Épreuve Orale Anticipée de Français: Liste Des Œuvres SESSION 2023

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ÉPREUVE ORALE ANTICIPÉE DE

FRANÇAIS :
LISTE DES ŒUVRES
SESSION 2023

Établissement : Lycée Albert Triboulet


Adresse : 61 avenue Gambetta
26102 Romans sur Isère

Voie générale Classe :

Nom du professeur de lettres de la classe : Mme MAROLLEAU


Nom et prénom du candidat :

Œuvre choisie par le candidat


pour la seconde partie de l’épreuve :

Auteur, titre, date, édition

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OBJET D'ETUDE : La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle

Œuvre intégrale : Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la


citoyenne.
Parcours associé : écrire et combattre pour l’égalité.

1ère partie de l’épreuve : explication linéaire et question de grammaire

Intitulé ou questionnement éventuel choisi pour l’étude :

Textes de l’œuvre Comment des artistes contestent-ils l’idée d’une infériorité intellectuelle et morale
intégrale des femmes ?

Edition à préciser 1- Dédicace à la reine (avec coupes) p.11 à 13.

Belin Gallimard, 2- Apostrophe intégrale et préambule jusqu’à « bonheur de tous » p.15 et 17 (l.14).
Classicolycée,
2021 3- Début du postambule jusqu’à « vous n’avez qu’à le vouloir » p.29-30 (l.117).

Intitulé ou questionnement éventuel choisi pour l’étude : id.

Textes du 1- Virginie Despentes, King Kong Théorie, Grasset, 2006 de « on entend
parcours associé aujourd’hui » à « l’assignement à la féminité » (avec coupes).

Edition à préciser 2- François Poullain de la Barre, De l’Egalité des deux sexes, 1673, de « Il n’y a
rien de plus délicat » à « chef d’une ambassade » (avec coupes), Gallimard, 2015.
(1e9 uniquement)
3- Voltaire, « Femmes, soyez soumises à vos maris », 1759-1768 de « Il fallait que
sa femme » à « l’origine de leur supériorité », Garnier, 1879. (1e7 uniquement)

2ème partie de l’épreuve : entretien

Emilienne Malfatto, Que sur toi se lamente le Tigre, Elyzad, 2020.


Lectures cursives

Lecture supplémentaire à partir de la bibliographie proposée (s’il y a lieu) :

Partie(s) du programme non traitée(s) pour cette session : aucune

Nom et signature du proviseur : Nom et signature du professeur :

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Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Belin, 2021.
Extrait n°1
A la Reine1
Madame,

1 Peu faite2 au langage que l’on tient aux Rois, je n’emploierai point l’adulation des courtisans
pour vous faire hommage de cette singulière production. Mon but, Madame, est de vous parler
franchement ; je n’ai pas attendu, pour m’exprimer ainsi, l’époque de la liberté : je me suis
montrée avec la même énergie dans un temps où l’aveuglement des despotes punissait une si
5 noble audace.
Lorsque tout l’Empire vous accusait et vous rendait responsable de ses calamités, moi seule,
dans un temps de trouble et d’orage, j’ai eu la force de prendre votre défense. Je n’ai jamais
pu me persuader qu’une princesse, élevée au sein des grandeurs, eût tous les vices de la
bassesse3. (…)
10 Qu’un plus noble emploi, Madame, vous caractérise, excite votre ambition, et fixe vos
regards. Il n’appartient qu’à celle que le hasard a élevée à une place éminente, de donner du
poids à l’essor des droits de la femme, et d’en accélérer les succès. Si vous étiez moins
instruite, Madame, je pourrais craindre que vos intérêts particuliers ne l’emportassent sur ceux
de votre sexe. Vous aimez la gloire : songez, Madame, que les plus grands crimes
15 s’immortalisent comme les plus grandes vertus ; mais quelle différence de célébrité dans les
fastes4 de l’histoire ! l’une est sans cesse prise pour exemple, et l’autre est éternellement
l’exécration du genre humain. (…)
Voilà, Madame, voilà par quels exploits vous devez vous signaler et employer votre crédit.
(…)
20 Voilà, Madame, voilà quels sont mes principes. En vous parlant de ma patrie, je perds de vue
le but de cette dédicace. C’est ainsi que tout bon citoyen sacrifie sa gloire, ses intérêts, quand
il n’a pour objet que ceux de son pays.

Je suis avec le plus profond respect, Madame, votre très humble et très obéissante servante,
Olympe de Gouges.

1
Marie-Antoinette (1755-1793), épouse de Louis XVI (1754-1793).
2
Faite : habituée.
3
Vices de la bassesse : défauts trahissant un manque de moralité ou de dignité.
4
Fastes : registres, annales contenant le récit d’événements illustres.

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Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Belin, 2021.
Extrait n°2

1 Homme, es-tu capable d’être juste ? C’est une femme qui t’en fait la question ; tu ne lui ôteras
pas du moins ce droit. Dis-moi ? qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ? ta
force ? tes talents ? Observe le créateur dans sa sagesse ; parcours la nature dans toute sa
grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l’oses, l’exemple de cet
5 empire tyrannique.
Remonte aux animaux, consulte les éléments, étudie les végétaux, jette enfin un coup d’œil
sur toutes les modifications de la matière organisée ; et rends-toi à l’évidence quand je t’en
offre les moyens ; cherche, fouille et distingue, si tu le peux, les sexes dans l’administration
de la nature. Partout tu les trouveras confondus, partout ils coopèrent avec un ensemble
10 harmonieux à ce chef-d’œuvre immortel.
L’homme seul s’est fagoté un principe de cette exception. Bizarre, aveugle, boursouflé de
sciences et dégénéré, dans ce siècle de lumières et de sagacité, dans l’ignorance la plus crasse,
il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles ; il
prétend jouir de la Révolution, et réclamer ses droits à l’égalité, pour ne rien dire de plus.

DÉCLARATION DES DROITS DE LA FEMME ET DE LA CITOYENNE,


À décréter par l’assemblée nationale dans ses dernières séances ou dans celle de la
prochaine législature.
Préambule.

1 Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation, demandent d’être constituées en
Assemblée nationale. Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme
sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, [elles] ont
résolu d’exposer dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de
5 la femme, afin que cette déclaration constamment présente à tous les membres du corps
social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des
femmes, et ceux du pouvoir des hommes pouvant être à chaque instant comparés avec le but
de toute institution politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des
citoyennes, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours
10 au maintien de la Constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous.

