La Nouvelle Réglementation Bâle III Et Le Secteur Bancaire Marocain
La Nouvelle Réglementation Bâle III Et Le Secteur Bancaire Marocain
La Nouvelle Réglementation Bâle III Et Le Secteur Bancaire Marocain
ISSN : 2728-0128
Volume 3 : Numéro 9
The new Basel III regulation and the Moroccan banking sector
BENZIZOUN Ouiame
Doctorante
Faculté des Sciences Juridiques Economique et Sociales-Agdal
Université Mohamed V-Maroc
Laboratoire d’études et de recherche en sciences de gestion (LERSG)
ouiame_benzizoun@um5.ac.ma
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License 4.0 International License
Résumé
La crise financière, qui a persisté de 2007 à 2009, a eu un impact important sur l'économie mondiale
et a montré que les exigences bancaires fixées par la réglementation de Bâle II étaient insuffisantes
pour éviter les problèmes financiers. Le Comité de Bâle a donc conçu un nouveau cadre réglementaire,
Bâle III, visant à améliorer la résilience du secteur bancaire. Malgré les bonnes intentions manifestées
par le Comité sur le contrôle bancaire, la littérature n'a pas réussi à fournir une position univoque quant
à l'impact réel de la nouvelle réglementation. Les différentes études et recherches réalisées ont abouti
à des résultats hétérogènes et même contradictoires. Ce travail a pour objectif de mener une étude sur
l’implémentation de la nouvelle réglementation dans le secteur bancaire marocain, afin d’identifier son
impact sur les indicateurs de stabilité des banques marocaines sur une période allant de 2010 à 2020.
L’analyse témoignent une évolution favorable de tous les indicateurs considérés durant la période
étudiée à l'exception de l'année 2020, impacté par la pandémie Covid-19 qui malgré ses répercussions
le secteur bancaire affiche une bonne résilience.
Mots clés : « Réglementation prudentielle ; Secteur bancaire marocain ; Impact ; crise sanitaire ;
stabilité financière »
Abstract
The financial crisis, which persisted from 2007 to 2009, had a significant impact on the global economy
and showed that the banking requirements set by the Basel II regulations were insufficient to avoid
financial problems. The Basel Committee therefore designed a new regulatory framework, Basel III,
aimed at improving the resilience of the banking sector. Despite the good intentions expressed by the
Committee on Banking Supervision, the literature has not been able to provide an unambiguous
position on the real impact of the new regulation. The various studies and research carried out have
produced heterogeneous and even contradictory results. The objective of this work is to conduct a
study on the implementation of the new regulation in the Moroccan banking sector, in order to identify
its impact on the stability indicators of Moroccan banks over a period from 2010 to 2020. The analysis
shows a favorable evolution of all indicators considered during the period studied except for the year
2020, impacted by the Covid-19 pandemic which despite its repercussions the banking sector shows a
good resilience.
Keywords: «Prudential regulation; Moroccan banking sector; Impact; health crisis; financial stability»
Introduction
La présente crise a marqué le début d'une nouvelle ère de réglementation prudentielle du secteur
bancaire. Ce qui a conduit le Comité de Bâle à lancer une nouvelle réforme, appelée Bâle III. Conclu
en 2010, puis révisé en juin 2011, l'accord de Bâle III prévoyait une entrée progressive entre 2013 et
2018 (CBCB, 2010). Ce nouvel accord de Bâle III vise à renforcer la transparence et la résilience des
banques en améliorant les règles de solvabilité et de liquidité.
Toutefois, cette nouvelle réglementation prudentielle a été fortement critiquée par la communauté
bancaire, qui insiste sur les effets négatifs de son application sur le financement de l'économie réelle.
Au contraire, les régulateurs minimisent les effets de la réglementation et de la supervision bancaire et
témoignent de leurs avantages en termes de stabilité financière. De nombreuses études portant sur
l'impact de la réglementation ont été réalisées et ont abouti à des résultats mitigés, voire contradictoires.
L'objectif principal de cet article est d'analyser l'impact de la nouvelle réglementation prudentielle sur
la stabilité du secteur bancaire marocain à travers l'analyse des principaux indicateurs présents dans la
littérature. Pour y parvenir, nous proposons dans les lignes qui suivent d'étudier l'impact de la nouvelle
réglementation prudentielle sur le secteur bancaire. A cet effet, la première partie présentera les accords
de Bâle, en soulignant leurs limites, ainsi que les nouveautés apportées par Bâle III, puis se concentrera
sur son impact sur le secteur bancaire. Dans la deuxième partie, nous aborderons les démarches
engagées par Bank-Al Maghrib afin de s'aligner aux recommandations internationales du Comité de
Bâle concernant l'application du nouveau dispositif Bâle III. La dernière partie sera consacrée à
l'analyse de l'impact de la nouvelle réglementation sur les indicateurs de stabilité des banques
marocaines durant la période 2010-2020.
