100 - Zéro Faute Maîtriser - Enfin - Les Subtilités de La Langue
100 - Zéro Faute Maîtriser - Enfin - Les Subtilités de La Langue
100 - Zéro Faute Maîtriser - Enfin - Les Subtilités de La Langue
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juridictions civiles ou pénales. »
ISBN : 978-2-412-05227-3
ISBN Numérique : 978-2-412-04468-1
Ceux qui veulent défendre les comportements laxistes avancent trop souvent
une remarque insidieuse, trompeuse et déloyale : la difficulté de certaines
règles qui régissent le bon usage de notre langue. Que nenni ! En fait, celui
qui produit un texte digne de ce nom dispose d’une totale liberté de
manœuvre. Par surcroît, il peut s’appuyer sur de nombreux ouvrages de
référence. Donc, le sans-faute est obligatoire au temps T d’un texte produit.
En fait, à un instant donné, il convient d’écrire et de parler un langage juste,
volontairement codifié, assimilable et compréhensible par tous. Au-delà,
cette langue ne doit pas laisser place à une troublante ambiguïté, à une
obscure incertitude ou à une furtive interprétation lorsqu’il s’agit de rédiger
des notices officielles, administratives, juridiques, pédagogiques ou
commerciales. Mais, surtout, lorsqu’elle véhicule avec vigueur et talent
l’expression artistique des écrivains, conteurs et poètes et lorsqu’elle sert de
support à l’enseignement scolaire et universitaire.
Car n’oublions jamais que le langage possède aussi une mission essentielle :
contribuer à affermir le ciment social d’une nation. Et il accomplit cette
noble tâche au fil des traditions orales et écrites. En effet, la langue française
évolue, se transforme et s’enrichit de maints apports (vocabulaire en
provenance de langues étrangères, usage familier de l’oralité, néologismes,
etc.). De décennie en décennie, puis de siècle en siècle. Bref, elle vit, et l’on
ne peut que s’en réjouir. À condition que toutes ces métamorphoses passent
avec succès l’épreuve du temps.
adj. : adjectif
adv. : adverbe
cf. : confer
f. : féminin
interj. : interjection
int. : intransitif
inv. : invariable
loc. : locution
m. : masculin
n. : nom
pl. : pluriel
prép. : préposition
pron. : pronominal
s. : siècle
tr. : transitif
v. : verbe
e e e
XVI ou XVI s. = XVI siècle
Exemple d’utilisation.
De nombreux exemples d’utilisation figurent aussi, en italique, dans le corps des
notules.
Selon l’usage, tout signifiant (entité linguistique matérielle) figure en
italique et tout signifié (contenu réel et concret) en caractère romain.
Exemple : le mot cheval désigne un ongulé quadrupède que l’on appelle un
cheval.
La même règle s’applique pour les expressions figées. Exemple : la formule
proverbiale il porterait de l’eau à la rivière désigne un idiot qui serait capable
d’aller porter de l’eau à la rivière.
Il existe bien sûr des cas ambigus qui sont réglés au mieux dans l’esprit du
code typographique « classique ». Ainsi avons-nous choisi de laisser en
romain les signifiants cités après les deux points (« : »).
Prononciation
e
Abasourdir (v. tr., début XVIII )
Au XVIIe siècle, le verbe abasourdir a le sens de tuer. Acception venue du
terme argotique basourdir : assassiner. Certes, ce mot a probablement vu le
jour sous l’influence de assourdir, mais il ne possède cependant aucune
relation étymologique avec l’adjectif sourd.
On prononce donc bien assourdir avec deux « s ». Mais on doit dire
« abazourdir » : le « s » intervocalique se transforme en « z ». Une lettre
intervocalique se situe entre deux voyelles. L’adjectif vocalique, quant à lui,
qualifie les ensembles linguistiques qui se réfèrent aux voyelles.
Les concerts de rock abasourdissent Norbert. Depuis ce matin, Julie reste abasourdie par
la démission de son patron.
e
Aiguillonner (v. tr., XII )
Le « gui » du verbe aiguillonner se prononce comme dans aiguille ou aiguillon.
En clair, on doit entendre le « u » et le « i ». Ce son « gui » est en revanche
totalement différent de celui que l’on rencontre dans le prénom Guy ou
dans guirlande. La prononciation dans ces deux exemples est identique à celle
des mots aiguiser ou guitare.
Auxerre / Bruxelles
Ville située en Bourgogne, dans le département de l’Yonne, Auxerre doit se
prononcer « Ausserre ». On doit entendre les deux « s » et non pas le son
« x », comme dans axe ou taxi.
e
Carrousel (n. m., début XVII )
Lieu où se donnaient des parades de cavaliers aguerris aux exercices de la
virtuose équestre. Le spectacle lui-même. Le « s » intervocalique doit se
transformer en « z » : « carrouzel ».
Chamonix
La lettre « x » finale de Chamonix (station touristique du département de la
Haute-Savoie) ne se prononce pas. On doit dire : « Chamoni », qui rime
avec « macaroni ».
e e
Déjeuner (n. m., XII et v. int., fin XII )
Il est toujours agréable d’être convié à déjeuner. L’invitation perd un peu
d’intérêt si votre interlocuteur vous invite à « déjner ». Soit le bougre ne sait
pas comment s’écrit « dé-jeu-ner », soit il applique une vague tradition
locale ou régionale qui consiste à « manger »… les syllabes ; ou alors il
s’amuse à dessein avec notre langue, ce qui mérite, en cette dernière
occasion, de s’asseoir à sa table.
Notons que François Mitterrand n’en voulut jamais à « Jean d’O ». En effet,
celui-ci fut invité à partager le dernier « p’tit-déj » du président au palais de
l’Élysée, le jour de son départ, le 17 mai 1995, deux heures avant la
passation de pouvoirs à Jacques Chirac.
e
Dégingandé (adj., fin XVI )
Il existe une multitude de substantifs pour désigner un personnage doté
d’une taille respectable. Ainsi parlait-on d’un grand flandrin (milieu XVIIe),
d’un escogriffe ou d’un échalas. Dans le champ des expressions populaires, on
évoquait aussi le dépendeur d’andouilles, individu capable de décrocher
sans difficulté lesdites andouilles accrochées au clou d’une solive. Sans oublier
le trente-six côtes, allusion anatomique aux vingt-quatre côtes du modeste
quidam.
Bref, tout cela pour dire que dégingandé ne s’écrit pas avec un « u » entre le
« g » et le « i ». Aussi doit-on prononcer « déjingandé ».
e
Diagnostiquer (v. tr., début XIX )
Déceler, discerner par des signes et par l’analyse revient à reconnaître un
fait par le diagnostic, et donc à diagnostiquer. On doit séparer et bien
prononcer distinctement la lettre « g ». Ne surtout pas dire « dianostiquer ».
e
Dompter (v. tr., XIV )
Les spécialistes du spectacle de cirque savent réduire à l’obéissance
(apprivoiser, dresser) un animal sauvage, tout comme un pouvoir
quelconque (politique, militaire, économique, social) peut soumettre un
individu ou un groupe à son autorité (asservir, assujettir, dominer, réduire au
silence). Au figuré, on peut dompter (dominer, surmonter) ses passions ou sa
colère.
Dans tous les cas, sachant par ailleurs que compter se prononce « conter » (et
compteur, « conteur »), la lettre « p » de dompter doit aussi rester muette. Idem
pour domptable, domptage, dompteur, euse.
e
Expérience (n. f., milieu XIII )
Il faut prononcer très distinctement la lettre « x » et non pas la remplacer
par un « s » et dire « espérience », comme on l’entend beaucoup trop
souvent. Idem pour expert (et tous ses dérivés), mais aussi pour expédition,
expéditif, expédier, expatrier, expiatoire, expliquer, etc.
e
Féerie (n. f., début XVIII )
Ce mot dérive fée pour désigner un spectacle enchanteur, splendide et
merveilleux (dans la double acception du terme). La graphie « féerie », ne
contient que deux syllabes. La première étant « fée », il n’y a aucune raison
de prononcer « fé-é-rie » (trois syllabes). On doit donc dire « férie », de
même pour féerique.
e
Gageure (n. f., XIII )
Dans son sens moderne (fin XVIIe), le mot correspond à un défi à relever. Il
faut impérativement prononcer « gajure », qui rime avec « injure ».
Liaisons dangereuses
Les fautes dans les liaisons phonétiques font souvent florès au cours de
conversations animées, ou mal contrôlées. Ici, les interlocuteurs dérapent,
sous le feu du dialogue. Dans la précipitation de l’échange ou par simple
distraction, la bourde fait tache. Exemples : Norbert va-t-au cinéma tous les soirs ;
Julie va-t-a la piscine chaque dimanche ; Marie-Chantal a cru-t-apercevoir son frère dans
la foule, etc. Maladresse, excitation de l’instant, ou pure ignorance s’activent
ici sans retenue.
Mais la faute est parfois plus douce à l’oreille : avoir vingt-z-amis à dîner ce soir ;
embaucher cent-z-employés ; payer un repas cent-z-euros. Là, on dit : faire un velours.
Il existe également une succulente formule qui rassemble les diverses façons
de malmener la langue française : donner un soufflet à Ronsard. Poète et
courtisan français de la Renaissance, Pierre de Ronsard (1524-1585) sera
l’initiateur de la Pléiade, un groupe d’écrivains qui se réunissent en 1553
pour définir les modalités d’un projet poétique d’envergure : Du Bellay,
Pontus de Tyard, Belleau, Peletier du Mans, Baïf, Jodelle et Jean de La
Péruse. Ces auteurs engagent la poésie sur des voies novatrices en plaçant le
sonnet et l’alexandrin au centre de l’écriture dite classique. Et si la Pléiade
fut détrônée par le succès de Malherbe au début du XVIIe siècle, elle a
néanmoins conservé son influence tout au long du siècle suivant et connut
même un regain d’intérêt avec le romantisme.
On comprend donc que le goujat qui ose souffleter (donner une petite gifle,
un soufflet) ce brave Ronsard ne se comporte pas de manière décente. Il
torture le père de la restauration, de l’enrichissement et de l’épuration de la
langue française en commettant des fautes impardonnables d’orthographe,
de syntaxe, de rhétorique, de composition, etc.
e
Magnat (n. m., début XVIII )
Issu du latin médiéval magnates (signifiant « les grands », « les puissants »), et
appartenant à la famille étymologique de maître, le terme magnat est à
l’origine un titre donné aux membres de la haute aristocratie polonaise et
hongroise. Vers la fin du XIXe siècle, magnat désigne un solide capitaliste doté
de pouvoirs en tous genres, mais surtout rompu aux rouages de la finance et
de l’économie internationales. Aussi parle-t-on aujourd’hui d’un magnat de
la presse, du pétrole, de l’agroalimentaire, etc.
Dans une langue correcte, on prononce « ma+g+nat ». Comme pour
magnum, gnome, gnou. Autrement dit, le « g » s’entend distinctement devant le
« n ». À la différence du couple de lettres « gn » qui s’énonce « nia » dans
auvergnat, bougnat, magnanime, etc.
e
Mail (n. m., fin XI )
D’abord petit marteau au manche flexible, le mail a servi ensuite à jouer au
jeu de mail. Proche du croquet, cette charmante distraction connut un
immense succès dans les familles aristocratiques françaises des XVIIe et
e
XVIII siècles. Par dérive, le mot mail a par la suite désigné une allée réservée
e
Match (n. m., début XIX )
Compétition sportive qui oppose deux individus ou des équipes, le match est
une joute, une rencontre, un combat qui attire de nombreux spectateurs,
notamment depuis l’arrivée de multiples chaînes de télévision et de radios
d’information en continu. Et on a droit chaque week-end à de multiples
« matcheux » nuls. Avec un « eu » bien soutenu en fin de mot. Il faut dire
« match nul », tout sèchement. On entend aussi les fameux « matcheux »
test de l’équipe de France de rugby. Sans parler du futur « testeu » match !
Idem : « test », tout simplement.
e
Pugnace (adj., milieu XIX )
Qualifier un individu de pugnace n’a rien de vraiment péjoratif, même si ce
mot évoque une notion combative. En effet, cette volonté d’en découdre est
plus proche de l’ardeur et du dynamisme communicatifs que de l’agressivité.
e
Smash (n. m., fin XIX )
Coup spectaculaire et violent qui consiste à rattraper une balle très haute
par un geste technique assez compliqué. Le joueur est en extension, et la
raquette se projette promptement derrière sa nuque afin de frapper ladite
balle pour l’écraser le plus rapidement possible sur le sol (et si possible dans
le camp de l’adversaire). C’est un coup souvent décisif.
e
Statu quo (n. m. inv., milieu XVIII )
Mot dérivé de la locution latine in statu quo ante, à savoir : dans l’état où les
choses étaient avant. Le statu quo français signifie : l’état actuel des choses.
Maintenir le statu quo dans une négociation, revenir au statu quo après une
avancée quelconque, etc.
Suggérer
Il faut prononcer bien distinctement les deux « g », et le second a le son
d’un « j ». Par conséquent, on ne dit pas « sugérer », comme on
prononcerait : il a « su gérer » son entreprise. Idem pour la suggestion
(proposition, conseil, recommandation) qui n’a rigoureusement rien à voir
avec une sujétion (soumission, oppression).
e
Yacht (n. m., XVI )
Confortable, voire luxueux, bateau de plaisance (à voile ou à moteur), un
superbe yacht amarré au port fait souvent des envieux parmi la gent des
marins huppés. Ce mot issu du néerlandais jacht se prononce « yôt ». Idem
pour yachtman (« yôtman ») ou pour yachting (« yôting »).
e
Zoo (n. m., fin XIX )
Abréviation de jardin zoologique. Le mot zoo doit se prononcer en deux
syllabes bien distinctes : « zo-o ». De même pour zoologique.
Bon usage
À / En (à vélo, en voiture)
Chaque fois que le moyen de transport s’enfourche, il faut employer « à » :
Norbert va travailler à moto ; Julie monte à cheval. Il faut également préférer : aller
à skis (plutôt que en skis).
À nouveau / De nouveau
Il existe une différence clairement établie entre ces deux locutions
adverbiales. À nouveau veut dire : pour la seconde fois et d’une manière
différente, sur de nouvelles bases, d’une façon qui n’a pas encore été
expérimentée. De nouveau (XIIe) signifie derechef, encore une fois, une fois de
plus.
Julie a de nouveau raté son permis de conduire. Norbert est de nouveau tombé malade.
Cet été, la canicule s’est de nouveau abattue sur le pays. Marie-Chantal vient à nouveau
d’envisager un déménagement. Norbert et Julie vont à nouveau tenter de vivre en commun.
Achalandé
L’adjectif achalandé dérive du substantif chaland (fin XIIe), qui signifie « client,
acheteur ». Par exemple, un commerçant attire les chalands avec des
produits de qualité. Cette acception se conçoit aisément quand on sait que
chaland dérive du verbe impersonnel chaloir : s’intéresser (latin calere :
s’échauffer pour). Pendant la période des soldes, les chalandes envahissent les magasins.
À l’envi
Cette locution adverbiale (milieu XVIe) dérive d’un verbe de l’ancien français
e e
(X -XIV ) : envier (provoquer, inviter). La tournure reste littéraire pour dire : à
qui mieux mieux, en rivalisant d’arguments, en faisant tout pour l’emporter.
La formule appartient à la famille étymologique de vouloir.
Il ne faut surtout pas confondre à l’envi avec la locution à la cantonade : parler
de façon libre, voire exubérante, à qui veut bien écouter. Et, surtout, il ne
faut pas écrire « à l’envie ». Même s’il vous vient l’envie de vous exprimer à
l’envi.
Les amies de Julie imitent à l’envi son attitude, ses toilettes et son maquillage.
Amiante
Constitué de silicate de magnésium et de calcium, l’amiante se présente sous
la forme de cristaux feutrés qui ne fondent qu’au chalumeau. Ce substantif
est masculin. L’amiante est dangereux pour la santé. Et non pas dangereuse, comme
on l’entend trop souvent.
Aréopage
e
Dans son ancienne acception (fin XV ), l’aréopage correspond au tribunal
d’Athènes qui siégeait sur la colline d’Arès (d’où « aré »). Depuis le début du
e
XVIII siècle, le mot désigne un groupe composé de doctes personnages,
influents, cultivés, compétents (juges, savants, lettrés, etc.).
Norbert est venu à l’aéroport avec un aréopage d’éminents linguistes pour accueillir le
ministre de la Culture.
Au jour d’aujourd’hui
Il y a manifestement une attitude grandiloquente chez ceux qui croient bon
(voire juste) de prononcer cette formule ridicule : au jour d’aujourd’hui. Il s’agit
le plus souvent d’un tic de langage qui précède une phrase qui se veut
sentencieuse et définitive. Pourtant, cette formule propose une triple
redondance.
Aujourd’hui exprime déjà deux fois l’idée de jour. D’abord avec jour, puis avec
hui (« le jour où nous sommes », qui vient du latin hodie).
Basé sur
Le verbe baser s’utilise dans un contexte militaire : les troupes sont basées en
France. Par analogie, on peut accepter : le siège social de l’entreprise est
basé à Paris. Les avions sont basés à Bordeaux. Nous sommes ici dans
l’hypothèse où baser découle de l’une des acceptions du substantif
féminin base, en tant que point d’appui, lieu aménagé pour accueillir
matériel et personnel. D’ailleurs, on évoque une base aérienne ou navale,
voire une base de loisirs.
Dans un sens conceptuel, il faut plutôt employer le verbe fonder (XIIe), qui,
par métaphore littéraire, signifie bâtir. On retrouve d’ailleurs ici l’idée de
fondations parfaitement établies… mais, sur une base solide.
Julie fonde ses arguments sur des travaux sérieux. Voici des preuves parfaitement
fondées.
Bourrelé de remords
Le galope-chopine (cheulard, poivrot, ivrogne) qui s’adonne plus que de
raison à la dive bouteille finit la soirée complètement bourré. Sens familier
qui évoque l’ivresse. Et, le lendemain, les remords se frayent parfois un
passage délicat dans les lourdes volutes brumeuses qui envahissent son
cerveau. Mais cette image ne permet pas de se prétendre bourré de remords.
Caparaçonner
Un cheval caparaçonné porte un caparaçon, c’est-à-dire une sorte d’armure
ornementale ou un harnais d’apparat. Le caparaçon (fin XVe, mot dérivé de
l’espagnol capa, « manteau ») était de mise dans les tournois et
rassemblements festifs médiévaux. Par extension, dans un sens imagé, un
sportif (au hockey ou au football américain) qui s’équipe de protections
spécifiques se caparaçonne.
Convenir
Le verbe intransitif convenir (XIe) se construit avec l’auxiliaire avoir et, le plus
souvent, la préposition à lorsqu’il veut dire : être adapté, être approprié,
plaire, être convenable, être conforme aux usages, etc.
Les propositions de Julie ont convenu à son patron. Cet appartement a convenu à
Norbert. Sa nouvelle coiffure n’a pas convenu à Marie-Chantal.
Norbert est convenu de son erreur. Julie et Marie-Chantal sont convenues de se retrouver
au cinéma. Nous sommes convenus d’une date pour la prochaine réunion.
Cru / Millésime
Dans une acception ancienne (début XIVe), le cru croît (verbe croître) dans un
lieu déterminé et précis, le mot cru désignant aussi la région elle-même.
Dans un sens dit « moderne », le cru est un vignoble (les grands crus classés du
Bordelais). C’est donc un vin produit dans un terroir parfaitement délimité.
Au figuré, de son propre cru : de son invention personnelle.
e
Quant au mot millésime (n. m., début XVI ), il définit la date précise d’une
récolte de raisin qui sert à produire le vin d’un cru déterminé.
L’année 2011 fut un très bon millésime pour les crus de Bourgogne.
Décade / Décennie
Encore une bien regrettable confusion qu’il faut à tout prix éviter. Le mot
français décade (milieu XIVe) désigne une période de dix jours. Les mois de
l’Antiquité grecque étaient d’ailleurs divisés en décades.
De son côté, la décennie (n. f., fin XIXe) correspond à un cycle de dix ans. Le
trouble découle d’une regrettable influence de la langue anglaise dans
laquelle decade décrit effectivement une période de dix ans.
Démarrer
Ce verbe s’utilise à la forme transitive dans un seul cas : démarrer un navire.
À savoir, enlever (larguer) les amarres qui le retiennent à quai, afin que le
bateau puisse se mettre en mouvement. En conséquence, dans le langage
soutenu, la tournure démarrer une voiture (moto, moteur, réunion, discours, etc.) est
totalement abusive et incorrecte.
En revanche, on peut bien sûr employer démarrer à la forme intransitive dans
le sens de commencer à fonctionner, à rouler : faire démarrer une moto, la
voiture démarre au quart de tour, le moteur refuse de démarrer, démarrer
au feu vert.
Le gîte et le couvert
Nous sommes en présence d’une expression très courante, reconnue et fort
usitée dans le langage parlé. Mais elle relève pourtant du plus pur
pléonasme. En effet, le gîte (XIVe, demeure, logement ou maison) permet de
se loger ou de trouver refuge. Quant au couvert (XIIe), il s’agit là aussi d’un
lieu (abri) où l’on peut se protéger des intempéries. Ainsi, les termes gîte et
couvert possèdent-ils une définition quasiment identique. Le mot couvert n’a
donc rien à voir avec les ustensiles de table (fourchette, couteau, cuillère) qui
servent à manger.
Impétrant(ante)
Ce substantif (milieu XIVe) ne désigne jamais quelqu’un qui se présente à un
concours (examen), et qui est dans ce cas un candidat. Il ne désigne pas non
plus un individu qui cherche à obtenir un poste, et qui est alors un postulant.
L’impétrant, lui, a déjà obtenu le diplôme convoité (il est bénéficiaire de
quelque chose). Ce mot est issu du verbe impétrer (milieu XIIIe) : obtenir un dû
à la suite d’une requête auprès d’une autorité compétente. L’impétrant est le
frère jumeau du récipiendaire (XVIIe) qui, lui aussi, vient d’être admis dans
un corps, une organisation, une société, une association.
Infarctus
Nécrose d’un tissu ou d’un organe par obstruction de l’artère qui assure son
irrigation, l’infarctus n’est pas une affection bénigne, le plus connu étant
bien sûr l’infarctus du myocarde. Il s’agit d’une lésion du cœur provoquée
par un spasme prolongé ou par une thrombose des artères coronaires.
Mandature
Pur néologisme fabriqué sans raison et totalement fautif. Le terme mandat
remplit parfaitement sa fonction pour désigner, d’une part une charge
publique obtenue par le biais d’un vote, et d’autre part la longueur de la
période concernée par ladite élection.
Pendant son mandat de maire, Norbert a tenté de réduire les inégalités sociales. Julie a
correctement rempli son mandat de déléguée syndicale.
Nœuds à l’heure
Dans le vocabulaire maritime, le nœud correspond à une unité de mesure.
Un nœud équivaut à une distance de 15,43 mètres, mais aussi à une vitesse
de un mille marin (1 852 mètres) à l’heure. On doit donc parler d’un navire
qui vogue à la vitesse de 20 nœuds. Point final. Et non pas à la vitesse de 20
nœuds à l’heure. Les nœuds sont également employés dans la navigation
aérienne.
Pallier
Dans l’acception moderne, pallier signifie « résoudre de façon provisoire ». À
l’origine, ce verbe avait le sens de « cacher, dissimuler ».
De son côté, un traitement palliatif amoindrit les symptômes d’une
affection, mais sans en éliminer la cause. Aussi parle-t-on couramment d’un
soin palliatif. Ou d’un palliatif qui va « remédier à » quelque chose. D’où la
grave erreur toujours très vivace qui consiste à bâtir ce verbe transitif direct
avec « à ».
Enfin, on entend aussi très souvent : pallier au regain d’accidents, pallier aux
erreurs commises. Incorrect puisque « au » est la contraction de « à le » et
« aux » de « à les ». Il convient de dire : pallier le regain d’accidents, pallier les
erreurs commises.
Paracentèse
Ponction de la paroi d’une cavité effectuée à l’aide d’une aiguille (voire d’un
bistouri), afin d’en extraire le liquide accumulé. En cas d’otite, ceux qui se
souviennent encore de la paracentèse du tympan de leur enfance savent que
cela ne ressemblait pas à une partie de plaisir.
