Arte Povera, Une Question D'image. Germano Celant Et La Représentation Critique La Néo-Avant-Garde
Arte Povera, Une Question D'image. Germano Celant Et La Représentation Critique La Néo-Avant-Garde
Arte Povera, Une Question D'image. Germano Celant Et La Représentation Critique La Néo-Avant-Garde
28 | novembre 2011
J.M.Cameron / Discours critiques/ Photographies de
l'Inconscient
Giuliano Sergio
Traducteur : James Gussen
Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/etudesphotographiques/3224
ISSN : 1777-5302
Traduction(s) :
Arte Povera, A Question of Image - URL : https://journals.openedition.org/etudesphotographiques/
3471 [en]
Éditeur
Société française de photographie
Édition imprimée
Date de publication : 21 novembre 2011
Pagination : 120-142
ISBN : 9782911961281
ISSN : 1270-9050
Référence électronique
Giuliano Sergio, « Arte povera, une question d’image », Études photographiques [En ligne], 28 | novembre
2011, mis en ligne le 03 mai 2012, consulté le 09 juin 2022. URL : http://journals.openedition.org/
etudesphotographiques/3224
Propriété intellectuelle
Arte povera, une question d’image 1
Giuliano Sergio
Traduction : James Gussen
1 « Comment est-il possible de raconter l’histoire de l’art italien des quarante dernières
années sans tomber dans le labyrinthe habituel de la critique officielle 1 ? »,
s’interrogeait Francesco Bonami à l’occasion de son exposition “Italics. Arte italiana tra
tradizione e rivoluzione 1968-2008”. En rupture avec ses prédécesseurs, le commissaire
d’exposition considère 1968 comme le début du « labyrinthe » : à cette époque, le
critique Germano Celant lançait l’arte povera, « un train » qui aurait rejoint la scène
internationale en laissant sur le quai plusieurs artistes italiens de valeur. Si l’objectif
critique de Bonami était avant tout de rompre avec l’héritage de l’arte povera, il s’agira
plutôt ici de découvrir ce qui a permis de bâtir ce mouvement au sein de la scène
artistique internationale. Cependant, la question de Bonami touche un point central où
critique et histoire se rejoignent et révèlent que la difficulté à « raconter l’historie » de
la néo-avant-garde était au cœur même du débat critique dès la fin des années soixante.
À ce propos, le témoignage d’Harald Szeemann, alors qu’il installe sa célèbre exposition
“Live in Your Head : When Attitudes Become Form”, est flagrant : « Personne n’a jamais
pu donner un nom satisfaisant à ce phénomène compliqué ni l’inscrire dans une
catégorie, à l’inverse du Pop art, l’Op art et l’art minimal. Tous les noms proposés
jusqu’ici – Anti-Form, Micro-emotive Art, Possible Art, Impossible Art, Concept Art,
Arte povera, Earth Art – [en] décrivent seulement un aspect2. » Le galeriste new-yorkais
Seth Siegelaub, de son côté, met en lumière un autre aspect particulier de cette
situation : « l’art conceptuel, qui est un nom inapproprié, a été probablement le
premier mouvement artistique à ne pas avoir un centre géographique 3 ». Signes des
transformations du système de l’art, ces incertitudes montrent comment la néo-avant-
garde était en train de se soustraire au jugement de la critique et du marché en
refusant de produire des objets d’art et d’accepter les catégories esthétiques qui en
garantissaient l’évaluation. L’art semblait pouvoir se redéfinir à travers la notion
Le livre-document de l’événement
4 La valorisation des documents de l’art trouve son origine dans les années cinquante : au
fil de la décennie, la rupture avec la tradition moderniste, la recherche d’un nouvel
équilibre entre œuvre, espace d’exposition et public, conduisent à l’affirmation
graduelle d’un art éphémère cherchant de nouvelles dynamiques du travail artistique.
« Il y a dans cette époque une économie exceptionnelle du don sans retour 13 », qui ne
produit plus d’œuvres, mais développe un contrôle de plus en plus structuré de
l’information visuelle. La valeur de cette documentation garde dans la plupart des cas
une dimension narrativo-documentaire qui rejoint parfois la qualité d’une lecture
critique14.
