MARP
MARP
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FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE,
DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE
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DEPARTEMENT ECONOMIE
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Mémoire de fin d’études pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Supérieures
Spécialisées en Economie - Analyse et Politique environnementales –
09 Juillet 2012
REMERCIEMENTS
i
aussi pour les autochtones du quartier qui ont accepté de participer activement à nos
enquêtes ;
- Les centres documentaires de l‟Université d‟Antananarivo, de l‟ONE, de l‟IRD, du CITE
Ambatonakanga, qui nous ont ouvert grand leurs portes en mettant leurs documents à notre
disposition ;
Nous aimerions également manifester notre reconnaissance aux personnalités qui ont
accepté d‟apporter leur contribution, leur expérience, leur réflexion à la préparation du présent
mémoire, lors de nos enquêtes dans le Menabe :
- Monsieur RAJERISON Jean Hubert, Directeur Régional de la pêche et des ressources halieutiques ;
- Madame ASSIATA Said, Directeur Régional de la Population et des affaires sociales, Menabe, ainsi
que tout le personnel administratif, dont Madame RAZOLIAKO Jackie Flora ;
- Madame RAKOTOARIMANANA Josette Evelyne Marcelle, Directeur Régional de
l‟Environnement et Forêts, Menabe ;
- Monsieur RAZAFINDRANOSY Erude, Responsable Sécurité Alimentaire et Economique, ONG
Louvain Développement ;
- Monsieur RANDRIAMANANTENA Dannick, Représentant l‟ONG WWF dans le Menabe ;
- Monsieur Fabien RAMANANARIVO, Responsable imageries satellitaires et photographies, ONG
Fanamby ;
- Monsieur TSIPAKAY Mamy, Personnel de Madagascar National Parks ;
- Monsieur ANSEME Toto Volahy, Responsable Scientifique, Projets Menabe, ONG DurrellWildlife
Conservation Trust ;
Nous adressons particulièrement nos remerciements les plus vifs et effectifs et à nos
parents, à nos grands frères et sœurs, à nos cousins et cousines ainsi qu‟à toute la famille, qui
nous ont toujours supporté financièrement et moralement tout au long de nos études aux
Comores et durant tous les cursus universitaires à Madagascar.
Nous ne pouvons pas oublier les efforts indéfectibles fournis particulièrement par le
Groupe Fraternité Andohaniato (GFA), ainsi que les amis et connaissances, camarades et
collègues, associations et particuliers, pour le soutien moral et les diverses recommandations
qu‟ils nous ont prodigués. Vos encouragements, vos soutiens de toute sorte nous ont toujours
été utiles et aidé à traverser les longs périples de la vie universitaire.
iii
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
iv
MECIE : Mise En Comptabilité des Investissements avec l‟Environnement
MINEF : Ministère de l‟Environnement et Forêts
MINEEF : Ministère de l‟Environnement, Eaux et Forêts
MNP : Madagascar National Parks
M.O. : Matières Organiques
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
ONE : Office National pour l‟Environnement
ONG : Organisme Non Gouvernemental
OPCI : Organisme Public de Coopération Intercommunale
ORSTOM : Office de la Recherche Scientifique et Technique d‟Outre-mer (actuellementIRD,
Institut de Recherche pour le Développement)
PCD : Plan Communal de Développement
PEN : Programme Environnemental National
PEI : Programme Environnemental I
PNAE : Plan National d‟Action Environnementale
PPN : Produits de Premières Nécessités
PROGECO : Programme de Gestion durable des zones côtières des pays de la COI
(Commission de l‟Océan Indien)
SAHA : Sahan‟AsaHampandrosoananyAmbanivohitra
SAPM : Système des Aires Protégées à Madagascar
SOPEMO : SOciété de PEcherie de MOrondava
TdG : Transfert de Gestion
TGRN : Transfert de Gestion des Ressources Naturelles
UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature
URD : Urgence- Réhabilitation et Développement
VOI : Vondron‟OlonaIfotony (ou COBA)
WRM : World RainforestMovement(Mouvement Mondial pour les Forêts Tropicales)
WWF : World WildlifeFund (Fond Mondial pour la nature)
v
GLOSSAIRE
vi
Fihavanana: prône la préservation de l‟union ou de l‟unité, des liens qui unifient la société en
général et la famille (au sens large) en particulier. On préfère sacrifier l‟intérêt du particulier
dans le but de sauvegarder la paix, la solidarité, l‟unité ou l‟union.
Fintana: terme malgache - ligne avec hameçons.
Firaisana: commune rurale.
Flore: Ensemble des plantes qui croissent dans une région déterminée
Fokonolona: villageois
Fokontany: la plus petite cellule territoriale de base groupant plusieurs villages ou quartiers.
Garigaryou Treko: terme malgache - sorte de piège à appât pour les crabes.
Gaulettes: ce sont les plus petites unités de bois de mangrove commercialisés généralement
d‟un diamètre entre 3 à 5 cm d‟une hauteur d‟au moins 1,50 m.
Halophile ou halophyte : plante qui vit sur un sol salé.
Karatsaka : des gaulettes de palétuviers.
Karavokoou poteau: terme malgache - c‟est un bois utilisé pour le pilier de la maison ou la
traverse de la toiture.
Marais maritime : entité géomorphologique caractérisée par des étendues de sédiments
meubles et fins soumises à l'oscillation des marées, et par la présence de mangrove dans les
pays tropicaux.
Mangrove: Faciès de la zone littorale des mers tropicales caractérisé principalement
parl'existence des palétuviers et de toute la faune associée.
Marais : région basse où sont accumulées, sur une faible épaisseur, des eaux stagnantes,
caractérisée par une végétation et une faune particulière.
Marais salant : ensemble de bassins et de canaux, où le sel est produit par évaporation des
eaux de mer sous l‟action du soleil et du vent.
Olobe: ce sont les personnes âgées respectées ou chefs de lignée qui ont le plein pouvoir sur
le patrimoine de la famille.
Palétuvier (mangrove en anglais) : essence d'arbre inféodée aux marais maritimes tropicaux.
Tanne : grands espaces du sol nu ou herbacé situés entre la forêt de mangrove et la terre
ferme.
Taroma: terme malgache local – support de bois à l‟intérieur du bateau.
Tovona: terme malgache local – plancher.
Tsivakia: terme malgache désignant les petites crevettes
Vase : boue qui se dépose au fond des eaux.
vii
SOMMAIRE
Pages
Remerciements…………………………………………………………...……………………..i
Avant propos…………………………………………………………..………………………iii
Liste des sigles et acronymes……………………………………………….…………………iv
Glossaire……………………………………………………………………………..………..vi
Sommaire…………………………….………………………………………………………viii
Résumé…………………..…………………………………………………………………….ix
Introduction………………………..………………………………………………………….1
Conclusion ……………………………………………………………………………...……67
Cartes : Deux
Figures : Une
Photographies : Quatorze
Schémas : Un
Tableaux : Six
Résumé de l’ouvrage
Les mangroves figurent parmi les écosystèmes les plus biologiquement productifs sur
terre. Couvrant approximativement une superficie de 150 000 km2 de la surface mondiale1,
elles constituent une zone de fraie et de nourrissage pour plusieurs espèces de conservation et
ont également une importance au niveau économique.
Elles procurent des biens et services éco-systémiques pour les communautés côtières y
compris la protection des côtes, l‟épuration de l‟eau et la fourniture de produits forestiers.
1
WWF, Les mangroves de la partie Ouest de Madagascar « Analyse de la vulnérabilité au changement climatique », Rapport sept. 2010.
ix
Toutefois, malgré leur importance au niveau social et écologique, les mangroves
subissent de fortes pressions se traduisant par la régression progressive des surfaces
forestières, le tarissement des sources et cours d‟eau entrainant ainsi la disparition irréversible
d‟une grande partie de la faune et de la flore, c‟est le cas de Kaday, le site de notre étude.
Ces pressions sont d‟origines anthropiques telles que le défrichement pour le
développement des zones côtières, la conversion pour l‟agriculture et l‟aquaculture, et la
surexploitation des ressources.
Par conséquent, une gestion durable de ces ressources ne peut être envisagée sans
l‟intervention et l‟implication de tous les acteurs concernées, à leur conservation,
notamment les communautés locales.
Email : [email protected]
x
INTRODUCTION
La superficie forestière régresse plus vite que l‟homme pense à sa restitution. Celles
qui font partie des aires protégées subsistent tant bien que mal. Mais faut-il constater d‟une
part que les actions de conservation de certaines parties restent un problème non négligeable
entre les techniciens gestionnaires et les paysans riverains, d‟autant plus que les actions
anthropiques pour faire face à la pauvreté ne font qu‟empirer la détérioration de la forêt,
d‟année en année, voir de jour en jour. Par la suite, l‟écosystème est très menacé.
D‟autre part, selon des données scientifiques récentes2, les mangroves présentent des
opportunités réelles en matière de protection de la biodiversité. Ils peuvent atténuer l‟érosion
marine, protéger les habitants de la côte contre les cyclones, les fortes tempêtes et les
inondations. Mais au-delà de leur intérêt économique par leur exploitation et par la pêche,
elles abritent également des espèces qui ont besoin d‟être conservées à cause des menaces et
risques.Ce sont des paramètres mettant en jeu la durabilité des mangroves.
A Madagascar, les mangroves couvrent environ 327 000 hectares3 et se concentrent
essentiellement sur la côte Ouest avec 98 % de la superficie totale.
Les mangroves les plus étendues sont celles des embouchures des grands fleuves.
Elles occupent les rives et les bancs de vase des grands cours d‟eau comme Betsiboka,
Mahajamba, Mahavavy, Tsiribihina et Mangoky, tous localisés à l‟Ouest.
Ainsi, les menaces et les risques sur les mangroves à Madagascar sont de plus en plus
pressants et préoccupants en l‟état actuel. Les habitants eux-mêmes sont vulnérables à cause
de la pauvreté rampante. La pression anthropique sur ces écosystèmes s‟accroît
considérablement, d‟autant plus que le taux de dépendance sur la nature est très élevé à
Madagascar, notamment en milieu rural et littoral.
Actuellement, force est aujourd‟hui de constater que malgré les différentes activités
menées à Madagascar sous différents programmes environnementaux, les écosystèmes de
mangroves ne sont malheureusement pas encore pris en considération comme étant
prioritaires. De l‟autre coté, la valorisation durable de la biodiversité tant crié par la plupart
des organismes et acteurs environnementaux reste encore une citation et sans actions en ce qui
concerne l‟écosystème mangrove, et ce malgré les aggravations de la situation au fil des
années.
Les autres raisons qui justifient ce choix de notre thème viennent du fait que la
déforestation des mangroves étant devenue une réalité, lorsque l‟on les détruit, on détruit
2
WWF, Les mangroves de la partie Ouest de Madagascar « Analyse de la vulnérabilité au changement climatique », Rapport sept. 2010.
3
Bulletin n°51 du World RainforestMovement (WRM), Mangroves du monde, Oct. 1998.
-1-
également l‟intégralité de l‟écosystème abrité par celles-ci et partant tous les bénéfices à
moyen et long termes qu‟elles fournissent et qui restent inexorablement voués à une perte
certaine.