Par contre / En revanche
Dans une langue soignée, par contre et en revanche ne peuvent pas se substituer
l’un à l’autre. Ces deux locutions adverbiales ne sont pas interchangeables.
La formule en revanche signifie en retour. Elle doit impérativement introduire la
notion d’avantage : Julie conduit une modeste voiture, qui, en revanche, est très
confortable. Dans ce cas précis, il existe bien une compensation ou une
contrepartie positive.
En conséquence, il ne faut ni dire ni écrire : cette année, la récolte fruitière n’a pas
été trop mauvaise, en revanche, toutes les poires étaient pourries. On ne peut pas non
plus énoncer : Julie joue bien du piano, en revanche elle ne sait pas chanter. Car, dans
ces deux exemples, il n’y a aucune compensation positive dans la seconde
partie de la phrase. Mais on peut employer par contre, pour introduire
l’énoncé d’un inconvénient ou d’une perte. Cette locution équivaut à des
tournures telles que : au contraire, à l’inverse, a contrario. Ainsi, par contre marque
une réelle opposition avec la partie de phrase qui précède.
Rapport à
La formule orale populaire rapport à est incorrecte. On ne doit pas dire :
Norbert n’est pas allé au travail rapport à une mauvaise grippe. On préférera : Norbert
n’est pas allé au travail en raison d’une mauvaise grippe.
Par ailleurs, le syntagme figé avoir rapport à (ou avec) signifie : se rattacher
à, être lié à. Exemple : le titre de ce livre a un rapport avec le sujet traité. Ou, dans
un style plus soutenu : le titre de ce livre a rapport au sujet traité.
Réduire au minimum
La locution adverbiale au minimum implique la notion d’un plus bas niveau,
d’un degré inférieur. Tendre vers le minimum exprime une idée très simple :
s’approcher le plus près possible de zéro.
En conséquence, si vous évoquez un risque (dépense, frais, charge, accident,
chute, maladie), il est clair que vous voulez que ledit risque soit, si possible,
nul. Exemple concret : essayer de réduire son budget vacances revient à le
faire diminuer drastiquement pour qu’il atteigne une limite minimale qui
sera la plus faible possible. Évidemment, dans ce processus de réduction,
l’amplitude entre avant et après est maximale. D’où la confusion fautive
« réduire au maximum ». L’action entreprise est maximale pour essayer de
côtoyer un minimum.
Se rappeler / Se souvenir de
Le verbe pronominal se rappeler (milieu XVIIe) signifie : avoir présent à l’esprit.
Il faut impérativement dire ou écrire : se rappeler quelque chose. Je me
rappelle ce jour pluvieux. Ce mois d’août était très froid, je me le rappelle (et non pas
« je m’en rappelle »). Je me rappelle avoir entendu cette chanson. Je me rappelle que je
lui ai sourit. Je me rappelle avoir dit oui. Se rappeler une conversation mot à mot. Une
belle femme que je me rappelle encore (et non pas « dont je me rappelle »).
Soi-disant
Adjectif invariable, soi-disant dérive d’une vieille syntaxe où la forme soi (mais
aussi lui ou moi) pouvait être complément direct. Le bon usage s’appuie sur
le sens premier « qui se dit ». Un soi-disant médecin est quelqu’un qui se dit
(se prétend) toubib.
À l’origine, le syntagme ne s’appliquait qu’aux humains qui attribuaient à
eux-mêmes une qualité ou une fonction. Ainsi, des tournures comme une soi-
disant expérience, escroquerie, faveur ou liberté ont longtemps été critiquées. On
peut désormais considérer que l’usage les a rendues acceptables. Aussi peut-
on parler d’une monnaie soi-disant solide, d’une élection soi-disant démocratique, d’une
réunion soi-disant sérieuse (dans le sens de prétendument). Rien ne s’oppose à
cette utilisation.
La confusion qui a généré la faute « soit-disant » dérive de la formule soit dit
en passant : qu’entre nous cela soit dit. Soit est ici la troisième personne du
singulier du présent du subjonctif du verbe être.
Au lycée, Norbert se faisait passer pour un soi-disant surdoué.Marie-Chantal et Julie
parlent souvent de leur soi-disant amitié.
Qu’il soit dit en passant que Norbert ne fut jamais un soi-disant génie.
Si tant est que
L’expression si tant est que (milieu XIIe) se construit toujours avec le subjonctif.
Elle exprime la notion d’une supposition très improbable, d’un
pressentiment. Cette tournure quelque peu littéraire remplace : à supposer
que, en admettant que.
Les graphies si temps est que ou si tenter que sont des sortes d’homophonies
totalement fautives et hautement folkloriques.
Tarifer / Tarifier
Le verbe tarifer dérive du substantif tarif. Il signifie tout simplement : donner
un prix marchand à quelque chose, fixer le montant d’un service ou d’une
marchandise. Le verbe tarifier n’existe pas.
Tendresse / Tendreté
Sentiment d’affection (attachement) envers quelqu’un, la tendresse (par
exemple d’une mère pour ses enfants) n’a rien à voir avec la tendreté (XIIe)
d’une viande, voire d’un fruit.
Chez un individu, la tendresse s’oppose à la froideur, rudesse, insensibilité
ou sévérité. La tendreté s’oppose à la dureté, résistance ou fermeté d’une
chose comestible.
Voire même
Dans son acception moderne, l’adverbe voire (XIIe) signifie même ou et même.
On peut donc considérer que le syntagme voire même entre dans le champ des
pléonasmes. Toutefois, d’aucuns préfèrent expliquer qu’il s’agit plutôt d’un
archaïsme. En effet, dans son utilisation première, voire même signifiait
vraiment même. Dire à l’époque, elle est gentille, voire même adorable équivalait à
vraiment même adorable. Il faut désormais considérer voire (sans même) comme
une forme elliptique, plus récente et admise.
Quoi qu’il en soit de ce sempiternel débat, soulignons que voire annonce une
meilleure proposition que celle qui précède. La tournure Norbert risque de
devenir président de son entreprise, voire directeur général est clairement fautive. Il faut
dire, Norbert risque de devenir directeur général de son entreprise, voire président. Le
mieux doit systématiquement arriver après voire.
Employé dans une forme exclamative pour marquer le doute ou l’ironie,
voire prend alors un tour plaisant : Certains affirment que ce film serait un chef-
d’œuvre. Voire !
Abhorrer / Adorer
La ressemblance phonétique a probablement contribué à générer une
confusion fâcheuse entre ces deux verbes, qui possèdent pourtant une
signification diamétralement opposée. Abhorrer signifie détester, exécrer, haïr,
avoir en horreur. D’ailleurs, abhorrer appartient à la famille étymologique de
horreur (horrible, horrifier, horripilant). Ce qui explique la présence du « h »
et le doublement du « r ».
Abolir / Abroger
Le verbe abolir exprime l’idée d’une suppression liée à un usage, une
coutume, une pratique. Au figuré, on peut aussi dire que l’avion abolit
(efface, réduit) les distances entre pays. De son côté, l’action d’abroger se
réfère plutôt à une obligation officielle dictée par un acte législatif ou
réglementaire. Ainsi abroge-t-on une loi, un décret ou un texte qui possède
la notion d’obligation.
Le cardinal de Richelieu, ministre de Louis XIII, abrogea les clauses politiques de l’édit
de Nantes en 1629.
Abjurer / Adjurer
Abjurer (v. tr., début XIVe) signifie que l’on renie officiellement, voire
solennellement, un engagement personnel connu de tous. Ce verbe s’utilise
surtout dans le domaine religieux, mais il peut aussi s’appliquer à une
opinion ou à de fortes convictions.
Adjurer (v. tr., XIIIe) exprime l’idée d’une forte injonction. Synonymes :
supplier, prier instamment, ordonner, exiger au nom de Dieu.
Acceptation / Acception
Le substantif acceptation (milieu XIIIe) renvoie au fait d’accepter. Mais ce
terme peut également signifier : accord ou consentement.
e
Quant au mot acception (n. f., XIII ), il désigne le sens précis d’un terme
officiellement lexicalisé ou reconnu par l’usage. Il existe aussi une formule
peu usitée dans le langage courant mais qui trouve place dans certains
règlements ou textes juridiques : sans acception de. Ce qui signifie : sans
tenir compte, sans prendre en considération.
Affectation / Affection
Le nom féminin affectation (début XVe) possède deux sens différents. D’une
part, il décrit ceux qui adoptent une manière d’agir ostentatoire (feinte,
exagérée) et qui manquent donc de naturel ou de simplicité, autrement dit,
qui se conduisent avec préciosité. D’autre part, ce mot signale la désignation
à une fonction (poste, emploi), mais aussi une attribution à un usage
déterminé.
De son côté, l’affection exprime également deux notions. D’une part, elle se
réfère à un sentiment tendre, d’attachement envers une personne
aimée. D’autre part, dans le domaine médical, une affection équivaut à une
maladie, un syndrome, une lésion.
Agonir / Agoniser
e
Verbe rare, agonir (milieu du XVIII ) est le synonyme de injurier, insulter,
outrager, offenser. Le syntagme souvent utilisé agonir d’injures étant un pur
pléonasme.
Norbert aurait pu se dispenser d’agonir son ami d’enfance qui agonisait sur son lit
d’hôpital.
Alarmant / Alarmiste
Une nouvelle, une rumeur ou une situation alarmante est de nature à
générer angoisse, inquiétude ou affolement. De son côté, une personne
alarmiste répand volontairement (voire avec jubilation) des informations
atterrantes, effrayantes, préoccupantes. Soit parce que ledit individu possède
une nature pessimiste, soit parce qu’il veut semer le trouble auprès d’autrui.
Alcoolisé / Alcoolique
Un verre d’eau, un soda ou un jus de fruit dans lequel vous ajoutez de
l’alcool (whisky, rhum, gin) est une boisson alcoolisée, car le verbe alcooliser
signifie : ajouter de l’alcool. Quant à une boisson alcoolique (adj., XVIIIe),
elle est fabriquée à base d’alcool. Le whisky, le rhum, le gin, précédemment
cités, mais aussi le vin, les apéritifs purs et les eaux-de-vie sont des boissons
alcooliques. Pour sa part, le substantif alcoolique désigne un quidam qui boit
trop d’alcool (cheulard, poivrot, ivrogne, pochard).
Allocution / Élocution
Un bref discours à caractère officiel correspond à une allocution. Il s’agit
d’un propos plutôt agréable qui ouvre ou termine une réunion, une
cérémonie, un repas, une commémoration…
Mais pour prononcer une plaisante allocution, mieux vaut disposer d’une
bonne… élocution. En l’occurrence, parler très distinctement, ni trop vite ni
trop lentement, sans emphase, avec conviction et en faisant un choix
judicieux du vocabulaire et du rythme de la phrase. Bref, nous sommes aux
confins de l’art oratoire et de l’éloquence propres à certains tribuns.
Amarrer / Arrimer
Une amarre est un solide cordage qui permet d’attacher un bateau dans un
port, une rade. Le marin amarre une embarcation à quai en l’accrochant à
une bitte (avec deux « t ») d’amarrage. On amarre également un dirigeable
en le retenant à une certaine distance du sol grâce une amarre attachée à un
mât.
Amener / Apporter
La confusion entre ces deux verbes ne cesse de prospérer. Pourtant, la
différence de sens est contenue dans la racine même du mot. Il est donc très
facile de ne plus commettre cette erreur. Amener (v. tr., XIe) a été construit
avec le verbe mener : conduire, accompagner, aller aux côtés d’un animal ou
d’un humain. En conséquence, amener ne s’emploie que pour des êtres
animés.
e
De son côté, apporter (v. tr., X ) est bâti avec porter. On s’intéresse ici à des
objets que l’on prend entre ses mains, ses bras ou que l’on place sur son dos.
Objectif : les transporter (apporter, porter) ailleurs. Apporter ne concerne que
des choses inanimées, mais qui peuvent parfois être très volumineuses. Dans
ce cas, la notion de transport est imagée.
Amener sa vieille mère chez le coiffeur. Amener les enfants à l’école. Amener les chevaux
dans le pré. Amener son chien chez le vétérinaire.
Analphabète / Illettré
e
La personne analphabète (adj., XVI ) n’a jamais appris à lire, à écrire et à
compter. L’illettré (adj. et n. m. ou f., XVIe) ne sait plus lire, écrire et compter.
En d’autres termes, il a su assimiler dans sa jeunesse scolaire ces notions de
base. Mais il a ensuite désappris (oublié) par manque de pratique volontaire.
Le suffixe « phobe » est issu du radical grec phobos, qui signifie crainte. Ainsi,
un anglophobe déteste-t-il les Anglais, la Grande-Bretagne et tout ce qui
peut s’y rattacher.
À-propos / À propos de
e
Substantif masculin invariable (tout début XVIII ), à-propos s’écrit avec un
trait d’union. Ce qui se fait ou se dit de façon opportune, en temps et en
heure, dans un endroit convenable est un à-propos. Par exemple, certains
ont l’esprit d’à-propos (le sens de la répartie), tandis que d’autres, à l’inverse,
manquent d’à-propos (ils réagissent à contre-courant).
Dans une très vieille acception, à-propos désignait un texte très court (poème,
laïus) destiné à être prononcé pour une circonstance spécifique (réunion,
banquet, inauguration, bienvenue, etc.).
La locution adverbiale ou prépositive à propos de s’écrit en deux mots, sans
trait d’union. Elle signifie « au sujet de » : j’ai des choses à dire à propos des
programmes télévisés ; à propos du Premier ministre, il va bientôt démissionner ; à propos
de tout et de rien (sans raison ni motif).
On dit aussi agir à propos (avec discernement, de manière convenable). Dans
une tournure un peu soutenue et peu usitée, il est à propos de (+ infinitif)
correspond à il est opportun de. Exemple : compte tenu de l’état de délabrement de
notre immeuble, il serait à propos de déménager.
Apurer / Épurer
Ces deux verbes appartiennent à la famille étymologique du mot pur.
Certifier l’exactitude du bilan d’une entreprise après avoir effectué une
soigneuse vérification des pièces justificatives revient à apurer (début XVIIe)
les comptes. On sous-entend qu’ils sont clairs, nets, purs.
Quant au verbe épurer (fin XIIe), il s’en tient stricto sensu à sa racine : rendre
pur, purger, purifier. Épurer un liquide, un minerai, voire un gaz. Par extension :
affiner, perfectionner.
Arcade / Arcane
Ouverture en forme d’arc appuyé sur des montants verticaux, l’arcade est
un élément architectural classique. Les plus courantes des arcades sont celles
d’un pont, d’une galerie ou d’un cloître. Il y a dans la capitale de belles arcades
rue de Rivoli ou avenue Daumesnil.
Tout particulièrement utilisé au pluriel, l’arcane (n. m., XIVe) évoque secrets
et mystères. Les arcanes d’une confrérie, d’une association, d’une profession
ou d’une entreprise sont parfois difficiles à percer, à comprendre, à cerner :
les arcanes de la religion, de la politique, du cinéma… À l’origine, un (bien
masculin) arcane était une préparation très mystérieuse destinée aux
aficionados de l’alchimie et connue de quelques rares initiés. L’arcane est
aussi une carte du jeu de tarot.
Au regard de / En regard de
Ces deux locutions prépositives doivent être utilisées avec rigueur. Elles ne
sont pas interchangeables. Au regard de signifie : en ce qui concerne, par
rapport à (au regard de la loi, de la morale, du règlement).
En regard de a pour définition : face à, en comparaison de.
En regard (sans le « de ») est une locution adverbiale qui veut dire : en face,
en vis-à-vis, ci-contre.
Bon gré mal gré / Malgré
Le petit substantif masculin gré (Xe) signifie : ce qui plaît, ce qui convient. Il
s’emploie dans de multiples syntagmes figés souvent plaisants : de son plein gré
(sans regimber, volontairement) ; de bon gré (de bonne grâce) ; au gré de (selon
la volonté ou le goût) ; de gré à gré (par consentement réciproque).
Pour sa part, la locution adverbiale bon gré mal gré veut dire : que cela plaise
ou pas, par résignation : bon gré mal gré, Norbert va passer l’aspirateur dans
l’appartement.
Bien distinguer mal gré (en deux mots) de la préposition malgré (un seul
mot, XVe), qui correspond aux formules courantes : contre la volonté (le gré)
de quelqu’un, en dépit de quelque chose : malgré l’avis de son père, Norbert va
s’installer à Moscou ; malgré les conseils de sa mère, Julie va démissionner.
Boutoir / Butoir
Propos agressif, malveillant et blessant, le coup de boutoir s’associe à une
attitude, action ou geste, à une attaque ou à un propos (voire un texte)
volontairement brutal et violent. L’analogie vient du comportement du porc
ou du sanglier qui fouit la terre avec l’extrémité de son groin et ses canines...
que l’on appelle un boutoir.
Quant au butoir, il s’agit soit d’un couteau qui sert à racler le cuir, soit d’une
butée qui permet de stopper un élément mobile.
Capter / Capturer
Il y a dans le sens premier de capter une notion sous-jacente de séduction :
capter un regard, l’intérêt, la confiance, l’attention. Autrement dit : chercher
à obtenir. Et ne parlons pas de ceux qui chercher à capter un héritage :
saisir, intercepter, prélever.
Dans deux autres acceptions, capter veut dire : recueillir, canaliser (un
liquide, une énergie, etc.) ; recevoir par le truchement des ondes
radioélectriques (capter une station radiophonique étrangère, capter un
signal).
Enfin, au figuré, capter signifie comprendre (avec une notion d’immédiateté
inattendue) : capter subitement un raisonnement complexe, capter la
solution d’un problème de maths.
Norbert a enfin capté que nos ennemis héréditaires se sont emparés de la capitale pour
en capturer tous les habitants.
Case / Casse
e
Chacun sait ce qu’est une case (milieu XIII ), mot venu du latin casa :
chaumière, cabane, hutte, paillotte. Mais il peut s’agir aussi (XVIIe, dérivé de
l’espagnol casa) d’un compartiment, d’une alvéole, d’une subdivision, ou
d’une cellule.
De son côté, la casse correspond à une boîte ou à un tiroir qui contient des
caractères d’imprimerie. Le mot (fin XVIIe) découle de l’italien cassa (caisse).
Il est utilisé à des fins professionnelles dans le secteur de l’imprimerie et du
journalisme. La partie supérieure du meuble ou de la boîte s’appelait « haut
de casse ». Elle contenait les caractères les moins utilisés. La partie
inférieure, « bas de casse », rassemblait les lettres usuelles, donc les plus
fréquemment employées, et notamment les lettres minuscules, par
opposition aux capitales. Ainsi parle-t-on, dans le domaine de la
typographie, de caractères en bas de casse pour désigner des minuscules.
Cinéphile / Cynophile
Les passionnés et les connaisseurs du cinématographe (ou ciné, après une
double apocope) sont des cinéphiles (adj. ou n. début XXe). Notons la
présence du suffixe « phile », issu du grec philos, qui veut dire ami.
Toujours avec le même suffixe « phile », le cynophile, lui, aime les chiens.
La racine « cyno » dérive du grec kunos (chien).
Cinéphile avertie, Julie adore les films qui mettent en scène un cynophile.
Circoncire / Circonscrire
e
La circoncision (fin XII ) est l’ablation totale ou partielle du prépuce, soit
pour des raisons médicales précises, soit dans le cadre d’un rituel religieux
pratiqué sur les jeunes garçons juifs ou musulmans. Le verbe circoncire décrit
l’acte qui entraîne une circoncision.
Courir / Encourir
Chacun connaît l’expression populaire c’est un risque à courir. Ce qui
signifie qu’un audacieux quidam, déterminé à accomplir quelque chose de
difficile, va s’exposer à une menace, mais qu’il veut tenter la chose. En
conséquence, il convient de parler d’un risque ou d’un danger couru. Car,
on court un risque ou un danger. Il est donc totalement fautif de dire un
risque ou un danger encouru.
Le verbe encourir (XIVe) signifie s’exposer à, se mettre dans une situation
délicate qui peut déboucher sur une situation fâcheuse. Encourir une peine de
prison, une amende, une punition, un procès…
Norbert refuse d’aller chez le cardiologue, le risque couru n’est pas mince.
Le procès encouru par l’entreprise de Julie sera retentissant.
Davantage / D’avantage
L’adverbe (XVIe) davantage signifie plus, ou plus longtemps. Le substantif
avantage possède le sens de supériorité, d’atout, mais aussi celui de bénéfice
(intérêt).
Dans cette affaire sordide, Julie n’en sait pas davantage. Norbert est cultivé, mais
Marie-Chantal l’est davantage.
Les adversaires de l’équipe de France ont l’avantage de l’expérience. Cette offre d’achat
ne manque pas d’avantages.
Dentition / Denture
Soyons précis, même si ces deux termes sont souvent confondus et jugés
interchangeables. La dentition correspond à l’apparition, la formation et la
croissance des dents, dans la période qui va de la première enfance à la post-
adolescence.
La dentition de Norbert s’est déroulée sans problème, il n’a donc pas eu recours à
l’orthodontie.
Ébaubi / Ébaudi
e
L’adjectif ébaubi (XIII ) dérive du participe passé du verbe ébaubir, lui-même
e
issu de abaubir (v. tr., XII ) : rendre bègue (du latin balbus, bègue). Ces deux
verbes sont tombés en désuétude.
La forme adjectivale a poursuivi sa carrière dans la forme figée tout ébaubi,
qui exprime l’étonnement ou la stupeur admirative : être tout ébaubi par la
splendeur d’une œuvre, d’un spectacle. Tout témoin d’une situation cocasse,
mais aussi tout admirateur d’un ouvrage insolite en reste tout ébaubi. On est
donc bouche bée, comme frappé d’un bégayement fortuit : retour à la
racine latine d’origine.
On trouve aussi le verbe abalober (XIXe) qui a totalement disparu de la
circulation. Ainsi se disait-on tout abalobé par le talent d’un peintre, par un
livre ou une pièce de théâtre, voire par la beauté d’une comédienne. Le
spectateur reste déconcerté, fasciné, ébahi, éberlué, pantois, épaté, médusé,
sidéré.
Attention de ne pas confondre ébaubir (avec deux « b ») et ébaudir (v. tr., fin
e
XI ) : divertir, égayer, réjouir, distraire. Notons que ce verbe ne s’emploie
plus qu’à la forme pronominale pour exprimer une joie profonde. Par
exemple, on s’ébaudit de la réussite de son fils au baccalauréat.
Empreint / Emprunt
e
Le verbe transitif empreindre (début XIII ) donne la graphie empreint dans de
multiples temps de sa conjugaison. Il empreint (indicatif présent), nous
avons empreint (indicatif passé composé), vous eûtes empreint (indicatif
passé antérieur), que tu aies empreint (subjonctif passé), qu’ils eussent
empreint (subjonctif plus-que-parfait), il aurait empreint (conditionnel passé
première forme), empreint (participe passé)… Dans son sens concret peu
usité, empreindre signifie : marquer d’une empreinte par pression sur une
surface. Au sens figuré et littéraire : marquer fortement l’esprit, la
conscience, la pensée, la tradition populaire, la culture…
Rien à voir avec l’emprunt qui permet d’obtenir une somme d’argent sous
la forme d’un prêt qu’il faudra ensuite rembourser, à terme ou au fil du
temps, moyennant un intérêt.
Enfantin / Infantile
Les adjectifs enfantin et infantile (XIIe-XIIIe) ont longtemps été de purs
synonymes. Mais infantile a ensuite migré vers des champs spécialisés,
notamment celui de la médecine : maladies infantiles, mortalité infantile.
Pour sa part, enfantin reste attaché à la langue courante pour qualifier ce qui
appartient au monde de l’enfance. Le mot s’utilise aussi pour qualifier une
chose facile à réaliser : problème ou propos enfantin.
En lice / En liste
Champ clos délimité par des palissades, la lice (milieu XIIe) est un espace qui
permettait de disputer joutes et tournois à l’époque médiévale. Le mot
désignait aussi la palissade (clôture) elle-même. D’où l’expression entrer en
lice : concourir, entrer dans la compétition. Ainsi, concurrents, candidats et
adversaires qui restent en lice peuvent continuer de participer aux épreuves.
