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MATHÉMATIQUE DE MARÉES
LITTORALES.
CALCUL NUMÉRIQUE
SUR L'EXEMPLE DE LA
MANCHE
Communication
présentée au Comité technique
de la Société Hydrotechnique de France
le 8 juin 1967
On discute ici la méthode du calcul numérique Nous rapportons le mouvement des eaux au
des marées littorales moyennes, déjà utilisée en repère lié à la Terre, constitué par le géoïde G.
partieulier par W. Hansen [1 J et par F. Gohin [2J, Soient: M un point de l'espace; N le pied de la nor-
et on l'applique au eas de la Manche en attachant male abaissée de M sur G. Le point M sera repéré
la plus grande importance à la représentation des par les coordonnées :1', y (quelconques, par exemple
courants de marée. les coordonnées géographiques) de N et la cote
Les portions de mer qui vérifient l'hypothèse des z = NM, comptée positivement vers le haut. Le
marées littorales sont caractérisées par les proprié- ....
vecteur g CM), accélération vulgaire de la pesanteur
tés suivantes: elles sont peu profondes, d'étendues ....
assez faibles pour qu'on puisse y négliger l'action en M est, par défînit'ion, normal à G. On note: n,
du potentiel générateur de marées océaniques et le vecteur rotation de la Terre par rapport aux étoi-
cependant d'étendues assez grandes pour que la les fixes; À, la latitude de M; t, la quantité
prise en compte de l'accélération de Coriolis 2n.sinÀ; z=-ll(:1',y):'ÇO, l'équation du fond
devienne indispensable. Pour la commodité du lec- .... ....
de la mer; V (M, t) = V (;1', y, Z, t) le vecteur vitesse
teur, nous étrublissons rapidement les équations de par rapport à G d'une particule liquide (de densité
départ. Nous indiquons ensuite celles de leurs pro- Pl constante) à l'instant t; Il, V, w, les composantes
priétés analytiques qui sont utiles au traitement ->
numérique des problèmes posés. Enfin, nous don- de V suivant les lignes coordonnées passant par M;
nons les résultats des calculs numériques des 1;, (.r, y, t), la dénivellation suivant NM par rapport
marées moyennes dans la Manche qui sont en bon à z = 0 de la surface libre de la mer; :E un domaine
accord avec les données « nature» disponibles dans simplement connexe de G; S, la frontière de :E; (D,
la littérature. On trouvera dans [3J le résumé le volume limité par le fond, la surface libre et la
condensé d'une partie des conclusions ci-après. surface réglée engendrée par la verticale vulgaire se
déplaçant le long de S. Dans les applications,
Maître-assistant il la Faeulté des Scienees, Laboratoire de
S = SI + S2' où SI est le tracé côtier de la mer et
Mécaniqne des Plu ides de l'Université de Grenoble.
S2 une limite ouverte, tracée sur G et séparant la
* * Professeur il la Faculté des Sciences, Laboratoire de mer littorale de l'océan. A noter que SI et S2 peu-
Mécanique des Fluides de l'Université de Grenoble. vent se composer d'arcs distincts.
