentaux ;
 l’Europe Orientale et Centrale ;
 les pays émergents, et du Tiers Monde.

55
Les institutions politiques des sociétés pluralistes.
Ce sont les régimes parlementaires et les régimes
présidentiels. Tous ces régimes sont influencés par
leur histoire.

On distingue trois modèles :


 les Etats-Unis ;
 la Grande-Bretagne ;
 le régime politique helvétique.

56
Il y a deux systèmes électoraux :

 le scrutin majoritaire : il peut être uninominal ou


de liste, il est à 1 tour ou à 2 tours ;

 la représentation proportionnelle : elle est


toujours de liste ; ce scrutin attribue les sièges au
prorata des voix.
Les modes de scrutin ne sont jamais neutres ,
d’ailleurs il n’y a pas de mode de scrutin qui soit
meilleur qu’un autre.

57
58
59
Les acteurs qui occupent l’avant-scène se servent du
jeu politique pour servir leur propre intérêt. C’est
à l’avant-scène que se trouvent les principaux
acteurs, et elle a été monopolisée par les
professionnels.

Il y a trois populations qui monopolisent l’espace :

1. les partis politiques : c’est le vivier ;


2. les gouvernants : c’est le pouvoir, l’aboutissement;
3. Les autres

Ces deux populations sont une espèce identique: on


recrute dans les partis politiques pour aller
gouverner.
60
Le partis est la réunion d’homme qui partagent
historiquement la même doctrine politique. Ces groupes sont
le plus souvent organisés, en France, sous la forme
associative.
Les partis sont des groupes organisés : articulés dans le cadre de
structurations régionales, départementales, au niveau de la
circonscription. Ils sont structurés parce qu’ils présentent un
double visage : un visage des militants et un visage administratif.
Comme tous les groupes ce sont des ferments de pouvoirs et il y a
donc une hiérarchie qui s’instaure.
Ce sont aussi des groupes adaptés à la lutte pour le pouvoir : leur
raison d’être est de gagner le pouvoir et devolpment d’un
programme.
Ces groupes sont pluriel à l’intérieur d’eux-mêmes car sinon ils
risquent de perdre leur crédit. Ils jouent le rôle de relais, de porte-
parole des différentes catégories sociales.

61
EPSTEIN : « Un parti politique
est tout groupe qui cherche à
élire un gouvernant sous son
label. »

62
Les principes :

 la fonction d’encadrement : les partis doivent


servir de lien social, ils doivent coordonner les
revendications. Cette fonction se dédouble :
 fonction de légitimation : parce qu’ils existent les
partis reconnaissent le système dans lequel ils
agissent ;
 fonction tributienne : ce sont des porte-parole des
revendications, les interprètes de besoins exprimés
par les citoyens.
 Cette fonction n’existe que depuis que le suffrage
est universel, ils en sont le produit.

63
 Les adhérents : on ne sait pas combien ils y a
d’adhérents dans les partis politiques car les partis
représentent moins que ce qu’ils disent être (c’est
la première anomalie).

 Les dirigeant : c’est une forme de caste qui s’auto-


désigne et s’enferme (deuxième anomalie)

64
M. DUVERGER distingue deux sortes de partis
politiques :
  les partis de cadres : ils ont trois
caractéristiques :
  ils ne cherchent pas l’adhésion en nombre, ils
cherchent l’adhésion qualitative ;
  ce sont des partis aristocratiques et
oligarchiques ;
  ils sont très souple et décentralisés.
  les partis de masses : 3 caractéristiques :
  cherchent la quantité ;
  vivent largement des cotisations de leurs
membres ;
  ils sont organisés et plus hiérarchisés que les
partis de cadres. 65
Cette classification se heurte à 3 obstacles
aujourd’hui :

 les partis de masse connaissent un phénomène de repli ;


 cette classification ne vaut pas dans toutes les cultures ;
 les partis politiques sont devenus des partis de
rassemblement, d’électeurs, des partis attrape-tout. Ils sont
souvent tournés vers un seul objectif qui est l’élection.

66
Les partis politiques n’existent que les uns par
rapport aux autres.

67
Dans le cas du parti unique il n’y a pas de système de
compétition, cela se trouve dans les pays qui traversent une
phase révolutionnaire, les pays sous gouvernement fasciste.

Le parti unique a deux fonctions :


 distribuer la bonne parole ;
 un rôle de censure : le parti doit contrôler et éliminer ce qui
pourrait représenter une éventuelle concurrence.

Dans le cas du multipartisme les problèmes sont nombreux. On
distingue deux situations :
 le multipartisme catholique (comme en Italie avec le courant
socialiste)
 le multipartisme organisé (comme dans les pays
scandinaves) : le système s’auto-régule en permanence.

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 Les systèmes dualistes reposent sur la coexistence
de 2 partis dominants ; c’est le cas britannique.
Exemple: le parti conservateur
 Le parti conservateur : il est organisé selon une
trilogie : son mode de fonctionnement repose sur
la coexistence de trois éléments :
  le groupe parlementaire ;
  l’union nationale ;
  le bureau central : c’est là que se trouve le
pouvoir.

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