Chapitre 3 CMANALYSES2

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 20

Cours d’Analyse S2 L1 2022-2023 1

Chapitre 3 - Vittoria Pierfelice et Diomba Sambou

13 mars 2023

1. Ces notes sont basées principalement sur le cours d’analyse donné par Vittoria Pier-
felice à l’université d’Orléans au cours des années 2015-2020, en version adaptée au pro-
gramme du cours actuel.
Table des matières

3 Primitives et intégrales 2
3.1 Primitives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
3.1.1 Définition et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
3.1.2 Opérations sur les primitives et les intégrales . . . . . . . . . . . 3
3.1.3 Primitives usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3.2 Différentes méthodes de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.2.1 Primitivisation ou intégration par parties . . . . . . . . . . . . . . 6
3.2.2 Changement de variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3.3 Primitivisation ou intégration des fractions rationnelles . . . . . . . . . 10
3.3.1 Décomposition en éléments simples . . . . . . . . . . . . . . . . 10
3.3.2 Primitivisation ou intégration des éléments simples de première
espèce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
3.3.3 Primitivisation ou intégration des éléments simples de deuxième
espèce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
3.4 Primitivisation ou intégration des fonctions rationnelles en sin x et
cos x et règles de Bioche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

1
Chapitre 3

Primitives et intégrales

Il existe un lien remarquable entre intégration et dérivation : pour les fonctions f


continues sur des intervalles I de R, la notion d’intégrale permet en effet de construire
l’inverse de l’opération de dérivation qui s’appelle primitivisation. En effet, la théo-
rie de l’intégration de Riemann (que vous verrez l’année prochaine en L2 maths)
permet de démontrer l’existence d’une primitive (qu’on va traiter dans ce chapitre)
pour toute fonction continue sur un intervalle I de R.

3.1 Primitives
3.1.1 Définition et propriétés
Définition 3.1.1. Soit f : I → R une fonction continue sur un intervalle I de R. On
appelle primitive de f sur I toute fonction F : I → R de classe C 1 sur I , telle que

∀x ∈ I , F 0 (x) = f (x).

Exemples :
x α+1
1. Pour α ∈ R \ {−1}, F (x) = α+1
est une primitive de f (x) = x α sur I =]0, +∞[.
1
2. F (x) = ln x est une primitive de f (x) = x
sur I =]0, +∞[.
3. F (x) = e x est une primitive de f (x) = e sur I = R.
x

Proposition 3.1.1. Si F est une primitive de la fonction nulle sur un intervalle I de


R, alors F est constante.

Démonstration. Soit x, y ∈ I , d’après le théorème ?? des accroissements finis comme


F est dérivable sur I , il existe c ∈]x, y[ tel que F (y) − F (x) = (y − x)F 0 (c) = 0, donc
F (x) = F (y), c’est-à-dire F est constante.

Remarque 3.1.1. BSi le domaine de définition de F n’est pas un intervalle I , alors


la proposition 3.1.1 est fausse.

2
(
1 si x > 0
Par exemple, F (x) = n’est pas constante sur R∗ , pourtant elle est une
−1 si x < 0,
primitive de la fonction nulle sur R∗ .

Remarque 3.1.2. Si F, G : I → R sont des primitives de f sur I , alors il existe une


constante k ∈ R tel que F (x) = G(x) + k pour tout x ∈ I : c’est-à-dire F = G + k sur I .

Définition 3.1.2. Soit f : I → R une fonction admettant une primitive. Pour tous
a, b ∈ I , on définit l’intégrale de f de a à b par
Z b
f (x)d x = F (b) − F (a),
a

où F est une primitive de f sur I (cela ne dépend pas de la primitive utilisée).

Notations : Dans la définition ci-dessus :


— On note [F (x)]ba = F (b) − F (a) pour tous a, b ∈ I .
Rb
— La notation a f (x)d x se lit « intégrale de a à b de f (x)d x » ; a et b sont ap-
pelés bornesR de l’intégrale, x est uneR variable muette.
— La notation f (x)d x = F (x)+k (ou f (t )d t = F (t )+k) signifie que F : I → R
est une primitive de f et que k est une constante arbitraire.

Remarque 3.1.3. Comme nous l’avons déjà mentionné, dans le cours de l’année pro-
chaine, la théorie de l’intégration
Rx selon Riemann sera développée et permettra de dé-
finir la fonction intégrale c f (t )d t pour toute fonction f continue sur I . L’année
prochaine vous sera démontré alors le théorème fondamental de l’analyse ci-dessous
qui affirme que la dérivée de la fonction intégrale de f est égale à f , autrement dit
que la fonction intégrale de f est une primitive de f .

Théorème 3.1.1. Soit f : I → R une fonction continue sur I et c ∈ I . Alors la fonction


intégrale Z x
F (x) = f (t )d t
c
est la primitive de f qui est nulle en c (F (c) = 0). De plus cette fonction F est une
fonction de classe C 1 sur I .

Remarque 3.1.4 (Interprétation gómétrique). Soit P un plan muni d’un repère or-
thonormé (O,~ i ,~
Rb
j ). Si f : I → R est continue et si f ≥ 0 sur ]a, b[⊂ I , alors a f (x) d x est
l’aire de la surface A délimitée par la courbe représentative de f , l’axe des abscisses
et les droites d’équations x = a et x = b.

3.1.2 Opérations sur les primitives et les intégrales


Proposition 3.1.2. Soit f , g : I → R admettent respectivement des primitives F , G :
I → R sur I et λ, µ ∈ R. Alors :

3
¦ Linéarité : λ f + µg admet une primitive sur I et on a
Z Z Z
(λ f (x) + µg (x))d x = λ f (x)d x + µ g (x)d x.