6 Malgré leur ton, ces positions n’exprimaient pas une aversion envers les médias, mais
révélaient plutôt l’exigence des artistes de contrôler leur propre image. Ils étaient
dérangés par la présence de la télévision publique car obligés de jouer leur rôle
d’artistes d’avant-garde, sans aucun contrôle possible sur l’image et sur sa diffusion 18.
Le catalogue-document, édité en 1969 par le collectionneur Marcello Rumma, présente
un grand nombre d’images à côté des comptes-rendus des participants. Pourtant, cet
effort de documentation n’offre que rarement une véritable lecture visuelle des
événements. Celant cherche à donner au livre une forme documentaire, mais l’absence
de choix entre un graphisme, qui engloberait les images, et une présentation
documentaire neutre et rythmée, ne semble pas trouver d’alternative convaincante au
style du reportage utilisé dans d’autres livres-documents de la scène artistique comme
Assemblage, Environments & Happenings (1966), New York : The New Art
Scene (1967) et Il Teatro delle Mostre (1968)19. Arte povera più azioni povere
montre ainsi comment la question de la présentation des documents n’est pas encore
pleinement développée au sein du mouvement.
7 Ces premiers essais de représentation des actions éphémères incitent les artistes à
s’intéresser de près à la construction d’une image médiatique capable de traduire leur
travail. L’attention portée à la documentation, qui intègre progressivement les médias
d’information visuelle dans les stratégies artistiques, entraîne des collaborations avec
plusieurs opérateurs-artistes liés à la photographie et à la vidéo 20. Ces images étaient
une pratique de plus en plus répandue qui sera théorisée en Italie par Germano Celant.
Après l’expérience d’Amalfi et l’édition du livre-document, le critique approfondit sa
réflexion sur les documents avec son article “Per una critica acritica”, publié pour la
première fois en 1969 dans la revue Casabella21. Pour Celant, le défi esthétique
proposé par les néo-avant-gardes impose un nouveau rôle à la critique. Elle doit
renoncer aux « ragots » et entreprendre une « action conservative et historique des
documents […] pour avoir un pouvoir non pas sur l’art, mais sur les instruments de
communication22 ». Celant déplace ainsi l’action de la critique de manière symétrique
aux nouvelles positions de l’avant-garde et propose le contrôle de l’information que les
artistes produisent, c’est-à-dire des seules images produites par ces artistes au moment
de la dématérialisation de l’œuvre d’art. Le choix de renoncer au jugement critique
cache donc une nouvelle position de suprématie de la critique. Son « action
historique23 »doit s’exprimer à travers le choix des documents fournis par les artistes :
« Documenter ne veut pas dire ne pas opérer un choix et s’intéresser à tout l’art qui se
produit, mais savoir choisir l’art qu’on veut sauver, avec tous les risques et les dangers
d’un tel choix24. » Il y a ici la théorisation d’une solution positive à la crise du rôle de la
critique qui utilise les documents comme alternative au texte d’interprétation, jugé
désormais un « ragot ». Celant propose une nouvelle forme de critique qui s’approprie
les instruments et l’objectivité du récit historique. Parmi les documents possibles –
comptes-rendus, films, vidéo, bandes son, etc., Celant choisira la photographie comme
médium privilégié pour bâtir sa nouvelle construction critique.
8 En 1969, trois ouvrages fondamentaux sur la néo-avant-garde sont publiés : les
catalogues d’exposition de Live in Your Head : When Attitudes Become Form
et de Op Losse Schroeven, ainsi que Arte povera, le photo-livre de Germano
Celant. Ces trois livres (auxquels il faut au moins ajouter le documentaire
cinématographique Land Art de Gerry Schum) ne se limitent pas à tracer le panorama
international d’une nouvelle génération d’artistes, mais sont des instruments
indispensables pour étudier l’institutionnalisation du mouvement à travers les choix de
« mise en pages » des trois critiques.
