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Analyse infinitésimale
Volume 1
André Pétry
4
Table des matières
Préface 11
1 Notions de nombres 13
1.1 Variables, constantes,. . . , ensembles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2 Nombres naturels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.3 Nombres entiers, notion de groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.4 Nombres rationnels, notion de corps commutatif . . . . . . . . . . . 16
1.5 Calcul algébrique dans un corps commutatif . . . . . . . . . . . . . . 17
1.6 Droite cartésienne et nombres réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.7 Nombres irrationnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.8 Nombres complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.9 Comparer des nombres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.10 Ensembles finis, ensembles infinis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
1.11 Le plus grand, le plus petit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.12 Complétude des réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
1.13 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
3 Notion de dérivée 49
3.1 Quelques généralités à propos de fonctions . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.2 Premiers pas avec la dérivée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
4 Principe de Transfert 53
4.1 Formules et systèmes standard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
4.2 Principe de transfert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
4.3 Application à la racine carrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
4.4 Variantes du Principe de transfert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
5
6
5 Dérivées et continuité 65
5.1 Définition de la dérivée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
5.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
5.3 Théorème des accroissements infinitésimaux . . . . . . . . . . . . . . 69
5.4 Continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
5.5 Règles de dérivation et de continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
5.6 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
5.7 Continuité des fonctions monotones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
5.8 Limites de fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
5.9 Du “dessin” aux hyperréels et inversément . . . . . . . . . . . . . . . 79
5.10 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
11 Intégrales 141
11.1 Discrétisation de [a, b] de pas ∆x . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
11.2 L’idée initiale : l’estimation d’une aire par des rectangles . . . . . . . 142
11.3 Sommes de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
11.4 Définition de l’intégrale de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
11.5 Existence de l’intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
11.6 Calcul de l’aire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
11.7 Propriétés des intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
11.8 Application au logarithme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
11.9 Intégrales avec des bornes d’intégration hyperréelles . . . . . . . . . 154
11.10Calcul approché des intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
Les trois thèmes de ce premier volume sont : les dérivées, les intégrales et les
équations différentielles, le plus souvent on se limite à considérer des fonctions d’une
variable. Le volume 2 est consacré pour une bonne part aux fonctions de plusieurs
variables. Dans les présentations “classiques 1 ” de l’Analyse, les notions de dérivée
et d’intégrale reposent sur la notion de limite, tout se passe alors dans le “monde”
1. l’adjectif “classique” est ici usurpé car il fait référence à la présentation de l’Analyse introduite
au 19e siècle tandis que la présentation infinitésimale date du 17e siècle !
11
12
des nombres réels. Il n’en est pas ainsi en Analyse non standard, comme d’ailleurs
il n’en n’était pas ainsi pour les savants et mathématiciens qui ont fondé l’Analyse :
Leibniz, Euler . . . ne connaissaient pas les limites ! 2 . En Analyse non standard
et dans la présentation ici suivie, on se place dans un ensemble de nombres plus
riche que l’ensemble des nombres réels ; parmi ces nombres on trouve notamment les
quantités infinitésimales utilisées dès le 17e siècle. Ces nombres étendant les nombres
réels sont appelés les nombres hyperréels.
La notion de nombre est donc ici particulièrement importante. Ainsi le premier
chapitre est consacré à un voyage à travers les nombres habituels et, dès le chapitre 2,
on apprend à connaître et à se familariser avec les nombres hyperréels. Les dérivées
apparaissent au chapitre 3. Les notions d’ordre de grandeur sont essentielles, on
les étudie dès le chapitre 6. Les tangentes à une courbe ont ici une présentation
particulièrement simple et sont étudiées au chapitre 7. Les intégrales apparaissent
au chapitre 11. Les deux derniers chapitres de ce premier volume sont consacrés aux
équations différentielles. La théorie et les applications cohabitent, ainsi à côté de
démonstrations et justifications théoriques, on trouve des exemples et de nombreux
exercices.
Que l’on se rassure, l’outil mathématique obtenu via les méthodes non standard
contient les résultats “classiques”, ainsi la plupart des théorèmes importants restent
dans leur formulation inchangés et, au niveau des exercices, on continue à calculer
les intégrales et résoudre les équations différentielles de façon usuelle. Mais on espère
que l’outil mathématique aura acquis plus de proximité, plus de sens concret et donc
plus de disponibilité en vue de son utilisation.
Ces notes sont le manuel du cours d’Analyse enseigné dans le département In-
génieur industriel de la Haute Ecole de la Province de Liège, le volume 1 est utilisé
en bachelier 1 et le volume 2 est à destination des bacheliers 2.
Je remercie mes collègues qui m’ont aidé dans ce travail, d’abord mon épouse
Jacqueline Havelange, mais aussi Yvette Leyen, pour leur aide et leur contri-
bution à notre travail d’enseignement.
2. la notion de limite apparaît, sans doute pour la première fois, chez d’Alembert à la moitié du
18e siècle et c’est Cauchy qui, entre 1820 et 1830, est le premier à les utiliser de façon systématique
pour développer l’Analyse.
Chapitre 1
Notions de nombres
u := x2 + x + 1
13
14 Chapitre 1. Notions de nombres
Par proposition on entend une formulation précise et non ambigüe d’une pro-
priété. Pour signifier que dans la formulation d’une proposition intervient la variable
x, on représente la proposition par P(x), bien entendu P(u) représente alors la pro-
position P(x) où la variable x est remplacée partout par u . On procède de façon
analogue pour une proposition faisant appel à deux variables x, y en écrivant P(x, y).
Rappelons les conventions et notations ensemblistes usuelles. Un ensemble est
une collection d’objets ; si E représente cette collection d’objets et si a est un des
objets la composant, on dit que a est un élément de E, ce qui est noté a ∈ E .
Soient A , B des ensembles. A et B sont égaux, en abrégé A = B , lorsque A et B
ont les mêmes éléments ; A est inclus dans B, ou A est une partie de B, en abrégé
A ⊂ B , lorsque tout élément de A est un élément de B .
La notation suivante est très souvent utilisée : considérons une proposition P(x) ,
on désigne alors par
{x : P(x)}
l’ensemble dont les éléments sont les objets u tels que la proposition P(u) soit vérifiée.
Considérons des objets u, v, w. . . . On note {u} l’ensemble dont le seul élément
est u ; on note {u, v} l’ensemble dont les éléments sont u et v, de même {u, v, w}
l’ensemble dont les éléments sont u , v et w . Bien entendu on ferait de même avec
quatre objets, cinq objets . . . .
Considérons des ensembles A et B, alors l’union de A et de B, notée A ∪ B,
l’intersection de A et de B, notée A ∩ B, le complémentaire de B dans A, noté
A \ B, sont définis par :
A∪B := {x : x ∈ A ou x ∈ B} ,
A∩B := {x : x ∈ A et x ∈ B} ,
A\B := {x : x ∈ A et x 6∈ B} .
L’ensemble vide noté ∅ est l’ensemble n’ayant aucun élément. Deux ensembles sont
dits disjoints lorsque leur intersection est vide.
Tout ensemble non vide de naturels contient un plus petit élément (1.1)
ou bien on peut trouver un naturel p2 < p1 qui soit dans E. De la sorte ou bien on
trouve le plus petit élément de E, ou bien on obtient des naturels p0 , p1 , p2 , . . . , pn
tels que
pn < pn−1 < . . . p2 < p1 < p0 .
Cette deuxième éventualité ne peut continuer indéfiniment : le nombre de naturels
< p0 est p0 , il est donc impossible qu’après p0 itérations du processus ci-dessus on
n’ait pas trouvé le plus petit élément de E. ✷
Ce résultat est lié à la méthode usuelle de raisonnement par récurrence :
Considérons une proposition P(x). Supposons :
— la proposition P(0) est vérifiée,
— pour tout naturel m, la proposition P(m) entraîne P(m + 1).
Alors P(m) est vérifiée pour tout naturel m
En fait cela est une conséquence du résultat (1.1), en effet dans les conditions ci-
dessus s’il existait un naturel p tel que P(p) soit faux, en considérant le plus petit
de ces naturels, on obtiendrait un naturel 6= 0, qui serait donc de la forme q + 1,
mais alors P(q) devrait être vérifié et donc P(q + 1) aussi, on obtiendrait ainsi une
contradiction.
−1, −2, −3, −4, −5, −6, −7, −8, −9, −10, −11, −12, −13, −14, . . . ;
l’ensemble des entiers est noté Z . Les entiers s’obtiennent donc au départ de 0 en
itérant les opérations +1 et −1 .
Soient m, n, p des entiers quelconques. Alors m + (n + p) = (m + n) + p et
m + 0 = m. Dans les entiers on peut également effectuer des soustractions : effectuer
la soustraction m−n consiste à résoudre l’équation x+n = m et cela marche puisque
(m + (−n)) + n = m . Une telle situation est à la base de la notion de groupe.
Considérons un ensemble G . Une opération ⋄ interne et partout définie sur
G associe à tous x, y éléments de G un élément de G noté x ⋄ y . Ainsi l’addition et
la multiplication sont des opérations internes et partout définies à la fois sur N et Z.
Exposants entiers
Soit n un naturel 6= 0 et a dans K. On définit le multiple na en posant :
na := a + a + . . . + a .
| {z }
n
ap+q = ap · aq , (a · b)p = ap · bp
a3 − b3 = (a − b)(a2 + ab + b2 ) et a3 + b3 = (a + b)(a2 − ab + b2 ) .
Binôme de Newton
Etant donnés a0 , a1 , . . . , am dans KP, on peut additionner ces nombres, on
obtient ainsi un élément de K noté m k=0 ak , plus généralement
si 0 ≤ i ≤ j ≤ m, on pose
j
X
ak := ai + ai+1 + . . . + aj .
k=i
cela se prouve par récurrence sur l’exposant m (voir par exemple [8]). Rap-
pelons encore : pour tous naturels m, k tels que k ≤ m ,
k m m!
Cm = := .
k k!(m − k)!
La formule du binôme de Newton rend pour n = 2 et n = 3 les formules
usuelles donnant (a + b)2 et (a + b)3 .
Certains corps commutatifs peuvent toutefois réserver des surprises. C’est le cas
des entiers modulo p (c’est-à-dire 0, 1, . . . , p − 1) qui, si p est un nombre premier,
forment un corps commutatif, noté Zp (voir par exemple [8]).
Si r est un réel on appelle partie entière de r, notée [r] le plus grand entier ≤ r .
Y D′
X
O U
✲
a 1 a.b b
A′ D′
U′
O X U
✲
1/a 1 a
O H Q
√ ✲
1 a a
1. Cherchons un irrationnel v tel que a < v < b . Prenons des réels a′ , b′ tels que
a < a′ < b′ < b . Si a′ ou b′ sont irrationnels on prend v = a′ ou v = b′ . Envisageons
le cas où a′ et b′ sont rationnels, alors il suffit de prendre
b ′ − a′
v := a′ + √ .
2
22 Chapitre 1. Notions de nombres
1
2. Cherchons un rationnel w tel que a < w < b . Fixons un naturel m tel que m > b−a .
Il s’ensuit 1 < m·b−m·a , on peut donc trouver un naturel p tel que m·a < p < m·b
d’où
p
a< <b.
m
L’ensemble des complexes est noté C et lorsque le plan est assimilé comme ci-dessus
aux nombres complexes le plan est appelé le plan complexe.
On peut vérifier :
< C, +, ·, (0, 0), (1, 0) > est un corps commutatif.
Montrons par exemple que tout complexe (a, b) 6= (0, 0) a un inverse. Remarquons
Dans le plan cartésien l’axe des abscisses est dès lors appelé l’axe réel.
Le nombre complexe i est défini comme étant le nombre complexe (0, 1). Il s’en-
suit
i2 = −1 .
Les trois objectifs précisés plus haut sont donc atteints.
Remarquons :
autrement dit
(a, b) = a + b i ,
Par relation sur un ensemble A on entend une proposition R(x, y) telle que pour
tous x, y dans A la proposition R(x, y) est soit vraie, soit fausse. La relation R(x, y)
définit un ordre total sur A lorsque, pour tous x, y, z dans A,
— R(x, x) est vraie,
— (R(x, y) et R(y, z)) entraîne R(x, z) ,
— (R(x, y) et R(y, x)) entraîne x = y ,
— pour tous x, y se trouvant dans A, on a R(x, y) ou R(y, x).
R(x, y) signifie alors que x est “inférieur ou égal” à y pour l’ordre considéré. Aussi
plutôt que de représenter une relation d’ordre par R(x, y) on utilisera la notation
; si u v et u 6= v, on écrit u ≺ v ou encore v ≻ u .
24 Chapitre 1. Notions de nombres
Il est clair que ≤ définit un ordre total sur N, Z, Q, R. Sur les nombres complexes
on pourrait par exemple définir une relation d’ordre comme suit :
Bien entendu le corps des rationnels et le corps des réels munis de l’ordre ≤
habituel sont des corps ordonnés.
|u + v| |u| + |v| .
|u| ≺ v ssi − v ≺ u ≺ v .
diviseurs entiers de 24 1 2 3 4 6 8 12 24
numéros correspondant 0 1 2 3 4 5 6 7
ainsi pour compter ces diviseurs entiers on a utilisé tous les naturels ≤ 7. Le cas
général est semblable :
Ainsi un ensemble fini dont le nombre d’éléments est m+1 peut donc être énuméré
sous la forme a0 , a1 , . . . , am de telle sorte que aj 6= ak si j 6= k .
On prouve que toute partie d’un ensemble fini est finie, que l’union de deux
ensembles finis est finie et, plus généralement, si p est un naturel, que l’union de p
ensembles finis est finie.
En procédant par récurrence, on montre que tout ensemble fini non vide de K
ayant m + 1 éléments peut être énuméré sous la forme
u0 ≺ u1 ≺ . . . ≺ um ,
il est clair qu’un tel ensemble a un plus petit élément (à savoir u0 ) et un plus grand
élément (à savoir um ), d’où
Théorème 5. Toute partie finie et non vide d’un corps ordonné a un plus grand
élément et un plus petit élément.
entre deux réels distincts il y a une infinité de rationnels et une infinité d’irrationnels.
1.12. Complétude des réels 27
Ce résultat n’a rien d’anodin, il est une des propriétés caractéristiques des nombres
réels. Ainsi on ne dispose pas d’un tel résultat pour les rationnels comme le montre
l’exemple suivant : l’ensemble
E := {x : x ∈ Q et x2 < 2} ,
est une partie de Q bornée supérieurement dans Q et pourtant n’admet pas dans Q
de borne supérieure
√ dans Q . En effet, supposons que b soit cette borne supérieure,
√
alors b 6= 2 et il existerait donc un rationnel q compris strictement entre b et 2 .
Deux cas se√présentent : √
— b < 2, alors q < 2 d’où q 2 < 2 et q serait un élément de E supérieur b, ce
qui est
√ impossible
√ ;
— b > 2, alors 2 < q < b et q serait un majorant de E dans Q qui serait
inférieur à b ce qui est également impossible.
L’ensemble
√ E ne peut donc admettre de borne supérieure dans Q . Mais bien entendu
2 est la borne supérieure de E dans R.
1.13 Exercices
1. Avec la règle et le compas construisez sur la droite cartésienne les nombres
5 √ 5 √ 5√ √
, 3, + 3, 3 , 1/ 3 .
7 7 7
2. Les ensembles suivants sont-ils finis, infinis ? Pourquoi ?
1. [1, 17], 2. {x : x ∈ N et 1 ≤ x√≤ 17},
3. {x : x irrationnel et 1 ≤ x ≤ 17}, 4. {x : x ∈ N et x ≤ 127},
5. {x : x ∈ Z et x√≤ 9/2}, √ 6. {x : x ∈ Q et 1 ≤ x < 9},
7. {x : x ∈ Q et 2 ≤ x ≤ 3}, 8. {m/n : m, n ∈ N et n 6= 0 et m, n ≤ 10},
9. {x : sin x = 0}, 10. {x : cos x = 0 et − 20 < x < 20},
11. {x : x ∈ N et x diviseur de m}, 12. {x : x ∈ N et x multiple de m},
Ci-dessus m est un naturel.
Chapitre 2
On va ici considérer de nouveaux nombres qui vont étendre les nombres réels.
Parmi ces nombres on trouvera des infiniment petits et des infiniment grands.
La notion d’infiniment petit remonte à la fin du 17e siècle et elle fut alors intro-
duite explicitement par G.W. Leibniz dans la seconde moitié du 17e siècle, mais elle
était utilisée dès la première moitié de ce siècle par Fermat pour la recherche des
extrema et des tangentes. Pour Leibniz, un infiniment petit est une quantité “idéale”
dont le module est inférieur à toute quantité concrète 1 . Tant que l’on se limite aux
nombres réels et qu’on interprète “nombre concret” par nombre réel> 0 , il est clair
que le seul infiniment petit est 0, en effet si r était un réel infiniment petit non nul,
on devrait notamment avoir
|r| 1
|r| < et donc 1 < !
2 2
Mais précisément, dès la seconde moitié du 17e , pour développer la Physique, en
particulier la cinématique, les savants de l’époque ont besoin de considérer des va-
riations infinitésimales, notamment des variations infinitésimales du temps, et ces
variations doivent évidemment être non nulles. Pour considérer de telles grandeurs il
faut donc de nouveaux nombres. Bien que ne pouvant préciser la nature des quantités
infiniment petites, les savants des 17e et 18e siècles (Leibniz, les Bernoulli, Euler. . . )
ont utilisé de telles quantités, cela ne fut pas sans poser de nombreux problèmes,
sans engendrer de nombreuses discussions, mais les développements fulgurants que
connurent alors les Mathématiques et la Physique montrèrent à quel point l’utilisa-
tion de telles quantités était utile et fructueuse.
Le peu de clarté concernant la nature et l’existence d’infinitésimaux non nuls
poussa les mathématiciens à se détourner progressivement de l’utilisation de nombres
infinitésimaux et à fonder l’Analyse mathématique sur d’autres bases. Ainsi Lagrange
dès la fin du 18e siècle essaie de fonder l’Analyse sur base des développements en
séries mais cela s’avère vain. Au 18e siècle, d’Alembert introduit déjà la notion de
limite sans avoir recours aux infiniment petits et au début du 18e siècle, Cauchy
précise et développe cette notion et la prend comme base de l’Analyse. Cette évolu-
tion est ensuite complétée et parachevée pour aboutir à la présentation “moderne”
1. forcément > 0 pour Leibniz
29
30 Chapitre 2. Les nombres hyperréels
donnée par Weierstrass dans son Cours d’Analyse (1870). Cette histoire est très riche
et passionnante (on peut la suivre dans divers ouvrages, par exemple dans [5], [7] ou
encore dans le chapitre 10 de [18]).
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En effet, en 1960, A. Robinson construit une
extension des réels dans laquelle il existe des infiniment petits non nuls et qui permet
de développer l’Analyse en suivant les méthodes infinitésimales ! Voilà qui remet à
l’honneur les arguments et présentations de Leibniz et de ses successeurs. L’Analyse
qu’on développe de la sorte est appelée l’Analyse non standard. C’est la voie qui a
été ici choisie.
L’histoire des infiniment petits doit aussi nous rappeler une autre extension des
réels : les nombres complexes. Là aussi il s’agissait d’ajouter aux réels d’autres
nombres, là aussi il a fallu longtemps (fin du 18e siècle) pour que les nombres
complexes (introduits dès le 16e siècle) soient admis par toute la communauté des
mathématiciens.
Les nombres qui composent l’extension trouvée et exhibée par A. Robinson s’ap-
pellent les nombres hyperréels. Le cahier des charges que ces nombres doivent
respecter est le suivant :
1. les nombres hyperréels doivent se manipuler en appliquant les règles usuelles
du calcul algébrique, on veut aussi pouvoir comparer ces nombres, par consé-
quent les nombres hyperréels doivent former un corps ordonné ;
2. parmi les nombres hyperréels on doit retrouver les réels ;
3. parmi les nombres hyperréels il doit exister des infiniment petits non nuls.
Il n’est pas nécessaire de connaître comment ces nombres sont obtenus pour
pouvoir les utiliser 2 . Aussi nous prenons le parti d’admettre que nous avons une
extension des réels vérifiant des conditions proches de celles mentionnées ci-dessus ;
nous allons étudier ces nombres, en déduire des règles et nous pourrons ainsi notam-
ment prouver que ces nombres satisfont le cahier des charges précisé ci-dessus. De
façon précise
supposons qu’on dispose d’un corps ordonné qui est une exten-
sion du corps ordonné des réels et qui contient un élément qui
n’est pas un réel ; ce corps est dorénavant fixé, il est noté ∗ R et
ses éléments sont appelés les nombres hyperréels.
Précisons ce qu’on entend ci-dessus par “extension du corps ordonné des réels” :
1. R est une partie de ∗ R autrement dit tous les réels sont des hyperréels,
2. l’addition, la multiplication de nombres réels considérés dans le corps des
hyperréels donnent le même résultat que dans le corps des réels, ainsi dans
∗
R on a encore 3 + 2 = 5 et 3 · 2 = 6,
3. un réel est inférieur à autre réel pour l’ordre des hyperréels si et seulement
√ si
il en est ainsi pour l’ordre des réels, ainsi dans ∗ R on a encore 2 < 7 .
2. ceux qui veulent en savoir plus sur l’existence des nombres hyperréels, trouveront la construc-
tion de ces nombres dans [9], [11], [13] ou encore dans l’annexe de [16].
2.1. Infiniment petits, infiniment grands, limités, appréciables 31
Mais de cela on en reparlera au chapitre 4, nous verrons alors ce que dit et ce que
permet de faire le Principe de transfert.
Dorénavant par ‘nombre’ on entend ‘hyperréel’. Etudions maintenant ces nombres.
Pour l’instant on ne peut prouver qu’il existe des infiniment petits non nuls. Ne
nous préoccupons pas maintenant de leur existence, étudions nos nouveaux nombres,
familiarisons-nous avec eux. Le moment venu, on obtiendra de façon presque évi-
dente qu’il existe des infiniment petits non nuls.
Remarquons que si x est un infiniment petit non nul, alors −x est aussi un
infiniment petit. D’où s’il existe au moins un infiniment petit non nul, il existe alors
un infiniment petit > 0 et un infiniment petit < 0 .
Supposons que ε soit un infiniment petit > 0 . Remarquons que dans ∗ R , comme
dans tout corps commutatif, on peut diviser par tout nombre 6= 0 et en particulier on
peut diviser par un infiniment petit non nul. Posons H := 1ε . Pour tout réel r > 0 ,
on a H1 = ε < r1 d’où H > r ; il existerait alors des hyperréels supérieurs à tous les
réels. En prenant G := −H on obtiendrait aussi un hyperréel G inférieur à tous les
réels mais dont le module serait supérieur à tous les réels. D’où :
Parmi les infiniment grands, on distingue ceux qui sont positifs et donc supérieurs
à tout réel, et ceux qui sont négatifs et qui sont donc inférieurs à tous les réels.
Définition. Un hyperréel u est limité (en abrégé lim ou LIM) lorsque u n’est
pas un infiniment grand, autrement dit un hyperréel u est limité si et seulement s’il
existe un réel r positif tel que |u| ≤ r.
Evidemment tout infiniment petit est limité, de même tout réel est limité. Parmi
les limités, on distingue deux types de nombres : les infiniment petits et les limités
non infiniment petits, d’où la quatrième catégorie de nombres :
Définition. Un hyperréel est appréciable (en abrégé ap ou AP) lorsqu’il est limité
et non infiniment petit.
Voyons maintenant comment ces divers nombres se positionnent les uns par rap-
port aux autres. Les définitions ci-dessus classifient les nombres hyperréels suivant
leur module, dès lors un nombre est infiniment petit, infiniment grand, limité, appré-
ciable si et seulement si son module est respectivement infiniment petit, infiniment
grand, limité, appréciable. Il en est donc de même pour l’opposé d’un nombre hy-
perréel. Les divers nombres se distribuent donc de façon symétrique par rapport à
0. Ainsi
x IP AP LIM IG
−x IP AP LIM IG
|x| IP AP LIM IG
De plus :
1. Tout nombre compris entre deux infiniment petits est un infiniment petit.
2. Tout nombre compris entre deux hyperréels limités est limité.
3. Tout nombre limité est inférieur à tout infiniment grand > 0 et supérieur à
tout infiniment grand < 0 .
4. Tout nombre supérieur à un infiniment grand > 0 est un infiniment grand
> 0.
5. Tout nombre inférieur à un infiniment grand < 0 est un infiniment grand
< 0.
6. Un nombre compris entre deux appréciables de même signe, est aussi appré-
ciable.
Ces propriétés sont très simples à prouver, démontrons les trois premières.
1. Soient ε1 et ε2 des ip tels que ε1 < u < ε2 . Alors si r est un réel > 0, |ε1 | et |ε2 |
sont < r , il s’ensuit −r < ε1 < u < ε2 < r d’où |u| < r .
2. Soient u, v des limités et x tel que u < x < v . Il existe des réels r1 , r2 tels que
|u| < r1 et |v| < r2 ; alors −r1 < u ≤ x ≤ v < r2 d’où |x| est inférieur au maximum
de r1 et de r2 et est donc limité.
3. Soient u limité et G, H ig respectivement > 0, < 0 . Alors il existe un réel r tel
que −r ≤ u ≤ r ; puisque r < G et H < −r, on a H < u < G .
Au vu de ce qu’on vient de voir, on pourrait représenter les nombres hyperréels
comme sur la figure 2.1 ; mais une telle représentation n’est pas satisfaisante, en
2.2. Opérations sur les nombres hyperréels 33
effet elle pourrait nous inciter à croire qu’on peut assimiler les hyperréels aux points
d’une droite, il n’en est rien car les hyperréels étendent strictement les réels que nous
assimilons aux points de la droite cartésienne.
INVERSE
u IP 6= 0 AP LIM 6= 0 IG
1/u IG AP ? IP
|u + v| ≤ |u| + |v| ≤ r + r′ .
Montrons que “tout peut arriver ” lorsqu’on additionne deux infiniment grands.
Supposons que H est un infiniment grand, alors considérons les trois sommes sui-
vantes qui se présentent chaque fois comme une somme de deux infiniment grands :
H + (−H) = 0 = IP
(H + 1) + (−H) = 1 = AP
(H + H) + (−H) = H = IG
Toutes les réponses sont donc possibles, la somme de deux infiniment grands consti-
tue donc un cas d’indétermination. Ces résultats sont résumés ci-dessous (les cases
en gras indiquant les résultats “clé”) :
SOMME
IP AP LIM IG
IP IP
AP AP LIM
LIM LIM LIM LIM
IG IG IG IG ?
PRODUIT
IP AP LIM IG
IP IP
AP IP AP
LIM IP LIM LIM
IG ? IG ? IG
Ci-dessus nous n’avons pas envisagé le cas de la division, mais une division est
un produit puisque uv = u · v1 ; les règles concernant la division s’obtiennent donc en
appliquant les règles du produit et de l’inverse. La division donne donc lieu à deux
cas d’indétermination de base :
IP IG
=? , =?.
IP IG
Là aussi toutes les réponses sont possibles, par exemple
ε2 ε ε
= IP , = IG , = AP .
ε ε2 ε
De là découlent d’autres indéterminations :
LIM LIM IP AP
=? , =? , =? , =?.
LIM IP LIM LIM
Solution.
1 u u
1. H est ip d’où H est le produit d’un limité et d’un ip, H est donc ip. Le
u
nombre ε est un ip comme produit de deux ip. En conclusion, ε2 + H
2
est la
somme de deux ip, c’est donc un ip.
1
2. u est ap comme inverse d’un ap, u3 est aussi un ap comme produit de deux
ap. ε + u3 est la somme d’un ip et d’un ap, c’est donc un ap.
3. u + ε est ap comme somme d’un ap et d’un ip. (u + ε)H est donc un ig comme
produit d’un ap et d’un ig.
4. On a :
1
H 2 − H = H 2 (1 − ).
H
Or 1 − H1 est un ap > 0 comme somme d’un ap > 0 et d’un ip. H 2 − H est
donc un ig > 0 comme produit d’un ig et d’un ap.
5. On a
H +1 1 + 1/H 1 1
= = (1 + ) .
H +3 1 + 3/H H (1 + 3/H)
Or 1 + H1 et 1 + H3 sont deux ap comme somme d’un ap et d’un ip. L’inverse
1
d’un ap est un ap, 1+3/H est donc un ap. H+1
H+3 est un ap comme produit de
deux ap.
Proposition 9.
1. Tout nombre infiniment proche d’un infiniment petit, d’un appréciable, d’un
limité, d’un infiniment grand, est respectivement infiniment petit, appréciable,
limité, infiniment grand.
2. Tout nombre compris entre deux nombres infiniment proches est infiniment
proche de ces deux nombres.
3. Deux réels infiniment proches sont égaux.
En effet :
1) si on ajoute un ip à un nombre d’une catégorie envisagée, on obtient un nombre
de la même catégorie ;
2.3. Nombres infiniment proches, partie standard 37
Nous savons que tout hyperréel infiniment proche d’un réel est un hyperréel
limité. Voici un résultat capital qui nous dit que la réciproque est vérifiée.
Maintenant on peut très facilement prouver qu’il existe un infiniment petit non
nul. Rappelons qu’on a admis qu’il existe un hyperréel u qui n’est pas réel, deux cas
se présentent :
— u est un infiniment grand, alors 1/u est un infiniment petit non nul ;
— u est limité, alors u − st(u) est un infiniment petit non nul.
En conclusion :
Si u est appréciable,
1 1 v st(v)
st( ) = et st( ) = .
u st(u) u st(u)
Exemple 2.2. Cherchons, s’il y a lieu, les parties standard des hyperréels rencontrés
lors de l’exemple 2.1.
Solution. Rappelons que ε, u, H sont respectivement un ip 6= 0, un ap et un ig.
u
1. ε2 + H est un ip, sa partie standard vaut donc 0 .
3
2. st(ε + u) = st(ε) + st( u3 ) = 0 + 3
st(u) = 3
st(u) .
3. (u + ε)H n’a pas de partie standard car c’est un ig.
4. H 2 − H n’a pas de partie standard car c’est un ig.
5. Puisque st(1 + 3/H) = 1 6= 0, on a
Commentaire
Il faut ici remarquer qu’un des apports importants de l’Analyse non standard, en
plus bien entendu de l’existence du corps des nombres hyperréels et de l’existence de
nombres infiniment petits non nuls, est l’utilisation de la relation “infiniment
40 Chapitre 2. Les nombres hyperréels
proche”. En effet au 17e et 18e siècle on considérait déjà des quantités infinitési-
males, mais on n’hésitait pas à relier par un signe d’égalité des quantités dont les
différences étaient infiniment petites, à certains moments les quantités infinitésimales
étaient traitées au niveau du calcul comme nulles et à d’autre pas (à ce sujet la lec-
ture du chapitre 3 des Fondements du calcul différentiel d’Euler ([2]) est tout à fait
symptomatique). D’où évidemment un sentiment d’incohérence qu’on peut parfois
avoir maintenant devant ces raisonnements, mais cette incohérence disparaît si,
à bon escient, on substitue à l’égalité la relation “infiniment proche”.
st(u) u
Monade de st(u)
Monade de r
r st(u)
Figure 2.2: Fenêtres ouverte sur la monade d’un réel r et sur la monade de st(u).
v
u 1 w
R
✲
1
Figure 2.3: u = 1 − 2ε , v = 1 − ε et w = 1 + ε .
u v
R
st(u) st(v)
u < v n’implique pas st(u) < st(v), ainsi, si ε est ip > 0 et r est un réel, on a
u v
r r′ r ′′ R
st(u) st(v)
Figure 2.5: r < u < r′ < v < r” .