Ils sont autorisés à entrer dans la lice, c’est-à-dire dans l’enceinte (le terrain)
où se déroule le combat.
La lice est aussi le garde-fou d’un pont de bois ou la barrière qui longe une
piste d’équitation, d’hippodrome, de foire.
Entrer / Rentrer
La différence fondamentale entre les verbes entrer et rentrer réside dans une
notion toute simple : rentrer s’utilise uniquement lorsque l’action décrite
exprime l’idée d’entrer une nouvelle fois : en passant de dehors à dedans
(entrer/rentrer dans une maison), en pénétrant dans un objet ou un endroit
(entrer/rentrer dans une boîte, entrer/rentrer dans un stade), en participant
à une activité quelconque (entrer/rentrer dans la danse), en s’engageant
dans un débat (entrer/rentrer dans les détails), etc.
Avec ce premier job, Norbert vient enfin d’entrer dans la vie professionnelle. La mère de
Marie-Chantal a décidé d’entrer dans une maison de retraite.
Les enfants viennent de rentrer de l’école. Norbert a rentré sa moto au garage. Ce soir,
Julie va rentrer plus tard à la maison.
Éruption / Irruption
En médecine, l’apparition de lésions cutanées, souvent multiples (boutons,
furoncles, etc.) s’appelle une éruption (milieu XIVe). Dans un tout autre
domaine, on évoque une éruption volcanique ou solaire. Au figuré, il s’agit
d’un jaillissement soudain et non maîtrisé, d’une explosion, d’un
débordement : éruption de colère ou de joie.
De son côté, l’irruption (fin XVe) concerne une invasion soudaine et violente.
Il s’agit d’une entrée en force : irruption d’une armée dans un pays ennemi,
irruption de manifestants dans le bureau du directeur. Au figuré, on peut
parler de l’irruption de la vulgarité dans la littérature (envahissement
inattendu).
Malgré une éruption de pustules sur son visage, Norbert a fait irruption dans la salle de
réunion.
Expérience / Expertise
Connaissance, savoir, capacité ou adresse relèvent de l’expérience acquise
au fil du temps. Nous sommes ici dans une sorte d’apprentissage qui
ressemble à une forme d’enseignement permanent. Bien sûr, dans le
domaine scientifique, le mot a un sens proche de tentative, essai, épreuve.
Mais le terme expérience exprime surtout le fait d’étudier un phénomène
naturel énigmatique, dans le but d’établir une vérité irréfutable de son
existence. Car l’expérience concrète se distingue de l’intuition ou de la
déduction, qui, par définition, ne reposent sur aucune analyse matérielle
vérifiée.
La procédure qui consiste à effectuer un examen technique minutieux avec
l’aide de spécialistes reconnus dans un domaine particulier relève d’une
expertise (n. f., XVIIe), souvent officielle et parfois juridique. Le mot exprime
aussi une démarche précise : évaluer l’authenticité, la qualité et le prix d’une
œuvre d’art.
Grâce à son expérience acquise dans de célèbres laboratoires, Norbert possède une
expertise exceptionnelle dans le domaine de la chimie.
Frasque / Fresque
Écart de conduite, fredaine, incartade, farce, extravagance ou mauvais tour,
la frasque (n. f., milieu XVe), mot le plus souvent utilisé au pluriel, n’a rien à
e
voir avec une fresque (milieu XVII ). La fresque est un type de peinture
murale que l’on trouve sur de très anciennes parois rocheuses, notamment
dans des grottes (art pariétal ou rupestre), mais aussi sur les voûtes de
célèbres monuments.
Le mot fresque désigne également une œuvre littéraire colossale qui met en
scène de nombreux personnages sur une longue période de l’histoire et qui
dépeint ainsi les us, coutumes et traditions d’une époque. Un genre dont
Balzac et Zola restent les maîtres incontestés.
Gradation / Graduation
Une progression par degrés successifs (pas forcément d’égales envergures)
est une gradation (milieu XVe). Nous sommes là dans l’accroissement,
l’augmentation. Ainsi parle-t-on d’une gradation de sons, de tons, de
sentiments.
e
La graduation (fin XV ) est pour sa part une division par degrés de mêmes
valeurs. La graduation relève de la division en espaces égaux,
essentiellement dans le cadre d’une mesure de longueur (graduation en
centimètres, par exemple).
Impératif / Impérieux
e e
Les adjectifs impératif (début XIII ) et impérieux (début XV ) ne peuvent pas se
substituer l’un l’autre. En effet, impératif exprime un ordre empreint d’une
forte autorité verbale ou écrite (règlement). Ce qui est impératif s’impose.
De son côté, impérieux qualifie surtout la tonalité brutale d’un propos qui
n’admet aucune réplique. On évoque volontiers un besoin ou un devoir
impérieux, car l’adjectif renferme une intense valeur psychologique qui
impose une volonté tyrannique. Nuance que ne possède pas impératif.
Initialiser / Initier
e
Apparu dans la seconde partie du XX siècle, le terme initialiser (v. tr.)
appartient au vocabulaire de l’informatique. Ce verbe dérive de l’anglais to
initialize : mettre un ordinateur, un périphérique ou un autre logiciel en
condition de fonctionner. L’opération consiste en une série de manipulations
prévues par le constructeur et qui se déroulent pas à pas.
Macabre / Morbide
Macabre (adj., XIVe) s’applique aux choses et aux événements qui concernent
la mort, les cadavres et les squelettes. On parle d’une pièce de théâtre, d’un
livre ou d’un humour macabre. Par extrapolation populaire, l’adjectif
qualifie tout ce qui dégage une réelle tristesse. Le mot se rapproche alors de
lugubre ou de sinistre. La police a fait une macabre découverte, afficher une mine
macabre.
Associé à un dérangement psychique, voire à la perversité, morbide (adj.,
début XIXe) se rapporte aussi à la maladie : état morbide, obésité morbide,
posséder une curiosité morbide (malsaine). Cependant, à l’instar du mot
macabre, on peut aussi évoquer une littérature ou un spectacle morbide. Mais
il s’agit alors de désigner une production qui expose et flatte des penchants
dépravés, des comportements immoraux. Un roman macabre n’a donc rien
à voir avec un roman morbide.
Participer à / Participer de
Le verbe transitif indirect participer (XIVe) possède deux constructions
distinctes qui ont des acceptions très différentes. D’une part, participer à :
prendre part à, s’associer à, assister à… des élections, un jeu, une
cérémonie, une manifestation, la conversation, la vie d’un groupe, la joie
d’un ami (sens figuré).
D’autre part, participer de : tenir de, être de même nature ou de même origine
que, relever de. Il s’agit là d’un tour plutôt littéraire, souvent très mal
maîtrisé, notamment à l’oral.
Norbert aime participer à des parties de poker.
Le mulet participe de l’âne et de la jument. Toute œuvre romanesque de qualité participe
d’une longue expérience de la vie.
La locution recru de souligne l’excès. Celui qui se dit recru de quelque chose
touche au paroxysme de l’insupportable. On peut être recru de sommeil, de
douleur, de fatigue, de tourments, de cauchemars.
Ne pas confondre le genre féminin de cet adjectif avec une recrue (n. f.,
milieu XVIe) : individu qui s’ajoute à un groupe.
Perpétuer / Perpétrer
e
Une tradition se perpétue (v. pron., milieu XVI ) : elle dure, se transmet, se
poursuit, se survit, se maintient aussi longtemps que possible. Nous ne
sommes pas très loin de perdurer (v. int., XIIIe) : durer toujours, persister, se
prolonger.
Prodigue / Prodige
e
L’adjectif prodigue (milieu XIII ) qualifie un individu qui dilapide son argent.
D’ailleurs, le syntagme figé être prodigue signifie : distribuer sans compter.
Le prodigue (emploi sous forme de nom) est dépensier, mais aussi très
généreux et désintéressé. Quant à la célèbre expression enfant (fils) prodigue,
elle désigne un gamin qui revient dans la maison familiale pourtant délaissée
depuis fort longtemps.
Reste la forme figée figurée être prodigue de : distribuer sans retenue, sans
compter, donner abondamment (être prodigue de compliments, d’intentions
amicales).
Au milieu du XIXe siècle, le substantif masculin prodige désigne un événement
exceptionnel, extraordinaire, fabuleux, incroyable, rare, ahurissant, unique.
Une vie bien remplie qui tient du prodige ; un comédien capable de réaliser sur scène des
prodiges. Le mot est teinté d’une connotation de magie, de mystère, de
surnaturel.
Au XVIIe siècle, le terme devient synonyme d’exploit ou désigne un quidam
hors du commun qui se mue en une sorte de héros pourvu de notables
talents et vertus. Ainsi parle-t-on d’enfant prodige (doué, talentueux malgré
son âge précoce). D’où la confusion avec l’enfant prodigue qui va quitter son
domicile dès le plus jeune âge.
Une chaude soirée estivale face à une mer apaisée sur laquelle vient mourir un soleil de
feu tient parfois du prodige.
Dans leurs recherches, les savants accomplissent de véritables prodiges.
Prolifique / Prolixe
Deux adjectifs trop souvent confondus en raison de leur proximité
phonétique. Prolifique (XVIe) signifie fécond, fertile. Ainsi, un animal
prolifique se multiplie-t-il rapidement (lapins, puces, rats par exemple).
Autrement dit, ils prolifèrent. Par extrapolation positive figurée, le terme
évoque une intense activité inventive et productive que l’on retrouve dans le
secteur artistique.
e
Pour sa part, prolixe (début XIV ) qualifie un texte ou un discours verbeux,
diffus, ampoulé, pompeux, fumeux, très long et alambiqué. Nous sommes
ici très proches du salmigondis, galimatias et autre amphigouri. Ce mot
reste chargé d’une forte connotation péjorative. Le texte, discours, auteur ou
orateur prolixe se perd toujours en multiples circonlocutions, détails,
digressions, périphrases et détours.
Malheureusement, il arrive qu’un romancier prolifique soit parfois un
auteur prolixe.
Poncif / Pontife
e
Dans son sens courant apparu au début du XIX siècle, un poncif est une
représentation artistique (livre, tableau, film) d’une banalité affligeante. Le
mot désigne également une idée toute faite, trop souvent répandue, et donc
dénuée de la moindre originalité (cliché, lieu commun, stéréotype).
Dérivé du mot latin pontifex (grand prêtre des juifs), le pontife (début XVIe) fut
un ministre du culte dans l’Antiquité romaine. Puis il devint un haut
dignitaire (prélat) dans la hiérarchie ecclésiastique (évêque, archevêque,
cardinal). Ainsi parle-ton du souverain pontife pour désigner le pape.
e
Dans un sens familier (début XVII ) teinté d’une connotation péjorative et
ironique, le pontife affiche autorité et influence dans son secteur d’activité.
Mais il se conduit toujours d’une manière outrageusement prétentieuse et
ressemble donc à une sorte d’infatué mandarin. Suffisant, arrogant et imbu
de lui-même : les pontifes de l’Université, de la télévision, de la presse, de la
médecine, etc.
Pontife a donné le mot ponte (tout début XVIIIe), dénué pour sa part de nuance
péjorative, et qui désigne un important personnage doté d’une large
puissance sociale, intellectuelle ou économique (les pontes de l’industrie, de
la politique, de l’édition, etc.). Le syntagme figé grands pontes relève du
pléonasme.
Potentiel / Putatif
e
L’existence potentielle (adj., XVI ) de quelque chose exprime l’idée d’un
devenir à la fois proche et possible : victoire potentielle, client potentiel.
Dans son acception courante, le substantif masculin (XIXe) potentiel définit
une capacité d’action : le potentiel militaire, économique ou industriel d’une
nation, le potentiel d’un employé motivé, le formidable potentiel de tel ou
tel athlète. Ce mot (adj. ou n.) sous-entend la notion d’une réalité qui ne
demande qu’à exploser.
L’adjectif putatif (fin XIVe) dérive du latin putare : supposer, présumer, estimer,
évaluer. Tel enfant sera le fils putatif (supposé) d’un père qui aura refusé de
le reconnaître. Dans un sens moderne, le candidat putatif à une fonction (ou
élection) ne s’est pas encore déclaré officiellement.
Quand / Quant à
Avec un « d » final, la conjonction quand caractérise une relation temporelle
de coïncidence : dans le même temps que, au moment où. Pour simplifier,
quand correspond ici à lorsque. Mais la conjonction peut aussi signifier chaque
fois que, alors que. Dans sa fonction d’adverbe interrogatif, quand veut dire : à
quel moment ? Les enfants iront se coucher quand Julie sera rentrée du travail.
De son côté, la locution prépositive quant à (XIIIe) s’écrit bel et bien avec un
« t » final. Cette formule signifie : pour ce qui est de, en ce qui concerne. Et
le syntagme figé quant à moi correspond à pour ma part. Quant au frère de Marie-
Chantal, personne ne l’a jamais revu. Julie aime le théâtre, quant à Norbert, il préfère le
cinéma.
Par ailleurs, une personne qui reste sur son quant-à-soi (n. m., invariable,
e
XVIII ) manifeste un comportement réservé, distant, hautain, voire
dédaigneux. Rester sur son quant-à-soi, garder son quant-à-soi. Dès qu’ils rencontrent
d’ardents supporters, ces footballeurs restent sur leur quant-à-soi.
Mais le mot existe aussi en tant qu’adjectif indéfini (XIIe). Il prend alors le
sens de plusieurs. En conséquence, il s’accorde. De même, lorsqu’il exprime
un nombre augmenté de quelques unités, il prend aussi le pluriel. L’an dernier,
Julie a vu quelques dizaines de films. Norbert s’est absenté quelques jours. Ce costume
coûte cent et quelques euros.
L’adjectif indéfini quelque reste invariable lorsqu’il signifie un peu de, un,
voire un certain. Sans oublier en quelque sorte (d’une certaine manière),
quelque chose, quelque autre (sans élision), quelqu’un d’autre, quelque part,
quelque temps, quelque peu, etc. Donnez-moi quelque congé afin de poursuivre ma
convalescence. Servez-moi quelque tranche de gigot. Face à l’absence de cadeau pour son
anniversaire, Norbert a montré quelque surprise. Depuis les jeux Olympiques, cette ville a
pris quelque notoriété. Pendant les vacances, Marie-Chantal a eu quelque aventure (une
aventure quelconque, ne pas confondre avec quelques aventures : de multiples aventures).
Il convient donc de ne pas confondre quel que (en deux mots distincts) et
quelque. Pronom relatif indéfini, quel que est suivi d’un verbe au subjonctif.
L’accord s’impose. Quel que soit son salaire, Norbert dépense sans compter. Quels que
soient ses efforts, Julie joue toujours aussi mal au tennis. Quelle que soit la différence de
prix, Marie-Chantal achète un produit bio.
Quoique très âgé, le père de Julie est lucide. Quoi que vous en pensiez, le père de Julie
est lucide.
Résolu / Révolu
Dérivé du verbe résoudre, l’adjectif résolu (milieu XVIe) qualifie un personnage
qui a su prendre une décision déterminée et qui s’y tient sans sourciller. Par
extension, le terme peut s’appliquer à un comportement, une action. Dans
son acception première, résoudre (v. tr., XIVe) signifie : faire disparaître,
dissoudre, transformer (la flamme résout la bûche en cendre). Dans un sens
moderne courant : trouver une solution (résoudre une énigme ou un
problème de mathématiques). Et, l’expression se résoudre à équivaut à :
prendre une résolution, se décider à (il va se résoudre à arrêter de fumer). Le mot
résolu est aussi le participe passé de résoudre.
Quant à l’adjectif révolu (XIVe), il exprime l’idée d’une fin de cycle, d’une
période de temps achevée (année, semaine, scolarité, époque révolue).
Séculaire / Séculier
Un événement (cérémonie, commémoration, phénomène naturel) qui se
produit tous les cent ans est qualifié de séculaire (adj., début XVIIe). Mot issu
du latin sæculum (siècle). Par extrapolation littéraire, séculaire peut aussi
signifier : qui dure (vit) depuis un siècle (chêne séculaire), qui date d’un
siècle (château séculaire). Puis, par une nouvelle dérive plus large, le mot
désigne des choses qui existent depuis des siècles (arbustes séculaires,
traditions séculaires).
Dérivé du latin religieux sæcuralis (profane), le mot séculier caractérise tout ce
qui appartient à la vie laïque et publique, par opposition au monde
ecclésiastique. Ainsi, le bras séculier de l’État (ou de la justice) est une
autorité temporelle qui fait face à celle de l’Église. Les tribunaux religieux
de l’Inquisition remettaient les hérétiques à la justice séculière.
Serment / Sermon
Promesse solennelle, ferme, définitive et souvent prononcée en public, le
serment engage celui ou celle qui le prononce (serment du Jeu de paume,
d’Hippocrate, sur l’honneur). Le terme se retrouve dans les expressions prêter
serment ou témoigner sous serment, qui évoquent les notions de vérité et de
sincérité.
Discours prononcé en chaire par un ecclésiastique (notamment dans la
religion catholique), le mot sermon (Xe) dérive du terme latin sermo
(conversation). Synonymes : homélie, prêche. Au figuré, propos
moralisateur, long, pesant et sans intérêt.
Somptuaire / Somptueux
Des dépenses excessives, coûteuses, incontrôlées, désordonnées, autrement
dit déraisonnables, voire inutiles, peuvent être qualifiées de somptuaires
(adj., XVIe). De tels frais relèvent de la gabegie (n. f., fin XVIIIe). Nous sommes
ici au cœur d’une espèce de gaspillage insensé mené dans l’indifférence
générale, avec désinvolture et de façon quasiment systématique.
Rabattre / Rebattre
Le verbe rabattre possède de multiples acceptions. Par exemple, déduire,
diminuer, retrancher : rabattre le montant d’une facture. Dans un sens plus
usuel, il correspond à refermer, replier : rabattre le capot de sa voiture, la
couverture d’un livre ouvert. Mais rabattre peut aussi formuler la notion
d’une chute brutale. Le vent violent rabat les branches sur le sol.
Julie nous rebat les oreilles des qualités exceptionnelles de son amant.
Trafic / Traffic
Le mot qui désigne une circulation de personnes, de voitures, d’avions, de
bateaux ou de toutes sortes de véhicules ne prend qu’un seul « f » : trafic
aérien, maritime ou routier. Pourtant, trafic (milieu XIXe) dérive du terme
anglais traffic, avec deux « f » (même sens).
Un trafic (milieu XIVe) est aussi un commerce qui ne brille pas vraiment par
son honnêteté naturelle. Le trafic navigue aux confins de la clandestinité, de
la magouille, de la malversation ou de la négociation immorale. Ce mot
dérive cette fois de l’italien traffico venu de trafficare. Là encore, avec deux
« f ».
Vénéneux / Venimeux
Certains végétaux, champignons et plantes possèdent un poison très
toxique. Leur ingestion peut tuer. Ils sont vénéneux (adj., fin XVe). Dans une
acception figurée et littéraire assez rare, vénéneux signifie : qui produit des
effets néfastes, qui entraîne une douleur. Ainsi peut-on parler d’une idée,
d’une doctrine vénéneuse.
Voirie / Voierie
Même si l’on voit trop souvent écrit « voierie » (avec un « e » central) sur des
documents administratifs ou des panneaux de circulation, il faut bel et bien
écrire : le service de la voirie, la voirie municipale, des travaux de voirie, une
voirie urbaine ou rurale. Pourtant, la voirie désigne l’ensemble des voies
(avec un « e ») de communication aménagées et entretenues par
l’administration publique.
Subtilités
Abréviations
Écrire certains mots sous forme d’abréviations ne s’improvise pas. Cette
représentation graphique répond à des règles précises qu’il convient
d’appliquer, par pur respect du lecteur. On trouve encore trop souvent,
notamment dans des textes administratifs et commerciaux, voire des cartons
d’invitation, des approximations sans fondement. Attention ! Il y a ici ou là
dans ce qui suit quelques subtilités (notamment avec l’utilisation du point).
Téléphone : Tél. (avec un point). Donc, ne surtout pas oublier ledit point
lorsque l’abréviation est suivie de deux points. Tél. : 06 07 08 09 10.
M. Martin et Mme Durand ont été invités chez le Dr Dupont par Mgr Rouston qui
sera accompagné de Me Robert et de Mlle Legrand.
J’ai rencontré ce matin madame votre mère. Julie voudrait que son fils devienne docteur
en médecine. Ce monsieur adore aller au théâtre.
Aller
Même s’il se termine à l’infinitif par « er », le verbe aller n’appartient pas au
premier groupe. Celui-ci se compose de verbes en « er », mais à condition
qu’ils se terminent par un « e » à la première personne du présent de
l’indicatif (conjugaison régulière). Or, sur ce second critère, aller donne « je
vais ». Il convient donc de ranger aller dans le camp du troisième groupe.
À l’attention / À l’intention
D’usage plutôt professionnel ou administratif, la forme à l’attention de insiste
sur le fait que l’expéditeur veut précisément attirer l’attention du
destinataire d’une lettre ou d’un document jugé important. Un rapport sur la
qualité de l’air a été rédigé à l’attention du Premier ministre.
Au-dessous / En dessous
La locution au-dessous (avec un trait d’union) correspond à un niveau qui se
situe plus bas qu’un point de référence donné. La température est au-dessous de
zéro ; acheter une maison au-dessous de sa valeur réelle ; les prix sont tous au-dessous de
cinquante euros ; l’eau nous arrive au-dessous de la ceinture.
La même différence existe pour au-dessus et en dessus : l’eau nous arrive au-dessus
du genou ; Julie n’achète que des robes au-dessus de cinq cents euros. Pour sa part, en
dessus signifie sur le dessus : la nappe est bleue en dessus et verte en dessous.
Avoir l’air
Il convient de distinguer deux utilisations.
Soit avoir l’air est une locution figée pour signifier : sembler, paraître. Ainsi,
l’adjectif qui suit est attribut et s’accorde avec le sujet : elle a l’air contente ; ils
ont l’air tristes ; ces pommes ont l’air pourries ; cette voiture a l’air abandonnée ; les
recherches menées par la police ont l’air sérieuses.
Soit le mot air conserve son sens plein, et l’expression avoir l’air n’est pas
figée, un autre verbe (prendre, se donner) pourrait alors se substituer à avoir.
Par ailleurs, un air ou des airs pourrait remplacer l’air. L’adjectif est ici
épithète et s’accorde avec le mot air. Avoir l’air guerrier ; elle a l’air gracieux ; elles
ont l’air sot de leur grand-mère ; les saintes nitouches ont l’air ingénu des adolescentes.
Battre son plein
Contrairement à ce que beaucoup continuent de croire et de véhiculer,
l’expression battre son plein donne raison à Littré. La tournure dérive du
langage des marins. Le mot son est un adjectif possessif et le terme plein est
un substantif. Le plein étant la pleine mer.
Chaloir
Le verbe chaloir (Xe) signifie importer, intéresser. À l’instar de choir ou de
quérir, il s’agit ici d’un défectif : certaines formes de conjugaison ne sont
donc pas employées. Chaloir n’existe plus qu’à la troisième personne du
singulier du présent de l’indicatif : il chaut. En conséquence, il me chaut veut
dire : cela me concerne, m’importe, m’intéresse. Mais en réalité, chaut ne
s’emploie plus que dans la formule peu me chaut : je m’en moque.
On peut aussi employer les formules soutenues suivantes : peu nous chaut ; il
me chaut peu de savoir qui a épousé Marie-Chantal ; il me chaut d’aller au cinéma ce
soir ; quand il fait chaud, il me chaut de déguster une bière fraîche.
Commémorer / Fêter
Le fait de rappeler, souvent par le biais d’une cérémonie publique, le
souvenir d’une personne (ou d’un événement historique notable) relève
d’une commémoration, qui se déroule à une date anniversaire récurrente.
Ainsi va-t-on commémorer une victoire militaire, la mort d’un héros ou
d’un artiste. Il s’agit d’honorer (célébrer) sa mémoire : le 14 juillet, on
commémore la prise de la Bastille ; le 11 novembre, on commémore l’armistice de 1918 ;
en 1985, on a commémoré le centenaire de la mort de Victor Hugo.