Suite aux nombreuses perturbations sur les marchés bancaires et monétaires internationaux, et en vue
de faire converger et d'assurer la solidité du système bancaire international, les gouverneurs des
banques centrales du G10 1 ont institué en 1974 le Comité de Bâle, accueilli par la Banque des
règlements internationaux (BRI) à Bâle. Pour assurer la stabilité du système bancaire international, la
BRI a déjà mis en place trois normes définissant les règles prudentielles qui doivent être respectées
par les différentes institutions financières. Le premier accord a été publié en 1988 et connu sous le
nom de Bâle I, la deuxième version, appelée Bâle II, en 2004, et la plus récente, Bâle III, en 2010.Ces
dispositions réglementaires sont devenues la base de la réglementation bancaire des différents pays du
monde.
On tentera ci-dessous d'analyser brièvement les accords en question, connus sous le nom d'accords du
Comité de Bâle.
Les principales orientations de la réglementation bancaire ont été définies par le Comité de Bâle en
1988. Elles reposent sur une harmonisation des normes juridiques de la supervision bancaire, en
mettant en place un ratio Cooke qui impose aux institutions financières de pondérer tous leurs
engagements de crédit à 8%.
1
États-Unis, Canada, France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Japon, Suède et Suisse.
qualité des risques, pondération à 50% généralement pour les prêts garantis par une hypothèque,
pondération de 20% réservée aux contreparties bancaires, organisme international ou Etat non-OCDE
et enfin pondération 0% pour les risques souverains OCDE.
Malgré le fait que le ratio Cooke présente l'avantage d'être simple, clair et efficace, il est rapidement
apparu que le ratio Cooke faisait l'objet de nombreuses critiques. En effet, les pondérations utilisées
pour calculer ce ratio ne favorisent pas une évaluation correcte des risques en plus, ce ratio ne prend
en compte que le risque de crédit et ignore la présence d'autres risques. Devant ces contraintes, la
réglementation prudentielle internationale a évolué d'une exigence de fonds propres couvrant le risque
de crédit (Bâle I) vers une exigence de fonds propres intégrant aussi les risques de marché et
opérationnels (Bâle II).
Après de nombreuses critiques et réflexions sur le ratio Cook, le Comité de Bâle a introduit de
nouvelles exigences prudentielles avec la publication en juin 2004 de l'accord de Bâle II, visant à
mieux prendre en compte la complexité du secteur bancaire, l'évolution des techniques de gestion des
risques et le renforcement de la prise en compte des risques en matière d'exigences de fonds propres.
Les accords de Bâle II sont fondés sur l'encouragement des établissements bancaires à mener une
gestion plus fine des risques afin de satisfaire aux exigences en matière de fonds propres.
En effet, le dispositif Bâle II conserve 3 éléments principaux de Bâle I : le ratio de 8% de fonds propres
sur le total des actifs pondérés des risques, l'extension aux risques de marché prévue par l'amendement
de 1996, la définition des différentes catégories de fonds propres.
Le nouveau dispositif vise également à instaurer des exigences de fonds propres pour couvrir le risque
opérationnel, à tenir compte de la qualité de l'emprunteur en utilisant des modèles internes propres à
chaque établissement " IRB, Internal Rating Based " pour mesurer le risque de crédit, ainsi qu'une
autre nouveauté majeure qui concerne la transparence imposée aux banques dans leur communication
financière.
Alors même que Bâle II a mieux appréhendé les risques bancaires, la crise financière qui a débuté en
2008 a fait ressortir ses nombreuses insuffisances. En conséquence, le Comité de Bâle a décidé le
lancement d'une nouvelle réforme, nommée Bâle III, qui fait suite à Bâle II. Le nouveau dispositif Bâle
III vise à renforcer la transparence et la résilience des banques en renforçant les règles de solvabilité
et de liquidité. Dans le cadre de la nouvelle réforme, les principes de pondération des actifs
recommandés par Bâle II demeurent inchangés. La notation des entreprises se fondera sur des
méthodes de notation interne, en fonction de leur profil de risque.
En vue d'éviter l'émergence de nouvelles crises financières et bancaires internationales, Bâle III
propose cinq mesures principales :
• La modification du ratio de levier pour freiner l'emballement de l'effet de levier des banques.
- Défini par le rapport entre la mesure de fonds propres de base Tier 1 et la mesure des expositions
brutes de bilan et hors bilan, il est exprimé en pourcentage :
𝑀𝑒𝑠𝑢𝑟𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑓𝑜𝑛𝑑𝑠 𝑝𝑟𝑜𝑝𝑟𝑒𝑠
Ratio de levier = ≥3%
𝑚𝑒𝑠𝑢𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑙′ 𝑒𝑥𝑝𝑜𝑠𝑖𝑡𝑖𝑜𝑛
• L’introduction de "coussins contracycliques" qui doit être construit durant les périodes de croissance
pour être utiliser en temps de crise.
• L’instauration des deux ratios de liquidité :
- Un de court terme LCR (Liquidity Coverage Ratio) : imposant aux banques de disposer d'actifs
liquides de haute qualité en vue de faire face à une crise de liquidité qui pourrait persister pendant 30
jours.