9 Harald Szeemann construit son catalogue comme un fichier ouvert, choisissant de
récolter le matériel fourni par chaque artiste sur des fiches séparées, en suivant une
esthétique qui caractérise déjà la pratique de catalogage construite par plusieurs
artistes de tendance conceptuelle. Le catalogue Op Losse Schroeven Situaties En
Cryptostructuren, de son côté, est constitué de deux dossiers, réunis par une
couverture unique. Le premier reprend la logique du catalogue traditionnel : après le
plan de l’exposition, suivent les textes critiques et les fiches biographiques illustrées
des artistes. En revanche, le second dossier reproduit des projets d’artistes en
composant un livre-objet qui fait clairement référence au Xerox Book, édité à
New York l’année précédente par le galeriste Seth Siegelaub.
10 Avec son format carré et ses images imprimées en pleine page, Arte povera – sorti
simultanément en Italie, en Allemagne, en Angleterre et aux États-Unis – est le premier
photo-livre d’un critique sur cette nouvelle génération internationale 25. Celant propose
le rassemblement d’un très large panorama de la scène internationale incluant des
artistes américainsreprésentants de l’art conceptuel comme Joseph Kosuth, Lawrence
Weiner, Robert Barry et Douglas Huebler, les land artistes Richard Long et Dennis
Oppenheim, tous les artistes poveristes, à côté d’artistes allemands, comme Joseph
Beuys et hollandais, comme Jan Dibbets. Dans Arte povera, chaque artiste a environ
six pages à disposition pour présenter son propre travail à travers un choix attentif des
images et de la mise en pages selon une méthodologie inaugurée par Seth Siegelaub
avec ses catalogues-expositions26. Tandis que les catalogues d’Amsterdam et de Berne
avaient adopté l’esthétique du fichier et du projet, où la photographie avait encore sa
fonction d’illustration de textes et de notices biographiques, Celant choisit de donner
un espace exclusif au médium photographique. Arte povera se différencie aussi par
l’absence des didascalies et du texte d’introduction. Le seul guide est un avant-propos
qui définit la valeur d’information de l’opération critique :
« […] le livre tend à ne pas être objectif car l’objectivité est de la fausse
conscience.
Le livre, constitué par des documents photographiques et des témoignages
écrits, fait reposer ses présupposés critiques et éditoriaux sur la conscience
que l’action critique et la documentation iconographique fournissent des
visions limitées et des perceptions partielles du travail artistique.
Le livre, dès lors qu’il reproduit la documentation sur le travail artistique,
refuse la médiation linguistique de la photographie […] ».
« […] En raison de son univocité littéraire et visuelle, le livre rétrécit et
déforme le travail de l’artiste27 ».
15 Le discours confirme les positions que Celant formule avec “Per una critica acritica”.
Dans ce texte, comme dans son livre Arte povera, Celant minimise la valeur des
images comme représentations iconiques pour affirmer leur seule valeur d’attestation
de l’idée. Pourtant, quelques lignes plus loin, le critique nuance sa position en
mentionnant un aspect de la recherche conceptuelle qui travaille autour de la nature
médiatique de ces nouvelles formes d’œuvres. Ces « résidus » apparaissent ainsi comme
des occasions d’expérimentation des nouveaux langages des médias :
« Un art qui n’accepte pas d’être manipulé à travers les canaux traditionnels
comme les musées et les galeries, mais qui se place immédiatement à
19 Les résidus sont devenus des « signes-sens », des « modèles d’actions ». Face aux
images élaborées par les artistes, Celant reconnaît leur valeur fondatrice, leur pouvoir
de construction d’une action en tant qu’icône qui fonde l’action « dans le temps et dans
la mémoire ». Mais, ajoute-t-il, ce qui importe ce sont les conditions dans lesquelles ces
images sont réalisées et perçues, les lieux de l’événement et leur médiatisation à
travers la photographie, la revue, le catalogue, le livre – toutes conditions qui naissent
du rapport entre les artistes et le critique.
NOTES
1. Francesco BONAMI, “Un’antica civiltà contemporanea”, inItalics, arte italiana labirinto fra
tradizione e rivoluzione 1968-2008, Milan,Electa, 2008, p. 25. L’exposition a été présentée
entre 2008 et 2009 au Palazzo Grassi de Venise et au Museum of Contemporary Art de Chicago.