De son côté, le verbe fêter (XIIe) exprime l’idée de réjouissances qui sont
organisées à l’occasion d’un épisode de notre vie quotidienne. Quand on
fête l’anniversaire de quelqu’un, la notion de souvenir n’existe pas. L’action
s’appuie ici sur une réalité bien vivante.
Au sens figuré, il faut maintenir cette différenciation. Une coupe claire dans
les effectifs d’une entreprise signifie que la quasi-totalité du personnel a été
licenciée. Mais une coupe sombre dans un investissement n’a rien de
dramatique, puisqu’il ne s’agit que d’une modeste diminution de budget.
Courbatu / Courbaturé
L’adjectif courbatu (XVe) et le participe passé du verbe courbaturer (début XIXe)
ne sont pas synonymes. Courbatu résulte de la déformation de court-battu, mot
composé de court (pris adverbialement) et de battu. Quelqu’un qui ressent
une extrême fatigue dans tous les muscles de son corps (et surtout dans les
jambes) est courbatu. Il éprouve une immense lassitude due à un intense et
récent effort physique. Synonymes : fourbu, moulu, harassé, éreinté, vanné.
Et la raideur musculaire qui dérive de cette fatigue s’appelle une courbature
(XVIe).
Décimer / Exterminer
Dans le langage soutenu, décimer (XVe) signifie : mettre à mort une personne
sur dix, désignée par un tirage au sort. C'est une tradition venue de
l’Antiquité romaine. Au début du XIXe siècle, le verbe a évolué vers un sens
plus large : tuer un grand nombre de personnes appartenant à un ensemble,
à un groupe cohérent (régiment décimé, otages décimés).
Nous sommes donc largement au-delà d’un mort sur dix dans une
population donnée, sans toutefois atteindre l’acception du verbe exterminer :
anéantir, tuer jusqu’au dernier, supprimer totalement. Décimer et exterminer ne
sont donc en aucun cas interchangeables.
De concert / De conserve
Dans son sens d’origine (XVIe) concert se rapproche des mots accord, entente.
D’où la formule caricaturale : le concert des nations. Le terme va ensuite
s’enrichir d’une nuance qui évoque la concorde, l’harmonie, voire le plaisir.
Ce qui a donné la tournure de concert.
Deuxième / Second
Dans le langage soutenu, il convient de préférer deuxième lorsque
l’énumération d’une liste dépasse le chiffre deux. En revanche, on utilise
plutôt second lorsqu’il n’y a que deux éléments dans une liste. Règle simple et
facile à appliquer. Mais Littré a semé le trouble en contestant cette
distinction qui ne s’est jamais imposée clairement.
Espace
Dans la plupart des cas, le mot espace est un substantif masculin. Notamment
lorsqu’il désigne une distance, une étendue géographique ou temporelle : un
espace vert ; un espace entre deux chaises ; un interminable espace de temps ; un espace
entre deux dates.
Mais espace est bel et bien un substantif féminin lorsqu’il correspond à
l’intervalle qui sépare deux caractères d’imprimerie. Ce qui se traduit par
une portion de feuille blanche à l’impression du texte. Nous sommes là dans
le domaine spécifique du vocabulaire des typographes, graphistes et
imprimeurs. Dans la langue française, il y a une espace après tout point de ponctuation.
Cf. Chapitre Ponctuation.
La République française est un État démocratique qui est passé de l’état de nature à
l’état de droit.
Impératif
Les verbes du premier groupe ne prennent pas de « s » final à la deuxième
personne de l’impératif présent : chante (sans honte) ; entre (dans la pièce) ; mange
(ta soupe) ; nage (sur le dos)… Idem pour le verbe aller (troisième groupe), qui
donne à l’impératif : va t’asseoir.
En revanche, il y a un « s » final pour les verbes des autres groupes : cours
(plus vite) ; écris (sans faute) ; entends (cette belle chanson) ; finis (ton repas).
Subsistent quelques exceptions pour des verbes qui ne sont pourtant pas du
premier groupe et qui ne prennent cependant pas de « s » final : accueille (ta
famille) ; aie l’air intelligent) ; assaille-le (de questions) ; couvre (la maison de tuiles) ;
cueille (des pommes) ; offre-moi (un cadeau) ; sache (que je ne t’en veux pas) ; veuille
(m’excuser)…
Toutefois, les choses se compliquent dès que le verbe est suivi de pronoms
adverbiaux tels que « y » ou « en ». Pour éviter la disgrâce phonétique, on
ajoute un « s » et un trait d’union : vas-y, manges-en. Mais bien sûr : va en
chercher, ose y aller (les pronoms dépendent ici de l’infinitif et non pas du verbe
à l’impératif, donc, ni « s » ni trait d’union). Et si « en » est préposition (et
non pas pronom), pas de « s » ni de trait d’union : parle en chef, va en paix,
mange en silence…
D’une façon générale, on place un trait d’union entre l’impératif et le
pronom : regarde-le ; mange-le (mais manges-en, Cf. Ci-dessus) ; fais-le examiner
par un médecin ; dis-le ; écoutez-les se disputer…
S’il y a deux pronoms qui dépendent de l’impératif, deux traits d’union :
donne-le-lui, rends-les-leur, allons-nous-en, montrez-le-lui… Et les pronoms « y » ou
« en » viendront toujours après les autres pronoms personnels : parlez-lui-en ;
menez-nous-y. Mais, bien sûr, un seul trait d’union lorsque le second pronom
dépend d’un infinitif : envoyez-le y passer des vacances ; écoute-la leur chanter sa
chanson ; laisse-la lui parler ; regardez-nous le faire.
On
Venu du nominatif latin homo (homme), on est un pronom personnel indéfini
(XIIe) et invariable. Il remplace un être animé, en faisant toujours fonction de
sujet. On désigne les humains en général, les gens, un pékin quelconque ou
un quidam en particulier. Jadis, on mourait très jeune. On dira que tout va bien. On
est furieux de la hausse des impôts.
Petit mot très usité dans le langage parlé, ce pronom est souvent employé à
l’excès dans des textes qui prouvent la faiblesse littéraire de l’auteur. Aussi
convient-il de ne pas en abuser.
Participe présent
Il peut exister des orthographes différentes entre le participe présent et
l’adjectif (adhérant-adhérent, différant-différent, divergeant-divergent,
négligeant-négligent, précédant-précédent, suffoquant-suffocant…) ou entre
le participe présent et le substantif (adhérant-adhérent, affluant-affluent,
fabriquant-fabricant...). Comprenez bien ce que vous avez écrit : participe
présent, adjectif ou substantif.
Par ailleurs, lorsque les graphies sont semblables, attention de faire la
distinction entre participe présent, adjectif ou nom. C’est fondamental afin
d’éviter toute erreur d’accord. Retenons un principe simple : le participe
présent est un verbe qui exprime une action passagère ou limitée dans le
temps. Il reste alors invariable. De son côté, l’adjectif verbal s’accorde en
genre et en nombre.
Pis / Pire
L’adverbe (XIIe) pis est le contraire de mieux. C’est un comparatif qui peut
remplacer plus mal ou plus mauvais. Le terme s’emploie aussi dans une
fonction adjectivale littéraire. Sans oublier la fonction nominale où pis
signifie « chose plus mauvaise ».
De son côté, pire est l’adjectif comparatif de mauvais. Pire remplace alors plus
mauvais.
Enfin, pis et pire sont interchangeables lorsqu’ils se rapportent à un pronom
neutre ou indéfini.
Cela ne va ni mieux ni pis qu’avant la guerre. Les choses vont de mal en pis. Cela est
bien pis. C’est pis que jamais. Il n’y a rien de pis. Elle a fait pis. On s’attendait à bien
pis. Il m’en a dit pis que pendre. En mettant les choses au pis. Le pis de tout, c’est que…
Par crainte du pis. Le pis qui puisse lui arriver.
L’humanité est-elle devenue meilleure ou pire ? Cet argument est pire que le précédent.
Elle est de pire humeur que la semaine dernière. Il n’est pire misère que la solitude. Nous
avons connu les pires ennuis pour rentrer.
Cela est probablement pire (ou pis). Ils prennent du pouvoir ce qu’il a de pis (ou de
pire). Rien de pis (ou de pire) ici bas.
Sans
Petit mot employé sans article devant un substantif, la préposition sans
(milieu XIe) impose souvent un singulier. Soit parce qu’il s’agit d’une
abstraction. Partir sans hâte (retour, honte, impatience, peur, effort, rancune, bruit). Soit
parce que le terme évoque l’unité. Un homme sans chapeau (veste, pantalon) ; une
boîte sans couvercle (car une boîte n’a qu’un couvercle) ; une voiture sans volant ; un
café sans sucre ; travailler sans arrêt ; un enfant sans père.
Notons aussi que l’on peut cumuler sans et une négation (aucun, nul, rien,
jamais, etc.). Sans aucun (nul) doute ; sans aucune preuve ; sans rien demander à
quiconque ; sans jamais se plaindre. Attention, la tournure sans pas un (il travaille
sans pas un employé) est incorrecte.
Le syntagme figé il viendra sans faute (à coup sûr, très certainement) reste
toujours au singulier. Par ailleurs, on écrit un sans-faute et des sans-fautes (car il
s’agit alors d’un substantif, milieu XXe). On écrira sans façon au singulier :
dîner ou personnage sans façon ; accepter sans façon ; non merci, sans façon (tournure
qui exprime la simplicité, la franchise).
Attention aux tours parfois curieux qui utilisent sans suivi d’une négation.
Ce qui équivaut à une affirmation. Il a quitté la scène non sans difficulté (avec
difficulté, donc singulier). Raconter sa vie, non sans oublier un épisode tragique (tout
en oubliant un épisode secret). Raconter sa vie, non sans ajouter quelques épisodes
tragiques (tout en ajoutant, donc pluriel). Ne pas être sans argent (être riche).
Notons encore qu’il convient d’employer le subjonctif après sans que : il ne se
passe une semaine sans qu’elle aille chez le coiffeur. Il l’aime éperdument, sans qu’elle le
sache (mais surtout pas la tournure fautive sans qu’elle ne le sache, puisque sans
porte déjà la notion de négation).
Enfin, répétons que sans est une préposition et que le mot ne peut en aucun
cas s’employer comme un adverbe. Les formes suivantes (souvent orales)
sont totalement fautives : il a oublié son téléphone portable, pourtant il ne peut pas
faire sans. Il pleut, j’ai un parapluie, mais je suis sorti sans.
Sabler
e
Verbe venu du XVI siècle, sabler évoque l’action qui consiste à couvrir de
sable une surface verglacée, pour éviter aux voitures et aux humains de
glisser. Dans une autre acception, sabler décrit l’action technique qui consiste
à couler dans un moule de sable une matière en fusion. Geste nécessitant
rapidité et dextérité.
Nous voilà dans un « champ » qui reste à défricher et qui ne ressemble pas
encore au « chant » d’un langage cohérent et soutenu. Toutefois, notre
langue ayant l’énorme avantage de rester vivante, elle doit s’ouvrir (et sait le
faire depuis des siècles) à moult apports recueillis au-delà de nos frontières
hexagonales et à l’intérieur même des inventions, parfois drolatiques, de nos
conversations usuelles et écrits quotidiens, notamment ceux que nous
suggère la communication informatique (courriels, réseaux sociaux et
textos).
Dans les notules qui illustrent ce chapitre, qui se veut un plaisant intermède,
il ne faut pas juger la valeur linguistique, sémantique, orthographique,
grammaticale ou syntaxique de la tournure. Le temps fera son œuvre.
Notons que nombre de ces mots ou syntagmes sont tout à fait corrects, y
compris dans le contexte souvent spécifique de leur utilisation à l’intérieur
d’une conversation (les tics de langage concernent plutôt l’oralité). En
revanche, la répétition excessive de telle ou telle autre expression devient
ridicule et agaçante. Un peu comme si le locuteur ne connaissait plus que
ladite tournure à nous servir à l’envi dans n’importe quelle situation. Et c’est
précisément là que le tour peut devenir fautif.
Absolument / Carrément
/ Complètement / Parfaitement / Tout à fait
Les évolutions de notre langue orale sont surprenantes. Tandis que les
troncations (aphérèses et apocopes) vont bon train (télé, ciné, dac pour
d’accord, à plus pour à plus tard), on voit arriver un contingent de mots très
longs pour remplacer le terme qui reste l’un des plus utilisés dans une
journée de dialogues : oui.
Cet adverbe d’affirmation (XVe) pourtant court, simple et concis a été chassé
par : absolument (début XIIIe), carrément (fin XVIIe), complètement (XIIIe), parfaitement
(XIIe), mais aussi par la locution adverbiale tout à fait (XIIe). On peut imaginer
que le côté dodu de ces termes a été choisi pour donner un peu d’emphase à
un propos banal.
À plus
À bientôt. En fait, à plus est la troncation du syntagme figé à plus tard. Dans
les courriels, on voit même désormais fleurir un « superbe » A+.
Après
La préposition après (XIIe) introduit l’idée d’un événement qui se déroule
postérieurement à un autre dans le temps : après le cinéma, on ira au restaurant.
Nous sommes très proches de ensuite, ultérieurement, subséquemment.
Les choses se compliquent avec notre tic de langage. En effet, après est
rarement employé dans le sens de ensuite. Le mot vient ici rythmer chaque
fin phrase (ou presque), sans la moindre raison syntaxique recevable. Un
peu comme s’il s’agissait d’un nouveau signe de ponctuation qu’il
conviendrait de prononcer pour maintenir l’attention de l’auditoire. Ainsi,
la narration reste en suspens une ou deux secondes, le temps que ce
médiocre tribun trouve ce qu’il veut dire.
On est allés au ciné. Bon après, le film était triste et Julie aurait bien bu un pot. Mais
Marie-Chantal ne voulait pas. Après, bon, tu vois, elle avait raison, il était tard. Alors on
est allés direct au restau. Mais bon, après, c’était toujours aussi tard. Parce que, bon, tu
vois, après, faut se garer. Alors on est rentrés se coucher. Bon après, si tu veux, c’était pas
plus mal, avec le boulot le lendemain.
ASAP (asap)
Cette formule a été conçue par de fringants godelureaux, frais émoulus
d’une modeste école de commerce, qui ne peuvent pas s’empêcher de frimer
en suggérant qu’ils maîtrisent à merveille la langue de Shakespeare. Au
point de caser avec aisance dans la conversation l’acronyme d’une
expression anglaise : as soon as possible (dès que possible, rapidement).
Ce tour fut d’abord utilisé de façon orale et humoristique, mais il a vite
gagné une connotation pédante pour s’immiscer dans de nombreux
courriels professionnels.
À très vite
À bientôt. L’adverbe bientôt (XIVe) signifie : prochainement, dans peu de
temps, dans un futur proche. L’adverbe vite (début XVIe) exprime l’idée de
vitesse : aller, courir vite. Par surcroît, vite définit aussi la notion d’une courte
durée : au plus vite (dans le plus court délai) ; à la va-vite (rapidement) ; avoir
vite fait de (ne pas tarder).
Dans belle journée (soirée), l’adjectif belle (début Xe) veut exprimer un sentiment
de satisfaction qui s’oppose à médiocre. On peut ainsi évoquer une belle
promenade, là aussi dans le sens d’agréable. La formule belle journée n’est
donc pas incorrecte.
C’est clair
L’adjectif clair (fin XIe) signifie : éclatant, voire lumineux. En conséquence, le
syntagme c’est clair n’a rien de fautif pour exprimer une idée simple : j’ai
compris (ce qui a été dit, argumenté) ; cela tombe sous le sens ; c’est
manifeste ; c’est sans équivoque possible. Clair revient à la mode en ce début
de XXIe siècle alors qu’il a été lexicalisé par le passé sous une forme
exclamative (fin du XIIe) pour dire : c’est sûr, c’est certain, c’est vrai. La
tournure s’utilise surtout en signe d’acquiescement dans un dialogue.
C’est juste…
Ce syntagme signifie : c’est tout simplement, c’est vraiment, c’est
franchement. Il survient avant des mots tels que : passionnant, faux,
incroyable, impossible, pas possible, idiot, génial. Juste est ici utilisé dans sa
forme adverbiale (début XVIIe). Dans cette utilisation, juste n’est pas un
e
adjectif (milieu XII ) qui exprimerait l’idée de justice, d’impartialité, de
loyauté (arbitre juste, cause juste) ou la notion de justesse (à l’heure juste,
note juste, balance juste).
Du coup
Le mot coup (n. m., IXe) dégage de multiples notions. La frappe, le choc (un
coup de poing, de pied, prendre un coup sur la tête…) ; le mouvement
(coup d’aile, coup d’œil, coup de fourchette, coup de vent…) ; l’action (coup
d’audace, coup de chance, coup de maître, coup de folie…). Le syntagme
figé du coup appartient à cette dernière catégorie. Il signifie : en conséquence,
après cela, à cause de cela, de ce fait. Du coup est correct, sauf si le tour
devient un tic de langage utilisé dans quasiment chaque phrase d’un
locuteur qui raconte une histoire ou développe une idée.
En même temps
Remise au goût du jour par Emmanuel Macron au cours de sa campagne
pour l’élection présidentielle en 2017, la formule en même temps a fait florès
dans de nombreuses conversations. Soit sur un ton humoristique, voire
sarcastique, soit avec la même acception que celle voulue par celui qui est
depuis devenu président de la République. Cette locution adverbiale (fin XIe)
résumait la philosophie politique développée par le candidat Macron :
rassembler « en même temps » des idées de droite et de gauche. C’est
exactement le sens de la formule : simultanément, parallèlement, à la fois.
Seulement voilà, comme pour la plupart des tics de langage qui sont
employés sans réfléchir, le fameux en même temps usuel (devenu macronien) a
été détourné de sa sensibilité première. Car, dans la quasi-totalité des cas, la
tournure ne remplace pas à la fois, mais elle voudrait plutôt suggérer (sens
fautif) : a contrario, à l’inverse, curieusement. En d’autres termes, les deux
volets du propos sont incompatibles. Le ministre de l’Économie va réduire le nombre
de fonctionnaires, et, en même temps, il veut assurer un service public de qualité. Il faut
favoriser l’écologie, et, en même temps, soutenir par des aides publiques l’industrie
automobile. Julie veut manger des produits écologiques, et, en même temps, réduire ses
dépenses alimentaires. Le gouvernement veut diminuer la dépense publique, et, en même
temps, baisser les impôts.
Les phrases qui précèdent peuvent devenir correctes à condition d’utiliser
impérativement le conditionnel (il faudrait). Et encore, elles expriment deux
notions contradictoires qui ne peuvent pas exister « en même temps ».
Final (au final)
La locution latine in fine a été lexicalisée en français vers la fin du XIVe siècle
pour dire : en fin de compte. Quant à l’adjectif final (XIIe), il dérive du bas
latin finis (fin). La locution adverbiale au final est donc correcte en synonyme
de : finalement, in fine, en conclusion.
Genre
Quand on entend elle est genre vulgaire, cela équivaut à : elle a un genre
vulgaire, elle a mauvais genre. Le mot (n. m., début XIIIe) est ici pris dans
l’acception : façon de se comporter ou de s’habiller. Genre est synonyme de :
style, allure, attitude. On ne peut pas dire que ce nouveau syntagme soit bon
chic bon genre ! Parfois, il y a une élision totale du verbe être.
Grave
Même en cherchant bien les diverses acceptions de grave (adj., début XIVe), il
s’avère délicat de trouver une quelconque connexion entre le sens de ce
terme et celui que lui donne ce nouveau syntagme.
Rentrer grave tard, être grave débile (ou génial) semble signifier très ou trop. Or,
grave est plutôt synonyme d’austère, sérieux, sévère, solennel, sombre. Mais
aussi de : alarmant, dramatique, critique, tragique. Sans oublier de parler
du son ou de l’accent grave.
Autant peut-on trouver, après quelques contorsions sémantiques, un
soupçon d’ambiguïté dans la modernité de certains tics de langage, autant
celui-ci me semble-t-il briller par sa profonde vacuité.
International (à l’international)
Une entreprise qui travaille à l’international exercerait ses activités
industrielles et/ou commerciales dans de nombreux pays. Cette formule,
pour le moins maladroite, a été calquée sur des expressions du type : droit
international, politique internationale, relations internationales. Sauf que
dans ces derniers exemples, le mot est bel et bien utilisé dans sa valeur
d’adjectif.
Certes, le terme international existe sous la forme d’un substantif, mais
seulement dans le cas précis d’un sportif : un international de foot, de
rugby… On peut aussi parler de l’Internationale, l’union des prolétaires de
différentes nations qui défendent des revendications socio-économiques
communes. Travailler à l’international est donc une tournure totalement fautive
du point de vue grammatical.
Interne (en interne)
La locution adverbiale en interne est utilisée dans le monde des affaires, pour
parler d’une activité qui s’effectue avec des moyens (humains, financiers,
industriels, commerciaux) internes à l’entreprise. On dit aussi pourvoir un poste
en interne : recruter à l’intérieur même de la société, sans faire appel à des
candidats extérieurs. Le mot interne semble avoir ici son sens : situé en
dedans, tourné vers l’intérieur. Formule peu convaincante, même si elle fait
florès dans les directions des ressources humaines.
Ou pas
L’adverbe de négation pas (fin XIe) s’utilise surtout avec ne : il ne sait pas ; il ne
veut pas nous revoir ; ce n’est pas qu’il a peur de l’avion, mais il préfère le train. Mais
l’adverbe peut aussi s’employer sans le ne : certainement pas ; pas tout à fait ; pas
un ; pas grand-chose.
Existe également un autre tour correct (voire soutenu ou littéraire) : qu’il
m’invite ou pas m’importe guère ; le père respecte l’homosexualité de son fils, la mère pas.
Dans ces deux exemples, pas remplace non. Idem dans le tour figé à la
mode : ou pas signifie ou non. Même si ce syntagme peut agacer certains
exégètes, il n’a rien de réellement fautif. Le fait de l’utiliser en fin de phrase
peut dérouter un peu l’oreille.
Pas que
Le petit mot que se retrouve dans un grand nombre de syntagmes. Pour
simplifier, que est un adverbe (fin XIe), issu du latin quid : que m’importe vos
arguments ; que sait-il de moi ? ; que n’êtes-vous pas encore rentrés ; que c’est idiot de
pleurer ainsi.
Mais que est aussi un pronom, relatif ou interrogatif (milieu IXe) : c’est
l’argument que m’a donné le juge ; il voudrait que je sache ; pauvre mortel que je suis ;
advienne que pourra ; que sais-je ? ; que fais-tu ? ; que se passe-t-il ?
Enfin, que peut jouer le rôle d’une conjonction (milieu IXe) : c’est sympa que tu
viennes ; peut-être que les enfants vont partir ; voilà que le temps s’éclaircit ; venez me voir
que nous causions.
e
À la fin du IX siècle, la conjonction que apparaît dans une formulation au
côté de ne, pour marquer la réduction, la limitation, l’exception : ils ne seront
là que demain ; dix pièces d’un euro ne font qu’un billet ; n’en faire qu’à sa tête ; il n’est
que de s’amuser pour être heureux ; il n’aime que moi. Dans ces différents exemples
usuels, ne…que équivaut sensiblement à seulement.
Or, dans la tournure pas que, qui nous retient ici, il faut comprendre que
l’adverbe de négation ne a été remplacé (dans un usage oral inconscient des
locuteurs) par un autre adverbe de négation : pas. Ce qui reste à l’évidence
fautif. Utilisé seul, que n’équivaut jamais à seulement. Donc pas que ne peut en
aucun cas signifier pas seulement.
Quelque part
e
L’utilisation de la locution adverbiale de lieu quelque part (début XVI ) est
possible et correcte lorsqu’elle désigne la notion d’un endroit imprécis, voire
indéfini. Soit parce que le locuteur reste discret et ne veut pas le nommer,
soit parce qu’il ne peut pas (ou ne sait pas) préciser le lieu en question. J’ai
déjà vu ce monsieur quelque part ; j’ai déjà lu cet article quelque part.
Mais la locution s’utilise souvent à l’oral dans un sens abstrait, inclassable du
point de vue linguistique. Dans ce type d’emploi, la formule est pour le
moins maladroite, voire fautive. Même si elle exprime effectivement la
notion d’un lieu difficile à désigner.
