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frantice.

net, numéro 16, novembre 2019

Déterminants et indicateurs de l’appropriation des


connaissances entre le dispositif pédagogique et le dispositif
de recherche : analyse de l’indicateur de performance
d’appropriation
Determinants and indicators of the appropriation of
knowledge between the pedagogical device and the research
device: analysis of the appropriation performance indicator
Ahmed Ibrahimi, Mohamed Khaldi
Université Abdelmalek Essaadi, ENS de Tétouan, Maroc
Mehdi Kaddouri El
Université Mohamed premier, FLSH d’Oujda, Maroc

Résumé
L’article présente le concept d’appropriation de connaissances dans le cadre la scénarisation
pédagogique. Il s’agit ensuite de comprendre quelles variables d’un scénario est davantage susceptible
d’avoir un impact sur l’apprentissage des étudiants. La recherche menée repose alors sur un contexte de
formation universitaire basé sur l’apprentissage collaboratif en ligne avec la plateforme Claroline
Connect. L’expérimentation examine l’activité de 48 apprenants inscrits en 1ère année du mater
spécialisé (ingénierie pédagogique multimédia), à Tétouan, au Maroc répartis en trois groupes
expérimentaux (G1, G2 et G3) distribués en 12 équipes. Les résultats concernent l’analyse des
performances d’appropriation de ces équipes selon l’effet de leur structuration par les rôles, l’effet de la
structuration du forum et selon l’interaction de ces deux effets.
Mots clés : appropriation, scénarisation pédagogique, alignement pédagogique, dispositif
technopédagogique

Abstract
The article presents the concept of appropriation of knowledge in the context of educational writing.
The next step is to understand which variables in a scenario are more likely to have an impact on the
student apprenticeship. The research conducted is based on a university training context based on
collaborative learning in line with the Claroline Connect platform. The experiment concerns 48 learners
enrolled in the first year of specialized mater (multimedia pedagogical engineering), in Tetouan,
Morocco divided into three experimental groups (G1, G2 and G3) distributed in 12 teams. The results
concern the analysis of the appropriation performance of these teams according to the effect of their
structuring by the roles, the effect of the structuring of the forum and the interaction of these two effects.
Keywords: appropriation, educational scriptwriting, pedagogical alignment, technopedagogical device

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I. Introduction
Cet article s’appuie sur une recherche relative à un dispositif de formation en ligne. Nous aborderons
la notion de scénarisation pédagogique afin d’interroger comment les étudiants apprennent à distance.
Plusieurs aspects sont en jeu : sur quoi focalise la formation ? Sur quelles connaissances (Minder,
1996) ? Sur quelles modalités de réalisation d’activités ? Comment la conception de la formation
permet-elle cette focalisation ? Comment sont planifiées les situations d’enseignement, avec quel
« design pédagogique » (Brien, 1981) ?
Notons que d’autres auteurs nomment la notion de scénarisation pédagogique « Instructional design »
(Reigeluth, 1999 ; Briggs, 1981), « Ingénierie didactique », « Planification de l’enseignement »
(Lebrun et Berthelot, 1994).
Pour sa part, Paquette parle d’« Ingénierie pédagogique » et définit la notion comme l’ « ensemble des
théories et des modèles permettant de comprendre, d’améliorer et d’appliquer des méthodes
d’enseignement favorisant l’apprentissage » (2002, p. 111).
Le travail collaboratif ouvre de multiples possibilités d’intégration d’outils technologiques de
l’information et de la communication.
Le présent travail cherche dans ce contexte à identifier les variables susceptibles d’avoir un impact sur
l’appropriation des connaissances chez les apprenants dans un contexte de formation universitaire basé
sur l’apprentissage collaboratif en ligne.
Dans un premier temps nous allons définir ce qu’est une scénarisation pédagogique et ce que nous
nommons « alignement ». Nous décrirons ensuite notre dispositif de recherche et préciserons deux
questions. Nous décrivons aussi la modélisation du dispositif de recherche et une mise au point d’un
plan expérimental. Nous nous attacherons enfin à l’analyse des performances d’appropriation des
équipes selon l’effet de la structuration des équipes par les rôles, l’effet de la structuration du forum et
selon l’interaction de ces deux effets.

II. Le dispositif pédagogique

A. Scénarisation pédagogique
La « scénarisation pédagogique » est un processus d’élaboration d’une situation d’apprentissage en
mettant en interaction différents objets et acteurs (apprenant, enseignant, ressources, activités,
instruments, outils).
Le mot « scénario » qui est à la base de ce processus de scénarisation, trouve son origine dans les
domaines artistiques, dans le cinéma plus précisément et est fortement utilisé dans les domaines de
gestion, de l’informatique, des télécommunications et de l’ergonomie.
Dans le domaine de l’éducation il est régulièrement associé à l’adjectif « pédagogique » ou au
complément de nom « d’apprentissage » et d’autres terminologies proches sont utilisés.
En effet, selon Villiot-Leclercq (2007), le terme de « séquence pédagogique » fait concours à l’époque
à « scénario pédagogique » en raison de son utilisation au sein des Instituts Universitaires de Formation
des Maîtres IUFM.
De plus, les auteurs soulignent que le terme « scénario pédagogique » est associé par la communauté
de pratique à plusieurs autres appellations permettant d’identifier le champ que recouvre le travail de
scénarisation : « activités pédagogiques », « maquette pédagogique », « synopsis », « déroulé
pédagogique », « module d’enseignement », « progression pédagogique », « parcours pédagogique »,
« scénario d’usage », « scénario d’encadrement », « scénario de diffusion », « séquence de tâches »,
« session », « story-board », « trames conceptuelles », « séquence d’apprentissage ».
L’appropriation d’un dispositif technopédagogique est liée à la conception d’un scénario pédagogique.
Le processus de scénarisation et les décisions qu’il implique, influencent les processus d’appropriation
chez l’apprenant, appropriation des connaissances mais aussi appropriation technologique.

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Un des enjeux consiste à concevoir des scénarisations précises, prévoyant l’encadrement et l’aide aux
appropriations.
Le dispositif pédagogique a pour but d’assurer une cohérence dans les modalités d’intervention de
chacun des acteurs de la formation au sein d’un dispositif technique.
Giardina et Oubenaïssa (2003), à la suite de Paquette, Crevier et Aubin (1997), définissent le scénario
pédagogique en tant que structuration cohérente de deux entités qu’ils appellent : « scénario
d’apprentissage » et « scénario d’encadrement ». C’est cette définition que nous adoptons dans la mise
en œuvre de notre expérience car elle permet, dans le cadre d’un dispositif de formation à distance,
d’aligner au mieux les trois dispositifs : technique, didactique et pédagogique.