2.5. Exemples 43
Il s’ensuit que si u, v sont des limités non infiniment proches, en prenant un réel
compris strictement entre leur partie standard, on obtient un réel compris stricte-
ment entre u, v, d’où
entre deux limités non infiniment proches il existe toujours un réel.
Dans les monades des réels, on n’observe aucun infiniment grand. Comment dès
lors se représenter les infiniment grands ? On peut simplement dire que les infiniment
grands positifs (resp. négatifs) sont les nombres qui sont supérieurs (resp. inférieurs)
à tous les nombres observés dans les monades de tous les réels.
st(|u|) = | st(u)| .
2.5 Exemples
Exemple 2.4. Soit ε ip > 0. Que peut-on dire des nombres u, v, w suivants :
2+ε 5−ε 2 − 2ε
u := , v := , w := .
3 + 2ε 2 − 2ε 3−ε
Solution. Ces trois nombres sont des rapports d’ap donc des produits d’ap, ils sont
donc ap et on a :
2 2+ε 2 −ε
u− = − = <0
3 3 + 2ε 3 3(3 + 2ε)
2 2 − 2ε 2 −4ε
w− = − = <0
3 3−ε 3 3(3 − ε)
2+ε 2 − 2ε 3ε2 + 3ε
u−w = − = >0
3 + 2ε 3−ε (3 + 2ε)(3 − ε)
2 5
w 3 2
u u
0 1 2 R
2 5
3 2
2 5
Figure 2.6: w < u < st(u) = st(w) = 3 et st(v) = 2 < v.
d’où w est ap et
st(2 + u1 )
st(w) = =2.
st(1 − u1 )
3
Comparons w avec 2 : w − 2 = u−1 > 0 . Le nombre w est donc > 2 .
Cette situation est illustrée sur la figure (2.8)
2.6. Exercices. 45
2r+1 2r+1
r−1 r−1
w w
R ✲ R ✲
2r+1 2r+1
r−1 r−1
(a) cas où u < st(u) = r (b) cas où u > st(u) = r
2.6 Exercices.
1. Soient ε, δ des ip 6= 0 , u, v des appréciables, H un ig positif et K un ig.
Que peut-on dire des hyperréels suivants :
6+δ 6 1 1 1
1) (3 + ε)(5 + δ) − 15 2) − 3) ( − )
5+ε 5 ε 2+ε 2
1 v + 5ε 4ε3 − 5ε2 − ε
4) 3 + 5) 6)
δ u − 3δ 2ε
H 2H 2 + H − 5
13) (H + 5) · ε 14) 15)
106 H2 − H
K + 10 H +K
16) 17) H 2 − 3H 18)
H2 2H · K
2. Soient ε, δ ip non nuls, H un ig positif et a, b des réels. Que peut-on dire des
nombres suivants. S’ils sont limités, calculez leur partie standard.
2 w
R ✲
2
5. Soit ε un ip > 0. Les ensembles suivants ont-ils dans les réels un maximum, une
borne supérieure. Si oui, quel est ce maximum ou cette borne supérieure.
A = {x : x réel et x ≤ 2 + ε} , B = {x : x réel et x ≤ 2 − ε} .
6. L’ensemble des nombres limités est borné supérieurement dans ∗ R mais n’a pas
dans ∗ R de borne supérieure. Prouvez-le.
2.7. Rapports des nombres hyperréels à la réalité 47
De même l’ensemble des infiniment grands positifs est borné inférieurement dans
∗
R mais n’a pas de borne inférieure dans ∗ R. Prouvez-le.
On voit ainsi que le Théorème de complétude des réels ne peut s’étendre aux
hyperréels.
Notion de dérivée
h : x ∈ A 7−→ y = Expr(x) ,
ou
h(x) := Expr(x) avec x ∈ A
49
50 Chapitre 3. Notion de dérivée
ou encore
y = Expr(x) avec x ∈ A .
Souvent l’ensemble de définition est pris le “plus grand” possible pour que l’expression
Expr(x) soit définie, aussi souvent on ne précise pas au préalable l’ensemble de
définition. Alors la fonction est simplement définie par une des formes suivantes :
ou même parfois, quand aucune ambiguïté n’est possible quant aux variables, par la
simple expression
Expr(x) .
L’essentiel est que la définition soit claire et précise et que, si l’ensemble de défini-
tion n’est pas explicitement précisé, cet ensemble puisse être déterminé grâce à la
définition donnée.
Ce qui est déterminant lorsqu’on définit une fonction, c’est de savoir quels nombres
vont être pris en considération. Ci-dessus, au lieu de considérer la fonction
f1 : x ∈ R 7−→ y = x2 .
on aurait pu considérer la même règle sur un ensemble plus restreint, par exemple
sur l’ensemble des entiers, on aurait alors obtenu une fonction f2 définie par
f2 : x ∈ Z 7−→ y = x2 .
On aurait également pu considérer la même règle sur un ensemble plus vaste, les
complexes ou les hyperréels, on aurait ainsi obtenu des fonctions f3 , f4 définies par
f3 : x ∈ C 7−→ y = x2 , f4 : x ∈ ∗ R 7−→ y = x2 .
On dit alors que la fonction f2 est la restriction de f1 aux entiers et que la fonction f3
est l’extension de f1 aux nombres complexes et f4 l’extension de f1 aux hyperréels.
En général si A, B sont les ensembles de définition respectivement des fonctions f ,
g, si A est une partie de B et si pour tout x dans A on a f (x) = g(x) on dit que f
est la restriction de g à A et que g est une extension de f à B.
permet de définir à la fois une fonction réelle de trois variables (en prenant x, y, z
réels) et aussi une fonction hyperréelle de trois variables (en prenant x, y, z hyper-
réels)
En général, si x1 , x2 , . . . , xn sont des variables réelles, une fonction réelle f de
n variables associe à (x1 , x2 , . . . , xn ) un et seul réel y = f (x1 , x2 , . . . , xn ). De même,
si x1 , x2 , . . . , xn sont des variables hyperréelles, une fonction hyperréelle f de n
variables associe à (x1 , x2 , . . . , xn ) un et seul hyperréel y = f (x1 , x2 , . . . , xn ). Ainsi
une fonction d’une ou plusieurs variables est dite réelle, respectivement hyperréelle,
si ces variables et valeurs sont réelles, respectivement hyperréelles.
(x0 + ∆x)m − xm
0 1 m−1
≈ Cm x0 = m xm−1
0 ,
∆x
ainsi les fluctuations du quotient différentiel sont toutes infiniment proches entre
elles. Dès lors pour tirer des conclusions intrinsèques on prend la partie standard du
quotient différentiel, autrement dit
(x0 + ∆x)m − xm 0
st = m xm−1
0 ,
∆x
cette expression est maintenant indépendante de ∆x, elle est le quotient différentiel
observé dans les réels, c’est la dérivée de la fonction x 7→ xm en x0 .
Envisageons maintenant la fonction x 7→ y = 1/x en prenant x0 réel 6= 0 . Le
quotient différentiel s’écrit
1 1
∆y x0 +∆x − x0 −1
= = ,
∆x ∆x x0 (x0 + ∆x)
Principe de Transfert
u2
u2 + cos v , a · u2 , , sin(u2 ) , f (cos v) , (4.2)
cos v
en remplaçant ci-dessus u et v par exemple par x + y et x2 z on obtiendra encore
de nouvelles expressions et ainsi de suite. Les expressions qu’on vient de rencontrer
seront dorénavant appelées des expressions numériques, elles répondent en fait à
une construction itérative bien précise que voici :
— toute variable ou constante numérique est une expression numérique ;
— si t1 , t2 sont des expressions numériques, alors
t1
t1 + t2 , t1 − t2 , t1 · t2 ,
t2
sont également des expressions numériques ;
— si f est une fonction réelle ou hyperréelle d’une variable et si t est une expres-
sion numérique, alors f (t) est une expression numérique ; plus généralement
si g(x1 , . . . , xn ) est une fonction réelle ou hyperréelle de n variables et si t1 ,
. . . , tn sont des expression numériques, alors g(t1 , . . . , tn ) est une expression
numérique.
53
54 Chapitre 4. Principe de Transfert
3 , π , sin 5 , x3 + 2x − 1 , |x − y| , arcsin(2x − y) .
Très souvent, dans les réels ou les hyperréels, on est amené à comparer des
nombres, donc aussi à comparer des expressions numériques. La proposition résultant
de la comparaison de deux expressions numériques s’appelle une formule atomique,
plus précisément
une formule atomique est une proposition d’une des formes suivantes
Parfois on est amené à nier une formule atomique, par exemple à affirmer x 6= 0.
Pour cela on utilise les notations suivantes :
t1 6= t2 , t1 ≮ t2 , t1 ≯ t2 , t1 t2 , t1 t2
Par exemple si a est une constante réelle et si f est une fonction réelle,
x = 2 , x < 1 , x + 2y = x2 , sin(x) ≤ cos(x + a) , x ≮ 3y + a , f (x + π) 6= 2
sont des formules standard. Par contre, si ε est un infiniment petit fixé (et donc
traité comme une constante), la formule x ≤ ε n’est pas une formule standard.
Principe de transfert
1. Extension des fonctions réelles
Toute fonction réelle f s’étend en une fonction hyperréelle dont
la restriction aux réels est exactement la fonction réelle initiale.
Cette extension s’appelle l’extension standard de f
2. Conservation de l’équivalence des systèmes standard
Si deux systèmes standard sont équivalents dans les réels, alors ils
sont équivalents dans les hyperréels.
Explicitons la première de ces deux règles dans le cas d’une fonction réelle f
d’une variable : la fonction réelle f s’étend en une fonction hyperréelle, notée provi-
soirement ∗ f , telle que pour tout réel r l’expression ∗ f (r) est définie si et seulement
si f (r) l’est, auquel cas ∗ f (r) = f (r) . Dès lors il n’y a pas d’ambiguïté à représen-
ter cette extension par la même notation que la fonction f initiale. L’extension
standard de f est donc également notée f .
En particulier
si la fonction réelle f est définie partout dans R, alors son extension
standard est définie dans ∗ R tout entier,
en effet il suffit alors de dire que f (x) = f (x) est équivalent au système x = x . Par
exemple les fonctions sin, cos, arctg sont maintenant définies dans ∗ R tout entier.
Souvent, pour qu’une propriété soit vérifiée, certaines conditions doivent être
réalisées, on est alors en présence d’un schéma de la forme “si . . . , alors . . . ”. Envi-
sageons un exemple de ce type. Supposons qu’une fonction réelle f (x) soit croissante
dans un intervalle [a, b] , autrement dit pour tous réels x, x′ vérifiant a ≤ x < x′ ≤ b,
on a f (x) ≤ f (x′ ) . En est-il de même dans les hyperréels ? Nous allons voir que oui.
Remarquons d’abord que dans les réels le système standard a ≤ x < x′ ≤ b entraîne
le système standard f (x) ≤ f (x′ ) . Il s’ensuit que les deux systèmes standard
(
′ f (x) ≤ f (x′ )
a≤x<x ≤b ,
a ≤ x < x′ ≤ b
sont équivalents dans R, ils sont donc aussi équivalents dans ∗ R . Ainsi dans les
hyperréels, a ≤ x < x′ ≤ b entraîne également f (x) ≤ f (x′ ) . Nous venons en fait de
transformer une implication en une équivalence, cela peut toujours se faire. En effet
dire qu’un système S1 entraîne un système S2 revient à dire que le système S1 est
équivalent au système obtenu en prenant à la fois les formules de S1 et de S2 . Par
conséquent la deuxième partie du Principe de transfert peut s’étendre comme suit :
Soient S1 (x1 , . . . , xn ) et S2 (x1 , . . . , xn ) deux systèmes standard, si dans
les réels S1 (x1 , . . . , xn ) entraîne S2 (x1 , . . . , xn ), alors dans les hyperréels
S1 (x1 , . . . , xn ) entraîne aussi S2 (x1 , . . . , xn ) .
Le plus souvent c’est cette forme de la Règle de transfert qui sera utilisée.
60 Chapitre 4. Principe de Transfert
O A
Plaçons-nous d’abord dans les réels. Prenons x réel tel que 0 < x < π2 . Consi-
dérons la figure 4.1 obtenue en traçant un cercle trigonométrique (de rayon 1), nous
avons
Aire du triangle OAB < Aire du secteur circulaire OAB < Aire du triangle OAC .
Rappelons que l’aire d’un secteur circulaire de rayon r et dont la mesure (exprimée
2
en radian dans [0, 2π]) de l’angle au centre vaut α vaut r 2·α . On obtient ainsi :
Ainsi dans R le système 0 < x < π2 entraîne le système (4.7), il en est donc de même
dans ∗ R. Le système (4.7) est donc vérifié pour tout hyperréel x tel que 0 < x < π2 .
Prenons ε ip non nul. Si ε > 0, nous avons donc 0 < sin ε < ε , d’où sin ε est ip.
Si ε < 0 , −ε est ip > 0 et sin(ε) = − sin(−ε), par conséquent sin ε est encore ip.
4.5. Application aux fonctions trigonométriques 61
alors :
— le système standard x < 2 entraîne dans R le système standard f (x) = x2 ,
— le système standard x ≥ 2 entraîne dans R le système standard f (x) = x1 ,
il en est donc de même dans ∗ R d’où la définition (4.9) se prolonge dans les hyperréels.
On peut étendre cela à plus de deux cas. Formulons par exemple la règle lorsqu’on
a trois cas : soient S1 (x), S2 (x), S3 (x) trois systèmes standard mutuellement exclusifs
et f1 (x), f2 (x), f3 (x) trois fonctions réelles, définissons une nouvelle fonction f (x)
réelle en posant
f1 (x) si S1 (x) est vérifié,
f (x) := f2 (x) si S2 (x) est vérifié, (4.10)
f3 (x) si S3 (x) est vérifié,
Cette fonction réelle s’étend donc en une fonction hyperréelle et dans les hyperréels
la définition ci-dessus (4.10) est valable pour tout hyperrréel x. En effet dans R le
système S1 (x) entraîne f (x) = f1 (x), il en est donc de même dans ∗ R, de même
pour S2 (x) et S3 (x).
a r b
R
a r b
S(x) : x = 0 , S ′ (x) : x ≤ 0
S(x) : x2 = 2 , S ′ (x) : x 6= x
S(x) : x2 = −1 , S ′ (x) : x 6= x
S(x) et S ′ (x) sont équivalents dans R mais ne sont pas équivalents dans ∗ R ; cela
ne contredit nullement le Principe de transfert puisque S ′ (x) n’est pas un système
standard du fait qu’il contient la constante non réelle ε. De même S(x) et S ′′ (x)
sont équivalents dans R et non équivalents dans ∗ R . De nouveau cela ne contredit
pas le Principe de transfert puisque S ′′ (x) n’est pas un système standard puisqu’il
fait appel à la fonction x 7→ st(x) qui ne peut être considérée comme l’extension
standard d’une fonction réelle.
Par conséquent, quand on applique le Principe de transfert, on doit être
attentif à ce que les constantes rencontrées dans les systèmes représentent
des réels et que les fonctions utilisées soient des extensions standard de
fonctions réelles. En particulier, on ne peut rencontrer dans les systèmes ni la
fonction “partie standard” st, ni la relation “infiniment proche” ≈.
4.9 Exercices
1. Prouvez que l’extension standard d’une fonction réelle
- paire (impaire) est paire (impaire)
- périodique de période T est une fonction périodique de même période.
2. Prouvez
(a) tg(arctg(x) = x dans ∗ R ,
(b) arctg(tg(x)) = x dans ] − π/2, π/2[,
3. Au moyen d’un exemple montrer qu’on ne peut appliquer le Principe de trans-
fert à des systèmes faisant appel à la relation ≈ .
Chapitre 5
Dérivées et continuité
65
66 Chapitre 5. Dérivées et continuité
pour tout ∆x infiniment petit non nul tel que f (x0 + ∆x) soit définie, le quotient
différentiel
∆y f (x0 + ∆x) − f (x0 )
=
∆x ∆x
est limité et a sa partie standard indépendante de ∆x ; dans ces conditions la dérivée
de f en x0 , notée f ′ (x0 ) , est le nombre réel donné par
′ ∆y f (x0 + ∆x) − f (x0 )
f (x0 ) := st( ) = st . (5.1)
∆x ∆x
On sait déjà que h est dérivable en tout réel < 1 et en tout réel > 1 . Envisageons
maintenant la situation en 1. Soit ∆x un infiniment petit 6= 0, on obtient
(
(1+∆x)2 −1
h(1 + ∆x) − h(1) ∆x = 2 + ∆x si ∆x < 0 ,
= (1+∆x) 3
−1
∆x = 3 + 3∆x + ∆x 2
si ∆x > 0 ,
∆x
d’où la partie standard du quotient différentiel vaut 2 ou 3 suivant que ∆x est < 0
ou > 0, la fonction h n’est donc pas dérivable en 1. Dans un cas pareil on utilise la
dérivée à droite et de dérivée à gauche :
lorsqu’on considère la dérivée à droite, (resp. à gauche), dans la définition vue plus
haut et dans la formule (5.1), on se limite à prendre des ∆x infiniment petits > 0
(resp. < 0).
5.1. Définition de la dérivée 67
1
Exemple 5.1. En utilisant la définition de la dérivée, cherchons ( x2 +4x+3 )′
Remarquons
st(dénominateur) = st(((x0 +∆x)2 +4(x0 +∆x)+3)(x20 +4x0 +3)) = (x20 +4x0 +3)2 6= 0
1 −2x − 4
( )′ = 2 dans ] − ∞, −3[∪] − 3, −1[∪] − 1, +∞[ .
x2 + 4x + 3 (x + 4x + 3)2
√
Exemple 5.2. Dérivons 1 − x2 en utilisant la définition.
Résolution. La fonction considérée est définie dans [−1, 1] . Prenons x0 réel dans
[−1, 1] et soit ∆x ip 6= 0 . Le quotient différentiel s’écrit
p p
1 − (x0 + ∆x)2 − 1 − x20
QD =
∆x
(1 − (x0 + ∆x)2 ) − (1 − x20 )
= p p
∆x ( 1 − (x0 + ∆x)2 + 1 − x20 )
−2x0 − ∆x
= p p
1 − (x0 + ∆x)2 + 1 − x20
Nous avons
p q q
st(dénominateur) = st( 1 − (x0 + ∆x)2 + 1 − x20 ) = 2 1 − x20 . (5.4)
5.2 Exercices
En utilisant la définition de la dérivée, cherchez la dérivée des fonctions définies
ci-dessous. Indiquez l’ensemble dans lequel la dérivée existe. Justifiez soigneusement
5.3. Théorème des accroissements infinitésimaux 69
sin(2x) cos(3x)
√ p
sin x 1 + sin(2x)
5.4 Continuité
A plusieurs reprises, on a remarqué la même chose :
soit x0 un réel et x ≈ x0 , alors
— si m un naturel 6= 0, on a st(xm ) = (st(x))m d’où xm ≈ xm 0 ;
1
— si x0 6= 0, le nombre x est appréciable et donc st( x1 ) = st(x) d’où 1
x ≈ 1
x0 ;
√ p √ √
— si x0 , x ≥ 0, on a st( x) = st(x) d’où x ≈ x0 ;
— sin x ≈ sin x0 et cos x ≈ cos x0 .
Pour représenter cela on introduit la notion de continuité :
Définition. Soit I un intervalle de R . La fonction f (ou f (x)) est continue dans
I lorsque la fonction f est définie dans I et lorsque pour tout réel x0 dans I et tout
x dans ∗ I ,
x ≈ x0 entraîne f (x) ≈ f (x0 ) . (5.5)
70 Chapitre 5. Dérivées et continuité
La condition ci-dessus revient à dire que pour tout x limité dans ∗ I tel que st(x)
est dans I, on a st(f (x)) = f (st(x)) .
Des exemples envisagés plus haut il découle :
• si m est un naturel, xm est continu dans R ;
1
• x est continu dans ] − ∞, 0[ et dans ]0, +∞[ ;
√
• x est continue dans [0, +∞[ ;
• sin x, cos x sont continus dans R .
Parfois on s’intéresse à ce qui se passe plus particulièrement en un réel x0 , on
parle alors de continuité en x0 : la fonction f est continue en un réel x0 lorsque
f est définie en x0 et lorsque pour tout x ≈ x0 tel que f (x) soit définie, on a
f (x) ≈ f (x0 ) .
Une première question se pose : quels sont les liens entre continuité et dérivabi-
lité ? Utilisons le Théorème des accroissements infinitésimaux : si f est dérivable en
un réel x0 et si x ≈ x0 , il existe ε ip tel que
√ √
3
x est dérivable dans R0 , n’est pas dérivable en 0 , alors que 3
x est continue dans
R tout entier ; de plus dans R0
√ 1 2
( 3 x)′ = x− 3 .
3
Voici donc un second exemple d’une fonction continue en un réel et non dérivable
en ce réel. Un autre exemple de ce type est donné par |x|, en effet puisque, pour
tout u limité on a st(|u|) = | st(u)|, la fonction |x| est continue dans R. Dérivons
maintenant |x| : bien entendu on a |x|′ = 1 dans ]0, +∞[ et |x|′ = −1 dans ] − ∞, 0[.
Mais en 0 le quotient différentiel est
(
|∆x| 1 si ∆x > 0
=
∆x −1 si ∆x < 0 ,
la partie standard ne change rien et varie suivant le signe de ∆x, par conséquent |x|
n’est pas dérivable en 0.
On vient de remarquer que la continuité d’une fonction en un réel n’entraîne pas
la dérivabilité de la fonction en ce point, soit que le quotient différentiel soit limité
mais que sa partie standard dépende du choix de l’infiniment petit ∆x, soit - plus
grave encore - que le quotient différentiel soit infiniment grand.
On aimerait pouvoir dire qu’une fonction définie en un réel est toujours continue
en ce réel, mais il n’en est pas ainsi. Par exemple considérons la fonction g définie
par
(
x − 1 si x < 2
g(x) := (5.7)
x + 1 si x ≥ 2 ,
Cette fonction est continue dans ] − ∞, 2[ et dans [2, +∞[ car dans ces intervalles
on a g(x) respectivement égal à x − 1, x + 1, le problème se pose en 2 : si x ≈ 2 et
x < 2 on a
st(g(x)) = st(1 − x) = 1 6= g(2) = 3
Vu (5.8), le quotient différentiel est le rapport d’un limité sur un appréciable, il est
donc limité et
st(f ′ (x0 )g(x0 ) − f (x0 )g ′ (x0 ) + ε1 · g(x0 ) − ε2 · f (x0 ))
st(QD) =
st(g(x0 + ∆x) · g(x0 ))
f (x0 ) · g(x0 ) − f (x0 ) · g ′ (x0 )
′
= ,
g 2 (x0 )
ce qui est bien indépendant de ∆x, la règle est ainsi prouvée.
(x−m )′ = −mx−m−1 ,
la formule déjà vue pour les exposants m entiers ≥ 1, est aussi valable dans
R0 pour les exposants entiers < 0 .
π
2. tg x est dérivable dans chaque intervalle ] − 2 + 2kπ, π2 + 2kπ[ (k entier) et
1
tg′ (x) = = 1 + tg2 (x) .
cos2 (x)
−1
cotg′ (x) = .
sin2 (x)
Fonction composée
Etant données deux fonctions f et g, on peut appliquer successivement ces deux
fonctions : si on applique g et ensuite f , on obtient la fonction composée de g et
de f définie par
x 7−→ f (g(x)) ,
(cette fonction est aussi notée f (g) ou f ◦ g ).
✷
√
Exemple 5.3. Cherchons où 2 sin x − 1 est continu, dérivable et cherchons la
dérivée.
Résolution. Remarquons que la fonction considérée est périodique de période 2π ,
on peut d’abord l’étudier dans [−π, π] et ensuite en déduire la situation dans R. La
√
fonction y est dérivable dans ]0, +∞[, continue dans [0, +∞[ ; la fonction 2 sin x − 1
est dérivable dans R. Pour la √dérivée, il suffit donc de se placer dans l’ensemble des
x tels que 1/2 < sin x ; ainsi 2 sin x − 1 est dérivable dans l’intervalle ]π/6, 5π/6[
et donc aussi dans chaque intervalle ]π/6 + 2kπ, 5π/6 + 2kπ[ , k variant parmi tous
les entiers. On a
√ ′ 1 cos x
2 sin x − 1 = √ · (2 cos x) = √ .
2 y y=2 sin x−1 2 sin x − 1
Pour √la continuité, il faut se placer dans l’ensemble des x tels que 1/2 ≤ sin x ;
ainsi 1 − 2 sin x est continue dans l’intervalle [π/6, 5π/6] et donc aussi dans chaque
intervalle [π/6 + 2kπ, 5π/6 + 2kπ] , k variant parmi tous les entiers.
5.6 Exercices
1. En utilisant les règles vues plus haut, déterminez où sont continues, dérivables
les fonctions suivantes et cherchez leurs dérivées.
x2 − 16
f1 (x) := f2 (x) := sin(2x − 3)
x−3
√ p
f3 (x) := p3 − 2 sin x f4 (x) := x2 − 4
3
√3
f5 (x) := 1 − x2 f (x) := 2 sin x − 1
√ 6
2− x+3 cos x
f7 (x) := √ f8 (x) :=
x−1 2 sin x − 1
tg x − 1 1
f9 (x) := f1 0(x) := √
tg x + 1 cos x + 2 sin x
2. Où sont continues, dérivables les fonctions suivantes :
(
1
si |x| ≥ 1 x − 1 si x ≤ −2
f11 (x) := x , f 12 (x) := x2 si |x| < 2 .
2 − x2 si |x| < 1
x + 2 si 2 ≤ x
1 1
arcsin′ (x) = √ et arctg′ (x) = .
1 − x2 1 + x2
Ce que nous faisons de faire pour arcsin x, on pourra le faire plus généralement
pour la réciproque d’une fonction monotone dans un intervalle.
Reprenons l’exemple de la fonction g définie à la page 5.7, nous avons vu que g(x)
est continue dans ] − ∞, 2[ et dans [2, +∞[ et que
lim g(x) = 1 .
x→2−
Complétons ce qu’on sait à propos de arctg x. On sait déjà que arctg x est continu
dans R, prenons maintenant la variable x infiniment grande. Pour tout réel x > 0
on a 0 < arctg(x) < π2 et tg(arctg(x)) = x . D’après le Principe de transfert il en est
de même pour tout hyperréel x . Prenons H ig > 0. On a donc 0 < arctg(H) < π2
d’où
π
0 ≤ st(arctg H) ≤ .
2
Si la partie standard de arctg H était un réel r < π2 , on aurait tg(arctg(H)) ≈ tg r
et donc H ≈ tg r, ce qui est impossible puisque tg r est un réel. Par conséquent
π
st(arctg(H)) = .
2
78 Chapitre 5. Dérivées et continuité
On peut également considérer le cas où f (x) est infiniment grand. Par exemple,
1
si x ≈ 1 et x 6= 1, on a 1−x ig, ce qu’on résume par
1
lim =∞;
x→1 1−x
1
mais on peut être plus précis, si x ≈ 1 et x > 1 (resp. x < 1 ), on a 1−x ig < 0 (resp.
> 0), ce qu’on traduit par
1 1
lim = −∞ et lim = +∞ .
x→1+ x−1 x→1− x−1
Ainsi, si a est un réel, on définit :
limx→a f (x) = ∞ (resp. +∞, −∞) lorsque pour tout x ≈ a, x 6= a et x dans
l’ensemble de définition de f , on a f (x) infiniment grand (resp. infiniment grand
> 0, infiniment grand < 0).
On adapte aussi cette définition à la limite à droite limx→a+ f (x) (resp. à la limite
à gauche limx→a− f (x)) en prenant alors seulement des x ≈ a et x > a (resp.
x < a). Enfin on peut également combiner ces abréviations et avoir par exemple
2
limx→+∞ f (x) = −∞, ainsi puisque pour tout x ig > 0, l’expression 1−x x+2 est un ig
< 0, on écrit
1 − x2
lim = −∞ .
x→+∞ x + 2
Exemple 5.5. Déterminons où la fonction f dont le graphe est tracé sur la figure
5.1 est continue.
y=f(x)
a b c d
Figure 5.1
Une fonction comme celle que nous venons de rencontrer dans cet exemple est
dite continue par morceaux dans [a, d] , de façon plus générale :
Définition. Une fonction f est continue par morceaux dans [a, b] lorsqu’on peut
trouver des réels a0 , . . . , an , an+1 tels que
— a = a0 < a1 < a2 < . . . < an < an+1 = b
— f est continue dans chaque intervalle ]ak , ak+1 [ ,
— les limites à gauche en a1 ,. . . , an+1 et les limites à droite en a0 ,. . . , an
existent et sont des réels.
Dans ce cas, pour k = 0, 1, . . . , n , la fonction fk définie par
limx→ak + f (x) si x = ak ,
fk (x) := f (x) si ak < x < ak+1 ,
limx→ak+1 − f (x) si x = ak+1 ,
est continue dans [ak , ak+1 ] et est égale à f dans ]ak , ak+1 [, cette fonction fk sera
appelée le prolongement continu de f à [ak , ak+1 ] .
y2
y = f (x)
y1
x0 I x
Figure 5.2
g(x) est continue dans [x1 , x0 ] et f (x) = g(x) pour tout x tel que x1 ≤ x < x0 , en
prenant un u ≈ x0 et u < x0 , on a
f (u) = g(u) ≈ y1 6= f (x0 )
et donc f (u) 6≈ f (x0 ) , la fonction ne peut alors être continue en x0 .
5.10 Exercices
1. Soit f définie par (
x2 + 2 si x < 2
f (x) :=
x3 − 2 si x ≥ 2
Où la fonction f est-elle continue, dérivable ? Justifiez.
2. Où la fonction f dont le graphe est tracé ci-dessous est-elle continue ? Justifiez.
y
y = f (x)
x
a b c
82 Chapitre 5. Dérivées et continuité
y = f (x)
2
x
1 3 4 7
1. Où f est-elle continue ?
2. Soit ε un ip > 0. Quelles sont les parties standard de f (4 + ε) et f (4 − ε).
4. Peut-on toujours tracer complètement le graphe d’une fonction conti-
nue dans un intervalle bornée ? Cela peut surprendre mais la réponse est non.
Pour s’en rendre compte considérez les deux fonctions suivantes.
( (
x sin( x1 ) si x 6= 0 x2 sin( x1 ) si x 6= 0
f1 (x) := et f2 (x) := .
0 si x = 0 0 si x = 0
Prouvez que f1 (x) est continue dans R et que f2 (x) est dérivable dans R (pour
prouver l’existence de la dérivée en 0 utilisez la définition).
1
Dans ]0, 1], les graphes de f1 et f2 coupent Ox en xk = kπ pour k = 1, 2, 3, . . ..
Ces abscisses tendent vers 0 et la distance entre xk et xk+1 tend aussi vers 0, il
est dès lors impossible de tracer le graphe dans [0, 1], on peut le faire dans tout
intervalle [a, 1] avec a ∈]0, 1[, mais le tracé matériel ne peut atteindre 0. Pourtant
f1 est continue et f2 est dérivable dans R !