639
Nous dirons que la marée dans ûJ est littorale (*) Le volume d'eau enfermé dans le prisme P
'si : défini ci-dessus, est soumis, d'après ce qui précède,
à son poids vulgaire, aux pressions hydrostatiques
1 0
LU est négligeable vis-à-vis de H et v. On fera
latérales, admettant une résultante horizontale
donc LU = 0;
égale à :
-)
2" V (M, t) ne dépend pas de z : V
~
== V (x, y, t);
-10
- g. Pl (S + h) grad sdO'
---J>
:3 0
2: est assez petit pour que : à la réaction du fond et aux pressions à la surface
a) À varie peu dans 2:, de sorte qu'on remplacera libre, alors que les quantités d'accélération relative
f par sa valeur moyenne dans 2:; admettent une résultante horizontale:
-,
b) g (M) soit pratiquement constant dans ûJ;
c) l'on puisse assimiler 2: à sa projection sur un
plan tangent II à G, convenablement choisi:
les coordonnées de M dans le repère orthonormé Ecrivons le théorème des quantités de mouvement
OXYZ (OXY dans II) sont alors celles de la pro- en projection sur G et l'équation de continuité; il
j ection de N sur II et z;
d) l'action du potentiel générateur des marées soit
vient, en désignant par
vant NM :
ri" la composante de nsui-
négligeable dans ûJ;
--> -->
4 0
Il est possible de linéariser l'accélération aV IVI
-->
relative dV /dt et d'écrire:
-::;\
ut
+ 2 [2" A V + H. -h '-+ s V + .g
--> --> --> ---3>
grad S = 0
(1)
-->
dV aV ~i + div. [Ch + s) V] = 0
di=3i
50 2: est assez étendu pour que l'accélération de Ces deux équations fournissent trois relations
--> -->
Coriolis 2 n A V doive être prise en compte;
entre les scalaires inconnus 11, v, dépendant des s,
variables indépendantes .T, y, t; ce sont les équa-
6
0
La viscosité du liquide est négligeable; les tions des marées littorales, classiques à cela près
f~)l'ces intérieures au liquide se réduisent à des pres- que la loi adoptée pour le frottement est quadrati-
SIOns dont la répartition suivant toute normale au que, avec prise en compte de la dénivellation S.
géoïde est, comme on l)eut le vérifier , hvdrostatique' H.emarquons qu'on peut donc confondre M et N
" ,
puisque les inconnues ne dépendent pas de z.
7" Les frottements de fond sur le prisme liquide
P, de base dO' sur le géoïde, à génératrice nor-
male à G, équivalent à une force approximative-
--> -->
ment horizontale - Pl H. IVI VdO', où H. est une cons- V. Étude analytique
tante empirique. des équations des marées littorales
Les conditions 1 et 2 ci-dessus découlent du fait
que la marée est une onde longue; elles sont bien
vérifiées si h (x, y) est petit vis-à-vis de la longueur Il importe, pour justifier les méthodes de traite-
d'onde moyenne de la marée et si cette fonction est ment numérique que nous allons mettre en œuvre,
assez régulière dans 2:. La condition 4 sera alors d'étudier les propriétés du système (1), qui est
bien
•
vérifiée dans ûJ, sauf dans le voisinao'e b
des quasi linéaire en H, v, S. Il est intuitivement évi-
pomts de SI' où le profil des côtes est irrégulier. dent que (1) est hyperbolique, puisque la marée est
De la condition 3, il résulte que les marées dans ûJ essentiellement un phénomène de propagation. Pour
sont induites seulement par l'action de la marée établir ce fait en toute rigueur, il faut s'assurer
océanique le long de S2' La condition 7 résulte de que (1) admet des multiplicités caractéristiques
l'interprétation de nombreux essais (cf. [4]). En réelles. Un calcul élémentaire prouve que la multi-
pratique, la fonction 11 (x, y) est petite, mais peut plicité :
éprouver des variations rapides le lonO' des lianes
singulières. De même, SI peut présente~ des p<rlnts t = t (x, y) Il = 11 [x, y, t (x, y) J
où sa courbure est très grande. Les hypothèses ci- lJ = lJ [.T, y, t (x, y)] s = s [x, y, t (x, y)J
dessus sont alors localement en défaut. Mais cette
circonstance n'exerce pas d'influence sensible sur le
est caractéristique si elle vérifie l'équation:
calcul de la marée globale.
-----7
gh (grad t)2 + V . grad t -
--> ~
1 = 0
(*) Beaucoup d'auteurs donnent un sens moins restrictif -----i>
au terme de maréc littorale. qui admet deux solutions réelles en grad t.