B. Alignement pédagogique
Dans ce travail, le processus de scénarisation s’appuie sur le concept d’alignement que nous
empruntons à Biggs (1999) et que nous avons développé et expérimenté dans le cadre d’une autre
recherche (Ibrahimi et al. 2014) dans laquelle nous proposions deux sortes d’alignement, modélisées
comme suit :

Figure 1. Modélisation de l’alignement pédagogique

L’alignement didactique consiste à mettre de la cohérence entre la connaissance disciplinaire et


l’apprenant d’une part (ici c’est le principe de transposition didactique qui est mis en œuvre) et entre
cette transposition didactique et les outils techniques d’autre part.
Cependant, dans ce genre d’alignement, le risque est de reproduire une situation classique avec des
moyens électroniques.
L’alignement pédagogique des artefacts nécessite une réflexion approfondie décrite dans une
scénarisation pédagogique. Il s’agit d’y expliciter les actions de chaque acteur (tuteur, enseignant,
apprenant) par rapport aux différents dispositifs (technique, didactique et pédagogique).
Le résultat de ce processus permet de décliner le scénario en plusieurs composantes : le scénario
d’apprentissage, le scénario d’encadrement et le scénario médiatique (Depover, Quintin et De Lièvre,
2003).
L’alignement pédagogique résulte ici du choix d’un contenu disciplinaire qui s’accommode avec un
scénario pédagogique en adéquation avec les fonctionnalités d’un environnement numérique de travail
à distance.
Les processus de scénarisation et de modélisation prennent aussi appui sur les théories propres au
Computer-Supported Collaborative Learning (CSCL) qui stipulent qu’une tâche bien structurée
favoriserait mieux le processus cognitif chez l’apprenant. Ces théories viendront appuyer les
hypothèses et questions de recherche proposées dans le cadre de ce travail que nous modélisons ainsi.

Figure 2. Modélisation de la scénarisation pédagogique

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Selon Dillenbourg (2002), les interactions entre apprenants, lorsqu’ils se structurent à travers des
scripts préconçus, soutiennent mieux l’apprentissage collaboratif. La notion de script correspond à des
instructions destinées aux étudiants afin de les guider dans la manière d’interagir et de collaborer pour
s’acquitter des tâches de travail. Fischer, Kollar, Stegmann et Wecker (2013), définissent distinctement
le script de collaboration interne et le script de collaboration externe1.
Dans le cadre de cette recherche, la conception du scénario pédagogique et de ses différentes
caractéristiques, est liée à la mise en œuvre du dispositif de recherche.

III. Le dispositif de recherche

A. Contexte de la recherche
Cette recherche fait suite au travail entrepris par Ibrahimi et al. (2014), dans lequel nous avions travaillé
avec un échantillon composé de 98 étudiants, inscrits en 1ère année du DUT (Diplôme Universitaire en
Technologies) pour un cours de langue et communication. Nous y avions entrepris de montrer que
l’alignement pédagogique, qui reposait sur la scénarisation du travail collaboratif au sein de groupes
d’apprenants, influençait positivement le processus d’appropriation des connaissances davantage que
l’alignement didactique qui reposait sur la structuration d’un contenu disciplinaire délivré par un
dispositif technique. Nous y avions réparti notre échantillon en deux groupes expérimentaux. Le
premier groupe (G1) avait travaillé selon le principe de l’alignement didactique qui consistait à
structurer le cours selon trois systèmes : (système d’entrée, système d’apprentissage et système de
sortie) mis en ligne sur la plateforme Claroline. Le deuxième groupe expérimental (G2) avait travaillé
selon le principe de l’alignement pédagogique qui reposait sur un scénario basé sur le travail
collaboratif dans la réalisation de la tâche.
Le présent travail s’inscrit dans le contexte d’une formation en présentiel en situation réelle, à laquelle
nous avons inséré une partie à distance à partir de la plateforme Claroline Connect.
Cette formation s’étale sur un semestre pendant lequel les apprenants sont amenés à s’approprier un
cadre théorique qui correspond à une méthodologie de travail en quatre phases et à l’exploiter ensuite
pour la réalisation d’un projet collaboratif. Cette méthodologie correspond au design incrémental
(Depover et al., 2003). À chacune de ces étapes, à partir d’indications, les étudiants élaborent des
documents leur permettant la conception du projet.

1
« An internal collaboration script is a configuration of knowledge components about a collaborative practice and its parts at
different levels of complexity (the so-called internal collaboration script components) that guide the person’s understanding
of and actions in the collaboration. It is assumed that this configuration is built up dynamically from its constituents during a
particular instance of collaboration […] An external collaboration script is a configuration of representations (e.g. textual or
graphical) of a collaborative practice and its parts at (potentially) different levels of complexity (the so-called external
collaboration script components).» (Fischer et al., 2013, p. 4)

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Tableau 1. Méthodologie de conception


Phases de conception Produits

Phase 1 Étude préalable Cahier des charges

Validation Phase 2 Analyse et structuration du des contenus Contenu de la formation


itérative et Phase 3 Élaboration des situations d’apprentissage Maquette-papier
incrémentale
Phase 4 Insertion des outils de formation dans leur Outils de formation
contexte d’utilisation finalisés

Le tableau 1 présente les étapes de conception d’un dispositif de formation selon Depover et al. (2003).
Cette démarche s’appuie sur deux principes fondamentaux : l’itération et l’incrémentation. Le premier
principe tente d’imposer au concepteur de prendre en considération les décisions prises précédemment
lors du passage d’une étape à une autre. Le deuxième principe lui impose de valider chaque étape avant
de passer à une autre.
Les données à analyser dans le cadre de cette recherche sont issues des trois phases d’élaboration du
projet : phase 1, phase 3 et phase 4. La première phase consiste à produire un cahier des charges en
deux moments. La troisième phase du projet consiste à produire une maquette papier des situations
d’apprentissage en deux moments aussi. Nous prenons en considération également, la finalisation ou
non du produit qui correspond à la phase 4. Ces différentes phases correspondent à des moments les
plus denses du projet, car elles appellent à prendre des décisions importantes vis-à-vis de la conception
générale du travail et appellent par là-même, une collaboration plus intense.
Les activités collaboratives, correspondantes aux différentes phases d’élaboration du projet final sont
réalisées par 12 équipes de 4 apprenants, dont chacun endosse un rôle spécifique. Pour mieux mener
l’expérience, nous avons mis en place un plan expérimental croisé : le forum de discussion (structuré
vs non structuré) étant associé à l’une des deux modalités de fonctionnement des équipes : modalité 1 :
équipe « structurée par les rôles » ; modalité 2 : équipe « non-structurée par les rôles ».

