ProceedingsRSE 2016volume1201639 45
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Résumé
Notre projet s’inscrit dans une dynamique environnementale durable qui consiste à étudier le
dimensionnement du séchage solaire sous serre des boues industrielles Nous avons mené une
étude à l’échelle pilote, dans l’objectif de la transposer à une serre industrielle qui traitera
l’ensemble des boues issues de 13 entreprises installées dans la zone industrielle de la ville de
Berrechid. A l’aide d’une unité expérimentale (pilote) équipée d’un ventilateur d’extraction d’air à
débit variable, nous avons étudié la cinétique de séchage d’une boue issue d’une station
d’épuration du textile installée dans la même zone industrielle. Le taux de matières sèches initial
est de 15% et les paramètres susceptibles de varier sont la vitesse de l’air à l’intérieur de la serre,
le nombre d’opérations de retournement de la boue et l’épaisseur de sa couche
L’objectif principal de ce travail est la recherche des conditions optimales permettant d’aboutir à
un séchage rapide et efficace. Les résultats obtenus ont permis de définir les conditions
nécessaires pour dimensionner la serre industrielle qui traitera une production annuelle de 3000
tonnes de boues fraîches ayant un taux de siccité moyen de 20%.
Mots clés : Boues, Séchage solaire, Dimensionnement, Effet de serre, Efficacité énergétique.
Abstract
Within a sustainable environmental dynamic, the goal of our project is to study the design of a
solar dryer greenhouse for industrial sludge. For this, we carried out a pilot study to determine the
optimal conditions and transpose them to an industrial greenhouse. This study will provide a
solution to the treatment of sludge generated by the 13 companies operating in the industrial zone
of Berrechid city. Using an experimental unit (pilot) provided with an air exhaust fan at variable
speed, we have studied the kinetics of drying of sludge samples generated by a textile factory. The
rate of initial dry matter is 15% and the parameters we varied are the velocity of the air within the
greenhouse, the sludge turning operations and the thickness of his layer.
The main objective of this work is to find optimal conditions to achieve a fast and efficient
drying. The results will be used to define the best conditions to design and size the industrial
greenhouse that will process an annual output of 3,000 tons of fresh sludge with an average
dryness ratio of 20%.
Introduction
1. Matériels et méthodes
L’unité expérimentale utilisée, est constituée de deux compartiments, le premier est une serre
en plexiglas, de forme tétraédrique ayant les caractéristiques suivantes : Longueur = 1 m,
largueur = 0,5 m et hauteur = 0,7 m. Le deuxième est un lit en plexiglas ayant 1 m de longueur,
0,5 m de largeur et 0,5 m de profondeur (Figure 1).
La serre est équipée, sur les parois latérales, de volets d’aération qui permettent le
renouvèlement de l’air à l’intérieur ; l’assemblage entre les deux parties est réalisé par un joint en
mousse et par des vis de fixation pour assurer l’étanchéité du pilote. L’installation est équipée des
accessoires suivants :
Deux thermo-hygromètres : l’un est placé sur la paroi intérieure du lit pour mesurer la
température et l’humidité relative de l’air intérieur, et l’autre est placé à l’extérieur de la
paroi pour déterminer la température et l’humidité relative de l’air intérieur.
Une sonde de température pour mesurer la température de la boue.
Une balance pour suivre la perte de masse de la boue.
Objectif : Séchage d’une boue en couche épaisse dont le taux de matière sèche initial est de
15% pour le ramener à une siccité finale de 70%.
Les expériences réalisées consistent à sécher 1 kg de boues prélevées dans des stations
d’épuration de textile. Ces échantillons ont été étalés en surface à l’intérieur de la serre pilote.
L’épaisseur choisie est de 4 cm et l’efficacité du séchage est étudiée en variant le renouvèlement
d’air à l’intérieur de la serre et le nombre d’opérations de retournement de la boue.
L’air qui entre à travers les volets d’aération est chauffé par effet de serre et la couche de la
boue étalée au-dessous du lit est également chauffée par rayonnement et par convection. Nous
sommes, dans ce cas, en présence d’un couplage de transfert thermique par rayonnement et
convection ainsi qu’un transfert massique.
Renouvellement Opération de
Expériences* Vitesse d’air (m/s) 3
d’air (m /h) retournement
1 0,1 306 0
2 0,1 306 1
3 1 3060 1
4 1 3060 2
5 2 6120 2
* La mesure des grandeurs (masse d’échantillon, température et humidité à l’extérieur de la serre,
température et humidité à l’intérieur de la serre, température d’échantillon) est effectuée toutes les deux
heures afin de suivre la perte de masse de la boue et de mesurer le taux de matière sèche (la siccité).
2. Résultats et discussions
2.1. Analyse des performances du séchage solaire pour différentes conditions d’air
Le séchage en couche épaisse des boues non retournées (figure 2) amène au cours du
séchage la formation d’une croûte faisant apparaître des strates sur deux niveaux. Une strate
supérieure, qui correspond au niveau 1, caractérisée par un produit sec et une strate inférieure, qui
correspond au niveau 2, caractérisée par un produit encore humide. Tandis que les boues
retournées 2 fois, une le matin et l’autre l’après-midi (figure 3) se présentent sous forme de
granulat homogène dont la couleur est verte. Ces constats visuels caractérisent la nécessité
d’avoir recours à une opération de retournement de plus si la vitesse d’air est rapide, afin
d’homogénéiser le produit dans le but de réactiver le processus de séchage.
