Absentéisme, Quand Tu Nous Tiens
Absentéisme, Quand Tu Nous Tiens
Absentéisme, Quand Tu Nous Tiens
Culture capitale
En 2013, une ville française sera capitale européenne de la culture. Et pourquoi pas Nice ? A l'instar de (1)
Lyon, Saint-Etienne, Toulouse, Strasbourg et Marseille-Toulon, la ville s'est lancée dans la bataille. Les élus
ont encore en mémoire le succès de Lille, capitale européenne de la culture en 2004 : plus de 9 millions de
visiteurs et un développement touristique sans précédent. André Barthe, adjoint à la culture, a fait le calcul. «
Pour 1 euro dépensé, trois sont rentrés dans les caisses. » Autant de perspectives économiques juteuses qui
ont vite fait capoter(2) le projet d'une candidature commune avec Marseille, pourtant capitale régionale. «
C'est aussi une question d'efficacité, souligne l'élu. Nos traditions culturelles et nos stratégies sont
différentes, Marseille étant davantage tournée vers le Maghreb. » Toutefois, la cité azuréenne ne part pas
seule dans la course. Elle a obtenu la coopération des communes de la communauté d'agglomération, de
Cannes, d'Antibes, de Grasse, de Menton, de Saint-Paul- de-Vence, et la participation de Monaco. « C'est le
premier grand projet fédérateur de la Côte d'Azur », se félicite André Barthe. Nice a également choisi de
s'associer à des institutions culturelles ou universitaires de Gênes, de Barcelone, de Bratislava et de Turin -
bien qu'elle n'ait pas reçu le soutien officiel de cette ville, qui, tout autant attachée à Lyon, a préféré rester
neutre. Autre point fort, la ville a su s'entourer de personnalités d'envergure internationale. L'architecte Jean
Nouvel - qui doit prochainement implanter sa fondation à Nice - a ainsi accepté de présider l'association
créée en avril pour définir le projet qui sera présenté à la fin de l'année au jury européen. Administrateur civil
au ministère de la Culture, Bernard Faivre d'Arcier est quant à lui chargé de la direction artistique. L'ancien
directeur de l'Ina et du Festival d'Avignon a vu dans la candidature niçoise un beau challenge (3) : « Face aux
grandes métropoles candidates, Nice peut faire figure d'outsider (4), mais sa candidature est l'occasion de ne
pas condamner la région au cliché palmiers-Ferrari. »
De fait, avec son vivier(5) d'artistes, ses nombreux musées, ses théâtres et son Opéra, Nice a de nombreux
atouts culturels à faire valoir. Le problème, estime Cédric Teisseire, vice-président de l'association et
fondateur du collectif d'artistes La Station, c'est qu'ils manquent d'une visibilité nationale. «
Malheureusement, l'image de Nice est encore trop souvent associée aux affaires de corruption et à l'extrême
droite », ajoute-t-il.
« Mais de toute façon, rassure Bernard Faivre d'Arcier, nous ne serons pas jugés sur ce qui existe, mais sur
des projets qui restent à inventer. » Ces derniers seront organisés autour de quatre thèmes reflétant les
spécificités de la région : la lumière d'abord, thème évident tant elle a inspiré peintres et cinéastes ; l'esprit du
baroque(6), qui marque un patrimoine architectural et musical méconnu de Nice, mais aussi une partie de la
création contemporaine ; les arts du rivage, thème qui mobilisera plasticiens, comédiens, pyrotechniciens (7) et
urbanistes ; enfin, le thème du vivant et de l'artificiel permettra la collaboration d'artistes avec des chercheurs
de l'université et de l'observatoire pour tracer un art du futur dans les domaines des nouvelles technologies.
« Ces thèmes sont à la fois vagues et essentiels, il faudra en préciser les contours, estime Cédric Teisseire.
Mais ils permettent de s'interroger sur ce que sont les Alpes-Maritimes en dehors du tourisme. » André
Barthe a d'ailleurs décidé de profiter de cette réflexion pour élaborer un nouveau projet culturel à l'horizon
2015. « Contrairement à Marseille, nous ne nous sommes pas assez ouverts à la culture urbaine et aux arts
de la rue », constate l'élu, qui promet de renforcer l'aide à la création et d'ouvrir de nouveaux lieux
d'expression et de diffusion. Attendue pour 2010, la Halle Spada regroupera ainsi plusieurs ateliers d'artistes,
des salles de danse, de répétition et un auditorium. D'ici à 2013, une nouvelle cinémathèque doit remplacer
celle, trop petite, de l'Acropolis et un nouveau musée d'Histoire naturelle est prévu sur le parc Phoenix.
