Chapitre 5 Variables Aléatoires: 5.1 Définitions Et Propriétés
Chapitre 5 Variables Aléatoires: 5.1 Définitions Et Propriétés
Chapitre 5 Variables Aléatoires: 5.1 Définitions Et Propriétés
Variables Aléatoires
On s’intéresse ici aux grandeurs dont la valeur est déterminée par le résultat d’une
expérience aléatoire, par exemple le gain d’un parieur dans un jeu de hasard, dépend
du déroulement aléatoire de la partie.
Notation. Les variables aléatoires sont traditionnellement notées par des lettres latines
majuscules de la fin de l’alphabet (R, S, ..., X, Y, Z) et leurs réalisations par des lettres
miniscules.
X −1 (] − ∞, x]) ∈ F ∀x ∈ R
Exemple 5.1.1.
• On lance 3 fois une pièce de monnaie. On s’intéresse à la grandeur X donnant le
nombre de piles.
On a par exemple : X({P, F, F }) = 1 et X({F, F, F }) = 0
• Nombre nécessaire de lancers d’une pièce de monnaie pour avoir le premier Pile
• Durée de vie d’une pièce produite.
1
2 CHAPITRE 5. VARIABLES ALÉATOIRES
Notation. Dans le but d’alléger les notations, on fait les conventions suivantes :
• [X = a] := {ω ∈ Ω / X(ω) = a}
• [a < X ≤ b] := {ω ∈ Ω / a < X(ω) ≤ b}
• [X ∈ I] := {ω ∈ Ω / X(ω) ∈ I}
• P(X = a) := P([X = a])
• P(a < X ≤ b) := P([a < X ≤ b])
• P(X ∈ B) := P([X ∈ B])
Avec ces notations, X v.a.r sur (Ω, F) signifie que [X ≤ x] ∈ F ∀x ∈ R
Théorème 5.1.1. — Soit X une variable aléatoire réelle sur (Ω, F) et soit g une
fonction continue de R dans R. Alors, goX est une variable aléatoire réelle sur Ω.
Preuve :
Admise
1
Exemple 5.1.2. Quand les opérations ont un sens, aX + b, X n , et ln(|X|) sont des
X
variables aléatoires réelles.
F (x) := P(X ≤ x)
Preuve :
P(a < X ≤ b) = P ([X ≤ b] − [X ≤ a]) = P ([X ≤ b]) − P ([X ≤ a]) = F (b) − F (a)
Preuve :
a) Admise.
b) Pour tout h > 0, on a :
c) Admise
Théorème 5.1.4. — Une fonction G définie sur R et vérifiant les trois propriétés du
Théorème 5.1.3 précédent, est la fonction de répartition d’une certaine variable aléatoire
réelle.
5.1. DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS 3
Preuve :
Admise
Exemple 5.1.3. Soit λ > 0 et considérons la fonction
{
0 si x < 0
G(x) =
1 − e−λx si x ≥ 0
C’est une fonction croissante, continue en tout point de R avec lim G(x) = 0 et
x→−∞
lim G(x) = 1. Donc, c’est la fonction de répartition d’une certaine variable aléatoire
x→+∞
X.
Théorème 5.1.5. — Si la fonction de répartition F d’une variable aléatoire X, est
continue sur R, alors P(X = a) = 0 pour tout a ∈ R. On dit que X ne charge pas les
points isolés.
Preuve :
On a pour tout a :
1 1
0 ≤ P(X = a) ≤ P(a − < X ≤ a) = F (a) − F (a − ) ∀n ∈ N
n n
En passant à la limite, on obtient :
( )
1
0 ≤ P(X = a) ≤ lim F (a) − F (a − ) = F (a) − F (a) = 0
n→+∞ n
D’où, P(X = a) = 0
Preuve :
– ∑
L’implication directe est évidente puisque pi est une probabilité et on a bien
pi = P(Ω) = 1
i∈I
– L’implication réciproque est admise
Remarque. La distribution discrète (xi , pi )i∈I peut être représentée graphiquement par
un diagramme appelé diagramme en bâtons, où dans un repère cartésien, on associe
à chaque xi un segment vertical dont la longueur est proportionnelle à pi .
Définition 5.1.5. — Une variable aléatoire discrète X est dite symétrique, si sa loi
(xi , pi )i∈I est symétrique, c’est-à-dire si pour toute valeur possibe xi , le nombre −xi est
aussi une valeur possible avec la même probabilité que xi .
Elle est dite symétrique par rapport à α ∈ R, si X − α est symétrique.
Preuve :
Facile à voir
Théorème 5.1.8. — Soit (xi , pi )i∈I une loi de probabilité discrète. Alors,
pi = F (xi ) − lim− F (x) ∀i ∈ I
x→xi
Ainsi, une distribution discrète est complétement définie par sa fonction de répartition.
Preuve :
Admise
Théorème 5.1.9. — Soit X une variable aléatoire réelle discrète de loi (xi , pi )i∈I .
