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MARP

Ce document présente un mémoire de fin d'études portant sur l'application de la méthode accélérée de recherches participatives (MARP) pour la conservation des forêts de mangroves du Menabe dans le fokontany de Kaday. Le mémoire décrit le contexte et les objectifs de l'étude ainsi que les remerciements.

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Ce document présente un mémoire de fin d'études portant sur l'application de la méthode accélérée de recherches participatives (MARP) pour la conservation des forêts de mangroves du Menabe dans le fokontany de Kaday. Le mémoire décrit le contexte et les objectifs de l'étude ainsi que les remerciements.

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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

---------------------------
FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE,
DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE
----------------------
DEPARTEMENT ECONOMIE
---------------
Mémoire de fin d’études pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Supérieures
Spécialisées en Economie - Analyse et Politique environnementales –

« Application de la MARP pour la conservation


des forêts littorales de mangroves du Menabe »
Cas des mangroves du Fokontany de Kaday
Commune Rurale de Tsimafana
Région Menabe Nord

Présenté par Monsieur MOHAMED EL-GHANAWY Ali Mchinda

Encadreur Pédagogique : Professeur RICHARD Blanche Nirina


Enseignant Chercheur au sein du Département Economie, Faculté
DEGS, Université d’Antananarivo
Encadreur Professionnel : Monsieur ANDRIANTSALAMA Ramakararo Côme
Chef de Service de la Gestion de Bases des données sur le
Changement Climatique, Ministère de l’Environnement et Forêts, Ampandrianomby

09 Juillet 2012
REMERCIEMENTS

Dans la réalisation de ce mémoire, essentiellement axée sur des recherches


bibliographiques et études sur terrain, nous ne saurions oublier de présenter d‟abord nos
louanges au bon Dieu pour Sa grâce et Sa bonté, Qui nous a donné la santé et la chance
d‟accomplir nos travaux et effectuer ensuite ce long parcours.
Nous exprimons ensuite notre gratitude très profonde, notre reconnaissanceet nos
remerciements les plus sincères vis-à-vis des personnes et institutions suivantes :
- Professeur RICHARD Blanche Nirina, Encadreur Académique et Enseignant Chercheur au
sein du Département Economie, Faculté DEGS, Université d‟Antananarivo, qui a consacré
son temps précieux pour nous conseiller en matière d‟orientation pédagogique, en donnant
ainsi ses critiques constructives et ses suggestions très appréciées pour finaliser ce travail,
malgré ses multiples occupations ;
- Monsieur ANDRIANTSALAMA Ramakararo Côme, Chef de service de la Gestion de
Bases des données sur le Changement Climatique au sein du Ministère de l‟Environnement et
Forêts, Ampandrianomby, Encadreur Professionnel ; qui, par ses diverses suggestions et
réflexions, a largement contribué à la réussite de cet ouvrage ;
- Les membres de Jury, qui vont examiner et évaluer ce travail ;
- Monsieur RANAIVOSON Prospero, Conseiller Technique, au sein du Ministère de la
Décentralisation, et Monsieur RAKOTOARISON Paul Ghislain, Enseignant Chercheur au
sein du Département de Sociologie, Faculté DEGS ; qui nous ont patiemment initié et orienté,
en donnant leur recommandations et un appui très apprécié tout au long de ce travail ;
- L‟Ambassade de la République de Libye à Antananarivo, pour sa veille précieuse sur
l‟investissement responsable, son aide ainsi que son attention généreuse et critique à l‟égard
de cette longue marche académique.
- Les responsables locaux de la Commune Rurale de Tsimafana et de Kaday (Maire, Président
dufokontany, Présidents des VOI et leurs membres) pour leur précieuse collaboration ;
- Les populations locales du fokontany de Kaday et de la Commune de Tsimafana pour leur
étroite collaboration pendant les recherches sur terrain ;
- Nous adressons une mention très originale et particulière à notre famille à Morondava-
Andakabe, plus particulièrement Madame BOHARIA, ses enfants et toute la Famille Issihaka,
pour leur accueil chaleureux et leurs soutiens de toute sorte, pendant les séjours de nos
recherches, études et enquêtes sur les mangroves de la région du Menabe ; et un grand merci

i
aussi pour les autochtones du quartier qui ont accepté de participer activement à nos
enquêtes ;
- Les centres documentaires de l‟Université d‟Antananarivo, de l‟ONE, de l‟IRD, du CITE
Ambatonakanga, qui nous ont ouvert grand leurs portes en mettant leurs documents à notre
disposition ;
Nous aimerions également manifester notre reconnaissance aux personnalités qui ont
accepté d‟apporter leur contribution, leur expérience, leur réflexion à la préparation du présent
mémoire, lors de nos enquêtes dans le Menabe :
- Monsieur RAJERISON Jean Hubert, Directeur Régional de la pêche et des ressources halieutiques ;
- Madame ASSIATA Said, Directeur Régional de la Population et des affaires sociales, Menabe, ainsi
que tout le personnel administratif, dont Madame RAZOLIAKO Jackie Flora ;
- Madame RAKOTOARIMANANA Josette Evelyne Marcelle, Directeur Régional de
l‟Environnement et Forêts, Menabe ;
- Monsieur RAZAFINDRANOSY Erude, Responsable Sécurité Alimentaire et Economique, ONG
Louvain Développement ;
- Monsieur RANDRIAMANANTENA Dannick, Représentant l‟ONG WWF dans le Menabe ;
- Monsieur Fabien RAMANANARIVO, Responsable imageries satellitaires et photographies, ONG
Fanamby ;
- Monsieur TSIPAKAY Mamy, Personnel de Madagascar National Parks ;
- Monsieur ANSEME Toto Volahy, Responsable Scientifique, Projets Menabe, ONG DurrellWildlife
Conservation Trust ;
Nous adressons particulièrement nos remerciements les plus vifs et effectifs et à nos
parents, à nos grands frères et sœurs, à nos cousins et cousines ainsi qu‟à toute la famille, qui
nous ont toujours supporté financièrement et moralement tout au long de nos études aux
Comores et durant tous les cursus universitaires à Madagascar.
Nous ne pouvons pas oublier les efforts indéfectibles fournis particulièrement par le
Groupe Fraternité Andohaniato (GFA), ainsi que les amis et connaissances, camarades et
collègues, associations et particuliers, pour le soutien moral et les diverses recommandations
qu‟ils nous ont prodigués. Vos encouragements, vos soutiens de toute sorte nous ont toujours
été utiles et aidé à traverser les longs périples de la vie universitaire.

La plupart des photographies sont tirées de la collection personnelle de l'auteur, les


autres sont signalées dans le texte: qu'ils trouvent ici notre gratitude pour leur collaboration.

En dernier lieu, nous aimerions réitérer notre entière gratitude et profonde


reconnaissance à nos Parents et à nos familles, qui ont fait des sacrifices et preuve de
persévérance durant toutes ces longues séparations.
ii
AVANT-PROPOS

Ce présent mémoire est le fruit de plusieurs périodes d‟études, d‟enquêtes et de


recherches sur la situation de la conservation des mangroves dans le site de Kaday, par
l‟application de la méthode accélérée de recherches participatives, la MARP.
Ainsi, nous avons conduit au cours de ces périodes, un processus participatif de
diagnostic à l‟aide des outils de MARP dans le site de Kaday, reparties en trois sous-zones
agro-écologiques dans le fokontany de Kaday.
Les méthodes et approches d‟évaluation rapide, notamment l‟évaluation ruraleparticipative,
sont mieux indiquées pour la collecte des informations requises pourles interventions à la
base. Ces méthodes reposent sur des outils et destechniques qui permettent aux usagers
d‟intégrer la communauté locale de façonconviviale dans le processus de collecte
d‟information, d‟analyse, d‟identification etde recherche des solutions aux problèmes de
développement et de dégradation des écosystèmes.
Devant les différentes activités qui menacent le littoral Ouest malgache, les mangroves
ne sont pas épargnées. Il est évident que la solution à ce problème ne pourrait être trouvée
sans une étude approfondie de cet écosystème et la participation active de la population
environnante sur sa conservation et sa cogestion.
Les mangroves sont des écosystèmes peu connus du grand public. Ceux du Menabe
sont une des grandes richesses que Madagascar ait à protéger et à valoriser. A travers les
subdivisions de ce travail, nous espérons que chacun comprendra à partir de cette méthode et
approche participatif, l‟importance vitale des mangroves.
Nous espérons en même temps contribuer à l‟amélioration du milieu afin d‟assurer un
meilleur avenir pour le fokontany de Kaday, la Commune et toute la région du Menabe Nord.
L‟expérience acquise dans le cadre de la mise en œuvre de cette approche participative
dans la zone d‟intervention s‟avère considérable.
Ainsi, ce présent document, qui s‟inspire des expériences d‟applications sur le terrain et des
populations locales, constitue la base théorique et pratique de l‟utilisation positive de
laMARP.
Nous souhaitons que ce processus participatif d‟élaboration et de la mise en œuvre des
actions de conservation et de développements dans le fokontany de Kaday soit conforté.

iii
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

AGERAS : Appui à la Gestion Rationalisée des Ressources Naturelles et à l'Approche


Spatiale
ANAE : Association Nationale pour les Actions Environnementales
ANGAP : Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées
AQUAMEN EF : Aquaculture du Menabe Entreprise Franche
BM : Banque Mondiale
CCC : Communication en vue de Changement de Comportement
CERCOOP : Centre de Ressource de la Coopération pour le développement
CIREEF : Circonscription Régionale de l‟Environnement, Eaux et Forêts
CNRE : Centre National de Recherches sur l'Environnement
COBA : Comité de base (ou VOI)
CR : Commune Rurale
DRPAS : Direction Régionale des Populations et des Affaires Sociales
DGRF : Direction pour la Gestion des Ressources Forestières
DIREF : Direction Régionale des Eaux et Forêts
DUC : Droit d'Usage Collectif
DWCT : DurrellWildlife Conservation Trust
EMC : Environnement Marin et Côtier
FAO : Food and Agriculture Organization
FKT :Fonkotany
FSP/GDRN : Fond de Solidarité Prioritaire "Gestion Décentralisée des Ressources Naturelles"
FTM : Foiben-Taosaritanin‟iMadagasikara (Institut Géographique et Hydrographique de
Madagascar)
GCF : Gestion Contractualisée des Forêts
GELOSE : Gestion Locale Sécurisée des ressources renouvelables et du foncier
GSM : Grand Salin du Menabe
GIZC : Gestion Intégrée des Zones Côtières
IEC : Information Education et Communication
IEFN : Inventaire Ecologique et Forestier National
MAP : Madagascar Action Plan
MARP : Méthode Accélérée pour la Recherche Participative

iv
MECIE : Mise En Comptabilité des Investissements avec l‟Environnement
MINEF : Ministère de l‟Environnement et Forêts
MINEEF : Ministère de l‟Environnement, Eaux et Forêts
MNP : Madagascar National Parks
M.O. : Matières Organiques
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
ONE : Office National pour l‟Environnement
ONG : Organisme Non Gouvernemental
OPCI : Organisme Public de Coopération Intercommunale
ORSTOM : Office de la Recherche Scientifique et Technique d‟Outre-mer (actuellementIRD,
Institut de Recherche pour le Développement)
PCD : Plan Communal de Développement
PEN : Programme Environnemental National
PEI : Programme Environnemental I
PNAE : Plan National d‟Action Environnementale
PPN : Produits de Premières Nécessités
PROGECO : Programme de Gestion durable des zones côtières des pays de la COI
(Commission de l‟Océan Indien)
SAHA : Sahan‟AsaHampandrosoananyAmbanivohitra
SAPM : Système des Aires Protégées à Madagascar
SOPEMO : SOciété de PEcherie de MOrondava
TdG : Transfert de Gestion
TGRN : Transfert de Gestion des Ressources Naturelles
UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature
URD : Urgence- Réhabilitation et Développement
VOI : Vondron‟OlonaIfotony (ou COBA)
WRM : World RainforestMovement(Mouvement Mondial pour les Forêts Tropicales)
WWF : World WildlifeFund (Fond Mondial pour la nature)

v
GLOSSAIRE

Arrière-mangrove : partie interne du marais maritime se situant entre la mangrove et la terre


ferme.
Baie : échancrure d'un littoral.
Biodiversité: Variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autresles
écosystèmes terrestre, aquatiques, marins et les complexes écologiques dont ils
fontpartie. Cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle
desécosystèmes.
Chalutier: Bateau pratiquant la pêche au chalut ou chalutage
Chenal : passage resserré naturel ou artificiel entre des terres ou des hauts-fonds.
Communauté locale de base (COBA) ou Vondron’OlonaIfotony (VOI) : c‟est un comité
d‟un village ou à un groupe d‟intérêt associé à des ressources naturelles.
Delta : accumulation de terre et de limon formant un triangle à l‟embouchure d‟un cours
d‟eau (delta de Tsiribihina).
Dina: terme malgache - Il est assimilé à une règle de conduite (pacte social) régissant les
relations entre les membres d‟une communauté. Il existe des traditions régissant les conduites
et les comportements des individus qui font office de réglementation et de loi intra-
communautaire.
Doany: terme malgache - lieu sacré où certaines personnes y vénèrent et font des sacrifices.
Embouchure : Endroit où un cours d‟eau se déverse dans la mer ou dans un autre cours
d‟eau.
Écosystème:Intégration d'un système fonctionnel dans un environnement ; le
conceptd'écosystème peut subdiviser suivant que l'environnement est considéré dans un sens
étroitou élargi.
Effort de pêche: Energie dépensée pour la capture des espèces aquatiques pendant untemps
donné. L'unité des l'effort de pêche traduit la puissance de la pêche.
Engins de pêche: Tout engin mis en œuvre pour la capture des animaux marins. Selonque
l'espèce « s'y prend » ou « y est prise », l'engin est passif ou actif.
Fady: terme malgache - tabou ou interdit contrairement à la tradition.
Faritany: circonscription administrative la plus grande correspond à la province.
Faune: Ensemble des animaux d'une région déterminée
Fiaraha-monina: la vie en société.

vi
Fihavanana: prône la préservation de l‟union ou de l‟unité, des liens qui unifient la société en
général et la famille (au sens large) en particulier. On préfère sacrifier l‟intérêt du particulier
dans le but de sauvegarder la paix, la solidarité, l‟unité ou l‟union.
Fintana: terme malgache - ligne avec hameçons.
Firaisana: commune rurale.
Flore: Ensemble des plantes qui croissent dans une région déterminée
Fokonolona: villageois
Fokontany: la plus petite cellule territoriale de base groupant plusieurs villages ou quartiers.
Garigaryou Treko: terme malgache - sorte de piège à appât pour les crabes.
Gaulettes: ce sont les plus petites unités de bois de mangrove commercialisés généralement
d‟un diamètre entre 3 à 5 cm d‟une hauteur d‟au moins 1,50 m.
Halophile ou halophyte : plante qui vit sur un sol salé.
Karatsaka : des gaulettes de palétuviers.
Karavokoou poteau: terme malgache - c‟est un bois utilisé pour le pilier de la maison ou la
traverse de la toiture.
Marais maritime : entité géomorphologique caractérisée par des étendues de sédiments
meubles et fins soumises à l'oscillation des marées, et par la présence de mangrove dans les
pays tropicaux.
Mangrove: Faciès de la zone littorale des mers tropicales caractérisé principalement
parl'existence des palétuviers et de toute la faune associée.
Marais : région basse où sont accumulées, sur une faible épaisseur, des eaux stagnantes,
caractérisée par une végétation et une faune particulière.
Marais salant : ensemble de bassins et de canaux, où le sel est produit par évaporation des
eaux de mer sous l‟action du soleil et du vent.
Olobe: ce sont les personnes âgées respectées ou chefs de lignée qui ont le plein pouvoir sur
le patrimoine de la famille.
Palétuvier (mangrove en anglais) : essence d'arbre inféodée aux marais maritimes tropicaux.
Tanne : grands espaces du sol nu ou herbacé situés entre la forêt de mangrove et la terre
ferme.
Taroma: terme malgache local – support de bois à l‟intérieur du bateau.
Tovona: terme malgache local – plancher.
Tsivakia: terme malgache désignant les petites crevettes
Vase : boue qui se dépose au fond des eaux.

vii
SOMMAIRE
Pages
Remerciements…………………………………………………………...……………………..i
Avant propos…………………………………………………………..………………………iii
Liste des sigles et acronymes……………………………………………….…………………iv
Glossaire……………………………………………………………………………..………..vi
Sommaire…………………………….………………………………………………………viii
Résumé…………………..…………………………………………………………………….ix

Introduction………………………..………………………………………………………….1

PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX ET REALITES VECUES PAR LA


POPULATION LOCALE………………….…………………...………………...……………4
CHAPITRE I : LES MANGROVES, DES ECOSYSTEMES FRAGILE EN
DANGER……………………………………………………………….………………..………………..5
Section I : Protection de l’environnement et ses limites…….……………………..…………5
Section II : Etat actuel de l’environnement face au concept de pression
anthropique...............................................................................................................................13
CHAPITRE II : LES CAUSES POSSIBLES DE LA DEGRADATION DES
MANGROVES…………...…………………………………………………………………..………….20
Section I : Utilisation des palétuviers et menaces………….………………….……………..20
Section II : Gestion durable de la forêt de mangroves….……………………..………..……31

DEUXIEME PARTIE : LA MARP, UNE PERSPECTIVE POUR LA


CONSERVATION ET LA GESTION PARTICIPATIVE DES
MANGROVES……...……………………………………………….……………………….36
CHAPITRE I : LES APPUIS DES POUVOIRS PUBLICS ET PRIVES…………...…........……37
Section I : Les préoccupations environnementales à Madagascar………………….………37
Section II : Les moyens mis en œuvre par les responsables locaux…………………………..45
CHAPITRE II- SUGGESTIONS ET PERSPECTIVES POUR LA PERENNISATION DE LA
PROTECTION DE LA FORET DE MANGROVES DANS LE SITE DE
KADAY………………………….………………………………………..……………………….……..48
Section I : La MARP face à la protection des mangroves……………………………...…….48
Section II : Les autres recommandations envisagées pour promouvoir la méthode
participative dans la protection durable de la forêt de mangroves…………………………..57

Conclusion ……………………………………………………………………………...……67

Liste des illustrations ………………………………………………………………………...70


Table des matières ………………………………………………………………………..….71
Annexes ………………………………………………………………………………..………I
Bibliographie ……………………………………………………………………………….....X
viii
RESUME

Nom de l‟auteur : MOHAMED EL-GHANAWY

Prénoms : Ali Mchinda

Thème : « Application de la MARP pour la conservation des forêts littorales de


mangroves dans la région du Menabe », cas des mangroves du fokontany de Kaday,
Commune Rurale de Tsimafana, région Menabe Nord.

Nombre de parties : Deux

Nombre de chapitres : Quatre

Nombre de sections : Huit

Nombre des illustrations

Cartes : Deux

Figures : Une

Photographies : Quatorze

Schémas : Un

Tableaux : Six

Résumé de l’ouvrage
Les mangroves figurent parmi les écosystèmes les plus biologiquement productifs sur
terre. Couvrant approximativement une superficie de 150 000 km2 de la surface mondiale1,
elles constituent une zone de fraie et de nourrissage pour plusieurs espèces de conservation et
ont également une importance au niveau économique.
Elles procurent des biens et services éco-systémiques pour les communautés côtières y
compris la protection des côtes, l‟épuration de l‟eau et la fourniture de produits forestiers.

1
WWF, Les mangroves de la partie Ouest de Madagascar « Analyse de la vulnérabilité au changement climatique », Rapport sept. 2010.

ix
Toutefois, malgré leur importance au niveau social et écologique, les mangroves
subissent de fortes pressions se traduisant par la régression progressive des surfaces
forestières, le tarissement des sources et cours d‟eau entrainant ainsi la disparition irréversible
d‟une grande partie de la faune et de la flore, c‟est le cas de Kaday, le site de notre étude.
Ces pressions sont d‟origines anthropiques telles que le défrichement pour le
développement des zones côtières, la conversion pour l‟agriculture et l‟aquaculture, et la
surexploitation des ressources.

Le manque de suivi et contrôle ou bien de sensibilisation constitue un des facteurs de


blocage à l'application effective des réglementations en vigueur, à l'instar de l'utilisation de la
technique de « mandaro » qui est en fait prohibée par la loi (Ordonnance 93-022 sur la
Pêche et l'Aquaculture à Madagascar) et qui reste malgré tout employé toujours par des
pêcheurs.
Toutes ces raisons sont alors largement suffisantes en ce qui concerne la nécessité de
mener la présente intervention afin de situer l'importance et le rôle de la faune, de la flore, et
l‟exploitation des mangroves dans le site de Kaday, Commune Rurale de Tsimafana, région
Menabe Nord, en appliquant l‟approche MARP pour la conservation de ces écosystèmes.

Par conséquent, une gestion durable de ces ressources ne peut être envisagée sans
l‟intervention et l‟implication de tous les acteurs concernées, à leur conservation,
notamment les communautés locales.

La présente analyse des investigations effectuées dans la région du MenabeNord a


mis en exergue l'importance d'une étude stratégique à travers cette méthode participative,
pour la conservation de cette biodiversité marine, fragile et en danger.

Mots clés : Aménagement- biodiversité- conservation- écosystème- gestion rationnelle-


mangrove- surexploitation.