Alors, quelle approche faudrait-il adopter pour mener des actions de conservation et
de restauration dans un milieu fortement anthropique dont la subsistance dépend de
l’exploitation des ressources naturelles de la mangrove ?
C‟est pour apporter des réponses à cette question que nous avons jugé nécessaire de connaitre
l‟écosystème de mangroves et ce, à travers un certain nombre de paramètres tels que les
différents types de mangroves, le mode d‟exploitation, les différents types de gestion des
ressources, ainsi que les communautés concernées dans leur mode de vie quotidien.
C‟est ainsi qu‟avec les enjeux écologique mais aussi socio-économiques, notre étude se donne
comme objectif principal la contribution à la recherche d‟actions mieux coordonnées qui
mettront en synergie les pouvoirs publics, les communautés locales et les operateurs
économiques afin d‟asseoir une stratégie durable dans la gestion des mangroves.
Et face à cette problématique, nous allons tenir compte de ces hypothèses fortes, comme
quoi, nous estimons que :
Les facteurs socio-économiques constituent le plus de menace pour les mangroves de
Kaday et de toute la commune de Tsimafana ; et
Par ailleurs, l‟approche méthodologique retenue dans le cadre de cette étude s‟est
caractérisée par le cheminement à trois étapes. Le travail de bibliographie reste d‟abord le
premier palier. Il consiste à consulter des ouvrages généraux et spécialisés sur le sujet dans les
centres de documentations disponibles (ONE, CITE, Bibliothèques Universitaires, IRD,
WWF, etc.).
C‟était à partir des données théoriques recueillies que nous avons pu procéder au choix
bien précis des sites en fonction de leur accessibilité, des caractéristiques prédominantes, des
endroits, des populations, de l‟ensemble de l‟écosystème regroupant les différentes espèces de
faune et de flore ainsi que du flux des populations ayant opté de vivre dans ces milieux.
La deuxième étape consistait à mener des enquêtes préliminaires à travers des questionnaires
suivies des constats personnalisés auprès des autorités locales ainsi qu‟auprès d‟un groupe
d‟habitants.
-2-
Notre descente sur terrain était déroulée en trois périodes, d‟abord en avril 2011, puis en
octobre 2011 et enfin,en février et mars 2012. Il s‟agit de faire des explorations, évaluations,
analyses et observation vive de la situation des mangroves dans le menabe.
Le contact préliminaire avec communes, fokontany, associations villageoises et
populations locales ou bien ONG et autres institutions travaillant dans la zone d‟études, était
indispensable pour mener à bien nos investigations.
Au terme de cette étape, nous avons pu déterminer le site idéal où tous les travaux en
profondeur pouvaient être effectués.
C‟est ainsi que le fokontany de Kaday a été retenu comme point focal de notre étude, là où
nous avions pu recueillir le maximum d‟informations détaillées.
Notre enquête formelle comprend l‟échantillonnage (choix des personnes qui représentent la
région), le focus group (groupe de personnes concerné par une activité) ainsi que les méthodes
et analyses des données collectées. Au total, quatre cent cinquante personnes ont été
enquêtées depuis Morondava, Belo/Tsiribihina, Tsimafana, jusqu‟au fokontany de Kaday et
ses environs pendant ces trois périodes.
Toutes ces données ainsi recueillies nous ont grandement aidées dans l‟analyse de
corrélation avec les différents paramètres écologiques, d‟où la phase de rédaction.
Cette dernière étape consistait à aller en profondeur dans les diverses analyses afin de
consolider les résultats des données et d‟en effectuer des interprétations et des évaluations qui
serviront plus tard à une formulation sous une forme plus élaborée et d‟en percevoir les
perspectives pour une suggestion d‟élaboration d‟un plan relatif à une gestion durable des
mangroves.
Notre travail de mémoire comporte deux grandes parties lesquelles sont subdivisées en
chapitres qui sont relayés par des sections dans lesquelles certaines analyses ont été traitées
plus en détail.
La première partie que nous avons intitulée « Etats de lieux et réalités vécues par la
population du littoral » a été consacrée à l‟analyse et évaluation des menaces et pressions que
subissent les mangroves.
Et la deuxième partie nous donne la configuration de l‟approche MARP à travers laquelle
nous allons révéler l‟ensemble et le contenu de notre démarche dans la perspective de la
conservation et la gestion participative de l‟écosystème « Mangrove ».
-3-
PREMIERE PARTIE
POPULATION DU LITTORAL
CHAPITRE I : LES MANGROVES, DES ECOSYSTEMES
FRAGILES EN DANGER
Section I : Protection de l’environnement et ses limites
Tableau n°1 : Superficie des forêts de palétuviers de Menabe Nord (non compris tannes)
Aboalimena 3 114,191
Belo/Tsiribihina 8 049,435
Bemanonga 5 458,460
Beroboka 289,151
Tsimafana 4 755,758
Total 21 666,995
-5-
S
Source: ONG KILY BE, 2005
-6-
2. Localisation de la zone d’études
Traversée par la RN 8, la Commune a une superficie de 719,8 km2. Cette commune
fait face à des problèmes de délimitation administrative qui partage les communes et aussi les
forêts de mangroves des deux communes rurales (Tsimafana et Beroboka).
La Commune Rurale de Tsimafana est composée de 09 fokontany :
08 fokontany dans l‟arrière-pays ;
Kaday fut créé vers 1700 par les Sakalava. Le premier village à été fixé à
Ankabo, site sakalava, mais l'opportunité rizicole de la région a favorisé l'exode
rural à Kaday, d'où la pluriethnicité (sakalava, vezo, tandroy, antesaka). Cet atout lui
a valu sa potentialité en ancienne zone de production de riz et de pois du cap.
4
DRPAS Menabe, 2010
-7-
- Autres = 10%
5
WWF, Les Mangroves de la partie Ouest de Madagascar « Analyse de la vulnérabilité au changement climatique », 2010
-8-
II- Généralités sur l'écosystème mangrove
1)- Historique des mangroves
La forêt de mangrove est une forêt ancienne mais elle ne représentait un intérêt récent
pour les chercheurs qu‟au milieu du XXème siècle. En cette période, la conception de la
mangrove devenait différente : c‟est un écosystème riche, complexe, fragile à protéger. Les
travaux commençaient à se multiplier et à se diversifier. Si on parle des grandes études
remarquables depuis les années 70 sur les mangroves, on peut citer celles deSchnell (1971),
Chapman (1976), Blasco et al. (1980), Teas (1983), Saenger et al. (1983), Lugo et Snedaker
(1974), Snedaker (1984), Lacerda (ed) (2001). Pourtant notre connaissance sur la forêt de
mangrove est encore bien moindre comparée aux autres écosystèmes.
Pour le cas de Madagascar, les ouvrages de Andriamampiray F. (1994 et 2005),
Rakotofiringa et S.L. (1994), Randrianavosoa et H. J(2005), Jenkins (1990), Ranaivoson
J. (1994, 1995), Iltis (1994, 1995),Hervieu (1965), Lebigre (1983, 1984, 1990), Blasco et al.
(1980) et Marius (1995), ainsi que tant d‟autres encore, sont des références pour la mangrove
malgache.
Il faut aussi noter les recherches de l‟Université d‟Antananarivo faites auprès du
programme « fonctionnement et évolution de la mangrove dans l‟ouest malgache » qui s‟est
déroulé entre 1991 et 1996, réalisé par l‟ORSTOM (Institut français de recherches
scientifiques pour le développement en coopération) et le CNRE (Centre National de
Recherches sur l‟Environnement). Ces dernières ont surtout été réalisées plus particulièrement
dans la région de Menabe, axées sur la dynamique des écosystèmes de mangrove, sur la
valorisation des systèmes de production et sur l‟inventaire des ressources de ces écosystèmes.
Mais ces études demeurent toujours insuffisantes, vu la multitude du champ de recherche dans
le domaine.
Les précédentes recherches à Madagascar se concentrent surtout dans la région du
littoralSud-ouest et du Menabe, et elles ne sont plus d‟actualité face à la forte pression
économiqueet humaine et à la dynamique des mangroves. Plus récemment, le thème
mangrove esttoujours considéré comme « peu d‟informations » et plusieurs portes de
recherche sont encore ouvertes (ONE, 2003).
Malgré leur grande sensibilité aux perturbations humaines, lesmangroves sont l‟habitat
le moins étudié et le plus mal connu à Madagascar - alors quel‟augmentation des besoins des
communautés et le développement de l‟aquacultureportent les mangroves à un stade critique.
En effet, lorsque l‟on détruit une mangrove, ondétruit également l‟intégralité de l‟écosystème
-9-
abritée par celle-ci, et tous les bénéfices à long terme qu‟elle fournit sont irrémédiablement
perdus.
Devant les différentes activités qui menacent le littoral ouest malgache, les mangroves
ne sont pas épargnées. Il est évident que la solution à ce problème ne pourrait être trouvée
sans une étude approfondie de cet écosystème et son environnement.
6
Adaptation de l‟auteur, 2011.
7
Convention de Ramsar sur les zones humide (Gland, 1972)
- 10 -
d'essences de palétuviers colonisant le sol vaseux de la zone côtière influencée par la
marée, les tannes dénudés ou herbacés, les zones marécageuses et les fleuves.
Les mangroves sont des forêts particulières que l‟on trouve sur lescôtes marécageuses et dans
lesestuaires (embouchures des fleuves) dans toutes les régionséquatoriales et tropicales du
monde.
Tous les arbres de la mangrove ont le même aspect particulier. Ils s‟ancrent dans la
vase très fine et instable, par trois sortes de racines : les racines-échasses, les racines-anses et
les racines-stalagmites.
- 11 -
La vase littorale dans laquelle s‟enfoncent les racines des arbres constitue un milieu
totalement anaérobie, c‟est-à-dire sans oxygène. La respiration est assurée grâce à des organes
spéciaux, les pneumatophores, situés dans les parties aériennes des racines. Les mangroves
tolèrent remarquablement bien les sels de l‟eau de mer, ils sont dits halophiles.
4)- Situation générale actuelle du secteur forestier et état actuel des mangroves de
Madagascar
Les formations forestières occupent une superficie totale de 13 260 000 ha du territoire
national correspondant à un taux de couverture de 22,6%8. La régression forestière résulte
principalement de la déforestation, conséquente à une forte croissance démographique et due
aux multiples activités humaines. Ainsi estime-t-on à 200 000 ha l‟étendue de forêts naturelles
détruites chaque année à cause du recours au système traditionnel de production basé sur le
défrichement itinérant des forêts naturelles ou Tavy.
L‟exploitation abusive et illicite des produits forestiers pour des raisons d‟ordre
économique et commercial constitue aussi une menace pour l‟existence et la durabilité de la
biodiversité forestière.
En ce qui concerne la biodiversité marine et côtière, entre autres les écosystèmes de
mangroves, Madagascar compte 300 000 à 400 000 ha de mangroves selon l‟UICN (1983).
Les nouvelles estimations tiennent compte des tannes. L'ensemble des marais maritimes, au
sens strict, compte environ 425 000 ha dispersé sur 6 597 km de littoraux, dont 98 % sur la
côte Ouest et 2 % sur la côte orientale9.
Mais d‟autres chiffres approximatifs restent aussi à considérer. La superficie totale de
mangroves à Madagascar en 1996 était estimée à 322 204 ha10.