Plus précisément, pour tous a, b ∈ I , on a la linéarité de l’intégrale


Z b¡ Z b Z b
λ f (x) + βg (x) d x = λ f (x)d x + µ
¢
g (x)d x.
a a a

¦ Relation de Chasles : Pour tous a, b et c ∈ I tel que a ≤ c ≤ b, on a


Z b Z c Z b Z b Z a
f (x)d x = f (x)d x + g (x)d x et f (x)d x = − f (x)d x.
a a c a b
Z b
¦ Positivité : Si f ≥ 0 sur I , alors f (x)d x ≥ 0, ∀ a, b ∈ I , a ≤ b. En particulier,
a
on a
¯Z b ¯ Z b
f (x)d x ¯ ≤ | f (x)|d x.
¯ ¯
¯
a a
Rb
Exemple 3.1.1. Soit a, b ∈ R et calculons a (x 3 + 2x 2 + 4x + 2)d x. On obtient :
Z b Z b Z b Z b Z b
(x 3 + 2x 2 + 4x + 2)d x = x 3d x + 2 x 2d x + 4 dx +2 dx =
a a a a a
¸b 3 ¸b 2 ¸b
x4 x x
· · ·
= +2 +4 + 2 [x]ba =
4 a 3 a 2 a
b 4 2b 3
µ 4
a 2a 3

2 2
= + + 2b + 2b − + + 2a + 2a .
4 3 4 3

4
3.1.3 Primitives usuelles

g: I →R
R
I g (t )d t
f0 f : I →R

x n+1
R xn, n ∈ N n+1

R ex ex

1
]0, +∞[, ] − ∞, 0[ x ln |x|

R λ∈R λx

R sin(x) − cos(x)

R cos(x) sin(x)
¤ π
− 2 + kπ, π2 + kπ , k ∈ Z
£
tan(x) − ln | cos(x)|
¤ π
− 2 + kπ, π2 + kπ , k ∈ Z 1 + tan2 (x) = cos12 (x)
£
tan(x)

R 1 1
arctan ax
¡ ¢
x 2 +a 2
, a 6= 0, a

1
a ∈ R, I =] − ∞, a[, I =]a, ∞[ x−a
ln |x − a|

e λx
R e λx , λ ∈ R∗ λ

x a+1
]0, +∞[ x a , a ∈ R r {−1} a+1

ax
R a x , a ∈ R∗+ r {1} ln a

] − 1, 1[ p 1 arcsin(x)
1−x 2
p
R p 1 ln(x + 1 + x 2 )
1+x 2

1 1 1
] − ∞, 0[, ]0, +∞[ xn
, n≥2 −n+1 x n−1

5
Exemple 3.1.2. Vérifions que pour I =]0, +∞[ ou I =] − ∞, 0[, une primitive de x1 est
ln |x|.
Par définition la fonction logarithme ln : x ∈]0, +∞[7→ ln(x) ∈ R est dérivable : (ln x)0 =
1
x
. Donc, sur ]0, +∞[, une primitive de x1 est ln(x). Soit f : x ∈] − ∞, 0[7→ ln(−x) ∈ R.
On peut écrire f (x) = g (u(x)) où g : x ∈]0, +∞[7→ ln(x) ∈ R et u : x ∈] − ∞, 0[7→ −x ∈
]0, +∞[. La fonction f est donc dérivable comme composée de fonctions dérivables :

u 0 (x) −1 1
f 0 (x) = g 0 (u(x))u 0 (x) = = = .
u(x) −x x
1
D’où sur ] − ∞, 0[, une primitive de x
est ln(−x). Ainsi sur I =] − ∞, 0[ ou I =]0, +∞[,
on a
dx
Z
= ln |x| + k,
x
où k ∈ R est une constante.

Exemple 3.1.3. Vérifions que pour a > 0 réel et a 6= 1, une primitive sur R de a x est
1 x
ln(a) a .
1
Considérons la fonction f : x ∈ R 7→ ln(a) a x ∈ R. Par définition de x a , on a f (x) =
1 x ln(a) 1
ln(a) e ,
pour a > 0. Ainsi f (x) = ln(a) e u(x) où u : x ∈]0, +∞[7→ x 7→ x ln(a) ∈ R. La
fonction f est donc dérivable comme composée de fonctions dérivables :

1 1 u(x) 0 1
f 0 (x) = (e u(x) )0 = e u (x) = ln(a)e x ln(a) = e x ln(a) = a x .
ln(a) ln(a) ln(a)

Par conséquent
1
Z
ax d x = a x + k, où a > 0 et k ∈ R.
ln(a)

3.2 Différentes méthodes de calcul


3.2.1 Primitivisation ou intégration par parties
Proposition 3.2.1. Soit u, v : I → R deux fonctions de classe C 1 sur I . Si uv 0 admet
une primitive sur I , alors u 0 v admet une primitive sur I . Dans ce cas, on a la primi-
tivisation par parties
Z Z
u(x)v (x)d x = u(x)v(x) − u 0 (x)v(x)d x.
0
(3.1)

De plus, pour tous a, b ∈ I , on a l’intégration par parties


Z b ¤b
Z b Z b
0 0
u 0 (x)v(x)d x.
£
u(x)v (x)d x = u(x)v(x) a − u (x)v(x)d x = u(b)v(b)−u(a)v(a)−
a a a
(3.2)

6
Démonstration. Elle est basée sur la dérivée d’un produit (uv)0 = u 0 v +uv 0 . De plus,
on a pour tous a, b ∈ I

¤b £ ¤b
Z b Z b Z b Z b
0 0 0 0
u(x)v 0 (x)d x.
£
u(t )v(x) a = (uv)(x) a = (uv) (x)d x = (u v+uv )(x)d x = u (x)v(x)d x+
a a a a

Remarque 3.2.1. On joue sur le fait que des fois la primitive de u 0 v est plus simple à
calculer que celle de uv 0 .