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LA HOUILLE BLANCHE/N° 6-1967
Ainsi, le système (1) est bien hyperbolique. Le le problème fondamental des marées littorales:
problème de Cauchy est aujourd'hui bien étudié trouver une solution de (1), définie dans le cylindre
pour les systèmes quasi linéaires hyperboliques à C de l'espace x, y, l, de base l: et lE [0, co J, telle
coefficients et à données frontières assez réguliers. que:
Mais la théorie des marées littorales se ramène -->
lualheureusement à un problème mixte posé relati- a) V CM, 0) et S CM, 0) soient données pour tout
vement à (1) et qui, à notre connaissance, n'a pas MEl:;
encore été étudié avec toute la rigueur désirable. -->
D'ailleurs, cette étude semble a priori difficile, en b) Vn OVI, t) est une donnée pour tout t E [0, co J et
raison de la non linéarité de (1) et de l'allure peu tout MES.
régulière de la donnée frontière SI et de certains de D'après cela, les données initiales définissent la
ses coefficients. On notera à ce sujet que h (x, y) solution dans la portion de C limitée par l: et les
est simplement continu dans l:; les dérivées de h multiplicités caractéristiques de Cl) issues de S;
sont discontinues le long des éventuelles arêtes du dans ce domaine, nous avons à résoudre un pro-
fond; puis Vi a une dérivée discontinue pour blème classique de Cauchy. Dans la portion restante
de C, on est amené à résoudre des problèmes
V=O. mixtes, analogues à ceux qu'on rencontre dans la
Faute d'une théorie satisfaisante, nous nous som- théorie des oscillations forcées des cordes vibrantes.
mes bornés à extrapoler à (1) les résultats qualita- D'après ce qu'on a vu au précédent alinéa, on
tifs obtenus relativement aux systèmes hyperboli- peut choisir l'état initial arbitrairement. Pour la
ques plus simples et à nous assurer qu'une solution poursuite des calculs numériques, il est commode
de notre problème pourrait être obtenue par la de partir de l'état de repos; cela revient à prendre:
méthode des caractéristiques. Il semble dès lors
-->
vraisemblable que le problème des marées, énoncé à
l'alinéa suivant, soit bien posé au sens de Hada-
V (M, 0) = 0, s (M, 0) = 0
mard. Cela veut dire qu'il admet une solution uni- pour tout MEl:. Quant à Vn (M, t), pour M E S2 et
que, variant continÎlment avec les données fron- t E [0, co J, c'est, dans le cas des marées littorales
tières : on peut donc lisser « raisonnablement » moyennes, une fonction périodique du temps, de
celles-ci sans qu'il en résulte une altération sensi- période T, qu'on définit à partir des données nature
ble des résultats du calcul. En particulier l'in- et qu'on pourra, avec une précision suffisante,
fluence des irrégularités locales cÎe h (x, y) 'et S] représenter, pour chaque M, par une sinusoïde. On
peut être délimitée dans l'espace x, y, t au moyen -->
des multiplicités caractéristiques. constate que la relation V n (M, t) = 0 ne peut avoir
Enfin, on verra ci-après que le problème des lieu au même instant, en tout point de S2' en parti-
marées est celui des oscillations périodiques forcées culier à l'instant initial. Il y a donc une disconti-
d'un continu en tenant compte des forces dissipa- nuité le long de S pour le champ de vitesses à l'iIlS-
tives. Sur des exemples simples, on vérifie en tant t - 0 entre les données initiales et les valeurs
s'appuyant sur les propriétés des systèmes hyperbo- frontières. Mais cette discontinuité n'exerce guère
liques que le régime oscillatoire établi est pratique- d'influence sensible sur l'évolution ultérieure du
ment indépendant des conditions initiales. En calcul.
revanche, celles-ci influent beaucoup sur le temps Nous avons, en définitive, à résoudre le problème
d'établissement du régime périodique. Le choix des de l'établissement des marées littorales à partir du
conditions initiales doit remplir la double condition repos. Le temps d'établissement sur le modèle
de simplifier les algorithmes du calcul numérique mathématique peut être grand; le caleul à la
tout en réduisant le temps de calcul sur la machine, machine deviendrait coÎlteux. C'est pourquoi, on a
c'est-à-dire le temps d'établissement du réo'ime été conduit [3J à se poser le problème d'établisse-
périodique. t> ment sous une forme différente.