Les mangroves malgaches sont de deux types :
Les mangroves d'estuaires rencontrées au niveau des embouchures, des deltas et à
l'entrée des baies, cas de Menabe ;
8
Inventaire Ecologique et Forestier National, 1996
9
Source : Monographie Nationale de la Biodiversité, 1997
10
Ministère de l‟Environnement, Eaux et Forêts
- 12 -
Les mangroves littorales dans les zones à résurgence d'eau douce permanente en
particulier dans la région de Toliara, dans le Sud-ouest de Madagascar.
Concernant leur localisation, près de 3200 km² de mangroves soit 98 % de la superficie totale,
sont dispersés sur 29 sites le long de la côte Ouest malgache.
Les arrières mangroves (ou tannes) sont propices à l'aquaculture notamment à la
crevetticulture exploitée à Mahajamba et Tsiribihina, l‟ostréiculture (élevage des huitres) à
Beloza et l'artémiculture à Toliara et au Nord de Morondava.
- 13 -
II)- Environnement et activités économiques
Ces activités sont de plusieurs ordres entre autres la pêche, l‟aquaculture,
l‟agriculture, l‟élevage, l‟exploitation des mangroves, le tourisme, etc. Quoiqu‟il a en
soit, la descente sur terrain a permis d‟identifier, par ordre d‟importance, que la pêche,
l‟agriculture, l‟élevage, la cueillette et l‟exploitation des mangroves, constituent les
principales activités de la population. Donc, l‟économie du fokontany deKaday,
comme celle des autres fokontany de la commune de Tsimafana se base sur ces
activités.
Comme la population de Kaday, celle de tous les villages des zones côtières où se
trouvent les forêts de palétuviers a comme activité principale la pêche. Cette activité se
pratique normalement dans les eaux côtières adjacentes du Canal de Mozambique, mais en
cas de mauvais temps, elle est limitée dans les chenaux des mangroves.
Les habitants de Kadayet de la Commune nous ont cité les noms de plusieurs espèces
de poissons, de crevettes et de crabes, et autres ressources halieutiques pêchées dans les
mangroves.
Par moment de marée basse, les mangroves font l‟objet de cueillette effectuée
principalement par les femmes qui circulent entre les palétuviers à la recherche de poissons et
des crabes réfugiés au pied des racines-échasses ou des troncs creux des palétuviers.
- 14 -
Photo n°2 : Pêche associée au mandaro
Certaines personnes ont une autre méthode de pêche : ils récoltent le latex d‟un arbre
appelé LARO (Euphorbialaro) ou mandaro, qu‟ils jettent directement dans l‟eau des lacs
formés à marée basse et qui empoisonne les poissons. Il ne reste plus qu‟à les ramasser.
Tout au long de notre enquête, nous avons eu bon nombre d‟espèces de poissons,
crabes et crevettes, qui, parfois il était très difficile de trouver les noms scientifiques et
vernaculaires correspondants.
Ainsi, après un retour à la capitale de Menabe, nous avons enquêté quelques familles à
Morondava auxquelles elles nous ont donné les noms vernaculaires de la région et parfois
deux noms usuels d‟une même espèce de poisson, en particulier Madame Boharia(Andakabe).
De l‟autre coté, nous avons sollicité de l‟aideauprès de Monsieur RAJERISON Jean
Hubert, Directeur du Service Pêche et des Ressources Halieutiques,Menabe,pour les noms
scientifiques, et enfin nous avons pu les rassembler toutes dans le tableau ci-contre.
- 15 -
Tableau 3 : Liste de quelques espèces de poissons pêchées au niveau des palétuviers
Espèces Noms vernaculaires Noms scientifiques
Crevettes Tsitsika Ferropenaeusindicus
Tsitsika Penaeusindicus(white)
Tsitsika(Camaron) Penaeusmonodon(brown)
Tsitsika Métapenaeusmonoceros(pink)
Crabes Drakaky Scylla serrata
Swimmingcrab Portinuspelagicus
Talatala Scomberoîdestol
Angoa Scomberomeruscommerson
Telonify, Lema Otholitesargenteus
Karapapaka Macrurakanagurta
Vahoho, Fihampotsy Rhabdosargussarba
Mahaloky, Marotaolana Rastrelligerkanagurta
Torovaka Mugilcephalus
Poissons
Sohisohy,Solosolo, Pomadasyshasta
Angerabato
Lovo, Kabao Epinephelustauvina
Kakao Caranx ignobilis
Kotretreky, Tretreky Gazza minuta
Ankiho(requins) Carcharinusellioti
Chevaquines Tsivakia, Patsa Aceteserythraeus
Source : Adaptation de l‟auteur avec la collaboration de Madame BOHARIA (Andakabe, Morondava) et le
Directeur du Service Pêche Menabe, Avril 2011 et Février-Mars 2012.
Selon les données d‟enquêtes de la zone d‟études, les espèces exploitées sont les
poissons, les crevettes, les crabes, les requins, les chevaquines et d‟autres crustacés encore.
L'agriculture se pratique durant toute la saison des pluies (Asara) par les
populations des villages de Kaday ainsi que quelques habitants du littoral.
- 16 -
Photo n°3 : Culture de maïs
A Kaday, village spécialement rizicole, connu depuis fort longtemps, les populations
défrichent les forêts de palétuviers pour en faire des rizières.
- 17 -
Photo n°5 : Dégradation des mangroves par le défrichement
A chaque fois que le taux de sel dans le sol devient trop important pour diverses
raisons (déviation des lits de Tsiribihina, marées d'équinoxes, etc.), elles abandonnent celles-ci
et font de nouveaux défrichements. De ce fait, les forêts de mangroves ont subi de fortes
pressions anthropiques dans les années 80 et 90 et jusqu‟à nos jours où la situation ne fait que
prendre ampleur.
De grandes superficies de forêts de mangroves ont été détruites au profit de la
riziculture. Depuis la fin des années 90, l'ensablement du lit du fleuve Tsiribihina a fait
monter le niveau du lit où la montée du taux de salinité des sols a provoqué le phénomène de
salinisation.
L`activité agricole occupe une place non négligeable dans la vie quotidienne de la
population de Kaday. La riziculture occupe les bas fonds. Les cultures vivrières subsistent
comme les maniocs, les patates, etc. ; mais ils se limitent en culture familiale. Toutefois la
technique culturale reste rudimentaire et les rendements sont généralement faibles.
Pour la région de Menabe littoral, il a été remarqué que l'élevage de bovins ou caprins
se pratique comme activité secondaire.
- 18 -
Photo n°6 : Elevage de canards
Les paysans récupèrent les restes des clôtures ou de la construction de maison pour
construire les poulaillers qui se trouvent le plus souvent sous la case.
Pour une zone à vocation pastorale comme le Menabe Nord, l`élevage bovin occupe
une place importante dans la vie quotidienne. Il est du type extensif, et souvent lié à l`activité
agricole. C`est une marque de prestige, un ménage qui possède 10 têtes de zébu a une
considération particulière dans le village.
- 19 -
CHAPITRE II- LES CAUSES POSSIBLES DE LA DEGRADATION
DES MANGROVES
Section I- Utilisation des palétuviers et menaces
I)- Activités paysannes et utilisations des ressources de mangroves
1)- Forêt de mangroves et développement socio-économique
Nous avons procédé à plusieurs enquêtes villageoises, qui nous ont permis d‟obtenir
de nombreux renseignements sur les utilisations des ressources de la mangrove.
Les mangroves apportent de nombreuses ressources aux populations riveraines, dans
différents domaines.
Mur,
Supports
Etplanchers
Même s‟ils savent que l‟Avicenniamarina utilisé comme pilier résiste au maximum
une année, un bon nombre de personnes les prennent toujours pour le besoin d‟une année puis
ils les remplacent. Par contre, il y a des perfectionnistes qui recherchent les bois connus
comme très solides comme le Ceriops tagal et le Rhizophora mucronata, dans les environs de
la région, dans les îlots de palétuviers.
- 20 -
b)- Construction des pirogues et des bateaux
Avicennia marina est encore utilisé comme traverse ou support à l‟intérieur du bateau
appelé « taroma».
Photo n°7 : Confection des pirogues, pilons et mortiers
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Le bois de mangroves est une des ressources naturelles très utilisées dans la région
de Menabe littoral. Son utilisation rentre aussi bien dans le domaine social que de l'agriculture
et de l'élevage. Les gens prélèvent les bois dont ils ont besoins dans les mangroves
facilement accessibles et près du village pour faciliter le transport (rayon de 1 à 2 km du
village.Toutes espèces confondues de palétuviers sont utilisables, en particulier les
Avicenniamarinaqui sont abondants. La haie pour l‟élevage des zébus, des chèvres, des
canards et des poules se trouve souvent dans toute la région.
a)- Pharmacopée
Les palétuviers ont plusieurs fonctions thérapeutiques ; ainsi, nous avons cité six
espèces de mangroves dont leurs effets et fonctions pharmacopées ont été résumés dans le
tableau n°4 suivant.
- 22 -
Tableau n°4 : Effets et utilisation thérapeutique des bois de palétuviers à Kaday
Espèce Partie d’un Effets Préparation Dosage
arbre utilisé
Jeunes plants à 50
Effet viril pour les cm de hauteur. Dépendant de la
Rhizophora Plantule hommes en cas de Faire bouillir 1l personne
Mucronata fatigue musculaire d’eau avec le jeune
TANGANDAHY
plant sans racine.
Râpé et apposé sur Selon le cas et
Tronc Soulagement brûlure les brûlures jusqu’à la guérison
cutanées
Bruguieragymnorrhiza
TANGAMPOLY Ecorce Plaies En décoction Idem
Faire bouillir Une tasse de café le
Feuilles Maux de dos l’écorce matin et le soir
Xylocarpus équivalent de la jusqu’à la disparition
Granatum paume de main du symptôme
FOBO
dans 1 litre d’eau
Graines Blessures Râpée avec une Selon la gravité de la
pierre blessure
Graines Cicatrisation des plaies Râpée et mélanger Jusqu’à ce qu’il y ait
avec de l’eau bonne cicatrisation
A boire comme de
Faire bouillir 250g l’eau potable
Feuilles Estomac de feuilles dans 2 journalière jusqu’à
litres d’eau la disparition du
symptôme
Ecorce Brûlure Grattée avec une Voie cutanée
pierre, puis Application
Avicennia humidifiée, donne journalière 3 fois/jour
Marina une patte (tabaky)
AFIAFY Feuilles Douleurs gastriques Bouillir dans l’eau Voie orale
Feuilles Diarrhée Bouillir avec des Idem
branches de satra
Feuilles Maux de ventre Mâcher Selon le cas
Feuilles Fièvres et paludisme Jeter dans l’eau en Voie orale
ébullition
Faire bouillir 250g A boire jusqu’à la
Jaunisse defeuilles dans 2 disparition du
litres d’eau symptôme
Feuilles Contre les diarrhées A bouillir dans l’eau Idem
Faire une petite A mettre sur les dents
ouverture dans le malades, elle soulage
Résine Maux des dents tronc à l’aide d’une les douleurs.
hache et faire couler
la résine.