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Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Belin, 2021.
Extrait n°3

POSTAMBULE.

1 Femme, réveille-toi ; le tocsin5 de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnais tes
droits. Le puissant empire de la nature n’est plus environné de préjugés, de fanatisme, de
superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et
de l’usurpation. L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes
5 pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes !
femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez
recueillis dans la Révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain6 plus signalé. Dans les
siècles de corruption vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est
détruit ; que vous reste-t-il donc ? la conviction des injustices de l’homme. La réclamation de
10 votre patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature ; qu’auriez-vous à redouter pour
une si belle entreprise ? le bon mot du législateur des noces de Cana 7 ? Craignez-vous que nos
législateurs français, correcteurs de cette morale, longtemps accrochée aux branches de la
politique, mais qui n’est plus de saison, ne vous répètent : femmes, qu’y a-t-il de commun
entre vous et nous ? Tout, auriez-vous à répondre. S’ils s’obstinaient, dans leur faiblesse, à
15 mettre cette inconséquence en contradiction avec leurs principes ; opposez courageusement la
force de la raison aux vaines prétentions de supériorité ; réunissez-vous sous les étendards de
la philosophie ; déployez toute l’énergie de votre caractère, et vous verrez bientôt ces
orgueilleux, nos serviles adorateurs rampants à vos pieds, mais fiers de partager avec vous les
trésors de l’Être suprême. Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en votre
20 pouvoir de les affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir.

5
Tocsin : son de cloche destiné à donner l’alarme.
6
Dédain : indifférence, mépris.
7
Olympe de Gouges fait référence à un récit de la Bible, les noces de Cana, dans lequel Jésus demande à
Marie : « Qu’y a-t-il de commun entre toi et moi ? ». Pour les chrétiens, cet épisode établit un rapprochement
entre le sacrement du mariage, qui permet l’union de l’homme et de la femme, et l’acte de foi, qui unit les
croyants à leur Dieu. Olympe de Gouges souligne le fait que la morale chrétienne a longtemps imprégné la vie
politique et sociale française.

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Virginie Despentes, King Kong Théorie, Grasset, 2006
Texte associé n°1

1 On entend aujourd'hui des hommes se lamenter de ce que l'émancipation féministe les


dévirilise. Ils regrettent un état antérieur, quand leur force prenait racine dans l'oppression
féminine. Ils oublient que cet avantage politique qui leur était donné a toujours eu un coût :
les corps des femmes n'appartiennent aux hommes qu'en contrepartie de ce que les corps des
5 hommes appartiennent à la production, en temps de paix, à l'État, en temps de guerre. La
confiscation du corps des femmes se produit en même temps que la confiscation du corps des
hommes. Il n'y a de gagnants dans cette affaire que quelques dirigeants. (…)
Les hommes dénoncent avec virulence injustices sociales ou raciales, mais se montrent
indulgents et compréhensifs quand il s'agit de domination machiste. Ils sont nombreux à
10 vouloir expliquer que le combat féministe est annexe, un sport de riches, sans pertinence ni
urgence. Il faut être crétin, ou salement malhonnête, pour trouver une oppression
insupportable et juger l'autre pleine de poésie.
De la même manière, les femmes auraient intérêt à mieux penser les avantages de
l'accession des hommes à une paternité active, plutôt que profiter du pouvoir qu'on leur
15 confère politiquement, via l'exaltation de l'instinct maternel. Le regard du père sur l'enfant
constitue une révolution en puissance. Ils peuvent notamment signifier aux filles qu'elles ont
une existence propre, en dehors du marché de la séduction, qu'elles sont capables de force
physique, d'esprit d'entreprise et d'indépendance, et de les valoriser pour cette force, sans
crainte d'une punition immanente8. Ils peuvent signaler aux fils que la tradition machiste est
20 un piège, une sévère restriction des émotions, au service de l'armée et de l'État. Car la virilité
traditionnelle est une entreprise aussi mutilatrice que l'assignement à la féminité.

8
Immanent,e : qui est contenu dans la nature d’un être ; ou découle naturellement des actions commises, et
qui ne provient pas d’un principe ou d’un regard extérieur.

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François Poullain de la Barre, De l’Egalité des deux sexes, 1673
Texte modernisé par Martine Reid, édition Gallimard, 2015.
Texte associé n°2

1 Il n’y a rien de plus délicat que de s’expliquer sur les femmes. 9 Quand un homme parle
à leur avantage, l’on s’imagine aussitôt que c’est par galanterie ou par amour. (…) Nous
sommes remplis de préjugés, et il faut y renoncer absolument pour avoir des connaissances
claires et distinctes. (…)
5 Il est certain qu’un homme qui se mettrait en cet état d’indifférence et de
désintéressement10, reconnaîtrait d’une part que c’est le peu de lumière et la précipitation qui
font tenir que les femmes sont moins nobles et moins excellentes que nous. (…) Si cet homme
était Philosophe, il trouverait qu’il y a des raisons Physiques qui prouvent invinciblement que
les deux Sexes sont égaux pour le corps et pour l’esprit. (…)
10 Si l’on demande à chaque homme en particulier ce qu’il pense des femmes en général,
et qu’il le veuille avouer sincèrement ; il dira sans doute qu’elles ne sont faites que pour nous,
et qu’elles ne sont guères propres qu’à élever des enfants dans leur bas âge, et à prendre le
soin du ménage. Peut-être que les plus spirituels ajouteraient qu’il y a beaucoup de femmes
qui ont de l’esprit et de la conduite ; mais que si l’on examine de près celles qui en ont le plus,
15 on y trouvera toujours quelque chose qui sent leur Sexe : qu’elles n’ont ni fermeté ni arrêt, ni
le fond d’esprit qu’ils croient reconnaître dans le leur, et c’est un effet de la Providence divine
et de la sagesse des hommes, de leur avoir fermé l’entrée des sciences, du gouvernement, et
des emplois ; que ce serait une chose plaisante 11 de voir une femme enseigner dans une chaire,
l’éloquence ou la médecine en qualité de professeur ; marcher par les rues, suivie de
20 commissaires, de sergents, pour y mettre la police ; haranguer devant les juges en qualité
d’avocat ; être assise sur un tribunal pour y rendre justice, à la tête d’un Parlement ; conduire
une armée, livrer une bataille et parler devant les Républiques ou les Princes comme chef
d’une ambassade.