Encadreur Pédagogique : Professeur RICHARD Blanche Nirina

Encadreur Professionnel : Monsieur ANDRIANTSALAMA Ramakararo Côme

Adresse de l’auteur : Lot VT 3ABR AndohaniatoAmbohipo 101 Antananarivo

Email : [email protected]

x
INTRODUCTION

La superficie forestière régresse plus vite que l‟homme pense à sa restitution. Celles
qui font partie des aires protégées subsistent tant bien que mal. Mais faut-il constater d‟une
part que les actions de conservation de certaines parties restent un problème non négligeable
entre les techniciens gestionnaires et les paysans riverains, d‟autant plus que les actions
anthropiques pour faire face à la pauvreté ne font qu‟empirer la détérioration de la forêt,
d‟année en année, voir de jour en jour. Par la suite, l‟écosystème est très menacé.
D‟autre part, selon des données scientifiques récentes2, les mangroves présentent des
opportunités réelles en matière de protection de la biodiversité. Ils peuvent atténuer l‟érosion
marine, protéger les habitants de la côte contre les cyclones, les fortes tempêtes et les
inondations. Mais au-delà de leur intérêt économique par leur exploitation et par la pêche,
elles abritent également des espèces qui ont besoin d‟être conservées à cause des menaces et
risques.Ce sont des paramètres mettant en jeu la durabilité des mangroves.
A Madagascar, les mangroves couvrent environ 327 000 hectares3 et se concentrent
essentiellement sur la côte Ouest avec 98 % de la superficie totale.
Les mangroves les plus étendues sont celles des embouchures des grands fleuves.
Elles occupent les rives et les bancs de vase des grands cours d‟eau comme Betsiboka,
Mahajamba, Mahavavy, Tsiribihina et Mangoky, tous localisés à l‟Ouest.
Ainsi, les menaces et les risques sur les mangroves à Madagascar sont de plus en plus
pressants et préoccupants en l‟état actuel. Les habitants eux-mêmes sont vulnérables à cause
de la pauvreté rampante. La pression anthropique sur ces écosystèmes s‟accroît
considérablement, d‟autant plus que le taux de dépendance sur la nature est très élevé à
Madagascar, notamment en milieu rural et littoral.
Actuellement, force est aujourd‟hui de constater que malgré les différentes activités
menées à Madagascar sous différents programmes environnementaux, les écosystèmes de
mangroves ne sont malheureusement pas encore pris en considération comme étant
prioritaires. De l‟autre coté, la valorisation durable de la biodiversité tant crié par la plupart
des organismes et acteurs environnementaux reste encore une citation et sans actions en ce qui
concerne l‟écosystème mangrove, et ce malgré les aggravations de la situation au fil des
années.
Les autres raisons qui justifient ce choix de notre thème viennent du fait que la
déforestation des mangroves étant devenue une réalité, lorsque l‟on les détruit, on détruit

2
WWF, Les mangroves de la partie Ouest de Madagascar « Analyse de la vulnérabilité au changement climatique », Rapport sept. 2010.
3
Bulletin n°51 du World RainforestMovement (WRM), Mangroves du monde, Oct. 1998.

-1-
également l‟intégralité de l‟écosystème abrité par celles-ci et partant tous les bénéfices à
moyen et long termes qu‟elles fournissent et qui restent inexorablement voués à une perte
certaine.
Alors, quelle approche faudrait-il adopter pour mener des actions de conservation et
de restauration dans un milieu fortement anthropique dont la subsistance dépend de
l’exploitation des ressources naturelles de la mangrove ?
C‟est pour apporter des réponses à cette question que nous avons jugé nécessaire de connaitre
l‟écosystème de mangroves et ce, à travers un certain nombre de paramètres tels que les
différents types de mangroves, le mode d‟exploitation, les différents types de gestion des
ressources, ainsi que les communautés concernées dans leur mode de vie quotidien.
C‟est ainsi qu‟avec les enjeux écologique mais aussi socio-économiques, notre étude se donne
comme objectif principal la contribution à la recherche d‟actions mieux coordonnées qui
mettront en synergie les pouvoirs publics, les communautés locales et les operateurs
économiques afin d‟asseoir une stratégie durable dans la gestion des mangroves.
Et face à cette problématique, nous allons tenir compte de ces hypothèses fortes, comme
quoi, nous estimons que :
 Les facteurs socio-économiques constituent le plus de menace pour les mangroves de
Kaday et de toute la commune de Tsimafana ; et

 Si on élabore des plans stratégiques de campagne de sensibilisation et d‟aménagement


et de gestion, les gens seront bien informés de la situation et changeront
progressivement leur comportement.

Par ailleurs, l‟approche méthodologique retenue dans le cadre de cette étude s‟est
caractérisée par le cheminement à trois étapes. Le travail de bibliographie reste d‟abord le
premier palier. Il consiste à consulter des ouvrages généraux et spécialisés sur le sujet dans les
centres de documentations disponibles (ONE, CITE, Bibliothèques Universitaires, IRD,
WWF, etc.).
C‟était à partir des données théoriques recueillies que nous avons pu procéder au choix
bien précis des sites en fonction de leur accessibilité, des caractéristiques prédominantes, des
endroits, des populations, de l‟ensemble de l‟écosystème regroupant les différentes espèces de
faune et de flore ainsi que du flux des populations ayant opté de vivre dans ces milieux.
La deuxième étape consistait à mener des enquêtes préliminaires à travers des questionnaires
suivies des constats personnalisés auprès des autorités locales ainsi qu‟auprès d‟un groupe
d‟habitants.

-2-
Notre descente sur terrain était déroulée en trois périodes, d‟abord en avril 2011, puis en
octobre 2011 et enfin,en février et mars 2012. Il s‟agit de faire des explorations, évaluations,
analyses et observation vive de la situation des mangroves dans le menabe.
Le contact préliminaire avec communes, fokontany, associations villageoises et
populations locales ou bien ONG et autres institutions travaillant dans la zone d‟études, était
indispensable pour mener à bien nos investigations.
Au terme de cette étape, nous avons pu déterminer le site idéal où tous les travaux en
profondeur pouvaient être effectués.
C‟est ainsi que le fokontany de Kaday a été retenu comme point focal de notre étude, là où
nous avions pu recueillir le maximum d‟informations détaillées.
Notre enquête formelle comprend l‟échantillonnage (choix des personnes qui représentent la
région), le focus group (groupe de personnes concerné par une activité) ainsi que les méthodes
et analyses des données collectées. Au total, quatre cent cinquante personnes ont été
enquêtées depuis Morondava, Belo/Tsiribihina, Tsimafana, jusqu‟au fokontany de Kaday et
ses environs pendant ces trois périodes.
Toutes ces données ainsi recueillies nous ont grandement aidées dans l‟analyse de
corrélation avec les différents paramètres écologiques, d‟où la phase de rédaction.
Cette dernière étape consistait à aller en profondeur dans les diverses analyses afin de
consolider les résultats des données et d‟en effectuer des interprétations et des évaluations qui
serviront plus tard à une formulation sous une forme plus élaborée et d‟en percevoir les
perspectives pour une suggestion d‟élaboration d‟un plan relatif à une gestion durable des
mangroves.
Notre travail de mémoire comporte deux grandes parties lesquelles sont subdivisées en
chapitres qui sont relayés par des sections dans lesquelles certaines analyses ont été traitées
plus en détail.
La première partie que nous avons intitulée « Etats de lieux et réalités vécues par la
population du littoral » a été consacrée à l‟analyse et évaluation des menaces et pressions que
subissent les mangroves.
Et la deuxième partie nous donne la configuration de l‟approche MARP à travers laquelle
nous allons révéler l‟ensemble et le contenu de notre démarche dans la perspective de la
conservation et la gestion participative de l‟écosystème « Mangrove ».

-3-
PREMIERE PARTIE

ETAT DE LIEUX ET REALITES VECUES PAR LA

POPULATION DU LITTORAL
CHAPITRE I : LES MANGROVES, DES ECOSYSTEMES
FRAGILES EN DANGER
Section I : Protection de l’environnement et ses limites

I- Environnement physique et humain du terrain de recherches


1)- Présentation géographique et administrative des mangroves de la
région duMenabe Nord
La mangrove du Menabe Nord se trouve dans la partie occidentale de
Madagascar.S'étendant sur une superficie de 28 000 ha (Kiener, 1972), 35 000 ha selon
Lebigre(1990), 70 305 ha d‟après IEFN(1997), ou 21 666,995 ha (FTM, 2006 sur LANDSAT,
2005),elle longe la côte centre Ouest de l'île entre Morondava au Sud et le fleuve de Manambolo
au Nord en passant par le grand delta du fleuve Tsiribihina.
Au niveau administratif, la mangrove du Menabe Nord appartient à 5 communes rurales
(Cf. Carte n°1) qui sont du Sud au Nord : Bemanonga, Beroboka, Tsimafana, Belo/Tsiribihina
et Aboalimena.
En partant des chiffres de l‟FTM de 2005, la répartition des mangroves par commune
est fournie au tableau ci-après.

Tableau n°1 : Superficie des forêts de palétuviers de Menabe Nord (non compris tannes)

Nom commune Surface mangroves(Ha)

Aboalimena 3 114,191

Belo/Tsiribihina 8 049,435

Bemanonga 5 458,460

Beroboka 289,151

Tsimafana 4 755,758

Total 21 666,995

Source : FTM, 2006 sur LANDSAT 2005

Carte n°1 : Localisation des mangroves dans le Menabe Nord

-5-
S
Source: ONG KILY BE, 2005

-6-
2. Localisation de la zone d’études
Traversée par la RN 8, la Commune a une superficie de 719,8 km2. Cette commune
fait face à des problèmes de délimitation administrative qui partage les communes et aussi les
forêts de mangroves des deux communes rurales (Tsimafana et Beroboka).
La Commune Rurale de Tsimafana est composée de 09 fokontany :
 08 fokontany dans l‟arrière-pays ;

 et 01 fokontany du côté du littoral(Kaday).

Les communes limitrophes sont :


- Au Nord: Belo/Tsiribihina ;
- Au Sud: Beroboka ;
- A l'Est: Tsaraotana et ;
- Et à l'Ouest : Canal de Mozambique.

3)- Démographie et historique du village de Kaday

Kaday fut créé vers 1700 par les Sakalava. Le premier village à été fixé à
Ankabo, site sakalava, mais l'opportunité rizicole de la région a favorisé l'exode
rural à Kaday, d'où la pluriethnicité (sakalava, vezo, tandroy, antesaka). Cet atout lui
a valu sa potentialité en ancienne zone de production de riz et de pois du cap.

Les gens s'adonnent à l'agriculture, à l'élevage, à la pêche et à l'exploitation du


charbon.
Le Ministère de la population Menabe4 mentionne les données démographiques
suivantes :
- Région Menabe Nord : 38 153 habitants ;
- Commune Rurale Tsimafana :13 484 habitants ;

- Kaday : 1 474 habitants.

La population est multiethnique, composée par ordre d‟importance en effectif :


- Sakalava (autochtones, majorité) = agro-éleveurs = 40%

- Antesaka = riziculteurs – éleveurs = 25%

- Antandroy = commerçants = 10%

- Vezo (sur le littoral, pêcheurs) = 15%

4
DRPAS Menabe, 2010

-7-
- Autres = 10%

En ce qui concerne les infrastructures sociales, de nombreux villages littoraux


souffrent encore, car le manque de puits, écoles, centres de santé de base, constitue des
obstacles majeurs à la stabilité des populations littorales et reste à améliorer.

4)- Inventaire floristique des espèces de mangroves


Concernant particulièrement les forêts de mangroves, objet de notre recherche, on a pu
constater l‟existence des 8 espèces énumérées par des chercheurs et selon les propos de
nos enquêtés (noms vernaculaires). Dans les mangroves du delta de la Tsiribihina, on
rencontre les six familles réparties en huit espèces.
Chaque espèce de palétuvier a ses propres exigences écologiques pour avoir un
développement maximum et une expansion suffisante dans le temps et dans l‟espace.

Tableau 2 : Les espèces de mangroves existant à Kaday et dans toute la région

FAMILLE NOM VERNACULAIRE NOM SCIENTIFIQUE


Rhizophoracée TANGAMBAVY Ceriopstagal
Rhizophoracée TANGANDAHY Rhizophora mucronata
Rhizophoracée TANGAMPOLY Bruguieragymnorrhiza
Méliacée FOBO Xylocarpusgranatum
Sonneratiacée SONGERY Sonneratia alba
Combrétacée ROGNO, MOROMONY Lumnitzoraracemosa
Avicenniacée AFIAFY Avicennia marina
Sterculiaceae LOGNONY Heritieralittoralis
Source : Recherches personnelles (avril 2011 et février-mars 2012), corrélées avec le
rapport de WWF,20105

Toutes ces espèces constituent un ensemble qui caractérise l‟existence de nombreuses


potentialités environnementales et ont une importance cruciale pour de nombreuses espèces
inscrites dans la liste rouge de l‟UICN.
Ces mangroves assurent des fonctions écologiques importantes et sont des sites de
production pour les ressources aquatiques telles que les crabes, les crevettes et les
poissons.

5
WWF, Les Mangroves de la partie Ouest de Madagascar « Analyse de la vulnérabilité au changement climatique », 2010

-8-
II- Généralités sur l'écosystème mangrove
1)- Historique des mangroves
La forêt de mangrove est une forêt ancienne mais elle ne représentait un intérêt récent
pour les chercheurs qu‟au milieu du XXème siècle. En cette période, la conception de la
mangrove devenait différente : c‟est un écosystème riche, complexe, fragile à protéger. Les
travaux commençaient à se multiplier et à se diversifier. Si on parle des grandes études
remarquables depuis les années 70 sur les mangroves, on peut citer celles deSchnell (1971),
Chapman (1976), Blasco et al. (1980), Teas (1983), Saenger et al. (1983), Lugo et Snedaker
(1974), Snedaker (1984), Lacerda (ed) (2001). Pourtant notre connaissance sur la forêt de
mangrove est encore bien moindre comparée aux autres écosystèmes.
Pour le cas de Madagascar, les ouvrages de Andriamampiray F. (1994 et 2005),
Rakotofiringa et S.L. (1994), Randrianavosoa et H. J(2005), Jenkins (1990), Ranaivoson
J. (1994, 1995), Iltis (1994, 1995),Hervieu (1965), Lebigre (1983, 1984, 1990), Blasco et al.
(1980) et Marius (1995), ainsi que tant d‟autres encore, sont des références pour la mangrove
malgache.
Il faut aussi noter les recherches de l‟Université d‟Antananarivo faites auprès du
programme « fonctionnement et évolution de la mangrove dans l‟ouest malgache » qui s‟est
déroulé entre 1991 et 1996, réalisé par l‟ORSTOM (Institut français de recherches
scientifiques pour le développement en coopération) et le CNRE (Centre National de
Recherches sur l‟Environnement). Ces dernières ont surtout été réalisées plus particulièrement
dans la région de Menabe, axées sur la dynamique des écosystèmes de mangrove, sur la
valorisation des systèmes de production et sur l‟inventaire des ressources de ces écosystèmes.
Mais ces études demeurent toujours insuffisantes, vu la multitude du champ de recherche dans
le domaine.
Les précédentes recherches à Madagascar se concentrent surtout dans la région du
littoralSud-ouest et du Menabe, et elles ne sont plus d‟actualité face à la forte pression
économiqueet humaine et à la dynamique des mangroves. Plus récemment, le thème
mangrove esttoujours considéré comme « peu d‟informations » et plusieurs portes de
recherche sont encore ouvertes (ONE, 2003).
Malgré leur grande sensibilité aux perturbations humaines, lesmangroves sont l‟habitat
le moins étudié et le plus mal connu à Madagascar - alors quel‟augmentation des besoins des
communautés et le développement de l‟aquacultureportent les mangroves à un stade critique.
En effet, lorsque l‟on détruit une mangrove, ondétruit également l‟intégralité de l‟écosystème

-9-
abritée par celle-ci, et tous les bénéfices à long terme qu‟elle fournit sont irrémédiablement
perdus.
Devant les différentes activités qui menacent le littoral ouest malgache, les mangroves
ne sont pas épargnées. Il est évident que la solution à ce problème ne pourrait être trouvée
sans une étude approfondie de cet écosystème et son environnement.

2)- Définition, une ambigüité terminologique


La définition du mot « mangrove » présente une ambiguïté terminologique donnant
plusieurs sortes de définitions non contradictoires mais complémentaires.
D‟abord, le terme « mangrove », d‟origine malaise manguiest introduit par la langue
anglaiseet néerlandais, désigne une forêt plus ou moins dense, constituée de palétuviers
poussant dansles vases côtières des pays tropicaux (Cabanis et al. 1969). Le mot palétuviers
était ici longtemps utilisé par les français pour désigner la forêt de mangrove.
Dans la langue Malagasy, la mangrove prend le nom de honko ou alahonko, et le
Swahili avec la langue Comorienne, utilisent le même terme : mhonko (singulier) ou mihonko
(pluriel) pour désigner les mangroves et les palétuviers6.
Les mangroves poussent sur les bancs de vase et de sédiments apportés à la mer par les
cours d‟eau, ce sont des zones humides7.
D‟après la Banque Mondiale(2004), ce terme se réfère habituellement à un complexe
de zones humides influencé par les marées, consistant de forêts de mangroves, de marais
salés, et autres habitats associés dans cette zone intertidale sous les latitudes tropicales et
subtropicales.
Il y a ceux qui le considèrent comme une formation végétale côtière unique ou propre
et ceux qui le définissent comme un écosystème englobant les propres caractéristiques du
milieu littoral (eau, sol, flore et faune).
Nombreux auteurs ont tenté de définir la mangrove, „„interface entre un écosystème
marin et un écosystème terrestre‟‟. En effet, la plupart des auteurs désignent sous ce terme
une formation végétale de palétuviers établie dans la zone de balancement des marées des
zones côtières tropicales.
De par toutes ces idées, la mangrove peut se définir commeun écosystème spécifique
de la zone côtière (JAIN, 1995), constituée par une formation végétale et composée

6
Adaptation de l‟auteur, 2011.
7
Convention de Ramsar sur les zones humide (Gland, 1972)

- 10 -
d'essences de palétuviers colonisant le sol vaseux de la zone côtière influencée par la
marée, les tannes dénudés ou herbacés, les zones marécageuses et les fleuves.

Les mangroves sont des forêts particulières que l‟on trouve sur lescôtes marécageuses et dans
lesestuaires (embouchures des fleuves) dans toutes les régionséquatoriales et tropicales du
monde.

Dans l'Ouest de l'océan indien, Madagascar présente la plus grande surface de


mangrove dont 98 % sur sa côte occidentale.

3)- Ecologie des mangroves

La mangrove n‟occupe que la zone de littoral recouverte à marée haute et découverte à


marée basse. Elle s'installe quand certains facteurs du milieu, favorables à leur existence, se
trouvent réunis : eaux saumâtres et peu profondes, zones calmes et abritées, sols limono-
argileux, rivages marins chauds, etc. Les palétuviers ont développé des adaptations nécessaires
à la colonisation d'une zone intertidale caractérisée par de fortes contraintes : variations des
marées, arrivée d'eau douce, température et salinité variables, conditions d'oxydoréduction et
d'anaérobiose d'un sédiment généralementfluideet chargé en matière organique.

Tous les arbres de la mangrove ont le même aspect particulier. Ils s‟ancrent dans la
vase très fine et instable, par trois sortes de racines : les racines-échasses, les racines-anses et
les racines-stalagmites.

 Les racines-échasses partent horizontalement de la base du tronc, puis


s‟inclinent pour s‟ancrer superficiellement dans la vase, comme des arcs-
boutants.
 Les racines-anses poussent horizontalement dans la vase et en sortent par
endroits sous la forme d‟anses.
 Enfin, les racines-stalagmites sont, elles aussi, souterraines, mais produisent
des excroissances verticales qui sortent de la vase et qui peuvent mesurer
jusqu‟à 30 cm.

Les racines, très visibles à marée basse, donnent un aspect extraordinaire et


fantastique à la mangrove.

- 11 -
La vase littorale dans laquelle s‟enfoncent les racines des arbres constitue un milieu
totalement anaérobie, c‟est-à-dire sans oxygène. La respiration est assurée grâce à des organes
spéciaux, les pneumatophores, situés dans les parties aériennes des racines. Les mangroves
tolèrent remarquablement bien les sels de l‟eau de mer, ils sont dits halophiles.

Ces adaptations sont parfois de natures physiologiques, excrétion de sel et absorption


sélective d'ions dansles feuilles, échanges gazeux dans les racines et autres
mécanismesnécessaires à la régulation de la pression osmotique et àl'alimentation
de la plante.

4)- Situation générale actuelle du secteur forestier et état actuel des mangroves de
Madagascar
Les formations forestières occupent une superficie totale de 13 260 000 ha du territoire
national correspondant à un taux de couverture de 22,6%8. La régression forestière résulte
principalement de la déforestation, conséquente à une forte croissance démographique et due
aux multiples activités humaines. Ainsi estime-t-on à 200 000 ha l‟étendue de forêts naturelles
détruites chaque année à cause du recours au système traditionnel de production basé sur le
défrichement itinérant des forêts naturelles ou Tavy.
L‟exploitation abusive et illicite des produits forestiers pour des raisons d‟ordre
économique et commercial constitue aussi une menace pour l‟existence et la durabilité de la
biodiversité forestière.
En ce qui concerne la biodiversité marine et côtière, entre autres les écosystèmes de
mangroves, Madagascar compte 300 000 à 400 000 ha de mangroves selon l‟UICN (1983).
Les nouvelles estimations tiennent compte des tannes. L'ensemble des marais maritimes, au
sens strict, compte environ 425 000 ha dispersé sur 6 597 km de littoraux, dont 98 % sur la
côte Ouest et 2 % sur la côte orientale9.
Mais d‟autres chiffres approximatifs restent aussi à considérer. La superficie totale de
mangroves à Madagascar en 1996 était estimée à 322 204 ha10.
Les mangroves malgaches sont de deux types :
 Les mangroves d'estuaires rencontrées au niveau des embouchures, des deltas et à
l'entrée des baies, cas de Menabe ;

8
Inventaire Ecologique et Forestier National, 1996
9
Source : Monographie Nationale de la Biodiversité, 1997
10
Ministère de l‟Environnement, Eaux et Forêts

- 12 -
 Les mangroves littorales dans les zones à résurgence d'eau douce permanente en
particulier dans la région de Toliara, dans le Sud-ouest de Madagascar.
Concernant leur localisation, près de 3200 km² de mangroves soit 98 % de la superficie totale,
sont dispersés sur 29 sites le long de la côte Ouest malgache.
Les arrières mangroves (ou tannes) sont propices à l'aquaculture notamment à la
crevetticulture exploitée à Mahajamba et Tsiribihina, l‟ostréiculture (élevage des huitres) à
Beloza et l'artémiculture à Toliara et au Nord de Morondava.