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;'Oieppe
6/ Heure de la pleine mer. Origine des temps:
Passage de la lune au méridien de Green-
wich. Coeflicient : %.
----- Données nature (G. Sager).
- - - - Données modèle mathématique.
lIif/h lide iimes. Zero lime: iUoon ]Jossinf/
Greenwich meridian. Coefficienl: 95.
SBrieuc
- - Real lite daia (G. Safler).
- - - - i","Iathemalical model data.
644
7/ Amplitude en mètres de la marée. Coeffi-
cient ; 95.
- - Données nature (G. Sager).
Données modèle mathématique.
Tide amplitude in metres. Coefficient: 9.5.
- - Real life data (G. Sager).
- - - - M.athematical model data.
645
J.-L. HYACINTHE et J. KRAVTCHENKO
2m
1m 2m
1m
o
012 56 t
-I--'--'--'------l-y--'----'----'--,---'-'----'+-'-.-!----'-----<--
(heures)
(hours)
-3 -2 -1 01
, 3 4 5 6
Q_+--'----'-+--''---'--....L . _...L...---l--'---t'\---'-_LI'------l'_..L1_ _--<__
\
\
t
(heures)
(hours)
-1m \
\
\
\\
1m -2m \
,
~
1
11/ Plymouth. Dénivellations. Coeflicient: 95. Origine des 12/ Le Havre. Dénivellations. Coeflicient: 95. Origine des
temps: Passage de la lune au méridien de Greenwich. temps: Passage de la lune au méridien de Greenwich.
Plymouth. 'l'ide ran(Je. Coefficient: 95. Zero lime: Le Havre. 'l'ide ran(Je. Coefficient: 95. Zero lime:
Moon passin(J Greenwich meridian. Moon passin(J Greenwich meridian.
- - Données nature / Real lite data. - - Données nature / Real lite data.
Données modèle mathématique / ;}!athellll1lical Données modèle mathématique / Mathenwlical
model data. model data.
~---+-~- ~"",,"-------..._f------t-~E
H
-:3'
15/ Point A. Courants. Coeflicients : 95. Origine des temps: 16/ Point B. Courants. Coefficient: !)5. Origine des temps:
Pleine mer de Saint-Malo. Pleine mer de Saint-Malo.
Point A. 'l'ide {Tow velocity. Coefficient: 95. Zero lime,' Point B. 'l'ide {Tow velocity. Coefficient: 95. Zero lime,'
Hi(Jh lide at St.-Malo. lli(Jh /ide al SI.-Malo.
- - Données nature / Real life data. --- Données nature / Real lite dala.
Données modèle mathématique / Mathemalical Données modèle mathématique / Malhematical
model data. model data.
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LA HOUILLE BLANCHE/N° 6-1967
2m} 1
,
1
Sm , ,
~
l ,
,
\
"
"
i
1
6
(heures)
(hoursJ
,,
\
,
-1m
-5m
,1
-2m
13/ Portsmouth. Dénivellations. Coefficient; 95. Origine des 14/ Saint-l\lalo. Dénivellations. Coetlicient : 95. Origine des
temps: Passage de la lune au méridien de Greenwich. temps: Passage de la lune au méridien de Greenwich.
Portsmouth. Tide ranf/e. Coefficient: 95. Zero lime: ,<;l.-Malo. Tide ranf/e. Coefficient: 95. Zero time: Moon
jlJoon passinf/ Greenwich meridian. passinfl Greenwich Meridian.
--- Données nature / Real lile data. -~ Données nature / Real lile data.
Données modèle mathématique / Mathematicat Données modèle mathématique / Malhematical
model data. model data.
N
1rnj.:;
1 mis OSrn/S
5• 5
17/ Point C. Courants. Coetlicient : !15. Origine des temps: 18/ Point D. Courants. Coefficient: !J5. Origine des temps;
Pleine mer de Cherbourg. Pleine mer du Havre.