Chapitre 6
Ordres de grandeur,
différentielles
83
84 Chapitre 6. Ordres de grandeur, différentielles
Lorsque u est appréciable, les nombres qui sont o(u), resp. O(u), sont exactement
les infiniment petits, resp. les limités, la classification ci-dessus n’apporte alors rien
de neuf. Les notions o(u), O(u) n’ont donc d’intérêt que lorsque u est infiniment petit
ou infiniment grand. On va maintenant appliquer ces notions en prenant pour u une
valeur ∆ infiniment petite. Cela va permettre de mieux comprendre des pratiques
courantes au niveau des applications. Ainsi l’ingénieur qui étudie un phénomène
soumis à une variation ∆ très petite d’un paramètre va dans certaines circonstances
considérer comme négligeables des quantités de la forme ∆2 , ∆3 ; en fait l’ingénieur
considère alors comme négligeables les quantités qui sont o(∆), cela suppose que ∆
est suffisamment petit que pour pouvoir être assimilé à un infiniment petit.
Dans ce qui suit ∆ représente toujours un infiniment petit non nul. Pour plus
de commodité, dans les exemples on prendra ∆ > 0 . Le nombre ∆ va devenir notre
valeur étalon qu’on va utiliser lorsqu’on compare des grandeurs infiniment petites.
Soit ε un infiniment petit. Trois possibilités se présentent donc :
1. Le rapport ε/∆ est infiniment petit, c’est-à-dire ε est o(∆) .
C’est ce qui arrive par exemple si on prend pour ε un des nombres suivants :
∆2 , 7∆3 , ∆3/2 , 106 ∆2 , 3∆2 − 100∆3 , 1000∆3 − 100∆4 , . . .
Les nombres qui sont o(∆) sont de la forme IP · ∆ .
2. Le rapport ε/∆ est appréciable, c’est-à-dire ε et ∆ ont le même ordre de
grandeur, ou ce qui est équivalent ε est O(∆) et n’est pas o(∆) .
Par exemple il en ainsi lorsque ε un des nombres suivants :
3∆, 3∆ + 7∆2 , −2∆ + 8∆3 , 1000∆ − 5∆3/2 , . . .
Ces nombres sont de la forme AP · ∆ .
3. le rapport ε/∆ est infiniment grand, alors ε n’est pas O(∆) .
C’est par exemple le cas de
√ √
∆, ∆, ∆2/3 , . . . .
3
Les nombres qui sont O(∆) reprennent les cas 1 et 2 ci-dessus, ils sont de la forme
LIM · ∆ .
Remarquons :
1. La somme de deux nombres O(∆) (resp. o(∆) ), est O(∆) (resp. o(∆)), en
abrégé
2. Le produit d’un nombre O(∆) (resp. o(∆) ), par un limité est O(∆) (resp.
o(∆) ), en abrégé
O(∆) · IP = o(∆) .
4. Si m, n sont des naturels non nuls tels que m < n, alors tout ip O(∆n ) est
o(∆m ) .
En effet, si m < n et si ε est O(∆n ), alors
ε = LIM · ∆n = (LIM · ∆n−m ) · ∆m = IP · ∆m .
Exercice 6.1. Montrons O(∆) + O(∆2 ) = O(∆) et O(∆) · o(∆2 ) = o(∆3 ) .
Solution. En effet
1. O(∆) + 0(∆2 ) est un cas particulier de O(∆) + O(∆) et est donc O(∆) .
2. On a
O(∆) · o(∆2 ) = (LIM · ∆) · (IP · ∆2 ) = IP · ∆3 = o(∆3 ) .
6.2 Différentielle
Considérons une fonction réelle f (x) . Soient f dérivable en x0 et ∆x infiniment
petit 6= 0. Vu la première partie du Théorème des accroissements infinitésimaux, il
existe un infiniment petit ε tel que
∆y = f (x0 + ∆x) − f (x0 ) = f ′ (x0 ) · ∆x + ε · ∆x .
Remarquons que la variation de la fonction f (x0 + ∆x) − f (x0 ) est O(∆x) . De plus
ε · ∆x est o(∆x). Ainsi
f (x0 + ∆x) − f (x0 ) = f ′ (x0 ) · ∆x + o(∆x) . (6.2)
L’expression f ′ (x0 )·∆x permet donc d’évaluer la variation de la fonction en
commettant une erreur négligeable par rapport à ∆x, d’où son importance.
Cette expression s’appelle la différentielle de f en x0 ; précisons cette définition :
Définition. Si f est dérivable en un réel x0 , la différentielle de f en x0 , notée
dfx0 , est la fonction
∆x 7−→ f ′ (x0 ) · ∆x ,
autrement dit
dfx0 (∆x) := f ′ (x0 ) · ∆x .
86 Chapitre 6. Ordres de grandeur, différentielles
Les résultats (6.2) et (6.3) sont essentiels, ils prolongent le Théorème des accroisse-
ments infinitésimaux vu à la page 69 :
Théorème 16 (Théorème des accroissements infinitésimaux, 2e partie).
Soit f dérivable en un réel x0 .
1. Pour tout ∆x infiniment petit non nul, la variation f (x0 + ∆x) − f (x0 ) est
O(∆x) et
f (x0 + ∆x) − f (x0 ) = dfx0 (∆x) + o(∆x) . (6.4)
2. Soit ∆ un infiniment petit 6= 0. Alors pour tout ∆x qui est O(∆) , la variation
f (x0 + ∆x) − f (x0 ) est O(∆) et
ou encore
f (x0 + ∆x) − f (x0 ) ≈∆ dfx0 (∆x) , (6.6)
dfx0 (λ∆x) = λdfx0 (∆x) et dfx0 (∆x + ∆′ x) = dfx0 (∆x) + dfx0 (∆′ x) ,
1
√
Solution. Soient g(x) := arcsin(x), x0 = 2 et ∆x = 2 ∆ + ∆ . La fonction g est
dérivable en 12 . Nous avons
∆x 2
= √ + 1 = ig ,
∆ ∆
et
∆x √
√ = 2 + ∆ = limité ,
∆
√
∆x n’est donc pas O(∆) mais est seulement O( ∆) . On ne peut donc évaluer
l’expression
√ (6.8) en faisant une erreur o(∆) mais on peut l’évaluer en faisant une
erreur o( ∆) . Puisque
2
dg 21 (∆x) = √ ∆x ,
3
on obtient
1 √ π 2 √ √
arcsin( + 2 ∆ + ∆) = + √ (2 ∆ + ∆) + o( ∆)
2 6 3
√
π 4 ∆ √ √
= + √ + o( ∆) + o( ∆)
6 3
√
π 4 ∆ √
= + √ + o( ∆)
6 3
√
π 4√ ∆
On évalue l’expression (6.8) au moyen de 6 + 3
, on commet alors une erreur
√
négligeable par rapport à ∆ .
Exercice 6.4. Peut-on évaluer l’expression suivante en faisant une erreur o(∆) ?
Evaluez au mieux cette expression.
p
3
8 + 6∆2 (6.9)
√
Solution. Soient h(x) := 3 x, x0 = 8 et ∆x = 6∆2 . La fonction h est dérivable en
8 . Nous avons
∆x ∆x
= 6∆ = ip et 2 = 6 = limité
∆ ∆
∆x est donc o(∆), a fortiori O(∆) et ∆x est O(∆2 ) . On peut donc évaluer l’expres-
sion (6.9) en faisant une erreur o(∆) mais on peut faire mieux et l’évaluer en faisant
une erreur o(∆2 ) . Puisque
1
dh8 (∆x) = ∆x ,
12
on obtient p 1
8 + 6∆2 = 2 + ∆2 + o(∆2 )
3
2
√
On évalue l’expression 3 8 + 6∆2 au moyen de 2 + 21 ∆2 , on commet alors une erreur
négligeable par rapport à ∆2 . Remarquons
p
3
8 + 6∆2 = 2 + o(∆) .
√
Si on se contente d’une erreur qui soit o(∆), on évalue 3 8 + 6∆2 au moyen de 2 .
6.4. Exercices 89
6.4 Exercices
1. Que peut-on dire de
2. Peut-on évaluer les expressions suivantes en commettant une erreur qui soit
négligeable par rapport à ∆ ? Si oui faites-le.
√ 1
2 + 2∆ , √
4 + 3∆ + 2∆2
arctg(1 − 2∆ + 5∆2 ) , sin(2∆ + 100∆2 )
1
arcsin(1 − 3∆ + ∆2 ) ,
2 − 5∆ + 3∆ − ∆3
p
3 (3 − ∆)2
8 + 2∆2 + 5∆3 ,
2+∆
3+∆ 1 + 3∆
, arctg( )
1 + 5∆ + 10∆2 1 − 2∆
r
1 + 3∆ + 2∆3 4 + ∆2
,
4 − ∆ + 5∆2 1 + 2∆
90 Chapitre 6. Ordres de grandeur, différentielles
dx = ∆x .
df = f ′ (x)dx .
dy = f ′ (x)dx ,
dy dépend donc de x et de dx .
de là il déduit
ea − 2ex − e2 = 0 , (6.12)
d’où
a − 2x − e = 0 (6.13)
et, en “effaçant ” l’infiniment petit e, il obtient x = a/2 . Fermat applique la même
méthode pour résoudre d’autres problèmes d’extrema a priori plus compliqués. Ainsi,
pour Fermat, si x0 donne à une expression f (x) une valeur minimale ou maximale,
alors si e est une variation infiniment petite on doit avoir f (x0 + e) = f (x0 ) !
Pour nous, cela n’est pas vrai, mais comme on va le voir cela est correct si on
remplace f (x + e) = f (x) par f (x + e) ≈e f (x) . Ainsi la relation ≈e permet de
rencontrer parfaitement l’argumentation de Fermat.
autrement dit
f (x0 + ∆x) ≈∆ f (x0 ) .
En particulier, pour tout ∆x infiniment petit, on a
Remarquons que le fait que la dérivée s’annule en x0 nous donne une condition
nécessaire pour obtenir un extremum local en x0 (pour autant que la fonction soit
dérivable), mais il ne s’agit pas d’une condition suffisante. Il se peut que f ′ (x0 ) = 0
et que la fonction n’admette pas en x0 un extremum local, c’est par exemple le cas de
la fonction x 7→ x3 qui est strictement croissante dans R et dont la dérivée s’annule
en 0 . Il se peut aussi que la fonction admette un extremum local en x0 et qu’elle ne
soit pas dérivable en ce réel x0 , c’est le cas de |x| en 0 . Un réel x0 où f ′ (x0 ) = 0
s’appelle un point stationnaire de f . Par conséquent
les extrema locaux où f est dérivable se trouvent parmi les points stationnaires de f .
6.7. Plan hyperréel 93
muni de cette distance R2 est appelé le plan euclidien ou ici plan réel.
On peut faire de même avec des points qui auraient des coordonnées hyperréelles.
Ainsi on note ∗ R2 l’ensemble de tous les couples (x, y) de nombres hyperréels et on
mesure encore la distance de deux points p, p′ de ∗ R2 au moyen de la formule
(6.14). L’espace ∗ R2 est alors appelé le plan hyperréel . Dans le plan hyperréel les
coordonnées (abscisse et ordonnée) des points sont donc des hyperréels. Les points
de R2 ou ∗ R2 sont désignés par des lettres grasses p, q . . .
Les notions de limité, d’infiniment proche et de partie standard s’étendent natu-
rellement, on définit :
Par conséquent la relation ≈ est aussi une relation d’équivalence dans le plan
hyperréel, autrement dit, si p, p′ , p′′ sont des points de ∗ R2 , alors p ≈ p, ensuite
p ≈ p′ entraîne p′ ≈ p et enfin (p ≈ p′ et p′ ≈ p′′ ) implique p ≈ p′′ . Il s’ensuit
aussi que deux points de l’espace réel sont ≈ si et seulement s’ils sont égaux.
Considérons un point limité p = (x, y) ; alors les coordonnées x et y sont des
nombres limités et on peut donc poser q = (st(x), st(y)) ; par conséquent q est un
point R2 infiniment proche de p, de plus un tel point de l’espace réel est forcément
unique. En conclusion :
tout point p limité du plan hyperréel est infiniment proche d’un et d’un seul point
du plan cartésien, appelé évidemment la partie standard de p et noté st(p) , de plus
si p = (x, y) alors st(p) = (st(x), st(y)).
94 Chapitre 6. Ordres de grandeur, différentielles
11
00
p′
p 00
11
p
R2
Utilisons les notions d’ordre de grandeur vues plus haut pour comparer des points
de ∗ R2 infiniment proches comme on l’on déjà fait pour des nombres (voir page
85). Prenons toujours comme étalon de mesure un infiniment petit ∆ non nul et
comparons la distance des points avec ∆, comme dans ∗ R, on définit :
Les points p et q de ∗ R2 sont infiniment proches par rapport à ∆ , en abrégé p ≈∆ q ,
lorsque la distance entre p et q est o(∆) .
Des points infiniment proches par rapport à ∆ sont évidemment infiniment proches,
mais le contraire n’est pas nécessairement vrai. Par exemple :
si q = (x, y), q′ := (x + 10∆2 , y − 5∆2 ) et q′′ := (x + ∆, y − ∆) , alors on a
√ √
d(q, q′ ) = 5 5 ∆2 et d(q, q′′ ) = 2 ∆ ,
d’où q ≈∆ q′ et q 6≈∆ q′′ .
Pratiquement lorsqu’on a des points du plan hyperréel il est plus commode de consi-
dérer séparément chacune des coordonnées, cela est possible :
Proposition 18. La distance de deux points du plan hyperréel est O(∆) si et seule-
ment si les différences de leurs coordonnées respectives sont chacunes O(∆) .
Deux points de ∗ R2 sont ≈∆ si et seulement si leurs coordonnées respectives sont
≈∆ .
6.8. Le microscope de grossissement 1/∆ 95
mais
q 6≈∆ (x + √∆2 , y − ∆) et la distance de q à (x + ∆2 ,√y − ∆) est O(∆) ,
q 6≈∆ (x + ∆, y) et de plus√ la distance de q à (x + ∆, y) n’est pas O(∆) ,
et cela bien que q ≈ (x + ∆, y) .
d(p′ , p′′ )
st( ).
∆
96 Chapitre 6. Ordres de grandeur, différentielles
Il s’ensuit que les point p′ , p′′ sont observés comme identiques si et seulement si
st(d(p′ , p′′ )/∆) = 0 , d’où
Règle 2 : deux points sont observés comme identiques si et seulement leur dis-
tance est o(∆), autrement dit si et seulement si ils sont ≈∆ .
Bien entendu, on peut faire exactement de même dans ∗ R et utiliser le microscope
de grossissement 1/∆ pour observer des hyperréels infiniment proches d’un réel x0 .
Ainsi ce microscope rend parfaitement compte des notions O(∆) et o(∆) : dans
l’oculaire
— les mesures observables sont O(∆),
— les mesures observées comme nulles sont o(∆),
— les mesures observées comme non nulles ont le même ordre de grandeur que
∆.
v 2 wu
z x y
1/∆
R
✲
0 1 2 3
Exemple. Plaçons dans le plan hyperréel et considérons les points suivants tous
infiniment proches du point p = (1, 2) :
Observons ces points dans l’oculaire d’un microscope dirigé vers le point p d’abord
2
avec
√ le grossissement 1/∆, ensuite le grossissement 1/∆ et enfin le grossissement
1/ ∆.
p1
p6 p3 p7
p p p
p4
p5
√
grossissement 1/ ∆ grossissement 1/∆ grossissement 1/∆2
Figure 6.3
6.9 Exercices
Soit ∆ un ip > 0 .
2
1. Dirigeons le microscope de
√ grossissement 1/∆, puis de grossissement 1/∆ et
enfin de grossissement 1/ ∆ vers 1 . Comment observe-t-on alors les nombres
suivants ? Représentez cela sur trois dessins (un par grossissement).
x1 = 1 + 7∆2 , x2 = 1 + 2∆
x3 = 1 − 3∆2 , x4 = 1 + 2∆ − 100∆2
x5 = 1 − 3∆ , x6 = −3∆√2 + 109 ∆3
3/2
x7 = 1 − 3∆
√ + 9∆ , x8 = 1 + √∆ − 2∆
x9 = 1−√ 2 ∆ , x10 = 1+ 3∆
x11 = 1+ ∆ , x12 = 1 + 2∆ + 7∆2
x13 = 11 + 10−100 , x14 = 1 + 106 ∆3 .
(1 + ∆, 2 + ∆2 ) , (1 − ∆, 2 + ∆) ,
(2, 2 − ∆) , (1 + ∆, 2 − 10∆3 ) ,
(1 − ∆ + 104 ∆2 , 2 +√∆ + 103 ∆3 ) , (1 + 100∆2 , 2 − 3∆2 ) ,
(1 + ∆, 2 + ∆), (1 − ∆ + 10∆2 , 2 + ∆ − 106 ∆2 ) .
Chapitre 7
2
1.1
1.4
1.5 1.05
1.2
0.5 0.95
0.8
0 0.9
99
100 Chapitre 7. Tangente à une courbe
0.5 0.1
0.2 0.04
0 0
-0.2 -0.04
-0.5 0 0.5 -0.1 0 0.1
0.02
0.0004
0.01 0.0002
0 0
-0.00016
-0.008 -0.0004 0 0.0004
-0.02 0 0.02
D’après (7.1) ces deux points sont ≈∆ , les points p1 et p2 sont donc observés comme
confondus dans l’oculaire du microscope. Examinons de plus près le point p2 , les
7.1. Tangente à un graphe 101
✻
y T
R2
G
y = f (x)
∗
1/∆ R2 T
(x0 , f (x0 ))
G
x
✲
x0
1
Figure 7.3: observation avec le ’microscope’ de grossissement .
∆
le point p2 est donc un point de la droite T dont l’équation est (7.2). Le point p1 est
donc observé dans l’oculaire comme étant sur la droite T . On vient donc de montrer :
dans l’oculaire du microscope le graphe est observé comme une droite !
Cette droite T est donc remarquable, on l’appelle la tangente au graphe de f au
point (x0 , f (x0 )) . Par conséquent, l’équation cartésienne de la tangente au graphe
de f en (x0 , f (x0 )) est
Si f est dérivable en x0 et définie d’un seul côté de x0 , par exemple à droite, alors
dans le raisonnement ci-dessus on prend seulement des ∆x infiniment petits > 0, le
graphe est alors observé dans l’oculaire du microscope comme une demi-droite, cette
demi-droite est alors appelée la demi-tangente au graphe en (x0 , f (x0 )) .
T
✻
y 2
R
(x0 + ∆x, f (x0 ) + dfx0 (∆x))
e(∆x)
y = f (x)
x✲
x0 x0 + ∆x
Figure 7.4: Différentielle, interprétation géométrique dans R2 .
Par conséquent :
dfx0 (∆x) est la différence d’ordonnée entre le point du graphe d’abscisse
x0 et le point d’abscisse x0 + ∆x de la tangente T .
Ainsi quand on évalue f (x0 + ∆x) − f (x0 ) au moyen de dfx0 (∆x), on effectue une
erreur e(∆x) (illustrée sur la figure 7.4) et on se déplace sur la tangente T au lieu
de se déplacer sur la graphe de f .
F (x, y) = 0 , (7.4)
la courbe considérée est alors l’ensemble de tous les points (x, y) vérifiant (7.4). Par
exemple le cercle de centre l’origine et de rayon r a pour équation cartésienne
x2 + y 2 = r2 ,
7.2. Notion de courbe plane 103
x2 − x3 = y 2 (7.5)
0.5
-0.5 0.5
-0.5
Une autre façon naturelle d’envisager une courbe est de la considérer comme
engendrée par le mouvement d’un point dont le déplacement dépend d’un paramètre
réel (hyperréel si on se place dans le plan hyperréel), l’exemple le plus naturel est
donné par une trajectoire d’un point se déplaçant dans le temps, le paramètre choisi
étant le temps. Ainsi un point p animé d’ou mouvement circulaire uniforme autour
de l’origine va décrire un cercle caractérisé par les deux équations
plus que la position initiale en t = 0 soit l’origine, la courbe décrite ainsi par le
point p s’appelle une spirale d’Archimède. Cherchons des équations décrivant
cette courbe. Soit ρ la distance du point p à l’origine (notée o), et de nouveau θ
la mesure de l’angle orienté formé par l’axe − → et le vecteur −
ox → , les nombres ρ,
op
θ sont appelées les coordonnées polaires de p. La trajectoire du point est donc
caractérisée par
θ = ωt , ρ = at
où ω (la vitesse angulaire) et a sont des constantes > 0. Remarquons que les coor-
données cartésiennes et les coordonnées polaires sont liées par
x = ρ cos θ , x = ρ sin θ .
où t varie dans [0, +∞[. Mais on pourrait aussi décrire la spirale d’Archimède en
considérant θ comme paramètre, les équations de la spirale deviennent alors
(
x = kθ cos θ
(7.9)
y = kθ sin θ
où le paramètre θ varie aussi dans [0, +∞[ et où la constante k vaut a/ω. La portion
de spirale d’Archimède correspondant à θ ∈ [0, 17π4 ] et k = 1 est représentée sur la
figure 7.6.
y
1
5
x
où la variable réelle u varie dans un ensemble E précisé, les équations (7.10) sont
appelées les équations paramétriques de la courbe et u est le paramètre dont
le mouvement engendre le mouvement du point sur la courbe. Ainsi (7.6) et (7.8)
constituent les équations paramétriques du cercle, respectivement de la spirale d’Ar-
chimède le paramètre choisi étant le temps t, il en est de même de (7.7) et (7.9) le
paramètre choisi étant cette fois θ.
Voici quelques autres exemples de courbes données par leurs équations paramé-
triques, commençons par le plus simple.
Droite
Soient p0 = (x0 , y0 ) un point et v ~ = (v1 , v2 ) un vecteur non nul. Considérons la
droite D passant par p0 et ayant la direction de ~v . Les points p de cette droite sont
caractérisés par le fait que −p−0→
p est nul ou a la même direction que v ~ , autrement dit
par le fait qu’il existe λ réel tel que −p−0→ v , les points p de D sont donc donnés
p = λ~
par
−→=−
op −→ + λ~
op v où λ ∈ R .
0
c’est-à-dire
p = p0 + λ~
v où λ ∈ R .
Si maintenant on considère le segment S joignant deux points p0 et p1 , on prend
~ le vecteur −
pour v p− →
0 p1 et on se limite à prendre λ ∈ [0, 1] , les points p du segment
S sont donnés par p = p0 + λ− p− →
0 p1 c’est-à-dire
Lorsqu’on donne des équations paramétriques, il faut donc toujours bien préci-
ser où varie le paramètre, en changeant cet ensemble on peut obtenir des portions
différentes d’une même courbe.
Graphe d’une fonction réelle d’une variable
Soit f une fonction réelle définie dans un ensemble E. Pour écrire les équations
paramétriques du graphe de f , il suffit de prendre comme paramètre l’abscisse x
renommée par exemple u et on obtient ainsi les équations paramétriques
(
x= u
avec u ∈ E .
y = f (u)
Ellipse
Soient a, b des réels 0. On sait que l’ellipse de centre l’origine et de sommets (a, 0),
(0, b) c’est-à-dire l’ellipse dont l’équation cartésienne est
x2 y2
2
+ 2 =1
a b
106 Chapitre 7. Tangente à une courbe
p c
θ
o t x
Cycloïde
Considérons une droite D horizontale, un cercle mobile de centre c et de rayon r
et un point p fixé sur ce cercle. Faisons rouler (sans glissement) le cercle sur D et
supposons qu’à l’instant 0 le point p se trouve sur D . La trajectoire décrite par le
point p s’appelle une cycloïde. Cherchons ses équations paramétriques.
Prenons comme axe des x la droite D et plaçons l’origine à la position initiale de
p. Soit p = (x, y) . Prenons comme paramètre la mesure de l’angle au centre tcp d où
t est le point de contact entre le cercle et la droite D (voir figure 7.7). A l’instant 0
on a θ = 0 Puisque le cercle roule sans glissement, la longueur de l’arc de cercle tp ,
à savoir θr , vaut la longueur du segment ot . Par conséquent c = (θr, r), d’où
(
x = rθ − r sin θ
. (7.12)
y = r − r cos θ
Voici donc les équations paramétriques de la cycloïde où θ peut varier dans [0, +∞[.
Sur la figure 7.8, on a représenté la portion de cycloïde correspondant à θ dans [0, 5π
2 ]
et r = 1.
y
2
x
π 2π
5π
Figure 7.8: portion de cycloïde pour θ ∈ 2 et r = 1.
cartésienne ou les mêmes équations paramétriques (le paramètre étant alors pris
hyperréel). Soit p0 un point de R2 se trouvant sur la courbe C. Nous voudrions
définir la tangente à la courbe C en p0 , pour cela inspirons-nous de ce qui a été fait
plus haut à propos d’un graphe de fonction.
Définition (Tangente à une courbe).
Soit D une droite passant par p0 . La tangente à C en p0 est la droite D si, quel que
soit ∆ infiniment petit > 0, la courbe C est observée dans l’oculaire du microscope
de grossissement 1/∆ dirigé vers p0 comme étant la droite D .
où ∆x, ∆y sont O(∆) puisque ∆x, ∆y sont des mesures observées dans l’oculaire.
Il s’ensuit √
(2 + ∆x)2 − ( 3 + ∆y)2 = 1
d’où √
4∆x + (∆x)2 − 2 3∆y + (∆y)2 = 0
d’où, puisque (∆x)2 et (∆y)2 sont o(∆),
√
4∆x − 2 3∆y ≈∆ 0.
Il s’ensuit √
4u − 2 3v − 2 ≈∆ 0
√
et le point p est observé comme étant sur la droite 2x − 3y − 1 = 0. Cette droite
est donc la tangente à l’hyperbole au point p1 .
Exemple 7.2. Tangente à la courbe C1 d’équation x2 − x3 = y 2 en un de ses points.
La courbe C1 est représentée sur la figure 7.5. √
Solution. Prenons d’abord le point p2 = (−1, 2). Soit p = (u, v) un point de C1
observé dans l’oculaire du microscope de grossissement 1/∆ pointé vers p2 . On a
√
u = −1 + ∆x , v = 2 + ∆y
d’où successivement
√
−2∆x + (∆x)2 − 3∆x + 3∆x2 − ∆x3 = 2 2∆y + ∆y 2 ,
√
5∆x + 2 2∆y ≈∆ 0,
√
5u + 2 2v + 1 ≈∆ 0.
√
Le point p est donc observé sur la droite d’équation 5x + 2 2y + 1 = 0 et cette droite
est donc la tangente à C1 en p2 .
Comme on le remarque sur le tracé de C, l’origine semble un point particulière-
ment intéressant, voyons ce qui s’y passe.
Utilisons encore le microscope de grossissement 1/∆ pointé cette fois vers l’origine.
Soit p = (∆x, ∆y) un point de C1 observé dans l’oculaire. Les variations ∆x, ∆y
sont donc O(∆). On a
(∆x)2 − (∆x)3 = ∆y 2 , (7.13)
une analyse plus fine est alors nécessaire car les deux membres de (7.13) sont o(∆).
On a
(∆x)2 − (∆y)2 = (∆x)3
d’où, en divisant par ∆2 ,
∆x − ∆y ∆x + ∆y ∆x 2
· =( ) ∆x = IP .
∆ ∆ ∆
7.3. Tangente à une courbe 109
Si un produit de deux limités est infiniment petit, un des deux facteurs doit être
infiniment petit, par conséquent
∆x − ∆y ∆x + ∆y
= IP ou = IP
∆ ∆
autrement dit
∆x ≈∆ ∆y ou ∆x ≈∆ −∆y .
Le point p est donc observé comme étant sur la droite y = x ou sur la droite y = −x,
la courbe C1 est donc observée dans l’oculaire comme étant l’union des deux droites
y = x, y = −x. Dans un cas pareil, on dit que la courbe C admet à l’origine
deux tangentes à savoir ces deux droites.
-2 -1 1 2
-1
-2
4x2 − y 2 = x4 .
1.5
1.0
0.5
-3 -2 -1 1 2 3
2(∆x)2 = (∆y)3 ,
Le principe que nous appliquons pour définir et chercher la tangente à une courbe
remonte à P. Fermat. Dès la fin de la première moitié du 17e siècle, P. Fermat
cherche des tangentes en appliquant cette idée. En effet observons comment Fermat
cherche la tangente en un point de la parabole d’équation y 2 = 2px. Référons-nous
7.4. Tangente à une courbe données par des équations paramétriques. 111
au dessin (7.11) ; le temps de cet exemple, comme Fermat, notons les points par des
majuscules. Le point P , d’abscisse x et d’ordonnée y, désigne le point considéré sur
la parabole, A est sa projection sur Ox et S l’intersection de la tangente avec Ox.
Pour déterminer la tangente, Fermat détermine la mesure de la sous-tangente c’est-
à-dire la mesure de SA, cette mesure est notée s. Voici comment procède Fermat,
il considère d’abord le point Q de la parabole d’abscisse x − e où e est infiniment
petit. Ensuite il prétend que le point Q est sur la tangente ! Ainsi pour des variations
d’abscisse infinitésimales, il confond la courbe avec sa tangente.
y
P
Q
S B A x
paramétriques (
x = x(u)
où a ≤ u ≤ b , (7.14)
y = y(u)
soit u0 un réel de [a, b] et p0 le point (x(u0 ), y(u0 )). Cherchons la tangente à C en
p0 . Pour cela supposons que :
1. x(u) et y(u) sont dérivables en u0 ,
2. x(u) et y(u) sont continus dans [a, b],
3. au moins une des dérivées x′ (u0 ), y ′ (u0 ) est non nulle,
4. le point p0 est un point simple de C c’est-à-dire qu’il ne correspond pas à deux
valeurs du paramètre u.
ces variations ∆x, ∆y sont observables dans l’oculaire, elles sont donc O(∆) .
Montrons que ∆u est O(∆). Envisageons par exemple le cas où x′ (u0 ) 6= 0.
D’après le Théorème des accroissements infinitésimaux, il existe ε ip tel que
∆x = x′ (u0 ) · ∆u + ε · ∆u ,
d’où il découle
∆u 1 ∆x
= ′ · ,
∆ x (u0 ) + ε ∆
mais x′ (u0 ) + ε est appréciable et ∆x ∆u
∆ est limité, par conséquent ∆ est limité et ∆u
est O(∆).
D’après le Théorème des accroissements infinitésimaux, on a
∆x ≈∆ x′ (u0 ) · ∆u et ∆y ≈∆ y ′ (u0 ) · ∆u .
Solution. Utilisons les équations paramétriques (7.9), le paramètre choisi est donc
θ. On a
kπ
x = −πλ , y= + 2λ où λ ∈ R
2
et l’équation cartésienne de la tangente s’écrit
2 kπ
y =− x+ .
π 2
De même après un tour complet, on a θ = 2π, le point est (2kπ, 0) et le vecteur
directeur de la tangente est (1, 2π) d’où la tangente a pour équations paramétriques
x = 2kπ + λ , y = 2πλ où λ ∈ R
√
d’où la longueur du vecteur (x′ (θ), y ′ (θ)) vaut r 2 − 2 cos θ et diffère de 0 pour tout
θ 6= 2mπ (m naturel). On peut donc chercher la tangente en tout point correspondant
à θ 6= 2mπ , c’est-à-dire en tout point de la cycloïde ne se trouvant pas sur l’axe
ox . Cherchons la tangente à la cycloïde au point obtenu après un quart de tour du
cercle. Alors θ = π/2 et
π
p = ( r − r, r) ;
2
la tangente en ce point a pour direction le vecteur (1, 1), les équations paramétriques
de cette droite tangente sont donc
π
x= r−r+λ , y =r+λ
2
et l’équation cartésienne s’écrit y = x + 2r − πr 2 .