Section II- Etat actuel de l’environnement face au concept de


pressions anthropiques
I)- Environnement social
Kaday possède d‟énormes potentialités tant sur le plan économique que physique.
Beaucoup d`entre elles sont déjà exploitées par la population locale. C‟est une terre ancestrale
des Sakalava de Menabe, à vocation pastorale. Il constitue également une zone d`accueil de la
population de Haute Terre Centrale comme les Merina, les Betsileo, les Antesaka et les
Antanosy qui sont en quête de terres cultivables. Des nouveaux venus comme les Antandroy
s`y implantent plus tard. Les immigrants sont spécialisés surtout dans le petit commerce et
l`agropastorale.
La zone de notre étude, Commune de Tsimafana, se heurte à des problèmes de
scolarisation : faible fréquentation des établissements scolaires.La précarité des
infrastructures sociales est remarquable. La seule Ecole Fondamentale niveau I pour tout le
fokontany se trouve à Anja.
Les infrastructures sont concentrées dans le Chef-lieu de la Commune Rurale qui est
éloignée des autres localités (distance entre 10 km et 20 km).
Pour Kaday, le taux de scolarisation est de 10%. Le problème est lié à:
 L‟insuffisance et/ou l‟absence d‟infrastructures scolaires ;
 la difficulté de déplacement, le mauvais état des routes rend presque impossible
l`accès aux écoles. A cela s`ajoute l`insécurité qui règne des fois dans la localité ;
 la participation précoce des enfants aux activités économiques du ménage en tant que
main d`œuvre complémentaire ;
 les mariages précoces des enfants.

- 13 -
II)- Environnement et activités économiques
Ces activités sont de plusieurs ordres entre autres la pêche, l‟aquaculture,
l‟agriculture, l‟élevage, l‟exploitation des mangroves, le tourisme, etc. Quoiqu‟il a en
soit, la descente sur terrain a permis d‟identifier, par ordre d‟importance, que la pêche,
l‟agriculture, l‟élevage, la cueillette et l‟exploitation des mangroves, constituent les
principales activités de la population. Donc, l‟économie du fokontany deKaday,
comme celle des autres fokontany de la commune de Tsimafana se base sur ces
activités.

1)- La pêche, activité principale et dominante de la population

Comme la population de Kaday, celle de tous les villages des zones côtières où se
trouvent les forêts de palétuviers a comme activité principale la pêche. Cette activité se
pratique normalement dans les eaux côtières adjacentes du Canal de Mozambique, mais en
cas de mauvais temps, elle est limitée dans les chenaux des mangroves.

Photo n°1 : Pêche dans les chenaux des mangroves

Source : ONG Louvain, 2012

Les habitants de Kadayet de la Commune nous ont cité les noms de plusieurs espèces
de poissons, de crevettes et de crabes, et autres ressources halieutiques pêchées dans les
mangroves.
Par moment de marée basse, les mangroves font l‟objet de cueillette effectuée
principalement par les femmes qui circulent entre les palétuviers à la recherche de poissons et
des crabes réfugiés au pied des racines-échasses ou des troncs creux des palétuviers.

- 14 -
Photo n°2 : Pêche associée au mandaro

Source : cliché de l‟auteur, 2012

Certaines personnes ont une autre méthode de pêche : ils récoltent le latex d‟un arbre
appelé LARO (Euphorbialaro) ou mandaro, qu‟ils jettent directement dans l‟eau des lacs
formés à marée basse et qui empoisonne les poissons. Il ne reste plus qu‟à les ramasser.
Tout au long de notre enquête, nous avons eu bon nombre d‟espèces de poissons,
crabes et crevettes, qui, parfois il était très difficile de trouver les noms scientifiques et
vernaculaires correspondants.
Ainsi, après un retour à la capitale de Menabe, nous avons enquêté quelques familles à
Morondava auxquelles elles nous ont donné les noms vernaculaires de la région et parfois
deux noms usuels d‟une même espèce de poisson, en particulier Madame Boharia(Andakabe).
De l‟autre coté, nous avons sollicité de l‟aideauprès de Monsieur RAJERISON Jean
Hubert, Directeur du Service Pêche et des Ressources Halieutiques,Menabe,pour les noms
scientifiques, et enfin nous avons pu les rassembler toutes dans le tableau ci-contre.

- 15 -
Tableau 3 : Liste de quelques espèces de poissons pêchées au niveau des palétuviers
Espèces Noms vernaculaires Noms scientifiques
Crevettes Tsitsika Ferropenaeusindicus
Tsitsika Penaeusindicus(white)
Tsitsika(Camaron) Penaeusmonodon(brown)
Tsitsika Métapenaeusmonoceros(pink)
Crabes Drakaky Scylla serrata
Swimmingcrab Portinuspelagicus
Talatala Scomberoîdestol
Angoa Scomberomeruscommerson
Telonify, Lema Otholitesargenteus
Karapapaka Macrurakanagurta
Vahoho, Fihampotsy Rhabdosargussarba
Mahaloky, Marotaolana Rastrelligerkanagurta
Torovaka Mugilcephalus
Poissons
Sohisohy,Solosolo, Pomadasyshasta
Angerabato
Lovo, Kabao Epinephelustauvina
Kakao Caranx ignobilis
Kotretreky, Tretreky Gazza minuta
Ankiho(requins) Carcharinusellioti
Chevaquines Tsivakia, Patsa Aceteserythraeus
Source : Adaptation de l‟auteur avec la collaboration de Madame BOHARIA (Andakabe, Morondava) et le
Directeur du Service Pêche Menabe, Avril 2011 et Février-Mars 2012.

Selon les données d‟enquêtes de la zone d‟études, les espèces exploitées sont les
poissons, les crevettes, les crabes, les requins, les chevaquines et d‟autres crustacés encore.

2)- l’agriculture, activité spécifique des immigrants

L'agriculture se pratique durant toute la saison des pluies (Asara) par les
populations des villages de Kaday ainsi que quelques habitants du littoral.

- 16 -
Photo n°3 : Culture de maïs

Source : auteur, 2011

La réussite de l'agriculture dépend effectivement de la quantité des pluies. Les


paysans cultivent surtout le riz, le maïs, le manioc, la patate douce, etc. La plus grande partie
de la production servent à l'autoconsommation. La partie restante destinée à lavente est
très infime de telle manière que le revenu ainsi obtenu n'arrive pas à satisfaire les besoins en
PPN de chaque famille. Ce qui les oblige, depuis quelques années à faire recourir à la pêche
au « mandaro », méthode prohibée par la loi (Ordonnance 93-022 du 14/04/93).

Photo n°4 : Champ de riziculture

Source : Cliché de l‟auteur, 2011

A Kaday, village spécialement rizicole, connu depuis fort longtemps, les populations
défrichent les forêts de palétuviers pour en faire des rizières.

- 17 -
Photo n°5 : Dégradation des mangroves par le défrichement

Source : Auteur, 2011

A chaque fois que le taux de sel dans le sol devient trop important pour diverses
raisons (déviation des lits de Tsiribihina, marées d'équinoxes, etc.), elles abandonnent celles-ci
et font de nouveaux défrichements. De ce fait, les forêts de mangroves ont subi de fortes
pressions anthropiques dans les années 80 et 90 et jusqu‟à nos jours où la situation ne fait que
prendre ampleur.
De grandes superficies de forêts de mangroves ont été détruites au profit de la
riziculture. Depuis la fin des années 90, l'ensablement du lit du fleuve Tsiribihina a fait
monter le niveau du lit où la montée du taux de salinité des sols a provoqué le phénomène de
salinisation.
L`activité agricole occupe une place non négligeable dans la vie quotidienne de la
population de Kaday. La riziculture occupe les bas fonds. Les cultures vivrières subsistent
comme les maniocs, les patates, etc. ; mais ils se limitent en culture familiale. Toutefois la
technique culturale reste rudimentaire et les rendements sont généralement faibles.

3)- L’élevage, activité secondaire

Pour la région de Menabe littoral, il a été remarqué que l'élevage de bovins ou caprins
se pratique comme activité secondaire.

Cependant, le petit élevage de volaille (poulet, canard) se rencontre presque dans


toute la commune. Ce dernier a pour but de produire d'œufs à vendre (canard) et de
viande pour autoconsommation. La vente des poulets se fait, dans la plupart des cas,
pendant les périodes des fêtes.

- 18 -
Photo n°6 : Elevage de canards

Source : Auteur, 2011

Les paysans récupèrent les restes des clôtures ou de la construction de maison pour
construire les poulaillers qui se trouvent le plus souvent sous la case.
Pour une zone à vocation pastorale comme le Menabe Nord, l`élevage bovin occupe
une place importante dans la vie quotidienne. Il est du type extensif, et souvent lié à l`activité
agricole. C`est une marque de prestige, un ménage qui possède 10 têtes de zébu a une
considération particulière dans le village.

4)- La cueillette et l`exploitation de la forêt, activités complémentaires


Ces deux activités sont peu exploitées. La cueillette des fruits forestiers (Baobabs,
dattes, etc.) et du miel sauvage constituent un revenu assez conséquent pour la population. Le
prélèvement des tubercules sauvages d‟ignames, Oviala littéralement « Pomme de terre
sauvage », et la chasse est destiné à l`autoconsommation comme compléments alimentaires
surtout pendant la période de soudure. Le tressage du « satrana » et des pailles pour les arts
(nattes, chapeaux, etc.) se limite souvent à couvrir les besoins familiaux.

- 19 -
CHAPITRE II- LES CAUSES POSSIBLES DE LA DEGRADATION
DES MANGROVES
Section I- Utilisation des palétuviers et menaces
I)- Activités paysannes et utilisations des ressources de mangroves
1)- Forêt de mangroves et développement socio-économique
Nous avons procédé à plusieurs enquêtes villageoises, qui nous ont permis d‟obtenir
de nombreux renseignements sur les utilisations des ressources de la mangrove.
Les mangroves apportent de nombreuses ressources aux populations riveraines, dans
différents domaines.

a)- Construction des maisons


L‟Avicennia marina qui est l‟espèce dominante dans la région s‟utilise dans toutes
sortes de constructions. L‟arbre de taille moyenne appelé « karavoko» ou « poteau » est utilisé
comme pilier de la maison et comme traverse pour la toiture.

Schéma n°1 : Ossature d‟une toiture à Kaday

Mur,
Supports
Etplanchers

Source : BCPA, 2006

Même s‟ils savent que l‟Avicenniamarina utilisé comme pilier résiste au maximum
une année, un bon nombre de personnes les prennent toujours pour le besoin d‟une année puis
ils les remplacent. Par contre, il y a des perfectionnistes qui recherchent les bois connus
comme très solides comme le Ceriops tagal et le Rhizophora mucronata, dans les environs de
la région, dans les îlots de palétuviers.

- 20 -
b)- Construction des pirogues et des bateaux
Avicennia marina est encore utilisé comme traverse ou support à l‟intérieur du bateau
appelé « taroma».
Photo n°7 : Confection des pirogues, pilons et mortiers

Source : Cliché de l‟auteur, 2012

On peut distinguer les lakafihara(fihara) ou pirogue à balancier et celles sans


balanciers ou molanga. Ces embarcations sont toutes en bois et fabriquées et/ou achetées
à Morondava ou à Belo. Chaque famille possède au moins une « molanga ».
Puisque la plupart des embarcations sont des pirogues sans balanciers ni voilent
elles ne peuvent pas affronter les grandes vagues du large. De ce fait, les pêcheurs sont
obligés de rester toujours à proximité de la côte.
Pour les bateaux, on a besoin de trois arbres pour faire les « taroma».Sonneratia alba
est utilisé comme des planches pour le bateau nommé « tavona». Ce bois est cherché parfois
en dehors de la zone d‟étude. Huit arbres d‟après les villageois sont nécessaires à la
fabrication des planches d‟un bateau.

c)- Clôture et haie


La population utilise le bois de mangroves en même temps pour servir de clôtures aux
maisons, aux champs de cultures pour les villages en arrière pays pour les protéger contre le
bétail et à la construction des cases des volailles. Pour les villages côtiers, la clôture a un rôle
important sur l'atténuation du mouvement des sables sous l'action des vents, c'est-à-dire pour
maintenir un niveau constant de la cour. Il a été constaté que les habitants utilisent les bois
entre 5 et 12 cm de diamètre moyen pour les clôtures. De ce fait, les clôtures qui
emploient du bois de diamètre inférieur ou égal à 5 cm sont dénommées type A et celles
avec du bois de diamètre inférieur ou égal à 12 cm sont classées type B.

- 21 -
Le bois de mangroves est une des ressources naturelles très utilisées dans la région
de Menabe littoral. Son utilisation rentre aussi bien dans le domaine social que de l'agriculture
et de l'élevage. Les gens prélèvent les bois dont ils ont besoins dans les mangroves
facilement accessibles et près du village pour faciliter le transport (rayon de 1 à 2 km du
village.Toutes espèces confondues de palétuviers sont utilisables, en particulier les
Avicenniamarinaqui sont abondants. La haie pour l‟élevage des zébus, des chèvres, des
canards et des poules se trouve souvent dans toute la région.

d)- Bois de chauffe et charbon


Tous les troncs secs et bois morts des palétuviers sont utilisés pour le bois de chauffe
dans la vie quotidienne ménagère.
L‟Avicennia marina et le Xylocarpusgranatumsont utilisés pour le charbon de bois,
mais pour le séchage des poissons, on utilise le Xylocarpusgranatumet le Sonneratia alba
pour éviter le goût amer réputé des autres types de bois.
Rhizophora mucronataet Ceriops tagal sont les plus utilisés pour faire le
charbon.L‟Avicennia marina est rarement utilisé. Il est moins apprécié par les acheteurs car il
brûletrop fort jusqu‟à trouer la marmite lors de la cuisson.

2)- Forêt de mangroves et développement socioculturel


Comme tout milieu naturel approprié par l‟homme, la mangrove, à l‟instar des forêts
de l‟arrière pays, abrite des sites réservés aux cimetières et au doany.
Ils permettent aux communautés actuelles de garder leur histoire, garant de l‟identité et ainsi
d‟une certaine légitimité sur certains espaces.
Ainsi, beaucoup de personnes utilisent les palétuviers à des fins thérapeutiques,
cosmétiques et autres usages.

a)- Pharmacopée
Les palétuviers ont plusieurs fonctions thérapeutiques ; ainsi, nous avons cité six
espèces de mangroves dont leurs effets et fonctions pharmacopées ont été résumés dans le
tableau n°4 suivant.

- 22 -
Tableau n°4 : Effets et utilisation thérapeutique des bois de palétuviers à Kaday
Espèce Partie d’un Effets Préparation Dosage
arbre utilisé
Jeunes plants à 50
Effet viril pour les cm de hauteur. Dépendant de la
Rhizophora Plantule hommes en cas de Faire bouillir 1l personne
Mucronata fatigue musculaire d’eau avec le jeune
TANGANDAHY
plant sans racine.
Râpé et apposé sur Selon le cas et
Tronc Soulagement brûlure les brûlures jusqu’à la guérison
cutanées
Bruguieragymnorrhiza
TANGAMPOLY Ecorce Plaies En décoction Idem
Faire bouillir Une tasse de café le
Feuilles Maux de dos l’écorce matin et le soir
Xylocarpus équivalent de la jusqu’à la disparition
Granatum paume de main du symptôme
FOBO
dans 1 litre d’eau
Graines Blessures Râpée avec une Selon la gravité de la
pierre blessure
Graines Cicatrisation des plaies Râpée et mélanger Jusqu’à ce qu’il y ait
avec de l’eau bonne cicatrisation
A boire comme de
Faire bouillir 250g l’eau potable
Feuilles Estomac de feuilles dans 2 journalière jusqu’à
litres d’eau la disparition du
symptôme
Ecorce Brûlure Grattée avec une Voie cutanée
pierre, puis Application
Avicennia humidifiée, donne journalière 3 fois/jour
Marina une patte (tabaky)
AFIAFY Feuilles Douleurs gastriques Bouillir dans l’eau Voie orale
Feuilles Diarrhée Bouillir avec des Idem
branches de satra
Feuilles Maux de ventre Mâcher Selon le cas
Feuilles Fièvres et paludisme Jeter dans l’eau en Voie orale
ébullition
Faire bouillir 250g A boire jusqu’à la
Jaunisse defeuilles dans 2 disparition du
litres d’eau symptôme
Feuilles Contre les diarrhées A bouillir dans l’eau Idem
Faire une petite A mettre sur les dents
ouverture dans le malades, elle soulage
Résine Maux des dents tronc à l’aide d’une les douleurs.
hache et faire couler
la résine.
Branches Contre les moustiques A brûler Selon le besoin
Sonneratia Faire bouillir A boire 3 fois/jour
Alba Feuilles Maux d’estomac
SONGERY Feuilles Paludisme Idem Idem
Maux de ventre Faire bouillir dans 1 Une cuillère à café le
Lumnitzera présentant des litre d’eau matin et le soir
Racemosa Ecorce ballonnements jusqu’à la disparition
MOROMONY du symptôme
Source : Enquête avril 2011 et mars 2012, corrélée avec les recherches de Madame Andriamalala,
2007 « Etudes écologiques pour la gestion des mangroves à Madagascar »,283p.

- 23 -
b)- Cosmétique
Le Tabaky, de couleur jaune, est également utilisée comme masque de beauté. Les
femmes s‟en couvrent le visage pour protéger la peau.
La graine du Fobo, râpée avec une pierre, est également utilisée comme
maquillage.Les fruits de Lumnitzeraracemosaécrasés servent de poudre de beauté que les
femmes mettent sur leur visage.

c)- Autres usages


Les brochettes servant à faire griller les poissons sont généralement en bois de Tanga.
Certains enfants fabriquent des toupies en bois d‟Afiafy.
Les troncs d‟Avicennia marina sont utilisés pour fabriquer les mortiers et les pilons.
De même, l‟arbre d‟Avicennia marina est aussi transformable en ruche d‟abeilles appelée «
Rôgo » en le creusant à l‟intérieur.
Les fruits d‟Hibiscus tiliacées sont utilisés comme colorants. On les fait bouillir dans
l‟eau et après, on plonge les matériaux à colorer comme les tissus ou les pailles.

3) Forêt de mangroves et rôles écologiques


En dehors de cet apport vital pour les populations locales, la mangrove joue un rôle
écologique très important.En tant que milieu écologique spécifique, les mangroves
constituent une zone de protection de la biodiversité.Elles enrichissent aussi le sol en
favorisant le dépôt de vases et boues riches en éléments organiques.
Nous pouvons en citer quelques rôles :

a)- Habitat pour les animaux


Les mangroves représentent un habitat physique pour de nombreuses espèces. Les
mangroves sont aussi des lieux de reproduction et de refuge de nombreuses espèces telles
que les crevettes, poissons, crabes, langoustes, oiseaux, reptiles, Mammifères, etc.
Notamment, les troncs et les racines des palétuviers représentent de véritables substrats
solides pour l‟installation des organismes benthiques11. Elles leur assurent une protection et
sont un lieu de reproduction et de développement des poissons juvéniles.

11
htpp://bch-cbd.naturalsciences.be/madagascar/implementation/doc/monographie/monogr3.pdf
- 24 -
Photo n°8 : Espèce d’oiseau marin, Haliaeetusvociferoides

Source : WWF, 2012

Parmi ces espèces d‟oiseaux figurent celles qui sont inscrites dans la liste rouge de
l‟UICN et qui utilisent les mangroves comme zone de nidification ou de perchage. Entre
autres : Anas bernieri(en danger), l‟aigle pêcheur de Madagascar, Haliaeetusvociferoides(en
danger critique) ; Ardea humbloti(en danger) ; et Threskiornisbernieri(en danger).
Les écosystèmes de mangroves procurent également un habitat pour l‟espèce de
chauve-souris frugivore de Madagascar (pteropusrufus), laquelle est inscrite vulnérable dans
la liste rouge de l‟UICN et est sujette à une forte pression de chasse.
Une étude publiée dans Nature en février 200412 établit un lien direct entre la présence
de forêts de palétuviers et la survie des poissons de corail. Les mangroves servent de
pouponnières à des centaines d‟espèces sous-marines. « Les forêts de palétuviers servent tout
simplement de frayères naturelles ».

b)- Nourriture
Les mangroves sont à la base d‟une chaîne alimentaire marine complexe. Elles
produisent ainsi une énorme quantité de matière organique, grâce en particulier au taux de
renouvellement annuel des feuilles de palétuviers, plus de 80 %, l'équivalent des forêts à
feuilles caduques, cinq tonnes par an et par mètre carré. Elles piègent et recyclent diverses
matières organiques, éléments chimiques, et d‟importants nutriments de l‟écosystème côtier.
Une richesse dont profitent aussi les herbiers et les récifs avoisinants, qui reçoivent à chaque
marée des tonnes de détritus, dissous dans l'eau ou sous forme de particules en
suspension.Elles sont un véritable garde-manger pour les espèces animales marines.Les fruits
de Songery, appelés Kitrovo et mûrs à partir d‟avril, sont consommés par certains poissons.