En attendant, une quarantaine de projets liés à la candidature devraient être présentés dès la fin de l'année au
public sous forme de maquettes, et une première grande opération pourrait alors voir le jour : le défilé le long
de la côte d'un bateau en papier d'écolier et dont les voiles projetteront des images sur la culture régionale.
Avec un budget qui ne devrait pas excéder 50 millions d'euros - contre 170 millions pour Marseille -, les
organisateurs niçois parient d'ailleurs sur l'originalité des projets. « Il faut que nous soyons là où l'on ne nous
attend pas », affirme André Barthe. Première réponse à la fin de l'année, avec une présélection de quelques
villes, avant la désignation du vainqueur début 2009
Audrey Emery
(14/06/2007)
Le Point
Notes
(1)
l'instar de : en suivant l’exemple de
(2)
capoter : être renversé / se retourner
(3)
challenge (n.m) (sens du texte) : compétition
(4)
outsider (n.m) : qui n’est pas parmi les favoris
(5)
vivier (n.m) (sens du texte) : grand nombre renouvelé
(6)
baroque (n.m) : stye architectural, musical aux 16è, 17è et 18è siècle
(7)
pyrotechnicien : spécialiste des feux d’artifice, de l’illumination
Texte 2
1. Quelles sont les villes candidates à la capitale européenne de la culture en 2013 ? (0.5 pt)
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2. Quel est le calendrier de la sélection de la ville capitale européenne de la culture en 2013 ? (1 pt)
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3. Ce qui a poussé Nice à faire capoter le projet d’une candidate commune avec Marseille c’est surtout
(0.75 pt)
a. des intérêts économiques.
b. ses traditions culturelles et ses stratégies.
c. la différence entre ses traditions culturelles et ses stratégies avec celles de Marseille.
4. Quels sont les points forts de Nice dans la course à la capitale européenne de la culture en 2013 ? (1.5
pt)
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5. Quels sont les atouts culturels de Nice ? (0.5 pt)
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Ses atouts sont bien connus dans le pays. (0.5 pt)
Vrai Faux
Justifiez votre réponse en citant un passage du document. (0.5 pt)
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6. Quels sont les points faibles de Nice ? (1.5 pt)
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7. Quels sont les thèmes des projets de Nice ? (1 pt)
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8. Quels sont les nouveaux lieux d’expression et de diffusion qui seront construits à Nice de 2010 à 2013 ?
(1.5 pt)
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9. Pour concurrencer Marseille, Nice compte surtout sur (0.75 pt)
a. une quarantaine de projets liés à la candidature qui devraient être présentés dès la fin de l’année au
public.
b. le budget investi dans ses projets
c. l’originalité de ses projets
Texte 3
L’enfant de divorcés et l’école
L’école représente un espace de liberté de paroles pour l’enfant. Quand cela va mal à la maison, c’est
souvent dans le milieu scolaire que l’enfant se confie. Il peut y trouver une écoute de la part des
enseignants.
Annoncer son divorce… au maître d’école ne doit pas être négligé. Cela peut être une démarche délicate
pour des parents soucieux de leur vie privée. Cette démarche est pourtant indispensable pour garantir à
l’enfant une vigilance renforcée de la part du personnel de l’établissement scolaire. Car de la classe à la
cantine, en passant par la cour de récré, l’enfant peut vivre difficilement son nouveau statut d’« enfant de
divorcés ».
En effet, quoi qu’il se passe à la maison, l’enfant franchit la porte de l’école avec ses histoires familiales
glissées dans le cartable.
Le couple séparé doit veiller à ne pas oublier les conséquences du bouleversement familial dans la vie
scolaire. Cette précaution élémentaire permet surtout d’appréhender (1) les difficultés personnelles que
pourra vivre l’enfant dans l’établissement où il passe beaucoup de temps. Il s’agit de ne pas infliger une
nouvelle rupture à l’élève qui, dans certains cas douloureux, peut choisir l’échec scolaire pour enfouir son
mal de vivre.
