Tridon 2011CLF22156 PDF
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THÈSE
présentée pour obtenir le grade de
DOCTEUR D’UNIVERSITÉ
Spécialité : Physique de l’Atmosphère
A utant la rédaction d’un manuscrit de thèse est une œuvre principalement per-
sonnelle, autant mener ma thèse de doctorat à son terme aurait été impossible
sans la collaboration et les soutiens tant professionels qu’amicaux des nom-
breuses personnes avec lesquelles j’ai interagi de manière directe ou indirecte pendant
cette période. Ces quelques lignes sont dédiées à toutes ces personnes.
Je tiens tout d’abord à remercier Joël Van Baelen pour m’avoir encadré et m’avoir
initié à toutes les facettes de la recherche pendant ces trois années. Je remercie éga-
lement Yves Pointin, que je considère comme un co-directeur, pour sa disponibilité et
son expertise face à mes nombreuses questions.
J’adresse tous mes remerciements à Jacques Parent-du-Châtelet et à Martin Hagen
(avec une mention spéciale pour la très bonne compréhension de la langue française)
pour avoir accepté de rapporter mon travail malgré le faible délai imparti, qui plus est,
pendant une période estivale. Je remercie par la même occasion Brice Boudevillain et
Hervé Andrieu pour avoir accepté de faire partie de mon jury de thèse, et Wolfram
Wobrock pour l’avoir présidé et assuré son bon déroulement.
Merci également à l’ensemble des membres du Laboratoire de Météorologie Physique
pour leur accueil chaleureux et leur aide que ce soit au niveau scientifique, informatique
ou administratif.
Je remercie également Yamina André et Anne Guérin pour leur sympatique enca-
drement et compagnie lors de mon monitorat au génie physique de Polytech’Clermont.
J’aimerais également remercier l’ensemble des personnes qui ont rendu cette période
difficile plus agréable, par leur soutien et les grandes discussions ou franches rigolades
que l’on a pu avoir pendant les pauses cafés, les repas au RU, ou ailleurs. Il s’agit
principalement (mais pas seulement) des thésards qui se sont succédés, d’abord les
anciens Mathieu, Vincent, Guillaume M. et Guillaume P., les petits nouveaux (qui à
l’heure où j’écris ces quelques lignes sont presque des “anciens”) Laurent L., ses T-shirts,
sa moustache et son harem, Cricri pour son indulgence face aux blagues pourries, Carole
pour m’avoir rejoint et soutenu dans ma galère, sans oublier Maxime, Élise et Aura,
et les contemporains, Mickaël pour sa tchatche (et avec Saraline pour les repas créoles
gastromomiques), Bobo pour son éternelle bonne humeur communicative, Nanan pour
ses ragots (les surnoms débiles qui consistent à doubler les syllabes étaient très en
vogue pendant cette période) et Ninou et Nunu pour les soirées sympa à la colloc.
Entre autres, je garde en mémoire, en vrac, le Gouffre de Padirrrac (t’as raté une
côte ?), le 6 qui prend (Miam-miam ! bon ap’), Willy et Coin-coin ! Je pense aussi aux
différents postdocs ou titulaires, même si nos interactions n’ont été qu’occasionelles,
et en particulier au Bolbyte en chef pour moultes raisons. Merci également à Olivier,
3
Remerciements
Régis, Marie, Suzanne, Aurélie pour les soirées jeux (même si ça ne m’est pas encore
arrivé, je suis certain qu’il est plus facile de gagner une partie contre Olivier que de
rédiger une thèse). Merci aussi aux pipolos de suba et matériau, Hien-hien, François,
Lolo, Riri et Lulu (encore des surnoms d’une grande originalité), l’élitre de l’élitre de
l’UFR Schnaps.
Finalement, j’adresse quelques remerciements plus personnels à mes amis de tou-
jours que j’ai pu voir régulièrement pendant cette période et dont certains ont pu
(patiemment) assister à la soutenance, et également à ma famille et à ma belle fa-
mille pour m’avoir soutenu pendant ces trois années et ce, jusqu’à la soutenance, pour
laquelle je remercie en particulier mon grand-père d’avoir tenu jusqu’au bout malgré
tout : non, tu n’étais pas plus sourd que la majorité des autres auditeurs.
Enfin, merci à Céline pour sa patience, son soutien et son bouillonnement (même
après des nuits blanches de powerpoint ...).
4
Table des matières
Introduction générale 19
5
Table des matières
II Dispositif expérimental 49
3 Les radars du LaMP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.1 Le radar en bande X . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.2 Le radar MRR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3.2.1 Technique FM-CW . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.2.2 Exploitation des mesures du MRR . . . . . . . . . . . 57
4 Synergie des instruments utilisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.1 Contraintes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.2 Sites de mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
4.2.1 Site Clermontois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
4.2.2 Campagne COPS : vallée du Rhin . . . . . . . . . . . 68
4.2.3 Campagne CIDEX : Toulouse . . . . . . . . . . . . . . 71
5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
6
Table des matières
10 Étalonnage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
10.1 Comparaisons MRR-disdromètre . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
10.1.1 Comparaison des distributions de gouttes . . . . . . . 101
10.1.2 Comparaison des paramètres des précipitations . . . . 102
10.2 Étalonnage du MRR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
10.2.1 Biais global entre les mesures du MRR et du PSV . . . 105
10.2.2 Comportement du bais en fonction de la réflectivité . . 106
10.2.3 Variation du biais dans le temps . . . . . . . . . . . . 107
10.2.4 Validation de l’étalonnage . . . . . . . . . . . . . . . . 107
11 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
7
Table des matières
Bibliographie 185
8
Table des figures
9
Table des figures
II.8 Gammes des vitesses et des diamètres analysés lors du traitement des
données mesurées par le MRR, en fonction de l’altitude. . . . . . . . . 62
II.9 Évolution en fonction du temps des profils du facteur de réflectivité
radar, du facteur de réflectivité radar équivalent en bande X, du taux
de précipitation et du coefficient d’atténuation mesurés par le MRR. . . 64
II.10 Topographie et échos de sol dans la zone couverte par le radar en bande
X pour le site Clermontois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
II.11 Altitude et forme du volume commun entre les deux radars pour le site
Clermontois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
II.12 Coefficient de corrélation entre les facteur de réflectivité mesurés par les
deux radars dans leur volume de mesure commun pour les portes 2, 3,
4 et 5 du MRR1 pour le site clermontois. . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
II.13 Topographie et échos de sol dans la zone couverte par le radar en bande
X pour le site de la campagne COPS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
II.14 Altitude et forme du volume commun entre les deux radars pour le site
de la campagne COPS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
II.15 Coefficient de corrélation entre les facteur de réflectivité mesurés par les
deux radars dans leur volume de mesure commun pour les portes 6, 7,
8 et 9 du MRR2, pour le site de la campagne COPS. . . . . . . . . . . 70
II.16 Topographie et échos de sol dans la zone couverte par le radar en bande
X pour le site de la campagne CIDEX. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
II.17 Altitude et forme du volume commun entre le radar en bande X et les
MRRs pour le site de la campagne CIDEX. . . . . . . . . . . . . . . . . 73
II.18 Coefficient de corrélation entre les facteurs de réflectivité mesurés par le
radar en bande X et les MRRs dans leur volume de mesure commun. . 74
10
Table des figures
III.7 Influence d’un vent vertical ascendant ou descendant sur certains des
paramètres restitués par le MRR comme la concentration de gouttes, le
taux de précipitation et le facteur de réflectivité radar équivalent . . . . 91
III.8 Évolutions des profils du facteur de réflectivité radar et de la détection
du repliement spectral en fonction du temps . . . . . . . . . . . . . . . 94
III.9 Évolution au cours du temps du facteur de réflectivité spectral en fonc-
tion de la vitesse Doppler à 100 m, 300 m, 500 m et 700 m AGL . . . . 94
III.10Évolution au cours du temps du facteur de réflectivité spectral en fonc-
tion de la vitesse Doppler à 100 m, 300 m, 500 m et 700 m AGL . . . . 95
III.11Facteur de réflectivité spectral en fonction de la vitesse Doppler et dis-
tribution de gouttes à 700 m AGL, moyennés sur les périodes délimitées
sur la Figure III.9d . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
III.12Évolution dans le temps du facteur de réflectivité radar spectral à 100 m,
200 m, 300 m, 300 m sur le cas de précipitations du 13/08/2007 où la
présence d’un spectre image, symétrique du spectre mesuré par rapport
à la fréquence moyenne de 1000 Hz, lorsque ce dernier atteint de fortes
valeurs, est particulièrement mise en évidence . . . . . . . . . . . . . . 99
III.13Évolution dans le temps de la forme du spectre du facteur de réflectivité
radar spectral à 100 m et 200 m sur une partie du cas de précipita-
tions du 13/08/2007 pour montrer l’importance du spectre image dans
la première porte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
III.14Évolution de la distribution de gouttes déduite des mesures du MRR à
100 m, à 200 m, du PSV et du MRR à 100 m après étalonnage . . . . . 102
III.15Comparaison des variations des paramètres déduits des données du PSV :
concentration des gouttes, taux de précipitation et facteur de réflectivité
radar équivalent avec ceux déduits du spectre de réflectivité en fréquence
mesuré par le MRR avant et après étalonnage, et du spectre de réflecti-
vité en fréquence du MRR à 100 m. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
III.16Densités de probabilité du facteur de réflectivité radar équivalent déduit
des mesures du MRR, et du PSV sur les 19 cas de précipitations étudiés 105
III.17Statistiques de la différence entre les facteurs de réflectivité radar équi-
valent déduits des mesures du MRR étalonné et du PSV pour les 19 cas
de précipitations étudiés : densité de probabilité et biais par classes de
réflectivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
11
Table des figures
12
Table des figures
13
Table des figures
14
Table des figures
15
Liste des tableaux
V.1 Statistiques des évènements utilisés pour étudier la variabilité des rela-
tions Z-R à partir des données de la porte 6 du MRR . . . . . . . . . . 154
17
Introduction générale
19
Introduction générale
Les QPE basées sur les mesures radars sont soumises à de nombreuses sources d’er-
reurs comme l’étalonnage du radar, l’atténuation, la contamination par des échos de
sol et la propagation anormale, les masques du faisceau, l’élargissement du faisceau et
son altitude croissante avec la distance, le gradient vertical de la réflectivité, etc. (Vil-
larini et Krajewski, 2010). Mais, parmi ces différentes sources d’erreurs, la variabilité
des précipitations a une importance fondamentale. Cette grande variabilité est due aux
nombreux processus qui participent à la formation des précipitations.
Les précipitations se forment dans les nuages, eux-mêmes composés de minuscules
gouttelettes d’eau en suspension dans l’air. Pourtant, tous les nuages ne donnent pas
lieu à des précipitations : seuls les hydrométéores suffisamment gros tombent par gravité
et conduisent aux gouttes de pluie. Le fait d’avoir des précipitations dépend donc
principalement de la croissance des hydrométéores dans les nuages. Par ailleurs, la
majorité des nuages produisant des précipitations ont un sommet avec des températures
négatives, ce qui veut dire que dans ces nuages, les gouttelettes nuageuses peuvent
coexister ou être remplacées par des cristaux de glace. Dans ces conditions, la croissance
des hydrométéores est due à différents processus : condensation de la vapeur d’eau,
contact avec d’autres hydrométéores (aggrégation, givrage, coalescence), transfert de
la vapeur d’eau qui s’évapore des gouttelettes et se condense sur des hydrométéores plus
gros, en particulier sur les cristaux de glace (effet Bergeron). Lorsque les gouttes ont
atteint une taille suffisante (environ 0.2 mm), elles tombent avec une vitesse qui dépend
de leur diamètre et peuvent encore grossir par collision ou collection. Au contraire, les
gouttes qui se percutent ou qui ont un diamètre supérieur à 8 mm sont instables
et se brisent, conduisant alors à un plus grand nombre de petites gouttes. De plus,
lorsque les gouttes sortent de la base du nuage, l’air n’est plus saturé et le diamètre des
gouttes peut aussi diminuer par évaporation. La forme de la distribution des gouttes de
pluie (DSD) est alors contrôlée par ces quatre processus : évaporation, condensation,
mais surtout rupture et coalescence (dans laquelle on inclue collision et collection)
(Srivastava, 1971).
La formation des précipitations est donc un phénomène complexe combinant de
nombreux processus. C’est le nombre infini de possibilités de contributions relatives
de chacun de ces processus qui entraîne la grande variabilité des précipitations. D’un
côté, c’est cette variabilité qui rend nécessaire la mesure des précipitations par radar
pour caractériser les précipitations spatialement. De l’autre côté, c’est également cette
variabilité qui rend l’amélioration des QPE difficile.
En effet, la réflectivité radar Z et le taux de précipitation R dépendent tous les
deux de la DSD. Il a été trouvé que ces variables pouvaient être reliées par des relations
empiriques que l’on appelle relations Z-R (Marshall et al., 1955, par exemple). Mais,
la grande variabilité des précipitations et de la DSD implique un grand nombre de
relations Z-R possibles. Ces relations Z-R semblent être associées à différents types
de précipitations, différents lieux géographiques ou différentes saisons (Battan, 1973).
Pourtant, d’une manière générale, les estimations opérationnelles des précipitations
sont toujours faites avec une seule relation Z-R moyenne.
Pendant de longues années, la majorité des radars utilisés pour mesurer les préci-
pitations fonctionnaient à une longueur d’onde telle que l’onde émise par le radar ne
subit pas ou peu d’atténuation lors de son interaction avec l’atmosphère (radars en
bande S et C). Ces radars peuvent donc avoir une très grande portée (environ 200 km).
Ainsi, la plupart des services nationaux de météorologie se sont équipés de réseaux de
20
tels radars de façon à couvrir l’ensemble des territoires concernés. En revanche, ces
radars peuvent difficilement être utilisés par de moins grandes entités à cause de leur
prix et de leur encombrement.
Or, depuis plusieurs années, la demande de QPE à haute résolution et sur des zones
plus locales est croissante (Fabry et al., 1994). Les utilisations de telles données sont
plus ciblées et doivent donc être obtenues à moindre coût. Les radars en bande X (de
longueur d’onde plus faible) répondent à ces exigences. En revanche, leur principal
défaut est la forte atténuation que subit le signal à cette longeur d’onde (Atlas et
Banks, 1951; Hitschfeld et Bordan, 1954). C’est la raison pour laquelle ils ont peu
été utilisés par le passé, mais, si ce problème peut être résolu, les radars en bande
X sont des candidats adaptés pour de nombreuses applications : hydrologie dans des
petits bassins versants ou urbains pour la prévention des risques d’inondations à courte
échéance, optimisation de l’arrosage des exploitations agricoles, etc.
Dans le but d’améliorer les QPE en considérant la variabilité des précipitations
de manière plus précise, les radars de toute longueur d’onde ont fait l’objet de nom-
breuses innovations pendant plusieurs décennies d’évolution. Ainsi, de nombreux radar
ont acquis la capacité de mesurer la vitesse des cibles, et/ou le signal réflechi par les
précipitations selon plusieurs polarisations. On les appelle des radars cohérents ou pola-
rimétriques, respectivement. La mesure de la vitesse des cibles fournit des informations
précieuses sur la structure dynamique des évènements de précipitations (French et al.,
2008; Marquis et al., 2008) et est également un atout indéniable pour valider les me-
sures puisqu’elle permet de détecter les échos de sol immobiles (Berenguer et al., 2006).
Dès la fin des années soixante-dix, Seliga et Bringi (1976) montrent que, comme les
gouttes ne sont généralement pas sphériques et que leur axe de symétrie est orienté
selon la verticale, l’amplitude rétrodiffusée doit être différente selon que la polarisation
est horizontale ou verticale. Ainsi, la diversité de polarisation doit fournir des informa-
tions sur la DSD et permettre d’estimer les QPE de manière plus précise (Illingworth
et al., 2000). Par exemple, les mesures selon plusieurs polarisations permettent de dé-
finir différents paramètres polarimétriques tels que la réflectivité différentielle ou la
phase différentielle spécifique, qui peuvent être utilisés pour remplacer les relations
Z-R afin de mieux prendre en compte la variabilité des précipitations (Brandes et al.,
2002). Cependant, les fluctuations statistisques des paramètres polarimétriques dues
aux mouvements relatifs des hydrométéores rendent difficile la QPE.
Ces développements sont très couteux et des méthodes alternatives permettant de
prendre en compte la variabilité des précipitations seulement à partir de la mesure de la
réflectivité à haute résolution spatiale seraient très bénéfiques. C’est la démarche qu’a
choisie le Laboratoire de Météorologie Physique (LaMP) en participant au développe-
ment d’un prototype de radar météorologique en bande X à très haute résolution basé
sur un radar nautique commercial. La production à grande échelle des composants de
ce radar en fait un instrument potentiellement bon marché. L’objectif de cette thèse
est donc de prendre en compte la variabilité des précipitations en utilisant des relations
Z-R adaptées aux précipitations rencontrées. Pour cela, un ensemble d’instruments —
dont un autre radar à visée verticale, est utilisé pour trouver des critères judicieux
qui permettent de classer les types de précipitations, en se basant sur la réflectivité
mesurée par le radar en bande X.
Cette thèse se découpe en six chapitres. Le chapitre I introduit le fonctionnement
des instruments généralement utilisés pour la mesure des précipitations : les pluvio-
21
Introduction générale
mètres, les disdromètres et les radars. Pour chacun de ces instruments, les variables
réellement mesurées sont définies en fonction de la DSD. Les ondes électromagnétiques
en bande X étant fortement atténuées dans l’atmosphère ; ce problème ainsi que les
méthodes de correction existantes sont détaillées. Enfin, la technique de mesure de la
DSD avec un radar cohérent à visée verticale est présentée. Le chapitre II est consacré
à la description des deux radars utilisés lors de cette thèse : il décrit leurs spécificités,
leurs produits et leur positionnement respectif sur les différents sites pour lesquels ils
ont été utilisés, afin de mettre en évidence un volume de mesure commun aux deux
radars qui sera primordial pour la suite de la thèse. L’exploitation des données de ces
deux radars a montré qu’un certain nombre de traitements (filtrage des données, calcul
de l’atténuation, étalonnage, etc.) doivent être effectués avant de pouvoir les utiliser.
Ces traitements font l’objet des chapitres III et IV pour le radar à visée verticale et
le radar en bande X, respectivement. Le chapitre V décrit ensuite la variabilité des
précipitations observées, en termes de DSD et de relations Z-R. Trois aspects de cette
variabilité sont mis en évidence : la variabilité verticale, la variabilité entre différents
évènements de précipitations et la variabilité à l’intérieur d’un même évènement de
précipitations. Pour terminer, le chapitre VI présente les deux classifications dévelop-
pées pour l’amélioration des QPE, qui sont basées, l’une sur les variations temporelles
et l’autre, sur l’hétérogénéité de la réflectivité mesurée par le radar en bande X. Enfin,
les enseignements et les perspectives de ce travail seront mis en évidence dans une
conclusion qui clôturera cette thèse.
22
Chapitre I
23
1 Mesure directe des précipitations
météorologues, la forme choisie est le plus souvent NV (D) même si c’est NA (D) qui
est réellement mesurée dans la plupart des cas. C’est le choix qui sera fait pour cette
thèse. On simplifiera la notation en utilisant N (D).
À partir de la distribution de gouttes, on peut définir les variables nécessaires dans
la suite de ce chapitre. On verra qu’elles s’écrivent comme les moments d’ordre n de
cette distribution : ∫ +∞
Mn = Dn N (D) dD (I.1)
0
24 Chapitre I
1.2 Disdromètres
Tab. I.2 – Taux de précipitation significatifs mesurés avec des pluviomètres conventionnels
selon l’intervalle de temps considéré.
où V (D) = πD3 /6 est le volume d’une goutte de diamètre D et où les facteurs 3600 et
10−6 servent à convertir les s−1 en h−1 et les m−2 en mm−2 respectivement. Pourtant,
l’expression rencontrée le plus souvent se fait en fonction de NV (D) :
∫ +∞
−4
R = 6π × 10 D3 v (D) NV (D) dD. (I.4)
0
D’après les équations I.1 et I.2, on voit que, au facteur multiplicatif près, le taux de
précipitation est le moment d’ordre 3 de la distribution NA (D) ou le moment d’ordre
3 pondéré par la vitesse de chute des gouttes v (D) de la distribution NV (D).
1.2 Disdromètres
De l’anglais “distribution drop meter”, les disdromètres servent à mesurer la distri-
bution de gouttes et permettent évidemment d’en déduire le taux de précipitation, avec
une meilleure résolution que les pluviomètres. Les premières mesures de la distribution
de gouttes étaient directes mais extrêmement laborieuses. Elles consistaient à mesurer
la taille de boulettes formées par la capture de gouttes de pluie dans une boîte rem-
plie de farine (Laws et Parsons, 1943) ou la taille des impacts de gouttes de pluie sur
un papier absorbant (Marshall et Palmer, 1948). Mais la mesure de la distribution de
gouttes au sol a subi une révolution avec l’invention du disdromètre électromécanique,
descendant direct des anciennes méthodes manuelles et appelé Joss-Waldvogel du nom
de ses inventeurs (Joss et Waldvogel, 1967).
1.2.1 Disdromètre JW
Un autre bond dans l’étude de la distribution de gouttes a été fait avec le dévelop-
pement récent des disdromètres optiques qui permettent de mesurer simultanément le
diamètre et la vitesse de chute des gouttes tout en évitant les problèmes techniques as-
sociés aux dispositifs mécaniques. Le disdromètre Parsivel (Löffler-Mang et Joss, 2000)
fait partie de ces derniers : lorsque qu’une goutte coupe le faisceau laser plat d’une
surface de 54 cm2 , la diminution de l’intensité du laser permet de déduire son dia-
mètre alors que la durée de cette diminution permet de déduire sa vitesse de chute. Les
gouttes sont rangées dans 32 classes de diamètre allant de 0 à 24 mm avec une largeur
de classe variable.
Le principal avantage d’un disdromètre optique est que la mesure du diamètre
permet d’éviter de faire une hypothèse sur la relation entre le diamètre et la vitesse
de chute des gouttes. En effet, même si la plupart des relations proposées (Tableau
I.1) sont de très bonnes paramétrisations des vitesses mesurées lors de l’étude précoce
mais précise de Gunn et Kinzer (1949), des travaux plus récents montrent que de
nombreuses gouttes ne respectent pas ces relations (Donnadieu, 1980; Hauser et al.,
26 Chapitre I
1.2 Disdromètres
1984; Kruger et Krajewski, 2002). Ces déviations sont généralement attribuées à des
erreurs instrumentales (éclaboussements, problèmes d’échantillonnage) et sont filtrées
(voir Figure I.1).
Fig. I.1 – Distribution des valeurs de vitesse de chute [m s−2 ] en fonction du diamètre [mm]
mesurées avec un disdromètre optique à deux dimensions (Schönhuber et al., 2008). Globale-
ment, on voit que les mesures suivent la relation vitesse - diamètre de Atlas et al. (1973) (voir
Tableau I.1) à l’exception de certains amas de points qui s’en éloignent fortement. Kruger et
Krajewski (2002) les associent à des points aberrants et les éliminent (Figure issue de Kruger
et Krajewski, 2002).
– ces mesures ne sont pas représentatives des précipitations à plus grande échelle,
en particulier lors de pluies convectives, connues pour être très hétérogènes sur
de très courtes distances.
Ces problèmes de mesures montrent que ces instruments ont de nombreuses limitations.
Nous verrons que seul un radar permet la mesure de pluie sur l’ensemble d’un bassin
hydrologique avec une résolution temporelle adéquate.
28 Chapitre I
2.1 Principe du radar à impulsions
le cas des gouttes, cela permet d’obtenir une information sur leur taille puisque, plus
leur taille augmente, plus elles s’aplatissent (plus leur dimension horizontale est grande
devant la dimension verticale).
Dans la suite de ce document, nous établirons la loi qui donne la puissance mesurée
par le radar en fonction de la réflectivité et que l’on appelle l’équation du radar pour
un radar non cohérent et non polarimétrique (section 2.1.1) puis nous définirons le
facteur de réflectivité radar (section 2.1.2). Ensuite, nous montrerons l’influence de
la longueur d’onde du radar sur la mesure des précipitations (section 2.1.3). Enfin,
nous détaillerons les différentes sources d’erreurs qui peuvent affecter la mesure des
précipitations (section 2.1.4).
Pe GS (r)
Pσ = (I.5)
4πr2
La puissance émise par une antenne est principalement concentrée dans la direction
de la propagation, dans ce que l’on appelle le lobe principal. Cependant, une partie
de cette puissance est émise dans des directions transversales : les lobes secondaires.
Pour ne pas perturber la mesure par des cibles transverses, la contribution des lobes
secondaires à la puissance totale reçue doit être négligeable. De plus, d’après Baars
(2007), on peut démontrer que :
Pσ Ae Pe GS (r) Ae Pe G2 λ2
P (r) = = = S (r) . (I.7)
4πr2 (4πr2 )2 (4π)3 r4
rmax = cT /2 (I.9)
doivent produire un signal négligeable pour ne pas être confondues avec des cibles
situées à la distance r − rmax .
Concrètement, on détecte toujours un grand nombre de cibles qui sont comprises
dans le volume d’échantillonnage approximativement défini par le produit de la section
du faisceau par la longueur h correspondant à une impulsion telle que
cτ
h= (I.10)
2
où τ est la durée d’une impulsion et c la vitesse de propagation de l’onde. De la
même manière que pour déterminer la distance d’une cible (Équation I.8), on divise la
longueur cτ par 2 pour tenir compte de l’aller-retour de l’onde. En effet, au moment où
le radar reçoit la puissance de la fin de l’impulsion rétrodiffusée par des cibles situées à
la distance r, il reçoit la puissance du début de l’impulsion rétrodiffusée par des cibles
situées à la distance r+(cτ ) /2. Dans le cas général, la section du faisceau est une ellipse
dont les dimensions horizontales θ et verticales ϕ (en radians) peuvent être différentes.
Le volume d’échantillonnage est donc égal à V = π(rθ/2)(rϕ/2)h.
En réalité, aucune cible météorologique ne diffuse les ondes électromagnétiques de
manière isotrope. On introduit donc la section efficace de rétrodiffusion radar σ définie
comme la surface [m2 ] d’une cible idéale réémettant toute l’énergie qu’elle intercepte
de façon isotrope, telle qu’elle intercepterait la quantité de puissance qui lui permet de
renvoyer la puissance effectivement rétrodiffusée. La valeur de σ est donc différente de
la section géométrique S et dépend de nombreux facteurs : forme et dimension de la
cible, orientation par rapport à la direction du rayonnement, etc.
La turbulence et la variété des vitesses de chutes des hydrométéores impliquent
une forte fluctuation de la phase du signal rétrodiffusé. Une moyenne temporelle sur
plusieurs impulsions consécutives est donc nécessaire pour une bonne estimation de la
puissance provenant d’un même volume diffusant, en partant de l’hypothèse que les
cibles ont des phases relatives indépendantes et distribuées aléatoirement. Alors, si l’on
admet que les cibles sont réparties uniformément dans le volume de résolution V , la sec-
tion de rétrodiffusion de l’ensemble de ces cibles peut être écrite comme étant la somme
de la section de rétrodiffusion de chaque cible divisée par le volume d’échantillonnage.
C’est la section efficace volumique de rétrodiffusion radar [m2 m−3 ], on l’appelle la
réflectivité radar :
∑
η (r) = σi /V. (I.11)
i
30 Chapitre I
2.1 Principe du radar à impulsions
Lorsqu’une onde électromagnétique interagit avec un corps dont les propriétés élec-
triques diffèrent de celles du milieu environnant, une partie de l’énergie du champ
incident est absorbée par le corps et apparaît sous forme de chaleur tandis que l’autre
partie est diffusée dans toutes les directions. Dans le cas des précipitations, ce phéno-
mène est décrit par l’application des équations de Maxwell à la diffusion d’une onde
plane par une sphère homogène en milieu non absorbant. La théorie de Mie donne une
solution générale à ce problème.
a) Diffusion de Mie
D’après la théorie de Mie (Mie, 1908), on peut montrer que la section efficace de
rétrodiffusion radar d’une goutte sphérique est :
2
∑
πD2 ∞
σM (D) = (−1) (2j + 1) (aj − bj )
j
(I.13)
4α2 j=1
α = πD/λ (I.14)
est sa taille réduite. Les coefficients aj et bj font intervenir les fonctions de Bessel avec
les paramètres α et m = n − ik l’indice complexe de réfraction de l’eau, avec n l’indice
de réfraction et k le coefficient d’absorption de l’eau qui dépendent de la longueur
d’onde et de la température.
b) Approximation de Rayleigh
L’approximation de Rayleigh est valable quand α est très inférieur à l’unité (c’est-
à-dire, quand la taille des gouttes est très inférieure à la longueur d’onde du radar
utilisé). Dans ce cas, un seul terme devient prédominant parmi tous les coefficients aj
et bj et l’équation I.13 peut être explicitée simplement (Battan, 1959) par :
λ2 α 6 m2 − 1 2 π5
= 4 |KW | D 6
2
σR (D) = 2 (I.15)
π m + 2 λ
m2 − 1
KW = . (I.16)
m2 + 2
Il est important de noter que σR (D) est alors proportionnel au diamètre de la goutte
à la puissance six.
Le coefficient KW , appelé constante de normalisation de la réflectivité radar, s’ex-
prime en fonction de l’indice complexe de réfraction de l’eau m et dépend donc de
la longueur d’onde et de la température mais peut être correctement approximé par
|KW |2 = 0.93 pour toutes les températures et pour les longueurs d’onde allant de la
bande S à la bande K (voir Tableau I.3 qui sera décrit plus loin). L’équation du radar
s’applique également pour des particules de glace sphériques, la seule différence étant
la valeur de |KI |2 = 0.176. Ainsi, pour des hydrométéores de même diamètre, la ré-
flectivité est environ cinq fois plus faible pour la glace que pour l’eau. En revanche,
lorsque des particules de glace commencent à fondre, elles se recouvrent d’une fine pel-
licule d’eau et leur réflectivité radar augmente rapidement jusqu’à atteindre les valeurs
correspondant à des gouttes de même diamètre alors qu’elles sont composées de 70%
de glace (Sauvageot, 1982).
Il est très utilisé car simplement proportionnel à la réflectivité radar (2) dans le cadre
de l’approximation de Rayleigh. Pour le montrer, partons de la définition de la réflec-
tivité radar (Équation I.11) appliquée à un spectre continu et dans laquelle on insère
l’expression I.15 :
∫ +∞
π5
η= N (D) σR (D) dD = 4 |KW |2 Z. (I.18)
0 λ
Les valeurs courantes du facteur de réflectivité radar couvrent plusieurs ordres de gran-
deurs, il est donc pratique d’utiliser une échelle logarithmique, avec comme unité le
décibel dBZ, telle que :
( [ ])
Z [dBZ] = 10 log Z mm6 m−3 . (I.19)
L’équation I.18 montre que la réflectivité radar η est une grandeur caractéristique
de la cible, mais qu’elle varie fortement avec la longueur d’onde. En revanche, le facteur
de réflectivité radar Z est indépendant de la longueur d’onde. Il est donc très utilisé
car il permet des comparaisons des mesures obtenues avec des instruments de longueur
d’onde différente. Pourtant, ce n’est plus le cas lorsque les conditions de l’approximation
de Rayleigh ne sont pas respectées.
32 Chapitre I
2.1 Principe du radar à impulsions
Tab. I.3 – Lettres utilisées pour la désignation des bandes de fréquence radar (d’après
Skolnik, 2008).
Fig. I.2 – Évolution des valeurs de la réflec- Fig. I.3 – Variations du rapport entre les
tivité radar en fonction de la longueur d’onde sections efficaces de rétrodiffusion de Mie
pour différentes valeurs du facteur de réflecti- et de Rayleigh σM /σR en fonction du dia-
vité radar allant d’un nuage de condensation mètre des gouttes D [cm] et de la longueur
(Z=-20 dBZ) à de la pluie fine (Z=20 dBZ) d’onde λ [cm] (chiffres sur le graphe). La
en traits pleins et pour de la turbulence atmo- partie non hachurée correspond au do-
sphérique faible (Cn2 =-150 dB) à forte (Cn2 =- maine où l’approximation de Rayleigh est
140 dB) selon l’Équation I.22 en traits poin- considérée comme valide (Figure issue de
tillés (Figure issue de Pointin, 2011). Sauvageot, 1982).
34 Chapitre I
2.1 Principe du radar à impulsions
pour une même surface effective, plus la longueur d’onde est courte, plus le gain
de l’antenne est élevé et donc, pour une même quantité de puissance émise la du-
rée d’une impulsion peut être plus courte. Or, d’après l’Équation I.10, une durée
d’impulsion plus faible implique une meilleure résolution spatiale.
Sur l’atténuation : Dans l’interaction avec les précipitations, l’onde électromagné-
tique est diffusée dans toutes les directions et peut aussi être absorbée. L’atténua-
tion résultante est calculée à partir de la section efficace d’extinction des gouttes
qui dépend fortement de la longueur d’onde et du diamètre des gouttes, comme le
montre la Figure I.5, qui sera décrite dans la section 2.2.3. Pour un radar de 10 cm
de longueur d’onde, la section efficace d’extinction est négligeable. En revanche,
pour un radar de 0.86 cm de longueur d’onde, la section efficace d’extinction est
élevée impliquant une très forte atténuation du signal. Ce problème sera détaillé
dans la section 2.2.
La qualité des mesures par radar peut être affectée par de nombreux facteurs (Vil-
larini et Krajewski, 2010). Tout d’abord, lors de l’établissement de l’équation du radar,
on a fait l’hypothèse d’un remplissage uniforme du volume sondé par le radar (Équa-
tion I.11). L’hypothèse d’homogénéité n’est pas valable lorsque le volume de résolution
du radar contient différents types d’hydrométéores (par exemple, des gouttes et des
cristaux de glace) ou est rempli de façon non uniforme. Meilleure est la résolution du
radar, plus cette hypothèse a de chances d’être vérifiée : par exemple, pour un radar
de longue portée, une ouverture de faisceau conventionnelle de 1° correspond à 100 km
à une largeur de 1.75 km, une valeur déjà limite pour satisfaire cette hypothèse.