12
La mangrove, crèche à poissons, Libération, 9 février 2004
- 25 -
c)- Filtrage
Les mangroves jouent un rôle de filtrage et d‟assimilation de polluants provenant de
l‟intérieur des terres. Elles contribuent ainsi à l‟amélioration de la qualité de l‟eau.
De par ces caractéristiques écologiques, les mangroves sont reconnues comme le milieu
ayant un pouvoir purificateur des eaux usées et de matière organique le plus élevé. Un
hectare de mangroves arrive à traiter une centaine de mètres cubes d'eau.
Les mangroves peuvent être également utilisées comme espèces indicatrices pour les estuaires
ou deltas grâce à leur capacité d'absorber et de retenir les métaux lourds et les polluants.

d)- Protection de la côte, rempart contre l’érosion


Les mangroves constituent un excellent brise-lames en cas de tempête, et le rempart
naturel le plus efficace contre l'érosion du littoral. Les palétuviers lui permettent même de
gagner du terrain sur la mer.L'un des rôles écologiques le plus connu est la protection contre
l'érosion côtière en réduisant l'énergie des marées et des vagues.
Les mangroves exercent un rôle de protection face aux tempêtes, cyclones et ouragans,
ce qui fait qu'elles préviennent l'érosion des côtes. Elles constituent une zone-tampon contre
ces phénomènes en réduisant l‟action du vent et des vagues dans les zones littorales de
surface.
Judith Lewis13 a rédigé un article, daté de février 2005, intitulé « Diddisappearing
mangrove forestscontribute to the tsunami'sseverity? »14, dans lequel est mis en évidence ce
rôle de protection des littoraux. Il revient sur le Tsunami de décembre 2004 qui a dévasté le
Sud-est asiatique. Selon plusieurs spécialistes, les forêts de mangroves ont réduit l‟impact du
Tsunami dans les régions où celles-ci ont été conservées. Tandis que leur perte, dans certaines
zones, a contribué à l‟extension des dommages.
Dans son étude sur l'inventaire des activités marines et côtières à Madagascar,
JAIN (1995) a pu démontrer que les mangroves jouent des rôles écologiques très
importants. Situées entre l'interface des milieux marin et terrestre, elles recueillent les
sédiments donc protègent les zones adjacentes comme les prairies marines et les récifs
coralliens de l'envasement et de l'eutrophisation.
Les mangroves protègent les littoraux contre l‟érosion, notamment en stabilisant
efficacement les sédiments. En contenant les flux des marées et des eaux d'estuaires dont elle
retient le limon, elles permettent l'édification de berges boueuses. Lorsque ces berges se

13
Docteur en biologie, américain-Los Angeles (6 novembre 1935- 25 novembre 2011).
14
htpp://www.laweekly.com/ink/05/07/news-lewis.php
- 26 -
déshydratent, les essences de la mangrove cèdent la place à une autre végétation. Ainsi,
progressivement, la forêt gagne sur la mer.

II)- Evaluation des menaces et pressions


Les mangroves du Menabe présentent encore un potentiel énorme en ressource
forestière. En effet, la productivité de la forêt en termes de produits ligneux est encore
importante. Aussi, la forêt fournit aux populations riveraines les produitsnon ligneux dont ils
ont besoin tels que le miel, les gibiers à part les produits de la pêche (crabe, poisson,
crevettes,...).
Toutefois, cette richesse est mal répartie du fait de l'existence de certaines zones
dégradées. Les observations sur terrain ont permis de dégager les pressions, origines de cette
diminution.
Elles sont liées aux pressions anthropiques et aux catastrophes naturelles ;ainsi,
l'écosystème de mangroves est menacé.

1)- Phénomènes naturels


Les phénomènes naturels peuvent entraîner des dégâts très importants sur l'écosystème
de mangroves. En fait, l'importance des actions des phénomènes naturels telle que l'érosion, la
surélévation du sol et l'ensablement sont plutôt liés à la dégradation des bassins versants, par
conséquent, des actions anthropiques par les feux de brousse par exemple.
L'érosion, à titre d'exemple celle qui a pour cible les berges, est observée généralement
sur les rives concaves des chenaux. Elle est essentiellement très importante au cours de la
saison de pluies. D'un autre côté, à la suite de dépôts alluviaux très importants, certaines
berges connaissent des surélévations qui engendrent une diminution de la fréquence de
submersion et la formation d'une dépression centrale. L'ensablement des peuplements suite
au déplacement des dunes sableuses est aussi observé, plus particulièrement aux alentours du
village d'Ampatiky.
Les cyclones,classés parmi les menaces, leur passage entraîne généralement
de graves destructions de mangroves (arbres déracinés), des ensablements des
chenaux, des érosions des berges réduisant brusquement la surface forestière.
Les dégâts causés par les cyclones qui se sont passés dans la région sont encore observés dans
nombreuses communes, surtout dans les zones dénudées, où les arbres abattus sont en cours de
décomposition.

- 27 -
2)- Pressions d'origines anthropiques
Les pressions d'origines anthropiques qui ont des actions directes sur les forêts de
palétuviers sont l'exploitation irrationnelle des bois pour la construction observée surtout aux
environs des villages d'une part et, le défrichement des mangroves pour la riziculture observé sur
la partie en amont de l'embouchure du fleuve Tsiribihina d'autre part.

Photo n°9 : Prélèvement intempestif des palétuviers

Source : Auteur, 2011

Ces pressions sont qualifiées d'irrationnelles car le défrichement ne laisse aucune chance
de repousser aux mangroves.
Du fait de l‟existence de ressources forestières sur la terre ferme proche, la mangrove est
encore largement exempte de prélèvements intempestifs.
Néanmoins, la croissance de la population au niveau de la commune de Tsimafana,
dont Kaday particulièrement fait craindre une augmentation de menaces sur ce milieu. Dans
un premier temps, les pêcheurs nous ont dit que la mangrove avait plutôt tendance à s‟étendre,
car elle subit peu de pressions. Plus tard, après réflexion, ils se sont contredits en affirmant
que de plus en plus d‟habitants de la commune utilisent la mangrove, ce qui constitue une
menace.Autre problème, davantage sanitaire, la population continue à faire ses besoins dans la
mangrove, malgré les campagnes de sensibilisation contre le choléra.
Par conséquent, même si les mangroves ne semblent pas directement menacées, il est
nécessaire de surveiller le prélèvement de bois et de ressources alimentaires. D‟autant plus
que le tourisme se développe dans la région et que les besoins augmenteront obligatoirement.

III-Analyse des menaces sur ces écosystèmes littoraux


Si aucune solution ne peut être trouvée pour résoudre le problème de pauvreté de la
population, les suggestions pour préserver la mangrove ne seront pas appliquées car c‟est
cette pauvreté latente qui oblige la population à détruire la mangrove pour leur survie. La

- 28 -
figure ci-dessous illustre le processus dans lequel la pauvreté influe la population à détruire la
mangrove et comment elle engendre une pauvreté plus flagrante.

Figure 1 : Interaction entre la pauvreté et la dégradation des palétuviers

HOMME

Actions directes Actions indirectes

 Usine (aquaculture,
fabrication de sels, etc.) Changement Climatique
 Urbanisation (hôtellerie,  Ensablement
restauration, etc.)  Hausse de température
 croissance  Érosion
démographique
Dépérissement
Abattage des
palétuviers des palétuviers

Sursalure

Dégradation de la
mangrove

Pauvreté
Source : Adaptation de l’auteur, avril 2011 et février-mars 2012.

1)- Menaces directes


En tant qu‟être humain, la population a besoin de se nourrir, de se vêtir, d`avoir un
toit, etc. A cause de l`insuffisance des ressources économiques, et surtout par manque
d‟initiative, elle ne voit qu`une seule option pour satisfaire ses besoins : l`abattage des bois de
palétuviers. Sur le plan national, l‟insuffisance financière de l‟Etat l‟oblige à accepter toutes
les propositions des investisseurs étrangers, quittes à surexploiter les ressources naturelles par
le biais des implantations d‟aquacultures le long de la côte Ouest malgache.

- 29 -
Photo n°10 : Un des sites de l’aquaculture de la SOPEMO

Source : ONG Kily Be, 2010

La SOPEMO est un des exemples vivants. L`un des critères des pays pauvres, dont fait
partie Madagascar, est la démographie galopante, un phénomène qui contribue à la
destruction des palétuviers, car le nombre croissant de la population provoque une
urbanisation rapide et la demande en bois de construction devient de plus en plus forte. Ainsi,
la population menace directement l`écosystème de mangrove par la coupe illicite qui entraîne
la dégradation de la mangrove.

2)- Menaces indirectes


Les actions anthropiques entraînent d`autres effets néfastes encore plus graves que les
précédents et d`envergure international. L`homme provoque de façon indirecte, les
phénomènes climatiques, habituels certes mais avec des ampleurs plus grandes que la
normale. Le changement climatique se manifeste par :
- L`excès de température ;
- L`érosion marine ou terrestre massive ;
- La hausse de niveau de la mer et l`inondation.
Le changement climatique n`est pas une conséquence ponctuelle ou localisée comme
les effets directs des actions anthropiques. A l`échelle mondiale, l`excès de température fait
fondre les glaces des pôles et provoque la montée des eaux marines ainsi que les inondations.
Ces deux phénomènes entraînent des conséquences néfastes pour les écosystèmes naturels
mais surtout pour la mangrove car malgré son caractère amphibien, elle ne supporte pas
l‟excès d`eau.

- 30 -
3)- Pauvreté flagrante
Dans les deux cas, la conséquence est la dégradation de l`écosystème marin et côtier.
Il n‟y a plus de bois de construction, ni de goélettes ; les crustacés migrent vers d`autres
endroits. Alors la pauvreté de la population s‟accentue. C`est pour éviter d`arriver à ce stade
que des propositions sur de nouveaux modes d‟exploitations ont été conçus. En développant
d`autres activités prometteuses au niveau de la mangrove, la coupe illicites des bois
diminuera. Ces activités engendreront de nouvelles sources de revenues assurées et
permanentes.
En résumé, la commune de Tsimafana présente tous les caractéristiques de l`Ouest
malgache, en matière de biodiversité marine et côtière. Le site de notre étude, le fokotany de
Kaday possède une biodiversité, pas exceptionnelle, certes, mais importante. La mangrove, le
thème d`études, figure parmi les écosystèmes les plus convoités de Kaday.
Mais le faible niveau de vie de la population fragilise cette richesse naturelle. C`est
pourquoi la mise en place d`un système de protection et de valorisation des ressources
naturelles dans la localité est très sollicitée pour freiner la vive allure de cette dégradation.
L‟associationSoafitsanga avec l‟appui des entités et ONGs œuvrant dans le domaine
environnemental encourage la participation des populations riveraines ou VOI
(Vondron’olonaifotony, littéralement « communautés de base » ou COBA) dans la gestion, la
protection et conservation des richesses naturelles. Les deux entités deviennent dépendantes
l`une de l`autre : les populations ont besoin de l`appui technique et financier pour financer des
microprojets et l‟association ne peut se passer de l`aide de la population riveraine pour
assurer la viabilité des ressources naturelles.

Section II : Gestion durable de la forêt de mangroves


I- Concept mis en place selon les principes dedurabilité

1)- Gestion durable des mangroves


La gestion durable de la forêt de mangroves veille à ce que les effets des actions de
l'homme ne réduisent ou mêmen'augmentent, la qualité de la vie dans sa relation avec
l'environnement pour le bien des générations présentes et futures. Avec la gestion durable des
mangroves, on met l'accent sur le comportement humain qui encourage les activités de
conservation et de gestion qui préservent les ressources naturelles et le fonctionnement

- 31 -
constant de l'écosystème dont elles sont tirées. La gestion durable des ressources se concentre
sur les pratiques de production physique qui encourageraient l'utilisation des ressources de
manière à permettre à l'humanité d'exploiter ces ressources indéfiniment. Elle requiert des
décisions à court comme à long terme qui veillent à la protection et à l'amélioration des
bassins versants, de la flore, de la faune sauvage, des populations, et des systèmes
économiques et sociaux pour le bien des générations futures.
En résumé, la gestion des ressources de la zone côtière appartient au ressort du
Ministère de l‟Environnement et Forêts pour les ressources végétales littorales, et à celui du
Ministère de laPêche et des Ressources Halieutiques pour les ressources marines.

2)- Le transfert de gestion à Madagascar


Dans le cadre de la conservation des forêts à Madagascar, d‟autres stratégies ou
démarches ont également été mises en place.
Le transfert de gestion est actuellement considéré par l‟Etat comme étant la solution
apte pour faire face à la spirale de dégradation des ressources naturelles renouvelables. Il
consiste à responsabiliser les communautés locales de base dans la gestion d‟une façon
durable des ressources présentes sur leur territoire.
On distingue deux types de démarches, qui prévoient un transfert des compétences de
gestion des ressources :
 La GELOSE ;
Celle-ci prévoit une sécurisation foncière relative, une délimitation du terroir et des
ressources naturelles, et enfin un processus de négociation/médiation.

 La GCF.
Afin de bien connaître ces transferts, nous allons choisir le contrat GELOSE pour
mieux illustrer la situation.

3)- Exemple de Transferts de gestion réalisés dans trois villages de la région de


Menabe Nord
Ces transferts de gestion concernent trois communes rurales de la région de Menabe
Nord : Bemanonga, Tsimafana et Aboalimena.

a)- Méthodologie
Les étapes suivies sont :
- 32 -
 Information, elle englobe la communication et la sensibilisation ;
 Préparation de la demande et accord de l'administration de l‟Environnement et Forêts ;
 Elaboration des outils de gestion ;
 Conclusion du contrat.

b)- Situation

Tableau 5 : Les sites de mangroves transférées

Nom du site Kivalo Kaday Bevava

Superficie en 2 678 1 640 6 231


Ha
Association
Nom du COBA Analamaintsotsy ho Association Soafitsanga Association MIJOHA
gnonolo
Fokontany Kivalo Kaday Moravagno

Commune Bemanonga Tsimafana Aboalimena

District Belo sur Tsiribihina Belo sur Tsiribihina Belo sur Tsiribihina
Source : OPCI Alokaina, 2006.

Ces trois sites pilotes font l'objet du transfert de gestion : le site de Bevavà
(fokontanyMoravagno), le site de Kaday (fokontanyKaday) et le site deKivalo
(fokontanyKivalo).Les cérémonies de transfert de gestion se sont déroulées respectivement à
Kivalo le 05 mai 2006, à Kaday le 12 mai 2006, et à Bevavà le 08 juin 2006. Il s'agit de la
démarche « Gestion Locale Sécurisée » ou GELOSE.Le tableau ci-contre présente bien les
détails de ces transferts.
Les remises officielles du transfert de gestion ont été effectuées en présence des
représentants de l'administration forestière, des Maires, des représentants des districts, des
Chefs quartiers, des Honorables des villages, des membres de bureau de l'association
villageoise, des membres de l'OPCI Alokaina, des membres de l'OPCI Agnalamaitso, de
l'équipe du WWF, l'équipe de l'ONG Fanamby, l'équipe deDurrel, les représentants des
médias existants à Menabe.

- 33 -
II- Analyse et perception personnelles vis-à-vis de la politique de transferts de
gestion aux communautés locales

1. Analyse des organisations sociales et des tendances


La société Sakalava a deux types de pouvoir : le tenant des us et coutumes ancestraux
et le responsable administratif représenté par le Président du fokontany. Ces deux pouvoirs se
complètent pour mieux organiser la vie sociale. Le caractère multiethnique de la population et
la prédominance de différents types de relations sociales (collecteurs et/ou propriétaires
locataires de pirogues et filets et pêcheurs manœuvres, …) rendent souvent difficiles les
tâches des autorités soit au niveau du respect des rites et tabous, soit au niveau du respect des
lois et règlementations en vigueur contre les vols, les coupes illicites ou l‟exploitation
irrationnelle. Mais quelle que soit cette difficulté, des points positifs ont été constatés sur la
mise en œuvre des Dina, que ce soit environnemental (GCF ou GELOSE) ou communautaire
(Dinam-pokonolona) dont ce dernier concerne surtout le vol des bœufs ou la divagation du
bétail.
Malgré ce cadre juridique, politique nationale, régionale et lois communales ainsi que
les Dina, cette interdiction concernant l‟exploitation des mangroves n‟est pas trop respectée
selon notre constatation sur le terrain. Après notre interview sur place suivie d‟une discussion
en groupe, beaucoup de gens ont quand même pris conscience de la conséquence de la coupe
des palétuviers et la menace de leur exploitation actuelle.
Par contre, il est difficile de changer leur rythme d‟exploitation actuelle. Beaucoup
sont très attachés à cette exploitation, qui est un travail difficile mais facile pour gagner de
l‟argent. Comme certains villageois n‟ont ni riziculture ni endroits pour faire autre culture, ils
ne font qu‟exploiter les ressources forestières, les mangroves et d‟une façon abusive.
Un grand nombre d‟exploitants sont pauvres, ils ne cherchent qu‟à gagner leur pain
quotidien en coupant les bois de palétuviers.
L‟amitié et la fraternité Malagasy (fihavanana) ainsi que la vie en société (fiaraha-
monina) font que certains membres du VOI ou les agents agroforestiers assurant le contrôle
de la forêt, gardent le silence à propos des personnes transgressant la loi.
Parfois même, des conflits coexistent après les subdivisions des zones transférées au VOI de
chaque fokontany. Donc, ceux-qui ont l‟autorisation de coupe viennent aussi couper dans les
zones appartenant à d‟autres fokontany ou à d‟autres sites, et créent ainsi des conflits locaux.

- 34 -
2. Perception paysanne sur l’état des ressources forestières
D‟après les discussions, des entretiens avec les communautés, deux raisons sont à
l‟origine de la forte dégradation des mangroves :
 Envahissement du sable sur les peuplements qui entraine un assèchement
progressif des individus et la reprise de la régénération est presque aléatoire. Ce
phénomène a été confirmé lors de la descente sur terrain ;
 La conversion des zones des mangroves en périmètre rizicole sur des zones qui
reçoivent des apports en eaux douces ; ceci étant, l‟espace agricole disponible ne
permet pas de garantir la survie de la famille et les nouvelles générations vont
être contraintes de faire de nouveaux défrichements.
En raison de la mise en place de nouvelles règles dans la gestion de l‟espace et des
ressources naturelles, la perception des populations locales est généralement dominée par une
image d‟interdiction ou d‟envasement de leur territoire par des étrangers. Leurs
préoccupations portent en général sur les actions du projet qui seraient susceptibles de créer
des perturbations à leur mode de vie quotidien, leurs valeurs traditionnelles et culturelles,
leurs accès aux ressources de subsistance, leurs activités économiques, leurs modes
d‟exploitation des ressources et d‟occupation des sols, ainsi que l‟appropriation foncière.
Divers problèmes s‟ajoutant à ceux générés par l‟afflux non contrôlé de la population,
attiré par les opportunités ou avantages pouvant être tirés du projet de création, peuvent être
nombreux et complexes : croissance démographique, pressions anthropiques sur les
ressources disponibles, maladies transmissibles, risque de conflit de nature sociale,
économique et culturelle entre autochtones et nouveaux migrants et, le cas échéant, entre
communes adjacentes, saturation des infrastructures de base, insuffisance des zones de culture
et de pâturage, feux de végétation, problèmes fonciers, capacité de charge des milieux
naturels et les menaces sur la biodiversité.

- 35 -
DEUXIEME PARTIE

LA MARP, UNE PERSPECTIVE POUR LA

CONSERVATION ET LA GESTION PARTICIPATIVE

DES MANGROVES
CHAPITRE I : LES APPUIS DES POUVOIRS PUBLICS ET PRIVES

Section I : Les préoccupations environnementales à Madagascar

I. Les initiatives de l’Etat

1)- le plan d’actions environnementales(PAE)


Ce plan a pris naissance, dans sa conception, dans les années en 1989. Depuis les
années 30 pourtant, l‟administration coloniale s‟est préoccupée de l‟état de l‟environnement à
travers la législation forestière ou la gestion des aires protégées.
Suite à une conférence internationale sur la protection des ressources naturelles, la Charte de
l‟Environnement Malgache a vu le jour et confirme la volonté politique de concilier
environnement et développement socio-économique. C‟est pour mettre en œuvre cette Charte
que le Plan d‟Actions Environnementales a été élaboré. Ce dernier s‟étale sur quinze ans,
subdivisé en trois phases de cinq ans chacune appelée Programme Environnemental(PE).
Le Programme Environnement I ou PEI (1992-1997) va jeter les bases dans la réalisation du
PAE en mettant en place le cadre institutionnel et les différentes structures de réalisation et
coordination des activités.
La PEII (1998-2003) est surtout une phase de mise en œuvre à travers la promulgation des
lois et décrets comme la MECIE et la GELOSE par exemple.
La dernière phase PEIII (2004-2009) en cours vise la pérennisation des actions de
conservation et l‟indépendance des financements liés à celles-ci. La ratification de la
convention de Ramsar, comme tant d‟autres,fait alors suite à des prorogations nationales afin
de préserver l‟environnement. C‟est dans la phase II du PNAE que cela a été fait. Le PEII a
pour objectifs de « renverser les tendances à la dégradation de l‟environnement dans les zones
non encore sensibilisées", ensuite de « promouvoir l‟utilisation durable des ressources
naturelles », et enfin de « créer des conditions pour que la préservation de l‟environnement
devienne une préoccupation et une démarche normale du développement ». Dans tous les cas,
la convention de Ramsar cadre parfaitement avec cette volonté de préserver le patrimoine
naturel du pays.

- 37 -
2)- Les Objectifs du Millénaire pour le Développement, le développement
durable et la lutte contre la pauvreté
La création et la gestion des Aires Protégées font partie des Objectifs duMillénaire,
auxquels Madagascar adhère. Elles font partie de l‟objectif 7 portantsur l‟Environnement qui
vise à «Assurer la durabilité environnementale » :
- en adoptant des stratégies pour le développement durable et la protection des
ressources naturelles ;
- en réduisant de moitié la population sans accès à l‟eau potable et à l‟assainissement
jusqu‟en 2015 ».
Les OMD doivent se complémentariser et les aires protégées devront contribuer au
développement durable.

a)- Madagascar, vision naturellement


Dans la vision «Madagascar – naturellement », l‟environnement sera protégé etsera
utilisé d‟une façon sage et responsable pour promouvoir notredéveloppement. La croissance
économique sera basée sur les ressourcesnaturelles et sur la transformation des produits
naturels.

b)- Madagascar Action Plan


Initiative lancée par le Président de la République Marc Ravalomanana, le MAP vise à
démarrer unecroissance rapide, à réduire la pauvreté, et devra assurer le développement
dupays en réponse aux défis de la mondialisation et aux Objectifs du Millénairepour le
Développement.
Ce programme du Gouvernement Malagasy a consacré l‟engagement 7, visant à«
Prendre soin de l‟environnement – Défi 1 à travers « l‟Augmentation des AiresProtégées pour
la conservation et la valorisation de la biodiversité terrestre,lacustre, marine et côtière ».

c)- Le système des aires protégées


Un système d‟aires protégées est un ensemble représentatif qui comprend :
 tous les habitats majeurs du pays ;
 des habitats assez larges, capables d‟accueillir et d‟abriter des
populations viables de flore et de faune ;
 des habitats bien connectés, pour permettre les échanges génétiques
nécessaires à la stabilité des espèces.