𝐸𝑛𝑐𝑜𝑢𝑟𝑠 𝑑′ 𝑎𝑐𝑡𝑖𝑓𝑠 𝑑𝑒 ℎ𝑎𝑢𝑡𝑒 𝑞𝑢𝑎𝑙𝑖𝑡é( 𝐻𝑄𝐿𝐴)
LCR= 𝑇𝑜𝑡𝑎𝑙 𝑑𝑒𝑠 𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒𝑠 𝑛𝑒𝑡𝑡𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑡𝑟é𝑠𝑜𝑟𝑒𝑟𝑖𝑒 ≥ 100%
𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑒𝑠 30𝑗𝑜𝑢𝑟𝑠 𝑐𝑎𝑙𝑒𝑛𝑑𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠 𝑠𝑢𝑖𝑣𝑎𝑛𝑡𝑠
Total des sorties nettes de trésorerie sur les 30 jours calendaires suivants = Total des sorties attendues
−minimum (total des entrées de trésorerie attendues ;75% du total des sorties de trésorerie attendues) ;
Chaque catégorie d’entrée et de sortie est pondérée en fonction de leur degré de retrait ou de
disponibilité en période de stress (CBCB 2013).
Les actifs liquides de haute qualité qui composent le numérateur sont les actifs qui peuvent être
facilement transformés en liquidité sans ou avec une très faible perte de valeur même en période de
forte tension de liquidité. Certains de ces actifs sont soumis à une décote, différente selon le type d’actif
en question (CBCB 2013).
- Un autre de long terme NSFR (Net Stable Funding Ratio) : Ratio à moyen terme, destiné à aider les
banques à faire face à une situation de crise pendant un an.
𝑀𝑜𝑛𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑢 𝑓𝑖𝑛𝑎𝑛𝑐𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑠𝑡𝑎𝑏𝑙𝑒 𝑑𝑖𝑠𝑝𝑜𝑛𝑖𝑏𝑙𝑒
NSFR= ≥ 100 %
𝑀𝑜𝑛𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑢 𝑓𝑖𝑛𝑎𝑛𝑐𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑠𝑡𝑎𝑏𝑙𝑒 𝑒𝑥𝑖𝑔é
Néanmoins, la nouvelle réglementation Bâle III a été fortement critiqué par la communauté bancaire,
en effet, les établissements bancaires soulignent les effets négatifs de cette réglementation prudentielle
et considèrent que l'impact sera considérable sur la rentabilité du secteur bancaire et le financement de
l'économie. Elles estiment que les normes prudentielles sont trop restrictives, qu'elles constituent un
handicap pour leur compétitivité et un frein au développement du secteur bancaire. Contrairement à
cela, les autorités de régulation minimisent les effets des facteurs de régulation et de supervision
bancaire et démontrent leurs avantages en termes de stabilité financière.
Les études et recherches sur l'impact des facteurs de régulation et de supervision ont abouti à des
résultats hétérogènes et parfois même contradictoires.
Selon l’étude réalisée par le FMI (Ö.Robe,C.Pazarbasioglu, 2010), les répercussions de la nouvelle
redéfinition de Bâle III sur le Core Tier 1 (CET 1) sont très importantes : en moyenne, 24 % des fonds
propres qui y étaient inclus fin 2009 seront supprimés par les nouvelles exigences pour l'ensemble de
l'échantillon, ne laissant que 78 % de fonds propres valides. Ce pourcentage varie selon les pays, mais
également selon le type de banque (banque commerciale, banque universelle, banque
d'investissement).
Dans le cadre de la même étude, pour reconstruire les fonds propres des établissements bancaires, le
FMI a pris en compte l'hypothèse d'une rétention de 81% des bénéfices. Partant de là, il est apparu que
5 des 80 banques ne seront pas conformes, si elles ne parviennent pas à réaliser entre 2013 et 2019 au
moins 60% de la moyenne des bénéfices réalisés entre 2004- 2007. Ce chiffre passe à 10 banques pour
des réalisations de 45%. On peut donc constater que les banques sont obligées de retenir une part
importante des bénéfices pour reconstituer leurs fonds propres, et donc moins de dividendes à
distribuer aux actionnaires.
Ainsi, selon (Härle et al., 2010), Bâle III aura un impact significatif sur le secteur bancaire européen.
En se basant sur les bilans établis en 2010, le secteur aura besoin d'ici 2019 d'environ 1,1 trillion d'euros
de fonds propres supplémentaires de catégorie 1, de 1,3 trillion d'euros de liquidités à court terme et
d'environ 2,3 trillions d'euros de financement à long terme, sans aucune mesure d'atténuation.
