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Proceedings Rencontres Scientifiques sur l’Environnement Sciences et Techniques

Proceedings RSE-2016, Volume 1 (2016) 39-45

Etude pilote sur le dimensionnement du séchage solaire par


effet de serre des boues industrielles

Pilot study on the design of the solar drying greenhouse


industrial sludge
E. Haily1, M. Ezzine1, A. El Bouari1, O. Cherkaoui2
1
Université Hassan II de Casablanca, Faculté des Sciences Ben M’sik, Casablanca.
2
Ecole Supérieure des Industries du Textile et de l'Habillement (ESITH), Casablanca.
E-mail : [email protected]

Résumé

Notre projet s’inscrit dans une dynamique environnementale durable qui consiste à étudier le
dimensionnement du séchage solaire sous serre des boues industrielles Nous avons mené une
étude à l’échelle pilote, dans l’objectif de la transposer à une serre industrielle qui traitera
l’ensemble des boues issues de 13 entreprises installées dans la zone industrielle de la ville de
Berrechid. A l’aide d’une unité expérimentale (pilote) équipée d’un ventilateur d’extraction d’air à
débit variable, nous avons étudié la cinétique de séchage d’une boue issue d’une station
d’épuration du textile installée dans la même zone industrielle. Le taux de matières sèches initial
est de 15% et les paramètres susceptibles de varier sont la vitesse de l’air à l’intérieur de la serre,
le nombre d’opérations de retournement de la boue et l’épaisseur de sa couche
L’objectif principal de ce travail est la recherche des conditions optimales permettant d’aboutir à
un séchage rapide et efficace. Les résultats obtenus ont permis de définir les conditions
nécessaires pour dimensionner la serre industrielle qui traitera une production annuelle de 3000
tonnes de boues fraîches ayant un taux de siccité moyen de 20%.

Mots clés : Boues, Séchage solaire, Dimensionnement, Effet de serre, Efficacité énergétique.

Abstract

Within a sustainable environmental dynamic, the goal of our project is to study the design of a
solar dryer greenhouse for industrial sludge. For this, we carried out a pilot study to determine the
optimal conditions and transpose them to an industrial greenhouse. This study will provide a
solution to the treatment of sludge generated by the 13 companies operating in the industrial zone
of Berrechid city. Using an experimental unit (pilot) provided with an air exhaust fan at variable
speed, we have studied the kinetics of drying of sludge samples generated by a textile factory. The
rate of initial dry matter is 15% and the parameters we varied are the velocity of the air within the
greenhouse, the sludge turning operations and the thickness of his layer.
The main objective of this work is to find optimal conditions to achieve a fast and efficient
drying. The results will be used to define the best conditions to design and size the industrial
greenhouse that will process an annual output of 3,000 tons of fresh sludge with an average
dryness ratio of 20%.

ISBN : 978-9954-38-622-4 Dépôt légal : 2016MO4114 39


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Proceedings RSE-2016, Volume 1 (2016) 39-45

Introduction

Le problème de l’élimination des boues issues d’épuration devient plus délicat vu


l’augmentation de la production des eaux usées et la réglementation (Loi 10-95 et Loi 28-00) qui
se fait de plus en plus exigeante.
En 2006, le Maroc, comptait environ plus de 90 stations d’épuration, d’une capacité totale d’eau
traitée de 600 millions m3. Le traitement des eaux usées dans ces stations génère une grande
quantité de boues qui doit être traitée pour réduire son volume et pour assurer sa stabilité. Le
séchage se présente comme une solution efficace pour atteindre cet objectif.
La plupart des procédés classiques de déshydratation des boues ont des limitations. De même,
les procédés de séchage thermique demeurent coûteux et énergivores. Au vu de l’énorme quantité
de boues brutes générées au Maroc (environ 1,4 millions de tonnes contenant 95% d’eau), il
apparait nécessaire de mettre en place une alternative de séchage solaire sous serre pour
minimiser le volume de stockage et pour atteindre une siccité qui permet la valorisation agricole et
l’incinération des boues. C’est pourquoi, nous nous sommes intéressés au développement d’une
action pilote de gestion écologique des boues des STEPs industrielles.
Par ailleurs, les réglementations de plus en plus strictes en matière de gestion des boues ont
également suscité de l'intérêt dans les technologies de séchage. La faisabilité du séchage solaire
des boues d'épuration a été évaluée expérimentalement [1] et économiquement [2] dans un pilote
à échelle industrielle dans des conditions météorologiques typiques de la région méditerranéenne.
De même, plusieurs modèles de processus de séchage des boues des eaux usées ont été
élaborés [3,4]. Ces modèles ont présenté les résultats d'une simulation d'un procédé de séchage
alimenté par l'énergie du rayonnement solaire.
Une récente étude a conduit à la conception d'un procédé de séchage combiné de boues de
station d’épuration par énergie solaire et pompe à chaleur [5]. Shao et al [6] ont étudié l'effet de la
paille sur le séchage solaire naturel des boues, et Putranto et Chen [7] ont mis en œuvre la REA
(approche de l'ingénierie de la réaction) pour la première fois, pour modéliser le séchage convectif
des boues d'épuration, un matériau fortement rétractable.
Il apparait donc nécessaire de mettre en place une alternative de séchage solaire sous serre
pour minimiser le volume de stockage et pour atteindre une siccité qui permet la valorisation
agricole et l’incinération des boues. C’est pourquoi, nous nous sommes intéressés au
développement d’une action pilote de gestion écologique des boues des STEPs industrielles.