Exemple 3.2.1. Soit la fonction ln : x ∈]0, +∞[7→ ln(x) ∈ R.


Comme ln Rest continue sur [1, +∞[, elle admet donc une primitive sur [1, +∞[.
x
Calculons 1 ln(t )d t la primitive de ln qui est nulle en 1. Par intégration par parties,
en posant u(t ) = ln(t ) et v 0 (t ) = 1, on obtient u 0 (t ) = 1t et v(t ) = t , de sorte que
Z x Z x Z x Z x 1
ln(t )d t = 0
u(t )v (t )d t = [u(t )v(t )]1x
− u (t )v(t )d t 0
= [t ln t ]1x − × tdt
1 1 1 1 t
Z x
= [t ln t ]1x − d t = x ln x − x + 1.
1

Les primitives de ln(x) sont donc les fonctions x 7→ x ln(x) − x + k où k ∈ R est une
constante.

Exemple 3.2.2. La fonction x 7→ arctan x est continue sur R, donc admet une primi-
tive sur R. Calculons arctan xd x les primitives de arctan x sur R. Par primitivisation
R
1
par parties, en posant u(x) = arctan x et v 0 (x) = 1, on obtient u 0 (x) = 1+x 2 et v(x) = x,
de sorte que

x
Z Z Z Z
0 0
£ ¤
arctan xd x = u (x)v(x)d x = u(x)v(x) − u (x)v(x)d x = [x arctan x] − dx
1 + x2

Or, comme

x 1 2x 1 g 0 (x) 1
Z Z Z
2
dx = 2
dx = d x = ln |g (x)| + k = ln (1 + x 2 ) + k,
1+x 2 1+x 2 g (x) 2

où k ∈ R est une constante, on obtient


x 1
Z Z
arctan x = [x arctan x] − 2
d x = ln (1 + x 2 ) + k,
1+x 2

où k ∈ R est une constante.


Autrement dit, une primitive de arctan x est 12 ln (1 + x 2 ) et les primitives de arctan x
sont les fonctions x 7→ 21 ln (1 + x 2 ) + k où k ∈ R est une constante.

7
Exemple 3.2.3. La fonction Rx 7→ xe x est continue sur R, donc admet une primitive
x
sur R. Soit c ∈ R, calculons c t e t d t la primitive de x 7→ xe x sur R nulle en c. Par
intégration par parties, en posant u(t ) = t et v 0 (t ) = e t , on obtient u 0 (t ) = 1 et v(t ) =
e t , de sorte que
Z x Z x Z x Z x
¤x £ ¤x
tet d t = u(t )v 0 (t )d t = u(t )v(t ) c − u 0 (t )v(t )d t = t e t c − et d t
£
c
£ c ¤x £ ¤x c c
= t e t c − e t c = e x (x − 1) − e c (c − 1).

Autrement dit, e x (x −1) est une primitive de xe x et les primitives de xe x sont les fonc-
tions x 7→ exp(x)(x − 1) + k où k ∈ R est une constante.

Exemple 3.2.4. La fonction R x 7→ x sin(x) est continue sur R, donc admet une pri-
mitive sur R. Calculons x sin(x)d x les primitives de x sin(x) sur R. Par primiti-
visation par parties, en posant u(x) = x et v 0 (x) = sin(x), on obtient u 0 (x) = 1 et
v(x) = − cos(x), de sorte que
Z Z Z
u (x)v(x)d x = u(x)v(x) − u 0 (x)v(x)d x
0
£ ¤
x sin(x)d x =
Z
= [−x cos(x)] + cos(x)d x = [−x cos(x) + sin(x)] + k

où k ∈ R est une constante. Autrement dit, une primitive de x sin(x) est sin(x)−x cos(x)
et les primitives de x sin(x) sont les fonctions x 7→ sin(x)− x cos(x)+k où k ∈ R est une
constante.
R
Remarque 3.2.2. De manière générale, pour calculer les primitives du type P (x) exp(αx)d x,
où P (x) est un polynôme et α ∈ R, on applique la primitivisation par parties (3.1) en
choisissant u(x) = P (x) et v 0 (x) = exp(αx), en sorte de dériver le polynôme et réiterer
cette opération de primitivisation par parties un certain nombre de fois jusqu’à faire
disparaître le polynôme.
De
R même, on applique R la primitivisation par parties pour les primitives du type
P (x) cos(x)d x ou P (x) sin(x)d x.

3.2.2 Changement de variables


Proposition 3.2.2. Soit f : I → R une fonction continue sur I , admettant une primi-
tive F sur I, et g : J → I une fonction de classe C 1 sur J . Alors, pour tous a, b ∈ J on
a Z b Z g (b)
( f ◦ g )(x)g 0 (x)d x = f (t )d t = F (g (b)) − F (g (a))
a g (a)

Poser t = g (x), d t = g 0 (x)d x avec x ∈ J s’appelle un changement de variable.


En particulier, lorsque x = a alors t = g (a) et lorsque x = b alors t = g (b).