Le principal avantage de la réglementation des fonds propres par rapport aux actifs est la réduction du
risque de défaillance des banques. Parvenir à une meilleure stabilité peut aussi traduire une meilleure
gestion des risques et une meilleure efficacité allocative, dans la mesure où la gestion des risques
bénéficie du maintien de fonds propres plus élevés. Cependant, elle s'accompagne également par des
coûts. L'un de ces coûts est l'inefficacité des opérations bancaires, qui entraîne une diminution de la
richesse des actionnaires de la banque, et un autre est la réduction potentielle des prêts aux
emprunteurs, puisque la banque obtient moins de crédit (Aiyar et al., 2015).
Le Comité de Bâle (2008) définit la liquidité comme « la capacité d'une institution de financer
l'expansion de ses avoirs et d'honorer ses obligations aux échéances prévues, sans enregistrer de pertes
inacceptables ».
Si une réglementation plus stricte de la liquidité peut réduire le risque de panique bancaire et de blocage
du marché interbancaire, l'impact négatif potentiel de la réglementation de la liquidité a fait l'objet d'un
débat animé en raison de son incidence sur les prêts bancaires à l'économie réelle et sur la rentabilité
des banques.
Les acteurs du secteur financier ont affirmé que la réglementation de la liquidité entraînera une
augmentation importante du coût du financement bancaire et nuira à l'économie réelle, car les banques
réduiront l'offre de crédit et répercuteront les coûts plus élevés sur l'économie réelle(KPMG, 2013).
Pour certains, la régulation des liquidités aura un impact plus modeste(BIS, 2010).
(RN. Banerjee, H. Mio, 2014) ont mené une étude empirique sur l'effet de la réglementation des
liquidités sur les bilans bancaires. Ils constatent que les banques ont ajusté leurs structures d'actif et de
passif pour répondre à des exigences plus strictes en matière de liquidité. Les banques ont augmenté
la part des HQLA par rapport au total des actifs, tout en réduisant la part des prêts intra-financiers à
court terme et du financement de gros à court terme, du côté du passif, les banques se sont tournées
vers les dépôts stables des entreprises non bancaires et non financières et ont réduit leur dépendance à
l'égard des financements à court terme moins stables.
Toutefois, ils n'ont trouvé aucune preuve que le durcissement de la réglementation en matière de
liquidité ait eu un impact sur la taille globale des bilans bancaires ou un impact négatif sur les prêts au
secteur non financier, que ce soit par une réduction de l'offre de prêts ou par une augmentation des
taux d'intérêt sur les prêts. En réponse au durcissement des réglementations en matière de liquidités,
les banques se sont tournées vers le financement non financier, ce qui réduit la possibilité de
transmission des chocs à travers un secteur financier interconnecté, ce qui était un problème majeur
pendant la crise financière de 2007-2009.
La mise en place du ratio de levier est destinée à améliorer la stabilité bancaire, mais on prétend parfois
que cette réglementation peut avoir des effets négatifs en poussant les institutions bancaires à
privilégier des actifs plus risqués et mieux rémunérés, et en diminuant l'offre de crédit bancaire.
(Blum, 2008) précise que la mise en place d'un ratio de levier renforce la stabilité bancaire : ce ratio
est un élément qui réduit l'incitation des banques à sous-estimer le risque qu'elles présentent au
superviseur, lorsque ce dernier a peu de capacité à auditer et sanctionner ces banques. Dans le même
sens, (Rugemintwari, 2011), démontre que l'ajout d'un ratio de levier améliore la stabilité du système
bancaire.
(Spinassou, 2016), propose un modèle théorique qui analyse les conséquences de l'ajout d'un ratio de
levier à un ratio de capital pondéré par le risque en termes d'offre de crédit et de stabilité bancaire. Il a
constaté que l'introduction d'un ratio de capital pondéré par les risques réduit l'instabilité bancaire sans
modifier l'offre de crédit dans l'économie, mais que l'ajout d'un ratio de levier réduit l'offre de crédit
sans nécessairement améliorer la stabilité bancaire. La stabilité bancaire n'est améliorée par un ratio
de levier que lorsque le régulateur a peu de pouvoir pour auditer et sanctionner les banques. Son résultat
montre l'importance de prendre en compte l'offre de crédit dans les préoccupations des régulateurs,
notamment lorsque le financement de l'économie dépend principalement de l'offre de crédit par les
banques.
2. L’application du Bâle III au Maroc et son impact sur la stabilité les banques marocaines
2.1. La mise en place du Bâle III au Maroc
En vue de s'aligner aux évolutions réglementaires au niveau international, Bank Al-Maghrib déploie
plusieurs efforts en vue d'adapter le cadre légal et réglementaire applicable pour les établissements de
crédit aux normes requises au niveau international, en vue de doter les établissements bancaires
marocains d'un cadre réglementaire plus robuste. Dans ce sens, plusieurs réformes ont été menées.
Résultat d'une concertation approfondie entre Bank Al-Maghrib et le ministère de l'Économie et des
Finances, la nouvelle loi bancaire a été soumise à une nouvelle réforme, après celles de 1993 et 2006.
Celle-ci a été adoptée par le Parlement le 24 novembre 2014 et a été publiée au Bulletin officiel le 22
janvier 2015 (BAM, 2016).