Quelque part, cela me ferait du bien de partir en vacances. Depuis son mariage, quelque
part, il va beaucoup mieux. Quelque part, j’ai honte.
Souci (y’a pas de souci)
Désormais, on ne dit plus y’a pas de problème mais y’a pas de souci. Cette
formulation est fautive. Ces deux mots ne sont ni interchangeables ni
synonymes.
e
Problème (n. m., fin XIV ) vient du grec problêma. Il s’agit d’une difficulté (ou
question) qu’il faut s’attacher à résoudre : bien sûr les problèmes
scientifiques, mais aussi les problèmes de poids, relationnels, etc. Le
problème implique que l’on s’attache à trouver une solution, ce qui
demande une volonté certaine, voire une réelle pugnacité.
e e
Souci (n. m., XIV ) dérive de soucier (v. tr. ; ou pron., milieu XIII ). À savoir,
causer de l’inquiétude à quelqu’un, se tourmenter, s’inquiéter : il me soucie en
rentrant si tard le soir ; elle ne se soucie jamais de la santé de ses parents. Le souci
correspond donc a une inquiétude profonde, bouleversante, troublante. Le
genre de préoccupation qui tourneboule l’esprit. Le souci appartient au
domaine des émotions ou de l’affectivité. Dans les faits, c’est un problème
qui engendre du(des) souci(s).
Trop
L’adverbe trop a fait son apparition dans le langage des jeunes pour dire :
beaucoup, excessivement, extrêmement. Trop devient alors une sorte de
superlatif de très : on est trop bien ici ; c’est trop beau ; ce joueur, il est trop fort ; ce mec,
il est trop sympa.
Et on trouve même un tour radical : ce prof, il est trop ! Ce qui peut exprimer
une notion dépréciative ou largement admirative : il exagère (n’est pas cool)
ou il est génial, incroyable, extraordinaire. Ces emplois ne sont pas fautifs.
Voilà
Encore un mot utilisé comme une espèce de signe de ponctuation oral.
Dans son emploi sous forme de tic de langage, à l’instar de après, cette
préposition termine inutilement les phrases de celui qui imagine que son
voilà vient souligner ce qui a été dit. Or, dans la quasi-totalité des cas, le mot
est prononcé sans même que le locuteur s’en aperçoive.
Pourtant, voilà peut servir à formuler une multitude de situations : voilà
Norbert qui arrive ; voilà un chèque ; nous voilà bien fatigués ; le voilà qui s’énerve ;
soudain, voilà la pluie qui se mit à tomber.
Mais voilà peut aussi présenter des choses qui viennent d’être exposées : voilà
tout ce que nous savons ; voilà ce qui fait que je vais déménager. C’est dans cette
dernière catégorie qu’il faut classer notre tic de langage.
Grammaticalement, son emploi n’est pas fautif. Mais sa répétition toutes les
dix secondes est prodigieusement irritante, et fondamentalement superflue.
Voilà est souvent accompagné de bon, en fait, quoi. Voire du célèbre après (cf.
plus haut). On peut d’ailleurs remplacer l’un par l’autre.
On est allés au ciné. Bon voilà. Après, Julie aurait voulu boire un verre, voilà quoi.
Mais Norbert ne voulait pas. Alors on est allés au restau. En fait, voilà. Alors bon, on est
tous rentrés se coucher. Après, bon voilà, ce n’était pas plus mal, avec le boulot le
lendemain.
1. Cf. Métaphores, je vous aime, First Éditions, 2018.
Homonymies
Dans cette danse subtile de la méprise, il faut évoquer les paronymes. Des
mots si proches que beaucoup les confondent : imminent / éminent, en
lice / en liste, goulet / goulot… Restent les polysémies, à savoir les vocables
qui possèdent moult définitions. Pour reprendre l’exemple précédent, cor et
cor existent sous la forme de deux termes distincts, tandis que place est un
seul et même mot qui définit plusieurs choses : un lieu public (esplanade), un
endroit individuel (siège), une entrée (billet de théâtre), une position dans un
classement (rang). Tout cela pour dire que la polysémie se distingue de
l’homophonie au regard de l’étymologie.
Les lecteurs qui souhaitent approfondir ce sujet peuvent lire Le Bouquin des
mots savoureux, cocasses et polissons (collection « Bouquins », Robert Laffont,
2017, pages à 827 à 960).
Les trois listes qui suivent ne sont bien évidemment pas exhaustives.
Mots homophones,
mais non homographes
Erre (n. f.), vitesse, allure, lancée : un navire glisse sur son erre.
Erre (3e p. sing., présent de l’indicatif) verbe errer : divaguer, vadrouiller.
Un triste hère, revêtu d’une haire, erre dans notre ère au rythme de son erre. Il se nourrit
d’ers et respire l’air de la ville dans l’aire de son fief miséreux.
Amande / Amende
Ne pas confondre la graine comestible de l’amandier (amande) avec la
contravention (amende).
Le fait d’avoir pris une amende n’empêche pas Julie de se goinfrer d’amandes.
Les beaux yeux en amande de Marie-Chantal n’ont pas séduit le policier. Elle a pris
une amende.
Ancre / Encre
L’ancre est une lourde pièce d’acier qui glisse le long d’une coque pour
immobiliser un navire en s’accrochant aux fonds marins. La coque en
question (corps extérieur du bateau) se distingue sans difficulté de la coke
(abréviation populaire de cocaïne, produit extrait du coca utilisé en médecine
et/ou par les toxicomanes), du coq (mâle de la poule dans une basse-cour), et
de l’enveloppe calcaire de l’œuf (œuf à la coque).
De son côté, l’encre est un liquide coloré qui laisse une trace permanente
sur une feuille et qui sert à écrire.
Norbert jette l’ancre le long de la coque avant de tremper sa plume dans l’encre pour
raconter l’histoire d’un étrange coq qui prend de la coke.
Auspices / Hospice
Auspices (n. m., pl.) : augure, présage. Dans l’Antiquité romaine, signe qui
permettait de prévoir le futur en fonction de l’observation du vol
(mouvement, direction ou chant) des oiseaux. Aussi parle-ton aujourd’hui de
favorables ou funestes auspices (conditions, influences).
Mais on trouve aussi sous les auspices de quelqu’un ou d’une organisation : avec
l’appui, la recommandation, la protection de… (sous l’égide de…).
Hospice (n. m.) : établissement qui accueille malades, vieillards, infirmes,
orphelins.
Bai / Baie / Bey / Bée
Bai (adj., féminin : baie). D’une couleur brun rouge, fauve : cheval bai,
jument baie.
Baie (n. f.), fruit charnu, parfois sauvage, en forme de boule. Raisin et
myrtille sont des baies.
Baie (n. f.), large échancrure en arc de cercle créée par l’avancée de la mer
sur la grève. Anse, crique, golfe.
Bey (n. m.), titre que portent les vassaux d’un sultan.
Bée (adj., f.), rester bouche bée : bouche ouverte en signe d’étonnement, de
stupeur, d’admiration. Être hébété, interloqué, ébaubi.
Bayer (v. int., fin XIIe). Rester la bouche ouverte, rester bouche bée. Le verbe
dérive de béer (début XIIe), même sens. D’où la tournure toujours vivace :
bayer aux corneilles. En l’occurrence : rêvasser, regarder en l’air, perdre son
temps.
Toujours avec la même sonorité, ne pas confondre la baille (la mer, l’eau,
dans l’argot de la marine) et un bail (contrat qui lie un propriétaire et un
locataire), dont le pluriel est baux. Ce terme étant lui-même un homophone
de : baud (unité de mesure de la vitesse de modulation d’un signal) ; beau
(admirable, agréable, charmant) ; bot (adjectif que l’on trouve dans le
syntagme figé pied bot : pied difforme, contrefait).
Tandis que Norbert baye aux corneilles sur la terrasse en écoutant chanter les oiseaux,
Julie bâille dans son lit, accablée de fatigue, en laissant bailler le col de son peignoir.
Bailleur / Bâilleur
Le bailleur propose quelque chose à louer (se dit le plus souvent pour un
appartement ou une maison). Au féminin, on parle d’une bailleresse. L’autre
bâilleur est une personne recrue (fatiguée jusqu’à l’épuisement), qui bâille
souvent. Un proverbe populaire dit : un bon bâilleur en fait bâiller sept.
Balade / Ballade
Chacun aime faire une belle balade (sur ses deux jambes, mais avec un seul
« l ») en récitant une agréable ballade : poème de forme libre et régulière
composé de trois couplets, d’un refrain et d’un envoi (dernière strophe de
quatre vers qui dédie le texte à une personne précise). Genre rendu célèbre
par François Villon (1431-1463). Au milieu du XVIe siècle, la ballade fut aussi
une chanson à danser et/ou la danse qui l’accompagne.
Quant au rubis balais, il s’agit d’un rubis de couleur violacée, parfois rouge-
rosé.
Ban / Banc
Le ban est une proclamation officielle annoncée publiquement. Notamment
lorsqu’il s’agit d’une annonce solennelle : les bans de mariage. Par extension :
roulement de tambour précédant la déclaration d’un ordre, la remise d’une
décoration : ouvrir, fermer le ban. Au Moyen Âge, le ban désignait une région
sous domination d’un seigneur, mais aussi la convocation des vassaux par le
suzerain. D’où la formule : convoquer le ban et l’arrière-ban.
Par ailleurs, le ban est aussi l’exil (bannissement) auquel une autorité
politique peut condamner un assassin (bandit, brigand, malfrat). Par
analogie et extrapolation, la tournure mettre quelqu’un au ban de la société
signifie que la communauté le place en dehors du champ habituellement
reconnu par la collectivité locale. Exclu et rejeté de tous, ce gêneur est
soumis au mépris public, à la vindicte populaire.
Norbert et Julie ont publié les bans de leur mariage. Le jour de la cérémonie, les invités
siégeaient sur les bancs de l’église. Sauf ceux mis au ban de la société.
Bas / Bah / Bât
Petit mot apparu dès le XIIe siècle et dérivé du latin bassus (VIIIe), l’adjectif bas
qualifie un objet ou une position de faible hauteur (mur bas, tabouret bas,
plafond bas). Mais on peut aussi évoquer la partie basse d’une ville ou la
marée basse. Par ailleurs, on achète parfois un objet à bas prix. Enfin, un
coup bas est souvent dicté par l’égoïsme et il marque l’absence de tout sens
moral.
Basilic / Basilique
La plante aromatique (basilic) utilisée en cuisine ne pousse généralement pas
dans une église construite pendant le haut Moyen Âge (basilique).
Bis / Bisse
Dans l’interjection bis (demande d’une nouvelle version de ce que l’on vient
de voir ou entendre), le « s » final se prononce. Pour l’adverbe bis, qui
indique une répétition (habiter le 23 bis d’une rue, ou, un itinéraire bis), il
faut là aussi prononcer très distinctement le « s » final.
e
Bis est donc un parfait homophone de bisse (n. m., milieu XVI ) : canal qui
conduit l’eau des montagnes à des terres cultivées afin de les irriguer.
Butoir / Buttoir
Couteau qui sert à racler le cuir ou à sculpter le bois, le butoir se présente
aussi sous la forme d’un objet ou dispositif qui permet de stopper un
élément mobile : butoir de porte, par exemple. Quant à la date butoir, il
s’agit du dernier délai autorisé pour accomplir une tâche quelconque.
De son côté, le buttoir est une sorte de petite charrue utilisée pour le
buttage, c’est-à-dire pour butter une plante ou un arbuste. Autrement dit, le
buttage consiste à placer de petites buttes de terres au pied de ladite
plantation.
Céans / Séant
e
Adverbe apparu vers la moitié du XII siècle, céans signifie dedans, ici, en ce
lieu. Le maître de céans : le patron (propriétaire) du domaine, de la maison,
de l’endroit.
Assis sur son séant, le maître de céans donne les ordres du jour à toute la maisonnée.
Chemineau / Cheminot
Trimardeur, nomade ou vagabond, le chemineau se baguenaude (chemine)
ici ou là sur les chemins campagnards. Il subsiste en effectuant de modestes
travaux agricoles. Certains vivent purement et simplement d’aumônes,
d’autres de larcins.
Comptant / Content
Le consommateur qui paie comptant (argent comptant) règle son achat sur-
le-champ, sans terme ni crédit. On dit familièrement : payer cash.
L’adjectif content signifie : satisfait, heureux, enchanté, ravi, comblé. On dit
aussi être content de soi pour évoquer l’attitude d’un personnage
prétentieux.
Date / Datte
Fruit comestible du dattier, la datte (souvent séchée, voire fourrée et
conditionnée sous film papier) se mange à n’importe quelle date (jour, mois,
année, moment).
Flan / Flanc
Crème à base de lait, d’œufs et de farine cuite au four, le flan (XIVe) reste un
dessert fort apprécié des gourmets et pâtissiers, tant sa recette peut se
décliner à l’infini. Plus prosaïquement, c’est aussi un disque destiné à
recevoir une empreinte par pression : flan d’une monnaie ou d’une
médaille.
Le mot a engendré maintes expressions : rester comme deux ronds de flan, origine
insondable (être hébété, abasourdi, interloqué) ; en faire tout un flan (exagérer
de façon démesurée un événement quelconque, en faire toute une histoire,
tout un plat).
Dans le langage familier, on entend : c’est du flan (c’est faux, ridicule) ; y aller
au flan (au hasard, au petit bonheur).
De son côté, le mot flanc (fin XIe) désigne la partie latérale du corps humain,
de certains animaux, de certains objets. Là encore, ce terme a généré de
multiples locutions populaires aux origines souvent inconnues, ce qui a
probablement contribué à développer la confusion entre flan et flanc : être
sur le flanc (être alité, fatigué) ; mettre quelqu’un sur le flanc (l’exténuer, briser ses
forces) ; tirer au flanc (se débrouiller pour échapper à un devoir) ; prêter le flanc
(s’exposer aux critiques d’autrui) ; s’en battre les flancs (s’en moquer
éperdument).
Déguster un flan dans un restaurant étoilé, Julie s’en bat les flancs.
L’heure (milieu XIIe) correspond bien sûr à une durée de soixante minutes,
soit aussi la vingt-quatrième partie de la journée.
Quant au heurt (XIIe), il s’agit d’un coup, d’un choc, d’une saccade. Mais
également d’un accrochage (des heurts entre police et manifestants).
Norbert eut l’heur (la joie) de rencontrer sa future sa belle-mère, mais il n’a pas eu
l’heur (la chance) de lui plaire.
Julie fait une heure de jogging chaque jour.
Mot / Maux
Élément de langage qui se compose d’un son ou groupe de sons qui
correspond à un sens, le mot entre dans la production d’une phrase. De leur
côté, les maux causent souffrance (physique ou morale), peine, douleur.
Maux est le pluriel de mal (n. m., Xe).
Palier / Pallier
Le palier (avec un seul « l »), ressemble à une sorte de plateforme située
entre deux parties d’un escalier, entre deux étages. Au figuré, le palier
correspond à une pause ou à une stabilité éphémère. L’été dernier, on a observé
un palier dans la progression du nombre de touristes.
e
Quant au verbe transitif pallier (tout début XIV ), il signifie cacher, déguiser,
mais aussi, dans un sens moderne, résoudre de façon passagère.
Cf. Pallier. Chapitre Bon usage.
Penser (v. int., ou tr. indirect) : activer son esprit en combinant des idées,
réfléchir, raisonner, spéculer, méditer, songer, imaginer, se rappeler…
Quant à la pensée, elle découle de la vitalité de l’esprit qui consiste à penser.
C’est un phénomène psychique qui affecte la conscience.
Avant d’aller travailler, Julie n’eut aucune pensée pour Norbert, victime hier d’une chute
de bicyclette. Elle aurait pu penser à le panser.
Raisonner / Résonner
Faire usage de notre raison ou de notre jugement conduit à raisonner (XIVe),
notamment pour résoudre un problème mathématique, une difficulté de la
vie quotidienne ou pour parvenir à une conclusion satisfaisante après avoir
su mener un processus de réflexion logique. Dans une forme transitive, le
verbe peut aussi avoir le sens d’argumenter ou de convaincre : raisonner un
ami pour qu’il arrête de fumer.
Résonner (v. intr., milieu XIIe) s’attache au mot son. Un tambour, une cloche
ou une grande pièce vide résonne.
Rate / Ratte
Femelle du rat (mammifère rongeur à museau pointu), mais aussi organe
situé sous la partie gauche du diaphragme, la rate n’a rien de commun avec
la ratte, savoureuse pomme de terre allongée, à chaire jaune, aussi appelée
« quenelle de Lyon ».
Norbert doute que les rates puissent aimer manger des rattes.
Quant au renne, imposant mammifère ongulé aux bois aplatis, il vit dans les
régions froides de l’hémisphère Nord. Personne ne l’a donc jamais côtoyé
dans la région de Rennes (ville de l’ouest de la France).
Repaire / Repère
Refuge, gîte, voire tanière, le repaire sert d’abri. Il permet de se réfugier,
voire de fuir des hordes ennemies.
De son côté, le repère est une sorte de marqueur qui définit un rang (grade,
hiérarchie, échelle, niveau) ou qui permet de retrouver son chemin. D’où le
syntagme figé : un point de repère.
Satire / Satyre
Propos ou texte virulent, la satire se moque avec talent et humour d’un
personnage public, d’un comportement ridicule, d’une mode extravagante,
d’événements d’actualité. Gouvernements, religions et institutions sont la
cible privilégiée de la satire. Nous sommes là dans le champ du libelle, du
pamphlet ou de la diatribe.
Quant au satyre, il s’agit d’une divinité mythologique représentée sous la
forme d’un corps humain doté de cornes et de pieds de bouc. Dans un sens
courant : personnage lubrique, obscène, cynique et débauché. Voire
exhibitionniste.
Le sceau est un cachet officiel où peuvent être gravées l’effigie, les armes
et/ou la devise d’un souverain, voire d’un État, d’un corps constitué.
L’empreinte d’un sceau est apposée sur des documents importants afin de
les certifier authentiques, ou sur des enveloppes pour les fermer de façon
inviolable.
Le seau est un récipient cylindrique muni d’une anse, qui sert à transporter
des liquides ou divers produits solides (sable, charbon, gravier, ciment).
Enfin, le sot (bêta, crétin, dadais, idiot, imbécile, niais, nigaud, nunuche) ne
brille guère par son intelligence ni par son jugement.
Un seau, rempli de sceaux et porté par un sot, fit un saut dans le vide.
Sceptique / Septique
Partisan du doute systématique, le sceptique adopte un comportement
incrédule envers toute argumentation qui lui est proposée. Le terme
s’emploie aussi sous la forme adjectivale : parole, sourire ou regard
sceptique. Quant à la fosse septique (début XVIe, du grec sêpein, pourrir) elle
transforme les matières en composés minéraux inodores et inoffensifs grâce
à l’action de microbes anaérobies.
Seoir / Soir
L’amusant petit verbe intransitif seoir (XIIe) signifie convenir, aller. Attention,
seoir ne se conjugue qu’à la troisième personne du singulier ou du pluriel des
temps suivants. Présent de l’indicatif : il sied, ils siéent. Imparfait : il seyait,
ils seyaient. Futur : il siéra, ils siéront. Subjonctif présent : qu’il siée, qu’ils
siéent. Conditionnel présent : il siérait, ils siéraient. Participe présent :
seyant. Participe passé : sis, sise.
e
L’autre verbe intransitif seoir (tout début XI ) a le sens d’être assis. Sa
conjugaison est fort complexe : je sieds sur un banc. Ni imparfait ni passé
simple ni futur. Les temps composés de l’indicatif, certains temps du
subjonctif et du conditionnel peuvent exister. Participe présent : séant.
Participe passé : sis (sise). Nous avons sis hier dans un jardin public.
e
Quant au mot soir (n. m., XII ), il désigne la fin de la journée pendant
laquelle le soleil décline.
Ce costume sied à merveille à Norbert. Ses chaussures neuves seyaient hier à Julie. Il
siérait à tous que Julie se maria.
Serein / Serin
L’adjectif serein qualifie un individu sage, calme, paisible. Mais il peut aussi
évoquer une attitude ou une situation empreinte d’une parfaite tranquillité.
Ainsi parle-t-on d’un homme serein avant d’affronter ses juges, d’un visage
serein, d’un ciel serein malgré l’orage qui gronde.
Ne pas confondre avec le serin, un charmant petit oiseau au plumage jaune
muni d’un bec court.
Soi / Soie / Soit
Pronom personnel réfléchi de la troisième personne (fin Xe), soi possède de
multiples utilisations, parfois complexes au regard de la grammaire (sujet
déterminé, indéterminé, sujet de chose, etc.). Rester soi, ne plus être soi (soi-
même), ne penser qu’à soi, rester maître de soi (emploi un peu archaïque ou littéraire), ne
vivre que pour soi…
Pour toujours rester soi-même, il faut parfois acheter : soit des chemisiers de soie, soit des
pulls de cachemire.
Voie / Voix
Parcours, passage, chemin, route, rue ou artère, la voie mène d’un point à
un autre. La voie est aussi une filière, une ligne directrice, une conduite que
l’on souhaite suivre (choisir une bonne voie professionnelle).
Ensemble des sons produits par les vibrations des cordes vocales, la voix
permet de communiquer avec ses congénères. Par la parole ou par le chant.
La voix est aussi un avis, un jugement, une opinion, un suffrage.
Bon
e
Contraire de mauvais ou de méchant, bon (adj., IX ) exprime la notion de
qualité requise, utile et satisfaisante. Ce terme qualifie aussi un acte
généreux, efficace, vertueux, charitable, honorable qui répond aux
exigences de la morale. Sans oublier l’idée de plaisir du goût ou de l’odorat.
Bon s’utilise aussi comme adverbe : il fait bon, sentir bon, tenir bon.
Quant au bon (n. m., XVe), il correspond à une sorte de ticket, certificat, titre
qui procure une autorisation à celui qui le détient.
Cor
Callosité bénigne, mais souvent très douloureuse, située sur le dessus des
phalanges des doigts de pied, le cor (milieu XVIe) est parfois appelé, de façon
imagée, un « œil-de-perdrix ».
L’autre cor qui nous intéresse ici est un instrument de musique à vent en
métal, conçu à l’origine avec une corne évidée et percée. Cet ancêtre du cor
moderne servait à transmettre des signaux sonores ou des appels. Notons
que cor et corps (organisme de l’humain ou de l’animal) sont des
homophones non homographes.
Effraie
Sorte de chouette au plumage clair, l’effraie possède une face amusante en
forme de cœur.
Moule
La moule, mollusque comestible aux valves oblongues et renflées d’un bleu
ardoisé, s’accroche au rocher.
Le gâteau parfois un peu trop cuit dans un four trop chaud s’attache aux
parois du moule, récipient qui permet de confectionner de délicieuses
pâtisseries. Plus globalement, le moule est un ustensile dans lequel on verse
une substance liquide ou pâteuse. Une fois solidifié, ce contenu conserve la
forme de la cavité.
Mots homographes,
mais non homophones
Avec les mots homographes mais non homophones, nous ne sommes plus
dans les codes de la langue parlée. Les exemples qui suivent ne se
ressemblent pas dans le langage oral, mais seulement à l’écrit.
As
Pièce de monnaie romaine en cuivre, partie d’un dé marquée d’un seul
point, carte elle aussi marquée d’un seul point (mais maîtresse dans moult
jeux), table numéro un dans un restaurant, individu qui excelle dans un
domaine particulier… L’as ne manque pas de qualités.
Quant au verbe avoir (posséder), il se conjugue sous la graphie tu as, à la
deuxième personne du singulier du présent de l’indicatif.
De son côté, le verbe présider (fin XIVe, diriger, occuper une place d’honneur,
siéger au premier rang d’une assemblée) s’orthographie « président » à la
troisième personne du pluriel de l’indicatif présent (ils président).
La locution après que expose deux faits que l’on considère avec autant de
réalité l’un que l’autre (qu’ils soient passés ou futurs). Ce qui implique
l’utilisation de l’indicatif et, en aucune manière, celle du mode subjonctif,
qui s’utilise pour évoquer des faits improbables, désirés, fortuits, présumés,
redoutés, mais jamais réalisés avec certitude. Le mode subjonctif se prête à
la description d’une action que l’on se refuse à placer sur le plan de la
réalité. Il ne doit donc jamais suivre après que. Marie-Chantal se mit à danser
après que Norbert fut parti (et non pas fût). Venez me voir après que j’aurai terminé ma
vaisselle. Norbert dormira après que vous serez arrivé.