Branches Contre les moustiques A brûler Selon le besoin
Sonneratia Faire bouillir A boire 3 fois/jour
Alba Feuilles Maux d’estomac
SONGERY Feuilles Paludisme Idem Idem
Maux de ventre Faire bouillir dans 1 Une cuillère à café le
Lumnitzera présentant des litre d’eau matin et le soir
Racemosa Ecorce ballonnements jusqu’à la disparition
MOROMONY du symptôme
Source : Enquête avril 2011 et mars 2012, corrélée avec les recherches de Madame Andriamalala,
2007 « Etudes écologiques pour la gestion des mangroves à Madagascar »,283p.
- 23 -
b)- Cosmétique
Le Tabaky, de couleur jaune, est également utilisée comme masque de beauté. Les
femmes s‟en couvrent le visage pour protéger la peau.
La graine du Fobo, râpée avec une pierre, est également utilisée comme
maquillage.Les fruits de Lumnitzeraracemosaécrasés servent de poudre de beauté que les
femmes mettent sur leur visage.
11
htpp://bch-cbd.naturalsciences.be/madagascar/implementation/doc/monographie/monogr3.pdf
- 24 -
Photo n°8 : Espèce d’oiseau marin, Haliaeetusvociferoides
Parmi ces espèces d‟oiseaux figurent celles qui sont inscrites dans la liste rouge de
l‟UICN et qui utilisent les mangroves comme zone de nidification ou de perchage. Entre
autres : Anas bernieri(en danger), l‟aigle pêcheur de Madagascar, Haliaeetusvociferoides(en
danger critique) ; Ardea humbloti(en danger) ; et Threskiornisbernieri(en danger).
Les écosystèmes de mangroves procurent également un habitat pour l‟espèce de
chauve-souris frugivore de Madagascar (pteropusrufus), laquelle est inscrite vulnérable dans
la liste rouge de l‟UICN et est sujette à une forte pression de chasse.
Une étude publiée dans Nature en février 200412 établit un lien direct entre la présence
de forêts de palétuviers et la survie des poissons de corail. Les mangroves servent de
pouponnières à des centaines d‟espèces sous-marines. « Les forêts de palétuviers servent tout
simplement de frayères naturelles ».
b)- Nourriture
Les mangroves sont à la base d‟une chaîne alimentaire marine complexe. Elles
produisent ainsi une énorme quantité de matière organique, grâce en particulier au taux de
renouvellement annuel des feuilles de palétuviers, plus de 80 %, l'équivalent des forêts à
feuilles caduques, cinq tonnes par an et par mètre carré. Elles piègent et recyclent diverses
matières organiques, éléments chimiques, et d‟importants nutriments de l‟écosystème côtier.
Une richesse dont profitent aussi les herbiers et les récifs avoisinants, qui reçoivent à chaque
marée des tonnes de détritus, dissous dans l'eau ou sous forme de particules en
suspension.Elles sont un véritable garde-manger pour les espèces animales marines.Les fruits
de Songery, appelés Kitrovo et mûrs à partir d‟avril, sont consommés par certains poissons.
12
La mangrove, crèche à poissons, Libération, 9 février 2004
- 25 -
c)- Filtrage
Les mangroves jouent un rôle de filtrage et d‟assimilation de polluants provenant de
l‟intérieur des terres. Elles contribuent ainsi à l‟amélioration de la qualité de l‟eau.
De par ces caractéristiques écologiques, les mangroves sont reconnues comme le milieu
ayant un pouvoir purificateur des eaux usées et de matière organique le plus élevé. Un
hectare de mangroves arrive à traiter une centaine de mètres cubes d'eau.
Les mangroves peuvent être également utilisées comme espèces indicatrices pour les estuaires
ou deltas grâce à leur capacité d'absorber et de retenir les métaux lourds et les polluants.
13
Docteur en biologie, américain-Los Angeles (6 novembre 1935- 25 novembre 2011).
14
htpp://www.laweekly.com/ink/05/07/news-lewis.php
- 26 -
déshydratent, les essences de la mangrove cèdent la place à une autre végétation. Ainsi,
progressivement, la forêt gagne sur la mer.
- 27 -
2)- Pressions d'origines anthropiques
Les pressions d'origines anthropiques qui ont des actions directes sur les forêts de
palétuviers sont l'exploitation irrationnelle des bois pour la construction observée surtout aux
environs des villages d'une part et, le défrichement des mangroves pour la riziculture observé sur
la partie en amont de l'embouchure du fleuve Tsiribihina d'autre part.
Ces pressions sont qualifiées d'irrationnelles car le défrichement ne laisse aucune chance
de repousser aux mangroves.
Du fait de l‟existence de ressources forestières sur la terre ferme proche, la mangrove est
encore largement exempte de prélèvements intempestifs.
Néanmoins, la croissance de la population au niveau de la commune de Tsimafana,
dont Kaday particulièrement fait craindre une augmentation de menaces sur ce milieu. Dans
un premier temps, les pêcheurs nous ont dit que la mangrove avait plutôt tendance à s‟étendre,
car elle subit peu de pressions. Plus tard, après réflexion, ils se sont contredits en affirmant
que de plus en plus d‟habitants de la commune utilisent la mangrove, ce qui constitue une
menace.Autre problème, davantage sanitaire, la population continue à faire ses besoins dans la
mangrove, malgré les campagnes de sensibilisation contre le choléra.
Par conséquent, même si les mangroves ne semblent pas directement menacées, il est
nécessaire de surveiller le prélèvement de bois et de ressources alimentaires. D‟autant plus
que le tourisme se développe dans la région et que les besoins augmenteront obligatoirement.
- 28 -
figure ci-dessous illustre le processus dans lequel la pauvreté influe la population à détruire la
mangrove et comment elle engendre une pauvreté plus flagrante.
HOMME
Usine (aquaculture,
fabrication de sels, etc.) Changement Climatique
Urbanisation (hôtellerie, Ensablement
restauration, etc.) Hausse de température
croissance Érosion
démographique
Dépérissement
Abattage des
palétuviers des palétuviers
Sursalure
Dégradation de la
mangrove
Pauvreté
Source : Adaptation de l’auteur, avril 2011 et février-mars 2012.
- 29 -
Photo n°10 : Un des sites de l’aquaculture de la SOPEMO
La SOPEMO est un des exemples vivants. L`un des critères des pays pauvres, dont fait
partie Madagascar, est la démographie galopante, un phénomène qui contribue à la
destruction des palétuviers, car le nombre croissant de la population provoque une
urbanisation rapide et la demande en bois de construction devient de plus en plus forte. Ainsi,
la population menace directement l`écosystème de mangrove par la coupe illicite qui entraîne
la dégradation de la mangrove.
- 30 -
3)- Pauvreté flagrante
Dans les deux cas, la conséquence est la dégradation de l`écosystème marin et côtier.
Il n‟y a plus de bois de construction, ni de goélettes ; les crustacés migrent vers d`autres
endroits. Alors la pauvreté de la population s‟accentue. C`est pour éviter d`arriver à ce stade
que des propositions sur de nouveaux modes d‟exploitations ont été conçus. En développant
d`autres activités prometteuses au niveau de la mangrove, la coupe illicites des bois
diminuera. Ces activités engendreront de nouvelles sources de revenues assurées et
permanentes.
En résumé, la commune de Tsimafana présente tous les caractéristiques de l`Ouest
malgache, en matière de biodiversité marine et côtière. Le site de notre étude, le fokotany de
Kaday possède une biodiversité, pas exceptionnelle, certes, mais importante. La mangrove, le
thème d`études, figure parmi les écosystèmes les plus convoités de Kaday.
Mais le faible niveau de vie de la population fragilise cette richesse naturelle. C`est
pourquoi la mise en place d`un système de protection et de valorisation des ressources
naturelles dans la localité est très sollicitée pour freiner la vive allure de cette dégradation.
L‟associationSoafitsanga avec l‟appui des entités et ONGs œuvrant dans le domaine
environnemental encourage la participation des populations riveraines ou VOI
(Vondron’olonaifotony, littéralement « communautés de base » ou COBA) dans la gestion, la
protection et conservation des richesses naturelles. Les deux entités deviennent dépendantes
l`une de l`autre : les populations ont besoin de l`appui technique et financier pour financer des
microprojets et l‟association ne peut se passer de l`aide de la population riveraine pour
assurer la viabilité des ressources naturelles.
- 31 -
constant de l'écosystème dont elles sont tirées. La gestion durable des ressources se concentre
sur les pratiques de production physique qui encourageraient l'utilisation des ressources de
manière à permettre à l'humanité d'exploiter ces ressources indéfiniment. Elle requiert des
décisions à court comme à long terme qui veillent à la protection et à l'amélioration des
bassins versants, de la flore, de la faune sauvage, des populations, et des systèmes
économiques et sociaux pour le bien des générations futures.
En résumé, la gestion des ressources de la zone côtière appartient au ressort du
Ministère de l‟Environnement et Forêts pour les ressources végétales littorales, et à celui du
Ministère de laPêche et des Ressources Halieutiques pour les ressources marines.
La GCF.
Afin de bien connaître ces transferts, nous allons choisir le contrat GELOSE pour
mieux illustrer la situation.
a)- Méthodologie
Les étapes suivies sont :
- 32 -
Information, elle englobe la communication et la sensibilisation ;
Préparation de la demande et accord de l'administration de l‟Environnement et Forêts ;
Elaboration des outils de gestion ;
Conclusion du contrat.
b)- Situation
District Belo sur Tsiribihina Belo sur Tsiribihina Belo sur Tsiribihina
Source : OPCI Alokaina, 2006.
Ces trois sites pilotes font l'objet du transfert de gestion : le site de Bevavà
(fokontanyMoravagno), le site de Kaday (fokontanyKaday) et le site deKivalo
(fokontanyKivalo).Les cérémonies de transfert de gestion se sont déroulées respectivement à
Kivalo le 05 mai 2006, à Kaday le 12 mai 2006, et à Bevavà le 08 juin 2006. Il s'agit de la
démarche « Gestion Locale Sécurisée » ou GELOSE.Le tableau ci-contre présente bien les
détails de ces transferts.
Les remises officielles du transfert de gestion ont été effectuées en présence des
représentants de l'administration forestière, des Maires, des représentants des districts, des
Chefs quartiers, des Honorables des villages, des membres de bureau de l'association
villageoise, des membres de l'OPCI Alokaina, des membres de l'OPCI Agnalamaitso, de
l'équipe du WWF, l'équipe de l'ONG Fanamby, l'équipe deDurrel, les représentants des
médias existants à Menabe.
- 33 -
II- Analyse et perception personnelles vis-à-vis de la politique de transferts de
gestion aux communautés locales
- 34 -
2. Perception paysanne sur l’état des ressources forestières
D‟après les discussions, des entretiens avec les communautés, deux raisons sont à
l‟origine de la forte dégradation des mangroves :
Envahissement du sable sur les peuplements qui entraine un assèchement
progressif des individus et la reprise de la régénération est presque aléatoire. Ce
phénomène a été confirmé lors de la descente sur terrain ;
La conversion des zones des mangroves en périmètre rizicole sur des zones qui
reçoivent des apports en eaux douces ; ceci étant, l‟espace agricole disponible ne
permet pas de garantir la survie de la famille et les nouvelles générations vont
être contraintes de faire de nouveaux défrichements.