- 38 -
A cet effet, Son Excellence Monsieur Marc RAVALOMANANA, Ex-Président de la
République de Madagascar a déclaré lors du lancement de Madagascar Action Plan que :
« Madagascar deviendra une nation prospère et aura une économie à forte croissance
et participera avec succès à la concurrence sur le marché international. La croissance
économique de Madagascar sera basée sur ses ressources naturelles ». Il s‟est engagé
également le mois de septembre 2003 à Durban de tripler la superficie des Aires protégées de
Madagascar. Après ceci, le Système des Aires Protégées à été créé.
Ce système inclut le Réseau National des Aires Protégées déjà existant et géré par
ANGAP, (mais actuellement, cette Association nationale pour la gestion des aires protégées a
pris une autre appellation, Madagascar National Parks (MNP)) et les nouvelles aires
protégées dont les objectifs globaux de gestion sont de :
 compléter la représentativité du réseau national des aires protégées ;
 protéger les espèces en-dehors de ce réseau national ;
 conserver les populations viables des espèces clés ;
 contribuer au maintien du pont génétique (connectivité génétique) ;
 conserver les écosystèmes et les habitats importants ;
 assurer la maintenance des services écologiques importants ;
 appuyer la valorisation ou la gestion durable économique des écosystèmes naturels.

Etant donné que ce système des aires protégées repose aussi sur ses capacités
d‟engendrer des retombées bénéfiques de la conservation de la nature et la gestion durable des
ressources naturelles favorisant le développement durable du site d‟implantation et celui de
l‟écotourisme, les principaux problèmes environnementaux sont souvent d‟ordre social,
économique et culturel.

d)- Les objectifs du MAP – Engagement 7 et Défi 1


Les objectifs des aires protégées sont inscrits dans le Madagascar Action Plan et
constituent ainsi des engagements et des défis. "Prendre soin de l‟environnement" qui est
l‟engagement 7 du MAP pour devenir de nouveau une "Ile verte". Et il s‟agit de relever le défi
d‟"Augmenter les aires protégéespour la conservation et la valorisation de la biodiversité
terrestre, lacustre, marine et côtière".
La stratégie correspondante est celle de créer des nouvelles aires protégéesterrestres,
lacustres, marines et côtières. Les aires protégées devront désormais être représentatives de

- 39 -
tous les écosystèmes existants dans le pays, dont les mangroves. Un million d‟ha concerne des
aires protégées marines.

3)- De la convention sur la Diversité Biologique à la Vision Durban


En avril 2002, pour la mise en œuvre de l‟Article 8 de la convention sur la Diversité
Biologique, portant sur la Conservation in-situ15, les Parties se sont engagées afin de parvenir
jusqu‟en 2010, à une réduction significative du rythme actuel d'appauvrissement de la
biodiversité aux niveaux mondial, régional et national, à titre de contribution à l'atténuation de
la pauvreté et au profit de toutesles formes de vie sur Terre.
Le programme de travail sur les aires protégées ainsi adopté en 2004 a comme objectif
d‟appuyer l‟établissement et la maintenance des aires protégées terrestres jusqu‟en 2010, celui
des aires protégées marines jusqu‟en 2012. Elles devront être gérées de manière effective et
seront écologiquement représentatives au niveau national, et régional16. Par ailleurs, elles
doivent contribuer d‟une part, aux objectifs de la Convention à travers le plan stratégique, les
objectifs 2010 de la biodiversité, d‟autre part aux objectifs du Millénaire pour le
Développement.
Ainsi, lors du Congrès Mondial sur les Parcs à Durban en septembre 2003, les pays
participants ont souligné l‟importance de la contribution des aires protégéesau développement
durable, aux services écologiques, aux moyens d‟existence et à l‟éradication de la pauvreté.
C‟est dans ce cadre que le Gouvernement Malagasy prit l‟engagement de triplerla
superficie des aires protégées à Madagascar, en portant cette superficie de 1,7 millions
d‟hectares en 2003 à 6 millions d‟hectares en 2012, soit au moins 12% du territoire national.
La « Vision Durban » a été ainsi mise en place pour établir le Système
d‟AiresProtégées à Madagascar (SAPM) dont la conception s‟inspire des catégories des aires
protégées de l‟Union Internationale pour la Conservation de la Nature(UICN).

4)- La Charte de la Terre, Rio de Janeiro, juin 1992

C‟est un constat simple qui préside à la Charte de la Terre, ou Déclaration de Rio sur
l‟environnement et le développement : « l‟environnement se dégrade de façon alarmante.
Dégradation incompatible avec la mise en place d‟un développement durable auquel
15
Madagascar a signé la convention sur la diversité biologique, le 8 juin 1992 et l‟a ratifié le 03 novembre 1995 par voie de
décret n° 95-695.
16
Décision VII/28. Chaque partie contractante, dans la mesure du possible et selon qu‟il conviendra, établit un système de
zones protégées ou de zones où des mesures spéciales doivent être prises pour conserver la diversité biologique ».

- 40 -
l‟humanité tout entière a fondamentalement droit ». La Charte de la Terre pose donc, en
27 principes17, les objectifs et les grandes lignes de ce que devrait être le monde futur, autour
des axes de l‟élimination de la pauvreté, de la protection de l‟environnement et du
développement durable.

D‟après le 22ème principe : « les populations et communautés autochtones et les autres


collectivités locales ont un rôle vital à jouer dans la gestion de l'environnement et le
développement du fait de leurs connaissances du milieu et de leurs pratiques traditionnelles.
Les États devraient reconnaître leur identité, leur culture et leurs intérêts, leur accorder tout
l'appui nécessaire et leur permettre de participer efficacement à la réalisation d'un
développement durable ».

5)- Les politiques sectorielles

a)- La politique forestière


Elle définit quatre grandes orientations dont une concerne l‟augmentation de
lasuperficie des Aires Protégées. La participation de la population dans la gestionforestière est
prévue par cette politique, à travers la loi n° 97-017 portant révisionde la législation forestière,
et la loi GELOSE avec leurs décrets d‟application.

b)- Le plan directeur de la Pêche et de l’Aquaculture


Ce plan définit le cadre de la gestion de ce secteur répondant à deux grandsprincipes :
- la Gestion durable liée à l‟exploitation des ressources halieutiques ;
- une augmentation de la production qui ne doit cependant pas se faireau détriment des
ressources.
Ce plan directeur de la Pêche et de l‟Aquaculture prône une harmonisation de
laprotection des ressources et de l‟exploitation durable, à travers les outilsdéveloppés tels que
l‟aménagement des pêcheries, la pêche responsable (FAO)et la mise en place du Centre de
Surveillance de la Pêche.

17
Site officiel des Nations unies, http://www.un.org/french/

- 41 -
c)- La politique de l’aménagement du territoire
La création et la gestion des aires protégées doivent être cohérentes etharmonisées
avec la politique de l‟aménagement du territoire qui définit lesorientations générales de
l‟affectation des sols sur un horizon à plus ou moinslong terme.
Les espaces naturels, les sites et paysages à protéger doivent être intégrésdans les Schémas
National et Régional d‟Aménagement du Territoire.

d)-La Gestion Intégré des Zones Côtières


La politique environnementale nationale(PEN) du Gouvernement Malagasy a été basée
sur le PlanNational d‟Action Environnemental (PNAE).
Plusieurs composantes du Plan d‟Action Environnemental s‟attellent à la gestion
desressources de la Biodiversité à travers des objectifs spécifiques telle la
composanteEnvironnement Marin et Côtier (EMC), avec la conception et la mise en œuvre de
la Politique de Gestion Intégrée de la Zone Côtière (GIZC) à partir de PEII. Des projets
pilotes locaux ou régionaux de GIZC sont nombreux dans le pays18.
La GIZC est un concept largement utilisé dans le monde. Il s‟agit d‟un processus
continu etdynamique rapprochant les intérêts du gouvernement et des communautés, de la
science et dela gestion, des acteurs économiques et du public, par l‟élaboration et la mise en
œuvre deplans de gestion intégrée pour la protection et le développement des ressources et
des écosystèmes côtiers.
Ce programme est en association étroite avec les autres composantes et agences
exécutives duPNAE, en particulier AGERAS, MEF, MECIE, SIE et MNP.
L‟objectif de ce programme est :
 d‟assurer la durabilité de l‟exploitation des ressources renouvelables ;
 d‟améliorer les conditions de vie des communautés littorales et de participer au
développement économique du pays ;
 d‟assurer la prévention et la réduction des pollutions marines ;
 de résoudre les conflits dans l‟utilisation de l‟espace littoral et de gérer les interactions
entre les activités concurrentes ;
 de désenclaver les zones côtières et accroître la complémentarité entre les zones
urbaines et rurales ;
 de maintenir la biodiversité marine et la fonction écologique des écosystèmes côtiers,
en particulier ceux des récifs et mangroves.
18
ONE et EMC 1998

- 42 -
La Politique de Gestion Intégrée des Zones Côtières doit contribuer au développement
durable des zones côtières, par unprocessus de planification participative, une intégration de
tous les domaines d‟action de tous les secteurs. La création des aires protégées, ainsi que
leurgestion fait partie intégrante de ce processus.

II- L’accompagnement des partenaires de développement

1)- Les investisseurs


Les activités de conservation et d'utilisation durable des ressources forestières sont
spécifiques tout en cherchant à satisfaire les besoins présents de la communauté nationale,
elles s'inscrivent sur le long terme et doivent aussi bénéficier aux générations futures.
En raison des contraintes budgétaires actuelles liées au programme d'ajustement
structurel avec la communauté des « bailleurs de fonds », les fonds ainsi créés ne bénéficient
pas de dotations budgétaires à la hauteur des besoins de financement du secteur biodiversité
toute entière, dont l‟écosystème Mangrove particulièrement.
Les bailleurs de fonds internationaux devront contribuer de manière significative au
financement de la planification et la mise en œuvre des actions de conservation de la
biodiversité à Madagascar. Cependant, ces financements n'ont pas toujours été capitalisés en
raison des contraintes liées à la crise et à l‟instabilité politiques perdurant plus de trois ans au
pays.
Compte tenu de l'importance de cet écosystème au plan scientifique, environnemental,
social et économique, il est nécessaire de mobiliser toutes les sources de financement
actuelles etd'identifier les sources potentielles, notamment les nouvelles sources de
financement, pourassurer une gestion durable et participative des ressources naturelles.

2)- Les Acteurs potentiels dans la gestion des mangroves


Nombreux sont les acteurs qui interviennent directement ou indirectement dans
l'exploitation et la gestion de ressources de mangroves.

a)- Population locale riveraine (autochtones et/ou migrants)


Ce sont les acteurs qui s'occupent directement des activités liées à des filières
(formelles et /ou illicites tels que le prélèvement, la production, l‟exploitation, la collecte, le
transport, la transformation et la commercialisation…

- 43 -
Cette catégorie d'acteur est la plus ciblée par les actions de sensibilisation, de
responsabilisation et d'appui socio-organisationnel dans le cadre de la structuration en
association. Ce qui leur permet de travailler en concert avec les services déconcentrés,
comités territoriaux décentralisés et avec les ONG.

b)- Services déconcentrés et collectivités territoriaux décentralisés


Ils interviennent au niveau de l'organisation, l'harmonisation, l'appui auprès des
exploitants et des acteurs de base en tant que partenaire mais aussi en tant que balise. On peut
citer : la CIREF (Circonscription de l‟Environnement et Forêts), le CRD (Comité régional du
Développement), la Commune, le District et la Région.

c)- Les projets et ONGs


Acteurs potentiels qui travaillent aussi en coordination avec les communautés de base.
Exemple: ONG Fanamby, ONG Kily Be, ANGAP, SAHA, SARAGNA, PROGECO, etc.

d)-Les Sociétés privées


Elles s'occupent des filières organisées et formelles depuis la collecte jusqu'à la vente
sur le marché national ou international. Exemple AQUAMEN EF, SOPEMO, …
La société AQUAMEN par exemple, est spécialisée en élevage de crevettes pour
l‟exportation où le marché national doit être approché pour voir si des synergies peuvent être
trouvées entre son activité et des élevages individuels de crabes, de crevettes ou autres. Elle
pourrait constituer à la fois une référence technique, un fournisseur et un bon débouché.
L‟AQUAMEN, opérateur dans la crevetticulture, serait dans ses pratiques, un agent
déstabilisateur de l‟écosystème mangrove, mais en même temps, un acteur potentiel grâce aux
connaissances et aux compétences qu‟il pourrait déployer au service de l‟environnement
marin.

- 44 -
Photo n°11 : Site d’implantation de l’AQUAMEN

Source : ONG Kily Be, 2010

La présence de l'entreprise AQUAMEN EF est une circonstance favorable avec


laquelle la Commune pourrait compter en tant que partenaire de développement économique.

e)- Les organismes internationaux


Ils jouent un rôle primordial au niveau de l'appui technique, financier et
organisationnel à tous les acteurs particulièrement la communauté de base ; entre autres
WWF, la Coopération Française (FSP-GDRN), Louvain Développement, DURELL, etc

Section II : Les moyens mis en œuvre par les responsables locaux


I. La Direction régionale de l’environnement et forêts
Parmi les efforts et actions effectués par la Direction Régionale de l‟Environnement et
Forêts, on peut noter la gestion intégrée des zones côtières dans le Menabe. Cette démarche
est entreprise par le DIREF, en collaboration étroite avec le CRD Menabe et le PRE-COI afin
de dépasser la gestion sectorielle et centralisée des ressources et milieux côtiers, littoraux ou
versants et des activités qui en dépendent. Cette approche repose sur les quelques principes
directeurs du PlanDirecteur Régional. Par cette démarche, il s'agit de se donner les outils
pour une gestion plus durable des ressources et des milieux, supports de vie et d'usage, des
régions côtières du pays et plus particulièrement du Menabe. Ces outils sont intégrés
dans un cadre formalisé, le Plan Directeur Régional, qui fixe les orientations de la région
et s'appuie sur une stratégie en cours d'élaboration et de validation par les acteurs.

- 45 -
Les plans d'action locaux, communaux et régionaux sont élaborés simultanément
au Plan Directeur régional et utilisent les résultats d'actions qui sont menées en même temps
pour tester les principes de fonctionnement. Cette élaboration est donc progressive et
assortie de phases de validation par les actions et par les parties prenantes au Plan Directeur
régional.
Pour l'élaboration de ce plan communal, 5 zones ont été pré-identifiées en fonction de
plusieurs critères. Le chef lieu de Menabe Nord (Belo/Tsiribihina) fait partie de la zone n°2
décrite dans le plan régionale. Cette zone est caractérisée par le delta de la Tsiribihina, les
mangroves, l'aquaculture et les transports fluviaux. Elle comprend quelques communes, dont
celle de Tsimafana. Cette zone diversifiée se caractérise par une complémentarité pêche -
agriculture, notamment par la riziculture dans les mangroves. Elle comporte des
infrastructures structurantes (route nationale, …) tournées vers le littoral. Le développement
du potentiel urbain et industriel de cette zone est à considérer (aquaculture, recherche
pétrolière ...). L'impact de ce développement sur un milieu fragile, productif et support de
multiples usages semble le problème majeur de gestion à considérer.
Les collectivités territoriales décentralisées que sont les communes sont supposées
assurer avec le concours de l'Etat la sécurité publique, l'administration et l'aménagement du
territoire, le développement économique, social, sanitaire, culturel, scientifique et
technologique, ainsi que la protection de l'environnement et l'amélioration du cadre de vie.
Pour mettre en œuvre toutes ces activités, leurs moyens sont très faibles ; ils dépendent des
recettes de service, d'exploitation, domaniales (dotation de l'Etat), des ristournes sur la vente
des produits, les recettes fiscales, les emprunts, etc. Au total, les recettes fiscales des
communes sont nettement insuffisantes pour leur assurer une autonomie financière vis -à-
vis de l'Etat.
Depuis longtemps, le CRD Menabe négocie avec les communes, la création de
Comités Communaux de Développement (CCD) ou de Comités Municipaux de
Développement (CMD). CCD et CMDsont des plates-formes de concertation locale au service
du développement socio-économique.

II. La prise de décisions par la population locale(Dina)


Cette prise de décision constitue une initiative propre vis-à-vis de la population locale
et de son environnement sous toutes ses formes. Nous allons prendre un exemple parmi ses
structures intercommunales prises pour une meilleure conservation et gestion rationnelle de
l‟environnement en général et des mangroves en particulier. Il s‟agit d‟un Dina, une
- 46 -
convention intercommunale, élaboré à Belo sur Tsiribihina, dans le Menabe Nord.

1)- Méthodologie
Les étapes suivies sont :
 Etablissement d'un modèle sur le "dina" selon la demande des membres
de l'OPCI Alokaina ;
 Diffusion de ce modèle à toutes les Communes membres de l'OPCI et
collecte des propositions sur le"dina" relatif à la gestion des mangroves ;
 Synthèse des propositions ;
 Organisation d'un atelier pour l'élaboration du "dina" : discussion,
proposition et validation du "dina" ;
 Finalisation et approbation du "dina" auprès des membres de l'OPCI, des
services administratifs etterritoriaux concernés ;
 Homologation auprès du tribunal.

2)- Situation
L'atelier d'élaboration du "dina" s'est déroulé du 14 au 16 septembre 2005, à Belo sur
Tsiribihina.
Ce Dina intercommunal (convention locale) élaborée de façon participative a été
approuvé par toutes les instances (locale et régionale). Ce Dina a été la référence pour les
textes régissant les transferts de gestion pour uniformiser les modes de gestion des
mangroves.
La Région a engagé des consultants pour élaborer ce Dina régional sur
l'environnement qui tiendra compte des différents Dina existants et relatifs aux gestions des
ressources naturelles ; ainsi, servira de base pour les futures conventions. Ce Dina a été
présenté à la fin du mois d'août 2006 et constitue un"dina" intercommunal relatif à la
protection de l‟environnement en général, et à la gestion et l‟utilisation des mangroves et de
ses ressources naturelles en particulier.

- 47 -
CHAPITRE II : SUGGESTIONS ET PERSPECTIVES POUR
LA PERENNISATION DE LA PROTECTION DE LA FORET
DE MANGROVES DANS LE SITE DE KADAY

Section I : La méthode Accélérée de recherche participative


(MARP) face à la protection des mangroves
I. Connaissance générale de la MARP

1)- Contexte
Les échecs qui ont été enregistrés dans les projets de développement au cours des
dernières décennies, ont favorisées la naissance de nouvelles méthodes dites participatives,
rapides et interactives.
Ainsi, les principales raisons qui expliquent les échecs de ces projets se résument au
fait que les projets étaient conçus, menés puis évalués par les expert de développement sans
réelle consultation des populations concernées, d'où leurs inadaptations à certaines réalités
culturelles, sociales, économiques et environnementales.
Ces inadéquations ont envoyé les experts du développement à mettre au point des
méthodes permettant de mieux associer les populations et l'ensemble des protagonistes aux
projets.
Parmi ces méthodes, on peut citer cette méthode MARP (Méthode Accélérée de
Recherche Participative) qui fait l‟objet de notre étude.
Selon ILBOUDO (2002), la MARP a fait son apparition dans les années 1960 au
moment où les chercheurs s'étaient déjà rendus compte de l'échec du transfert technologique
en direction des pays pauvres.
Les pays asiatiques connurent cette méthode dans les années 70 à 80 et ce n‟est qu‟au
début des années 80 que les pays africains virent l‟apparition de cette nouvelle méthode.
Depuis ces périodes, elle y est devenue (surtout en Afrique de l'Ouest), l'une des plus
productives et des mieux connues des nouvelles approches de la recherche en développement.
Les travaux de Robert Chambers19 (1983 et spécialement en 1992) ainsi que ceux de
Mamadou Bara Gueye20 restent des œuvres incontournables pour l‟étude de la MARP ainsi
que son évolution au cours de son histoire. D‟autres références non moins importantes
existent également dans ce sens.
19
Robert Mark Chambers, libraire et auteur écossais (1802-1871).
20
Economiste Rural et auteur sénégalais.

- 48 -
2)- Définition
La MARP est une méthode à laquelle il s'avère difficile de donner une définition
unique en tout temps et en tout lieu.
Pour des questions pédagogiques, les praticiens ont défini la MARP comme étant un
processus intensif, itératif et rapide d'apprentissage orienté vers la connaissance des situations
rurales et spécifiques. Elle s'appuie sur une équipe multidisciplinaire. Un accent particulier est
mis sur la valorisation des connaissances et du savoir-faire des populations locales et sur la
combinaison avec la connaissance scientifique moderne.
Cette méthode utilise de petits groupes multidisciplinaires et une grande diversité de
méthodes, outils et techniques pour la récolte d‟informations.
La FAO (1995) conçoit la MARP comme une méthode participative de diagnostic
rapide des conditions physiques et socio-économiques au niveau du terroir et de conception de
schéma d'aménagement intégré.
On remarque que toutes les définitions précédentes s‟accordent sur le fait que la
MARP est un processus d‟apprentissage qui vise la connaissance du milieu rurale. C‟est une
méthode où l‟expert cherche à connaître et non à enseigner. C‟est les bénéficiaires, eux qui
fournissent les informations à travers leur savoir et leur vision (savoir local) et l‟équipe
pluridisciplinaire analyse les informations sous plusieurs angles (triangulation) afin d‟en sortir
le maximum d‟objectivité. Il s'agit donc d'une liaison de deux savoirs en vue de tirer le
meilleur résultat de la recherche effectuée.

