Résumé :
L’étude du comportement en ligne des sabots de freins en cours d’exploitation a permis de dresser une
classification des usures et de cerner celle la plus fréquente. Des essais en service réels ont été effectués sur
un nombre de 32 wagons comprenant 256 sabots (chaque wagon est équipé de 8 sabots) évoluant dans des
conditions atmosphériques variables estivale et hivernale, sur un parcours de 600 Km. L’évolution de
l’usure, la tendance à la formation d'inclusions métalliques, la naissance d'amorces de fissures, de
déchirements, l’agressivité vis-à-vis de la table de roulement des roues, l’état de surface pertinent des roues
au plan acoustique ont été vérifiées et observées. L’addition des différents types d’usures constatées a été
modélisée par des équations paramétriques. Une comparaison établie entre les deux périodes explique
l’influence de la température sur l’usure des sabots. En aval, des tests de résistance mécanique en flexion 3
points et en cisaillement du sabot en matériau composite ont été mis en place et font apparaître l’éclatement
du produit ce qui met en évidence sa non conformité par rapport aux règles en vigueur.
Abstract
The behavior online brake shoes during operation helped establish a classification of wear and identify the
most common. Real service tests were conducted on a 32 wagons with 256 blocks (each car is equipped with
8 decks) operating in variable weather conditions summer and winter, on a journey of 600 km. The evolution
of the wear, the tendency to form metallic inclusions, the birth of incipient cracks, tears, aggression to the
tread wheel, the surface of the relevant wheels were acoustically been tested and observed. The addition of
different types of wear observed was modeled by parametric equations. A comparison between the two
periods explains the influence of temperature on the wear of shoes. Downstream tests of strength in 3-point
bending and shear on composite material were implemented and show the breakdown of this product
highlighting its non-compliance with the homologation rules.
1. Introduction
L’évolution du freinage ferroviaire peut paraître lente mais elle reste perpétuelle. En effet en raison des
besoins croissants en matière de vitesse, dus à une concurrence des modes de transports toujours plus
importants, le progrès dans le domaine du freinage doit être permanent. Ainsi le risque encouru par les
sociétés de transport ferroviaire est une évolution dans l’augmentation des vitesses trop élevées par rapport à
celle faite dans les nouvelles technologies de freinage. En effet, elles sont responsables de la sécurité des
personnes qu’elles transportent. Dans le domaine de la friction, de nouveaux matériaux tels que les
céramiques, les composites performants, les frités, etc... sont apparus ces dernières années. Certains
pourraient trouver des applications dans le domaine du freinage ferroviaire pour augmenter les capacités de
dissipation énergétique des sabots de frein. Des normes internationales ont alors été élaborées pour
standardiser les performances de ces sabots, la composition de chaque matériau restant cependant spécifique
à chaque fabricant [1]. L’analyse des consommations des semelles composites démontre la persistance de
l’augmentation de leur utilisation surtout durant la période estivale par rapport aux autres périodes
essentiellement durant les mois de Juin, de Juillet et d’Août. Ces consommations exorbitantes font en
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21ème Congrès Français de Mécanique Bordeaux, 26 au 30 août 2013
sorte que la SNTF (Société Nationale de Transport Ferroviaire) sera toujours en décalage par rapport à son
plan de charge. De ce fait, ce travail de recherches portera sur l’analyse de ces sabots de frein en matériaux
composites et ce dans le but d’apporter des solutions quand à cette situation.
Il est à signaler que l’adhérence dépend d’une variable qui est le glissement relatif de la roue par rapport
au rail. Cette adhérence admet en général une valeur comprise entre 0,02 et 0,11 (feuilles mortes) Par
ailleurs, la détermination de la masse freinée fait appel à des calculs précis. La figure 1 schématise un
exemple de contact roue-sabot de frein.
pour les deux périodes hivernale et estivale. L’addition des différents types d’usures constatées doit obéir à
l’équation paramétrique suivante : Σ ni . J = 256 ni : nombre de sabot correspondant à un type d’usure i
variant de 0 à 256. J = A, B, C, D, X, Y, Z type d’usure constatée sur chaque sabot.
A. Période hivernale :
Les observations après le remplacement des sabots au poste d’entretien d’Annaba sur les sabots usés des
deux roues de chaque essieu sont rassemblées dans le tableau 1 en utilisant les symboles adoptés pour la
dénomination des usures. Il est à signaler que pour chaque roue les défaillances ont été relevées sur les deux
sabots gauche et droit et ce pour les trois rames [7].