Par ailleurs, dans les conditions normales de propagation dans l’atmosphère, aussi
bien le faisceau principal du radar que ses lobes secondaires peuvent rencontrer des
cibles au sol. Cela peut causer, d’une part, de forts échos persistants, connus sous le
nom d’échos de sol, et d’autre part, des effets de masque partiel ou total, tels qu’une
fraction ou la totalité du faisceau ne va pas atteindre les zones de pluies au-delà de
(3). On dit que le radar est volumique.
36 Chapitre I
2.2 Atténuation des ondes électromagnétiques dans l’atmosphère
Fig. I.4 – Illustrations des effets de masque partiel (“partial screening”) et total (“complete
screening”) et des échos de sol (PE pour “permanent echo”) (Figure issue de Collier, 1989).
l’obstacle (voir Figure I.4). Une carte des échos de sol connus peut être utilisée pour
corriger les mesures radars mais les échos de sol peuvent varier selon les variations de
propagation dans l’atmosphère.
En effet, dans des cas particuliers de distribution de la température et de l’humidité
dans l’atmosphère, le gradient vertical de l’indice de réfraction de l’air peut avoir des
variations inhabituelles. Dans des cas extrêmes, les ondes électromagnétiques peuvent
dévier largement de leur direction de propagation normale, le faisceau peut être courbé
en direction du sol engendrant un fort écho de sol. C’est ce qu’on appelle la propagation
anormale.
Enfin, de nombreux éléments externes peuvent apparaître dans les observations
radars et perturber la mesure des précipitations. Les exemples les plus fréquents sont
les avions, les oiseaux, les insectes, etc.
dP = −2kP dr (I.23)
Pnoatt est la puissance qui serait reçue s’il n’y avait pas d’atténuation et A (r) représente
la réduction de la puissance reçue due à l’atténuation entre le radar et la distance r.
Ce facteur d’atténuation n’a pas d’unités et vaut évidemment 1 lorsqu’il n’y a pas
d’atténuation. On définit aussi l’atténuation intégrée sur le trajet PIA (de l’anglais
Path Integrated Attenuation) en dB à partir de l’Équation I.24, suivant :
( ) ∫ r
Pnoatt
P IA = 10 log =2 Kdr. (I.25)
P 0
Sous cette forme le PIA vaut 0 lorsqu’il n’y a pas d’atténuation, le coefficient d’atténua-
tion [dB m−1 ] est K = 10k/ ln 10. Le facteur d’atténuation A (r) peut donc également
être exprimé en fonction du coefficient d’atténuation K suivant une expression qui sera
plus utile par la suite :
( )
ln 10 ∫ r
A (r) = exp −2 Kdr , (I.26)
10 0
la relation entre le PIA et le facteur d’atténuation étant P IA = −10 log A (r).
Dans l’atmosphère, les ondes électromagnétiques sont atténuées à cause des nuages,
des précipitations et des gaz, le coefficient d’atténuation est donc égal à k = kn +kp +kg
où kn , kp et kg sont les coefficients d’atténuation dus aux nuages, aux précipitations et
aux gaz, respectivement.
Pour des radars de longueur d’onde supérieure à 3 cm, le diamètre des gouttelettes
nuageuses (inférieur à 0.1 mm) est toujours très inférieur à la longueur d’onde. Alors,
38 Chapitre I
2.2 Atténuation des ondes électromagnétiques dans l’atmosphère
non seulement l’approximation de Rayleigh s’applique, mais les équations I.28 montrent
également que σd (D) est très inférieur à σa (D). Alors, d’après les Équations I.27 et
I.28a, le coefficient d’atténuation pour les nuages est bien approximé par
∫ ∞
π2 6πLW C
kn = Im (−KW ) N (D) D3 dD = Im (−KW ) (I.29)
λ 0 ρW λ
où ρW = 103 kg m−3 est la densité de l’eau et LW C (de l’anglais Liquid Water Content)
est le contenu en eau liquide [kg m−3 ] qui est le produit du volume total des gouttes
par la densité de l’eau ρW divisé par le volume de résolution du radar. LW C est donc
proportionnel au moment d’ordre trois de la distribution de gouttes N (D) [m−1 m−3 ]
où D est le diamètre [m] selon
∫ ∞
ρW π
LW C = N (D) D3 dD. (I.30)
6 0
Le dernier terme de l’Équation I.29 montre que l’atténuation dans les nuages est indé-
pendante de la distribution de gouttes : elle est simplement proportionnelle au contenu
en eau.
Pour une longueur d’onde inférieure ou égale à 5 cm, même si un radar ne détecte
pas la présence d’un nuage à cause de sa réflectivité radar trop faible, l’atténuation
induite peut être significative, même si c’est rare. En revanche, si la longueur d’onde
est supérieure à 5 cm, l’atténuation due aux nuages peut être négligée en toute sécurité.
Par ailleurs, pour un même contenu en eau, les nuages composés de cristaux de
glace donnent des atténuations qui sont plus petites de deux ordres de grandeurs en
comparaison avec un nuage d’eau liquide. L’atténuation par les nuages de glace peut
donc être négligée dans tous les cas.
Pour des gouttes de pluie, l’approximation de Rayleigh n’est pas toujours valide.
La Figure I.5 montre des exemples du coefficient d’extinction normalisé calculé avec
la théorie de Mie pour des gouttes de pluie sphériques et à diverses longueurs d’onde.
La droite rectiligne en trait plein montre la valeur de la section efficace d’absorption
(qui comme dans le cas des nuages est pratiquement équivalente à la section efficace
d’extinction) dans la limite de l’approximation de Rayleigh, pour une longueur d’onde
λ = 10 cm. La Figure I.5 montre que l’approximation de Rayleigh est valide à l’extré-
mité gauche de chaque courbe, la droite correspondant à l’approximation de Rayleigh
pour chaque longueur d’onde devant être translatée vers le haut. Mais, plus la longueur
d’onde diminue, plus la gamme des diamètres de gouttes de pluie est déplacée vers la
droite, ce qui implique que l’approximation de Rayleigh ne reste applicable que pour
une gamme de diamètres de plus en plus petits. Pour déterminer l’atténuation due à
la pluie, il faut donc retenir des termes d’ordre supérieur dans la solution de Mie.
De nombreux travaux ont portés sur l’évaluation de l’atténuation par la pluie (Gunn
et East, 1954; Wexler et Atlas, 1963; Delrieu et al., 1991, 2000). Par exemple, en
utilisant la théorie de Mie, Delrieu et al. (1991) ont calculé l’atténuation induite par une
distribution de gouttes déduite de données collectées avec un disdromètre JW lors d’un
long évènement de précipitations intenses dans les Cévennes. La Figure I.6 montre les
40 Chapitre I
2.2 Atténuation des ondes électromagnétiques dans l’atmosphère
Fig. I.6 – Exemples de relations entre le taux de précipitation et l’atténuation pour les
bandes K (0.86 cm), Ka (1.15 cm), X (3.2 cm), C (5.6 cm) et S (10 cm) et pour les tem-
pératures T = 0°C (ligne pointillée), T = 10°C (ligne continue) et T = 20°C (ligne tiretée)
(Figure issue de Delrieu et al., 2000).
Pour une molécule, la section efficace de diffusion étant beaucoup plus faible que
sa section efficace d’absorption, l’atténuation due aux gaz est bien approximée par
les pertes dues à l’absorption. Aux longueurs d’onde utilisées par les radars, les gaz
produisant une atténuation significative sont la vapeur d’eau et l’oxygène dont les
spectres d’absorption présentent des bandes de résonnance pour des longueurs d’ondes
comprises entre 1 et 2 cm et centrées autour de 0.2 cm pour la vapeur d’eau et centrées
autour de 0.5 cm pour l’oxygène.
L’atténuation par les gaz est donc négligeable pour les longueurs d’onde supérieures
à 2 cm. Au-dessous de 2 cm, la bande Ka (voir Tableau I.3) bénéficie d’une fenêtre où
elle est faible (environ 0.3 dB km−1 ). En revanche, pour les autres longueurs d’onde,
l’atténuation par les gaz n’est pas négligeable pour les distances auxquelles sont faites
les observations radars courantes (Battan, 1959).
Les paragraphes précédents permettent d’affirmer que l’atténuation due aux nuages
est négligeable dans la plupart des cas, et que l’atténuation due aux gaz reste faible
pour des distances courtes (on peut même considérer qu’elle est négligeable pour un
radar en bande K à visée verticale) la contribution la plus importante étant celle due
aux précipitations.
Durant les premières décennies de l’utilisation des radars en météorologie, les pré-
férences se sont portées sur les radars en bande S et C principalement parce qu’à ces
longueurs d’onde, l’atténuation par la pluie est négligeable. De plus en plus d’intérêt a
ensuite été donné aux radars de longueur d’onde moindre, comme les radars en bande
X, pour leur portabilité (radars embarqués sur des avions ou des satellites) et pour leur
haute résolution à moindre prix, leur principal défaut étant la forte atténuation par la
pluie. De nombreuses méthodes ont donc été développées pour évaluer et corriger cette
atténuation. Beaucoup de ces méthodes sont basées sur les mesures polarimétriques
grâce à la mesure du décalage de phase entre les polarisations verticales et horizontales
(Bringi et al., 1990; Jameson, 1992; Gourley et al., 2007b). D’autres méthodes (“ste-
reoradar” (Testud et Amayenc, 1989), “dual-beam” (Kabèche et Testud, 1995; Guyot
et Testud, 1999)) utilisent la mesure d’un même volume de mesure par deux radars
différents. En réalité, ces méthodes sont appliquées à des mesures aéroportées avec un
seul radar, la vitesse de l’avion permettant de mesurer le même volume de mesure sous
deux angles de vue différents. Le radar du LaMP étant non-polarimétrique et en unique
exemplaire, ces méthodes ne sont pas applicables et nous ne les détaillerons pas. Nous
sommes dans l’obligation d’utiliser des méthodes plus classiques basées sur les travaux
de Hitschfeld et Bordan (1954).
Pour corriger l’atténuation due à la pluie, Hitschfeld et Bordan (1954) ont établi
une équation faisant intervenir une relation entre le facteur de réflectivité radar et le
taux de précipitation. Ici, on préfère développer cette équation sous une forme plus
générale comme l’ont fait Marzoug et Amayenc (1991).
Le facteur de réflectivité radar (et le facteur de réflectivité radar équivalent dans le
cas général) étant proportionnel à la réflectivité radar (Équations I.18 et I.20), il est
également proportionnel à puissance reçue au facteur r2 près (Équation I.12). Dans
l’Équation I.24, on peut donc remplacer la puissance mesurée P et la puissance sans
atténuation Pnoatt par le facteur de réflectivité radar mesuré Zm (r) et le facteur de
réflectivité radar réel Z (r), respectivement :
( )
ln 10 ∫ r
Zm (r) = δCZ (r) exp −2 K(s)ds (I.32)
10 0
où l’on a utilisé l’équation I.26 pour l’expression de A (r) et où l’on a ajouté un terme
δC tenant compte d’une possible erreur d’étalonnage du radar. Le terme exponentiel
étant obligatoirement positif, on voit que la mesure Zm (r) sous-estime la vraie valeur
Z (r) à cause de l’atténuation. Sans hypothèse supplémentaire, cette équation ne peut
pas être résolue puisqu’elle fait intervenir deux inconnues qui sont Z (r) et k (r). Mais,
de la même manière que pour l’équation I.31, la relation entre le facteur de réflectivité
radar et l’atténuation peut être correctement représentée par une loi de puissance :
Z = αK β (I.33)
42 Chapitre I
2.2 Atténuation des ondes électromagnétiques dans l’atmosphère
où α et β sont des constantes. Alors, en utilisant la relation I.33, l’équation I.32 devient :
( ) ( )1
ln 10 ∫ r Zm (r) β
K (r) exp −2 K(s)ds = . (I.34)
10β 0 αδC
En multipliant les deux termes de l’Équation I.34 par −2 ln10β10
et utilisant le facteur
d’atténuation A (r) défini dans l’équation I.26, cette équation peut être exprimée de
manière plus commode en tant qu’équation différentielle du premier ordre :
( 1 ) ( )1
d A (r) β ln 10 Zm (r) β
= −2 (I.35)
dr 10β αδC
à condition que K (0) = 0. À présent, l’intégration de l’Équation I.35 entre 0 et r
donne : ( )1
1 1 ln 10 ∫ r Zm (s) ds β
A (r) − A (0) = −2
β β . (I.36)
10β 0 αδC
De l’Équation I.36, on peut donc exprimer A (r) en fonction de la réflectivité mesurée
Zm (r) seule :
(∫ )1 β
ln 10 r Z (s) ds β
A (r) = 1 − 2 .
m
(I.37)
10β 0 αδC
Enfin, en insérant la nouvelle expression de A (r) de l’Équation I.37 dans l’Équa-
tion I.32, on trouve :
Zm (r) Zm (r)
Z (r) = (∫ )1 β = (∫ ) 1 β
r Z (s) ds β 1 r Z (s) ds β
δC 1 − 2 ln10β δC β − 2 ln 10
10 m m
10β
0 αδC 0 α
(I.38)
Bien que différente de la solution de Hitschfeld et Bordan (1954), cette équation lui
est équivalente. Elle permet de déduire le facteur de réflectivité radar réel directement
du facteur de réflectivité radar mesuré en tenant compte de l’atténuation due aux
précipitations et en utilisant une relation entre le facteur de réflectivité radar Z et
l’atténuation K (voir l’Équation I.33). De manière équivalente, Hitschfeld et Bordan
(1954) ont utilisé des lois de puissance entre Z et le taux de précipitation R et entre
R et K comme celle de l’équation I.31 et donnent directement une expression du taux
de précipitation mesuré avec le radar.
Il a été montré par Meneghini (1978) et de nombreux autres auteurs que, comme le
dénominateur de l’Équation I.38 peut être proche de zéro, cette méthode peut devenir
instable et détériorer les estimations, surtout pour des valeurs fortes d’atténuation.
Ainsi, pour un radar en bande X, Delrieu et al. (1999a) proposent d’utiliser un PIA
maximum de 10 dB et d’arrêter la correction au-delà de cette valeur. Par ailleurs, Hil-
debrand (1978) et Marzoug et Amayenc (1994) ont montré que l’erreur de calibration
δC peut avoir de fortes conséquences sur la correction. Peters et al. (2010) confirment
ces différents résultats en étudiant les variations de l’erreur faite sur la correction de
l’atténuation en fonction du PIA et de l’erreur d’étalonnage : la Figure I.7 montre
qu’avec une erreur de calibration de moins de 1 dB, il faut un PIA maximum d’environ
10 dB pour limiter l’erreur de la correction d’un intervalle de ±3 dB. Une calibra-
tion précise du radar est donc absolument nécessaire avant d’effectuer la correction de
l’atténuation.
Fig. I.7 – Erreur totale après la correction de l’atténuation avec la méthode de Hitschfeld et
Bordan (1954), en fonction de l’erreur d’étalonnage pour diverses valeurs du PIA. Les lignes
verticales indiquent, pour chaque valeur de PIA, les erreurs d’étalonnage maximum pour
conserver une erreur totale d’un intervalle de ±3 dB après la correction de l’atténuation.
(Figure issue de Peters et al., 2010).
( )
ln 10 ∫ r
Z(i) (r) = Z(0) (r) exp 2 K(i−1) (s)ds pour i = 1, . . . , n, (I.39)
10 0
avec Z(0) = Zm . Les itérations s’arrêtent lorsque la différence entre deux estimations
de l’atténuation successives est insignifiante. Il affirme que, dans le cas où l’atténuation
est surestimée, cette méthode doit diverger, et qu’il suffit alors d’arrêter les itérations
avant la divergence.
Néanmoins, cette méthode n’est utilisable que pour des atténuations modérées.
De plus, Peters et al. (2010) montrent que certaines des hypothèses ci-dessus sont en
contradiction. En conséquence, cette méthode surestime l’atténuation et, comme la
surestimation s’accumule avec la distance, la méthode diverge rapidement, et elle est
finalement plus limitée que la technique de Hitschfeld et Bordan (1954).
44 Chapitre I
2.2 Atténuation des ondes électromagnétiques dans l’atmosphère
Et, en remplaçant une nouvelle fois l’expression de A (r) de l’Équation I.41 dans l’Équa-
tion I.32, on trouve :
Zm (r)
Z (r) = (∫ ) 1 β
. (I.42)
( )1 rd Zm (s) ds β
δCA (rd ) β + 2 ln 10
10β
r α
Le terme A (r0 ) est une constante qui représente l’atténuation avant que l’onde élec-
tromagnétique rencontre de la pluie. On peut montrer que ce terme supplémentaire ne
change pas les démonstrations des algorithmes de Hitschfeld et Bordan (1954) et Mar-
zoug et Amayenc (1991) : il suffit d’isoler le terme A (r0 ) à partir de l’Équation I.32,
la seule condition supplémentaire pour les calculs étant que l’atténuation K (r0 ) de
la distance r0 soit nulle. De plus, la seule différence dans les équations finales est la
présence du terme A (r0 ) aux côtés du terme δC.
Cette méthode peut également être utilisée avec des radars au sol dans les régions
montagneuses en utilisant l’écho du relief comme contrainte (Delrieu et al., 1999b;
Serrar et al., 2000). De plus, le terme d’atténuation avant la pluie peut être utilisé
pour prendre en compte l’atténuation due au radôme de protection du radar. En effet,
en cas de pluie sur le radar, un film d’eau s’accumule sur le radôme et peut créer une
atténuation additionnelle non négligeable.
46 Chapitre I
2.3 Principe du radar en visée verticale
À cette étape du calcul, on a fait l’hypothèse qu’il n’y a pas de vent vertical. En effet,
les hydrométéores suivent les mouvements du vent dans l’atmosphère. Si la composante
verticale du vent n’est pas négligeable, il faut l’évaluer et la supprimer avant de pouvoir
appliquer une relation entre la vitesse de chute et le diamètre des hydrométéores.
Enfin, on retrouve le nombre de gouttes contribuant à la section efficace volumique
de rétrodiffusion radar spectrale pour un diamètre donné grâce à la section efficace
d’une goutte de ce diamètre σ (D) (définie par l’Équation I.13 avec la théorie de Mie et
par l’Équation I.15 dans l’approximation de Rayleigh) et en reprenant les Équations I.45
et I.46, on trouve l’expression :
2.3.2 Limites
L’idée de mesurer la distribution de gouttes avec un radar en visée verticale date des
premières années de l’utilisation des radars météorologiques : les premiers travaux que
l’on peut retrouver datent des années soixantes (Rogers et Pilié, 1962; Battan, 1964;
Caton, 1966). Ces premières études ont surtout consisté à décrire qualitativement les
distributions de gouttes retrouvées mais ont aussi mis en évidence les limitations de
cette méthode à cause du vent vertical et de la turbulence.
a) Vent vertical
Comme on l’a vu, le calcul présenté dans le paragraphe précédent n’est valable que
si la composante verticale du vent est négligeable. Si ce n’est pas le cas, il faut d’abord
estimer puis éliminer cette contribution à la vitesse de chute des hydrométéores. Pour
cela, diverses méthodes ont été proposées mais devant la difficulté de la tâche, aucune ne
fait l’unanimité. Par exemple, certains auteurs (Battan, 1964; Caton, 1966; Battan et
Theiss, 1966) ont fait l’hypothèse que la plus faible valeur du spectre mesuré correspond
à des gouttelettes de diamètre très petit et donc de vitesse de chute pratiquement nulle,
et que cette valeur est alors représentative du vent vertical. Mais, cette méthode ne
peut fonctionner que dans un nuage. En effet, au dessous d’un nuage, il n’y a plus
de sursaturation et les plus petites gouttes s’évaporent. Par ailleurs, la détection des
limites du spectre par rapport au bruit de la mesure n’est pas toujours aisée. D’autres
méthodes, comme celle de Rogers (1964) détaillée dans Atlas et al. (1973) ou celle de
Hauser et Amayenc (1981), nécessitent des hypothèses sur la forme de la distribution
de gouttes.
Comme l’on montré Rogers (1967), Atlas et al. (1973) ou Rogers (1984), le problème
de ces différentes méthodes est que la densité de goutte est très sensible à la valeur du
vent vertical : une erreur raisonnable sur l’estimation du vent vertical peut conduire à
des erreurs intolérables sur la densité de gouttes et donc sur leur distribution. En effet,
puisque l’on utilise une relation entre la vitesse de chute et le diamètre des gouttes, une
erreur sur l’estimation du vent vertical produit une translation de la distribution de
gouttes selon l’axe des diamètres. Or, en insérant l’expression de la section efficace de
rétrodiffusion radar σ (D) (l’Équation I.15), on s’aperçoit qu’il y a un facteur D6 dans
la relation entre le nombre de gouttes et la section efficace volumique de rétrodiffusion
radar spectrale (Équation I.47). Cette forte dépendance au diamètre fait que la valeur
de la densité de goutte est très sensible à l’erreur sur l’estimation du vent vertical. Par
exemple, Atlas et al. (1973) a montré que pour limiter les erreurs sur la concentration
en gouttes entre +100% et -50%, le vent vertical doit être estimé avec une précision au
moins égale à ±0.25 m s−1 , ce qui n’est pas envisageable avec ces différentes méthodes.
b) Turbulence
L’autre limitation de cette méthode est due à la turbulence. En effet, la turbu-
lence peut faire plus ou moins monter ou descendre les gouttes d’une taille donnée
dans le volume de mesure du radar. Ainsi, une population homogène de gouttes de la
même taille ne produira pas une simple raie spectrale mais un spectre d’une certaine
largeur. Un spectre Doppler représente ainsi la convolution de deux distributions : le
spectre de puissance dû à la distribution de gouttes et la distribution des valeurs de
vent vertical. Les petits tourbillons contenus dans le volume de résolution du radar
et dus à la turbulence ont alors l’effet d’élargir le spectre Doppler correspondant aux
précipitations.
De nombreuses méthodes ont été proposées pour éliminer l’effet de la turbulence,
mais ces méthodes demandent des configurations très particulières. Par exemple, Wa-
kasugi et al. (1985, 1987) et Fukao et al. (1985) utilisent un radar VHF pour estimer
à la fois le vent vertical moyen, le spectre dû à la turbulence et le spectre de vitesse
de chute des gouttes de pluie parce que les deux spectres correspondants sont distincts
et observés simultanément. Malheureusement, comme on l’a vu dans la partie 2.1.3,
seules les précipitations très intenses ont une réflectivité suffisante pour être observées
avec un radar VHF. Alors, de la même façon, Gossard (1988) et Gossard et al. (1990)
proposent d’utiliser un radar UHF, parce qu’il est plus sensible aux précipitations mais
les spectres de la turbulence et de la distribution de gouttes sont rarement distincts.
Une solution efficace est donc de co-localiser ces deux sortes de radars de façon à ce
qu’ils observent simultanément le même volume de mesure, le VHF apportant l’infor-
mation sur la turbulence et le vent vertical et l’UHF apportant l’information sur le
spectre de précipitations (Cifelli et al., 2000; Schafer et al., 2002). De façon similaire,
Williams et al. (2007) utilisent des profileurs UHF et en bande S colocalisés.
48 Chapitre I
Chapitre II
Dispositif expérimental
49
3 Les radars du LaMP
Émetteur
Fréquence d’émission 9.41 GHz
Puissance 24 kW
Durée de l’impulsion 80 ns
Fréquence de répétition de l’impulsion 2100 Hz
Antenne
Diamètre 90 cm
Largeur de faisceau à 3dB 2.5°
Élévation fixe
Vitesse de rotation 144° s−1 (0.4 tr s−1 )
Acquisition
Fréquence d’échantillonnage 10 MHz
Résolution temporelle (temps de moyenne) 30 s
Résolution radiale 15 m
Portée 20 km
Taille d’un pixel 60 m × 2°
50 Chapitre II
3.1 Le radar en bande X
Fig. II.1 – Exemples du champ de réflectivité radar mesuré par le radar en bande X en
ciel clair (a) et en présence d’averses (b), avant la suppression des échos de sol. L’échelle de
couleur indique l’intensité de la réflectivité radar en dBZ. Le changement de couleur tous les
10 dBZ permet une lecture précise des valeurs de réflectivité.
Dispositif expérimental 51
3 Les radars du LaMP
Fig. II.2 – Champ de réflectivité radar ((a) : en entier, (b) : zoom sur la partie Sud-Ouest)
correspondant à celui de la Figure II.1b et où la contribution des échos de sol et la variation
de la réflectivité radar avec la distance au radar ont été supprimés.
52 Chapitre II
3.2 Le radar MRR
Tab. II.2 – Correspondance qualitative entre la réflectivité radar et l’intensité des précipi-
tations.
Émetteur
Fréquence d’émission f 24 GHz
Bande de modulation B 1.5 MHz
Période de répétition de la modulation T 0.512 ms
Puissance 50 mW
Antenne
Diamètre 60 cm
Largeur de faisceau à 6dB 2°
Élévation visée verticale
Acquisition
Fréquence d’échantillonnage fs 125 kHz
Résolution temporelle (temps de moyenne) 10 s
Résolution verticale δz 100 m
Nombre de portes (Portée) M/2 32 (3.2 km)
Résolution en vitesse δv 0.191 m s−1
Nombre de classes (Vitesse maximale) N 64 (12.3 m s−1 )
Dispositif expérimental 53
3 Les radars du LaMP
Fig. II.3 – Modulation de la fréquence émise par le radar MRR (Figure issue de Chadwick
et al., 1976b).
il n’est pas décrit dans le chapitre sur le traitement des données MRR (ChapitreIII)
qui a nécessité des développements supplémentaires.
54 Chapitre II
3.2 Le radar MRR
Dispositif expérimental 55
3 Les radars du LaMP
où λ est la longueur d’onde du radar. Cette ambiguïté ne peut pas être résolue en
analysant l’écho correspondant à un seul balayage. En revanche, entre deux balayages
successifs, la cible s’étant déplacée, la fréquence du signal qu’elle renvoie est légèrement
modifiée (en réalité, la variation de fréquence est négligeable mais la variation de la
phase ne l’est pas (Barrick, 1973)) : dans l’Équation II.3, tant que le terme Doppler est
faible devant le terme de rang, alors, les M/2 éléments de la transformée de Fourier du
signal reçu peuvent toujours être considérés comme des portes d’altitude.
Pour déduire la vitesse des cibles, on effectue l’analyse de Fourier précédente sur N
balayages successifs. Les M/2 éléments obtenus caractérisent les spectres en distance à
chaque instant et sont stockés colonne par colonne dans un tableau de taille M/2 × N .
Alors, les N éléments de chaque ligne du tableau proviennent d’un balayage différent,
et peuvent être considérés comme des échantillons de l’amplitude et de la phase du
signal reçu à une altitude donnée, en fonction du temps. Cette fonction du temps est
complètement définie par ces échantillons. Pour qu’il n’y ait donc aucun risque de sous-
échantillonnage, il suffit que la fréquence de répétition des balayages soit supérieure ou
égale à la fréquence Doppler maximum que l’on souhaite mesurer, c’est-à-dire :
1
≥ fDmax . (II.4)
T
A partir de la valeur de T choisie précédemment, la vitesse de chute maximum respec-
tant cette condition que l’on peut retrouver est définie par :
fDmax λ λ
vDmax = = . (II.5)
2 2T
Le tracé des relations entre la vitesse de chute et le diamètre des gouttes listées dans
le Tableau I.1 montre que la vitesse de chute maximale est d’environ 10 m s−1 (Atlas
et al., 1973). Cette valeur est donc inférieure à la vitesse maximum retrouvable (voir
Tableau II.3) et la valeur choisie pour T convient donc pour cette application. Mal-
heureusement, lorsqu’un vent descendant s’ajoute à la vitesse de chute des gouttes, on
est en général incapable de séparer les différentes vitesses (Section 2.3.2) et ceci peut
conduire à des vitesses apparentes supérieures à 12.3 m s−1 et à un repliement spectral.
Ainsi, dans des conditions normales, en effectuant une nouvelle transformée de
Fourier sur chacune de ces lignes, N échantillons suffisent pour fournir N classes de
vitesse pour chaque altitude. Afin de pouvoir effectuer une transformation rapide, N
est fixé à 64, ce qui permet de définir la résolution en vitesse issue de cette deuxième
transformée :
λ fs λ
∆v = = . (II.6)
2N T 2M N
En résumé, N balayages sont donc nécessaires pour obtenir un spectre de la vitesse
de chute des gouttes sur 64 classes pour 32 altitudes et ce spectre est donc obtenu en
N T ≈33 ms. À cause du temps de calcul, les spectres ne sont générés que sur 80% du
temps, ce qui correspond à une fréquence d’environ 25 spectres par seconde.
Au début de ce paragraphe, on a noté que pour que les éléments issus de la première
transformée de Fourier puissent être considérés comme des classes en distance, le terme
Doppler doit être faible devant le terme de rang, c’est-à-dire, que la distance parcourue
par les gouttes pendant une analyse complète doit être faible devant la résolution en
distance. Pour les gouttes les plus rapides (v =10 m s−1 ), cette distance est égale à
vN T ≈0.33 m ce qui est effectivement très inférieur à la résolution en distance.
56 Chapitre II
3.2 Le radar MRR
v = λ/8T. (II.7)
La puissance spectrale est donc répartie de manière presque égale entre les classes
correspondant à ces deux portes pendant toute la période nT considérée puisque le
déplacement λ/8 de la cible entre chaque balayage est négligeable par rapport à la
résolution spatiale. En revanche, entre chaque balayage, la phase du signal avance de
π/2 dans ce cas.
La série complexe de chaque porte est maintenant interprétée comme une nouvelle
série temporelle échantillonnée à la fréquence 1/T. La transformée de Fourier de ces
séries temporelles résulte en de nouveaux spectres de résolution 1/nT et de fréquence
maximum fN = 1/T qui sont dessinés horizontalement sur la droite de la Figure II.4.
Dans l’exemple considéré, la puissance apparaît à une fréquence f = fN /4 = 1/4T . Or,
cette fréquence est égale à la fréquence Doppler d’une cible se déplaçant à la vitesse
v de l’Équation II.7. Le spectre résultant de cette seconde transformation de Fourier
correspond donc bien au spectre Doppler pour chaque altitude.
Cet exemple montre l’efficacité de la méthode FM-CW pour une cible unique mais
on peut montrer que cette méthode fonctionne également pour cibles distribuées comme
dans le cas des précipitations (Barrick, 1973).
Par ailleurs, une transformée de Fourier à deux dimensions est entièrement équi-
valente à une longue transformée de Fourier unique et ces deux techniques nécessitent
exactement le même nombre d’opérations numériques (Barrick, 1973; Chadwick et al.,
1976b). De plus, la méthode FM-CW implique qu’en réalité, en cas de repliement spec-
tral, la partie du spectre repliée se mélangera au spectre correspondant à l’altitude
supérieure (Chadwick et al., 1976b; Kneifel et al., 2011).
Dispositif expérimental 57
3 Les radars du LaMP
P (fD , z) z 2 ∆fD
η (v, z) = (II.8)
gn (z) C ∆v
58 Chapitre II
3.2 Le radar MRR
(a) Profil mesuré le 2007-06-15 de 12h25 à 13h25 (b) Profil mesuré le 2007-06-15 de 12h25 à 13h25
Facteur de réflectivité spectral
6 7
Ze(v,z) [mm6 m−3 (m/s)−1 ]
10 10
5
10
Spectre de gouttes
4
10
N [mm−1 m−3 ]
3
10
2
10 1
10
0 −1
10 10
−3
−2 10
10
3000 −5 3000
10
0 0
2000 2000
5 2
1000 4 1000
10
0 Height [m] 6 0 Height [m]
Vitesse Doppler v [ms−1 ] Diamètre des gouttes D [mm]
(c) Profil mesuré le 2007-06-15 de 12h25 à 13h25 (d) Profil mesuré le 2007-06-15 de 12h25 à 13h25
Facteur de réflectivité spectral normalisé
3000
3000
N [mm−1 m−3 ]
2500
Height [m]
Height [m]
2500
2000
2000
1500
1500
1000 1000
500 500
0 0
0 2 4 6 8 10 12 0 1 2 3 4 5 6
Vitesse Doppler v [ms−1 ] Diamètre des gouttes D [mm]
Fig. II.5 – Profils du spectre en vitesse du facteur de réflectivité radar ((a) et (c)) et de la
distribution de gouttes ((b) et (d)) mesurés par le MRR et représentés en trois dimensions
((a) et (c)) et en deux dimensions ((b) et (d)).
vitesse de chute des gouttes du diamètre correspondant qui, on l’a vu, peut aller de 0
à 10 m s−1 .
Grâce à sa haute résolution temporelle, le MRR permet également d’étudier la va-
riation du spectre en vitesse du facteur de réflectivité radar en fonction du temps. La
Figure II.6a montre son évolution à 300 m d’altitude pendant 3h30 pour le même cas
que celui étudié dans la Figure II.5 mais dans sa globalité. La Figure II.6a montre
l’intensité du spectre en ordonnée en fonction de la vitesse de chute en abscisse et du
temps, représenté par l’échelle de couleur. On devine une intensification progressive
des précipitations entre 11h30, avec un spectre de largeur et d’intensité faibles corres-
pondant à une pluie légère, et 12h30 où le spectre anormalement large correspond à
des pluies intenses. Il y a ensuite une longue phase entre 12h30 et 14h30 (dans laquelle
sont comprises les données de la Figure II.5) où le spectre est assez stable, puis une
rapide diminution jusqu’à 15h00. Le défaut de cette représentation est qu’il faut limi-
ter le nombre de spectres à superposer pour que la Figure reste lisible. Ainsi, chaque
spectre de la Figure II.6a correspond à une moyenne de 10 min de données, et pour un
évènement assez long comme celui-ci, les variations du spectre à court terme ne sont
pas visibles.