Poinl C. Tide fTom peloeil!}. Coeffieient: 95. Zero lime: Point D. Tide fTow /Je/oeil!}. Coeffieient: 95. Zero lime:
lJif/h lide 1/1 Cherbo/l/'II. Nif/h lide I/t Le HI/pre.
'--'- Données nature / Real life dl/la. .....- Données natul'e / Rea/ life dall/.
Données modèle mathématique / J/I/lheml/tica/ Données modèle mathématique / Malhemalicl//
mode/ dl/ta. model data.
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J.-L. HYACINTHE et J. KRAVTCHENKO
Discussion
Président: 1\1. BANAL
M. le Président remercie M. Kn,HTcHENKO et M. HYACINTHE prc du termc, des hypothèses générales de calcul de tous ces
de leurs exposés. modèles mathématiques, de sorte que son exposé se situait
Il souligne l'intérêt qu'il y avait, et que M. HYACINTHE a bien au début de notre session. »
signalé, it Ile pas dissocier cette communication dcs deux
autl'es de cettc séance consacrée il l'étude des phénomènes dc ~1. BlESE!. l'approche le modèle mathématique décrit pal'
diffusion géophysique faite sur modèle tournant, bien qu'elle ~1. llYACINTHE et celui conçu et utilisé il y a sept ou huit
se rapproche plus, par certains côtés, des modèles mathéma- ans par son collègue l'II. GOHIN, précisément en vue de la réa-
tiques d'écoulements maritimes it surface libre, mis il l'or- lisation de la plaque tournante dont M. CHABEHT n'HII':HES
dre du jour dl' la séance de l'après-midi du n juin. va parler tout il l'heure.
« D'autre part, ajoute M. le Président, M. l{I\AVTCHENKO a Les hypothèses de hase sont les mêmes dans les deux cas
commencé son exposé par un rappel magistral, au sens pro- et les méthodes numériques lItilisêes sont très voisines;
648
LA HOUILLE BLANCHE/N° 6-1967
cependant on peut noter les deux différences importantes A - 1. -- Le modèle de SOGHEAH qui avait servi lors
suivantes: de la construction de la plaque, avait un pas d'espace et un
M. GOHIN utilisait un réseau de coordonnées plus géné- pas de temps relativement grands (100 points de calcul de
ral (réseau isotherme) qui inclut comme cas particulier chaque sorte et pas de temps de 10 mn). La réduction de
le système cylindrique; ces pas à des valeurs dix foix moindres a posé des problè-
Les conditions aux limites utilisées par J'IL GOHIN permet- mes numériques nouveaux.
traient d'étudier aussi bien la marée non perturbée que D'autre part, au point de vue calcul, la différence est
le « remous » provoqué par le fonctionnement d'une importante, entre le schéma à deux réseaux (l'un pour les
usine marémotrice; au contraire, le système de condition composantes U et V de la vitesse, l'autre pour les déni-
aux limites utilisé par MM. l(HAVTCHENKO et HYACINTHE vellations .Il et cclui oii l'on utilisc trois réseaux séparés
ne permet que l'étude de l'état naturel, puisqu'il néees- pour U, V, ct 1. Le développement en série de Taylor montre
site l'introduction aux limites de données nature. que le fait d'imbriquer les réseaux de U et de V permet,
M. GOHIN aurait certainement d'autres remarques à faire pour les termes différentiels faisant intervenir la vitesse,
sur la comparaison des méthodes et des résultats de ces d'avoir une approximation meilleure au sens de l'analyse
deux modèles. u umérique.
M. GORIN apporte les précisions ci-après: Le modèle faisant l'objet du mémoire discuté est plus
A. - Les modèles mathématiques réalisés à SOGREAH récent et donc plus puissant que celui de SOGHEAH men-
pour l'étude des marées naturelles et perturbées diffèrent de tionné par MM. BIESEL et GOHIN, puisqu'il a 800 points de
celui décrit par les auteurs de la eommunication sur un calcul de chaque sorte, et un pas de temps de l'ordre de
certain nombre de points : no s au lieu de 10 mn. Antérieurement, il n'existait pas
dans la littérature de données d'ensemble sur les courants.