9
Début de la Préface de l’œuvre visant à présenter le plan et le contenu de ce discours, p.15.
10
Première partie démontrant que l’opinion répandue est un préjugé ; p.10.
11
Chose plaisante : quelque chose d’amusant ou de drôle, un peu comme le carnaval. Il explique cet
amusement, par le manque d’habitude : « J’avoue que cet usage nous surprendrait, mais ce ne serait que par la
raison de la nouveauté. Si en formant les états et en établissant les différents emplois qui les composent, on y
avait aussi appelé les femmes, nous serions accoutumés à les y voir, comme elles le sont à notre égard. Et nous
ne trouverions pas plus étrange de les y voir sur les fleurs de lys, que dans les boutiques. Si on pousse un peu
les gens, on trouvera que leurs plus fortes raisons se réduisent à dire que les choses ont toujours été comme
elles sont, à l’égard des femmes, ce qui est une marque qu’elles doivent être de la sorte et que si elles avaient
été capables des sciences et des emplois, les hommes les auraient admises avec eux. »

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Voltaire, « Femmes, soyez soumises à vos maris », 1759-1768
Extrait de Œuvres complètes de Voltaire, Garnier, 1879, tome 26, p.564-565.
Texte associé n°3

1 — Il fallait que sa femme12 fût une bien bonne créature : si j’avais été la femme d’un
pareil homme, je lui aurais fait voir du pays. Soyez soumises à vos maris ! Encore s’il s’était
contenté de dire : Soyez douces, complaisantes, attentives, économes, je dirais : Voilà un
homme qui sait vivre ; et pourquoi soumises, s’il vous plaît ? Quand j’épousai M. de Grancey,
5 nous nous promîmes d’être fidèles : je n’ai pas trop gardé ma parole, ni lui la sienne ; mais ni
lui ni moi ne promîmes d’obéir. Sommes-nous donc des esclaves ? N’est-ce pas assez qu’un
homme, après m’avoir épousée, ait le droit de me donner une maladie de neuf mois, qui
quelquefois est mortelle ? N’est-ce pas assez que je mette au jour avec de très grandes
douleurs un enfant qui pourra me plaider quand il sera majeur ? Ne suffit-il pas que je sois
10 sujette tous les mois à des incommodités très désagréables pour une femme de qualité, et que,
pour comble, la suppression d’une de ces douze maladies par an soit capable de me donner la
mort sans qu’on vienne me dire encore : Obéissez ?
Certainement la nature ne l’a pas dit ; elle nous a fait des organes différents de ceux des
hommes ; mais en nous rendant nécessaires les uns aux autres, elle n’a pas prétendu que
15 l’union formât un esclavage. Je me souviens bien que Molière a dit :

Du côté de la barbe est la toute-puissance.13

Mais voilà une plaisante raison pour que j’aie un maître ! Quoi ! Parce qu’un homme a le
20 menton couvert d’un vilain poil rude, qu’il est obligé de tondre de fort près, et que mon
menton est né rasé, il faudra que je lui obéisse très humblement ? Je sais bien qu’en général
les hommes ont les muscles plus forts que les nôtres, et qu’ils peuvent donner un coup de
poing mieux appliqué : j’ai peur que ce ne soit là l’origine de leur supériorité.

12
La maréchale parle ici de la femme de saint Paul, auteur des Epîtres de saint Paul, ensemble de lettres, dans
lesquelles elle a trouvé la citation critiquée (Epître aux Ephésiens, v, 22 : Que les femmes soient soumises à
leurs maris).
13
Molière, Ecole des femmes, acte III, scène 2.

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OBJET D'ETUDE : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle

Œuvre intégrale : Guillaume Apollinaire, Alcools.


Parcours associé : modernité poétique ?

1ère partie de l’épreuve : explication linéaire et question de grammaire

Intitulé ou questionnement éventuel choisi pour l’étude :

Textes de l’œuvre Comment les artistes et poètes utilisent-ils les mots pour créer des arts nouveaux
intégrale ou célébrer la modernité ?

Edition à préciser 1- « Zone », v.1 à 24 p.11-12 de « A la fin tu es las » à « avenue des Ternes ».

Belin Gallimard, 2- « Le Larron », v.1 à 28 p.91-92 de « Maraudeur » à « les figues étaient
Classicolycée, fendues ».
2020
3- « Nuit Rhénane », intégral, p.123.

Intitulé ou questionnement éventuel choisi pour l’étude : id.

Textes du
parcours associé
1- Charles Baudelaire, «  Perte d’auréole », intégral, Petits poèmes en prose,
Edition à préciser édition Bibebook, 2016, p.106-107.
2- Blaise Cendrars, « Ville-champignon », poème intégral, Du monde entier au
cœur du monde, Gallimard, 2006.

2ème partie de l’épreuve : entretien

Victor Hugo, Pauca Meae, Magnard, 2015.


Lectures cursives

Lecture supplémentaire à partir de la bibliographie proposée (s’il y a lieu) :

Partie(s) du programme non traitée(s) pour cette session : aucune

Nom et signature du proviseur : Nom et signature du professeur :

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Apollinaire, Alcools, « Zone14 », vers 1 à 24, Belin, 2020.
Extrait n°1

1 À la fin tu es las de ce monde ancien

Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin

Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine

Ici même les automobiles ont l'air d'être anciennes


5
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation15

Seul en Europe tu n'es pas antique ô Christianisme


L'Européen le plus moderne c'est vous Pape Pie X16
10 Et toi que les fenêtres observent la honte te retient
D'entrer dans une église et de t'y confesser ce matin
Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut
Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
Il y a les livraisons à vingt-cinq centimes pleines d'aventures policières
Portraits des grands hommes et mille titres divers
15
J'ai vu ce matin une jolie rue dont j'ai oublié le nom
Neuve et propre du soleil elle était le clairon
Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes17
20 Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent
Le matin par trois fois la sirène y gémit
Une cloche rageuse y aboie vers midi
Les inscriptions des enseignes et des murailles
Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent
J'aime la grâce de cette rue industrielle
Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l'avenue des Ternes18

14
Zone : banlieue pauvre et mal aménagée d’une ville.
15
Port-Aviation : aérodrome situé à Juvisy-sur-Orge, où a eu lieu, en 1911, le départ de la course Paris-Rome.
16
Pie X : pape de 1903 à 1914. Bien qu’il ait refusé toute adaptation de la religion au monde moderne, il a
donné sa bénédiction en 1911 à l’aviateur Beaumont, vainqueur de la course Paris-Rome.
17
Sténo-dactylographes : employées qui prennent des notes de manière rapide et abrégée.
18
17e arrondissement, nord-ouest de Paris, près de la porte de Champerret.