Remarques :
1. Si le paramètre u0 est égal à une des extrémités de l’intervalle [a, b], alors
la variation infinitésimale ∆u a un signe constant (> 0 si u0 = a et < 0 si
u0 = b), les points de la courbe observés dans l’oculaire sont observés sur une
même demi-droite issue de p0 , alors ces demi-droites sont les demi-tangentes
aux extrémités de la courbe..
2. La courbe C est fermée lorsque son origine coïncide avec son extrémité c’est-
à-dire lorsque (x(a), y(a)) = (x(b), y(b)). Il se pourrait donc qu’en ce point il
y ait deux demi-droites tangentes. Pour qu’il y ait une seule tangente il faut
donc que les vecteurs directeurs de ces demi-droites soient égaux, pour cela il
suffit que x′ (a) = x′ (b) et y ′ (a) = y ′ (b). C’est ce qui arrive par exemple dans
le cas d’un cercle et d’une ellipse.
3. Si la 4e condition (selon laquelle le point est simple) n’est pas vérifiée, alors le
point p0 correspond à plusieurs valeurs du paramètre u et il se peut qu’alors
la courbe admette plusieurs tangentes en p0 .
Exemple 7.7 (Courbes de Bézier du 3e degré). Considérons quatre points distincts
et non alignés du plan : p0 , p1 , p2 et p3 . L’enveloppe convexe de ces quatre
points est le plus petit ensemble convexe contenant ces quatre points (un ensemble
est dit convexe lorsqu’il contient tout segment de droite joignant deux de ses points).
Cette enveloppe convexe est donc le quadrilatère convexe dont les sommets sont les
quatre points considérés. On peut prouver que l’enveloppe convexe de ces points est
l’ensemble des points p tels que
3
X 3
X
p= λk pk avec λk = 1 et λk ≥ 0 .
k=0 k=0
y p1
p2
p6
p3
x
p0 p5
p4
Figure 7.12: deux courbes de Bézier se raccordant en p3
2) En posant
→
−
F (t) = (1 − t)3 −−→ + 3t(1 − t)2 −
op 0
−→ + 3t2 (1 − t)−
op 1
−→ + t3 −
op 2
−→
op 3
on a
→′
−
F (t) = −3(1 − t)2−−→ + 3(1 − t)2−
op 0
−→ − 6t(1 − t)−
op 1 op 1
−→ − 3t2 −
−→ + 6t(1 − t)−
op 2
−→ + 3t2 −
op 2
−→
op 3
c’est-à-dire
−′
→
F (t) = 3((1 − t)2 −
p− → −−→ 2 −−→
0 p1 + 2t(1 − t)p1 p2 + t p2 p3 )
Par conséquent
−′
→ → → −′
F (0) = 3− p− −−→
0 p1 et F (1) = 3p2 p3
7.5 Exercices
1. Dirigeons le microscope de grossissement 1/∆ vers le point du plan (1, 2)
et regardons dans l’oculaire. Les graphes suivants sont-ils observés ? Si oui,
comment ?
— Graphe de x 7−→ x2 + 1 .
— Graphe de x 7−→ 3x+1
x+1 .
√
— Graphe de x 7−→ x + 3 .
— Graphe de x 7−→ π8 arctg x .
2. Cherchez l’équation cartésienne de la tangente au graphe de la fonction au
point indiqué :
Fonction Point
x
f (x) := x+1 point d’abscisse 2
arcsin x point d’abscisse 1/2
arctg x point d’abscisse 1
3. Considérons l’ellipse d’équation x2 + 4y 2 = 4. Cherchez de trois façons diffé-
rentes la tangente à cette ellipse au point d’abscisse 1 et d’ordonnée positive.
4. En utilisant la définition de la tangente, cherchez de deux façons différentes
(définition de la tangente et tangente à un graphe)la tangente à la courbe C1
d’équation x3 + y 2 = 5 , au point p0 = (1, y0 ) avec y0 > 0 .
5. Soit H l’hyperbole d’équation x2 − 4y 2 = 1 et soit p0 le point de H d’abscisse
2 et d’ordonnée positive.
Cherchez la tangente à l’hyperbole en ce point
— en utilisant la définition de la tangente et le microscope
— en utilisant les équations paramétriques de l’hyperbole
6. Cherchez les équations paramétriques et l’équation cartésienne de la tangente
à la courbe C2 d’équations :
p t
x = 3 + 2 cos(t) , y = 1 + 2 sin( )
2
au point p0 correspondant à t0 = π3 .
7. Cherchez la tangente au point (1, 1) de la courbe d’équation x3 + y 3 = 2 .
8. Folium de Descartes
Soit a une constante réelle > 0 . Le folium de Descartes a pour équation
x3 + y 3 − 3axy = 0 .
— Cherchez la tangente au point d’intersection du folium avec la première
bissectrice, autre que l’origine.
— Que se passe-t-il à l’origine.
9. Cardioïde
La courbe dont l’équation en coordonnées polaires est
ρ = a(1 + cos θ) où θ ∈ [−π, π]
est appelé une cardioïde. Elle est représentée sur la figure 7.14
7.5. Exercices 117
2.0
1.5
1.0
0.5
-2 -1 1 2
-0.5
-1.0
y
1
1 x
1.0
0.5
-2 -1 1 2
-0.5
-1.0
Espace à n dimensions
111111
000000 1
0
0
1
000000
111111
b’
0
1
000000
111111 0
1
0
1
000000
111111
000000
111111 0
1
(a,b,c)
b
0
1 (a’,b’,c’)
0
1
000000000
111111111
a a’
000000000
111111111
Figure 8.1: [a, a′ ] × [b, b′ ] Figure 8.2: [a, a′ ] × [b, b′ ] × [c, c′ ]
A×B := {(u, v) : u ∈ A et v ∈ B} ,
A×B×C := {(u, v, w) : u ∈ A et v ∈ B et w ∈ C} .
119
120 Chapitre 8. Espace à n dimensions
n
Muni de cette distance, R est appelé l’espace euclidien ou l’espace réel à n
dimension et ∗ Rn l’espace hyperréel à n dimensions. La distance d’un point x
à l’origine est aussi appelée la norme de ce point et est notée kxk, autrement dit
v
u n
uX
kxk = t x2k .
k=1
par contre le point w n’est pas limité et n’a donc pas de partie standard, en effet sa
deuxième coordonnée est infiniment grande.
Pour voir cela utilisons la fonction caractéristique d’un ensemble. Pour toute partie
A de Rn , on peut considérer la fonction caractéristique de A, notée δA qui est
la fonction qui vaut 1 en tout point de A et 0 en tout point de Rn ne se trouvant
pas dans A. La fonction δA est une fonction réelle de n variables, comme telle elle
s’étend à ∗ Rn . Remarquons que A est exactement l’ensemble des (x1 , . . . , xn ) de Rn
tels que
δA (x1 , . . . , xn ) = 1 , (8.4)
l’ensemble A peut donc être caractérisé dans Rn au moyen de la seule formule stan-
dard (8.4). Par conséquent, l’extension standard ∗ A existe et est l’ensemble des
points (x1 , . . . , xn ) de ∗ Rn tels que δA (x1 , . . . , xn ) = 1 .
∗
(A ∩ B) = ∗ A ∩ ∗ B , ∗
(A ∪ B) = ∗ A ∪ ∗ B , ∗
(A \ B) = ∗ A \ ∗ B .
où ∆x est infiniment petit quelconque non nul, cette dérivée existe si le quotient
différentiel est défini et limité, et a sa partie standard indépendante de ∆x .
De même on peut fixer x réel et on obtient la fonction y 7→ f (x, y) . La dérivée
partielle de f par rapport à y , notée fy′ , ∂f ∂y ou Dy f , est la dérivée de cette fonction,
autrement dit
′ ∂f f (x0 , y0 + ∆y) − f (x0 , y0 )
fy (x0 , y0 ) = (x0 , y0 ) = st
∂y ∆y
pour tout ∆y infiniment petit non nul et moyennant les mêmes conditions d’existence
que ci-dessus.
Dans le calcul de fx′ la variable y se comporte donc comme une constante ; de
même dans le calcul de fy′ la variable x se comporte comme une constante. En
∂y
particulier ∂x = ∂x
∂y = 0 .
Par exemple
∂ sin(x2 − y 3 ) ∂ sin(x2 − y 3 )
= 2x cos(x2 − y 3 ) , = −3y 2 cos(x2 − y 3 ) .
∂x ∂y
Plus généralement la notion de dérivée partielle s’applique aux fonctions réelles
de n variables f (x1 , x2 , · · · , xn ) , on obtient alors n dérivées partielles notées
∂f
fx′ k , Dxk f .
∂xk
fx′ k est donc la dérivée de la fonction xk 7→ y = f (x1 , x2 , · · · , xn ) obtenue en assi-
gnant à chacune des autres variables xj une valeur réelle fixée.
D’après leur définition les dérivées partielles peuvent être considérées comme des
dérivées d’une fonction d’une seule variable, les règles de calcul de celles-ci leur sont
donc applicables.
ainsi f (x, y) ≈ f (x0 , y0 ). Pour exprimer cela on dit que f ou f (x, y) est continue
dans D . Plus généralement :
Il ne faut toutefois pas penser que tous les résultats concernant les fonctions
d’une variable se transposent directement pour les fonctions de plusieurs variables.
Ainsi on sait que toute fonction d’une seule variable dérivable en un réel est continue
en ce réel, mais on peut trouver des fonctions de plusieurs variables dont les dérivées
partielles existent en un point et qui ne sont pas continues en ce point ! C’est le cas
de la fonction suivante :
(
xy
2 2 si x 6= 0 ou y 6= 0
f (x, y) := x +y .
0 si x = y = 0
126 Chapitre 8. Espace à n dimensions
En dehors de l’origine, cette fonction est certainement continue et les dérivées par-
tielles existent. Envisageons maintenant le cas de l’origine. Cherchons fx′ à l’origine :
pour tout ∆x infiniment petit non nul, f (0 + ∆x, 0) = 0 et donc le quotient diffé-
rentiel est
f (0 + ∆x, 0) − f (0, 0)
=0,
∆x
d’où fx′ (0, 0) = 0 . De même fy′ (0, 0) = 0 . Considérons maintenant la droite y = λx,
où λ est un réel non nul, et sur cette droite prenons le point (∆x, λ∆x) où ∆x est
un infiniment petit 6= 0 . Ce point est infiniment proche de l’origine et on a
λ
f (∆x, λ∆x) = ,
1 + λ2
cette valeur est un réel non nul et n’est donc pas infiniment proche de f (0, 0). Ainsi
bien que (∆x, λ∆x) ≈ (0, 0) on a que f (∆x, λ∆x) 6≈ f (0, 0), la fonction f n’est donc
pas continue à l’origine. En fait cela n’est pas étonnant, car lorsqu’on considère les
deux dérivées partielles en un point (x0 , y0 ) on se déplace uniquement au départ
de (x0 , y0 ) dans des directions parallèles aux axes, par exemple pour fx′ (x0 , y0 ) on
considère f (x0 +∆x, y0 ) et on se déplace donc parallèlement à l’axe des x ; par contre
lorsqu’on envisage la continuité on envisage tous les points (x, y) infiniment proches
de (x0 , y0 ). Bien entendu cette différence ne peut se présenter lorsqu’on a une seule
variable.
8.6 Exercices
1. Cherchez les dérivées partielles des fonctions suivantes, dans quelle partie du
plan ce calcul est-il valable ? Où ces fonctions sont-elles continues. Représentez
sur un dessin les parties du plan ainsi trouvées.
x
f1 (x, y) := f2 (x, y) := sin(x + y 2 )
y
p
f3 (x, y) := x2 + 4y 2 − 16 f4 (x, y) := arcsin(x + y)
f5 (x, y) := tg(x + 2y) f6 (x, y) := arctg(x + y 2 )
∂f ∂f
2. En utilisant la définition des dérivées partielles, cherchez ∂y et ∂y en prenant
1
f (x, y) := .
x2 + y2 − 4
Précisez où ces dérivées partielles existent.
3. Soit p0 = (x0 , y0 ) un point fixé dans R2 . On considère la fonction qui à un
point quelconque p = (x, y) du plan associe la distance de p à p0 . Prouver
que cette fonction est continue dans R2 et admet des dérivées partielles en
tout point différent de p0 , cherchez ces dérivées partielles. Faites de même
dans l’espace R3 .
Chapitre 9
Nombres hypernaturels
Les nombres hypernaturels vont être des nombres qui se comporteront comme
les naturels mais parmi lesquels on trouvera des infiniment grands. Voyons comment
on les introduit.
Définition. Les nombres hypernaturels sont les nombres hyperréels tels que
Nous allons maintenant montrer que les hypernaturels ainsi définis conservent
les propriétés typiques des naturels, cela justifiera évidemment le bien fondé de la
définition ci-dessus. Evidemment :
1. Tous les naturels sont des hypernaturels.
2. Tous les hypernaturels sont ≥ 0 .
127
128 Chapitre 9. Nombres hypernaturels
[m + 1] = [m] + 1 = m + 1
En général une suite est représentée par la notation (xk ), le nombre k est l’indice
et le nombre xk est le terme d’indice k. Par exemple si on considère la suite
1
( ) (9.2)
k−3
le premier indice est 4 .
On considère ici des suites de nombres réels, autrement dit pour chaque naturel
k ≥ k0 le terme xk est réel. Remarquons qu’une suite peut alors être envisagée
comme une fonction réelle, ainsi la suite (9.2) peut être considérée comme étant la
1
fonction qui à chaque naturel k ≥ 4 associe le nombre k−3 . Plus généralement la
suite (xk ) de premier indice k0 peut-être envisagée comme étant la fonction qui à
chaque naturel k ≥ k0 associe le nombre xk . En considérant l’extension standard
de la fonction réelle k 7→ xk , on voit que cette fonction est aussi définie pour tout
k hypernaturel ≥ k0 , dès lors le terme xk est aussi défini pour tout hypernaturel
k ≥ k0 et donc pour tout hypernaturel k ig.
Quand on est en présence d’une suite, une question se pose naturellement : que
se passe-t-il lorsque l’indice devient de plus en plus grand. Les termes de la suite
vont-ils tendre vers un nombre bien précis ? Les nombres de la suite vont-ils devenir
arbitrairement grands ? . . . . Aussi on va considérer les termes de la suite lorsque
l’indice k est ig, on envisagera alors la limite de la suite. De la sorte on raisonne
comme pour la limite de f (x) lorsque x tend vers +∞, alors x parcourait tous
les hyperréels ig > 0, maintenant l’indice k va parcourir les hypernaturels ig. Par
exemple considérons les trois suites suivantes :
2k 1
uk := , vk := , wk := k 2 .
k+1 k3
Pour tout hypernaturel k ig on a
uk ≈ 2 , vk ≈ 0 , wk ig > 0 .
Dès lors on dit que la limite de la suite (uk ) est 2, que la limite de la suite (vk ) est
0 et que la limite de la suite (wk ) est +∞. Plus généralement, on définit les limites
de suite comme suit :
— la limite de la suite (xk ) est un réel r (ou xk tend vers r), en abrégé
lim xk = r ,
k→+∞
lorsque xm ≈ r pour tout m hypernaturel ig, alors la suite est dite conver-
gente.
— la limite de la suite (xk ) est +∞, respectivement −∞, en abrégé
Mais on peut aussi considérer des limites de suites qui ne sont pas 1 des cas
particuliers
√ de limites de fonctions. Ainsi soit a un réel > 1, cherchons
√ la limite de
la suite√ ( k a). Prenons d’abord k naturel √ non nul. Remarquons k a > 1, posons
uk := k a − 1. De la sorte uk > 0. De plus k a = 1 + uk et donc
k
X
a = (uk + 1)k = Ckj ujk > Ck1 uk = k uk .
j=0
Il s’ensuit
a
0 < uk < . (9.3)
k
Vu la Règle de transfert, il en est de même si k est un hypernaturel. En √
particulier,
si k est un hypernaturel ig, de (9.3) il découle que uk est ip et donc k a ≈ 1. Il
s’ensuit √
lim k a = 1 .
k→+∞
Par exemple, soit a un réel > 1, alors la suite (a1/m ) est décroissante et bornée
inférieurement par 1, cette suite converge donc vers un réel ≥ 1 (en fait, comme on
pourra le voir plus tard, cette suite vers 1 ) .
où m et n sont des hypernaturels (m ≤ n), une telle somme aura une infinité de
termes si le nombre de termes n − m + 1 est infiniment grand.
on définit ainsi une fonction réelle m 7→ S(m) définie pour tout réel m satis-
faisant le système
N(m) , m ≥ 1 .
D’après le Principe de transfert, cette fonction s’étend en une fonction hy-
perréelle définie pour tout hyperréel m vérifiant le même système, on peut
Pml’expression S(m) pour tout hypernaturel m ≥ 1 , cela per-
ainsi considérer
met d’écrire k=1 k1 pour tout hypernaturel m ≥ 1 , en particulier pour tout
hypernaturel ig.
Pm 1
Exemple 2 k=0 (k+ε)2 où m est un hypernaturel et ε un ip > 0.
on définit ainsi une fonction réelle (m, u) 7→ S(m, u) définie pour tous m, u
réels satisfaisant le système
N(m) , u > 0 , (9.4)
d’après le Principe de transfert, cette fonction s’étend en une fonction hy-
perréelle définie pour tous m, u hyperréels vérifiant le même système
Pm (9.4).1
Pour tout hypernaturel m, on peut ainsi considérer l’expression k=0 (k+ε) 2
tk = T (k, w)
Ci-dessus la somme est bien définie car elle a un nombre fini de termes. De la sorte
on obtient une fonction réelle S : (m, n, u) 7→ S(m, n, u) définie pour tous m, n, u
réels vérifiant le système (
N(m) , N(n)
(9.5)
m≤n, 0<u
D’après le Principe de transfert, cette fonction s’étend en une fonction hyperréelle
définie pour tous m, n, u hyperréels vérifiant le même système (9.5), on peut ainsi
considérer l’expression S(m, n, u) pour tous hypernaturels m, n tels que m ≤ n
et pour tout hyperréel u > 0 . Il est dès lors normal d’étendre la définition de la
somme en posant pour m,n hypernaturels
n
X
tk := S(m, n, w) .
k=m
Bien entendu, il se peut que le premier indice pour lequel tk est défini, soit 1 ou un
autre naturel > 0, on procède alors de la même façon en imposant ci-dessus à m et
n d’être supérieurs au premier indice.
Pour que cette définition soit pertinente, il faut que ce que nous avons ap-
pelé “somme” conserve bien les propriétés des sommes que nous connaissions avant.
Comme on va le voir il en est bien ainsi. Rappelons d’abord les propriétés classiques
des sommes ayant un nombre fini de termes.
Les deux propriétés de base sont :
1. une somme ayant un seul terme est égal à ce terme.
n+1
X n
X
2. tk = tk + tn+1 .
k=m k=m
9.4. Sommer une infinité d’infiniment petits . . . 133
Pn Pn
7. si tk ≤ t′k pour chaque k, alors k=m tk ≤ ′
k=m tk .
Comme nous allons le voir, ces propriétés sont ici conservées, l’utilisation de
l’appellation “somme” est donc légitime.
A titre d’exemple envisageons les propriétés 2 et 4 et considérons encore le cas
où tk = T (k, w) avec w > 0 . Appliquons simplement le Principe de transfert. Si m,
n sont des naturels et si u est un réel > 0, posons
n
X n
X
S(m, n, u) := T (k, u) et S ′ (m, n, u) := |tk (u)| .
k=m k=m
PnAinsi on peut considérer des sommes ayant une infinité de termes : la somme
k=m tk compte n − m + 1 termes, elle contient donc une infinité de termes
si n − m + 1 est ig !
Quand on ajoute une infinité d’ip, tout peut donc arriver, une somme d’une infinité
d’ip est donc un cas d’indétermination. De même une somme d’une infinité de limi-
tés est aussi un cas d’indétermination. Le résultat suivant permet de lever de très
nombreuses indéterminations de ces types.
Pm
Théorème 21. Considérons la somme k=0 λk uk .
P Pm
1. Si m k=0 |λk | est limitée et si chaque uk est infiniment petit, alors k=0 λk uk
est infiniment petite.
P Pm
2. Si m k=0 |λk | est limitée et si chaque uk est limité, alors k=0 λk uk est limi-
tée.
P Pm
3. Si m k=0 |λk | est infiniment petite et si chaque uk est limité, alors k=0 λk uk
est infiniment petite.
Démonstration. Le raisonnement
P est semblable dans les trois cas. Envisageons le
premier cas : supposons m k=0 |λk | limitée et uk ip pour chaque k . On peut alors
trouver un réel a tel que
m
X
|λk | < a .
k=0
Pm
Pour montrer que k=0 λk uk estPip, appliquons la définition d’un ip. : soit r un
m
réel quelconque > 0, prouvons | k=0 λk uk | < r . En effet, pour chaque k on a
|uk | < r/a , il s’ensuit
m
X m
X m
X m
r r X r
| λk uk | ≤ |λk ||uk | ≤ (|λk | ) = ( |λk |) < · a = r .
a a a
k=0 k=0 k=0 k=0
✷
En abrégé on a :
Pm
k=0 λk uk
uk IP uk LIM
Pm
k=0 |λk | LIM IP LIM
Pm
k=0 |λk | IP IP IP
autrement dit f atteint son minimum, respectivement son maximum, dans [a, b] en
c , respectivement en d .
Théorème 23 (Théorème des valeurs intermédiaires ou Théorème de Bolzano).
Soient a,b des réels, a < b et f une fonction continue dans [a, b]. Si M est un réel
compris entre f (a) et f (b) il existe un réel u dans [a, b] tel que M = f (u) .
Autrement dit :
135
136 Chapitre 10. Trois résultats importants concernant la continuité
moyennant la continuité de f dans [a, b], tout nombre réel compris entre
les deux valeurs f (a) et f (b) est lui même une valeur f (x) correspondant
à un x se trouvant entre a et b .
Ces deux théorèmes sont illustrés sur la figure 10.1.
y = f (x)
M
y
a u c u′ d u′′ b
Figure 10.1: Extrema atteints en c, d et M = f (x) en x = u, u′ , u′′
Pour autant qu’on puisse tracer le graphe de f dans [a, b] et en nous référant
à la figure 10.1, les conclusions données par ces deux théorèmes paraissent comme
évidentes :
1. on prend la plus grande et la plus petite ordonnée des points du graphe limité
aux abscisses se trouvant dans [a, b] et on trouve c et d en prenant les abscisses
correspondantes ;
2. pour trouver le réel u tel que M = f (u), on trace l’horizontale y = M , puisque
le graphe se trace d’un seul trait, cette horizontale coupe le graphe au moins
en un point, il suffit alors de prendre l’abscisse correspondant à ce point pour
trouver le réel u cherché.
Ces raisonnements ne sont pas des démonstrations car ils se basent sur le fait qu’on
puisse tracer le graphe de la fonction et le raisonnement repose essentiellement sur
des considérations graphiques. Rappelons d’ailleurs que le tracé du graphe n’est pas
toujours concrètement possible (voir l’exercice 4 page 82). De plus, le tracé de graphe
contient en fait de nombreuses “hypothèses cachées”. De vraies démonstrations s’im-
posent donc, nous ne les ferons pas ici 1 .
xp = a . (10.1)
Rappelons que les puissances à exposants rationnels non entiers sont définies
au départ des racines et peuvent donc nécessiter des conditions pour exister, quatre
cas se présentent illustrés par les exemples suivants :
3 √
— la puissance a 4 = ( 4 a)3 est définie lorsque a ≥ 0 ,
3 √
— la puissance a− 4 = ( 4 a)−3 est définie lorsque a > 0 ,
4 √
— la puissance a 3 = ( 3 a)4 est définie pour tout a ,
4 √
— la puissance a− 3 = ( 3 a)4 est définie pour tout a 6= 0 .
Théorème 24. Tout polynôme de degré impair à coefficients réels a une racine
réelle. 3
Chaque fois que S1 (u, v, y) est vérifié, prenons un réel w vérifiant S2 (u, v, y, w) ,
considérons la fonction h qui à tous u, v, y réels vérifiant S1 (u, v, y), associe ce réel
w, autrement dit
2. Il existe w′ , w′′ dans ∗ [u, v] tels que f (w′ ) ≤ f (x) ≤ f (w′′ ) pour tout x dans
∗
[u, v] .
et donc f (r) ≈ f (u), la valeur f (u) est donc limitée. De la même façon on a
f (r) ≈ f (v) ; par conséquent f (u) ≈ f (v). ✷
Chapitre 11
Intégrales
Ici a, b sont des réels tels que a < b et ∆x prend toujours des valeurs > 0 .
p · ∆x < b − a ≤ (p + 1) · ∆x . (11.1)
Cet entier p dépend de ∆x, c’est le nombre de fois que la longueur ∆x est portée au
départ de a avant d’atteindre ou de dépasser b . On pose
141
142 Chapitre 11. Intégrales
∆x
a ✛ ✲ b
x0 x1 x2 x3 x4 x5 x6 x7
et donc tel que (11.1) soit encore vérifiée. Ainsi si, au départ de a, on porte p fois
∆x on reste en dessous de b et si on porte ∆x une fois de plus on atteint ou on
dépasse b. Dès lors on définit les points de la discrétisation de pas ∆x exactement
comme plus haut au moyen de (11.2), mais bien entendu si ∆x est infiniment petit
les points x0 , x1 , . . . , xp , xp+1 sont en nombre infini, et deux points successifs de la
discrétisation sont alors infiniment proches.
Le plus souvent la longueur du dernier intervalle allant de xp à xp+1 est < ∆x.
Toutefois, si on se donne un hypernaturel m et si on prend ∆x = b−a m , le dernier
intervalle rencontré a également la longueur ∆x .
y
y = f (x)
x
a b
Soit f une fonction réelle d’une variable définie dans [a, b] . Supposons f (x) ≥ 0
dans [a, b]. Désignons par D la partie du plan délimitée par les droites d’équation
11.2. L’idée initiale : l’estimation d’une aire par des rectangles 143
p−1
X
f (xk ) · ∆x + f (xp ) · (b − xp ) (11.3)
k=0
Cela est illustré sur la figure (11.3) : l’union des p + 1 rectangles de base [xk , xk+1 ]
et de hauteur f (xk ) est la partie grisée.
y
y = f (x)
x
a b
Il est évident que cette évaluation de l’aire de D est d’autant meilleure que le pas
réel ∆x est petit, il semble aussi clair que les fluctuations des aires ainsi obtenues
sont d’autant plus petites que le pas est choisi petit. Dès lors afin d’améliorer au
mieux ces évaluations, de diminuer au mieux leurs fluctuations, une idée s’impose :
il faudrait prendre un pas ∆x infiniment petit et pouvoir considérer la
somme (11.3) associée à ce pas, nous aurions alors une excellente éva-
luation de l’aire cherchée.
C’est ce qu’on va faire : l’intégrale devrait être cette somme lorsque le pas est infini-
ment petit. Telle est l’idée de base de l’intégrale, nous devrons seulement y apporter
un “correctif infiniment petit”.
144 Chapitre 11. Intégrales
Envisageons d’abord le cas d’un pas réel ∆x > 0. Discrétisons [a, b] au moyen du
pas ∆x, on obtient ainsi les point x0 , x1 , . . . , xp+1 . Comme plus haut considérons
p−1
X
f (xk ) · ∆x + f (xp ) · (b − xp ) (11.4)
k=0
autrement dit
p
X
f (xk )(xk+1 − xk ) ,
k=0
cette somme est appelée une somme de Riemann , elle est notée S(∆x) et elle
dépend de ∆x mais bien entendu aussi de la fonction f et de a, b.
y
y = f (x)
x
a b
Comme on le voit sur la figure 11.4, S(∆x) est la somme des aires des rectangles
situés au-dessus de l’axe des abscisses moins la somme des aires des rectangles situés
en dessous de cet axe.
Ce qu’on vient de faire pour un pas réel ∆x on peut le faire pour un pas hyperréel
> 0, en particulier pour un pas infiniment petit. Les points de la discrétisation sont
définis de la même façon. Il est vrai que, si ∆x est infiniment petit, la discrétisation
est composée d’une infinité de xk , mais cela ne nous empêche pas de considérer
la somme (11.4), en effet en posant xk = b pour k > p + 1 on prolonge les xk
11.3. Sommes de Riemann 145
ϕ est une fonction de choix définie dans [a, b] lorsque ϕ est une fonction réelle de
deux variables qui à tous u, v dans [a, b] tels que u < v associe un nombre ϕ(u, v) tel
que u ≤ ϕ(u, v) ≤ v . Alors, en prenant l’extension de ϕ aux hyperréels, ϕ choisit un
nombre ϕ(u, v) entre u et v pour tous hyperréels u v tels que a ≤ u < v ≤ b .
p−1
X
Sϕ (∆x) := f (x′k ) · ∆x + f (x′p ) · (b − xp ) (11.5)
k=0
ou encore
p
X
Sϕ (∆x) = f (x′k ) · (xk+1 − xk ) . (11.6)
k=0
De telles fonctions existent-elles ? Oui, car nous allons voir que les conditions
ci-dessus sont vérifiées dès que la fonction est continue dans [a, b] (ce qui est n’est
pas bien exigeant).
De par les conditions de la définition, l’intégrale de f dans [a, b] est donc un
nombre réel qui dépend uniquement de la fonction f et des bornes d’in-
Rb
tégration a, b . Dans la notation a f (x)dx la variable x et l’expression dx sont donc
des symboles muets, ils nous rappellent la construction des sommes de Riemann et
comme on s’en rendra compte plus tard lors du calcul des intégrales ils sont tout
compte fait bien pratiques.
Complétons la définition ci-dessus en convenant :
Z a Z b Z a
f (x)dx := − f (x)dx et f (x)dx := 0 .
b a a
[a, b] tels que f (c) ≤ f (x) ≤ f (d) pour tout x dans [a, b] (de tels réels existent vu le
Théorème des Bornes atteintes). Alors pour tout pas ∆x > 0 on a
(b − a) · f (c) ≤ Sϕ (∆x) ≤ (b − a) · f (d) . (11.7)
et Sϕ (∆x) est limitée.
Démonstration. Soient c et d vérifiant les conditions du théorème. D’après le
Principe de transfert, pour tout x dans ∗ [a, b] on a f (c) ≤ f (x) ≤ f (d). Considérons
un pas ∆x > 0. Soient x0 , x1 , x2 , . . . , xp+1 la discrétisation de [a, b] de pas ∆x et
notons x′k le point choisi entre xk et xk+1 . Par conséquent pour chaque k on a
a ≤ x′k ≤ b et donc f (c) ≤ f (x′k ) ≤ f (d) , d’où
f (c) · (xk+1 − xk ) ≤ f (x′k ) · (xk+1 − xk ) ≤ f (d) · (xk+1 − xk ) .
En additionnant ces termes on obtient
Xp p
X p
X
f (c) · (xk+1 − xk ) ≤ f (x′k ) · (xk+1 − xk ) ≤ f (d) · (xk+1 − xk ) ,
k=0 k=0 k=0
c’est-à-dire
p
X p
X
f (c) · (xk+1 − xk ) ≤ Sϕ (∆x) ≤ f (d) · (xk+1 − xk )
k=0 k=0
Pp
et, puisque k=0 (xk+1 − xk ) = b − a , la double inégalité (11.7) est vérifiée.