Tableau 1 : Taux des différents types d’usure (période hivernale)
-Type d’usure (A) : le taux de sabots usés variant de 3,9 à 7 ,81. Ce type d’usure est dû généralement aux
défauts géométriques des semelles ou bien au déréglage de la timonerie mécanique de frein (figure 2).
-Type d’usure (B) : [4.7 - 6 .64] : peu de semelles s’usent conformément aux exigences prescrites par les
fabricants. Il s’agit ainsi d’un sérieux problème de qualité des sabots.
-Type d’usure (C) : [31.64 - 41.40] : ce cas d’usure est très répondu comme le confirment les taux élevés
mesurés. Il a même été distingué que la propagation de la fissure est souvent systématique à partir de
l’entaille qui sépare les deux parties des semelles et qui a été créé pour une meilleure dissipation de la
chaleur résultante du frottement semelle-roue. Selon la dégradation observée (écaillage), cette usure est
considérée comme étant une usure par fatigue d’origine mécanique (figure 3).
acier).
-Type d’usure (X) : [14.06 - 19.92] : d’habitude ce type d’usure est peu rencontré dans des conditions
climatiques pareilles. Ses conséquences provoquent parfois des incidents très graves en ligne notamment
l’incapacité de freinage car même le régleur de timonerie ne peut rattraper la course de liaison semelle-roue.
-Type d’usure (Y) : [5.47 - 9.38] : Il s’agit d’un apport de lamelles soudées provenant soit du sabot de frein
ou de rail incrusté sur la table de roulement. Ce type d’anomalie est la conséquence des différents types
d’usures (C, D, X). Cette anomalie peut aussi engendrer des déraillements en ligne car elle cause parfois des
surchauffes et des agressivités au niveau des organes de roulements des roues (figure 4).
-Type d’usure (Z) : [7.81 - 12.98] : Les observations de ces sabots révèlent une couche blanche dans la zone
proche de la surface de frottement jusqu'à une profondeur d'environ 10 mm comme le montre la figure 5.
Ceci est la conséquence d’une sollicitation thermique (couche blanche, dépôts de carbone de frottement).
Sans tenir compte que ce défaut de brûlure est inacceptable, la première constatation d’expertise de ces
semelles brûlées, montre bien qu’elles dégagent une mauvaise odeur. De ce fait une analyse chimique
s’impose pour définir si ce matériau contient ou non des minéraux toxiques tels que l’amiante ou autres [2].
B. Période estivale
Afin de mieux analyser ces résultats, une comparaison entre les deux périodes explique mieux l’influence de
la température sur l’usure des sabots.
Type d’usure (A) : le taux d’usure par rapport a la période hivernale est presque le même.
Type d’usure (B) : contrairement à l’usure A, le taux d’usure conforme à cette période est presque nul.
Type d’usure (C) : la présence des fissurations aux niveaux des sabots persiste mais avec un faible
pourcentage.
Type d’usure (D) : même pourcentage pour les deux périodes.
Type d’usure (X) : une influence légère de la température sur les endommagements des semelles au-delà de
la limite d’usure est constatée.
Type d’usure (Y) : Il faut savoir que l’élévation de la température favorise la création des inclusions
métalliques surtout lors des freinages trop énergétique compte tenu des températures très élevées et de la
nature des matériaux (sabot, roue, rail) comme illustré par la figure 6.
Type d’usure (Z) : les observations du freinage en ligne pendant cette période et sur les descentes indiquent
une création d’un sillant rouge d’étincelle entre la roue et la semelle provoquant une modification de la
couleur de la table de roulement des roues présentant des taches colorées uniformément réparties sur le
pourtour de la roue suite à la surchauffe de la jante comme le montre la figure 7. Ceci peut provoquer le
phénomène d’inversion des contraintes internes et risque de conduire à la rupture explosive de la roue,
notamment lorsqu’il existe une zone de concentration de contraintes, dont l’origine pourrait être une crique
thermique.
Le tableau 2 rassemble le nombre de sabots endommagés par nature d’usure et leur taux pour chaque rame
comme pour le cas de la période hivernale.
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Figure 6 : Apport de métal sur la roue Figure 7 : Point chaud observé sur la roue
L’essai de la résistance au cisaillement a été réalisé en adoptant un dispositif utilisant une presse hydraulique
(figure 8). Une tôle entre les deux parties de la semelle permet d’assurer une bonne transmission de l’effort.