Alors, ∑
F (x) = pi
i∈I:xi ≤x
5.1. DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS 5
Preuve : ( ) ∑ ∑
F (x) = P(X ≤ x) = P ⊎ [X = xi ] = P(X = xi ) = pi
i∈I:xi ≤x
i∈I:xi ≤x i∈I:xi ≤x
Preuve :
Admise
Remarque. F (x) est tout simplement l’aire située entre la courbe de f , l’axe des
abscisses et la verticale passant par le point d’abscisse x.
Définition 5.1.7. — Une variable aléatoire continue X est dite symétrique, si sa loi
est symétrique, c’est-à-dire si sa densité est paire.
Elle est dite symétrique par rapport à α ∈ R, si X − α est symétrique.
Théorème 5.1.12. — Soit X une variable aléatoire continue de densité f et de fonc-
tion de répartition F . Alors, on a : ∫ +∞
a) f est une fonction positive, intégrable telle que f (t)dt = 1.
−∞
∫ b
b) P(a < X < b) = f (t)dt.
a
∫Preuve
+∞
: ∫ x
a) f (t)dt = lim f (t)dt = lim F (x) = 1
−∞ x→+∞ −∞ x→+∞
∫ b ∫ a ∫ b
b) P(a < X < b) = F (b) − F (a) − P(X = b) = f (t)dt − f (t)dt − 0 = f (t)dt
−∞ −∞ a
Exemple 5.1.9.
( Soit) λ > 0. On a vu (cf. Exemple 5.1.3) que la fonction F définie
−λx
par F (x) = 1 − e .1R+ (x) est la fonction de répartition d’une certaine variable X.
Comme elle est continue sur R et dérivable sur R∗ , une densité de X est donnée par
.
Théorème 5.1.15. — (Formule de changement de variables)
Soit X une variable aléatoire de densité fX et soit y = g(x) une fonction dérivable
strictement monotone.
Alors, Y = g(X) est une variable aléatoire continue dont la densité fY est donnée par :
( ) d
fY (y) = fX g −1
(y) g (y)
−1
dy
Preuve :
Admise
1
Exemple 5.1.10. On a vu (cf. Exemple 5.1.7) que f (x) = .1[−1,1] (x) est une densité
2
de probabilité d’une variable aléatoire X.
Soit Y = 2X + 3 = g(X). Alors,
( )
y − 3 1 1 y−3 1 1
fY (y) = f2X+3 (y) = fX = .1[−1,1] ( ) = .1[1,5] (y)
2 2 2 2 2 4
Remarque. Diviser ou multiplier les valeurs d’une variable aléatoire par une constante
n’affecte pas la forme de la distribution de la variable aléatoire. Elle modifie toutefois
les paramètres de la loi.
5.2 Caractéristiques
On cherche ici à résumer le comportement d’une variable aléatoire par la donnée
d’une ou plusieurs valeurs numériques caractérisant au moins partiellement la loi étu-
diée.
∑
xi −2 −1 0 1 2
pi 1/5 1/6 1/5 1/15 11/30 1
xi .pi −2/5 −1/6 0 1/15 22/30 7/30
7
Donc, la moyenne de X est : E(X) =
30
Définition 5.2.2. — (Cas continu) Soit X une variable aléatoire réelle continue de
densité f . On appelle espérance ou moyenne de X, la quantité notée E(X) ou X et
définie par : ∫ +∞
E(X) := x.f (x)dx
−∞
Exemple 5.2.3. Soit X une variable aléatoire discrète prenant les valeurs 2n pour n ∈
1
N∗ avec pn = n . C’est bien une loi de probabilité puisque pn ≥ 0 pour tout n ∈ N∗ et
2
∑
+∞ ∑ 1
+∞ ∑ ∑
+∞ ∑
+∞
n 1
pn = n
= 1. Mais, |xn | .p n = 2 . = 1 = +∞.
n=1 n=1 2 n∈N∗ n=1 2n n=1
1 1
Exemple 5.2.4. Soit X une variable aléatoire continue de densité f (x) = .
π 1 + x2
1 1
de l’Exemple 5.1.8. On a : |x|f (x) ∼ . fonction de Riemann non intégrable au
+∞ π x
voisinage de l’infini. Donc, la moyenne de X n’existe pas.
Théorème 5.2.1. — Soit X une variable aléatoire réelle et soit g une fonction continue
de R vers R.
a) Si X est discrète de loi (xi , pi )i∈I , alors :
∑
E (g(X)) = g(xi ).pi (si elle existe)
i∈I
Preuve :
Admise
xi −2 −1 0 1 2
pi 1/5 1/6 1/5 1/15 11/30
• Par la définition
C’est-à-dire par la loi de X 2 (cf. Exemple 5.1.6). On a alors :
( ) 1 7 17 5
E X 2 = 0. + 1. + 4. =
5 30 30 2
• Par le théorème
C’est-à-dire par la loi de X. On a alors :
( ) 1 1 1 1 11 5
E X 2 = (−2)2 . + (−1)2 . + 0. + (1)2 . + (2)2 . =
5 6 5 15 30 2
Théorème 5.2.2. — Soient X et Y deux variables aléatoires réelles, a et b deux réels.