1. Matériels et méthodes

1.1. Description du pilote expérimental

L’unité expérimentale utilisée, est constituée de deux compartiments, le premier est une serre
en plexiglas, de forme tétraédrique ayant les caractéristiques suivantes : Longueur = 1 m,
largueur = 0,5 m et hauteur = 0,7 m. Le deuxième est un lit en plexiglas ayant 1 m de longueur,
0,5 m de largeur et 0,5 m de profondeur (Figure 1).
La serre est équipée, sur les parois latérales, de volets d’aération qui permettent le
renouvèlement de l’air à l’intérieur ; l’assemblage entre les deux parties est réalisé par un joint en
mousse et par des vis de fixation pour assurer l’étanchéité du pilote. L’installation est équipée des
accessoires suivants :

 Un ventilateur d’extraction d’air à débit variable,


 Des instruments de mesure pour assurer le contrôle de certains paramètres :
 Un solarimétre pour déterminer la densité du rayonnement solaire incident sur la paroi
de la serre.
 Un anémomètre pour mesurer la vitesse de l’air à l’intérieur de la serre.

ISBN : 978-9954-38-622-4 Dépôt légal : 2016MO4114 40


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 Deux thermo-hygromètres : l’un est placé sur la paroi intérieure du lit pour mesurer la
température et l’humidité relative de l’air intérieur, et l’autre est placé à l’extérieur de la
paroi pour déterminer la température et l’humidité relative de l’air intérieur.
 Une sonde de température pour mesurer la température de la boue.
 Une balance pour suivre la perte de masse de la boue.

Figure 1. Pilote expérimental.

1.2. Déroulement de l’expérience

Objectif : Séchage d’une boue en couche épaisse dont le taux de matière sèche initial est de
15% pour le ramener à une siccité finale de 70%.
Les expériences réalisées consistent à sécher 1 kg de boues prélevées dans des stations
d’épuration de textile. Ces échantillons ont été étalés en surface à l’intérieur de la serre pilote.
L’épaisseur choisie est de 4 cm et l’efficacité du séchage est étudiée en variant le renouvèlement
d’air à l’intérieur de la serre et le nombre d’opérations de retournement de la boue.
L’air qui entre à travers les volets d’aération est chauffé par effet de serre et la couche de la
boue étalée au-dessous du lit est également chauffée par rayonnement et par convection. Nous
sommes, dans ce cas, en présence d’un couplage de transfert thermique par rayonnement et
convection ainsi qu’un transfert massique.

Tableau 1. Conditions associées aux différentes expériences.

Renouvellement Opération de
Expériences* Vitesse d’air (m/s) 3
d’air (m /h) retournement
1 0,1 306 0
2 0,1 306 1
3 1 3060 1
4 1 3060 2
5 2 6120 2
* La mesure des grandeurs (masse d’échantillon, température et humidité à l’extérieur de la serre,
température et humidité à l’intérieur de la serre, température d’échantillon) est effectuée toutes les deux
heures afin de suivre la perte de masse de la boue et de mesurer le taux de matière sèche (la siccité).

