Seance 8 DR Cons Ij L1-1-1 PDF
Seance 8 DR Cons Ij L1-1-1 PDF
Seance 8 DR Cons Ij L1-1-1 PDF
DROIT CONSTITUTIONNEL
Cours
Bibliographie
- FAVOREU (Louis), GAÏA (Patrick.), GHEVONTIAN (Richard.), MESTRE (Jean.
Louis.), PFERSMANN (Otto.), ROUX (André) et SCOFFONI (G.), Droit
constitutionnel, Dalloz, coll. « Précis », Paris, 16ème éd., 2014, 968 p.
SEANCE 8 (23/02/2015)
1
C – La nature juridique de l’Union européenne
Le débat institutionnel sur la nature juridique de l’Union européenne oppose les
fédéralistes, qui sont partisans d’une Europe supranationale, aux tenants de l’Europe
des patries ou, plus simplement, d’institutions communautaires
intergouvernementales. Alors que les premiers valorisent l’intégration et l’extension
des compétences communautaires, les seconds voient l’Europe agir sur le mandat et
sous le contrôle des États, qui bornent les compétences de cette institution et
dominent ses institutions à travers le Conseil des ministres et le Conseil européen.
Issue du Traité de Maastricht, signé le 7 février 1992, l’Union européenne est,
parfois, présentée comme une forme de confédération. Il est vrai que son statut reste
celui d’une organisation internationale régie par des traités (qui ne peuvent, de ce
fait, être modifiés qu’à l’unanimité des États membres), et non par une Constitution.
Pour cette raison, les États qui composent l’Union européenne restent souverains.
Dans la pratique, l’aspect confédéral se traduit par le fait que, dans de nombreux
domaines (ex. : défense, sécurité, politique extérieure …), il existe uniquement une
coopération entre les États membres. Il n’en reste pas moins que, sous bien des
aspects, l’Union européenne a dépassé le stade confédéral. En effet, en matière
économique et monétaire, on observe une intégration de plus en plus poussée,
intégration illustrée, d’ailleurs, par le droit communautaire, qui est un droit
d’application directe et immédiate dans les États membres. Pour cette raison, la
plupart des auteurs s’accordent à considérer que l’Union européenne est une
institution à mi-chemin entre la confédération d’États, c’est-à-dire une association à
objet particulier, et l’État fédéral.
P II : Le modèle unitaire : l’État unitaire décentralisé
L’État unitaire est un État qui ne comporte, sur son territoire et pour la population qui
y vit, qu’une seule structure de pouvoir dotée des attributs de la souveraineté. À vrai
dire, l’État unitaire est un État dans lequel n’existe qu’un seul centre de pouvoir,
qu’un seul centre de décision, c’est-à-dire que l’exercice du pouvoir est monopolisé
par un seul centre politique (ou gouvernement central). Concrètement, un tel
système implique l’unicité des autorités politiques : on trouve donc un seul
Gouvernement, un seul Parlement, une seule organisation juridictionnelle.
Centralisation, déconcentration et décentralisation
L’organisation de l’État unitaire (ou « État simple ») n’est pas de type monolithique.
En effet, l’État unitaire peut être centralisé, déconcentré ou, encore, décentralisé.
2
- La centralisation
Cette technique d’organisation administrative repose sur l’attribution de pouvoirs de
décision à des agents strictement soumis au pouvoir hiérarchique des autorités
politiques et administratives centrales. En pratique, le pouvoir de décision est
concentré au sommet de la hiérarchie ; les échelons subordonnés ne font que
transmettre et exécuter :
-transmettre les questions du point du territoire national où elles se posent jusqu’au
ministre compétent pour les trancher et transmettre, dans le sens inverse, la décision
ministérielle,
-exécuter enfin les tâches concrètes selon les ordres reçus. De la sorte, par la
centralisation, une volonté unique, partant du centre de l’État, se transmet jusqu’aux
dernières extrémités du pays.
- La déconcentration
Elle relève de l’univers de la centralisation. En effet, la déconcentration est un aspect
de l’idée de centralisation, qui est un système d’organisation dans lequel les agents
sont placés dans un lien de dépendance étroit à l’égard du gouvernement central. En
pratique, la déconcentration s’analyse comme un transfert du pouvoir de décision du
centre vers la périphérie, au profit d’autorités qui restent intimement liées au centre.