Pour visualiser les petites variations dans le temps du spectre en vitesse, on utilise la
représentation de la Figure II.7a. Sur cette Figure, l’intensité du spectre est représentée
Dispositif expérimental 59
3 Les radars du LaMP
(a) MRR 300m AGL:15-Jun-2007 15:00:00 (b) MRR 300m AGL:15-Jun-2007 15:00:00
6 7
10 10
5 14:50:00 14:50:00
10 5
10
Facteur de réflectivité spectral
14:30:00 14:30:00
Ze(v,z) [mm6 m−3 (m/s)−1 ]
4
10 14:10:00 14:10:00
Spectre de gouttes
3
3 10
N [mm−1 m−3 ]
10 13:50:00 13:50:00
2 13:30:00 1 13:30:00
10 10
13:10:00 13:10:00
1
10 12:50:00 −1 12:50:00
10
0
10 12:30:00 12:30:00
12:10:00 −3 12:10:00
−1 10
10
11:50:00 11:50:00
−2 −5
10 11:30:00 10 11:30:00
0 2 4 6 8 10 12 0 1 2 3 4 5 6
Vitesse Doppler v [ms−1 ] Diamètre des gouttes D [mm]
∂v
η (D, z) = η (v, z) (II.9)
∂D
60 Chapitre II
3.2 Le radar MRR
(a) Facteur de réflectivité spectral à 300m AGL Ze(v,z) [mm6 m−3 (m/s)−1 ] Ze(v,z)
6
12 10
5
10
10
4
10
Vitesse Doppler [ms−1 ]
8 3
10
2
6 10
1
10
4
0
10
2 −1
10
−2
0 10
11:30 12:00 12:30 13:00 13:30 14:00 14:30 15:00
Heure UTC du 15/06/2007
4
10
3
4 10
2
10
1
3 10
0
10
−1
2 10
−2
10
−3
1 10
−4
10
0
11:30 12:00 12:30 13:00 13:30 14:00 14:30 15:00
Heure UTC du 15/06/2007
Fig. II.7 – Comme la Figure II.6 mais la variation du temps est cette fois-ci représentée
par l’axe des abscisses, l’échelle de couleur correspond quant à elle à l’intensité du facteur de
réflectivité radar (a) et à la concentration en gouttes (b).
avec la vitesse v [m s−2 ] et le diamètre D [mm]. Cette équation fournit des vitesses
supérieures à zéro pour D > − ln (9.65/10.3) /0.6 ≈ 0.11 mm et n’est applicable que
pour v < 9.65 m s−2 . Pour s’éloigner de ces singularités, la gamme de vitesse analysée
est limitée à des valeurs allant de vmin = 0.76 m s−1 à vmax = 9.36 m s−1 qui corres-
pondent à une gamme de diamètres allant de Dmin = 0.246 mm à Dmax = 5.8 mm. Ces
limites peuvent se justifier par le fait que, pour l’étude des précipitations, les gouttes
plus petites ont une contribution négligeable au taux de précipitation (puisque c’est
un moment de la distribution de goutte supérieur à 3) et les gouttes plus grandes sont
très rares et donc également négligeables (Peters et al., 2005).
L’Équation II.10 et les limites vmin et vmax associées ne sont valables qu’au niveau
du sol. En effet, la variation de la densité de l’air avec l’altitude modifie la relation
entre la vitesse et le diamètre. La vitesse obtenue pour un diamètre donné est donc
corrigée en fonction de l’altitude en utilisant un polynôme du second degré ajusté à la
correction trouvée par Foote et Du Toit (1969) :
où z [m] est l’altitude au-dessus du niveau de la mer (Peters et al., 2005). En conservant
les limites de la gamme de diamètre analysée trouvée au niveau du sol, les limites de la
Dispositif expérimental 61
3 Les radars du LaMP
Fig. II.8 – Gammes des vitesses et des diamètres analysés lors du traitement des données
mesurées par le MRR, en fonction de l’altitude (Figure issue de Peters et al., 2005).
η (D, z)
N (D, z) = (II.12)
σ (D)
62 Chapitre II
3.2 Le radar MRR
D0 (par définition, D0 est le 50ème pourcentile) ont été ajoutés sur la Figure II.7b en
traits pleins fins et épais, respectivement. Ceci permet de mettre en valeur les variations
concernant la partie centrale correspondant à 80% de la distribution du contenu en eau
et donne une idée de la largeur de la distribution de goutte (Uijlenhoet et al., 2003b).
Sur cette figure, à la vue de la variation soudaine et irréaliste de D0 , la discontinuité
autour de 12h20 doit être causée principalement par un vent vertical fort.
d) Correction de l’atténuation
La Section 2.2 montre qu’en bande K, l’atténuation par les gaz et l’atténuation
par la pluie doivent être prises en compte. Le coefficient d’atténuation par les gaz est
gouverné par l’humidité absolue et vaut Kg = 0.18 dB km−1 au niveau de la mer
(Peters et al., 2005). Sur un tir vertical, la valeur moyenne de Kg est même inférieure
puisque l’humidité diminue avec l’altitude. On considère donc que l’on peut négliger
l’atténuation due aux gaz, à condition de ne s’intéresser de manière quantitative qu’aux
mesures correspondant aux altitudes inférieures à 1500 m. En revanche, l’atténuation
due à la pluie doit être prise en compte.
Pour corriger l’atténuation par la pluie, on utilise la méthode de Hildebrand (1978)
(Section 2.2.5). Toutefois, la distribution de goutte déduite des mesures du MRR per-
met de s’affranchir d’une relation empirique entre le facteur de réflectivité radar et le
coefficient d’atténuation comme celle de l’Équation I.33. En effet, le coefficient d’atté-
nuation K peut être retrouvé de manière analytique (Équation I.27) à partir du calcul
de la section efficace d’extinction σe (D) de chaque goutte avec la théorie de Mie. Le
coefficient d’atténuation retrouvé dans chaque porte est ensuite utilisé pour corriger
les mesures des portes suivantes. Cette méthode itérative est instable et est donc limi-
tée lorsque l’atténuation est trop forte (Peters et al., 2005) et les données des portes
supérieures sont indiquées comme n’étant pas valides.
Dispositif expérimental 63
4 Synergie des instruments utilisés
Altitude [m]
2000 40 2000 40
30 30
1000 20 1000 20
10 10
0 0 0 0
11:30 12:00 12:30 13:00 13:30 14:00 14:30 15:00 11:30 12:00 12:30 13:00 13:30 14:00 14:30 15:00
Heure UTC du 15/06/2007 Heure UTC du 15/06/2007
Altitude [m]
2000 0 2000 −1
10 10
−1 −2
10 10
1000 10
−2 1000 10
−3
−3 −4
10 10
−4 −5
0 10 0 10
11:30 12:00 12:30 13:00 13:30 14:00 14:30 15:00 11:30 12:00 12:30 13:00 13:30 14:00 14:30 15:00
Heure UTC du 15/06/2007 Heure UTC du 15/06/2007
Fig. II.9 – Évolution en fonction du temps des profils du facteur de réflectivité radar (a),
du facteur de réflectivité radar équivalent en bande X (b), du taux de précipitation (c) et du
coefficient d’atténuation (d) mesurés par le MRR.
d’altitude au dessus du sol, parce que l’atténuation est devenue trop forte pour être
corrigée.
4.1 Contraintes
Le but principal du projet PREPHIX est de fournir, à moindre coût, une estimation
quantitative des précipitations sur un petit bassin versant ou une zone urbaine à partir
des mesures en haute résolution du radar en bande X (Van Baelen et al., 2009a).
Pour cela, un MRR à visée verticale permet de caractériser en détails les variabilités
verticale et horizontale de la distribution de gouttes et est donc idéal pour combler
le manque d’information entre la mesure de la réflectivité en altitude par le radar en
bande X et la mesure des précipitations au sol. De plus, si ces deux radars sont placés de
manière adéquate l’un par rapport à l’autre, leur utilisation simultanée permet de faire
des comparaisons directes de la réflectivité dans leur volume de mesure commun. Par
ailleurs, l’utilisation d’un disdromètre colocalisé avec le MRR permet d’étalonner ce
dernier, pendant que le MRR peut servir à étalonner le radar en bande X grâce à leurs
mesures communes. Cette technique d’étalonnage permet de s’affranchir de la méthode
64 Chapitre II
4.2 Sites de mesure
classique faite à partir des mesures d’un pluviomètre au sol. En effet, cette méthode est
soumise à de nombreuses incertitudes sur la relation entre la réflectivité radar et le taux
de précipitation, sur la variabilité verticale des précipitations, l’advection due au vent
horizontal, etc., et nécessite donc une grande attention et une quantité importante de
données pour obtenir des résultats suffisamment précis. En revanche, des comparaisons
avec des pluviomètres dispersés sur toute la surface couverte par le radar en bande X
permettent de valider l’estimation des précipitations.
La principale limitation du radar en bande X du LaMP est que l’élévation de son
antenne est fixe (voir Tabeau II.1). Ainsi, pour éviter que le signal mesuré soit conta-
miné par des échos de sol sur une trop grande distance, a fortiori dans une région
montagneuse, l’angle d’élévation choisi doit être suffisamment grand (Section 2.1.4).
Au contraire, la phase glace est un obstacle à l’interprétation quantitative de la ré-
flectivité en terme de taux de précipitation, l’angle d’élévation doit donc être choisi le
plus bas possible pour éviter que le faisceau du radar atteigne des altitudes proches de
l’isotherme 0°C où la phase glace est présente. De plus, aux moyennes latitudes, l’al-
titude de l’isotherme 0°C est très variable, non seulement d’une saison à l’autre, mais
également dans l’intervalle de quelques jours selon la provenance de la masse d’air, en
été comme en hiver. Par exemple, les mesures du MRR pendant l’été 2007 montrent
qu’elle a varié entre 1600 m et 3200 m d’altitude au-dessus du niveau de la mer. Une
élévation de 5° correspond à une altitude moyenne du faisceau de 1750 m au-dessus du
radar à une distance de 20 km du radar et semble être un bon compromis.
On a vu dans la Section 3.2 que le signal mesuré par le MRR ne peut être interprété
de manière quantitative qu’à partir de 300 m au-dessus du sol. Par ailleurs, sans parler
de la présence d’hydrométéores en phase glace dans le volume sondé, l’atténuation
minime du signal par les gaz et la stabilité de la correction de l’atténuation due aux
précipitations ne sont pas garanties au-delà d’une altitude de 1500 m. Il faut donc
veiller à placer le MRR à une distance adéquate du radar X afin que, en tenant compte
de leurs altitudes au sol respectives, leur volume d’échantillonnage commun soit à une
altitude comprise entre 300 et 1500 m au-dessus du MRR.
Par ailleurs, la résolution de la mesure du taux de précipitation d’un disdromètre
est bien meilleure que celle d’un pluviomètre. Un disdromètre colocalisé avec le MRR
est donc très pratique pour calibrer ce dernier. Enfin, des pluviomètres disséminés sur
toute la surface couverte par le radar en bande X permettent de valider l’estimation des
précipitations, à moindre coût. Ces derniers doivent être placés de préférence à moins
de 15 km du radar pour limiter les problèmes liés à l’altitude du volume sondé par le
radar (hydrométéores en phase glace, variabilité verticale des précipitations, advection
due au vent horizontal) et à l’atténuation du radar en bande X.
Une des qualités du radar en bande X est qu’il est peu volumineux et il est donc,
facilement transportable. Ainsi, en plus du bassin Clermontois (Section 4.2.1), le lieu
où il fonctionne de manière opérationnelle, il a également été déplacé pour participer
aux campagnes COPS (Section 4.2.2) et CIDEX (Section 4.2.3). Par ailleurs, il pren-
dra probablement part à la campagne HYMEX/M-Presto dans le cadre du chantier
Méditerranée MISTRALS.
Dispositif expérimental 65
4 Synergie des instruments utilisés
Fig. II.10 – Topographie (a) et échos de sol (b) dans la zone couverte par le radar en bande
X pour le site Clermontois. L’échelle de couleur de la Figure (a) indique l’altitude entre 0 et
2000 m au-dessus du niveau de la mer. La position du radar en bande X, du MRR et des
pluviomètres du réseau de la ville de Clermont-Ferrand sont représentés par la croix rouge,
la croix bleue ciel et les triangles retournés rouges, respectivement. Les cercles concentriques
indiquent la distance au radar en bande X. La Figure (b) présente le facteur de réflectivité
mesuré en air clair après la soustraction de la carte d’écho de sol, en plus de la topographie
qui est cette fois indiquée en traits gris pour ne pas interférer avec l’échelle de couleur de la
réflectivité radar. Cette Figure montre principalement la fluctuation du bruit du radar entre
0 et 10 dBZ, mais on distingue également des zones (encerclées en rouges) de forte réflectivité
(jusqu’à 50 dBZ) qui correspondent à des fluctuations de la propagation du signal, provoquant
des échos intenses qui ne sont supprimés par la carte d’échos de sol, au niveau des reliefs.
66 Chapitre II
4.2 Sites de mesure
4
MRR1
Radar bande X
3.5
3
Altitude ASL [km]
2.5
1.5
0.5
0
0 5 10 15 20 25 30
Distance horizontale [km]
Fig. II.11 – Altitude et forme du volume commun entre les deux radars pour le site Cler-
montois. Sur le graphe à gauche sont dessinées les coupes des faisceaux du MRR et du radar
en bande X lorsque celui-ci vise dans la direction du MRR, en bleu et en rouge respective-
ment. Le trait noir représente la coupe de la topographie dans l’axe des deux radars. Les
miniatures à droite représentent le volume commun vu de face sur la ligne supérieure et de
côté sur ligne inférieure et selon une vue d’ensemble sur la colonne de gauche et une vue
rapprochée sur la colonne de droite.
Figure II.10a présente la topographie dans la zone couverte par le radar en bande X et
la position des divers instruments. On reconnaît la Chaîne-des-Puys à l’Ouest et l’Allier
qui traverse la plaine de la Limagne à l’Est. Comme la propagation de l’onde radar
dépend des conditions météorologiques, la soustraction de la carte des échos de sol ne
garantit pas leur suppression dans tous les cas. La Figure II.10b, qui est un exemple de
la réflectivité radar mesurée en ciel clair, montre parfois la persistance de ces échos à
proximité du radar (échos de sol dus à la rétrodiffusion de l’onde sur des bâtiments ou
des grues par exemple) ou au niveau du relief (par exemple le plateau de Gergovie à
environ 5 km au Sud du radar, les Côtes de Clermont à 5 km au Nord-Ouest et le Puy
de Gravenoire et le Puy de dôme, à 5 et 10 km à l’Ouest du radar, respectivement).
Cette Figure confirme que l’élévation de l’antenne de 5° est minimale.
Le tracé des faisceaux des deux radars dans les conditions de propagation normales
en tenant compte de leurs altitudes et ouvertures de faisceau respectives et de l’angle
d’élévation de 5° de l’antenne du radar en bande X (Figure II.11a), montre que le
volume sondé par le radar en bande X atteint une altitude de près de 2500 m à 20 km
du radar et peut donc être régulièrement contaminé par des hydrométéores en phase
glace. En revanche l’altitude du volume commun reste relativement basse (moins de
1000 m). De plus, le tracé de ces faisceaux en trois dimensions (Figure II.11b) montre
qu’à leur intersection, le volume d’échantillonnage du radar en bande X est beaucoup
plus grand que celui du MRR1 et que le volume commun possède une forme complexe.
Par ailleurs, ces miniatures permettent de déterminer les numéros de portes théoriques
correspondant à ce volume commun : il est situé dans la porte 97 du radar en bande
X et les portes 3 et 4 du MRR1.
Les Figures II.11a et b ont été tracées sans tenir compte de la courbure de la terre
et de la courbure du faisceau du radar en bande X due à la variation du coefficient de
réfraction avec l’altitude. En utilisant l’approximation de Doviak et Zrnic (1993), on
montre qu’avec une élévation de 5° la différence d’altitude du faisceau est de 2 m (20 m)
à 5 km (20 km) du radar. On peut donc considérer que ces effets sont négligeables sur
Dispositif expérimental 67
4 Synergie des instruments utilisés
0.85
204 0.95 204 0.95
0.7
0.7
5
5
0.
202 0.9 202 8 0.9
0.8
0.8
0.8
0.
5
5
0.85
Direction radar X
0.85
0.9
198 0.8 198 0.85 0.8
0.85
0.8
0.7
0 0.8 5 .70.65
0.7 0
0.6
0.6
0.8
0.55
194 0.7 0.8
0.55
0 194 0 0.7
0.7.75 0.7.75
0.8
0.65
0.65
0. 0.8 0
192 0.665 0.65 192 0..665 0.65
0.75
5
0.8
0.7
0.55 0.55
0.75 0.7 0.7
190 0.6 190 0.75 0.6
5
0.7
0.7
0.7
5
188 0.55 188 0.7 0.55
186 0.5 186 0.5
85 90 95 100 105 110 85 90 95 100 105 110
Porte radar X Porte radar X
(c) MRR1 : Porte 4 Corrélation (d) MRR1 : Porte 5 Corrélation
206 1 206 1
0.85
0.8
5
0.75
0.8
0.8
0.75
204 0.75 0.95 204 0.85 0.95
0.8
0.8
0.8
5
0.8
202 0.9 202 5 0.9
0.9
0.8
0.8
0.8
0.9 Direction radar X
0.8
198 5 0.8 198 0.8
5
5
0.8 0.8
5 0.85
0.7
196 0.8 0.85 0.75 196 0.75
0.8
0.75 5
0.7
5 0.7 0.60.6
0.60.65
0.5
0.55
194 0.75 0.7 0.7 194 0.7
0.8 0.
0.675
5
0.8
0.605.7 0.8
0.6
0.6 0.6
0.7
5
192 0.65
0.750.7
192 0.65
0.7
0.5
0.5
5 0.7 0.8
5
0.65 0.6
0.6
5
190 0.6 190 0.7 0.6
0.75
5
5
0.6
0.75
0.6
Fig. II.12 – Coefficient de corrélation entre les facteur de réflectivité mesurés par les deux
radars dans leur volume de mesure commun pour les portes 2 (a), 3 (b), 4 (c) et 5 (d) du
MRR1 pour le site clermontois. L’axe des ordonnées (direction radar X) désigne l’angle de
visée du radar en bande X par rapport au Nord, dans le sens horaire.
68 Chapitre II
4.2 Sites de mesure
Fig. II.13 – Topographie (a) et échos de sol (b) dans la zone couverte par le radar en bande
X pour le site de la campagne COPS. La description détaillée de cette Figure est semblable à
celle de la Figure II.10 à l’exception des triangles retournés rouges qui indiquent la position
des pluviomètres de MétéoFrance.
quantitative des précipitations par les modèles numériques dans les régions de moyenne
montagne (Wulfmeyer et al., 2008). Pour atteindre cet objectif, plusieurs modèles de
recherche ont été utilisés de manière opérationnelle afin d’évaluer leurs performances
en utilisant les mesures de nombreux instruments déployés dans des “Supersites” pour
documenter des régions ciblées. Par exemple, le supersite Français (appelé supersite V
pour Vosges) était situé à proximité de la ville de Meistratzeihm dans la vallée du Rhin
entre les chaînes de montagne des Vosges et de la Forêt Noire, pour observer l’initiali-
sation de la convection due à la convergence au-dessus des crêtes et du côté sous le vent
des massifs, ou due à un forçage local sur un terrain plat. La description complète de
cette campagne, la stratégie scientifique, la phase d’opération sur le terrain, et la mise
en évidence des premiers résultats peut-être trouvée dans Wulfmeyer et al. (2011).
Le LaMP a participé à la partie observations de la campagne COPS en installant
ses radars à proximité du supersite V. La topographie dans la zone couverte par le
radar en bande X et la position des radars sont présentées dans la Figure II.13a. Le
4
MRR2
Radar bande X
3.5
3
Altitude ASL [km]
2.5
1.5
0.5
0
0 5 10 15 20 25 30
Distance horizontale [km]
Fig. II.14 – Altitude et forme du volume commun entre les deux radars pour le site de
la campagne COPS. La description détaillée de cette Figure est semblable à celle de la Fi-
gure II.11.
Dispositif expérimental 69
4 Synergie des instruments utilisés
0.7
140 0.95 140 0.8 0.95
0.85 5
0.8
138 0.8 0.9
0.85
138 0.9
0.7
0.7
5
5
0.9
0.85
0.8
136 0.85 136 0.85
Direction radar X
0.8
Direction radar X
0.85
0.9
0.9
0.85
134 0.9 0.8 134 0.8
5
0.8
132 0.75 132 0.75
0.8
0.8
0.85
130 0.7 130 0.7
5
5
0.85
0.7
0.7
0.8 0.8
128 0.65 128 0.8 0.65
0.8 0.7
126 0.7 0.6 126 5 0.6
0.7
5
0.7
5
5 0.75 0.7
124 0.7 0.55 124 0.55
0.75
0.85
0.75
0.75
138 0.9 0.9 138 0.9 0.9
5
0.8
0.85
0.9
Direction radar X
0.8
0.85
0.8
0.85
0.9
0.85
134 0.8 134 0.8
0.9
0.8
0.8
5
5
0.7
130 0.7
0.7
130 0.8
0.7
0.8 0.8
128 0.8 0.65 128 0.7 0.65
0.7 5
5
126 0.6 126 0.7
5
0.
7 0.6
0.7
5
0.75 0.7 0.75
124 0.55 124 0.55
122 0.5 122 0.5
75 80 85 90 95 100 75 80 85 90 95 100
Porte radar X Porte radar X
Fig. II.15 – Coefficient de corrélation entre les facteur de réflectivité mesurés par les deux
radars dans leur volume de mesure commun pour les portes 6 (a), 7 (b), 8 (c) et 9 (d) du
MRR2, pour le site de la campagne COPS.
radar en bande X était situé au pied des Vosges (croix rouge), à environ 5 km du
supersite V (croix bleue), sur le toit du Bischenberg au sommet d’une colline (360 m).
De cette façon, il permettait d’observer les crêtes des Vosges à l’Ouest et les plaines de
la vallée du Rhin à l’Est, tout en étant dans le champ de vue du radar polarimétrique en
bande C du DLR (Poldirad) installé spécialement pour la campagne à une trentaine de
kilomètres au Nord. De plus, la Figure II.13b montre qu’avec l’élévation habituelle (5°)
les mesures sont peu affectées par des échos de sol : seul le mont Sainte-Odile (avancée
des Vosges culminant à 764 m) produit des échos de sol à environ 8 km au Sud-Ouest
du radar. Malheureusement, il s’est avéré que des arbres à proximité du radar ont
créé un masque partiel du Nord au Nord-Ouest produisant une sous-estimation de la
réflectivité (non visible sur des mesures instantanées) dans cette direction. Le MRR2
— ce MRR est bien le même que celui utilisé à Clermont-Ferrand, mais on utilise un
autre numéro pour bien différencier les positions et les mesures — était quant à lui
situé dans la plaine du Rhin à quelques kilomètres du supersite V (155 m). Lors de
cette campagne, le LaMP ne possédait pas encore de disdromètre Parsivel, c’est donc
un disdromètre JW qui a été placé à proximité du MRR2.
Dans cette configuration, l’altitude du faisceau du radar en bande X est proche de
celle du site Clermontois (environ 2500 km à 20 km) avec un volume commun entre les
deux radars assez bas (moins de 1000 m) (Figure II.14). En revanche, cette fois-ci, le
MRR2 est à une altitude inférieure à celle du radar en bande X et le volume commun
est donc à une altitude au-dessus du sol (et donc du MRR2) beaucoup plus grande.
70 Chapitre II
4.2 Sites de mesure
Les miniatures de la Figure II.14 montrent qu’il se situe théoriquement dans les portes
7 à 8 du MRR2 et dans la porte 89 du radar en bande X. Néanmoins, l’interprétation
quantitative des mesures du MRR2 est toujours valide à cette altitude au-dessus du
radar.
Par ailleurs, de la même façon que pour le site Clermontois, la position du volume
commun en termes de numéro de porte et de direction a été vérifiée en calculant la
corrélation des mesures des deux radars (Figure II.15). Cette Figure confirme que la
corrélation est la meilleure pour les portes 7 et 8 du MRR2. En revanche, la meilleure
combinaison porte-azimut du radar en bande X semble être 88 et 134°, ce qui reste très
proche de ce que l’on a trouvé théoriquement.
Fig. II.16 – Topographie (a) et échos de sol (b) dans la zone couverte par le radar en bande
X pour le site de la campagne CIDEX. La description détaillée de cette Figure est semblable
à celle de la Figure II.10 sans les triangles retournés bleus.
Dispositif expérimental 71
4 Synergie des instruments utilisés
Clermontois) (Figure II.16a). Par ailleurs, le MRR (MRR6) du CNRM (Centre Na-
tional de la Météorologie) était placé à L’INRA (Institut National de la Recherche
Agronomique) à Castanet (150 m) à 11.5 km au Sud-Est et complète ce dispositif. Il
faut noter qu’un autre radar en bande X, futur remplaçant du radar en bande X du
LaMP à Clermont-Ferrand, avait également été placé à Castanet. Un pluviomètre et
deux disdromètres Parsivel ont été colocalisés avec les différents MRR. La Figure II.16a
montre que le relief est très faible autour de Toulouse, ainsi, avec l’élévation habituelle
de 5°, mis à part les problèmes dus aux bâtiments à proximité du radar en bande X
(moins de 3 km), il n’y a aucun écho de sol qui persiste après suppression de la carte
d’échos de sol (Figure II.16b).
Le tracé des faisceaux du radar en bande X et des trois MRRs sur les Figures II.17a,
b et c montre que l’altitude moyenne de leurs volume commun varie entre 750 m et
1250 m environ, principalement selon la distance des MRRs au radar en bande X. Ces
volumes communs ne sont pas particulièrement élevés, mais, comme les mesures ont
été faites en hiver, la phase glace peut régulièrement avoir été présente à des altitudes
même inférieures. L’interprétation quantitative des mesures des MRRs doivent donc
être faites avec précautions. Les miniatures de la Figure II.17 permettent de déterminer
les positions théoriques des volumes communs : portes 10 à 14 du MRR3 avec la porte
228 du radar en bande X, portes 6 à 8 du MRR5 avec la porte 119 du radar en bande
X et portes 9 à 13 du MRR6 avec la porte 201 du radar en bande X. Ces images
montrent que ce volume commun se situe bien à des altitudes au-dessus des MRRs
où l’interprétation quantitative des mesures est encore valide mais sont à la limite
maximale pour les MRRs 3 et 6.
Comme pour les autres sites de mesure, les positions des différents volumes com-
muns ont été vérifiées en terme de numéro de porte et de direction à l’aide des données
mesurées (Figures II.18a, b et c). Cette fois, il faut prendre garde des cas où les me-
sures ont pu être contaminées par la phase glace. Les portes des MRRs choisies pour
les Figure II.18a, b et c sont celles où la corrélation est la meilleure. Ces Figures
confirment parfaitement les positions des volumes communs en termes de combinaison
porte-azimut du radar en bande X. L’altitude du volume commun pour le MRR5 est
bonne, en revanche, elle n’est pas centrée par rapport aux valeurs théoriques pour les
MRRs 3 et 6 (elle est même inférieure pour le MRR3).
De plus, on s’aperçoit que plus l’altitude du volume commun augmente, plus la
corrélation est faible. Cela peut être dû au fait que quand l’altitude au-dessus des
MRRs augmente, l’atténuation est de moins en moins bien évaluée. Mais, comme le
relief a peu d’importance autour de Toulouse, lorsque l’altitude du volume commun
augmente, cela signifie aussi que la distance au radar en bande X augmente. Ainsi, la
détérioration du coefficient de corrélation peut aussi être due à la sous-estimation des
mesures du radar en bande X à cause de l’atténuation, mais également à la différence de
taille entre les volumes d’échantillonnage des radars qui est croissante avec la distance
au radar en bande X. Par exemple, lors de précipitations très hétérogènes, l’observation
d’une petite cellule de précipitations intenses avec le MRR3 (qui, pour rappel, est situé
à 13 km du radar en bande X) a beaucoup de chance de ne pas remplir de manière
homogène le volume d’échantillonnage correspondant du radar en bande X et sera sous-
estimée par ce dernier. À l’inverse, une cellule intense mesurée par radar en bande X
peut ne pas être contenue dans le volume d’échantillonnage du MRR3, ce qui produira
une sous-estimation de la réflectivité par le MRR. Cet effet est évidemment plus faible
72 Chapitre II
4.2 Sites de mesure
(a)
4
MRR3
Radar bande X
3.5
1.5
0.5
0
0 5 10 15 20 25 30
Distance horizontale [km]
(b)
4
MRR5
Radar bande X
3.5
3
Altitude ASL [km]
2.5
1.5
0.5
0
0 5 10 15 20 25 30
Distance horizontale [km]
(c)
4
MRR6
Radar bande X
3.5
3
Altitude ASL [km]
2.5
1.5
0.5
0
0 5 10 15 20 25 30
Distance horizontale [km]
Fig. II.17 – Altitude et forme du volume commun entre le radar en bande X et les MRRs
3 (a), 5 (b) et 6 (c) pour le site de la campagne CIDEX. La description détaillée de cette
Figure est semblable à celle de la Figure II.11 à l’exception des miniatures qui présentent des
vues rapprochées de face (haut) et de côté (bas) pour chaque MRR.
pour le MRR5 qui n’est qu’à 7 km du radar en bande X. D’ailleurs, l’étude détaillée
des coefficients de corrélations pour chaque cas montre que la présence de phase glace
dans le volume commun n’altère pas autant la corrélation qu’une forte hétérogénéité
des précipitations.
Dispositif expérimental 73
5 Conclusion
0.6
5 0.95 0.95
0.75
0.65 0.65 0.9 0.75 0.9
255 105 5
0.7
0.6 0.7 0.8
0.
0.85
65
0.85
Direction radar X
Direction radar X
0.7
0.7
0.7 0.8
0.75 0.8 0.85 0.8
0.75
0.8
0.9
0.8
5
250 65 0.75 100 0.75
0.7
0.75
5
0.
0.9
0.85
0.7 0.7 0.7 0.7
0.65
0.6 0.85
0.65 0.65
0.8
0.65 0.6 0.8
245 95
0.65
75
0.6 0.8 0.6
0.
0.6
0.55 0.55
5
0.75
0.5
0.7
0.7
0.6 0.75
0.7
240 0.5 90 0.5
215 220 225 230 235 240 105 110 115 120 125 130
Porte radar X Porte radar X
(c) MRR6 : Porte 10 Corrélation
126 1
0.6
0.6
124 0.95
0.65 0.6
5
0.6
122 0.9
0.7 0.7
0.
120 0.85
65
Direction radar X
0.75
0.
7
118 0.8
0.8 0.7
5
116 0.75
0.65
0.8
0.7
114 0.7
5
0.7 0.75
0.7
112 0.7 0.65
5
0.65 0.6
110 0.65
0.6
0.6
0.6
108 0.55
0.6 0.6
106 0.5
190 195 200 205 210 215
Porte radar X
Fig. II.18 – Coefficient de corrélation entre les facteurs de réflectivité mesurés par le radar
en bande X et les MRRs 3 (a), 5 (b) et 6 (c) dans leur volume de mesure commun respectif.
5 Conclusion
Pour conclure, on dispose donc d’un ensemble de données important et à fort poten-
tiel. Globalement, les radars ont fonctionné en continu pendant environ trois années et
ont enregistré les mesures d’évènements nombreux et variés de précipitations, aussi bien
convectives (pendant la campagne COPS et les étés 2008 et 2009 à Clermont-Ferrand)
qu’hivernales (pendant la campagne CIDEX et les hivers à Clermont-Ferrand).
Par ailleurs, le calcul du coefficient de corrélation entre les données des radars est
suffisant pour l’utilisation que l’on voulait en faire dans cette Partie, à savoir, dé-
terminer les positions des volumes communs entre les radars. Mais c’est une analyse
qui reste très préliminaire. En effet, pour des comparaisons plus poussées, les données
brutes doivent subir de nombreux traitements : étalonnage, filtrage, calcul de l’atté-
nuation (pour le radar en bande X), etc. Ces différents traitements font l’objet des
Chapitres III et IV.
74 Chapitre II
Chapitre III
A insi qu’on l’a détaillé au Chapitre I, la mesure de la pluie par radar est soumise à
de nombreuses incertitudes telles qu’un bon étalonnage du radar et l’atténuation
des ondes électromagnétiques dans l’atmosphère (Villarini et Krajewski, 2010),
par exemple. On a vu que certaines de ces erreurs peuvent être corrigées plus ou moins
facilement. Ainsi, pour tendre vers des estimations quantitatives des précipitations, il
est nécessaire de traiter les données de manière précise afin de corriger un maximum de
ces erreurs. Dans ce Chapitre, on décrira les différentes méthodes qui ont été abordées
pour traiter les données du radar MRR : l’élimination du bruit de la mesure (Section 6),
un calcul amélioré de l’atténuation (Section 7), la détection du repliement spectral
causé par le vent vertical (Section 8), puis nous mettrons en évidence le problème de la
première porte (Section 9) et enfin, nous détaillerons l’étalonnage du MRR (Section 10).
Même si certaines de ces étapes du traitement des données du MRR ont déjà été décrites
dans la littérature et codées dans le logiciel de traitement fourni par le constructeur,
l’ensemble des méthodes décrites ici ont été (re-)codées pour des raisons diverses telles
que la détermination de la meilleure méthode pour l’élimination du bruit de la mesure
ou parce que l’amélioration du calcul de l’atténuation n’avait pas encore été proposée
lorsque le logiciel a été acquis.
6.1 Motivation
Les spectres Doppler observés par le MRR sont inévitablement contaminés par
du bruit qui peut être externe (interférences, bruit cosmique) ou interne au système
radar (bruit électronique ou thermique). Si ce bruit est ignoré, un taux de précipitation
faible mais persistant sera déduit, provoquant une surestimation significative du cumul
de précipitation. De plus, la forme de la distribution des gouttes déduite par le radar
peut être fortement perturbée. Prenons par exemple un spectre individuel (1) brut,
(1). On a vu qu’en réalité un spectre individuel est issu d’une moyenne incohérente d’environ
150 spectres
75
6 Élimination du bruit de la mesure
−6
10
−6
−7 10
10
−7
10
−8 10
−9 −8
10 10
−10 −9
10 10
0 500 1000 1500 2000 0 1 2 3 4 5 6
Fréquence Doppler fD [Hz] Diamètre des gouttes D [mm]
3
10
10
Spectre de gouttes
10 N [mm−1 m−3 ]
1
10
σ −1 [m−2 ]
8
10 −1
10
−3
6 10
10
−5
10
4
0 1 2 3 4 5 6
10 Diamètre des gouttes D [mm]
0 1 2 3 4 5 6
Diamètre des gouttes D [mm]
Fig. III.1 – Influence du bruit s’il n’est pas supprimé du spectre en fréquence de la réflectivité
radar mesuré par le MRR (a), pour la déduction de la distribution de gouttes (d) en divisant
le spectre en diamètre de la réflectivité radar (b) par la section de rétrodiffusion radar (c).