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2. Résultats et discussions

2.1. Analyse des performances du séchage solaire pour différentes conditions d’air

Le séchage en couche épaisse des boues non retournées (figure 2) amène au cours du
séchage la formation d’une croûte faisant apparaître des strates sur deux niveaux. Une strate
supérieure, qui correspond au niveau 1, caractérisée par un produit sec et une strate inférieure, qui
correspond au niveau 2, caractérisée par un produit encore humide. Tandis que les boues
retournées 2 fois, une le matin et l’autre l’après-midi (figure 3) se présentent sous forme de
granulat homogène dont la couleur est verte. Ces constats visuels caractérisent la nécessité
d’avoir recours à une opération de retournement de plus si la vitesse d’air est rapide, afin
d’homogénéiser le produit dans le but de réactiver le processus de séchage.

Figure 2. Stratification de la couche de boue au Figure 3. Couche de boue au cours du séchage


cours du séchage sans opération de avec deux opérations de retournement (débit
3 3
retournement (débit d’air 306 m /h) d’air 6120 m /h) [expérience 5].
[expérience 1].

Tableau 2. La cinétique de séchage des expériences


Durée de séchage (h) (pour arriver à une
Expériences
siccité de 70%)
1 80
2 72
3 58
4 52
5 32

L’étude de l’évolution de la perte de masse, liée à la quantité d’eau évaporée, montre que
l’expérience 5 n’a duré que 32 heures pour arriver à une siccité de 70%. Dans ces conditions la
boue avait subi 2 opérations de retournement et un débit d’air suffisant. L’évolution de la perte
de masse d’eau évaporée durant cette série d’expériences est croissante, jusqu’à un
maximum de 97 g le 1er jour, et de 112 g le 2ème jour (pour l’expérience 5). Ces deux
maxima apparaissent aux alentours de 16 h grâce au fort ensoleillement saisonnier capté
par la serre à cette heure.

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Figure 4. Evolution de la perte de masse d’eau de deux expériences pendant la période de séchage
de l’expérience 5.

Les opérations de retournement de la boue empêchent la stratification de la couche et


permettent ainsi de faciliter le séchage. Le cassage de la croûte et l’homogénéisation du
milieu permettent dans un premier temps de libérer la chaleur emprisonnée dans les
diverses strates afin d’éviter les phénomènes de condensation mais également d’oxygéner
le milieu, ainsi ils se trouvent confortés par le fait d’accélérer la cinétique de séchage.

2.2. Influence de l’épaisseur du lit de boues sur les performances de séchage

L’étude de l’influence de l’épaisseur du lit de boues sur les performances de séchage a été
effectuée dans les conditions de l’expérience 5 (débit d’air 6120 m3/h, deux opérations de
retournement) afin de suivre la siccité en fonction de l’épaisseur de la croûte.

Figure 5. Evolution de la siccité en fonction de l’épaisseur de la couche de boue.

Les résultats obtenus pour des épaisseurs de la couche de boue plus grandes montrent qu’il
est désavantageux d’agrandir ce paramètre : le passage d’une épaisseur de 14 cm à 4 cm permet
d’évaporer 405 g d’eau de plus sur 1 kg de boue fraîche.

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2.3. Dimensionnement

L’étude a porté sur 13 entreprises issues de 5 secteurs d’activité différents et toutes installées
dans la zone industrielle de Berrechid. Les activités génératrices de telles boues sont : la peinture,
l’agroalimentaire, la céramique, le papier et carton, et enfin le textile. Les entreprises ont ainsi
participé à cette étude dont la mission est de développer une action pilote de gestion écologique
des boues des STEPs industrielles.

 Calcul de la quantité d’eau à évaporer pour atteindre la siccité de 70%

Le cabinet d’études marocain Phenixa, a pu établir que 3000 tonnes de boues fraîches de
différentes qualités sont produites chaque année par ces unités. Soit environ 600 tonnes de
matières sèches
A partir d’une production annuelle de 600 tonnes de matières sèches, le passage d’une boue à
20% (soit 3000 tonnes de boues fraîches) à une siccité de 70% (850 tonnes de boues séchées)
nécessite d’éliminer par évaporation 2150 tonnes d’eau par année.