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Apollinaire, Alcools, « Le Larron », vers 1 à 28, Belin, 2020.
Extrait n°2
CHŒUR
1 Maraudeur étranger malheureux malhabile
Voleur voleur que ne demandais-tu ces fruits
Mais puisque tu as faim que tu es en exil
Il pleure il est barbare et bon pardonnez-lui

LARRON
5
Je confesse le vol des fruits doux des fruits mûrs
Mais ce n’est pas l’exil que je viens simuler
Et sachez que j’attends de moyennes tortures
Injustes si je rends tout ce que j’ai volé

VIEILLARD
10 Issu de l’écume des mers comme Aphrodite
Sois docile puisque tu es beau Naufragé
Vois les sages te font des gestes socratiques
Vous parlerez d’amour quand il aura mangé

CHŒUR
Maraudeur étranger malhabile et malade
15 Ton père fut un sphinx et ta mère une nuit
Qui charma de lueurs Zacinthe et les Cyclades
As-tu feint d’avoir faim quand tu volas les fruits

LARRON
Possesseurs de fruits mûrs que dirai-je aux insultes
20
Ouïr ta voix ligure en nénie19 ô maman
Puisqu’ils n’eurent enfin la pubère et l’adulte
De prétexte sinon de s’aimer nuitamment

Il y avait des fruits tout ronds comme des âmes


Et des amandes de pomme de pin jonchaient
25 Votre jardin matin où j’ai laissé mes rames
Et mon couteau punique au pied de ce pêcher

Les citrons couleur d’huile et à saveur d’eau froide


Pendaient parmi les fleurs des citronniers tordus
Les oiseaux de leur bec ont blessé vos grenades
Et presque toutes les figues étaient fendues

L’ACTEUR
19
Nénie : chant funèbre exécuté à Rome par des pleureuses professionnelles.

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Apollinaire, Alcools, « Nuit rhénane », Belin, 2020.
Extrait n°3

1 Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme
Écoutez la chanson lente d’un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes20
Tordre leurs cheveux verts21 et longs jusqu’à leurs pieds

5 Debout chantez plus haut en dansant une ronde


Que je n’entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées

Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent


10
Tout l’or des nuits tombe en tremblant s’y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir22
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l’été

Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire

20
Référence à la légende germanique des ondines du Rhin.
21
La couleur verte est attribuée par les Latins aux divinités des mers et des fleuves, naïades, ondines, océanides
etc.
22
Râle-mourir : mot composé inventé par Apollinaire à partir de râle (bruit d’agonie ou de jouissance) et de
mourir.

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Charles Baudelaire, «  Perte d’auréole », poème intégral, Le Spleen de Paris, Petits
poèmes en prose, (publié à titre posthume en 1869), édition Bibebook, 2016.
Texte associé n°1

XLVI

PERTE D’AURÉOLE

1 « Eh ! quoi ! vous ici, mon cher ? Vous, dans un mauvais lieu ! vous, le buveur de
quintessences ! vous, le mangeur d’ambroisie ! En vérité, il y a là de quoi me
surprendre.

— Mon cher, vous connaissez ma terreur des chevaux et des voitures. Tout à l’heure,
5 comme je traversais le boulevard, en grande hâte, et que je sautillais dans la boue, à
travers ce chaos mouvant où la mort arrive au galop de tous les côtés à la fois, mon
auréole, dans un mouvement brusque, a glissé de ma tête dans la fange du macadam.
Je n’ai pas eu le courage de la ramasser. J’ai jugé moins désagréable de perdre mes
insignes que de me faire rompre les os. Et puis, me suis-je dit, à quelque chose
10
malheur est bon. Je puis maintenant me promener incognito, faire des actions basses,
et me livrer à la crapule, comme les simples mortels. Et me voici, tout semblable à
vous, comme vous voyez !

— Vous devriez au moins faire afficher cette auréole, ou la faire réclamer par le
commissaire.
15
— Ma foi ! non. Je me trouve bien ici. Vous seul, vous m’avez reconnu. D’ailleurs
la dignité m’ennuie. Ensuite je pense avec joie que quelque mauvais poëte la
ramassera et s’en coiffera impudemment. Faire un heureux, quelle jouissance ! et
surtout un heureux qui me fera rire ! Pensez à X, ou à Z ! Hein ! comme ce sera
drôle ! »

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Blaise Cendrars, « Ville-champignon », poème intégral, Du monde entier au cœur du
monde, Gallimard, 2006, édition originale Denoël, 1958.
Texte associé n°2

1 Vers la fin de l'année 1911 un groupe de financiers yankees 23 décide la


fondation d'une ville en plein Far-West au pied des Montagnes Rocheuses
Un mois ne s'est pas écoulé que la nouvelle cité encore sans aucune
maison est déjà reliée par trois lignes au réseau ferré de l'Union24
5 Les travailleurs accourent de toutes parts
Dès le deuxième mois trois églises sont édifiées et cinq théâtres en pleine
exploitation
Autour d'une place où subsistent quelques beaux arbres une forêt de
poutres métalliques bruit nuit et jour de la cadence des marteaux
10
Treuils
Halètement des machines
Les carcasses d'acier des maisons de trente étages commencent à s'aligner
Des parois de briques souvent de simples plaques d'aluminium bouchent
15 les interstices de la charpente de fer
On coule en quelques heures des édifices en béton armé selon le procédé
Edison
Par une sorte de superstition on ne sait comment baptiser la ville et un
concours est ouvert avec une tombola et des prix par le plus grand journal de la
ville qui cherche également un nom.

23
Yankees : américains, terme familier.
24
L’Union : compagnie de trains exploitant la voie ferroviaire du Transcontinental, construite au XIXe siècle
pour traverser les Etats-Unis d’est en ouest.

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OBJET D'ETUDE : Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle

Œuvre intégrale : Molière, La Malade Imaginaire.


Parcours associé : spectacle et comédie.