Les traits continus gris et les traits pointillés noirs des graphes (a), (b) et (d) représentent le
spectre mesuré avant et après l’élimination du bruit, respectivement.
mesuré par le MRR (Figure III.1a, trait continu gris). Le signal correspondant aux
précipitations est la forme centrale en “cloche”. Il est superposé à un signal (le bruit)
de densité spectrale de puissance pratiquement constante à toutes les fréquences : dans
ce cas, c’est un bruit blanc mais il peut parfois aussi être coloré (comme sur les autres
spectres de le Figure III.4). L’élimination du bruit permet de ne conserver que le spectre
correspondant aux précipitations (en trait pointillé noir). On a vu au Chapitre II que
l’on peut déduire facilement le spectre en diamètre de la réflectivité radar grâce à la
relation entre la fréquence et la vitesse Doppler puis grâce à la relation entre la vitesse et
le diamètre des gouttes (Figure III.1b). Ensuite, on déduit directement la distribution
de gouttes en divisant le spectre en diamètre de la réflectivité radar par la section
efficace de rétrodiffusion des gouttes σ (D), d’après l’Équation I.47. La variation de
l’inverse de σ (D) est tracée sur la Figure III.1c. Cette Figure montre que la section
efficace de rétrodiffusion d’une goutte de petit diamètre est très faible et que son inverse
est donc très élevée (de l’ordre de 1012 m−2 pour des diamètres de 0.5 mm). Ainsi, la
division des valeurs correspondantes du spectre en diamètre, même si elles sont elles-
mêmes aussi faibles que du bruit (de l’ordre de 10−7 m2 m−3 mm−1 ), par la section
efficace de rétrodiffusion peut entraîner des fortes valeurs de concentration en gouttes
(105 mm−1 m−3 , Figure III.1d). De plus, les extrémités de la distribution de gouttes
76 Chapitre III
6.2 Méthode de Hildebrand et Sekhon
auront une forme concave (trait continu gris) dictée par la forme de l’inverse de la
section efficace de rétrodiffusion, qui est contraire à la forme naturelle convexe (trait
pointillé noir) de la distribution de gouttes produite par les précipitations. Ainsi, le
bruit étant souvent inférieur au signal météorologique de plusieurs ordres de grandeur,
il peut être négligé dans les classes contenant du signal (sa soustraction est invisible sur
les Figures III.1a, b et d), mais il a une influence importante dans les classes entourant
le signal. Il est donc primordial d’estimer de la manière la plus correcte possible le
niveau de bruit, c’est-à-dire, la puissance en-dessous de laquelle le spectre est dominé
par le bruit de l’instrument plutôt que par le signal renvoyé par les cibles.
À cause des nombreuses opérations entre la réception du signal et le spectre final, ce
niveau de bruit n’est malheureusement pas constant dans le temps. Certains auteurs
comme Sekhon et Srivastava (1971) ont donc proposé d’estimer le niveau de bruit
par rapport à la valeur du maximum spectral ou à la moyenne du spectre en entier.
Ces méthodes simples ne sont hélas pas satisfaisantes (Atlas et al., 1973; Hildebrand
et Sekhon, 1974). Plusieurs méthodes plus complexes ont donc été proposées pour
déduire cette valeur. Deux de ces méthodes (méthode de METEK (2005)) et méthode
de Urkowitz et al. (1994), décrites dans les paragraphes suivants) sont proposées dans
le logiciel de traitement des données du MRR fourni par le constructeur, mais aucune
indication n’est donnée sur celle à utiliser préférentiellement. Ainsi, dans les sections
suivantes, ces méthodes ont été ré-étudiées en détails et appliquées à plusieurs examples
de données afin de faire un comparatif de l’efficacité de chacune d’elles.
Pour cela, on définit un spectre f par sa densité spectrale de puissance si aux
fréquences xi pour i allant de 1 à n (pour le MRR, n vaut 64).
Soit g (x) une loi uniforme telle que g (x) = 1/ (b − a) pour x ∈ [a, b] et 0 sinon.
Alors l’espérance E [x] et la variance V [x] de g (x) valent :
∫ ∞ b+a
E [x] = xg (x) dx = (III.1)
−∞ 2
[ ] (b − a)2
V [x] = E x2 − E [x]2 = . (III.2)
12
Ainsi, un spectre blanc, discret ou continu, qui s’étend sur un intervalle de fréquence
2
F a une variance égale à σunif = F 2 /12.
La variance d’un spectre discret quelconque dont les valeurs de la densité spectrale
de puissance sont si , aux fréquences xi pour i allant de 1 à n, est égale à :
∑ (∑ )
x2 si si si 2
σ = ∑i −
2
∑ . (III.3)
si si
Hildebrand et Sekhon (1974) proposent de calculer le rapport entre ces deux variances :
2
R1 = σunif /σ 2 . Alors, ce rapport peut être utilisé pour déterminer le niveau de bruit :
si le spectre contient un signal météorologique, R1 est supérieur à 1, en revanche, s’il
ne reste que du bruit blanc, R1 doit être égal à 1.
6.2.2 Test R2
On considère que le bruit est Gaussien et de moyenne nulle, c’est-à-dire qu’il suit une
loi Normale centrée (Petitdidier et al., 1997). S’il n’y a pas de signal météorologique,
c’est-à-dire que seul du bruit est mesuré, alors, après les transformées de Fourier, les
composantes spectrales réelles X et imaginaires Y de chaque classe de fréquence suivent
également des distributions Normales centrées. On peut démontrer que la puissance
spectrale Z = X 2 + Y 2 de chaque classe suit alors une loi Exponentielle, pour laquelle
la variance et l’espérance sont reliées par V [x] = E [x]2 . De plus, comme on fait une
moyenne incohérente sur plusieurs spectres, on obtient une loi Gamma dont la variance
est égale à V [x] = E [x]2 /p où p est le nombre de spectres utilisés pour faire la moyenne,
c’est-à-dire, le nombre d’intégrations incohérentes.
Par ailleurs, puisque le signal est un bruit blanc, on peut calculer l’espérance et la
variance du signal mesuré dans une classe de fréquence à partir d’un spectre unique,
en utilisant les valeurs des autres classes de fréquence comme si elles représentaient
plusieurs réalisations de cette même mesure.
Hildebrand et Sekhon (1974) proposent alors de calculer le rapport
E [x]2 1
R2 = (III.4)
p V [x]
où p est le nombre d’intégration incohérentes, et où l’espérance E [x] et la variance V [x]
sont calculées à partir des valeurs du spectre en question. Dans ce cas, leurs expressions
sont :
∑
si
E [x] = (III.5)
n
∑ 2 ( ∑ )2
si si
V [x] = − , (III.6)
n n
où si représente la valeur de la densité spectrale de puissance de chaque classe, i allant
de 1 à n. De la même façon, ce rapport peut être utilisé pour déterminer le niveau de
bruit : si le spectre contient un signal météorologique, R2 est inférieur à 1, en revanche,
s’il ne reste que du bruit blanc et Gaussien, R2 doit être égal à 1.
78 Chapitre III
6.4 Méthode de Urkowitz
les plus grands du spectre sont éliminés un par un jusqu’à ce que les éléments restants
vérifient les propriétés statistiques du bruit. En revanche, au lieu de faire des tests par
rapport à une valeur théorique, les variances des spectres sont comparées l’une par
rapport à l’autre à chaque itération : si après l’élimination d’un élément du spectre,
la variance devient plus grande que celle de l’itération précédente, on considère que le
spectre ne contient alors plus que du bruit. Pour ce test, on calcule donc le rapport R
des variances successives.
De plus, si l’on fait l’hypothèse que le bruit est Gaussien, le test peut également
être fait sur la valeur moyenne du spectre puisqu’elle est égale à la variance au facteur
“nombre d’intégrations incohérentes” près. Cette méthode est plus facile à appréhender
de cette façon : si la moyenne augmente après l’élimination de l’élément du spectre le
plus grand, cela signifie que cet élément ne se distingue pas du reste du spectre et que
ce dernier n’est donc constitué plus que de bruit.
Urkowitz et al. (1994) affirment que la méthode de Hildebrand et Sekhon (1974) est
limitée pour des raisons à la fois pratiques et théoriques. C’est notamment l’hypothèse
que le bruit est Gaussien qui n’est pas forcément valide, surtout en cas de bruit non-
thermique comme un bruit temporaire dû à un éclair ou un moteur électrique. De plus,
les rapports R1 et R2 peuvent approcher la valeur 1 sans l’atteindre et le problème
devient de savoir de combien ces rapports doivent être proches de 1 pour remplir la
condition voulue.
De la même façon que Hildebrand et Sekhon (1974), Urkowitz et al. (1994) pro-
posent d’éliminer les éléments les plus grands du spectre un par un jusqu’à ce que les
éléments restants aient les propriétés statistiques du bruit, mais cette fois ci, c’est le
test de Kolmogorov-Smirnov (test KS) qui permettra de le vérifier. Celui-ci permet
de tester l’hypothèse que les valeurs observées proviennent d’une population décrite
par une loi de probabilité théorique choisie. Urkowitz et al. (1994) partent de la seule
hypothèse que le bruit des mesures est un bruit blanc et proposent de le vérifier en
utilisant le test de Kolmogorov-Smirnov appliqué à une loi de probabilité uniforme.
À chaque itération, les éléments si = f (xi ), i allant de 1 à n, du spectre sont rangés
de manière croissante et on calcule leur densité de probabilité cumulée F (x) normalisée
par la somme de tous ces éléments :
∑
k
si
i=1
F (xk ) = . (III.7)
∑
N
si
i=1
où K vaut 1.07, 1.22, 1.36, 1.52 et 1.63 pour α = 0.2, 0.1, 0.05 et 0.01, respectivement.
Les spectres mesurés par le MRR comportant 64 classes, on peut considérer que l’on
a un nombre d’échantillons suffisamment grand pour appliquer l’Équation III.9, mais
comme le nombre d’éléments dans le spectre diminue à chaque itération, il faut tout
de même que le signal correspondant aux précipitations ne soit pas trop large afin que
le bruit soit visible sur suffisamment de classes.
80 Chapitre III
6.4 Méthode de Urkowitz
À l’aide des travaux de Massey (1951) et (Ferignac, 1962), il est possible de calculer
les valeurs de β pour quelques valeurs de α dans nos conditions d’application du test
KS. Lorsqu’il reste du signal dû aux précipitations, l’écart maximum T est grand, ce qui
implique que la puissance du test 1−β est très bonne quel que soit le niveau de confiance
1−α choisi. En revanche, lorsqu’il ne reste plus que du bruit dans le spectre, l’écart T est
très faible et comme on est en présence d’effectifs assez limités (surtout avec des spectres
de précipitation larges qui obligent d’éliminer beaucoup d’éléments), quel que soit le
niveau de confiance 1 − α choisi, la puissance du test 1 − β diminue jusqu’à des valeurs
aussi faibles que 0.15. La puissance 1 − β diminue tout de même moins vite lorsque le
niveau de confiance 1 − α n’est pas trop contraignant. On porte donc le choix de α sur
une valeur intermédiaire égale à 0.01. Néanmoins, cette étude montre que les effectifs en
question atteignent la valeur minimale permettant d’appliquer le test de Kolmogorov-
Smirnov. Un spectre ayant une meilleure résolution ou étant plus large (avec un plus
grand nombre de classes, 128 classes permettant d’effectuer une transformée de Fourier
rapide (ou Fast Fourier Transformation en anglais), par exemple) donnerait lieu à un
niveau de confiance meilleur tout en gardant une puissance de test élevée, et donc une
meilleure précision sur la détection du niveau de bruit. Dans les conditions actuelles
avec α = 0.01, on est pratiquement certain de conclure qu’il ne reste plus que du bruit
dans le spectre lorsque c’est vrai, mais il y a un risque important que l’on tire également
cette conclusion alors qu’il reste du signal. Ceci a pour effet de régulièrement surestimer
le niveau de bruit, en particulier en cas de spectre intense et large, mais dans ce cas, le
niveau de bruit surestimé est toujours inférieur au niveau du signal de plusieurs ordres
de grandeur (Peters et al., communications personnelles). On comprend alors qu’une
surestimation du niveau de bruit aura peu d’impact, alors qu’une sous-estimation peut
produire de fortes concentrations de petites gouttes qui auront un effet rédhibitoire
sur le traitement des données (voir Section 6.1). C’est pour cela que la valeur α a été
choisie de façon à légèrement surestimer le niveau de bruit.
82 Chapitre III
6.4 Méthode de Urkowitz
(a) Suppression du bruit : 16-Jun-2007 11:35:04 (b) Suppression du bruit : 16-Jun-2007 11:38:04
5 5
α=0.2 α=0.2
α=0.1 α=0.1
α=0.01 α=0.01
α=0.001 α=0.001
4 4
Valeurs du test KS
Valeurs du test KS
3 3
2 2
1 1
0 0
10 20 30 40 50 60 10 20 30 40 50 60
Nombre de bin restants Nombre de bin restants
Fig. III.2 – Application de la méthode de Urkowitz et al. (1994) dans le cas où le bruit est
plutôt stable (a) ou fluctuant (b) et limites correspondant aux différentes valeurs du niveau
de confiance 1 − α.
(a) MRR 500m AGL:16-Jun-2007 11:35:04 (b) MRR 500m AGL:16-Jun-2007 11:38:04
−5 −5
10 10
Réflectivité volumique spectrale brute
−6 −6
10 10
η(fD ,z) [m2 m−3 Hz−1 ]
−7 −7
10 10
−8 −8
10 10
−9 −9
10 10
0 500 1000 1500 2000 0 500 1000 1500 2000
Fréquence Doppler fD [Hz] Fréquence Doppler fD [Hz]
Fig. III.3 – Niveau du bruit détecté avec la méthode de Urkowitz et al. (1994) dans le cas
où il est plutôt stable (a) ou fluctuant (b) selon différentes valeurs du niveau de confiance
1 − α.
source extérieure (un nuage par exemple). Dans ce cas, le comportement de T sur la
Figure III.2b est beaucoup moins net et, quel que soit le niveau de confiance choisi,
lors de la soustraction du niveau de bruit au spectre, certains éléments du bruit seront
conservés (autour de 500 Hz). Néanmoins, l’estimation du bruit moyen est bonne quel
que soit le niveau de confiance. Le choix de la valeur intermédiaire 1 − α = 0.99 est
confirmé par ces résultats.
84 Chapitre III
6.5 Étude comparative des différentes méthodes
(a) Suppression du bruit : 16-Jun-2007 11:35:04 (b) MRR 500m AGL:16-Jun-2007 11:35:04
−5
5 10
METEK
Urkowitz
3 −7
10
2
−8
10
1
−9
10
0 500 1000 1500 2000
0 Fréquence Doppler fD [Hz]
10 20 30 40 50 60
Nombre de bin restants
(c) Suppression du bruit : 16-Jun-2007 11:38:04 (d) MRR 500m AGL:16-Jun-2007 11:38:04
−5
5 10
METEK
Urkowitz
3
−7
10
2
−8
10
1
−9
10
0 500 1000 1500 2000
0 Fréquence Doppler fD [Hz]
10 20 30 40 50 60
Nombre de bin restants
(e) Suppression du bruit : 16-Jun-2007 11:38:44 (f) MRR 500m AGL:16-Jun-2007 11:38:44
−5
5 10
METEK
Urkowitz
Réflectivité volumique spectrale brute
Hildebrand R1
4 Hildebrand R2 −6
10
η(fD ,z) [m2 m−3 Hz−1 ]
Valeurs des tests
3
−7
10
2
−8
10
1
−9
10
0 500 1000 1500 2000
0 Fréquence Doppler fD [Hz]
10 20 30 40 50 60
Nombre de bin restants
Fig. III.4 – Application des différentes méthodes de détection du bruit ((a), (c) et (e)) et
niveaux de bruit correspondant ((b), (d) et (f)) pour différents cas où le bruit est plus ou
moins fluctuant.
oscillations et est donc plus régulière. À la vue de ces résultats, il apparaît évident que
la méthode de Urkowitz et al. (1994) est la plus adaptée.
Néanmoins, on a montré que lorsque le bruit fluctue beaucoup, même le niveau
de bruit déduit avec la méthode de Urkowitz et al. (1994) peut être trop faible pour
éliminer tout le bruit autour du spectre de précipitation. Comme la réflectivité corres-
pondante à ce bruit est faible, ce signal n’a que peu d’influence sur la déduction de la
distribution de gouttes pour les gros diamètres. En revanche, comme le coefficient de
rétrodiffusion d’une petite goutte est très faible, ce signal peut conduire à des concen-
(a) Réflectivité volumique spectrale à 500m AGL η(fD ,z) [m2 m−3 Hz−1 ] η(fD ,z)
−4
2000 10
−5
10
−6
1500 10
Fréquence Doppler [Hz]
−7
10
−8
1000 10
−9
10
−10
500 10
−11
10
0
15:15 15:20 15:25 15:30 15:35 15:40 15:45
Heure UTC du 13/08/2007
4
10
3
4 10
2
10
1
3 10
0
10
−1
2 10
−2
10
−3
1 10
−4
10
0
15:15 15:20 15:25 15:30 15:35 15:40 15:45
Heure UTC du 13/08/2007
4
10
3
4 10
2
10
1
3 10
0
10
−1
2 10
−2
10
−3
1 10
−4
10
0
15:15 15:20 15:25 15:30 15:35 15:40 15:45
Heure UTC du 13/08/2007
trations très importantes et erronées de petites gouttes qui auront une forte influence
sur la déduction des paramètres des précipitations. Un test basé sur le nombre de me-
sures consécutives supérieures au niveau de bruit et sur la concentration en gouttes
correspondante a donc été ajouté afin d’éliminer ces fluctuations du signal.
La Figure III.5 présente l’efficacité de ce test sur un cas où la détection du bruit pose
problème. Avant la suppression du bruit, la réflectivité spectrale paraît anormalement
élevée en dehors du spectre de précipitation autour de 200 Hz vers 15h30 et 15h40,
certainement à cause d’une perturbation extérieure ponctuelle (Figure III.5a). Ce bruit
anormal ne peut pas être éliminé par la méthode de Urkowitz et al. (1994) et produit des
concentrations irréalistes (jusqu’à 106 mm−1 m−3 ) de gouttes de diamètre inférieur à
0.5 mm (Figure III.5b). Ces grandes concentrations perturbent largement le spectre, par
exemple, le calcul du diamètre médian D0 de la distribution est complètement faussé
pendant ces périodes là. La plupart de ces perturbations peuvent être éliminées en
détectant les zones où des mesures supérieures au bruit conduisent à des concentrations
86 Chapitre III
7 Amélioration du calcul de l’atténuation par les précipitations
en gouttes supérieures à 108 et 106 mm−1 m−3 sur moins de 15 classes et 12 classes
consécutives, respectivement (Figure III.5c). Il reste bien sûr quelques éléments du
bruit qui ne peuvent pas être éliminés de cette façon (vers 15h20, 15h27 et 15h29),
mais dont la valeur est trop faible pour perturber le spectre de manière significative :
le diamètre médian D0 ne présente plus de fortes discontinuités.
de gouttes réelle N (D) est homogène dans la porte de distance considérée, alors la
distribution de gouttes atténuée Na (D, x) dépend de la distance x et est définie par
Na (D, x) = N (D) exp (−2kx), où k est le coefficient d’atténuation dans cette porte.
La distribution de gouttes mesurée est alors la moyenne (indiquée par les symboles ⟨⟩)
de Na (D, r) sur la longueur de la porte. Par exemple, si on considère la première porte
qui va de x = 0 à x = ∆r :
1 ∫ ∆r 1 − exp (−2k∆r)
⟨Na (D)⟩ = Na (D, x) dx = N (D) . (III.10)
∆r 0 2k∆r
Alors, l’atténuation moyenne calculée à partir de ⟨Na (D)⟩ est
∫ ∞ 1 − exp (−2k∆r)
⟨ka ⟩ = σe (D) ⟨Na (D)⟩ dD = k . (III.11)
0 2k∆r
On peut donc retrouver la distribution de gouttes réelle N (D) à partir des observations
moyennes en combinant les Équations III.10 et III.11 suivant :
k
N (D) = ⟨Na (D)⟩ . (III.12)
⟨ka ⟩
De plus, il est possible de déterminer l’expression de k à partir de l’Équation III.11 :
ln (1 − 2 ⟨ka ⟩ ∆r)
k=− . (III.13)
2∆r
Ainsi, en insérant cette expression de k dans l’Équation III.12, on peut déterminer
l’expression exacte de N (D) en fonction des variables observées uniquement :
ln (1 − 2 ⟨ka ⟩ ∆r)
N (D) = − ⟨Na (D)⟩ . (III.14)
2 ⟨ka ⟩ ∆r
De manière similaire, si on détermine le coefficient d’atténuation à partir du facteur de
réflectivité radar en utilisant une loi de puissance telle que l’Équation I.33 comme c’est
le cas avec un radar qui n’est pas à visée verticale, on peut déterminer similairement
l’expression exacte du facteur de réflectivité radar en fonction des variables observées :
il faut alors utiliser l’Équation classique de Hitschfeld et Bordan (1954), fonction du
facteur de réflectivité radar, et on obtient une expression semblable à l’Équation III.14
mais pour le facteur de réflectivité radar, et faisant intervenir l’exposant de la loi Z −k.
En appliquant cette expression exacte sur un cas de précipitations stratiformes de
plusieurs heures mesuré avec un MRR, Peters et al. (2010) ont trouvé qu’à une altitude
de 1000 m au-dessus du radar, la méthode de Hitschfeld et Bordan (1954) peut sous-
estimer le taux de précipitation de 3 dB pour des taux de précipitation supérieurs à
10 mm h−1 . Il est alors évident que le biais introduit par la méthode de Hitschfeld et
Bordan (1954) n’est pas négligeable et que c’est donc ce nouvel algorithme (SIBO) qui
doit être utilisé.
88 Chapitre III
8.1 Effet du vent vertical sur les mesures MRR d’un point de vue théorique
manière théorique (Section 8.1) et sur une étude de cas où l’on verra que, comme la
gamme de vitesses analysées par le MRR est assez étroite (0 a 12 m s−1 seulement),
dans les cas les plus extrêmes où le vent vertical est important, ceci peut conduire à
un repliement du spectre mesuré qui peut être facilement détecté (Section 8.2). Enfin,
nous finirons par la description de la fréquence d’apparition de ces cas de repliement
spectral (Section 8.3).
8.1 Effet du vent vertical sur les mesures MRR d’un point de
vue théorique
Peters et al. (2005) ont montré d’un point de vue à la fois théorique et expérimental,
que, tant que le vent vertical n’est pas trop important, les mesures du MRR moyennées
sur des intervalles de 1 min fournissent une bonne estimation de la distribution de
gouttes et des paramètres des précipitations. Néanmoins, dans cette Section, on décide
d’examiner l’effet du vent vertical sur l’exploitation des mesures MRR de manière
théorique, mais avec une approche différente. Pour cela, on choisit de reprendre le
spectre étudié dans la Section 6 car il est issu d’un cas où le vent vertical peut être
considéré comme négligeable.
La Figure III.6a présente le spectre original en trait continu noir et ce même spectre
s’il avait été mesuré en présence de différentes intensités de vent vertical, de -6 à
+6 m s−1 (voir la légende de la Figure III.6b). Le vent vertical s’ajoute (ou se retranche)
de manière uniforme à la vitesse de chute de toutes les gouttes et produit une simple
translation du spectre de réflectivité. Pour rester conforme à la convention adoptée
pour les vitesses de chute des gouttes, on choisit un vent descendant comme vitesse
positive. La Figure III.6a montre qu’un vent même modéré (-3 et +3 m s−1 ) peut faire
sortir une grande partie du spectre de la gamme de vitesses analysées (correspondant à
l’altitude de la mesure) délimitée par les lignes pointillées verticales à 0.8 et 9.6 m s−1 .
De plus, lorsque le vent devient plus important, la vitesse de chute apparente des
gouttes peut se retrouver inférieure ou supérieure aux vitesses minimum (vDmin =0 m s−1 )
et maximum (vDmax =12.3 m s−1 ) mesurées par le MRR : c’est le cas avec ce spectre,
pour des vitesses de vent de -6 et +6 m s−1 , respectivement. Dans ces situations, on
obtient un repliement spectral. En effet, lors de l’exploitation des mesures du MRR,
le spectre produit par la seconde transformée de Fourier (voir Section 3.2.1) est pé-
riodique avec une période vDmax . Ainsi, si le spectre fondamental contient des valeurs
à des vitesses supérieures à vDmax , les valeurs correspondantes de la réplique de ce
spectre, comprises entre les fréquences −vDmax et 0 m s−1 , seront en réalité supérieures
à 0 m s−1 et mélangées avec la partie inférieure du spectre fondamental. Ce repliement
est visible sur la Figure III.6a pour le spectre correspondant à une vitesse de vent de
+6 m s−1 . De la même manière, si un spectre contient des valeurs à des vitesses infé-
rieures à vDmin (c’est-à-dire, si les vitesses de chute apparentes sont positives), comme
c’est le cas pour le spectre correspondant à une vitesse de vent de -6 m s−1 , alors ces
valeurs se replient sur la partie supérieure du spectre. En général, en traitement du
signal, il est absolument nécessaire d’éviter un repliement spectral car, on est alors
incapable de distinguer la partie repliée des valeurs du spectre original. Dans le cas du
(a) −5 MRR 500m AGL:16-Jun-2007 11:35:04 (b) 7 MRR 500m AGL:16-Jun-2007 11:35:04
10 10
w=-6 ms −1
w=-3 ms −1
5
Réflectivité volumique spectrale
10 w= 0 ms −1
−6 w= 3 ms −1
10
η(v,z) [m2 m−3 (m/s)−1 ]
w= 6 ms −1
3
Spectre de gouttes
10
N [mm−1 m−3 ]
−7 1
10 10
−1
10
−8
10
−3
10
−9 −5
10 10
0 2 4 6 8 10 12 0 1 2 3 4 5 6
Vitesse Doppler v [ms −1 ] Diamètre des gouttes D [mm]
Fig. III.6 – Influence d’un vent vertical ascendant ou descendant sur le spectre de réflectivité
radar mesuré (a) et sur la distribution de gouttes déduite (b). Plusieurs intensités de vent (de
-6 à +6 m s−1 , voir légende dans le graphe (b)) sont appliquées à un spectre de réflectivité
radar réel mesuré lors d’un cas de précipitations où le vent vertical est négligeable.
MRR, le spectre de réflectivité ne peut pas être aussi large que la gamme de vitesses
mesurées, la partie du spectre qui se replie ne se mélange donc qu’avec du bruit et il est
donc possible de retrouver le vrai spectre de précipitation, à condition d’être également
capable d’estimer convenablement l’intensité du vent vertical.
Les distributions de gouttes déduites de ces différents spectres sont présentées dans
la Figure III.6b avec le même code de couleur. Cette Figure montre que les distribu-
tions de gouttes se déplacent le long d’une courbe de la forme de l’inverse de la section
de rétrodiffusion radar (Figure III.1c). Ainsi, pour des intensités modérées, comme un
vent descendant s’ajoute à la vitesse de chute des gouttes, ceci conduit à une sures-
timation du diamètre des gouttes combinée à une sous-estimation de leur nombre, et
inversement pour un vent ascendant. En particulier, à cause de la valeur très élevée de
la section de rétrodiffusion radar des gouttes de diamètres très faibles, un vent ascen-
dant, même modéré (-3 m s−1 ), peut être très néfaste car il peut conduire à de très
fortes concentrations de petites gouttes (jusqu’à 107 mm−1 m−3 ). Or, ces concentrations
irréalistes ont une forte influence sur la forme d’une distribution de gouttes moyenne,
même si cette moyenne est faite sur une longue période. Par ailleurs, lorsqu’un vent
descendant est suffisamment fort pour produire un repliement du spectre qui atteint
la gamme de vitesse analysée (par exemple +6 m s−1 pour le spectre considéré), la
partie repliée se retrouve d’abord dans cette même gamme de diamètres et conduit de
la même façon a des concentrations de gouttes irréalistes. Enfin, l’observation géné-
rale de cette Figure montre que la moyenne des distributions de gouttes obtenues sans
corriger un éventuel vent vertical (ascendant ou descendant), risque d’aboutir à une
distribution de gouttes de forme globalement concave, de la même façon que si le bruit
était sous-estimé (Section 6).
90 Chapitre III
8.1 Effet du vent vertical sur les mesures MRR d’un point de vue théorique
(a) 6 (b) 2
10 10
4
10
1
10
2
10
0
10
0
10 w=-6ms −1
w=-3ms −1
w= 0ms −1
w= 3ms −1
−2 w= 6 ms−1
−1
10 10
−8 −6 −4 −2 0 2 4 6 8 −8 −6 −4 −2 0 2 4 6 8
Vent vertical [ms −1 ] Vent vertical [ms −1 ]
(c)
32
Facteur de réflectivité radar équivalent [dBZ]
30
28
26
24
22
20
−8 −6 −4 −2 0 2 4 6 8
Vent vertical [ms −1 ]
Fig. III.7 – Influence d’un vent vertical ascendant ou descendant sur certains des paramètres
restitués par le MRR comme la concentration de gouttes (a), le taux de précipitation (b) et le
facteur de réflectivité radar équivalent (c). Les intensités de vent appliquées au spectre de la
Figure III.6 sont rappelées en utilisant le même code de couleur (voir légende dans le graphe
(a)). La ligne pointillée horizontale (c) représente le facteur de réflectivité directement déduit
en intégrant le spectre de réflectivité sur toute la gamme de vitesses mesurées par le MRR.
Tout d’abord, il faut noter que ces variations se font sur plusieurs ordres de grandeur
aussi bien pour la concentration que pour le taux de précipitation. Ces variations sont
un peu plus faibles pour le facteur de réflectivité radar (2) . De plus, il est visible que ces
variations forment un cycle. En effet, la gamme de vitesses mesurée par le MRR ayant
une largeur de 12.3 m s−1 , les variations des paramètres pour des valeurs absolues de
vitesses supérieures à 6.15 m s−1 sont la répétition de la partie centrale. Ainsi, comme
(2). Pour le facteur de réflectivité radar, une variation de 10 dBZ correspond exactement à un ordre
de grandeur en mm6 m−3 .
b) Taux de précipitation
92 Chapitre III
8.2 Effet du vent vertical et du repliement spectral - Étude de cas
Altitude [m]
Altitude [m]
2000 40 2000
30 0
1000 20 1000
10
0 0 0
11:31 11:33 11:35 11:37 11:39 11:41 11:43 11:31 11:33 11:35 11:37 11:39 11:41 11:43
Heure UTC du 16/06/2007 Heure UTC du 16/06/2007
Fig. III.8 – Évolutions des profils du facteur de réflectivité radar (a) et de la détection
du repliement spectral (b) en fonction du temps. Les lignes pointillées horizontales montrent
l’altitude des mesures présentées dans la Figure III.9.
(a) Ze(v,z) à 100m AGL [mm6 m−3 (m/s)−1 ] Ze(v,z) (b) Ze(v,z) à 300m AGL [mm6 m−3 (m/s)−1 ] Ze(v,z)
6 6
12 10 12 10
Vitesse Doppler [ms −1 ]
(c) Ze(v,z) à 500m AGL [mm6 m−3 (m/s)−1 ] Ze(v,z) (d) Ze(v,z) à 700m AGL [mm6 m−3 (m/s)−1 ] Ze(v,z)
6 6
12 10 12 10
Vitesse Doppler [ms −1 ]
5 ←1→ ←2→ 5
10 10
10 4 10 4
10 10
8 10
3 8 10
3
2 2
6 10 6 10
1 1
4 10 4 10
0 0
10 10
2 10
−1 2 −1
10
−2 −2
0 10 0 10
11:31 11:33 11:35 11:37 11:39 11:41 11:43 11:31 11:33 11:35 11:37 11:39 11:41 11:43
Heure UTC du 16/06/2007 Heure UTC du 16/06/2007
temps, ce qui est en accord avec l’intensification des précipitations décelée dans l’évo-
lution du facteur de réflectivité radar de la Figure III.8a pour les premières portes.
Par ailleurs, trois spectres (mis en valeur par les lignes verticales pointillées) sont très
différents des autres parce qu’un niveau de bruit anormalement haut a conduit à la
suppression d’une partie du signal malgré l’utilisation de la méthode de Urkowitz et al.
(1994) (Section 6). Mis à part ces trois spectres, la limite inférieure de tous les spectres
est assez stable. Ces variations sont faibles et peuvent donc être dues aussi bien à des
variations de la distribution de gouttes qu’au vent vertical.
En regardant l’altitude suivante (300 m, Figure III.9b), les spectres montrent une
évolution temporelle réellement différente de celle à 100 m. Le plus frappant est que,
autour de 11h40, la partie supérieure du spectre de réflectivité devient supérieure à
12 m s−1 et se replie sur les faibles vitesses, ce qui indique des vitesses de chute qui vont
jusqu’à environ 13 m s−1 . De telles vitesses de chute sont bien entendu impossibles pour
des gouttes. De plus, la vitesse de la limite inférieure des spectres augmente également,
ce qui montre que le spectre de vitesse a été entièrement décalé vers des valeurs plus
grandes, comme si un vent vertical descendant s’était ajouté. De plus, une variation si
94 Chapitre III
8.2 Effet du vent vertical et du repliement spectral - Étude de cas
(a) Ze(v,z) à 900m AGL [mm6 m−3 (m/s)−1 ] Ze(v,z) (b) Ze(v,z) à 1100m AGL [mm6 m−3 (m/s)−1 ] Ze(v,z)
6 6
12 10 12 10
Vitesse Doppler [ms −1 ]
(c) Ze(v,z) à 1300m AGL [mm6 m−3 (m/s)−1 ] Ze(v,z) (d) Ze(v,z) à 1500m AGL [mm6 m−3 (m/s)−1 ] Ze(v,z)
6 6
12 10 12 10
Vitesse Doppler [ms −1 ]
environ, le spectre de réflectivité doit s’étaler sur des vitesses allant de 2 à 9 m s−1 .
Alors, comme les vitesses mesurées par le MRR sont comprises entre 0 et 12 m s−1 , le
repliement d’un tel spectre doit être produit par vent descendant de 3 m s−1 ou par un
vent ascendant de 2 m s−1 .