3)- Objectifs de la MARP


Selon la FAO (1995) l‟objectif principal de la MARP est d‟appréhender les
potentialités, l'état des ressources naturelles et les contraintes du milieu physique et socio-
économique, ainsi que les stratégies des populations en matière de gestion des ressources
naturelles.
AQUADEV21 (2001) pense quant à elle que la MARP poursuit deux objectifs :
 Objectifs pratiques
 Identification des problèmes, des besoins, des ressources et des potentialités ;
 planification d'activités futures ;
 suivi et évaluation d'activités en cours.
 Objectifs stratégiques

21
ONG belge, active en Afrique notamment dans les domaines du développement intégré, de la sécurité nutritionnelle, de la
microfinance et de l‟environnement.

- 49 -
 Inversion des rôles : les populations deviennent les acteurs et les techniciens
facilitateurs ;
 Les populations analysent, conçoivent et exécutent leurs activités de développement ;
 Les techniciens favorisent l'interaction avec les populations cibles par leurs
comportements.

4)- Utilisation de la MARP


L‟utilisation de la MARP pour le diagnostic, la planification et l‟évaluation des projets
de développement est recommandée et souhaitée par les instances du développement pour le
fait qu‟elle est avantageuse aussi bien pour les populations que les praticiens du
développement.
Pour les praticiens du développement (bailleurs et agents de développement) :
 C'est une méthode peu coûteuse, fiable, flexible et rapide ;
 Elle repose sur une meilleure connaissance des populations locales ;
 Elle s'appuie surtout sur une équipe pluridisciplinaire.

Pour les populations locales :


 C'est une méthode participative (la population est un partenaire et non un objet
d‟étude) ;
 Elle donne la parole et l‟initiative aux populations ;
 Elle s‟appuie sur le savoir local envoyant ainsi les savoir traditionnels à recevoir tout
le respect qu'il mérite.

5)- Principes de la MARP


Les différents concepts clés qui caractérisent la MARP sont les suivants :
 La participation : les populations sont considérées comme des acteurs et non des
spectateurs dans le processus de recherche ;
 La multidisciplinarité : l‟enquête est conduite par une équipe pluridisciplinaire dans
une perspective complémentaire. Il est souhaitable que cette équipe ait une diversité de
branches sociales et techniques ;
 La valorisation du savoir traditionnel : la méthode MARP respecte et tient compte des
connaissances des populations locales. Elle combine le savoir local avec l'expertise
scientifique moderne ;

- 50 -
 Le processus d‟apprentissage : l‟analyse est faite durant la recherche et non après ;
 Le processus itératif : la méthodologie de la MARP encourage le chercheur à revoir
son approche et ses hypothèses au fur et à mesure qu‟il évolue dans l‟étude des
problèmes ;
 La triangulation : la MARP examine l'information sous différents angles (en général
trois, d'où le terme de "triangulation") afin d‟aboutir à une vue globale et objective ;
 La flexibilité : les informations recueillies au fur et à mesure doivent servir à
l‟actualisation des objectifs et des procédures. Les experts du développement doivent
être flexibles et se préparer à s'adapter à toute situation nouvelle ;
 L‟ignorance optimale : la MARP se focalise sur l'essentiel. Il ne faut pas gaspiller du
temps et des efforts à se pencher sur des détails et des précisions superflus ;
 La visualisation : la MARP s‟appuie sur des référents visibles, connus par les
populations, pour faciliter la communication ;
 Exploration : la MARP estime que le chercheur doit être curieux et préparé à
découvrir des centres d'intérêt pouvant modifier le cours de l'étude ;
 L‟innovation : les techniques et outils utilisés évoluent, le chercheur doit donc être
ouvert à toute technique nouvelle.

6)- Les limites de la MARP


Malgré ses avantages et sa popularité auprès des praticiens du développement, la
MARP connait des limites que quelques institutions ont notées comme suite :
AQUADEV (2001) estime que la MARP peut être quelquefois extrêmement exigeante
aussi bien sur le plan intellectuel que physique. Durant la formation sur le terrain, on est
toujours confronté à des situations complexes qui nécessitent des décisions rapides et
réfléchies. Devant de telles situations, le background méthodologique doit être associé à la
créativité et au bon sens personnel.
ILBOUDO22 (2002) pense que tous les outils qui utilisent des dessins (comme les
cartes) sont jugés trop compliqués pour les paysans pour plusieurs raisons. Ceux - ci n‟ont pas
l‟habitude de réaliser de telles activités et la persistance peut créer une situation de réticences
irréversibles.

22
Jean Pierre Ilboudo,
- 51 -
Le CERCOOP23 (2003) notait que : « On reproche notamment à certaines méthodes,
informelles et trop rapides comme la MARP, de ne donner qu'une vision superficielle et peu
fiable de la réalité ; on parle même à leur sujet de "tourisme rural ».
Sur le plan organisationnel, il est souvent difficile de regrouper un nombre suffisant de
représentants d'associations, de leaders d'opinions et de personnes issues des différents sous-
groupes dans les mêmes séances.
Certains groupes sociaux comme les femmes sont difficilement accessibles à cause
d‟une part de leurs grandes occupations au sein de la cellule familiale et d‟autre part pour des
raisons socioculturelles. Cette contrainte explique les retards souvent enregistrés dans les
procédures.
Sur le plan méthodologique, les outils de la MARP ne permettent pas d'avoir des
informations quantitatives auprès des habitants du quartier (dates, quantité et nombre fixes,
production annuelle etc.). Cela contribue à renforcer le manque de précision lié à la méthode.
A cela il faudrait ajouter les appréhensions grandissantes des populations rurales envers les
agents de développement qui contribuent à rendre difficile le déroulement de la MARP.

II. Application de la MARP pour une protection durable, solidaire et


responsable des mangroves

1)- Démarches méthodologiques


La démarche méthodologique adoptée repose sur l'enquête et les entretiens selon le
concept de la Méthode Participative.Les données collectées sur terrain vont être axées sur
les informations de la population et des modes de vie vis à vis des ressources, des filières
de production de la forêt de mangroves et des zones côtières adjacentes.
Il s‟agit d‟une enquête par questionnaire à l‟aide d‟une interview dirigé et par
observation des personnes ciblées sur l‟histoire de la mangrove, de son passé et de son
présent, de son utilisation et de son exploitation.
Les types de personnes enquêtées pendant les trois périodes de recherches sont :
 autorités sur place : le maire, l‟adjoint au maire de la commune rurale de
Tsimafana, les chefs de quartier, les chefs de secteur ;
 membres du COmité de BAse (COBA) ou Vondron‟OlonaIfotony (VOI) ;
 personnes âgées dites « olobe » ;
 exploitants, actuels et anciens, de mangroves ;

23
Centre de ressources de la coopération décentralisée, Besançon.
- 52 -
 cultivateurs ou paysans et des pêcheurs (poissons, crevettes, crabes et autres) ; et
 directions régionales, organismes nationaux et internationaux travaillant dans la
région.
Ces personnes de type (3, 4, 5) ont été repérées par l‟intermédiaire du chef du
fonkontany.Le questionnaire a été conçu en s‟inspirant de la situation de mangrove vue par la
prospectionsur terrain et les objectifs attendus de l‟étude. Il est bâti en différents thèmes et
comporte des questions ouvertes et des questions fermées. Ces thèmes sont axés sur les
activités de la personne enquêtée, l‟exploitation des bois de mangrove (site d‟exploitation),
l‟écologie de mangrove, la faune et la flore, la loi et la gestion de mangrove ainsi que
l‟histoire de l‟exploitation des mangroves dans la zone. Dans les sites visités, le questionnaire
proposé aux enquêtés était parfois différent à cause des différentes formes d‟exploitation et de
gestion (Cf. Annexe I).

2)- Choix des sites étudiés


Nous avons choisi le district de Belo-sur-Tsiribihina comme terrain de recherche en
raison de la forte concentration des espaces de mangroves sur cette zone (35 000 ha, Lebigre,
1990). On s‟est intéressé à la commune rurale de Tsimafana où le mode de vie et l‟utilisation des
ressources de mangroves sont étroitement liés aux activités socioéconomiques de type traditionnel
pour la population locale. Plus précisément, on a réalisé nos investigations auprès de la
communauté villageoise du fokontany de Kaday, qui est sis dans le littoral de mangrove deBelo-
sur-Tsiribihina et que plus de 80% de la population locale pratique la pêche comme activité
principale.
Le site de Kaday, l‟objet de notre étude,était estimé par l‟FTM en 2006 à 4 250 ha de
mangroves, et est subdivisé en trois espaces différents ou sous-sites situés à l‟Ouest du village
et hameaux :

Le premier espace est délimité comme suit :

- A l‟ouest : BekobayAndrefana (limite ouest avec les mangroves


d‟Antsamaky),

- A l‟est : la rivière de Kanahendry,

- Au nord : la rivière Ambalamanga,

- Au sud : partie sud de la rivière Bekobay.

- 53 -
Ensuite, un espace de forêts délimité comme suit :

- A l‟ouest : Forêt d‟Antsaribao,

- A l‟est : Forêt de Betsitsiky et limite Est de la forêt d‟Antsamaky,

- Au nord : limite Nord de la forêt d‟Antsamaky,

- Au sud : la forêt d‟Anosinampela.

Enfin, un troisième espace plus ou moins clairsemé et contigu aux tannes


laissées par les anciennes rizières abandonnées.

- A l‟ouest : la rivière Antsosa,

- A l‟est : limite de la forêt Ambalafary,

- Au nord : Forêt de Belalanda bordant la rivière Kanahendry,

- Au sud : La rivière d‟Antsosa.

3)- Situation de la méthode participative


La Méthode Participative et le Contact des Personnes Ressources se résument comme
suit.Elle consiste en tout « arrangement » par lequel des acteurs de types différents (population
riveraine, agriculteurs, pêcheurs, épiciers, etc..) sont rencontrés dans le but de participer de
manière plus ou moins directe et plus ou moins formelle au processus de collecte de données.
D'une façon générale, cette méthodologie nécessite une organisation au préalable pour
permettre d'identifier toutes les parties prenantes, et à collecter toutes les informations déjà
existantes. Mais le facteur temps a limité les performances de cette méthodologie.
Chaque réunion ou rencontre comprend une présentation détaillée des objectifs, des
discussions et d'entretiens libres. Des questionnaires préétablis pour la collecte des données
sont indispensables afin d'éviter le blocage au niveau des discussions et les pertes de temps.
Un bloc note est utilisé pour noter les points essent i e l s. En e f fe t , l e s questionnaires
ne sont remplis qu'après la réunion ou le contact avec l‟enquêté.
La méthodologie adoptée présente l'avantage de la fiabilité des données collectées et la
véracité des réponses enregistrées. En plus, les contacts axés aux personnes ressources suscitées
telles que les Olo-be, les présidents d‟associations, le chef de quartier, quelques pêcheurs actifs,
et autres encore, vont améliorer l'exploitation et l'analyse des informations à travers les
discussions.
Les entretiens nous ont permis de récolter des informations globales sur :

- 54 -
 la situation générale du milieu : démographie, flux migratoire, richesse globale
(culturelles, historiques,...) ;

 le système de production existant : culture, élevage, pêche et exploitation de la forêt ;


 l'exploitation des ressources naturelles ;
 la situation du marché des produits forestiers, de la pêche et les facteurs
limitant ;
 la situation de l'organisation sociale : appréciation du niveau d'organisation et du
mode de fonctionnement des groupes existants ;
 la capacité associative de la communauté villageoise pour la gestion des
ressources naturelles et ;
 les attitudes et le comportement des individus vis-à-vis du concept de protection
de l'environnement et des innovations à introduire.

4)- Stratégies de la méthodologie


En réalité, les contacts avec les autochtones sont dans tous les cas bien réussis avec
l'aide précieuse des chefs quartiers et des « olobe » du village. Chaque contact ou réunion est
objectivement subdivisée en 3 parties :
La première partie est une discussion d'ordre général et participatif au niveau de la
communauté villageoise. Elle permet de mieux connaître d'une manière générale les
informations relatives aux activités principales des paysans telles que les matériels utilisés,
les types de produits cibles, la production et l'évolution dans le temps, les problèmes
fréquemment rencontrés et les suggestions pour l'amélioration des conditions de vie.
La deuxième partie concerne le contact des personnes ressources choisies au
préalable au cours de la rencontre afin d'obtenir les informations sur l'aspect
démographique comme l'origine ethnique, la date d'arrivée au village, la raison du choix de
la zone, les activités principales et secondaires, le nombre d'enfants, la scolarisation, les
matériels utilisés pour les activités, la production journalière, la destination des produits et les
problèmes rencontrés.
Enfin, la dernière partie est consacrée aux organisations sociales et aux
associations en vue d'obtenir des données relatives à la gestion des ressources de
mangroves.
Pour les villages ayant déjà une association, les informations suivantes ont été
recueillies telles:

- 55 -
 les objectifs;
 les raisons d'être ;
 le programme d'activités ;
 la méthode adoptée pour atteindre les objectifs et pour réaliser les activités ;
 le champ d'action et ;
 les propositions et suggestion pour une amélioration des activités.
Des observations particulières sur l'utilisation des bois dans le village complètent le
recoupement des informations sur les enquêtes menées. Ces observations, avec les guides
locaux, consistent à identifier les bois utilisés dans la construction des cases. Entre temps,
cette investigation a conduit à l'identification du nombre de ménages, de ceux qui font du
petit élevage par l'existence des petites cases ou clôtures de volailles en dessous ou près de la
maison.

5)- Contraintes rencontrées dans le Menabe


Dans les villages des pêcheurs, représentés par la majeure partie des sites étudiés, les
rencontres dans la matinée s'avèrent impossibles, elles doivent être tenues dans l'après-midi.
Quoiqu'il en soit, en attendant le rendez-vous avec les paysans, des observations générales du
village après une visite de courtoisie auprès du chef de village et « olobe » ont été menées.
Il a été observé dans la plupart des cas, pendant le questionnaire, une réticence
manifeste dela part des répondants à donner des informations. Malgré notre explication
assistée par certains autochtones, il était difficile d‟aborder les villageois de la commune sur
le thème mangrove, là où ils sont en pleine exploitation des bois de palétuviers.
Ils se trouvent que certains sont méfiants sur notre propre identité en nous prenant
pour des agents responsables des eaux et forêts. Aussi, ils avaient peur de la suite de notre
étude qui pourrait aboutir à la fermeture totale de la coupe des palétuviers alors que c‟est leur
source d‟argent.
Aussi, s‟ajoute les difficultés rencontrées parfois au niveau du dialecte de la région,
qui reste inhabituel à notre égard, d‟où le besoin de temps en temps de guides locaux,
capables à la traduction et à l‟interprétariat.
Avant l‟enquête, nous avons d‟abord essayé de les sécuriser en leur disant que nous
n‟étions pas des autorités qui veulent leur causer des ennuies, mais de simples étudiants de
l‟Université d‟Antananarivo, intéressés à connaître la forêt de mangrove dans leur région.
Enfin, un autre problème concerne la délimitation administrative des communes et fokontany,
qui rend difficile l'appartenance exacte des mangroves.
- 56 -
Section II : Les autres recommandations envisagées pour
promouvoir la méthode participative dans la protection
durable de la forêt de mangroves
I)- Proposition d’un plan de communication

1)- Contexte et justification


Les mangroves de Kaday abritent les huit espèces ligneuses et des herbacées. A part
ces flores, l'écosystème mangroves de cette localité abrite aussi des différentes espèces
animales dont les mammifères, les lémuriens, les oiseaux marins et continentaux, et les
espèces aquatiques.
Cet écosystème qui est très fragile a une valeur d'ordre économique des mangroves à
savoir la production de bois, l'aménagement rizicole, l'exploitation des crustacés et des
poissons, la mise en valeur des tannes comme l'installation des bassins sauniers et
l'alimentation des bestiaux.
Les mangroves du Menabe ont aussi une valeur socio-culturelle non négligeable du
fait qu'ils abritent des sites réservés aux cimetières et au « doany ». Ils permettent aux
communautés actuelles de garder leur histoire, garant de l'identité et ainsi d'une certaine
légitimité sur certains espaces.
Toutefois, cet écosystème complexe est soumis à plusieurs pressions, en particulier les
pressions d'ordre humain dont : les prélèvements de bois. Ce mode d'exploitation est
caractérisé par les coupes excessives des bois de mangroves pour la construction des maisons
et des clôtures dans les grandes villes de la région du Menabe.
Cette situation est accentuée par la destruction progressive des forêts denses sèches de
l'arrière pays etl'aménagement excessif des rizières.
La pêche aux crabes ou aux poissons, le refoulement des pêcheurs vers l'intérieur
des côtes à cause de la prolifération des chalutiers aux techniques industrielles, l'élevage
extensif de bovin qui perturbe la régénération des mangroves,l'aménagement aquacole
moderne, … constituent une menace et des risques sur les écosystèmes mangroves.
Ces pressions entraînent la dégradation des mangroves, qui se traduit non seulement à
la réduction de sa superficie mais aussi à la diminution progressive de sa valeur économique
et de sa diversité biologique.

- 57 -
Carte n°2 : Les mangroves de Menabelittoral, une richesse inestimable

Source : Direction Régionale de l‟Environnement et Forêts, Menabe(2012)

- 58 -
Face à cette situation préoccupante, nous avons mis en relief l'importance du plan de
communication afin de tirer l‟attention à l‟endroit de la population locale, pour une
conscientisation et une responsabilisation à la gestion rationnelle de ces mangroves.

2)- Objectifs du plan de communication


Le plan de communication a quatre objectifs principaux, dont :
 Communiquer l'importance de la conservation et la gestion rationnelle des
mangroves et ses ressourcesnaturelles ;
 Consolider de la connaissance de la population locale sur le DINA ;
 Enrichir de la connaissance du public en matière de gestion rationnelle des
mangroves et ses ressourcesnaturelles ; et
 Renforcer les connaissances des écoliers sur la conservation, la gestion et
l‟utilisation rationnelle des mangroves ainsi que ses ressources naturelles (Cf.
tableau n°6).

3)- Activités
Ce plan de communication se subdivise en quatre catégories
d'activités :
 animation radiophonique ;
 descentes au niveau de la communauté de base ;
 éducation au niveau des écoliers ; et
 autres manifestations et festivités.

a)- Animation radiophonique


La radio joue un rôle très important à la communication dans la région de Menabe. Il
est donc intéressant d'organiser des différentes émissions radiophoniques.
L'animation radiophonique est une forme de sensibilisation de la population sur
l'importance socio-économique des mangroves, sur les radios locaux, sous forme de
concours de chansons traditionnelles, de poésies, de sketchs, de théâtres radiophoniques et
des débats.
Il s'agit ainsi de maximiser le taux d'écoute des émissions pour pouvoir transmettre les
messages voulus.

- 59 -
Tableau 6 : Plan de communication
Objectifs Activités Cibles Moyen de mise en Intervenants
œuvre
Communication sur
l'importance de la Radios locaux, Radios locales,
conservation et la Organiser un concours Affichages Matériels ONG, groupes
gestion rationnelle des chansons Public de prise de son, de artistiques
des mangroves et traditionnels. photos et de film
sesRessourcesnature
lles
Radios locaux,
Organiser un concours Public Affichage, Matériels Radios locales,
de poésies. de prise de son ONG, public

Deux Radios
Organiser un concours Radios locaux, locales, ONG,
de sketchs Public Matériels de prise de groupes
radiophoniques. son artistiques
Ressources
naturelles

Organiser des Idem Radios locales,


théâtres Public ONG, groupes
radiophoniques artistiques
Organiser des Opérateurs Idem Radios locales,
débats économiques, ONG, autres
radiophoniques autorités, ONG acteurs

Consolidation de la
connaissance de la
population locale Organiser des tournées de Moyen financier et de ONG
surle DINA et les sensibilisation et de suivi Public transport
rôles des
associations
le Dina et les rôles Matériels de prise de Radioslocales,
des ONGs et assises Organiser des Public son, de photos et de ONG, groupes
locales marionnettes film théâtraux.
Matériels de prise de
Organiser une foire Public son, de photos et de ONG
film
Enrichissement de Editer un calendrier Micro-ordinateurs,
la connaissance et/ou des affiches Public Matériels de prise de ONG
photos
Produire des films Matériels de prise de Tous les acteurs,
relatifs à la gestion des Public son, de photos et de producteur de
mangroves. film film
Renforcement des Organiser des séances Membre de
connaissances desd'éducation Ecoliers Matériels didactiques l'ONG,
écoliers environnementale instituteurs
relative à l'écosystème
Source : Adaptation
mangrove
de l‟auteur, avril et octobre 2011

- 60 -
b)- Descentes au niveau de la communauté de base
Dans l'objectif d'une consolidation de la connaissance de la population locale sur le
DINA, une tournée et la réalisation des marionnettes au niveau de la population locale sont à
réaliser.
Pour la tournée, la mission est de sensibiliser la population sur la conservation et la
gestion rationnelle des mangroves et ses ressources naturelles.
Quant à la marionnette, les thèmes à soulever seront la nécessité de la conservation
et la gestion rationnelle des mangroves. La population cible est la population utilisateur
direct des mangroves et ses ressources naturelles. Ces marionnettes se dérouleront dans la
commune de Tsimafana, dont Kaday particulièrement en présence des membres de bureau de
des associations respectives. Il y aura des prises de son pour la retransmission dans les
émissions radio locale. Cette approche reste toujours valable et compatible pour la plupart des
cinq Communes Rurales de Menabe Nord.

c)- Autres manifestations et festivités


Dans le but d'un « enrichissement de la connaissance de la population utilisateur des
mangroves », l'organisation d'une foire, l'édition d'un calendrier et des posters, la production
d'un film relatif à la gestion des mangroves seront des activités de communication
importantes pour la population locale.
A part cet objectif, il s'agit aussi de mieux faire connaître l'OPCI Alokaina en tant
qu'organisme public gérant des mangroves à Menabe Central et Nord Tsiribihina.

d)- Education au niveau des écoliers


L‟éducation des enfants, en particulier ceux de niveau primaire, sera une des
activités importantes pour la gestion rationnelle des mangroves et la restauration même des
sites dégradés. Les enfants eux même pourraient participer à la surveillance de ces ressources.
La stratégie sera de former les instituteurs en matière de gestion des mangroves, l'écologie
des mangroves afin qu'ils puissent transmettre aux élèves l'importance des mangroves et ses
ressources dans la vie quotidienne de la population locale.