1ère partie de l’épreuve : explication linéaire et question de grammaire

Intitulé ou questionnement éventuel choisi pour l’étude :

Textes de l’œuvre Comment Molière propose-t-il une comédie consciente d’elle-même où le théâtre
intégrale se présente comme le lieu thérapeutique où soigner la maladie ?

Edition à préciser 1- Acte III, scène 3 de « Ce que j’en dis » (l.1749) à « vous me donneriez mon
mal » (l.1786) p.126-127.
Flammarion,
étonnants 2- Acte III, scène 5 de « Voilà une hardiesse » (l.1835) à « où vous aura conduit
classiques, 2020 votre folie » (l.1904 – fin de la scène) p.130 à 132.

3- Acte III, scène 10 de « Donnez-moi votre pouls » (l.2021) à « ne se porte pas si
bien » (l.2102-2103) p.138 à 141 (avec coupes).

Intitulé ou questionnement éventuel choisi pour l’étude :

Textes du Comment Jules Romain dénonce-t-il les dérives totalitaires de certaines idéologies
parcours associé en détournant la tradition de la satire médicale ?

Edition à préciser

1- Jules Romain, Knock ou le Triomphe de la médecine, 1923, acte III, scène 6, de


« vous allez dire » à « pénétrer à la fois » (avec coupes), Folio, 2002.

2ème partie de l’épreuve : entretien

Eugène Ionesco, Rhinocéros, 1959, édition libre.


Lectures cursives

Lecture supplémentaire à partir de la bibliographie proposée (s’il y a lieu) :

Partie(s) du programme non traitée(s) pour cette session : aucune

Nom et signature du proviseur : Nom et signature du professeur :

Page 15 sur 24
Molière, Le Malade Imaginaire, 1673.
Extrait n°1

ACTE III, SCÈNE 3.


ARGAN, BÉRALDE.

(…)
1 BÉRALDE.— Ce que j'en dis n'est qu'entre nous, et j'aurais souhaité de pouvoir un peu vous tirer de
l'erreur où vous êtes, et, pour vous divertir, vous mener voir sur ce chapitre 25 quelqu'une des comédies
de Molière.

ARGAN.— C'est un bon impertinent que votre Molière avec ses comédies, et je le trouve bien
5 plaisant d'aller jouer26 d'honnêtes gens comme les médecins.

BÉRALDE.— Ce ne sont point les médecins qu'il joue, mais le ridicule de la médecine.

ARGAN.— C'est bien à lui à faire de se mêler de contrôler la médecine ; voilà un bon nigaud, un
bon impertinent, de se moquer des consultations et des ordonnances, de s'attaquer au corps des
médecins, et d'aller mettre sur son théâtre des personnes vénérables comme ces
10 messieurs-là.

BÉRALDE.— Que voulez-vous qu'il y mette que les diverses professions des hommes ? On y
met bien tous les jours les princes et les rois, qui sont d'aussi bonne maison que les médecins.

ARGAN.— Par la mort non de diable ! si j'étais que des médecins, je me vengerais de son
impertinence ; et quand il sera malade, je le laisserais mourir sans secours. Il aurait beau faire et
15 beau dire, je ne lui ordonnerais pas la moindre petite saignée, le moindre petit lavement, et je lui
dirais : « Crève, crève ! cela t'apprendra une autre fois à te jouer à 27 la Faculté».

BÉRALDE.— Vous voilà bien en colère contre lui.

ARGAN.— Oui, c'est un malavisé, et si les médecins sont sages, ils feront ce que je dis.

BÉRALDE.— Il sera encore plus sage que vos médecins, car il ne leur demandera point de
20 secours.

ARGAN.— Tant pis pour lui s'il n'a point recours aux remèdes.

BÉRALDE.— Il a ses raisons pour n'en point vouloir, et il soutient que cela n'est permis qu'aux
gens vigoureux et robustes, et qui ont des forces de reste pour porter les remèdes avec la
25 maladie ; mais que, pour lui, il n'a justement de la force que pour porter son mal.

ARGAN.— Les sottes raisons que voilà ! Tenez, mon frère, ne parlons point de cet homme-là
davantage, car cela m'échauffe la bile, et vous me donneriez mon mal.

Conformément au BO spécial du 30 juillet 2020 et la note de service du 28 Septembre 2020, cet extrait
correspond à vingt lignes de texte suivi.

Molière, Le Malade Imaginaire, 1673. Extrait n°2


40
25
Sur ce chapitre : sur ce sujet.
26
Jouer : ici, se moquer.
27
Te jouer à : t’attaquer à.

Page 16 sur 24
45
ACTE III, SCÈNE 5. ARGAN : Ce n'est pas ma faute.
MONSIEUR PURGON, ARGAN, BÉRALDE, M. PURGON : Puisque vous vous êtes soustrait de
TOINETTE. l'obéissance que l'on doit à son médecin.
TOINETTE : Cela crie vengeance.
1 M. PURGON : Voilà une hardiesse bien grande, une étrange M. PURGON : Puisque vous vous êtes déclaré rebelle
rébellion d'un malade contre son médecin. aux remèdes que je vous ordonnais...
TOINETTE : Cela est épouvantable. ARGAN : Hé ! point du tout.
M. PURGON : Un clystère que j'avais pris plaisir à composer M. PURGON : J'ai à vous dire que je vous abandonne à
5 moi-même. votre mauvaise constitution, à l'intempérie de vos
entrailles, à la corruption de votre sang, à l'âcreté de votre
ARGAN : Ce n'est pas moi... bile, et à la féculence de vos humeurs29.
M. PURGON : Inventé et formé dans toutes les règles de l'art. TOINETTE : C'est fort bien fait.
TOINETTE : Il a tort. ARGAN : Mon Dieu!
M. PURGON : Et qui devait faire dans des entrailles un effet M. PURGON : Et je veux qu'avant qu'il soit quatre jours
10 merveilleux… vous deveniez dans un état incurable.
ARGAN : Mon frère? ARGAN : Ah! miséricorde !

M. PURGON : Le renvoyer avec mépris ! M. PURGON : Que vous tombiez dans la bradypepsie30.

ARGAN : C'est lui... ARGAN : Monsieur Purgon !