Le même dispositif de la presse hydraulique a été adopté pour les deux tests mécaniques de la résistance à la
flexion réalisés conformément aux spécifications afin de localiser les parties les plus fragiles du sabot
composite [1].
Essai n° 1 : Conformément aux conditions prescrites par les tests d’homologation portant sur l’application
d’un effort de l’ordre de 19 KN pour une semelle de type K et d’une longueur de 320 mm, une semelle
composite a été soumise à un effort monotone croissant appliqué par la presse hydraulique. L’effort doit
être appliqué de façon régulière à une vitesse de 30 mm/min ou bien pendant une durée de développement de
l’effort de 4 s jusqu’à la valeur max indiquée de l’effort doit être maintenue constante pendant 2 min.
Essai n° 2 : Cet essai permet de définir la cause réelle de la déformation si elle est due à l’entaille qui
sépare les deux parties de la semelle ou s’il s’agit d’une mauvaise qualité du matériau
que la charge n’atteigne 10 KN, la semelle a éclaté juste au milieu et d’une façon brusque. Il est clair selon
les observations constatées qu’une déformation plastique permanente apparaît et que l’entaille étant par sa
présence le siège de fortes concentrations de contraintes favorise la propagation de la fissure (figure 10).
Essai n° 2 : les mêmes constats de l’essai n°1 de la flexion sur la partie homogène du sabot ont été relevés
pour l’essai n°2 (figure 11). La semelle ne devra pas présenter aucune amorce de fissure ou fissure
traversante ni aucun délaminage de la tôle arrière à l`exception du point de rupture théorique qui est l’entaille
du milieu qui sépare les deux parties. Ce test confirme les observations des essais en ligne notamment les
usures symbolisées (C,D).
4. Conclusion
L’analyse de diagnostic de défaillance des semelles composites montre que l’étude du comportement des
semelles composites en ligne fait apparaître des usures et des dégradations anormales par rapport à un
vieillissement ordinaire. Les essais de flexion et de cisaillement font apparaître l’éclatement du produit et
mettent en évidence sa non conformité par rapport aux règles en vigueur. A cet effet et suite aux données
collectées à chaque étape de cette étude, il apparaît que le produit « semelles composite » actuellement utilisé
n’est pas encore conforme aux normes et règles en vigueur et des mesures urgentes doivent être prises par la
SNTF (Société Nationale de Transport Ferrovier – Algérie) devant cet état de fait en développant de
nouveaux matériaux composites à base de résines performantes renforcées de fibres résistantes appropriées.
References
[1] Fiches UIC : Union Internationale des Chemins de fer (UIC)
1) Fiche UIC n° 541-1 : Frein - Prescriptions concernant organes de frein, 6e édition, novembre 2003.
2) Fiche UIC n° 541-4 : Freins avec des semelles en matière composite, 2e édition du 01.10.90.
3) Fiche UIC n° 544-1 : Frein - Performance de freinage, 4e édition, octobre 2004.
[2] Commission Européenne (CEE), les modalités du système d’information spécifique relatif aux
préparations dangereuses, 5 mars 1991, JO L 076 du 22/03/1991.
[3] Organisation internationale de normalisation (ISO)
1) 17025:2005 : Exigences générales la compétence des laboratoires d’étalonnages et d’essais, 2005.
2) 2768-1:1989 : Tolérances générales, dimensions linéaires et angulaires de tolérances individuelles, 1989.
3) 2768-2:1989 :Tolérances générales - Tolérances géométriques, éléments de tolérances individuelles.
4) 9001:2000 : Systèmes de management de la qualité - Exigences, 2000.
[4] Sites Internet
1) www.uic.asso.fr Activités Techniques et Recherches Produits.
2) www.deschamps-web.com/site/eb/frein/partie2/partie2.htm - 154k
3)www.gcubureau.org/page/7/@fck_resource@/file/pdf/9-01-annexe1_fr.pdf
4) lwdr.free.fr/semelles.htm
[5] Techniques de l’ingénieur, 2éme édition, Février 2002.
[6] R. Outremer « Dessin, conception et normalisation », 5éme édition, France, Juillet 1982.
[7] I. Benbrinis « Diagnostic d’usure des sabots de frein en matériaux composites de wagons » mémoire de
magister, Département Génie Mécanique, Université d’Annaba, 2009.