On a :
a) E(a) = a
b) E(aX + b) = aE(X) + b
c) E(aX + bY ) = aE(X) + bE(Y )
d) Si X ≥ 0 alors E(X) ≥ 0
e) E(X 2 ) = 0 ⇐⇒ X est dégénérée en 0
Preuve :
a) La variable constante égale à a a pour loi la liste constituée par le seul couple (a, 1)
et par suite sa moyenne est a.1 = 1
b) ∑ ∑ ∑
– Cas discret : E(aX + b) = (axi + b)pi = a xi pi + b pi = aE(X) + b.1
i∈I i∈I i∈I
∫ +∞ ∫ +∞ ∫ +∞
– Cas Continu : E(aX + b) = (ax + b)f (x)dx = a xf (x)dx+b f (x)dx
−∞ −∞ −∞
= aE(X) +b.1 = aE(X) + b
c) On se limite au cas discret.
Soient Ai = [X = xi ] et Bj = [Y = yj ]. Les ensembles Ai ∩ Bj forment lorsque i etj
varient, une partition de Ω et sur Ai ∩ Bj , aX + bY vaut axi + byj , donc
∑∑
E(aX + bY ) = (axi + byj )P(Ai ∩ Bj )
i∑j∑ ∑∑
= a xi P(Ai ∩ Bj ) + b yj P(Ai ∩ Bj )
∑
i j ∑ i j
= a xi P(Ai ) + b yj P(Bj )
i j
= aE(X) + bE(Y )
10 CHAPITRE 5. VARIABLES ALÉATOIRES
d) Evident, puisque c’est soit une somme de termes positifs soit une intégrale d’une
fonction positive.
∑
e) x2i pi = 0 ⇐⇒ ∀i ∈ I xi = 0 ou pi = 0 ⇐⇒ P(X = 0) = 1
i∈I
Définition 5.2.3. — Une variable aléatoire est dite centrée si son espérance est nulle.
C’est le cas de toute variable aléatoire symétrique.
Théorème 5.2.3. — Soit X une variable aléatoire ayant une moyenne. Alors la va-
riable aléatoire X − X est centrée.
Preuve :
Puisque X := E(X) est une constante, on a : E(X − X) = E(X) − X = 0
Preuve : ( )
a) (X − X)2 ≥ 0, donc E (X − X)2 ≥ 0
( )
b) E (X − X)2 = 0 ⇐⇒ (X − X) est dégénérée en 0
c) E(a) = a donc V ar(a) = E(a − a)2 = 0
( )2
d) V ar(aX + b) = E (aX + b) − aX + b = E(aX + b − aX − b)2 = a2 E(X − X)2
e) Découle directement de d) en passant à la racine carrée.
f ) On a pour tout c ̸= E(X),
([ ]2 )
V ar(X) = E (X − c) + (c − X)
( ) ( )
= E ((X − c)2 ) + 2E (X − c)(c − X) + E (c − X)2
= E ((X − c)2 ) − (c − X)2
< E ((X − c)2 )
Théorème 5.2.5. (de Koenig) — Soit X une variable aléatoire réelle. On a aussi,
V ar(X) = E(X 2 ) − (E(X))2
Preuve :
Il suffit de prendre c = 0 dans la preuve de f ) du Théorème 5.2.4 précédent
Exemple 5.2.7. On considère la variable aléatoire X de loi discrète de l’Exemple 5.1.4.
On a,
∑
xi −2 −1 0 1 2
pi 1/5 1/6 1/5 1/15 11/30 1
2
xi .pi 4/5 1/6 0 1/15 44/30 5/2
( )
5 5 7 2 2201
Donc, E(X ) = , et par suite, V ar(X) = −
2
=
2 2 30 900
Définition 5.2.6. — Une variable aléatoire est dite réduite si sa variance (ou son
écart-type) est égale à 1.
Théorème 5.2.6. — Soit X une variable aléatoire ayant une variance. Alors la variable
X
aléatoire est réduite.
σ(X)
Preuve : ( )
X 1
En effet, V ar = .V ar(X) = 1
σ(X) (σ(X))2
Définition 5.2.7. — On appelle variable aléatoire centée réduite associée à X, la
variable aléatoire notée ZX ou tout simplement Z et définie par :
X −X
ZX :=
σ(X)
Remarques.
• Notons que E(ZX ) = 0 et V ar(ZX ) = 1.
• ZX est une quantité sans dimension, d’où son utilité pour comparer des distribu-
tions différentes et pour construire des tables numériques.
12 CHAPITRE 5. VARIABLES ALÉATOIRES
5.2.3 Quantiles
Définition 5.2.8. — On appelle quantile d’ordre α ∈]0, 1[ de la variable aléatoire
réelle X, le nombre réel noté xα tel que :
En particulier :
1
– Le quantile d’ordre est appelé encore médiane
2
1 3
– Les quantiles d’ordre et sont encore appelés respectivement le premier et le
4 4
troisième quartiles.
Preuve :
{
′ P(X ≤ xα ) ≥ α
xα quantile d ordre α de X ⇐⇒
P(X < xα ) ≤ α
{
α ≤ F (x)
⇐⇒
F (x) ≤ α + P(X = xα )