Sϕ (∆x) est limitée car, vu (11.7), elle est comprises entre deux réels. ✷
Notre but est de prouver que les sommes de Riemann associées à des pas ip ont la
même partie standard, autrement dit sont infiniment proches. Nous pouvons changer
de discrétisation, nous pouvons aussi changer de fonction de choix. Commençons par
modifier la fonction de choix sur une même discrétisation de pas ip.
Théorème 27 (Indépendance du choix).
Soient f continue dans [a, b], ∆x ip > 0 et ϕ, ψ deux fonctions de choix. Alors
Sϕ (∆x) ≈ Sψ (∆x) .
La fonction de choix n’a donc pas d’influence sur la partie standard des sommes de
Riemann de même pas ip.
Démonstration. Soit x0 , x1 , . . . , xp , xp+1 la discrétisation de pas ∆x, notons x′k ,
x′′k le point choisi entre xk et xk+1 respectivement par ϕ et ψ . Les nombres x′k et
x′′k sont donc infiniment proches de xk et donc infiniment proches entre eux. Vu le
Théorème de Continuité uniforme, pour chaque k on a
f (x′k ) ≈ f (x′′k ) .
et f (x′k ) − f (x′′k ) est un ip εk . Nous avons
p
X p
X
Sϕ (D) − Sψ (D) = (xk+1 − xk )(f (x′k ) − f (x′′k )) = (xk+1 − xk )εk .
k=0 k=0
Pp
Dès lors, du théorème 21 et puisque k=0 |xk+1 − xk | = b − a, on a que la différence
des deux sommes de Riemann est ip. ✷
148 Chapitre 11. Intégrales
Nous n’avons plus à nous soucier de la fonction de choix, par exemple choisissons
x′k = xk . Faisons varier le pas ip.
Théorème 28 (Découpage).
Soit f continue dans [a, b]. Si ∆x et ∆x′ sont des pas ip > 0, alors S(∆x) ≈ S(∆x′ ) .
Démonstration. Soient u0 , u1 , u2 , . . . , up+1 la discrétisation de pas ∆x et
v0 , v1 , v2 , . . . , vq+1 la discrétisation de pas ∆x′ . Nous avons
p
X q
X
S(∆x) = f (ui ) · (ui+1 − ui ) et S(∆x′ ) = f (vj ) · (vj+1 − vj ) . (11.8)
i=0 j=0
a
u0 u1 u2 u3
a
v0 v1 v2 v3 v4
a
w0 w1 w2 w3 w4 w5 w6 w7
wk ≈ ck . (11.9)
wk ≈ dk . (11.10)
3. Ainsi écrites les deux sommes de Riemann ont le même nombre de termes et les
termes correspondants ont un facteur commun, on peut maintenant faire la différence
de ces deux sommes, on obtient :
l
X
S(∆x) − S(∆x′ ) = (wk+1 − wk )(f (ck ) − f (dk )) .
k=0
f (ck ) ≈ f (dk ) ,
ainsi f (ck ) − f (dk ) est ip. De nouveau grâce au théorème 21 et au fait que
l
X
(wk+1 − wk ) = b − a ,
k=0
déterminés par la fonction de choix M in sont en dessous du graphe, tandis que les
rectangles déterminés par la fonction de choix M ax ont leur côté supérieur au dessus
du graphe. Dès lors on a
SMin (D) ≤ Aire de A ≤ SMax (D) . (11.11)
Mais Z b
SMin (∆x) ≈ SMax (∆x) ≈ f (x)dx .
a
Rb
L’aire de D est donc infiniment proche de a f (x)dx, mais cette aire doit être un
réel, par conséquent
Z b
Aire de D = f (x)dx . (11.12)
a
et donc Z Z
b b
| f (x)dx | ≤ |f (x)|dx .
a a
[a,b] [b,c]
Autrement dit, si on pose S (∆x) (resp. S (∆x), S [a,c] (∆x) ), la somme de
Riemann de f considérée dans [a, b] (resp. [b, c], [a, c]), on a
b−a b−a b−a
S [a,b] ( ) + S [b,c] ( ) = S [a,c]( ).
m m m
En prenant la partie standard dans l’égalité ci-dessus, on obtient (11.13). ✷
Revenons au calcul des aires en envisageant une situation plus générale que celle
envisagée précédemment. Supposons
f et g continus dans [a, b] et g(x) ≤ f (x) pour tout x ∈ [a, b] .
Désignons par K la partie du plan délimitée par les droites d’équation x = a , x = b ,
le graphe de f et le graphe de g (voir figure 11.6). Cherchons à mesurer l’aire de
K . Les aires devraient être invariantes par translation, on peut donc, si nécessaire,
appliquer à K une translation suivant la direction de l’axe des ordonnées de telle
sorte que K soit entièrement compris dans le premier quadrant, soit l e ~ 2 le vecteur
correspondant à cette translation. L’aire de K devrait valoir
Z b Z b
(f (x) + l)dx − (g(x) + l)dx
a a
Rb
c’est-à-dire a
(f (x) − g(x))dx . Dès lors :
Z b
Aire de K = (f (x) − g(x))dx .
a
11.8. Application au logarithme 153
y=f(x)
a b
x
y=g(x)
Z u
1
ln u := dt .
1 t
Cette intégrale existe bien puisque 1t est continu ]0, +∞[, donc continu dans [1, u]
ou [u, 1] .
L’interprétation graphique de ln u est très simple :
— si u > 1, le nombre ln u est l’aire de la surface comprise entre l’hyperbole
d’équation y = 1t , l’axe des t et les verticales t = 1 et t = u (voir figure 11.7),
— si 0 < u < 1, le nombre ln u est égale à l’opposé de cette aire.
Z x
1
x ∈]0, +∞[7−→ ln x = dt .
1 t
1
y y= t
t
1 u
De plus
les Propriétés classiques des intégrales faisant l’objet du théorème 30 ainsi que le
Théorème de la moyenne sont conservés pour les intégrales ayant des bornes d’inté-
gration hyperréelle
Pour s’en rendre compte il suffit d’appliquer le Principe de transfert à ces résultats.
Envisageons par exemple la propriété concernant le module de l’intégrale. Supposons
par exemple que J =]a, b] . Alors dans les réels le système
a<u≤v≤b (11.16)
11.10. Calcul approché des intégrales 155
entraîne Z Z
v v
| f (x)dx| ≤ |f (x)|dx , (11.17)
u u
il en est donc de même dans les hyperréels d’où (11.17) est aussi vérifié pour tous
u, v dans ∗ J tels que u ≤ v . De même aussi pour le Théorème de la Moyenne : dans
les réels le système (11.16) entraîne qu’il existe un réel w tel que
Z v
u≤w≤v , f (x)dx = (v − u)f (w) . (11.18)
u
m−1
X xk + xk+1 b − a
f( )
2 m
k=0
où xk = a + k b−a
m . Cette méthode tire évidemment son nom du fait que la surface
D est approchée au moyen de rectangles de base b−a
m et dont la hauteur est la valeur
de f au milieu de [xk , xk+1 ] .
156 Chapitre 11. Intégrales
b−a
(f (a) + 2f (x1 ) + 2f (x2 ) + . . . + 2f (xm−1 ) + f (b)) .
2m
Méthode de Simpson
h
(f (a) + 4f (x1 ) + 2f (x2 ) + 4f (x3 ) + 2f (x4 ) + . . . 2f (x2m−2 ) + 4f (x2m−1 ) + f (b)) .
3
Parmi ces trois méthodes, la Méthode de Simpson est en général la plus efficace.
Chapitre 12
Théorème de Lagrange et
conséquences
Démonstration.
Vu le Théorème des bornes atteintes, il existe c, d ∈ [a, b] tels que f (c) ≤ f (x) ≤ f (d)
pour tout x ∈ [a, b]. Deux cas se présentent :
1. f (c) = f (d) . Alors f est constante dans [a, b] et f ′ (x) = 0 pour tout x ∈]a, b[.
2. f (c) 6= f (d) . Alors, puisque f (a) = f (b), les nombres c, d ne peuvent se trouver
tous deux aux extrémités de [a, b], un au moins se trouve dans ]a, b[, soit c dans
]a, b[ . Alors f admet en c un minimum local. Vu le Principe de Fermat f ′ (c) = 0. ✷
Démonstration.
Raisonnons d’abord dans les réels. Soient u, v réels dans I et u < v. Soit G la
fonction définie par
G(x) := f (x) + K(u − x)
157
158 Chapitre 12. Théorème de Lagrange et conséquences
où K est une constante réelle. Cette fonction est dérivable dans I. Choisissons la
constante K pour que G(u) = G(v) , prenons donc
f (u) − f (v)
K= . (12.2)
u−v
Vu le Théorème de Rolle appliqué à la fonction x 7→ G(x) dans l’intervalle [u, v] il
existe c réel dans ]u, v[ tel que : G′ (c) = 0 et donc tel que f ′ (c) = K . La formule de
l’énoncé se déduit dès lors de (12.2).
Envisageons maintenant le cas où u, v sont hyperréels. Ci-dessus on a prouvé
que dans R le système standard u, v ∈ I entraîne qu’il existe un réel w vérifiant le
système standard
Remarque.
On doit rapprocher ce résultat du Théorème des accroissements infinitésimaux. Pre-
nons un réel x0 dans I et ∆x infiniment petit tel que x0 + ∆x soit dans ∗ I . D’une
part il existe c entre x0 et x0 + ∆x tel que
d’autrepart
f (x0 + ∆x) − f (x0 ) = ∆xf ′ (x0 ) + o(∆x) .
Le remplacement dans f ′ de x0 par c est donc le prix à payer pour obtenir exactement
f (x0 + ∆x) − f (x0 ) et aussi pour pouvoir considérer des ∆x non infiniment petits. .
Solution. Soient a, b des réels > 0. Cherchons la relation entre a et b pour que
2 2
l’ellipse d’équation xa2 + yb2 = 1 passe par p0 . En choisissant a comme paramètre on
obtient :
a2 y 0 2
b2 = 2 .
a − x0 2
Notons Aire(a) l’aire délimitée par une telle ellipse. Puisque Aire(a) ≥ 0, les extrema
de Aire(a) correspondent aux extrema de Aire2 (a) . Cherchons donc les valeurs de
a > 0 qui donnent lieu à des extrema de
π 2 a4 y 0 2
Aire2 (a) = .
a2 − x0 2
On a
d Aire2 (a) 2π 2 y02 a3 (a2 − 2x20 )
= ,
da (a2 − x20 )2
160 Chapitre 12. Théorème de Lagrange et conséquences
d’où √
a 0 2 x0
d Aire2 (a)
0 <0 0 >0
da
Aire(a)2 ց min. local ր
√
L’aire délimitée par l’ellipse a donc un minimum pour a = 2x0 et n’a pas de
maximum. La valeur minimum de l’aire vaut
√
Aire( 2x0 ) = 2πx0 y0 .
D = klh3 (12.3)
on a p
D(h) = kh3 4r2 − h2 .
Il s’ensuit
4kh2 (3r2 − h2 )
D′ (h) = √ .
4r2 − h2
Le signe de D′ (h) est donc donné par le signe de 3r2 − h2 , d’où
√
h 0 3r
D′ (h) > 0 > 0 0 <0
D(h) ր ց
√
D(h)
√ est donc strictement croissant dans [0, 3r] et strictement√décroissant dans
[ 3r, 0] , par conséquent D(h) admet un maximum pour √ h = 3r. Il faut donc
tailler une poutre dont la hauteur de la section vaut 3r et dont la largeur de la
section vaut r .
12.4. Exercices proposés 161
En fait, comme on va le voir, la réponse à cette question est liée au fait que la dérivée
f ′ soit continue. On définit :
soit I un intervalle de R, la fonction réelle f est continûment dérivable dans I
lorsque f est dérivable dans I et lorsque la dérivée de f dans I est continue dans I.
Comme précédemment, si l’intervalle I est de la forme [a, b], on considère seulement
f (x) pour a ≤ x ≤ b et en a et b on considère la dérivée à droite, respectivement à
gauche.
La réponse à la question posée ci-dessus est affirmative pour une fonction conti-
nûment dérivable dans [a, b] :
162 Chapitre 12. Théorème de Lagrange et conséquences
f ′ (w) ≈ f ′ (x) ,
il existe donc ε ip tel que f ′ (w) = f ′ (x) + ε . En remplaçant dans (12.5) on obtient
f ′ (x) étant limité, cela entraîne aussi que f (x + ∆x) − f (x) est O(∆x) . ✷
Chapitre 13
Le Théorème fondamental
Pour calculer une intégrale, il est bien connu qu’il faut chercher une primitive et
faire varier la primitive entre les bornes d’intégration. Ce résultat essentiel relie de
façon très étroite les deux notions de base de l’Analyse, les dérivées et les intégrales.
En fait cela fait l’objet d’un théorème qui à juste titre est qualifié de Théorème
fondamental de l’Analyse. Pourtant, a priori et sur base de ce que nous avons vu
jusqu’ici, les dérivées et les intégrales sont des notions bien distinctes ! L’histoire
des Mathématiques nous confirme cela. Ainsi dès la première moitié du 17e siècle
d’illustres mathématiciens tels Fermat, Pascal calculent des aires de parties du plan
comprises entre l’axe des abscisses et des courbes d’équation y = xn (n 6= 1 ), mais
ils calculent ces aires au prix d’ingénieux calculs de sommes d’une infinité d’aires de
rectangles. En fait on ne sait pas alors que le calcul de ces aires peut s’effectuer en
n+1
faisant varier xn+1 entre les abscisses adéquates. Il faut attendre Newton en 1669
et quelques années plus tard Leibniz pour prendre conscience de cela et découvrir
la relation fondamentale entre les aires considérées, autrement dit les intégrales, et
l’opération de primitivation qui est l’opération réciproque de la dérivation.
Z x
d
f (t)dt = f (x) .
dx x0
Rx
Démonstration. La fonction t 7→ f (t) étant continue dans I, l’intégrale x0 f (t)dt
existe quel que soit x dans ∗ I. Pour tout x dans ∗ I posons
Z x
G(x) := f (t)dt .
x0
163
164 Chapitre 13. Le Théorème fondamental
Il s’ensuit
G(x + ∆x) − G(x)
= f (w)
∆x
et aussi w ≈ x . Alors f (w) ≈ f (x) et donc
G(x + ∆x) − G(x)
≈ f (x) .
∆x
Le quotient différentiel de G est donc limité et a pour partie standard f (x) . Ainsi
G′ (x) = f (x) dans l’intervalle I ✷
Ainsi l’opération de dérivation peut être considérée comme l’opération
réciproque de l’intégration dans [x0 , x] ! Il y a donc un lien très étroit entre les
opérations de dérivation et d’intégration.
1
(ln x)′ = dans ]0, +∞[ .
x
13.2 Primitives
Soit I un intervalle de R.
Définition. La fonction H est une primitive de f dans I lorsque H ′ (x) = f (x)
dans l’intervalle I.
L’opération de primitivation, qui consiste à chercher une primitive de la fonction
considérée, est donc l’opération réciproque de la dérivation.
Attention : rappelons-nous que lorsqu’on considère la dérivée dans un intervalle
dont une extrémité est fermée, en cette extrémité par f ′ (x) on entend la dérivée à
droite ou à gauche selon qu’il s’agit de l’extrémité gauche ou de l’extrémité droite, il
en est donc de même pour les primitives. Ainsi, si on dit que H(x) est une primitive
de f (x) dans [a, b] cela signifie :
13.2. Primitives 165
G et H étant deux primitives de f dans [a, b] , il existe une constante réelle C telle
que G(x) = H(x) + C dans [a, b] . Il s’ensuit :
Z b Z x0 Z b
f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt = −G(a) + G(b)
a a x0
= H(b) + C − H(a) − C = H(b) − H(a) .
✷
ParRexemple :
sin xdx ≃ − cos x dans R d’où
Z π
sin xdx = − cos π + cos 0 = 2 .
0
R dx
1+x2 ≃ arctg x dans R d’où
Z 1
1 π
dx = arctg(1) − arctg(−1) = .
−1 1 + x2 2
13.4. Exercices résolus 167
R√ 3
xdx ≃ 23 x 2 dans [0, +∞[ , d’où
Z 2
√
√ 4 2
xdx = .
0 3
√
Solution. La fonction t 7→ 1 + t2 est continue dans R. Par conséquent dans R
Z u p p
d
1 + t2 dt = 1 + u2 .
du 1
Exercice 13.2. Soit f une fonction continue dans [0, 4] telle que f (x) > 0 pour
tout x ∈ [0, 4] . Que peut-on dire de la fonction h suivante :
Z x2
h : x 7→ f (t)dt ?
0
13.5 Exercices
1. Soit f continue dans un I. Dérivez les fonctions suivantes en indiquant où
cela est possible :
Z 2x3
f1 : x 7−→ f (t) dt avec I=R,
1
Z 2 sin x
f2 : x 7−→ f (t) dt avec I = [0, +∞[ ,
0
Z 2x2
f3 : x 7−→ f (t) dt avec I = [2, +∞[ .
x2
Logarithmes et exponentielles
Comme toute fonction réelle, la fonction ln x a une extension standard, par consé-
quent la formule (14.1) est vérifiée pour tout hyperréel u > 0.
On a déjà remarqué que ln x est strictement croissant et grâce au Théorème
fondamental, on sait aussi
1
ln′ (x) = .
x
Par conséquent ln x est la seule primitive de x1 dans ]0, +∞[ dont la valeur en 1 soit
0 . Nous allons maintenant compléter ces résultats.
169
170 Chapitre 14. Logarithmes et exponentielles
Il s’ensuit :
Si u, v sont des réels > 0 et si α est un rationnel 1 ,
1 u
ln = − ln u , ln = ln u − ln v , ln uα = α · ln u . (14.3)
u v
Démonstration. De
1 1
ln(u) + ln( ) = ln(u · ) = ln 1 = 0
u u
il découle les deux premières formules. Prouvons la troisième. Si α est un naturel
> 0, il suffit d’itérer la règle (14.2). Si α = 0 , la formule est vérifiée puisque ln 1 = 0 .
Si α = −m avec m un naturel > 0 , on a
1
ln u−m = m ln = −m ln u .
u
Considérons α = p/q avec p, q des naturels > 0 , on a
q
(up/q ) = up
d’où
q ln(up/q ) = p · ln u
et la formule annoncée est bien démontrée. ✷
Remarquons qu’en appliquant la Règle de transfert on voit que les formules
(14.2), (14.3) sont vérifiées pour tous hyperréels u, v > 0 .
Montrons
ln 2 < 1 < ln 3 (14.4)
Considérons la figure 14.1. Il est évident que ln 2 < 1. D’autre part
1 4 4 4 4 4 4 4 4 28271
ln 3 > ( + + + ++ + + + )= >1.
4 5 6 7 8 9 10 11 12 27720
Puisque ln x est continu dans ]0, +∞[, en appliquant le Théorème des valeurs inter-
médiaires à (14.4), on voit qu’il existe un réel u entre 2 et 3 tel que ln u = 1 , vu le
caractère strictement croissant de ln x un tel réel est forcément unique, ce réel est
particulièrement important et porte un nom particulier :
Définition. Le nombre e est l’unique réel u tel que ln u = 1 .
Par conséquent
2<e<3 .
Plus tard on verra comment la Formule de Taylor permet de calculer le nombre e
avec une précision arbitrairement grande, nous pourrons alors chercher un nombre
arbitraire de décimales de e et voir que e = 2.7182... . Signalons que le nombre e est
un nombre irrationnel et même un nombre transcendant.
1. cette condition sera abandonnée dès qu’on aura vu les exposants irrationnels
14.2. La fonction exponentielle 171
1
y= x
x
1 2 3
y=ln x
x
1 e
En particulier
exp(0) = 1 et exp(1) = e .
Au vu de ce qu’on sait à propos de ln x , on a :
y=exp(x)
x
0 1
st(QD) = y0 = exp(x0 ) .
On connaît déjà les puissances à exposants rationnels (voir page 137). Nous
voudrions ici donner un sens à ar pour tout réel r de telle sorte que les propriétés
élémentaires des exposants rationnels soient maintenues pour tous les exposants
réels. Il nous reste donc à définir des puissances à exposants irrationnels.
D’après (14.3), pour tout rationnel q on a
aq = exp(ln(aq )) = exp(q · ln a) . (14.7)
Dès lors tentons la définition suivante :
Définition. Soit a > 0 et r un irrationnel, alors posons
ar := exp(r · ln a) .
au = exp(u · ln a) . (14.8)
au1
a(u1 +u2 ) = au1 · au2 , a(u1 −u2 ) =
au2
1
a(u1 ·u2 ) = (au1 )u2 , a−u =
au
a au
(a · b)u = au · bu , ( )u = u
b b
ln(au ) = u · ln a .
Puisque ln e = 1, on a aussi
exp(x) = ex .
14.3. Exposants quelconques 175
1. Comparons d’abord ln H et H α .
ln H ln x
≈0 c’est-à-dire lim =0 . (14.10)
Hα x→+∞ xα
ln x
Démonstration. Envisageons d’abord le cas de x . Pour tout x > 1, on a
Z x Z x √
ln x 1 dt 1 dt x−1
0< = ≤ √ =2 .
x x 1 t x 1 t x
En particulier, si H ig > 0,
√
H −1 1 1
0<2 = 2( √ − ) ≈ 0 ,
H H H
le rapport lnHH est compris entre deux ip et est donc aussi ip.
Pour ln H
H α , remarquons
1
ln H α ln(H α ) 1 ln G
= =
Hα Hα α G
ln G ln H
si on pose G = H α . Mais G est ig > 0 et donc G ≈ 0 d’où Hα ≈ 0. ✷
Hα (ln G)α 1 ln G
H
= α
= α
( 1 )α . (14.11)
λ (ln λ) G (ln λ) G α
1
Vu (14.10), la fraction (ln G)/G α est ip et l’expression (14.11) est un aussi ip, d’où
Hα xα
≈0 c’est-à-dire lim =0 . (14.12)
λH x→+∞ λx
3. Jusqu’ici l’ordre de grandeur le plus élevé est celui de λH . Montrons que l’ordre
de grandeur de H! est encore plus élevé, prouvons :
pour tout H hypernaturel infiniment grand,
λH λm
≈0 c’est-à-dire lim =0 . (14.13)
H! m→∞ m!
14.5. Logarithme en base λ 177
λk λt λk−t 1
= · · .
k! (t − 1)! t · (t + 1) · . . . · (k − 1) k
t
λ
La fraction (t−1)! est une constante réelle ne dépendant pas de k, notons-la C. Le
produit t · (t + 1) · . . . · (k − 1) compte k − t facteurs tous ≥ λ, d’où
λk−t
0< ≤1.
t · (t + 1) · . . . · (k − 1)
Par conséquent
λk C
0< ≤ .
k! k
L’inégalité ci-dessus est vérifié pour tout naturel k ≥ t , d’où, vu le Principe de
transfert, il en de même pour tout hypernaturel k ≥ t . En particulier, si H est un
H H
hypernaturel ig, on a 0 < λH! ≤ H C
d’où λH! est ip. ✷
ln x
lim =1 .
x→1 x−1
ln x
≈1.
x−1
pour tout nombre u > 0, il existe un et un seul nombre v tel que u = λv , ce nombre
v est appelé le logarithme de u en base λ et est noté logλ u. Autrement dit le
logarithme d’un nombre > 0 est l’exposant qu’il faut donner à la base pour obtenir
ce nombre.
Par exemple
1 1 1 1
log4 16 = 2 , log2 √ = − , log√3 9 = 4 , log9 √ = − .
2 2 3 4
178 Chapitre 14. Logarithmes et exponentielles
ln u
logλ u = . (14.14)
ln λ
logλ u
logµ u = .
logλ µ
14.6 Exercices
1. Sans utiliser la calculatrice, cherchez :
4) 3log 10
√
1) log4 8 3
1
2) log2√3 5) 2log4 5
√144
3) log√2 5 16 6) 16log8 3
2. Résoudre √
1) ln 2x ≥ − ln(x + 1) 3) 8 · 2x = ( 2)x−1
2) log2 x > log8 (3x − 2) 4) ex < 10x
3. Des mathématiciens ont prouvé que le nombre 244497 − 1 était premier. Com-
bien de chiffres trouve-t-on dans son écriture décimale ?
1
4. En Chimie, on définit le pH d’une solution acide : pH=log où
[H+]
[H+] est la concentration en ions H+, c-à-d le nombre de moles H+ par litre
de solution.
(a) Quel est le pH d’une solution contenant 2 · 10−10 moles H+ par litre ?
(b) Quelle est la concentration en ions H+ d’une solution dont le pH est 4 ?
(c) Si la concentration en ions H+ augmente de 5%, comment varie son pH ?
Chapitre 15
(x − a)2 ′′
f (x) = f (a) + (x − a)f ′ (a) + f (c) .
2
Démonstration. On raisonne comme dans la preuve du Théorème de Lagrange, la
seule différence est qu’on considère une autre fonction G(y) . Fixons x dans I, x 6= a.
Posons cette fois
G(y) := f (y) + (x − y)f ′ (y) + K(x − y)2 .
où K est une constante. Cherchons la valeur à donner à K pour que G(x) = G(a) .
Il suffit pour cela d’avoir
f (x) = f (a) + (x − a)f ′ (a) + K(x − a)2
et donc de prendre
f (x) − f (a) − (x − a)f ′ (a)
K := . (15.1)
(x − a)2
Ainsi G(a) = G(x) , de plus G(y) est dérivable dans I, d’où également dans [a, x] ou
[x, a] . En appliquant le Théorème de Rolle, on obtient un réel c dans ]a, x[ ou ]x, a[
tel que G′ (c) = 0. Or
G′ (y) = (x − y)(f ′′ (y) − 2K) .
179
180 Chapitre 15. Formule de Taylor d’ordre deux
f ′′ (c)
Puisque c 6= x, nous avons forcément K = 2 , d’où la formule annoncée en
remplaçant dans (15.1). ✷
Il faut remarquer que le nombre c dont il est ici question dépend bien entendu de
la fonction considérée, de a mais aussi de x ; si nous modifions x il faut s’attendre
à ce que c change.
∆x2 ′′
f (x0 + ∆x) = f (x0 ) + ∆x f ′ (x0 ) + f (c)
2
c’est-à-dire
∆x2 ′′
f (x0 + ∆x) − f (x0 ) = dfx0 (∆x) + f (c) . (15.2)
2
Ainsi on élargit le champ d’application de la différentielle, on va pouvoir
calculer la variation de la fonction au moyen de la différentielle même lorsque ∆x
n’est pas assimilable à un infiniment petit et évaluer l’erreur ainsi commise puisque
cette erreur vaut
∆x2 ′′
| f (c)| .
2
Si on sait que dans l’intervalle I on a |f ′′ (x)| ≤ K (K étant une constante réelle),
alors l’erreur commise en calculant la variation de la fonction au moyen de dfx0 (∆x)
2
est donc ≤ K·∆x 2 .
∆x2 ′′ ∆x2 ′′
f (c) = f (x0 ) + o(∆x2 ) ,
2 2
on a ainsi prouvé
Théorème 42. Si f est 2 fois continûment dérivable dans I, alors pour tout x0
dans I et pour tout ∆x ip 6= 0 tel que x0 + ∆x soit dans ∗ I, on a
∆x2 ′′
f (x0 + ∆x) = f (x0 ) + ∆xf ′ (x0 ) + f (x0 ) + o(∆x2 ) . (15.3)
2
15.1. Formule de Taylor d’ordre deux 181
Application à sin x
Dans de nombreuses applications, lorsque la mesure α d’un angle est petite, on
assimile sin α à α, voyons quand cela est légitime. Convenons : si δ est un réel > 0 ,
la proposition “a = a′ à δ près” signifie que |a − a′ | < δ .
Estimons sin x à δ près.
Pour tout x 6= 0 il existe c entre 0 et x tel que
x2
sin x = x − sin(c) .
2
De plus
| sin c| ≤ |c| < |x| ,
il s’ensuit
|x|3
| sin x − x| ≤ . (15.4)
2
Soit δ la précision
√ considérée (δ est un réel √ > 0 ), pour que | sin x − x| < δ il suffit
3 3
donc que |x| < 2δ ; autrement dit si |x| < 2δ , on sin x = x à δ près. Envisageons
un cas concret en prenant δ = 10−3 : si |x| < 0.12 (radian !), on a sin x = x à 10−3
près.
Soit ε ip. Vu (15.3), on sait déjà sin ε = ε + o(ε2 ), mais on peut faire mieux. En
effet, d’après le Principe de transfert, l’inégalité 15.4, est encore vérifiée pour tout
x = ε. Il s’ensuit
| sin ε − ε| 1
0≤ ≤
ε3 2
| sin ε−ε|
la fraction ε3 est donc limité, autrement dit :
Exercice. La fonction sinus cardinal notée sinc est la fonction définie par
(
sin x
x si x 6= 0 ,
sinc(x) =
1 si x = 0 .
Puisque sinε ε ≈ 1 pour ε ip, on sait déjà que la fonction sinc(x) est continue dans
R. Elle est aussi dérivable dans R0 . Dérivons sinc(x) en 0.
Solution. Pour dériver sinc(x) en 0, on doit appliquer la définition de la dérivée.
Soit ∆x ip 6= 0, le quotient différentiel en 0 s’écrit
sin(∆x)
∆x −1 sin(∆x) − ∆x
QD = =
∆x ∆x2
Vu (15.5)
LIM · ∆x3
QD = = IP ,
∆x2
la dérivée de sinc(x) vaut donc 0 en x = 0.
(x − x0 )2 ′′
f (x) = f (x0 ) + f (c) .
2
Forcément c est dans V et donc f ′′ (c) > 0 , par conséquent f (x) > f (x0 ) . La fonction
f admet donc en x0 un minimum local. ✷
Cette situation est illustrée sur la figure 15.1. On sait que les équations paramé-
triques du segment joignant (x1 , f (x1 )), (x2 , f (x2 )) sont
x = λx1 + (1 − λ)x2
où λ ∈ [0, 1] ;
y = λf (x1 ) + (1 − λ)f (x2 )
par conséquent
Théorème 44. Si f ′ (x) est croissante (resp. décroissante) dans I , f est convexe
(resp. concave) dans I .
15.3. Fonctions convexes. Concavité 183
y = f (x)
x1 x x2
f ′ étant croissante, l’expression λ(1 − λ)(x2 − x1 )(f ′ (c2 ) − f ′ (c1 )) est ≥ 0 d’où
✷
Il s’ensuit :
Soit f dérivable deux fois dans un intervalle I . Si f ′′ (x) est ≥ 0 (resp.
≤ 0 ) dans I , alors f est convexe (resp. concave) dans I .
0.75
x
-2 -1 1 2
1
Figure 15.2: graphe de
1 + x2
Théorème 45. Si f est dérivable deux fois dans l’intervalle I et si f ′′ (x) ≥ 0 (resp.
f ′′ (x) ≤ 0 ) dans I , alors pour tout x0 ∈ I la tangente à G au point (x0 , f (x0 )) se
trouve en dessous (resp. au dessus) de G en toute abscisse de I .