Elle se présente donc comme un système d’administration en vertu duquel, au sein
d’une même personne morale, les pouvoirs de décision qui, détenus par les autorités
les plus élevées sont, dans une certaine mesure transférés à des agents placés
hiérarchiquement au-dessous de ces autorités. Il est, en effet, difficilement
concevable que les services centraux soient seuls habilités à décider ; il en
résulterait inévitablement un encombrement à l’origine de retards dans l’édiction des
mesures et, bien souvent, une inadaptation de celles-ci en raison d’un éloignement
qui ne permettrait pas de percevoir et de prendre en compte les contraintes
particulières liées à certaines situations locales. Mais, en tout état de cause, c’est
toujours la même institution qui décide : la déconcentration opère une simple
redistribution du pouvoir au sein d’une même personne morale (l’État), dont l’autorité
est intégralement préservée.
- La décentralisation
Elle est un système d’administration autorisant une collectivité humaine (ou un SP) à
s’administrer elle-même et ce, dans le respect de la légalité. C’est un système dans
lequel le pouvoir de décision est exercé à la fois par l’État et par des personnes
3
morales distinctes de l’État, mais soumises au contrôle de légalité, des autorités
étatiques.
Le Sénégal est un exemple d’État unitaire décentralisé dans la mesure où il admet,
en son sein, l’existence de collectivités locales. Selon l’article premier de la loi n°
2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales « Dans
le respect de l'unité nationale et de l'intégrité du territoire, les collectivités locales de
la République sont le département et la commune ». Ces collectivités locales
bénéficient d’une garantie de leur autonomie fondée sur le principe de libre
administration, conformément à l’alinéa premier de l’article 102 de la Constitution qui
dispose que « Les collectivités locales…s'administrent librement par des assemblées
élues ».
Mais, cette autonomie connaît des limites qui découlent du principe d’indivisibilité de
la République, tel que prévu dans le préambule de la constitution en ces termes : « le
principe intangible de l'intégrité du territoire national et de l'unité nationale dans le
respect des spécificités culturelles de toutes les composantes de la Nation ».
A – Le principe de libre administration des collectivités locales
Au Sénégal le principe de libre administration des collectivités locales est garanti par
l’article 102 de la Constitution de 2001.
Les conditions pour la réalisation de ce principe sont au nombre de trois : l’autonomie
matérielle, l’autonomie organique et l’autonomie fonctionnelle.
Cependant, les collectivités locales ne disposent ni de la compétence
constitutionnelle, ni même de la compétence législative, sauf exceptions.
1) L’autonomie matérielle
La collectivité décentralisée jouit de la personnalité morale (ou juridique). Elle est
juridiquement distincte de l’État et, à ce titre, elle dispose d’un patrimoine, d’une
certaine autonomie financière, de biens matériels, d’agents et d’affaires propres
qualifiées, le plus souvent, d’affaires locales par opposition aux affaires nationales
gérées par l’État.
Cependant, la collectivité décentralisée n’a pas la compétence de la compétence.
Cela signifie qu’il ne lui appartient pas de déterminer la liste des affaires locales,
cette tâche incombant à l’État.
2) L’autonomie organique
Pour qu’il y ait décentralisation, il est nécessaire que les affaires locales soient
gérées par des autorités locales. En pratique, les affaires de la collectivité locale
4
seront prises en charge par des organes (Exécutif et assemblée délibérante) qui lui
sont propres, et donc autonomes vis-à-vis de l’État central. L’autonomie des organes
locaux résulte, pour l’essentiel, du fait qu’ils sont librement choisis par la collectivité
locale, cette liberté s’exprimant par l’élection, procédé démocratique par excellence.
3) L’autonomie fonctionnelle
Pour être réellement effectif, le principe de libre administration suppose que les
collectivités locales puissent disposer d’instruments juridiques de nature à leur
assurer une certaine autonomie de décision. En particulier, les collectivités locales
vont se voir reconnaître un pouvoir normatif dans le domaine réglementaire.
B – Le principe d’indivisibilité de la République
1) L’indivisibilité de la souveraineté
Dans un État unitaire, il n’existe, en principe, qu’une seule source de souveraineté
s’exerçant sur la totalité du territoire. Il en résulte, d’une part, que le pouvoir normatif
trouve sa source première dans l’État et, d’autre part, que les collectivités
territoriales, dans l’exercice de leurs compétences, doivent respecter les prérogatives
étatiques. Néanmoins, il est prévu, sous certaines conditions, d’associer les CT au
pouvoir normatif national. Ainsi, en France, le nouvel article 74 de la Constitution
renvoie à la loi organique le soin de préciser les conditions dans lesquelles les
institutions des COM sont consultées sur les projets et propositions de loi ou sur les
projets d’ordonnance ou de décret comportant des dispositions particulières à la
collectivité. En outre, les organes délibérants des Assemblées de Corse et des COM
peuvent proposer, spontanément ou à la demande du Premier ministre, des
adaptations ou des modifications aux textes législatifs ou réglementaires en vigueur
ou en cours d’élaboration, pour tenir compte des particularismes locaux. Mais, ce
pouvoir de proposition ne comporte aucune contrainte pour les organes de l’État.