Si les parents n’ont eu le temps d’informer l’école ou tout simplement ne le souhaitent pas, les
changements de comportements avec les autres enfants, d’attitudes en classe ou de résultats scolaires
Lors de son déplacement en Seine Saint-Denis, ce mardi, Nicolas Sarkozy a affirmé que "les allocations
familiales" seraient "systématiquement" suspendues en cas d'"absentéisme scolaire". Eric Ciotti, député UMP
des Alpes-Maritimes, déposera "la semaine prochaine" une proposition de loi en ce sens à l'Assemblée
nationale.
La suppression des allocations familiales est une mesure qui revient régulièrement lors de discours
sécuritaires. Christian Estrosi, ministre de l'Industrie et maire de Nice, l'avait évoquée en 2008 pour réduire
la délinquance dans sa ville. De même, Luc Chatel, lors des états généraux de la sécurité à l'école, avait
abordé le sujet. Enfin, Nicolas Sarkozy, est également un adepte de ce thème.
Ainsi, du côté des syndicats d'enseignants, on a l'impression que "le chef de l'Etat tourne en rond". Cette
suppression des allocations familiales "avait déjà été annoncée lors de la campagne présidentielle", précise
Christian Chevalier, secrétaire général du SE-UNSA (Syndicat des enseignants du premier degré et du
second degré d'UNSA Education). "Après l'échec des régionales et la montée du FN, il veut reconquérir un
électorat qui lui a échappé", ajoute-t-il.
Bernard Kuntz, le président du SNALC (le syndicat des lycées et collèges classé à droite), lui, est plutôt
favorable à cette mesure. Il y voit "une bonne solution pour responsabiliser les parents". "La suppression des
allocs est une solution envisageable, mais pourquoi alors ne l'appliquer qu'au cas de l'absentéisme?
s'interroge-t-il. Il n'y a pas que ce problème." Le chef de l'Etat remet le sujet à l'ordre du jour car "un élève
absent n'est pas dans les murs de l'école et dehors, il peut faire des bêtises ailleurs."
Malgré tout, la faisabilité de la mesure est remise en question. "Supprimer les allocations familiales
nécessiterait un travail de longue durée", justifie Christian Chevalier. Et d'ajouter "il faudrait d'abord repérer
les absences sur un ou deux mois, puis engager une procédure auprès des services sociaux des conseils
régionaux sans oublier d'essayer de mettre en place une médiation avec une assistance sociale. Un travail
long et certainement inefficace."
De plus, cette mesure "aggraverait plutôt qu'elle ne résoudrait la situation des familles", selon Marie
George Buffet, députée de Seine-Saint-Denis. Une idée que partage Christian Chevalier: "On touche aux
familles qui n'ont généralement pas d'autorité sur leurs enfants. Elles sont souvent dans la détresse. C'est
directement sur l'adolescent qu'il faut travailler."
Selon le syndicat SE-UNSA, la politique scolaire du gouvernement est à revoir. Pour son secrétaire général,
"il faut privilégier le registre de la prévention plutôt que celui de la sanction." "On prévoie environ 20 000
suppressions d'emplois à la rentrée prochaine, indique-t-il, ça ne va pas réduire l'absentéisme des élèves.
Nicolas Sarkozy, prend la problématique à l'envers. Il faudrait au contraire que les enseignants soient formés
et disponibles pour prendre en charge les élèves de manière individuelle. "
Emilie Weynants
L’Express.fr (Mardi 20/04/2010)
1. Il s’agit d’un texte plutôt (0.5 pt)
a. informatif c. descriptif
b. explicatif d. argumentatif
2. Justifiez la phrase du texte “la suppression des allocations familiales est une mesure qui revient
régulièrement lors de discours sécuritaires.” (début du deuxième paragraphe) (1.5 pt)
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3. Pourquoi les syndicats d’enseignants ont-ils l’impression que "le chef de l'Etat tourne en rond" ? (1 pt)
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4. Christian Chevalier est plutôt (0.5 pt)
a. pour cette mesure de Nicolas Sarkozy.
b. contre cette mesure de Nicolas Sarkozy.
Pourquoi ? (1 pt)
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D’après lui, quelles seraient des meilleures mesures ? (1.5 pt)
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5. Trouvez dans le texte les idées qui justifient l’idée de Christian Chevalier : La mesure annoncée par
Nicolas Sarkozy est un travail long et inefficace.