Démonstration. Envisageons le cas où f ′′ (x) ≥ 0 pour tout x ∈ I . Soit x0 ∈ I et
notons T0 la tangente en (x0 , f (x0 )), l’équation de T0 s’écrit :
y = f (x0 ) + f ′ (x0 )(x − x0 ) . (15.6)
Soit x ∈ I . D’après la Formule de Taylor il existe c entre x0 et x tel que
(x − x0 )2 ′′
f (x) = f (x0 ) + (x − x0 )f ′ (x0 ) + f (c) . (15.7)
2
Comparons les ordonnées des points de T0 et de G de même abscisse x en utilisant
les équations (15.6) et (15.7) : puisque f ′′ (c) ≥ 0, on constate que l’ordonnée du
point de G est supérieure ou égale à celle du point de T0 . ✷
1
Exemple 15.1. Etudions la fonction f définie par f (x) := .
1 + x2
Solution. La fonction f est dérivable dans R et limx→±∞ f (x) = 0 . On a
−2x
f ′ (x) = .
(1 + x2 )2
D’où f ′ (x) > 0 pour x < 0 , f ′ (x) < 0 pour x > 0 et f ′ (0) = 0 . f (x) est donc
strictement croissante dans ]− ∞, 0], strictement décroissante dans [0, +∞[ et admet
un maximum local en 0. Ce maximum local donne lieu au maximum de f dans R à
savoir f (0) = 1 . On a
2(3x2 − 1)
f ′′ (x) = .
(1 + x2 )3
15.4. Méthode de Newton-Raphson 185
f ′′ + 0 − 0 +
concavité du graphe ∪ ∩ ∪
√ √
Les points (− 33 , 34 ),
( 33 , 43 ) sont donc des points d’inflexion du graphe de f .
Le graphe de f apparaît sur la figure 15.2.
y = f (x)
u N (u)
y − f (u) = f ′ (u)(x − u) ,
on a
f (u)
N R(u) = u − .
f ′ (u)
f (xn )
xn+1 := N R(xn ) = xn − . (15.8)
f ′ (xn )
Cette construction est illustrée sur la figure 15.4. Nous allons montrer que, moyen-
nant des précautions simples concernant le choix de x0 , cette suite converge vers le
nombre c cherché. De plus comme on le devine sur un dessin cette convergence est
très rapide.
Etudions la suite xn . Plusieurs cas peuvent se présenter suivant les signes de
f ′ (x) et de f ′′ (x). Par exemple envisageons le cas
f (a) < 0 < f (b) et f ′ (x) > 0 , f ′′ (x) > 0 dans [a, b] .
x0 c x2 x1
x3
x1 ≤ b. Supposons cette condition vérifiée (si ce n’etait pas le cas, il faudrait changer
x0 ). On a
x1 ≥ x2 ≥ x3 ≥ . . . ≥ xn ≥ xn+1 ≥ . . . ≥ c .
Dès lors, d’après le Critère des suites monotones, la suite xn converge vers une limite
réelle w et a < c ≤ w < x1 ≤ b, le nombre w est donc dans [a, b]. Pour tout naturel
n la formule (15.8) est vérifiée, il en est donc de même pour tout hypernaturel n.
Prenons pour k un hypernaturel infiniment grand, on a
f (xk )
xk+1 = xk − , (15.9)
f ′ (xk )
on a aussi
w ≈ xk ≈ xk+1 .
Il s’ensuit
f (xk ) ≈ f (w) et f ′ (xk ) ≈ f ′ (w)
si le premier terme x0 est choisi dans [a, b] tel que x1 soit aussi dans [a, b], la suite
xk construite grâce à (15.9), converge vers la solution c de f (x) = 0 .
188 Chapitre 15. Formule de Taylor d’ordre deux
(c − xk )2 ′′
0 = f (c) = f (xk ) + (c − xk )f ′ (xk ) + f (u)
2
où u se trouve entre xk et c. En divisant par f ′ (xk ), on a
f (xk ) (c − xk )2 f ′′ (u)
− ′
+ xk − c =
f (xk ) 2 f ′ (ck )
c’est-à-dire
(xk − c)2 f ′′ (u)
xk+1 − c =
2 f ′ (ck )
d’où
xk+1 − c f ′′ (u)
2
= .
(xk − c) 2 f ′ (ck )
Si on prend k infiniment grand, on a xk ≈ xk+1 ≈ c ≈ u , d’où
f ′′ (u) f ′′ (c)
′
≈ ′ = AP ,
2 f (ck ) f (c)
il s’ensuit
xk+1 − c = O((xk − c)2 ) .
Par conséquent, en passant de xk à xk+1 , l’ordre de grandeur de l’erreur diminue
très fortement puisqu’il est élevé au carré.
Chapitre 16
Etudes de fonctions
Nous avons déjà étudié la croissance, la décroissance ainsi que la concavité. Nous
allons compléter cela afin d’avoir tous les éléments pour faire une étude complète
d’une fonction.
16.1 Asymptotes
Considérons le graphe G d’une fonction f . Par définition,
une droite non verticale D est asymptote oblique à G lorsque pour tout x ig > 0
(ou pour tout x ig < 0), le point du graphe d’abscisse x est infiniment proche d’un
point de D d’abscisse x ; dans le premier cas on parle d’asymptote oblique du côté
+∞, dans le second d’asymptote oblique du côté −∞.
Soit
D : y = mx + p .
Envisageons le cas “du côté +∞”. Alors D est asymptote ssi pour tout x infiniment
grand > 0, on a
mx + p ≈ f (x) (16.1)
ou ce qui est équivalent p ≈ f (x) − mx , c’est-à-dire
f (x)
m = lim . (16.3)
x→+∞ x
Par conséquent la droite D est asymptote oblique du côté +∞ lorsque les deux
limites (16.2),(16.3) existent et sont des réels, alors on commence bien entendu par
189
190 Chapitre 16. Etudes de fonctions
Exemples
x2
1. Soit f (x) := . Nous avons
2(x − 2)
lim f (x) = −∞ , lim f (x) = +∞ ,
x→2− x→2+
Désignons par e~1 , e~2 les vecteurs unitaires ayant même direction que l’axe ox,
respectivement l’axe oy . Ici a, b sont des réels et a > 0.
Translation de direction ox : le graphe de x 7−→ f (x + b) s’obtient en appli-
quant au graphe de f la translation −be~1 .
Translation de la direction de oy : le graphe de x 7−→ f (x) + b s’obtient en
appliquant au graphe de f la translation be~2 .
Affinité dans la direction ox : Le graphe de x 7−→ f (ax) s’obtient en multi-
pliant les abscisses des points du graphe par 1/a . Une telle transformation
est appelée une affinité de facteur 1/a dans la direction ox .
Affinité dans la direction oy : Le graphe de x 7−→ af (x) s’obtient en multi-
pliant les ordonnées des points du graphe par a . Une telle transformation est
appelée une affinité de facteur a dans la direction de oy .
Symétrie par rapport à ox ou oy : le graphe de x 7−→ f (−x) est le symé-
trique du graphe de f par rapport à oy ; le graphe de x 7−→ −f (x) est le
symétrique du graphe de f par rapport à ox .
Par exemple, considérons une base réelle λ > 1 et traçons les graphes de x 7→ λx
et de x 7→ logλ x. Puisque
λx = ex ln λ ,
ln x
logλ x =
ln λ
b = ρ cos θ , a = ρ sin θ .
Puisque a et b sont des réels quelconques, ρ et θ sont des réels quelconques pris
respectivement dans [0, +∞[ et ] − π, π] . On a :
Pour tracer le graphe de fa,b on doit appliquer au graphe de sin une translation
−θe~1 et une affinité de facteur ρ dans la direction de oy .
192 Chapitre 16. Etudes de fonctions
f′ \ \ + 0 − \ +
√
2 3
f \ 0 ր ց 0 ր
9
La fonction est donc strictement croissante dans chacun des intervalles ] −
1, −2/3[ , ]0, +∞ [, elle est strictement décroissante dans ] − 2/3, 0[, elle admet
un maximum local √ en −2/3 et un minimum local en 0. Le maximum local
vaut f (−2/3) = 2 3/9 et le minimum local vaut f (0) = 0 .
5. f ′′ existe dans ] − 1, 0[∪]0, +∞[ ,
3x + 4
p si x>0
4 (x + 1)3
f ′′ (x) = 3x + 4
− p si −1 < x < 0
4 (x + 1)3
f ′′ \ \ − \ +
f \ 0 ∩ 0 ∪
La concavité est tournée vers le bas dans ] − 1, 0[ et tournée vers le haut dans
]0, +∞[ , le point (0, 0) n’est pas un point d’inflexion car f n’est pas dérivable
en 0 .
6. Les points d’intersection avec les axes sont (−1, 0) et (0, 0) .
La fonction f (x) n’étant ni dérivable en 0 ni en −1, essayons d’en savoir plus
concernant l’existence d’une tangente ou demi-tangente aux points corres-
pondants et pour cela observons le graphe dans l’oculaire du microscope de
grossissement 1/∆. Soit ∆ un infiniment petit > 0.
Pointons d’abord le microscope vers l’origine. Soit ∆x un infiniment petit qui
soit O(∆). Si ∆x > 0, on a
√
f (∆x) = ∆x 1 + ∆x ≈∆ ∆x ,
194 Chapitre 16. Etudes de fonctions
d’où le point du graphe d’abscisse ∆x est ≈∆ du point (∆x, ∆x) qui est un
point de la droite y = x . Du côté des abscisses positives le graphe est donc
observé comme la demi-droite y = x, cette demi-droite peut donc être appelée
une demi-tangente à droite au graphe à l’origine. Soit maintenant ∆x < 0 .
Alors √
f (∆x) = −∆x 1 + ∆x ≈∆ −∆x ,
d’où le point du graphe d’abscisse ∆x est ≈∆ du point (∆x, −∆x) qui est
un point de la droite y = −x . Du côté des abscisses négatives le graphe est
donc observé comme la demi-droite y = −x, cette demi-droite peut donc être
appelée une demi-tangente à gauche au graphe à l’origine.
Pointons maintenant le microscope vers √(−1, 0). Considérons ∆x qui soit
O(∆) et > 0. Alors f (−1+∆x) = (1−∆x) ∆x et f (−1+∆x) n’est pas O(∆),
le point du graphe d’abscisse −1 + ∆x n’est donc pas observé dans l’oculaire.
Envisageons donc plutôt une variation ∆y de l’ordonnée qui soit O(∆) et
√> 0
et considérons le point du graphe (−1 + ∆x, ∆y). Alors ∆y = (1 − ∆x) ∆x,
il s’ensuit (∆y)2 = (1 − ∆x)2 ∆x d’où
∆x (∆y)2
st( ) = st( )=0.
∆ ∆(1 − ∆x)2
∆x est donc o(∆) et le point du graphe (−1 + ∆x, ∆y) est donc ≈∆ du point
(−1, ∆y) qui est un point de la verticale x = −1 . Le graphe est donc observé
comme la demi-droite (
x = −1
y>0
cette demi-droite peut donc être appelée une demi-tangente en (−1, 0).
y
x
-1 1 2
2
-(-)
3
p
Figure 16.1: Graphe de x2 (x + 1)
16.4. Règle de L’Hospital 195
16.5 Exercices
1. Etudiez les fonctions définies ci-dessous et tracez leur graphe.
1
f1 (x) := √ f2 (x) := arcsin(2x + 1)
x2 − 4
x2
f3 (x) := sin(x) − 12 sin(2x) f4 (x) := x+1
e2x −1
f5 (x) := 2e2x −1 f6 (x) := x2 e−x
eλx
fλ (x) := .
x2 + 1
N’étudiez pas la concavité.
4. Soit λ un paramètre réel 6= 0. Etudiez les fonctions fλ définies par
1
fλ (x) := .
λ − ex
Chapitre 17
Nous allons compléter notre liste de fonctions élémentaires. Nous allons étudier
les fonctions hyperboliques, la fonction en cloche de Gauss et la fonction d’erreur.
Ensuite nous verrons comment étudier des fonctions à valeurs complexes et nous
pourrons ensuite voir l’exponentielle complexe.
ex + e−x ex − e−x
ch x := , sh x := ,
2 2
sh x ch x
th x := , coth x := .
ch x sh x
197
198 Chapitre 17. Quelques fonctions importantes
-2 -1 1 2
-1
-2
-3
y
1
x
-3 1 3
-1
x2 y2
2
+ 2 =1,
a b
s’écrivent
x = a cos t
t ∈ [−π, π] .
y = b sin t
Considérons maintenant l’hyperbole d’équation
x2 y2
− =1. (17.1)
a2 b2
Soit H la branche de cette hyperbole correspondant à x > a . Les ordonnées de H
varient dans R , on peut donc poser y := b sh t où t varie dans R tout entier. De
(17.1), il vient q
x=a 1 + sh2 (t) = a ch t .
Les équations paramétriques de la branche d’hyperbole H sont donc
x = a ch t
t∈R
y = b sh t
cos x , sin x ch x , sh x
cos′ (x) = − sin x , sin′ (x) = cos x ch′ (x) = sh x , sh′ (x) = ch x
En raisonnant comme on l’a fait pour chercher la dérivée de arcsin x (page 77) on
prouve :
1 1
arcsh′ (x) = √ dans R et arcch′ (x) = √ dans ]1, +∞[ .
2
x +1 2
x −1
Pour tracer les graphes de arcsh x et arcch x , il suffit de prendre les symétriques
par rapport à la première bissectrice de sh x et de ch x (pour autant que ceux-ci
soient tracés dans des axes cartésiens), on obtient ainsi les graphes apparaissant sur
les figures 17.3, 17.4.
y
3
1
x
-10 -5 -1 5 10
-3
1
x
1 5 10
Proposition 48.
p p
arcsh x = ln(x + x2 + 1) dans R et arcch x = ln(x + x2 − 1) dans [1, +∞[ .
(17.2)
√
Démonstration. Envisageons le cas de arcsh x. Posons f (x) := ln(x + x2 + 1) .
Dans R , on a
1
f ′ (x) = √ = arcsh′ (x) ;
2
x +1
il existe donc une constante C telle que f (x) = arcsh x + C dans R . En particulier
f (0) = arcch 0 + C ,
-2 -1 1 2
Cette fonction est très importante, en effet elle est à la base de la définition de la
distribution de probabilité la plus utilisée, à savoir la Distribution normale ; en effet
la Distribution normale réduite, c’est-à-dire la distribution normale de moyenne 0 et
d’écart type 1 , a comme densité de probabilité la fonction √12π exp(− 21 x2 ) .
Etudions la fonction gλ . Cette fonction est paire. Dans R on a
2
gλ′ (x) = −2λxe−λx ,
-2 -1 1 x 2
2
Si x > 0 le nombre erf(x) donne l’aire comprise entre Ox, le graphe de √2π e−t et
les verticales t = 0, t = x (voir la figure 17.6). Il est inutile de chercher à calculer de
façon symbolique l’intégrale définissant erf(x), cette intégrale ne peut s’exprimer au
moyen des fonctions élémentaires déjà introduites.
Etudions la fonction d’erreur. Cette fonction est impaire. D’après le Théorème
fondamental (1ère partie)
2 2
erf ′ (x) = √ e−x ,
π
erf(x) est donc strictement croissant dans R tout entier. On a aussi
−4x 2
erf ′′ (x) = √ e−x .
π
La concavité du graphe est donc tournée vers le haut dans ] − ∞, 0], tournée vers le
bas dans [0, +∞[ ; l’origine est donc un point d’inflexion du graphe et la tangente en
ce point est la droite y = √2π x .
Il nous faudrait encore connaître limx→+∞ erf(x) , plus tard (voir volume 2) on
prouvera que
lim erf(x) = 1 .
x→+∞
x
-3 -2 -1 1 2 3
-1
Il s’ensuit :
(Re f )′ = Re f ′ , (Im f )′ = Im f ′ ,
Z b Z b Z b Z b
Re f (x) dx = Re f (x) dx , Im f (x) dx = Im f (x) dx ,
a a a a
Z b Z b
(f )′ = f ′ , f (x) dx = f (x) dx .
a a
Autrement dit
ez := eRe z · ei Im z = eRe z · (cos(Iz) + i sin(Iz)) .
206 Chapitre 17. Quelques fonctions importantes
1 ez1
e−z = , ez1 −z2 = , (ez )m = emz .
ez ez2
De la définition il découle :
et aussi
|ea+ib | = ea et ea+ib = ea−ib .
En effet
|ea+ib | = |ea · eib | = ea · |eib | = ea ,
ea+ib = ea cos b − iea sin b = ea cos b + iea sin(−b) = ea · e−ib = ea−ib .
(ez0 x )′ = z0 ez0 x .
En effet
(ez0 x )′ = (eax cos(bx))′ + i(eax sin(bx))′ ,
= aeax cos(bx) − eax b sin(bx) + iaeax sin(bx) + ieax b cos(bx),
= eax · z0 · cos(bx) + ieax · z0 · sin(bx)
= z0 · eax · eibx = z0 · ez0 x
Par conséquent, si z0 6= 0 :
Z
1 z0 x
ez0 x dx ≃ e .
z0
Chapitre 18
Méthodes d’intégration
Z Z
xα+1 1
xα dx ≃ si α 6= −1 , dx ≃ ln |x| dans R0 ,
α+1 x
Z Z
sin x dx ≃ − cos x , cos x dx ≃ sin x ,
Z Z
1 −1
dx ≃ tg x , dx ≃ cotg x ,
cos2 x sin2 x
Z
ez0 x
ez0 x dx ≃ si z0 complexe 6= 0 ,
z0
Z Z
sh x dx ≃ ch x , ch x dx ≃ sh x ,
Z Z
1 −1
dx ≃ th x , dx ≃ coth x .
ch2 x sh2 x
Soit a > 0,
Z Z
1 x 1 1 x
√ dx ≃ arcsin , dx ≃ arctg ,
2
a −x 2 a a2 +x2 a a
Z Z
1 x 1 x
√ dx ≃ arcsh , √ dx ≃ arcch .
a2 + x2 a x2 − a2 a
207
208 Chapitre 18. Méthodes d’intégration
qu’on peut déduire des dérivées des fonctions élémentaires déjà rencontrées, la table
18.1 reprend ces primitives.
Après ce rappel, nous allons donner les méthodes générales d’intégration. Nous
verrons ensuite des méthodes particulières qui en sont déduites. Ces méthodes per-
mettent d’obtenir exactement (sans approximation) de nombreuses primitives et
intégrales.
Dans ce chapitre, sauf mention explicite du contraire, tous les nombres considérés
sont réels et les polynômes et fonctions rationnelles ont leurs coefficients réels.
En effet les primitives ci-dessus existent dans I car f · g ′ et g · f ′ sont continues dans
I, de plus Z
[f · g − g · f ′ dx]′ = f · g ′ + f ′ · g − g · f ′ = f · g ′ .
x3 x2
≃ (x3 − x2 + x) ln x − + −x
3 2
en posant f (x) = ln x et g ′ (x) = 3x2 − 2x − 1 .
De la règle de primitivation par partie, grâce à la 2e partie du Théorème fonda-
mental, on peut maintenant déduire la règle d’intégration par partie :
si f , g sont continûment dérivables dans [a, b], alors
Z b Z b
f (x)g ′ (x) dx = f (b)g(b) − f (a)g(a) − f ′ (x)g(x) dx . (18.1)
a a
18.1. Méthode générales d’intégration 209
Par conséquent
Z b
f (ϕ(x))ϕ′ (x) dx = H(ϕ(b)) − H(ϕ(a)) . (18.5)
a
Le résultat découle dès lors de (18.4) et (18.5). ✷
Exemples 18.1.
Rπ π
1. Cherchons 03 tg x dx . La fonction tg x est continu dans [0, ] , l’intégrale
3
existe donc. Posons t = cos x . Il s’ensuit :
Z π3 Z π3 Z 12
sin x dt 1
tg x dx = dx = − = −[ln t]12 = ln 2.
0 0 cos x 1 t
R2 x
2. Cherchons 0 dx . Posons t = x2 + 1 . Il s’ensuit :
x2 + 1
Z 2 Z
x 1 5 dt 1 1
2+1
dx = = [ln t]51 = ln 5.
0 x 2 1 t 2 2
3. Ici on va effectuer une intégration par parties suivie d’une substitution :
Z 1 Z 1
1 x
arctg x dx = [x · arctg x]0 − 2
dx
0 0 1+x
ez0 x P (x)
où z0 est une constante complexe (éventuellement réelle) non nulle et P (x) est un
polynôme de degré non nul.
Montrons comment chercher
Z
ez0 x P (x) dx .
R
où P ′ (x) est un polynôme de degré m − 1. Pour chercher ez0 x P (x) dx il suffit donc
de répéter la méthode ci-dessus jusqu’à ce que le degré du polynôme soit 0.
Par exemple
Z Z
1 1 1
e2x (x + 1) dx ≃ e2x (x + 1) − e2x dx ≃ e2x (2x + 1) .
2 2 4
En pratique, lorsque le degré de P (x) est > 1, on a intérêt à utiliser le résultat
suivant car l’intégration se ramène alors à une opération de dérivation suivie d’une
identification de coefficients.
Théorème 49. Si P (x) est un polynôme et si z0 6= 0 , il existe un polynôme Q(x)
de même degré que P (x) tel que dans R
Z
ez0 x P (x) dx ≃ ez0 x Q(x) .
Solution. Cette intégrale existe car e2x (x2 + 1) est continu dans R d’où dans [1, 3] .
D’après la propriété ci-dessus, on peut poser
Z
e2x (x2 + 1) dx ≃ e2x (Ax2 + Bx + C).
d’où
x2 + 1 ≡ 2Ax2 + 2(A + B)x + (2C + B)
et
2A = 1 A+B =0 2C + B = 1 .
212 Chapitre 18. Méthodes d’intégration
Par conséquent
Z 3
1 3e2
e2x (x2 + 1) dx = [ e2x (2x2 − 2x + 3)]31 = (5e4 − 1) .
1 4 4
Application
lorsque a et b sont réels et P (x) est un polynôme à coefficients réels. Nous avons
Re (a+ib)x ax cos bx
e P (x) ≃ e P (x) .
Im sin bx
Il s’ensuit
Z Z
cos bx Re
eax P (x) dx ≃ e(a+ib)x P (x) dx.
sin bx Im
Z
Exemple 18.2. Cherchons (x2 − 1)e−x sin x dx .
Solution. On a
Z Z Z
2 −x (−1+i)x 2
(x − 1)e sin x dx ≃ Im e (x − 1) dx ≃ Im e(−1+i)x (x2 − 1) dx .
On pose Z
e(−1+i) (x2 − 1) dx ≃ e(−1+i)x (Ax2 + Bx + C),
d’où
x2 − 1 ≡ (−1 + i)(Ax2 + Bx + C) + 2Ax + B,
ce qui donne
1+i
A=− B = −i C =1.
2
Par conséquent
Z
1+i 2
(x2 − 1)e−x sin x dx ≃ Im(e−x (cos x + i sin x)(− x − ix + 1))
2
x2 x2
≃ e−x ((− + 1) sin x − ( + x) cos x) .
2 2
18.3. Intégration des fonctions rationnelles 213
dx + e 2ax + b I
=K + . (18.6)
(ax2 + bx + c)m (ax2 + bx + c)m (ax2 + bx + c)m
2ax + b
L’intégration de s’effectue par substitution en posant
(ax2+ bx + c)m
t = ax2 + bx + c .
Passons au deuxième terme de (18.6). Puisque le trinôme n’a pas de racine réelle,
on peut trouver des réels J, M et N tels que
u = Mx + N ;
1
il reste donc à intégrer . Dans le cas où m = 1 , cela donne arctg u, le cas
(1 + u2 )m
où m > 1 est traité après l’exercice qui suit.
Z
x−1
Exemple 18.3. Cherchons 2
dx .
x +x+1
Solution. Nous avons
1 3
x−1 2 (2x + 1) − 2
= ,
x2 + x + 1 x2 + x + 1
214 Chapitre 18. Méthodes d’intégration
d’où
Z Z Z
x−1 1 2x + 1 3 dx
2
dx ≃ 2
dx − 2
x +x+1 2 x +x+1 2 x +x+1
Z
1 3 dx
≃ ln(x2 + x + 1) − .
2 2 x2 + x + 1
Or x2 + x + 1 = (x + 21 )2 + 3
4 et donc en posant u := x + 1
2 on obtient
Z Z √ √
3 dx 3 du 2u 2x + 1
2
≃ 3 ≃ 3 arctg √ ≃ 3 arctg √ .
2 x +x+1 2 u2 + 4 3 3
En conclusion
Z √
x−1 1 2 2x + 1
dx ≃ ln(x + x + 1) − 3 arctg √ .
x2 + x + 1 2 3
Primitives de 1/(1 + x2 )m
Soit m un naturel non nul Posons
Z
dx
Im (x) := .
(1 + x2 )m
On a I1 (x) ≃ arctg x. Pour chercher Im (x) pour m > 1 on utilise la formule récur-
rente suivante :
2m − 1 x
Im+1 (x) ≃ Im (x) + si m ∈ N et m 6= 0 .
2m 2m(1 + x2 )m
Démonstration.
Z Z Z
dx (1 + x2 − x2 ) dx x2 dx
Im+1 (x) ≃ ≃ ≃ Im (x) − .
(1 + x2 )m+1 (1 + x2 )m+1 (1 + x2 )m+1
Z
x2 dx
Pour chercher , effectuons une intégration par parties :
(1 + x2 )m+1
x −1
soient f (x) = x , g ′ (x) = d’où f ′ (x) = 1 , g(x) = , ainsi :
(1 + x2 )m+1 2m(1 + x2 )m
Z
x2 dx −x 1
≃ + Im (x) ,
(1 + x2 )m+1 2m(1 + x2 )m 2m
d’où
x 1 2m − 1 x
Im+1 (x) ≃ Im (x) + − Im (x) ≃ Im (x) + .
2m(1 + x2 )m 2m 2m 2m(1 + x2 )m
✷
18.3. Intégration des fonctions rationnelles 215
Solution.
1 x 1 x
I2 (x) ≃ I1 (x) + ≃ arctg x + ,
2 2(1 + x2 ) 2 2(1 + x2 )
3 x
I3 (x) ≃ I2 (x) + ,
4 4(1 + x2 )2
d’où
3 3x x
I3 (x) ≃ arctg x + + .
8 8(1 + x2 ) 4(1 + x2 )2
où
1. voir par exemple [8])
2. ainsi il n’existe pas d’algorithme, c’est-à-dire de méthode effective, permettant de factoriser
un polynôme de degré ≥ 5
216 Chapitre 18. Méthodes d’intégration
2x2 − 3 A B Cx + D Ex + F
3 2
= + 2
+ 2 + 2 ,
(x + 1) x + 1 (x + 1) x − x + 1 (x − x + 1)2
il s’ensuit
2x2 − 3 4 5 −3 + 4 x 5 (−1 + x)
=− − 2 + + .
3
(x + 1) 2 9 (1 + x) 9 (1 + x) 9 (1 − x + x ) 3 (1 − x + x2 )2
2
1 1 A B 1 1
3. = = + = − .
x2 + x − 2 (x − 1)(x + 2) x−1 x+2 3 (x − 1) 3 (x + 2)
x3 + x x3 + x Ax + B Cx + D
4. 4
= √ √ = √ + √ ,
x +1 (x2 + 2x + 1)(x2 − 2x + 1) x2 + 2x + 1 x2 − 2x + 1
d’où il découle
x3 + x x − √12 x + √12
= √ + √ .
x4 + 1 2(x2 + 2 x + x2 ) 2(x2 − 2 x + 1)
Z
dx
Exemple 18.5. Recherchons dans ] − ∞, −1[ ∪ ] − 1, +∞[ .
x3 + 1
Solution.
1 A Bx + C (A + B)x2 + (−A + B + C)x + A + C
= + 2 = ,
x3 +1 x+1 x −x+1 (x + 1)(x2 − x + 1)
d’où A + B = 0, −A + B + C = 0, A + C = 1 , ce qui donne
1 −1 2
A= , B= , C= .
3 3 3
Z Z Z
dx 1 dx 1 −x + 2
≃ + dx
x3 + 1 3 x+1 3 x2 − x + 1
Z Z Z
1 dx 1 −1 2x − 1 3 dx
≃ + ( 2
dx + )
3 x+1 3 2 x −x+1 2 x2 −x+1
Z Z
1 dx 1 1 dx
≃ − ln(x2 − x + 1) + .
3 x+1 6 2 x2 − x + 1
Or x2 − x + 1 = (x − 21 )2 + 43 , en posant u = x − 12 on a
Z Z
1 dx 1 du 1 2u 1 2x − 1
≃ ≃ √ arctg √ ≃ √ arctg √ .
2 x2 − x + 1 2 u2 + 34 3 3 3 3
En conclusion
Z √
dx 1 1 2 3 2x − 1
≃ ln |x + 1| − ln(x − x + 1) + arctg √ .
x3 + 1 3 6 3 3
Z 3
x − x2 + 5x + 1
Exemple 18.6. Recherchons dx dans ] − ∞, 1[ ∪ ]1, +∞[.
(x2 + 1)(x − 1)2
Solution.
x3 − x2 + 5x + 1 Ax + B C D
= 2 + + ,
(x2 + 1)(x − 1)2 x +1 x − 1 (x − 1)2
d’où
R(sin x, cos x, tg x)
respectivement
F (sin x) · cos x . (18.9)
Solution. Z Z
dx sin x
≃ dx
sin3 x (1 − cos2 x)2
d’où en posant t = cos x ,
Z Z Z
dx dt 1 1 1 1 1
≃− ≃− ( + + + )dt
sin3 x (1 − t2 )2 4 1 − t (1 − t)2 1 + t (1 + t)2
1 1 1 1 1−t 2t
≃ − (− ln |1 − t| + + ln |1 + t| − ) ≃ (ln | |− )
4 1−t 1+t 4 1+t 1 − t2
1 1 − cos x 2 cos x 1 x 1 cos x
≃ (ln − ) ≃ ln(tg2 ) −
4 1 + cos x 1 − cos2 x 4 2 2 sin2 x
1 x cos x
≃ (ln | tg | − ).
2 2 sin2 x
F (sin2 x, cos2 x, tg x)
(1 + tg2 x)
1 + tg2 x
et on effectue dès lors la substitution t = tg x , ainsi
1 t2
cos2 x = 2
, sin2 x = , tg x = t et (1 + tg2 x)dx = dt ,
1+t 1 + t2
on est ainsi amené à intégrer la fonction
1 t2 1
2
F( , , t) ,
1+t 1 + t2 1 + t2
qui est une fonction rationnelle en t. Ces calculs ne sont évidemment pas valables
aux multiples impairs de π2 .
Z
dx
Exemple 18.8. Cherchons .
1 + cos2 x
Solution. Cette primitive existe dans R mais la méthode suivie nous permet d’ob-
tenir la primitive pour x 6= (2k + 1) π2 .
Z Z Z
dx dt dt
≃ 1 ≃
1 + cos2 x (1 + 1+t 2
2 )(1 + t ) 2 + t2
220 Chapitre 18. Méthodes d’intégration
en posant t = tg x.
t
Posons maintenant u = √ , nous avons
2
Z Z √ Z √ √
dx 1 dt 2 du 2 2 tg x
2
≃ t2 ≃ 2
≃ arctg u ≃ arctg( √ ) .
1 + cos x 2 1+ 2 2 1+u 2 2 2
sinn x cosm x
où m et n sont des naturels
Si m ou n est impair, on peut se ramener au cas d’une fonction impaire en cos x
ou sin x .
Si m et n sont pairs, on a intérêt à transformer sinn x cosm x en une somme de
cos px ou sin qx, l’intégration est alors immédiate. Cette transformation s’opère soit
en utilisant les formules de trigonométrie
2 sin x cos x = sin(2x) , 2 sin2 x = 1 − cos(2x) , 2 cos2 x = 1 + cos(2x) .