96 Chapitre III
8.3 Fréquence d’apparition du repliement spectral
(a) 6 (b) 7
10 10
5
10 5
10
Facteur de réflectivité spectral
Ze(v,z) [mm6 m−3 (m/s)−1 ]
4
10 6.3 m s −1
3
Spectre de gouttes
10
N [mm−1 m−3 ]
3
10
2 1
10 10
1
10 −1
10
0
10
−3
−1 10
10
−2 −5
10 10
0 2 4 6 8 10 12 0 1 2 3 4 5 6
Vitesse Doppler v [ms −1 ] Diamètre des gouttes D [mm]
Fig. III.11 – (a) Facteur de réflectivité spectral en fonction de la vitesse Doppler à 700 m
AGL, moyenné sur les périodes délimitées sur la Figure III.9d en gris et en noir pour la
première et la deuxième période, respectivement. Le spectre de la deuxième période, corrigé
du vent vertical est affiché en pointillés noirs. Les lignes verticales pointillées montrent les
limites de la gamme de vitesse analysée. (b) Comme pour la Figure III.11a, mais pour la
distribution de gouttes.
de précipitations n’est pas trivial. Ces paramètres ont donc été calculés à partir des
distributions de gouttes repliées et corrigées de la Figure III.11b et sont listés dans le
Tableau III.2. En observant les valeurs de ce Tableau, on s’aperçoit que l’on retrouve
bien les différences prédites de manière théorique dans la Section 8.1 (voir Figure III.7
en prenant un vent vertical descendant d’environ 6 m s−1 ) :
– Le facteur de réflectivité radar est sous-estimé d’environ 3 dBZ parce qu’une
partie du spectre se retrouve en dehors de la gamme de vitesses analysées.
– Le taux de précipitation est surestimé d’un peu plus d’un ordre de grandeur
à cause de la présence d’un très grand nombre de petites gouttes de diamètre
inférieur à 0.5 mm.
– Dans l’approximation de Rayleigh, le facteur d’atténuation peut être considéré
comme le moment d’ordre trois de la distribution de gouttes (Testud et al., 2001).
Son comportement est donc entre ceux du taux de précipitation et de la concen-
tration des gouttes. Il en résulte une forte surestimation de plus d’un ordre de
grandeur.
Afin d’avoir une meilleure impression de l’influence globale du repliement sur les
mesures des MRRs, on a étudié les trois mois de données de la campagne COPS. La
correction du vent vertical effectuée dans cette Section ne peut pas être généralisée,
on a donc recherché la fréquence d’apparition du repliement en fonction du taux de
précipitation moyen mesuré par le pluviomètre colocalisé en appliquant le schéma de
détection du repliement spectral à tous les cas de précipitations. Trois cas ont des taux
de précipitation moyens assez importants (supérieurs à 4 mm h−1 ). Ils correspondent à
des averses intenses et possèdent donc un assez grand nombre de spectre repliés (entre
10 et 50%). Dans les quarante cas restants, six averses faibles ont une proportion de
spectres repliés significative (entre 5 et 20%) mais avec un faible taux de précipitation
moyen (environ 1 mm h−1 ). De plus, quatre évènements longs et modérés (environ
3 mm h−1 ) de précipitations stratiformes avec de la convection imbriquée ont un nombre
de spectres repliés relativement faible même si ce repliement est un réel problème dans
les zones convectives. Finalement, cette étude statistique montre que pratiquement un
tiers des trois mois de données de précipitations estivales de la campagne COPS sont
concernés par le problème du repliement spectral.
98 Chapitre III
9 Identification du problème de la première porte du MRR
(a) Ze(fD ,z) à 100m AGL [mm6 m−3 Hz−1 ] Ze(fD ,z) (b) Ze(fD ,z) à 200m AGL [mm6 m−3 Hz−1 ] Ze(fD ,z)
4 4
2000 10 2000 10
Fréquence Doppler [Hz]
(c) Ze(fD ,z) à 300m AGL [mm6 m−3 Hz−1 ] Ze(fD ,z) (d) Ze(fD ,z) à 400m AGL [mm6 m−3 Hz−1 ] Ze(fD ,z)
4 4
2000 10 2000 10
Fréquence Doppler [Hz]
Fig. III.12 – Évolution dans le temps du facteur de réflectivité radar spectral à (a) 100 m,
(b) 200 m, (c) 300 m, (d) 400 m sur le cas de précipitations du 13/08/2007 où la présence
d’un spectre image, symétrique du spectre mesuré par rapport à la fréquence moyenne de
1000 Hz, lorsque ce dernier atteint de fortes valeurs, est particulièrement mise en évidence.
Ce spectre image est particulièrement visible à 100 m, discernable à 200 m et pratiquement
noyé dans le bruit pour les altitudes supérieures.
personnelles). Or, tous les signaux de la première porte d’altitude ont des fréquences
inférieures à la résolution de la première transformée de Fourier. Ceci explique que ce
problème concerne plus particulièrement les premières portes, l’effet étant même déjà
très faible pour la deuxième porte. La deuxième spécificité du MRR est que seules
les vitesses descendantes sont mesurées. L’image des spectres devrait donc se former
à des fréquences qui ne sont pas mesurées par le MRR, mais elles se retrouvent dans
la gamme de fréquences analysée à cause du phénomène de repliement décrit dans la
Section 8.
La Figure III.13a présente la forme des spectres et de leur images à 100 m d’altitude
pour le même cas entre 15h35 et 15h45. Elle confirme les propriétés des images des
spectres observées lors de la description de la Figure III.12 pour des fréquences proches
de 500 Hz et de 15h38 à 15h42. En particulier, ces spectres images sont particulièrement
visibles autour de 15h40. À cause du repliement et comme les spectres de précipitations
sont particulièrement larges, les spectres images se mélangent avec les spectres réels et
peuvent même donner l’illusion de spectres bimodaux. Dès lors, il est évident que la
distribution de gouttes déduite de ces spectres aura une forme très perturbée par cette
image avec notamment de très fortes concentrations de petites gouttes, et ceci entraîne
donc une surestimation de tous les paramètres calculés à partir de ces distributions de
gouttes.
À 200 m d’altitude, (Figure III.13b), malgré des spectres mesurés d’intensité aussi
importante, les spectres images sont beaucoup plus faibles mais toujours visibles et on
devine qu’ils seront devenus totalement invisibles à partir de 300 m.
On confirme donc le conseil de Peters et al. (2005) de ne pas utiliser les données
des premières portes de manière quantitative. Mais, le calcul de l’atténuation pour les
portes supérieures faisant intervenir le coefficient d’atténuation déduit des premières
(a) MRR 100m AGL:13-Aug-2007 15:45:02 (b) MRR 200m AGL:13-Aug-2007 15:45:02
4 4
10 15:45 10 15:45
3 3
10 15:44 10 15:44
Facteur de réflectivité spectral
Fig. III.13 – Évolution dans le temps de la forme du spectre du facteur de réflectivité radar
spectral à (a) 100 m et (b) 200 m sur une partie du cas de précipitations du 13/08/2007 pour
montrer l’importance du spectre image dans la première porte.
portes, ce défaut doit également avoir des conséquences aux altitudes supérieures. Mal-
heureusement, ce problème de spectres images n’est pas corrigeable de manière aisée
et, par la suite, on fera l’hypothèse que cet effet est négligeable à partir de la troisième
porte.
10 Étalonnage
Afin de réaliser des mesures quantitatives des précipitations, l’étalonnage des ra-
dars est primordial : une erreur d’étalonnage de quelques dB peut provoquer un biais
systématique important sur les estimations des précipitations. Ce thème a même fait
l’objet, à lui seul, d’un groupe de travail lors de la 81ème réunion annuelle de l’AMS
(American Meteorological Society), en 2001. Étant donné que l’on peut difficilement
intervenir sur le volume sondé, cet étalonnage n’est pas aisé.
Ce que l’on appelle étalonnage n’est pas seulement la mesure de la fonction de
transfert du récepteur d’un radar mais aussi la capacité à déterminer des mesures pré-
cises que l’on pourra interpréter de manière quantitative. Il existe de nombreuses et
diverses méthodes d’étalonnage : de l’utilisation de balles tirées verticalement avec un
pistolet au jeté de balles de ping-pong métallisées d’un avion léger. Les plus “simples”
d’entre elles sont présentées dans l’article de Atlas (2002). En réalité, comme le rappelle
Sauvageot (1982), il existe deux catégories d’étalonnage : la première qui fait appel à
des mesures séparées des performances des différents composants du radar pour ensuite
calculer les performances globales, la seconde qui évalue directement ces performances
globales par la mesure de l’écho d’une cible connue. La première catégorie permet le
suivi de l’évolution des composants du radar et la localisation des défaillances (par
exemple pour un radar à impulsions, la puissance de l’émetteur dépend du vieillisse-
ment de l’oscillateur) mais elle n’est possible que si l’on dispose d’un équipement de test
adéquat. La méthode d’étalonnage sur une cible connue est quant à elle difficilement
réalisable car elle consiste à maintenir une sphère métallique dans l’axe du faisceau en
la suspendant d’un ballon par exemple. Mais, cette méthode peut aussi être appliquée
à une “cible” connue de manière plus ou moins directe : pour l’étude des précipita-
tions, la méthode d’étalonnage la plus fréquente est de comparer les mesures radar aux
mesures simultanées de capteurs au sol tels que des pluviomètres ou des disdromètres
(voir Partie 1). Cette méthode doit être utilisée avec beaucoup d’attention parce que
son efficacité peut être altérée par de nombreuses erreurs : les mesures sont faites à des
altitudes différentes (en altitude avec un radar, au niveau de sol pour un pluviomètre
ou un disdromètre), la taille du volume échantillonné est très différente, les paramètres
mesurés ne sont pas les mêmes et nécessitent une conversion (par exemple de la réflecti-
vité en taux de précipitation pour une comparaison avec un pluviomètre), etc. Afin de
minimiser les erreurs, il est nécessaire d’effectuer cet étalonnage sur un grand nombre
de mesures.
Comme le MRR est un radar à visée verticale, un certain nombre de ces méthodes
n’est pas applicable mais l’étalonnage des profileurs est facilement réalisable en utilisant
les mesures d’un disdromètre colocalisé. Nous allons donc effectuer des comparaisons
entre les mesures du MRR et des disdromètres (Section 10.1) afin de vérifier qu’il est
possible d’utiliser une méthode de ce type (Section 10.2).
(a) Spectre des gouttes à 100m AGL dN/dD [mm−1 m−3 ] (b) Spectre des gouttes à 200m AGL dN/dD [mm−1 m−3 ]
7
Diamètre des gouttes [mm]
7
(c) Spectre des gouttes dN/dD [mm−1 m−3 ] (d) Spectre des gouttes à 100m AGL dN/dD [mm−1 m−3 ]
7
Diamètre des gouttes [mm]
Fig. III.14 – Évolution de la distribution de gouttes déduite des mesures du MRR à 100 m
(a), à 200 m (b), du PSV (c) et du MRR à 100 m après étalonnage (d).
ascendant qui diminue donc la vitesse de chute apparente des gouttes de pluie. L’inten-
sité de ce vent est difficile à estimer. Il est assez important pour fortement perturber
la distribution de gouttes retrouvée mais il est forcément inférieur à 6 m s−1 puisqu’il
ne provoque pas de repliement spectral (Section 8.1). Cette hypothèse est confirmée
par les mesures à 200 m (Figure III.14b), où la perturbation est encore plus visible,
indiquant un renforcement du vent vertical avec l’altitude, alors que la distribution de
gouttes de la première période est très semblable à celle déduite des mesures à 100 m.
La présence de ce vent vertical est la raison pour laquelle on a décidé d’utiliser les
données du MRR mesurées dans la première porte pour cette comparaison, malgré la
possibilité d’apparitions d’images de spectre à ces altitudes (Section 9). Néanmoins,
l’intensité de ce cas semble trop faible pour que ces images aient un effet important et
perturbent la comparaison des distributions de gouttes.
Par ailleurs, comme le MRR possède un volume d’échantillonnage important, il est
capable de détecter des gouttes en faible concentration : le MRR mesure des concentra-
tions de gouttes aussi faibles que 10−3 mm−1 m−3 alors que les valeurs les plus faibles
enregistrées par le PSV sont d’environ 100 mm−1 m−3 . Cela a un effet perturbant,
puisqu’on a l’impression que la distribution de gouttes mesurée par le MRR est plus
large que celle mesurée par le PSV. Pourtant, l’écart entre lignes représentant les 10ème
et 90ème pourcentiles des distributions de gouttes mesurées par le MRR et le PSV est
semblable, ce qui indique une largeur de spectre similaire. En revanche, l’échelle de
couleur montre que le MRR sous-estime la concentration de gouttes dans chaque classe
de manière importante : environ un ordre de grandeur, même dans la première partie
de l’évènement.
Pour aller plus loin, on compare également le comportement des paramètres déduits
de ces distributions de gouttes : la concentration des gouttes, le taux de précipitation
et le facteur de réflectivité radar équivalent (Figures III.15a, b et c). Cette comparai-
R [mm h−1 ]
10 1
10
C [m−3 ]
3
10 0
2 10
10 −1
1 10
10
0 −2
10 10
−1 −3
10 10
03 04 05 06 07 08 09 10 03 04 05 06 07 08 09 10
Heure UTC du 11/04/2008 Heure UTC du 11/04/2008
Fig. III.15 – Comparaison des variations des paramètres déduits des données du PSV :
concentration des gouttes (a), taux de précipitation (b) et facteur de réflectivité radar équi-
valent (c) avec ceux déduits du spectre de réflectivité en fréquence mesuré par le MRR avant
et après étalonnage, et du spectre de réflectivité en fréquence du MRR à 100 m (d).
son va ensuite être généralisée sur l’ensemble des cas de précipitations mesurés. Alors,
afin d’éviter toute perturbation due aux spectres images dans les deux premières portes
(Section 9), cette comparaison quantitative est faite avec les données du MRR à 300 m.
La Figure III.15a confirme que les mesures MRR sur cet évènement montrent deux
périodes distinctes : la première où la concentration des gouttes est sous-estimée, la
deuxième, où cette concentration est largement surestimée, à cause du vent vertical.
On observe sensiblement le même comportement pour le taux de précipitation (Fi-
gure III.15b), mais à un degré moindre puisque le vent vertical a moins d’effet sur les
moments de la distribution d’ordre plus élevé (Section 8.2).
La comparaison du facteur de réflectivité radar (Figure III.15c) demande plus d’at-
tention. Il faut minimiser les étapes de calcul afin de comparer une variable qui est au
plus proche de la mesure. Pour le MRR, on préfère donc utiliser le facteur de réflectivité
radar équivalent calculé en faisant l’intégrale de la réflectivité spectrale (Figure III.15d)
qui est directement mesurée, plutôt que de passer par l’étape de la déduction de la
distribution de gouttes pour ensuite calculer le facteur de réflectivité radar. Pour le
Parsivel, on calcule le facteur de réflectivité radar équivalent en bande K à partir de la
distribution de gouttes mesurée par le disdromètre, en utilisant la théorie de Mie pour
calculer la section de rétrodiffusion radar en bande K.
Du point de vue des données MRR, le principal avantage d’utiliser le facteur de
réflectivité radar équivalent est qu’on ne perd pas de données lorsque le vent vertical
décale le spectre de réflectivité hors de la gamme de fréquence analysée (même si ce
n’est pas le cas pour l’évènement de précipitations en question (Figure III.15d), mais
on a vu que cela pouvait arriver fréquemment (Section 8.2)). Pour cela, il est nécessaire
de faire l’intégrale sur l’ensemble du spectre mesuré, et il faut donc faire attention à ce
qu’il n’y ait aucune perturbation aux fréquences qui sont habituellement rejetées. On
a vu que dans les premières portes, les lobes secondaires peuvent capter des échos de
sol, qui vont donc se situer à des fréquences proches de 0 m s−1 , et de 12 m s−1 par
repliement (Section 8.2) mais cet effet devient négligeable dès la deuxième porte. En
revanche, il arrive régulièrement que le MRR ait un dysfonctionnement qui ramène sa
résolution temporelle à 20 s au lieu de 10 s et créé de forts échos artificiels autour de
0 m s−1 pour toutes les portes d’altitude. Ce dysfonctionnement étant d’importance
secondaire, il n’a pas fait l’objet d’une section dans le Chapitre III sur le traitement
des données du MRR et est donc décrit dans le paragraphe suivant.
Ce dysfonctionnement est rare et vient probablement d’un problème d’acquisition
des données puisqu’il débute toujours lors de la création d’un nouveau fichier et s’arrête
lors de la création du fichier suivant. La durée du dysfonctionnement correspond donc à
la durée d’un fichier d’acquisition, soit une heure. Un exemple de ce dysfonctionnement
est visible sur la Figure III.15d entre 9 h et 10 h (3) , ce qui explique le comportement
abhérent du facteur de réflectivité radar équivalent mesuré par le MRR en comparaison
avec celui déduit des données du PSV, sur la Figure III.15c, après 9 h. Pour ne pas
perturber la comparaison, ces périodes de dysfonctionnement doivent être détectées
afin de les éliminer de l’analyse. Grâce à leurs propriétés temporelles bien particulières,
une simple technique de seuillage sur la réflectivité mesurée dans des bins de vitesses
proches de 0 m s−1 permet de les détecter sans éliminer les cas où des données de
spectres réels sont décalées à ces vitesses par un vent vertical. Ce traitement supprime
une dizaine d’heures de précipitations sur les 19 cas étudiés.
La Figure III.15c montre que, à l’exception de la période de dysfonctionnement du
MRR, les facteurs de réflectivité radar équivalents mesurés par le MRR et le PSV ont
des variations tout à fait similaires. Contrairement au taux de précipitation et à la
concentration, le vent vertical de la deuxième période ne perturbe pas le facteur de
réflectivité radar mesuré par le MRR. En revanche, cette Figure montre que le MRR
a clairement un problème d’étalonnage, avec un biais d’environ 8 dB. Cette différence
est très importante et n’a probablement pas été détectée plus tôt à cause de la forte
surestimation du taux de précipitation en cas de vent ascendant, même modéré. En
effet, comme on sait d’après les mesures du PSV et la Figure III.14c que la distribution
de gouttes varie peu entre 7 h et 8 h, la Figure III.15d permet d’estimer de façon
approximative le décalage en fréquence dû au vent vertical à 200 à 300 Hz, ce qui
correspond à une vitesse d’environ 1.5 m s−1 .
Pour finir, cette comparaison montre que l’utilisation des données MRR nécessite
que ce dernier soit étalonné et que le facteur de réflectivité radar équivalent soit adapté
pour effectuer cet étalonnage de manière précise, en se basant sur les mesures du PSV.
Williams et al. (2005) ont étalonné des radars profileurs en bande S et UHF à l’aide
d’un disdromètre JW colocalisé. Pour cela, ils comparent les densités de probabilité
globales et par classes du facteur de réflectivité radar mesuré par les deux radars et
déduit des distributions de gouttes mesurées par le disdromètre. Aux longueurs d’onde
de ces radars, il faut sélectionner des réflectivités assez importantes (supérieures à
10 dBZ) pour éliminer la composante de la réflectivité due à la diffusion de Bragg
(3). Les mesure à 300 m ne sont pas très lisibles parce que le vent vertical de la deuxième période
décale le spectre mesuré qui se mélange avec les échos dus au dysfonctionnement, on préfère donc
afficher les données à 100 m.
(a) (b)
0.05 0.05
0.04 0.04
Densité de probabilité
Densité de probabilité
0.03 0.03
0.02 0.02
0.01 0.01
0 0
−20 −10 0 10 20 30 40 50 60 −20 −10 0 10 20 30 40 50 60
ZeP SV [dBZ] ZeMRR [dBZ]
Fig. III.16 – Densités de probabilité du facteur de réflectivité radar équivalent déduit des
mesures du PSV (a), et du MRR (b) sur les 19 cas de précipitations étudiés.
(Section 2.1.3) mais, les gouttes de pluie sont suffisamment petites pour pouvoir utiliser
le facteur de réflectivité radar pour effectuer un étalonnage précis.
20
0.08
Densité de probabilité
0.02
−20
0 −30
−30 −20 −10 0 10 20 30 −10 0 10 20 30 40 50 60
ZeP SV -ZeMRR [dBZ] ZeP SV [dBZ]
Fig. III.17 – Statistiques de la différence entre les facteurs de réflectivité radar équivalent
déduits des mesures du MRR étalonné et du PSV pour les 19 cas de précipitations étudiés :
densité de probabilité (a) et biais par classes de réflectivité (b). Sur le graphe (a), les lignes
pointillées verticales indiquent les valeurs de ±σ. Sur le graphe (b), les valeurs du biais sont
indiquées par les croix tandis que les lignes verticales représentent l’intervalle de confiance
du biais.
Tab. III.3 – Statistiques de chaque évènement utilisé pour le calcul des statistiques moyennes
permettant l’étalonnage du MRR.
sans doute à cause d’une sous-estimation de l’atténuation dans les deux premières
portes. À l’opposé, des valeurs de réflectivité inférieures à 10 dBZ correspondent à des
précipitations très faibles, et peut-être même à des brumes ou brouillards et sont donc
difficilement échantillonnées par le PSV. Ce dernier sous-estime donc les réflectivités
inférieures à 10 dBZ.
Pour vérifier la stabilité de cet étalonnage dans le temps, nous avons calculé le biais
et son intervalle de confiance pour tous les cas pris individuellement. Les résultats sont
présentés dans le Tableau III.3. Ce tableau montre que le biais retrouvé au cas par cas
est cohérent mais varie tout de même de 6.40 dB à 9.48 dB. Néanmoins, lorsque cette
valeur est loin du biais moyen retrouvé avec l’ensemble des évènements (8.04 dB), on
constate que la confiance est moins bonne, ce qui semble indiquer que les cas en question
ont des problèmes additionnels qui faussent la comparaison entre les mesures du MRR
et du PSV. Enfin, ce Tableau ne montre pas de tendance précise qui indiquerait une
variation de l’étalonnage du MRR dans le temps.
11 Conclusion
Ce chapitre montre que le MRR est un radar de bonne qualité. Les produits qu’il
fournit sont issus d’un traitement complexe, qui permet de détecter ou même de prendre
en compte, de nombreux problèmes comme l’atténuation et le repliement spectral en
cas de fort vent vertical. Des comparaisons avec un disdromètre Parsivel colocalisé ont
montré que le facteur de réflectivité radar équivalent déduit du spectre de réflectivité
mesuré par le MRR est en très bon accord avec le facteur de réflectivité radar équivalent
calculé à partir de la distribution de gouttes mesurée par le disdromètre. Cette bonne
correspondance a permis d’étalonner le MRR à partir du disdromètre avec une bonne
confiance.
Malheureusement, deux perturbations de la mesure du MRR ne sont pas prises en
compte : la turbulence et le vent vertical. Or, on a montré que le vent vertical a un
effet certain sur la distribution de gouttes et les paramètres qu’on en déduit (erreur
potentielle de plus d’un ordre de grandeur pour le taux de précipitation et d’une dizaine
de dB pour le facteur de réflectivité radar pour de forts vents verticaux), même pour des
valeurs faibles de 1 m s−1 . De nombreuses méthodes ont été développées pour prendre
en compte ces phénomènes, mais elles sont complexes et sont basées sur des hypothèses
réductrices. Peters et al. (2005) ont donc décidé de ne pas corriger ces effets, en justifiant
qu’une mauvaise correction pourrait même amener à une détérioration des résultats.
Le dispositif expérimental actuel ne permettant pas cette correction, et le but de cette
thèse n’étant pas de corriger les données du MRR du vent vertical, nous opterons
pour le même choix, tout en étant conscient du problème. Mais, à long terme, c’est un
paramètre qui se doit d’être pris en compte en utilisant par exemple les données d’un
disdromètre colocalisé, mais avec la délicate contrainte de ne pas négliger la variabilité
verticale de la DSD.
C omme on l’a vu dans le Chapitre III pour le traitement des données MRR, la
mesure de tout radar peut-être perturbée par de nombreux facteurs. Ceci est
encore plus vrai pour le radar en bande X qui était encore à l’état de prototype
lors de cette thèse. Dans cette partie, nous décrirons les méthodes utilisées pour filtrer
les données du radar en bande X (Section 12), son étalonnage en parallèle au calcul de
l’atténuation par la pluie (Sections 13 et 14) et la dérive de cet étalonnage (Section 15).
Certains échos mesurés par les radars ne correspondent pas à des cibles météoro-
logiques. S’ils ne sont pas supprimés, ces échos peuvent mener à des biais significatifs
lors de l’estimation des précipitations. C’est pourquoi, de nombreux travaux ont porté
sur l’identification de ces échos, en particulier des échos de sol. Mais, la plupart des
techniques développées sont basées sur des méthodes complexes de logique floue (Be-
renguer et al., 2006; Cho et al., 2006; Gourley et al., 2007a; Hubbert et al., 2009) ou de
réseaux de neurones (Grecu et Krajewski, 2000; Krajewski et Vignal, 2001) qui néces-
sitent des mesures radar variées telles que la vitesse Doppler et la polarimétrie et, qui
sont le plus souvent volumiques. Steiner et Smith (2002) listent un certain nombre de
techniques basées sur les mesures de radars non-cohérents, qui ont été présentées à des
conférences variées mais qui n’ont jamais donné lieu à des publications. Il apparaît donc
qu’aucune méthode existante ne peut être appliqué au radar en bande X du LaMP. On
mettra donc au point une méthode basée sur un simple filtrage des données. Le risque
d’une méthode trop basique est qu’elle manque de discernement et qu’elle entraîne la
suppression d’une partie des échos correspondant aux précipitations amenant alors à
une sous-estimation des précipitations. Malheureusement, les échos parasites mesurés
par le radar en bande X sont beaucoup trop fréquents pour espérer atteindre une esti-
mation quantitative des précipitations sans effectuer de filtrage : on distinguera deux
types de filtrage : le filtrage des échos parasites en ciel clair (Section 12.1) et des échos
superposés aux précipitations (Section 12.2).
109
12 Filtrage des données
Lors de l’analyse des images radars de la campagne COPS, différentes sortes d’échos
parasites en air clair ont été détectées. Bien sûr, ces échos peuvent également être
superposés à des échos de précipitations, mais leur filtrage est alors plus complexe
et sera décrit dans la Section 12.2. Trois types d’échos parasites ont été identifiés :
les échos dus à des interférences (Section 12.1.1), les échos dus à une mesure directe
d’échos très intenses (Section 12.1.2) et les échos ambigus en distance (Section 12.1.3).
De manière très simplifiée, on a vu dans la Section 3.1 que les valeurs de réflectivité
inférieures à 15 dBZ correspondent au bruit de radar. En réalité, ces valeurs peuvent
également correspondre à de très faibles taux de précipitation. Il s’avère donc nécessaire
de considérer cette gamme de réflectivité afin de ne pas éliminer ce type de données.
Le bruit restant pourra être éliminé par les méthodes de filtrage présentées dans les
sections suivantes grâce à sa morphologie particulière, très hétérogène. Compte-tenu du
niveau de bruit du radar allant de valeurs inférieures à 0 dBZ jusqu’à environ 15 dBZ,
il est inutile de considérer des réflectivités inférieures à 0 dBZ puisqu’il sera très difficile
de distinguer les petites cellules de précipitation du bruit. La toute première étape du
filtrage est donc d’appliquer aux mesures un seuil minimal de 0 dBZ. Les zones de
précipitation potentiellement éliminées par ce seuil correspondent à un taux de préci-
pitation extrêmement faible et ont un impact négligeable sur le cumul de précipitations
mesuré par le radar.
12.1.1 Interférences
110 Chapitre IV
12.1 Filtrage des échos parasites en air clair
Fig. IV.1 – Séries du champ de réflectivité mesuré par le radar en bande X pendant 2 min,
toutes les 30 s, et montrant les perturbations provoquées par des interférences dans toutes
les directions, avant (haut) et après (bas) le premier filtrage. Le filtrage parvient à éliminer
la plupart des échos créés par ces interférences à l’exception des zones où ces échos sont très
denses : dans le quart Nord-Ouest, à 9:32:29 et 9:32:59 UTC.
distance et les pics de réflectivité temporels. Ce filtrage dans les trois dimensions des
données radar est itéré jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de pixels à supprimer.
Les résultats de ce filtrage sont présentés dans les parties basses des Figures IV.1,
IV.2 et IV.3. Ce filtrage est efficace puisqu’il supprime toutes les perturbations à l’ex-
ception de quelques zones où les perturbations sont très denses (quart Nord-Ouest de
la Figure IV.1 à 9:32:29 et 9:32:59 UTC) mais également le bruit du radar puisque les
fluctuations de celui-ci lui donnent une texture proche de celle des perturbations avec
des pixels isolés (1) .
En revanche, ce filtrage ne peut pas supprimer les perturbations lorsqu’elles se
superposent à des zones de précipitations comme c’est le cas sur la Figure IV.2. Il
faut alors effectuer un second filtrage qui sera décrit dans la Section 12.2. De plus,
ce premier filtrage est inefficace pour supprimer les perturbations qui s’étendent sur
toute la distance de mesure du radar et sur quelques azimuts consécutifs (Figure IV.3).
Heureusement, ces perturbations restent très rares.
Plusieurs cas de la campagne COPS ont montré la présence d’un second type d’échos
parasites qui ont une faible intensité et se déplacent de façon contraire au mouvement
général des précipitations (Figure IV.4).
Les mesures de la Figure IV.4 sont issues d’un cas de précipitations sous forme de
petites cellules convectives lors de la campagne COPS. Une cellule de précipitations
(1). Pour que le filtrage supprime l’ensemble du bruit, il est nécessaire d’éliminer tous les pixels dont
la réflectivité radar est inférieure à 3 dBZ.
Fig. IV.2 – Séries du champ de réflectivité mesuré par le radar en bande X pendant 4 min,
toutes les minutes, et montrant les perturbations provoquées par des interférences dans une
direction donnée, avant (haut) et après (bas) le premier filtrage. Pendant les quatre minutes
affichées, la direction des perturbations passe du Nord-Ouest à l’Ouest ce qui semble indiquer
que la source des interférences se déplace vers le Sud. Le filtrage parvient à éliminer les échos
provoqués par les interférences sauf lorsque ces derniers sont confondus avec une cellule de
précipitations (exemple visible particulièrement à 10:15:00 sur les cellules situées à 12 et
18 km du radar, dans la direction du Nord-Ouest).
Fig. IV.3 – Séries du champ de réflectivité mesuré par le radar en bande X pendant 2 min,
toutes les 30 s, et montrant les perturbations sur toute la gamme de distances mesurées par
le radar et provoquées par des interférences dans une direction donnée, avant (haut) et après
(bas) le premier filtrage. Le filtrage ne parvient pas à supprimer totalement les perturbations
parce qu’elles forment des zones contigües de plus de un pixel.
112 Chapitre IV
12.1 Filtrage des échos parasites en air clair
Fig. IV.4 – Séries du champ de réflectivité mesuré par le radar en bande X pendant 5 min,
toutes les 90 s, au cours d’un cas de petites cellules convectives lors de la campagne COPS
et montrant des échos directs, avant (haut) et après (bas) le premier filtrage. Le filtrage
ne doit pas supprimer ces échos directs, lorsqu’ils se superposent à des “vraies” cellules de
précipitations, comme à 15:21:29 et à 15:23:00 UTC.
Fig. IV.5 – Séries du champ de réflectivité mesuré par le radar en bande X pendant 15 min,
toutes les 5 min, au cours de l’initiation d’une cellule orageuse et montrant des échos directs,
avant (haut) et après (bas) le premier filtrage. Dans certains cas rarissimes, comme à 13:32:30
UTC, le filtrage ne permet pas de supprimer l’écho direct.
l’antenne. Par définition, la mesure directe des précipitations se fait directement par le
cornet et de manière latérale, donc les échos obtenus ont une intensité beaucoup plus
faible. L’expérience montre qu’ils sont inférieurs d’environ 40 dBZ. Ces échos n’appa-
raissent donc qu’en présence de cellules très intenses supérieures à 40 dBZ.
114 Chapitre IV
12.1 Filtrage des échos parasites en air clair
Fig. IV.6 – Illustration du filtrage des cellules de précipitations par leur taille et leur position
par rapport aux zones de réflectivité intenses. Chaque cellule individuelle est identifiée par
son pourtour en trait fin noir et par la position de son centre de gravité avec un marqueur
noir. Les zones de précipitations intenses et leurs images par rotation autour de la position du
radar de ±120° sont identifiées par leur pourtour en trait fin rouge et rose, respectivement.
Le marqueur des cellules filtrées est colorié : en rose pour les cellules identifiées comme étant
des échos directs et en bleu pour les cellules dont la taille est jugée trop faible.
Les tests sont volontairement stricts parce que l’on préfère conserver un écho direct
fantôme, qui n’aura que peu d’influence sur le cumul de précipitation puisque sa réflec-
tivité est toujours assez faible, plutôt que de supprimer une cellule de précipitations
bien réelle. Ainsi, certains échos directs fantômes peuvent ne pas être supprimés comme
c’est le cas sur certaines images des Figures IV.4 et IV.5.
Par ailleurs, cette identification des cellules permet également de supprimer les
derniers pixels de réflectivité correspondant au bruit ou aux interférences en autorisant
une taille de cellule minimale en nombre de pixels (20 pixels) à proximité du radar et
en volume échantillonné (2.5×107 m3 ) loin du radar. Les marqueurs de ces zones sont
coloriés en bleu sur la Figure IV.6. Avec ce filtrage, il y a un risque de supprimer des
très petites cellules précipitantes en cours de formation ou de dissipation. Néanmoins,
des cellules de cette taille auront une très faible réflectivité et leur suppression n’aura
que de faibles conséquences sur l’estimation des précipitations. Il faut tout de même
noter que cette remarque pourrait ne pas être valide pour un radar classique. En effet,
c’est la très haute résolution du radar qui rend possible ce genre de filtrage simple.
Une dernière sorte d’échos parasites en air clair a été observée, mais de manière très
rare : il s’agit des échos ambigus en distance, c’est-à-dire, des échos renvoyés par des
cibles situées au delà de la portée non ambiguë du radar (Équation I.9). En général,
Fig. IV.7 – Séries du champ de réflectivité mesuré par le radar en bande X pendant 15 min,
toutes les 5 min, et montrant des échos ambigus en distance provenant d’un cellule intense
lointaine, avant (haut) et après (bas) le premier filtrage. Ce filtrage n’est pas capable d’éli-
miner un tel écho parasite.
les échos issus de ces cibles sont trop faibles pour être détectés par le récepteur. Mais
lorsque la réflectivité de ces cibles est forte, le récepteur les détecte et les associe à
l’impulsion la plus récente. Alors, le temps que met l’onde électromagnétique pour
parcourir en aller et retour la distance entre le radar et la cible est sous-estimé de la
valeur de la période de répétition entre les impulsions. Par voie de conséquence, la
distance de la cible est sous-estimée de la valeur de la portée non ambiguë du radar.