M. PURGON : C'est une action exorbitante . 28 M. PURGON : De la bradypepsie dans la dyspepsie31.


15 ARGAN : Monsieur Purgon !
TOINETTE : Cela est vrai.
M. PURGON : Un attentat énorme contre la médecine. M. PURGON : De la dyspepsie dans l'apepsie32.

ARGAN : Il est cause... ARGAN : Monsieur Purgon !

M. PURGON : Un crime de lèse-Faculté, qui ne se peut assez M. PURGON : De l'apepsie dans la lienterie33.
punir. ARGAN : Monsieur Purgon !
20 TOINETTE : Vous avez raison.
M. PURGON : De la lienterie dans la dysenterie34.
M. PURGON : Je vous déclare que je romps commerce avec ARGAN : Monsieur Purgon !
vous.
M. PURGON : De la dysenterie dans l'hydropisie35.
ARGAN : C'est mon frère...
ARGAN : Monsieur Purgon !
M. PURGON : Que je ne veux plus d'alliance avec vous.
25 M. PURGON : Et de l'hydropisie dans la privation de la
TOINETTE : Vous ferez bien.
vie, où vous aura conduit votre folie.
M. PURGON : Et que, pour finir toute liaison avec vous,
voilà la donation que je faisais à mon neveu, en faveur du
mariage.
ARGAN : C'est mon frère qui a fait tout le mal.
30 Conformément au BO spécial du 30 juillet 2020 et
M. PURGON : Mépriser mon clystère !
la note de service du 28 Septembre 2020, cet extrait
ARGAN : Faites-le venir, je m'en vais le prendre. correspond à vingt lignes de texte suivi.
M. PURGON : Je vous aurais tiré d'affaire avant qu'il fût
peu.
TOINETTE : Il ne le mérite pas.
35
M. PURGON : J'allais nettoyer votre corps, et en évacuer
entièrement les mauvaises humeurs.
ARGAN : Ah, mon frère!
29
Déséquilibre des humeurs dans les entrailles cf. théorie des humeurs.
M. PURGON : Et je ne voulais plus qu'une douzaine de 30
Digestion lente et difficile.
médecines, pour vider le fond du sac. 31
Difficulté à digérer.
TOINETTE : Il est indigne de vos soins. 32
Mauvaise digestion, défaut de digestion.
33
M. PURGON : Mais puisque vous n'avez pas voulu Espèce de diarrhée d’aliments non digérés intégralement.
guérir par mes mains. 34
Maladie infectieuse provoquant de graves diarrhées mêlées de sang, de pus et de
mucus.
28 35
Contraire au droit et à la justice. Ou ascite, épanchement de liquide dans l’abdomen.

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Molière, Le Malade Imaginaire, 1673.
35 ARGAN.— Il m'ordonne du potage.
Extrait n°3
TOINETTE.— Ignorant.
ACTE III, SCÈNE 10 (extraits).
TOINETTE, en médecin, ARGAN, ARGAN.— De la volaille.
BÉRALDE.
TOINETTE.— Ignorant.
1 TOINETTE, en médecin.— Donnez-moi votre
pouls. Allons donc, que l'on batte comme il faut. ARGAN.— Du veau.
Ahy, je vous ferai bien aller comme vous devez.
Hoy, ce pouls-là fait l'impertinent : je vois bien que 40 TOINETTE.— Ignorant.
5 vous ne me connaissez pas encore. Qui est votre
médecin? ARGAN.— Des bouillons.

ARGAN.— Monsieur Purgon. TOINETTE.— Ignorant.

TOINETTE.— Cet homme-là n'est point écrit sur ARGAN.— Des œufs frais.
mes tablettes entre les grands médecins. De
10 quoi dit-il que vous êtes malade? TOINETTE.— Ignorant.
45
ARGAN.— Il dit que c'est du foie, et d'autres disent ARGAN.— Et le soir de petits pruneaux pour
que c'est de la rate. lâcher le ventre.

TOINETTE.— Ce sont tous des ignorants : c'est du TOINETTE.— Ignorant.


poumon que vous êtes malade.
ARGAN.— Et surtout de boire mon vin fort
15 ARGAN.— Du poumon ? trempé.
50
TOINETTE.— Oui. Que sentez-vous ? TOINETTE.— Ignorantus, ignoranta, ignorantum.
Il faut boire votre vin pur ; et pour épaissir votre
ARGAN.— Je sens de temps en temps des douleurs sang qui est trop subtil, il faut manger de bon gros
de tête. bœuf, de bon gros porc, de bon fromage de
55 Hollande, du gruau36 et du riz, et des marrons et des
TOINETTE.— Justement, le poumon. oublies37, pour coller et conglutiner. Votre
médecin est une bête. (…)
20 ARGAN.— Il me semble parfois que j'ai un voile
devant les yeux. BÉRALDE.— Voilà un médecin vraiment qui
paraît fort habile.
TOINETTE.— Le poumon.
ARGAN.— Oui, mais il va un peu bien vite.
ARGAN.— J'ai quelquefois des maux de cœur. 60
BÉRALDE.— Tous les grands médecins sont
TOINETTE.— Le poumon. comme cela.

25 ARGAN.— Je sens parfois des lassitudes par tous ARGAN.— Me couper un bras, et me crever un
les membres. œil, afin que l'autre se porte mieux ? J'aime bien
mieux qu'il ne se porte pas si bien.
TOINETTE.— Le poumon. (…) Il vous prend un
petit sommeil après le repas et vous êtes bien aise
de dormir ?
Conformément au BO spécial du 30 juillet
30 ARGAN.— Oui, Monsieur. 2020 et la note de service du 28 Septembre
2020, cet extrait correspond à vingt lignes de
TOINETTE.— Le poumon, le poumon, vous dis-je.
Que vous ordonne votre médecin pour votre texte suivi.
nourriture?
36
Gruau : bouillie de farine d’avoine.
37
Oublies : pâtisseries.

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Jules Romain, Knock ou le Triomphe de la médecine, 1923, Folio, 2002.
Texte associé n°1
ACTE III, SCÈNE 6.
PARPALAID, KNOCK.

1 LE DOCTEUR: - Vous allez dire que je donne dans le rigorisme, que je coupe les cheveux en quatre.
Mais, est-ce que, dans votre méthode, l'intérêt du malade n'est pas un peu subordonné à l'intérêt du
médecin ?

KNOCK: - Docteur Parpalaid, vous oubliez qu'il y a un intérêt supérieur à ces deux-là.