2. Introduction au catalogue Live in Your Head : When Attitudes Become Form (Berne,
Kunsthalle, 1969), cité in Robert LUMLEY “Spaces of arte povera”, in Richard Flood et Frances
Morris (dir.), Zero to Infinity : Arte Povera 1962-1967, Minneapolis / Londres, Walker Art
Center / Tate Modern, 2001, p. 41. Les deux premières expositions collectives présentant la néo-
avant-garde internationale dans des musées publics en mars 1969 sont “Live in Your Head : When
Attitudes Become Form”, organisée par Harald Szeemann à la Kunsthalle deBerne et coordonnée
avec “Op Losse Schroeven Situaties En Cryptostructuren”, organisée par Wim Beeren au Stedelijk
Museum d’Amsterdam avec l’aide de l’artiste Piero Gilardi.
3. Cité in Alexander ALBERRO et Blake STIMSON, Conceptual Art : A Critical Antology,
Londres / Cambridge (Mass.), The MIT Press, 1999, p. 287.
4. Pour une analyse de la recherche artistique de l’époque dans cette perspective voir, entre
autres, Sophie DELPEUX, “L’imaginaire à l’Action. L’infortune critique de Rudolf Schwarzkogler”,
Études photographiques, no 7, mai 2000, p. 108-123 et Julia HOUNTOU, “Le corps au mur, la
15. G. CELANT, “Azione povera”, in G. Celant, Arte povera più azioni povere, Salerno,
Rumma editore, 1969, p. 13 (trad. de l’auteur).
16. Celant avait convoqué un groupe de critiques parmi lesquels Achille Bonito Oliva, Gillo
Dorfles, Daniela Palazzoli, Filiberto Menna, Tommaso Trini, Angelo Trimarco et Henry Martin.
17. Piero GILARDI, L’esperienza di Amalfi, in G. Celant, Arte povera più azioni povere,
op. cit., p. 80 (trad. de l’auteur).
18. Pour Vittorio Boarini et Pietro Bonfiglioli, « le système a gagné encore une fois au moment où
l’arte povera […] est institutionnalisé et mis dans le circuit pacifié de toutes les autres tendances
artistiques […]. La conséquence immédiate est la réduction des actions “pauvres” dans la
publicité télévisée d’œuvres réifiées et inévitablement reproductibles en série. […] Ses
interprètes ont accepté de bon gré le rôle que l’univers de la communication réifiée leur a prêté
et ils ont fini par faire les clowns devant les caméras », inG. CELANT,Arte povera più azioni
povere, op. cit., p. 66-67 (trad. de l’auteur).
19. Allan KAPROW, Assemblage, Environments & Happenings, New York, Harry N. Abrams,
1966 ; Ugo MULAS, New York : The New Art Scene,New York, Holt, Rinehart / Winston, 1967 ;
Maurizio CALVESI, Il Teatro delle Mostre, Rome, Lerici, 1968. Pour une analyse de ce dernier,
voir G. SERGIO, Cancellazione d’artista di Cesare Tacchi : esposizione, catalogo e
documento fotografico tra la fine degli anni ‘60 e l’inizio degli anni ‘70, Naples,
Civis, 2005.
20. Pour la scène italienne, rappelons ici au moins Gerry Shum, Ugo Mulas, Paolo Mussat-Sartor,
Claudio Abate, Mimmo Jodice, Gianfranco Gorgoni, Mario Cresci, Luigi Ghirri et Luciano Giaccari.