En raison de la mise en place de nouvelles règles dans la gestion de l‟espace et des
ressources naturelles, la perception des populations locales est généralement dominée par une
image d‟interdiction ou d‟envasement de leur territoire par des étrangers. Leurs
préoccupations portent en général sur les actions du projet qui seraient susceptibles de créer
des perturbations à leur mode de vie quotidien, leurs valeurs traditionnelles et culturelles,
leurs accès aux ressources de subsistance, leurs activités économiques, leurs modes
d‟exploitation des ressources et d‟occupation des sols, ainsi que l‟appropriation foncière.
Divers problèmes s‟ajoutant à ceux générés par l‟afflux non contrôlé de la population,
attiré par les opportunités ou avantages pouvant être tirés du projet de création, peuvent être
nombreux et complexes : croissance démographique, pressions anthropiques sur les
ressources disponibles, maladies transmissibles, risque de conflit de nature sociale,
économique et culturelle entre autochtones et nouveaux migrants et, le cas échéant, entre
communes adjacentes, saturation des infrastructures de base, insuffisance des zones de culture
et de pâturage, feux de végétation, problèmes fonciers, capacité de charge des milieux
naturels et les menaces sur la biodiversité.
- 35 -
DEUXIEME PARTIE
DES MANGROVES
CHAPITRE I : LES APPUIS DES POUVOIRS PUBLICS ET PRIVES
- 37 -
2)- Les Objectifs du Millénaire pour le Développement, le développement
durable et la lutte contre la pauvreté
La création et la gestion des Aires Protégées font partie des Objectifs duMillénaire,
auxquels Madagascar adhère. Elles font partie de l‟objectif 7 portantsur l‟Environnement qui
vise à «Assurer la durabilité environnementale » :
- en adoptant des stratégies pour le développement durable et la protection des
ressources naturelles ;
- en réduisant de moitié la population sans accès à l‟eau potable et à l‟assainissement
jusqu‟en 2015 ».
Les OMD doivent se complémentariser et les aires protégées devront contribuer au
développement durable.
- 38 -
A cet effet, Son Excellence Monsieur Marc RAVALOMANANA, Ex-Président de la
République de Madagascar a déclaré lors du lancement de Madagascar Action Plan que :
« Madagascar deviendra une nation prospère et aura une économie à forte croissance
et participera avec succès à la concurrence sur le marché international. La croissance
économique de Madagascar sera basée sur ses ressources naturelles ». Il s‟est engagé
également le mois de septembre 2003 à Durban de tripler la superficie des Aires protégées de
Madagascar. Après ceci, le Système des Aires Protégées à été créé.
Ce système inclut le Réseau National des Aires Protégées déjà existant et géré par
ANGAP, (mais actuellement, cette Association nationale pour la gestion des aires protégées a
pris une autre appellation, Madagascar National Parks (MNP)) et les nouvelles aires
protégées dont les objectifs globaux de gestion sont de :
compléter la représentativité du réseau national des aires protégées ;
protéger les espèces en-dehors de ce réseau national ;
conserver les populations viables des espèces clés ;
contribuer au maintien du pont génétique (connectivité génétique) ;
conserver les écosystèmes et les habitats importants ;
assurer la maintenance des services écologiques importants ;
appuyer la valorisation ou la gestion durable économique des écosystèmes naturels.
Etant donné que ce système des aires protégées repose aussi sur ses capacités
d‟engendrer des retombées bénéfiques de la conservation de la nature et la gestion durable des
ressources naturelles favorisant le développement durable du site d‟implantation et celui de
l‟écotourisme, les principaux problèmes environnementaux sont souvent d‟ordre social,
économique et culturel.
- 39 -
tous les écosystèmes existants dans le pays, dont les mangroves. Un million d‟ha concerne des
aires protégées marines.
C‟est un constat simple qui préside à la Charte de la Terre, ou Déclaration de Rio sur
l‟environnement et le développement : « l‟environnement se dégrade de façon alarmante.
Dégradation incompatible avec la mise en place d‟un développement durable auquel
15
Madagascar a signé la convention sur la diversité biologique, le 8 juin 1992 et l‟a ratifié le 03 novembre 1995 par voie de
décret n° 95-695.
16
Décision VII/28. Chaque partie contractante, dans la mesure du possible et selon qu‟il conviendra, établit un système de
zones protégées ou de zones où des mesures spéciales doivent être prises pour conserver la diversité biologique ».
- 40 -
l‟humanité tout entière a fondamentalement droit ». La Charte de la Terre pose donc, en
27 principes17, les objectifs et les grandes lignes de ce que devrait être le monde futur, autour
des axes de l‟élimination de la pauvreté, de la protection de l‟environnement et du
développement durable.
17
Site officiel des Nations unies, http://www.un.org/french/
- 41 -
c)- La politique de l’aménagement du territoire
La création et la gestion des aires protégées doivent être cohérentes etharmonisées
avec la politique de l‟aménagement du territoire qui définit lesorientations générales de
l‟affectation des sols sur un horizon à plus ou moinslong terme.
Les espaces naturels, les sites et paysages à protéger doivent être intégrésdans les Schémas
National et Régional d‟Aménagement du Territoire.
- 42 -
La Politique de Gestion Intégrée des Zones Côtières doit contribuer au développement
durable des zones côtières, par unprocessus de planification participative, une intégration de
tous les domaines d‟action de tous les secteurs. La création des aires protégées, ainsi que
leurgestion fait partie intégrante de ce processus.
- 43 -
Cette catégorie d'acteur est la plus ciblée par les actions de sensibilisation, de
responsabilisation et d'appui socio-organisationnel dans le cadre de la structuration en
association. Ce qui leur permet de travailler en concert avec les services déconcentrés,
comités territoriaux décentralisés et avec les ONG.
- 44 -
Photo n°11 : Site d’implantation de l’AQUAMEN
- 45 -
Les plans d'action locaux, communaux et régionaux sont élaborés simultanément
au Plan Directeur régional et utilisent les résultats d'actions qui sont menées en même temps
pour tester les principes de fonctionnement. Cette élaboration est donc progressive et
assortie de phases de validation par les actions et par les parties prenantes au Plan Directeur
régional.
Pour l'élaboration de ce plan communal, 5 zones ont été pré-identifiées en fonction de
plusieurs critères. Le chef lieu de Menabe Nord (Belo/Tsiribihina) fait partie de la zone n°2
décrite dans le plan régionale. Cette zone est caractérisée par le delta de la Tsiribihina, les
mangroves, l'aquaculture et les transports fluviaux. Elle comprend quelques communes, dont
celle de Tsimafana. Cette zone diversifiée se caractérise par une complémentarité pêche -
agriculture, notamment par la riziculture dans les mangroves. Elle comporte des
infrastructures structurantes (route nationale, …) tournées vers le littoral. Le développement
du potentiel urbain et industriel de cette zone est à considérer (aquaculture, recherche
pétrolière ...). L'impact de ce développement sur un milieu fragile, productif et support de
multiples usages semble le problème majeur de gestion à considérer.
Les collectivités territoriales décentralisées que sont les communes sont supposées
assurer avec le concours de l'Etat la sécurité publique, l'administration et l'aménagement du
territoire, le développement économique, social, sanitaire, culturel, scientifique et
technologique, ainsi que la protection de l'environnement et l'amélioration du cadre de vie.
Pour mettre en œuvre toutes ces activités, leurs moyens sont très faibles ; ils dépendent des
recettes de service, d'exploitation, domaniales (dotation de l'Etat), des ristournes sur la vente
des produits, les recettes fiscales, les emprunts, etc. Au total, les recettes fiscales des
communes sont nettement insuffisantes pour leur assurer une autonomie financière vis -à-
vis de l'Etat.
Depuis longtemps, le CRD Menabe négocie avec les communes, la création de
Comités Communaux de Développement (CCD) ou de Comités Municipaux de
Développement (CMD). CCD et CMDsont des plates-formes de concertation locale au service
du développement socio-économique.
1)- Méthodologie
Les étapes suivies sont :
Etablissement d'un modèle sur le "dina" selon la demande des membres
de l'OPCI Alokaina ;
Diffusion de ce modèle à toutes les Communes membres de l'OPCI et
collecte des propositions sur le"dina" relatif à la gestion des mangroves ;
Synthèse des propositions ;
Organisation d'un atelier pour l'élaboration du "dina" : discussion,
proposition et validation du "dina" ;
Finalisation et approbation du "dina" auprès des membres de l'OPCI, des
services administratifs etterritoriaux concernés ;
Homologation auprès du tribunal.
2)- Situation
L'atelier d'élaboration du "dina" s'est déroulé du 14 au 16 septembre 2005, à Belo sur
Tsiribihina.
Ce Dina intercommunal (convention locale) élaborée de façon participative a été
approuvé par toutes les instances (locale et régionale). Ce Dina a été la référence pour les
textes régissant les transferts de gestion pour uniformiser les modes de gestion des
mangroves.
La Région a engagé des consultants pour élaborer ce Dina régional sur
l'environnement qui tiendra compte des différents Dina existants et relatifs aux gestions des
ressources naturelles ; ainsi, servira de base pour les futures conventions. Ce Dina a été
présenté à la fin du mois d'août 2006 et constitue un"dina" intercommunal relatif à la
protection de l‟environnement en général, et à la gestion et l‟utilisation des mangroves et de
ses ressources naturelles en particulier.
- 47 -
CHAPITRE II : SUGGESTIONS ET PERSPECTIVES POUR
LA PERENNISATION DE LA PROTECTION DE LA FORET
DE MANGROVES DANS LE SITE DE KADAY
1)- Contexte
Les échecs qui ont été enregistrés dans les projets de développement au cours des
dernières décennies, ont favorisées la naissance de nouvelles méthodes dites participatives,
rapides et interactives.
Ainsi, les principales raisons qui expliquent les échecs de ces projets se résument au
fait que les projets étaient conçus, menés puis évalués par les expert de développement sans
réelle consultation des populations concernées, d'où leurs inadaptations à certaines réalités
culturelles, sociales, économiques et environnementales.
Ces inadéquations ont envoyé les experts du développement à mettre au point des
méthodes permettant de mieux associer les populations et l'ensemble des protagonistes aux
projets.
Parmi ces méthodes, on peut citer cette méthode MARP (Méthode Accélérée de
Recherche Participative) qui fait l‟objet de notre étude.
Selon ILBOUDO (2002), la MARP a fait son apparition dans les années 1960 au
moment où les chercheurs s'étaient déjà rendus compte de l'échec du transfert technologique
en direction des pays pauvres.
Les pays asiatiques connurent cette méthode dans les années 70 à 80 et ce n‟est qu‟au
début des années 80 que les pays africains virent l‟apparition de cette nouvelle méthode.
Depuis ces périodes, elle y est devenue (surtout en Afrique de l'Ouest), l'une des plus
productives et des mieux connues des nouvelles approches de la recherche en développement.
Les travaux de Robert Chambers19 (1983 et spécialement en 1992) ainsi que ceux de
Mamadou Bara Gueye20 restent des œuvres incontournables pour l‟étude de la MARP ainsi
que son évolution au cours de son histoire. D‟autres références non moins importantes
existent également dans ce sens.
19
Robert Mark Chambers, libraire et auteur écossais (1802-1871).