B. Échantillon
Les sujets qui composent notre échantillon sont des étudiants universitaires en formation initiale à
l’ENS de Tétouan, au Maroc. Inscrits en 1ère année du Master spécialisé (ingénierie pédagogique
multimédia), ils assistent en présentiel à des activités d’appropriation d’une méthodologie de
scénarisation pédagogique multimédia et à l’application de cette méthodologie dans le cadre d’une
conception d’un projet pédagogique multimédia.
L’expérimentation est réalisée avec 48 apprenants répartis sur deux années académiques : la promotion
(2016-2017) et la promotion (2017-2018).
La moyenne d’âge de l’échantillon se situe entre 20 et 24 ans dont 74% est composé de filles. Les
caractéristiques des apprenants issus des différentes promotions sont relativement similaires si l’on
considère les critères de la présélection et de l’entretien d’embauche qui leur ont été appliqués pour le
recrutement à la formation. Nous pouvons donc considérer que, du point de vue de ces critères, les
deux promotions ne sont pas différentes et peuvent constituer un seul et même échantillon.

C. Questions de recherche
Nous cernons notre question de recherche autour de deux grands axes. Le premier concerne le dispositif
de formation à distance dans sa globalité que nous formulons ainsi :

- Q.1 : Dans quelle mesure le dispositif technopédagogique destiné à la collaboration en ligne a


ou non un effet sur les performances des apprenants ?

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Le deuxième concerne l’effet de la scénarisation pédagogique sur le processus d’appropriation que


nous formulons ici comme suit :

- Q.2 : Dans quelle mesure le principe de l’alignement pédagogique a ou non un effet sur
l’appropriation d’un dispositif d’enseignement à distance ?

D. Pour une modélisation du dispositif de recherche


Dans ce travail, nous avons mis en place conjointement, deux scripts de collaboration externe. Le
premier consiste à structurer le forum en étapes pour favoriser l’appropriation collaborative des
connaissances (Gunawardena et al. 1997). Le deuxième consiste à structurer les équipes de manière à
former des équipes contrastées selon que les rôles soient attribués ou non (Strijbos et De laat, 2010).
Pour le script de collaboration interne, il est pris en compte par l’observation du système de
contrôlabilité de la tâche (Viau, 1994) développé au sein des équipes d’apprenants.

Figure 3. Modélisation du dispositif de recherche

Le modèle du dispositif de recherche (voir Illustration 3 ci-dessus) que nous mettons en place pour
vérifier nos hypothèses s’appuie sur celui que Decamps (2014) suite à celui que Schellens, Van Keer,
Valcke et De Wever (2007) ont proposé. Il prend en considération deux aspects qui deviennent, dans
le cadre de notre plan expérimental, des variables indépendantes (voir Illustration 3, partie gauche), à
savoir les propriétés du groupe selon son mode de fonctionnement (groupe structuré par les rôles ou
non-structuré par les rôles) et les propriétés de la tâche suivant le script collaboratif.

1. La première composante du modèle du dispositif de recherche traite des propriétés du groupe


Celui-ci se caractérise par une dynamique qui lui est propre. Cette dynamique joue un rôle décisif dans
un dispositif technopédagogique destiné à la collaboration en ligne. L’attribution des rôles peut donner
une grande part d’autonomie aux membres du groupe en permettant une participation plus équilibrée.
Cela crée une interdépendance positive du groupe et une responsabilité partagée vis-à-vis de l’objectif
à atteindre par le groupe (Strijbos, 2004). Les rôles aident les membres du groupe à aborder la tâche
suivant différents regards. Kollar, Fischer et Hesse (2006) y voient une occasion où chaque partenaire
contribue à bien faire fonctionner le groupe. L’assignation des rôles influence directement le processus
de collaboration qui influe de sa part sur le processus d’appropriation.

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Dans cette perspective, nous envisageons de tester des configurations d’équipes en comparant des
équipes où les rôles sont assignés à des équipes où les rôles ne sont pas assignés.

2. La deuxième composante du modèle touche aux propriétés de la tâche


D’après Shaw, (1981) et Pavitt (1998) les effets observés dépendent d’une grande part des
caractéristiques propres à la tâche. Dans cette recherche nous considérons que la tâche correspond en
une opération mentale sur un objet qui génère un produit (Dillenbourg, 2002). Les connaissances
deviennent, dans cette perspective, subordonnées à une élaboration d’un produit nouveau.
Les deux composantes de notre modèle constituent les déterminants du processus d’appropriation. Pour
analyser les effets imputables à ces déterminants, nous procédons à une triangulation de trois
indicateurs que sont le processus d’appropriation (mesuré à travers les interactions des apprenants dans
le forum de discussion), la perception d’appropriation (mesurée à travers le concept de contrôlabilité
de la tâche) et la performance d’appropriation (mesurée à travers l’élaboration d’un projet collaboratif).
Ces indicateurs (voir Illustration 3, partie droite) constituent les variables dépendantes de notre plan
expérimental.