Cette nouvelle loi, qui tient compte des enseignements tirés de la crise financière et de la nécessité
d'aligner la législation marocaine sur les normes internationales, a défini le cadre juridique de l'exercice
de la surveillance macroprudentielle, tout en consolidant les mécanismes de résolution de crise dont
dispose Bank Al-Maghrib. Elle a également introduit la base juridique nécessaire à l'émergence de
nouveaux acteurs et services financiers, notamment dans le secteur de la finance participative (BAM,
2020).
Les principales avancées de la nouvelle loi bancaire touchent les domaines (BAM, 2020):
- Nouveau mécanisme de surveillance macroprudentielle : Création d'un comité inter autorités chargé
de coordonner les actions de ses membres, d'évaluer les risques systémiques et de mettre en place
toutes les actions pour les prévenir et atténuer leurs effets.
- Consolider le dispositif de résolution des crises bancaires en développant les instruments juridiques
permettant de faire face aux difficultés des institutions de crédit et d'instaurer une procédure d'urgence,
si les circonstances l'exigent.
- Introduction de certaines clauses encadrant l'activité des banques participatives, réalisée par une
banque spécifique ou par une banque conventionnelle dans le cadre de guichets.
- Renforcer la protection des clients par l'extension des pouvoirs de Bank Al-Maghrib dans ce domaine
et la consolidation du système de garantie des dépôts.
Concernant la mise en œuvre de Bâle III, Bank Al-Maghrib a adopté une approche graduelle qui
consiste à donner la priorité aux deux réformes majeures liées aux fonds propres et à la liquidité. En
2013, Bank-Al Maghrib a émis une circulaire qui traduit les normes de fonds propres émises par le
Comité de Bâle en décembre 2010 et qui vise à renforcer la qualité et la quantité des fonds propres. A
la même date, elle a émis une nouvelle circulaire sur le ratio de liquidité dans laquelle elle transpose
le Liquidity Coverage Ratio (LCR) proposé par le Comité précité. Le nouveau ratio vise à renforcer le
profil de liquidité des banques et à promouvoir leur capacité de résistance à un éventuel choc de
liquidité.(BAM, 2013)
Les établissements de crédit au Maroc sont obligés de disposer, sur une base individuelle et consolidée,
de fonds propres de base d'au moins 8% des actifs pondérés des risques, de fonds propres de catégorie
1 d'au moins 9% et de fonds propres de catégorie 1 et 2 d'au moins 12%, soit des niveaux supérieurs à
ceux exigés par le Comité de Bâle pour ses membres (BAM, 2013).
Pour être éligibles, les instruments doivent répondre à des critères d'éligibilité propres à chaque
catégorie. Les changements introduits par ce nouveau règlement incluent le critère selon lequel l'achat
de l'instrument ne doit pas être financé directement ou indirectement par l'institution.
Ces nouvelles normes sont effectives depuis le 1er janvier 2014, avec une mise en œuvre progressive
de certaines dispositions prévue jusqu'en 2019 (BAM, 2013).
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Volume 3 : Numéro 9
❖ Ratio de liquidité
Selon ce ratio de liquidité, les banques sont censées disposer de suffisamment d'actifs liquides de haute
qualité pour résister à une crise de liquidité grave d'une durée de 30 jours. Selon la réforme proposée,
le ratio de liquidité minimum doit être de 100 %. En cas de crise de liquidité, les banques pourraient
utiliser leur stock d'actifs liquides de haute qualité et être autorisées par Bank Al-Maghrib à s'écarter
ponctuellement de ce seuil minimum.
Cette mesure a été introduite par le Comité de Bâle en janvier 2013 dans le cadre des assouplissements
du LCR. Ce ratio, qui vient remplacer l'actuel ratio de liquidité, doit entrer en vigueur le 1er juillet
2015, après une période d'observation de 18 mois, à compter de cette date, le ratio minimum à respecter
par les banques est fixé à 60%, puis progressivement augmenté de 10 points par an pour atteindre
100% au 1er juillet 2019.(BAM, 2013).
La démarche adoptée par le Maroc pour l'identification des banques d'importance systémique
retranscrit la méthodologie établie par le Comité de Bâle, bien que des adaptations puissent être prises
en compte en raison de la spécificité du secteur bancaire marocain. D’ailleurs, le Maroc à retenus trois
critères pour l’identification de ces banques à savoir : la taille, l’interconnexion et la complexité (BAM,
2014).
Pour les banques d'importance systémique, les exigences prudentielles seront renforcées, notamment
en termes de ratios de fonds propres, de sorte qu'elles devraient faire l'objet d'une surveillance
renforcée et d'exigences réglementaires plus exigeantes en matière d'information (BAM, 2014).