21. Avec ce titre, Celant fait référence au livre de Susan SONTAG, Against Interpretation, paru
aux États-Unis en 1964 et traduit en italien en 1967 (Milan, Mondadori). Celant publiera deux
variations de cet article, la seconde dans le premier numéro de la revue NAC (Milan, 1970). Dans
la première version de l’article, il manquait encore toute la partie sur les documents en tant que
« résidus » et l’accent mis sur l’activité critique en tant qu’activité de conservation historique
théorisée pour la version définitive. Toutes les citations suivantes se réfèrent à cette seconde
édition de l’article. Toujours dans cette seconde version, Celant nous renvoie à une note où il fait
une distinction intéressante : « critique comme événement – voir Harold Rosenberg et
l’expressionnisme abstrait ; Lawrence Alloway et le pop art ; Lucy Lippard et l’art minimal ;
Germano Celant et l’arte povera ou conceptual art ou land art – et critique comme conservation
et catalogage des résidus ou traces des artistes ou des produits artistiques – voir Carla Lonzi, Lucy
Lippard, Seth Siegelaub, Gregory Battcock et Germano Celant », in G. CELANT, “Per una critica
acritica”, inNAC, no 1, 1970, p. 30, note 1 (trad. de l’auteur).
22. Ibid., p. 29-30 (trad. de l’auteur).
23. Ibid., p. 29 (trad. de l’auteur).
24. Ibid., p. 30 (trad. de l’auteur).
25. Celant, avec ce choix, récupère une logique déjà utilisée par des livres et catalogues d’artistes.
Voir, entre autres, le livre de Edward RUSCHA, Twenty Six Gasoline Stations, édité par
l’artiste en 1963 à 3 000 exemplaires, et le catalogue de Douglas Huebler, édité par Seth Siegelaub,
New York, novembre 1968 ; mais il faut aussi rappeler Piero Manzoni, the Life and the
Works, le livre de l’artiste milanais conçu en 1962 à Amsterdam à soixante exemplaires, chez Jes
Petersen, et constitué de cent pages blanches.
26. Cf. le catalogue-exposition January 5 – 31, réalisé à New York en 1969 dans la galerie-
bureau de Seth Siegelaub avec les travaux des artistes conceptuels Joseph Kosuth, Lawrence
Weiner, Robert Barry et Douglas Huebler. Sur cette exposition voir, entre autres, Jean-Marc
POINSOT, Quand l’œuvre a lieu, Genève, MAMCO, 1999, p. 103-105.
27. Premesso che, in G. CELANT, Arte povera, Milan, Mazzotta, 1969, p. 5-6 (trad. de l’auteur).
Le texte critique de Celant est publié à la fin du livre et traité comme une intervention parmi les
images des artistes.
28. Sur la question du recours aux documents de la part des artistes, voir John ROBERTS, The
Impossible Document : Photography and Conceptual Art in Britain 1966-1976,
Londres, Camera Words, 1997 ; voir aussi Alexander ALBERRO et Patricia NORVELL, Recording
Conceptual Art. Early Interviews with Barry, Huebler, Kaltenbach, LeWitt, Morris,
Oppenheim, Siegelaub, Smithson, Weiner, Berkeley / Londres, University of California
Press, 2001. Une position importante sur la question est celle présentée par Jeff WALL dans «
Marks of Indifference » : Aspects of Photography in, or as, Conceptual Art, in
Douglas Fogle, The last Picture Show : Artists Using Photography 1960-1982,
Minneapolis, The Walker Art Center, 2003, p. 32-44 ; une analyse des implications du recours à la
photographie de la part des artistes de la néo-avant-garde dans le contexte américain et
allemand a été publiée avec l’ouvrage dirigé par Diarmuid COSTELLO et Margaret IVERSEN,
Photography after Conceptual Art, Oxford, Association of Art Historians / Wiley-Blackwell,
2010.
29. Premesso che, in G. CELANT, Arte povera, op. cit., p. 6 (trad. de l’auteur).
30. Pour un entretien autobiographique du critique génois, voir G. CELANT, “How to Escape from
the Hallucinations of History”, in G. CELANT (dir.), Arte Povera Art Povera, op. cit.,
notamment p. 17.
31. G. CELANT, “La natura è insorta”, Casabella, nos 339-340, 1969, p. 104-107.
32. G. CELANT, “Conceptual Art”, Casabella, no 347, avril 1970, p. 42 (trad. de l’auteur).
33. Ibid.
34. Ibid.
35. G. CELANT, “Kounellis / Prini / Pisani”, Casabella, no 356, janvier 1971, p. 50 (trad. de
l’auteur).