8
Démonstration. Les fonctions

f ◦ g : J → R, x 7→ ( f ◦ g )(x) = f (g (x))
F ◦ g : J → R, x 7→ (F ◦ g )(x) = F (g (x))

sont bien définies. Les fonctions F et g sont de classe C 1 sur J donc F ◦ g est de
classe C 1 sur J et pour x ∈ J , on a (F ◦ g )0 (x) = f (g (x))g 0 (x).
R3 2
Exemple 3.2.5. Calculons 2 x ln x d x.
En posant le changement de variables t = ln x, on a d t = x1 d x.
Lorsque x = 2 alors t = ln 2 et lorsque x = 3 alors t = ln 3. Donc, on a

Z 3 2
Z 3 1 dx
Z ln 3 1 £ ¤ln 3
dx = 2 =2 d t = 2 ln |t | ln 2 = 2 (ln (ln 3) − ln (ln 2)) .
2 x ln x 2 ln x x ln 2 t
R 3π
Exemple 3.2.6. Calculons 0 2 sin2 (x) cos(x)d x.
En posant le changement de variables t = sin(x), on a d t = cos(x)d x.
Lorsque x = 0 alors t = sin (0) = 0 et lorsque x = 3π
2
alors t = sin ( 3π
2
) = −1. Donc, on a

−1 0 £ t 3 ¤0 1
Z Z Z
2
2 2
sin (x) cos(x)d x = t dt = − t 2d t = − −1 = − .
0 0 −1 3 3
R1 x
Exemple 3.2.7. Calculons 0 p ex d x.
e +1
En posant le changement de variable t = e x , on a d t = e x d x.
Lorsque x = 0 alors t = e 0 = 1 et lorsque x = 1 alors t = e 1 = e. Donc, on a

ex
Z 1 Z e p p p
1
p dx = p d t = [2 t + 1]e1 = 2 e + 1 − 2 2.
0 ex + 1 1 t +1
R p
Exemple
£1 £ 3.2.8. Déterminons les primitives 2 2x − 1 + (sin3 (x) + 1) cos(x)d x sur
2 , + ∞ . D’après la linéarité des primitives, on écrit
Z p Z p Z
3
2 2x − 1+(sin (x)+1) cos(x)d x = 2 2x − 1d x+ (sin3 (x)+1) cos(x)d x = I +I I .

On étudie séparément I et I I . En utilisant le changement de variable y = 2x − 1 et


dy
d y = 2d x, d’où d x = 2 , on a
Z p 3
p dy y2 2 3 2
Z Z
1 3
I =2 2x − 1d x = 2 y = y d y = 3 + k = y 2 + k 1 = (2x − 1) 2 + k 1 ,
2
2 2
3 3

pour x ∈ 21 , + ∞ et k 1 ∈ R est une constante. En posant le changement de variable


£ £

t = sin(x) et donc d t = cos(x)d x, on a

t4 sin4 (x) 1
Z Z
3 3
I I = (sin (x)+1) cos(x)d x = (t +1)d t = +t = +sin(x) = sin4 (x)+sin(x)+k 2 ,
4 4 4

9
pour x ∈ R et k 2 ∈ R est une constante. On a obtient alors
Z p
2 3 1
2 2x − 1 + (sin3 (x) + 1) cos(x)d x = I + I I = (2x − 1) 2 + sin4 (x) + sin(x) + k,
3 4
£1 £1
pour x ∈ 2 , + ∞ ∩ R = 2 , + ∞ et k = k 1 + k 2 ∈ R est une constante.
£ £

p1
R
Exemple 3.2.9. Déterminons les primitives 2
d x sur ]0, +∞[.
x 1+x
En posant le changement de variable t = x1 , on a d t = − x12 d x. Donc, on a

1 x
dx 1 1
Z Z Z Z
p dx = p 2
=− q dt = − p dt
x 1 + x2 1+x x
2
t 1 + t12 t2 +1
³1 r
p 1´ p
= − ln(t + 1 + t 2) + k = − ln + 1+ + k = ln(x) − ln(1 + x 2 + 1),
x x2
pour x ∈]0, +∞[ et k ∈ R est une constante.

3.3 Primitivisation ou intégration des fractions ration-


nelles
L’objectif de ce paragraphe est de présenter des méthodes classiques d’intégration
et de calcul des primitives des fonctions ou fractions rationnelles sur R.

Définition 3.3.1. Une fonction ou fraction rationnelle f sur R est le quotient de deux
fonctions polynômes P et Q de R[X ], Q étant non identiquement nulle. Nous avons
P (x)
f (x) = Q(x) pour tout x ∈ R tel que Q(x) 6= 0.

P (x)
L’idée générale est de décomposer d’abord la fraction rationnelle f (x) = Q(x) en élé-
ments simples (comme une somme de fractions rationnelles élémentaires), puis pri-
mitiviser ou intègrer ces éléments et ainsi, par linéarité, le problème se réduit à la
primitivisation ou intégration des éléments simples de cette décomposition, que sur
R vont être de deux espèces, comme on verra dans la suite du chapitre.

3.3.1 Décomposition en éléments simples


P (x)
Soit f (x) = Q(x) une fraction rationnelle. On va rappeler la décomposition en élé-
ments simples d’une fraction rationnelle.
CAS 1. Si deg(P ) ≥ deg(Q), on effectue d’abord la division euclidienne des poly-
nômes P (x) par Q(x), il existe alors un unique couple de polynômes (E , R) tel que
P (x) = E (x)Q(x) + R(x) avec deg(R) < deg(Q). D’où

P (x) R(x)
= E (x) + ,
Q(x) Q(x)

10
R(x)
avec deg(R) < deg(Q). Autrement dit, f (x) = E (x) + Q(x) s’écrit de manière unique
sous la forme d’un polynôme E appelé partie entière de la décomposition en élé-
R(x)
ments simples et d’un terme Q(x) qui est une fraction rationnelle avec deg(R) <
deg(Q) et qu’on doit décomposer en éléments simples en se ramenant au cas 2 ci-
dessous.
CAS 2. Si deg(P ) < deg(Q), on effectue directement la décomposition en éléments
P (x)
simples de la fraction rationnelle f (x) = Q(x) . Pour cela, on factorise d’abord le po-
lynôme Q(x) (au dénominateur) en facteurs irreductibles Q i sur R.

Définition 3.3.2. On dit qu’un polynôme Q i de K[X ] (où K = R ou K = C) est irré-


ductible s’il est non constant et si ses seuls diviseurs sont les polynômes constants et
les polynômes qui lui sont associés, c’est-à-dire les polynômes de la forme λQ i , avec
λ ∈ K∗ .