D’après le Tableau II.1, le radar en bande X a une portée non ambiguë d’environ
70 km. De plus, on a vu que seules les données correspondant aux 20 premiers kilomètres
sont échantillonnées (Section 3.1). Alors, seules les cibles comprises entre 70 et 90 km
du radar peuvent produire des échos ambigus en distance. La Figure IV.7 montre un
exemple d’échos ambigus en distance mesuré le 15 juillet 2007 lors de la campagne
COPS. Ce cas a suscité un certain intérêt puisqu’il a donné lieu à la formation d’un
système convectif isolé sur la Forêt Noire et dont la prévision s’est avérée compliquée
(Richard et al., 2011). Aucune pluie n’a été enregistrée sur le massif des Vosges et dans
la Vallée du Rhin, mais le radar en bande X a bien mesuré une cellule de précipitations
à environ 5 km dans la direction Est-Sud-Est avec des réflectivités de plus de 20 dBZ
pendant environ 20 min. Cette cellule correspond en fait au système convectif qui s’est
formé sur la Forêt Noire, et qui a également été détecté par le radar POLDIRAD à
une distance d’environ 75 km du radar en bande X et avec des réflectivités dépassant
56 dBZ au moment le plus intense, vers 14h40 UTC (voir Figure IV.8). Pourtant, la
forme de la cellule mesurée par le radar en bande X paraît différente de celle mesurée
par POLDIRAD. Ceci est dû à la mauvaise estimation de sa distance par le radar
en bande X, à cause de l’ambiguïté en distance. En effet, la dimension radiale de la
cellule est correctement conservée tandis que sa dimension orthogonale ne l’est pas.
Cette dernière, égale à r tan θ où r est la distance de la cible et θ l’angle sous lequel
elle est interceptée, est sous-estimée d’une quantité égale au rapport entre la distance
116 Chapitre IV
12.2 Filtrage des échos parasites superposés aux échos de précipitations
Fig. IV.8 – Séries du champ de réflectivité mesuré par le radar POLDIRAD pendant 40 min,
toutes les 10 min, et montrant la formation, sur la Forêt Noire, du système orageux détecté
par le radar en bande X comme le montre la Figure IV.7. Sur cette Figure, le fond grisé
montre la topographie, avec les Vosges, à l’Ouest et la Forêt Noire à l’Est. Le radar en bande
X était localisé à 30 km au Sud-Ouest de Poldirad au pied des Vosges. Cette Figure confirme
la direction Est-Sud-Est du système convectif par rapport au radar en bande X.
réelle et la distance supposée par le radar. Ainsi, la cellule a une dimension orthogonale
d’environ 7.8 km à 75 km du radar qui devient environ 500 m sur l’image, à 5 km du
radar. Ceci explique la forme allongée retrouvée par le radar en bande X.
Le problème des échos ambigus en distance est que, mis à part sa forme, la cellule
ainsi détectée possède toutes les propriétés d’une cellule de précipitations normale et
est difficilement identifiable de manière automatique. La Figure IV.7 montre qu’elle
n’est pas éliminée par le filtrage. Néanmoins, ce phénomène a peu d’incidence sur
l’estimation des précipitations parce qu’il est relativement rare que les réflectivités
induites dépassent 30 dBZ à cause de la mauvaise normalisation en inverse du carré de
la distance. Néanmoins, il faut être conscient de ce problème, car lorsqu’une cellule de
précipitations provoquant un tel phénomène se déplace peu, le cumul des précipitations
obtenu peut devenir relativement important.
(a) Réflectivité selon l’azimuth 224◦ le 12-Aug-2007 (b) Réflectivité selon l’azimuth 224◦ le 12-Aug-2007
60 60
13:15:00 13:15:00
13:20:00 13:20:00
13:25:00 13:25:00
50 13:29:59 50 13:29:59
13:34:59 13:34:59
13:40:00 13:40:00
Réflectivité [dBZ]
Réflectivité [dBZ]
40 40
30 30
20 20
10 10
0 0
16 14 12 10 8 6 4 2 16 14 12 10 8 6 4 2
Rang [km] Rang [km]
118 Chapitre IV
12.2 Filtrage des échos parasites superposés aux échos de précipitations
Afin de vérifier la qualité des données du radar en bande X et du filtrage des pics,
on décide de comparer la réflectivité mesurée par les deux radars, d’abord de manière
qualitative, puis de manière statistique.
a) Comparaison qualitative
Fig. IV.10 – Réflectivité mesurée le 12 août 2007 à 15:11:30 dans le champ de vision du
radar en bande X, par le radar POLDIRAD (a), par le radar en bande X (b) et issue de la
moyenne des mesures du radar en bande X sur la grille de données de Poldirad (c).
Les champs de réflectivité des deux radars sont tout à fait comparables, avec plu-
sieurs cellules d’intensités différentes détectées à l’Ouest du radar en bande X. Les
zones de réflectivité que le radar en bande X n’a pas détectées sont en réalité des échos
de sol provoqués par certains sommets des Vosges sur les données de POLDIRAD, et
qui sont également visibles sur la Figure IV.8 au Sud-Ouest de Strasbourg où était
implanté le radar en bande X. Comme les deux radars n’opèrent pas à la même lon-
gueur d’onde, cette comparaison ne peut être que qualitative. Néanmoins, on observe
une sous-estimation de la réflectivité par le radar en bande X de plus de 5 dB, en par-
ticulier pour les fortes réflectivités. Une telle différence ne pouvant être complètement
expliquée par la différence de longueur d’onde, ceci pourrait indiquer une forte atténua-
tion des réflectivités observées par le radar en bande X et/ou un mauvais étalonnage
du radar en bande X, ce que l’on vérifiera dans les Sections 13 et 14.
b) Comparaison statistique
120 Chapitre IV
12.2 Filtrage des échos parasites superposés aux échos de précipitations
(a) 0 (b) 0
10 10
Poldirad Poldirad
Bande X Bande X
Bande X interpolé Bande X interpolé
−1 −1
10 10
Densité de probabilité
Densité de probabilité
−2 −2
10 10
−3 −3
10 10
−4 −4
10 10
10 20 30 40 50 60 10 20 30 40 50 60
Réflectivité Z [dBZ] Réflectivité Z [dBZ]
Fig. IV.11 – Comparaison des densités de probabilité de la réflectivité mesurée par POL-
DIRAD, par le radar en bande X et issue de la moyenne des mesures du radar en bande X
sur la grille de POLDIRAD pour l’évènement de précipitations du 12 août 2007 en entier,
avant (a) et après le filtrage des pics (b).
(a) Evolution temporelle des PDFs de la réflectivité radar (b) Evolution temporelle des PDFs de la réflectivité radar
0 0
60 10 60 10
−1 −1
10 10
40 −2 40 −2
Z [dBZ]
Z [dBZ]
10 10
−3 −3
10 10
20 20
−4 −4
10 10
0 0
12 13 14 15 16 17 12 13 14 15 16 17
Heure UTC du 12/08/2007 Heure UTC du 12/08/2007
122 Chapitre IV
12.2 Filtrage des échos parasites superposés aux échos de précipitations
Z = 200R1.6 . (IV.1)
dans leur globalité sont très proches de celles de la Figure IV.13a mais beaucoup plus
lisses. En revanche, la comparaison détaillée de ces Figures met en évidence le fort
impact des pics de réflectivité aberrants avec des valeurs maximum passant de 30 à
8 mm. De plus, les zones sans précipitation sont maintenant exemptées de toute valeur
isolée.
Dans cette section, on a vu que les données du radar en bande X étaient contaminées
par de nombreux échos parasites. Ces échos ont un fort impact sur les estimations des
précipitations et doivent donc être éliminés. Les méthodes de filtrage utilisées en ce
sens fournissent de bons résultats mais mettent en évidence un mauvais étalonnage
du radar en bande X. Dans les sections suivantes, nous tenterons donc d’étalonner
correctement le radar en bande X après avoir corrigé les données de l’atténuation par
les précipitations.
Ainsi qu’il a été montré dans la Partie 2, l’atténuation des ondes électromagnétiques
est importante pour un radar en bande X et doit être prise en compte. Même, si de
nombreux travaux ont porté sur son estimation, la meilleure méthode de correction
applicable au radar en bande X du LaMP est celle de Hitschfeld et Bordan (1954),
qui date pourtant de plusieurs décennies. En effet, la méthode de Hildebrand (1978)
ne fournit pas de meilleurs résultats (Section 7), tandis que la méthode de Marzoug
et Amayenc (1991) ne permet la correction que jusqu’à une distance où le PIA peut
être estimé directement. Cette méthode pourrait donc être appliquée à la manière
de Delrieu et al. (1999b) mais seulement dans les directions où le faisceau du radar
rencontre des obstacles (comme des montagnes où l’antenne du puy de Dôme, par
exemple). Malheureusement, d’un autre côté, l’élévation du radar en bande X étant
fixe, cette dernière doit être suffisamment grande pour que la portée du radar ne soit
pas limitée par les obstacles rencontrés, amenant à un nombre minimal de directions
où la correction peut-être appliquée.
124 Chapitre IV
13 Calcul de l’atténuation par les précipitations
Fig. IV.14 – Réflectivité mesurée à COPS le 12 août 2078 à 15:11:29 par le radar en bande
X avant (a) et après (c) correction de l’atténuation estimée avec la méthode de Hitschfeld et
Bordan (1954) (b).
Fig. IV.15 – Réflectivité mesurée à CLERMONT le 01 juin 2008 à 21:24:30 par le radar
en bande X avant (a) et après (c) correction de l’atténuation estimée avec la méthode de
Hitschfeld et Bordan (1954) (b). L’échelle de couleur de l’atténuation intégrée qui passe du
bleu au rouge met en avant la limite de correction de l’atténuation à 10 dB.
(a) Correction de l’atténuation pour l’azimuth 152◦ (b) Correction de l’atténuation pour l’azimuth 136◦
60 60
Za Za
PIA PIA
Z Z
50 50
40 40
Intensité [dB]
Intensité [dB]
30 30
20 20
10 10
0 0
0 5 10 15 0 5 10 15
Distance au radar [km] Distance au radar [km]
réalité, le PIA est calculé sans aucune limite, mais la correction appliquée se limite
à 10 dB. Néanmoins, cette méthode de correction présente une limite numérique (le
dénominateur de l’Équation I.38 ne doit pas être négatif) qui implique, qu’avec les
coefficients α et β utilisés, la valeur maximale que le PIA peut atteindre est d’environ
54 dB.
La Figure IV.16 présente cette correction pour le même temps de mesure que la
Figure IV.15 mais pour deux exemples d’azimuts pour lesquels l’atténuation atteint des
valeurs importantes, le premier en direction du Nord-Ouest (Figure IV.16a), le second,
en direction de l’Ouest (Figure IV.16b). Puisqu’une cellule de précipitations se situe
juste au-dessus du radar, la réflectivité mesurée atteint de très fortes valeurs à proximité
du radar dans les deux directions (jusqu’à 55 dBZ). Une telle réflectivité est synonyme
de fortes précipitations qui provoquent forcément une forte atténuation du signal. Dans
la Figure IV.16a, la réflectivité diminue rapidement à partir de 1 km de distance, et
après avoir augmenté rapidement dans le premier kilomètre, le PIA se stabilise à des
valeurs raisonnables de 15 dB. En revanche, dans la Figure IV.16b, la réflectivité reste
élevée jusqu’à près de 2 km, alors, l’atténuation augmente et atteint rapidement des
126 Chapitre IV
13 Calcul de l’atténuation par les précipitations
Fig. IV.17 – Estimation du cumul de précipitation à partir des mesures du radar en bande
X corrigées de l’atténuation pour l’évènement du 01 juin 2008 et comparaisons avec les me-
sures des pluviomètres de Clermont-Communauté : les pluviomètres sont matérialisés par
les triangles renversés en trait noir et dont la couleur de remplissage définit le cumul de
précipitation mesurées, en utilisant la même échelle de couleur que les estimations par le
radar.
à ce qu’elles soient comparables avec les mesures des pluviomètres. Comme le MRR, le
radar en bande X souffre d’un mauvais étalonnage que l’on va tenter d’effectuer dans
la Section suivante.
128 Chapitre IV
14.1 Étalonnage avec les données du site Clermontois
(a) (b)
0.05 0.05
0.04 0.04
Densité de probabilité
Densité de probabilité
0.03 0.03
0.02 0.02
0.01 0.01
0 0
−10 0 10 20 30 40 50 60 −10 0 10 20 30 40 50 60
ZeMRR [dBZ] ZeX [dBZ]
Fig. IV.18 – Densités de probabilité du facteur de réflectivité radar équivalent mesuré par
le MRR (a) et le radar en bande X sans correction de l’atténuation (b) pour l’ensemble des
cas étudiés sur le site Clermontois.
deux radars mais que celui-ci est aussi fonction de l’intensité de la réflectivité observée.
Enfin, on étudiera la variation de l’étalonnage dans le temps (Section 14.1.5).
Dans cette Section, nous allons estimer un biais entre les réflectivités du MRR et
du radar en bande X en reprenant la méthode utilisée pour comparer le Parsivel et le
MRR (Section 10.2). Les Figures IV.18a et b présentent respectivement les PDFs des
réflectivités du MRR et du radar en bande X, respectivement, pour les 11250 valeurs
de mesures communes moyennées sur 30 s (4) . Comme l’étalonnage n’est pas encore
validé, la correction de l’atténuation ne présente aucune garantie d’être correcte. Dans
un premier temps, on utilise donc les données du radar en bande X en négligeant
l’atténuation.
Les PDFs des deux radars sont assez différentes : la PDF du radar en bande X
(Figures IV.18b) est plus étroite, avec des probabilités plus importantes que la PDF
du MRR (Figures IV.18a). Surtout, les extrémités de la PDF du radar en bande X
ont un comportement atypique : la probabilité arrive à zéro de manière nette pour des
valeurs inférieures à 3 dBZ, tandis que les probabilités des fortes valeurs de réflectivité
décroissent de manière beaucoup plus faible que le reste de la PDF. Le comportement
de l’extrémité de la PDF pour les faibles réflectivités s’explique par le filtrage du bruit
(Section 12.1) qui a nécessité la suppression de tous les pixels de réflectivité inférieurs
à 3 dBZ afin d’éliminer correctement les échos parasites en air clair. Alors, même si
ce filtrage élimine quelques pixels de faible réflectivité valables, il est bénéfique puis-
qu’il a permis d’éliminer les nombreux pixels correspondant au bruit du radar, dont les
valeurs allaient jusqu’à environ 12 dBZ, et qui auraient encore plus perturbé la PDF.
Le bon comportement de la PDF pour des intensités comprises entre 3 et 12 dBZ
indique par ailleurs que ce filtrage n’est pas destructeur. Par la suite, on considèrera
que la coupure de la PDF en-dessous de 3 dBZ ne perturbe pas l’étalonnage puisque
les probabilités correspondant aux intensités supprimées auraient de toute manière été
(4). Les volumes d’échantillonnage des deux radars sont suffisamment importants pour fournir des
mesures statistiquement fiables à cette échelle de temps, contrairement au Parsivel, pour lequel
quelques minutes de mesures étaient le strict minimum.
0.1 20
Densité de probabilité
0.06 0
0.04 −10
0.02 −20
0 −30
−30 −20 −10 0 10 20 30 −10 0 10 20 30 40 50 60
ZeMRR -ZeX [dBZ] ZeMRR [dBZ]
Fig. IV.19 – Statistiques de la différence entre les facteurs de réflectivité radar équivalent
mesurés par le MRR et le radar en bande X sans correction de l’atténuation pour l’ensemble
des cas étudiés sur le site Clermontois : densité de probabilité (a) et biais par classes de
réflectivité (b). Sur le graphe (a), les lignes pointillées verticales indiquent les valeurs de
±σ. Sur le graphe (b), les valeurs du biais sont indiquées par les croix tandis que les lignes
verticales représentent l’intervalle de confiance du biais.
130 Chapitre IV
14.1 Étalonnage avec les données du site Clermontois
– De -10 à 10 dBZ, les valeurs mesurées par le radar en bande X sont largement
supérieures à celles du MRR mais ce biais diminue rapidement jusqu’à des valeurs
proches de 0 dB. En réalité, ce n’est pas parce que le MRR sous-estime la réflecti-
vité : ce comportement s’explique par le fait que toutes les valeurs de réflectivité
du radar en bande X inférieures à 3 dBZ ont été supprimées. En effet, pour la
classe de réflectivité de -10 dBZ, les valeurs du radar en bande X correspondantes
sont au minimum supérieures de 13 dB. Il en résulte un biais moyen de plus de
13 dB en valeur absolue, avec un bon intervalle de confiance. Le comportement
du biais dans cette zone n’est donc pas significatif et n’a d’ailleurs que peu de
poids sur le biais global puisqu’on se situe à une des extrémités des PDFs.
– Entre 10 et 40 dBZ, le biais est globalement centré autour de 0 dB mais continue
d’augmenter de manière moins rapide, en passant d’environ -3 dB à +7 dB. Ainsi,
à partir d’une réflectivité de 20 dBZ, c’est le radar en bande X qui sous-estime
la réflectivité. Cette zone correspond au centre des PDFs et regroupe donc la
majorité des mesures, de plus, les intervalles de confiance sont très bons et c’est
donc cette zone qui est la plus significative. Cette variation du biais peut être due
à l’atténuation non prise en compte dans les données du radar en bande X. En
effet, plus les valeurs de réflectivité sont fortes dans le volume commun, plus il y
a de chance que la réflectivité soit forte entre le radar en bande X et le volume
commun, et donc que l’atténuation soit importante. Néanmoins, il faut vérifier
si la seule atténuation peut expliquer une telle variation. C’est ce que l’on fera
dans les sections suivantes.
– Au-delà de 40 dBZ, le comportement n’est pas clair et les niveaux de confiance
sont très faibles. D’après l’étalonnage du MRR (Section 10.2), on sait qu’à de
telles réflectivités, il y a une moins bonne correspondance entre les mesures du
MRR et du Parsivel et que globalement, le MRR sous-estime la réflectivité, sans
doute à cause de l’atténuation. De plus, de la même façon que pour la zone
précédente, il y a plus de chances que l’atténuation entre le radar en bande X et
le volume commun soit importante. Ces incertitudes font que la comparaison des
mesures dans cette zone n’est pas facile mais, comme de telles réflectivités sont
relativement rares (extrémité supérieure des PDFs), cette zone a peu d’impact
sur le biais global.
Globalement, la Figure IV.19b montre que, dans les conditions de cette étude, le
biais entre le MRR et le radar en bande X dépend de la réflectivité. La non prise en
compte de l’atténuation peut expliquer ce comportement. Dans la section suivante, on
va donc répéter cette étude mais, cette fois, en corrigeant l’atténuation dans les données
du radar en bande X.
Dans cette section, on va étudier le biais entre les mesures du MRR et du radar en
bande X, de la même façon que dans la section précédente, mais après avoir corrigé
l’atténuation des mesures du radar en bande X. Pour cela, on applique la correction de
Hitschfeld et Bordan (1954) comme dans la Section 13, puis toutes les mesures ayant
subi une correction de plus de 10 dB sont éliminées. On trouve un biais moyen de
5.83 dB avec un intervalle de confiance de ±0.17 dB et un écart-type de 4.66 dB. Les
résultats sont très légèrement meilleurs qu’en négligeant l’atténuation, ce qui indique
que la correction d’atténuation est bénéfique mais n’a que peu d’effet. Ceci est confirmé
(a) Biais entre le MRR et le X par classes de réflectivité (b) Biais entre le MRR et le X par classes de réflectivité
30 30
20 20
ZeMRR -ZeX [dBZ]
0 0
−10 −10
−20 −20
−30 −30
−10 0 10 20 30 40 50 60 −10 0 10 20 30 40 50 60
ZeMRR [dBZ] ZeMRR [dBZ]
Fig. IV.20 – Biais par classes de réflectivité entre les facteurs de réflectivité radar équivalent
mesurés par le MRR et le radar en bande X après une première correction de l’atténuation
(a), et après plusieurs corrections successives de l’atténuation (b) pour l’ensemble des cas
étudiés sur le site Clermontois.
par les variations du biais en fonction de la réflectivité présentées dans la Figure IV.20a.
Les changements par rapport à la Figure IV.19 sont pratiquement invisibles et les
commentaires que l’on avait faits pour cette Figure sont toujours valables.
132 Chapitre IV
14.1 Étalonnage avec les données du site Clermontois
(a) Biais entre le MRR et le X par classes de réflectivité (b) Biais entre le MRR et le X par classes de réflectivité
30 30
20 20
ZeMRR -ZeX [dBZ]
0 0
−10 −10
−20 −20
−30 −30
−10 0 10 20 30 40 50 60 −10 0 10 20 30 40 50 60
ZeMRR [dBZ] ZeMRR [dBZ]
Fig. IV.21 – Biais par classes de réflectivité avec un ajustement linéaire entre les facteurs de
réflectivité radar équivalent mesurés par le MRR et le radar en bande X après une première
correction de l’atténuation (a), et après plusieurs corrections successives de l’atténuation (b)
pour l’ensemble des cas étudiés sur le site Clermontois.
précédentes, il semblerait qu’un simple biais ne soit pas suffisant pour étalonner le
radar en bande X mais qu’une régression linéaire du type Zcal = aZ + b, où Z est le
facteur de réflectivité radar exprimé en dBZ, décrive correctement le biais. Berne et al.
(2005) ont également été contraints d’utiliser une correction linéaire pour étalonner
un radar en bande X à visée verticale, mais c’est tout de même un signe qu’un des
composants du radar ne fonctionne par correctement. En effet, une multiplication du
facteur de réflectivité radar en dBZ par un facteur a signifie qu’il est à la puissance a
s’il est exprimé en mm6 m−3 . Ceci est inhabituel mais pourrait être envisageable pour
un prototype si, par exemple, l’amplification de la puissance mesurée n’est pas linéaire.
Une autre possibilité est que le radar ait été préalablement étalonné sans éliminer les
pics de réflectivité présents aux hautes réflectivités et dont on a vu l’importance dans
la Section 12.2. En effet, ces pics rehaussent les zones de fortes réflectivités et leur
présence semble liée à l’intensité de cette réflectivité. Ils pourraient donc expliquer les
variations du biais en fonction de la réflectivité.
On a donc décidé de renouveler la méthode itérative précédente mais en étalonnant
le radar en bande X, en utilisant cette fois-ci les coefficients issus d’une régression
linéaire appliquée à la variation par classe de réflectivité, en pondérant chaque biais par
l’inverse de son intervalle de confiance. La Figure IV.21a présente la droite de régression
obtenue à la première itération et montre que la variation du biais est correctement
représentée par cette droite de régression pour des réflectivités supérieures à 10 dBZ.
Après six itérations on obtient des coefficients d’étalonnage stables et égaux à a = 1.37
et b = −0.42 et la Figure IV.21b montre que le biais entre les deux radars est très
proche de 0 dB pour des réflectivités supérieures à 10 dBZ. Ces coefficients permettent
donc d’étalonner le radar en bande X de manière tout à fait convenable.
Tab. IV.1 – Statistiques de chaque évènement utilisé pour le calcul des statistiques moyennes
permettant l’étalonnage du radar en bande X.
de confiance pour tous les cas pris individuellement. Les résultats sont présentés dans
le Tableau IV.1. Il est difficile de se faire une idée de la variation de l’étalonnage en
observant les variations des coefficients de la régression linéaire. En effet, une variation
forte des deux coefficients en sens opposés (comme c’est le cas pour le 01 septembre
2009) n’indique pas forcément une forte variation de l’étalonnage. C’est pourquoi, le
biais et son intervalle de confiance estimés par la première méthode d’étalonnage ont
été ajoutée à ce tableau même si ce n’est pas celui-ci qui est utilisé pour étalonner le
radar. Ce tableau montre que le biais retrouvé au cas par cas est cohérent mais varie
tout de même de 3.83 dB à 7.84 dB. On observe donc de fortes variations mais aucune
tendance qui indiquerait une variation de l’étalonnage du radar en bande X dans le
temps.
Les travaux de la section précédente nous ont permis d’étalonner le radar en bande
X à partir des mesures du MRR. Le MRR ayant lui même été étalonné à partir des
mesures du Parsivel, on peut considérer que le radar en bande X est étalonné de manière
absolue pour les données du site Clermontois. Mais, on souhaite étudier les données
de la campagne COPS. Or, le disdromètre Joss-Waldvogel placé au pied du MRR
pendant cette campagne ne fonctionnait pas. On décide donc de renouveler l’étalonnage
du radar en bande X à partir du MRR pour l’ensemble des données de la campagne
COPS. Si l’écart entre les deux radars est le même, alors on pourra considérer que
l’étalonnage des deux radars n’a pas varié entre la campagne COPS et le retour sur le
site Clermontois. Afin de pouvoir comparer facilement les paramètres de l’étalonnage,
on cherche à retrouver un simple biais entre les deux radars (Section 14.2.1) avant de
calculer des coefficients de régression (Section 14.2.2), comme précédemment.
134 Chapitre IV
14.2 Étalonnage avec les données de la campagne COPS
0.14
20
0.12
Densité de probabilité
0.08 0
0.06
−10
0.04
−20
0.02
0 −30
−30 −20 −10 0 10 20 30 −10 0 10 20 30 40 50 60
ZeMRR -ZeX [dBZ] ZeMRR [dBZ]
Fig. IV.22 – Statistiques de la différence entre les facteurs de réflectivité radar équivalents
mesurés par le MRR et le radar en bande X après plusieurs corrections successives de l’atté-
nuation pour l’ensemble des cas étudiés lors de la campagne COPS : densité de probabilité
(a) et biais par classes de réflectivité (b).
La PDF de la différence entre les mesures des deux radars pour l’ensemble de la
campagne COPS est présentée dans la Figure IV.22a. Le biais moyen utilisé pour
étalonner les données du radar en bande X afin de ramener cette distribution centrée
sur 0 dB est de 7.78 dB, avec un intervalle de confiance de 0.12 dB et un écart-type
de 3.71 dB après 4 itérations. Ce biais est plus grand de plus de 2 dB que celui trouvé
avec les données du site Clermontois (Section 14.1.3), ce qui semblerait indiquer que
l’étalonnage d’un ou des deux radars a changé lors de leur déplacement.
En revanche, la variation du biais en fonction de la réflectivité (Figure IV.22b) est
semblable à celle que l’on a retrouvé avec les données du site Clermontois à l’exception
que le biais semble à peu près stabilisé autour de 0 dB pour des classes de réflectivité
allant de 12 à 30 dBZ.
0.14
20
0.12
Densité de probabilité
0.08 0
0.06
−10
0.04
−20
0.02
0 −30
−30 −20 −10 0 10 20 30 −10 0 10 20 30 40 50 60
ZeMRR -ZeX [dBZ] ZeMRR [dBZ]
Fig. IV.23 – Statistiques de la différence entre les facteurs de réflectivité radar équivalent
mesurés par le MRR et le radar en bande X après plusieurs corrections successives de l’atté-
nuation pour l’ensemble des cas étudiés lors de la campagne COPS : densité de probabilité
(a) et biais avec un ajustement linéaire du biais par classes de réflectivité (b).
136 Chapitre IV
15 Dérive de l’étalonnage du radar en bande X
Fig. IV.24 – Estimation du cumul de précipitation à partir des mesures du radar en bande
X étalonné avec (b) et sans (a) prise en compte de l’atténuation pour l’évènement du 01 juin
2008, et comparaisons avec les mesures des pluviomètres de Clermont-Communauté.
cette altitude. Mais, l’observation des mesures du MRR pour ce cas montre que cette
altitude est de 2200 m au-dessus du MRR, ce qui est trop haut pour qu’elle soit atteinte
par le faisceau du radar en bande X (voir Figure II.11). La seule explication est donc
que le signal mesuré par le radar en bande X subit une forte atténuation.
La Figure IV.24b présente cette fois le cumul de précipitation, après étalonnage du
radar en bande X tenant compte de l’atténuation et de sa correction. On s’aperçoit que
la correction d’atténuation fonctionne (le cercle bleu marine s’élargit légèrement) mais
que les différences sont très minimes et que le problème d’atténuation est toujours
présent. Une raison possible pour expliquer ce problème est que le lourd traitement
pour le filtrage des données peut conduire à une perturbation de la correction de
l’atténuation. Mais, en observant les données de réflectivité mesurées lors de ce cas
de précipitation, on s’aperçoit que les cellules de précipitation n’apparaissent pas aux
distances les plus lointaines que couvre le radar en bande X mais à des distances plus
proches. Ceci est dû au fait que le signal est tellement atténué qu’il n’est pas détecté
par le radar, et il est impossible de le corriger. Même si ces cellules ne sont pas celles qui
contribuent le plus au cumul de précipitation, l’ensemble de ces sous-estimations créé
un déficit de cumul aux plus grandes distances. Cette Figure montre donc que le cumul
estimé par le radar en bande X n’est pas toujours valide aux grandes distances, et que
les comparaisons doivent être faites à moins de 10 km de distance. D’ailleurs, la bonne
correspondance des cumuls de précipitation mesurés par les pluviomètres permet de
confirmer la validité de l’étalonnage du radar en bande X.
60
Réflectivité du Puy-de-Dôme [dBZ]
05/10/2007
50 17/03/2009
30/05/2007
40
30
20 20/11/2007
31/12/2008
02/01/2008
10 01/03/2007
0
01/01/2007 01/01/2008 01/01/2009 01/01/2010
Fig. IV.25 – Variation de la moyenne des échos mesurés au niveau de la position du puy
de Dôme, et permettant d’évaluer la dérive de l’étalonnage du radar en bande X.
étudier la réflectivité moyenne d’une zone affectée par de forts échos de sol comme l’on
fait van de Beek et al. (2010).
La série de mesures disponible la plus longue est celle du site clermontois, puisque
l’on possède 3 ans de données pratiquement sans interruption. On a sélectionné une
zone de 7 azimuts par 9 portes correspondant à la position du puy de Dôme et on a
calculé la moyenne des échos mesurés dans cette zone pendant toute la série de mesures,
sans supprimer la carte d’échos de sol (Section 3.1). Cette moyenne a été effectuée
directement en dBZ pour ne pas donner trop de poids aux échos les plus intenses. La
Figure IV.25 présente la variation de cette moyenne pendant trois ans du 1 janvier 2007
au 1 janvier 2010. On observe que la valeur moyenne de l’écho est globalement stable
mais qu’elle présente plusieurs discontinuités pour lesquelles le niveau moyen change
de plusieurs dBZ. Ces discontinuités sont mises en valeur par des flèches indiquant leur
date précise. On peut retrouver une explication à la plupart de ces discontinuités :
– 01/03/2007 : Un vent fort a fait basculer la tourelle où est fixé le radar sur son
axe. Lorsqu’elle a été remise en place, le radar ne s’est pas retrouvé exactement
avec la même visée, malgré les efforts fait pour cela. Les pixels sélectionnés ne
correspondant plus exactement à la même zone, on observe une discontinuité de
plusieurs dBZ à cette date.
– 30/05/2007 au 05/10/2007 : Le radar a été déplacé dans le cadre de sa partici-
pation à la campagne COPS. L’antenne a donc été démontée puis remontée.
– 20/11/2007 au 02/01/2008 : Le processeur utilisé pour le traitement du signal
est tombé en panne et le radar a donc été envoyé en réparation pour deux mois.
– 31/12/2008 : Les mesures autour de cette date montrent d’abord une diminution
de l’écho de plusieurs dBZ pendant plusieurs jours, puis une forte augmentation,
définitive. Ces discontinuités sont apparues sans raisons et aucune explication n’a
été trouvée à ce jour.
– 17/03/2009 : Cette discontinuité montre une augmentation de l’écho de plusieurs
dBZ, qui dure environ deux mois avant de diminuer progressivement sur plusieurs
jours pour retrouver le niveau précédent. Cette variation temporaire peut être due
à une perturbation extérieure comme par exemple le chantier de la rénovation du
chalet de l’Observatoire de Physique du Globe (OPGC).
Par ailleurs, en plus de ces fortes discontinuités, on observe des variations ponc-
tuelles de l’écho du puy de Dôme. La plupart de ces variations peut être expliquée par
138 Chapitre IV
16 Conclusion
la présence de pluie. En effet, l’écho peut être rehaussé par la mesure de pluie dans
le faisceau du radar ou par l’humidification du sol après le passage d’une pluie. Au
contraire, cet écho peut également être rabaissé en cas de présence d’une forte cellule
de précipitation entre le radar et l’écho, à cause de l’atténuation mais aussi, à cause
du problème de l’amplification non linéaire du signal décrit dans la Section 3.1. Les
journées où l’observation des champs de réflectivité radar indique la présence de préci-
pitations ont donc été identifiées et sont mises en valeur par des points rouges. Ainsi,
la présence de précipitations explique la plupart des variations ponctuelles de l’écho. Il
reste néanmoins quelques variations qui ne peuvent être expliquées.
En conclusion, cette Figure montre que la mesure du radar en bande X est globale-
ment stable, mais on constate quelques variations subites ponctuelles ou définitives qui
sont inexpliquées. Une de ces variations est peut-être la raison pour laquelle le biais
entre les mesures du radar en bande X et du MRR change entre la campagne COPS
et le site Clermontois.
16 Conclusion
Dans ce Chapitre, on a mis en évidence la contamination des mesures du radar en
bande X par de nombreux parasites qui peuvent avoir un impact fort sur l’estimation
des précipitations. Les données utilisées proviennent d’un prototype de radar en bande
X qui a été remplacé par un radar de nouvelle génération (5) . Il est donc impossible
d’effectuer des tests en amont sur le radar (comportement du contrôle de gain, linéarité
du récepteur, etc.) afin de tenter d’expliquer les comportement observés dont l’origine
pourrait être interne au radar, comme les pics de réflectivité, l’étalonnage dépendant
de la réflectivité ou les variations de l’étalonnage dans le temps.
Alors, afin d’éliminer ces échos parasites, on a mis au point une méthode de filtrage
basée sur des hypothèses simples mais impliquant un lourd traitement des données.
Le traitement d’une image est augmenté d’environ 1 min. Ce filtrage reposant sur de
nombreux paramètres dépendant de l’étalonnage du radar, il ne peut pas être facilement
généralisable, mais il donne de bon résultats, autant pour les données de la campagne
COPS que pour les données du site Clermontois. Par la suite, le radar en bande X a
été étalonné en comparant ses mesures avec celles du MRR dans leur volume commun.
Pour cela, il a été nécessaire de prendre en compte l’atténuation par les précipitations.