E. Plan expérimental
Pour mener à bien le plan expérimental de cette recherche, nous avons structuré le forum selon des fils
de discussions en rapport avec une carte heuristique de type mindmap mise à la disposition des
apprenants. Le forum non structuré bénéficie seulement d’une consigne de la tâche collaborative, sans
fils de discussion et sans mindmap. De même, nous avons structuré des groupes par des rôles selon la
configuration suivante :

- Le chercheur : il recherche des informations pour nourrir les échanges au sein du forum ;
- Le concepteur : il insère des concepts pertinents lors des échanges ;
- Le synthétiseur : il configure une synthèse des échanges ;
- Le modérateur : il modère les échanges du début jusqu’à la fin.
La structuration par les rôles et la structuration du forum constituent les deux facettes d’une analyse
portée par un plan expérimental factoriel (à deux facteurs) qui puise sa justification dans le fait qu’il
permet de traiter deux types d’effets :

- Les effets principaux de la structuration par les rôles et de la structuration du forum ;


- L’interaction entre ces effets principaux.
Nous utilisons la notation de Rouanet et Lépine, citée par Decamps (2014) suite à Linder (2005) pour
symboliser ce type de plan : S16 <M3*F2>. Ce plan se lit ainsi :
<...> signifie « Emboîté », c'est-à-dire qu'il y a un groupe par modalité ;
* signifie « Croisé », c'est-à-dire qu'il n'y a qu'un seul groupe pour
toutes les modalités ;
S signifie « sujet » et 16 en indice indique le nombre de sujets par
modalité ;
M3 = M est le symbole de la variable indépendante n°1 (Structuration
par les rôles) et 3 en indice, indique le nombre de modalités.
F2 = F est le symbole de la VI n°2 (Structuration du forum) et 2 en
indice, indique le nombre de modalités.
Le croisement des deux dimensions M3 et F2 donne lieu à six groupes expérimentaux constitués
chacun de deux équipes de quatre apprenants. Au total, 12 équipes et 48 sujets.
1. Variables indépendantes
Le plan expérimental nous permet ainsi de structurer l’analyse autour des effets attachés aux variables

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indépendantes suivantes :

- L’effet lié à la structuration des équipes par les rôles (Axe 1) ;


- L’effet lié la structuration du forum par le script collaboratif (Axe 2) ;
- L’effet d’interaction entre la modalité de structuration des équipes et la structuration du forum
(Axe 3).
L’analyse de ces effets permettra de montrer le processus d’appropriation du dispositif d’enseignement
à distance susceptible de répondre à nos questions de recherche posées préalablement.
Le plan expérimental, adopté dans cette recherche et les effets principaux liés aux variables
indépendantes (voir plus haut) orientent ici le choix des hypothèses de recherche. Les variables
dépendantes quant à elles, constituent les objets de ces hypothèses : le processus d’appropriation, la
perception d’appropriation et la performance d’appropriation.

2. Variables dépendantes
Nous étudions dans cette recherche les effets principaux de deux variables indépendantes (la
structuration des équipes par les rôles et la structuration du forum par le script collaboratif) et les effets
d’interaction de celles-ci sur trois variables dépendantes : la performance d’appropriation, le processus
d’appropriation et la perception d’appropriation.
Notre recherche met au centre le phénomène d’appropriation investi dans des activités collaboratives
en ligne. L’analyse et l’interprétation des données qui en découlent, se situent à un niveau groupal
(Hoyle, Georgesen et Webster, 2001). Le tableau 2, offre une vue synthétique des variables
dépendantes et de leur analyse.

Tableau 2. Vue synthétique des variables dépendantes et de la modalité de leur analyse


Variable Type de mesure Moment de Nature de Modalité
dépendante mesure mesure d’observation
Performance Scores Phase I, III et IV Par équipe Grille descriptive
d’appropriation
Processus Unités de sens Phase I Individuelle Analyse
d’appropriation catégorielle

Unités lexicales Phase I Individuelle Analyse lexico-


métrique
Perception Sentiment de À la fin de la Individuelle Questionnaire
d’appropriation contrôlabilité de phase II
la tâche

Nous nous attacherons ici à analyser la première variable qui concerne la performance d’appropriation.
Cette première catégorie de variables dépendantes a trait à la performance d’appropriation mesurée à
travers le projet collaboratif final qui porte sur la production d’un support pédagogique multimédia.

IV. Analyse des performances d’appropriation des équipes


Dans cette partie de la recherche, nous étudions les hypothèses et questions de recherche relatives aux
effets de la structuration des équipes par les rôles et de la structuration du forum sur les performances
d’appropriation. L’issue de cette étude nous a permis de dessiner les contours du niveau
d’appropriation des connaissances au sein d’un dispositif de formation à distance.
L’hypothèse générale relative aux performances d’appropriation au niveau du projet collaboratif
(phases de production d’un support pédagogique multimédia), prend la formulation suivante :

- H.1 : L’alignement pédagogique qui repose sur la scénarisation du travail collaboratif au sein

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de groupes d’apprenants structurés par les rôles et interagissant à travers un forum structuré,
influence positivement les performances d’appropriation.
L’analyse s’appuie sur la moyenne des performances de l’équipe à trois phases d’élaboration du projet :
La première phase consiste à produire un cahier des charges. La troisième phase du projet consiste à
produire une maquette papier des situations d’apprentissage. La moyenne des performances prend en
considération également, la finalisation ou non du produit qui correspond à la phase 4.
Ce projet est réalisé par les apprenants de manière collaborative suivant deux versions. La première
version est réalisée sans structuration des équipes par les rôles et sans structuration du forum par un
script collaboratif. La deuxième version est réalisée avec structuration des équipes par les rôles et avec
structuration du forum par un script collaboratif. Les résultats de la première version nous ont permis
de mieux contrôler le gain entre les moyennes de performance. La moyenne de performance est
calculée suivant une grille descriptive (voir Annexe). Cette grille est composée d’un ensemble de
critères. L’opérationnalisation de ces critères en niveaux de performance est réalisée à travers la
formulation d’énoncés qualitatifs descriptifs déclinés en quatre échelons distincts. Ces échelles
descriptives explicitent les différents niveaux d’atteinte relatifs à chaque critère.
Par exemple, le critère « idée mobilisatrice » renvoie à quatre échelles descriptives distinctes :

- Niveau A : l’idée est bien claire, ingénieuse et innovante (4 points) ;