 Calcul de la surface utile de séchage solaire à envisager

Les conditions de l’expérience 5 (un débit d’air de 6 120 m3/h, deux opérations de retournement
et 4 cm d’épaisseur) sont les meilleures adaptées à la cinétique de séchage de boues issues de
STEPs, et sur lesquelles on va dimensionner notre serre industrielle.
• Le lit de séchage utilisé pour le pilote laboratoire est de surface 0,0625 m² (0,25 m*0,25 m).
• L’expérience 5 a duré 32 h ≈ 2jours.
• On a eu 800 g d’eau évaporée (EE) sur 32 heures de séchage.
=> 146 kg d’EE par an et par 0,0625 m², ce qui donne 2,3 T d’EE/an.m².
En dimensionnement, il faut compter en moyenne 2,3 TEE/m².an pour une serre naturelle sans
chauffage complémentaire.
Donc pour les 13 entreprises de la zone industrielle de Berrechid il faut installer une serre de
950 m² afin de ramener le taux de matière sèche initiale de boue à une siccité finale de 70%.

 Calcul de la vitesse d’air circulé à l’intérieur de la serre

• A l’échelle du pilote expérimental :

Surface du pilote = 0,85 m² Volume du pilote = 0,425 m3

Q = V * S = 2 * 0,85 = 1,7 m/s = 6 120 m3/h

Ceci montre que le taux de renouvellement par heure, de l’air intérieur est de 14 400 le volume
du pilote.

• A l’échelle de la serre industrielle :

Surface de la serre industrielle = 950 m² Volume de la serre industrielle = 950 * 4 = 3800 m3


Q = 14 400 * 3800 = 54,72.106 m3/h

V= = = 57 600 m/h = 16 m/s

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Pour avoir des bonnes conditions de séchage pour la serre industrielle, il faut donc installer un
ventilateur d’extraction d’air d’une vitesse de 16 m/s, et de préférence 4 ventilateurs d’une vitesse
de 4 m/s chacun. Ces ventilateurs seront positionnés tout au long de l’ouvrage au-dessus du lit de
séchage.

Conclusion

Tout au long de ce travail, nous nous sommes intéressés au séchage solaire par effet de serre
des boues industrielles, et plus particulièrement à l'étude de la cinétique du séchage ainsi que
certains aspects des séchoirs solaires liés notamment au rayonnement solaire global.
Les résultats obtenus ont pu montrer que les conditions suivantes : 2 m/s de vitesse d’air, 2
opérations de retournement et une couche de boue d’une épaisseur de 4 cm sont idéales pour
avoir un séchage optimal. Ces résultats ont été utilisés comme base de départ pour déterminer la
quantité d’eau à évaporer pour atteindre la siccité de 70%, la surface utile de séchage solaire à
envisager, la vitesse d’air qui circule à l’intérieur de la serre et la consommation énergétique de la
serre. Ces paramètres ont permis de proposer un dimensionnement optimal de la serre industrielle
qui traitera une production annuelle de 3 000 tonnes de boues fraîches dont le taux de siccité
moyen est de 20%.

Remerciements

Nous remercions chaleureusement notre partenaire la Coopération Internationale Allemande


pour le Développement (GIZ) pour leur généreux soutien et leur contribution au succès de ce
travail.

Références

[1] V.L. Mathioudakis, A.G. Kapagiannidis, E. Athanasoulia, A.D. Paltzoglou, P. Melidis, A. Aivasidis, Drying
Technology 31(5) (2013) 519-526.
[2] N.K. Salihoglu, V. Pinarli, G. Salihoglu. J. Food Eng. 78 (2007) 74-85.
[3] P. Krawczyk, K. Badyda, Modeling of thermal and flow processes in a solar waste-water sludge dryer with
supplementary heat supply from external sources, Journal of Power Technologies 91 (1) (2011) 37-40.
[4] H. Amadou, J.-B. Poulet, C.Beck et A.-G. Sadowski. Wit Trans. Eng. Sci. 52 (2006) 133-142.
[5] R. Slim, A. Zoughaib, D. Clodic. Int. J. Refrig. 31(7) (2008) 1156–1168.
[6] L. Shao, T. Wang, L. Zhao, G. Wang, F. Lü, P. He, Drying Technology 33(4) (2015) 414-419.
[7] A.Putranto, X. D. Chen. Procedia Chemistry. Volume 9, (2014) 77-87.

ISBN : 978-9954-38-622-4 Dépôt légal : 2016MO4114 45

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