20
Economiste Rural et auteur sénégalais.
- 48 -
2)- Définition
La MARP est une méthode à laquelle il s'avère difficile de donner une définition
unique en tout temps et en tout lieu.
Pour des questions pédagogiques, les praticiens ont défini la MARP comme étant un
processus intensif, itératif et rapide d'apprentissage orienté vers la connaissance des situations
rurales et spécifiques. Elle s'appuie sur une équipe multidisciplinaire. Un accent particulier est
mis sur la valorisation des connaissances et du savoir-faire des populations locales et sur la
combinaison avec la connaissance scientifique moderne.
Cette méthode utilise de petits groupes multidisciplinaires et une grande diversité de
méthodes, outils et techniques pour la récolte d‟informations.
La FAO (1995) conçoit la MARP comme une méthode participative de diagnostic
rapide des conditions physiques et socio-économiques au niveau du terroir et de conception de
schéma d'aménagement intégré.
On remarque que toutes les définitions précédentes s‟accordent sur le fait que la
MARP est un processus d‟apprentissage qui vise la connaissance du milieu rurale. C‟est une
méthode où l‟expert cherche à connaître et non à enseigner. C‟est les bénéficiaires, eux qui
fournissent les informations à travers leur savoir et leur vision (savoir local) et l‟équipe
pluridisciplinaire analyse les informations sous plusieurs angles (triangulation) afin d‟en sortir
le maximum d‟objectivité. Il s'agit donc d'une liaison de deux savoirs en vue de tirer le
meilleur résultat de la recherche effectuée.
21
ONG belge, active en Afrique notamment dans les domaines du développement intégré, de la sécurité nutritionnelle, de la
microfinance et de l‟environnement.
- 49 -
Inversion des rôles : les populations deviennent les acteurs et les techniciens
facilitateurs ;
Les populations analysent, conçoivent et exécutent leurs activités de développement ;
Les techniciens favorisent l'interaction avec les populations cibles par leurs
comportements.
- 50 -
Le processus d‟apprentissage : l‟analyse est faite durant la recherche et non après ;
Le processus itératif : la méthodologie de la MARP encourage le chercheur à revoir
son approche et ses hypothèses au fur et à mesure qu‟il évolue dans l‟étude des
problèmes ;
La triangulation : la MARP examine l'information sous différents angles (en général
trois, d'où le terme de "triangulation") afin d‟aboutir à une vue globale et objective ;
La flexibilité : les informations recueillies au fur et à mesure doivent servir à
l‟actualisation des objectifs et des procédures. Les experts du développement doivent
être flexibles et se préparer à s'adapter à toute situation nouvelle ;
L‟ignorance optimale : la MARP se focalise sur l'essentiel. Il ne faut pas gaspiller du
temps et des efforts à se pencher sur des détails et des précisions superflus ;
La visualisation : la MARP s‟appuie sur des référents visibles, connus par les
populations, pour faciliter la communication ;
Exploration : la MARP estime que le chercheur doit être curieux et préparé à
découvrir des centres d'intérêt pouvant modifier le cours de l'étude ;
L‟innovation : les techniques et outils utilisés évoluent, le chercheur doit donc être
ouvert à toute technique nouvelle.
22
Jean Pierre Ilboudo,
- 51 -
Le CERCOOP23 (2003) notait que : « On reproche notamment à certaines méthodes,
informelles et trop rapides comme la MARP, de ne donner qu'une vision superficielle et peu
fiable de la réalité ; on parle même à leur sujet de "tourisme rural ».
Sur le plan organisationnel, il est souvent difficile de regrouper un nombre suffisant de
représentants d'associations, de leaders d'opinions et de personnes issues des différents sous-
groupes dans les mêmes séances.
Certains groupes sociaux comme les femmes sont difficilement accessibles à cause
d‟une part de leurs grandes occupations au sein de la cellule familiale et d‟autre part pour des
raisons socioculturelles. Cette contrainte explique les retards souvent enregistrés dans les
procédures.
Sur le plan méthodologique, les outils de la MARP ne permettent pas d'avoir des
informations quantitatives auprès des habitants du quartier (dates, quantité et nombre fixes,
production annuelle etc.). Cela contribue à renforcer le manque de précision lié à la méthode.
A cela il faudrait ajouter les appréhensions grandissantes des populations rurales envers les
agents de développement qui contribuent à rendre difficile le déroulement de la MARP.
23
Centre de ressources de la coopération décentralisée, Besançon.
- 52 -
cultivateurs ou paysans et des pêcheurs (poissons, crevettes, crabes et autres) ; et
directions régionales, organismes nationaux et internationaux travaillant dans la
région.
Ces personnes de type (3, 4, 5) ont été repérées par l‟intermédiaire du chef du
fonkontany.Le questionnaire a été conçu en s‟inspirant de la situation de mangrove vue par la
prospectionsur terrain et les objectifs attendus de l‟étude. Il est bâti en différents thèmes et
comporte des questions ouvertes et des questions fermées. Ces thèmes sont axés sur les
activités de la personne enquêtée, l‟exploitation des bois de mangrove (site d‟exploitation),
l‟écologie de mangrove, la faune et la flore, la loi et la gestion de mangrove ainsi que
l‟histoire de l‟exploitation des mangroves dans la zone. Dans les sites visités, le questionnaire
proposé aux enquêtés était parfois différent à cause des différentes formes d‟exploitation et de
gestion (Cf. Annexe I).
- 53 -
Ensuite, un espace de forêts délimité comme suit :
- 54 -
la situation générale du milieu : démographie, flux migratoire, richesse globale
(culturelles, historiques,...) ;
- 55 -
les objectifs;
les raisons d'être ;
le programme d'activités ;
la méthode adoptée pour atteindre les objectifs et pour réaliser les activités ;
le champ d'action et ;
les propositions et suggestion pour une amélioration des activités.
Des observations particulières sur l'utilisation des bois dans le village complètent le
recoupement des informations sur les enquêtes menées. Ces observations, avec les guides
locaux, consistent à identifier les bois utilisés dans la construction des cases. Entre temps,
cette investigation a conduit à l'identification du nombre de ménages, de ceux qui font du
petit élevage par l'existence des petites cases ou clôtures de volailles en dessous ou près de la
maison.
- 57 -
Carte n°2 : Les mangroves de Menabelittoral, une richesse inestimable
- 58 -
Face à cette situation préoccupante, nous avons mis en relief l'importance du plan de
communication afin de tirer l‟attention à l‟endroit de la population locale, pour une
conscientisation et une responsabilisation à la gestion rationnelle de ces mangroves.
3)- Activités
Ce plan de communication se subdivise en quatre catégories
d'activités :
animation radiophonique ;
descentes au niveau de la communauté de base ;
éducation au niveau des écoliers ; et
autres manifestations et festivités.
- 59 -
Tableau 6 : Plan de communication
Objectifs Activités Cibles Moyen de mise en Intervenants
œuvre
Communication sur
l'importance de la Radios locaux, Radios locales,
conservation et la Organiser un concours Affichages Matériels ONG, groupes
gestion rationnelle des chansons Public de prise de son, de artistiques
des mangroves et traditionnels. photos et de film
sesRessourcesnature
lles
Radios locaux,
Organiser un concours Public Affichage, Matériels Radios locales,
de poésies. de prise de son ONG, public
Deux Radios
Organiser un concours Radios locaux, locales, ONG,
de sketchs Public Matériels de prise de groupes
radiophoniques. son artistiques
Ressources
naturelles
Consolidation de la
connaissance de la
population locale Organiser des tournées de Moyen financier et de ONG
surle DINA et les sensibilisation et de suivi Public transport
rôles des
associations
le Dina et les rôles Matériels de prise de Radioslocales,
des ONGs et assises Organiser des Public son, de photos et de ONG, groupes
locales marionnettes film théâtraux.
Matériels de prise de
Organiser une foire Public son, de photos et de ONG
film
Enrichissement de Editer un calendrier Micro-ordinateurs,
la connaissance et/ou des affiches Public Matériels de prise de ONG
photos
Produire des films Matériels de prise de Tous les acteurs,
relatifs à la gestion des Public son, de photos et de producteur de
mangroves. film film
Renforcement des Organiser des séances Membre de
connaissances desd'éducation Ecoliers Matériels didactiques l'ONG,
écoliers environnementale instituteurs
relative à l'écosystème
Source : Adaptation
mangrove
de l‟auteur, avril et octobre 2011
- 60 -
b)- Descentes au niveau de la communauté de base
Dans l'objectif d'une consolidation de la connaissance de la population locale sur le
DINA, une tournée et la réalisation des marionnettes au niveau de la population locale sont à
réaliser.
Pour la tournée, la mission est de sensibiliser la population sur la conservation et la
gestion rationnelle des mangroves et ses ressources naturelles.
Quant à la marionnette, les thèmes à soulever seront la nécessité de la conservation
et la gestion rationnelle des mangroves. La population cible est la population utilisateur
direct des mangroves et ses ressources naturelles. Ces marionnettes se dérouleront dans la
commune de Tsimafana, dont Kaday particulièrement en présence des membres de bureau de
des associations respectives. Il y aura des prises de son pour la retransmission dans les
émissions radio locale. Cette approche reste toujours valable et compatible pour la plupart des
cinq Communes Rurales de Menabe Nord.
- 61 -
4)- Stratégie de mise en œuvre du plan de communication
Elle consiste à une maximisation de la participation de la population aux
manifestations à mener pour atteindre les objectifs mentionnés dans ce plan de
communication.
1)- Contexte
Les données collectées sur terrain, après analyses effectuées au préalable, vont
servir d'éléments de base dans l'élaboration du plan simplifié d'aménagement et de gestion
des mangroves de Menabe Nord.
Pour mieux comprendre la suite logique du processus à suivre s‟agissant du plan
d‟aménagement, nous avons estimé très important de fournir les définitions globales de
quelques termes utilisés.
En premier lieu, le mot « aménagement » doit être compris sous l‟angle « organisation spatio-
temporelle de l‟ensemble des actions programmées », par contre « un plan d‟aménagement »
est un document règlementaire, soumis, discuté et approuvé par tous les acteurs impliqués et
les autres entités, parties prenantes des activités liées à la protection et à la préservation des
écosystèmes de mangroves.
Il précise les objectifs assignés ainsi que les mesures nécessaires pour atteindre
ces objectifs visés. L'ensemble de considérations et d'analyses issus des réalités telles
que l'état actuel des forêts de palétuviers, la potentialité économique, sociale et du
niveau des diverses pressions exercées sur les ressources naturelles de l'écosystème,
constitue les éléments de bases. « Un plan de gestion » est de son côté un document qui
prévoit la mise en œuvre des mesures proposées dans le plan d'aménagement comme les
programmes d'exploitation des ressources concernées et des travaux à réaliser.
- 62 -
L'attente de la mise en œuvre du plan d'aménagement est de responsabiliser la
population locale de base dans la gestion des ressources naturelles par le
renforcement de la capacité des communautés locales. L'objet principal est de tirer
profit, à long terme, des fruits et des intérêts générés par les actions de préservation mises
en place. Le plan d'aménagement va ainsi constituer un cadre référentiel de base pour
le groupement villageois.