Sans auxiliaire
Employé sans auxiliaire, le participe passé a la valeur d’un adjectif
qualificatif. Il s’accorde en genre et en nombre avec le nom. Des chaussettes
trouées. Des restaurants fermés. Des voitures salies.
Lorsqu’il est placé seul ou devant un nom, le participe passé joue le rôle
d’un adverbe ou d’une préposition. Dans ce cas, il reste invariable. Passé la
date du 30 juin, Norbert sera en vacances. Tous sont là, excepté Marie-Chantal. Vu ses
nombreuses erreurs au test d’orthographe, Norbert n’a pas été embauché.
Attention. Ces participes s’accordent s’ils sont placés après le nom. La date du
30 juin passée, Norbert sera en vacances. Tous sont là, Julie et ses amies exceptées.
Dans le cas particulier de « ci-annexé, ci-joint, ci-inclus », l’invariabilité
s’impose. Ci-joint la lettre exigée. Ci-annexé la photocopie. Ci-inclus la facture.
Subtilités : la rue que j’ai habitée. La rue où j’ai habité (ne pas confondre objet et
lieu).
Les deux locutions figées l’échapper belle et la bailler belle sont toujours
invariables. Marie-Chantal et Norbert l’ont échappé belle. Vous me l’avez baillé belle.
Entrent dans cette catégorie les verbes dont on ne peut pas supprimer le
pronom. Autrement dit, on ne peut pas enlever le « se ». Ils ne se
conjuguent qu’à la voix pronominale. S’absenter, s’abstenir, s’accouder, s’ébattre,
s’écrier, s’enfuir, s’enticher, s’envoler, s’esclaffer, se prélasser, se rebeller, se réfugier, se
repentir, se souvenir, se soucier, se tapir, se targuer, etc. Tous ces verbes s’accordent
avec le sujet. Les canards se sont envolés. Julie s’est souvenue d’une chanson. Norbert
s’est prélassé au soleil. Elles se sont enfuies.
À l’inverse, Elles se sont lavées. Elles ont lavé quoi ? « se », pronom personnel
qui est le COD, mis pour « elles » et placé avant l’auxiliaire. Donc, accord.
Les pieds qu’ils se sont lavés. Norbert s’est coupé les ongles. Julie s’est coupée à la main
(ici « main » est complément circonstanciel). Elles se sont frappé la tête. La tête
qu’elles se sont frappée. Ils se sont reproché leurs erreurs. Les erreurs qu’ils se sont
reprochées. Norbert s’est attribué de nombreuses qualités. Les mérites que Julie s’est
attribués. Cette jeune femme, Norbert se l’était imaginée autrement (le COD est « l’ »,
placé avant, accord). Elles se sont frappées. Elles se sont battues. Elles se sont
embrassées.
Les verbes sans COD restent invariables. Les années se sont succédé : les années
ont succédé à « se », donc à elles-mêmes ; la question est « à quoi ? » et non
« quoi ? » ; « se » est un complément d’objet indirect et pas un COD. En
conséquence, pas d’accord.
Idem pour les verbes suivants qui restent invariables : se plaire, se complaire, se
déplaire, se rire, s’entre-nuire, se rendre compte, se faire jour, s’en vouloir de, ne pas s’en
faire, s’en mettre plein les poches, se mettre quelqu’un à dos, s’en donner à cœur joie, s’en
mordre les doigts, s’en prendre à, etc.
La forme interrogative
Aussi curieux que cela puisse paraître, une règle aussi simple que celle de la
forme interrogative n’est pas toujours correctement appliquée.
Principe de base : dans une question, le verbe doit précéder le pronom qui
en est le sujet. Comment fait-on ? Et non pas comment on fait ? Par ailleurs,
certains se croient obligés d’alourdir la tournure en ajoutant inutilement est-
ce que. Comment est-ce qu’on fait ?
Il faut aussi bannir des constructions du genre est-ce que ton père est-il arrivé ?
Nous sommes là dans la confusion totale entre deux formes correctes : est-ce
que ton père est arrivé ? Ton père est-il arrivé ?
Dans l’interrogation indirecte, je te demande qui est-ce qui est venu est
fondamentalement incorrect. Il faut dire je te demande qui est venu (sans point
d’interrogation).
Il faut écarter les « que » inutiles et fautifs. Comment que tu vas ? Pourquoi qu’ils
sont là ? Combien que cela coûte ?
Ne pas dire tu pars quand ? Il veut quoi ? Il travaille pour qui ? Le mot interrogatif
doit se trouver au début de la proposition. Quand pars-tu ? Que veut-il ? Pour qui
travaille-t-il ?
La forme négative
Le petit adverbe « ne » manque trop souvent à l’appel dans la formulation
des phrases négatives. Surtout dans le langage parlé. Je sais pas. J’irai pas. On
peut pas. Il pleut jamais ici. Toutes ces tournures sont hautement fautives. Il
faut dire : je ne sais pas, je n’irai pas, on ne peut pas, il ne pleut jamais ici.
En revanche, vous pouvez tout à fait éluder l’adverbe « pas » pour produire
une tournure quelque peu soutenue, voire littéraire. Je ne sais, je ne puis, etc.,
sont des formes correctes.
Ponctuation
Avant d’aller plus avant dans ce chapitre, attardons-nous sur le mot espace
qui sera moult fois usité dans les lignes qui suivent. Ce terme est un
substantif masculin lorsqu’il désigne une distance, un écart, une étendue
géographique ou temporelle : un espace vert. Un espace entre deux choses. Un espace
de temps. Un espace entre deux dates...
Mais il faut dire et écrire une espace lorsque ce substantif définit avec
précision le blanc (intervalle) qui sépare deux mots. Ou un signe de
ponctuation et sa suite syntaxique. Le terme espace, au genre féminin,
appartient au vocabulaire typographique.
Il y a une espace après tous les points de ponctuation. Dans la phrase qui précède, il y a
une espace entre le mot espace et le mot après. Il y a une espace avant le point-virgule, le
point d’exclamation et le point d’interrogation.
*
* *
La ponctuation, bien comprise et correctement utilisée, reste l’un des
principes fondamentaux de notre syntaxe. Sans ponctuation harmonieuse,
un texte devient vite inaccessible. Le lecteur perd pied et se noie. Il cherche
alors d’hypothétiques béquilles, d’improbables refuges ou d’aléatoires
ancrages pour émerger sur la vague exténuante des mots qui le submergent.
Et avec une ponctuation bancale, le lecteur peut même comprendre
l’inverse de ce que veut exposer l’auteur.
Il existe moult et brillants traités sur l’art de la ponctuation. Pour rester dans
le ton du présent ouvrage, je vous proposerai ici quelques règles de base qui
permettent de déjà maîtriser au mieux le maniement harmonieux de tous
ces petits signes.
Virgule
Il n’y a pas d’espace avant la virgule, mais il y a une espace après.
Une incise est un groupe de mots placé entre deux virgules à l’intérieur
d’une phrase. Il s’agit d’une sorte de parenthèses très légères. Soulignons
que la virgule a parfois sa place devant la conjonction de coordination et.
Elle n’est pas obligatoire après un adverbe en tête de phrase.
Le jour de son anniversaire, Julie dîne chez sa mère. Norbert aperçut, en regardant par
la fenêtre, ses copains qui arrivaient. Exigez son départ immédiat, et ne cherchez surtout
pas à le revoir. Souvent Norbert rentre tard. Souvent, Norbert rentre tard (avec la virgule,
on insiste sur la circonstance). Les fleurs qui sont fanées seront coupées (seules les
fleurs fanées seront coupées). Les fleurs, qui sont fanées, seront coupées (toutes les
fleurs sont fanées, toutes seront coupées). Julie chante si bien que nous
l’applaudissons. Julie chante, si bien que nous l’applaudissons. Julie fut reçue dans un
bureau aux murs recouverts de marbre, par le directeur, M. Durand (sans la première
virgule, on comprend que les murs ont été recouverts de marbre par le
directeur lui-même).
En tête de phrase, on place aussi une virgule entre les mots qui sont chacun
sujet du verbe exprimé. L’ensemble formant le plus souvent un groupe
identifié et cohérent. Norbert, sa femme, ses enfants, ses parents, ses grands-parents,
partent en vacances à Lisbonne cet été. Mais si les deux derniers sujets sont reliés
par une conjonction de coordination (de type « et »), on ne place pas de
virgule. Norbert, sa femme, ses enfants, ses parents et ses grands-parents partent en
vacances à Lisbonne cet été.
Ce très concis « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! » reste le plus bel
exemple d’expression apocryphe passée à la postérité. En réalité, il existe
moult versions de cette scène historique. Seul le second terme du dialogue
subsiste. Tout comme dans cette autre présentation possible de l’échange où
la ponctuation prend une importance fondamentale : « Messieurs, les
Anglais ! Tirez les premiers ». Ce qui signifie alors que le comte
d’Auteroche se retourne vers ses propres troupes en leur montrant les
Anglais et en leur demandant d’agir promptement. Tout le contraire de la
première formulation.
Point
Il n’y a pas d’espace avant le point, mais il y a une espace après.
Toujours placé à la fin d’une phrase, le point marque ainsi un arrêt fort dans
la lecture. Il correspond à une pause. Un peu comme celle qui existe sur une
partition musicale (la pause est un silence qui dure quatre temps).
Julie ne prit pas de vacances, par dépit amoureux. Julie ne prit pas de vacances. Par
dépit amoureux (on insiste ici sur le poids de la déception).
Point d’exclamation
Il y a toujours une espace devant le point d’exclamation. Et aussi après.
Utilisé après une interjection, une onomatopée ou à la fin d’une phrase
exclamative, le point d’exclamation marque l’admiration, la surprise, la
colère, la peur, l’émotion, la joie, l’étonnement. Il est suivi d’une majuscule.
Sauf, s’il y a continuité de pensée ou d’action. Autrement dit, sauf si le point
d’exclamation ne termine pas la phrase.
Quel bon élève ! Quelle chance a-t-elle cette Julie ! Je vous ordonne de vous taire ! Bah !
je m’en fiche éperdument. Oh ! quelle chance il a.
Point d’interrogation
Il y a toujours une espace devant le point d’interrogation. Et aussi après.
Points de suspension
Il n’y a pas d’espace avant les points de suspension, mais il y a une espace
après.
Précision qui n’a rien d’inutile au regard de ce que nous lisons dans certains
courriels, sites internet ou prospectus publicitaires, les points de suspension
vont toujours par trois. Pas davantage !
Point-virgule
Il y a une espace devant le point-virgule. Et aussi après.
Norbert et Julie ont pris leurs vacances au Canada ; Joseph et Sophie en Espagne. Julie
adore le théâtre ; Norbert préfère le cinéma. Julie vient d’acheter : du jambon, des saucisses,
du bœuf, des côtes d’agneau ; des carottes, des pommes de terre, des petits pois ; des
pommes, des poires, des oranges, des bananes ; du vin rosé, rouge, blanc ; du whisky, du
pastis et de la vodka.
Deux points
Il y a une espace devant les deux points. Et aussi après.
Les deux points annoncent une citation, une explication ou une
énumération. Pas de majuscule après les deux points, sauf dans le cas
expliqué ci-dessous à propos des guillemets.
Guillemets
Il y a une espace après un guillemet ouvrant. Et avant un guillemet fermant.
Forme directe. Dans son discours de départ à la retraite, Julie déclara : « Chacun
doit savoir que j’ai passé de belles années dans l’entreprise. »
Forme indirecte. Dans son discours de départ à la retraite Julie déclara qu’elle
« avait passé un bon moment dans l’entreprise ».
Premier cas (forme directe) : majuscule en tête de la citation (après le
guillemet ouvrant) et point à l’intérieur des guillemets. Ce point fait partie
intégrante du propos. C’est le seul cas où l’on doit placer une majuscule
après deux points. Par ailleurs : espaces avant et après les deux points, après
le guillemet ouvrant, avant le guillemet fermant.
De surcroît, si le guillemet fermant est précédé d’un point, d’un point
d’exclamation ou d’un point d’interrogation, il n’y a pas d’autre signe de
ponctuation après.
Second cas (forme indirecte) : pas de majuscule après le guillemet ouvrant et
le point se trouve en fin de phrase, après le guillemet fermant.
Par ailleurs, il ne faut pas abuser des guillemets pour insister ou pour
nuancer l’utilisation de tel ou tel terme. Comme pour les points de
suspension ou d’exclamation qui pullulent dans certains textes, l’abondance
des guillemets prouve que l’auteur ne maîtrise pas le vocabulaire. Il utilise
un terme placé entre guillemets pour lui apporter une nuance qui existe
dans un autre mot mieux choisi. Cette pratique néfaste donne au lecteur
l’impression d’une perpétuelle hésitation sémantique.
Parenthèses
Il y a une espace avant la parenthèse ouvrante et après la parenthèse
fermante, jamais après la parenthèse ouvrante ni avant la parenthèse
fermante.
Par définition, les parenthèses « mettent à part ». Leur contenu n’a pas de
lien syntaxique avec l’énoncé principal. Il s’agit d’une sorte d’aparté,
d’annexe. Elles permettent de dissocier du propos : explication, illustration,
commentaire.
Point essentiel, la phrase qui contient des parenthèses doit impérativement
se comprendre sans leur contenu. En d’autres termes, les parenthèses jouent
le rôle d’incises dont le lecteur pourrait se passer pour saisir la narration de
la phrase.
Marie-Chantal adore le cinéma (surtout les films policiers) au point d’y engloutir toutes
ses économies. Julie va se moquer de Norbert (j’en suis sûr), mais personne ne va le
remarquer.
Tirets
Il y a une espace avant et après le tiret ouvrant. Mais aussi avant et après le
tiret fermant.
Employer des parenthèses signifie que les films policiers n’ont aucun impact
dans la suite du propos. Ni dans les dépenses de Marie-Chantal.
Inversement, placer des tirets marque une lourde insistance. Le fait que
Marie-Chantal dilapide l’essentiel de son argent en allant voir des films
policiers lui sera reproché ou aura une importance fondamentale dans la
suite de la narration.
Cas très particulier d’un tiret suivi d’une virgule. Dans l’exemple qui suit, on
remarquera qu’il y a une énumération qui justifie la virgule, sachant que le
mot vigoureux reste mis en exergue. Notons encore : pas d’espace entre le tiret
fermant et la virgule. C’est une approche très originale et soutenue qui
continue de nourrir maints débats. À n’utiliser qu’en connaissance de cause
dans un texte littéraire : Norbert était riche – vigoureux –, jeune, beau et intelligent.
En utilisant des parenthèses (sens différent) on aurait écrit : Norbert était riche
(vigoureux), jeune, beau et intelligent.
Enfin, le second tiret disparaît si la phrase se termine par une ponctuation
forte. Dans une telle situation, on peut plutôt remplacer le tiret ouvrant qui
subsiste par deux points. Mais d’aucuns continuent d’apprécier cette forme
intrigante. Encore une fois, ne pas en abuser.
Dans sa jeunesse, Norbert pratiquait le tennis – et quel joueur, grand Dieu !
Dans sa boîte, Marie-Chantal passe son temps à intriguer – mais pour le compte de
qui ?
Crochets
Il y a une espace avant le crochet ouvrant et après le crochet fermant. Il n’y
a pas d’espace après le crochet ouvrant ni avant le crochet fermant.
Par ailleurs, les crochets servent surtout à matérialiser une rupture dans un
propos rapporté : […].
Le maire fit un très long discours. Il remercia « ses chers concitoyens, les sponsors […],
les élus locaux et les notables du canton […], sa femme et ses enfants ».
Il y avait dans la ferme : des tracteurs et des moissonneuses (la plupart neuves [achetées
le mois dernier] mais d’autres usagées) ; des ânes et des chevaux (certains de course [l’un
d’eux avait gagné le Grand Prix de l’Arc de Triomphe il y a dix ans] mais d’autres de
trait).
Pluriels
Noms
Les noms communs prennent un « s » au pluriel.
Les noms qui se terminent en « eu » prennent un « x » au pluriel. Sauf bleu,
feu (dans le sens de disparu) et pneu.
Les noms qui se terminent par « ail » (attirail, éventail, portail, etc.)
prennent un « s » au pluriel. Sauf : bail (baux), corail (coraux), émail
(émaux), soupirail (soupiraux), travail (travaux), vantail (vantaux), vitrail
(vitraux).
Au pluriel, bocal, cheval, journal, etc. finissent par « aux », mais d’autres
substantifs se terminent par « als » : bal, carnaval, cérémonial, chacal,
festival, mistral, récital, régal, etc.
Assis sur des pneus autour des feux de la Saint-Jean, Norbert et Julie pensent à feues
leurs grands-mères.
Le magasin est fermé tous les dimanches. Le magasin est fermé les lundi et mardi de
chaque semaine (singulier car il n’y a qu’un seul lundi et un seul mardi par
semaine).
Norbert lit tous les journaux pour choisir les bons festivals.
Noms collectifs
Cette difficulté d’accord se présente dans de nombreux cas. Notamment si
le sujet est formé d’un nom et d’un « pseudo-complément ». L’accord se fait
alors avec le nom ou avec son « pseudo-complément ». Là encore, c’est une
affaire de bon sens. Une foule de manifestants se dirigeait vers la Bastille (c’est une
foule qui accourt). Une foule de témoins diront qu’il n’en est rien (chacun d’eux dira
que…).
Il faut surtout considérer que l’accord dépend bien sûr du sens des mots
utilisés, mais surtout, de l’intention d’un auteur averti.
Un grand nombre de soldats fut tué dans ce combat (Littré). Un grand nombre de
soldats périrent dans ce combat (Académie française).
Une centaine d’euros suffira. Une centaine d’euros suffiront. Les deux se dit. Les deux
se disent.
Adjectifs
Certains adjectifs en « al » forment leur pluriel en « als » (ou « ales ») :
austral, bancal, fatal, final, natal, naval, etc. Mais il existe de multiples
particularités : boréal (ales, aux), causal (als, ales, aux), glacial (als, ales, aux),
guttural (ales, aux), idéal (als, ales, aux), jovial (ales, aux), martial (ales, aux),
matinal (ales, aux), etc. Dans les pays australs, donc à l’opposé des cieux boréaux, des
femmes fatales aux propos joviaux hantent les chantiers navals, sous les regards martiaux
de marins aux langages gutturaux.
Dans le cas où vous utilisez le pronom personnel indéfini on, qui fait
toujours office de sujet, il faut accorder au singulier lorsque ledit pronom
exprime la neutralité et pourrait être remplacé par « les gens, les hommes ».
Dans les autres cas, le sens de la phrase (et le bon sens !) l’emporte. On est
souvent moins intelligent qu’on ne le croit. Mon frère, ma sœur et moi, on est contents
d’aller au cinéma. Julie, sa sœur et moi, on est heureuses d’avoir acheté de belles robes.
Bonjour ma petite Julie, on est contente de revoir son papy ? Alors, chère Marie-Chantal,
on est toujours fâchée ?
Une foule de manifestants, violente, se dirige vers la Bastille (la foule est violente).
Une foule de manifestants violents se dirige vers la Bastille (les manifestants sont tous
violents). Une file de voitures bleues (toutes les voitures sont bleues). Une multitude
d’étudiants sont heureux. La multitude des étudiants est heureuse.
Plus d’un enfant est fou de joie. Plus d’une femme est folle de jalousie. Plus d’une de ces
infirmières étaient folles de colère.
Ce meuble possède du fer et du bois rouillé (seul le fer est rouillé). Ce meuble possède
du fer et du bois sains (le fer et le bois sont tous deux sains).
Mots composés
Les mots composés formés de « verbe + nom » sont traités comme des
substantifs ordinaires, donc, comme si le trait d’union n’existait plus. Ils
prennent la marque finale du pluriel : des abat-jours, des aide-mémoires, des
attrape-mouches, des garde-boues, des pèse-lettres, etc. Mais, pour le jeu de la
subtilité, on écrira plutôt des gardes-barrières (« s » à « gardes ») puisqu’il s’agit
ici d’un substantif (un garde) et non pas du verbe garder.
Par ailleurs, si le nom prend une majuscule ou s’il est précédé d’un article
singulier, il ne prend pas la marque du pluriel : des prie-Dieu, des trompe-l’œil,
des trompe-la-mort. Idem lorsque le sens sous-tend une notion invariable : des
sans-gêne, des sans-cœur, des sans-abri, des sans-patrie, des sans-travail…
Noms propres
Généralement, les noms propres (patronymes) sont invariables. Les noms de
marques ou de titres de journaux également.
Les Durand. Les Hohenzollern. Les Bonaparte. La Révolution française a vu se lever
des Danton, des Robespierre et des La Fayette. Les deux Rostand, Edmond et son fils
Jean. Il y a dans ce musée des Corot, Raphaël, Picasso et Manet. Il y a des Renault, des
Fiat et des Peugeot dans le parking. Des Figaro et des Libération traînent sur la table
du bistro.
Les Bourbons, les Capets, les Stuarts, les Curiaces, les Guises, les Horaces, les
Plantagenêts, les Tudors…
Quelques brillants étudiants rêvent de devenir des Newtons ou des Einsteins, d’autres
des Balzacs ou des Flauberts. Il s’agit ici de savants ou artistes dont le patronyme
est utilisé sous forme de métonymie. Ils ne désignent plus l’individu mais
une catégorie exceptionnelle.
Adjectifs de couleur
Les adjectifs qui qualifient une couleur s’accordent en genre et en nombre.
Mais si vous utilisez un nom commun (pris adjectivement) à la place d’un
adjectif de couleur, il reste invariable (abricot, argent, caramel, groseille,
olive, orange, marron, prune, tabac…). Cependant, certains noms, assimilés
à des adjectifs, s’accordent (écarlate, fauve, mauve, pourpre, rose).
Si vous employez deux adjectifs pour décrire une seule couleur, il n’y a pas
de trait d’union. Et lesdits adjectifs restent invariables. S’il s’agit d’adjectifs
de couleur, l’invariabilité demeure, mais il faut un trait d’union.
Des voitures bleues. Des chaussures blanches. Des plantes vertes. Des chaussures
marron. Des robes orange. Des chemises mauves. Des yeux gris clair. Des écharpes jaune
paille. Des vestes roses bonbon. Des yeux gris-bleu. Des façades vert-jaune.
Adjectifs numéraux
Les adjectifs numéraux cardinaux sont invariables. Sauf vingt et cent. Ils
prennent un « s » final, à condition qu’ils ne soient pas suivis d’un autre
adjectif numéral. Cela paraît complexe, mais c’est fort simple à appliquer,
surtout avec le recours d’exemples.
Trente-cinq personnes. Quatre-vingt-dix-neuf voitures. Cent deux euros. Trois cent huit
élèves. Deux cent quatre-vingt mille électeurs (« cent » et « vingt » restent
invariables, car suivis d’un autre numéral ; « quatre-vingt » prend un trait
d’union, car inférieur à cent). Trois cent quatre-vingt pages.
Vingt et cent prennent un « s » final quand ils sont précédés d’un nombre
qui les multiplie. Ils restent invariables s’ils sont suivis d’un autre nombre ou
de mille : trois cents euros ; trois cent vingt euros ; quatre-vingts coureurs ; quatre-vingt-
trois personnes. Ils restent également invariables lorsqu’ils sont employés
comme adjectifs numéraux ordinaux : page deux cent ; page quatre-vingt ; l’an
mille neuf cent.
Cependant, vingt et cent varient devant millier, million, milliard, qui sont
des noms et non pas des adjectifs numéraux : quatre cents millions d’années ; cinq
cents milliers d’habitants.
Mille (ou mil) est toujours invariable : six cent mille euros.
- Les nombres employés comme substantifs : les trois quarts ; voyager en première,
etc.
- Les nombres rencontrés isolément qui désignent des quantités simples :
l’avion a parcouru six cents kilomètres ; le déjeuner a duré deux heures et demie.
- Les fractions d’heure suivant les mots midi et minuit : midi dix ; minuit et
quart.