Remarques 3.3.1. ¦ Les polynômes de degré 1 sont toujours irréductibles.


¦ Dans C[X ], les polynômes irréductibles sont exactement les polynômes de de-
gré 1.
¦ Dans R[X ], les polynômes irréductibles sont les polynômes de degré 1 et les
polynômes de degré 2 de discriminant strictement négatif, c’est-à-dire les po-
lynômes de la forme ax 2 + bx + c avec discriminant ∆ = b 2 − 4ac < 0.
¦ Un polynôme réel irréductible de degré 2 de la forme ax 2 + bx + c avec discri-
minant ∆ = b 2 − 4ac < 0, peut s’écrire sous forme canonique en utilisant les
formules suivantes :
¶2
b 4ac − b 2 (2ax + b)2 (−∆) (−∆) 2ax + b 2
·µ ¸ · ¸ ·µ ¶ ¸
2
ax +bx+c = a x+ + = + = p +1 .
2a 4a 2 4a 4a 4a (−∆)

Par exemple, le polynôme 2x 2 +x +1 est un polynôme réel irréductible de degré


2, car le discriminant ∆ = 1−8 = −7 < 0. On peut écrire ce polynôme sous forme
canonique :
¶2
7 4x + 1 2
·µ ¸ ·µ ¶ ¸
2 1 7
2x + x + 1 = 2 x+ + = p +1 .
4 16 8 7

¦ En particulier, un polynôme réel irréductible de degré 2 de la forme (x 2 + px +


q) avec discriminant ∆ = p 2 − 4q < 0, peut s’écrire sous forme canonique :
 
2 2 p ¶2
p 2 p p  x+ 2
h³ ´ ³ ´i ³ ´ µ
(x 2 + px + q) = x + + q− = q− + 1 .

 q
2 4 4 p2
q− 4

Théorème 3.3.1 (Décomposition en facteurs irréductibles). Tout polynôme Q(x)


non constant à coefficients réels peut être décomposé en un produit de polynômes
irréductibles à coefficients réels.

11
Exemple 3.3.1. Une décomposition en facteurs irréductibles dans R[X ], est donnée
par exemple par Q(x) = γ(x −α)2 (x −β)3 (x 2 + p 1 x + q 1 )(x 2 + p 2 x + q 2 )2 non constant,
où γ, α, β, p 1 , q 1 , p 2 , q 2 ∈ R, et x 2 + p 1 x + q 1 , x 2 + p 2 x + q 2 sont des polynômes de
degré 2 irréductibles, c’est-à-dire p k2 − 4q k < 0 pour k = 1 ou 2.

Définition 3.3.3. On dit qu’une fraction rationnelle F est un élément simple (ou frac-
tion rationnelle élémentaire) si
— F est un polynôme ;
A
— ou F = (x−α) n , avec A, α ∈ R et n ≥ 1, appelé élément simple de première

espèce ;
— ou F = (ax 2B+bx+c)
x+C
n , avec B , C , a, b, c ∈ R et b −4ac < 0, appelé élément simple
2

de deuxième espèce.

Théorème 3.3.2 (Décomposition en éléments simples). Toute fraction rationnelle


P (x)
Q(x)
, avec P,Q ∈ R[X ] se décompose de manière unique en une somme finie d’éléments
simples.

Exemple 3.3.2. Avec Q(x) = γ(x −α)2 (x −β)3 (x 2 + p 1 x + q 1 )(x 2 + p 2 x + q 2 )2 ci-dessus,


on a
P (x) A1 A2 B1 B2 B3 C1x + D1 E 1 x + F1 E 2 x + F2
= + + + + + 2 + 2 + 2 .
Q(x) x − α (x − α) x − β (x − β) (x − β) x + p 1 x + q 1 x + p 2 x + q 2 (x + p 2 x + q 2 )2
2 2 3

1
Exemple 3.3.3. Décomposons en éléments simples la fraction rationnelle f (x) = x 2 −1
.
1 A1 A2
On l’écrit sous la forme f (x) = (x−1)(x+1) = x−1
+ x+1 . On en déduit que

1 A 2 (x − 1)
= A1 +
x +1 x +1
1
et donc A 1 = limx→1 x+1 = 21 . De même

1 A 1 (x + 1)
= + A2
x −1 x −1
1
et donc A 2 = limx→−1 x−1 = − 12 . D’où f (x) = 2(x−1)
1 1
− 2(x+1) .

x 2 +1
Exemple 3.3.4. Décomposons en éléments simples la fraction rationnelle f (x) = x+1
.
P (x) x 2 +1
Soit Q(x) = x+1 , comme deg(P ) = 2 ≥ deg(Q) = 1, on doit d’abord effectuer une divi-
2
sion euclidienne de P par Q et on obtient xx+1
+1 2
= x − 1 + x+1 . On voit que cette décom-
position admet donc pour partie entière E (x) = x − 1 et un terme fraction rationnelle
2
x+1
qui est déjà un élément simple, donc la décomposition en éléments simples de f
2
est donnée par f (x) = x − 1 + x+1 .
2
x +1
Exemple 3.3.5. Décomposons en éléments simples la fraction rationnelle f (x) = (x−1) 3 (x+2) .
A1 A2 A3 B1
On l’écrit sous la forme f (x) = x−1
+ (x−1) 2 + (x−1)3 + x+2 . On en déduit que :

12
x 2 +1 A 1 (x+2) A 3 (x+2) 2
∗ (x−1)3
= x−1 + A(x−1)
2 (x+2) x +1 5
2 + (x−1)3 + B 1 et donc B 1 = limx→−2 (x−1)3 = − 27 .