5 LE DOCTEUR: - Lequel ?

KNOCK: - Celui de la médecine. C'est le seul dont je me préoccupe.

Silence. Parpalaid médite.

LE DOCTEUR: - Oui, oui, oui.

À partir de ce moment jusqu'à la fin de la pièce, l'éclairage de la scène prend peu à peu les
10 caractères de la Lumière Médicale qui, comme on le sait, est plus riche en rayons verts et violets que
la simple Lumière Terrestre.

KNOCK: - Vous me donnez un canton peuplé de quelques milliers d'individus neutres, indéterminés.
Mon rôle, c'est de les déterminer, de les amener à l'existence médicale. Je les mets au lit, et je regarde
ce qui va pouvoir en sortir ; un tuberculeux, un névropathe, un artérioscléreux, ce qu'on voudra, mais
15 quelqu'un, bon Dieu! quelqu'un. Rien ne m'agace comme cet être mi-chair mi-poisson que vous
appelez un homme bien portant38.

LE DOCTEUR: - Vous ne pouvez cependant pas mettre tout un canton au lit !

KNOCK: - (…) La vérité c’est que nous manquons tous d’audace, que personne, pas même moi,
n’osera aller jusqu’au bout et mettre toute une population au lit, pour voir, pour voir ! Mais soit ! Je
20 vous accorderai qu’il faut des gens bien portants, ne serait-ce que pour soigner les autres, ou former, à
l’arrière des malades en activité, une espèce de réserve. Ce que je n’aime pas, c’est que la santé prenne
des airs de provocation, car alors vous avouerez que c’est excessif. Nous fermons les yeux sur un
certain nombre de cas, nous laissons à un certain nombre de gens leur masque de prospérité. Mais s’ils
viennent ensuite se pavaner devant nous et nous faire la nique, je me fâche. (…)

25 LE DOCTEUR : - Vous ne pensez qu’à la médecine… Mais le reste ? Ne craignez vous pas qu’en
généralisant l’application de vos méthodes, on n’amène un certain ralentissement des autres activités
sociales dont plusieurs sont, malgré tout, intéressantes ?

KNOCK : - Ca ne me regarde pas. Moi, je fais de la médecine. (…) Songez que, pour tout ce monde,
leur39 premier office est de rappeler mes prescriptions; qu'elles 40 sont la voix de mes ordonnances.
30 Songez que, dans quelques instants, il va sonner dix heures, que pour tous mes malades, dix heures,
c'est la deuxième prise de température rectale, et que, dans quelques instants deux cent cinquante
thermomètres vont pénétrer à la fois...
Conformément au BO spécial du 30 juillet 2020 et la note de service du 28 Septembre 2020, cet extrait comprend vingt lignes de texte suivi.

38
La thèse du docteur Knock s’intitule Sur les prétendus états de santé avec une épigraphe qu’il attribue à Claude Bernard
« Les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent ».
39
Knock parle des cloches de l’église qui sonnent les heures.
40
Ici, les cloches.

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OBJET D'ETUDE : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle

Œuvre intégrale : Honoré de Balzac, La peau de chagrin.


Parcours associé : roman de l’énergie ; création et destruction.

1ère partie de l’épreuve : explication linéaire et question de grammaire

Intitulé ou questionnement éventuel choisi pour l’étude :

Textes de l’œuvre Comment Balzac parvient-il à faire la critique d’une société destructrice des artistes
intégrale créateurs à travers un roman hybride ?

Edition à préciser 1- incipit, de « Vers la fin du mois d’octobre » à « un costume de joueur » p.13-14.

Nathan, 2022 2- De « Planchette glissa » à « donner un jour de plus » p.232-233 (avec coupe).

3- excipit, de « Un cri terrible » à « ne l’avais-je pas prédit ? » p.280.

Intitulé ou questionnement éventuel choisi pour l’étude :

Textes du Comment Mary Shelley utilise-t-elle la sensibilité romantique pour rendre le plaisir
parcours associé créateur et le pouvoir démiurgique d’une « âme sacrilège », entre science et
miracle ?
Edition à préciser

1- Marie Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne, Flammarion, 2016


(1818), de « Je m’arrêtais » à « entre mes mains ».

2ème partie de l’épreuve : entretien

Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray, 1890, édition libre.


Lectures cursives

Lecture supplémentaire à partir de la bibliographie proposée (s’il y a lieu) :

Partie(s) du programme non traitée(s) pour cette session : aucune

Nom et signature du proviseur : Nom et signature du professeur :

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Honoré de Balzac, La Peau de chagrin, Nathan, 2022 (1831).
Extrait n°1

Début du Chapitre 1 : Le talisman41

1 Vers la fin du mois d’octobre dernier, un jeune homme entra dans le Palais-Royal au
moment où les maisons de jeu s’ouvraient, conformément à la loi qui protège une passion
essentiellement imposable. Sans trop hésiter, il monta l’escalier du tripot 42 désigné sous le
nom de numéro 36.
5 — Monsieur, votre chapeau, s’il vous plaît ? lui cria d’une voix sèche et grondeuse un
petit vieillard blême accroupi dans l’ombre, protégé par une barricade, et qui se leva soudain
en montrant une figure moulée sur un type ignoble.
Quand vous entrez dans une maison de jeu, la loi commence par vous dépouiller de
votre chapeau. Est-ce une parabole évangélique et providentielle ? N’est-ce pas plutôt une
10 manière de conclure un contrat infernal avec vous en exigeant je ne sais quel gage ? Serait-
ce pour vous obliger à garder un maintien respectueux devant ceux qui vont gagner votre
argent ? Est-ce la police tapie dans tous les égouts sociaux qui tient à savoir le nom de votre
chapelier ou le vôtre, si vous l’avez inscrit sur la coiffe ? Est-ce enfin pour prendre la
mesure de votre crâne et dresser une statistique instructive sur la capacité cérébrale des
15 joueurs ? Sur ce point l’administration garde un silence complet. Mais, sachez-le bien, à
peine avez-vous fait un pas vers le tapis vert, déjà votre chapeau ne vous appartient pas plus
que vous ne vous appartenez à vous-même : vous êtes au jeu, vous, votre fortune, votre
coiffe, votre canne et votre manteau. À votre sortie, le Jeu vous démontrera, par une atroce
épigramme43 en action, qu’il vous laisse encore quelque chose en vous rendant votre bagage.
20 Si toutefois vous avez une coiffure neuve, vous apprendrez à vos dépens qu’il faut se faire
un costume de joueur.