L’étude de l’évolution de la perte de masse, liée à la quantité d’eau évaporée, montre que
l’expérience 5 n’a duré que 32 heures pour arriver à une siccité de 70%. Dans ces conditions la
boue avait subi 2 opérations de retournement et un débit d’air suffisant. L’évolution de la perte
de masse d’eau évaporée durant cette série d’expériences est croissante, jusqu’à un
maximum de 97 g le 1er jour, et de 112 g le 2ème jour (pour l’expérience 5). Ces deux
maxima apparaissent aux alentours de 16 h grâce au fort ensoleillement saisonnier capté
par la serre à cette heure.
Figure 4. Evolution de la perte de masse d’eau de deux expériences pendant la période de séchage
de l’expérience 5.
L’étude de l’influence de l’épaisseur du lit de boues sur les performances de séchage a été
effectuée dans les conditions de l’expérience 5 (débit d’air 6120 m3/h, deux opérations de
retournement) afin de suivre la siccité en fonction de l’épaisseur de la croûte.
Les résultats obtenus pour des épaisseurs de la couche de boue plus grandes montrent qu’il
est désavantageux d’agrandir ce paramètre : le passage d’une épaisseur de 14 cm à 4 cm permet
d’évaporer 405 g d’eau de plus sur 1 kg de boue fraîche.
2.3. Dimensionnement
L’étude a porté sur 13 entreprises issues de 5 secteurs d’activité différents et toutes installées
dans la zone industrielle de Berrechid. Les activités génératrices de telles boues sont : la peinture,
l’agroalimentaire, la céramique, le papier et carton, et enfin le textile. Les entreprises ont ainsi
participé à cette étude dont la mission est de développer une action pilote de gestion écologique
des boues des STEPs industrielles.
Le cabinet d’études marocain Phenixa, a pu établir que 3000 tonnes de boues fraîches de
différentes qualités sont produites chaque année par ces unités. Soit environ 600 tonnes de
matières sèches
A partir d’une production annuelle de 600 tonnes de matières sèches, le passage d’une boue à
20% (soit 3000 tonnes de boues fraîches) à une siccité de 70% (850 tonnes de boues séchées)
nécessite d’éliminer par évaporation 2150 tonnes d’eau par année.
Les conditions de l’expérience 5 (un débit d’air de 6 120 m3/h, deux opérations de retournement
et 4 cm d’épaisseur) sont les meilleures adaptées à la cinétique de séchage de boues issues de
STEPs, et sur lesquelles on va dimensionner notre serre industrielle.
• Le lit de séchage utilisé pour le pilote laboratoire est de surface 0,0625 m² (0,25 m*0,25 m).
• L’expérience 5 a duré 32 h ≈ 2jours.
• On a eu 800 g d’eau évaporée (EE) sur 32 heures de séchage.
=> 146 kg d’EE par an et par 0,0625 m², ce qui donne 2,3 T d’EE/an.m².
En dimensionnement, il faut compter en moyenne 2,3 TEE/m².an pour une serre naturelle sans
chauffage complémentaire.
Donc pour les 13 entreprises de la zone industrielle de Berrechid il faut installer une serre de
950 m² afin de ramener le taux de matière sèche initiale de boue à une siccité finale de 70%.
Ceci montre que le taux de renouvellement par heure, de l’air intérieur est de 14 400 le volume
du pilote.
Pour avoir des bonnes conditions de séchage pour la serre industrielle, il faut donc installer un
ventilateur d’extraction d’air d’une vitesse de 16 m/s, et de préférence 4 ventilateurs d’une vitesse
de 4 m/s chacun. Ces ventilateurs seront positionnés tout au long de l’ouvrage au-dessus du lit de
séchage.
Conclusion
Tout au long de ce travail, nous nous sommes intéressés au séchage solaire par effet de serre
des boues industrielles, et plus particulièrement à l'étude de la cinétique du séchage ainsi que
certains aspects des séchoirs solaires liés notamment au rayonnement solaire global.
Les résultats obtenus ont pu montrer que les conditions suivantes : 2 m/s de vitesse d’air, 2
opérations de retournement et une couche de boue d’une épaisseur de 4 cm sont idéales pour
avoir un séchage optimal. Ces résultats ont été utilisés comme base de départ pour déterminer la
quantité d’eau à évaporer pour atteindre la siccité de 70%, la surface utile de séchage solaire à
envisager, la vitesse d’air qui circule à l’intérieur de la serre et la consommation énergétique de la
serre. Ces paramètres ont permis de proposer un dimensionnement optimal de la serre industrielle
qui traitera une production annuelle de 3 000 tonnes de boues fraîches dont le taux de siccité
moyen est de 20%.
Remerciements
Références
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