2) L’indivisibilité du territoire
Le principe d’indivisibilité s’oppose à une différenciation trop poussée des droits
applicables sur les différentes parties du territoire national. En fait, pour reprendre
une idée défendue par les révolutionnaires français de 1789, l’homogénéité de la
nation doit être renforcée par l’homogénéité du droit applicable sur l’ensemble du
territoire. Cependant, force est de remarquer que, de nos jours, indivisibilité n’est pas
synonyme d’uniformité. Par exemple, en France, les COM ont la possibilité de
bénéficier du principe de spécialité législative (article 74 de la Constitution), les DOM
5
et les ROM peuvent profiter de dérogations ou de mesures d’adaptation du droit
commun métropolitain (article 73 de la Constitution).
3) L’indivisibilité du peuple
Le principe d’indivisibilité, en combinaison avec le principe d’égalité, commande
l’unité (ou l’unicité) du peuple et interdit, par-là même, toute différenciation entre
citoyens constituant un même peuple.
P III : Le modèle intermédiaire (ou mixte) : l’État régional
L’État régional, appelé aussi État autonomique ou État des autonomies, se situe
dans une position intermédiaire entre l’État unitaire décentralisé et l’État fédéral. Ce
modèle, dans lequel les collectivités supérieures (ex. : Communautés autonomes,
Régions) disposent du pouvoir d’adopter certaines lois, a été dégagé notamment à
partir des exemples espagnol et italien. Dans les faits, l’État régional semble à
l’exacte limite entre l’État unitaire et l’État fédéral tant il regroupe des particularismes
propres à chacun de ces deux grands modèles. Quels sont donc ces points
communs et qu’est ce qui empêche de classer l’État régional dans l’une de ces deux
familles?
1) Les emprunts de l’État régional aux États unitaire et fédéral
a) Les emprunts au modèle unitaire
L’État régional est fondé sur une base unitaire, c’est-à-dire qu’il reste indivisible.
C’est ce qu’affirment l’article 2 de la Constitution espagnole de 1978 (« La
Constitution est fondée sur l’unité indissoluble de la nation espagnole, patrie
commune et indivisible de tous les Espagnols ») et l’article 5 de la Constitution
italienne de 1947 (« La République, une et indivisible, reconnaît et favorise les
autonomies locales »). Par conséquent, chaque région ou communauté autonome
est une personne juridique de droit public placée sous la tutelle d’un pouvoir central.
b) Les emprunts au modèle fédéral
L’État régional se caractérise par la reconnaissance d’une réelle autonomie politique
au profit des entités régionales et, notamment, d’un pouvoir normatif autonome en
matière législative. En fait, il s’agit, ici, de prendre en compte certaines spécificités,
qu’elles soient ethniques, culturelles, linguistiques, religieuses et, en tant que tel, il se
rapproche de l’État fédéral. Qui plus est, les institutions régionales, par un effet de
mimétisme institutionnel, sont très largement calquées sur celle de l’État.
2) Les particularismes de l’État régional vis-à-vis des États unitaire et fédéral
L’État régional d’État est-il un « super-décentralisé »?
6
a) Les particularismes vis-à-vis de l’État unitaire
Dans l’État régional, l’autonomie accordée aux collectivités supérieures va plus loin
qu’une simple décentralisation de l’Administration. En effet, la régionalisation
débouche sur la reconnaissance d’un pouvoir législatif régional, cet attribut marquant
la différence avec un État unitaire. Qui plus est, dans l’État unitaire « classique »,
l’autonomie des collectivités territoriales est définie et mise en œuvre par l’État lui-
même. Ainsi, la création des régions françaises a-t-elle été décidée par le législateur.
Dans l’État régional, en revanche, les collectivités bénéficient d’un véritable droit à
l’autonomie qui est consacré par la Constitution et que l’État s’attache à mettre en
œuvre.
L’Etat régional peut-il être qualifié d’État « sous fédéral » ?
b) Les particularismes vis-à-vis de l’État fédéral
Alors que l’État fédéral se reconnaît par l’existence d’un pouvoir constituant attribué
aux États fédérés, les collectivités de l’État régional disposent d’un statut à valeur
législative. En Espagne comme en Italie, il n’existe qu’une seule Constitution.
L’interdiction pour une Région ou une Communauté autonome d’avoir sa propre
Constitution empêche donc de les qualifier d’États fédérés. Qui plus est, les
structures régionales n’ont pas de système juridictionnel qui leur sont propres.