Après l’étalonnage, nécessitant une correction linéaire de la réflectivité mesurée par le
radar en bande X, les mesures des deux radars sont comparables. Malheureusement, la
relation entre les réflectivités des deux radars utilisée pour effectuer l’étalonnage n’est
pas la même pour les deux séries de données. En effet, les mesures du radar en bande X
montrent des variations subites ponctuelles ou définitives qui peuvent expliquer cette
différence. Mais, étant donné que le disdromètre utilisé lors de la campagne COPS ne
fonctionnait pas, il s’avère donc qu’un étalonnage absolu des radars pour cette période
est difficilement réalisable de manière précise.
(5). Il est important de noter ici que la qualité des mesures du radar en bande X nouvelle génération
est bien meilleure, et qu’a priori, une bonne partie des artefacts observés ici ont disparus
141
17 Variabilité de la distribution de gouttes et son influence sur les relations Z-R
nombreux auteurs se sont intéressés de près à ce sujet. Beaucoup d’efforts ont été faits
pour représenter la forme de la distribution de gouttes de manière mathématique et
comprendre sa variabilité.
Une des formes les plus utilisées pour représenter la DSD est la distribution ex-
ponentielle N (D) = N0 exp (−ΛD), où N0 = N (0) est le paramètre d’ordonnée à
l’origine et Λ est le paramètre de pente. Marshall et Palmer (1948) ont montré que
pour des taux de précipitation faibles à modérés, la distribution de gouttes est raison-
nablement proche d’une distribution exponentielle et coupe l’axe des ordonnées à une
valeur N0 fixe égale à 8×103 mm−1 m−3 . Ils en déduisent une paramétrisation simple
où la pente Λ est simplement fonction du taux de précipitation R selon Λ = 4.1R0.21
(Figure V.1). On peut noter que les ajustements de Marshall et Palmer (1948) sont des
extrapolations aux diamètres inférieurs à 1 mm puisqu’ils n’ont aucune donnée pour
de tels diamètres. En réalité, il a été montré qu’une paramétrisation exponentielle tend
à surestimer le nombre de petites gouttes (Uijlenhoet et al., 2003b).
142 Chapitre V
17.1 Les formes et paramétrisations de la DSD
a) Paramétrisation lognormale
Une des tentatives pour tenir compte de la forme de la DSD avec trois(paramètres a )
été d’utiliser une distribution lognormale de la forme N (D) = N0 D−1 exp −c ln2 [D/Dg ]
avec trois paramètres N0 , c et Dg (Feingold et Levin, 1986). Mais, même si cette fonction
approxime bien la forme des DSDs, elle ne se réduit pas à une distribution exponentielle
comme cas particulier.
L’effet de la troncature de la DSD à des diamètres Dmin et Dmax , qui peut être due,
soit à un problème instrumental, soit à un phénomène naturel, a été étudié par Ulbrich
(1985). Il apparaît que la troncature n’affecte pas l’exposant b et que ses effets sont
contenus entièrement dans le facteur a. Pour les précipitations courantes, ils peuvent
même être négligés. Ceci signifie que lorsque D est plus grand que Dmax , N (D) est
tellement faible que la contribution totale des gouttes de ce diamètre peut être né-
gligée. L’avantage d’utiliser une distribution gamma est que, lorsque µ augmente, la
distribution devient plus étroite, comme si elle était effectivement tronquée.
144 Chapitre V
17.1 Les formes et paramétrisations de la DSD
Bien que des méthodes de normalisation aient été proposées plus tôt, la loi d’échelle
de Sempere Torres et al. (1994) présente un grand intérêt puisqu’elle permet de relier
directement les coefficients de la relation Z-R à la DSD. C’est donc cette normalisation
que l’on décrira en priorité.
v = cDd . (V.3)
Bien que des relations plus sophistiquées aient été proposées, la forme en puissance est
la seule forme compatible avec des relations de puissance entre les moments de la DSD,
notamment entre Z et R.
Alors, toutes les distributions proposées précédemment peuvent être représentées
par une expression générale qui dépend du diamètre des gouttes et du ième moment de
la DSD : ( )
N (D, Mi ) = Miα g DMi−β (V.4)
où les puissances de normalisation α et β sont constantes et g (x) est la distribution
de gouttes générale en fonction du diamètre des gouttes normalisé x = D/Mi−β . En
pratique, on utilise le taux de précipitation comme variable de référence. Alors, si l’on
insère l’expression V.4 dans la définition du facteur de réflectivité radar (Équation I.17),
on obtient : ∫ +∞ ( )
Z= Rα g DR−β D6 dD = aRb (V.5)
0
où
∫ +∞
a= g (x) x6 dx (V.6)
0
b = α + 7β. (V.7)
Ainsi, le facteur de la relation Z-R est entièrement déterminé par la forme de la dis-
tribution de goutte générale alors que l’exposant est entièrement déterminé par une
combinaison linéaire des puissances de normalisation. De la même manière, si l’on
insère l’expression V.4 et la relation exponentielle entre la vitesse de chute et le dia-
mètre (Équation V.3) (1) dans la définition du taux de précipitation (Équation I.4), cela
fournit les équations d’auto-consistance (2) :
∫ +∞
−4
6π × 10 c x3+d g (x) = 1 (V.8)
0
α + (4 + d) β = 1. (V.9)
146 Chapitre V
17.2 L’influence des processus microphysiques sur la forme de la DSD
Fig. V.3 – Illustration de la méthode utilisée pour normaliser la DSD en utilisant la loi
d’échelle (Figures issues de Sempere Torres et al., 1994).
leurs données, et concluent donc que leurs deux paramètres (le contenu en eau liquide
et le diamètre volumique moyen) sont suffisants pour capturer toute la variabilité de la
DSD. De plus, Lee et al. (2004) montrent que les formulations de Sempere Torres et al.
(1994) et Testud et al. (2001) sont chacune des cas particuliers d’une normalisation
plus générale.
L’objectif de cette thèse n’est pas d’étudier la paramétrisation de la DSD, mais cette
étude bibliographique a permis de cerner l’état des connaissances de la communauté
scientifique sur ce sujet et donc de mieux appréhender sa variabilité. L’étape suivante
est de relier cette variabilité à la microphysique des processus formant les précipitations
et aux relations Z-R.
Fig. V.4 – Description schématique de l’effet de processus variés sur la forme de la DSD.
Figure issue de Rosenfeld et Ulbrich (2003).
Collection (Figure V.4d) : La collection des gouttelettes nuageuses par des gouttes
de pluie tend à augmenter la taille des gouttes de pluie sans modifier leur nombre,
la concentration des gouttes de pluie reste donc constante. Rosenfeld et Ulbrich
(2003) en concluent que µ est constant, D0 augmente et N0 diminue. Ainsi le
facteur a augmente tandis que l’exposant b subit peu de changements.
Vent ascendant (Figure V.4f) : Seules les plus grosses gouttes ont des vitesses de
chute qui peuvent dominer un faible vent ascendant. On observe donc une di-
minution du nombre de petites gouttes aux altitudes les plus basses. L’effet est
donc similaire à celui de l’évaporation.
Vent descendant (Figure V.4g) : Un vent descendant augmente le flux des gouttes
de tout diamètre, mais l’effet sur la forme de la DSD est incertain.
Tri des gouttes selon leur taille (Figure V.4h) : Le tri des gouttes par le vent
va faire tendre la DSD vers une distribution monomodale, avec une forte aug-
mentation de µ et une diminution de la concentration des gouttes. En revanche,
l’effet sur D0 et sur les coefficients de la loi Z-R associée va dépendre de la zone
de précipitations observée.
148 Chapitre V
17.3 Interprétation microphysique des relations Z-R
En principe, les coefficients a et b sont obtenus en combinant les mesures d’un radar
et d’un pluviomètre au sol. Les différences dans les caractéristiques d’échantillonnage
de ces instruments peuvent porter préjudice à la représentativité de ces coefficients.
Beaucoup d’auteurs utilisent donc les mesures de disdromètres qui fournissent le taux
de précipitation et permettent aussi d’estimer la réflectivité. Mais, là encore, les estima-
tions dépendent du type de disdromètre utilisé, de la méthode mathématique appliquée
pour déterminer ces coefficients et de la représentativité des mesures d’un disdromètre
par rapport aux mesures d’un radar.
De nombreuses méthodes ont été proposées pour déduire des relations Z-R de don-
nées expérimentales. Campos et Zawadzki (2000), Tokay et al. (2001) et Tokay et al.
(2009) évaluent l’impact du choix de la méthode sur les relations obtenues.
Les relations Z-R sont traditionnellement déduites d’une régression linéaire dans
l’espace log (R) et log (Z). La régression linéaire ajuste une droite qui minimise les
écarts en ordonnée entre les points de mesure et la droite d’ajustement. La droite re-
trouvée n’est alors pas la même selon que l’une ou l’autre des variables est placée en
ordonnée (on dit que c’est la variable dépendante). Tokay et al. (2001) montrent que
le choix de la variable dépendante pour l’estimation des relations Z-R est important
puisque les différences sont aussi grandes que si on avait affaire à des types de pré-
cipitations différents. Ils conseillent d’utiliser le taux de précipitation comme variable
dépendante. Comme en général, la variable recherchée est R, le choix de minimiser les
écarts sur R est tout à fait logique.
Par ailleurs, le fait de faire une régression dans un espace logarithmique comprime
l’échelle et donne autant de poids aux faibles taux de précipitation qu’aux taux im-
portants. Or, comme les pluies intenses sont rares, une relation Z-R déduite d’une
régression linéaire est plus adaptée aux faibles précipitations. Tokay et al. (2001) pro-
posent donc d’utiliser une régression non linéaire qui minimise les écarts dans l’espace
R-Z et donne donc plus de poids aux fortes précipitations. Ils trouvent effectivement de
meilleures estimations en utilisant une régression non linéaire. Pourtant, la droite ob-
tenue semble moins bien ajustée aux données qu’avec une régression linéaire. En effet,
cette droite provoque une forte surestimation des faibles précipitations et ne semble
pas adaptée à une utilisation généralisée.
Par ailleurs, Rosenfeld et al. (1993) proposent une méthode de dérivation de loi Z-R
en mettant en relation les pourcentiles des densités de probabilité des deux variables.
Cette méthode ne produit pas une droite mais une fonction dont la forme est variable.
Pour une distribution donnée, la gamme des coefficients des lois Z-R est limitée.
Par exemple, pour une distribution lognormale, Smith et Krajewski (1993) montrent
que l’exposant b ne peut varier qu’entre 1 et 3.125, tandis que pour une distribution
gamma, Steiner et al. (2004) affirment qu’il est toujours compris entre les valeurs 1 et
1.8.
L’étude des coefficients des lois Z-R montre que les orages sont associés à des grandes
valeurs du facteur a (300-1000) et des valeurs modérées de l’exposant b (1.25-1.65) alors
que a et b sont, tous les deux, un peu plus faibles pour des averses. Pour des pluies
continues, a est généralement plus faible, tandis que les valeurs de b s’étendent sur une
plus large gamme (1-2). De plus, certains auteurs introduisent un type de précipitations
de transition entre convectif et stratiforme pour lequel a est généralement le plus faible
et b est intermédiaire (Atlas et al., 1999; Uijlenhoet et al., 2003b). Par ailleurs, en
général, on observe une dépendance en inverse de a sur b, c’est-à-dire, que de grandes
valeurs de a correspondent à des petites valeurs de b, et inversement (Fujiwara, 1965).
Jameson et Kostinski (2001) affirment que, pour des précipitations non-homogènes,
la relation Z-R n’a qu’un sens statistique. Elle a un réel sens physique lorsque les préci-
pitations sont homogènes et, dans ce cas, l’exposant b doit être égal à 1. Dans certains
cas, certains auteurs retrouvent effectivement des relations Z-R linéaires (List, 1988;
Zawadzki et de Agostinho Antonio, 1988). Ce comportement est typique de ce qu’on
appelle la distribution à l’équilibre où les processus de collisions-coalescence s’équi-
librent exactement avec la rupture des gouttes. Ce phénomène a été décrit en détail
par Hu et Srivastava (1995). Si de telles conditions existent réellement, on les trouve
certainement dans les pluies tropicales intenses ou les systèmes orageux intenses et
durables des moyennes latitudes (Steiner et al., 2004). Dans ces conditions, le diamètre
moyen des gouttes reste constant pour un orage donné, même si, cette taille peut varier
d’une situation à une autre. Ainsi, même dans ces conditions idéales, il n’y a pas de
relation Z-R unique : le facteur a dépend du diamètre moyen de la DSD (Uijlenhoet
et al., 2003a).
Rosenfeld et Ulbrich (2003) discutent des différences en terme de relations Z-R entre
les précipitations maritimes, continentales, convectives, de transition, stratiformes et
orographiques. Ils montrent qu’une telle classification peut expliquer la variabilité de
R pour un Z donné, d’un facteur 1.5 à 2 en distinguant les précipitations convectives
et stratiformes, de plus d’un facteur 3 en distinguant les précipitations continentales
et maritimes et d’un facteur 10 dans le cas de précipitations orographiques.
Lee et Zawadzki (2005b) font une analyse systématique de 5 ans de données de
précipitations mesurées à l’aide d’un disdromètre. Ils montrent que les cumuls de pré-
cipitations journaliers estimés avec une relation Z-R globale ont un biais important à
cause de la variabilité journalière de la DSD, mais que l’utilisation de lois Z-R jour-
nalières n’améliore pas les estimations. En effet, la majeure partie de la variabilité de
la DSD a son origine entre les différents cas de précipitations dans un même jour ou
même au cours d’un seul cas. Lee et Zawadzki (2005b) concluent que cette variabilité
vient principalement des différents processus physiques modelant la DSD et arrivent
à obtenir des estimations correctes après une identification précise de ces différents
processus physiques en utilisant les mesures d’un radar UHF colocalisé.
150 Chapitre V
18 Analyse détaillée des précipitations mesurées lors de la campagne COPS
Fig. V.5 – Correspondance entre les précipitations mesurées par le MRR dans la porte
3 après son étalonnage et par le pluviomètre colocalisé : cumuls de chaque évènement (à
gauche), taux de précipitation moyens sur 15 min (à droite). Chaque rond représente un
point expérimental. La droite en trait continu représente l’ajustement linéaire par ces points,
tandis que la droite en trait pointillé (confondue avec la droite en trait continu à gauche) est
la droite y = x. Les informations de l’ajustement sont affichées dans la figure.
ont été utilisées pour étalonner le MRR. Étant donné que l’effet de l’étalonnage sur le
taux de précipitation déduit par le MRR n’est pas linéaire, il est nécessaire d’ajuster cet
étalonnage plusieurs fois. Après plusieurs étapes successives, on obtient une droite de
régression confondue avec la droite y = x (Figure V.5 à gauche). De la même manière
que pour l’étalonnage à partir du Parsivel, il a suffit d’un simple biais pour étalonner
le MRR. Ce biais est égal à +1.8 dB. En revanche, la comparaison des taux de précipi-
tation (Figure V.5 à droite) montre une faible corrélation (r2 = 0.426), et même après
l’étalonnage, la droite de régression est loin de la droite y = x. Ce comportement est
sans doute dû à la forte hétérogénéité des précipitations.
152 Chapitre V
18.2 Variabilité inter-évènements
3 2
10
Z= 200R1.6 Z= 200R1.6
Taux de précipitations R [mmh−1 ]
Z= 372R1.36 Z= 372R1.36
1.6
1
10
1.4
0
10
1.2
−1
10 0 2 4 6 1 2 3
10 10 10 10 10 10
Facteur de rélectivité radar Z [mm6 m−3 ] Facteur de la relation Z-R, A
Fig. V.6 – Les différentes lois Z-R retrouvées à partir des mesures de la porte 6 du MRR,
lors de la campagne COPS : variabilité de ces relations dans l’espace log (R) − log (Z) (à
gauche) et variabilité des coefficients associés (à droite). La loi de Marshall et al. (1955) et
ses coefficients sont tracés en bleu. La loi moyenne des lois Z-R mesurées lors de la campagne
COPS et ses coefficients sont tracés en rouge. Les coefficients des lois Z-R sont classifiés selon
le type de précipitations : orages (triangles), stratiforme (étoiles), convection imbriquée dans
des précipitations stratiformes (losanges), averses (carrés), pas de type privilégié (points).
On remarque que les relations Z-R obtenues (Figure V.6 à gauche) ont une varia-
bilité aussi importante que celle trouvée par Uijlenhoet (2001), même si, dans notre
cas, les données sont issues d’une position géographique fixe, pendant un été, et avec le
même instrument. Néanmoins, on observe une enveloppe générale dans laquelle sont in-
clues toutes les relations. Cette enveloppe ne semble pas centrée autour de la relation de
Marshall et al. (1955) (en bleu). En effet, les relations dérivées avec le MRR semblent
associer un facteur de réflectivité radar trop grand pour les faibles taux de précipi-
tation. Ainsi, en moyennant les coefficients de toutes les relations obtenues (en leur
donnant à chacune un poids identique), on obtient des paramètres a = 372 et b = 1.36,
légèrement différents de la relation de Marshall et al. (1955). De la même manière,
les coefficients des relations Z-R (Figure V.6 à droite) montrent la même dispersion
que celle de Uijlenhoet (2001). De plus, cette Figure confirme que les coefficients des
relations déduites du MRR ne semblent pas centrées autour de ceux de la relation de
Marshall et al. (1955) : le facteur semble plus élevé, tandis que l’exposant semble plus
faible. Une explication possible est que l’on fait la régression entre des données issues
du même volume de mesure, alors que classiquement, les relations Z-R sont détermi-
nées entre des réflectivités mesurées en altitude et des taux de précipitation mesurés
au sol. Une autre explication serait que, dans le traitement des données du MRR, la
méthode de déduction des paramètres Z et R ne tient pas compte de certains facteurs,
comme l’effet d’un vent vertical modéré (ne produisant pas de repliement) et l’effet de
la turbulence (Chapitre III). Ceci indiquerait que le MRR n’est pas forcément adapté
pour déduire des relations Z-R tant que ces problèmes n’auront pas été résolus.
De plus, dans la Figure V.6 (à droite), on a tenté de classifier ces lois Z-R selon le
type de précipitations telles qu’on les identifie à l’aide de l’évolution du profil vertical
de réflectivité. Un profil de réflectivité ne permettant pas de distinguer un type de
précipitations orographiques, aucune classification de ce type n’a été produite. Alors,
9 cas peuvent être associés à des averses, 11 à des pluies stratiformes, 2 à des pluies
orageuses et 7 à des pluies convectives imbriquées dans des précipitations stratiformes.
Tab. V.1 – Statistiques des évènements utilisés pour étudier la variabilité des relations Z-R
à partir des données de la porte 6 du MRR : le nombre d’observations (Nb obs), le cumul
(en mm), le type de précipitations (A pour averse, S pour stratiforme, C pour convectif, EC
pour convection imbriquée et ? pour un type non déterminé), les facteurs de réflectivité radar
médian et maximum (Zmed et Zmax en dBZ), les taux de précipitation médian et maximum
(Rmed et Rmax en mm h−1 ) et les coefficients de la relation Z-R associée (a et b).
Les relations restantes ne peuvent pas être associées à un type de précipitations unique.
Dans une Figure similaire, Uijlenhoet (2001) observe que les seuls cas de précipitations
convectives et orographiques ont tendance à se regrouper dans certaines zones de ce
graphe, c’est-à-dire, qu’il existe des couples privilégiés d’exposant et de facteur pour ce
type de précipitations. Or, notre série de données ne permet pas de distinguer des types
de pluies orographiques. On ne peut donc pas vérifier les propriétés des coefficients de ce
type de pluie. En revanche, conformément à ce que l’on retrouve dans la littérature (voir
Section 17.3.2), les pluies orageuses sont associées à des valeurs élevées de a (> 1000) et
faibles de b (≈ 1.2) tandis que pour les pluies stratiformes, a est faible (≈ 300) et b est
relativement variable (entre 1.1 et 1.8). Par ailleurs, comme on peut s’y attendre, les
coefficients des relations correspondant aux cas de précipitations convectives imbriquées
dans des précipitations stratiformes présentent des valeurs intermédiaires. Enfin, les
coefficients des relations correspondant à des averses présentent une forte variabilité
(de 200 à 1000 pour a et de 1 à 1.8 pour b).
154 Chapitre V
18.3 Variabilité verticale
Par ailleurs, il semble que le choix de l’altitude des données utilisées pour déterminer
les lois Z-R est important : si on avait effectué cette étude avec les données d’une porte
différente, les coefficients obtenus seraient sensiblement différents. Alors, il semblerait
qu’il y ait une variation significative de la réflectivité et/ou du taux de précipitation
en fonction de l’altitude. Cette variabilité verticale va être étudiée dans le paragraphe
suivant.
1000 1000
0.02 < R < 0.2 0.02 < R < 0.2
0.2 < R < 2 0.2 < R < 2
2 < R < 20 2 < R < 20
800 20 < R < 200 800 20 < R < 200
Altitude [m]
Altitude [m]
600 600
400 400
200 200
0 1 0 −2 −1 0 1 2
2 3 4 5
10 10 10 10 10 10 10 10 10 10
Facteur de réflectivité radar [dBZ] Taux de précipitations [mm h−1 ]
Fig. V.7 – Profils moyens pour l’ensemble des données (en noir) et par classe d’intensité
des précipitations au sol (voir légende), du facteur de réflectivité radar (a) et du taux de
précipitation (b) mesurés par le MRR lors de la campagne COPS.
on n’observe pas d’effet moyen. Par ailleurs, les valeurs du taux de précipitation n’au-
raient aucune signification physique à ces altitudes. De plus, il faut ignorer les valeurs
correspondant aux deux premières portes (100 et 200 m d’altitude) puisqu’on sait que
les données correspondant à ces altitudes peuvent être contaminées par des spectres
images en cas de précipitations très intenses (Section 9). Ceci explique directement le
comportement irrégulier des profils de réflectivité radar et du taux de précipitation à
ces altitudes, notamment pour les classes les plus intenses.
Entre 300 et 1000 m, les profils moyens (en noir) sont constants à environ 28 dBZ
pour le facteur de réflectivité radar et à 1.1 mm h−1 pour le taux de précipitation. Les
profils du facteur de réflectivité radar de chaque catégorie sont également pratiquement
constants, à l’exception de la catégorie la plus faible qui montre une forte diminution
avec l’altitude. En revanche, les profils du taux de précipitation par catégorie varient
avec l’altitude : en particulier, le profil de la catégorie la plus faible montre une forte
diminution, et le profil de la catégorie la plus intense montre une forte augmentation.
La diminution du taux de précipitation de la catégorie la plus faible est due à l’éva-
poration des plus petites gouttes de pluie. En revanche, l’augmentation du taux de
précipitation de la catégorie la plus intense est suspecte. Peters et al. (2005) observent
le comportement inverse (diminution dans la catégorie la plus forte) mais expliquent
qu’il n’est pas non plus physiquement raisonnable. Il apparaît donc que les profils
de précipitations sont peu stables à de telles intensités. Nous allons tenter de com-
prendre l’origine de ce comportement. Comme le profil de réflectivité de la catégorie
correspondante est relativement constant, la cause n’est pas une sous-estimation de
l’atténuation. Une explication possible serait qu’il y ait une forte efficacité du proces-
sus de collision-coalescence pour ces profils. Ce processus est d’autant plus actif qu’il y
a une forte quantité d’eau condensée disponible. Donc, une forte efficacité impliquerait
l’association de nuages bas de type brouillards à ces précipitations intenses. Mais, ces
deux conditions météorologiques sont incompatibles et cette hypothèse ne semble pas
raisonnable. Alors, il faut noter que cette catégorie n’est composée que de 25 profils. De
plus, en inspectant ces profils un à un, on s’aperçoit que seuls six d’entre eux montrent
ce comportement (augmentation du taux de précipitation alors que la réflectivité est
constante). Alors la visualisation du profil du spectre de réflectivité correspondant (Fi-
gure V.8) montre que deux raisons ayant le même effet expliquent ce comportement.
156 Chapitre V
18.4 Variabilité intra-évènements
Height [m]
1000 1000
900 900
800 800
700 700
600 600
500 500
400 400
300 300
200 200
100 100
0 0
0 500 1000 1500 2000 0 500 1000 1500 2000
Fréquence Doppler fD [Hz] Fréquence Doppler fD [Hz]
Fig. V.8 – Profils du spectre de réflectivité mesuré par le MRR et montrant un déficit de
petites gouttes à cause d’un vent vertical descendant (à gauche) et à cause du tri des gouttes
par leur taille (à droite).
La première raison (Figure V.8 à gauche) est qu’un vent vertical descendant s’in-
tensifie avec l’altitude, ce qui provoque un décalage progressif du spectre de réflectivité
vers les fréquences les plus élevées (vers les plus gros diamètres). La seconde raison
(Figure V.8 à droite) est qu’un phénomène de tri des gouttes par leur taille provoque
un déficit de gouttes de faible diamètre qui augmente avec l’altitude, alors que la li-
mite supérieure du spectre de réflectivité reste inchangée. Les conséquences de ces deux
phénomènes sont identiques. Le déficit de petites gouttes entraîne une diminution de
l’estimation des deux paramètres, mais cette diminution est imperceptible pour le fac-
teur de réflectivité radar puisque, étant proportionnel au sixième moment de la DSD, il
est peu sensible aux petits diamètres. À l’opposé, dans le cas où le spectre est décalé par
un vent vertical, l’excès de gouttes de gros diamètres ne provoque pas d’augmentation
parce qu’on atteint la limite de fréquence analysé pour la conversion en distribution
de gouttes (pointillés noirs sur la Figure V.8). Ainsi, on s’aperçoit que la forme de ce
profil est dû, en partie, à un problème de mesure du MRR, et qu’une correction du
vent vertical serait nécessaire. En revanche, l’effet du tri des gouttes par leur taille est
bien réel et doit donc être pris en compte.
Ces résultats impliquent que la variabilité verticale de la distribution de gouttes et
donc de la relation Z-R est possible et doit faire l’objet d’une étude approfondie, dès
que le problème du vent vertical sera résolu. De plus, il faut garder en mémoire que
la forme des profils mesurés par le MRR sont totalement dépendants de la fonction de
transfert du MRR (section 3.2.2). Cette fonction de transfert est spécifique à chaque
MRR et à été mesurée par le fournisseur du MRR. Il faudra donc vérifier attentivement
sa validité à l’aide de comparaisons avec des mesures d’un autre radar à visée verticale
colocalisé, par exemple.
Fig. V.9 – Illustration de la méthode de Clemens et al. (2006) pour la détection de périodes
stables de précipitations à l’intérieur d’un même évènement, exemple du 17 juin 2007 : co-
efficient de corrélation (ligne continue grise) et son intervalle à 99% (ligne point-pointillée
grise), coefficient de corrélation critique (ligne pointillée noire), périodes sélectionnées (trait
épais noir sur l’axe du temps).
des changements brusques (Chapon et al., 2008). Ces variations brusques peuvent par
exemple être associées aux “sauts de N0 ” qu’observe Waldvogel (1974). Clemens et al.
(2006) proposent une méthode pour détecter des périodes pour lesquelles la relation Z-
R est stable en se basant sur la corrélation entre la réflectivité et le taux de précipitation
mesurés par un MRR. Cette méthode consiste à calculer le coefficient de corrélation
entre Z et R sur des périodes glissantes et de sélectionner les périodes pour lesquelles
il (3) est supérieur à un “coefficient de corrélation critique” lui-même fonction du niveau
de confiance et du nombre de points utilisés pour effectuer la corrélation.
Cette méthode a été appliquée sur un des cas de précipitations listés dans le Ta-
bleau V.1 : le cas de précipitations de convection imbriquée dans des pluies stratiformes
du 17 juin 2007 entre 17h30 et 23h30. Pour cette application, les données du MRR ont
été moyennées sur 30 s et on a choisi des périodes glissantes de 30 min, de façon à calcu-
ler le coefficient de corrélation à partir de 60 points de données. L’application de cette
méthode de détection des périodes stables est illustrée dans la Figure V.9 et résulte en
trois périodes d’environ une heure chacune. Afin d’éviter la sélection de périodes trop
courtes, pour lesquelles l’ajustement de la relation Z-R ne serait pas satisfaisant, on
fixe une durée minimale des périodes à 15 min. C’est pourquoi, aucune période n’est
détectée avant 20h00, où le coefficient de corrélation montre une forte instabilité.
La Figure V.10 présente les lois Z-R déterminées pour chaque périodes, ainsi que les
points utilisés pour leur ajustement. Il est visible que ces lois s’appliquent à des zones
bien marquées du nuage de points. De plus, elles diffèrent de manière significative de la
relation Z-R déterminée à partir de l’évènement entier (Z = 428R1.9 ), et même entre
elles (Z = 261R1.6 , Z = 322R2.1 et Z = 728R2.3 ). Cette figure montre également les
points éliminés par cette méthode parce qu’ils n’appartiennent à aucune période stable.
Il est intéressant de noter que ces points se situent principalement en dehors du nuage
de points.
(3). En réalité, la méthode est plus stricte parce qu’elle utilise la limite inférieure de l’intervalle de
confiance du coefficient de corrélation pour la sélection des périodes
158 Chapitre V
19 Conclusion
Cette méthode illustre donc l’existence de régimes de pluie à l’intérieur même d’un
évènement de précipitations ce qui suppose une modification des processus physiques
formant les précipitations pendant cet évènement. Il serait donc possible de mieux ca-
ractériser les précipitations en déterminant les lois Z-R correspondant à chacune de ces
périodes. Néanmoins, dans l’objectif d’amélioration de l’estimation des précipitations,
cette méthode n’est pas réellement applicable puisqu’elle élimine une partie importante
des données pour lesquelles aucune relation Z-R ne peut être appliquée.
19 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons caractérisé la variabilité des précipitations en analy-
sant les données du MRR acquises lors de la campagne COPS. Cette étude montre que
chaque cas de précipitation est caractérisé par une combinaison unique des différents
processus qui forment la DSD. Ainsi, chaque cas de précipitation peut être caractérisé
par sa propre DSD et sa propre loi Z-R. De plus, certains cas montrent même plusieurs
périodes stables associées avec des lois Z-R différentes. En général, les précipitations
sont estimées à partir de la réflectivité radar à l’aide d’une relation Z-R unique. Il
apparaît donc évident que des méthodes de classifications adéquates qui caractérise-
raient des régimes de précipitations spécifiques permettraient d’améliorer l’estimation
des précipitations en utilisant des relations Z-R adaptées. Ceci fera l’objet du chapitre
suivant.
161
20 Classification basée sur les variations locales de la réflectivité
tandis que la seconde est basée sur la technique déjà existante de Steiner et al. (1995)
(Section 21).
162 Chapitre VI
20.2 Résultats généraux
Fig. VI.1 – Application de la technique de sélection pour déterminer les zones de pré-
cipitations d’intensité montante, stagnante et descendante sur l’évolution temporelle de la
réflectivité mesurée par le radar en bande X le 17 juin 2007.
notre cas, l’objectif est de généraliser cette classification à une quantité importante de
données et donc à grand nombre de cas de précipitations. Ainsi, il a été indispensable
de développer une technique de sélection automatique.
La Figure VI.1 présente l’application de cette technique de sélection sur les données
du cas de précipitations du 17 juin 2007. À cause de la variabilité des précipitations,
il est très difficile de développer une telle méthode qui fonctionne dans tous les cas.
Ainsi, il est par exemple délicat de séparer une longue période stagnante d’une période
d’augmentation et de diminution successives avec des critères simples. La technique
retenue est donc basée sur l’application de nombreux tests sur les tendances locales de
l’évolution du facteur de réflectivité radar à l’intérieur d’une fenêtre de sept valeurs
consécutives, pour déterminer si la mesure centrale peut être classée dans les précipi-
tations montantes ou descendantes. Les mesures qui ne sont affectées à aucune classe
à la suite de ces tests, sont rangées dans la classe stagnante. Malgré ces difficultés, la
Figure VI.1 montre que cette technique de sélection fonctionne globalement de façon
satisfaisante.
Les données du MRR moyennées à l’échelle de la résolution temporelle du radar
en bande X (30 s) sont ensuite utilisées pour déterminer les DSDs et les relations Z-R
associées aux zones sélectionnées (Figure VI.2). Les DSDs de chaque zone montrent de
Tab. VI.1 – Cumul de précipitation mesuré par le MRR et estimé à partir de la réflectivité
mesurée par le radar en bande X en utilisant une relation Z-R unique ou des relations Z-R
spécifiques, pour le cas du 17 juin 2007 et pour la campagne COPS en entier, selon les deux
méthodes décrites dans le texte. Les pourcentages entre parenthèses désignent la différence
relative avec le cumul déduit des mesures du MRR.
164 Chapitre VI
20.3 Résultats de la classification des précipitations
Fig. VI.2 – Distributions de gouttes (à gauche) et lois Z-R (à droite) déterminées à par-
tir des données du MRR et associées aux zones de précipitations montantes, stagnantes et
descendantes affichées dans la Figure VI.1. Le diagramme de dispersion des paires réflectivité-
taux de précipitation associées aux différentes lois Z-R est également affiché sur la Figure de
droite en reprenant les marqueurs de la légende de la Figure VI.1.
légères différences qui confirment que les zones de précipitations montantes contiennent
des gouttes plus grosses et plus nombreuses que les zones de précipitations stagnantes et
descendantes. En revanche, les relations Z-R (Z = 448R1.8 , Z = 495R1.8 et Z = 515R1.8
pour les classes d’intensité montante, stagnante et descendante, respectivement) ne
semblent pas significativement différentes. De plus, les paires réflectivité-taux de préci-
pitation de chaque régime ne semblent pas avoir de zones préférentielles dans le nuage
de point. En conséquence, l’utilisation des lois Z-R spécifiques n’améliore malheureu-
sement pas l’estimation des précipitations avec un cumul de précipitation de 8.10 mm
(voir Tableau VI.1).
Sur cet exemple, cette dégradation de l’estimation des précipitations est sans doute
due à la difficulté rencontrée pour sélectionner les différents régimes de précipitations.
Néanmoins, les différences affichées en terme de DSD (Figure VI.2, à gauche) montrent
que les hypothèses de cette classification semblent bien valides et que la classification
doit permettre d’améliorer l’estimation des précipitations dans des cas moins com-
plexes.