Depuis la date de la mise en vigueur de ces nouvelles dispositions, Bank Al-Maghrib envisage de fixer
le niveau du coussin contracyclique à 0 %. Au cas où Bank Al-Maghrib déciderait d'augmenter le
niveau du tampon, elle notifiera les institutions bancaires 12 mois avant la date limite de mise en
œuvre. Par contre, la décision de Bank Al-Maghrib de réduire le niveau du tampon prendrait effet
immédiat. (BAM, 2015b).
Ce ratio, mis en place par la banque centrale, s'inscrit dans le cadre de la transposition des dispositions
de Bâle III et ce, conformément à la norme adoptée par le Comité de Bâle en 2014 et revue en 2017.
Il convient de noter qu'en 2020, Bank Al Maghrib a finalisé le projet de circulaire fixant un ratio de
levier minimum à respecter par les banques. Ce dernier s'ajoute aux exigences de solvabilité des
banques.(BAM, 2020).
Ce ratio de levier, qui est exprimé en pourcentage, est égal au rapport entre les fonds propres de
catégorie 1 des banques et le total de leurs engagements du bilan et du hors bilan. Il a été fixé, sur une
base sociale et consolidée, à 3% en conformité avec le dispositif de Bâle (BAM, 2020). Ce projet de
texte a fait l'objet d'un processus de consultation avec les banques et a donné lieu à une étude d'impact
qui a montré que les banques respectaient les exigences minimales (BAM, 2020).
En 2019, Bank Al Maghrib a entamé les travaux nécessaires à la finalisation du cadre prudentiel connu
sous le nom de Bâle III, notamment les projets de circulaires relatifs à la transposition du ratio de levier
et du ratio structurel de liquidité à long terme (NSFR) (BAM, 2019).
Dans la continuité des actions menées les années précédentes visant à la mise en place d'un cadre de
supervision macro-prudentielle renforcé, Bank Al Maghrib a œuvré en 2013 à consolider le dispositif
institutionnel et opérationnel visant à identifier et réguler les risques systémiques, en concertation avec
les autres régulateurs du secteur financier (BAM, 2013).
Au niveau institutionnel, des avancées significatives ont été réalisées dans la mise en place de
mécanismes de prévention des crises et de coordination des réponses. En ce sens, trois comités ont été
mis en place pour assurer une coopération plus large et plus étroite entre les régulateurs du système
financier afin de contrôler le risque systémique, il s’agit du Comité de stabilité financière interne de la
Banque centrale, du comité de coordination et surveillance des risques systémiques « CCSRS » et du
Comité de crise (BAM, 2019).
Par ailleurs, Bank Al-Maghrib a mené deux exercices exercices de simulation de crise, le premier en
2009 et le second en 2014, avec l'assistance de la Banque Mondiale et en collaboration avec les autres
autorités financières. Le but de ces exercices est de tester, à travers un scénario de crise, le
fonctionnement des mécanismes opérationnels et juridiques existants, ainsi que les mécanismes
d'échange d'informations et de coordination entre les autorités de régulation du secteur financier
(BAM, 2014).
Les résultats de ces stress tests sont relativement rassurantes, en effet, le système bancaire marocain
affiche une bonne capacité de résilience face à d'éventuels chocs macroéconomiques.
De même, la sensibilité des banques face au risque de liquidité reste très gérable et leur exposition aux
risques de contagion reste limité. En contrepartie, les tests dévoilent une grande exposition des banques
au risque de concentration dans le cas de défaillance des plus gros débiteurs (RSF, 2016).
Selon (Gadanecz, 2009), la stabilité bancaire peut se définir comme étant une condition où le système
bancaire est capable de résister aux chocs et aux déséquilibres financiers. De nombreux travaux, dont
les plus récents sont (Mishra & Majumdar, 2013) et (Kocisová et Stavárek, 2015), sont dédiés aux
méthodologies de développement d'indicateurs de stabilité financière et/ou de stabilité bancaire.
D’ailleurs, plusieurs banques centrales et institutions financières internationales ont élaboré de tels
indicateurs en vue d'améliorer la stabilité financière.
En effet, la construction d'indices de stabilité bancaire, fondée sur une approche de type CAMEL(S)2,
repose principalement sur quatre critères : l'adéquation des fonds propres, la qualité des actifs, la
liquidité et la rentabilité.
2
Capital adequacy, Asset quality, Management quality, Earning ability, liquidity position and Sensitivity to market
risk.
taux de risque qui traduit la qualité du portefeuille de crédit des banques. Or, les différents indicateurs
choisis sont issus des rapports annuels de BAM pour la période allant de 2010 à 2020.
En effet, l'année 2010 a été caractérisée par le lancement du nouveau cadre réglementaire appelé "Bâle
III". Celui-ci vise à harmoniser la définition des fonds propres de base, à revoir les exigences
minimales de fonds propres et à introduire, pour la première fois, des normes quantitatives de liquidité.
Ce cadre a souligné la nécessité pour tous les pays, quel que soit leur niveau de développement, d'y
adhérer afin d'atteindre un double objectif à savoir celui de renforcer le système financier et de le
rendre plus résistant en période de crise et celui de favoriser une croissance économique durable. À la
même date, la Banque centrale a continué le processus de réforme entamé dans le cadre du nouveau
dispositif " Bâle III " en mesurant son impact sur le secteur bancaire marocain. (BAM, 2010).