En définitif, les résultats attendus de ce plan simplifié d'aménagement et de
gestion des mangroves de Kadayproposé vont assurer la dichotomie « Développement -
Conservation » par l'utilisation rationnelle et durable des ressources naturelles
renouvelables pour une gestion responsable.
Dans cette optique, l'objectif du zonage est de diviser la superficie suivant les
différentes vocations de la zone. Elles sont définies par les usages actuels mais aussi par les
potentialités de chacune.
La délimitation effective de ces 3 zones du village de Kaday n'est pas du tout
facile, dans la mesure où les limites administratives de chaque commune sont sujettes à
des conflits.
- 63 -
Des recherches sylvicoles sont plus que nécessaires, avec la participation des acteurs
locaux, pour une meilleure connaissance de la dynamique des peuplements forestiers.
Les responsables de l‟application des directives vont travailler de concert et en
collaboration avec la population locale pour stopper toute tentative de défrichement non
autorisée. Toute population migrante doit obligatoirement participer aux travaux de reboisement.
Font partie de cette zone tous les sites situés aux alentours des villages et habitations et
les sites réservés au droit d'usage dans le cadre de transfert de gestion et/ou les sites localisés
dans la partie amont de la frange intermédiaire.qa
- 64 -
La zone est priorisée pour les populations riveraines. Les exploitants extérieurs ne peuvent
obtenir de permis d'exploitation sans l'aval du comité local de gestion. Au regard de la vitesse de
régénération des zones ainsi défrichées, une rotation tous les 4 à 5 ans des parties à exploiter est
très bénéfique.
- 65 -
3)- Situation analytique et principes de l'aménagement
L'étude des mangroves de la zone d‟études a montré qu'il est impossible d'ignorer les
problématiques générées de la pêche et de l'agriculture. Ces éléments sont étroitement liés
et font partie de la problématique forestière. Ils sont de ce fait, les vecteurs de la pression sur
les ressources. Il importe alors de proposer un nouveau modèle d'approche,dans le but de
modifier les comportements sociaux et les modes de production traditionnels qui perpétuent le
cycle de destruction des ressources naturelles.
L'aménagement d'une zone implique obligatoirement des changements. Il doit par contre
engendrer un développement durable et une source d'emplois stables pour les populations.
Ce présent plan d'aménagement et de gestion proposé est effectivement très simplifié. Il est
axé essentiellement sur les points focaux indispensables pour les interventions à mener en
vue de la préservation des mangroves de la zone. En fait, la préservation de la biodiversité
et le maintien de l'équilibre écologique d'un écosystème tel que la mangrove exige la mise en
œuvre de toute une série d'actions très complexes et bien spécifiques.
Par contre, les acteurs primaires, à l'origine des différentes pressions exercées sur les
mangroves, se trouvent dans des conditions difficiles. Ils sont caractérisés par la baisse de la
production, les coupes abusives, excessives et clandestines des forêts de palétuviers. Tout cela
échappe totalement de tout contrôle. Les données recueillies sur terrain confirment la
proposition d‟un plan d‟aménagement. Il est axé essentiellement sur deux niveaux tels que la
mangrove et l'activité de pêche.
Pour la mangrove, la préservation des zones encore intactes et le reboisement des
parties déjà dégradées sont les deux actions prioritaires à avancer. En ce qui concerne les
pêcheurs, migrants ou autochtones, les alternatives afin de limiter l'effort de pêche exercé dans les
zones de mangroves sont aussi parmi les prioritaires.
La proposition de ce zonage local tient compte du niveau de dégradation globale enregistré sur
terrain. Au niveau de chaque village, la délimitation doit faire l'objet d'une discussion et de
concertation avec un comité local qui sera chargé de la mise à terme d‟un tel plan.
En somme, le niveau de perception et la connaissance de la population littorale sur
l'importance de la préservation des mangroves présentent des écarts trop importants pour
Kaday, comme chacune des 5 communes de la région d‟ailleurs.
La fierté de la population de Kaday et toute la Commune de Tsimafana de préserver
leur patrimoine, va faciliter énormément la mise en place de ce plan de gestion et
d'aménagement des écosystèmes mangroves.
- 66 -
CONCLUSION
La méthode MARP qui constitue un outil utilisé pour une collecte maximale
d‟informations n‟est pas la seule voie possible en matière de recherches, mais permet à tous
les acteurs de la gestion des ressources naturelles de comprendre rapidement le milieu
complexe et dynamique dans lequel évoluent les communautés locales.
L‟utilisation de cette méthode en complémentarité avec les méthodes de recherche
conventionnelles comporte divers avantages, les communautés locales peuvent fournir
beaucoup d‟informations en contribuant à des analyses rapides. Conduite de façon
systématique, l‟information recueillie peut être beaucoup plus orientée vers la planification, la
conception et la mise en œuvre des stratégies plus adaptées à l‟exploitation et à la gestion
durable des ressources.
Pour les décideurs, la méthode MARP peut renforcer leur engagement en ce sens que ce ne
sont pas leurs propres perceptions et priorités, mais celles des populations locales qui sont
prises en considération. Bien qu‟il n‟existe pas de règle standard concernant l‟application de
la méthode MARP, les directives qui ont été proposées sont de nature à augmenter les chances
de succès si les usagers et les formateurs adoptent des attitudes et comportements appropriés.
L‟une des conditions de succès en MARP est que les relations entre l‟équipe MARP et
les membres de la communauté doivent être plus étroits par rapport à d‟autres formes de
recherche.
Vivre au village et dans ses environs immédiats pendant l‟exercice MARP pour se familiariser
avec les membres de la communauté constitue un puissant moyen d‟établir les rapports et de
faciliter les discussions au terme d‟une journée d‟observation.
Tels sont quelques uns des avantages que procure l‟utilisation de la méthode MARP dans le
domaine de la recherche.
A l'issue des travaux au niveau de Kaday et quelques sites de la Commune de Tsimafana, un état
de connaissance sur la structure floristique, spatiale et totale de la mangrove a été réalisé.
Ainsi, les mangroves du Menabe Nord, comme dans toute la région du Menabe, renferment
les 8 espèces de palétuviers, les seules qui existent à Madagascar. Des zones encore intactes
constituent d'habitats naturels pour les espèces menacées de Madagascar comme la grande
chauve-souris Pteropusrufus(Fanihy).
- 67 -
revenus par la vente des produits d'exploitation d'autre part. Cette situation perdure mais
évolue vers une activité commerciale de moins en moins rentable. Plus particulièrement,
l'activité halieutique est affectée par cette baisse de revenus. Cette tendance a des impacts
importants aussi bien au niveau de l'économie locale que régionale voire même nationale.
Par ailleurs, la MARP comme nouvelle approche de conservation et de gestion
participative plus adéquate dans laquelle toutes les parties prenantes restent à considérer, se
présente comme une méthodologie facile et fiable pour remédier au processus de
dégradation de l‟environnement en général, et des écosystèmes mangroves en
particulier.
Ceci étant, depuis son introduction en Afrique au début des années 80, la MARP n‟a
cessé de faire l‟unanimité quant à sa contribution à l‟amélioration des techniques de
diagnostic, de planification et d‟évaluation dans le monde rural en particulier.
Quoiqu'il en soit, cette approche exige le renforcement des capacités des
associations déjà en place sous l'égide de l'OPCI Alokaina, un organisme public de
coopération intercommunale, mis en place en 2005 pour veiller à la préservation et à la
gestion durable des mangroves dans le Menabe Nord.
Quant aux associations paysannes, elles cherchent surtout à gérer, d'une façon
communautaire, l'exploitation des ressources naturelles et de limiter, voire de diminuer, les
pressions anthropiques (effort de pêche dans les mangroves et coupe de bois de mangroves) ;
mais sans appuis technique et financier de la Direction Régionale de l‟environnement et
forêts, des organismes œuvrant sur l‟environnement dans le Menabe et des bailleurs de fonds,
ainsi que le contrôle et suivi des différents projets de développement, aucune action
environnementale de grande envergure n‟atteindra le but et objectifs visés.
L'investigation sur les volets social et économique a permis d'identifier la structure
démographique de la population littorale. Le taux d'analphabétisme élevé dans certaine
commune constitue un goulot d'étranglement au développement. Ce taux est d'autant plus
amplifié par le manque crucial d'infrastructures de formation, l'enclavement et la
dispersion des villages dans les inter-distributaires des mangroves. Les différentes utilisations
des ressources naturelles comme les bois de mangroves et les quantités y afférentes pour les
besoins familiaux dénotent le taux de coupe généralement excessif sans compter les
exploitations clandestines faites par des tiers résidents ou non de la zone.
Les analyses des données et des informations recueillies au niveau de la Commune
Rurale et du fokontany en question ont fait apparaître successivement l'évolution du mode de
gestion. Elle nous renseigne sur la présence des menaces, mais aussi les opportunités et défis
- 68 -
que les communautés de base veulent lancer pour le transfert de gestion, la conservation et la
restauration des mangroves.
Le souci est d'abord de maintenir et concilier un bénéfice économique aussi bien pour
les populations locales que pour les Communes rurales concernées, puis appuyer les actions
pilotes de conservation avec la participation effective des communautés et des autorités
locales.
L'activité principale de la population est la pêche bien que l'agriculture et l‟élevage
soient recensés également. Les impacts engendrés par ces activités sur l'écosystème de
mangroves sont loin d'être négligeables tel que le défrichement pour la riziculture et l'emploi
de la méthode de pêche au « mandaro ou laro ».
En outre, le manque de moyens financiers est un obstacle à l‟investissement.
L‟organisation de l‟épargne, la disponibilité du crédit et la formation à la gestion sont
identifiées par les participants comme éléments de la stratégie à mettre en œuvre pour lever
les contraintes liées à l‟indisponibilité de ressources financières.
La plus grande partie de la communauté des pêcheurs vit dans la pauvreté. La
diminution vertigineuse de la production et la hausse des coûts de la vie en sont les principaux
facteurs. La situation va contraindre la population active à changer de métier comme
l'exploitation de bois de mangroves, l'actuelle ressource facile et disponible.
Les conditions de vie actuelle laissent justifier l'élaboration d'un plan de
communication, accompagné d‟un autre plan d'aménagement et de gestion des mangroves
à Kadayafin qu'ilspuissent être tout de suite opérationnels, et ceci reste valable et adapté dans
toute la Commune. Les deux paramètres cibles prioritaires sont l'écosystème de mangroves et
les acteurs économiques de toute la communauté de la population littorale.
La présence des sociétés AQUAMEN et SOPEMO et ONGen tant que partenaires
stratégiquespourrait faciliter énormément la mise en œuvre des plans.
Une telle étude peut être considérée comme le couronnement d‟un séjour très positif à
Madagascar, en ce sens que non seulement elle est le fruit d‟un certain nombre
d‟encadrements(pédagogique, professionnel et technique)exemplaires de la part d‟une équipe
d‟Enseignants Chercheurs Malagasy de très haut niveau, mais surtout, elle me permettra de
préparer et emprunter une nouvelle voie pour capitaliser les acquis au service de mon paysqui
abrite les mêmes espèces(dans la moindre mesure) ; donc une nouvelle perspective de les
mettre en pratique à travers le concept de la mise en œuvre d‟un projet dans le sens de la
préservation des écosystème aux Comores, ainsi qu‟une gestion réfléchie et rationnelle de la
biodiversité caractérisée par les écosystèmes mangroves.