- 61 -
4)- Stratégie de mise en œuvre du plan de communication
Elle consiste à une maximisation de la participation de la population aux
manifestations à mener pour atteindre les objectifs mentionnés dans ce plan de
communication.

5)- Moyens de mise en œuvre


A part les moyens financiers et les ressources humaines, les matériels suivants seront
nécessaires pour la mise en œuvre du plan de communication entre autres :
 les matériels de prise de son et ses accessoires (dictaphone)
 les matériels de prise de photos et de film et ses accessoires (caméscope)
 les matériels informatiques (micro-ordinateurs et imprimantes).

II. Proposition d’un plan d’aménagement et de gestion des


mangroves dans le site de Kaday

1)- Contexte
Les données collectées sur terrain, après analyses effectuées au préalable, vont
servir d'éléments de base dans l'élaboration du plan simplifié d'aménagement et de gestion
des mangroves de Menabe Nord.
Pour mieux comprendre la suite logique du processus à suivre s‟agissant du plan
d‟aménagement, nous avons estimé très important de fournir les définitions globales de
quelques termes utilisés.
En premier lieu, le mot « aménagement » doit être compris sous l‟angle « organisation spatio-
temporelle de l‟ensemble des actions programmées », par contre « un plan d‟aménagement »
est un document règlementaire, soumis, discuté et approuvé par tous les acteurs impliqués et
les autres entités, parties prenantes des activités liées à la protection et à la préservation des
écosystèmes de mangroves.
Il précise les objectifs assignés ainsi que les mesures nécessaires pour atteindre
ces objectifs visés. L'ensemble de considérations et d'analyses issus des réalités telles
que l'état actuel des forêts de palétuviers, la potentialité économique, sociale et du
niveau des diverses pressions exercées sur les ressources naturelles de l'écosystème,
constitue les éléments de bases. « Un plan de gestion » est de son côté un document qui
prévoit la mise en œuvre des mesures proposées dans le plan d'aménagement comme les
programmes d'exploitation des ressources concernées et des travaux à réaliser.
- 62 -
L'attente de la mise en œuvre du plan d'aménagement est de responsabiliser la
population locale de base dans la gestion des ressources naturelles par le
renforcement de la capacité des communautés locales. L'objet principal est de tirer
profit, à long terme, des fruits et des intérêts générés par les actions de préservation mises
en place. Le plan d'aménagement va ainsi constituer un cadre référentiel de base pour
le groupement villageois.
En définitif, les résultats attendus de ce plan simplifié d'aménagement et de
gestion des mangroves de Kadayproposé vont assurer la dichotomie « Développement -
Conservation » par l'utilisation rationnelle et durable des ressources naturelles
renouvelables pour une gestion responsable.
Dans cette optique, l'objectif du zonage est de diviser la superficie suivant les
différentes vocations de la zone. Elles sont définies par les usages actuels mais aussi par les
potentialités de chacune.
La délimitation effective de ces 3 zones du village de Kaday n'est pas du tout
facile, dans la mesure où les limites administratives de chaque commune sont sujettes à
des conflits.

2)- Objectifs de l'aménagement


L'aménagement des mangroves dans le site de Kadaya comme objectifs principaux :
 la préservation de la biodiversité de l'écosystème Mangrove au profit des
populations riveraines aussi bien au niveau local que régional ;
 le maintien de l'équilibre écologique de l'écosystème pour assurer la fonction
primordiale de la chaîne trophique aquatique des zones intertropicales.
Ce zonage tient compte, en réalité, des caractéristiques et de l'état de dégradation
des mangroves. A l'échelle locale, la délimitation des différentes zones (Exploitation,
conservation « alafady » et la zone à reboiser) doivent être faites avec les membres d‟un
comité local compétent.Voici les détails de ce zonage :

a)- Zone A, zone de réhabilitation


Les parties déjà défrichées vont faire l'objet d'une réhabilitation par un
reboisement complet avec des espèces adaptées aux conditions de la station telles que marée,
salinité, substrat, etc. (Cf. photo n°12).

- 63 -
Des recherches sylvicoles sont plus que nécessaires, avec la participation des acteurs
locaux, pour une meilleure connaissance de la dynamique des peuplements forestiers.
Les responsables de l‟application des directives vont travailler de concert et en
collaboration avec la population locale pour stopper toute tentative de défrichement non
autorisée. Toute population migrante doit obligatoirement participer aux travaux de reboisement.

Photo n°12 : Mangroves hautement dégradées

Source : Cliché de l‟auteur, 2011

b)- Zone B, zone d'exploitation


La vocation de la zone déterminée est la production forestière (bois d'œuvre, bois de
construction, produits non ligneux,...).

Photo n°13 : Gestion et utilisation rationnelles des Mangroves

Source : Fabien RAMANANARIVO (ONG Fanamby), 2012

Font partie de cette zone tous les sites situés aux alentours des villages et habitations et
les sites réservés au droit d'usage dans le cadre de transfert de gestion et/ou les sites localisés
dans la partie amont de la frange intermédiaire.qa

- 64 -
La zone est priorisée pour les populations riveraines. Les exploitants extérieurs ne peuvent
obtenir de permis d'exploitation sans l'aval du comité local de gestion. Au regard de la vitesse de
régénération des zones ainsi défrichées, une rotation tous les 4 à 5 ans des parties à exploiter est
très bénéfique.

c)- Zone C, zone de préservation


L'objectif principal de cette zone est la préservation de l'écosystème demangroves.
L'inclusion des sites encore intacts reste primordiale dans cette approche. Ils vont servir
d'habitats naturels pour les espèces animales menacées :
- les zones de conservation ou « alafady » qui doivent être identifiées dans le
cadre de transfert de gestion et ;
- les sites qui se trouvent dans la frange externe c'est-à-dire localisés sur une
distance inférieure à 200 m par rapport au front de mer ou des berges des
chenaux.

Photo n°14 : Conservation des mangroves

Source : Cliché de l‟auteur, 2012

La préservation des ressources forestières de la zone déterminée est fondamentale


pour le maintien de l'équilibre écologique actuel de la région, ainsi cela ouvrirait les champs de
recherches pour les étudiants, les scientifiques et les chercheurs.
Toute forme de défrichement est à interdire. La coupe de bois peut être permise mais
avec des mesures strictes. Elle vise à minimiser l'intensité des exploitations et renforcer les
exigences sur l'enrichissement des trouées d'abattage.

- 65 -
3)- Situation analytique et principes de l'aménagement
L'étude des mangroves de la zone d‟études a montré qu'il est impossible d'ignorer les
problématiques générées de la pêche et de l'agriculture. Ces éléments sont étroitement liés
et font partie de la problématique forestière. Ils sont de ce fait, les vecteurs de la pression sur
les ressources. Il importe alors de proposer un nouveau modèle d'approche,dans le but de
modifier les comportements sociaux et les modes de production traditionnels qui perpétuent le
cycle de destruction des ressources naturelles.
L'aménagement d'une zone implique obligatoirement des changements. Il doit par contre
engendrer un développement durable et une source d'emplois stables pour les populations.
Ce présent plan d'aménagement et de gestion proposé est effectivement très simplifié. Il est
axé essentiellement sur les points focaux indispensables pour les interventions à mener en
vue de la préservation des mangroves de la zone. En fait, la préservation de la biodiversité
et le maintien de l'équilibre écologique d'un écosystème tel que la mangrove exige la mise en
œuvre de toute une série d'actions très complexes et bien spécifiques.
Par contre, les acteurs primaires, à l'origine des différentes pressions exercées sur les
mangroves, se trouvent dans des conditions difficiles. Ils sont caractérisés par la baisse de la
production, les coupes abusives, excessives et clandestines des forêts de palétuviers. Tout cela
échappe totalement de tout contrôle. Les données recueillies sur terrain confirment la
proposition d‟un plan d‟aménagement. Il est axé essentiellement sur deux niveaux tels que la
mangrove et l'activité de pêche.
Pour la mangrove, la préservation des zones encore intactes et le reboisement des
parties déjà dégradées sont les deux actions prioritaires à avancer. En ce qui concerne les
pêcheurs, migrants ou autochtones, les alternatives afin de limiter l'effort de pêche exercé dans les
zones de mangroves sont aussi parmi les prioritaires.
La proposition de ce zonage local tient compte du niveau de dégradation globale enregistré sur
terrain. Au niveau de chaque village, la délimitation doit faire l'objet d'une discussion et de
concertation avec un comité local qui sera chargé de la mise à terme d‟un tel plan.
En somme, le niveau de perception et la connaissance de la population littorale sur
l'importance de la préservation des mangroves présentent des écarts trop importants pour
Kaday, comme chacune des 5 communes de la région d‟ailleurs.
La fierté de la population de Kaday et toute la Commune de Tsimafana de préserver
leur patrimoine, va faciliter énormément la mise en place de ce plan de gestion et
d'aménagement des écosystèmes mangroves.

- 66 -
CONCLUSION

La méthode MARP qui constitue un outil utilisé pour une collecte maximale
d‟informations n‟est pas la seule voie possible en matière de recherches, mais permet à tous
les acteurs de la gestion des ressources naturelles de comprendre rapidement le milieu
complexe et dynamique dans lequel évoluent les communautés locales.
L‟utilisation de cette méthode en complémentarité avec les méthodes de recherche
conventionnelles comporte divers avantages, les communautés locales peuvent fournir
beaucoup d‟informations en contribuant à des analyses rapides. Conduite de façon
systématique, l‟information recueillie peut être beaucoup plus orientée vers la planification, la
conception et la mise en œuvre des stratégies plus adaptées à l‟exploitation et à la gestion
durable des ressources.
Pour les décideurs, la méthode MARP peut renforcer leur engagement en ce sens que ce ne
sont pas leurs propres perceptions et priorités, mais celles des populations locales qui sont
prises en considération. Bien qu‟il n‟existe pas de règle standard concernant l‟application de
la méthode MARP, les directives qui ont été proposées sont de nature à augmenter les chances
de succès si les usagers et les formateurs adoptent des attitudes et comportements appropriés.
L‟une des conditions de succès en MARP est que les relations entre l‟équipe MARP et
les membres de la communauté doivent être plus étroits par rapport à d‟autres formes de
recherche.
Vivre au village et dans ses environs immédiats pendant l‟exercice MARP pour se familiariser
avec les membres de la communauté constitue un puissant moyen d‟établir les rapports et de
faciliter les discussions au terme d‟une journée d‟observation.
Tels sont quelques uns des avantages que procure l‟utilisation de la méthode MARP dans le
domaine de la recherche.
A l'issue des travaux au niveau de Kaday et quelques sites de la Commune de Tsimafana, un état
de connaissance sur la structure floristique, spatiale et totale de la mangrove a été réalisé.
Ainsi, les mangroves du Menabe Nord, comme dans toute la région du Menabe, renferment
les 8 espèces de palétuviers, les seules qui existent à Madagascar. Des zones encore intactes
constituent d'habitats naturels pour les espèces menacées de Madagascar comme la grande
chauve-souris Pteropusrufus(Fanihy).

L'exploitation de la mangrove et de la zone côtière adjacente a fait vivre la


population riveraine et constitue une source importante d'alimentation d'une part, et de

- 67 -
revenus par la vente des produits d'exploitation d'autre part. Cette situation perdure mais
évolue vers une activité commerciale de moins en moins rentable. Plus particulièrement,
l'activité halieutique est affectée par cette baisse de revenus. Cette tendance a des impacts
importants aussi bien au niveau de l'économie locale que régionale voire même nationale.
Par ailleurs, la MARP comme nouvelle approche de conservation et de gestion
participative plus adéquate dans laquelle toutes les parties prenantes restent à considérer, se
présente comme une méthodologie facile et fiable pour remédier au processus de
dégradation de l‟environnement en général, et des écosystèmes mangroves en
particulier.
Ceci étant, depuis son introduction en Afrique au début des années 80, la MARP n‟a
cessé de faire l‟unanimité quant à sa contribution à l‟amélioration des techniques de
diagnostic, de planification et d‟évaluation dans le monde rural en particulier.
Quoiqu'il en soit, cette approche exige le renforcement des capacités des
associations déjà en place sous l'égide de l'OPCI Alokaina, un organisme public de
coopération intercommunale, mis en place en 2005 pour veiller à la préservation et à la
gestion durable des mangroves dans le Menabe Nord.
Quant aux associations paysannes, elles cherchent surtout à gérer, d'une façon
communautaire, l'exploitation des ressources naturelles et de limiter, voire de diminuer, les
pressions anthropiques (effort de pêche dans les mangroves et coupe de bois de mangroves) ;
mais sans appuis technique et financier de la Direction Régionale de l‟environnement et
forêts, des organismes œuvrant sur l‟environnement dans le Menabe et des bailleurs de fonds,
ainsi que le contrôle et suivi des différents projets de développement, aucune action
environnementale de grande envergure n‟atteindra le but et objectifs visés.
L'investigation sur les volets social et économique a permis d'identifier la structure
démographique de la population littorale. Le taux d'analphabétisme élevé dans certaine
commune constitue un goulot d'étranglement au développement. Ce taux est d'autant plus
amplifié par le manque crucial d'infrastructures de formation, l'enclavement et la
dispersion des villages dans les inter-distributaires des mangroves. Les différentes utilisations
des ressources naturelles comme les bois de mangroves et les quantités y afférentes pour les
besoins familiaux dénotent le taux de coupe généralement excessif sans compter les
exploitations clandestines faites par des tiers résidents ou non de la zone.
Les analyses des données et des informations recueillies au niveau de la Commune
Rurale et du fokontany en question ont fait apparaître successivement l'évolution du mode de
gestion. Elle nous renseigne sur la présence des menaces, mais aussi les opportunités et défis

- 68 -
que les communautés de base veulent lancer pour le transfert de gestion, la conservation et la
restauration des mangroves.
Le souci est d'abord de maintenir et concilier un bénéfice économique aussi bien pour
les populations locales que pour les Communes rurales concernées, puis appuyer les actions
pilotes de conservation avec la participation effective des communautés et des autorités
locales.
L'activité principale de la population est la pêche bien que l'agriculture et l‟élevage
soient recensés également. Les impacts engendrés par ces activités sur l'écosystème de
mangroves sont loin d'être négligeables tel que le défrichement pour la riziculture et l'emploi
de la méthode de pêche au « mandaro ou laro ».
En outre, le manque de moyens financiers est un obstacle à l‟investissement.
L‟organisation de l‟épargne, la disponibilité du crédit et la formation à la gestion sont
identifiées par les participants comme éléments de la stratégie à mettre en œuvre pour lever
les contraintes liées à l‟indisponibilité de ressources financières.
La plus grande partie de la communauté des pêcheurs vit dans la pauvreté. La
diminution vertigineuse de la production et la hausse des coûts de la vie en sont les principaux
facteurs. La situation va contraindre la population active à changer de métier comme
l'exploitation de bois de mangroves, l'actuelle ressource facile et disponible.
Les conditions de vie actuelle laissent justifier l'élaboration d'un plan de
communication, accompagné d‟un autre plan d'aménagement et de gestion des mangroves
à Kadayafin qu'ilspuissent être tout de suite opérationnels, et ceci reste valable et adapté dans
toute la Commune. Les deux paramètres cibles prioritaires sont l'écosystème de mangroves et
les acteurs économiques de toute la communauté de la population littorale.
La présence des sociétés AQUAMEN et SOPEMO et ONGen tant que partenaires
stratégiquespourrait faciliter énormément la mise en œuvre des plans.
Une telle étude peut être considérée comme le couronnement d‟un séjour très positif à
Madagascar, en ce sens que non seulement elle est le fruit d‟un certain nombre
d‟encadrements(pédagogique, professionnel et technique)exemplaires de la part d‟une équipe
d‟Enseignants Chercheurs Malagasy de très haut niveau, mais surtout, elle me permettra de
préparer et emprunter une nouvelle voie pour capitaliser les acquis au service de mon paysqui
abrite les mêmes espèces(dans la moindre mesure) ; donc une nouvelle perspective de les
mettre en pratique à travers le concept de la mise en œuvre d‟un projet dans le sens de la
préservation des écosystème aux Comores, ainsi qu‟une gestion réfléchie et rationnelle de la
biodiversité caractérisée par les écosystèmes mangroves.

- 69 -
LISTE DES ILLUSTRATIONS

Pages

Liste des cartes géographiques


Carte n°1 : Localisation des mangroves du Menabe Nord…………………………..…………6
Carte n°2 : Les mangroves de Menabe littoral, une richesse inestimable....…….……...…….58

Liste des schémas


Schéma n°1 : Ossature d‟une toiture à Kaday………………………… ………….………….20

Liste des figures


Figure n°1 : Interaction entre la pauvreté et la dégradation des mangroves……………….…29

Liste de photographies
Photo n°1 : Pêche dans les chenaux de mangroves…………………………………….…..…14
Photo n°2 : Pêche associée au mandaro………………...…………………………………….15
Photo n°3 : Culture de maïs ………………………………………………………………….17
Photo n°4 : Champ de riziculture……………………………………………………………..17
Photo n°5 : Dégradation des mangroves par le défrichement………………………………...18
Photo n°6 : Elevage de canards………………………………………………………….……19
Photo n°7 : Confection des pirogues, pilons et mortiers……...……………………………....21
Photo n°8 : Espèce d‟oiseau marin, haliaeetusvociferoides…………………………….……25
Photo n°9 : Prélèvement intempestif des palétuviers…………………………………………28
Photo n°10 : Un des sites de l‟aquaculture de la SOPEMO…………………………………..30
Photo n°11 : Site d‟implantation de l‟AQUAMEN……...…………………………………...45
Photo n°12 : Mangroves hautement dégradées…...……………...…………………………...64
Photo n°13 : Gestion et utilisation rationnelles des mangroves…...………………………….64
Photo n°14 : Conservation des mangroves.....…………………………………………..……65

Liste des tableaux


Tableau n°1 : Superficie des forêts de palétuviers de Menabe Nord (non compris
tannes)………………………………………………………………………………………….5
Tableau n°2 : Les espèces de mangroves existant à Kaday……………………………..……..8
Tableau n°3 : Liste de quelques espèces de poissons pêchées au niveau des palétuviers……16
Tableau n°4: Effets et utilisation des bois de palétuviers à Kaday………….…………….….23
Tableau n°5 : Les sites des mangroves transférées………………………...…………………33
Tableau n°6 : Plan de communication………………………………………………………..60

- 70 -
TABLE DES MATIERES

Pages
Remerciements…………………………………………………………………………… ……i
Avant propos…………………………………………………………………………………..iii
Liste des sigles et acronymes………………………………………………………….………iv
Sommaire…………………………………………………………………………….………viii
Résumé………………………………………………………………………………..……….ix

Introduction………………………..………………………………………………………….1

PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX ET REALITES VECUES PAR LA


POPULATION LOCALE……………………………………………………………………4

CHAPITRE I: LES MANGROVES, DES ECOSYSTEMES FRAGILE EN


DANGER……………………………………………………………………………….……..5
Section I : Protection de l’environnement et ses limites…….………………………………5
I)- Environnement physique et humain du terrain de la région de Menabe
nord............................................................................................................................................5
1)- Présentation géographique et administrative des mangroves de la région de
Menabe nord……………………....…………………….…………………………..….5
2)- Localisation de la zone d‟études…………….…………………………..….7
3)- Démographie et historique de Kaday………………………………………7
4)- Inventaire floristique des espèces de mangroves…………………………..8
II)- Généralité sur l’écosystème mangrove…………………..…………….…………9
1)- Historique des mangroves…………………………………………………..9
2)- Définition, une ambiguïté terminologique………..…………………….…10
3)- Ecologie des mangroves……………..……………………………………11
4)- Situation générale actuelle du secteur forestier et état actuel des mangroves
de Madagascar………………………………………………………………………..12

Section II : Etat actuel de l’environnement face au concept de pression


anthropique..............................................................................................................................13
- 71 -
I)- Environnement social……………………….………………………………………13

II)- Environnement et activités économiques………………...…….…………………14


1)- La pêche, une activité principale et dominante de la population………….14
2)- L‟agriculture, une activité spécifique des immigrants…………….………16
3)- L‟élevage, une activité secondaire…………………..…………………….18
4)- La cueillette et l‟exploitation de la forêt, des activités complémentaires....19

CHAPITRE II : LES CAUSES POSSIBLES DE LA DEGRADATION DES


MANGROVES………………………………………………………………...…………….20
Section I : Utilisation des palétuviers et menaces………….………………………………..20
I)- Activités paysannes et exploitation des ressources de mangroves………………….20
1)- Forêt de mangroves et développement socio-économique………………………..20
a)- Construction des maisons …………………………………...……………20
b)- Construction des pirogues et des bateaux……………… …….……...…..21
c)- Clôtures et haies……………………...……………………………………21
d)- Bois de chauffe et charbon…………………..…………………………….22
2)- Forêts de mangroves et développement socio-culturel………………………...….22
a)- Pharmacopée………………………………………………...…………....22
b)- Cosmétique……………………………………………………………..…24
c)- Autres usages……………………………………………………………...24
3)- Forêts de mangroves et rôles écologiques……………………………………..….24
a)- Habitats pour certains animaux ……………………………………..…...24
b)- Nourriture…………………………...…………………………….………25
c)- Filtrage…………………………………………………………………….26
d)- Protection de la côte, rempart contre l’érosion………………………..…26
II)- Evaluation des menaces et pressions…………………………….………………….27
1)- Phénomènes naturels……………………………………………………………...27
2)- Pressions d‟origine anthropique……………………………………………….….28
III- Analyse des menaces sur ces écosystèmes littoraux……………………...…….…..28
1)- Menaces directes………………………………………………………………….29
2)- Menaces indirectes………………………………………………………………..30
3)- Pauvreté flagrante………………………………………………………………....31