- Niveau B : l’idée est bien claire, ingénieuse mais pas innovante (3 points) ;
- Niveau C : l’idée est bien claire, mais manque d’ingéniosité et n’est pas innovante (2 points) ;
- Niveau D : l’idée n’est pas claire (0 point).
L’ensemble des critères a été opérationnalisé de cette manière. Quant à la pondération et la répartition
des points, en raison de l’échelle descriptive à quatre niveaux retenus, un simple pointage sur 4 points
a été retenu. Ainsi, pour chaque critère, l’étudiant recevait 4 points s’il se classait au niveau A ou aucun
point si sa performance se situait au niveau D. Le niveau B valait 3 points et le niveau C, 2 points.
L’attribution d’une pondération exprimée en pourcentage pour chacun des critères permettait de
multiplier la note attribuée sur quatre pour obtenir une note finale cumulative sur cent points. La
pondération relative attribuée à chaque critère était laissée à la discrétion des membres de l’équipe de
recherche qui ont participé à l’évaluation des produits livrés par les équipes collaboratives. Cette
méthode apparaissait comme la plus appropriée dans le contexte de cette recherche puisque
l’évaluation était assurée par trois membres. La note finale correspond à la somme des trois notes
attribuées par les trois membres de l’équipe pour chaque produit.
Pour chaque groupe expérimental, le tableau 3 affiche la moyenne obtenue pour la phase 1 et 3 du
projet collaboratif, selon l’opération d’évaluation critériée que nous venons d’expliciter, selon deux
modalités, appelées dans le tableau version 1 et version 2.
La première modalité (ou version) est le produit d’un travail collaboratif sans structuration par les rôles
et sans structuration du forum.
La deuxième modalité (ou version), en revanche est le produit d’un travail collaboratif structuré par
les rôles et par un forum structuré par des scripts collaboratifs.
La différence des résultats obtenus (nommés dans la suite du texte moyenne ou scores) permet de
calculer un gain de performance. Ce gain de performance n’est que la différence entre la moyenne (ou
scores) obtenue lors de la première version et la deuxième version pour les deux phases du projet
collaboratif 1 et 3. Le résultat de phase 4 (dernière colonne du tableau) prend simplement le critère de
finalisation du projet ou de non-finalisation.
Prenons l’exemple du premier groupe expérimental appelé, G1 « non-structuré par les rôles » dans le
tableau 3. Ce groupe est constitué de quatre équipes qui ont collaboré pour produire un cahier des
charges (phase 1 du projet) et une maquette papier (phase 3 du projet) sans qu’elles soient structurées,
ni par les rôles ni par un script collaboratif qui structure le forum. Les notes obtenues sont le résultat
d’une évaluation critériée décrite précédemment. Ces résultats permettent de calculer le gain de
performance lorsque les équipes travailleront à fournir une deuxième version selon une structuration

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par les rôles et une structuration d’un forum d’équipe. Le gain exprimé dans le tableau est la différence
entre les notes obtenues (appelées aussi dans la suite du texte moyenne ou scores) lors de la première
version et la deuxième version du projet collaboratif (phase 1 et 3). La phase 4 du projet permet
simplement de constater l’ampleur de la performance par le biais d’une constatation simple : le projet
est-il finalisé ou non. Pour le groupe G1 « non-structuré par les rôles », aucune équipe n’a pu finaliser
le projet.

Tableau 3. Moyennes et gains au niveau des phases d’élaboration du projet collaboratif


Scores des équipes à deux phases du Phase 1 Phase 3 Phase 4
projet collaboratif
n Type de forum C. des C. des Gain Maque- Maque- Gain Support
Charges__ Charges tte tte finalisé
_V1 _V2 papier papier Oui / Non
_V1 _V2

G1 Struc- μ éq.1 5,22 7, 57 2,35 5,80 7,10 1,30 NON


Non- turé
structuré μ éq.2 5,44 7,87 2,43 5,86 7,18 1,32 NON
par les
rôles
02 Total μ.éq.1, 2 5,33 7,72 2,39 5,83 7,14 1,31 00/02

Non μ éq.3 5, 11 7,60 2,49 6,11 7,19 1,08 NON


struc-
turé μ éq.4 5,26 7,85 2,59 6,07 7,62 1,55 NON

02 Total μ éq.3, 4 5,18 7,72 2,54 6,09 7,40 1,31 00/02

04 Total μ G1 5,22 7, 57 2,35 5,80 7,10 1,30 00/04


G1.
G2 Struc- μ éq.5 5,20 7,11 1,91 5,87 7,11 1,24 NON
Non turé
structuré μ éq.6 5,41 7,44 2,03 6,07 7,49 1,42 NON
par les
rôles
02 Total μ éq.5, 6 5,30 7,27 1,97 5,97 7,30 1,33 00/02
éq.
Non μ éq.7 5,45 7,32 1,87 5,13 6,45 1,32 NON
struc-
turé μ éq.8 5,54 7,26 1,72 5,44 6,72 1,28 NON

02 Total μ éq.7, 8 5,52 7,29 1,77 5,28 6,58 1,30 00/02

04 Total μ G2 5,41 7,28 1,87 5,62 6,94 1,32 00/04


G2
G3 Struc- μ éq.9 6,45 7,58 1,13 5,56 7,11 1,55 NON
Structu- turé
ré par μ éq.10 6,63 7,64 1,01 5,64 7,21 1,57 NON
les rôles
02 Total μ éq.9, 6,54 7,61 1,07 5,60 7,16 1,56 00/02
10
Non μ éq.11 6,65 8,45 1,80 5,74 7,56 1,82 OUI
struc-
turé μ éq.12 6,55 8,41 1,86 5,64 7,44 1,80 OUI

02 Total μ 11,12 6,60 8,43 1,83 5,69 7,50 1,81 02/02

04 Total μ G3 6,57 8,02 1,45 5,64 7,33 1,69 02/04


G3

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G1,2,3 12 Total μ 5,73 7,62 1,89 5,68 7,12 1,44 02/12

Globalement, les données descriptives affichent un gain (brut) d’appropriation pour les deux phases (1
et 3) avec une amélioration de 13,6% entre la première version et la deuxième version des cahiers des
charges (ph. 1) et de 20,1% entre la première version et la deuxième version de la production de la
maquette papier (ph. 3). Ce gain diffère-t-il selon la modalité de structuration des équipes et ou selon
le type de forum ?

A. L’effet de la structuration des équipes par les rôles


L’hypothèse que nous posons ici, cherche à vérifier si la structuration des équipes par les rôles exerce
un effet sur les gains d’appropriation. Elle s’exprime ainsi :

- H1.1 : Les équipes « structurées par les rôles » (G3) réalisent de meilleures performances
d’appropriation que les équipes « non structurées par les rôles » (G1 et G2).
Pour mettre à l’épreuve cette hypothèse (H1.1), nous procédons à comparaison des performances
d’appropriation aux phases du projet collaboratif, avec une estimation des effets fixes de la version 2
sous contrôle de la version 1, pour vérifier si les groupes se différencient selon la modalité de
structuration des équipes. La comparaison s’appuie sur la moyenne obtenue par l’ensemble des équipes
qui composent un groupe lors de la version 1 du produit livré et sur la moyenne obtenue pour
l’ensemble des équipes qui composent le groupe lors de la version 2 du produit livré. Rappelons que
chaque groupe est composé de 4 équipes. Le gain de performance réalisé est calculé selon la différence
entre les moyennes obtenues lors de la version 1 et de la version 2 du produit livré (cahier des charges
et maquette papier). Les résultats de cette analyse sont présentés dans le tableau 4 ci-dessous.