- 69 -
LISTE DES ILLUSTRATIONS
Pages
Liste de photographies
Photo n°1 : Pêche dans les chenaux de mangroves…………………………………….…..…14
Photo n°2 : Pêche associée au mandaro………………...…………………………………….15
Photo n°3 : Culture de maïs ………………………………………………………………….17
Photo n°4 : Champ de riziculture……………………………………………………………..17
Photo n°5 : Dégradation des mangroves par le défrichement………………………………...18
Photo n°6 : Elevage de canards………………………………………………………….……19
Photo n°7 : Confection des pirogues, pilons et mortiers……...……………………………....21
Photo n°8 : Espèce d‟oiseau marin, haliaeetusvociferoides…………………………….……25
Photo n°9 : Prélèvement intempestif des palétuviers…………………………………………28
Photo n°10 : Un des sites de l‟aquaculture de la SOPEMO…………………………………..30
Photo n°11 : Site d‟implantation de l‟AQUAMEN……...…………………………………...45
Photo n°12 : Mangroves hautement dégradées…...……………...…………………………...64
Photo n°13 : Gestion et utilisation rationnelles des mangroves…...………………………….64
Photo n°14 : Conservation des mangroves.....…………………………………………..……65
- 70 -
TABLE DES MATIERES
Pages
Remerciements…………………………………………………………………………… ……i
Avant propos…………………………………………………………………………………..iii
Liste des sigles et acronymes………………………………………………………….………iv
Sommaire…………………………………………………………………………….………viii
Résumé………………………………………………………………………………..……….ix
Introduction………………………..………………………………………………………….1
- 72 -
Section II : Gestion durable de la forêt de mangroves….………………………..…………31
I)- Concept mis en place selon les principes de durabilité………………………………..31
1)- Gestion durable des mangroves ……………………………………… .………....31
2)- Le transfert de gestion à Madagascar…………………………………….……….32
3)- Exemple de transfert de gestion réalisée dans trois villages de la région de
Menabe………………………………………………………………………………………..32
a)- Méthodologie …………….…………………………………………….…32
b)- Situation……………………………………………………….…………..33
II)- Analyse et perception personnelles vis-à-vis de la politique de transferts de gestion
aux communautés locales………………….………………………………………...……...34
1)- Analyse des organisations sociales et des tendances…………………….………..34
2)- Perception paysanne sur l‟état des ressources forestières…………………….…..35
- 73 -
II)- L’accompagnement des partenaires de développement…….…………..……43
1)- Les investisseurs…………………………………………………………..43
2)- Les acteurs potentiels dans la gestion des mangroves………………….…43
a)-Population locale riveraine (autochtones et/ou migrants)……..…43
b)-Services déconcentrés et collectivités territoriaux décentralisés.…44
c)-Les projets et ONGs………………………….…………….………44
d)-Les sociétés privées……………………………….………………..44
e)-Les organismes internationaux…………………………………….45
- 74 -
Section II : Les autres recommandations envisagées pour promouvoir la méthode
participative dans la protection durable de la forêt de mangroves…………...……………..57
I)- Proposition d’un plan de communication………………………………………….57
1) Contexte et justification……………………………………….……….…57
2) Objectifs du plan de communication………………………..……………59
3) Activités………………………………………………….………….……59
a) Animation radiophonique………………………………….……..59
b) Descente au niveau de la communauté de base…………………..61
c) Autres manifestations et festivités……………………………..…61
d) Education au niveau des écoliers…………………………………61
4) Stratégie de mise en œuvre du plan …………………………………..….62
5) Moyen de mise en œuvre …………………………………………..….....62
II)- Proposition d’un plan d’aménagement et de gestion des mangroves dans le site de
Kaday………………………………………………...…………………….......…………62
1. Contexte ……………………….……………………………………..………62
2. Objectifs de l‟aménagement…………………………………………….……63
a) Zone A, zone de réhabilitation………………………………………..63
b) Zone B, zone d’exploitation…………………………………….…….64
c) Zone C, zone de préservation……………………………………..…..65
3. Situation analytique et principes de l‟aménagement………..…………..…….66
Conclusion ………………………………………………………………………….....…..…67
- 75 -
ANNEXES
PAGES
I
ANNEXE I
Enquêtes réalisées au niveau de la Commune de Tsimafana et du village de
Kaday et ses environs
II
II)- ENQUETE MENAGE
Numéro :
Catégorie :
Identité :
Nom chef de famille :
Nombre de personne par famille :
Activités/revenus :
Agriculture :
Pêche :
Elevage :
Production :
Consommation :
Commercialisation :
Questionnaire
1) Quelle est votre activité principale comme source de subsistance?
2) Exploitez-vous systématiquement ou périodiquement les mangroves ?
3) Quel type d‟exploitation exercez-vous ?
4) Avez-vous d‟autres activités/occupations secondaires ?
5) Quelles sont les espèces de mangroves rencontrées dans le site de Kaday ?
6) Dans quelles zones trouve-t-on des mangroves denses ?
7) Dans quelles zones un trouve-t-on des mangroves fortement régénérées ?
8) Dans quelles zones un trouve-t-on des mangroves fortement dégradées ?
9) Connaissez-vous l‟existence d‟une action de conservation sur les mangroves de
Kaday ?
10) Depuis quand une telle action a commencé ?
11) Y a-t-il eu intervention d‟une organisation environnementale nationale ou étrangère
appuyant cette conservation des mangroves ?
12) Quelles sont les associations paysannes qui s‟intéressent aux activités de préservation
des palétuviers ?
13) Comment se passent le suivi et contrôle des ces activités ?
14) Quelles ont été les résultats ?
15) Quelle est la place de la commune de Tsimafana et de la circonscription régionales de
l‟environnement et forêts face à la conservation des mangroves de Kaday ?
III
III)- ASPECT TECHNIQUE DU TRANSFERT DE GESTION
Interview :
Numéro :
Catégorie :
Identité :
Fonction/attribution :
ONG :
Autre institution :
Domaine :
Siège :
Questionnaire
1) Avez-vous déjà entendu parler de transfert de gestion ?
2) Etes-vous convaincu de la nécessité du transfert ?
3) Comment sont générées les ressources naturelles renouvelables ?
4) Depuis quand ce transfert de gestion existe-t-il dans la région ?
5) Quelles ont été les motivations d‟effectuer ce transfert et pourquoi dans cette localité ?
6) D‟après vous, le transfert de gestion est-il :
Indispensable
Nécessaire
Plus ou moins
Pas prioritaire Et Pourquoi ?
7) Quelles ont été les contraintes rencontrées par la mise en place du transfert ? Et quelles
ont été les solutions proposées ?
8) D‟après vous, ce transfert de gestion des ressources naturelles renouvelables est-il la
solution à la dégradation des mangroves ?
9) Existe-t-il un conflit pour une exploitation quelconque dans la zone des mangroves ?
10) En cas de conflit, comment réglez-vous le problème?
11) Quelle année débute l‟exploitation des ressources des mangroves dans la région ?
12) Existe-t-il une zone considérée comme lieu sacré et protégé dans les mangroves ?
13) - Les collecteurs de bois de mangrove sur place et à Kaday possèdent-ils d‟un papier
légal ?
IV
ANNEXE II
Palétuviers ;
- Décret n° 2001-122 du 14 février 2001 fixant les conditions de mise en œuvre de lagestion
V
II)- Textes règlementaires sur la pêche et l’aquaculture
VI
- Décret N° 2003-1119 du 02/12/03 portant - fermeture de pêche : du 01/10 au 31/12 Saisie des produits et des engins ou
période d‟exploitation des langoustes - taille minimale 20 cm, antennes non comprises matériels de pêche
et/ou amende (5.000 à 50.000Ar.)
- Arrêté N° 0525 du 05/02/75 portant - taille minimale : 8cm à l‟état sec Saisies et destruction ou
réglementation de la pêche aux holothuries 11cm à l‟état frais incinération des produits
(Trépang ou concombre de mer) et/ou amende (5.000 à 50.000Ar.)
VII
ANNEXE III
Ce « DINA » intra villageois fait également partie intégrante et complète les règlements
intérieurs de l‟Association « SOAFITSANGA » (Partie IV, Article 10 à 15 du Statut de
l‟Association). Les représentants du fokonolona présents à la réunion ce jour, se sont convenu
de :
Article 10.1 : De créer une « zone à protéger » ou « Alahonkofady » (mangroves sacrées)
dont la protection et la conservation seraient systématiques.
Article 10.2 : De constituer un espace commun de forêt dont la gestion et l‟exploitation des
ressources (bois, faunes, flores …) seraient collectives à la communauté villageoise et où le
Droit d‟Usage Collectif (DUC) prévaut.
Article 10.3 : De délimiter un espace à reboiser et à restaurer, faisant partie des obligations de
la communauté villageoise, dans le cadre de la protection de l‟environnement.
Ces 3 types d‟espace seront délimités provisoirement avec l‟aide des villageois.
Article 11 : Toute pénétration, tentative d‟exploitation des ressources (bois, crabes, poissons,
crevettes, miel, etc….) dans cette « zone rouge » seront formellement interdites. Toute
infraction à ce « dina » est passible des sanctions ci-après :
Amende de 20 000 Ar (100 000 fmg)
Article 12 : Des règles et des restrictions seront appliquées à l‟exploitation des ressources des
mangroves.
Une autorisation préalable de coupe / exploitation (exceptée dans la zone rouge) où toute
exploitation interdite) sera exigée.
Des tours de contrôle et de surveillance seront organisés avec le fokonolona au niveau des
espaces « zone à protéger » et « zone d‟exploitation et de gestion collective ».
Une participation à la coupe de 5 000 Ar pour les populations riveraines.
Un droit de coupe de 200 Ar (1000 fmg) pour des gens extérieur à la communauté et non
membres de l’Association.
VIII
Article 13 : Toute personne allant à l‟encontre de ces règles est passible de :
- avertissement
- saisie des produits pris (bois, autres) jusqu‟au paiement du droit de 5 000Ar (25 000 fmg)
Article 14 : Chaque individu doit participer à une activité obligatoire de reboisement collectif
et aux entretiens et soins des plants, ainsi qu‟à la surveillance des espaces reboisés. Le non
participation à cette tâche est passible de sanction définie à l‟article 5.1 du statut de
l‟Association.
Article 15 : Le présent « Dina » intra-villageois serait passible de changement, de rectification
ou d‟amendement (amélioration) sur décision des 2/3 des membres à l‟Assemblée générale.
IX
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES GENERAUX
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Fitiliana- fokontanyKaday, KaomininaTsimafàna, DistrikaBelo/Tsiribihina, 9p.
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Géographie, 44p.
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WEBOGRAPHIE
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http://www.laweekly.com/ink/05/07/news-lewis.php
www.louvaindev.org
www.madagascar-environnement.com
http://www.planet.org/(site très richement illustré consacré aux espèces disparues, vulnérables
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http://www.redlist.org/(site officiel de la liste rouge des espèces menacées établie par l‟Union
Mondiale pour la Nature(IUCN).
www.ramsar.org(site de la convention de Ramsar).
http://www.un.org/french/(site officiel des Nations unies).
www.wwf.org
XI