Un travail long : (0.5 pt)
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Un travail inefficace : (1 pt)
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6. Bernard Kuntz est plutôt (0.5 pt)
a. pour cette mesure de Nicolas Sarkozy.
b. contre cette mesure de Nicolas Sarkozy.
Comment juge-t-il cette mesure ? (1 pt)
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7. Marie George Buffet est plutôt (0.5 pt)
a. pour cette mesure de Nicolas Sarkozy.
b. contre cette mesure de Nicolas Sarkozy.
Comment explique-t-elle son avis ? (0.5 pt)
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Texte 5
La précarité grandissante des personnes âgées inquiète les associations
Les personnes âgées se tournent de plus en plus vers les associations caritatives (1), qui s'inquiètent de cette
précarité grandissante et veulent sensibiliser le public, à l'approche de la Journée mondiale des personnes
âgées organisée vendredi.
"Notre inquiétude est toujours là", témoigne Jean-François Serres, secrétaire général des Petits frères des
pauvres, à l'initiative de l'opération «Les fleurs de la fraternité» pour attirer l'attention sur la solitude et la
pauvreté des personnes âgées.
Le collectif Alerte, qui réunit des ONG et associations comme les Petits frères des pauvres, ATD Quart-
Monde ou Emmaüs, s'était alarmé au printemps de la hausse du nombre de personnes âgées venant demander
aide et nourriture dans les permanences.
Près d'un million de personnes de plus de 65 ans vivent sous le seuil de pauvreté.
Un constat confirmé par une étude récente du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des
conditions de vie): les travailleurs sociaux s'inquiètent de voir certaines populations – les personnes âgées et
les jeunes – arriver dans les associations, des personnes qu'ils voyaient peu jusqu'alors.
Certains professionnels évoquent même des personnes âgées obligées de chercher des petits boulots pour
joindre les deux bouts.
A l'approche de l'hiver, "rien n'a changé", constate Olivier Brès, président d'Alerte, qui rappelle
régulièrement que le minimum vieillesse, 700 euros mensuels maximum touchés par 600.000 personnes, est
inférieur au seuil de pauvreté (950 euros en 2008).
"Les conditions sont réunies pour que l'on voie apparaître dans les années qui viennent un nombre vraiment
plus important de situations dramatiques", ajoute M. Serres, constatant "la corrélation (2) entre des situations
d'isolement dont sont victimes les personnes âgées et leur précarisation".
Selon une étude de la Fondation de France, les plus de 75 ans sont les plus touchés par la solitude: 15%
d'entre eux n'ont aucun lien social ou familial.
Pourtant, les personnes âgées ne sont pas les plus pauvres des Français : en 2008, le taux de pauvreté des plus
de 65 ans (10,3%) est même inférieur à celui de la population générale (13%), selon les derniers chiffres de
l'Insee publiés mardi, assez stables par rapport à 2007.
Mais pour Jean-François Serres, l'arbre cache la forêt.
"Même s'il y a un nombre important de personnes âgées qui ont des situations correctes, on trouve des
situations beaucoup plus dramatiques que celles que l'on pourrait imaginer en regardant les chiffres" de
l'Insee, estime-t-il.
Les Petits frères des pauvres observent en particulier une présence croissante d'hommes de 55-65 ans, qui
"entrent dans une spirale descendante après avoir perdu leur emploi, leur logement", mais aussi de femmes
de plus de 75 ans qui ont de toutes petites retraites.
L'Insee confirme d'ailleurs ces fortes disparités.
"Plus on est âgé, plus le taux de pauvreté augmente", explique Magda Tomasini, de l'Insee. Ainsi, si le taux
de pauvreté baisse à partir de 55 ans (9,5% environ) – quand les enfants quittent la maison – il remonte
progressivement ensuite.
Ce sont alors les femmes qui sont de loin les plus touchées: 15,1% des femmes de plus de 75 ans (13,4% en
2007) vivent avec moins de 950 euros par mois contre 8,8% des hommes (stable).
"Cela correspond aux générations les plus anciennes de femmes qui n'ont pas cotisé assez et ont de petites
retraites", explique encore Mme Tomasini, et "certaines veuves ne vivent qu'avec la pension de réversion(3)
de leur mari".