En dépit des perturbations économiques provoquées par la crise sanitaire et économique à laquelle
nous assistons aujourd'hui et qui pourrait être beaucoup plus grave en raison de son intensité, de sa
rapidité et de sa dimension internationale, les institutions financières marocaines font preuve d'une
bonne résistance.
En effet, l'analyse des indicateurs de rentabilité des banques marocaines, révèle une tendance générale
à la hausse de tous les indicateurs sauf pour l'année 2020, marquée par la crise sanitaire de Covid-19,
qui en dépit de ses retombées sur la rentabilité des institutions financières, le secteur financier demeure
généralement résilient.
La figure 1 montre que le produit net bancaire (PNB) des banques marocaines est passé de 32,5
milliards de dirhams en 2010 à 49,5 milliards de dirhams en 2020, soit une augmentation de 52,30%
durant la période analysée. Cette augmentation est attribuable à la bonne progression générale de la
marge d'intérêt et de la marge sur commissions et à une augmentation importante du résultat des
activités de marché. Concernant la structure du produit net bancaire (PNB), la figure N°2 montre que
tout au long de la période étudiée la marge d'intérêt monopolise la grande part avec un taux de 72%
suivie du résultat des opérations de marché avec un taux moyen de 14%, à ses côtés on trouve que la
marge sur commission représente une part de 13,9%, soit une part similaire à celle du résultat des
opérations de marché.
Figure N°1 : Evolution du produit net Figure N°2 : Structure du Produit net bancaire
bancaire (en milliards de dirhams) des banques marocaines (en %)
Source : Auteurs
Concernant le coefficient d'exploitation moyen c’est un indice qui mesure la part des bénéfices des
banques qui est absorbée par les coûts fixes. En effet, depuis 2008, les banques réduisent leurs dépenses
pour améliorer leur rentabilité, la figure N°3, révèle que le résultat brut d'exploitation a augmenté de 49%
par rapport à 2010, pour se stabiliser à 26,7 milliards de dirhams à fin 2020. Ce dernier a connu une
tendance favorable sur la période examinée, malgré la hausse des charges générales d'exploitation dont
la proportion par rapport au PNB a été fixée à 50% en 2020 contre 46,3% en 2010.
Source : Auteurs
Quant au coût du risque, il a augmenté de 74,1% pour atteindre 12,5 milliards de dirhams, amenant sa
part dans le résultat brut d'exploitation à 47% contre 18,3% en 2010 (figure 4). Cette évolution est
attribuable aux effets de la crise Covid-19 sur la solvabilité des emprunteurs.
En effet, l'année 2020 a été durement affectée par la pandémie Covid-19 et a vu plusieurs secteurs
afficher des contre-performances. Au niveau du secteur bancaire, on constate une accélération de
l'encours des créances, des pressions sur la liquidité ainsi qu'un ralentissement au niveau de la
distribution du crédit. Tout ceci a été traduit par une forte baisse des résultats du secteur bancaire en
conséquence d'une augmentation significative du coût du risque.
Source : Auteurs
L'analyse de la figure N°5, montre que le résultat net des banques a connu une amélioration progressive
durant la période étudiée, toutefois l'exercice de l'année 2020, a révélé un résultat qui a reculé de 43.2%
pour atteindre 6.8 milliards de dirhams contre 9.7 milliards de dirhams en 2010, soit la baisse la plus
importante enregistrée durant cette dernière décennie. Cette baisse est due principalement à la baisse
de certaines activités durant le confinement, à l'augmentation du coût du risque ainsi qu'aux cotisations
des institutions bancaires au fonds spécial pour la gestion de la pandémie Covid-19 (RSF, 2020).
Figure N°5 : Evolution du résultat net des banques (en milliards de dirhams)
Source : Auteurs
La figure N°6 montre que durant la période étudiée, la rentabilité des actifs (ROA) et la rentabilité des
fonds propres (ROE) ont connu une tendance générale à la baisse, la rentabilité des actifs (ROA)
passant de 1,1% en 2010 à 0,5% en 2020, soit une détérioration de 0,6 point, et la rentabilité des fonds
propres (ROE) passant de 14,2% en 2010 à 4,8% en 2020, soit une baisse de 9,4 points. En excluant
l'année 2020 marquée par la crise sanitaire et ses répercussions, on peut considérer que la baisse de la
rentabilité des capitaux propres est liée au renforcement des fonds propres.
Source : Auteurs
L'analyse des principales composantes de la rentabilité des banques marocaines affichent une bonne
résistance, toutefois, à cause de la pandémie de Covid-19, les paramètres ont été affectés. Par ailleurs,
dans le cadre de la continuité de notre analyse de la solidité du secteur bancaire marocain durant la
période de 2010 à 2020. La présente étape sera axée sur l'analyse de la solvabilité, de la liquidité et de
la qualité des crédits bancaires.