- 72 -
Section II : Gestion durable de la forêt de mangroves….………………………..…………31
I)- Concept mis en place selon les principes de durabilité………………………………..31
1)- Gestion durable des mangroves ……………………………………… .………....31
2)- Le transfert de gestion à Madagascar…………………………………….……….32
3)- Exemple de transfert de gestion réalisée dans trois villages de la région de
Menabe………………………………………………………………………………………..32
a)- Méthodologie …………….…………………………………………….…32
b)- Situation……………………………………………………….…………..33
II)- Analyse et perception personnelles vis-à-vis de la politique de transferts de gestion
aux communautés locales………………….………………………………………...……...34
1)- Analyse des organisations sociales et des tendances…………………….………..34
2)- Perception paysanne sur l‟état des ressources forestières…………………….…..35

DEUXIEME PARTIE : LA MARP, UNE PERSPECTIVE POUR LA


CONSERVATION ET LA GESTION PARTICIPATIVE DES MANGROVES……….36

CHAPITRE I : LES APPUIS DES POUVOIRS PUBLICS ET SECTEURS


PRIVES……………………………………………………………………37
Section I : Les préoccupations environnementales à Madagascar…………………………37
I)- Les initiatives de l’état………………………………………………………….37
1)- Le plan d‟actions environnementales(PAE)………………………………37
2)- Les objectifs du millénaire pour le développement, le développement
durable et la lutte contre la pauvreté …………………………………………..……..38
a)- Madagascar, vision naturellement……………………………..…38
b)- Madagascar Action Plan…………………...….……………..…...38
c)- Le système des aires protégées……………………………………38
d)- Les objectifs du MAP- engagement 7 et Défi 1……………..…….39
3)- De la convention sur la diversité biologique à la vision Durban……..…..40
4)- La Charte de la terre, Rio de Janeiro, juin 1992…………………….…….40
5)- Les politiques sectorielles…………………………………………………41
a)- La politique forestière………………………………………….….41
b)- Le plan directeur de la pêche et de l’aquaculture…………….….41
c)- La politique de l’engagement du territoire…………...…….…..…42
d)- La Gestion Intégrée des Zones Côtières(GIZC)…………………..42

- 73 -
II)- L’accompagnement des partenaires de développement…….…………..……43
1)- Les investisseurs…………………………………………………………..43
2)- Les acteurs potentiels dans la gestion des mangroves………………….…43
a)-Population locale riveraine (autochtones et/ou migrants)……..…43
b)-Services déconcentrés et collectivités territoriaux décentralisés.…44
c)-Les projets et ONGs………………………….…………….………44
d)-Les sociétés privées……………………………….………………..44
e)-Les organismes internationaux…………………………………….45

Section II : Les moyens mis en œuvre par les responsables locaux………………………..45


I)- La Direction Régionale de l’Environnement et Forêts…………………...……45
II)- La prise de décision par la population locale(Dina)…………………….…….46
1)- Méthodologie…………………………………………………………...…47
2)- Situation …………………………………………………………………..47

CHAPITRE II- SUGGESTIONS ET PERSPECTIVES POUR LA PERENNISATION


DE LA PROTECTION DE LA FORET DE MANGROVES DANS LE SITE DE
KADAY………………………….……………………………………………….…………..48
Section I : La MARP face à la protection des mangroves………………………………….48
I)- Connaissance générale de la MARP…………………………………….……….48
1)- Contexte …………………………………………………………………...48
2)- Définition………………………………………………………………..…49
3)- Objectifs de la MARP………………………………………………….…..49
4)-Utilisation de la MARP…………………………………………………….50
5)- Principes de la MARP……………………………………………………...50
6)- Limites de la MARP………………………………………………………..51
II)- Application de la MARP pour une protection durable, solidaire et
responsable des mangroves……………………………………..……………………….….52
1) Démarches méthodologiques………………………………………………....52
2) Choix des sites étudiés ……………………………………………………….53
3) Situation de la méthode participative…………….… .……………………….54
4) Stratégie de la méthodologique……………………………………………….55
5) Contraintes rencontrées dans le Menabe…..………………………………….56

- 74 -
Section II : Les autres recommandations envisagées pour promouvoir la méthode
participative dans la protection durable de la forêt de mangroves…………...……………..57
I)- Proposition d’un plan de communication………………………………………….57
1) Contexte et justification……………………………………….……….…57
2) Objectifs du plan de communication………………………..……………59
3) Activités………………………………………………….………….……59
a) Animation radiophonique………………………………….……..59
b) Descente au niveau de la communauté de base…………………..61
c) Autres manifestations et festivités……………………………..…61
d) Education au niveau des écoliers…………………………………61
4) Stratégie de mise en œuvre du plan …………………………………..….62
5) Moyen de mise en œuvre …………………………………………..….....62

II)- Proposition d’un plan d’aménagement et de gestion des mangroves dans le site de
Kaday………………………………………………...…………………….......…………62
1. Contexte ……………………….……………………………………..………62
2. Objectifs de l‟aménagement…………………………………………….……63
a) Zone A, zone de réhabilitation………………………………………..63
b) Zone B, zone d’exploitation…………………………………….…….64
c) Zone C, zone de préservation……………………………………..…..65
3. Situation analytique et principes de l‟aménagement………..…………..…….66

Conclusion ………………………………………………………………………….....…..…67

Liste des illustrations .……………………………………………………………..…............70


Table des matières………………………………………………………………..……....….71
Annexes ………………………………………………………………………………..………I
Bibliographie …………………………………………………………………………...…......X

- 75 -
ANNEXES

PAGES

Annexe I : Enquêtes réalisées au niveau de la Commune de Tsimafana et du village de


Kaday et ses environs…………………………………………………………………..…….II
I)- Enquête région
II)- Enquête ménage
III)- Aspect technique du transfert de gestion

Annexe II : Textes réglementaires sur les mangroves, la pêche et


l’aquaculture……………………….…………………………………………….…………...V

I)- Les textes officiels relatifs aux mangroves


II)- Textes règlementaires sur la pêche et l’aquaculture

Annexe III : Procès verbal de Dina villageois (Association Soafitsanga, Kaday)….….VIII

I
ANNEXE I
Enquêtes réalisées au niveau de la Commune de Tsimafana et du village de
Kaday et ses environs

I)- ENQUETE REGION


Numéro : Nom : Catégorie :
Localisation :
Condition géographique :
Milieu physique :
 Relief :
 Climat :
 Sol :
 Hydrographie :
Milieu humain :
 Population :
 Ethnies :
 Densité :
 Classe d‟âge/sexe :
Activités :
 Agriculture
 Pêche
 Elevage
 Cueillette
 Artisanat
 Autres
Infrastructures
 Economiques : Routes Marché Autres
 Sociales : Ets scolaires Santé Autres
 Récréatives :
 Autres :
Gouvernance locale :
 Administrative
 Traditionnelle

II
II)- ENQUETE MENAGE

Numéro :
Catégorie :
Identité :
Nom chef de famille :
Nombre de personne par famille :

Activités/revenus :
 Agriculture :
 Pêche :
 Elevage :
 Production :
 Consommation :
 Commercialisation :

Questionnaire
1) Quelle est votre activité principale comme source de subsistance?
2) Exploitez-vous systématiquement ou périodiquement les mangroves ?
3) Quel type d‟exploitation exercez-vous ?
4) Avez-vous d‟autres activités/occupations secondaires ?
5) Quelles sont les espèces de mangroves rencontrées dans le site de Kaday ?
6) Dans quelles zones trouve-t-on des mangroves denses ?
7) Dans quelles zones un trouve-t-on des mangroves fortement régénérées ?
8) Dans quelles zones un trouve-t-on des mangroves fortement dégradées ?
9) Connaissez-vous l‟existence d‟une action de conservation sur les mangroves de
Kaday ?
10) Depuis quand une telle action a commencé ?
11) Y a-t-il eu intervention d‟une organisation environnementale nationale ou étrangère
appuyant cette conservation des mangroves ?
12) Quelles sont les associations paysannes qui s‟intéressent aux activités de préservation
des palétuviers ?
13) Comment se passent le suivi et contrôle des ces activités ?
14) Quelles ont été les résultats ?
15) Quelle est la place de la commune de Tsimafana et de la circonscription régionales de
l‟environnement et forêts face à la conservation des mangroves de Kaday ?

III
III)- ASPECT TECHNIQUE DU TRANSFERT DE GESTION

Interview :
Numéro :
Catégorie :
Identité :
Fonction/attribution :
ONG :
Autre institution :
Domaine :
Siège :

Questionnaire
1) Avez-vous déjà entendu parler de transfert de gestion ?
2) Etes-vous convaincu de la nécessité du transfert ?
3) Comment sont générées les ressources naturelles renouvelables ?
4) Depuis quand ce transfert de gestion existe-t-il dans la région ?
5) Quelles ont été les motivations d‟effectuer ce transfert et pourquoi dans cette localité ?
6) D‟après vous, le transfert de gestion est-il :
 Indispensable
 Nécessaire
 Plus ou moins
 Pas prioritaire Et Pourquoi ?
7) Quelles ont été les contraintes rencontrées par la mise en place du transfert ? Et quelles
ont été les solutions proposées ?
8) D‟après vous, ce transfert de gestion des ressources naturelles renouvelables est-il la
solution à la dégradation des mangroves ?
9) Existe-t-il un conflit pour une exploitation quelconque dans la zone des mangroves ?
10) En cas de conflit, comment réglez-vous le problème?
11) Quelle année débute l‟exploitation des ressources des mangroves dans la région ?
12) Existe-t-il une zone considérée comme lieu sacré et protégé dans les mangroves ?
13) - Les collecteurs de bois de mangrove sur place et à Kaday possèdent-ils d‟un papier
légal ?

IV
ANNEXE II

Textes règlementaires sur les mangroves, la pêche et l’aquaculture

I)- Les textes officiels relatifs aux mangroves

- Arrêtés du 27 juillet 1921 et 28 février 1923 réglementant le mode d'exploitation des

Palétuviers ;

- Arrêté du 05 août 1932 règlement l‟exploitation des peuplements des palétuviers.

- Arrêté n° 278-SE/EF-CG du 30 juin 1932 modifiant l‟article 5 de l‟arrêté du 05 août 1932.

- Décret du 25 janvier 1930 réorganisant le régime forestier à Madagascar.

- Arrêté du 17 novembre 1930 réglementant l'application du décret du 25 janvier 1930.

- Loi nº 96-025 du 30 septembre 1996 relative à la gestion locale des ressources

naturellesrenouvelables, (…) de la procédure de transfert de gestion et de l'agrément.

- Loi n° 97-017 du 8 Août 1997 portant révision de la législation forestière.

- Arrêté 4355/97 portant sur la définition et délimitation des zones sensibles.

- Décret n° 97-1456 relatif à la pêche dans les eaux continentales et saumâtres.

- Décret n° 98-782 du 16 septembre 1998 relatif au régime de l‟exploitation forestière.

- Décret n° 2000-027 du 13 janvier 2000 relatif aux communautés de base chargées de

lagestion locale des ressources naturelles renouvelables.

- Arrêté n° 12.704/2000 du 20 novembre 2000 relatif à l‟arrêt de toute activité extractivede

ressources ligneuses dans les zones sensibles.

- Décret n° 2001-122 du 14 février 2001 fixant les conditions de mise en œuvre de lagestion

contractualisée des forêts de l'Etat

V
II)- Textes règlementaires sur la pêche et l’aquaculture

Référence des textes Dispositions / Interdictions Sanctions prévues

- Décret n° 93-009 relatif à la pêche et à l‟aquaculture.

- Ordonnance N° 93-022 du 04/05/93 portant


réglementation de la Pêche et de l‟Aquaculture
(Texte de base)
- Décret N° 94-112 du 19/02/94 portant organisation
générale des activités de pêche maritime
- Décret N° 97-1455 du 18/12/97 portant organisation
générale des activités de collecte des produits
halieutiques d‟origine marine
- Décret N° 2004-169 du 03/02/04 portant organisation
des activités de la Pêche et de collecte des produits
halieutiques dans les plans d‟eau continentaux et
saumâtres du domaine public de l‟Etat Saisie des produits et des engins ou
matériels de pêche
et/ou amende (5.000 à 50.000Ar.)
Textes d‟application :
- Arrêté N° 16365/2006 du 22/09/06 portant - largeur de la carapace minimale : 10 cm -ii-
mode d‟exploitation des crabes de mangrove - crabes mous et crabes femelles ovées
(Scylla serrata) - sans période de fermeture

- Arrêté N° 16376/2005 du 21/10/05 portant - fermeture de pêche : du 15/12 au 31/01 de l‟


réglementation de la pêche aux poulpes année suivante -ii-
- poids minimal : 350 grs
- maillage de filet minimal : 4 cm

VI
- Décret N° 2003-1119 du 02/12/03 portant - fermeture de pêche : du 01/10 au 31/12 Saisie des produits et des engins ou
période d‟exploitation des langoustes - taille minimale 20 cm, antennes non comprises matériels de pêche
et/ou amende (5.000 à 50.000Ar.)

- Arrêté N° 49.848/09 du 25/11/09 portant - fermeture de pêche : du 01/12 au 10/03 de l‟ -ii-


fermeture de la pêche crevettière (Arrêté annuel) année suivante

- Arrêté N° 0525 du 05/02/75 portant - taille minimale : 8cm à l‟état sec Saisies et destruction ou
réglementation de la pêche aux holothuries 11cm à l‟état frais incinération des produits
(Trépang ou concombre de mer) et/ou amende (5.000 à 50.000Ar.)

- Arrêté provincial N° 254 du 10/12/65 portant - pêche, transport, vente et consommation


interdiction de livrer certains poissons à la interdits pour les poissons de mer appartenant
consommation pendant la saison chaude et à la famille des clupéidés :sardines, sardinelles
fixant les modalités de contrôle sanitaire de (pepy et saripepy) du 01/11 au 31/03 de
ces poissons l‟année
suivante.
Les gros poissons :
 carangidés : caranges (lagnora)
 scombridés : faux thons (lamatra)
 sphyrénidés : brochet (aloalo) Amende et emprisonnement
 thonidés : thons (sambonto) (5.000 à 50.000Ar, 3 mois)
doivent être éviscérés et étêtés avant leur mise
en vente ou avant toute expédition Saisie des produits et des
- Ordonnance N° 93-022 du 04/05/93 (Art. 10) bouteilles de plongée et
- Utilisation des produits toxiques destinés à : compresseur
- Etourdir, affaiblir ou tuer les poissons et/ou amende (5.000 à 50.000Ar.)
(famamo…)
- Utilisation des bouteilles de plongée sous
marine ( et compresseur) pour l‟exploitation

VII
ANNEXE III

Procès verbal de « dina » villageois sur la gestion et la conservation des forêts


et ressources des mangroves

 Cas du site de KADAY, CR de TSIMAFANA

Ce « DINA » intra villageois fait également partie intégrante et complète les règlements
intérieurs de l‟Association « SOAFITSANGA » (Partie IV, Article 10 à 15 du Statut de
l‟Association). Les représentants du fokonolona présents à la réunion ce jour, se sont convenu
de :
Article 10.1 : De créer une « zone à protéger » ou « Alahonkofady » (mangroves sacrées)
dont la protection et la conservation seraient systématiques.
Article 10.2 : De constituer un espace commun de forêt dont la gestion et l‟exploitation des
ressources (bois, faunes, flores …) seraient collectives à la communauté villageoise et où le
Droit d‟Usage Collectif (DUC) prévaut.
Article 10.3 : De délimiter un espace à reboiser et à restaurer, faisant partie des obligations de
la communauté villageoise, dans le cadre de la protection de l‟environnement.
Ces 3 types d‟espace seront délimités provisoirement avec l‟aide des villageois.
Article 11 : Toute pénétration, tentative d‟exploitation des ressources (bois, crabes, poissons,
crevettes, miel, etc….) dans cette « zone rouge » seront formellement interdites. Toute
infraction à ce « dina » est passible des sanctions ci-après :
 Amende de 20 000 Ar (100 000 fmg)

Article 12 : Des règles et des restrictions seront appliquées à l‟exploitation des ressources des
mangroves.
Une autorisation préalable de coupe / exploitation (exceptée dans la zone rouge) où toute
exploitation interdite) sera exigée.
Des tours de contrôle et de surveillance seront organisés avec le fokonolona au niveau des
espaces « zone à protéger » et « zone d‟exploitation et de gestion collective ».
 Une participation à la coupe de 5 000 Ar pour les populations riveraines.

 Un droit de coupe de 200 Ar (1000 fmg) pour des gens extérieur à la communauté et non
membres de l’Association.

VIII
Article 13 : Toute personne allant à l‟encontre de ces règles est passible de :
- avertissement

- livraison à l‟autorité pénale, s‟il s‟agit de membre de l‟Association

- saisie des produits pris (bois, autres) jusqu‟au paiement du droit de 5 000Ar (25 000 fmg)

- plus une amende de 5000Ar (25 000fmg) en plus du droit à payer.

Article 14 : Chaque individu doit participer à une activité obligatoire de reboisement collectif
et aux entretiens et soins des plants, ainsi qu‟à la surveillance des espaces reboisés. Le non
participation à cette tâche est passible de sanction définie à l‟article 5.1 du statut de
l‟Association.
Article 15 : Le présent « Dina » intra-villageois serait passible de changement, de rectification
ou d‟amendement (amélioration) sur décision des 2/3 des membres à l‟Assemblée générale.

IX
BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES GENERAUX
Madagascar Action Plan, 2007- « Plan d‟Actions Madagascar 2007-2012 », 114p.
ONE, 1994.- Rapport sur l'état de l'environnement à Madagascar. ONE/INSTAT,
PNUD(UNDDSMS/MAG/91/007) Banque Mondiale (IDA/2125 MAG). 208p.
ONG « KILY BE », 2005. - Etude de terrain, filières et fiscalités dans la commune
deBeroboka, Tsimafana, Bemanonga et Belo -, 109 p.
RAZOLIAKO JACKIE FLORA, DRPAS Menabe Morondava, 2010, - TatitryNy Asa
Fitiliana- fokontanyKaday, KaomininaTsimafàna, DistrikaBelo/Tsiribihina, 9p.
République de Madagascar, 2006 "Madagascar Action Plan",programme 2007-2013, 111p.

OUVRAGES SPECIFIQUES
Mangroves
CLARAH Arison Julie Andriamalala, 2007, Mémoire Doctoral « Etudes écologique
pour la gestion des mangroves à Madagascar », 283p.
ILTIS J., 1998.- La mangrove à Madagascar, une richesse naturelle à ménager.
ORSTOM Actualités, 55p.
LEBIGRE J.M., 1984. - Problématique des recherches sur les marais maritimes
deMadagascar en vue de leur protection et de leur aménagement. Madagascar, Revue de
Géographie, 44p.
RANAIVOSON J., 1995 : Utilisation des bois de mangrove dans la ville de MORONDAVA.
Mémoire de DEA en Ecologie végétale. Faculté des sciences – Université d‟Antananarivo,
102p.
RATSIMBA L.H, 1993, Stratégies paysannes de l‟utilisation d‟un milieu deltaïque : exemple
de KADAY, Delta de la Tsiribihina, Mémoire CAPEN, 115 p.

MARP
AQUADEV et VIE, 2001- « Les méthodes participatives de diagnostic et de planification des
actions de développement ; Actes du séminaire international de Niamey(Niger),
Equipe AQUADEV, 1998- « Document de capitalisation sur la MARP et PIPO dans la région de
Louga, Sénégal », 75p.
CERCOOP, 2003-« Les méthodes participatives dans les projets de développement (1èrepartie) » -
Dossier II, Lettre n°13, Besançon, 85p.
X
Groupe URD, juillet 2002, « La méthode d‟analyse rapide et de planification
participative(MARP) », 30p.
MICHAEL B. VABI et TOGHO L. MUKONG, 2002- MARP « Projet de développement de la
foresterie communautaire », 106p.

Pêche et aquaculture
ANDRIANTSOA M. H. & RAZAFIMBELO H. (1994) Nouvelle enquête cadre du secteur
pêche dans la région de Morondava (entre Belo sur Tsiribihina et Belo sur Mer).
Antananarivo-Madagascar FAO 1994, MAG92/004-DO/05/95 17p.
CAISSE FRANCAISE DE DEVELOPPEMENT, COFREPECHE, IFREMER et
ORSTOM, 1994.- Etude sectorielle de la pêche et de l'aquaculture à
Madagascar. Rapport COFREPECHE. Version Provisoire Mars 94, 168p.
RANDRIAMIARISOA 1998.- Etude d'Impacts Environnementaux du projet decrevetticulture
de la société SOMAQUA. Etudes partielles sur les facteurs Biotiques, Abiotiques et socio-
économiques. BCPA/OCEAN CONSULTANT/SOMAQUA, 30p.

REVUES ET ARTICLES
COMMISSION SPAM, 2009, « Cadrage général du système des aires protégées de
Madagascar », Ministère de l‟Environnement, des Forêts et du Tourisme, 11p.
JUDITH LEWIS, “The Shrimp Factor: Did Disappearing Mangrove Forests Contribute to the
Tsunami‟s Severity?” LA Weekly, January 7–13, 2005, 02p.

WEBOGRAPHIE
www.durrell.org
http://www.laweekly.com/ink/05/07/news-lewis.php
www.louvaindev.org
www.madagascar-environnement.com
http://www.planet.org/(site très richement illustré consacré aux espèces disparues, vulnérables
et rares).
http://www.redlist.org/(site officiel de la liste rouge des espèces menacées établie par l‟Union
Mondiale pour la Nature(IUCN).
www.ramsar.org(site de la convention de Ramsar).
http://www.un.org/french/(site officiel des Nations unies).
www.wwf.org
XI

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