1. Le réseau de calcul (méthode de tracé dite « des petits Le modèle construit par SOGHEAH donnait seulement quel-
carreaux ») de SOGREAH permet, à égalité de nombre de ques roses de courants, non datées en heure. Or, si une
points, de suivre plus fidèlement le trait de cote. De plus les image sommaire des courants permet en général une repré-
deux composantes du vecteur vitesse sont calculées en un sentation assez bonne des dénivellations dans un modèle
même point. hydraulique ou dans un modèle mathématique destinés à
On peut, à volonté, introduire lc long des limites soit étudier les modifications de dénivellations dues au fonc-
des dénivellations, soit des courants, soit des débits (cou- tionnement d'une usine marémotrice, une connaissance
rants et débits pouvant être fonctions du temps directement relativement bonne des courants est nécessaire dans les
ou de la dénivellation instantanée locale). problèmes de diffusion que le Laboratoire de Mécanique
2. La force de frottement est également quadratique, mais des Fluides de Grenoble voulait étudier sur modèle mathé-
utilise un coefficient dépendant de l'inverse de la puissance matique.
4/3 de la profondeur instantanée. L'expérience de SOGREAH En réponse il MM. BIESEL et GOBlN, M. KnAYTCHENKO rap-
est que cette représentation est préférable. pelle que les équations des marées littorales sont classiques.
,1. La latitude du lieu est prise en compte, ee qui peut 11 l'a dit explicitement au cours de son exposé. Il n'y a de
être nécessaire lorsque la mer littorale est orientée selon lIII divergence marquante qu'à propos des termes de frottement.
méridien. M. KnAvTcHENKO ajoute qu'il rejoint tout à fait M. BlESE!.
4. Le terme d'inertie spatiale peut, à volonté, être intro- en ce sens qu'il a indiqué la différence du travail de SO-
duit (il n'est pas négligeable par petits fonds). GREAH et de celui qui a été fait, au point de vue numérique,
par M. HYACINTHE. Il est certain que le Laboratoire de
5. Les dénivellations obtenues à partir de l'équation dc Mécanique des Fluides de l'UniveI'sité de Grenoble n'a voulu
continuité sont très légèrement corrigées (par une méthode étudier que les marées « il l'état sauvage », tandis que
tI'ès semblable à celle indiquée par M. HYACINTHE). Cette J'IL GOHIN a étudié un problème d'interaction entre les condi-
question a été étudiée assez en détail par SOGREAH. tions limites créées par le fonctionnement de l'usine, d'une
B. - Les calculs ef1'ectués en l!JGO par SOGHEAH pour le part, et les conditions limites au loin d'autre part. Mais les
compte de la S.E.U.J'lL ont permis d'obtenir la marée en méthodes de M. HYACINTHE pourraient certainement être
Manche d'une façon très correcte (aussi bien les dénivella- adaptées à ce problème différent si besoin était.
tions que les courants). Lcs difficultés soulignées par M. HYA- M. THIHHIOT pose trois questions:
CINTHE en bassin de Seine ont été aussi rencontrées sur lc 1. Y a-t-il une analogie entre la méthode proposée par
modèlc de SOGHEAH. l'auteur et la méthode des directions alternées?