En ce qui concerne la solvabilité, la figure N°7 démontre qu'au cours de la période étudiée, les banques
marocaines ont procédé à l'application des dispositions définies par le Comité de Bâle, surtout en
matière de renforcement de la qualité des fonds propres. En effet, malgré les retombées de la crise
sanitaire, les ratios moyens de solvabilité du secteur bancaire restent supérieurs aux exigences
réglementaires minimales.
La figure n°7 indique également que les fonds propres prudentiels des banques marocaines sont passés
de 81 milliards de dirhams en 2010 à 158 milliards de dirhams en 2020, soit une augmentation de 95%
durant la période examinée. Concernant les fonds propres Tier 1, ils ont connu une augmentation de
79% par rapport à 2010, pour se stabiliser à 114,6 milliards de dirhams en 2020 contre 64 milliards de
dirhams en 2010. Quant au ratio des fonds propres Tier 1, il a été établi à 11,4% en 2020 contre 9,7%
en 2010, pour un minimum réglementaire de 9%.
Par ailleurs, le ratio de solvabilité, qui traduit la capacité du système à faire face à l'ensemble de ses
engagements avec ses fonds propres, reste supérieur à la norme réglementaire fixée à 12 %. Il est passé
de 12,3 % à la fin de 2010 à 15,7 % à la fin de 2020.
Figure N°7 : Evolution des fonds propres et du ratio de solvabilité des banques (en %)
Source : Auteurs
Au niveau des créances impayées, le graphique N°8 révèle qu'elles sont passées de 5,5% à la fin 2010
à 8,2% en 2020, atteignant près de 80 milliards de dirhams en 2020. Cette tendance s'explique par la
détérioration des conditions économiques sous l'effet de la crise sanitaire, qui a accentué les difficultés
de certaines entreprises et a augmenté les impayés des ménages fragilisés par la réduction de leur
activité et par la perte d'emploi (BAM, 2020).
Source : Auteurs
En matière de liquidité, les actifs liquides et réalisables des banques, qui regroupent les encaisses, les
dépôts auprès de Bank Al-Maghrib, les prêts interbancaires, les bons du Trésor gratuits et les certificats
de dépôt, ont atteint, à fin 2020, un encours de 240 milliards de dirhams (BAM, 2020). La part de ces
actifs dans le total des actifs a été établie à 16,1% en 2020 contre 12% en 2010. Pour ce qui est du ratio
de liquidité à court terme (LCR) dégagée par les banques, il s'élève en moyenne à 194%, contre 130%
en 2014. Un niveau largement supérieur à la limite réglementaire qui est de 100%, témoignant d'un
niveau de liquidité confortable pour les banques marocaines (Figure n°10).
Figure N°9 : Evolution des actifs liquides et Figure N°10 : Evolution du LCR moyen du
réalisables par rapport au total-actif (en %) système bancaire (en %)
Source : Auteurs
Conclusion
Dans cet article, on a vu que suite aux insuffisances constatés lors de la crise des subprimes, le comité
de Bâle à mis en place un nouveau dispositif prudentielle Bâle III, en apportant des nouveautés visant
le renforcement des fonds propres des banques, l’instauration des nouveaux ratios de liquidité pour le
court et le long terme, ainsi que l’instauration d’un ratio de levier.
On a vu également que pour se conformer à ce nouveau dispositif les établissements bancaires sont
obliger de réserver une partie importante de leurs bénéfices pour reconstruire les fonds propres, afin
de s’aligner aux nouvelles exigences réglementaires.
Par ailleurs, l’objectif principal de cet article était d’étudier l’impact des nouvelles exigences
réglementaire sur la stabilité du secteur bancaire marocain. En effet, l’étude a été faite sur la base de
l’évolution des indicateurs clés de stabilité sur une période allant de 2010 jusqu’à 2020. L’examen de
l’évolution des différents indicateurs durant la période étudiée a montré une évolution favorable, à
l’exception de l’année 2020 marqué par les perturbations liées à la pandémie du Covid-19, on a
remarqué qu’il y a une accélération des créances en souffrance, une forte baisse des résultats et une
hausse importante du coût du risque.
Au-delà des répercussions de la pandémie, le secteur bancaire marocain, affiche une bonne résilience
et semble bien armé pour relever les différents défis. En effet, durant la dernière décennie, les banques
ont fait un effort remarquable liée au renforcement de leurs fonds propres et se sont dotées d’une
structure financière solide qui se traduit par des niveaux de ratio de solvabilité et de liquidité largement
supérieurs au minimum réglementaire.
Cet article était une occasion pour montrer que les nouvelles dispositions de la réglementation
prudentielle mise en place constituent le fruit de l’évolution du système bancaire et financiers et de
succession des crises. En effet, les orientations Bâle III ont réussi au renforcement de la solidité des
établissements bancaires marocaines, qui malgré les conséquences de la crise sanitaire affichent une
bonne résilience.
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