- Les nombres qui expriment une durée de vie, un âge : mon père est mort à 91
ans ; mon frère a 63 ans ; ma voiture a tenu 23 ans.
- Les pourcentages.
- Les siècles : le XXe siècle (XX doit être écrit en petites capitales).
- Les arrondissements des grands villes : le XVIe arrondissement de Paris (l’usage
préconise les petites capitales).
- Les numéros d’ordre : le XIIe Salon de l’agriculture ; les XXV e jeux Olympiques
(ici, l’usage préconise plutôt les grandes capitales).
Par souci de lisibilité, on peut séparer les milliers par une espace insécable
pour les nombres qui désignent une quantité : 1 234 mètres ; 356 987 euros.
Enfin, on doit utiliser une virgule (et non pas un point) pour séparer le
chiffre ou le nombre entier de la partie décimale : le double de 3,15 donne 6,3 ;
le triple de 141,5 donne 424,5.
Prononciation des dates
Pour les dates (et les nombres en général), entre 1000 et 2000, deux types de
prononciation coexistent : mille six cent trente-cinq ou seize cent trente-cinq. Dans
l’usage oral, on préfère souvent onze cents euros, douze cents manifestants, seize
cents mètres. En revanche, dans la langue écrite (surtout s’il s’agit d’un texte
juridique, administratif ou scientifique), mieux vaut privilégier les formes
mille cent, mille deux cents.
Pléonasmes
À un moment donné (ou, à un certain moment), Julie finira bien par se marier.
Abolir complètement
Le verbe abolir (début XVe) signifie : supprimer, réduire à néant, détruire,
anéantir. À l’évidence, ces actions contiennent la notion d’une totale
disparition, d’une annulation complète. Par définition, toute abolition se fait
forcément en entier.
Achever complètement
e
Le verbe achever (fin XI ) signifie : terminer, finaliser, finir. Par définition,
quand on achève un travail, il ne reste plus rien à faire. L’action a été
totalement (intégralement, entièrement) accomplie. Adjoindre l’adverbe
complètement (XIIIe) est inutile, puisque la notion de parachèvement est alors
exprimée deux fois.
Actuellement en cours
Le syntagme figé être en cours suggère la notion d’une activité qui est en train
de se dérouler, de se réaliser dans l’instant présent (ou sur un laps de temps
déterminé). Et l’adverbe actuellement signifie : en ce moment, à l’heure
actuelle, présentement. Donc, pléonasme évident.
Agonir d’injures
Honnir, insulter, injurier, outrager, vilipender sont des quasi-synonymes de
agonir (v. tr., milieu XVIIIe). Ce verbe très peu usité ne l’est souvent qu’au
travers de la formule courante au demeurant fautive : agonir d’injures. Un
superbe et pur pléonasme.
Norbert vient de signer son contrat, mais son embauche a été ajournée. Julie a signé son
contrat la semaine dernière, mais son embauche est ajournée à beaucoup plus tard.
Ajouter en plus
Si vous placez quelques éléments matériels ou abstraits (choses, idées) dans
un ensemble existant, vous ajoutez des paramètres à un tout déjà constitué.
Et lesdits ajouts (ou rajouts) s’additionnent à ce qui est déjà en place. Par
définition, ils viennent en plus.
Annoncer à l’avance
e
Il y a dans annoncer (v. tr., XI ) la notion de prévision. Une annonce évoque
un événement qui va se produire dans un futur plus ou moins proche :
annoncer son départ, l’arrivée de la pluie, son mariage, une progression du chômage... On
comprend que l’action prévue n’existe pas au moment où l’on en parle. Elle
s’accomplira dans un certain temps. En conséquence, annoncer à l’avance est
une forme fautive.
Augmenter crescendo
e
Mot italien crescendo, lexicalisé dans la langue française vers la fin du XVIII
S’avérer vrai
Encore un grand classique ! Le verbe s’avérer possède une définition très
simple et fort explicite : être juste ou vrai, se vérifier. Il n’y a donc aucune
raison de lui ajouter le mot vrai : conforme à la vérité, à la réalité.
Car en effet
La conjonction de coordination car (fin XIIe) annonce une explication de ce
qui précède. Autrement dit, car introduit une sorte de justification de ce qui
a été dit avant. Ce petit mot équivaut à puisque ou à parce que. De la même
façon, la locution adverbiale en effet (début XVIe) s’utilise pour confirmer ce
qui a été dit, pour introduire un argument, une explication. En
conséquence, la tournure car en effet est pléonastique.
Comme par exemple
La conjonction (ou adverbe) comme (IXe) exprime une comparaison. Ce mot
signifie : de la même manière que, au même degré que, également, aussi
bien que, tel que… De son côté, la locution adverbiale par exemple (XVIIe)
s’utilise pour préciser, confirmer, expliquer et pour démontrer « par
l’exemple » ce qui vient d’être énoncé. Dans cet emploi, la locution est
synonyme de comme. Donc, inutile d’ajouter par exemple à comme.
Norbert aime les plats copieux comme la choucroute. Norbert aime les plats copieux, par
exemple le couscous. (Et non pas : Norbert aime les plats copieux comme par
exemple…).
De nombreux ongulés comme le cheval, l’âne ou la chèvre furent très tôt domestiqués par
l’humain. De nombreux ongulés, par exemple le cheval, l’âne ou la chèvre furent très tôt
domestiqués par l’humain.
Se cotiser à plusieurs
e
La définition du verbe pronominal se cotiser (milieu XVI ) suggère que
plusieurs individus, qui appartiennent à un groupe identifié, décident
collectivement de rassembler une somme d’argent. Chaque donateur
apporte alors une contribution personnelle adaptée à ses propres moyens
financiers. Et le total ainsi collecté est ensuite transmis sous forme de don.
Ou il sert à effectuer un achat. Par exemple, des collègues de bureau se
cotisent pour offrir un cadeau de départ à la retraite. Le verbe se cotiser se
suffit à lui-même puisqu’il évoque sans ambiguïté l’action concomitante et
volontaire d’un grand nombre de personnes tournées vers le même objectif.
Deux jumeaux (jumelles)
Le terme (substantif ou adjectif) jumeau ou jumelle se dit de deux enfants nés
d’un même accouchement. On parle de frères jumeaux ou d’une sœur
jumelle. Par conséquent, dire « deux jumeaux » est une forme fautive.
S’entraider mutuellement
La définition classique du verbe pronominal s’entraider (XIIe), admise par tous
les dictionnaires usuels, est la suivante : s’aider « mutuellement ». De plus,
l’adverbe mutuellement implique l’idée d’un échange réciproque, d’une
entraide. Bref, nous sommes au cœur d’un syntagme pléonastique évident.
S’entraîner avant
e
Dans une acception apparue au début du XIX siècle, le verbe transitif
entraîner signifie : préparer un athlète, une équipe sportive, une personne,
voire un animal, à réussir une compétition sportive ou à obtenir une
performance notable. Dans une forme pronominale on dit s’entraîner (par
exemple, pour courir le marathon). À l’évidence, mieux vaut s’atteler à la
tâche en accomplissant toutes sortes d’exercices appropriés avant de
concourir.
Erreur involontaire
Par définition, le mot erreur implique la survenue d’un acte involontaire. Ce
terme suggère l’apparition d’une action (opinion, jugement) considérée
comme inacceptable par rapport à la norme en vigueur. Bien évidemment,
personne ne s’amuse à commettre une erreur volontaire. À moins qu’une
telle pratique ne relève d’un stratagème alambiqué visant à déstabiliser
autrui.
Autrement dit, l’erreur « de base » exprime le fait de se tromper :
égarement, faute, ânerie, bêtise, bourde, confusion, méprise, quiproquo,
aberration, absurdité, non-sens... Elle ne se produit jamais avec une
intention délibérée. Aussi l’adjectif involontaire est-il clairement superflu.
Expérience passée
Par définition, l’expérience est un élargissement du savoir théorique ou
pratique (connaissances, aptitudes, etc.) qui a été acquis (accumulé) tout au
long d’une période vécue dans le passé. C’est une compréhension de la vie
acquise par une succession d’événements marquants qui restent en
mémoire. Tout cela s’est construit et organisé dans le passé.
Le gîte et le couvert
Cf. Chapitre Bon usage.
Un hasard imprévu
Souvent lié au jeu, le hasard induit la notion de risque, d’incertitude, d’aléa,
mais aussi celle de chance, de veine, d’aubaine ou d’occasion. Le hasard
nous place face au destin ou à la fatalité que, par principe, personne ne peut
prévoir.
Incessamment sous peu
Formule très souvent entendue dans les entreprises, incessamment sous peu
relève du tic de langage. Incessamment signifie toutes affaires cessantes,
immédiatement, sans délai, très prochainement, et même… sous peu.
Chacun aura compris le pléonasme.
Marcher à pied
Toumaï serait notre plus ancien ancêtre identifié à ce jour. Découvert en
2001 au nord du Tchad, il vivait il y a environ 7 millions d’années et était
probablement bipède (au moins en partie), bien avant l’australopithèque (4
millions d’années), l’homo habilis (environ 2 millions) ou l’homo erectus
(« homme dressé », 1,5 million).
Bref, il y a belle lurette que nos aïeux marchent sur leurs pieds. Marcher
étant une sorte de mouvement instinctif qui permet de se déplacer par
appuis successifs des pieds sur le sol. Dès le XIIe siècle, marcher a le sens de
poser le pied sur quelque chose. En conséquence, inutile de préciser que
vous allez « marcher à pied » pour aller au cinéma.
Un mea-culpa sur soi-même
Le mot composé latin mea-culpa (par ma faute) a été lexicalisé dans la langue
française depuis le milieu du XVIe siècle. Il s’utilise surtout dans une locution
aux accents religieux, faire son mea-culpa : avouer une faute, la regretter,
demander pardon. Cette action volontaire et personnelle, voire intimiste, est
clairement tournée vers soi-même. Mea-culpa suffit.
Monopole exclusif
e
Dans un sens attesté vers le début du XIX siècle, le mot monopole signifie :
privilège exclusif. Donc…
Cependant, une femme qui porte ce doux vêtement (souvent nylon) qui lui
couvre le pied et la jambe jusqu’au haut des cuisses peut dire en abordant
un escalier : « Je vais descendre (ou monter) en bas ».
Panacée universelle
La panacée se présente sous la forme d’un remède universel assurant la
guérison certaine de toutes les maladies possibles et inimaginables. Par
dérive, le mot s’applique à un mécanisme (thèse, situation) susceptible de
résoudre de multiples difficultés (sociales, économiques, culturelles,
industrielles...).
De son côté, l’adjectif universel qualifie une démarche (solution, proposition)
qui s’applique à la totalité des individus concernés dans un groupe donné :
débat universel, suffrage universel, langage universel… En d’autres termes,
un geste ou un thème universel concerne l’intégralité de tous les éléments
d’un échantillon spécifique, souvent étendu à l’ensemble des humains de la
planète.
Ce médicament est une panacée contre la douleur. Voter sans cesse des lois contre la
criminalité n’a rien d’une panacée.
Perdurer longtemps
Le verbe intransitif perdurer (XIIIe) signifie : durer très longtemps (voire pour
toujours), se prolonger, se perpétuer, persister. Ajouter l’adverbe longtemps n’a
aucun sens.
Pondre un œuf
La définition du verbe pondre (début XIIe) est limpide : déposer ses œufs,
pour une femelle ovipare. C’est-à-dire les oiseaux, crustacés, la plupart des
insectes, poissons et reptiles, voire les mammifères monotrèmes (à l’instar de
l’ornithorynque). Bref, tout est dit.
Une ambiguïté se pose si l’on veut quantifier la ponte : cette poule pond trois
œufs par semaine n’est pas forcément une formule pléonastique. Mais, sachant
que la gallinacée ne produit généralement qu’un seul œuf à la fois, on peut
dire Cette poule pond trois fois par semaine.
Première priorité
La priorité (milieu XIVe) désigne sans équivoque ce qui vient ou se passe en
premier. Elle évoque même le droit d’agir avant les autres, car le mot définit
ce qui est prioritaire : l’aide aux plus démunis est une priorité de ce gouvernement ;
agir pour la sécurité routière devrait devenir une priorité de ce quinquennat.
Quant à l’adjectif premier, il qualifie ce qui est classé avant les autres
paramètres d’un ensemble donné. Premier et priorité marquent la préférence
de traitement accordée à quelqu’un ou à quelque chose. L’un ou l’autre
terme suffit.
Preuve probante
Directement issu du latin probare (prouver), l’adjectif probant est le synonyme
de concluant, convaincant, décisif, voire persuasif. Par définition, un fait
probant a été prouvé en recourant à des arguments que chacun considère
comme irréfutables. De son côté, le substantif preuve prend lui aussi racine
dans le verbe probare. Une preuve démontre ou garantit la vérité d’une
action, thèse, investigation…
Julie a tout prévu pour l’organisation de son mariage. Rassurez-vous, tout a été prévu.
Je sais à l’avance que tu vas apprécier ce repas.
Un projet d’avenir
Tout au long de notre vie, nous avons tous eu des projets plus ou moins
ambitieux, fous ou tout simplement banals : écrire (peindre, composer) un
chef-d’œuvre, remporter le prochain match de foot à la fête du village, avoir
de beaux enfants intelligents, acheter une belle moto, gagner au Loto… Par
définition, toutes ces situations souhaitées avec ardeur vont forcément se
produire (ou pas) dans le futur. Un projet se propulse toujours dans l’avenir.
Il est renfermé sur lui-même
Dans sa forme adjectivale, renfermé qualifie un personnage timide et timoré.
Le genre à ne jamais s’extérioriser. Il se cache et ne montre pas ses
sentiments : adolescent ou caractère renfermé. Tout le contraire d’un
individu ou d’un tempérament démonstratif, expansif, ouvert. En d’autres
termes, le pékin renfermé se replie sur lui-même. Être renfermé sur soi-
même est strictement pléonastique.
Réserver à l’avance
À l’approche des vacances, tous les supports médiatiques (radio, télé,
prospectus publicitaires luxueux) vous encouragent vivement avec ce type de
message : « Il faut très vite réserver à l’avance votre séjour… » Or, le verbe
réserver signifie : mettre de côté une chose ou un service pour un individu qui
en a fait précédemment la demande. Par exemple : réserver une place de
théâtre, une table de restaurant, une chambre d’hôtel, des billets de train,
d’avion. Chacun comprend que cette précaution se déroule avant l’action
souhaitée. Réserver après n’aurait aucun sens.
Sortir dehors
La préposition ou l’adverbe dehors signifie : à l’extérieur de, hors du lieu dans
lequel on se trouvait précédemment. Quant au verbe intransitif sortir de, il
exprime sans ambiguïté le fait de se diriger hors d’un lieu, de quitter un
endroit, se retirer, partir, décamper, déguerpir… En gros, difficile de sortir
dedans.
Voire même
Cf. le chapitre Bon usage.
Sigles et acronymes
Définitions
Le sigle est l’abréviation d’une série de mots. Il ne peut que s’épeler : SNCF,
PNB, RATP, CDI (attention à la règle typographique, présentée ci-dessous).
De son côté, l’acronyme se range aussi dans la catégorie des sigles. Mais il
possède une caractéristique essentielle, celle de se prononcer comme un mot
usuel : ovni, radar, laser, ONU, Unesco, OTAN, FIFA (attention à la règle
typographique, présentée ci-dessous). Dans l’acronyme, la première lettre
(ou parfois les deux premières) de chaque mot sert à construire cette
nouvelle construction sémantique. Notons que de nombreux acronymes ont
été lexicalisés dans les dictionnaires usuels. Dans ce cas, l’acronyme se
présente comme un mot à part entière.
Règles typographiques
Le code typographique (règlement appliqué par les professionnels de l’écrit
et de l’imprimerie) a amplement évolué ces dernières décennies sur la
manière d’écrire les sigles. Certains continuent de préconiser R.A.T.P. (avec
des points entre chaque lettre). Graphie quelque peu archaïque qui, de
surcroît, ralentit la lecture (tous les tests de lisibilité le prouvent). En
conséquence, les manuels de typographie sérieux conseillent la graphie
RATP, voire Ratp ou Sncf. Je me range volontiers à cet avis, sachant que
tout mot en lettres capitales gène la lisibilité.
À l’évidence, les acronymes doivent tous s’écrire sans point : Unesco, Onu,
Éna (École nationale d’administration), Fifa (Fédération internationale de
football association), Otan (Organisation du traité de l’Atlantique Nord),
radar, laser… Attention à la majuscule pour les institutions et à la minuscule
pour les noms considérés comme communs.
Notons enfin que le développement d’un sigle ou d’un acronyme doit plutôt
se faire ainsi : CAPES (Certificat d’aptitude au professorat de
l’enseignement du second degré). Plus haut, j’ai intentionnellement laissé les
capitales pour les besoins de l’explication. Cette règle s’applique aussi pour
RATP ou Ratp (Réseau autonome des transports parisiens).
Définition
Tout d’abord, il ne faut pas confondre capitales et majuscules. Explication.
Je crois bien que Robert va se marier en Grande-Bretagne. Dans cette phrase, les
lettres « J, R, G et B » sont des majuscules. Leur présence répond à une
règle purement grammaticale. Le « J » est en début de phrase et les mots
Robert et Grande-Bretagne sont des noms propres. Donc : majuscules.
Supposons que cette même phrase soit ainsi écrite : « JE CROIS BIEN QUE
ROBERT VA SE MARIER EN GRANDE-BRETAGNE. » Les lettres « J, R, G et B »
restent bien sûr des majuscules. Mais les autres lettres sont des capitales.
Cette graphie n’a rien à voir avec le code typographique ni avec un
quelconque règlement orthographique. Elle correspond uniquement à la
volonté de l’auteur ou du « metteur en page » (maquettiste, graphiste,
directeur artistique...). Ces différents caractères (capitales ou majuscules) ont
souvent été appelés « lettres d’imprimerie ». Ce qui ne veut strictement rien
dire.
Accentuation
Qu’il s’agisse de capitales ou de majuscules, l’accentuation des caractères
concernés est obligatoire. Avec les premières machines à écrire mécaniques,
essentiellement produites par des fabricants anglo-américains,
l’accentuation était impossible. Car les accents n’existent pas dans la langue
anglaise. Et le modeste marché français ne méritait pas d’appliquer aux
touches cette spécificité. Les puristes ajoutaient donc à la main, sur le
papier, les fameux accents au moment de la relecture du texte. En
conséquence, entre l’apparition de la première machine mécanique
(commercialisée par Remington 1 en 1874) puis l’arrivée de l’informatique et
des systèmes de traitement de texte, un certain laxisme ambiant s’est
installé. Et la capitale accentuée disparut.
Cette obligation reste une nécessité pratique puisqu’un accent change les
sens d’un mot. Pour s’en convaincre, voici un exemple célèbre moult fois
utilisé : UN INTERNE TUE. Donc, un apprenti médecin tue quelqu’un. Pas du
tout ! Pour les besoins de la démonstration et d’une bonne compréhension,
passons en bas de casse. Là, aucune confusion n’est possible.
Voici d’autres exemples : DANS CETTE AFFAIRE, CHACUN SERA JUGE ; UN PLAT
Règles de base
Il faut malheureusement reconnaître que les majuscules pullulent à mauvais
escient dans la plupart des textes, documents, prospectus. Y compris dans
des brochures officielles. Nombre de gens ont pris la fâcheuse manie de
« mettre une majuscule » à des noms communs qui ne le « méritent » pas.
Comme pour attribuer une valeur déférente à des termes de base qui
paraissent nobles ou respectables et emprunts à leurs yeux d’une
hypothétique majesté. Exemples : avocat, banquier, baron, cadre, chef, comédien,
commissaire, conseiller général, député, directeur, duc, écrivain, docteur, douanier, loi,
évêque, greffier, inspecteur, juge, maire, marquis, médecin, ministre, mollah, président,
prêtre, professeur, rabbin, sénateur, soliste... Tous ces mots (et tant d’autres) ne
prennent jamais de majuscule. Ceux qui prétendent le contraire, demandez-
leur s’ils mettent une majuscule à des mots comme « ouvrier » ou
« manutentionnaire ».
Institutions
Être admis à l’École normale supérieure. L’École polytechnique. Entrer au Conseil d’État.
Le Sénat. La Haute Cour de justice. L’Institut de France. L’Académie française. Le
Conseil de l’Europe. Les Nations unies. La Cour de cassation (majuscule à « Cour »,
car elle est unique). La cour d’appel de Paris (minuscule à « cour » car il en
existe plusieurs). Le conseil général de la Manche. Le conseil régional de Normandie.
La grandeur de l’État. La bibliothèque Mazarine. Le conseil général d’Île-de-France. La
mairie de Paris. L’académie de Caen. Le lycée Fénelon. Le musée Rodin. Le musée des
Arts décoratifs. Le Musée océanographique. Le Musée postal. L’Église catholique. Les
Églises protestantes. La Bourse de commerce (mais, bien sûr, une bourse d’études).
Titres et fonctions
Le ministre de la Défense. Le ministre de l’Éducation nationale. Le frère Paul.
L’archevêque de Lyon. Le président de la République. Le secrétaire général de mairie.
L’empereur Napoléon III. Un chevalier (officier, etc.) de la Légion d’honneur.
Titres d’œuvres
Pour tous les titres d’œuvre, le premier terme (quel qu’il soit) prend une
majuscule. Ensuite, les choses se compliquent.
Si le titre commence par un article défini, le premier substantif qui suit cet
article, mais aussi les adjectifs et/ou adverbes qui précèdent ledit substantif,
prennent une majuscule. Les Hommes de l’histoire. Le Valeureux Lion et ses amis. Le
Petit Chaperon rouge. Les Grandes Manipulations de l’histoire. Les Très Riches Heures
du duc de Berry. Les Plus Beaux Poèmes pour les ados. Le Vilain Petit Canard.
Attention, cette règle vaut aussi pour les titres qui se présentent sous la
forme d’une phrase conjuguée. Petite anthologie des mots savoureux, cocasses et
polissons. À la recherche du temps perdu. Terre des hommes. Le train sifflera trois fois. Les
hommes ne veulent jamais mourir.
Saint / Sainte
Dans le cas d’une personne canonisée par l’Église, minuscule et pas de trait
d’union : l’apôtre saint Paul, Jésus fut baptisé par saint Jean-Baptiste, saint Pierre fut
le premier pape, les saints Innocents, les saints apôtres.
Dans les exemples qui suivent, toujours une minuscule et pas de trait
d’union. La sainte Bible, l’Écriture sainte, le saint ciboire, les saintes huiles, le saint
sacrement, la semaine sainte, le jeudi saint, un lieu saint, les Lieux saints (majuscule à
Lieux, les lieux où Jésus a vécu et souffert).
En revanche, on écrit avec une majuscule : la Sainte Vierge, Saint Louis (Louis
IX, roi de France).
Grades et fonctions
Le Premier ministre. Le ministre de l’Économie et des finances. Le maire de Paris. Le
président de la République. Le président des États-Unis d’Amérique. Son Éminence. Sa
Majesté. Sa Sainteté. Son Excellence.
Surnoms
On écrit plutôt le surnom avec une majuscule, mais pas toujours.
Clémenceau : le Père la Victoire. George Sand : la Bonne Dame de Nohant. René
Lacoste : le Crocodile. Bossuet : l’Aigle de Meaux. Joseph Staline : le Petit Père des
peuples. L’Angleterre : la perfide Albion. Venise : la cité des doges. La guillotine : le rasoir
national. Toulouse : la ville rose.
Mots éponymes
Patronymes, noms propres de marque, noms propres imaginaires (donc les
mots éponymes et antonomases) s’écrivent avec une minuscule 2. Un apollon.
Un harpagon. Une pipelette. Un adonis. Un frigidaire. Une guillotine. Un bermuda. Une
béchamel. Le macadam...