On peut aussi utiliser les Formules d’Euler.
Z
Exemple 18.9. Cherchons sin2 x cos4 x dx dans R.
Solution.
1 1
sin2 x cos4 x = sin2 2x cos2 x = (1 − cos 4x)(1 + cos 2x)
4 16
1
= (1 + cos 2x − cos 4x − cos 4x cos 2x)
16
1 1 1
= (1 + cos 2x − cos 4x − cos 6x − cos 2x)
16 2 2
1 1 1
= (1 + cos 2x − cos 4x − cos 6x) ;
16 2 2
on a donc
Z
1 1 1 1
sin2 x cos4 x dx ≃ (x + sin 2x − sin 4x − sin 6x) .
16 4 4 12
En utilisant la formule d’Euler, on aurait obtenu :
eix − e−ix 2 eix + e−ix 4
sin2 x cos4 x= ( ) ( )
2i 2
1
= − 6 (e2ix − 2 + e−2ix ) (e4ix + 4e2ix + 6 + 4e−2ix + e−4ix )
2
1
= − 6 (e6ix + 4e4ix + 6e2ix + 4 + e−2ix − 2e4ix − 8e2ix − 12 − 8e−2ix − 2e−4ix
2
+e2ix + 4 + 6e−2ix + 4e−4ix + e−6ix )
1
= − 6 (2 cos 6x + 4 cos 4x − 2 cos 2x − 4) .
2
18.5. Intégration des expressions en ch ax, sh ax 221
4. Cas général
x
On effectue la substitution t = tg 2 . On a
2t 1 − t2 2t
sin x = 2
, cos x = 2
, tg x =
1+t 1+t 1 − t2
et
x dx 2dt
(1 + tg2 ) = dt d’où dx = ,
2 2 1 + t2
il s’ensuit
Z Z
R(sin x, cos x, tg x) x
R(sin x, cos x, tg x) dx ≃ 2 x (1 + tg2 ) dx
1 + tg 2 2
Z 2
1 2t 1−t 2t
≃ 2( R( , , ) dt)t=tg x2 .
1 + t2 1 + t2 1 + t2 1 − t2
1
Or 3t2 + 4t + 3 = 3 ((3t + 2)2 + 5), posons u = 3t + 2 , on obtient
Z π/2 h i5
dx R5 du
=2 = 2 u
√1 arctg( √ )
3 + 2 sin x 2 u2 +5 5 5 2
0
√
= 2 √15 (arctg( 5) − arctg( √25 ))
Remarque.
On peut utiliser les formules de trigonométrie pour modifier l’expression à intégrer,
mais il ne faut pas perdre le caractère rationnel de cette expression, il ne faut donc
2 2
jamais introduire de racine. Par exemple nous
√ pouvons remplacer sin x par 1−cos x
mais il ne faut pas remplacer sin x par ± 1 − cos2 x !
Solution. Z Z
dx ex dx
≃2 ,
1 + ch x e2x + 2ex + 1
d’où en posant t = ex on obtient
Z Z
dx dt −2 −2
≃2 2
≃ ≃ .
1 + ch x (t + 1) t+1 1 + ex
Ci-dessous, en plus des conditions (1) et (2) rappelées plus haut, supposons la
condition suivante vérifiée :
(3) ϕ(x) est strictement monotone dans Ix et soit It l’image de Ix par ϕ.
Lisons la formule de primitivation par substitution (18.2) en exprimant la réponse
en fonction de la variable t, on obtient :
si f (t) est continue dans It , alors pour tout t dans It on a
Z Z
f (t) dt ≃ [ f (ϕ(x)) · ϕ′ (x) dxt]x=ϕ−1 (t) . (18.10)
De même si l’intervalle [c, d] est inclus dans It , utilisons la formule d’intégration par
substitution (18.3) en remplaçant ϕ(a) par c et ϕ(b) par d, on obtient a = ϕ−1 (c) et
b = ϕ−1 (d), il s’ensuit :
si [c, d] est inclus dans It et si f (t) est continue dans [c, d],
Z d Z ϕ−1 (d)
f (t)dt = f (ϕ(x))ϕ′ (x) dx . (18.11)
c ϕ−1 (c)
√
p
18.7 Intégration des irrationnelles R(x, ax + b)
Il s’agit d’intégrer une fonction de la forme
p
R(x, p
ax + b)
On a
2t2 2 1 1
=2+ 2 =2+ − ,
t2 −1 t −1 t−1 t+1
d’où Z
t2 t−1
2 dt ≃ 2t + ln | |.
t2 −1 t+1
Il s’ensuit √ Z 8
x+1 t−1 3 3
dx = [2t + ln | |]2 = 2 + ln .
3 x t+1 2
Z √
x
Exemple 18.13. Cherchons √ dx dans ]0, +∞[.
3
x+1
Solution. Nous sommes ici en présence de deux racines √ d’ordre√ différent,
√ mais√on se
3
ramène au cas d’une
√ seule racine en remarquant que x = ( 6
x) et 3
x = ( 6 x)2 .
Posons donc t = x . Ainsi Ix et It coïncident avec [0, +∞[ .
6
Z √ Z Z
x t3 5 t8
√ dx ≃ 2
6 t dt ≃ 6 2
dt
3
x+1 t +1 t +1
Z
1
≃ 6 (t6 − t4 + t2 − 1 + ) dt
1 + t2
6 7 6 5
≃ t − t + 2 t3 − 6 t + arctg t
7 5
6 7 6 5 1 1 √
≃ x 6 − x 6 + 2 x 2 − 6 x 6 + arctg 6 x.
7 5
√
18.8. Intégration des irrationnelles R(x, ax2 + bx + c) 225
√
18.8 Intégration des irrationnelles R(x, ax2 + bx + c)
Envisageons la présence d’une des racines suivantes :
p p p
1 − x2 , x2 + 1 , x2 − 1 .
Que faut-il poser pour éliminer cette racine ? L’idée est simple :
— puisque cos2 t + sin2 t √ = 1 , dans le premier cas il suffit de poser x = sin t avec
t ∈ [− π2 , π2 ] car alors 1 − x2 = cos t ;
— puisque ch2 t − sh2 t = 1 ,
√
1. dans le second cas on doit poser x = sh t car alors x2 + 1 = ch t ,
2. dans le troisième cas on doit poser
x = ch t avec t ≥ 0 si on considère x ≥ 1 ,
x = − ch t avec t ≥√0 si on considère x ≤ −1 ,
en effet alors on a x2 − 1 = sh t .
La méthode qu’on va voir ne fait qu’appliquer l’observation ci-dessus.
√
1. Irrationnelle de la forme R(x, a2 − x2 )
Il s’agit d’intégrer des fonctions de la forme
p
R(x, a 2 − x2 )
et on a
Z p Z
2 2
R(x, a − x ) dx ≃ ( R(a sin t, a cos t)a cos t dt)t=arcsin xa .
Nous sommes ainsi ramenés à une primitive d’une expression rationnelle en sin t
et cos t . On procède de façon semblable pour les intégrales en adaptant les bornes
d’intégration.
Z p Z ap
Exemple 18.14. Cherchons a2 − x2 dx dans ] − a, a[ et a2 − x2 dx .
0
Solution.
1. Posons x = a sin t avec t ∈ [− π2 , π2 ] , Ainsi
p x
a2 − x2 = a cos t , dx = a cos t dt; , t = arcsin( ) ,
a
226 Chapitre 18. Méthodes d’intégration
d’où
Z p Z Z
2 2 a2
a2 − x2 dx ≃ a cos t dt ≃ (1 + cos 2t) dt
2
a2 sin 2t a2
≃ (t + )≃ (t + sin t cos t)
2 2 2
a2 x xp 2
≃ arcsin + a − x2 .
2 a 2
Remarque : la primitive obtenue ci-dessus √ est valable seulementdans ] − a, a[, mais
la primitive existe dans [−a, a] puisque a2 − x2 est continue dans [−a, a] .
√
2. Cherchons l’intégrale. La fonction a2 − x2 est continue dans [−a, a] d’où continu
dans [0, a] , l’intégrale existe donc Comme ci-dessus, posons x = a sin t avec t dans
[− π2 , π2 ] . Puisque [0, a] ⊂ Ix = [−a, a] , on a
Z a p Z π Z π
2 2 2
2
2 a2 2 a2 sin 2t π2 πa2
a − x dx = a cos t dt = (1 + cos 2t) dt = [t + ]0 =
0 0 2 0 2 2 4
Ce double exemple montre bien que lors d’un calcul d’intégrale par la méthode de
substitution, il est plus avantageux d’appliquer cette méthode en modifiant
les bornes d’intégration que de l’appliquer uniquement pour le calcul de
la primitive. En effet en modifiant l’ensemble d’intégration on ne doit pas après le
calcul de la primitive exprimer celle-ci en fonction de x et on peut ainsi ‘oublier’ la
variable initiale.
√
2. Irrationnelle de la forme R(x, x2 ± a2 )
Il s’agit d’intégrer des fonctions de la forme
p
R(x, x2 ± a 2 )
et Z Z
p
R(x, x2 + a2 ) dx ≃ a( R(a sh t, a ch t) ch t dt)t=arcsh( xa ) .
p
2e cas : R(x, x2 − a2 )
Deux cas se présentent : x ≤ −a ou x ≥ a .
√
18.8. Intégration des irrationnelles R(x, ax2 + bx + c) 227
et Z p Z
R(x, x2 − a2 ) dx ≃ a( R(a ch t, a sh t) sh t dt)t=arcch( xa ) .
et Z p Z
2 2
R(x, x − a ) dx ≃ −a( R(−a ch t, a sh t) sh t dt)t=arcch(− xa ) .
Dans ces deux cas on est ainsi ramené à intégrer une expression rationnelle en ch t et
sh t , ce qu’on a déjà envisagé précédemment. Si on calcule une intégrale, on adapte
les bornes d’intégration. Si on cherche une primitive, les calculs peuvent être plus
désagréables car il faut alors exprimer la réponse finale en fonction de x , pour ce
faire on peut utiliser les fonctions hyperboliques réciproques arcsh ou arcch . Les
formules (17.2) (page 201) peuvent au besoin être utiles.
Z p
Exemple 18.15. Recherchons x2 + 1 dx dans R
d’où
Z p Z Z
e2t + e−2t + 2
x2 + 1dx ≃ ch2 tdt ≃ dt
4
1 e2t e−2t
≃ ( − + 2t) (18.12)
4 2 2
1 p 1 p
≃ ((x + x2 + 1)2 − √ + 4 ln(x + x2 + 1)) .
8 2
(x + x + 1)2
Mais ces calculs se mènent de façon plus agréable si nous utilisons les propriétés des
fonctions hyperboliques, remarquons que (18.12) s’écrit aussi
1 1 1 p
(sh(2t) + 2t) = (2 sh t ch t + 2t) = (2 sh t sh2 t + 1 + 2t) ,
4 4 4
de la sorte Z p
1 p p
x2 + 1 dx ≃ (x x2 + 1 + ln(x + x2 + 1)) .
2
228 Chapitre 18. Méthodes d’intégration
Z 2 p
Exemple 18.16. Recherchons x2 − 1 dx .
1
√
Solution. x2 − 1 est continue dans [1, 2] , l’intégrale existe donc.
Posons x = ch t où t ≥ 0, ici Ix = [1, +∞[ et It = [0, +∞[ . On a
p
x2 − 1 = sh t , dx = sh t dt , t = arcch x .
3. Cas général
Envisageons le cas général et montrons comment intégrer des fonctions de la
forme
p
R(x, ax2 + bx + c)
K( A ± (M x + N )2 ) avec K > 0 et A 6= 0 ,
ces coefficients ne sont d’ailleurs pas uniques, le choix de K dictant la valeur des
autres coefficients. En effectuant la substitution u = M x + N on obtient
Z p Z
2
1 u−N √ p
R(x, ax + bx + c) dx ≃ ( R( , K A ± u2 ) du)u=Mx+N .
M M
Z √
3 + 2x − x2
Exemple 18.17. Recherchons dx dans ] − 1, 3].
x+1
Solution. On a : 3 + 2x − x2 = 4 − (x − 1)2 . La fonction à primitiver est continue
dans ] − 1, 3], travaillons donc dans ] − 1, 3] . Effectuons la substitution y = x − 1 ,
ainsi y varie alors dans Ey =] − 2, 2]. Nous obtenons
Z √ Z p
3 + 2x − x2 4 − y2
dx ≃ dy .
x+1 y+2
√
18.8. Intégration des irrationnelles R(x, ax2 + bx + c) 229
π π π π
Posons y = 2 sin t avec t dans [− , ], ici Iy = [−2, 2] et It = [− , ] . Puisque
2 2 2 2
Ey ⊂ Iy , on peut travailler dans Ey tout entier. Il s’ensuit :
p y
4 − y 2 = 2 , cos t , dy = 2 cos t dt , t = arcsin ,
2
d’où
Z √ Z Z
3 + 2x − x2 2 cos2 t
dx ≃ dt ≃ 2 (1 − sin t) dt ≃ 2t + 2 cos t
x+1 sin t + 1
y p
≃ 2 arcsin + 4 − y 2
2
x−1 p
≃ 2 arcsin + 3 + 2x − x2 .
2
Z 1
dx
Exemple 18.18. Cherchons I = √ .
2
0 (x + 1) x + x + 1
on obtient √
Z 1+2/ 3
4
I= dy .
1 3y 2 + 2y − 1
Puisque
4 3 1
= −
3y 2 + 2y − 1 3y − 1 y + 1
on a
3y − 1 1+2/√3
I = [ln ] = ln 3 .
y+1 1
230 Chapitre 18. Méthodes d’intégration
Mise en garde
Rb
Pour modifier les bornes d’intégration dans a f (x)dx au moyen d’une substitu-
tion t = ϕ(x) il est indispensable que [a, b] soit contenu dans l’intervalle Ix . Voici
R 1 dx
un exemple éloquent à ce sujet. Considérons I = −1 1+x 2 . Nous savons que
Z 1
dx 1 π
2
= [arctg x]−1 = .
−1 1+x 2
18.9 Exercices
Cherchez les primitives et les intégrales suivantes (quand elles existent). Justifiez
l’existence des intégrales et indiquez où le calcul de la primitive est valable.
1. Z Z
1) tg2 x dx 11) xe−x cos(2x) dx
Z π
2
Z π
2) (2 sin x + 3 cos x) dx 12) cos2 x dx
0 0
Z Z
2x
3) e sin x dx 13) e2x cos 3x dx
Z Z
sin x
√
4) e cos x dx 14) ex 1 − ex dx
Z Z
2
ln2 x 1
dx
5) dx 15)
1 x 0 2x − 1
Z Z
6) (2 − 3x) ln x dx 16) arcsin x dx
Z Z
cos x
7) e2x (x2 − 2x)dx 17) dx
9 + sin2 x
Z 2 Z 1/2
x 2
8) e (x − 1)dx 18) x2 arcsin x dx
1 0
Z Z
−x 2 1
9) e cos(2x) (−5x + 4x − 7) dx 19) dx
x ln x
18.9. Exercices 231
Z Z
3x x
10) e (x + 1) sin(2x) dx 20) √ dx
9 − 4x2
2. Z Z
3 x + 13
1) dx 6) dx
(2x − 5)4 x2 − 4x − 5
Z Z 1
2x + 3 2x + 3
2) dx 7) dx
4x2 + 4x + 5 0 x2 − 5x + 6
Z Z 3
1 1
3) dx 8) dx
(1 + x2 )2 2 x4 − 1
Z Z 2
x2 − 5x + 1 2x2 − 3x + 7
4) dx 9) dx
x2 − 5x + 6 1 x3 − 7x2 + 12x
Z 3 Z
8x + x + 1 6x2 + 15x + 7
5) dx 10) dx
x(x2 + 1) (x − 3)(4x2 + 4x + 5)
3. Z Z
sin x 1
1) dx 10) dx
(2 + cos x)2 sin x cos x
Z Z
sin2 x
2) dx 11) cos3 x dx
cos x
Z Z
1
3) cos2 x sin4 x dx 12) dx
1 + sin x
Z Z
sin3 x sin2 x
4) dx 13) dx
cos2 x cos4 x
Z π Z π/2
4 tg x
5) dx 14) sin 5x cos 3x dx
0 1 + sin 2x π/4
Z Z π
sin x 4
6) dx 15) tg x dx
1 + sin x 0
Z π/3 Z π
1 1
7) dx 16) dx
0 cos x 0 1 − sin x
Z π Z π/2
2 1 1
8) dx 17) dx
0 5 + 4 sin 2x 0 1 + cos x
Z Z π/2
1
9) sin 3x cos 2x dx 18) dx
−π/2 5 + 3 cos x
4.
Z 1
sh x sh x ch x
1) dx 3) dx
1 + ch x 0 3 + 2 ch x
Z Z
1
2) ch2 xdx dx
2 + sh x
232 Chapitre 18. Méthodes d’intégration
5.
Z Z 3
x+1 dx
1) √ dx 2) p √
x x−2 0
3
(x + 1)2 − x + 1
6.
Z Z √ 2
1 x + 4x
1) √ dx 9) dx
x 5 − x2 x2
Z p Z
1
2) x2 + 4 dx 10) √ dx
2
x − 4x + 1
Z √ Z
3 + 2x − x2 1 + 2x
3) dx 11) √ dx
x+1 4 − x2
Z −3/4 Z
1 x−2
4) √ dx 12) p dx
2 x2 + 1
−15/8 x (3x − 4) (5x − 6)
Z 4p Z 56 p
5) x2 + 9 dx 13) 2 + 6x − 9x2 dx
1
0 3
Z 4 p Z 1
x22
6) 4x − x2 dx 14) √ dx
1 1 x − x2
Z p Z 4
x
7) x2 − 4 dx 15) √ dx
1 − x − x2
Z 0 Z 2√
1 3 + 2x − x2
8) √ dx 16) dx
−1
2
x +x+1 0 x+1
Chapitre 19
On va utiliser les intégrales pour mesurer des volumes, des surfaces non planes
et des longueurs de courbe.
Ici a, b représentent des réels et a < b.
Bien entendu la mesure du volume du solide de révolution, notée Vrev , est évaluée
233
234 Chapitre 19. Quelques applications des intégrales
Pp
par k=0 Vk . Nous avons donc
p
X p
X
2
πf (ck ) (zk+1 − zk ) ≤ Vrev ≤ πf (dk )2 (zk+1 − zk ) .
k=0 k=0
et donc
Z b
Volume du solide de révolution = π f (z)2 dz .
a
4 π r3
volume de la sphère = .
3
Envisageons
√ le cas a > b . Notons 2c la distance focale de l’ellipse, c’est-à-dire
c= a2 − b2 . On a
Z s
bp 2 a
z 2 b2
aire de Se = 2π a − z2 1 + 2 2 dz
−a a a (a − z 2 )
Z
2πb a p 4
= a − c2 z 2 dz .
a2 −a
Supposons que x(t), y(t) soient continûment dérivable dans [a, b]. Cherchons la lon-
gueur de la courbe C . Notons p(t) le point (x(t), y(t)).
Fixons un hypernaturel m ig. Posons ∆t = b−a m et soit a = t0 , t1 , t2 , . . . , tm = b
la discrétisation de [a, b] de pas ∆t . Pour chaque k, on a tk ≈ tk+1 et donc
En conclusion
Z b p
Longueur de C = x′ (t)2 + y ′ (t)2 dt . (19.3)
a
Par conséquent
Z b p
Longueur du graphe = 1 + f ′ (x)2 dx .
a
Il s’ensuit
Z 2π q Z 2π
θ
Lc = r2 (1 − cos θ)2 + r2 sin2 θ dθ = 2r sin dθ = 8r .
0 0 2
Il s’ensuit
Z 2π p
La = a2 (cos θ − θ sin θ)2 + a2 (sin θ + θ cos θ)2 dθ
0
Z 2π p
= a 1 + θ2 dθ ,
0
238 Chapitre 19. Quelques applications des intégrales
d’où, en posant θ = sh t,
Z arcsh(2π) Z arcsh(2π)
a
La = a ch2 t dt = (1 + ch 2t)dt
0 2 0
a sh 2t arcsh(2π) a sh(2 arcsh(2π))
= (arcsh(2π) + [ ]0 ) = (arcsh(2π) + ).
2 2 2 2
p
On sait que sh(2t) = 2 sh t ch t et que ch t = 1 + sh2 t, il s’ensuit
p
sh(2 arcsh(2π)) = 4π 1 + 4π 2
et donc
arcsh(2π) p
La = a( + π 1 + 4π 2 ) .
2
19.3 Exercices
1. Cherchez le volume du solide délimité par
— l’hyperboloïde de révolution obtenu en faisant tourner l’hyperbole
y2 z2
2
− 2 =1 , x=0
a b
autour de l’axe des z ,
— les plans z = −h et z = h.
2. Cherchez le volume du solide obtenu en coupant par le plan z = a le para-
boloïde de révolution engendrée par la rotation autour de l’axe des z . de la
parabole d’équations
z = 2py 2 , x = 0 .
3. Cherchez la longueur de l’arc de parabole d’équation y = px2 joignant l’origine
au point de la parabole d’abscisse a > 0 .
4. Cherchez la longueur de la courbe “caténaire”, c’est-à-dire du graphe de ch x
où x ∈ [−a, a] . (cette courbe s’obtient en suspendant un fil par ses deux
extémités, d’où son nom).
Chapitre 20
Equations différentielles du
premier ordre
239
240 Chapitre 20. Equations différentielles du premier ordre
Conventions :
y ≡ a signifie que y(x) = a pour tout x et “ssi” est l’abréviation de “si et seulement
si”.
où C est une constante arbitraire. Après le calcul des primitives , on obtient une
définition implicite des solutions y, c’est-à-dire une égalité reliant x et y ; il s’agit
20.2. Equations à variables séparées 241
y y ′ + sin x = 0 (20.1)
Résolution. On a :
Z Z
′
y y = − sin x ssi y dy = − sin xdx + C
y2
ssi = cos x + C
2 √
ssi y = ± 2 cos x + 2C
2.5
1.5
0.5
-3 -2 -1 1 2 3
x2 y ′ = y 2 (20.3)
y0 x0 −2 1
−1 C = 1/2 C=2
4 C = −3/4 C = 3/4
10
-5
-4 -2 0 2 4
y ′ = ay (20.8)
20.3. L’exponentielle comme solution d’une équation différentielle 245
10
7.5
2.5
-4 -2 2 4
-2.5
-5
-7.5
-10
y′
=a
y
c’est-à-dire à
ln |y| = ax + C
où C est une constante réelle quelconque. On obtient ainsi
yg = Ceax (20.9)
Evolution de la radioactivité
Considérons un élément radioactif et notons r(t) sa radioactivité à l’instant t.
Soit ∆t une variation de temps très petite, on assimile ∆t à une variation infiniment
petite. ∆t devient notre infiniment petit de référence.
Sur base d’observations, le physicien formule la règle :
la diminution de radioactivité ∆r correspondant à la variation de temps ∆t
peut être estimée comme étant proportionnelle à la radioactivité totale.
Mais bien entendu
cette diminution de radioactivité doit aussi être proportionnelle à ∆t.
Autrement dit, k étant une constante > 0 dépendant de l’élément radioactif consi-
déré, on observe ∆r comme étant −kr∆t . Mais les mesures traduisant les observa-
tions ne sont pas exactes ; puisque ∆t est ici notre infiniment petit de référence, les
quantités observées comme nulles sont o(∆t), et donc la différence entre les mesures
effectuées et les grandeurs réelles correspondantes sont o(∆t) . On a donc
∆r = −kr∆t + o(∆t) .
Par conséquent
∆r o(∆)
= −kr + = −kr + IP
∆t ∆t
d’où
∆r
r′ (t) = st( ) = −kr .
∆t
Ainsi la radioactivité vérifie l’équation
r′ = −kr
qui est une équation de la forme (20.8). La radioactivité r(t) est donc donnée par
r(t) = r(0)e−kt .
Cherchons la demi-vie d’un élément radioactif c’est-à-dire le temps nécessaire pour
que l’élément radioactif perde la moitié de sa radioactivité, notons t1/2 la demi-vie
de l’élément radioactif. On a
1
r(t + t1/2 ) = r(t)
2
20.4. Premières applications de y ′ = ay 247
ce qui donne
1
e−kt1/2 =
2
et donc
ln2
t1/2 =
k
Il faut remarquer que la demi-vie dépend seulement de k et ne dépend ni de r(0) ni
du temps t considéré.
∆p = rp∆t + o(∆t)
où r est une constante (> 0 ou < 0 suivant que la population croît ou décroît). d’où
il découle
∆p o(∆t)
= rp + = rp + IP .
∆t ∆t
En prenant la partie standard, on obtient
p′ = rp (20.11)
T ′ = r(T0 − T ) .
Il s’ensuit
(T − T0 )′ = r(T0 − T )
qui est encore une équation de la forme (20.8). Par conséquent
T − T0 = (T (0) − T0 )e−rt
d’où
T = T0 + (T (0) − T0 )e−rt
p
p′ = rp(1 − ) (20.13)
K
Puisque
1 1 1
p = +
p(1 − K) p K −p
on a
p
ln | | = rt + C
K −p
où C est une constante réelle arbitraire. Il s’ensuit
p
= ±eC ert
K −p
KCert KC
p= =
1 + Cert C + e−rt
20.5. Evolution d’une population, 2e modèle 249
où C est une constante réelle quelconque, de plus p ≡ K est une solution singulière
de (20.13).
Exprimons C en fonction de la condition initiale p(0) :
KC
p(0) =
C +1
d’où, si p(0) 6= K,
p(0)
C= .
K − p(0)
On obtient finalement
Kp(0)
p= . (20.14)
p(0) + (K − p(0))e−rt
avec la condition p(0) 6= K .
Interprétation de la solution
Etudions (pour t ≥ 0) les solutions données par (20.14) autres que la solution p ≡ 0
sans intérêt. En prenant t infiniment grand positif, la fraction (20.14) est le rapport
d’un réel sur un appréciable et en prenant la partie standard on trouve K, il s’ensuit
lim p(t) = K .
t→+∞
De plus
K r p(0) (K − p(0))e−rt
p′ (t) = ,
(p(0) + (K − p(0))e−rt )2
d’où p′ (t) est de signe constant, à savoir le signe de (K − p(0)) . Il s’ensuit :
— si K > p(0), l’effectif p(t) est strictement croissant et tend vers K,
— si K < p(0), l’effectif p(t) est strictement décroissant et tend vers K .
Ainsi lorsque p(0) 6= K, la population tend de façon monotone vers son effectif
d’équilibre. Remarquons qu’alors l’effectif vers lequel tend la population est indépen-
dant de l’effectif initial p(0).
Résolution.
250 Chapitre 20. Equations différentielles du premier ordre
p
15000
10000
5000
t
5 10 15 20
1/2
t
p Bp2
p′ = rp(1 − )− 2
K A + p2
(D + 3)y = y ′ + 3y
(2D − 3x)y = 2y ′ − 3xy
(D2 − 1)y = y ′′ − y
(D2 − xD + 1)y = y ′′ − xy ′ + y
Voilà pourquoi les équations différentielles (L1 ) et (L2 ) sont qualifiées de linéaires.
De là il va découler des propriétés importantes quant aux solutions de ces équations.
Théorème 52 (Principe de superposition).
Si y1 est une solution de L(x, D)y = f1 (x) et si y2 est une solution de L(x, D)y =
f2 (x), alors
λy1 est une solution de L(x, D)y = λf1 (x) (λ étant une constante),
y1 + y2 est une solution de L(x, D)y = f1 (x) + f2 (x) ,
Re y1 , resp. Im y1 , est solution de L(x, D)y = Re f1 (x), resp. de L(x, D)y = Im f1 (x) .
En effet
et
L(x, D) Re y = Re(L(x, D)y) = Re f (x) .
L’équation
L(x, D)y = 0 (H)
est appelée l’équation homogène associée à (L) . Comme on va le voir cette équa-
tion joue un rôle fondamental. Remarquons : la somme de deux solutions de (H) est
254 Chapitre 20. Equations différentielles du premier ordre
solution de (H) et si on multiplie une solution de (H) par une constante on a encore
une solution de (H) , par conséquent : les solutions l’équation homogène forment un
espace vectoriel (sur R ou sur C suivant qu’on prend les solutions à valeurs réelles
ou à valeurs complexes).
La structure des solutions des équations différentielles linéaires est régie par le
résultat suivant :
Démonstration.
1. D’après le théorème 52 , toute solution de la forme yh + yp est solution de
L(x, D)y = f (x).
2. Soit y1 une solution particulière de L(x, D)y = f (x). En appliquant le théorème
52, nous voyons que y1 − yp est une solution de L(x, D)y = 0. Par conséquent y1 − yp
se met donc sous la forme yh , d’où y1 se met sous la forme yh + yp . ✷
Rappelons que a(x), f (x) sont continus dans un intervalle I et que a(x) est néces-
sairement à valeurs réelles.
Voyons d’abord comment chercher la solution générale de l’équation homogène
y ′ + a(x)y = 0 (H)
yh = Cw(x)
autrement dit R
yh = Ce− p
a(x)dx
.
où C est une constante arbitraire (réelle ou complexe suivant qu’on cherche
la solution générale à valeurs réelles ou complexes)
Démonstration. Cherchons d’abord la solution générale dans I à valeurs réelles.
Remarquons que y ≡ 0 est une solution particulière de (H). Envisageons le cas y 6≡ 0.
Nous avons :
y′
y ′ + a(x)y = 0 ssi = −a(x)
y
Z
ssi ln |y| ≃ − a(x)dx
Z
ssi ln |y| = − a(x)dx + C
p
R
ssi y = ±e · e−
C p
a(x)dx
où C est une constante réelle quelconque. L’expression ±eC représente une constante
arbitraire C1 non nulle, par conséquent
Il faut remarquer que la primitive de a(x) existe dans I car a(x) est continu dans
I, de plus la solution y est 6= 0, par conséquent on peut ci-dessus diviser par y ; la
solution y obtenue est donc valable dans l’intervalle I tout entier.
En nous rappelant la solution y ≡ 0, on a que la solution générale de (H) est
y = Cw(x) avec C constante réelle quelconque.
Pour obtenir la solution générale à valeurs complexes de (H), notée par exemple
yhc , on remarque que que la partie réelle et la partie imaginaire de yhc sont solutions
de (H) à valeurs réelles, d’où
Remarquons :
1. le résultat ci-dessus généralise la formule (20.10) qui donnait la solution gé-
nérale de y ′ − ay = 0 .
2. l’espace vectoriel des solutions de (H) est un espace vectoriel de dimension 1
puisque toutes les solutions de (H) sont multiples de w(x) .
yp = w · u .
Conclusions
Ainsi on peut chercher une solution particulière de l’équation (L) dans I. En
ajoutant cette solution particulière à la solution générale de l’équation homogène
(également valable dans I), on obtiendra la solution générale de l’équation (L) va-
lable dans l’intervalle I tout entier. Remarquons qu’il n’y a pas ici de solution singu-
lière. On sait que la constante arbitraire peut s’exprimer au moyen d’une condition
initiale, précisons comment cette condition initiale peut être choisie.
Théorème 55. Pour tout x0 ∈ I et tout réel y0 , il existe UNE et UNE SEULE
solution de (L) dans I tel que
y(x0 ) = y0 .
Par conséquent par tout point du plan dont l’abscisse est dans I il passe une et une
seule trajectoire-solution de (L) .