Ce modèle a permis de définir le modèle physique tour- 2. Peut-on utiliser une méthode comparable il la méthode
nant (plaque Coriolis) et de déterminer l'ordre de grandeur des caractéristiques?
du remous créé par l'usine marémotrice de Chausey. 3. Dans ce problème d'oscillations forcées, peut-on avoir
C. - SOGHEAH a réalisé depuis lors deux autres modè- une idée sur la comparaison des tel'lnes d'inertie et de frot-
les de maréc. L'UIl d'eux cst actuellement en cours de tement?
réglage. Il comporte environ GOO points de calcul pour un M. HYACINTHE répond à J'IL THIHHlOT qu'il n'a pas utilisé
pas de tcmps de 120 s. La durée de calcul sur ordinateur suflisamment la méthode des directions alternées pour
:31W/50 est de deux secondes par pas. savoir si elle présente une analogie avec la méthode faisant
L'intervention de M. GOHIN est illustrée de pl·ojections. l'objet du mémoire discuté; cependant, en utilisant dans un
M. HYACINTHE répond à MJ'lL BIESEL et GOlIIN : domaine de temps et d'espace, une discrétisation par réseaux
entrelacés pour Fapproximation d'un système à dérivées
A - 2. - En ce qui concerne le terme dc frottement, partielles, on approche l'opérateur aux différences partielles
:M. HYACINTHE pense qu'il est préférable d'utiliser la loi de à un ordre plus gram!. Le modèle numérique constitué par
Chézy qui physiquement est la plus adaptée au problèmc, un schéma anx différences finies ne peut représenter exac-
comme l'a montré M. BONNEFILLE, et qui fait intervenir un tement et ce système d'équations, et le système des condi-
coefficient adimensionnel, relativement bien déterminé in tions limites et initiales.
situ (mcsures de \V. Hansen en particulier). La valeur numé-
rique a été prise constante, en première approximation et M. HYACINTHE ajoute 'lue M. KHAVTCHENI«) a hien fait
égale à il.l0- il ; elle est, en fait, variable suivant les endroits ressortir la notion de « problème bien posé» et de « pro-
et, notamment, plus grande dans lc golfe de Saint-Malo blème mal posé» au point de vue mathématique. Or, cette
qu'au centre de la Manche. Dans le voisinage des côtes, il notion existe aussi au point de yue numérique et elle sou-
faudrait apporter des perfectionnements par un réglage, au lève de nombreuses questions.
sens propre du terme, utilisant des valeurs variables de En ce qui concerne la méthode des caractéristiques,
coefficien t de frottemen t. M. KILI VTCHENKO répond il M. THmHloT qu'il n'a pas utilisé
A - 4. - L'introduction du terme d'inertie spatiale ne cette méthode simplement parce que, bien qu'elle soit un
présente aucune dilliculté du point de vue numerIque mais, moyen puissant d'investigation des propriétés qualitatives
physiquement, elle n'a heaucoup d'importance qu'au voisi- des équations hyperboliques aux dérivées partielles, la
nage des côtes à forte coul'!HIre. Elle allonge les calculs, méthode des différences finies semble plus cllicacc et moins
sans améliorer les résultats dans 90 % du domaine. coûteuse.
Abstract
The authors review a few standard ideas on coastal tUles for which they give a more restrictive definition than
the generally accepted one. They set out the basic equations in standard form to within the friction terme, which
is quadratic with respect to velocity.
They oblain a <[uasi-linear system of partial difl'erential equations of the hyperbolic type with non-analytical
coefficients. 'Vith the theory of tides, this system becomes a composite problem which is still awaiting rigorous
discussion. By extrapolation of data l'rom simpler cases to this problem some of the properties of tides can be inter-
preted <[ualitatively and the digital methods applied for theil' caleulation to sOl11e extent justified. The authors then
describe their digital computation scheme for mean Channel tides, which is an application of the finite-difference
method relying on a predetermined 'discretization' of the variation range of the unknowns. The mean tide given by
the mathematical model reflects the real-life tide to within a satisfaetory degree of approximation, also such specific
properties asamphidrom of currents, high-tide persistence at Le Havre and the tide configuration in Saint-Malo Bay.
gravé
Maître-assistant il la Faculté des Sciences, Laboratoire de Mé,canique des nuides de l'Université de Grenoble .
•• Professeur il la Faculté des Sciences, Laboratoire de Mécanique des Fluides de l'Université de Grenoble.
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