36. Ibid., p. 50 (trad. de l’auteur).
37. Cf. G. CELANT, “Arte povera. Appunti per una guerriglia”, Flash Art, no 5, 1967, n. p.
38. G. CELANT, “Inciso”, Casabella, no 345, février 1970, p. 41 (trad. de l’auteur).
39. G. CELANT, “Information documentation archives”, NAC, no 5, 1971, p. 5 (trad. de l’auteur).
Cette même année, le critique publie un essai au titre parlant : “Book as Artwork 1960-1970”,
DATA, no 1, 1971, p. 35-49.
40. G. CELANT, “Information documentation archives”, art. cit., p. 5 (trad. de l’auteur). Le siège de
la structure était à Gênes et rassemblait autour de Celant la critique Ida Ganelli et le coordinateur
visuel Franco Mello.
41. G. CELANT, “Information documentation archives”, art. cit., p. 5 (trad. de l’auteur).
42. Cf. G. CELANT, “Per una critica acritica”, art. cit., p. 30 (trad. de l’auteur).
RÉSUMÉS
L’arte povera est un cas critique exemplaire. Inventé en 1967 par Germano Celant, ce label a eu
une fortune extraordinaire qui a attiré l’attention des spécialistes et a suscité les jugements les
plus divers. Au fil des ans, cette notion prend une valeur polysémique qui incarne tant un
manifeste esthétique-militant, qu’une modalité opératoire, la définition d’un groupe ou encore
une marque distinctive nationale. Germano Celant a su utiliser ces différentes figures critiques
sans jamais figer sa construction dans un modèle, rendant particulièrement difficile
l’historicisation de ce mouvement et de sa stratégie. Pour étudier l’affirmation de l’arte povera, il
ne faut pas tant analyser la cohérence de son discours que la construction historique de son
image. Relire la manière dont Germano Celant a intégré la photographie au sein de sa démarche
critique, avec ses catalogues, livres et revues, fournit les pistes qui retracent le processus de
définition de l’arte povera et son affirmation dans le système de l’art contemporain.
Arte povera is an exemplary critical phenomenon. Coined by Germano Celant in 1967, the label
has enjoyed extraordinary success, attracting the attention of specialists and provoking a
tremendous variety of judgments. Over the years, it has taken on a polysemic value which
embodies at once an aesthetic and activist manifesto, a set of procedures, the definition of a
group, and even a national trait. Germano Celant was able to use these disparate critical figures
without ever solidifying his construction into a model, making it especially difficult to historicize
the movement and its strategy. To understand the success of arte povera, one must analyze not
so much the coherence of its discourse as the historical construction of its image. Rereading
the way that German Celant incorporated photography into his critical approach in his
catalogues, books, and journals helps us retrace the process by which arte povera defined and
established itself within the system of contemporary art.
AUTEURS
GIULIANO SERGIO
GIULIANO SERGIO est historien de l’art et enseigne à l’université IUAV de Venise et à l’académie
des beaux-arts de Naples. Il étudie le rapport entre la néo-avant-garde et la photographie
contemporaine et la redéfinition de la notion de patrimoine artistique et paysager en Italie. Il a
publié Ugo Mulas. Vitalità del negativo (Milan, Johan & Levi, 2010). Commissaire de
l’exposition “Ugo Mulas. Verifica dell’arte” (Naples, Museo Pignatelli, 2011), il achève
actuellement la rédaction de l’ouvrage Information document œuvre. Les parcours de la
photographie en Italie dans les années 60 et 70 (Nanterre, Presses universitaires de
Paris Ouest, 2012). GIULIANO SERGIO is an art historian and teaches at the IUAV University of
Venice and the Academy of Fine Arts, Naples. He studies the relationship between the neo-avant-
garde and contemporary photography and the redefinition of the notion of artistic and landscape
heritage in Italy. He has published Ugo Mulas: Vitalità del Negativo (Milan: Johan & Levi,
2010). Curator of the exhibition Ugo Mulas: Verifica dell’Arte (Naples, Museo Pignatelli,
2011), he is currently completing work on a book called Information Document Œuvre: Les
Parcours de la Photographie en Italie dans les Années 60 et 70 (Nanterre: Presses
Universitaires de Paris Ouest, 2012).fr