Tableau 4. Comparaison des performances d’appropriation


selon la modalité de structuration des équipes
Scores des équipes Phase 1 Phase 3 Phase 4
aux phases du
projet
Collaboratif* C. des C. des Gain Maquette Maquette Gain Version
Charges Charges papier_V1 papier_V2 électronique
_V1 _V2
G1 Non μ 5,22 7, 57 2,35 5,80 7,10 1,30 00/04
structuré par
les rôles
G2 Non μ 5,41 7,28 1,87 5,62 6,94 1,32 00/04
structuré par
les rôles
G3 Structuré μ 6,57 8,02 1,45 5,64 7,33 1,69 02/04
par les rôles
* Moyenne obtenue par l’ensemble des équipes qui composent un groupe aux phases du projet collaboratif, version 2 sous
contrôle de la version 1

Nous observons, à travers le tableau 4, une différence significative dans la première phase (Cahier des
charges) en faveur du groupe « structuré par les rôles » (G3) comparativement aux groupes « non
structurés par les rôles » (G1 et G2). Cependant, ces deux derniers groupes réalisent un gain supérieur
à celui réalisé par le G1. Dans la phase III, en revanche, le G3 réalise une meilleure performance
d’appropriation sur les deux niveaux : moyenne et gain et finalise le support avec un score de 2 projets
sur 4, alors qu’aucune équipe des groupes G1 et G2, ne réalise la phase 4. Vu la moyenne des équipes
obtenues à l’issue de chaque phase du projet collaboratif, on peut dire que la trajectoire de performance
semble différer considérablement entre les trois groupes en fonction de la trajectoire des phases du
projet collaboratif et en faveur du groupe G3, du fait probable de la structuration des équipes par les
rôles.

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B. L’effet de la structuration du forum


Nous envisageons ici, l’effet de la structuration du forum, à partir de l’hypothèse suivante :

- H1.2 : Les équipes qui interagissent à travers un forum structuré réalisent de meilleures
performances d’appropriation que les équipes qui interagissent à travers un forum non
structuré.
Pour mettre à l’épreuve cette hypothèse (H1.2), nous procédons à la comparaison des performances
d’appropriation aux phases du projet collaboratif, pour vérifier si les groupes se différencient selon la
modalité de structuration du forum. Le calcul s’appuie sur la moyenne obtenue, aux phases du projet
collaboratif, avec une estimation des effets fixes de la version 2 sous contrôle de la version 1, par
l’ensemble des équipes qui ont bénéficié d’un forum structuré, en comparaison avec la moyenne
obtenue par l’ensemble des équipes qui n’ont pas bénéficié d’un forum structuré. Rappelons que
chaque groupe est composé de 4 équipes, dont deux équipes ont bénéficié du forum structuré alors que
les deux autres ont collaboré dans un forum non structuré. Le gain de performance réalisé est calculé
selon la différence entre les moyennes obtenues lors de la version 1 et de la version 2 du produit livré
(cahier des charges et maquette papier). Les résultats de cette analyse sont présentés dans le tableau 5,
ci-dessous, qui affiche les résultats des moyennes de performances à la version 2 du travail collaboratif
sous contrôle de la première version pour les deux phases du projet (Phase 1 - Cahier des charges et
Phase 3 – M. papier) selon les deux modalités de structuration du forum (structuré vs non structuré).
Les moyennes de performances sont calculées à partir de la somme des moyennes obtenues par les
équipes alors que le gain de performance est le résultat de la différence entre ces moyennes obtenues à
la version1 et 2.

Tableau 5. Comparaison des performances d’appropriation selon le type de forum


Version 2 sous contrôle de la Version 1 Phase 1 : C.Ch Phase 3 : M.P
Groupes expérimentaux μ gain μ gain
Forum structuré 7,53 1,81 7,20 1,58
Forum non structuré 7,81 2,05 7,16 1,48

La comparaison des performances d’appropriation, tableau 5, indique une différence minime entre les
groupes expérimentaux, qui varie tantôt en faveur d’un groupe, tantôt en faveur d’un autre. Cela
signifie que la structuration du forum ne semble pas influencer directement les performances réalisées
par les apprenants, qu’il s’agisse de la phase 1 relative au cahier des charges, ou de celle qui leur
demande de produire une maquette papier du support pédagogique multimédia (phase 3). Cependant,
cette différence reste significative pour la phase 4 du projet collaboratif (finalisation du support
pédagogique multimédia). Le nombre de supports finalisés (2 sur 6) joue en faveur du groupe qui
bénéficiait d’un forum non structuré.

C. L’effet d’interaction entre la structuration des équipes par les rôles et la structuration du
forum par le script collaboratif
Nous avons jusqu’à maintenant examiné séparément, l’effet de la structuration des équipes par les rôles
et l’effet de la structuration du forum par le script collaboratif. Ici, nous prenons en considération
l’interaction entre ces deux ces effets. Cette interaction appelle une estimation des effets fixes qui a
pour objectif de tester l’hypothèse suivante :

- H1.3 : Les équipes « structurées par les rôles » (G3) qui interagissent dans un forum structuré
réalisent de meilleures performances d’appropriation que les équipes « non structurées par les
rôles » (G1 et G2) qui interagissent dans un forum non structuré.
Pour vérifier cette hypothèse, nous prenons en considération les trois groupes expérimentaux selon une
comparaison des moyennes obtenues, selon les deux modalités de structuration du forum et pour
chaque groupe expérimental (G1, G2, G3). Le tableau 6, affiche les résultats de cette démarche.