x 2 +1 B 1 (x−1)3 2
∗ 2
x+2 = A 1 (x − 1) + A 2 (x − 1) + A 3 + x+2 et donc A 3 = limx→1 xx+2+1
= 23 .
x 2 +1 A2 A3 B 1 (x−1)
∗ (x−1) 2 (x+2) = A 1 + x−1 + (x−1)2 + x+2
et donc en faisant tendre x → +∞ on
x 2 +1 5
obtient A 1 + B 1 = limx→+∞ (x−1)2 (x+2) = 0, soit A 1 = −B 1 = 27 .
∗ Pour x = 0, on a −A 1 + A 2 − A 3 + B21 = − 12 soit A 2 = − 12 + A 1 + A 3 − B21 = − 12 + 23 +
3 5 6 2 4
2 27 = − 27 + 3 = 9 .
5 4 2 5
On a donc f (x) = 27(x−1) + 9(x−1) 2 + 3(x−1)3 − 27(x+2) .

3.3.2 Primitivisation ou intégration des éléments simples de pre-


mière espèce
A
Les éléments de première espère sont du type (x−α) n où A, α ∈ R et n ≥ 1 entier. Ils

admettent donc des primitives sur tout intervalle ne contenant pas α données par :
• Pour n = 1,
A
Z
d x = A ln(|x − α|) + k,
x −α
pour x 6= α et k ∈ R.
• Pour n ≥ 2,
A 1 A
Z
dx = − + k,
(x − α) n n − 1 (x − α)n−1
pour x 6= α et k ∈ R.
x 2 +1
sur R r {−1}.
R
Exemple 3.3.6. Déterminons les primitives x+1 d x
On déduit de l’exemple 3.3.4 que

x2 + 1 x2
Z µ ¶
2 1
Z Z Z Z
dx = x −1+ d x = xd x− d x+2 d x = −x+2 ln(|x+1|)+k,
x +1 x +1 x +1 2

pour x ∈ R r {−1} et k ∈ R.
x 2 +1
sur R r {−2; 1}.
R
Exemple 3.3.7. Déterminons les primitives (x−1)3 (x+2)
dx
On déduit de l’Exemple 3.3.5 que

x2 + 1
Z µ ¶
5 4 2 5
Z
dx = + + − dx =
(x − 1)3 (x + 2) 27(x − 1) 9(x − 1)2 3(x − 1)3 27(x + 2)
5 1 4 1 2 1 5 1
Z Z Z Z
= dx + 2
dx + 3
dx − dx =
27 (x − 1) 9 (x − 1) 3 (x − 1) 27 (x + 2)
5 4 1 5
= ln(|x − 1|) − − − ln(|x + 2|) + k,
27 9(x − 1) 3(x − 1)2 27

pour x ∈ R r {−2; 1} et k ∈ R.

13
3.3.3 Primitivisation ou intégration des éléments simples de deuxième
espèce
Pour calculer les primitives des éléments simples de deuxième espèce
B x +C
Z
,
(ax + bx + c)n
2

où B , C , a, b, c ∈ R et n ≥ 1, avec ∆ = b 2 − 4ac < 0, la méthode se divise dans un


premier temps en deux étapes.
• Étape 1 : Faire apparaître au numérateur la dérivée de ax 2 +bx+c soit 2ax+b.
D’où
B
B x +C 2a
(2ax + b) − bB 2a
+C
= ,
(ax 2 + bx + c)n (ax 2 + bx + c)n
et donc

B x +C B 2ax + b − B2ab +C
Z Z Z
dx = dx + d x.
(ax 2 + bx + c)n 2a (ax 2 + bx + c)n (ax 2 + bx + c)n
R g 0 (x)
La primitive (ax2ax+b
R
2 +bx+c)n d x est de la forme g (x)n
d x que l’on sait calculer
facilement en utilisant les formules
( ¡ ¢
g 0 (x) ln |g (x)| + k si n = 1,
Z
dx = 1 1
(g (x))n − (n−1) (g (x))n−1
+ k si n ≥ 2,

où k ∈ R.
− bB
2a +C
³ ´R
− bB 1
R
• Étape 2 : Il reste à calculer (ax 2 +bx+c)n
dx = 2a
+C (ax 2 +bx+c)n
dx en deux
étapes.
∗ Étape (i) : Mettre le dénominateur (ax 2 + bx + c)n sous forme canonique
¶n ·µ ¶2 ¸n
2ax + b
µ
2 −∆
n
(ax + bx + c) = p +1 (3.3)
4a −∆
où −∆ = 4ac − b 2 > 0.
∗ Étape (ii) : Faire le changement de variable t = 2ax+b
p et d t = p2a d x, d’où
p −∆ −∆
−∆
dx = 2a
d t , en obtenant
¶ p
bB bB 4a n −∆
µ ¶Z µ ¶µ
1 1
Z
− +C n
dx = − +C dt
2a 2
(ax + bx + c) 2a −∆ 2a (t + 1)n
2
(3.4)
1 ∗
R
et étudier les primitives (t 2 +1) n d t , pour n ∈ IN .
1 ∗
R
Soit I n (t ) = (t 2 +1) n d t , pour n ∈ IN . On a d’abord

1
Z
I 1 (t ) = 2
d t = arctan(t ) + k, k ∈ R.
t +1

14
Dans ce cas n = 1, en utilisant le changement de variables, on obtient

bB bB 2ax + b
µ ¶Z µ ¶µ ¶ µ ¶
1 2
− +C dx = − +C p arctan p + k,
2a (ax 2 + bx + c) 2a −∆ −∆
(3.5)
où k ∈ R.