Géographie
Gravir le mont Blanc. Habiter dans le massif du Mont-Blanc. La baie des Anges. La mer
Méditerranée. Le pic du Midi. Le golfe du Lion. Le causse Noir. Le cap Corse. La Forêt-
Noire. La baie des Anges. La mer Morte. La mer Caspienne. La mer Rouge. La mer
Noire. Le fleuve Jaune. L’océan Pacifique. Le golfe Arabo-Persique. La péninsule
Antarctique. Les îles Anglo-Normandes. L’Italie méridionale…
Le pont Neuf. La place Rouge. Les Français, les Anglais, les Parisiens. La cuisine
française, les monuments anglais, les restaurants parisiens. Les habitants du Sud ont migré
vers le nord (majuscule pour désigner une région, minuscule lorsqu’il s’agit
d’une direction). Le vent du nord. Le soleil se couche à l’ouest. Le pôle Nord. Vivre
dans l’Ouest, en Occident, dans le Sud-Est asiatique, en Afrique du Sud.
Dieu et les « personnes sacrées »
On place une majuscule. Dieu. La Trinité. Le Fils et le Saint-Esprit. Le Seigneur. Le
Créateur. Le Prophète Mahomet. Le Sauveur...
L’humain
Les origines de l’Homme (il s’agit de l’Homo sapiens, une catégorie de l’ordre des
primates). L’homme de Cro-Magnon. L’homme préhistorique. L’homme des cavernes.
Périodes historiques
Le Crétacé supérieur. Le Tertiaire. L’ère tertiaire. L’Antiquité. L’Empire romain. Les
Temps modernes. L’Ancien Régime. Le Siècle des lumières. Le Moyen Âge. La
Renaissance. La Régence. La Révolution. La Terreur. Le Consulat. Le Directoire. La
Restauration. La monarchie de Juillet. Les Trois Glorieuses. Les Années folles. La Belle
Époque. La troisième (quatrième et cinquième) République. La révolution d’Octobre. La
journée des Dupes. Le concile de Trente. Le congrès de Vienne. L’édit de Nantes. La fête du
Travail. Le jour des Rois.
Guerres
La guerre de Cent Ans. La Commune. La Libération. Le second Empire. La Première
Guerre mondiale (mais, la der des der). La Grande Guerre (1914-1918). La guerre de
1914-1918. La Seconde Guerre mondiale. La guerre froide. La guerre de Sécession. La
guerre des Six Jours. Les guerres de Religion,
Autres
Le Tour de France. Le Salon nautique. La Foire de Paris. Les Vingt-Quatre Heures du
Mans. Le Salon des arts ménagers. Les Arts ménagers. Le Festival de Cannes. La Maison
Blanche. L’Université. La Faculté. L’université de Paris. La faculté des lettres de Lyon. Le
Petit Trianon. Le musée du Louvre. La fontaine Médicis. La tour Eiffel. Le pont des Arts.
La chapelle Sixtine. La Cour carrée. La Grande Galerie. Le Petit Palais.
Exceptions
Le poids de l’histoire et de la politique, voire des considérations spécifiques
liées à une sorte de tradition, ont imposé certains choix ponctuels. L’Empereur
pour désigner Napoléon. Idem pour les groupes révolutionnaires. Les
Girondins. Les Montagnards. La Révolution de 1789. La révolution de Juillet (« r »
minuscule, majuscule à Juillet).
On écrit les Blancs, Noirs, Juifs (en tant que peuple), Méridionaux, Celtes, Bretons.
En revanche, on ne place pas de majuscule pour les adeptes d’une religion,
d’une doctrine ou les membres d’un parti. Les chrétiens, musulmans, juifs,
bonapartistes, gaullistes, socialistes, communistes...
1. Mark Twain fut le premier écrivain à remettre un manuscrit dactylographié (tapuscrit) à son
éditeur : Les Aventures de Tom Sawyer (1876).
2. Cf. Daniel Lacotte, D’où vient cette pipelette en bikini qui marivaude dans le jacuzzi avec un gringalet en
bermuda (Vuibert, 2017).
Féminisation du langage
Ambiguïtés et bon sens
Il n’existe pas de véritable obstacle à la féminisation des noms de métiers et
de professions. Cette évolution a d’ailleurs été constatée dès le bas Moyen
Âge (XVe). Et la datation du terme chirurgienne (fin XIIe) remonte même à
l’Âge féodal. On a aussi connu une inventeure devenue inventrice au début du
e e
XV . Quant à la commandante, elle apparaît dans la seconde moitié du XVII .
De mon point de vue, le terme autrice devrait donc faire l’unanimité en vertu
de son ascendance étymologique et de son utilisation qui fut courante
pendant trois siècles. Par ailleurs, chacun dit et écrit depuis longtemps :
créatrice, dessinatrice, illustratrice, réalisatrice, compositrice, instructrice,
agricultrice, médiatrice, prédicatrice, navigatrice, spectatrice, exploratrice,
inspectrice… Mots qui se terminent tous en « teur » au masculin. Alors, à
quoi bon vouloir imposer auteure. Avec un emblématique « e » final sous le
prétexte inconscient que le « e » transforme un en une.
Le plus étrange pour celles et ceux qui voudraient imposer auteure réside
dans le fait que cette graphie ne s’entend pas dans la langue parlée. On peut
aussi bien dire écrivaine ou autoresse qui a aussi connu son heure de gloire.
Pourquoi ne pas les remettre également au goût du jour. Car, à l’inverse
d’auteure, le mot autoresse a le mérite de s’appuyer sur une morphologie
lexicale connue et couramment employée. Pour preuve, la doctoresse
lexicalisée au milieu du XIXe siècle. Terme bien utile puisque il est
impossible de faire de médecine le féminin de médecin, alors que la laborantine
s’est imposée sans difficulté.
Dans son rapport de mars 2019, l’Académie française insiste, à juste titre,
sur les multiples difficultés que l’on peut rencontrer dans cet exercice de
féminisation. Exemples, outre le médecin évoqué plus haut : architecte,
artiste, juge, comptable, mannequin, diplomate, gendarme, ministre, marin,
maître (avocat, notaire), etc., ces mots ne peuvent pas se transformer (sauf
maîtresse pour institutrice). Il faut plutôt leur attribuer un article féminin en
conservant le nom masculin. Inutile, par exemple, d’essayer d’imposer la
gendarmette puisque le suffixe « ette » est dépréciatif ou péjoratif et très usité
dans le langage argotique. On se voit mal parler d’une gendarmette qui
commande une unité de cinquante bonhommes. Et, dans les cas
« désespérés », il suffit d’inventer un nouveau mot. Comme cela a été fait
pour la « masculinisation » du terme sage-femme transformé en maïeuticien (et
non pas en sage-homme).
Il existe cependant des formes très utilisées de féminisation que l’on peut
appliquer en y mettant une dose de bon sens. Car l’intolérance phonétique
ou l’ambiguïté sémantique peut surgir. Exemples, outre le « teur/trice »
largement évoqué, les terminaisons suivantes se sont imposées : « -er/ -ère
», « -ier/-ière », « -ien/-ienne, « -in/-ine ». Ce qui pose toutefois question
pour la jardinière : femme jardinier ou pot de fleur (jarre, vasque, bac). De
même pour la féminisation paresseuse avec un « e » final. Là encore,
problème avec la matelote : femme matelot ou plat (sorte de ragoût)
composé de différents poissons de qualité. Idem pour la camelote : femme
camelot ou marchandise de très mauvaise qualité. Reste le cas de chef qui se
décline de multiples façons : chèfe, cheffe, cheffesse, voire cheftaine (là aussi,
double ambigüité : soit la cheftaine a la responsabilité d’un groupe de
scouts, soit elle dirige de manière très autoritaire).
Titres, grades, fonctions et charges
À l’instar des noms de métiers, il faut évoquer le cas des fonctions et charges
occupées par des femmes. Il y a là moult ambivalences dans l’usage. Là
encore, le bon usage doit primer au-delà des vociférations dogmatiques qui
reposent sur une approche purement subjective et sur une méconnaissance
totale de notre langue.
Dans le même ordre d’idée, « préfet » est un grade, tandis que « préfet de la
région Hauts-de-France » est une fonction provisoire. « Auditeur » au
Conseil d’État est un grade, « rapporteur » une simple fonction. Cette
distance formelle entre fonction, grade et titre ne doit cependant pas
présenter de difficulté particulière à la féminisation des substantifs servant à
désigner toutes ces personnes.
Toujours à propos des hautes fonctions officielles, les mots reine ou impératrice
désignent soit l’épouse, soit celle qui exerce réellement le pouvoir royal ou
impérial. L’Académie précise que « l’usage qui rapporte la dénomination
féminine à l’épouse du titulaire d’une fonction, d’un mandat ou d’une
charge, tombe en désuétude ».
Notons que les composés construits avec un préfixe verbal ne sont pas
concernés par la soudure. Cependant, on voit apparaître des
exceptions avec les verbes passer (passepartout, passeport, passetemps),
porter (porteclé, portecrayon, portemanteau, portemonnaie, porteplume),
tirer (tirebouchon, à tirelarigot) (liste non exhaustive). Cette double approche
paraît très difficile à maîtriser d’autant qu’elle s’appuie sur l’arbitraire.
Pour les pluriels, les mots soudés suivent la règle classique de l’accord en
genre et en nombre : des contrejours. De la même façon un mot soudé au
singulier ne prend pas le pluriel malgré l’évidence du sens : un millepatte, qui,
pourtant, n’a pas qu’une seule patte.
Avec un trait d’union, les éléments des mots composés par un verbe et un
nom restent au singulier quand le nom composé est au singulier (un brise-
glace, un repose-pied, un pèse-lettre). Mais la nouvelle orthographe
préconise : des brise-glaces, des repose-pieds, des repose-têtes, des cure-dents, des cure-
ongles, des après-midis, des pèse-lettres, des abat-jours. Toutefois, quand l’élément
nominal du mot composé possède une majuscule (ou quand il est précédé
d’un article singulier), il ne prend pas le pluriel : des prie-Dieu, des trompe-l’œil,
des trompe-la-mort.
Accent circonflexe
La nouvelle orthographe propose de supprimer l’accent circonflexe sur
le « i » et sur le « u » : abime(r), accroitre, ainé, aout, apparaitre (et verbes en
« aitre »), boite, bruler (et dérivés), buche (bucheron), couter (et dérivés), croitre (et
dérivés), croute (crouton), crument, diner, entrainer, flute (et dérivés), fraiche (et
dérivés), gout, huitre, ile (et dérivés), maitre (et dérivés), murir, naitre, piqure, sureté,
surement, traine (traineau), traitre (et dérivés)…
Accent grave
Pour rendre cohérent l’usage phonétique et la graphie, les préconisations
évoquent de nouveau le sempiternel débat autour du choix entre l’accent
aigu et l’accent grave. La querelle restera ouverte tant que subsisteront des
accents régionaux ou locaux : évènement (au regard
d’avènement), règlementaire (à l’image de règlement)…
Tréma
Les incitations de la nouvelle orthographe suggèrent de placer le tréma sur
le « u » qui doit être prononcé : aigüe, ambigüe, ambigüité, argüer, cigüe, contigüe,
contigüité, exigüe, exigüité, gageüre, suraigüe...
Mots étrangers
Les mots étrangers reconnus par l’Académie et lexicalisés dans les
dictionnaires usuels ont tendance à adopter une orthographe francisée :
acuponcture, iglou (plutôt que igloo), ponch (pour différencier le mot de la
formule avoir du punch), pouding, rockeur, squatteur, supporteur, etc.
Consonnes doubles
Les conjugaisons des verbes en « eler » et « eter » s’écrivent avec un accent
grave et une consonne simple, à l’instar de acheter (j’achète), geler (je gèle) ou
de peler (je pèle). Ainsi, la nouvelle orthographe préconise : je cachète, il cliquète,
je morcèle, je nivèle ; l’eau ruissèle, le mur ruissèlera, j’étiquète, il époussète (époussètera)
…
Les mots en « ole » pourraient s’écrire avec une consonne simple : barcarole,
corole, fumerole, girole, guibole, mariole… Mais il faudrait cependant conserver :
colle, folle, molle. Là encore, des exceptions à la simplification.
Autres propositions
Voici d’autres suggestions proposées par la nouvelle orthographe. Certaines
sont recevables au nom de la cohérence et de l’harmonisation entre mots
d’une même famille. À vous de juger. Et à l’usage du temps d’imposer ou
non la forme qui semblera émerger.
Acception
Pour un mot : sens (signification) reconnu par l’usage. Un terme
polysémique possède plusieurs acceptions différentes.
Antonomase
Mot usuel issu du nom d’un personnage fictif (imaginaire). Le plus souvent,
héros tout droit sorti d’une œuvre littéraire (gavroche, harpagon, pipelette).
Ne pas confondre avec le mot éponyme : nom propre d’un personnage
ayant réellement existé devenu un nom commun (poubelle, guillotine,
saxophone).
Apax (ou hapax)
Terme, syntagme, emploi, expression ou forme syntaxique qui n’apparaît
qu’une seule fois dans un corpus donné ou à une époque donnée. L’apax
possède une attestation isolée.
Aphérèse
Troncation par le début d’une ou plusieurs syllabes d’un mot. Bus (autobus),
pitaine (capitaine), Ricain (Américain), troquet (mastroquet), etc.
Apocope
Troncation par la fin d’une ou plusieurs syllabes d’un mot. Bourge
(bourgeois), cinéma (cinématographe), ciné (cinéma), télé (télévision), etc.
Dénominal
Verbe formé à partir d’un substantif. Beurrer (de beurre), gaffer (de gaffe), etc.
C’est l’inverse d’un déverbal.
Déverbal
Substantif qui dérive d’un verbe. Arnaque (d’arnaquer), bouffe (de bouffer),
déprime (de déprimer), etc. C’est l’inverse d’un dénominal.
Éponyme (mot)
Cf. Antonomase.
Euphémisme
Manière d’atténuer une notion qui pourrait sembler choquante, blessante
ou déplaisante dans un style plus direct. L’euphémisme adoucit une
expression. Malentendant pour sourd, non-voyant pour aveugle, un peu enveloppé
pour obèse.
Homonymes
Des mots homonymes se prononcent de la même façon. Mais ils possèdent
des acceptions totalement différentes. Dans certains cas, ces termes
s’écrivent de la même façon : cor (durillon) / cor (instrument de musique).
Dans d’autres cas, ils s’écrivent différemment : pain (aliment) / pin (arbre
résineux). Nous sommes là en présence de mots homophones (à la
prononciation identique).
Hyperbole
Figure de style qui permet d’insister sur la valeur d’une idée en exagérant la
façon de s’exprimer, en augmentant la force expressive. L’hyperbole
s’approche de l’emphase. Elle amplifie l’action décrite, dans forcément
l’exagérer. Exemple : se mettre en quatre montre la vaillance d’un individu qui
multiplie son énergie pour agir.
Hypocoristique
Un terme hypocoristique (ou un hypocoristique) exprime une intention
douce, affectueuse, caressante. Il s’agit d’une sorte d’imitation du langage
enfantin. L’hypocoristique se crée le plus souvent par redoublement de
syllabe ou par déformation phonétique : chouchou, doudounes, lolo (pour lait),
lolos (pour seins, référence au lait), zizi (sexe du garçonnet, altération de
oiseau). Mais l’hypocoristique peut aussi découler d’une atténuation : mimi
(pour chat, car minou ou minet désignait le félin domestique).
Litote
La litote permet de dire « le plus » en suggérant « le moins ». Ainsi, au lieu
de dire je t’aime, Pierre Corneille écrit « je ne te hais point ». En d’autres
termes, la litote se construit en exprimant une idée par la négation de son
contraire. Exemple : vous voulez dire c’est bon ; vous prenez le contraire
(mauvais) et vous ajoutez une négation. Donc : ce n’est pas mauvais.
Métaphore
Procédé de langage (figure de rhétorique) qui consiste à employer un terme
concret dans un contexte abstrait par une sorte d’association d’idée. On
crée ainsi par substitution une sorte de ressemblance imagée. Mais sans
nommer ce qui sert à établir la comparaison. « Un monument de bêtise »
est une métaphore qui permet de désigner un remarquable crétin. « Vous
êtes mon lion superbe et généreux » est une métaphore valorisante (voire
obséquieuse) adressée, par exemple, à un amoureux. En revanche, parler
d’un « coq hargneux dressé sur ses ergots » pour désigner un jeune zozo
prétentieux est une métaphore dépréciative. Les mots auxiliaires comme, tel
que, ainsi que, de même que, etc. n’apparaissent jamais dans une métaphore
digne de cette définition.
Métaplasme
L’apocope ou l’aphérèse se rangent dans la catégorie des métaplasmes.
Autrement dit, des altérations volontaires acceptées par l’usage. Le plus
souvent, le métaplasme correspond à l’élision d’une ou plusieurs syllabes au
début ou à la fin d’un vocable.
Métonymie
Figure de rhétorique qui permet d’exprimer une idée par un mot désignant
un autre concept, lorsqu’une relation les unit (cause pour effet, contenant
pour contenu, etc.) : boire un verre, ameuter l’immeuble, écouter Chopin.
Morphologie
Analyse des évolutions de la forme des mots dans la phrase. La morphologie
lexicale étant l’étude de la formation et de la structure des termes
complexes.
Oxymore
Figure qui consiste à combiner deux termes totalement opposés. Objectif :
donner à l’ensemble une force expressive amplifiée par le décalage de sens.
Une douce violence. Se hâter lentement.
Pléonasme
Faute de syntaxe sous forme de répétition inutile. Le pléonasme, ou la
redondance, présente la même idée sous des formes différentes. Exemples
classiques : comme par exemple, monter en haut, descendre en bas, importer de l’étranger,
prévoir à l’avance.
Polysémique
Un mot polysémique possède plusieurs sens différents. Dinde (femelle du
dindon ; femme stupide voire aguicheuse), blaireau (mammifère carnivore ;
lascar insignifiant). Évidemment, nombre de mots usuels deviennent
polysémiques lorsqu’on leur adjoint leur acception argotique.
Synecdoque
Figure de rhétorique proche de la métonymie dont elle serait une sorte de
sous-ensemble linguistique parfois délicat à isoler. Ici, nous prenons la partie
pour le tout, la matière pour l’objet : une voile (un bateau), un fer (une épée, un
poignard), les mortels (les hommes).
Syntagme
Pour simplifier : groupe réduit de mots qui se suivent et donnent un sens à
leur union (crayons bleus, sans discuter). Plus largement, cette formation
figée (verbale, nominale, adjectivale, adverbiale) génère une unité
indissociable dans la hiérarchisation de la phrase. Tout syntagme figé
lexicalisé crée, par exemple, une locution, voire une expression.
Tautologie
Truisme (évidence, banalité), pléonasme, redondance ou lapalissade. La
tautologie répète une même idée sous deux formes différentes. Mais cette
expression (écrite ou orale) est le plus souvent volontaire. Dans ce cas, il
s’agit d’une figure de style qui marque l’insistance (sinon, c’est une pure
incorrection). Applaudir des deux mains.
Troncation
Façon d’abréger un mot, souvent par aphérèse ou apocope (voir ces deux
mots plus tôt).
Zeugma (ou zeugme)
Formule amusante très répandue dans le langage parlé. Nous faisons tous
des zeugmas sans le savoir. Cette figure de rhétorique consiste à ne pas
répéter un mot (ou groupe de mots) dans la mesure où l’énoncé global de la
phrase reste compréhensible. Un terme clairement exprimé dans un
premier membre de phrase reste volontairement sous-entendu dans
l’élément syntaxique voisin. Ce soir là, la rue était vide, mon verre et mon assiette
également. Norbert manque de charme, mais aussi d’argent. La maison était pleine de
fumée et la tasse de café.
Index
A
À 25, 26
À l’attention / À l’intention 81
À l’envi 27
À nouveau / De nouveau 27
À plus 98
Abasourdir 13
Abhorrer / Adorer 45
Abjurer / Adjurer 46
Abolir / Abroger 45
Acceptation / Acception 46
Acception 219
Acronymes 187
Acupuncture 13
Adjectifs 161
Agonir / Agoniser 47
Aiguillonner 14
Alarmant / Alarmiste 48
Alcoolisé / Alcoolique 48
Aller 80
Allocution / Élocution 49
Amarrer / Arrimer 49
Amener / Apporter 50
Amiante 28
Analphabète / Illettré 51
Apax 219
Aphérèse 219
Apocope 220
Après 98
Arcade / Arcane 53
Aréopage 28
As 134
ASAP (asap) 99
Au jour d’aujourd’hui 29
Au-dessous 81
Auxerre 14
Avoir l’air 82
B
Bai / Baie / Bey / Bée 117
Basé sur 30
Bon 132
Bourrelé de remords 30
Boutoir / Butoir 55
Bruxelles 14
C
C’est clair 101
Capter / Capturer 56
Carrément 98
Carrousel 15
Case / Casse 56
Chaloir 83
Chamonix 15
Charges 206
Cinéphile / Cynophile 57
Circoncire / Circonscrire 57
Commémorer / Fêter 83
Complètement 98
Convenir 32
Cor 132
Courir / Encourir 58
Courriel / Mél 85
Crochets 158
Cru / Millésime 32
D
Date / Datte 123
Davantage / D’avantage 58
De 25, 26
De concert / De conserve 87
De nouveau / À nouveau 27
Décade / Décennie 33
Décimer / Exterminer 86
Dégingandé 16
Déjeuner 15
Démarrer 33
Dénominal 220
Dentition / Denture 59
Déverbal 220
Diagnostiquer 17
Dieu et les « personnes sacrées » (majuscules) 197
Différer à une date ultérieure 178
Dompter 17
Du coup 103
E
Ébaubi / Ébaudi 59
Effraie 133
Empreint / Emprunt 60
En 26
En dessous 81
En lice / En liste 61
Enfantin / Infantile 61
Entrer / Rentrer 62
Espace 88
état / État 89
Euphémisme 220
Expérience 17
Expérience / Expertise 63
Expérience passée 179
F
Faire a priori un procès d’intention 179
Féerie 17
Féminisation du langage 201
Frasque / Fresque 64
G
Gageure 18
Genre 105
Géographie (majuscules) 197
H
Hapax 219
Hasard imprévu (un) 180
Homographes 134
Homonymes 220
Homophones 132
Hyperbole 221
Hypocoristique 221
I
Il est renfermé sur lui-même 185
Impératif / Impérieux 65
Impératif 89
Impétrant(ante) 34
Incessamment sous peu 180
Infarctus 35
Initialiser / Initier 65
J
Jungle 13
L
L’enfant est content que ses parents lui content des histoires 135
Liaisons 18
Litote 222
M
Macabre / Morbide 66
Magnat 20
Mail 20
Malgré / Bon gré mal gré 55
Mandature 35
Match 21
Mea-culpa sur soi-même (un) 181
Métaphore 222
Métaplasme 223
Métonymie 223
Morphologie 223
Mot / Maux 125
Moule 133
N
Niveau (au niveau de) 107
Nœuds à l’heure 36
Nombres 167
Noms 160
O
On 90
Ou pas 107
Oxymore 223
P
Palier / Pallier 125
Pallier 36
Parfaitement 98
Pléonasme 223
Pluriels 159
Point 151
Polysémique 224
Poncif / Pontife 70
Ponctuation 147
Pondre un œuf 183
Potentiel / Putatif 71
Première priorité 183
Prendre les trois points 109
Prendre match après match 109
Preuve probante 184
Prodigue / Prodige 69
Prolifique / Prolixe 70
Prononciation 13
Pugnace 21
Punch 13
Q
Quand / Quant à 72
Quelque / Quelques / Quel que 72
R
Rabattre / Rebattre 76
Raisonner / Résonner 126
Rapport à 38
Rate / Ratte 127
S
S’avérer vrai 174
S’entraider mutuellement 178
Sans 93
Serment / Sermon 75
Si tant est que 41
Sigles 187
Smash 21
Soi / Soie / Soit 130
Soi-disant 41
Somptuaire / Somptueux 76
Suggérer 22
T
Tarifer / Tarifier 42
Tautologie 224
Tendresse / Tendreté 42
Tirets 156
Titres 194
Titres (fonction) 206
Titres d’œuvres 194
Tout à fait 98
Trafic / Traffic 77
Trait d’union 212
Tréma 215
Troncation 225
Trop 111
U
Un projet d’avenir 185
V
Vénéneux / Venimeux 77
Vins et fromages (majuscules) 197
Virgule 148
Vive les vacances / Vivent les vacances 96
Voie / Voix 131
Voilà 111
Voire même 186
Voire même 42
Voirie / Voierie 78
Y
Yacht 23
Z
Zeugma (ou zeugme) 225
Zoo 23
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