AFP (mardi 28/09/2010)
(1)
une association caritative = une association humanitaire
(2)
corrélation ; rapport réciproque
(3)
pension de réversion de leur mari : pension versée avant à leur mari et qui leur est verrsée actuellement
Questions sur le texte
(La précarité grandissante des personnes âgées inquiète les associations)
Françoise, 48 ans, n'est pas une inconditionnelle de la série américaine Friends, ni une adepte du film
L'Auberge espagnole. Loin d'elle l'envie irrépressible de faire canapé et réfrigérateur communs avec un(e)
colocataire. Pourtant, depuis deux ans et demi, cette Parisienne, mère divorcée, partage son trois-pièces du
IXe arrondissement avec Claire, 40 ans, chargée de communication et célibataire."Soyons clairs, c'est une
histoire financière", lâche Françoise. "Avec mon salaire de vendeuse, je ne pouvais pas payer seule 1 320
euros par mois!Et pas question de déménager: je devais rester proche de l'école de mes deux enfants et du
domicile de leur père, avec lequel je suis en garde partagée." Pourtant, au fil des mois, la cohabitation s'est
doucement muée(1) en amitié entre les deux femmes."Ce n'était pas gagné d'avance", confie Françoise. "Mon
fils et ma fille sont à la maison une semaine sur deux et le logement ne fait que 60 mètres carrés!"
En ces temps de frimas économique, nécessité fait loi. Divisé entre deux, trois ou quatre colocataires, le
poids des charges et du loyer devient plus léger à porter. Résultat: les Français partagent de plus en plus
volontiers appartements et maisons."Chaque mois, 30000 colocations se forment sur nos trois sites", affirme
Frédéric de Bourguet, à la tête de Colocation.fr, Kel-coloc.com et Easycoloc.fr. Selon lui,"De 6 à 10%" des
logements seraient concernés."Plutôt 2%", corrige un spécialiste de l'immobilier. Difficile d'avancer un
chiffre précis, car une bonne part des colocations se nouent de manière informelle:"Beaucoup sont des sous-
locations non déclarées", explique Maître Christine Kaplansky, spécialiste du droit immobilier.
Depuis la création, voilà une petite décennie, des premiers sites Internet spécialisés, les colocataires ont
bien changé. Etudiants fauchés et jeunes travailleurs précaires côtoient désormais employés et cadres,
intermittents du spectacle et profs, trentenaires et quadragénaires."Lorsque nous avons lancé notre site en
2001, les étudiants étaient notre cible", raconte Cédric Brochier, à la tête de Appartager.com. "Ils ne
représentent plus que la moitié de nos clients. 42% sont des salariés, et 7% des seniors et des familles
monoparentales. Une tendance qu'on observe partout en Europe." Aujourd'hui, les sites spécialisés fleurissent
sur la Toile, tels Colocation-monoparentale.com et Partage-senior.net.
Paule, 43 ans, est enthousiaste: "La colocation? Une des grandes réussites de ma vie!" lâche cette
musicienne installée à Villeurbanne (Rhône). Elle a commencé un peu par hasard, voilà quatre ans, en
ouvrant sa porte à un Brésilien en galère. Petit à petit, elle y a pris goût. Elle qui redoutait "de s'encroûter, de
s'isoler" aime cette "ouverture sur le monde". Elle goûte la découverte d'autres cultures, grâce à ses
colocataires russe, allemand, italien et brésiliens. L'échange, aussi, de menus services: "On garde
l'appartement quand l'autre part en voyage, on se donne mutuellement des cours de langue…"
Mais la cohabitation n'est pas (toujours) un long fleuve tranquille. Frédéric Leschallier, 40 ans, architecte
Web, en sait quelque chose. Ce Breton, installé à Paris depuis dix mois, navigue d'hébergement temporaire
en colocation malheureuse, tout en écumant Internet pour dénicher son bonheur."On trouve de tout", soupire-
t-il: "des hommes qui cherchent des filles, des femmes en mal de compagnon, des propriétaires en quête d'un
moyen de rembourser leur emprunt à moindre frais, des partisans de la vie en communauté, des colocataires
qui vivent côte à côte sans se parler..." Bref, gare aux chausse-trapes(2)!
Anne Vidalie
L’EXRESS.fr (10/04/2009)
(1)
se muer en : se transformer en
(2)
une chausse-trape : un piège
Texte 6
CORRIGÉS ET BARÈME
(La colocation ne connaît pas la crise)