20.9. Equations différentielles linéaires du premier ordre 257
y = Cw + yp .
y0 = Cw(x0 ) + yp (x0 ).
et w(x) = x2 .
2) Recherchons une solution particulière de (20.19).
Posons y = uw. Remplaçons dans (20.19), nous avons
2w
u′ w + u (w′ − ) = 3x
| {z x }
=0
3
u′ = .
x
Prenons u = 3 ln x et ainsi
yp = 3x2 ln x .
3) La solution générale yg de (20.19) est donnée par
yg = Cx2 + 3x2 ln x
5
G
4 Gp
Gh
3
0.5 1 1.5 2
Illustration graphique :
Soit y1 la solution particulière de (20.19) vérifiant la condition initiale y1 (1) = 1,
pour obtenir cette solution particulière il faut prendre C = 1 . Sur la figure 20.5, on a
tracé la trajectoire solution G correspondant à y1 , remarquons que cette courbe est
obtenue en superposant la parabole Gh d’équation y = x2 (c’est-à-dire le graphe de
la solution de l’équation homogène correspondant à C = 1) et la trajectoire-solution
Gp correspondant à la solution particulière yp .
Si maintenant on fait varier la constante C, la parabole Gh va bouger et par
conséquent la trajectoire-solution G va également se déplacer.
Exemple 20.7. Cherchons dans ] − 1, 1[ la solution générale de
x √
y′ + 2
y = 1−x. (20.21)
1−x
Résolution. On considère l’équation homogène
x
y′ + y=0. (20.22)
1 − x2
1) Recherchons la solution générale de (20.22) :
R x p
− dx 1 2
yh = Ce p 1−x2
= Ce 2 ln(1−x )
=C 1 − x2 ,
√
d’où w(x) = 1 − x2 .
2) Recherchons une solution particulière de (20.21).
Posons yp = uw. Remplaçons dans (20.21), nous obtenons :
x √
u′ w + u (w′ + 2
w) = 1 − x ,
| 1{z− x }
=0
20.10. Application à un circuit électrique RL 259
1
u′ = √ .
1+x
√ √
Prenons u = 2 1 + x et nous obtenons ainsi yp = 2(1 + x) 1 − x .
3) La solution générale yg de (20.21) dans ] − 1, 1[ s’écrit donc :
p √
yg = C 1 − x2 + 2(1 + x) 1 − x (20.23)
x
-1 -0.5 0.5 1
-1
Illustrons cet exemple sur la figure 20.6 : on y fait varier la constante arbitraire
C en prenant C = −3, −2, −1, 0, 1, 2, 3 , les graphes des solutions particulières ainsi
obtenues s’échelonnent alors du bas vers le haut.
Complétons cet exemple en cherchant la solution particulière de (20.21) dont le
graphe passe par le point (0, 1). En utilisant (20.23) on obtient 1 = C + 2 d’où
C = −1, la solution particulière cherchée s’écrit donc
p √
y1 = − 1 − x2 + 2(1 + x) 1 − x .
dI
L + RI = E0 cos ωt .
dt
260 Chapitre 20. Equations différentielles du premier ordre
c’est-à-dire
dI R E0
+ I= cos ωt . (20.24)
dt L L
Résolvons cette équation différentielle linéaire du premier ordre. La solution générale
Ih de l’équation homogène associée est
R
Ih = Ce− L t .
R
Soit w(t) := e− L t . Cherchons Ip une solution particulière de (20.24). Cherchons
d’abord une solution particulière I1 de
dI R E0 iωt
+ I= e . (20.25)
dt L L
Posons I1 = wv et cherchons v en remplaçant dans (20.25) on obtient
E0 ( RL +iω)t
v′ = e
L
et on peut donc prendre
E0 R
v= e( L +iω)t .
R + iωL
Par conséquent
E0
I1 = eiωt (20.26)
R + iωL
On sait que
Ip = Re I1 ,
pour chercher cette partie réelle on pourrait procéder de façon habituelle et on
obtiendrait ainsi
E0
Ip = 2 (R cos ωt + ωL sin ωt) .
R + ω 2 L2
Afin de mieux faire apparaître la signification physique, procédons autrement en
utilisant l’impédance (complexe) Z définie par
Z := R + iωL .
Remarquons p
|Z| = R 2 + ω 2 L2
et notons δ l’argument de Z, autrement dit
Z = |Z|eiδ .
Il s’ensuit
E0 −iδ iωt E0 i(ωt−δ)
I1 = e e = e
|Z| |Z|
et donc
E0
Ip = cos(ωt − δ) .
|Z|
20.11. Equations différentielles de Bernoulli 261
R E0
I = Ih + Ip = Ce− L t + cos(ωt − δ) .
|Z|
lim Ih (t) = 0 ,
t→+∞
alors que Ip (t) est périodique. Par conséquent à partir d’un certain temps t1 le
courant d’intensité Ih (t) sera négligeable par rapport au courant d’intensité Ip (t),
aussi le courant d’intensité Ih (t) est appelé un courant transitoire. Remarquons que
le temps à partir duquel le courant transitoire est négligeable dépend du rapport RL,
plus ce rapport est grand , plus vite le courant transitoire sera négligeable.
Observons le courant d’intensité Ip (t), nous voyons :
E0
— son amplitude est |Z| ,
— sa fréquence est la même que la source électrique E(t) ,
— par rapport à E(t), Ip (t) est soumis à un déphasage −δ .
On peut bien entendu exprimer la constante C au moyen de la condition initiale,
on obtient alors
E0
C = I(0) − cos(δ)
|Z|
où
— a(x), f (x) sont des fonctions continues dans un intervalle I ,
— f (x) 6≡ 0 dans I ,
— α est un réel 6= 0 et 6= 1.
On va voir qu’on peut transformer ces équations non linéaires en des équations
linéaires.
Pour ce faire l’idée est de diviser l’équation initiale par y α . Au préalable on
envisage ce qui se passe si y ≡ 0 car a priori cela pourrait donner une solution.
Ensuite, on envisage le cas y 6≡ 0, alors on obtient
on pose
u = y 1−α . (∗)
et (B) devient
y y
C=-1 C=0
30
40
20
20 10
x x
0.5 1 1.5 2 2.5 3 0.5 1 1.5 2 2.5 3
-20 -10
-40 -20
y y
C=1 C=2
15 10
10
5
5
x x
0.5 1 1.5 2 2.5 3 0.5 1 1.5 2 2.5 3
-5
-5
-10
qui est une équation linéaire. On doit alors résoudre (LB ) et chercher ensuite y au
moyen de (∗).
1
u′ − u=0. (20.29)
x
On obtient
R 1
dx
uh = Ce p x = C | x |= Cx
et on pose w(x) = x.
4) Recherchons une solution particulière up de (20.28). Posons up = w.v. En rem-
plaçant dans (20.28) nous avons
1
v ′ w + v (w′ − w) = −(x2 + 1)
| {zx }
=0
d’où
(x2 + 1) 1
v′ = − = −x − .
x x
Ainsi
x3
up = − − x ln x.
2
x3
ug = Cx − − x ln x
2
1
yg = x3
Cx − 2 − x ln x
Illustration graphique : sur la figure 20.7, on a représenté les graphes des solutions
particulières de (20.27) correspondant à C = −3, −2, −1, 0, 1, 2.
264 Chapitre 20. Equations différentielles du premier ordre
20.12 Exercices
1. Chercher la solution générale des équations différentielles suivantes , chercher
une solution particulière vérifiant les conditions indiquées.
1) y ′ = −y 2
2) y ′ = (x3 − 1)e−y
3) y′ = x y3
4) y′ = x y y(0) = 1
5) y ′ sin x = y dans ]0, π[ y( π2 ) = 2
6) y ′ + ex y = 0
7) y − ln y ′ = 0 y ′ (0) = 1
8) y ′ − xy = x3 y(0) = 0
9) y ′ − xy = x2 dans ]0, +∞[
10) xy ′ − 2y + x = 0 dans ]0, +∞[
2 ′ 2
11) √ − x )y ′ − 2xy = x dans ]1, +∞[
(1
12) 2
1 + x y =√y
y
13) y ′ + 1−x 2 = x2 − 1 dans ]1, +∞[
′ 3
14) y + 2y = 4y
y
15) y ′ + √1+x 2
=8
16) y ′ − 2y = (x − 1)e2x + x
17) xy ′ + y = y 2 ln x dans ]0, +∞[
18) y ′ + y − x2 y 2 = 0
2y 3
19) y ′ − x+1 = (x + 1)
20) y ′ + 2y = 2x2 − 3x + 5
21) y ′ + 3y = e2x
22) y ′ + y = xe−x y(1) = 1
√
23) xy ′ − 4y − x2 y = 0 dans ]0, +∞[
5
24) y ′ − 2x2 +x−3 y = ex (1 − x2 ) dans ]1, +∞[ y(2) = 0
2. On considère : y ′ − y = ex (1).
a) Représenter les graphes correspondant aux solutions de (1),
b) chercher une solution particulière y1 de (1) admettant un extrémum local
pour x = 3,
c) chercher la solution dont le graphe passe par le point (1, 1) .
3. La concentration c(t) d’une solution évolue comme suit
c′ = 3(c − 1)(c − 2) c(0) = 0 .
Etudier l’évolution de la concentration c(t) pour t ≥ 0 . Etudier la solution
obtenue et tracer son graphe.
4. Etudier l’évolution de la population p(t) soumise au modèle suivant
1
p′ = 2p(1 − p) , p(0) = .
2
Chapitre 21
Equations différentielles
linéaires du second ordre
où
a(x), b(x) et f (x) sont continues dans un intervalle I ,
a(x) et b(x) sont à valeurs réelles et f (x) à valeurs complexes (pouvant bien
entendu être réelles).
Au chapitre précédent on a obtenu des résultats généraux à propos des équations
différentielles linéaires, nous allons bien entendu les appliquer. Par conséquent, pour
obtenir la solution générale de (21.1), il faut :
1. Chercher la solution générale de l’équation homogène
y ′′ + a(x)y ′ + b(x)y = 0 .
265
266 Chapitre 21. Equations différentielles linéaires du second ordre
y ′′ + ay ′ + by = 0 (H)
où a et b sont des constantes réelles. Ici il n’y a pas de condition sur x et on travaille
donc dans R tout entier.
Notons L(D) l’opérateur de dérivation
D2 + aD + b ,
Dans chacun de ces trois cas, les fonctions w1 , w2 ne sont pas multiples l’une de
l’autre et sont donc linéairement indépendantes (rappelons : deux fonctions y1 , y2
sont linéairement indépendantes lorsqu’on ne peut trouver des constantes λ1 , λ2 non
toutes deux nulles telles que λ1 y1 + λ2 y2 ≡ 0 ).
y ′ − z0 y = 0 . (21.2)
21.1. Equations linéaires homogènes du 2e ordre à coefficients constants 267
c’est-à-dire
y = Cez0 x .
yh = C1 w1 + C2 w2 ,
1. Si α = β , on prend u = C1 x d’où
d’où
yh = C1′ eγx cos θx + C2′ eγx sin θx . (21.6)
Le système
C1 + C2 = C1′
iC1 − iC2 = C2′
relie les constantes C1 , C2 aux constantes C1′ , C2′ ; dès lors si C1 , C2 sont des
complexes quelconques, C1′ et C2′ sont aussi des complexes quelconques. De plus si
C1′ et C2′ sont réels, la solution yh est réelle ; réciproquement si
y ′′ + y = 0 . (21.7)
Le polynôme caractéristique est z 2 + 1 et ses racines sont donc ±i, par conséquent
la solution générale de (21.7) s’écrit
y = C1 cos x + C2 sin x ,
ainsi cos x, sin x sont des solutions particulières de (21.7) et même constituent une
base de l’espace vectoriel formé par toutes les solutions de (21.7).
De même considérons l’équation
y ′′ − y = 0 . (21.8)
Le polynôme caractéristique est z 2 − 1 et ses racines sont donc ±1, par conséquent
la solution générale de (21.7) s’écrit
y = C1 ex + C2 e−x ,
y = C1 ch x + C2 sh x .
-10 -5 5 10 15
-1
-2
-3
eγx sin θx
y ′′ + ay ′ + by = f (x) (L)
où f (x) est continue dans I . Supposons que y1 et y2 soient deux solutions de l’équa-
tion homogène (H) linéairement indépendantes.
Démonstration. Posons
Z Z
yp = ( u1 (x)dx) · y1 + ( u2 (x)dx) · y2 .
p p
Par conséquent
Z Z
L(D)yp = ( u1 (x)dx)(L(D)y1 ) + ( u2 (x)dx)(L(D)y2 ) + f ,
p p
L(D)yp = f .
y ′′ + y = tg x (21.10)
y ′′ + y = 0 . (21.11)
yh = C1 cos x + C2 sin x
21.2. Méthode par “variation de constantes” 273
0.5
-0.5
-1
0.6
0.4
0.2
-0.4
-0.6
0.5
-0.5
-1
y(x0 ) = y0 , y ′ (x0 ) = v0
y(x0 ) = y0 et y ′ (x0 ) = v0 .
Par conséquent par tout point p0 du plan dont l’abscisse est dans I et pour toute
droite d non verticale passant par p0 , il existe une et une seule trajectoire-solution
de (L) qui passe par p0 et qui soit tangente à d en p0 .
Démonstration. La solution générale yg de (L) s’écrit
yg = C1 w1 + C2 w2 + yp .
21.4. Méthode des coefficients indéterminés 275
Puisque le wronskien de w1 et w2 est toujours non nul, nous savons que le système
ci-dessus a une et seule solution (C1 , C2 ), d’où la conclusion du théorème. ✷
où
z0 est un nombre complexe et P (x) est un polynôme.
Si z0 = 0 , le second membre f (x) se réduit donc au polynôme P (x) . La méthode
qui va suivre est particulièrement simple et ne nécessite le calcul d’aucune primitive.
Elle se base sur le résultat suivant :
ez0 x · Q(x) · xt
1. z0 diffère de α et β .
Les fonctions u1 , u2 étant des exponentielles-polynômes, il existe une primitive de
u1 , resp. de u2 , qui soit de la forme e(z0 −α)x Q1 (x) , resp. e(z0 −β)x Q2 (x) , où Q1 (x),
276 Chapitre 21. Equations différentielles linéaires du second ordre
y ′′ + y ′ = (x + 1)e2x . (21.12)
y ′′ + y ′ = 0 . (21.13)
1 2x
yp = e (6x + 1) .
36
3) La solution générale yg de (21.12) s’écrit donc
1 2x
yg = C1 + C2 e−x + e (6x + 1)
36
C1 et C2 étant des constantes arbitraires.
40
20
x
-3 -2 -1 1 2 3
-20
-40
y ′′ − 4y ′ + 4y = e2x (x + 1) (21.14)
y ′′ − 4y ′ + 4y = 0 . (21.16)
yp = e2x x2 (Ax + B) .
1 1
En remplaçant dans (21.14), on obtient A = 6 et B = 2 d’où
1 1
yp = e2x ( x3 + x2 ) .
6 2
3) La solution yg de (21.14) s’écrit donc
1 1
yg = (C1 x + C2 )e2x + e2x ( x3 + x2 )
6 2
C1 et C2 étant deux constantes arbitraires.
Choisissons maintenant C1 et C2 pour vérifier la condition initiale. On doit avoir :
C2 = 1 et, puisque yg′ = e2x ( 13 x3 + 23 x2 + (2C1 + 1)x + C1 + 2C2 ) ,
C1 + 2C2 = 0 ,
1 1
y = e2x ( x3 + x2 − 2x + 1) .
6 2
f (x) = eax P (x) cos (bx) ou f (x) = eax P (x) sin (bx)
En effet, on a alors
eax P (x) cos(bx) = Re(e(a+ib)x P (x)) et eax P (x) sin(bx) = Im(e(a+ib)x P (x)) .
21.4. Méthode des coefficients indéterminés 279
On peut donc
— d’abord chercher une solution particulière avec le second membre
e(a+ib)x P (x) ,
— en déduire ensuite une solution particulière avec le second membre
eax P (x) cos(bx) ou eax P (x) sin(bx) .
y ′′ + 4y = sin x . (21.17)
y ′′ + 4y = 0 . (21.18)
yh = C1 cos 2x + C2 sin 2x .
y ′′ + 4y = eix . (21.19)
On pose
y1 = Aeix .
1
En remplaçant dans (21.19), on obtient 3Aeix = eix d’où A = 3 ; il s’ensuit
1 ix
y1 = e .
3
3) Recherchons une solution particulière yp de (21.17)
Vu le Principe de superposition nous pouvons prendre
1
yp = Iy1 = sin x .
3
4) La solution générale yg de (21.17) s’écrit donc
1
yg = C1 cos 2x + C2 sin 2x + sin x ,
3
C1 et C2 étant des constantes arbitraires.
x
-Pi Pi
-1
-2
-3
y ′′ − 8y ′ + 25y = 0 . (21.21)
L(z) = z 2 − 8z + 25, d’où les racines du polynôme caractéristique sont 4 + 3i et4 − 3i.
Il s’ensuit :
yh = e4x (C1 cos 3x + C2 sin 3x)
où C1 etC2 sont des constantes arbitraires.
2) Nous allons appliquer Principe de superposition et nous occuper séparément de
chacun des deux termes composant le second membre de (21.20).
a) Recherchons une solution particulière y1 de
y1 = Ae(4+3i)x x .
21.4. Méthode des coefficients indéterminés 281
i ix
y1 = − e(4+3i)x x = − e4x (cos 3x + i sin 3x) .
3 3
b) Comme solution particulière y2 de
On pose
y3 = e−3x (M x + N ) .
1 2
En remplaçant dans (21.24), on obtient M = 2 et N = 29 . Il s’ensuit
1 2
y3 = e−3x ( x + ) .
2 29
d) Pour obtenir une solution particulère yp de (21.20), il suffit alors de prendre
x 1 2
yp = y2 + y3 = − e4x cos 3x + e−3x ( x + ) .
3 2 29
3) La solution générale yg de (21.20) est yh + yp c’est-à-dire
x 4x 1 2
yg = e4x (C1 cos 3x + C2 sin 3x) − e cos 3x + e−3x ( x + )
3 2 29
où C1 et C2 sont des constantes arbitraires.
dont le graphe passe par le point (0, −1) et dont la pente de la tangente en ce point
vaut 1.
Résolution. Cherchons d’abord la solution générale de (21.25).
1) Recherchons la solution générale yh de y ′′ + 2y ′ − 3y = 0 .
L(z) = z 2 + 2z − 3 , d’où les racines de L(z) sont 1 et −3. Il s’ensuit
yh = C1 ex + C2 e−3x (C1 , C2 ∈ R) .
y ′′ + 2y ′ − 3y = (2x + 1)e−3x .
282 Chapitre 21. Equations différentielles linéaires du second ordre
21.5 Exercices
1. Chercher la solution générale des équations différentielles suivantes, chercher
une solution particulière vérifiant les conditions indiquées.
21.5. Exercices 283
✻y
x
✲
C2
une tangente parallèle au vecteur (1, 2). Quelles sont les autres points d’in-
tersection de C1 avec l’axe des x .
b) le graphe C2 correspondant à y2 coupe l’axe des x en π2 et l’aire de la partie
représentée sur la figure 21.5 vaut 3.
où a(x), b(x) et f (x) sont continues dans un intervalle I . Ainsi on peut montrer
que le Théorème d’existence et d’unicité de la solution (théorème 62) vu pour les
équations linéaires à coefficients constants est maintenu, plus précisément :
si x0 est fixé dans I, alors pour tout y0 , v0 fixés, il existe une et une seule
fonction y deux fois continûment dérivable dans I , vérifiant (21.26) et
telle que y(x0 ) = y0 et y ′ (x0 ) = v0 .
Les solutions de l’équation homogène
forment encore un espace vectoriel de dimension 2 et, pour obtenir toutes ces solu-
tions, il suffit donc d’en avoir deux qui soient linéairement indépendantes, le théorème
57 est donc encore vérifié :
si y1 et y2 sont deux solutions de l’équation (21.27) linéairement indé-
pendantes, alors la solution générale de (21.27) est C1 y1 + C2 y2 où C1
et C2 sont deux constantes arbitraires.
Malheureusement on ne dispose pas de méthode générale permettant de trouver
effectivement deux solutions linéairement indépendantes de l’équation homogène et
dès lors on n’a pas non plus de méthode générale pour la résoudre.
Signalons encore que le théorème 59 (caractérisant au moyen du wronskien le
fait que deux solutions soient linéairement indépendantes) est encore vérifié pour
l’équation (21.27).
Pour ce qui est de la recherche d’une solution particulière de (21.26), la Mé-
thode par variation de constantes est encore applicable. Par contre la Méthode des
coefficients indéterminés n’est plus applicable.
P x
−
→
F O
c’est-à-dire
x′′ + 2γx′ + ω02 x = 0 . (21.30)
0.75
0.5
0.25
2 4 6 8 10 12 14
-0.25
-0.5
-0.75
Il s’ensuit
x′ (t) = −λ1 C1 e−λ1 t − λ2 C2 e−λ2 t .
Les constantes C1 et C2 s’obtiennent aisément au départ des conditions ini-
tiales en résolvant le système
(
C1 + C2 = x(0)
λ1 C1 + λ2 C2 = −x′ (0)
0.75
0.5
0.25
2 4 6 8 10 12 14
-0.25
-0.5
-0.75
0.75
0.5
0.25
2 4 6 8 10 12 14
-0.25
-0.5
la figure 21.7, on a pris γ = 2.5 > ω0 (amortissement fort), sur la figure 21.8, on a
pris γ = 2 = ω0 (amortissement critique) et sur la figure 21.9, on a pris γ = 14 < ω0
(amortissement faible).
F0
x′′ + 2γx′ + ω02 x = cos ωt . (21.32)
m
F0 iωt
x′′ + 2γx′ + ω02 x = e . (21.33)
m
Remarquons : puisque γ 6= 0, le nombre imaginaire iω ne peut être racine du po-
lynôme caractéristique, par conséquent on peut trouver une solution particulière x1
de (21.33) qui soit de la forme
x1 = beiωt , (21.34)
un simple calcul nous donne
F0
b= .
m(ω02 − ω 2 + 2iγω)
il s’ensuit
1
αeiδ = .
ω02 − ω 2 + 2iγω
Les quantités ω0 et γ dépendent de l’oscillateur considéré, si on suppose celui-ci
fixé, les quantités α et δ dépendent donc uniquement de la pulsation ω de la force
extérieure. En remplaçant dans (21.34) on obtient
F0
x1 = α ei(ωt+δ)
m
290 Chapitre 21. Equations différentielles linéaires du second ordre
5. Phénomène de résonance
Plaçons-nous encore dans le cas de l’oscillateur forcé amorti et continuons l’étude
faite ci-dessus.
Etudions la dépendance de l’amplitude de xp (t) par rapport à la force extérieure
F0 cos wt. Cette amplitude vaut
F0
α .
m
La dépendance par rapport à F0 est très simple et sans surprise puisque l’amplitude
de xp (t) est proportionnel à F0 . Mais la pulsation ω est aussi déterminante car elle
intervient dans α. Aussi étudions la dépendance de α par rapport à ω, écrivons donc
α(ω), on a :
1
α(ω) = p 2 .
(ω0 − ω )2 + 4γ 2 ω 2
2
Remarquons :
α(0) = 1/ω02 et lim α(ω) = 0 .
ω→+∞
−4ω(ω 2 − ω02 + 2γ 2 )
K
où K est positif. Deux cas se présentent donc :
√
1. Si ω0 ≤ 2 γ, alors α′ (w) < 0 dans [0, +∞[ et α(ω) décroît continuellement
vers 0 lorsque ω tend vers +∞ .
√
2. Si ω0 > 2 γ, α(ω) prend sa valeur maximale pour
q
w = wR := ω02 − 2γ 2 (21.37)
Cette pulsation donnant à xp (t) son amplitude maximale est appelée la pul-
sation de résonance du système, lorsqu’on est dans ces conditions on
est en présence d’un phénomène de résonance. Le valeur maximale de α(w)
vaut
1
α(ωR ) = p 2 . (21.38)
2γ ω0 − γ 2
Il ne peut donc y avoir de phénomène de résonance dans les cas de l’amortis-
sement fort (ω0 < γ) et de l’amortissement critique (ω0 = γ). Même l’amor-
tissement faible (ω0 > γ) ne le rend pas
√ nécessairement possible. Il faut un
amortissement faible “accentué” (ω0 > 2 γ), pour que, pour un choix parti-
culier de ω, il y ait résonance.
dα(ωR ) 2γ 2 − ω02
= 2 2 <0,
dγ 2γ (ω0 − γ 2 )3/2
292 Chapitre 21. Equations différentielles linéaires du second ordre
et
lim α(ωR ) = ∞ ,
γ→0
xh (t) = A sin(ω0 t + ϕ)
21.7. Applications à l’oscillateur harmonique 293
7. Exercices résolus
Exemple 21.7. On considère un ressort horizontal dont la position d’équilibre cor-
respond à l’origine. Supposons : la force de rappel du ressort est −16x, la force de
frottement est −10x′ et la masse du point attaché à l’extrémité vaut 1. On suppose
qu’il n’y a pas d’autres forces appliquées au point.
1. Ecrivons l’équation différentielle modélisant le mouvement du point extrémité
du ressort.
2. Donnons la solution générale de cette équation.
3. Combien de fois le point peut-il changer de sens de parcours.
4. Considèrons les deux cas particuliers suivants :
— Cas 1 : x(0) = −1 et x′ (0) = −1,
— Cas 2 : x(0) = −1 et x′ (0) = 3 .
Dans chacun de ces deux cas traçons la trajectoire solution et déduisons-en
comment bouge le point extrémité du ressort.
Résolution.
1. x′′ = −10x′ − 16x d’où l’équation de mouvement s’écrit
4C2
e6t = − . (21.42)
C1
— si − 4C ′
C1 ≥ 1 , la dérivée x (t) s’annule une seule fois pour un t ≥ 0.
2
−1
−1 0 x
−1
−1 0 x
296 Chapitre 21. Equations différentielles linéaires du second ordre
a) yG = ex (x + C) b) y1 = ex (x − 4) c) y2 = ex (x − 1 − 1e )
297
298 Annexe A. Solutions des exercices relatifs aux équations différentielles
1
3) C1 + C2 e−x + x3 − x2 + x
3
4) e2x (C1 − 5x) + C2 e3x
1
5) C1 cos 3x + C2 sin 3x − cos 6x
x
27
e
6) C1 e−2x + C2 ex + (3 sin x − cos x)
10
7) e−x (x2 + C1 x + C2 )
x3 3x2 3x
8) C1 + C2 e4x − + +
12 16 32
9) C1 e2x cos 3x + C2 e2x sin 3x + 2e−2x
x 1
10) e3x (C1 x + C2 ) + e3x x2 ( + )
6 2
1
11) C1 cos x + C2 sin x − x cos x
2
7 3 2
12) (C1 x + C2 )e3x + x2 e3x + cos x + sin x
2 50 25
1 3 5
13) C1 ex + C2 e3x + e3x ( x3 − x2 + x)
√ 2 4
√ 4
x 3x 3x e2x
14) e− 2 [C1 cos( ) + C2 sin( )] + 2 [(278 − 305x) cos x − (175 − 366x) sin x]
2 2 61
−x −x 1 3 −x
15) e (C1 + C2 x) − e cos x + x e
6
1
16) C1 cos 3x + C2 sin 3x + (4x cos x + sin x)
32
1 1
17) C1 cos x + C2 sin x + (x − 1)ex + (x2 cos x − x sin x)
2 4
2
18) (C1 + C2 x)ex + x2 + 4x + 7 + (4 cos 2x − 3 sin 2x)
25
19) C1 cos x + C2 sin x + (cos x) ln | cos x| + x sin x
20) C1 + (C2 − 2x)ex + (ex − 1) ln(ex − 1)2
[1] M. Boffa et A. Pétry, Des naturels non standard à l’Analyse non standard,
une introduction, Mathématique et Pédagogie, vol. 94, 1993, pp. 39-54.
[2] Euler, traduction de J.D. Blanton,Foundations of Differential Calculus, Ed.
Springer, 2000.
[3] P. Fermat, Précis des oeuvres mathématiques et de l’arithmétique de Dio-
phante, présentation de E. Brassinne (1853), réédition Ed J. Gabay, 2005.
[4] R. Courant et F. John, Introduction to Calculus and Analysis, volume I et
volume II, Springer, 1989.
[5] A. Dahan-Dalmenico et J. Peiffer, Une histoire des mathématiques, route
et dédales, Ed. Seuil, 1986.
[6] P. Davies, Applied Nonstandard Analysis, réédition Dover Publications, 2005.
[7] E. Hairer et G. Wanner, L’analyse au fil de l’histoire, Springer, 2001.
[8] J. Havelange et A. Pétry, Algèbre, complexes et matrices, Ed. Céfal, 2011.
[9] H.J. Keisler, Foundations of Infinitesimal Calculus, Prindle, Weber and
Schmidt, 1977.
[10] H.J. Keisler, Elementary Calculus, Prindle, Weber and Schmidt, 1986.
[11] T. Lindstrøm, An invitation to nonstandard analysis , dans N. Cutland
(Ed.), Nonstandard Analysis and its Applications, 1-105. Cambridge Univ.
Press,1988.
[12] J. Mawhin, Analyse, De Boeck Université, 1992.
[13] A. Pétry, Balade en Analyse non standard sur les traces de A. Robinson, dans
“Non standard analysis”, Belgian Mathematical Society-Simon Stevin, 1996.
[14] A. Pétry, Enseigner l’Analyse sur base des méthodes non standard, deux as-
pects : microscope et ensembles internes, dans “Logique dans l’enseignement des
Mathématiques”, Belgian Mathematical Society, vol. 5, no 5, supplément, 45-62.
[15] A. Pétry, A propos des tangentes à une courbe, une présentation non standard
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Ser. A 64, 1961, 432-440.
299
300 Bibliographie
A1 × A2 × . . . An , 120 f ′ , 66
Dxk f , 124 f ′′ , 179
Df , 66 fx′ k , 124
O(u), 83 f (x) ≃ g(x) ., 165
S(∆x), 144 f (2) , 179
[H(x)]ba , 167 o(u), 83
Im(f ), 204 w1 , w2 , 266
N(x), 127
Re f , 204 affinité, 191
≈∆ , 94 aire, 152
≈, 36 amortisement, 286
≈∆ , 85 appréciable, 32
arcch x, 201 asymptote, 189
arcsh x, 201
ch x, 197 binôme de Newton, 18
cosh x, 197 borne inférieure, 27
coth x, 197 borne supérieure, 27
df , 85
∂f cardioïde, 116
∂xk , 124
2
d f changement de base, 178
dx , 179 changement de variable, 223
df
dx , 66 circuit RL, 259
∗
A, 122 concavité, 182
Rb
Ra f (x)dx, 146 condition initiale, 240
p
f (x)dx, 255 continuité, 69, 125
ln u, 153 continuité par morceaux, 80
Log u, 153 convexe, 114
o
u, 37 coordonnées polaires, 104
sh x, 197 corps commutatif, 16
sinc, 181 corps ordonné, 24
sinh(x), 197 couple, 25
st, 37 courbe de Gauss, 202
tanh x, 197 Critère des suites monotones, 130
th x, 197 croissance, 158
a = a′ à δ près, 181 cycloïde, 106
e, 170
erf , 203 décomposition en fractions simples, 215
exp, 172 décroissance, 158
301
302 Index