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Tableau 6. Moyennes obtenues selon le type de structuration


G1 Non structuré par G2 Non structuré par les G3 Structuré par les
les rôles rôles rôles
Ph. Ph. Ph Ph. Ph. Ph Ph. Ph. Ph
(I) (III) (IV) (I) (III) (IV) (I) (III) (IV)
Forum

Structuré 7,72 7,14 0/2 7,27 7,30 0/2 7,61 7,16 0/2
Non- 7,72 7,40 0/2 7,29 6,58 0/2 8,43 7,50 2/2
Structuré

L’analyse du tableau 6 laisse constater un effet de corrélation lié à la non-structuration du forum


d’équipe sur les performances d’appropriation du groupe (G3) aux différentes phases du projet par
rapport aux autres groupes (G1 et G2). Cet effet se manifeste par des scores plus élevés par rapport aux
autres groupes et se confirme par comparaison des équipes issues du même groupe (G3). Les équipes
issues du groupe (G3) qui interagissent dans un forum non structuré obtiennent le meilleur score aux
différentes phases par rapport aux équipes issues du même groupe (8,43 à la phase 1, 7,50 à la phase 3
et 2/2 des projets finalisés). La non-structuration du forum associée à la structuration par les rôles
constitue la condition qui « semble » favoriser le mieux les performances d’appropriation.

V. Conclusion
Dans Ibrahimi et al. (2014), nous avions pu montrer que le forum structuré semblait favoriser la
participation des apprenants, générait un nombre important de messages et favorisait une référence
plus fréquente aux concepts utilisés dans le cours. Nous avions donc une corrélation forte permettant
de supposer que le forum structuré semblait être une aide à la co-construction des connaissances et un
soutien pour entretenir le lien social et la motivation au sein des équipes.
Le présent travail montre que l’appropriation d’un dispositif technopédagogique peut être liée à la
conception d’un scénario pédagogique. Le processus de scénarisation et les décisions qu’il implique
semble fortement liée au processus d’appropriation chez l’apprenant. Plus la scénarisation vise la
précision de rôles, des tâches et des consignes, plus l’encadrement semble pouvoir s’effectuer de
manière cohérente et semble avoir des effets sur la qualité de l’appropriation.
Dans le cadre de cette recherche, la conception du scénario pédagogique et de ses différentes
caractéristiques est liée à la mise en œuvre d’un dispositif de recherche qui vise à mesurer les
déterminants et les indicateurs d’appropriation. Dans ce travail, nous avons pu analyser l’indicateur de
la performance d’appropriation des connaissances.
La trajectoire de performance diffère considérablement entre les trois groupes, en fonction de la
trajectoire des phases du projet collaboratif et en faveur du groupe G3, du fait de la structuration des
équipes par les rôles.
Cela peut signifier que la structuration du forum n’influence pas directement les performances réalisées
par les apprenants, qu’il s’agisse de la phase (1) relative au cahier des charges, ou de celle qui leur
demande de produire une maquette papier du support pédagogique multimédia (phase 3). Cependant,
cette différence reste significative pour la phase (4) du projet collaboratif (finalisation du support
pédagogique multimédia). Le nombre de supports finalisés (2 sur 6) joue en faveur du groupe qui
bénéficiait d’un forum non structuré.
La non-structuration du forum associée à la structuration par les rôles constitue donc la condition qui
semble favoriser le mieux les performances d’appropriation. Ces indications peuvent signifier que
lorsque les apprenants sont responsables d’un rôle à jouer dans l’équipe mais qui ne sont pas contraints
par une structuration préétablie du forum d’équipe, ils réalisent de meilleures performances
d’appropriation.

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Cependant, la méthodologie utilisée nous a permis d’aboutir à des effets de corrélation et non à des
effets de cause et notre échantillon ne nous autorise pas à inférer la portée de nos résultats au-delà du
contexte de notre expérimentation. Il serait intéressant d’adopter la même démarche sur un échantillon
plus représentatif de la population générale (étudiants de l’université Abdelmalek Essaadi dont les
étudiants de l’ENS de Tétouan), pour pouvoir obtenir des tendances généralisables. Il faut aussi noter
que les résultats analysés dans cette partie de la recherche prennent en considération seulement les
performances d’appropriation des connaissances au sein des groupes expérimentaux, sans tenir compte
des performances individuelles, en tenant compte de la dynamique collaborative développée au sein
d’un groupe. Dans ce sens, il serait intéressant aussi d’étudier comment les apprenants perçoivent leur
propre manière de s’approprier les connaissances au sein du dispositif de formation. Autrement dit, il
s’agit de mener une analyse qualitative de la réflexion métacognitive que l’apprenant exerce sur son
propre processus d’appropriation des connaissances, pour pouvoir identifier d’autres causes ayant un
effet sur la finalisation des projets collaboratifs afin de mettre en œuvre des stratégies pédagogiques
capables d’agir sur ces autres paramètres.

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frantice.net, numéro 16, novembre 2019

Annexes

Annexe 1. Grille évaluation des cahiers des charges


Grille descriptive pour l’analyse et l’évaluation des cahiers des charges
Élaborés par les groupes expérimentaux (G1, G2, G3).

Groupe :
Équipe :

Quelles sont les informations que l’on retrouve dans le Projet d’amélioration pour la Version_2
document ? Version_1
Idée mobilisatrice

Bénéfices attendus

Conditions d’insertion

Population visée

Contraintes et ressources

Objectifs de la formation

Support de communication

Coûts et délais de développement

Conditions de mise à disposition, droits d’auteur

Annexe 2. Grille évaluation maquette papier


Grille descriptive pour l’analyse et l’évaluation de la maquette papier conçue par les groupes
expérimentaux (G1, G2, G3).

Groupe : V_1 V_2


Équipe :

L’organisation pédagogique du cours

Présence d’un (ou plusieurs) élément(s) du système d’entrée

Présence d’un (ou plusieurs) élément(s) du système d’apprentissage

Présence d’un (ou plusieurs) élément(s) du système de sortie

Les spécifications d'entrée

Présente-t-on les objectifs du cours ?

Dans ce cas, les objectifs sont-ils clairement formulés ?

La population visée est-elle précisée ?

Les prérequis sont-ils précisés ?

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Les contenus

La présentation des contenus de la formation est-elle lisible et adaptée aux caractéristiques


de la population ?

Les contenus de la formation sont-ils exacts ?

Activités

Les activités proposées en cours d'apprentissage sont-elles cohérentes par rapport aux
objectifs poursuivis ?

La fréquence des activités proposées est-elle adaptée aux objectifs poursuivis ?

Existe-t-il des activités de synthèse et de transfert ?