41
Incipit : début du roman, présentation des personnages, lieux, dates et objet du texte.
42
Maison de jeu peu respectable.
43
Inscription traditionnellement gravée sur les bâtiments,

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Honoré de Balzac, La Peau de chagrin, Nathan, 2022 (1831).
Extrait n°2

L’échec de la science (extrait du chapitre 3)

1 Planchette glissa lui-même la Peau de chagrin entre les deux platines de la presse
souveraine, et, plein de cette sécurité que donnent les convictions scientifiques, il manœuvra
vivement le balancier.
— Couchez-vous tous, nous sommes morts, cria Spieghalter d’une voix tonnante en se
5 laissant tomber lui-même à terre.
Un sifflement horrible retentit dans les ateliers. L’eau contenue dans la machine brisa la
fonte, produisit un jet d’une puissance incommensurable, et se dirigea heureusement sur une
vieille forge qu’elle renversa, bouleversa, tordit comme une trombe entortille une maison et
l’emporte avec elle.
10 — Oh ! dit tranquillement Planchette, le chagrin est sain comme mon œil ! Maître
Spieghalter, il y avait une paille dans votre fonte, ou quelque interstice dans le grand tube.
— Non, non, je connais ma fonte. Monsieur peut remporter son outil, le diable est logé
dedans. (…)
Le contre-maître saisit la peau avec des pinces après l’avoir laissée dans le foyer
15 pendant dix minutes.
— Rendez-la-moi, dit Raphaël.
Le contre-maître la présenta par plaisanterie à Raphaël. Le marquis mania facilement la
peau froide et souple sous ses doigts. Un cri d’horreur s’éleva, les ouvriers s’enfuirent,
Valentin resta seul avec Planchette dans l’atelier désert.
20 — Il y a décidément quelque chose de diabolique là-dedans, s’écria Raphaël au
désespoir. Aucune puissance humaine ne saurait donc me donner un jour de plus !

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Honoré de Balzac, La Peau de chagrin, Nathan, 2022 (1831).
Extrait n°3

Fin du Chapitre 3 : L’agonie44

1 Un cri terrible sortit du gosier de la jeune fille, ses yeux se dilatèrent, ses sourcils
violemment tirés par une douleur inouïe, s’écartèrent avec horreur, elle lisait dans les yeux de
Raphaël un de ces désirs furieux, jadis sa gloire à elle ; et à mesure que grandissait ce désir, la
Peau en se contractant, lui chatouillait la main. Sans réfléchir, elle s’enfuit dans le salon
5 voisin dont elle ferma la porte.
— Pauline ! Pauline ! cria le moribond en courant après elle, je t’aime, je t’adore, je te
veux ! Je te maudis, si tu ne m’ouvres ! Je veux mourir à toi !
Par une force singulière, dernier éclat de vie, il jeta la porte à terre, et vit sa maîtresse à
demi nue se roulant sur un canapé. Pauline avait tenté vainement de se déchirer le sein, et
10 pour se donner une prompte mort, elle cherchait à s’étrangler avec son châle. — Si je meurs ;
il vivra, disait-elle en tâchant vainement de serrer le nœud. Ses cheveux étaient épars, ses
épaules nues, ses vêtements en désordre, et dans cette lutte avec la mort, les yeux en pleurs, le
visage enflammé, se tordant sous un horrible désespoir, elle présentait à Raphaël, ivre
d’amour, mille beautés qui augmentèrent son délire ; il se jeta sur elle avec la légèreté d’un
15 oiseau de proie, brisa le châle, et voulut la prendre dans ses bras.
Le moribond chercha des paroles pour exprimer le désir qui dévorait toutes ses forces ;
mais il ne trouva que les sons étranglés du râle dans sa poitrine, dont chaque respiration
creusée plus avant, semblait partir de ses entrailles. Enfin, ne pouvant bientôt plus former de
sons, il mordit Pauline au sein. Jonathas se présenta tout épouvanté des cris qu’il entendait, et
20 tenta d’arracher à la jeune fille le cadavre sur lequel elle s’était accroupie dans un coin.
— Que demandez-vous ? dit-elle. Il est à moi, je l’ai tué, ne l’avais-je pas prédit ?

44
Excipit : Fin du roman qui apporte une forme de conclusion ou de chute inattendue aux péripéties.

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Marie Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne, Flammarion, 2016 (1818).
Texte associé n°2

Victor Frankenstein a entrepris de percer le mystère de l’origine de la vie. Il passe son temps
dans un cimetière à examiner des cadavres en décomposition. Soudain, il a une révélation.

1 Je m’arrêtais, examinant et analysant tous les détails du passage de la cause à l’effet,


tels que les révèle le changement entre la vie et la mort, entre la mort et la vie, jusqu’au
moment où, du milieu de ces ténèbres, surgit soudain devant moi la lumière… une lumière si
éclatante et si merveilleuse, et pourtant si simple, qu’ébloui par l’immensité de l’horizon
5 qu’elle illuminait, je m’étonnai que, parmi tant d’hommes de génie, dont les efforts avaient
été consacrés à la même science, il m’eût été réservé à moi seul de découvrir un secret aussi
émouvant.
Souvenez-vous que je ne vous décris point une vision de fou. Il n’est pas plus certain
que le soleil brille en ce moment aux cieux, que ce que je vous affirme n’est vrai. Quelque
10 miracle aurait pu le produire ; et pourtant, les étapes de la découverte furent nettes et
vraisemblables. Après des jours et des nuits de labeur et de fatigue incroyables, je réussis à
découvrir la cause de la génération et de la vie ; bien plus, je devins capable, moi-même,
d’animer la matière inerte.
L’étonnement que j’éprouvai tout d’abord à cette découverte fit bientôt place à la joie
15 et à l’enthousiasme. Après de si longues heures de dur travail, arriver soudain au sommet de
mes désirs était l’aboutissement le plus heureux de ma peine que je pusse concevoir. Mais
cette découverte était si grande et si accablante, que toutes les démarches par lesquelles j’y
étais parvenu se trouvèrent oblitérées, et que je n’en contemplais plus que le résultat. Ce que
les plus grands savants, depuis la création du monde, avaient cherché et désiré, se trouvait
20 désormais entre mes mains.

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