Dans un deuxième temps, cette méthode a donc été généralisée et appliquée sur
l’ensemble des données mesurées lors de la campagne COPS. Ceci correspond à 25 cas
de précipitations représentant une durée totale de plus de 90 h de précipitations. Deux
applications de la méthode ont alors été testées. La première consiste à renouveler
l’étude précédente sur chaque cas pris individuellement et ainsi de déterminer trois re-
lations Z-R spécifiques pour chacun des cas. Les cumuls de précipitations obtenus sont
ensuite sommés de façon à déterminer le cumul de précipitations de la campagne dans
son ensemble. Étant donné que le but final de la méthode développée ici est de détermi-
ner une famille de relations Z-R applicables en toutes circonstances, la deuxième façon
d’appliquer la méthode consiste à considérer l’ensemble des précipitations de la cam-
pagne comme un évènement de précipitations unique, en déterminant trois relations
Z-R spécifiques générales pour toutes les périodes de réflectivités croissantes, stagnantes
et décroissantes de l’ensemble de la campagne. Les différents résultats (listés dans le
Tableau VI.1) montrent que, globalement, les deux façons d’appliquer la méthode amé-
liorent légèrement (d’environ 2%) l’estimation du cumul de précipitation. Néanmoins,
l’utilisation de trois relations Z-R générales n’est pas aussi efficace que d’utiliser un
trio de relations Z-R adaptées à chaque cas. Ceci semble confirmer ce qui a été observé
précédemment, à savoir que chaque cas de précipitations semble caractérisé par une ou
plusieurs relations Z-R qui lui sont propres.
À la vue de ces résultats, la question que l’on doit se poser et de savoir si une
telle amélioration est significative. En effet, en ayant ajouté les incertitudes dues à
la variabilité verticale des précipitations et à la détermination de ces régimes à par-
tir d’un champ de réflectivité en deux dimensions, une telle amélioration sera-t-elle
encore visible lorsque l’on fera des estimations des précipitations au sol ? De plus, la
méthode de Clemens et al. (2006) appliquée dans la Section 18.4 au cas du 17 juin
2007 étudié ci-dessus a permis de détecter des périodes de stabilité de la relation Z-R
(Figure V.9), à l’intérieur desquelles on peut distinguer des zones de précipitations
montantes ou descendantes (Figure VI.1), notamment entre 21h et 21h45 et 22h et
22h45. Ces propriétés semblent donc contredire l’hypothèse que des régimes de préci-
pitations d’intensité montante et descendante doivent être associés à des relations Z-R
différentes.
Avant de généraliser cette méthode de façon à l’appliquer sur l’ensemble des don-
nées mesurées par le radar en bande X, il a donc été décidé de s’attarder sur la validité
des hypothèses utilisées. Un cas de précipitations de très courte durée et qui n’avait
pas été sélectionné dans l’analyse précédente à cause de son très faible cumul de préci-
pitation présente clairement la signature d’un tri des gouttes par leur taille et permet
d’agrémenter cette réflexion dans la section suivante.
166 Chapitre VI
20.4 Réflexion sur les hypothèses de la méthode
Réflectivité Intensité [dBZ] η(fD ,z) à 300m AGL [m2 m−3 Hz−1 ] η(fD ,z)
−4
60 2000 10
3000
2000 40 10
−7
−8
30 1000 10
−9
20 10
1000 −10
500 10
10 −11
10
0 0 0
15:12 15:17 15:22 15:27 15:32 15:37 15:42 15:12 15:17 15:22 15:27 15:32 15:37 15:42
Heure UTC du 13/08/2007 Heure UTC du 13/08/2007
102
101
100
20 10−1
2 10−2
10−3
10−4
10
0 0
15:12 15:17 15:22 15:27 15:32 15:37 15:42 15:12 15:17 15:22 15:27 15:32 15:37 15:42
Heure UTC du 13/08/2007 Heure UTC du 13/08/2007
Fig. VI.3 – Évolutions du profil vertical de réflectivité (en haut à gauche), du spectre de
réflectivité dans la porte 3 (en haut à droite), de la réflectivité dans la porte 3 (en bas à
gauche) et de la DSD dans la porte 3 (en bas à droite) pour le cas de précipitation du 13
août 2007, montrant un phénomène de tri des gouttes par leur taille. Les lignes superposées
à la DSD donnent une idée de la largeur de la distribution de goutte, leur calcul est décrit en
détail dans la Section 3.2.2
13-Aug-2007 13-Aug-2007 13-Aug-2007
2 2 2
10 10 10
15:33:00
15:26 15:32:40 15:43
15:32:20
15:25 15:32:00 15:42
1
15:31:40 1
10 15:24 1
10 15:31:20 10 15:41
R [mm h−1 ]
R [mm h−1 ]
R [mm h−1 ]
15:23 15:31:00
15:40
15:30:40
15:22 15:30:20
15:39
15:30:00
0 15:21 0 15:29:40 0
10 10 10 15:38
15:29:20
15:20 15:29:00 15:37
15:19 15:28:40
15:28:20 15:36
15:18 15:28:00
−1 −1 −1
10 10 15:27:40 10 15:35
0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
Z [dBZ] Z [dBZ] Z [dBZ]
Fig. VI.4 – Évolution des précipitations dans le graphe log Z − log R pour les trois averses
visibles dans la Figure VI.3. L’échelle de couleur représente l’avancée du temps.
de distribution de gouttes (Figure VI.3 en bas à droite) avec des DSD dont 90% du
contenu en eau est dû à des gouttes dont le diamètre est compris dans un intervalle de
seulement 1 mm. Enfin, lorsqu’elles apparaissent, les “bouffées” de précipitation ont un
diamètre médian plutôt grand (environ 3 mm pour les “bouffées” les plus importantes)
mais qui diminue rapidement. Il faut noter ici, qu’il est certain que cette évolution si
répétitive de la DSD n’est pas due au vent vertical, mais bien aux précipitations elles-
mêmes. Mais, étant donné que ce cas de précipitations est convectif, un vent vertical
important est tout à fait possible et, à cause de la variabilité de la DSD, on est dans
ce cas dans l’impossibilité d’évaluer l’existence et l’intensité d’un tel vent vertical.
On décide d’évaluer l’effet du tri des gouttes sur la relation Z-R. Pour cela, on trace
les variations au cours du temps du taux de précipitation en fonction de la réflectivité
(Figure VI.4) pour les trois averses principales décrites dans la Figure VI.3. L’échelle
de temps est représentée par les couleurs tandis qu’une ligne pointillée grise permet
de suivre l’évolution des paires réflectivité-taux de précipitation. Cette figure confirme
les observations de Diederich et al. (2004) et Van Baelen et al. (2009b) : les paires
réflectivité-taux de précipitation semblent suivre des lois Z-R différentes lors des phases
d’intensification et de diminution des précipitations, tandis qu’on ne distingue aucune
phase où les précipitations sont stagnantes. Néanmoins, en comparant l’évolution de
ces paires et de la DSD associées, il semblerait que les gouttes de plus gros diamètres
n’apparaissent pas au début de chaque averse mais au contraire au milieu, au moment
où les précipitations sont les plus intenses. Ceci est en contradiction avec l’hypothèse
de tri des gouttes. Mais, l’observation plus poussée de l’évolution de la DSD indique
que l’intensification des précipitations semble liée à une “bouffée” différente de celle
conduisant aux plus gros diamètres qui elle, n’arrive qu’ultérieurement. On pourrait
alors envisager que ces trois exemples sont des cas particuliers d’averses précédées de
précipitations légèrement moins intenses. Mais, dans ce cas, la phase d’intensification
des précipitations serait due à la “bouffée” initiale, tandis que l’apparition de la bouffée
principale amorcerait immédiatement la phase de diminution de l’intensité. Les deux
relations Z-R différentes seraient alors simplement liées aux deux “bouffées” différentes.
Il est évident que l’on manque d’informations pour conclure sur un comportement
général du tri des gouttes. Cela nécessiterait d’autres études de cas montrant l’effet du
tri des gouttes par leur taille. Malheureusement, ce cas de précipitations est l’unique
cas de la campagne COPS (sur un total de 72 cas) qui présente un tel comportement.
Non seulement, ceci entrave une interprétation plus précise de ce comportement, mais
cela amène de plus la question de la possibilité de généraliser les hypothèses de la mé-
thode de classification à des cas de précipitations ordinaires. En effet, le phénomène de
tri des gouttes est rare et correspond aux précipitations de type averses, qui sont rare-
ment significatives en terme de cumul de précipitation par rapport à des précipitations
stratiformes modérées mais de longue durée ou à un système convectif très intense.
Ceci expliquerait pourquoi les améliorations apportées par la méthode de classification
sont si faibles.
Cette étude de cas semble indiquer que le comportement observé par Diederich et al.
(2004) et Van Baelen et al. (2006) est rare et que la méthode de classification des ré-
gimes de précipitations montantes et descendantes ne peut pas être généralisée. Alors,
la seconde étape, qui consistait à prendre en compte la variabilité verticale des préci-
pitations et d’appliquer la méthode de classification à l’ensemble des données du radar
en bande X ne sera pas réalisée. Néanmoins, afin de remplir l’objectif de l’amélioration
de l’estimation des précipitations à l’aide de classifications des régimes précipitants,
une autre méthode plus simple d’utilisation est proposée dans la partie suivante. Cette
méthode, basée sur la détection des zones de précipitations stratiformes et convectives
est moins originale puisqu’elle a déjà été utilisée par de nombreux auteurs. En revanche,
l’amélioration du cumul de précipitation en distinguant des relations Z-R convectives
et stratiformes n’a pas été démontrée.
168 Chapitre VI
21.1 Différences physiques entre les précipitations convectives et stratiformes
caux, c’est-à-dire, par de la convection, où les gouttes peuvent croître rapidement. Les
précipitations résultantes sont intenses, relativement courtes, et varient fortement. Au
contraire, les précipitations stratiformes sont plus faibles en moyenne mais peuvent
durer plusieurs heures, conduisant à des cumuls significatifs. Cette distinction est donc
importante d’un point de vue hydrologique.
De nombreuses méthodes ont été proposées pour séparer les composantes strati-
formes et convectives des précipitations. La méthode la plus connue est celle de Steiner
et al. (1995), qui propose un algorithme exécuté de manière opérationnelle sur les ba-
layages volumiques des radars à longue portée (bande S et C). Cette méthode a ensuite
été vérifiée, adaptée et complétée pour différents types de radars, différentes situations
géographiques et différents climats (Yuter et Houze, 1997; Anagnostou et Krajewski,
1999; Sempere-Torres et al., 2000; Biggerstaff et Listemaa, 2001; Rigo et Llasat, 2004).
Pourtant, même si la taille des petites cellules convectives peut être inférieure à la
résolution des radars en bande S ou C, cette méthode n’a jamais été appliquée sur
des données de réflectivité à haute résolution, mesurées par des radars en bande X par
exemple. C’est ce qui sera fait dans cette Partie. On commencera par décrire les diffé-
rences entre les précipitations convectives et stratiformes en termes de microphysique.
Puis, nous détaillerons le principe de la méthode de Steiner et al. (1995), ainsi que les
modifications apportées. Enfin, nous étudierons les caractéristiques microphysiques de
ces deux classes et nous évaluerons l’aptitude de cette distinction pour l’amélioration
des précipitations.
Le vent vertical joue un rôle crucial dans la distinction entre les précipitations
convectives et stratiformes (Houze, 1993).
Les précipitations stratiformes apparaissent dans des zones d’advection à grande
échelle qui montrent de faibles mouvements verticaux de quelques centimètres par se-
conde. Comme la vitesse de chute des hydrométéores précipitants est bien supérieure
au vent vertical, ces dernières grossissent pendant leur chute. Dans ce cas, le processus
principal qui participe à la croissance des gouttes est la déposition de vapeur sur les
particules de glace (Houghton, 1968). Comme c’est un processus lent, les précipita-
tions stratiformes sont alors associées à un taux de précipitation assez faible (inférieur
à 10 mm h−1 ). En conséquence, les précipitations stratiformes sont particulièrement
homogènes horizontalement et sont généralement associées à une couche de forte ré-
flectivité appelée “bande brillante” (BB) correspondant à la couche où les particules en
phase glace fondent (Section 18.3). Il faut noter que cette BB peut ne pas être complète-
ment évidente dans les premiers ou derniers stades de développement des précipitations
stratiformes.
Au contraire, dans les précipitations convectives, le vent vertical (w = 1 − 10 m s−1 )
est aussi grand et peut dépasser largement la vitesse de chute typique des cristaux de
glace. Ce fort vent vertical peut soulever les hydrométéores vers le haut, ce qui augmente
leur temps de résidence dans le nuage, ainsi que leur opportunité de collecter des
gouttelettes nuageuses. Dans ce cas, les hydrométéores grossissent principalement par
collection par des particules plus grosses, c’est-à-dire, par le processus de coalescence
170 Chapitre VI
21.2 Identification des portions convectives et stratiformes des échos radar
est, important, il est possible que ce type de précipitation ne soit pas détecté à
longue distance du radar.
Type de données : Le radar en bande X n’étant pas volumique, il ne peut pas fournir
de CAPPI. Mais, tant que les données ne sont pas perturbées par la BB, la
méthode peut être appliquée directement sur un balayage radar (PPI) (Sempere-
Torres et al., 2000). Les données du radar en bande X analysées ont donc été
limitées à la 311ème porte (environ 18 km) de façon à ce qu’elles ne soient jamais
contaminées par la BB qui a été détectée à une altitude minimale de 1600 m lors
de la campagne COPS, en analysant les données du MRR. La zone choisie pour
calculer la réflectivité de l’arrière-plan est une fenêtre fixe en nombre de pixels
radar (voir Figure VI.5, à gauche) pour les mêmes raisons que Rosenfeld et al.
(1995). D’abord, on n’ajoute pas d’incertitudes par l’interpolation de données en
trois dimensions sur une grille cartésienne. De plus, comme le faisceau du radar
s’élargit avec la distance au radar, ce procédé a l’avantage d’utiliser la même
quantité d’information quelle que soit la distance au radar. Mais, la résolution
des données n’est alors pas uniforme et diminue avec la distance. En conséquence,
les paramètres ajustés globalement devraient peut-être plutôt être fonction de la
distance de façon à ce que l’algorithme marche de manière homogène quelle que
soit la distance au radar.
Seuil de détection des pics : Comme indiqué par Steiner et al. (1995), ce para-
mètre semble dépendre des régimes de précipitation et du radar utilisé (largeur
de faisceau, sensibilité, étalonnage, etc.). Ce seuil a été ajusté aux conditions de
172 Chapitre VI
21.4 Tests de sensibilité
15 km conv.
10 km
5 km
strat.
Fig. VI.6 – Champ de réflectivité mesuré par le radar en bande X (à gauche), et zones
convectives et stratiformes identifiées par la méthode de séparation (à droite), lors d’un
épisode de précipitation où des cellules convectives étaient imbriquées dans des zones de
précipitations stratiformes.
15 km conv.
10 km
5 km
strat.
Fig. VI.7 – Champ de réflectivité mesuré par le radar en bande X (à gauche), et zones
identifiées comme convectives et stratiformes par la méthode séparation (à droite), lors d’un
épisode montrant de petites cellules convectives isolées.
174 Chapitre VI
21.5 Caractéristiques des régimes de précipitation obtenus
Fig. VI.9 – Relations Z-R correspondant à l’ensemble des données de la campagne COPS
(à gauche), et aux régimes de précipitations convectifs (à droite) et stratiformes (au milieu)
déduits de l’application de la classification sur l’ensemble des données du MRR.
176 Chapitre VI
21.6 Estimation des précipitations
facteurs déduits de la Figure VI.8 (à droite) sont propres au taux de précipitation. Pour
corriger les facteurs a des différentes relations Z-R déterminées dans la Figure VI.9,
il faut donc les transformer en utilisant les exposants b des relations respectives. On
obtient alors les facteurs 0.73, 0.61 et 0.67 et les relations Z = 223R1.6 , Z = 209R1.54 ,
Z = 40R1.95 pour les classes globale, stratiforme et convective, respectivement. Ces re-
lations Z-R sont intéressantes : les relations des classes globales et stratiformes sont très
proches de la relation de Marshall et al. (1955), tandis que les coefficients de la classe
convective font bien partie de la gamme de valeurs possibles. Mais, un faible facteur
et un fort exposant sont généralement associés à des précipitations stratiformes (Sec-
tion 17.3.2). Ces coefficients anormaux sont certainement dus aux nombreuses sources
d’erreurs (énumérées dans le paragraphe précédent) dans les mesures du MRR en cas
de précipitations convectives.
Afin de vérifier si ces relations Z-R spécifiques peuvent tout de même être utilisées
pour améliorer l’estimation du taux de précipitation, on les applique aux données du
radar en bande X dans la section suivante.
La Figure VI.11 présente les cumuls de précipitation pour quelques cas de la cam-
pagne COPS. Sur ces images, il est visible que selon l’endroit où se forment les cellules
de précipitation, le cumul au sol peut être très hétérogène avec des valeurs passant de 0
à plusieurs dizaines de mm en moins de 5 km de distance. On distingue différents types
de formation des cellules convectives et on devine différentes directions et vitesses de
déplacement de ces cellules.
Par ailleurs, le cumul estimé à partir des trois mois de données de la campagne
COPS (Figure VI.12, à gauche (2) ) est assez hétérogène. Paradoxalement, les précipita-
tions ne semblent pas particulièrement importantes sur le relief (de 100 à 150 mm), et
sont prépondérantes dans une bande Nord-Sud à 5 km à l’Est du pied des Vosges avec
une valeur maximale d’environ 300 mm. Il semble alors que cette forte hétérogénéité
est principalement due à la convection qui produit des précipitations plus importantes
sur la plaine du Rhin sous le vent des Vosges. La Figure VI.12 (à droite) montre la
contribution convective (en pourcentage du cumul de précipitation) sur l’ensemble de
la campagne COPS. Cette Figure confirme que les précipitations convectives sont plus
importantes en plaine à l’Est des Vosges (jusqu’à 60% de précipitations convectives
contre 40% sur la chaîne des Vosges). Ainsi, durant la campagne COPS, il semble que
le relief a eu une réelle influence sur la formation des précipitations, avec une initiation
de la convection qui s’est faite majoritairement sous le vent des Vosges, selon le modèle
du 13 août (Hagen et al., 2011).
22 Conclusion
(2). Sur la Figure VI.12, le cumul a été représenté avec une échelle linéaire parce que l’échelle
logarithmique ne permet pas de distinguer les différences de cumul dans la gamme principale de ces
données, entre 100 mm et 200 mm et entre 200 mm et 300 mm.
178 Chapitre VI
22 Conclusion
Fig. VI.11 – Cumuls de précipitation estimés à l’aide du radar en bande X pour six cas de
la campagne COPS (de gauche à droite et de haut en bas) : 2 juillet, 18 juillet, 20 juillet, 3
août, 6 août et 13 août.
pourquoi, dans le cas présenté ici, le filtrage de ces artéfacts également décrit dans le
Chapitre IV, a été utilisé. Mais ce filtrage, particulièrement intense, peut faire perdre les
caractéristiques du champ de réflectivité nécessaires pour effectuer cette classification.
Ainsi, l’objectif de ce Chapitre, qui était de déterminer des relations Z-R spécifiques
générales caractérisant des régimes de précipitation de la campagne COPS et permet-
tant une amélioration de l’estimation des précipitations n’a été que partiellement atteint
puisque cette amélioration n’est effective que pour certains cas isolés. Néanmoins, de
nombreuses perspectives d’amélioration permettent de garder un certain optimisme.
D’abord, il a été montré dans le Chapitre IV que les données du prototype du radar
en bande X utilisé étaient sujettes à caution et que le radar nouvelle génération récem-
ment acquis par le LaMP semble fournir des données de qualité plus adaptées pour
effectuer ces classifications. Par ailleurs, une réflexion s’impose sur une méthode per-
mettant l’amélioration des données du MRR en cas de vent vertical, afin de déterminer
des relations Z-R de précipitations convectives plus fiables.
180 Chapitre VI
Conclusions et perspectives
181
Conclusions et perspectives
comparer les réflectivités mesurées par les deux radars et donc d’étalonner l’un par
rapport à l’autre, et de valider les relations Z-R déduites des méthodes de classification
sur la réflectivité du radar en bande X en comparant le taux de précipitation obtenu
avec celui déduit du MRR.
Dans le Chapitre III, l’étude des étapes principales du traitement des données du
MRR a amené à proposer des améliorations aux problèmes de la détection du niveau
de bruit de la mesure et la correction itérative de l’atténuation. Ainsi, pour détecter le
niveau de bruit, il est recommandé de préférer la méthode de Urkowitz et al. (1994) à
celle de Hildebrand et Sekhon (1974), car son fonctionnement est très robuste, même
en cas de signal mal conditionné. De la même manière, pour coriger l’atténuation, il
est préférable d’utiliser la méthode de Peters et al. (2010), une version améliorée de
celle de Hitschfeld et Bordan (1954). Mais, certains problèmes ne peuvent pas être
pris en compte, comme l’apparition de spectre images dans les portes d’altitude les
plus faibles, et leurs conséquences sur la correction de l’atténuation dans les portes
supérieures. Néanmois, ce problème ne devient effectif qu’en cas de précipitations très
intenses. En revanche, deux perturbations courantes ne sont pas prises en compte : la
turbulence et le vent vertical. Ce Chapitre montre que l’effet du vent vertical n’est pas
négligeable, en particulier sur la déduction du taux de précipitation. Cependant, comme
les méthodes de correction ne sont pas parfaites, de la même façon que les concepteurs
du MRR, on ne préfère pas les appliquer pour ne pas détériorer les mesures. Par ailleurs,
on montre qu’un vent vertical fort peut même provoquer un repliement du spectre qui
perturbe largement l’exploitation des résultats, mais peut être facilement détecté de
manière automatique. Ainsi, les cas de mouvements convectifs les plus intenses peuvent
être facilement éliminés, mais ce n’est pas le cas des vents d’intensité modérée. Alors,
tant que cette correction n’aura pas été correctement effectuée, le taux de précipitation
déduit des mesures du MRR est incertain et le MRR n’est pas adapté pour la déduction
de relations Z-R pour des précipitations convectives. En revanche, le facteur de réflecti-
vité radar est peu perturbé par le vent vertical. Ainsi, les comparaisons de ce paramètre
avec un disdromètre PARSIVEL colocalisé ont montré un très bon accord et le MRR
peut donc être étalonné de manière précise en utilisant un tel instrument, sachant par
ailleurs que le PARSIVEL peut souffrir d’un sous-échantillonnage statistique.
Dans le Chapitre IV sont présentés de nombreux problèmes de mesure du radar
en bande X qui peuvent avoir un fort impact sur l’estimation des précipitations. Plu-
sieurs méthodes de filtrage basées sur des hypothèses simples mais nécessitant un lourd
traitement ont été proposées pour éliminer la plupart de ces perturbations. Ensuite,
ce chapitre décrit la méthode de correction de l’atténuation du signal radar, ainsi que
l’étalonnage de ce radar en utilisant les mesures des deux radars dans leur volume
commun. Cette étude montre que la réflectivité du radar en bande X nécessite une
correction linéaire, fonction de l’intensité de la réflectivité, pour qu’il soit correctement
étalonné, et que cet étalonnage semble régulièrement varier brusquement, sans raison
apparente. Ce dernier problème implique qu’un étalonnage précis du radar en bande
X n’est pas réalisable pour les données de la campagne COPS, pour laquelle le dis-
dromètre installé ne fonctionnait pas. Ce problème pourrait être préjudiciable lors de
l’exploitation des données de cette campagne.
Le Chapitre V est consacré à l’étude de la variabilité des précipitations en terme de
distribution de gouttes et de relation Z-R, d’abord d’un point de vue théorique, puis
en utilisant les trois mois de données de la campagne COPS. Cette étude montre que
182 Chapitre VI
chaque cas de précipitation est caractérisé par une combinaison unique des différents
processus qui forment la DSD. Ainsi, chaque cas de précipitation peut être caractérisé
par sa propre DSD et sa propre loi Z-R. De plus, certains cas montrent même plusieurs
périodes stables associées à des lois Z-R différentes. Ce chapitre confirme donc la grande
variabilité des précipitations, et le besoin de classifications prenant en compte au mieux
cette variabilité.
Enfin, le Chapitre VI propose deux méthodes de classifications des régimes de pré-
cipitations. La première méthode tente de tirer parti du phénomène de tri des gouttes,
qui est connu pour perturber les mesures radars, en sélectionnant les zones de préci-
pitations d’intensité montante, stagnante et descendante. Il s’avère que cette méthode
ne donne pas de résultats positifs même dans le volume commun de mesure des deux
radars. L’extension de cette méthode à l’ensemble de la surface couverte par le radar
en bande X n’a donc pas été effectuée. En revanche, une seconde méthode, plus simple
d’utilisation, a été adaptée aux mesures du radar en bande X. Celle-ci permet de dis-
tinguer les zones de précipitations convectives et stratiformes de manière efficace, mais
elle ne permet pas d’améliorer l’estimation des précipitations que pour certains cas.
Plusieurs raisons permettent d’expliquer cela : tout d’abord, on a montré que le MRR
n’était pas adapté pour déduire des relations Z-R en cas de précipitations convectives,
de plus, les nombreux artéfacts de mesure du radar en bande X, ainsi que le filtrage
effectué pour les éliminer peuvent perturber les caractéristiques du champ de réflec-
tivité nécessaires pour effectuer cette classification, enfin, comme chaque évènement
de précipitations peut être caractérisé par une relation Z-R unique, il existe toujours
une grande variabilité des précipitations à l’intérieur même de chaque classe. Ainsi, la
détermination de relations Z-R spécifiques générales caractérisant les régimes de pré-
cipitations de la campagne COPS et permettant une amélioration de l’estimation des
précipitations est difficile dans les conditions actuelles.
En terme de perspectives, pour que cet objectif soit atteint, il faut d’une part,
utiliser les données du nouveau radar en bande X et, d’autre part, développer une
méthode de correction du vent vertical dans les données du MRR.
Depuis l’hiver 2010-2011, le LaMP dispose d’une nouvelle version du radar en bande
X qui semble mieux fonctionner : l’amplification variable du signal et les pics de réflec-
tivité aberrants ont disparus, tandis que les autres artéfacts de mesure semblent beau-
coup plus rares. Si certains de ces artéfacts persistent, il serait utile de comprendre leur
origine grâce à des tests électroniques en amont : comportement du contrôle du gain,
linéarité du récepteur, etc. Ainsi, leur correction “à la source” éviterait l’utilisation de
méthodes de filtrage qui peuvent éliminer des informations importantes de la mesure
des précipitations.
En ce qui concerne le MRR, de nombreux travaux ont porté, sans véritable succès,
sur l’estimation combinée du vent vertical et de la DSD avec des radars à visée verticale.
Mais, ces études datent de plusieurs années et les radars utilisés à cette époque n’étaient
pas aussi performant que le MRR. En effet, l’atout du MRR est sa très haute résolution
spatiale et temporelle. Il serait donc envisageable d’étudier la faisabilité d’une méthode
de déduction du vent vertical à l’aide de la continuité temporelle et verticale des spectres
mesurés par le MRR, de la même manière que ce qui a été fait manuellement dans cette
thèse, pour étudier l’effet du repliement spectral. La principale difficulté est de ne pas
négliger la variabilité naturelle de la DSD. Pour cela, les données d’un disdromètre
au sol peuvent être utilisées puisqu’on a montré dans cette thèse que leurs mesures
montrent un bon accord avec celles du MRR. Mais, d’autres mesures doivent également
être disponibles en altitude, à l’aide, par exemple, d’un radar VHF colocalisé dont
la résolution serait semblable à celle du MRR, dans le but de valider la méthode
développée.
Alors, les méthodes de classification utilisées dans cette thèse pourraient être ré-
appliquées sur ces nouvelles données corrigées, afin de vérifier leur fonctionnement
dans de meilleures conditions. Des classifications plus détaillées peuvent être égale-
ment envisagées, à commencer, par exemple, par une combinaison des classifications
présentées dans cette thèse. Par ailleurs, l’utilisation des données du site Clermon-
tois permettraient d’avoir à disposition le réseau dense de pluviomètres de la ville de
Clermont-Ferrand, primordial pour valider les classifications effectuées. Mais, il faut
être conscient d’un résultat majeur de cette thèse, qui est que chaque évènement de
précipitation est caractérisé par sa propre DSD et sa propre loi Z-R. Ainsi, les relations
Z-R obtenues à l’aide de ces classifications risquent de présenter tout de même une
forte variabilité et il n’est pas garanti que de telles relations permettent une amélio-
ration notable de l’estimation des précipitations. Le disdromètre PARSIVEL fournit
des mesures de la DSD plus précises que celles du MRR, avec cependant un risque de
sous-échantillonnage statistique. Alors, l’exploitation de la longue série de données de
ce disdromètre permettrait de mieux comprendre cette variabilité et ainsi de vérifier
si une amélioration de l’estimation des précipitations à l’aide de ces classifications est
réellement possible.
S’il est confirmé que chaque évènement de précipitation est caractérisé par sa propre
DSD et sa propre relation Z-R, d’autres perspectives sont possibles : dans ce cas,
l’estimation quantitative des précipitations avec un radar conventionnel ne peut être
effective qu’avec l’apport d’information externes en temps réel sur la DSD pour déter-
miner la relation Z-R à utiliser. Dans ce cas, la combinaison d’un radar conventionnel
et d’un MRR qui fournirait la DSD de l’évènement en cours, sans oublier un disdro-
mètre colocalisé pour l’étalonnage, est une solution efficace et écomomique. Si le but
est d’anticiper la quantité de précipitation qui risque de tomber dans la zone d’interêt
à proximité du radar, il peut s’avérer nécessaire de distribuer plusieurs MRR tout au-
tour du radar conventionnel afin d’obtenir une estimation de la DSD avant que les
précipitations commencent dans la zone d’interêt quelle que soit la provenance des
précipitations.
Quoi qu’il en soit, la très haute résolution du radar en bande X permet une esti-
mation des précipitations à très haute résolution. Ainsi, même sans classification des
régimes de précipitation, ce radar peut-être utilisé pour effectuer des estimations avec
une haute précision. Par exemple, il peut être utilisé en combinaison avec un logiciel
de nowcasting, actuellement en cours de développement au LaMP, pour anticiper et
gérer les épisodes d’innondations éclair dans des petits bassins urbains comme celui de
Clermont-Ferrand.
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RÉSUMÉ
Mesure des précipitations à l’aide d’un radar en bande X non-cohérent à haute résolution et d’un radar
en bande K à visée verticale. Application à l’étude de la variabilité des précipitations lors de la
campagne COPS.
L’estimation quantitative des précipitations à l’échelle locale est une nécessité sociétale, à cause de
l’augmentation des dégâts provoqués par des inondations exacerbées par l’urbanisation croissante. Or, des estimations
locales sont particulièrement difficiles à réaliser à cause de la forte variabilité des précipitations. De plus, ce genre
d’estimation est sollicité par de petits organismes tels qu’une commune, pour lesquels il n’est pas envisageable d’utiliser
des instruments à la pointe de la recherche technologique à cause de leur coût prohibitif. Ainsi, il est nécessaire de
développer des méthodes d’estimation quantitative des précipitations applicables à un dispositif expérimental de prix
abordable.
Dans ce but, un dispositif expérimental innovant est utilisé dans cette thèse. Il est constitué d’instruments de
mesure directe, au sol, tels que des pluviomètres et des disdromètres, et d’un prototype de radar à balayage horizontal
basé sur un radar nautique commercial, associé à un MRR (Micro Rain Radar) à visée verticale qui fournissent une
estimation en altitude de la pluie, respectivement sur une surface donnée et le long d’un profil vertical. Le radar à
balayage horizontal est un radar en bande X, c’est-à-dire qu’il fonctionne à une longueur d’onde lui procurant une très
haute résolution radiale, mais qui est très atténuée par les précipitations. Le MRR permet d’obtenir une description
précise de la microphysique des précipitations et sert de relais entre les mesures au sol et les mesures en altitude du radar
en bande X.
Ces deux radars étant novateurs, une grande partie de cette thèse consiste à valider leurs mesures : étalonnage,
filtrage d’échos aberrants, correction de l’atténuation, etc. Une fois les mesures rendues exploitables, cette thèse se
focalise sur l’étude de la variabilité des précipitations afin de proposer et développer différentes méthodes de
classification, selon leur type ou leur variations locales, et de vérifier leur potentiel pour l’amélioration de l’estimation
des précipitations. Les résultats montrent que cet objectif ne peut être atteint que si la qualité des mesures des radars est
encore améliorée : moins d’échos parasites pour le radar en bande X et prise en compte du vent vertical pour le MRR.
Mots clés : distribution de goutte, réflectivité radar, taux de précipitations, relation Z-R, repliement spectral.
ABTRACT
Precipitation measurement with high resolution non-coherent X-band radar and vertically pointing K-
band radar. Application to the study of the variability of precipitation in the framework of COPS field
campaign.
Due to the increase of damage associated with floods enhanced by expanding urbanisation, the quantitative
estimation of precipitation on a local scale is a societal need. However, such estimations are difficult because of the high
variability of precipitation. Moreover, these estimations are requested by small organisations such as local authorities
which cannot afford top level research instruments. Hence, new methods of estimation applicable to a cheap
experimental set are needed.
Toward this goal, an innovative experimental set is used in this work. It consists of ground instruments such as
raingauges and disdrometers, and two radars, a prototype of a scanning radar based on a modified marine radar and a
vertically pointing MRR (Micro Rain Radar), which give estimation of rain aloft, over an area and along a profile,
respectively. The scanning radar works at X-band, meaning that it uses a longwave very attenuated by precipitation, but
which provides a high range resolution. The MRR yields a detailed description of microphysics of precipitation and fills
the gap between ground measurements and X-band radar measurements aloft.
As both these radars are innovative, a large part of this PhD thesis was spent on the measurements validation:
radar calibration, abnormal echoes filtering, attenuation consideration, etc. Using these corrected measurements, this PhD
focus then on the study of the variability of precipitation, and aims to propose and develop several classification methods
based on precipitation type or local variability, and to check their potential for the improvement of precipitation
estimation. Results show that this goal can be reached only if the radar measurements quality is further improved: less
interference echoes for the X-band radar, and consideration of vertical wind for the MRR.
Keywords: drop size distribution, radar reflectivity, rain rate, Z-R relationships, spectral aliasing.
Thèse soutenue par Frédéric Tridon à l’Université Blaise Pascal (Clermont II) le 15 septembre 2011 pour l’obtention du titre de Docteur en
Physique de l’Atmosphère.