Les activités sont-elles organisées selon une stratégie d'apprentissage explicite (expositive,
par redécouverte guidée, par résolution de problème) ?

Structuration du système d’apprentissage

La séquence de formation fait-elle appel à des structurants ?

Les éléments essentiels sont-ils mis en évidence ?

Les relations entre les éléments de contenu sont-elles explicites ?

La présentation du contenu et les activités proposées aident-t-elles l'apprenant à structurer


les connaissances à acquérir ?

Les aides proposées à l’apprenant vous paraissent-elles adaptées ?

Tests et orientation

La séquence de formation propose-t-elle des tests en vue d'évaluer :

Les prérequis ?

Le niveau de maîtrise des objectifs à l'entrée dans le cours ?

Le niveau de maîtrise des objectifs à la sortie du cours ?

La séquence de formation dispose-t-elle de procédures d'orientation en fonction :

Du niveau de maîtrise des prérequis ?

Du niveau de maîtrise des objectifs à l'entrée dans le cours ?

Du niveau de maîtrise des objectifs à la sortie du cours ?

Du niveau de maîtrise des objectifs en cours d’apprentissage ?

Annexe 3. Exemple de consignes


Exemple de consignes données aux acteurs pour la réalisation d’une tâche (équipe structurée par les
rôles et par un forum structuré)

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frantice.net, numéro 16, novembre 2019

Module : Scénarisation Pédagogique Multimédia


Objectifs du cours
Ce cours vous permettra d’acquérir et d’approfondir la compréhension des concepts reliés à la scénarisation
pédagogique multimédia à travers une série de lectures.
Les activités proposées permettront progressivement de vous approprier les principales notions et concepts,
mais également de les réinvestir, lors du projet collaboratif, dans la conception d’un dispositif
technopédagogique.
Tâche 1 (semaine 1) : Lectures et débat
Objectifs
Lors de cette première activité, nous vous demandons de prendre connaissance du contenu des textes
principaux que nous avons sélectionnés et qui constituent le cadre de référence de ce cours.
Ces ressources vous permettront d’approcher certaines visions et stratégies inhérentes à la scénarisation
pédagogique multimédia.
Il s’agit d’identifier et de comprendre les éléments qui constituent les bases d’une méthodologie rigoureuse.
Le type « débat » vise à consolider et/ou approfondir votre compréhension de certains concepts de base
identifiés et étudiés lors de cette première activité de lecture. Pour ce faire, le tuteur proposera une question
inhérente aux concepts clés qu’il déposera sur un forum afin que vous puissiez en débattre.
Modalités de fonctionnement
L’activité de lecture se déroulera entre le (lundi) et le (mercredi soir) durant laquelle vous pouvez poser vos
questions à propos des textes sur le forum de votre équipe de travail. C’est entre vous que vous tenterez
d’apporter des éléments de réponses à ces questions. Le tuteur va vous aider aussi, en déposant une mindmap
pour structurer votre débat. Ces échanges d’informations peuvent vous être profitables pour consolider votre
compréhension des concepts afin de pouvoir les investir durant les tâches suivantes.
Ensuite, le jeudi votre tuteur va déposer une question sur le forum et vous êtes invités à participer. Il s’agit
d’ouvrir et de susciter le débat sur les sujets proposés par les textes et de construire, entre vous, des
propositions de réponses qui seront étoffées et améliorées au gré de vos lectures. La réussite de cette activité
repose sur votre implication personnelle dans le débat, votre motivation et votre capacité à relancer les idées
et à les approfondir. Pour ce faire, chacun de vous choisira un rôle à jouer dans ce débat :

- Le chercheur : il recherche des informations pour nourrir les échanges au sein du forum ;
- Le concepteur : il insère des concepts pertinents lors des échanges ;
- Le synthétiseur : il configure une synthèse des échanges ;
- Le modérateur : il modère les échanges du début jusqu’à la fin.
Ensuite vous allez faire une synthèse du débat et essayer de répondre à la question posée par votre tuteur, en
apportant des avis personnels.
Quelques conseils pour réussir le débat
-N’élaborez pas votre texte, écrivez succinctement en mettant en avant vos idées principales ;
-Il s’agit d’un forum de discussion, ayez le souci de vous adresser aux autres, de répondre aux messages
postés, d’interpeller et de nommer les personnes concernées ;
-Apportez des arguments basés sur vos lectures lorsqu’il s’agit de critiquer ou d’apporter un avis divergeant ;
-Soyez réguliers dans vos interventions mais ne prenez pas le monopole de la parole.
Échéancier
L’activité sera planifiée de la façon suivante :

- Lundi à mercredi : lecture de textes et interaction dans le forum ;


- Jeudi : dépôt des questions par votre tuteur dans le forum ;
- Jeudi : après le dépôt de la question, vous débattrez quotidiennement sur le forum autour de la
question laissée par le tuteur (en proposant quelques idées clés sur lesquelles il faut construire vos
réflexions) ;
- Dimanche : vous tenterez de répondre à la question de votre tuteur, en rédigeant une brève synthèse
finale qui sera le fruit des débats autour de la question, tout en apportant des éléments de réponses
reflétant vos avis personnels.

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Modalités d’encadrement
Un premier rendez-vous obligatoire d’une heure, en communication synchrone, sera organisé la première
semaine du cours dans votre espace de chat. Les horaires de chat vous ont déjà été communiqués en début
de chaque tâche. Une synthèse du chat sera effectuée et postée dans votre espace de travail. Ce chat aura
pour but de préciser les objectifs du cours et les consignes de travail.
Un second chat de permanence sera organisé pour répondre à vos questions de clarification.
Cette permanence sera ouverte à l’heure qui a été définie. Elle sera suspendue au bout de 30 minutes si
personne ne s’est connecté.
Modalité d’évaluation
L’évaluation sera basée sur vos efforts de lecture, de compréhension des concepts liés à la scénarisation
pédagogique multimédia, l’interaction sur le forum du groupe ainsi qu’à la qualité de votre synthèse.
Critères d’évaluation
Effort de lecture et compréhension des concepts réinvestis dans la synthèse du forum et pertinence du
document rendu.
Effort de collaboration et d’échange entre pairs.
Échéancier
Début de l’activité : lundi de la première semaine du cours.
Fin de l’activité : dimanche de la première semaine du cours à 23hGMT (pourrait être sujet à modifications).
Ressources spécifiques
Les textes sont disponibles sur la plateforme.

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