Pour tout n ∈ IN∗ , on calcule la primitive

1
Z
I n (t ) = dt
(t + 1)n
2

par récurrence sur n, en utilisant une primitivisation par parties et le fait


que I 1 (t ) = arctan t + k, où k ∈ R. Plus précisément, on a

1 t −2nt 2
Z Z
I n (t ) = d t = − dt =
(t 2 + 1)n (t 2 + 1)n (t 2 + 1)n+1
t t
Z µ ¶
1 1
= 2 n
+ 2n n
− 2 n+1
dt = 2 + 2nI n (t ) − 2nI n+1 (t ),
(t + 1) 2
(t + 1) (t + 1) (t + 1)n

d’où on obtient pour tout n ∈ IN∗

t
µ ¶
1
I n+1 (t ) = (2n − 1)I n (t ) + 2 . (3.6)
2n (t + 1)n

Enfin, d’après (3.4) et en utilisant le changement de variable t = 2ax+b


p on
−∆
obtient le résultat.

Exemple 3.3.8. Déterminons les primitives x 23x+1


R
+3x+4
d x.
Le discriminant de x + 3x + 4 est égal à ∆ = 9 − 16 = −7 < 0. La fraction (x 23x+1
2
+3x+4)
est un élément simple de deuxième espèce. Appliquons la méthode décrite ci-dessus.
On a
3
3x + 1 2
(2x + 3) − 92 + 1 32 (2x + 3) − 72
= = 2 .
x 2 + 3x + 4 x 2 + 3x + 4 x + 3x + 4
Il suit que

3x + 1 3 2x + 3 7 1
Z Z Z
2
dx = 2
dx − 2
dx
x + 3x + 4 2 x + 3x + 4 Z2 x + 3x + 4
3 7 1
= ln(x 2 + 3x + 4) − 2
d x.
2 2 x + 3x + 4

En utilisant (3.3), on écrit le polynôme x 2 + 3x + 4 sous la forme canonique suivante


·µ ¶2 ¸
2 7 2x + 3
x + 3x + 4 = p +1 ,
4 7

15
d’après (3.5) on a alors
p µ ¶ µ ¶
1 4 1 4 7 2x + 3 2 2x + 3
Z Z
2
dx = ·³ ´2 ¸dx = · arctan p + k = p arctan p + k,
x + 3x + 4 7 2x+3 7 2 7 7 7
p +1
7

où k ∈ R. En conclusion, on obtient
p
µ ¶
3x + 1 3 2x + 3
Z
2
d x = ln(x + 3x + 4) − 7 arctan p + k, k ∈ R.
x 2 + 3x + 4 2 7
3x+1
R
Exemple 3.3.9. Déterminons les primitives (x 2 +3x+4) 2 d x.
3x+1
Le discriminant de x 2 + 3x + 4 est égal à ∆ = 9 − 16 = −7 < 0. La fraction (x 2 +3x+4) 2
est un élément simple de deuxième espèce. Appliquons la méthode décrite ci-dessus.
On a
3 9 3 7
3x + 1 2 (2x + 3) − 2 + 1 2 (2x + 3) − 2
= = 2 .
(x 2 + 3x + 4)2 (x 2 + 3x + 4)2 (x + 3x + 4)2
Il suit que
3x + 1 3 2x + 3 7 1
Z Z Z
2 2
dx = 2 2
dx − dx =
(x + 3x + 4) 2 (x + 3x + 4) 2 (x + 3x + 4)2
2
3 7 1
Z
=− − d x.
2(x + 3x + 4) 2 (x + 3x + 4)2
2 2

En utilisant (3.3), on écrit le polynôme x 2 + 3x + 4 sous la forme canonique suivante


et on a
µ ¶2 ·µ ¸2
2x + 3 2

2 2 7
(x + 3x + 4) = p +1 ,
4 7
d’après (3.5) on a alors
µ ¶Z
7 1 7 16 1 8 1
Z Z
− 2 2
dx = − ¸2 d x = − ¸2 d x
2 (x + 3x + 4) 2 49 7
·³ ´2 ·³ ´2
2x+3 2x+3
p +1 p +1
7 7
p
en utilisant le changement de variables t = 2x+3 p , d t = p2 d x, d’où d x = 7 d t , on
7 7 2
obtient
p
8 1 8 1 7 4 1
Z Z Z
− ¸2 d x = − ¢2 dt = −p ¢ dt.
7 7 2 2 +1 2
·³ ¡ ¡
´2 t 2 +1 7 t
2x+3
p +1
7

1
Z
On peut calculer la primitive I 2 (t ) = ¡ ¢2 d t , en utilisant la formule par récur-
t2 +1
rence (3.6), qu’en particulier donne
t
µ ¶
1
I 2 (t ) = I 1 (t ) + 2 , (3.7)
2 (t + 1)

16

1
Z
I 1 (t ) = d x = arctan(t ) + k, k ∈ R.
t2 +1
On a alors
t
µ ¶
4 1 4 1 e = − p2 arctan(t )− p 2t
Z
−p ¢2 d t = − p arctan(t ) + +k +k,
e
7 2 2(t 2 + 1) 7(t 2 + 1)
¡
7 t2 +1 7

où ke ∈ R. En conclusion, on obtient
³ ´
2x+3
Z
3x + 1 3 2
µ
2x + 3
¶ 2 p
7
dx = − − p arctan p − ¶ + ke =
2 2 2 p
µ³ ´2
(x + 3x + 4) 2(x + 3x + 4) 7 7 2x+3
7 p +1
7
µ ¶
−x − 3 2 2x + 3
= 2 − p arctan p + k,
e
(x + 3x + 4) 7 7

où ke ∈ R.

3.4 Primitivisation ou intégration des fonctions ration-


nelles en sin x et cos x et règles de Bioche
Z
Pour calculer une intégrale ou primitive du type R(cos x, sin x)d x où R désigne
une fonction rationnelle de deux variables, on devra, le plus souvent, effectuer¡ un
changement de variable. On pourrait utiliser le changement de variables t = tan x2 ,
¢

mais la plupart des fois les calculs résultent fastidieux et ce changement de variable
sera utilisé en dernier recours. Pour ce type de primitives, il existe des changements
de variables beaucoup plus efficaces et qui permettent d’avoir des calculs plus éco-
nomiques. En particulier, les règles de Bioche nous indiquent le changement de va-
riable plus adapté pour calculer ce type de primitives ou intégrales et la plupart des
fois on est ramené à étudier une primitive ou intégrale d’une fraction rationnelle de
la nouvelle variable t .

Proposition 3.4.1. (Règles de Bioche)


Soit à calculer Z
R(cos x, sin x)d x,

où R désigne une fonction rationnelle de deux variables. On note

ω(x) = R(cos x, sin x)d x,

appelé "élément différentiel" de la primitive demandée.


• Si ω(−x) = ω(x), alors on pose t = cos x et d t = − sin xd x.

17
• Si ω(π − x) = ω(x), alors on pose t = sin x et d t = cos xd x.
• Si ω(π + x) = ω(x), alors on pose t = tan x et d t = (1 + tan2 x)d x = cos12 x d x.
• Si aucune des symétries précédentes
¡x¢ ne fonctionne, on utilise alors le change-
ment de variable t = tan 2 .
Remarque 3.4.1. Sans forcément les connaître par cœur, vous devez être capable de
reconstituer les formules usuelles de la trigonométrie en quelques minutes. Commen-
çons par la célèbre conséquence du théorème de Pythagore : pour tout x ∈ R,

cos2 x + sin2 x = 1.

On rappelle les formules trigonométriques suivantes pour l’utilisation des règles de


Bioche :

Parité Réflexion d’axe x = π2 Décalage de π

sin (−x) = − sin x sin (π − x) = sin x sin (π + x) = − sin x

cos (−x) = cos x cos (π − x) = − cos x cos (π + x) = − cos x

tan (−x) = − tan x tan (π − x) = − tan x tan (π + x) = tan x

On rappelle aussi que les fonctions sinus et cosinus sont périodiques, de période 2π et
la fonction tangente est périodique, de période π.
R sin3 x
Exemple 3.4.1. Déterminer 2+cos x
d x.
3
sin x
Pour x ∈ R, soit ω(x) = 2+cos x d x. D’après les règles de Bioche, puisque

sin3 (−x) − sin3 x sin3 x


ω(−x) = d (−x) = (−d x) = d x = ω(x),
2 + cos (−x) 2 + cos x 2 + cos x
alors on change de variables en posant

t = cos x, d t = − sin xd x (3.8)

et on obtient
sin3 x sin2 x 1 − cos2 x 1− t2
Z 2
t −1
Z Z Z Z
dx = sin xd x = sin xd x = (−d t ) = dt.
2 + cos x 2 + cos x 2 + cos x 2+t t +2
2
Or pour étudier une primitive de la fraction rationnelle tt +2
−1
, on doit décomposer la
fraction rationnelle en éléments simples, puis primitiviser la décomposition et utiliser
la linéarité des primitives. On a alors
Z 2
t −1 t2
Z µ ¶
3 1
Z Z Z
dt = t −2+ d t = t d t −2 d t +3 d t = −2t +3 ln (|t + 2|)+k,
t +2 t +2 t +2 2

18
où k ∈ R. En utilisant le changement de variables (3.8), on obtient

sin3 x cos2 x
Z
dx = − 2 cos x + 3 ln (cos x + 2) + k,
2 + cos x 2
où k ∈ R.
x−sin x
Exemple 3.4.2. Déterminer cos
R
1+cos2 x
d x.
D’après la linéarité des primitives on sépare et on a
cos x − sin x cos x − sin x
Z Z Z
2
dx = 2
dx + d x = F 1 (x) + F 2 (x).
1 + cos x 1 + cos x 1 + cos2 x
On étudie séparément les deux primitives F 1 (x) et F 2 (x) et on commence par la pre-
cos x
mière primitive F 1 (x). Pour x ∈ R, soit ω1 (x) = 1+cos 2 x d x. D’après les règles de Bioche,
puisque
cos (π − x) − cos x cos x
ω1 (π − x) = 2
d (π − x) = 2
(−d x) = d x = ω1 (x),
1 + cos (π − x) 1 + cos x 1 + cos2 x
alors on change de variables en posant

t = sin x, d t = cos xd x (3.9)

et on obtient
¯p ¯ Ãp !
cos xd x cos xd x dt 1 ¯ 2+t ¯ 1 2 + sin x
Z Z Z
F 1 (x) = = = = p ln ¯ p ¯+k 1 = p ln p +k 1 ,
¯ ¯
1 + cos2 x 2 − sin2 x 2− t2 2 2 ¯ 2− t ¯ 2 2 2 − sin x
R − sin x − sin x
où k 1 ∈ R. On étudie maintenant F 2 (x) = 1+cos 2 x d x. Pour x ∈ R, soit ω2 (x) = 1+cos2 x d x.
D’après les règles de Bioche, puisque
− sin (−x) sin x − sin x
ω2 (−x) = d (−x) = (−d x) = d x = ω2 (x),
1 + cos2 (−x) 1 + cos2 x 1 + cos2 x
alors on change de variables en posant

t = cos x, d t = − sin xd x, (3.10)

on a alors
− sin xd x dt
Z Z
F 2 (x) = = = arctan t + k 2 = arctan (cos x) + k 2 ,
1 + cos2 x 1+ t2
où k 2 ∈ R. En conclusion, on obtient
Ãp !
cos x − sin x 1 2 + sin x
Z
d x = p ln p + arctan (cos x) + k,
1 + cos2 x 2 2 2 − sin x

où k = k 1 + k 2 ∈ R.

19

Vous aimerez peut-être aussi